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TRIMESTRIEL SEPTEMBRE 2014 #9 www.visible-mag.com Dossier COULEUR : DE L’ÉMOTION À LA MESURE Pose et installation La communication visuelle à taille humaine Interview croisée Graphisme et signalétique : ping-pong gagnant Opinion Jean-Christophe Fromantin, président d’EXPOFRANCE 2025

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Visible est le magazine professionnel de l'univers de la communication visuelle

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TRIMESTRIELSEPTEMBRE 2014

#9

www.visible-mag.com

Dossier

COULEUR : DE L’ÉMOTION À LA MESURE

Pose et installation

La communication visuelle à taille humaineInterview croisée

Graphisme et signalétique : ping-pong gagnant

Opinion

Jean-Christophe Fromantin, président d’EXPOFRANCE 2025

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UNE RENTRÉE HAUTE EN COULEURDe retour de vacances, des couleurs encore plein les yeux : du vert et jaune - mondial brésilien oblige - au bleu des mers, en passant par les étals multicolores des marchés, l’effervescence est au rendez-vous.Avec les années, la routine s’installe délavant nos envies. Courir les salons, lire VISIBLE, c’est un bon moyen de passer son business à la machine à idées des autres. Puis, enrichi d’informations inédites, de nouveaux contacts et fort de son expérience, rien de tel que de faire ses propres mélanges pour raviver sa confiance : une dose d’innovation, un zeste de nouvelles tendances, une bonne pincée d’audace. Résultat : le business reprend des couleurs, les projets du contraste.

A travers ce numéro, nous allons continuer à « pigmenter » votre rentrée. Vous allez y rencontrer des femmes et des hommes de talent et de conviction. Décou-vrir des réalisations colorées, histoire de faire définitivement barrage à la grisaille. Mais ne nous y trompons pas. La couleur est bien plus qu’une thématique juste ‘sympathique’. Aujourd’hui ses effets sur le comportement humain – concen-tration, consommation, stimulation, apaisement ... – ne sont plus de simples intuitions mais le résultat d’études scientifiques. Voilà pourquoi il est important que les professionnels de la communication visuelle s’en emparent aussi bien en termes techniques que créatifs. Reflet des marques et de leur identité, la couleur constitue un enjeu stratégique. Les designers s’emploient à la créer en lui donnant du sens et les industriels à en maîtriser la fabrication, l’utilisation, la transmission. Toute la chaîne graphique est concernée.

Ensemble, au fil des pages, évitons de broyer du noir. Préférons au vert de rage celui de l’espérance...

Exit les moroses, place aux mots roses et bonne lecture à tous !

Guillaume AbouDirecteur de [email protected]/in/guillaumeabou/

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Édition : 656 Editions, 21 rue Longue, BP 1072, 69202 Lyon cedex 01- tél. 33 (0)4 78 30 41 73 - Fax : 33 (0)4 78 30 41 79 - Fédération de Communication Visuelle - 17, rue de l’Amiral Hamelin - 75783 Paris cedex 16 Directeur de la publication : Guillaume Abou Rédactrice en chef : Lorraine Bôle du Chaumont - 06 81 18 06 76 Rédactrice en chef adjointe : Céline Collot, [email protected] - 04 78 30 35 06 Comité de rédaction : Michel Caza, Francesca Ceccaldi, Laurence Farenc, Patrick Floren, Michel Martinez, Sylvie Raimbault, Christophe Trotignon, Serge Dimarellis, Marion Ferhat Communication : Aurélie Lamandé Ont collaboré à ce numéro : Lorraine Bôle du Chaumont, Céline Collot, Véronique Olivier, Julie Chide, Sophie Goldenstein, Raphaëlle de Dieuleveult, Frédéric Tisseyre Direction artistique et réalisation : François Jaillet, [email protected] Responsable commercial : Thomas Nollet, [email protected], 06 20 63 46 27 Abonnement : Jocelyne Charrière, [email protected] Prix au numéro : 15 euros. Tarif abonnement pour 1 an (4 numéros) : 55 euros Impression et routage : Imprimerie Chirat - 744, rue de Sainte-Colombe - 42540 Saint-Just-la-Pendue N°ISSN : 2261-5474

Conformément à la loi du 11/03/57, toute reproduction même partielle des articles et illustrations publiés dans Visible est interdite sans accord de la société d’édition.

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Photo de couverture © sanjanjam - Fotolia.com

ACTUALITÉS

04 L’ACTUALITÉ DE LA COMMUNICATION VISUELLE

ÉVÉNEMENTS

17 VISCOM 2014 : GROS PLAN SUR LE DESIGN DANS L’ENTREPRISE

18 C!PRINT 2015 : L’ATELIER NOVA RÉINVENTÉ

18 OPINIONEXPOSITION UNIVERSELLE 2025 : UNE AMBITION POUR LA FRANCE !PAR JEAN-CHRISTOPHE FROMANTIN, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION EXPOFRANCE 2025

24 INTERVIEWPREMIERS PAS DANS LE DIGITAL ET LA 3D POUR ROLANDENTRETIEN AVEC LAURENT BLASQUEZ

44 CERTAINS L’APPELLENT MADAME COULEURRENCONTRE AVEC FANETTE MELLIER

26 RENCONTRELE DESIGN NUMÉRIQUE SERA « MADE WITH » ET DÉSIRABLE… OU NE SERA PAS !ENTRETIEN AVEC JEAN-LOUIS FRECHIN

32 CHRONIQUEFAIRE BEAU PLUTÔT QUE MOCHE… CE N’EST PAS QU’UNE QUESTION D’ARGENT !PAR FRÉDÉRIC TISSEYRE

À LA UNE

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SEPTEMBRE 2014

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FOCUS

TENDANCE

IDENTITÉ VISUELLE

48 LA PEINTURE, UNE PALETTE DE SOLUTIONS AU SERVICE DE L’IMAGE

50 PLONGEON À TRAVERS UN HUBLOT !

STRATÉGIE DE MARQUE

52 UN POINT DE VENTE RIEN QU’À SOI…

56 SE CONNAÎTRE VRAIMENT POUR DURER...

58 ARCHITECTUREEFFETS TRÈS

SPÉCIAUX EN FAÇADE

60 DIGITAL MEDIALA SIGNALÉTIQUE

SE BOUGE

62 DESIGN SONORELE SON : CETTE AUTRE IMAGE DE LA MARQUE

64 DESIGN OBJETLA COULEUR

RÉINVENTE LES OBJETS

DU QUOTIDIEN

PRATIQUE

66 POSE ET INSTALLATION : LA COMMUNICATION VISUELLE À TAILLE HUMAINE

74 SOLUTION TECHNOLOGIQUE LES VITRINES HOLOGRAPHIQUES : COMMUNICATION HORS-NORMES POUR LE LUXE

76 KIFEKOA-DESIGN.COM VOUS DIT TOUT !

78 GRAPHISME ET SIGNALÉTIQUE : PING-PONG GAGNANT

82 NOUVEAUTÉS

BULLETIN D’ABONNEMENT EN PAGE 88

INTERVIEW CROISÉE

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ACTUALITÉS

POUR PROMOUVOIR LE PAPIER, ANTALIS CHASSE LES IDÉES REÇUES !La société Antalis, distributeur de papiers, d’emballages et de supports de communi-cation visuelle, a récemment convié la presse à visiter l’usine de recyclage de papier de son partenaire Arjowiggins, située à Château Thierry (02). Au-delà de la découverte des dessous d’un processus complexe (le retraitement de papiers de bureau et la valorisation de chaque composant), cette visite a donné l’occasion à la société de présenter ses actions et outils destinés à promouvoir l’utilisation du papier.Cette démarche baptisée « Green Connection » est d’abord nourrie d’une conviction profonde : « Dans un monde qui prône la dématérialisation, voire le « zéro papier », nous souhaitons offrir une nouvelle vision de l’achat de papier éco-responsable », affirme Stéphane Courtot, Directeur Général Antalis France et Europe de l'Ouest. Réhabiliter le papier en général et le papier recyclé en particulier, cela passe d’abord par une véritable campagne « pédagogique », pour tordre le cou à quelques idées reçues : « Le discours environnemental dominant est à la limite de la désinformation. L’image de « papetier pollueur » reste tenace dans l’inconscient collectif et l’on assimile la production de papier à la déforestation alors qu’au contraire elle participe au renouvellement des forêts », affirme Déborah Dorosz, Prescriptrice Environnementale Antalis.Par ailleurs, il subsiste une méfiance vis-à-vis du papier recyclé de la part des donneurs d’ordres : la perception d’un papier « gris », qui manque de main, avec un surcoût de 5 à 20 % par rapport à un papier labélisé FSC par exemple. « C’est plus cher à produire en effet en raison des circuits de collecte qui ne sont pas assez optimisés en France, mais sur le budget global d’une impression, ce surcoût ne représente plus que 3 à 5 % », observe Stéphane Courtot. Pour accompagner ce discours, Antalis a mis en place cette année plusieurs outils à disposition de ses clients, notamment :- Le Green Star System : ce nouveau système de classification des produits vise à offrir une échelle d’éco-responsabilité simple et compréhensible, par le croisement de deux critères (origine de la fibre et processus de fabrication). Le tableau reprend aussi les différentes applications des papiers.- Un éco-calculateur en ligne qui permet de visualiser les réductions d’impact de l’utilisation des papiers de la gamme recyclée Antalis par rapport à ceux fabriqués à partir de fibres non recyclées.

Pour découvrir la vidéo « Le saviez-vous » dévoilant les mythes et réalités sur l'impact environnemental du papier, rendez-vous sur

http://www.antalis.fr/business/accueil/ environnement/le-saviez-vous-video.html.

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FONTYOU, LE RÉSEAU SOCIAL

DE LA TYPOGRAPHIEFontyou est la première plateforme web

mondiale dédiée à la typographie, qui permet à tous les designers de co-créer, partager,

vendre, acheter et utiliser des polices de caractères. Elle est née de la rencontre de 4 « typelovers » – un fondateur d’agence, une

directrice artistique, un directeur technique et un type designer - et de leur désir commun

de rendre le design typographique plus accessible.Réseau social de la typographie,

Fontyou permet également de participer au processus de création d’une police de

caractères de A à Z. Les membres de la communauté postent leurs projets typo-graphiques sur la plateforme. Ils peuvent

interagir et faire évoluer ces projets de façon collective. Grâce à des outils pratiques

et participatifs – comme l’outil de dessin vectoriel en ligne, multi utilisateur ou le

commentaire en temps réel – créer une police devient une expérience

instructive et divertissante.Lorsqu’un projet typographique est sélec-

tionné et développé - en une police de caractères complète -, les co-créateurs

perçoivent des royalties sur les ventes, qui peuvent varier de 5 à 55 % selon leur niveau

d’implication. Un modèle économique qui permet de récompenser chaque

étape du processus de création.La collection Fontyou compte actuellement

plus de 45 polices, disponibles en format Desktop, Webfont, Appfont et Ebook.

www.fontyou.com

ACTUALITÉS

BOUTIQUE ÉPHÉMÈRE ET SUCCÈS DURABLE POUR YOUTALKINGTOME.COM ! Youtalkingtome.com, spécialiste du design d'environnement, de l’enseigne sur mesure et créateur des concepts produits typeobject et Vegetal Identity, poursuit son développement. Après avoir réalisé les vitrines de noël du concept-store Colette, transformé les enseignes des magasins H&M pour la collection Conscious et person-nalisé les sièges sociaux de Lacoste et SFR, la société collabore aujourd'hui avec Heineken, Décathlon, Thierry Mugler, La Cité de la Mode et du Design et le groupe Hôtels de Paris. Elle a également lancé un site e-commerce à destination des parti-culiers et inauguré sa première boutique éphémère, rue Clauzel (Parsi 9ème) qui est restée ouverte du 18 juin au 2 août.

CCAPITAL DEVIENT BONTÉDIVINE!L’agence dirigée par Delphine Fauchère depuis 2012 achève son repositionnement avec un nouveau nom : « BontéDivine! ». Le logo n'est pas formé à partir d’une typo existante. Chaque lettre a été dessinée, déformée aléatoirement et retravaillée jusqu'à obtenir un équilibre, et le lettrage est légèrement italisé pour appuyer la tonalité « exclamative ».« Dans l'ensemble, nous voulions une identité qui exprime dans la forme ce que le choix du nom signifie : la rencontre du style soutenu et du familier, du retenu et du spontané, l'alliance du savoir-faire traditionnel et de l'élan créatif. Celui-ci passant chez nous autant par le verbe que par la main, c'est le logotype qui le porte, avec un traité proche d'une signature au marqueur Posca », détaille Delphine Fauchère.

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ACTUALITÉS

WALL OF SOUND, PAPIER PEINT INTERACTIFLes murs avaient déjà des oreilles, mais dorénavant ils s’adressent à vos oreilles ! Regular Switch, bureau de création visuelle et de direction artistique basé à São Paulo, et Le Presse Papier, éditeur et fabricant lyonnais de papier peint, ont créé un papier peint « augmenté » et interactif qui informe, divertit et surprend, via des QR codes. Une fois scannés par un smartphone ou une tablette, ces derniers ouvrent un contenu (musique, vidéo…). Les deux sociétés ont déposé sous la marque Wall of Sound ce nouveau concept dont les applications sont nombreuses : décoration, agencement et communication instore, événementiel, signalétique.Le premier Wall of Sound a été conçu pour le festival « Heart of Glass Heart of Gold ». Un mur de 3 mètres par 5, qui permet aux spectateurs d’écouter les titres des artistes à l’affiche de l’événement.Le concept sera à terme disponible en ligne. Un générateur de QR Code et une collection de motifs permettront de concevoir son papier peint interactif et Le Presse Papier se chargera de l’impression à la demande.

UNE FILIALE BRÉSILIENNE POUR TEAM CRÉATIFPrésent depuis 10 ans au Brésil, le groupe Team Créatif développe son activité en y ouvrant une filiale architecture et retail design, via Market Value. L'agence s'appuie sur une équipe d'architectes et de designers brésiliens recrutés à Sao Paulo et formés au sein de la structure parisienne.En quelques semaines, l’entité a profité des liens tissés par Team Créatif sur le marché local puisque son 1er client n'est autre que le San Paulo Football Club. Dans le sillage de la Coupe du monde, on ne pouvait rêver de meilleur départ.

L’ÉTONNANT POUVOIR DES COULEURS,

PAR JEAN-GABRIEL CAUSSELe saviez-vous ? La fréquence des rapports sexuels est supérieure dans une chambre avec une dominante rouge plutôt que grise. La couleur Orange favorise les rapports sociaux et l’apprentissage en école primaire. Un fond d’écran d’ordinateur bleu a une incidence positive sur la créativité… De nombreuses études scientifiques ou marketing ont démontré l’influence des couleurs. Après la lecture de cet ouvrage (Editions du Palio), riche en anecdotes, vous ne choisirez plus vos couleurs par hasard !

www.jg-causse.com

www.industries-creatives.com

+ D’INFO SUR LE BLOG

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ACTUALITÉS

POINTS DE VENTE CANAL+ : UNE PLV DIGITALE SIGNÉE TMMLa société TMM Communication, spécialiste de la communi-cation digitale en points de vente, a été choisie par le groupe Canal+ pour assurer l’installation de PLV digitale promotionnelle au sein de son réseau : magasins en propre, magasins parte-naires et grandes enseignes de distribution. Le déploiement a commencé en novembre 2013, une dizaine de magasins ont déjà été équipés.Tous les totems sont connectés pour permettre une gestion centralisée des contenus au niveau national, grâce au CMS (Content management system) de TMM et à un hébergement SaaS.

CHARVET INDUSTRIES S’AGRANDIT Charvet Industries, précédemment basé à Rillieux La Pape (69) a transféré cet été son siège social aux Echets, dans l’Ain (01). Cent pourcents des effectifs de la société (pôle ingénierie, recherche et développement, services commerciaux et fonc-tions tertiaires, production et service qualité) soit 35 personnes salariées (plus 3 postes en cours de création) ont donc rejoint le nouveau site qui s’étend sur 2 150 m2 dont près de 1 500 m2

réservés à la production.Outil industriel optimisé mais aussi vitrine de Charvet, le nouveau siège a été dimensionné et pensé pour accompagner les performances de l’entreprise dans les 5 à 10 ans à venir.

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ACTUALITÉS

EN BREFDÉCOUVREZ IC NEW LOOK !

Industries Créatives, le blog d’informa-tions, de tendances et d’inspiration sur la communication visuelle et toutes les nouvelles techniques de personnalisation a fait peau neuve. Nouveaux contenus, nouveaux points de vue et approche inédite pour le lecteur : le site se personnalise aux couleurs du métier de l’Internaute, ou de sa curiosité... Pour une navigation encore plus intuitive et toujours plus interactive.Le site ouvre également ses pages à des experts qui parlent de leurs réalisations, de leurs recherches et des tendances à suivre.www.industries-creatives.com

ICONA GUIDE VIENT DE PARAÎTRECet annuaire de la communication visuelle rassemble près de 600 pages de réfé-rencements et d'informations détaillées sur les entreprises de la communication visuelle réparties en 7 rubriques : enseigne, marquage et décor, signalétique, gravure, services, formation, fournisseurs. www.synafel.fr

PREMIÈRE BOUTIQUE DE PRÊT-À-PORTER POUR ROSSIGNOL L’agence Naço Architectures signe le concept architectural de la première boutique de prêt-à-porter et accessoires de Rossignol, qui a ouvert au sein du centre commercial Outlet luxe One Nation Paris. On y trouve les collections Rossignol et Rossignol 1907, la toute nouvelle marque capsule de la célèbre enseigne, liée à l’uni-vers des sports d’hiver. Le développement du concept est prévu sur le réseau national et international dans les mois à venir.

BENJAMIN AZOULAY ÉLU PRÉSIDENT DU SYNDICAT DE L'ÉCLAIRAGEBenjamin Azoulay, directeur général Lighting chez Philips France, succède à Jean-Michel Trouïs à la présidence du syndicat de l'éclairage. Entre autres missions, le nouveau président devra déve-lopper la visibilité du secteur, notamment via la mise en valeur de l'éclairage dans le débat français sur la transition énergétique.www.syndicat-eclairage.com

TOURNÉE ESTIVALE POUR ANDROS Le food Truck est tendance. Andros l’a adapté pour les enfants en créant le

premier « Camion fruité » qui sillonne villes, aires d’autoroutes et lieux de vacances à travers toute la France depuis le 3 juillet et jusqu’au 27 octobre 2014, pour faire

goûter les jus de fruits, confitures et autres produits de la marque. Imaginé avec l’agence parisienne GLOBE Groupe, ce concept de tournée estivale, ludique

et gourmande, s’accompagne d’une identité visuelle forte déclinée sur le camion , mais aussi dans la signalétique autour des animations, inspirées des jeux tradition-

nels de kermesse : Marteau fruité, Chamboule Fruit, Marelle, Tir au Fruit…

LES CLIMATS & MOI ET MOI ET MOI…

Inspirée par la technique du collage photographique de l’artiste français JR, l’opération « Les climats & moi », les 31 mai et 1er juin, proposait de réaliser une œuvre monumentale collective, par l’affichage au sol des photos de chacune des personnes souhaitant mani-fester son soutien à la candidature des Climats de Bourgogne au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. 1 500 portraits imprimés en numérique sur adhésif ont recouvert les pavés de Dijon et Beaune. Des adhésifs que le grand public pouvait venir coller lui-même.Pour compléter le dispositif, une machine d’impression est exceptionnellement sortie de son atelier le temps de l’événement afin d’imprimer en « live » les derniers portraits qui composaient la fresque mosaïque géante. Pour ces journées, AVS Communication a réalisé les impressions sur un film PVC adhésif HX3000WG2 fabriqué par Hexis et s’est tourné vers Eurosystems France (société bour-guignonne, experte en installation et maintenance de machines d’impression grand format) pour le soutien technique le jour J.

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ACTUALITÉS

À MONS, LES MOTS SORTENT DES LIVRES…À l'occasion de « Mons 2015 : Capitale européenne de la Culture », l’artiste littéraire Karelle Ménine a initié un projet original intitulé « La Phrase », réalisé en colla-boration avec le designer et graphiste franco-suisse Ruedi Baur. Il s’agit « d’écrire » dans la ville une phrase de 10 kilomètres composée à partir d’œuvres d’au-teurs majeurs du monde entier.Ce projet est un work in progress d’une année. Chaque jour à partir de mi-décembre, un segment de phrase sera peint selon la technique du pochoir. « Les mots seront plutôt positionnés sur les murs, réagissant aux porosités, aux formats des briques, aux fenêtres comme aux angles de rue. Une seule et même phrase qui commencera à s'écrire à l’inauguration de la capi-tale culturelle. Un ping-pong de 52 semaines entre Karelle Ménine, composant la phrase, jouant avec les éléments textuels, et moi-même travaillant avec mon équipe sur la conception graphique et son implantation sur le site », explique Ruedi Baur.

MEGAMARK S’OFFRE UNE NOUVELLE IMAGE POUR SES 25 ANS

Megamark a été créée en 1989 par deux amis d'enfance, Christophe Renard et Patrick Turpin qui restent aujourd’hui

les actionnaires de référence. L’entreprise s’était donné pour vocation de considérer et valoriser les espaces d'entreprises (vitrines, véhicules, bureaux, bâtiments) comme des médias, une approche alors novatrice en France. Megamark dispose aujourd’hui d’un studio graphique, de deux bureaux d’étude,

d’un service R&D, de cinq unités de fabrication, de sept plateformes logistiques et d’un réseau international de pose. L’offre métier s'articule autour de quatre divisions : points de

vente, bâtiment, flottes de véhicule et transport public. En 2014, Megamark a présenté une nouvelle image de marque. Un logo épuré, accompagné d’une baseline (« Innover optimiser déployer ») qui exprime l’évolution de

l’entreprise proposant une expertise transversale au service des marques pour le déploiement de leur image. Déclinée sur

tous les supports, cette nouvelle image trouvera bientôt son expression sur un nouveau site InternetL’année 2014 a vu

aussi l’entreprise concrétiser son plan de transformation initié il y a trois ans. Entre autres avancées, notons : la rénovation

du siège de Montreuil transformé en véritable show room, des investissements matériels pour augmenter les capacités de

production et la mise en place d’un Système de Management de la Qualité (certifications obtenues en 2014 :

ISO 9001, ISO 14001 et OHSAS 18001).

LE SYNAFEL ET LE CLUB DU DIGITAL MÉDIA PARTENAIRES D'EXPOFRANCE 2025Les associations membres de la FCV se mobilisent ! Le Synafel, Syndicat National de l'Enseigne et de la Signalétique, soutient le projet de candida-ture de la France à l'organisation de l'Exposition Universelle de 2025. « Ce projet d'avenir, bâti avec toutes les forces de la nation, y compris les jeunes, véhicule des valeurs fortes de rassem-blement, d'initiative, de créativité, d'innovation et pourra être source d’investissements tant structu-raux que commerciaux pour la France », a déclaré Patrick Floren, président du Synafel. Les PME et TPE représentées par le syndicat peuvent égale-ment individuellement apporter leur soutien à ce grand projet.De son côté, après avoir reçu en avril dernier Ghislain Gomart, Directeur Général et Jean- Christophe Fromentin, Président de l’Association ExpoFrance 2025, le Club du Digital Media vient lui aussi de signer la Charte de soutien au projet de candidature de la France. Les entreprises du Club y voient un formidable levier économique, de même que les Français en général puisqu’ils sont 84 % à être favorables à cette candidature (source IFOP).C’est dès maintenant que les soutiens sont néces-saires car le dossier de candidature doit être déposé en 2016, pour une décision en 2018.

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INTERBRAND ADHÈRE AUX CODES RATPLe Groupe confie à l’agence Interbrand le soin de repenser ses espaces multimodaux pour le métro et le RER.MÉTHODES’appuyant sur l’identité visuelle existante mais en travaillant l’efficacité et la lisibilité des messages, Interbrand simplifie les codes, redonne de la cohérence aux espaces du réseau et facilite le parcours d’une clientèle cosmopolite.ILLUSTRATIONVisuellement, apparition d’un « trait d’union » symbolisé par des rectangles colorés de format variable, rappe-lant le ticket de métro. Décliné dans les espaces d’accueil et les couloirs, il accompagne les voyageurs. Des couleurs plus chaudes (orange, jaune, fuchsia...) s’ajoutent au vert jade et au bleu outre-mer des codes existants. Le pelliculage par adhésif permet l’adaptation à l’ergonomie de tout le mobilier du réseau. Avec le même souci d’efficacité : homogénéisation des sources lumineuses et renforcement de l’équipement digital des agents et de l’information des voyageurs via des bornes ou des écrans digitaux. Un dispositif testé aux stations Crimée, Glacière et Roissy CDG pour un déploiement sur l’ensemble du réseau début 2015.

MOYENS TECHNIQUES➜ Applications verticales et murales : adhésifs 3M, film teinté vinyle Scotchcal série 100 ou 180 conformable. Touches de couleurs du code couleurs RATP réalisées par impression en quadrichromie sur adhésif 3 M blanc opaque.➜ Bandeaux lumineux : panneaux de polycarbonate diffusant (LEXAN) recouverts d’adhésif diffusant vert jade MACtac (MACcrystal), éclairés de module Led HYUNDAI-BFL-blanc 6500°k. ➜ Les équipements verticaux exposés : film anti-rayure anti-graffiti 3M (polyester Scotchgard 8991 brillant pour les soubassements ; film anti-graffiti MACtac (Imagin Lag 100 satiné) pour la partie supérieure. Lenoir Services (69) a fabriqué et posé de nuit ces nouveaux aménagements.

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« LES ALLÉES SHOPPING », BIENTÔT AU PAYS BASQUE Le groupe immobilier Sodec confie à Minale Design Strategy la création du concept global de ce nouveau centre commercial situé au nord de Bayonne (identité visuelle, positionnement, architecture intérieure).L’agence invente un univers de confort et d’évasion, au milieu de la nature, invitant au voyage. Le logo reprend ces partis-pris : ton marron glacé (Pantone 7531), sobre et naturel ; rayures verticales inclinées, évocation des pins marins penchés par le vent… Le discours réduit à l’essentiel, nom et localisation, souligne le dessin avec simplicité. Seuls les caractères en gras de « shopping » rappellent la finalité commerciale de ces « allées » qui ouvriront en 2015.

FRANCE TÉLÉVISIONS NUMÉRISE SA COM INTERNE AVEC TELELOGOS ET ACTIMAC Suite à appel d’offres, France Télévisions a retenu le binôme Telelogos/Actimac pour le déploiement d'un réseau d’affichage dynamique sur son siège et ses antennes parisiennes.Telelogos, éditeur de logiciels indépendant, fournit la solution d’af-fichage dynamique Media4display, tandis que le déploiement des écrans, l’installation des players et la mise en forme des contenus sont gérés par Actimac.Cette solution permettra de communiquer plus efficacement et de façon personnalisée auprès des 4 500 collaborateurs du groupe audiovisuel : diffusion du même contenu sur l’ensemble des sites avec la possibilité d’y intégrer des contenus spécifiques à chacun.

LONGCHAMP MISE SUR DES BOUTIQUES CONNECTÉES À l'occasion des vingt ans de son sac iconique, le Pliage, Long-champ permet à ses clients de personnaliser leur modèle cuir sur tablette, depuis mars 2014 dans 25 points de vente européens. Depuis plusieurs années, le maroquinier a recours au digital média dans les boutiques qu’elle possède en propre : diffusion de contenus sur écrans, gestion de l’habillage sonore, etc. Avec ce nouveau service, la marque va plus loin. Elle a réalisé, avec son partenaire l’opérateur Waycom, une infrastructure réseau en cloud. Les clients choisissent leur modèle, en temps réel, depuis une tablette connectée. La commande est alors enregistrée et facturée directement en magasin. Le Pliage est disponible sur le lieu de vente quelques semaines plus tard ou envoyé au client.« Nous disposons désormais d’un pont qui efface les distances entre notre siège et nos points de vente. Nous pouvons y déployer de nouveaux services numériques beaucoup plus facilement. Nous entrons désormais pleinement à l’ère de la digitalisation des points de vente », explique Corentin Violle, DSI, Longchamp.

EN BREFLE SYNAFEL PARTENAIRE DE VISCOM PARIS 2014 Le Synafel, Syndicat National de l'Enseigne et de la Signalétique, est partenaire du salon Viscom Paris 2014. À ce titre, il sera présent sur les stands B88 et B92 pendant toute la durée du salon et organisera une conférence, le 11 septembre 2014 à 11h, sur le thème de la certification Qualif'En-seigne Signalétique.www.viscom-paris.com

PETIT-DEJ’ « DIGITAL » SUR VISCOMLe Club du Digital Media organise le 10 septembre prochain un « petit-déjeuner rencontre » sur VISCOM, le salon de la communication visuelle et de l’industrie graphique, qui aura lieu Porte de Versailles du 9 au 11 septembre. Les acteurs et utili-sateurs de digital media qui souhaitent en savoir plus sur les activités du Club sont les bienvenus pour échanger et partager un moment convivial. Plus d’informations sur www.clubdigitalmedia.fr

ACTUALITÉS

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ACTUALITÉS ÉVÉNEMENTS

VISCOM 2014 : GROS PLAN SUR LE DESIGN DANS L’ENTREPRISEDu 9 au 11 septembre 2014, le salon Viscom Paris revient au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Pour sa 26ème édition, le salon de la communication visuelle et des arts graphiques met à l’honneur l’architecture intérieure, ainsi que la décoration au bureau et dans l’entreprise. La zone d’ani-mation dédiée est baptisée « Imag’In The New Office Design », dans la continuité des précédentes thématiques « City », « Airport » et « Shopping center ». Open-space, ateliers créatifs, ou encore co-working : plusieurs formules de vie réelle au bureau seront scénarisées pour présenter l’ensemble des procédés, technologies et savoir-faire des métiers de l’industrie graphique (solutions de découpe, films adhésifs innovants, panneaux digitaux, papiers peints décoratifs, textiles acoustiques…). Par ailleurs le Village Digital est reconduit. En partenariat avec www.Ooh-TV.com et le Club du Digital Media, cet espace réunira les sociétés spécialisées dans la numérisation des espaces (rue, centres commerciaux, gares, aéroports...) ou encore les agences digitales travaillant en collaboration avec les architectes et agenceurs d’espace intérieur sur des problématiques de Deco-Signage.Enfin, Viscom fera le point sur les avancées de l’impression 3D qui fête, cette année, ses 30 ans. Cette technique, en pleine explosion médiatique, se révèle de plus en plus indispensable dans la conception de prototypage industriel. Le salon proposera un espace « Fab&Lab » de prise en main avec démonstration. Un lieu ludique pour tous les acteurs du salon en recherche d’axes de dévelop-pement concrets et innovants.www.viscom-paris.com

FRÉQUENTATION RECORD À FESPA DIGITAL 2014FESPA Digital 2014 a lieu du 20 au 23 mai 2014 au Parc des expositions de Munich. Ce salon international consacré à l’im-pression grand format et aux technologies numériques a enregistré 30 % de visites en plus qu’en 2011, l’édition qui consti-tuait jusqu’alors son meilleur succès. 16 851 visiteurs au total sur les 4 jours, avec un important taux de revisite de l’ordre de 55 %.L’événement réunissait 536 exposants leaders dans leurs secteurs, représentant toute la chaine de l'impression numérique grand format, la décoration de vêtements, l'impression textile, la signalétique, l’affi-chage extérieur et la PLV.Par ailleurs la dimension internationale de l’événement était une fois encore très affirmée, avec 70 % de visiteurs étrangers, des professionnels venus de toute l’Eu-rope et même des autres continents.Enfin, avec 65 % de décisionnaires parmi son visitorat (chefs d’entreprises et direc-teurs commerciaux), FESPA Digital reste un lieu où l’on fait du « business ». 45 % d’entre eux ont déclaré avoir des projets d’investissement dans les 6 mois qui suivent le salon.www.fespa.com/digital/fr

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ÉVÉNEMENTS

C!PRINT 2015L’ATELIER NOVA

RÉINVENTÉCouleurs et motifs psychédéliques avaient marqué les visiteurs du salon C!Print pour son lancement en février dernier. L’Atelier Nova de C!Print reviendra en 2015 avec une toute nouvelle identité visuelle et scénographique. Julien Sappa, qui en assure depuis 3 ans la direction artistique via sa structure Regular Switch*, nous dit tout…

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ACTUALITÉS ÉVÉNEMENTS

Visible : Au premier abord, rien à voir entre Nova Live édition 2014 et 2015, pourquoi une telle rupture ? Julien Sappa : En février dernier, pour la seconde édition du salon, notre volonté commune avec l’orga-nisateur 656 Groupe était d’interpeller le visiteur, pour le faire venir jusqu’à Nova By C!Print. Couleurs, motifs, agencement : le résultat était de l’ordre de l’impact visuel très fort. Et cela nous plaçait davantage dans la communication que la décoration à proprement parler, bien que les solutions présentées soient conçues pour des applications dans la déco. Mais c’était nécessaire pour faire passer un message « pédagogique » auprès du marché français, à savoir qu’il existe de nouvelles voies à explorer dans la communication visuelle et l’architecture d’intérieur pour les professionnels de l’impression et de la personnalisation.En comparaison, il est certain qu’avec le nouveau projet dont nous dévoilons les premières images aujourd’hui nous, entrons tout de suite dans le vif du sujet : la déco. Les professionnels du secteur devraient davantage s’y reconnaître…

Pensez-vous que le marché est désormais suffisamment mûr pour être réceptif ?Nous pensons en effet que le marché des imprimeurs et transformateurs est prêt pour cette seconde étape. Il faut dire aussi que ce nouvel Atelier Nova de C!Print est d’abord conçu pour le nouveau salon C!Print Madrid, qui se tiendra en Espagne début octobre, avant d’être exporté à Lyon. Les premiers contacts avec le marché espagnol de la communication visuelle révèlent que les Espagnols ont déjà anticipé les multiples débouchés qu’offrent les techniques d’impression et attendent une approche plus ouvertement « déco ». Leur niveau d’exigences plutôt élevé colle parfaitement avec les attentes des visiteurs français qui ont connu et intégré le premier Nova By C!Print.Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que l’on verra à Lyon du 3 au 5 février prochain ?Du point de vue de la scénographie, l’atelier est divisé en 2 parties complémentaires. La première reste dans l’esprit « maison » avec cuisine et chambre. C’est un intérieur « réaliste », avec des lés de papier peint à motifs plus discrets et des couleurs tendance et consensuelles en terme de déco : crème et beige, une gamme de 3 bleus pour créer des tons sur tons,

montrer qu’on peut obtenir des nuances avec l’impres-sion numérique et enfin, en contrepoint, un bel orange complémentaire presque fluo, qui fait un peu figure de défi technique en quadri.L’autre partie de l’atelier nous emmène dans l’univers professionnel et le retail : une sorte de pop up store avec plus d’éléments communicants et percutants.

Quelles seront les solutions mises en avant ?Je ne peux pas encore tout révéler mais une chose est sûre : il y a aura un focus important sur le mobilier en carton qui avait déjà suscité un fort engouement des visiteurs sur l’Atelier Live 2014. On travaille avec notre partenaire ATC, prestataire en impression, qui croit à ce nouveau marché et a intégré un designer 3D spécialisé dans le mobilier en carton. Des fauteuils, tables et présentoirs qui s’impriment et se découpent facilement, se personnalisent à l’envi et se montent sans colle… Nous sommes aujourd’hui entrés dans une logique de l’éphémère et ces solutions sont vraiment dans l’air du temps

Quel est le rôle du comité de pilotage Nova by C!Print, mis en place par l’organisateur ?À l’initiative de 656 Groupe, plusieurs professionnels et experts se sont réunis au sein d’un comité qui a voca-tion à faire évoluer le projet d’une édition sur l’autre, mais aussi tout au long de l’année avant et après le salon. Grâce à leurs préconisations, le projet reste au plus près des attentes et besoins des marchés de l’im-pression et de la personnalisation.Concernant mon travail, ils ont aussi une influence sur l’évolution de la charte graphique et je reste très attentif à leurs remontées techniques et leurs réactions sur les visuels. Propos recueillis par C. C.

* www.regularswitch.com.br

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BIO EXPRESS

JEAN-CHRISTOPHE FROMANTIN est Maire de Neuilly-sur-Seine depuis 2008 et député

des Hauts-de-Seine depuis 2012, également vice-président et candidat à la présidence de

l’UDI. Entrepreneur dans le secteur du commerce international, il a créé plusieurs sociétés et il est l’un des rares chefs d'entreprises à siéger à l’Assemblée nationale. Il a créé l’associa-

tion EXPOFRANCE 2025 et préside la Mission d’information parlementaire

de l’Assemblée Nationale sur la candidature du projet.

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OPINIONJEAN-CHRISTOPHE FROMANTIN

Une Exposition universelle constitue un projet éminemment poli-tique, au sens noble, c’est-à-dire porteur de valeurs. Or aujourd’hui, notre pays a besoin d’un acte politique vrai, structurant et sur la durée. Nous sommes à la fin d’un cycle et le moteur tousse. Les entreprises sont inquiètes quant à leur avenir, les jeunes tendent à partir à l’étranger, nous sommes challengés par des pays, notam-ment émergents dont les modèles économiques nous interpellent… Comme au 19ème siècle lorsque le modèle industriel et agricole anglais nous interpellait déjà et nous incitait à organiser de tels événements. Projet d’une génération, une Exposition universelle est un acte de réconciliation, d’audace et d’espérance. L’occasion d’une remise en question utile pour un pays et pour une population toute entière. En effet, si nous accueillons le monde… nous devons nous demander : que veut-on lui dire ?

Projet d’innovations, EXPOFRANCE 2025 se fixe comme ambition de construire l’exposition sur l’existant. Dans une logique de déve-loppement durable et parce que les Français sont très attachés aux monuments nés des Expositions universelles précédentes, l’idée sera de proposer aux nations invitées, non pas de construire de grands pavillons, mais de revisiter ce patrimoine. Cette contrainte que nous nous fixons posera des problématiques inédites qui seront autant de tremplins pour l’imagination.

L’action des entreprises françaises est déterminante pour supporter la candidature de la France. Aujourd’hui déjà, de grandes sociétés, mais aussi des PME et des TPE témoignent d’un engagement citoyen en s’engageant aux côtés de l’association. Elles poussent l’idée en parlant autour d’elles du projet, en mobilisant leurs person-nels, en arborant le logo EXPOFRANCE 2025. ...

Jean-Christophe Fromantin préside l’association EXPOFRANCE 2025 qui bâtit et porte la candidature du pays à l’organisation d’une Exposition universelle en 2025. Une aventure débutée à son initiative en 2012 et qui bouleverse les schémas habituels. Pour une fois, c’est la société civile dans toute sa diversité -entreprises, étudiants, citoyens, élus… - qui sera le substrat du désir d’accueillir le monde. Et non le seul reflet d’une volonté de l’Etat. Une ambition à même de redonner du souffle à tout un pays et à ses entreprises.

EXPOSITION UNIVERSELLE 2025 :

UNE AMBITION POUR LA FRANCE !

Notre modèle est usé. On peut changer des pièces, comme on le fait depuis 15 ans… Ou bien changer le moteur !

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Accueillir 80 millions de personnes, avec une approche très ambi-tieuse, soulèvera de multiples problèmes et ouvrira un champ d’innovations sans pareil. Comment transporter ces visiteurs, les loger, les informer, valoriser la culture des différents pays sur tel ou tel bâtiment, etc. ? Toutes ces questions réclameront d’inventer des réponses. Les cinq à six années précédant l’Exposition, la France sera un immense chantier durant lequel les entreprises pourront montrer leur savoir-faire. Et celles qui s’engagent maintenant seront en mesure de faire leurs propositions plus tôt.Ensuite, les six mois de l’Exposition s’apparenteront à une immense opération portes-ouvertes de la France. L’idée étant de la propager en ondes concentriques sur tout le territoire depuis le cœur de la Capitale, jusqu’aux grandes métropoles de nos régions en passant par le Grand Paris. Usines, châteaux, écoles et universités pourront prendre part à ce salon planétaire. Lors de l’événement, l’image sous toutes ses formes tiendra une place très importante comme support de communication et de médiation puisque l’architecture ne sera pas l’alpha et l’oméga du projet.

Nous avons démarré ce projet depuis déjà un an parce qu’au-jourd’hui, les Français se défient des politiques et qu’une candidature émanant de l’Etat aurait toutes les chances d’être rejetée. J’ai voulu que, pour une fois, l’initiative ne vienne pas d’en haut mais se construise pas à pas sous l’impulsion de la société civile et reflète la diversité géographique, politique et économique de la France. Garantir que tout un pays soutienne cette candida-ture, c’est la force de cette méthode, mais cela implique de prendre un grand élan ! L’enjeu est tellement essentiel pour le pays et les énergies qui nous rejoignent si nombreuses que je crois profondément que l’EXPOFRANCE 2025 se fera. Et si c’était avec vous ? ” Propos recueillis par L. BdC

OPINIONJEAN-CHRISTOPHE FROMANTIN

Recevoir des millions de visiteurs posera des milliers de questions auxquelles nos entreprises

devront apporter des milliers de solutions.

L’hospitalité est la valeur au centre de nos réflexions pour construire la thématique de l’Exposition et nous inspirer.

➜ 2011-2012 naissance et structuration du projet par EXPOFRANCE 2025.➜ 2014 rapport rendu aux Parlementaires par Bruno Le Roux.➜ 2015 rédaction du dossier, validation par le Chef de l’Etat et opération de communication pour sensibiliser le grand public.➜ 2016 dépôt officiel de candidature auprès du B.I.E. (Bureau International des Expositions).➜ 2018 vote des 167 pays membres du B.I.E. et attribution de l’organisation.➜ 2019 formation du commissariat général et lancement du compte à rebours pour accueillir 80 millions de visiteurs en France en 2025.

RENDEZ-VOUS

CLEFS

a www.expofrance2025.com

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24 LAURENT BLASQUEZ

Fabricant et fournisseur d’impri-mantes et de consommables pour le marché de la communication visuelle, Roland DG a décidé de diversifier son offre pour permettre à ses clients de toucher de nouveaux marchés. Les précisions de Laurent Blasquez, Directeur général France.

PREMIERS PASDANS LE DIGITAL ET LA 3D POUR ROLAND

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À LA UNEINTERVIEW

Visible : Vous annoncez une diversification dans les logiciels de digital media. Quelle est votre cible avec cette nouvelle offre ?Laurent Blasquez : Nous avons toujours progressé main dans la main avec nos clients. Comme ce fut le cas pour l'impression grand format, nous souhaitons rendre accessible au plus grand nombre l'affichage dynamique et multimédia, un métier que beaucoup de nos clients trouvent complexe. Même si ce canal de revenu devrait rester minoritaire par rapport à leur production totale, majoritairement imprimée, il fera indéniablement partie de leur quotidien de demain. C’est dans cet esprit que nous avons mis au point l’offre Roland Display Studio, à destination des enseignistes. C'est un logiciel de création et d'affichage de contenu multimédia. Il permet d'utiliser des fichiers d'impression existants, comme un JPEG ou un Powerpoint et de les convertir en contenu multimédia. L'utilisateur peut facilement créer et organiser des playlists par un copier/coller intuitif. Nous proposons par ailleurs des écrans de 32 à 55 pouces.

Autre « nouvelle frontière » pour les acteurs de la communication visuelle : l’impression 3D. Comment allez-vous investir ce nouveau marché ?La technologie 3D fait ses premiers pas dans l'industrie et nous souhaitons permettre à nos clients d'y entrer et de se préparer à la véritable rupture technologique qui devrait s'opérer d'ici cinq ans dans une multitude de domaines : la santé, la construction, etc. Dès la rentrée, nous proposons l'ARM-10, qui permet de produire des objets en résine avec une large palette d’effets : translucide, couleur bois…

Toutes ces nouveautés inaugurent une véritable rupture dans l’offre traditionnelle de Roland…Je ne parlerais pas de « rupture », mais plutôt d’une évolution nécessaire. L'offre logicielle, le multimédia et la 3D permet-tront d’aller vers une communication plus riche et de générer d'autres types de revenu. Tout comme ses clients, Roland France évolue dans une économie stable, mais avec des opportunités de crois-sance faibles. 50 % de part de marché dans le grand format, 78 % en UV sur le début 2014... On ne va pas progresser indéfiniment dans ces secteurs ! À nous d'analyser les oppor-tunités de revenus de nos clients et de créer des ponts pour qu'il puissent accéder à ces nouveaux marchés et à terme augmenter leurs marges. Propos recueillis par C. C.

LA MÊME COULEUR PARTOUT AVEC ROLAND COLOROPTIMIZER

Avec le nouveau logiciel ColorOptimizer, Roland vise les imprimeurs généralistes ayant plusieurs types de machines. « Le problème numéro un de ces entreprises est d’obtenir la même couleur sur tous les supports, car les premières encre éco-solvants, les EcoSol MAX2 , l'UV ou encore l'encre de nos confrères ne réagissent pas toutes de la même manière. Ces différences se creusent également dans le temps ou au gré des changements de médias » note Laurent Blasquez.Roland a donc développé un logiciel qui permet de mesurer et corriger ces différences, tout en normalisant les fichiers. Les clients pourront retrouver leurs couleurs à l'identique sur leurs véhicules, leurs tee-shirts, leurs coques de téléphone et leur enseigne.

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Jean-Louis Frechin

Le design numérique sera

" Made with " et désirable… ou

ne sera pas ! Visible : On parle abondamment de la révolution numérique. Ce terme n’est-il pas excessif ?Jean-Louis Frechin : Bien sûr la Terre est toujours ronde. Pourtant les bouleversements induits par l’incursion du numérique dans nos sociétés sont comparables à ceux de la découverte de l’imprimerie ou de électricité… Symbole du numérique, le Web n’est pas juste une belle image, un endroit où l’on dépose des choses. C’est désormais un énorme logiciel, un gigantesque outil de communication avec lequel les gens créent, conversent, commercent. Il en résulte une désintermédia-tion généralisée. Certains modèles s’affaiblissent, comme les maisons de disques, mais d’autres apparaissent tels que Wikipédia, Airbnb, Linux1 qui fonctionnent en open source, c’est-à-dire que tous peuvent contribuer à sa fabrication et accéder à des informations librement et gratuitement.

Quelles sont les conséquences de cette désintermédiation ?Pour une société figée comme la nôtre, c’est très violent. Dans le monde d’avant, les entreprises produisaient pour les gens. Dans le monde actuel, parce que les gens sont connectés, ils ne sont plus simplement des clients. Leur avis remonte et compte parce qu’ils le partagent. Avec ce nouveau mode d’échange, exit les relations top-down. Le monde s’est « aplati ». Les entreprises qui voulaient être aimées doivent main-tenant être préférées. Le pouvoir est à la multitude…Ainsi, le Web a commencé par être un média pour chacun avant de devenir un système technique fonctionnant pour, par et avec tous. Cela produit un maillage, un réseau distribué, socle d’une économie de la contribution ou d’une prédation nouvelle, organisée par les sociétés qui l’ont compris en premier, comme Google.

Et cela fait peur ?Pour des sociétés qui ont tendance à être tournées vers le passé, oui. Elles en perçoivent plus les risques que les formidables opportunités. Or justement, le numérique fournit aux entreprises et aux marques les bons outils pour s’inscrire dans ce maillage, pour se positionner dans le dialogue permanent avec le public. Elles qui étaient habituées à juste délivrer leurs messages…

Le numérique est une révolution culturelle et sociale autant qu’une nouvelle révolution industrielle et économique... Ce constat pragmatique ne doit pas occulter la dimension collaborative et esthétique indispen-sable à la réussite de cette mutation. Pour en savoir plus, rencontre avec Jean-Louis Frechin, figure du Nouveau Design.

BIO EXPRESSIl aime les machines, le monde des ingénieurs, le contact avec la matière… Après des études d’ar-chitecture trop abstraites à son goût, JEAN-LOUIS FRECHIN se tourne donc vers l’ENSCI-Les Ateliers et se rapproche de ceux qui fabriquent. Il tâte de l’infor-matique à l’école d’archi, puis manipule son 1er Mac et comprend vite que ce qu’il prenait pour un simple outil est en fait un objet à part entière. Les jalons sont posés, prêts à lier son sort professionnel à celui des Nouveaux Objets qu’il crée avec conviction, optimisme, voire poésie. Fondateur et dirigeant de NoDesign.net, agence de design numérique, Jean-Louis Frechin enseigne à l’ENSCI-Les Ateliers où il est directeur de l’innovation et de la prospective. Il est également commissaire général du Festival Futur en Seine.

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À LA UNERENCONTRE

" Dégager la beauté et le bien de la simple nécessité et de la complexité "Credo de JEAN-LOUIS FRECHIN

PARIS PROJET SUR LA VIE ÉTUDIANTE :

CARTE DU PARIS UNIVERSITAIRE À PARTIR DE SES DÉPLACEMENTS

INTER-ÉTABLISSEMENTS.

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Est-ce aussi pour battre en brèche ces craintes que vous avez choisi « Made with » comme thème de l’édition 2014 du Festival Futur en Seine2 ?Plus qu’un thème, c’est une ambition car désormais, l’enjeu est davantage de redéfinir la façon dont nous devons « fabriquer » les choses que les choses elles-mêmes. « Comment traverser la rivière ? » est une question plus riche que « Comment construire un pont ? ». Concevoir Photo-shop est plus passionnant que de seulement l’utiliser… À l’heure où le Made in France constitue de nouveau un horizon, où tant de réseaux se tissent, je suis convaincu qu’il ne se forgera qu’à partir d’un dialogue avec le monde. Voilà pourquoi, dans le cadre du Festival, nous avons proposé d’inventer le Made with French. Ce sera la marque de fabrique des organisations performantes du 21ème siècle, celles pariant sur l’humain plus que sur sa force productrice. Aux Villages de Futur en Seine, laboratoires, écoles, star-tups, entrepreneurs et grands industriels ont illustré cette ambition à travers des centaines de projets, montré la dimension contributive des objets et des services connectés. Et surtout leur pertinence, leur intelligence, leur intérêt économique dans un environnement marqué par les changements, les crises multiples, la quête de sens…

Le design numérique est par définition interactif. À quelle condition peut-il jouer un rôle dans les enjeux de notre époque ? S’il veut produire et créer de la valeur, le design contempo-rain doit donner plus de place à l’utilisateur qu’à l’outil qui n’est en fait qu’un média consommable. L’atout du design numérique, notamment en France, c’est de proposer une approche complète qui envisage l’interaction sous toutes ses facettes : interagir pour quoi faire ? Comment créer des relations ? Qu’est-ce que l’on va voir, ressentir et comprendre ? Mais surtout, pour quel contexte nouveau et pour qui ?

Pourquoi avoir baptisé votre agence NoDesign.net ? C’est un peu paradoxal…Etudiant à l’Encsi, je disais déjà que le beau design ne se voit pas ! « No », c’est aussi pour « Nouvel objet » en référence aux champs qui restent à explorer et dans lequel le design a un rôle à jouer. Les nouveaux objets du 21ème siècle seront tous connectés d’une façon ou d’une autre : le Vélib’ est numérique, les billets d’avion, etc. Certains d’entre eux contiennent des services, tel l’iPhone, typique de l’hybridation des biens et des services dont on paye avant tout l’usage. ...

À LA UNERENCONTREJean-Louis Frechin

SNCF MAMOBILITÉ : COMPAGNON POUR LES SERVICES DE MOBILITÉS « MULTI-MODALES » PERMETTANT DE GÉRER DES TRAJETS ET DES DÉPLACEMENTS DE PORTE À PORTE QUELS

QUE SOIENT LES MOYENS DE TRANSPORT UTILISÉS.

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Cela signifie-t-il que l’usage prime au détriment de l’aspect ?Pas du tout ! Ce que l’on voit est presque aussi important que ce que l’objet connecté est capable de faire. Toutes les entreprises qui ont compris cela et qui l’on mis en avant – Apple, Withing ou Parrot – sont aujourd’hui en 1ère ligne. D’autant que le numérique n’a pas de forme. Il faut donc donner envie, le rendre désirable. Le monde actuel est très utilitaire. Pourtant on ne peut pas vivre sans le beau, la grâce, la surprise. D’ailleurs, les choses qui ne servent à rien sont malgré tout très « utiles », rassurantes et éduca-tives sur le long terme. Pour un monde complet, l’art, la science et la philosophie sont indispen-sables. Si l’un est oublié, ça ne marche pas. Une innovation mal conçue mais bien habillée ne fonc-tionnera pas plus qu’une innovation bien pensée mais mal habillée. Forme et sens sont un tout, une continuité. C’est la différence entre faire à manger et cuisiner, tourner des images et faire du cinéma, designer un objet et produire des fonctions.

Les objets numériques peuvent donc être désirables ?Ils le doivent ! En fait, plus ces dispositifs deviennent compliqués et plus nous devons soigner leur repré-sentation et l’expérience qu’ils proposent. Ainsi, un objet numérique doit pouvoir incarner un usage, une représentation par la forme et les valeurs portées par une marque. Cela passe notamment par l’identité du produit, malheureusement souvent galvaudé par la communication. Chez NoDesign, nous veillons aussi à la relation de plaisir, de désir, d’usage et de perception entre l’utilisateur et le service. Cela conduit à scénographier usages, expérience… et tout cela passe par l’image. En somme, pour que le design s’impose enfin en France, il faut réconcilier le rationnel et l’intelligence avec le beau et le sens. Propos recueillis par L. BdC

1 Linux, système d’exploitation open source basé sur le noyau Unix.2 Festival dédié au design numérique, Futur en Seine s’est tenu cette année du 12 au 22 juin, notamment à la Gaîté Lyrique et au Conservatoire des Arts et Métiers.

À LA UNERENCONTREJean-Louis Frechin

WADOOR : UNE PORTE RECOUVERTE

D’UN PAPIER-ÉCRAN ÉLECTROLUMINESCENT

PERMETTANT LA CRÉATION D’ENVIRONNEMENTS

ÉVOLUTIFS.CARTE BLANCHE

DU VIA 2008

DESIGN NUMÉRIQUE AUSSI APPELÉ DESIGN D’INTERACTION : PROCESSUS INNOVANT DU DESIGN SUR LES PRODUITS ET LES SERVICES NUMÉRIQUES ISSUS DES TECHNIQUES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION POUR CRÉER DE LA RELATION, DE LA SIMPLICITÉ, DU DÉSIR, DE L’APPROPRIATION ET RENDRE LES USAGES POSSIBLES.

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FRÉDÉRIC TISSEYRE décorateur et consultant

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L’HUMEUR DE FRÉDÉRIC TISSEYRE

FAIRE BEAU PLUTÔT QUE MOCHE... CE N’EST PAS QU’UNE QUESTION

D’ARGENT !Imprimeurs, enseignistes, prestataires trans-

formateurs et autres intervenants multimédia qui souhaitez élargir vos prestations en ne proposant pas seulement de la matière... mais aussi de la matière grise, sachez que dans un projet, ce n'est pas parce que c'est cher que c'est beau et inver-sement ! C'est avec de la méthode que l'on arrive à travailler sur l'esthétique d'un projet. Car travailler sur le beau, revient en fait à travailler sur la cohé-rence, l'élégance ou l'atmosphère. Cela réclame un investissement financier, mais pas seulement. Temps passé et méthode sont au moins aussi importants que le travail dans vos ateliers. Sans oublier bien sûr, une dose de créativité ! Conseils de base : pour faire du « beau » mieux vaut offrir au client un interlocuteur unique. Un professionnel qui va le questionner pour mettre en ordre ses idées. Plus tard, il sera le garant du concept tout au long de la réalisation du chan-

tier. C'est encore lui qui apportera la cohérence, élément essentiel de l'esthétique, car il est le mieux placé pour appréhender le projet dans sa globa-lité et sa finalité. Puisque nos métiers changent, évoluent sans cesse, appelons ce nouveau métier le « centralisateur esthétique »Ce centralisateur esthétique maîtrise les solutions aussi bien techniques que décoratives et donc le cahier des charges du projet puisqu'il en est le rédacteur. Son rôle est d’autant plus important que vos clients réclament de ne plus avoir à parler tantôt à l'électricien, tantôt au plaquiste ou au peintre. Ils n'ont pas le temps d'arbitrer des choix tous plus techniques et obscurs les uns que les autres. Pour décrocher ces affaires, il vous faut avoir recours à un professionnel de la décoration et du design intérieur dont c'est le métier. Il sera présent de la conception à la réalisation.Et n'oubliez pas : le beau motive, car il est source de plaisir pour tous. On fait plus, on n'en a plus. On en demande plus, on en obtient plus. C’est dans la logique des choses. À la clef, davantage de satisfaction tant pour vos clients que leurs sala-riés. Vous même et vos équipes serez valorisés.En somme, il est ici question de magasins qui développent leur chiffre d'affaires après travaux, en attirant une clientèle nouvelle. Mais aussi d'entre-prises qui remotivent leurs troupes avec des sièges sociaux où il fait bon venir travailler. En un mot comme en cent, faire beau : tout le monde y gagne !

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Couleur : de l'émotion à la mesure

Source d’inspiration pour les créatifs et d’émotions pour ceux qui la reçoivent, la couleur est un outil majeur en communication visuelle. Marqueur identitaire par excellence, des blasons du Moyen-âge aux logos des marques, elle participe aux succès comme aux échecs. De son invention à son industrialisation en passant par sa fabrication, la couleur est plus que jamais affaire de spécialistes.

Dossier réalisé par Lorraine Bôle du Chaumont

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S’intéresser à la couleur, c’est comme mettre son doigt dans le pot de confiture, à défaut de celui de peinture... Lorsque l’on y a goûté, difficile de s’arrêter ! D’autant que, passionnés, les professionnels concernés ont vite fait de vous donner le virus. Et ils sont désormais légion. Chimistes, historiens, psychologues, sociologues, linguistes, neuro-biologistes, etc., se penchent sur son cas. Graphistes, architectes, publicistes, imprimeurs, enseignistes, designers et bien d’autres encore en usent au quotidien. Chacun apportant sa pierre à l’édifice de la connaissance de cet objet d’émerveillement inépuisable : la couleur !

Passage obligé de la communication visuelle, la couleur est au cœur de tout processus créatif. Ou du moins, elle le redevient. Car des années 80 à la fin des années 90, et si l’on exclut les pays Nordiques, l’Occident a mis la couleur entre parenthèses. Choc pétrolier, crise, Sida, influence des couturiers japo-nais... pendant une vingtaine d’années, le noir a régné presque sans partage sur la mode, la communication, l’architecture ou encore la décoration, tout juste talonné par le blanc et le gris. Olivier Guillemin, président du Comité Français de la Couleur (CFC), association créée en 1959, en témoigne. « J’ai pris mes fonc-tions au sein du comité en 1993, en plein minimalisme et mouvement grunge. Une période cependant captivante, tournée vers l’expérimentation pure et la prospective. Même si l’air du temps était plutôt à la non couleur, de grandes marques visionnaires comme L’Oréal ou Vuitton s'y intéressaient de près et osaient parfois la mettre en scène. Il s’agissait alors plus d’épiphénomènes que le signe d’un intérêt collectif. » Cet amoureux de la couleur se réjouit donc particulièrement du tournant opéré en 2000. Fin d’un cycle, besoin de renouveau ? Toujours est-il que la couleur redevient à la mode. Même si ce retour en grâce est très progressif. Le marché de la mode, bon indicateur, montre qu’à partir de 2012, la part des ventes de textiles colorés a dépassé celle du noir. Presse grand public, bureaux de tendances et créateurs remettent la couleur aux goûts du jour. Mieux, désormais on prône ses vertus, on découvre même son pouvoir...

COLOR-FICTIONCOULEURS

AUTOMNE-HIVER2014/2015

" La couleur prend sa place légitime dans

notre environnement quotidien. Elle est enfin reconnue à sa

juste valeur. Grâce à ses multiples dimensions, elle répond pleinement

à nos attentes émotionnelles et sensorielles. "OLIVIER GUILLEMIN,

président du Comité Français de la Couleur et designer

SUITE ➜

L’Occident « décoloré »

Deux ans plus tôt, un comité restreint est formé, constitué d’adhérents de l’association et de personnes invitées. Echan-tillons de matières, images et réflexions individuelles... Tout est mis en commun pour nourrir un brainstorming riche et complexe d’où se dégagent des mots-clefs. À leur tour, ces mots font émerger une approche thématique. Pour l’Automne/Hiver 2014-2015, ce sera « Color Fiction ». Entre couleurs terriennes et couleurs de galaxies, couleurs d’hier et de demain, naissent

des gammes de camaïeux improbables où se glissent des effets métall isés. Ce travail se matérialise en un bel objet constitué d’échantillons matières, édité seulement à une centaine d’exemplaires. Il contribue aussi à la création de la gamme mondiale éditée par INTERCOLOR.Une démarche menée deux ans à l’avance car derrière se profile le calendrier de toute une filière : fils à teinter, pigments à créer, matériaux à fabriquer, etc. Les gammes sont conçues librement par le Comité, sans contrainte

mercantile, même si in fine elles sont conçues par et pour des professionnels et viennent inspirer le marché de la mode, de la beauté, du design et de la décoration et même de la téléphonie et de l’automobile... En somme, le CFC propose, in fine le marché dispose, puis les consommateurs choisissent !

1 Association internationale rassemblant une quinzaine de pays

dont le Comité Français de la Couleur fait partie.

GAMME CHROMATIQUE :

L’ENVERS DU DÉCORChaque année, le Comité Français de la Couleur édite deux gammes chromatiques (printemps/été, automne/hiver) à l’intention de ses membres et de ceux d’INTER-COLOR1. Secrets de fabrication...

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Designer, Jean-Gabriel Causse est le premier en France à aborder la couleur non seulement d’un point de vue esthétique, mais aussi en tenant compte de son influence sur nos comportements... Au point d’en faire un livre : L’étonnant pouvoir des couleurs. En 15 ans de création publicitaire, il avoue n’avoir lu que très peu d’études scien-tifiques sur les effets de la couleur. Un outil qu’il a donc manié de façon intuitive jusqu’au jour où les Professeurs Marcel Rufo et David Da Fonseca2 lui confient la mise en couleurs d’un espace de pédopsychiatrie à l'hôpital Salvator de Marseille. Cette responsabilité le décide à se documenter sur l’éventuelle influence des couleurs. En France, les approches marketing dominent. « En revanche, les études scientifiques menées aux États-Unis, au Japon ou encore à Singapour démontrent de façon indiscutable, progrès des neurosciences à l’appui, l’impact psychique ou physiologique des couleurs sur notre cerveau. » La richesse et le foisonnement des informations récoltées le poussent à rédiger la somme de ce qu’il a appris pour la mettre à disposition de tous. Les dizaines d’expériences qu’il relate prouvent que non seulement les couleurs peuvent modifier notre perception du monde mais aussi nos comporte-ments. Pêle-mêle : en présence de rouge, notre capacité de raisonnement diminue très légèrement ; le temps passe plus vite dans une pièce aux couleurs chaudes. La couleur de notre fond d’écran a une incidence sur notre façon de

travailler. Un paquet bleu semble plus léger qu’un rouge. Plus la couleur d’un sirop est saturée, plus il semble avoir un goût prononcé. On apprend mieux dans une pièce aux murs verts pâles ou bleus. Un produit déjà consommé se reconnaît en linéaire à 80 % par sa couleur... STOP ! Oui, force physique, désir, humeur, performances intellectuelles, actes d’achat sont sous influence. Or paradoxalement, les murs des open spaces restent déses-pérément blancs et malgré des propositions colorielles toujours plus diversifiées, l’écrasante majorité des voitures vendues sont blanches, grises ou noires. Frilosité, igno-rance ou facilité ? Dommage en tout cas puisque la couleur constitue un véritable enjeu ! « Fondamentalement, les couleurs nous font du bien. Ne pas les utiliser en commu-nication visuelle, c’est se priver d’une aide et d’un puissant moyen de contact avec son public ou ses consommateurs, insiste Jean-Gabriel Causse. Leur judicieuse utilisation constitue un facilitateur. Les couleurs peuvent être vecteur de séduction autant qu’outil de différenciation et bien sûr, de performance. » Certains ne s’y trompent pas !

« L’étonnant pouvoir des couleurs1 »

" Le choix d’une couleur aura un effet et participera à l’augmentation des ventes...

Mais seulement combiné efficacement à d’autres actions sur l’identité,

le merchandising, etc. "JEAN-GABRIEL CAUSSE,

designer

LES ANAMORPHOSES COLORÉES DE L’HÔPITAL SALVATORAvec son équipe, Jean-Gabriel Causse a habillé cet hôpital psychiatrique pour enfants et adolescents en tenant compte de la pathologie des patients et de la fonction des pièces. Pour plus de résonance des couleurs et pour créer une animation ludique, des mots choisis par les adoles-cents ont été peints sur les murs et sur les plafonds. Des anamorphoses parfaitement lisibles d’un seul point d’observation. Ici, rouge cerise et au bleu roi ponctuent l’espace culturel. Flamboyant, le rouge augmente la tension artérielle et prend le contrôle de la pièce en aidant les jeunes à faire confiance à leur créativité artistique. Le bleu apporte sentiment de bien être et calme. Il favorise l’imagination et développe l’intuition.

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Même au plus fort des années « noires », certains profession-nels ont gardé la couleur chevillée à la création. Ainsi, le Studio couleur de Dragon Rouge a l’âge de cette agence de design : 30 ans. Aujourd’hui beaucoup s’appuient essentiellement sur les nuanciers4 internationaux qui font référence tels Pantone. « Nous ne sommes pas des ‘intégristes’ et utilisons volon-tiers ces nuanciers3. Cependant, aussi riches soient-ils, nous tenons à garder la liberté de créer des ‘couleurs propriétaires’ pour nos clients, lance Sophie Grenier, directrice conseil inno-vation et prospective, car la couleur doit pouvoir être unique, au même titre que le design. Tout dépend des attentes. » Marc Fischer, directeur de création du Studio entérine : « Nous entamons le travail sur la couleur dès le début du processus, avec un brief aussi précis que pour le graphisme. Nous faisons décrire aux clients leurs envies de façon senso-rielle - fraîcheur, légèreté, velouté - et construisons aussi nos recommandations en fonction de l’effet recherché. » La création de couleur se révèle nécessaire par exemple lors-qu’il faut gérer des gammes particulièrement larges, comme c’est le cas du Petit Marseillais. La gamme Douche possède à elle seule une quinzaine de déclinaisons. « Pour bien les diffé-rencier en linéaires et de façon à ce que toutes les couleurs vivent bien ensemble, une fois explorées les gammes Pantone, nous avons du composer des nuances inédites. »

Un Dragon Rouge et de toutes les couleurs !

SUITE ➜

" Sur le marché, les codes couleurs sont

très ancrés selon les catégories. La ligne est ténue entre chercher à se démarquer et ne pas perdre

les consommateurs. "SOPHIE GRENIER, directrice conseil

innovation et prospective Dragon Rouge

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Marc Fischer se définit comme une éponge à couleur. Coin de peinture écaillée, lichen blanchi de givre garnissent sa photothèque émotionnelle, traces thésaurisées où il puise l’inspiration, de la teinte d’un pack à celle des murs d’une boutique. Chaque création mêle les analyses de Sophie Grenier, sociologue de formation, la sensibilité de Marc Fischer et les connaissances en chimie de Jérôme Marcesche, le coloriste du Studio de Dragon Rouge. « Un démarrage qui reste très artisanal où l’on mélange les couleurs goutte par goutte, un peu comme en parfumerie, avant de trouver La couleur et de s’attaquer à sa reproduc-tion à l’échelle industrielle », s’émerveille toujours la jeune femme. Sans compter l’indispensable passage par l’étape maquette et prototype, car une couleur s’exprime différemment d’un support à l’autre. Ainsi, une couleur pourra être sourde sur un papier mat, glossy sur une surface laquée blanche et gagnera en profondeur sur un papier métallique. Pour tenir compte de ces interactions, la formule est travaillée, adaptée chimiquement à chaque application et stabilisée pour ne pas trahir la teinte de référence.

Alchimie des émotions, chimie des couleurs

Déterminante lors d’une créa-tion de marque, la couleur lui donne son statut, participe à son positionnement et à sa charge émotionnelle. Dragon Rouge a imaginé de toute pièce un univers corporate pour un concept cosmétique inédit : une gamme de produits développés à partir du pouvoir du Pin des Landes. Nom, palindrome phonique, signature, packaging s’articulent autour de la lettre « X » et d’un vert métal poudré créé sur-mesure qui traduit la naturalité et l’expertise de la marque.

" Les intervenants de la chaîne graphique

n’étant pas tous également sensibles à la valeur ajoutée de la couleur,

c’est le directeur de création qui en est le garant. "MARC FISCHER,

directeur de création Dragon Rouge

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SIGNALÉTIQUE ET ACCESSIBILITÉ :

LE CONTRASTE EN LIGNE DE MIRE

Christophe Trotignon, membre de la commission signalétique du SYNAFEL à l’origine du guide de bonnes pratiques

de la signalétique d’accessibilité1, rappelle des principes clefs.

« La couleur fait partie de l’univers quoti-dien du signaléticien : respect de la charte graphique du client, repérage, zonage... Elle est aussi fondamentale dans le respect de la Loi handicape du 11 février 2005, car elle faci-lite identification et compréhension. En termes d’accessibilité, il faut notamment privilégier le contraste chromatique entre le support (mur, sol, porte, etc.) et le panneau signalé-tique, ainsi qu’entre le fond du panneau et l’information elle-même (nom de salle, picto-gramme, etc.) Ces contrastes sont d’autant plus importants si des teintes pastel ou claires sont juxtaposées à des teintes foncées : blanc cassé/chocolat, jaune paille/bleu marine. Plus généralement, il crée un signal pour tous. On sait aussi que certaines couleurs peuvent être répulsives ou bloquantes en regard de certains types de handicaps, telle les couleurs foncées au sol. Aujourd’hui, le signaléticien doit être attentif à transmettre une information parfaitement lisible par tous, en trouvant le juste équilibre entre fonctionnalité, esthétique et créativité.»

1 Référentiel réalisé en collaboration avec l’Afnor : « Accessibilité aux personnes handicapées - signa-létique de repérage et d’orientation dans les ERP. » www.boutique.afnor.org

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Des outils de veille...

... Aux outils de gestion de la couleur

" L’image met la couleur en perspective et rassure

un client sur ses choix. Via une application, nous vendons de l’émotion ! "

DAVID MAURER, fondateur et dirigeant

de Colorix

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« De nouveau à la mode, la couleur est devenue un enjeu aussi stratégique que complexe, analyse Olivier Guillemin depuis son poste d’observa-tion du CFC. Contrairement aux années 70, les macro tendances ne sont plus de mise. Dans un marché désormais très segmenté où les notions de niches et de personnalisation font florès, les choses deviennent plus subtiles. Les profes-sionnels s’y perdent et ont besoin de repères. » Plus que jamais, « Observer pour mieux créer », la devise du Comité prend son sens. Bureaux de styles et fabricants hument ce qui se passe de par le monde, décryptent les indices pour proposer qui couleur de l’année et qui gamme de tendances. Toutes ces informations, abondamment relayées par les médias, influencent jusqu’aux consomma-teurs finaux. Les couleurs disponibles étant toujours plus nombreuses, les nuanciers sont devenus des outils de travail indispensables. Mais comme ils varient selon les pays et selon les applications (RAL, NSC, Pantone, CMJ, RVB) d’autres dispositifs sont à leur tour mis au point, pour faciliter leur utilisation par les professionnels, comme par exemple la table de correspondance disponible dans le tutoriel en ligne du site Industries Créatives (cf. p86).

UNE COULEUR PEUT SE PROTÉGER

En Europe, jusqu’à 2003, une couleur ne pouvait être déposée qu’associée à un dessin ou à un

modèle. Mais depuis cette date, il est désormais possible de déposer une couleur en tant que telle, avec sa composition. Elle est prise en compte au même titre qu’une marque. Ce dépôt sert notam-

ment à se protéger des plagiats, au sein d’un même univers. Une évolution légale qui en dit long sur

l’importance que revêt aujourd’hui la couleur et qui donne un statut à la création de

« couleurs propriétaires ».

Rouge Coca Cola, vert Furterer, Bleu Nivéa, etc. La couleur constitue la 1ère vitrine de la marque. Si la protéger du plagiat est désormais possible (cf. encadré), veiller à la fidélité de sa reproduction est un défi permanent pour les professionnels de la communication visuelle. Chez Dragon Rouge, un responsable de projet suit la couleur à toutes les étapes de son déploiement afin de caler son rendu sur chaque support : de sa création par le Studio, à la fabrication d’échantillons témoins, jusqu’à sa mise en œuvre en usine ou chez l’imprimeur. Les informations autour de la couleur sont toujours plus précises et complexes à gérer, les matériels plus sophistiqués et les intervenants plus nombreux. Pour chaque problématique, des solutions innovantes sont développées par des groupes internationaux comme par des PME.Ainsi, depuis 10 ans, dans le canton suisse de Neuchâtel, COLORIX imagine, fabrique et commercialise des outils 100 % axés autour de la couleur. David Maurer son fondateur n’est jamais à court d’idées.

SUITE ➜

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Un « couteau suisse » au service de la couleur

SANS AVEC

Des informations échangées jusque dans le Cloud

" La couleur est intimement liée à la valeur de la marque, il est essentiel d’assurer son homogénéité sur l’ensemble

de sa communication pour garantir l’authenticité et gagner la confiance du client. "

OLIVIER MOEYERSOMS, Regional Business Manager Esko

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Difficile de choisir la couleur des murs de sa boutique à partir d’un échantillon d’un cm2 dans un nuancier ? Qu’à cela ne tienne, David, ingénieur en microtechnique a créé une application Smartphone qui transpose illico la couleur sur toute la surface murale et vous la montre sur un écran de téléphone ou de tablette ! Un fabricant d’enseigne, un standiste, un décorateur cherchent un adhésif vert émeraude, mat, avec telle ou telle caractéristique ? Désormais, inutile de passer des heures à comparer les catalogues page à page. Pour augmenter la satisfaction clients, COLORIX a convaincu 3 acteurs majeurs (3M, Avery, MACtac) de figurer ensemble sur le premier nuancier numérique pour films adhésifs. Grâce à une application baptisée CAL Select, les produits sont sélectionnés par couleur et par caractéristique, puis « appliqués » numériquement sur un support et visua-lisés sur écran. « Mesurer avec précision une couleur et sauvegarder la teinte choisie, c’est bien, reconnaît David Maurer qui a également conçu un colorimètre professionnel de poche. Mais pouvoir la communiquer intuitivement via l’image, c’est encore mieux. Voilà pourquoi les couleurs que nous mesurons se transmettent via Bluetooth®, direc-tement sur un iPad ou un iPhone. » La communication est bien devenue l’un des nerfs de la « guerre » des couleurs. Surtout dans le cas de multina-tionales dont fournisseurs et prestataires se trouvent dans plusieurs pays, voire sur différents continents !

Lorsque des géants tels que Esko - fournisseur mondial de solutions intégrées pour l’emballage, la signalétique et PLV, l’impression commerciale et l’édition profes-sionnelle - et X-Rite/Pantone – n°1 des sciences et des technologies de la couleur - s’attaquent ensemble aux problématiques couleur, ils touchent forcément les nuages ! « Le renouvellement des produits et les campagnes de communication s’enchainent de plus en plus vite, observe Olivier Moeyersoms, Regional Business Manager chez Esko pour le sud ouest de l’Europe. Les marques demandent que leurs couleurs identitaires et leurs chartes graphiques soient respectées aussi bien au niveau du packaging que des étiquettes ou des suremballages... et ce, partout dans le monde ! » Pour répondre à cette attente, les deux sociétés ont conçu en partena-riat PantoneLIVE, une solution permettant de stocker et d’échanger les données colorimétriques, propres à une marque, dans le Cloud. Ainsi, les différents acteurs de la chaine d’approvisionnement de l’emballage ont accès en instantané, et de façon sécurisée à des informations protégées, labélisées, actualisées en permanence. Cette dématérialisation de l’infrastructure informatique apporte une disponibilité et une souplesse inégalées. Les marques ont ainsi la garantie de la cohérence de leur image puisqu’elle passe à travers le double tamis de l’expertise de Pantone et de celle d’Esko. « Notre ambition est bien entendu de faire découvrir PantoneLIVE aux marques, poursuit Olivier Moeyersoms. Mais aussi d’amener encore plus de prestataires de la chaine graphique à adopter cette solution en leur montrant les opportunités qu’elle leur apporte, notamment lorsqu’ils répondent à des appels d’offres, voire pour développer leurs propres bases de données couleur. »Quittons, le « nuage »... De retour sur « Terre », au plus près du terrain, chez les imprimeurs, d’autres professionnels sont là pour traduire en couleurs les informations partagées dans le Cloud. Caldera est l’un d’eux.

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L’argent n’a pas d’odeur, mais les couleurs si ! Myrissi est une start-up lorraine1, issue de la recherche, cofondée et dirigée par deux jeunes scientifiques. Ensemble, elles ont développé un procédé qui met en évidence les correspondances entre notes chromatiques et notes olfactives.

« L’analyse de la composition chimique d’une odeur permet de créer sa représentation graphique colorée, explique posément Yelena Maric. Et réciproquement, un produit coloré ou une charte graphique suggèrent des notes olfactives ! » Il ne s’agit pas là d’une hypothèse mais d’un procédé scientifique dont le brevet a été déposé en juin 2012 et aux multiples applica-tions. « Notre entreprise apporte aux agences de design et aux marques un outil supplémentaire pour optimiser objectivement le transfert des sensations afin que, par exemple, un pack soit le plus juste reflet du produit qu’il contient, ce qui favorise la satisfaction client », complète Muriel Jacquot. Seule contrainte, que celui-ci ait saveur ou odeur. L’univers des cosmétiques ou des vins et spiritueux se prête particulièrement à cette mise en synergie sensorielle.

Pour son produit phare, l’entreprise agroalimentaire Clair de Lorraine souhaitait une nouvelle image, capable de séduire une clientèle plus jeune et d’accentuer son utilisation comme ingré-dient culinaire. Myrissi a donc effectué une veille chromatique concurrentielle et réalisé le diagnostic chromatique du produit en tenant compte des valeurs à véhiculer. Originalité supplé-mentaire du procédé : la proposition de plusieurs diagnostics chromatiques. L’un directement associé au produit, l’autre étendu pour favoriser la créativité, le troisième ouvrant vers des couleurs de rupture, leviers possibles de surprise. Etroitement impliquée dans ce projet, l’agence nancéenne, La cour du Design a traduit graphiquement le résultat des diagnostics. Un test conduit auprès de 400 consommateurs a notamment désigné la nouvelle étiquette avec 70 % de préfé-rence parmi 4 choix possibles ! À suivre en septembre avec la commercialisation...

1 Projet muri au sein de l’Incubateur Lorrain et soutenu par le ministère de la Recherche et par la Région.

LE NEZ DANS LES COULEURS !

DÉMONSTRATION AVEC LA REFONTE DE L’ÉTIQUETTE D’UNE CRÈME DE MIRABELLE...

AVANT

APRÈS

YELENA MARIC MURIEL JACQUOT

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" En colorimétrie, les outils actuels ne couvrent qu'une petite partie des possibilités. Il reste encore beaucoup à faire et à inventer. "

ARNAUD FABRE, expert couleur Caldera

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Car la gestion de la couleur est également au cœur de l’activité de cet éditeur de logiciels RIP4 à destination des acteurs de l’impression jet d’encre grand format. Arnaud Fabre, expert couleur de l’entreprise détaille : « Dans les faits, il n’existe pas deux imprimantes capables d’im-primer strictement la même chose, y compris dans une situation identique – encre, hygrométrie ou encore chaleur similaire, etc. » Or, il n’est pas pensable de livrer une série d’affiches ou de supports signalétique avec des écarts de couleur perceptibles à l’œil. « Notre mission consiste notamment à calibrer une flotte de machines afin que sur un support donné, le résultat de l’impression soit le plus proche possible. » Les logiciels mis au point par Caldera permettent de traduire par exemples les PDF en couleurs. Ils indiquent à l’imprimante où déposer chaque goutte d’encre (CMJN) pour obtenir les couleurs demandées (RGB). C’est également lui qui va lisser les écarts et harmo-niser le travail des imprimantes. Ce travail de calibrage est mené régulièrement pour éviter les dérives. Le marché des fabricants d’imprimantes est en constante évolution. À la sortie des nouveaux modèles, chacun apporte des fonctionnalités supplémentaires aux machines. De même, aux standards (CMJN) s’ajoutent de nouvelles couleurs d’encres comme le orange, le vert, etc. « À nous de faire en sorte que les imprimeurs tirent le meil-leur parti de ces possibilités inédites. »

L’art et la manière de mettre les imprimantes au pas

Inventer de nouvelles couleurs, être capable de les mesurer, maîtriser leurs applications,

perfectionner les techniques d’impression, échanger des informations, faire connaître leur pouvoir,

décomplexer leur utilisation... il reste beaucoup à faire et nous n’avons pas fini de parler des couleurs.

« Même si les normes actuelles limitent le recours à certains pigments ou substances, cela ne met pas

en danger la diversité des couleurs et la créativité de ceux qui les fabriquent et les utilisent, assure

Olivier Guillemin (cf. p37). Ce sont autant de challenges stimulants à relever par

les professionnels et nous pouvons avoir confiance en leur ingéniosité. »

1 « L’étonnant pouvoir des couleurs », Jean-Gabriel Causse, Editions du Palio, 2014.2 Pédopsychiatres chefs de service de l’hôpital Salvator à Marseille.3 Catalogue définissant visuellement un ensemble plus ou moins limité des couleurs dont chacune est reproduite sur un support – papier, métal – accompagné d’un code d’identification unique. Les principaux nuanciers utilisés sont : HKS, RAL, Pantone, PPG, NCS...4 Raster Image Processing

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« Le Rouge, - idem pour le Orange et le Jaune-Vert- est la meilleure couleur pour donner envie d’entrer. En façade, sur une enseigne, il signale qu’il se passe quelque chose. Interdit dans les sites classés ? Qu’à cela ne tienne ! Il reste la vitrine ou comme chez Uniqlo, près d’Opéra, les contremarches de l’escalier menant au cœur du magasin et bien visibles depuis la rue puisqu’équipées de Leds... rouges. À l’intérieur, sauf pour les fastfood, exit les murs rouges qui n’incitent pas les clients à rester. On privilégiera les couleurs froides qui font perdre la notion du temps, relaxent les consommateurs qui prennent le temps de tout regarder. Ce qui augmente le panier moyen. Au niveau des caisses, retour du Rouge pour favoriser une dernière dépense d’impulsion. Cerise sur le gâteau : le personnel paraît moins « froid », donc plus convivial, donnée capitale pour valoriser l’acte d’achat et fidéliser la clientèle. »

Signe extérieur d’identité, une enseigne lumineuse doit être le reflet fidèle d’une marque. Contraintes et solu-tions expliquées par Gaël Taché, directeur opérationnel chez Insignis.

Visible : répond-t-on à toutes les envies colorielles des designers ?Gaël Taché : Aujourd’hui, matériaux et éclairages nous le permettent. Parfois, les références couleur demandées par les designers n’existent pas dans les gammes standard de nos fournisseurs, notamment en PMMA. Si la taille du projet le justifie, tel le déploiement d’un réseau, et si le délai est suffisant – environ 2 mois – nous réalisons un contre-typage. Sinon, on peut imprimer numériquement la référence couleur sur un vinyle à poser sur le matériau diffusant. On peut même définir les valeurs CMJN du coloris à imprimer grâce à un spectromètre, à partir d’un simple échantillon couleur.

La lumière est-elle une donnée importante ?Fondamentale car elle influence le rendu couleur. Ainsi, une lumière blanche varie du jaune - blanc chaud -, au bleu - blanc froid -. Il est donc primordial de définir en amont l’effet recherché. Pour les autres couleurs, il est préférable d’uti-liser un éclairage dont la longueur d’onde est proche de celle du matériau. L’enseigniste doit aussi calibrer la source lumi-neuse - le flux lumineux et la température de couleur - pour obtenir le meilleur compromis entre « référence éteinte » et « référence allumée ».

La couleur peut même varier ?Le Night and Day, gamme de PMMA coulées, très utilisé en hôtellerie permet d’avoir une référence pour le jour (gris, bleu, violet) qui devient blanche la nuit sous l’effet de l’éclai-rage ! Quant aux Leds RVB, elles offrent une large palette de teintes et grâce à un contrôleur électronique, il est possible changer couleur et intensité des Leds et de rendre l’en-seigne ‘dynamique’, comme celle du centre commercial Qwartz (92).

LE FIL ROUGE DU PARCOURS D’ACHAT. DANS LES PAS DE JEAN-GABRIEL CAUSSE.

NUIT ET JOUR, HISSER HAUT LES COULEURS

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Originale par sa couleur violette, l'enseigne du centre commercial Qwartz combine plusieurs techniques d'application de la couleur. Un logo dyna-mique, réalisé avec une face en aluminium recouverte d’une impression numérique, est perforé, laissant apparaître des Leds RVB qui grâce à un contrôleur électronique permettent une animation lumineuse personna-lisée. Les lettres du nom sont fabriquées en aluminium avec une face en PMMA de couleur Violet. Le rendu couleur optimisé est obtenu grâce à une source interne lumineuse adaptée (température de couleur des Leds et flux lumineux) pour répondre aux attentes colorielles du client/designer.

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FANETTE MELLIER

Serait-elle « colorimaniaque » ? Peut-être… « J’ai toujours eu une sensibilité à la couleur. Liée à une forme de joie, inépuisable dans ses combinaisons, elle a cette jubilation de quelque chose qui circule. Les formes délimitent. Les couleurs ouvrent ! » Mais attention, pour Fanette Mellier la couleur n’est jamais ajoutée à la fin, pour être juste « déco-rative ». Dans le dessin de lettres par exemple, elle peut mettre en évidence des éléments formels de construc-tion : un fut ou une traverse1 deviennent tout à coup prépondérants ou au contraire s’estompent… Un registre d’expression plutôt plastique que la graphiste ne sépare cependant jamais de sa matérialité : l’impression.

« Le rapport à la couleur est intimement lié au mode de production. »D’emblée, elle se projette dans la façon dont la couleur sera imprimée. Lors de la dernière Saison Graphique2, la jeune femme a utilisé sa « carte blanche » - ça ne s’invente pas – pour concevoir une casse3 forcément très colorée. Chaque lettre de son alphabet était imprimée selon un format, des articulations et une technique d’impression différents. « L’occasion de voir comment un graphiste

peut s’emparer de tous les modes d’im-pression disponibles, détaille-t-elle, et de refléter un panorama de la production actuelle. » Les « L » et « H » ont été confiés à l’atelier d’impression de l’École d’art du Havre et imprimés en aquatinte ; le « D », le « O » et le « E » à des fournisseurs offset en ligne ; quant aux « Z », ils ont été dorés à chaud par un imprimeur spécialisé dans la réalisation de menus pour restaurants indiens.Dans chaque projet, couleur et impression constituent pour cette graphiste un champ d’expérimentation exploré sans a priori, mais avec gourmandise et curiosité. ...

Quand on pense dessin de lettres, on pense souvent noir et blanc… Mais certainement pas Fanette Mellier ! Omniprésente, décomplexée, la couleur est au cœur de toutes ses recherches graphiques.

BIO EXPRESSDiplômée de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, FANETTE MELLIER a travaillé auprès des graphistes Pierre Di Sciullo, puis Pierre Bernard avant de s’installer en 2005 comme graphiste puis d’être pensionnaire de la Villa Médicis de 2012 à 2013. Entre projets de commande et de recherche, elle inter-vient notamment dans le domaine de l’édition littéraire, de l’action culturelle ou sociale et se passionne pour la question de l’objet imprimé. ©

Éric

Dah

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À LA UNERENCONTRE

La casse imaginée pour Une Saison Graphique matérialise un alphabet hétéroclite de 26 lettrages, soit 26 objets éditoriaux de formats différents, résultant chacun d’une technique d’impression. Chaque lettre imprimée à 1 000 exemplaires afin que les visiteurs puissent former un pangramme (phrase comportant toutes les lettres de l’alphabet).

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... À Chaumont, changement de décor… Les palissades du chantier du CIG4 sont devenues pour elle le théâtre d’un « château de carte », métaphore du bâtiment en construc-tion et clin d’œil aux multiples aléas rencontrés pour monter le projet. Des affiches représentent le verso d’un jeu de cartes géantes qui épousent l’ondulation de la tôle et la recouvre peu à peu de façon aléatoire. Déclinées en six modèles, elles font allusion aux six partenaires engagés dans la construction et sont le prétexte à autant de logos réinventés. Certaines formes présentes dans ces logos sont isolées pour constituer un motif : le viaduc de Chaumont, la couronne d’étoiles de l’Europe, le profil de Marianne du ministère de la culture, etc. En écho, dissé-miné à travers la ville sur les panneaux JCDecaux, le recto de ces cartes imaginaires se décline en cœurs colorés aux compositions aléatoires. Une manière de traduire l’in-vestissement de graphistes pour Chaumont qui accueille depuis 25 ans le Festival Design Graphique.

Des expérimentations incessantesDéjouant les conventions, les cartes de la palissade sont imprimées sur la face légèrement bleutée du papier, côté généralement encollé des affiches et donc invisible. Les cœurs ressortent éclatants, imprimés sur la face blanche et brillante. « Dans notre monde régit par la producti-vité, j’essaye de produire du « non standard », s’amuse Fanette pour qui l’impression est une phase où tout peut encore arriver ! Elle avoue que l’un de ses terrains de jeu favori se situe certainement chez Lézard Graphique. En étroite collaboration avec Jean-Yves Grandidier, directeur et fondateur de cet atelier de sérigraphie alsacien, elle teste encres, effets, supports… C’est là que sont nées les couleurs de ses cartes. Des teintes vives, fraîches, pouvant fonctionner seules ou se combiner. « Au-delà du travail structurel et logique souvent complexe, je me laisse guider par ma sensibilité. Dans le choix des couleurs, je ne renie pas l’intuition. » On la croit volontiers ! L. BdC.

1 Fut : partie verticale des lettres. Traverse ou barre : partie horizontale des lettres.2 Une Saison Graphique 2014 s’est tenue du 5 mai au 27 juin au Havre.3 En typographie, la casse est un casier en bois destiné à contenir l’ensemble des caractères en plomb d’une même fonte (c’est-à-dire de même corps, style et graisse d’une police donnée).4 Le Centre international de graphisme dont l’ouverture est prévue en 2015.

À LA UNERENCONTREFANETTE MELLIER

Château de carte palissade

L'identité du Parc Saint Léger (58) dans laquelle la typo colorée est prépondérante.

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1 Fut : partie verticale des lettres. Traverse ou barre : partie horizontale des lettres.2 Une Saison Graphique 2014 s’est tenue du 5 mai au 27 juin au Havre.3 En typographie, la casse est un casier en bois destiné à contenir l’ensemble des caractères en plomb d’une même fonte (c’est-à-dire de même corps, style et graisse d’une police donnée).4 Le Centre international de graphisme dont l’ouverture est prévue en 2015.

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LA PEINTURE, UNE PALETTE

DE SOLUTIONS AU SERVICE DE L’IMAGE

DEPUIS 35 ANS, CITÉCRÉATION COLORE LES MURS PARTOUT LE MONDE, À TRAVERS SES FRESQUES MONUMENTALES AUDACIEUSES ET INSPIRÉES. SI LES MÉDIAS METTENT VOLONTIERS EN LUMIÈRE SES RÉALISATIONS URBAINES, ON CONNAÎT MOINS LE VOLET ENTREPRISE DE CETTE ACTIVITÉ. QUAND LA PEINTURE DEVIENT COMMUNICANTE…

On le sait depuis la découverte des grottes préhistoriques, la peinture murale est le plus vieux média du monde ! L’en-treprise coopérative CitéCréation s’est emparée de ce moyen d’expression et de communication ancestral pour décorer et donner du sens aux bâtiments, immeubles, espaces urbains ou industriels. Née sous statut Scop (Société coopérative de production) en 1978, la société basée à Oullins dans la banlieue lyonnaise est depuis devenue le leader mondial des fresques monumentales et trompe-l’œil.

Très utilisée dans l’habitat social, pour embellir quartiers et cités, la peinture murale recrée du lien social en restaurant la fierté des habitants. « Le beau est un droit pour tous », affirme sans détour Gilbert Coudène, co-fondateur de Cité-Création. Dans les centres villes et centres historiques, elle se fait plus identitaire et les œuvres s’inspirent générale-ment de l’histoire du lieu. Même si marques ou commerces apparaissent dans les décors, c’est toujours une publicité « indirecte », sans matraquage, à l’image du célèbre Mur des Canuts à Lyon qui reproduit une agence bancaire, la Banque Populaire Loire et Lyonnais, ou encore des bailleurs sociaux tels que l’Opac du Rhône, le groupe Amallia, EDF, parmi d’autres mécènes figurant ça et là dans la fresque.

A FEYZIN, LE TRAVAIL DE CITÉ CRÉATION SOULIGNE L’IDENTITÉ HISTORIQUE, SOCIALE ET ÉCONOMIQUE DU SITE. TEXTILE, LUMIÈRE, TRANSPORT, CHIMIE, ETC. : C’EST UN TOUR D’HORIZON DES NOMBREUSES ACTIVITÉS QUI DÉCOULENT DE L’EXISTENCE MÊME DE LA RAFFINERIE.

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CitéCréation met aussi régulièrement son savoir-faire au service des entreprises pour l’habillement de façades et de sites industriels dans une démarche qui s’apparente à la communication. Exemple emblématique et particuliè-rement visible le long de l’autoroute, au sud de Lyon : les cuves de la raffinerie Total de Feyzin ont été peintes par CitéCréation en 2004. « Ce site a été essentiel dans l’essor économique de la région, et pourtant, la seule chose que les gens voyaient, c’était ces cuves enlaidies de coulures de rouille, avec un sentiment d’insécurité associé… Sans compter qu’à l’époque, les précédents médiatiques pour Total étaient Erika et AZF ! Notre travail a permis de redorer l’image de marque de la raffinerie auprès de la population », explique Halim Bensaid, chef de projet chez CitéCréation.

À chaque entreprise sa problématique. Pour Areva, le projet conduit depuis 2012 par Halim Bensaid conjugue identité et signalétique. Sur le site nucléaire du Tricastin, différentes filiales cohabitent. Areva a confié à CitéCréation la mission d’exprimer une unité visuelle entre les bâtiments et de faci-liter le repérage sur pas moins de 650 hectares.Point central du cahier des charges, Areva exigeait, en plus du blanc et du gris, un rouge vif et lumineux, difficile à conserver tel quel en extérieur sur le long terme. Démarche innovante : pour définir la charte graphique de coloration et résoudre cette problématique CitéCréation s’est asso-ciée avec le fabricant de peintures Zolpan afin de créer un rouge ad hoc. « Notre laboratoire de colorimétrie a d’abord travaillé sur la recherche de la teinte, puis sur les moyens techniques pour qu’elle résiste aux UV », raconte Emma-nuel Adier, Responsable technique chez Zolpan. À l’arrivée, une formulation véritablement sur-mesure avec, sur une base de peinture transparente, uniquement des pigments solides à la lumière. « Il n’existe pas de garantie légale en France sur la pérennité des peintures de façade », pour-suit-il. « C’est donc une obligation de moyens plus que de résultats. Et surtout une question de confiance : nous nous sommes engagés à tout mettre en œuvre pour que la teinte soit fidèle et stable dans le temps. »

Il faut dire que Zolpan et CitéCréation, partenaires histo-riques, n’en sont pas à leur coup d’essai : le « rouge Bocuse » qui orne les murs du restaurant du célèbre chef était déjà l’œuvre d’une formulation spéciale. Et, depuis 25 ans, la façade n’a été repeinte… qu’une seule fois ! C.C.

« DANS L’ESPACE INDUSTRIEL ET COMMERCIAL, LA PEINTURE MURALE DEVIENT UN MOYEN D’IDENTIFICATION. CE N’EST PAS UN TRAVAIL PUBLICITAIRE, MAIS CULTUREL, UN TRAVAIL SUR L’IDENTITÉ » HALIM BENSAID

CITÉCRÉATION EN BREF■ 80 peintres muralistes■ 5 filiales dans le monde, MuraleCréation au Canada, DekorativeCity en Allemagne■ 650 œuvres murales depuis 1978 ■ 90 % de la production mondiale

AREVA - TRICASTIN

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Un même dessin à la ligne pour les vitraux historiques des maîtres-verriers Damon et Turlan et pour les tags. Ceux-ci, photo-graphiés par Thomas Jorion, ont été imprimés en grand format et posés par l’agence de design iconographe Muzéo.

Dans les couloirs de l’hôtel, les photos en noir et blanc illustrent les grands événements de la piscine. Celles des années 80 sont de Gilles Rigoulet. Celles des années 30 sont le fruit des recherches de l’agence Muzéo, qui a également réalisé la pose. Au sol, la moquette, fabriquée par EGE Carpets, retrace les dates clés (1946 : apparition du bikini…).

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PLONGEON À TRAVERS UN HUBLOT !

Après 25 ans de sommeil, la piscine Molitor renaît avec une identité forte et auda-cieuse qui fait dialoguer les époques et met l’architecture à l’honneur.

Inaugurée en 1929 par le champion olympique Johnny Weissmuller, la piscine Molitor a été fermée en 1989, vouée à la démolition... Sauvé in extremis par son classement aux monuments historiques, le chef d’œuvre Art déco signé de l’architecte Lucien Pollet est alors devenu le terrain du street art et de l’underground parisien. Après 4 ans de travaux, la mythique piscine pari-sienne rouvre ses portes autour d’un concept « art de vivre » proposant, outre ses deux bassins, un hôtel de luxe, un restaurant, un spa, des salles de réception et de sport, un toit terrasse. Spécialiste de la transformation de bâtiments historiques en hôtels de luxe, Jean-Philippe Nuel a conçu l’architecture intérieure de Molitor comme un trait d’union entre les différentes époques. « Tous les éléments – visibles et invi-sibles – du décor et de l’architecture intérieure forment les notes d’une savante composition entre architecture contemporaine et traces du passé conservées ».

LE HUBLOT EN SIGNATURELe hublot a toujours été très présent à Molitor, notamment dans l'ancienne salle de culture physique. Graphique et esthétique, cet élément architectural typique des années 1930 a inspiré toute l’architecture intérieure. Décliné dans les différents espaces, il est également à l’origine du logo.

L’ART EN LEITMOTIV « Nous avons mixé les éléments graphiques, en travaillant par strates, comme dans une ville où l’on superpose les époques, ce qui a provoqué des rencontres inattendues », poursuit l’archi-tecte d’intérieur-designer. C’est le cas dans le restaurant éphémère où sont exposés en grands formats les tags qui ont un temps envahi le lieu. Photographiés par Thomas Jorion avant la démolition, grossis et dématérialisés, ces tableaux contemporains dialoguent graphique-ment avec les vitraux Art déco.

LE JAUNE… EN FIL ROUGERévélé par les architectes après avoir gratté les murs du paquebot blanc, le Jaune Tango - teinte d’origine (1929-1939) - habille désormais les façades extérieures, les murs intérieurs des deux bassins et intervient en touches sur les tapis, les moquettes et le mobilier des espaces à vivre. Et pour que ces lieux historiques « n’aient pas l’air figé et laissent aux clients la liberté de conquérir l’espace », Jean-Philippe Nuel a imaginé des décors amovibles : en rupture avec les codes de l’hôtellerie classique, le lit est disposé en biais et un rideau permet d’isoler la salle d’eau. Dans les salles de réunion, le mur « taggé » peut être « masqué » par le même procédé. V. O.

LE HUBLOT : TOUT UN SYMBOLE !« L'agence a recherché une forme simple et forte qui puisse « signer » Molitor de manière emblématique, explique Ludivine Mugnaïni, directrice de clientèle de Publicis Dialog. Elle devait également fédérer les différentes propositions du nouveau lieu, sans les écraser. La forme géométrique du hublot rappelle un élément très visible du bâtiment et symbolise aussi le lien entre l'intérieur et l'extérieur : un lieu de rencontre, qui cultive un art de vivre autour de l’eau et de l’art ».

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Située en zone protégée, la façade de la boutique

de Londres est dotée d’une enseigne discrète composée d’un

bandeau noir surmonté d’une sérigraphie dorée.

Les objets du passé révèlent les racines de la marque, tel l’Almanach des gourmands,

premier journal gastronomique à avoir cité Maille dès le

début du 19ème siècle.

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Il est des marques qui n’ont pas besoin d’enseignes à leur nom pour être très connues du grand public. Question de choix et de stratégie commerciale, elles sont principalement distribuées par d’autres canaux : grande distribution, magasins spécialisés… Certaines finissent néanmoins par s’incarner dans un ou plusieurs points de vente dédiés. Ouverture test avant un déploiement à grande échelle ? Illustration d’un nouveau positionnement ? Les motivations peuvent être très diverses…

MAILLE (RE)DONNE VIE À SON HÉRITAGEEn octobre 2013, la marque Maille a ouvert sa première boutique internationale, à Londres. Elle inaugure la « Cuisine de Grande Demeure », un concept tourné vers l’histoire de la marque qui est ici associé à un nouveau positionnement de « gastronomie créative ». C’est la culinarité et le partage symbolisés par le piano central qui fait la part belle à la dégustation. Pour ce projet, la marque avait mandaté l’agence de design global CBA qui l’accompagne depuis 10 ans dans sa stratégie retail, du concept des boutiques jusqu’à la théâtralisation en magasins. Avec pour l’heure seulement trois points de vente à son nom, quel est le sens de cette stratégie ? « La boutique parisienne a ouvert en 1996 pour célébrer les 250 ans de la maison. Celle de Dijon, dans notre fief historique, apparaît comme une vitrine pour Maille. Véritables ateliers de créativité, ces deux boutiques permettent aussi de sortir de l’univers moutarde traditionnel, en

A priori peu de points communs entre les moutardes Maille et le chocolat Lindt… Pourtant, après des décennies de présence en linéaires,

toutes deux décident d’avoir pignon sur rue. Visites…

FOCUSSTRATÉGIE DE

MARQUE

bousculant les habitudes au niveau des recettes. L’implantation Londonienne marque un changement de cap : la créativité prime toujours, mais avec une volonté de monter en gamme et de faire de nos boutiques des vecteurs de vente à part entière », explique Priscilla Chevalier chef de groupe Maille.Également décliné en corner et en petit mobilier pour les grands magasins (Selfridge’s à Londres, le Bon Marché et Monoprix à Paris), le concept de Londres s’affiche comme la nouvelle image de Maille partout dans le monde. Dans le cahier des charges confié à CBA, deux axes forts : trouver le juste équilibre entre l’héritage et la créativité culinaire, et décupler l’expé-rience client via la dégustation, dans un espace conçu pour une clientèle de gourmets exigeants. Dans le quartier de Picadilly, les contraintes d’urbanisme sont telles que la marque n’a pas pu modifier la façade à sa guise, mais le hasard a bien fait les choses puisque celle-ci, avec sa haute et large vitrine en arc de cercle, évoque d’emblée le pot de moutarde ou de cornichons Maille !Au rez-de-chaussée, l’« orgue à moutardes » focalise l’attention au centre de la boutique. Un vendeur fait goûter les recettes exclusives de moutardes fraiches sur des mini-gressins, selon un rituel de dégustation qui va crescendo dans l’intensité de saveurs. Un peu plus loin, un linéaire dédié reprend l’ensemble des collections éphémères du moment. Côté déco, on retrouve principalement le bois et le laiton, traités de façon contemporaine, mais aussi des moulures qui font écho à l’héritage patrimonial. ...

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« Dans un point de vente dédié à une marque,

le client n’achète pas seulement un produit, mais une philosophie.

On peut amplifier le lien via une expérience

multisensorielle pour susciter la mémoire

et la préférence, donc à terme une accélération

des ventes partout où la marque est présente. »

Marie Mallez, CBA

POUR FAIRE LA PROMOTION DES COLLECTIONS SAISONNIÈRES ET SÉRIES LIMITÉES, KAKÉMONOS ET VITROPHANIES INVESTISSENT LA VITRINE.

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... En dehors du « brand manifesto » qui édicte la philosophie de la marque, la communication sur le point de vente passe par des éléments muraux en bois peints en noir qui reprennent la forme iconique des étiquettes des pots (étiquettes Fleur de Lys à liseré doré) et qui s’accompagnent de messages à l’attention des clients londoniens. « Want to excite your palate even further ? »1, peut-on lire en montant l’escalier. Ainsi, l’étage a été conçu pour apporter un supplément d’expérience. « Qu’y propose-t-on que l’on ne trouve pas en bas ? Et comment inciter les gens en monter ? Pour tirer le meil-leur parti de cet étage, nous avons choisi d’y mettre en place une proposition encore plus large de moutardes fraiches à la pompe. De plus, c’est le lieu idéal pour accueillir des opérations évènementielles, comme des happennings avec des chefs étoilés, » précise Marie Mallez, Directrice Conseil pour CBA.Ça et là quelques éléments rappellent discrètement l’héritage de la marque : des extraits de l’Almanach des gourmands encadrés et des pots anciens sous cloche en verre. « Mis à part la mention « depuis 1747 » sur nos pots, il y avait peu trace de l’histoire de la marque dans nos points de vente de Paris et de Dijon. Sans faire de la boutique de Londres un « musée », nous avions envie d’y dévoiler au grand public une partie de notre héritage », explique Priscilla Chevalier.De fait, elle voit dans le point de vente dédié bien plus qu’une opération d’image : « Tout ce qu’on raconte en boutique, c’est pour créer du buzz autour de la marque partout où elle est vendue. Il y a une émulation entre les différents réseaux de distribution, ils se complètent. Ainsi, le lancement d’une boutique positionnée haut de gamme renforce l’idée auprès nos clients que la moutarde Maille qu’ils trouvent en grande surface est un luxe à prix accessible ».

LINDT S’OFFRE UN ÉCRIN À CROQUER ! Autre démarche caractéristique, celle de Lindt qui a ouvert son premier flagship store en septembre 2013, quartier de l’Opéra à Paris. La marque de chocolat possédait déjà 7 boutiques en France, toutes situées dans des villages de marques ou des galeries marchandes d’aéroports. La vocation de celle de Paris est bien différente. « Offrir à nos consom-mateurs la meilleure expérience chocolat de la Capitale, en mettant en valeur l’identité et le savoir-faire « Maitre chocolatier », baseline de notre logo, dans une atmosphère premium et raffinée » résume Alain Germiquet, PDG Lindt France. Pour la création de ce lieu, la marque a travaillé avec l’architecte italien Costa, spécialisé dans les concepts d’épicerie fine et de restauration premium. Mobilier rectiligne, tons crème et chocolat, ce lieu propose l’assortiment de chocolats Lindt le plus large de France, en tablettes ou au poids. Dégusta-tion possible dans le Chocolat bar où 4 cascades de cacao fondant coulent en permanence. Ancrage dans la tradition mais aussi projection dans la modernité : ce magasin offre une large place au digital. Au fond, un mur de 9 écrans diffuse les gestes des Maîtres Choco-latier filmés en live en train de réaliser des tablettes de chocolat. Par ailleurs, du côté des linaires, des écrans tactiles permettent aux clients de scanner les produits pour obtenir des informations complémentaires (ingré-dients, recettes) et bientôt des animations en réalité augmentée. Enfin, au niveau du bar à chocolat, un menu board propose une diffusion en continu de l’his-toire de la marque.Pour Marie Mallez de CBA, cette tendance qui pousse certaines marques plutôt vendues en grandes surfaces à développer leur propres boutiques est loin d’être anecdotique. « En 2012, nous avons aussi accom-pagné les cafés Malongo dans cette démarche, et depuis nous avons été consultés par d’autres marques dont nous ne pouvons pas encore parler. On constate que les motivations sont diverses, même si on retrouve à chaque fois la volonté de développer une relation directe avec le consommateur. En revanche, il ne faut pas toujours y voir le démarrage d’un vrai réseau. Pour certaines, c’est un test avant d’aller plus loin. Pour d’autres, la boutique est plutôt conçue comme un étendard, un lieu ‘extra-ordinaire’ ». C.C.

1 Envie d’une expérience gustative encore plus excitante ?

UN POINT DE VENTE RIEN QU’À SOI…FOCUSSTRATÉGIE DE MARQUE

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La dimension « connectée » de la boutique Lindt a été pensée bien en amont, avec l’agence CB’A, afin que le digital s’intègre

harmonieusement au concept architectural. L’agence Carlipa, spécialisée en digital retail, a fourni et intégré tous les équipements digitaux, soit 12 dispositifs au total. Écrans plats, bords ultra-fins : « Le digital est utilisé comme levier pour moderniser le point de vente, mettre en avant l’histoire, le savoir-faire de la marque et valoriser les produits. La technologie renforce l’expérience client et séduit davantage les consommateurs », souligne Clémence Gourbat,

Responsable Marketing & Communication pour Carlipa. Les contenus sont intégrés à la ligne éditoriale et diffusés sur

les différents dispositifs digitaux, depuis la plateforme logicielle Carlipa Online. Carlipa assure également

la maintenance. Et Clémence Gourbat de noter : « Cela facilitera le déploiement si demain Lindt

souhaite ouvrir d’autres boutiques, y compris à l’étranger ».

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DERRIÈRES LES ÉCRANS (SAMSUNG ET NEC), LA TECHNOLOGIE CARLIPA ONLINE PERMET LA GESTION ET LA MAINTENANCE À DISTANCE.

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Se différencier, tout en restant fidèle à son identité. Pour une marque, cela semble relever du bon sens... Une évidence pourtant utile à rappeler. Petite révision des fondamentaux avec deux experts.

SE CONNAÎTRE VRAIMENT POUR DURER...

Au cœur de la stratégie de la marque, le merchandising est l’ensemble des techniques et stratégies qui permet d’optimiser la rencontre du produit et du client sur le point de vente, de susciter son intérêt, d’assurer sa visibilité, notamment vis-à-vis de la concurrence. La problématique est cependant plus large, comme le raconte Hélène Lafour-cade, directrice associée et cofondatrice de Good2Know, agence en global merchandising : « On vient me consulter pour la mise en scène de l’offre. Cependant, au préalable, cette dernière doit être clairement identifiée. A défaut, il faut retravailler les racines en apportant, selon les cas, une stratégie d’image et de marque, un concept de magasin. Les questions clefs à se poser : Qui suis-je ? Quelle est ma cible ? Qu’est ce que je propose ? Quelle est ma stratégie à 3 ans ? Quelle mise en scène et quel parcours client ? Cela dépasse la problématique d’identité visuelle, mais ainsi on gagne des parts de marché : c’est mathématique ! ».

INNOVER POUR DURERMême discours chez l’historien des marques Jean Watin-Augouard1 : « Les marques reviennent de plus en plus à leur humus, parce qu’elles ont compris que là réside leur identité. Pour ne pas être imité, autant être soi-même ». Hélène Lafourcade renchérit : « Une marque est faite pour marquer ! Elle doit affirmer sa personnalité pour que l’on ne la confonde pas avec une autre ». Si celle-ci élargit son territoire, elle doit veiller à rester légitime. L’extension est réussie lorsque le nouveau produit valorise la marque. Ainsi de Lacoste qui a additionné avec succès les parfums à sa gamme de vêtements sportifs. Et de Victoria Secret, « qui a su construire une vraie stratégie différenciante, en ajoutant à la lingerie, son métier d’origine, la parfumerie et le sport, des univers cohérents avec son ADN : « Je suis bien dans ma tête et dans mon corps ». Mais une extension peut aussi tourner au fiasco. Cela a été le cas lors du lance-ment d’un parfum par Bic, alors que la marque avait fait du jetable (stylo, rasoir, briquet) sa singularité. En proposant un produit de luxe à bas prix, « Bic est sorti de son sillon », analyse Jean Watin-Augouard.

EVOLUER EN DOUCEURL’expert poursuit : « Une marque devient une ‘grande marque’ lorsqu’elle reste dans son territoire et qu’elle réussit à faire évoluer son design, sans rupture avec son identité et sans heurter ses consommateurs car elle leur appartient aussi ». Cas d’école, « La Vache qui rit » a su plusieurs fois, entre 1950 et aujourd’hui, retravailler subti-lement son logo sans perdre ses consommateurs. Idem pour la boîte Nivea, invariablement bleue : le code du couvercle bleu est devenu identitaire, la marque l’utilise désormais pour toutes ses gammes, comme un repère « renforçant sa singularité et démultipliant les points de contacts ». A l’inverse, en 2010, quand Gap a décidé de changer son logo directement sur son site Internet sans aucune forme de communication, elle a provoqué l’ire de ses clients. Ceux-ci s’y sont farouchement opposés et l’enseigne a du faire marche arrière !

L’autre grand enjeu pour une marque est de ne pas vieillir avec ses clients. Elle doit ainsi savoir faire le grand écart entre hier et demain, en gardant les anciens et en conqué-rant de nouveaux. Et encore une fois, elle le fera d’autant mieux en respectant son identité. CQFD. V.O.

1 Jean Watin-Augouard et Franck Jaén, « A vos marques ! Les secrets de longévité des marques », éditions Eyrolles, Novembre 2013, 304 p.

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FOCUSSTRATÉGIE DE MARQUE

1924

1972

2006

LE LOGO EMBLÉMATIQUE LE LOGO DU SCANDALE

PERMANENCE

INTER CAVES : UN LIFTING RÉUSSI Le concept et l’identité visuelle de l’enseigne Inter Caves, visibles sur le site pilote de Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne), ont été entièrement revus par l’agence Good2Know en 2012. Le nouveau logo arbore un fond gris souligné de rouge, plus valorisant, avec une écriture manus-crite, pour une dimension plus humaine. A l’instar du portrait du caviste à l’entrée du magasin, qui souligne le conseil et la caution de la marque.

2009

2012

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58 TENDANCEARCHITECTURE

Effets très spéciaux en façade

La façade d’un édifice, c’est l’image d’une société. Aujourd’hui, bardages et parements offrent de nouvelles possibilités esthétiques, notamment en termes de couleurs, et invitent designers et archi-tectes à rêver plus loin. Exemple avec ArcelorMittal, qui développe deux gammes innovantes.

« LA RÉHABILITATION EST UN SECTEUR À FORT POTENTIEL POUR L’UTILISATION DE CES SOLUTIONS

DE REVÊTEMENTS DE FAÇADES »BRUNO GRANNEC

À Vannes, un bâtiment

industrielhabillé avec la gamme

Irysa.

Détail du bardage

iridescent Pearl 60, à l’Hôtel

Technopique de Marseille.

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Les bâtiments jouent aux caméléonsEn 2012, ArcelorMittal créée sa gamme de revêtements IRYSA, qui intègre des peintures à pigments interférentiels. Le principe ? Ces pigments réagissent différemment selon les longueurs d'onde de la lumière qui les atteint. Ils en réfléchissent certaines et en absorbent d’autres. L’obser-vateur perçoit donc une couleur différente selon son angle de vision.« Ce produit ouvre des possibilités nouvelles aux archi-tectes, commente Viviane Cardoen, responsable innovation d’ArcelorMittal. Il offre en outre toutes les garanties de pérennité » grâce à une peinture polyester haute durabilité appliquée sur un primaire épais et une résistance à l’abra-sion et aux rayons ultraviolets élevée. Seule contrainte, les pigments interférentiels ne fonctionnent pour l’instant que sur 4 combinaisons de couleurs.

Autre solution innovante du sidérurgiste, la gamme Pearl sortie en 2004, qui crée des effets irisés légers. À Marseille, cette iridescence a été utilisée pour souligner la moder-nité de l’Hôtel Technoptique, jeune pépinière de 3 500 m² dédiée aux entreprises d’optique et de photonique1. Ici, l’architecte a choisi un revêtement Pearl 60, résine ther-moplastique fluorée d’une épaisseur de 60 microns, particulièrement adaptée aux situations de fort ensoleil-lement. « C’est l’un de nos produits les plus résistants, commente Viviane Cardoen, sa durée de vie pouvant atteindre les 40 ans. » Il affiche en effet tous les critères requis : résistance à la corrosion, aux ultra-violets, à l’abra-sion, à l’érosion, stabilité de teinte et d’aspect, souplesse, résistance à l’encrassement renforcée par un vernis de protection…

Une tendance en plein essorL’offre de revêtements créatifs se développe chez d’autres constructeurs, comme Trespa® avec sa gamme colorée Meteon® et Carea (vêtures Aquila)… « Pour nous c’est un marché en croissance, analyse Bruno Grannec, directeur commercial chez ArcelorMittal Construction, qui concerne principalement les bâtiments du secteur tertiaire et du logement. Pour la seule gamme Pearl, nous réalisons plus de 80 000m² par an, soit plus 100 projets depuis 2012. » Et de constater, côté tendance, un vrai engouement pour le doré et un retour des coloris blancs et gris iridescents. S. G.

1 Travail du photon pour générer et transmettre des signaux optiques.

Sur la gamme Irysa, le vernis de finition contient des particules de mica recouvertes d’oxydes métalliques qui modifient la réflection et la diffraction de la lumière. Au regard, nous passons d’une couleur à l’autre de façon très marquée, par exemple : du rouge au vert.

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Inédit, un système associant affichage fixe et dynamique permet de diffuser des informations personnalisées et actualisées en temps réel. Une vraie valeur ajoutée pour les établissements et leurs usagers.

En tant que visiteur d’un ERP1, combien de fois avez-vous hésité dans votre orientation par manque d'information précise ou simplement à jour? Imaginé par la société Deltaplast Sign Systems (33), spécialisée dans la concep-tion et la réalisation de systèmes d’orientation, Welcomee est un système de géosignalétique qui associe supports physiques traditionnels et contenus multimédias. Mis en œuvre au Palais de la Bourse à Bordeaux, il a reçu le prix de l’innovation technologique aux Icona d’Or, en mars dernier.

Un guide interactifLoïc Hellégouarch, gérant, responsable commercial et informatique de Deltaplast Sign Systems, explique : « Contraction de Welcome me, signifiant « accueille-moi », ce système de géosignalétique est né de 2 constats : trouver son chemin dans un bâtiment est un préalable à la satisfaction d’objectifs supérieurs, tels que suivre ou donner un cours, prodiguer ou recevoir des soins. Or, y répondre par la seule signalétique traditionnelle est insuf-fisant, celle-ci étant quasiment obsolète le lendemain de son installation ». Grâce à l’utilisation du Cloud (héberge-ment externalisé de données), de l’Internet mobile et du Smartphone, les informations mises sur écran en temps réel apportent une réponse personnalisée à chaque usager, selon ses besoins. Celui qui vient suivre un séminaire au Palais de la Bourse n’a pas les mêmes attentes que celui qui y intervient. Intimement liée au fonctionnement du lieu, la géosignalétique est un véritable guide interactif.

LA SIGNALÉTIQUE SE BOUGE !

Conçu par Deltaplast Sign Systems et fabriqué par Modulex, le support de signalétique physique diffuse les informations structurelles du Palais de la Bourse et propose un QR Code pour scanner les données pratiques.©

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TENDANCEDIGITAL MEDIA

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Un tournant technologiquePour autant, la signalétique classique n’est pas vouée à disparaître. Certaines informations de planning, peu lisibles sur un Smartphone, nécessitent d’être diffusées sur un écran de grande taille. Ce qui change en revanche, c’est l’usage des panneaux : « Les informations seront venti-lées différemment », poursuit Loïc Hellégouarch. Ainsi, les contenus pérennes liés à la structure du bâtiment et utiles à tous (fléchage au sein du Palais de la Bourse, de la CCI, du Tribunal de commerce) sont affichés sur les supports de signalétique fixes. Les renseignements ponctuels, nécessitant d’être mis à jour en permanence (planning des différents espaces, plans de localisation et d’orientation), sont diffusés sur les écrans dynamiques et les Smart-phones via des liens contextuels (QR Codes).

Un nouveau métierPour le gérant de Deltaplast Sign Systems, « Welcomee ne transforme pas le métier, c’est un nouveau métier ». Qui induit, en sus du savoir-faire en signalétique traditionnelle, de nouvelles compétences en design d’interface, en informatique et en design de services (afin de s’assurer que l’interface satisfait aux critères d’efficacité, d’efficience et de satisfaction). Un service également adapté aux établissements d’enseignement, à l’hôtellerie, aux musées et autres parcours touris-tiques, à l’intérieur des bâtiments comme à l’extérieur. Autant de perspectives prometteuses. V.O.

1 Etablissement recevant du public

Comment ça marche ?Pour assurer le fonctionnement de Welcomee, l’établissement souscrit un service d’abonnement qui comprend, après analyse des flux de circulation : hébergement et synchronisation des informations (pour le Palais de la Bourse, elle a lieu toutes les heures), affichage des données sur écran et / ou Smartphone, maintenance et supervision des écrans à distance. Un coût nettement inférieur à la mise à jour d’une signalétique classique, qui équivaut au prix de la signalétique d’origine.

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" L’enjeu de l’identité sonore est de créer de l’influence. "

Michaël BOUMENDIL, président de Sixième Son

LE SON :CETTE AUTRE IMAGE DE LA MARQUE

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Dans la rue, les commerces, les taxis… Musique ou bruit, nous baignons dans un océan de vibrations sonores. Du côté des marques et des points de vente, rien n’est laissé au hasard. Car le « design sonore » favorise mémorisation des messages, structuration des espaces et passage à l’acte d’achat. Tout un programme.

Au commencement, il y a la marque. Son nom, son logo, sa charte graphique, qui restent les premiers signaux de son identité. Pourtant, les annonceurs sont nombreux à remarquer la difficulté à émerger dans un univers visuel saturé. Ils cherchent d’autres solutions pour vivre dans l’esprit des consommateurs.

UNE CAPACITÉ D’INFLUENCE PUISSANTEMichaël Boumendil, président-fondateur et directeur de création de l’agence de design musical Sixième Son, est catégorique : « Identité sonore et identité visuelle sont complémentaires. Aujourd’hui, elles deviennent même indissociables car, ensemble, elles génèrent une force inédite pour la marque ». Pour renforcer l’identité, le son doit se distinguer du reste de l’envi-ronnement sonore, être pertinent et en ligne avec le positionnement de la marque, sous peine de créer de la confusion.

TROP DE SONS TUENT LE SON…« Ça n’est pas parce que le son est omniprésent, qu’il faut en surajouter », souligne Michaël Boumendil. « L’enjeu consiste donc à trouver le bon ‘vocabulaire’ pour la bonne exploitation. Pour être performant, le design sonore doit bâtir des systèmes cohérents. »

À l’heure de la multiplication des supports de diffu-sion, les marques doivent se préparer à une saturation prochaine du paysage sonore, identique à celle que connaît aujourd’hui le paysage visuel. Le son devient contre-productif quand on ne sait pas faire la diffé-rence entre un signe contributeur et un signe pollueur. Dans un contexte de marque, une musique sans intérêt devient rapidement polluante car les gens ne comprennent pas à quoi elle sert.

PEUGEOT : " TOUTE, TOUTE PREMIÈRE FOIS… "Sixième Son a imaginé la première identité sonore du constructeur automobile. Du sur-mesure, une signature en accord avec le nouveau positionnement du Groupe et dans le prolongement du travail graphique réalisé. « Peugeot engage une montée en gamme accompa-gnée d’un slogan très fort : Motion and Emotion », analyse Michaël Boumendil. « La signature que nous avons imaginée vibre « à l‘unisson » avec ce posi-tionnement, notamment en jouant sur une alternance de sons très profonds et d’autres très légers, pour incarner la force et la douceur, un alliage de musique contemporaine et électro. » Ciselée comme un bijou, cette signature dure 2,5 secondes : le temps idéal pour laisser une empreinte et créer une influence. Un art qui exige cependant de rester attentif. « Plus une identité sonore perdure, plus elle génère de la richesse émotionnelle et de l’attribution », rappelle Michaël Boumendil qui met cependant en garde : « Il faut la gérer correctement et la faire évoluer en même temps que la marque. Typiquement, la signature sonore que nous avons créée pour la SNCF en 2005 n’a pas pris une ride, car nous avons déjà réalisé 3 relifts très discrets. »Ce capital sonore, la marque peut l’utiliser partout où sa présence s’impose : en musique d’attente télépho-nique, en concession, en pub à la télévision et à la radio, lors d’événements ou encore comme sonnerie de portable pour ses collaborateurs… S. G.

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" La création sonore est un vrai travail d’équipe. Pour Peugeot, nous étions plus d’une dizaine de créateurs, au sein de l’agence,

avec des phases d’enregistrement dans nos studios. "

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SANS MUSIQUE, PAS DE PLAISIR. SANS PLAISIR, PEU D’ACHAT !

Le son ne se limite pas à l’identité de la marque. Il représente aussi un levier d’action important en magasin. Claude NAHON, président de l’agence Mood Media interna-

tional, est un spécialiste de l’univers sonore en point de vente. « Nous apportons du plaisir au consommateur pour transformer l’achat de nécessité en achat de plaisir », résume-t-il. Et l’atmosphère reste pour cela déterminante, car il s’agit de la première chose perçue par le client : « Quand j’entre chez Abercrombie, j’ai la sensation de franchir le seuil d’une boite de nuit ! Il fait sombre, la musique est à fond et on y sent leur parfum ».Le travail consiste à combattre deux ennemis : le silence, inquiétant, et… la radio commer-ciale qui diffuse, sans aucune logique de marque, publicités et flash infos, délaissant les émotions du client pourtant fondamentales dans l’achat d’impulsion. « Notre rôle n’est pas de construire la marque mais de la magnifier », souligne Claude Nahon. Une véritable théâtralisation musicale du point de vente…

TENDANCEDESIGN SONORE

Michaël BOUMENDIL,musicien et fondateur de l’agence Sixième Son. « Le travail sonore représente un élément d’influence à la rentabilité très forte. »

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« La couleur est la première chose qui attire le regard du consom-mateur, bien avant la forme et le produit lui-même, déclare Fabio Venturotti, directeur de Pantone France. Parce qu’elle touche au registre émotionnel, elle influence 80 % des décisions d’achat ». Puissante et magique, elle permet de séduire à nouveau. « Avec les nouvelles technologies qui ont raccourci le temps, on tombe plus vite amoureux et on se lasse plus vite. Il y a un vrai besoin de nervosité des circuits, avec des nouveautés. Il faut toujours susciter l’envie », décrypte Béatrice Mariotti, directrice de la créa-tion de l’agence Carré Noir. Dans le secteur de l’électroménager, les industriels ont des produits équivalents en matière d’innovation technologique. La couleur, qui va leur permettre de se différencier, est devenue déterminante.

UN STIMULATEUR DE VENTE« Vous pouvez avoir la couleur que vous voulez, pourvu que ce soit le noir », disait le constructeur automobile Henry Ford. Aujourd’hui, elle est un levier de consommation. « Au-delà de la stratégie des marques, la couleur correspond à un besoin socio-culturel : une réponse à la grisaille, poursuit la directrice de la création. Si la notion de séries – produit décliné dans différentes tonalités - est parfai-tement admise dans le domaine du textile, il en va désormais de même dans les lieux de vie, où chacun souhaite devenir créateur de son intérieur. »

UNE VRAIE EXPERTISEMais la couleur ne s’improvise pas. Elle doit résulter d’une réflexion de marque et pas juste de l’air du temps. « Levier insuffisant en soi, ajoute Béatrice Mariotti, la couleur doit être associée à de vrais bénéfices qualitatifs, car les consom-mateurs ne sont pas dupes. » C’est pourquoi elle fait l’objet d’études menées par des agences spécialisées. V. O.

LA COULEUR RÉINVENTE LES OBJETS DU QUOTIDIEN

Immédiatement visible, la couleur est un élément déclencheur de l’acte d’achat. D’autant plus lorsqu’elle transfigure les objets familiers et à condition de conserver du sens.

LA COULEUR DE L’ANNÉE« Les marques passent temps et énergie à choisir la couleur qui va leur permettre de vendre », explique Fabio Venturotti, directeur de Pantone France. Pour les aider, Pantone, filiale de X-Rite, a créé il y a dix ans « La Couleur de l’année », qui influence la création des produits dans de nombreux secteurs, tels que la mode, la déco-ration intérieure, la conception industrielle et les emballages. Après le Tangerine Tango en 2012, le Vert Emeraude en 2013, Radiant Orchid (réfé-rence Pantone® 18-3224) a été élue couleur de l’année 2014 : un mauve « captivant, magique et énigmatique qui invite à repousser les limites de la créativité et de l’originalité ».

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L’AVIS DE L’EXPERT : « Ce relooking graphique et coloré

rend l’acte d’achat inédit et rare. C’est un objet sorti de son « quotidien », qui transmet un art de vivre où l’ordinaire

n’existe plus, plébiscitant une culture du goût et du plaisir. Avec l’intervention de ce street artist, Dolce Gusto soutient

la création et invite à l’« express yourself » en choisissant un

produit hors-normes ! ».

L’AVIS DE L’EXPERT : «La marque taquine avec humour un certain conventionnalisme des

codes de l’hygiène, et propose de mettre en scène cet antre de l’intimité avec une

sophistication inattendue. La couleur est une façon très efficace de se mettre en avant,

de se rendre visible en se positionnant sur un territoire contemporain, sans nécessairement apporter

d’innovation technique».

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TENDANCEDESIGN OBJET

UN ÉLÉMENT DE DIFFÉRENCIATIONLes couleurs permettent aux industriels d’être dans l’air du temps et d’affirmer leur singularité. Oser pour se diffé-rencier… Exemples commentés par Vanessa Lehner, coloriste designer associée de l’agence Nacarat Design.

LES CAFETIÈRES AUDACIEUSESDolce Gusto propose que « chacun devienne un artiste du café ». Ses machines au design unique font l’objet d’éditions limitées avec des artistes incarnant les valeurs de la marque : exubérance, audace, créativité. Après Agatha Ruiz de la Prada et Custo Barcelona, la marque a fait appel cette année à Billy the Artist, un graffeur new-yorkais. Visuellement, la cafe-tière émerge du linéaire. Mais du côté de la technique d’impression, le secret est bien gardé : preuve que la mise en couleur est éminemment stratégique ! De son côté, Krups a imaginé avec le maître maroquinier Vignes la série limitée « Couleurs Café Krups », dans une palette de couleurs caféinées.

LE PAPIER TOILETTE NE SE CACHE PLUS Pour gagner des parts de marché sur les marques de distributeurs de papier toilette blanc à bas prix, le fabricant portugais Renova a pris le contrepied en choisissant de faire du haut de gamme : des rouleaux inten-sément colorés qui deviennent éléments de décoration. En janvier dernier, la marque s’est faite remarquer avec le concept Red Label : un papier double face, imprimé couleur à l’extérieur, gardé blanc à l’intérieur pour un double argument hygiène et baisse de coût.

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Pose et installation

La communication visuelle à

taille humaine

Derrière chaque support de communication visuelle, il y a d’abord une technologie et des produits de plus en plus sophistiqués. Dès lors qu’on s’intéresse à la pose et à l’installation de ces solutions, place aux hommes et à un savoir-faire irremplaçable. Etat des lieux et témoignages…

Adhésif, bâches, enseignes, signalétique, écrans… La communication visuelle peut prendre bien des formes. Si ces supports n’ont en commun que d’être « communiquant », il est un autre sujet qui concerne chaque secteur : la pose et l’installation. Dernier maillon de la chaine, l’installateur détient la clé de la « touche finale », car c’est bien souvent la qualité ou à l’inverse les dysfonctionnements de cette dernière étape que retiendra le client final…Internaliser la pose ou sous-traiter ? Il existe presque autant de cas de figure que d’entreprises : selon ses ressources, son champ de compétences et sa stratégie, elle peut choisir de gérer les projets de A à Z, ou à l’inverse de se concentrer sur son cœur de métier et de s’entourer de prestataires spécialisés.

Du simple morceau d’adhésif sur une vitrine à une palissade entièrement recouverte sur de 50 m2, en passant par le covering de véhicules, le volume d’activité de Resosign avoisine des 10 000 poses durant la période juillet 2013-juin 2014.

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" Le matériel le plus performant et le support de meilleure qualité ne seront rien sans l’intervention humaine ! L’homme est au cœur de notre métier. " REMY FALAIZE, Resosign

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PRATIQUE

Un périmètre de compétences en évolution permanenteResosign, créée en 2007, fait partie de ces struc-tures entièrement dédiées à la pose. Autour de Remy Falaize et de son associé Pierre Moiroud, 4 employés et un réseau de 180 poseurs indé-pendants. Ses spécialités sont l’adhésif (véhicules, vitrines, déco…), les bâches et toiles tendues, l’enseigne ne représentant que 3 à 5 % de son activité. « Ecrans Leds et Digital devenant incon-tournables, il faudra de la main d’œuvre. Avec notre partenaire Pixelight, nous cherchons des solutions pour former nos installateurs », déclare Remy Falaize.Secteur en plein essor au sein de la commu-nication visuelle, le Digital requiert en effet des compétences pointues pour assurer les déploie-ments. Ce sont généralement les intégrateurs qui gèrent l’étape de la pose des écrans et autres solutions digitales (cf. témoignage d’Intellicast page 70).Par la force de choses, les installateurs doivent faire évoluer leur champ de compétences au rythme des avancées technologiques et des nouveaux besoins. « Nos indépendants sont rarement juste poseurs de métier, ils sont aussi signaléticiens, peintre en lettres ou imprimeurs... », observe Remy Falaize. « Chaque année on leur propose des formations produits, en partenariat avec les marques. Nous les aidons aussi à être plus performants sur la phase de préparation : on a récemment fait venir un ébéniste pour montrer comment traiter un meuble avant une application de film. »Comme la plupart de ses concurrents, Hexis, fabricants français de films adhésifs, dispose d’un centre de formation sur son siège de Frontignan. Toute l’année, s’y déroulent des sessions pour professionnels débutants ou expérimentés, limi-tées à 4 participants maximum : ABC Adhésif, total covering, etc. Le modèle est d’ailleurs étendu aux filiales de la société. Un second centre de forma-tion a été inauguré en juin en Espagne. D’autres devraient suivre d’ici début 2015 en Italie, aux États-Unis, en Suède et en Allemagne.

La formation : tout le monde y gagne !« Du côté des marques et des distributeurs d’ad-hésifs, la nouvelle génération de professionnels a bien compris que la relation ne doit pas être pyramidale mais horizontale et qu’ils ont tout à gagner à se rapprocher de nous, premiers utili-sateurs de leurs produits », se réjouit le directeur de Resosign. Une vision que partage totalement Denis Bourgeois, Directeur général de Spandex : « Notre conception du métier de distributeur n’est pas de livrer des cartons ! Nous sommes dans une démarche d’accompagnement de nos clients imprimeurs et transformateurs, qui expriment un fort besoin de connaissances pratiques. »Ainsi, depuis 2013, Spandex propose des forma-tions gratuites : des journées portes-ouvertes en région, organisées en alternance avec ses deux partenaires, Avery Dennison et 3M. Ou encore des Supreme Wrapping Tour, toujours avec Avery Dennison, concept pour aller plus loin dans l’ex-pertise pose de ce produit dédié au covering de véhicule. Enfin, Spandex propose aussi des sessions payantes, véritables formations sur-me-sure effectuées directement chez le client, sur 1 à 3 journées. ...

Hexis a lancé en début d’année une formation spécifique déco pour répondre à une demande grandissante. Ici : démonstration de covering de mobilier lors du salon C!Print 2013.

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Ecran LED indoor (curve, black face, pitch de 6 mm, 2 200 cd/m²) de 7 m x 4 m sur structure auto-portante installé en septembre 2012 au centre commercial Atlantis à Saint-Herblain.

" C’est au niveau du SAV, de la maintenance que réside notre valeur ajoutée en tant qu’intégrateur. " CLAUDE LEVY

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« Dans le Digital, un installateur apprend tous les jours ! »Spécialisée dans le déploiement de solutions d’affichage dynamique en point de vente, Intellicast a fait évoluer l’expertise de ses installateurs en même temps que son positionnement. Explications de Claude Lévy, directeur commercial.À sa création en 1998, Intellicast (93) s’est distingué dans le transport de données par satellite, puis s’est repositionnée sur la distribution d’écrans et la gestion de trafic multimédia dès 2005. « Pour Mac Donald, nous avons implanté paraboles et matériels de diffusion de musique et c’est là que nous avons commencé à développer la partie installation. Je suis allé trouver ceux que nous appelions alors les « antennistes » pour créer notre propre réseau d’installateurs indépendants ».Ensuite, avec le déploiement d’écrans pour 45 magasins du réseau Mono-prix, Intellicast s’est tourné vers les marchés de la grande distribution, avec une offre globale intégrant : sourcing des matériels, installation des logiciels, pose et mise en service, gestion de données et maintenanceDans le Digital, le métier d’installateur évolue constamment au rythme des avancées technologiques et il est essentiel de toujours garder une longueur d’avance. « On a entrainé les antennistes dans notre évolu-tion. Chaque fois que nous sourçons un nouveau type de matériel, nous montons des sites pilotes pour permettre à nos installateurs de se former »Polyvalents, les installateurs sont aujourd’hui aussi performants sur les antennes, les écrans, le câblage, le réseau… À l’arrivée sur un site « vierge », les passages de câbles sont souvent complexes : « En cas de dysfonc-tionnement, ils sont capables de trouver des solutions et d’alimenter notre base de connaissance ». De plus, comme la durée de vie d’un écran est courte (36 mois environ), l’installateur est aussi sollicité pour le SAV. « La dimension maintenance devraient être systématiquement intégrée par les designers qui conçoivent le mobilier. Il faut que ce soit esthétique ET démontable ! ».Ainsi, après 16 ans d’existence, Intellicast n’en finit pas d’adapter son positionnement d’intégrateur. Dernière évolution en date avec la création en juin de la structure Intellicast studio, qui a vocation à aborder les projets dès l’étape de création, en accompagnement des architectes et designers.

Pose et installation La communication visuelle à taille humaine

Poses sportives au StadeLes deux enseignes du stade Pierre Mauroy, sorties des ateliers de DT Signs ont fait l’objet de poses particulièrement techniques. Des lettres de près de 2m40 cintrées sont venues épouser la forme courbe de l’une des façades du stade à 8m de hauteur. Pose encore plus complexe pour la seconde enseigne suspendue à des câbles d’inox souples à plus de 15m de hauteur. Elle a carrément été reconstruite en l'air ! Une équipe de 2 alpinistes apportaient la structure arrière en aluminium des lettres. L'équipe de poseurs de DT Signs réalisait l'électrification là-haut, avant de présenter les faces avant des lettres en PMMA blanc diffusant et de fixer l'ensemble.Une installation qui a mobilisé pendant une quinzaine de jours deux équipes de poseurs de l’enseigniste, secondées par le binôme d’alpinistes.

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Jean Hans, alias « Jack the wrapper » ! Expert reconnu dans le monde du covering, Jean Hans est à la tête de la société Application Team (Belgique). Incontournable sur les salons, actifs sur les réseaux sociaux, il n’a de cesse de chercher à transmettre son savoir-faire… « J’ai découvert l’adhésivage de véhicules en 1985 par un ami, qui s’était reconverti dans les lettrages autocollants pour la course automobile. J’ai accepté de travailler gratuitement, pour me former et surtout parce que j’adorais ça ! Avec la société Publi Applic, j’ai fait le tour du monde pour décorer des voitures de F1 et de rallyes.En parallèle, les machines de découpe sont apparues, ce qui a simplifié les réalisations, mais la pose continuait à s’ap-prendre « sur le tas » et le secteur manquait cruellement de personnes expérimentées.Quand j’ai créé Application Team en 1991 avec mon épouse, on m’a d’abord ri au nez… Un premier très gros marché* m’a obligé à me jeter à l’eau : ma « team » n’existait pas encore, il a donc fallu la monter. J’ai mis 2 ans pour trouver et former une douzaine de collaborateurs. La sortie du MACFleet de MACtac dans les années 90, premier film souple dédié au total covering de voiture, a sans conteste marqué un tournant. À cette occasion, la marque m’a invité sur son stand à FESPA Munich pour faire des démos. Le résultat était spectaculaire et le succès total ! Problème : j’étais l’un des seuls au monde à savoir le faire… Je suis donc parti faire de tournées en Allemagne pour former les clients de MACtac.Le marché a vraiment décollé dans les années 2000 et l’ex-pertise d’Application Team s’étend aujourd’hui dans bien des domaines : véhicule, bateau, bâtiment, retail… Et de plus en plus la décoration intérieure : je prédis que ce sera 80 % du marché de demain car l’adhésif fournit des solutions visuel-lement qualitatives et rapides à mettre en place.Avec toutes ces opportunités de marché, le besoin de formation va continuer à se développer. Je rêve d’une école internationale de pose qui ne soit pas sous le contrôle d’une seule marque… On y parlerait polymère, monomère et colle, loin de toute considération marketing ! Soyons honnêtes, il n’y a plus aujourd’hui de différences majeures de qualité entre les produits de grandes marques. Le « meilleur » adhésif est celui que les professionnels savent poser correctement. »* 25 000 véhicules à habiller pour le géant des télécommunications RTT, futur Belgacom.

Adhésivage : un travail d’expertAvec des films et adhésifs décrits comme toujours plus « faciles à poser », des toiles tendues qui se fixent en un clin d’œil sur des structures toujours plus flexibles, et des clients qui finissent par se former à la pose, pourra-t-on un jour se passer de poseurs professionnels ? La question est volontairement provocante et les réponses fusent, unanimes. Denis Bourgeois : « Je dirais plutôt que les produits sont de plus en plus fiables et perfor-mants. La pose ne s’improvise pas pour autant. On aura toujours besoin de prestataires dont c’est le métier ». « Plus la qualité du produit s’améliore en faisant gagner du temps, plus le geste technique est important ! Le poseur doit faire attention à ne pas confondre facilité et approximation », renchérit Jean Hans, de la société Application Team (cf. encadré ci-contre). Quant à Remy Falaize, il assure que « les clients seront toujours prêts à payer un peu plus pour la certitude de la qualité et des délais. » ...

Pose et installation La communication visuelle à taille humaine

" Lors de salons, nous organisons toujours des démos produits sur notre stand. Le but n’est pas la performance mais l’interactivité, en faisant participer le plus possible clients et visiteurs à la pose. " DENIS BOURGEOIS, Directeur général Spandex

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PRATIQUE

Habillage exceptionnel pour l’Atomium de BruxellesÀ l’occasion de la Coupe du Monde de Football, la plus haute sphère de l’Atomium de Bruxelles a été recouverte de 600 m² de films adhésifs teintés masse MACtac 8900 Pro aux couleurs de l’équipe des Diables rouges (jaune, rouge et noir).Cette opération, sur 4 jours, était une prouesse sportive : les équipes de d’entretien de l’Atomium (7 escaladeurs agréés) ont été formés pour appliquer le vinyle à plus de 100 m de hauteur. Les bandes de films adhésifs de 150 par 100 cm avaient été préalablement découpées et enroulées dans des sacs tenus en bandoulière par les poseurs. L’application s’est faite en « pose humide », avec une eau légèrement savon-neuse. Réalisation, découpe et pose : D-Side Group, Dynagraph, et Dizziness.

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Conditions de sécurité, difficultés d’accès, travaux en hauteur, etc. Dans le secteur de l’enseigne, l’étape finale de la pose doit être conduite dans les règles de l’art. Deux habilitations sont d’ailleurs obligatoires pour exercer ce métier : électrique et CACES (Certificat d’aptitude à la conduite en sécurité).Sur ce marché, on trouve d’une part des sociétés qui conçoivent, fabriquent les enseignes et possèdent des poseurs en interne. D’autres sociétés choisissent de n’être que prestataires de services avec une offre qui s’étend généralement à la maintenance.Illustration du premier cas de figure avec OPSD (Sélestat, 67) créée en 1984. Elle intervient de la création à l’installation, en enseigne et signalétique. « À l’origine nous fabriquions beaucoup d’en-seignes unitaires, puis les petits commerces ont eu tendance à devenir des franchises et la partie création/réalisation nous a échappé en partie, il a fallu se diversifier, dans l’impression notamment. Et nous nous sommes davantage mis au service de nos confrères en tant que poseurs. Cela repré-sente aujourd’hui 60 à 70 % de notre activité », constate Cathy Oberlin, responsable commerciale. Prestataire de pose, la société Covaltex (Martillac, 33) a connu elle aussi la nécessité de se diversi-fier. « Notre savoir-faire initial est la toile tendue. C’est suite à la demande d’un client que j’ai commencé à travailler dans l’enseigne tradition-nelle », se souvient Claude Jeanson, directeur général et président de la Commission Installa-tion du SYNAFEL. « Le poseur, c’est le ‘bout du bras’ du fabricant, celui qui va se retrouver face au client final. La qualité de son travail est cruciale, tout comme son aptitude à gérer les aléas qui ne dépendent pas de lui, comme un écart entre la fabrication et la réalité du chantier, souvent mouvante ! »Thierry Bourgin, directeur de Thema, spécialisé installation et dépannage d’enseigne, constate l’évolution du métier : « Avant on pilotait davan-tage à vue, mais depuis que le métier d’installateur a été rattaché au SYNAFEL (Syndicat National de l’Enseigne et de la Signalétique) à la fin des

Qualif' Enseigne Signalétique : seule référence officielleMise en place par le SYNAFEL en 2002, Qualif’ Enseigne Signalétique est la certification de services des métiers de l’enseigne et de la signalétique. Pour les installateurs d’enseigne (comme pour les concepteurs-réalisateurs et fabricants), c’est le seul moyen officiel1 de faire reconnaître la qualité de leurs prestations. Trois niveaux de certification, 1, 2 ou 3 étoiles, permettent à toutes les entre-prises (quelle que soit leur taille et leur spécialité) d’être certifiées pourvu qu’elles répondent aux exigences du référentiel. La procédure nécessite un audit complet de l’entreprise effectué par Bureau Veritas Certification. Il est ensuite renouvelé tous les trois ans. À noter que le syndicat a mis en place des cessions de formation-conseil avec le Centre Forma pour accompagner les professionnels dans le processus de certification et les aider à se positionner quant au niveau 1, 2 ou 3 étoiles. Pour l’heure 37 entreprises membres du SYNAFEL ont la certification Qualif’ Enseigne Signalétique, dont 5 spécialisées en installation et maintenance : IGEMA Installation, OPSD, LNA Maintenance, Pose diffusion et Thema.

1 Légalement reconnue par un avis de publication du Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, paru le 3 février 2002 au Journal Officiel lois et décrets.

Pose et installation La communication visuelle à taille humaine

" Notre quotidien c’est du flux tendu ! Avec un planning qui varie parfois dans les 24 heures, la pose est vraiment affaire de proximité et de réactivité. " CLAUDE JEANSON, Covaltex

années 90, la profession s’est structurée, des normes de sécurité ont été mises en place. C’est un atout pour nous ». Sur ce marché très concur-rentiel qui joue beaucoup sur la proximité, Thema a néanmoins choisi l’éloignement géographique pour se démarquer. « Nous travaillons beaucoup à l’étranger, en particulier en Afrique. C’est une prise de risque, dans laquelle je trouve une certaine liberté ». Décidemment, la pose reste un métier passion, un métier « d’aventurier » ! C.C.

Enseigne : proximité et polyvalence

Pose : Covaltex

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PRATIQUESOLUTION TECHNOLOGIQUE

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Les vitrines holographiques 3D ont avant tout pour fonction de mettre en valeur le produit, de l’éclairer avant de le sublimer. Le flacon, la bouteille ou le coffret ne doivent à aucun moment se trouver étouffés par une animation trop présente. La mise en scène holographique étonne, attire et interpelle, mais le produit reste la star.En 3 ans, COMactive a développé plus de 50 vitrines interactives différentes (sphères, pyramides…), mais ce marché du luxe réclame aussi bien évidemment du sur-mesure. Chanel, Hermès, Narciso Rodriguez, Estée Lauder. Dans les espaces multi-marques notamment, les marques de luxe font appel à cette solution pour attirer le visiteur vers leur produit. À partir de leur idée de départ, COMactive leur propose un storyboard. L’équipe de conception et les ingénieurs réalisent le film qui est ensuite projeté à l’échelle sur une dalle écran très haute défi-nition sur un miroir qui supporte beaucoup de lumière. Ce miroir sur mesure fait l’objet de 6 traitements spécifiques (anti-reflets, anti-dédou-blement…), un brevet déposé par COMactive. Chaque machine a son double en laboratoire pour permettre le mapping avant d’envoyer le contenu aux marques. Ces dernières le chargent dans la vitrine par carte SD, flash ou USB. Le réel et le virtuel sont maintenant en interaction. Jean-Paul Gaultier a pu ainsi devant les yeux des clients animer un danseur sur son parfum Kokoriko.

Si les vitrines sont françaises et les marques qui les achètent également, elles sont par contre presque exclusivement destinées à une utili-sation à l’export. « Comme l’Italie, la France produit le luxe mais ne le vend pas sur son sol » indique Christian le Ba. 90 % du matériel part en Amérique et en Asie où le marché recherche constamment des solutions pour valoriser le packaging, identifiant essentiel du luxe. D’ail-leurs, COMactive travaille actuellement à une solution miniaturisée qui s’appliquera directe-ment sur le packaging. Exit la vitrine, l’animation holographique apparaîtra directement dans la main du client final. J.C.

LES VITRINES HOLOGRAPHIQUES :

COMMUNICATION HORS-NORMES POUR LE LUXE

COMactive est une entreprise créée à Montluçon par Christian Le Ba pour répondre aux demandes exceptionnelles des marques de luxe. Agence de communication à l’origine, COMactive a, en mettant les pieds dans la PLV de luxe, expérimenté et mis au point de nouvelles solutions destinées aux marques premium qui veulent innover et provoquer l’étonnement de leurs clients. Pari réussi avec ses vitrines holographiques 3D « made in Auvergne ».

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Présent à VISCOM

Pavillon 3stand C92

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Si vous vous demandez qui a réalisé le packaging de Tea TIME pour Delacre, l’identité visuelle du Paris Saint Germain ou l’aménagement des boutiques Relay, rendez-vous sur le tout nouveau site kifekoa-design.com. Derrière ce nom évocateur, une figure réputée du design, Gérard Caron, concepteur du site.

Visible : Pourquoi avoir créé un tel site ?Gérard Caron : Dans mon métier de conseil en design, mais aussi en tant que président des Pentawards1, j’ai réalisé qu’il était parfois difficile, même pour moi après toutes ces années d’expérience, de répondre aux questions simples de mes clients comme : « Qui a réalisé le dernier packaging de telle marque ou le logo de telle autre ? ». En fait, il n’existait aucune base de données propre aux créations du design graphique. Alors que les médias connaissent bien les auteurs de design architectural ou mobilier, le design graphique fait figure de parent pauvre. C’est d’autant plus regrettable, qu’à mon sens aujourd’hui, cette forme de design est la plus créative et son renouvellement de plus en plus impor-tant. D’où mon envie de remédier à ce manque en lançant le premier site répertoriant les créations de design.

Comment est-il alimenté ?... Ce sont autant les professionnels, les agences, les studios de design que les indépendants qui participent à la collecte d’informations en s’inscrivant sur le site. Grands oubliés du métier, ces derniers pourront donc également faire connaitre leurs réalisations. Notre objectif : gagner la confiance de l’ensemble des acteurs, les amener à jouer le jeu en mettant en ligne leurs créations et en faisant réguliè-rement la mise à jour afin d’être le plus exhaustif possible. Dans la version actuelle, nous nous limitons aux frontières françaises et francophones.

… Et à qui s’adresse-t-il ?Marketeurs, publicistes et journalistes sont les premiers utilisateurs visés. Pour un sujet précis (une marque de dentifrice, un centre commercial, un djingle…), ils trouvent « kifekoa ». Etudiants et enseignants accèdent également à des informations utiles pour leurs recherches, et le grand public pour son plaisir. Qu’y trouve-t-on ?Des informations brutes et synthétiques : textes, photos ou fichiers son. N’étant pas adepte du mélange des genres, je laisse le soin des commentaires aux journalistes. Ce site est un outil, il s’agit d’en faire « Le » répertoire de la profession ! L’agence internaute choisit parmi six rubriques : packa-ging, identité visuelle, design volume, retail design, web design et identité sonore, celles qui correspondent à ses réalisations. Elle en fait un descriptif rapide et renvoie vers ses coordonnées.Si plusieurs agences sont intervenues pour un même produit, chacune remplit sa propre fiche. Ainsi en tapant le nom du produit, la recherche aboutit sur les deux réfé-rences puisqu’il s’agit bien d’interventions différentes, par exemple packaging et retail.Le moteur de recherche propose plusieurs clefs d’entrée : marque, catégorie de produit, agence ou secteur d’ac-tivité.

Quelles sont les conditions d’inscription ?La création et le développement économique du site ont été confiés à l’agence Paymal Network, spécialisée dans la communication des agences de design. Pour les agences et les designers, l’inscription est gratuite et sans engagement la première année. Au-delà, pour rester membre, il faut s’acquitter d’une cotisation couvrant les frais de fonctionnement (290 euros). En revanche, l’accès au site et sa consultation sont libres et gratuits pour tous, sans durée. Propos recueillis par R. D

1 Récompenses décernées chaque année depuis 2007 et destinées à saluer l’excellence des créations d’emballages au niveau mondial.

GÉRARD CARON

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VISIBLE #9

77PRATIQUEINTERVIEW

Six mois après son ouverture, le site compte plus d’une centaine de membres et mille réalisations enregistrées.

BIO EXPRESSSurnommé « le pape du design », GÉRARD CARON a été formé à l’Ecole Supé-rieure de Publicité de Paris. Il a d’abord travaillé comme chef de publicité chez Publicis, Young et Rubicam ou Ted Bates. Mais son nom reste surtout associé à celui de Carré Noir, agence leader de branding et de design stratégique dont il est l’un des fondateurs et le président jusqu’en 1998. Depuis il a créé le réseau Caron Design Network où il fédère des talents de manière flexible autour de projets.

Clin d’œil à l’agence Carré Noir à laquelle le nom de Gérard Caron reste attaché, les trois petits carrés rouges rythment le logo et créent des accidents visuels favorisant la mémorisation.

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GRAPHISME ET SIGNALÉTIQUE :

PING-PONG GAGNANT

INTERVIEWCROISÉE

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Un duo professionnel s’est formé autour du projet de signalétique du MuCEM à Marseille et se poursuit avec celui du ministère de la Défense dans le 15ème à Paris. Béatrice Fichet, designer graphiste et Laurence Guichard fondatrice du bureau d’études Locomotion, sont dotées d’un tempérament passionné et partagent la même quête d’excellence. Ensemble, elles élaborent des signalétiques remarquables et nous en dévoilent les coulisses.

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VISIBLE #9

Visible : Dans l’équipe que vous formez, comment se répartissent les rôles ?Laurence Guichard : Béatrice est dans la conception, je suis du côté des études, de la réglementation technique. C’est elle qui crée et moi je l’accompagne pour trouver des solutions, rendre possible ce qu’elle a imaginé.Béatrice Fichet : Dans les faits, il n’y a pas de frontière hermétique mais une porosité qui nous permet d’élargir nos domaines de compétences. Nous sommes dans l’échange permanent et ne lâchons rien avant que l’autre ne soit totalement convaincue, ce qui nous permet d’aller loin dans notre travail commun.

Vous n’êtes donc pas toujours d’accord ?Béatrice : Nous sommes toutes les deux très détermi-nées, et bataillons ferme parfois ! Je dis « non » lorsque je ne comprends pas le sens de ce qui est demandé. Je refusais par exemple d’imaginer une table d’orientation à l’entrée du MuCEM telle qu’elles sont souvent présen-tées, sans élégance, peu explicites, pas à l’échelle du lieu. Laurence m’a démontré que ce n’était pas juste une obli-gation liée à loi Accessibilité1. Elle m’a poussée à chercher du sens pour l’intégrer parfaitement.Laurence : Le site est grand, complexe avec des architec-tures et des niveaux multiples. Je lui ai expliqué que cette table permettrait aux personnes à mobilité réduite comme aux enfants et à tous les visiteurs d’appréhender le musée dans son ensemble, dès leur arrivée… Je l’ai également un peu défiée en lui disant qu’après tout, c’était à elle de la rendre belle !Béatrice : Au final, cette table est belle parce qu’elle a du sens, permet à chacun de comprendre le MuCEM, ce qui serait impossible avec le regard seul. Elle joue donc parfai-tement son rôle et nous en sommes fières.

Quelles étaient les contraintes majeures liées au MuCEM ?Laurence : Il fallait créer une signalétique permettant au public de se sentir dans un environnement unique alors que le site comprend deux entités très différentes. Quel ruban de lecture apporter afin que le fort Saint Jean, bâtisse mili-taire du 17ème siècle ne fasse qu’un avec le « J4 », dentelle de béton et carré parfait de 72 m de côté, conçu par Rudy Ricciotti ?Béatrice : La signalétique s’inspire du lieu et le respecte. Comme aucune blessure ne doit être infligée aux bâti-ments anciens, les éléments sont fixés par des entretoises dans les joints. Chaque plaque correspond à sa pierre et possède son propre relevé de cotes.

Comment ce choix d’intégration s’est-il traduit dans la matière ?Béatrice : Par une réponse semblable mais un marquage différent selon l’architecture. Sur les pierres du fort St Jean, la typographie s’inscrit en « négatif », les lettres sont découpées dans les plaques d’inox, la pierre les révèle. Ces lettres découpées se déposent en « positif » sur les murs du J4, comme des tatouages sur le béton. Elles sont sérigraphiées. De part et d’autre, la signalétique se fait écho.Laurence : L’intégration passe également par le choix des matériaux. Béatrice souhaitait de l’inox brut, massif, résis-tant à l’air marin qui fonctionne aussi bien avec le béton qu’avec la pierre. Quant aux totems, ils sont en inox mat en partie haute et en inox poli miroir en partie basse. Leurs piètements reflètent ce qui les entoure, ils disparaissent, semblent flotter. ...

BIOS EXPRESSBÉATRICE FICHET est graphiste, elle vit et travaille à Paris où elle a fondé son agence. Son intervention graphique s’étend de la commande publique à la commande privée, de l’impression à la signalétique. Pour elle, chaque aventure graphique se nourrit de la précédente, formant des strates poreuses où les spécifi-cités et les générosités humaines s’accordent et se mêlent. Faire ressentir avant de laisser penser.

LAURENCE GUICHARD a forgé sa compétence de bureau d’études et de maître d’œuvre signalétique en évoluant depuis plus de 20 ans dans cet univers. De là, elle tire son expertise et sa connaissance approfondie de la réalité des métiers de conception et de la fabrication. Convaincue de l’importance d’une approche pluri-sensorielle de la signalétique, elle s’est appropriée depuis dix ans les problématiques en lien avec les personnes empêchées ou en situation de handicap.

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INTERVIEW

CROISÉE GRAPHISME ET SIGNALÉTIQUE : PING-PONG GAGNANT

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À chaque lieu ses problématiques de signalétique. La situation rencontrée sur le ministère de la Défense à Balard doit être tout autre ?Béatrice : Il s’agit encore d’une intervention sur un site composé d’entités anciennes et modernes… mais qui s’étend sur 470 000 m2. Au MuCEM, nous pouvions imaginer notre visiteur flâner, ce qui est impossible à Balard. Laurence a dû convaincre donneurs d’ordre et généraux d’abandonner l’ancienne numérotation utilisée durant des mois de chantier, mais incompréhensible pour toute personne extérieure. Elle a imaginé un nouvel adressage plus simple et plus intelligent.Laurence : Mon rôle consiste à couper les cordons de connaissance des gens qui baignent dans un projet. Poser le regard de celui qui découvre pour la première fois une architecture. Épurer la signalétique pour favoriser une approche intuitive afin que ce soit la fonction photogra-phique qui donne du sens à la lecture des lieux.

Quel a été votre parti-pris signalétique dans ce lieu sensible et très sécurisé ?Laurence : Une fois l’ancien adressage abandonné, il a bien sûr fallu proposer autre chose. Ici, la signalétique porte avant tout l’identité visuelle du ministère. Ce serait un leurre de penser qu’il faille véritablement indiquer le chemin dans un tel lieu car aucun visiteur extérieur n’est jamais amené à se déplacer seul…Béatrice : Très strict, le cahier des charges nous a pous-sées à être particulièrement imaginatives. Adoptant la charte graphique de la République française, nous avons choisi un dessin et un façonnage de la matière ultra sobres et opté pour une signalétique flexible, type « post-it ». Dans ce projet, c’est la composition très graphique et le rapport aux couleurs de la République qui portent signalétique.

Un projet signalétique est aussi porteur de son lot de surprises. Un an après son ouverture, le MuCEM a déjà accueilli plus de 2 millions de visiteurs au lieu des

300 000 attendus. Face à cette affluence, la signalétique basse dans le hall du J4 doit être complétée par des suspensions, lettres découpées qui flottent

dans l’espace visibles de loin quand le hall est noir de monde. « Le rôle de la signalétique est aussi d’évoluer pour accompagner les réalités de fonctionnement »,

souligne Béatrice Fichet.

À partir de quand peut-on se dire qu’une signalétique est réussie ?Laurence : Quelles que soient la passion et l’expertise mobilisées, la signalétique est systématiquement critiquée. Dans les faits à peine 30 % des gens ont la patience de la regarder2. Nous l’offrons, ils choisissent d’en disposer ou non. Une chose est sûre : une signalétique toujours plus large, plus grande ne constitue jamais la solution car ça ne fonctionne pas davantage. Et puis, même une bonne signalétique ne règlera jamais les problèmes d’une mauvaise architecture…Béatrice : J’apprécie que la signalétique accompagne le visiteur sans le priver de ses propres sensations spatiales. Elle ne peut pas donner toutes les réponses. Sans trahir l’architecture, il s’agit d’écrire l’information juste au bon moment.

Un mot de conclusion ?Béatrice : La signalétique doit comprendre l’architecture, c’est un langage qui se superpose pour l’embellir avec justesse. Laurence : Générosité et honnêteté intellectuelle : ces deux mots sont le ciment de notre duo professionnel.

Propos recueillis par L. BdC.

1 Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.2 30% seulement des personnes fréquentant un lieu consulteraient la signalétique en place.

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Lors de la fabrication et de la pose, le duo s’est mué en trio. BOSCHER signalétique et image

a systématiquement trouvé des solutions pour satisfaire les exigences de Béatrice et valoriser

sa créativité. Tel le creusement du sol afin que le piétement des totems affleure parfaitement.

La table d’orientation est une matéria-lisation du site reproduit à l’échelle

1/ 400. Le relief se matérialise sur 2 mm d’épaisseur. Pensée comme une véri-

table maquette, réalisée en résine chargée d’inox, comme fondue

dans la matière, elle attire une majorité de visi-

teurs.

L’appel à concours remporté en 2011

comprenait la conception graphique du logo et de

l’identité visuelle ainsi que de la conception et réalisation

de la signalétique du MuCEM.

Laurence Guichard a opté pour

un inox marin (316L) de près d’un centimètre d’épaisseur

pour une pérennité garantie. En signalétique, l’esthétique ne peut

être que riche de sens…

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EXAPRINT LANCE UNE GAMME DE PACKAGING PERSONNALISABLE L’imprimeur en ligne Exaprint a lancé en juin sa première gamme Packaging, riche de 14 modèles personnalisables. Avec 17 matières disponibles, allant du papier blanc au papier de couleur (turquoise, fuchsia, bleu, rouge, vert, noir), en passant par le papier perlé et gaufré, le Chromolux (rouge, noir, argent et or), le kraft brun, ou encore les cartons (micro cannelure kraft ou blanc) et le PET, cette gamme personnali-sable, disponible à partir de 2 exemplaires, est destinée à de multiples usages : emballage cadeau, mailing postal, vente à emporter, emballage publicitaire. Exaprint propose aussi plusieurs types de finition : pelliculage brillant, pelliculage mat traditionnel ou mat soft touch (effet peau de pêche) ou blanc. Côté pratique, les boîtes sont livrées à plat rainées et pré-encollées pour un montage facilité.www.exaprint.fr/packaging

NOUVEAUTÉS

MYPACKONLINE : LA PERSONNALISATION 2.0 Digital Packaging a lancé MyPackOnline, un nouveau service qui allie personnalisation de pack, vidéo et recueil de données. En avant-pre-mière sur le salon Pack & Gift en juin dernier à Paris, Digital Packaging et ses partenaires, la marque Lanvin et l’Ecole de design Strate, ont proposé aux visiteurs de participer à la création de leur packaging de boite de chocolat en choisissant les décors et photos, en ajoutant leurs textes et en y intégrant la vidéo de leur choix accessible par un QR code.http://mypackonline.digital-packaging.fr

SMART-X®NATURA : LE PANNEAU 100 % BIODEGRADABLE DE 3A COMPOSITES 3A Composites propose un choix de panneaux pour les secteurs de la publicité, de la signalétique et du marketing évènementiel. Parmi ses nouveautés 2014, le SMART-X®natura est la version « green » du classique panneau SMART-X en polystyrène. Ce produit, issu d’un programme de recherche qui a bénéficié de subventions européennes, est en PLA, un polymère entièrement biodégradable issu du maïs. D’après l’analyse du cycle de vie, il est établi que la fabrication du PLA génère 60 % d’émissions nocives en moins et utilise 60 % d’énergie non renouvelable en moins que celle des polymères d’origine fossile.www.display.3acomposites.com/fr

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NOUVEAUTÉS

NOUVELLE ÉTAPE REACH : MACTAC ANTICIPE L’INTERDICTION DE CERTAINS PIGMENTS La réglementation européenne REACH, entrée en vigueur en 2007, vise à encadrer et sécuriser l’utilisation des substances chimiques dans l’in-dustrie, dans le respect de l'environnement et de la santé humaine. La liste des substances interdites ou contrôlées est complétée chaque année. Une nouvelle étape, qui entre en vigueur en avril 2015, va inter-dire l’utilisation de certains pigments dans la fabrication des PVC.Pour accompagner ce changement, MACtac a d’ores et déjà édité de nouveaux nuanciers pour ses films PVC teintés dans la masse. Seules quelques couleurs sont impactées, mais restent très proches des anciennes et, pour faciliter la comparaison, couleurs actuelles et couleurs de remplacement sont présentées ensemble.Cette offre de nuanciers s’accompagne d’un nouveau service de téléchargement sur le site web de MACtac. Toutes les couleurs sont exportables au format ase et xml pour s’intégrer aux principaux logiciels de création graphique (Photoshop, Illustrator, Indesign, CorelDRAW…).* Enregistrement (R), Evaluation (E) et Autorisation (A) des Produits chimiques (CH).

NOUVEAU LOGICIEL ONYX TEXTILE EDITION : UNE VRAIE EXPERTISE COULEUR Onyx Graphics, Inc. a lancé un nouveau logiciel ONYX Textile Edition, spéci-fiquement développé pour le marché de l’impression textile grand format. Il intègre toutes les fonctionnalités du logiciel ONYX 11 - telles les nuanciers, les repères de couture au fil et le redimensionnement non proportionnel - et propose, en plus, des fonctions spécifiques à l’impression textile, permettant de gagner du temps et de réduire la gâche. Afin d’accroître la prévisibilité du rendu couleur sur textile, il associe à son moteur de gestion des couleurs ONYX Color amélioré, plusieurs fonctions innovantes, comme le Step-&-Repeat qui permet de créer des motifs en bord à bord sur tissus et revêtements muraux à partir d’une même image répétée à l’infini. De plus, la technologie ChromaBoost permet à l’utilisateur d’obtenir des couleurs beaucoup plus saturées en augmentant leur chromaticité (intensité) de près de 40 %. www.onyxgfx.com

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NOUVEAUTÉS

LUMIÈRE SUR LE PLEXIGLAS GS BLOCLED ThyssenKrupp Cadillac Plastic présente le Plexiglas GS BlocLED, un bloc de verre acrylique PMMA coulé blanc brillant conçu sur mesure pour réaliser des enseignes en lettres découpées à éclairage direct par LED. La diffusion lumi-neuse est homogène sans effet « hot spots » (points de lumière). Grâce à sa grande résistance aux intempéries, il est garanti 10 ans. La couleur reste intense en aspect nocturne (rétro-éclairé) et diurne (non-éclairé). Les plaques sont proposées en 15, 20 et 30 mm d’épaisseur afin que les fabricants d’enseignes puissent donner vie à toutes leurs idées créatives en lettres découpées. Ce bloc est préconisé avec des LED SloanLED et plus particulièrement le BendLUX.www.tk-cadillacplastic.fr

MERCURY FIBER, UNE MACHINE DE PRÉCISION POUR DÉCOUPE DE MÉTAUX La société italienne SEI Laser a créé une nouvelle machine de découpe au Laser, la Mercury Fiber ME612, conçue pour les métaux non ferreux : acier, inox, aluminium, cuivre, laiton, bronze… Idéale pour les pièces électroniques, les filtres ou l'horlogerie par exemple, elle permet de découper de faibles épaisseurs avec une grande précision. La Mercury Fiber permet également de découper des matériaux avec revêtement - peinture, vernis, encres… - sans écailler ou abimer celui-ci. Simple d'utilisation, rapide, son coût d'entretien est faible et sa durée de vie supérieure à 35 000 heures. www.seilaser.fr

LA ROLAND VERSAEXPRESS RF-640 MULTIPLIE LES PERFORMANCES Lancée en juillet, la dernière version de la VersaEXPRESS a été conçue pour répondre aux nouvelles attentes du marché des enseignistes et peintres en lettres en termes de performances et d’accessibilité.La RF-640 est équipée d’une tête d’impression industrielle, des encres ECO-SOL MAX 2 certifiées Greenguard Gold et de nouveaux profils ICC qui procurent des couleurs riches et vives avec une économie d’encre jusqu’à 20 %, comparée aux modèles précédents. De plus, elle fait preuve d’une grande autonomie pour de longues productions sans interruption, puisqu’un nouveau système permet à l’imprimante de basculer automatiquement sur une deuxième cartouche lorsque la première est terminée.Facile d’utilisation, la RF-640 inaugure aussi l’application Roland Printer Assist qui permet de gérer les principales fonctions de l’imprimante à distance sur son iPad. www.rolanddg.fr

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NOUVEAUTÉS

DES IMPRESSIONS PLUS RÉSISTANTES AVEC LA GAMME HP LATEX 300Lancée en avril, la gamme HP Latex 300, intègre la 3ème génération des encres et têtes d’impression HP Latex. Principale amélioration : une résistance excep-tionnelle à l’abrasion, grâce au HP Optimizer qui agit comme un film protecteur. Ces machines permettent de produire des impressions ayant une résistance aux éraflures comparable aux encres à solvants durs sur banderoles PVC et vinyles.Polyvalentes, elles peuvent imprimer vinyle, papier, textile, PVC, etc. Le nouveau système de séchage permet d’accepter davantage de supports comme les films en polypropylène sensibles à la chaleur.Les modèles 310, 330 et 360 diffèrent notamment par leur laize et leur vitesse de production. La 360 est à la fois la plus grande et celle présentant le plus d’op-tions, comme un spectrophotomètre intégré pour un calibrage automatique des couleurs, ou encore son collecteur d'encre pour les tissus poreux. Ce modèle dispose aussi de l'enregistrement automatique avant-arrière pour l'impression des banderoles recto-verso.Comme tous les autres matériels grand format de la marque, la gamme HP Latex 300 est distribuée en France par Euromédia, ID Numérique, Dupli Data et Alliance Grand Format.

UNE INNOVATION DIGITALE AU SERVICE DE L’EXPÉRIENCE CLIENTActiv’Screen a conçu, en partenariat avec Essilor, la borne interactive AIRIO. Cette solution tactile permet d’accéder à un contenu interactif présentant l’en-semble des bénéfices produits grâce à des simulations. Elle permet également lors de la phase de conseil Client, d’informer le consommateur sur l’importance de gérer sa santé visuelle.Cette innovation technologique a été sélectionnée aux POPAI Awards 2014, remportant, le 19 juin 2014, le trophée de Bronze pour son contenu interactif.Forte de ce succès, AIRIO devrait, être déclinée sur d’autres secteurs que l’op-tique. « Nous avons conçu ce produit en pensant également aux points de vente d’autres secteurs d’activité tels que la cosmétique, le textile, l’automobile... Le contenu est totalement personnalisable » précise Nicolas Karakostopoulos, Directeur Général d’Activ’Screen.

EN BREFGRANDEZZA : UN REVÊTEMENT FIN À HAUTE PROTECTIONAlcoa a développé Grandezza, un nouveau revêtement idéal pour la décoration d'intérieur et les projets de rénovation. Ce produit de la gamme Reynobond / Reynolux offre brillance, rigidité et planéité parfaite dans une palette de couleurs tendance. Le revêtement Grandezza possède de nombreuses vertus : haute résis-tance à l’humidité, protection contre l’usure, la corrosion, la graisse et les impuretés.www.alcoa.com

RE-BOARD EN VERSION IMMACULÉE… Idéal pour les projets de mobilier en carton ou de PLV, le Re-Board All White est distribué depuis le mois de juin sur le marché français par Northern Design France. Alternative au kraft, il se distingue par sa blancheur exceptionnelle. Pour le reste, les caractéristiques de ce support 100 % recyclable sont les mêmes : résistance et qualité premium, en 10 et 16 mm d’épaisseur.www.northerndp.com

CHROMATIC : LE NUANCIER UNIQUE DE PPG Pour la toute première fois, les huit marques expertes de la peinture du Groupe PPG (Amer-coat, Fer & Sol, Peintures Gauthier, Gori, Guittet, Ripolin, Seigneurie et Sigma Coatings) lancent un seul et même nuancier commun : CHRO-MATIC. Avec ses 1 170 teintes en une seule liasse, il offre un nouveau référentiel couleurs aux professionnels du bâtiment (architectes, maîtres d’œuvre, entreprises et artisans peintres) et de la décoration.www.chromaticstore.com

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NOUVEAUTÉS

CONVERTIR SES COULEURS AVEC LE SITE INDUSTRIES CRÉATIVES !

En matière de couleurs, il existe plusieurs nuanciers de réfé-rence, différents selon les pays et selon les applications. Tous les professionnels de la colorimétrie vous le diront : pour étendre son activité à de nouveaux marchés comme la déco-ration, l’architecture, le design ou de nouvelles techniques comme l’affichage dynamique ou la réalité augmentée il faut en adopter les références.Voici la liste des principaux nuanciers : - RAL, d’origine allemande, est la standardisation dans le domaine des couleurs par la définition d’un nombre limité de gradations. Applications et marchés : l’industrie, le bâtiment (utilisé pour les couleurs de peinture), ainsi que l’automobile. - NCS est la norme de référence pour la Suède, la Norvège et l’Espagne. Applications et marchés : la décoration (utilisé notamment par les grossistes en peinture).- PANTONE : système américain qui regroupe une gamme complète de 747 couleurs qui sont normalisées, obtenues par combinaison entre 9 encres de base. Applications et marchés : l’impression, l’industrie textile et l’industrie plastique.- CMJN : juxtaposition de 4 couleurs de base (Cyan / Magenta / Jaune / Noir) également appelée quadrichromie. Toutes les couleurs ne peuvent pas être obtenues en quadrichromie. Applications et marchés : l’impression et plus particulièrement l’imprimerie.- RVB : couleurs écran (Rouge / Vert / Bleu). Applications et marchés : nuancier utilisé en éclairage, vidéo, imagerie… Cette correspondance peut s’avérer nécessaire pour une campagne cross-media: impression et digital media ou réalité augmentée.Retrouvez une table de correspondance dans le tutoriel en ligne du site Industries Créatives.www.industries-creatives.com

EN BREFAPPLIGRAPHIC DISTRIBUE LES IMPRIMANTES 3D STRATASYS IDEALe Groupe Appligraphic SA, intégrateur de solu-tions numériques pour l’industrie graphique, a signé cet été avec le leader mondial STRA-TASYS un accord pour la distribution de ses solutions d’impression 3D professionnelles IDEA. Avec ces équipements qui mettent en œuvre la technologie FDM (modélisation par dépôt de fil en fusion), les fabricants, designers et pres-tataires de service d’impression peuvent créer des modèles et des prototypes pour élaborer et tester de nouveaux produits, mais aussi fabri-quer des objets finis en petite série.Source : Review of Print, le portail de l’impression

NYALA 2 IMPRIME TOUJOURS PLUS GRAND !À l’occasion du salon Fespa Digital 2014, le fabricant d’imprimantes grand format SwissQprint a présenté la Nyala 2, remarquable par la taille de sa table d’impression qui mesure 3,2 par 2 mètres, soit 25 % de plus que la version précédente pour un encombrement global identique. Conçue pour des gros volumes (avec une vitesse d’impression de 206 m2/heure), elle est destinée aussi bien aux marchés de la publicité que de l’industrie.www.swissqprint.com/fr

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