Virus de Rage 10

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LE VIRUS DE LA RAGE Rhabdoviridae Famille: Rhabdoviridae, genre Lyssavirus, 7 génotypes différents. Taille: environ 60 nm de large x 120-180 nm de long. • Génome: ARN monocaténaire non segmenté, de polarité négative Multiplication cytoplasmique Capside: tubulaire à symétrie hélicoïdale Enveloppe: dérivée de la membrane cytoplasmique, hérissée de spicules formés par la glycoprotéine G. 1

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  • LE VIRUS DE LA RAGERhabdoviridaeFamille: Rhabdoviridae, genre Lyssavirus, 7 gnotypes diffrents.Taille: environ 60 nm de large x 120-180 nm de long.Gnome:ARN monocatnaire non segment, de polarit ngativeMultiplication cytoplasmiqueCapside: tubulaire symtrie hlicodaleEnveloppe: drive de la membrane cytoplasmique, hrisse de spicules forms par la glycoprotine G.

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  • Morphologie du virusLe virus rabique a la forme allonge avec une extrmit plate et lautre arrondie.En microscopie lectronique ( fig. B), le virus a laspect dun obus ou dune balle de revolver.Sa surface prsente des stries et des spicules (fig. 1, A). Le virus a 2 principaux composants structuraux: la nuclocapside et lenveloppe.

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  • *Fig 1. Virus Vu en microscopie lectronique

  • *Fig 1. Morphologie du virus

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  • Structure antignique du virusSon gnome comprend une rgion leader de 50 nuclotides lextrmit 3 et une rgion non-codante de 60 nuclotides lextrmit 5.LARN viral, monocatnaire, est associ une ARN polymrase ARN-dpendante (ou protine L). Il comprend 5 gnes et code chacun une protine structurale: N,NS, M, G et L (fig.2).

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  • La nucloprotine N, la phosphoprotine NS et la protine L sont associes lARN viral, formant la nuclocapside, symtrie hlicodale.La protine M et la glycoprotine G, en association avec des lipides de la cellule hte, constituent lenveloppe. La protine M est localise sur la face interne. La glycoprotine G se trouve dans la membrane lipidique, et forme des spicules; elle a des proprits hmagglutinantes. Elle est responsable de linduction des anticorps neutralisants.

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  • A temprature ambiante, dans les tissus infects ou dans le glycrol, le virus est inactiv par le soleil, les solvants des lipides, les savons, les ammoniums quaternaires.En cas de morsure, le lavage leau savonneuse, le rinage et la dsinfection, est ncessaire, pour tenter dliminer linoculum viral. Le genre Lyssavirus contient 4 srotypes principaux et 7 gnotypes diffrents (tab 1 et 2).

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  • *Tableau 2. Les cas de rage humaine en fonction des types de lyssavirus rapports ce jour et lefficacit du vaccin spcifique usage humain vis--vis des diffrents gnotypes

    VirusGnotypeCas humainEfficacit du vaccinRage170 000/an dont quelques dizaines attribuables aux chauves-sourisOuiLagos bat2Aucun ce jourNonMokola32 (Nigria, 1969, 1971)NonDuvenhage41 (Afrique du Sud, 1971)NonEBL-1 (a-b)52 (Russie, 1985)PartielleEBL-2 (a-b)61 (Finlande, 1985)OuiABL72 (Australie, 1997, 1998)Oui

  • MultiplicationLe virus de la rage est capable dinfecter tous les animaux sang chaud, et les mammifres terrestres ou volants (chauves-souris ou chiroptres).Le virus est inactiv par dessication pour prparer le vaccin.

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  • Le virus pntre dans la cellule par endocytose aprs interaction entre la glycoprotine G et des rcepteurs cellulaires.In vivo, le virus de la rage possde 3 rcepteurs de nature protique qui sont prsents la surface des neurones: le rcepteur nicotinique de lactylcholine (nAchR), le rcepteur basse affinit du nerve growth factor ou NGF (p75NTR ) et le rcepteur NCAM (neural cell adhesion molecule).

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  • Ensuite, la pntration du virus rabique lintrieur dune cellule dpend de la nature des rcepteurs et leur rpartition la surface de la cellule. Une fois fix, le virus pntre dans des vsicules endosomiques. Lenvironnement acide de lendosome entrane un changement de conformation de la protine G, qui acquiert des proprits fusogniques (fig.3).La fusion des membranes virales et cellulaires libre les nuclocapsides dans le cytoplasme. *

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  • La transcription primaire laide de la transcriptase L et de la phosphoprotine P permet la synthse des ARNm des 5 protines, suivie de leur traduction.Lorsque la quantit de protines est suffisante, la rplication du gnome dbute, lARN positif servant de matrice pour les ARN ngatif gnomiques.Les molcules dARN nosynthtises sont encapsides et la maturation des particules virales commence.Toutes ces tapes sont cytoplasmiques.

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  • Les corps de Negri observs dans les cellules infectes proviennent de laccumulation des nuclocapsides dans le cytoplasme et sont caractristiques de linfection rabique.Ce sont des inclusions arrondies et bien limites, en immunofluorescence ou immunoproxydase (fig.4).Les particules virales sont libres par bourgeonnement, la membrane cytoplasmique qui fusionnent ensuite avec la membrane cytoplasmique.*

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  • Pouvoir pathogne chez lhomme Le virus se multiplie localement au point dinoculation quand il pntre par effraction de la barrire cutanomuqueuse.Puis, il entre dans les neurones priphriques.Aprs passage trans-synaptique, le virus infecte les neurones connects aux neurones infects, qui continuent de fonctionner 2 3 jours, et ainsi il gagne le systme nerveux central, en particulier lhippocampe et le lobe temporal.Les lsions de lhypocampe entrane un comportement dagressivit, et pousse lanimal mordre ses congnres. *

  • Lincubation varie, selon le lieu de linoculation et limportance de linoculum, de 1 semaine (morsure dlabrante la face) plus de 6 mois, ou plusieurs annes. Le delai moyen dincubation est de 1-2 mois. Le dernier gnotype dcouvert (Australian Bat Lyssavirus) a donn une rage humaine aprs 27 mois dincubation. Les prodromes sont : insomnie, anxit, hyperesthsie gnralise.*

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  • Larophobie est un spasme facio-cervical extensif.Lencphalite proprement dite est plus tardive.A noter que 10% des cas de rage humaine sont purement paralytique, sans hydrophobie, sous forme de paralysies ascendantes voquante de faon trompeuse la poliomylite ou le syndrome de Guillain-Barr.Les mesures de ranimation ne font que retarder le mort.La vaccination (ou sro-vaccination) post-exposition est absolue , chez une personne mordue par un animal, de retour de voyage en zone dendmie rabique.*

  • Pouvoir pathogne chez lanimalLes manifestations de la rage diffrent selon les espces. Il existe 2 formes de rage, la rage furieuse et la rage paralytique. Chez le chien et le chat, la rage est le plus souvent spastique et furieuse.Latteinte larynge donne au chien un aboiement bitonal. Chez les bovins et les ovins, la rage est calme, paisible, marque par une salivation excessive et des troubles de la dglutition. Puis les paralysies sinstallent et la mort survient en 15 jours.

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  • Chez les animaux sauvages, le renard, le 1er signe est la perte de linstinct de conservation. Lanimal perd sa mfiance pour lhomme, pntre dans les agglomrations, les btiments, les moyens de transport, et mord les animaux ou hommes, qui lapprochent. Les animaux dcdent dans les 30 jours.Chez les chauves-souris, quelles soient hmatophages (vampires) ou insectivores, le diagnostic est difficile, du fait dun portage asymptomatique ou d une incubation trs longue.

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  • Il y a un changement de comportement: agression diurne, morsures, difficults voler, prostration, cris inhabituels. Le plus souvent, les chauves-souris dcouvertes enrages ont t trouves sur le sol, dans limpossibilit de voler.

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  • 36 Tableau 3. Estimation des cas annuels de rage mumaine dane le monde le aout 1997 ( daprs le Centre de Rfrence de Ilstitut Pasteur de Paris). *

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  • Diagnostic au laboratoireLe diagnostic de rage ne peut tre effectu que dans un Centre de Rfrence, cest--dire lInstitut Pasteur de Paris, .La manipulation du virus seffectue dans un laboratoire de haute scurit pour viter les contaminations du personnel par arosol. Les prlvements doivent tre envoys dans un double emballage en enceinte tanche rfrigre.

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  • Le diagnostic de rage est au nombre de 4: faire le diagnostic de lencphalite rabique, dterminer le statut immunitaire dun individu expos et dj vaccin, faire le diagnostic de rage chez lanimal contact pour poursuivre ou non la prophylaxie, identifier et typer les isolats de Lyssavirus pour un but pidmiologique et sanitaire.- Diagnostic positif: Les prlvements chez lhomme vivant comprennent la salive, le LCR, des biopsies cutanes. Aprs la mort, cest lenvoi du cortex crbral, de lhippocampe, du bulbe rachidien.

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  • Chez lanimal mort, cest la tte qui est prleve et expdie, ou lanimal entier sil est de petite taille.Les prlvements sont examins par au moins 3 techniques diffrentes, pour obtenir rapidement un diagnostic de certitude.LIF (immunofluorescence) sur les biopsies cutanes, de bulbe, de cortex, est la technique de rfrence , et montre la prsence des antignes rabiques sous forme dinclusions intracytoplasmique (corps de Negri).

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  • Lisolement de virus en culture de cellules de neuroblastome murin est un test trs sensible et rapide (rsultat en 24 heures). La dtection des antignes sur broyat de cerveau par technique ELISA est fonde sur la capture de la nuclocapside par des anticorps polyclonaux antinuclocapside.La recherche de lARN viral par RT-PCR est possible partir de la salive et du LCR des patients.*

  • - Diagnostic indirect: cest la recherche des anticorps chez les sujets en cours de traitement ou vaccins prventivement.La recherche a peu dintrt dans le diagnostic de rage, les anticorps napparaissent quen phase terminale.La technique de rfrence est la sroneutralisation en culture cellulaire (rduction des foyers fluorescents). Mais les tests ELISA titrant les anticorps humain anti-glycoprotine G sont plus pratiques.

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  • TraitementTraitement curatif:Le traitement non spcifique a pour but de rduire linoculum.Les Anciens ont cautris la plaie au fer rouge.Maintenant, on fait le lavage abondant leau savonneuse, le rinage, la dsinfection, le parage sans suture. Aussi, on y associe la prophylaxie antittanique et antibiothrapie.

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  • Le traitement spcifique est ralis dans les Centres de Traitement Antirabique et comprend la vaccination et la srothrapie antirabique. Le vaccin humain utilis est un vaccin inactiv prpar en culture de cellules Vero, soit aprs exposition, soit en prvention en dehors de toute exposition. Les immunoglobulines spcifiques sont dorigine humaine, ou quines purifies.*

  • La vaccination se fait sur lvaluation de la disponibilit de lanimal mordeur et de la localisation de la blessure (tab. 5).On utilise limmunoglobulines spcifiques si la plaie sige dans une zone exposant une incubation courte (face, mains, organes gnitaux) ou sil sagit dune morsure de catgories III de lOMS (Organisation Mondiale de la Sant).*

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  • Il existe 2 protocoles de vaccinations, lun en 5 injections (Jo, J3, J7,J14, J28), lautre en 4 injections ( 2 Jo en 2 points diffrents, puis J7 et J21). Les injections sont faites par voie intramusculaire profonde dans le deltode.La surveillance de lanimal mordeur par observation vtrinaire est essentielle et impose 3 visites: J1, J8 et J15.*

  • Vaccination prventive chez lhomme: cest le mme vaccin, en 3 injections par voie intramusculaire: Jo, J7 et J21 ou 28, rappel 1 an plus tard et tous les 5 ans.La vaccination prventive est rserve aux professions exposes: personnel des services vtrinaires, des abattoirs, personnel des laboratoires manipulant du matriel contamin, gardes-chasse, gardes forestiers, les mdecins exposs (ranimateurs, ), les agriculteurs..

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  • On travaille actuellement la prparation de vaccins valences multiples pour protger contre lensemble des Lyssavirus, associant des glycoprotines de plusieurs gnotypes et la nucloprotine N dantignicit plus large.

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  • Lutte contre la rage animaleOn fait la vaccination des chiens, chats et betail dans les zones endmiques. Aussi, on fait la vaccination orale du renard par des appts (croquettes au got du renard) contenant du vaccin vivant dans une ampoule de verre dont les clats inoculent le virus travers la muqueuse buccale (fig.10).Ces appts sont largus par hlicoptre au cours de campagnes de vaccination bi-annuelle, au printemps et lautomne.

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  • Actuellement, le risque potentiel demeure sous 3 formes:La rapparition de maladie la frontire et la concertation transfrontalire.Limportation danimaux en incubation partir des zones dendmie.Lapparition de cas sporadiques chez la chauve-souris.

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  • vaccins tus ou vaccins inactivs: les vaccins utilisant des germes tus sont trs nombreux. Pour tuer les microbes, on emploie l'ther, liode, le fluorure de sodium, l'acide phnique, la chaleur, le froid ou l'action combine de la chaleur et d'un antiseptique. Example: vaccin anticholrique, antipesteux de l'Institut Pasteur, antityphique de Durand et Giroud, les vaccins antipoliomylitiques de Salt ou de Lpine.

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  • vaccins vivants ou vaccins attnus: les germes vivants utiliss doivent tre attnus pour perdre leur virulence. On part du germe de la maladie elle-mme, et il faut faire une attnuation artificielle. Example: le cas du bacille du charbon, on le rend non virulent en le cultivant pendant 2 ou 3 semaines 42.5oC, cette temprature l' empche de produire des spores. Example: vaccin antirabique de Pasteur, antipoliomylitique de Sabin, antipesteux de Girand, antityphique de Blanc et Laigret.

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