VIOLENTES FEMMES

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VIOLENTES F E M M E S T E X T E C H R I S T O P H E H O N O R É MISE EN SCÈNE ROBERT CANTARELLA R & C www.robertcantarella.com

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Projet de Robert Cantarella et Christophe Honoré

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VIOLENTES F E M M E S

 T E X T E C H R I S T O P H E H O N O R É MISE EN SCÈNE ROBERT CANTARELLA          

R & C www.robertcantarella.com

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         CRÉATION SAISON 2014-2015 CONTACT : Vanessa Ceroni

T: +33 (0)6 16 77 75 47 [email protected]

MARINA FOÏS NICOLAS MAURY ( 5 rôles en cours de distribution)

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A propos de ma pièce… Violentes femmes est un texte évoquant la tragédie de la tuerie de l’école Polytechnique de Montréal et le dernier récit d’une apparition de la Vierge en France dans les années d’après guerre. Un texte qui tente de contenir deux phrases insanes: « J'ai décidé d'envoyer Ad Patres les féministes qui m'ont toujours gâché la vie » et "Dites aux petits enfants de prier pour la France, car elle en a grand besoin »… Malgré leur pouvoir saisissant, je ne me satisfais pas de ces deux phrases, et me suis lancé dans un travail de recherche autour de ces sujets. J’accorde un soin de plus en plus têtu à la nature de mes textes, je m’efforce de leur conférer un statut de document. Je n’entends pas avec ce mot de « document » prétendre à une valeur d’explication ou de preuve, mais disons, une valeur de description subjective. Violentes femmes, par exemple, vise à être un document organisant une représentation des idées qui persistent en moi face à l’événement Polytechnique et l’événement Apparition de la Vierge. J’ai besoin de temps pour cerner les idées persistantes. Pas tant dans une stratégie d’épuisement du sujet, que dans une volonté de disposer du plus d’éléments envisageables. Aujourd’hui, il m’est possible de partager avec vous qu’un choix restreint et allusif effectué dans ces éléments. Ecrivain, je ne peux oublier mon travail de cinéaste. Je ne peux oublier les efforts pour ne pas tant montrer des images qu’être capable de les faire dialoguer entres elles. Je n’oublie pas la vieille distinction godardienne « fiction » versus « documentaire » : La fiction c’est la certitude, le documentaire c’est la réalité avec son incertitude. Le cinéma consiste à éclairer l’un avec l’autre. Et je me dis qu’au théâtre, on doit pouvoir aussi réussir cette « machinerie ». Entretenir le dialogue. Le dialogue entre la fiction et le documentaire. Entretenir le dialogue entre les mots et les images, le texte et le plateau. Entre le groupe et l’intime. Le dialogue entre le ciel et la terre, les vivants et les morts. Le dialogue entre les femmes et les femmes. Parce que l’enfer doit plutôt ressembler à la passion destructrice d’un homme livré à lui même, un homme non-réconcilié, en manque de pardon, privé de l’idéale intercession, plutôt oui qu’à une assemblée d’êtres mal accordés.

Vous l’aurez compris, avec Violentes femmes, je me fixe un objectif : être capable d’écrire une pièce du contrechamp.

Christophe Honoré.

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Nous nous sommes dit que nous voulions continuer.

Nous avions commencé par faire connaissance il y a des années quand je dirigeais un théâtre. Il était venu me dire qu’il voulait faire du théâtre et du cinéma. J’aimais l’appétit, la déclaration de désir, de l’excès, là où souvent la modestie cache la volonté de puissance. Lui, Christophe Honoré voulait tout, simplement, gentiment, ardemment.

J’ai commencé par faire le vieux qui sait, qui conseille, qui dit que tout le monde veut faire du théâtre, du cinéma, des livres et des chansons. Je lui disais de commencer par le théâtre et qu’il vienne ici, là où je pouvais l’inviter. Je voyais son travail de théâtre. Nous parlions.

Je vais au cinéma voir ses films, il vient au théâtre. On se parle d’acteurs, de formes, d’écritures et d’images. Je lui annonce, des années après, que je veux faire du cinéma, il répond : oui, oui, il faut ne jamais céder sur ses désirs, il lit mon scénario. Il est de bon conseil, comme on dit. Il est dans la salle quand je mets en scène.

Puis plus tard, l’année dernière, à la proposition d’écrire pour des élèves, il répond d’accord. Il vient aux répétitions et écrit une pièce pour eux, pour nous. Toujours exact. Nous jouons un jeune se tue au festival d’Avignon, nous continuons à parler de signes, de direction d’acteur, de cinéma, de production. Nous voulons continuer.

Nous parlons d’un texte qu’il écrirait et que je mettrais en scène. Il me demande ce que je souhaite. L’auteur pour lui est un intermédiaire, une des étapes de l’acte de la représentation. Il pense comme un auteur scénariste. Il me demande si j’ai lu Les

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palmiers sauvages de Faulkner. Il aime l’idée de deux histoires parallèles qui peut-être ne se rencontreront jamais. Je pense à des rails.

Nous commençons comme cela, à partir de cette envie commune de deux champs qui s’influence par capillarité, sans démonstration. Nous pensons sans le dire que c’est une forme de tension irrésolue qui nous va bien. Que le plaisir sera d’avancer dans les histoires sans savoir où sera le centre de gravité et sans doute que celui-ci ne cessera pas de bouger. Il va y réfléchir. Et il y a réfléchi. Il me parle d’un fait divers, d’un côté et d’un récit, de l’autre. Un fait divers sur un tueur dans une école supérieure de filles au Canada, et d’une femme qui a vu la vierge à l’âge de quatre ans et a passé sa vie à témoigner de ce moment. D’une part un homme qui refuse aux femmes la possibilité d’accéder aux savoirs et pour cela va en tuer plusieurs dans une école, et d’autre part un témoignage sur une apparition. Nous nous servirons de textes féministes, de témoignages, de comptes rendus. Voilà, les deux histoires sont là.

On parle et on brode.

On fait des nœuds, des points. On est penché sur des tables dans des restaurants. Je lui dis que j’aimerais que les acteurs aient une part d’improvisation, qu’il faut penser à mettre du jeu dans le jeu. Je lui dis que son travail sur le nouveau roman est exemplaire d’une mise en scène dé-normée, que des « gens de théâtre » dont je suis n’auraient pas osé cet hétéroclite non démonstratif, qu’il faut venir d’ailleurs que du sérail de la scène pour agencer de tels embranchements. Cela me donne envie, me fait envie. Le titre arrive : Violentes Femmes.

- Est-ce que ça te va ? - -Oui, oui.

On ne cherche pas la relation entre les deux histoires, les deux panneaux de notre invention de scène. Elles se feront par réverbérations, connivences, échos.

Nous pensons que le texte arrivera par morceaux, par paquets, qu’il faut convaincre des acteurs et surtout les producteurs, qu’ils devront se décider sans texte a priori mais avec des éléments constituant le dossier de la recherche et c’est ce que nous faisons .

Robert Cantarella

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La faute venait de moi. De l'idée ridicule qu'un homme se fait d'une femme. Je voulais prendre et ne rien donner. Te prendre et ne rien te donner en échange. Mais tu auras tout. Je te donnerai tout tu verras. Je ferai un paradis pour toi Robert Bresson Une femme douce  

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Site des Carmélites.

Visage de la Femme que nous renvoie le visage très féminin de Thérèse

d’Avila. Thérèse a souffert de l’histoire de violence, de la logique du pouvoir

exercé à l’égard des femmes. En consentant à se laisser aimer par Dieu, elle

trouve en Lui son identité, sa vocation de Femme et peut déployer les facettes

si féminines de son génie.

Les chemins du savoir sont-ils fermés aux femmes ? Thérèse leur ouvre sans

restriction les chemins de la prière qui conduisent à la véritable Sagesse, ce

qui lui vaut d’être reconnue Docteur de l’Église.

On se plaît à souligner la faiblesse, la fragilité de la femme ! Thérèse la montre

capable du plus grand courage quand elle se sait aimée.

Est-elle privée de la liberté de parler et d’agir pour Dieu ? En « allant très

avant sur le chemin de Dieu », Thérèse se révèle totalement libre et capable

des plus grandes choses à son service.

Ce chemin, Thérèse continue à nous l’enseigner, en communiquant de

manière concrète, souple, vivante, en un mot féminine, la chaleur de son

expérience.

Carmélites, nous avons à témoigner de la mission de bénédiction pour la vie

dont la femme est porteuse.

Le Christ est le Seigneur de la maison.

Sa présence dans l’Eucharistie est la source de la communion entre nous.

Celle-ci se vit dans :

la prière communautaire,

les repas pris ensemble en écoutant une lecture,

les temps de joyeuse détente fraternelle,

de partage et de formation

où nous approfondissons l’appel du Seigneur, dans l’aujourd’hui de la communauté ou des personnes.

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Lettre de Marc Lépine

Excusez les fautes. J'avais 15 minutes pour l'écrire (Voir aussi Annexe)

Veillez noter que si je me suicide aujourd'hui 89/12/06 ce n'est pas pour des raisons économiques (car j'ai attendu d'avoir épuisé tout mes moyens financiers refusant même de l'emploi) mais bien pour des raisons politiques. Car j'ai décidé d'envoyer Ad Patres les féministes qui m'ont toujours gaché la vie. Depuis 7 ans que la vie ne m'apporte plus de joie et étant totalement blasé, j'ai décidé de mettre des bâtons dans les roues à ces viragos.

J'avais déjà essayés dans ma jeunesse de m'engager dans les Forces comme élève-officier, ce qui m'aurais permit de possiblement pénétrer dans l'arsenal et de procédé Lortie dans une rassia. Ils m'ont refusé because associàl. J'ai donc attendu jusqu'a ce jour pour mettre à exécution mes projets. Entre temps, j'ai continué mes études au grès du vent car elles ne m'ont jamais intéressée sachant mon destin à l'avance. Ce qui ne m'a pas empécher d'avoir de très bonnes notes malgré ma théorie de travaux non remis ainsi que la carence d'étude avant les examens.

Même si l'épitète Tireur Fou va m'être attribué dans les médias, je me considère comme un érudit rationnel que seul la venu de la Faucheuse on amméné à posé des gestes extrèmistes. Car pourquoi persévéré à exister si ce n'est que faire plaisir au gouvernement. Etant plûtot passéiste (Exception la science) de nature, les féministes ont toujours eux le dont de me faire rager. Elles veulent conserver les avantages des femmes (ex. assurances moins cher, congé de maternité prolongé précédé d'un retrait préventif, etc.) tout en s'accaparant de ceux des hommes.

Ainsi c'est une vérité de la palice que si les Jeux olympiques enlevaient la distinction Homme/Femme, il n'y aurait de Femmes que dans les compétitions gracieuses. Donc les féministes ne se battent pas pour enlever cette barrière. Elles sont tellement opportunistes qu'elles ne négligent pas de profiter des connaissances accumuler par les hommes au cours de l'histoire. Elles essai toutefois de travestir celles-ci toute les fois qu'elles le peuvent. Ainsi l'autre jour j'ai entendu qu'on honoraient les canadiens et canadiennes qui ont combattus au front pendant les guerres mondiales. Comment expliquer cela alors que les femmes n'étaient pas autorisés à aller au front???

Va-t-on entendre parler des légionnaires et galériennes de César qui naturellement occuperont 50% des effectifs de l'histoire malgré qu'elles n'a jamais exister. Un vrai Casus Belli.

Désoler pour cette trop compendieuse lettre.

Marc Lépine

Annexe

[Suit une liste de 19 noms]

Ont toutes Failli disparaitre aujourd'hui. Le manque de temps (car je m'y suis mis trop tard) à permis que ces féministes radicals survives.

Alea Jacta Est

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CLAIREMENT LE QUÉBEC EST MALADE. VOUS NE CONNAÎTRIEZ PAS UNE AMBULANCE ASSEZ GRANDE POUR AMENER TOUTE UNE PROVINCE À L'HÔPITAL?

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Marc Lépine dit aux femmes: VOUS N'AVEZ PLUS À ÊTRE DES MONSTRES. Il dit à ces milliers de femmes qui ont volé la maison de leur ex-, volé son argent, et sa voiture, il dit à celles qui ont porté de fausses accusations et lui ont enlevé ses enfants, lui ont volé son emploi et l'ont poussé au suicide: ARRÊTEZ D'ÊTRE DES MONSTRES, arrêtez de rêver de tuer des hommes et de planifier leur génocide, et peut-être qu'on va vous pardonner un jour et recommencer à vous aimer. C'est un message fort, UN MESSAGE D'AMOUR, digne d'un nouveau Christ.

La campagne du Ruban Rouge vise à ''démonstrer'' les femmes. À redonner leur dignité à d'anciennes ''féminazis'', et permettre à toutes celles qui ont commis des atrocités sans le savoir vraiment, ou qui ont été trompées en obéissant aux ordres de la machine de guerre féministe, de choisir la voie de la RÉDEMPTION. Porter fièrement le Ruban Rouge c'est montrer à la face du monde que VOUS N'AVEZ PLUS À ÊTRE DES MONSTRES, il y a un chemin vers le salut. Marc a redonné aux femmes leur dignité: il leur a dit ''soyez bonnes avec nous et les hommes vont immédiatement cesser de vous haïr, et même recommencer à vous aimer''. C'est le MESSAGE D'ESPOIR de Marc Lépine. Cessez de planifier des génocides et d'agir comme des monstres, et on va recommencer à vous aimer!

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EMISSION TALK-SHOW/POLYTECHNIQUE - TRANSCRIPTION -­‐ Présentateur : … Le 6 Décembre 1989, Marc Lépine est entré à l’école

Polytechnique de Montréal armé d’un pistolet semi-automatique. Il a tué 14 femmes, il en a blessé 13 autres, dont vous, Nathalie, vous aviez 23 ans à l’époque. Vous avez été atteinte de deux balles aux jambes et une autre vous a frôlé le visage à la hauteur de l’œil. Tout d’abord, comment allez-vous aujourd’hui, physiquement et émotivement ?

-­‐ Nathalie : Aussi bien que faire se peut… Physiquement, tout va bien, et émotivement, je vais très bien, c’est une étonnante journée aujourd’hui, mais je vais très bien.

-­‐ Présentateur : Et que faites-vous aujourd’hui, dans la vie ? -­‐ Nathalie : Je travaille pour le gouvernement du Québec, je suis directrice

d’une équipe qui fait de la planification stratégique, de la reddition de comptes et du développement organisationnel.

-­‐ Présentateur : Une femme de carrière -­‐ Nathalie : Oui -­‐ Présentateur : Francine, vous êtes journaliste, documentaliste et

féministe, vous faites partie des 19 femmes qui étaient inscrites sur la liste de Marc Lépine. Dans sa lettre, il a écrit à la suite de vos noms : « ont toutes failli disparaître aujourd’hui. Le manque de temps, car je m’y suis pris trop tard, a permis que ces féministes radicales survivent. » Comment avez-vous réagi à cette lettre là ?

-­‐ Francine : Moi, mon monde, deux jours avant d’apprendre ça, avait éclaté, en apprenant le meurtre des quatorze femmes…

-­‐ Présentateur : La tragédie… -­‐ Francine : Je flottais sur un nuage… Depuis le début des années 70, moi

j’étais certaine qu’on changeait le monde, et que le monde était avec nous. J’ai (sic) tombé de haut, comme on dit. On a beaucoup parlé de la crise d’octobre comme étant le moment de perte d’innocence du Québec. Pour moi, la perte d’innocence, ça a été le 6 Décembre. Parce que c’est la chose qu’on n’avait pas prévue, c’est-à-dire que c’était pas censé se passer, cette affaire-là. La crise d’octobre, ça fait partie de la mythologie québécoise, la résistance face à l’envahisseur, la domination anglophone… C’était prévisible, en fait, la crise d’octobre. Marc Lépine, ce n’était pas prévisible. Et le fait qu’il ait séparé, comme ça, si méticuleusement, si cruellement, les femmes des hommes, et les a abattues, avec cette précision, dont Nathalie pourra parler, je pense que ça a a glacé tout le monde pour longtemps. Donc pour moi, ça demeure une blessure qui ne disparaîtra pas. Et il semblerait que ça a pris vingt ans pour qu’on commence vraiment à en parler. Et je suis contente de ça.

-­‐ Présentateur : Nathalie, deux jours après le drame, depuis votre lit d’hôpital, vous donniez une conférence de presse. Manon !

-­‐ Nathalie (off) : Je veux que toutes les filles qui se sont déjà dit qu’elles [inaudible] qu’elles n’arrêtent pas pour ce qui est arrivé mercredi. S’il vous plaît. Il faut qu’on se tienne les coudes serrés, les femmes, parce que c’est incompréhensible, mais il faut pas se laisser abattre par un malheur.

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-­‐ Présentateur : Nathalie, quand on a entendu parler au Québec de Marc Lépine, il était déjà mort, il venait de se suicider, vous avez été une des dernières à le voir. Quelle impression vous a fait cet homme-là ?

-­‐ Nathalie : Au moment où moi je lui ai parlé, c’est un homme qui était dans sa bulle, c’est un homme qui avait décidé de ce qu’il allait faire, c’était probablement un homme brisé aussi, mais ça, je ne pouvais pas le savoir. Donc il marchait, dans ses derniers pas, un programme qu’il s’était fait depuis plusieurs, plusieurs semaines, qu’il avait imaginé dans son esprit, donc quand il a enclenché le mouvement, il l’a enclenché dans notre classe, et il a continué.

-­‐ Invité 1 : C’est quasiment comme débouler d’une montagne, c’est-à-dire c’est parti, c’est parti, et… Dans une bulle…

-­‐ Invité 2 : Y’a plus rien à faire, hein. -­‐ Nathalie : Non, je ne crois pas qu’il y avait quoi que ce soit à faire, le

projet était clair. -­‐ Présentateur : Francine, vous avez été journaliste à la prestigieuse

émission d’enquête The fifth estate à CBC, et dans le cadre de cette émission, vous avez écrit et réalisé Legacy of pain, un documentaire sur la tuerie de polytechnique, pour lequel vous avez reçu plusieurs prix. Et dans ce documentaire, vous cherchez à comprendre qui était Marc Lépine. Pourquoi vouliez-vous le connaître ?

-­‐ Francine : J’ai toujours trouvé que c’était une erreur de penser que Marc Lépine n’était pas important. On a essayé, dans les jours, mois, qui ont suivi la tragédie, de dire « bon, c’est un fou, c’est un Arabe… » En fait, on voulait tellement pas…

-­‐ P : … Lui faire de publicité -­‐ F : Lui faire de publicité, et reconnaître qu’il faisait partie de nous. Et je

trouvais que c’était une erreur, que son nom était bel et bien Marc Lépine, il avait été élevé en bon Québécois comme tous les Québécois de sa génération. Je voulais comprendre ce qui s’était passé dans sa tête avant de tuer 14 femmes un peu en mon nom. Et j’ai appris que c’était en fait un meurtrier de masse typique, c’est-à-dire que ce sont des êtres suicidaires, qui ont tout à fait l’intention de se suicider. Il n’est pas question ici de tirer en série, et puis de se sauver, là. Ils veulent quitter ce monde, mais ils vont faire un spectacle pour qu’on se souvienne d’eux…

-­‐ P : Pour passer à l’histoire… -­‐ F : Pour passer à l’histoire. -­‐ Invité 1 : Il n’y a pas un côté qui vous fâche là-dedans, cela dit ? C’est-à-

dire qu’on en parle, on n’a pas le choix, il faut comprendre… Pour toutes les raisons… Il n’y a pas un petit côté de vous qui dit « ça me tue, parce que – excusez-moi, c’est un mauvais jeu de mots – ça m’enrage, mais je suis encore en train de lui donner ce qu’il voulait, c’est-à-dire de l’expo[sition] » ?

-­‐ F : Oui, c’est certain parce que… Vous savez, moi, je me suis battue pour obtenir la lettre de suicide de Marc Lépine. Parce que je trouvais que c’était absolument essentiel de savoir ce que cet homme-là avait pris la peine d’écrire – c’est pas tout le monde qui le fait – pour dire pourquoi il faisait ça. Et les policiers ne voulaient pas la publiciser, et je trouvais que

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nous avions ici un drame national, comme on n’en avait jamais eu de notre histoire, et on avait le droit de savoir.

-­‐ N : Mais en même temps, on peut aussi se servir des événements du 6 Décembre pour ne pas que parler de Marc Lépine, pour aussi parler de tout le reste. Vous avez dit C’est fâchant, quand on en reparle, il a gagné, or au contraire je pense que dans bien des cas, la vie a aussi repris le dessus à plusieurs égards. Je partage l’avis de Francine : on n’est pas à l’abri de ça aujourd’hui, au Québec, il y a encore des hommes qui pensent que les femmes prennent leur place quand elles occupent des situations de pouvoir, des situations d’autorité. Il y a encore des couples pour qui c’est difficile, l’égalité entre eux. Toutefois, on a avancé. Quand on regarde il y a vingt ans – moi, je suis capable d’élever mes quatre enfants, de travailler en même temps. Il y a des accommodements dans notre société… Moi je ne sais pas si vous avez des enfants, mais je regarde les gars de mon âge – et encore, les gars plus jeunes... – c’est des gars qui sont impliqués dans la famille, donc on avance…

-­‐ P : Oui, c’est vrai… -­‐ Invité 2 : On a appris, nos mères nous le font remarquer, d’ailleurs,

combien ça a changé depuis leur époque… -­‐ Invité 1 : Moi aussi, ma mère aussi, elle me le dit… -­‐ N : Et donc la mémoire de Marc Lépine, la mémoire des événements de

Polytechnique, elle sert à ça, elle sert à s’assurer que ça reste vivant à nous et que ça nous pousse en avant. Et qu’on n’arrête pas.

-­‐ P : Nathalie, avant d’ouvrir le feu, Marc Lépine vous a traitée de féministe, vous avez répliqué que vous n’en étiez pas. Pourquoi avez-vous confronté ?

-­‐ N : C’était pas une confrontation, à l’époque… D’autant plus que je pense que j’ai réagi par instinct de survie beaucoup plus que pour le confronter. Mais je ne me sentais pas féministe à ce moment là, parce que, pour moi, les portes étaient grandes ouvertes dans ma vie. Et donc, …

-­‐ P : … Grâce aux féministes… -­‐ N : Oui, et puis pour en avoir parlé toutes les deux… Moi j’en étais déjà

assez consciente, mais à mes yeux, le mot féministe portait le mot militant, le mot engagé, le mot débat, sur la place publique. Or je n’avais fait que ma vie de jeune fille étudiante, engagée dans le milieu étudiant, mais je n’avais pas porté de cause, je ne m’étais pas engagée dans la cause des femmes d’une manière quelconque. J’ai réalisé par la suite que de ne pas reconnaître que mon quotidien – mes choix, mes gestes – peuvent me faire porter l’appellation féministe, je peux l’assumer aujourd’hui… Je ne le réalisais pas – et ce n’était pas un manque de reconnaissance à l’égard du féminisme, je pense au contraire que c’était de dire…

-­‐ P : C’était un acquis -­‐ Invité 1 : C’était un acquis, oui, c’est vrai. -­‐ N : C’était un acquis, fragile. Mais pour moi, c’était un acquis. -­‐ Invité 3 : Est-ce qu’on peut en vouloir aux hommes aussi ? -­‐ N : Je suis fascinée par le nombre de fois où on me demande si je suis

encore en colère après Marc Lépine. Mais je suis très peu en colère. Je ne suis pas heureuse que les événements de Polytechnique me soient arrivés, et soient arrivés en général – ce n’est pas une bonne histoire, ce

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n’est pas une bonne nouvelle, ce n’est pas quelque chose qu’on souhaite – mais quelque part, peut-être que des fois, des coups de semonce, c’est nécessaire pour qu’on aille en avant. Malheureusement…

-­‐ Invité 1 : Ca fait mal… -­‐ N : Ca fait mal, ça a été une catastrophe pour des familles, des amis, des

étudiants, mais je pense qu’il faut dépasser la colère, il faut bâtir à partir de ces événements-là, puis ça dit vers où on va, qu’est-ce qui s’est passé. Mon plus grand constat, c’est que c’est fragile, et qu’on a tendance à oublier la fragilité de notre monde, partout. La guerre en Irak, les femmes irakiennes, il y a vingt ou trente ans, avaient une qualité de vie – peut-être pas comme on a aujourd’hui, mais il y avait des femmes qui étudiaient à l’université, qui avaient des carrières, qui avaient des professions. Elles n’ont plus rien. Il y a eu ça aussi en Afghanistan : les filles ne vont plus à l’école. Tout ça, c’est fragile, et ça tient par notre engagement.

-­‐ P : Une régression, oui… Donc c’est important de marquer chaque année le 6 Décembre

-­‐ N : Tout à fait… -­‐ P : Même si ça fait mal. Francine, vous êtes l’une des fondatrices du

magazine féministe québécois La vie en rose. Vous dites qu’on a pleuré les quatorze victimes de Polytechnique, mais qu’on n’a jamais pleuré le féminisme. Est-ce que la tuerie de Polytechnique a fait taire les femmes québécoises, on a l’impression que, après 89, le mouvement féministe s’est soudainement tu, est-ce que j’ai mauvais impression ?

-­‐ F : Euh… Ben c’est-à-dire que moi je trouve qu’on a fait très vite l’équation entre Polytechnique et les violences faites aux femmes. Et moi, ça m’a toujours énervée. Parce que ce n’est pas la même chose…

-­‐ P : La violence faite aux femmes au pouvoir… -­‐ F : Oui. Marc Lépine s’attaquait à des conquérantes, pas à des victimes. Il

s’attaquait au progrès. Le signe le plus visible de l’évolution de cette société au vingtième siècle, c’est la place que les femmes prenaient tout d’un coup là où elles n’avaient jamais été auparavant. C’est à ça qu’il s’attaquait. Et de ne pas reconnaître ça, et d’oublier ça, c’est rendre les féministes victimes aussi. Marc Lépine a donné la permission à l’antiféminisme d’avoir pignon sur rue. Avant, c’était complètement souterrain, on n’entendait pas.

-­‐ P : Mais en fait Marc Lépine a fait ce que plusieurs hommes font sans aller jusqu’au bout, c’est blâmer les femmes de leur échec à eux.

-­‐ F : Absolument. -­‐ P : L’échec de leurs résultats scolaires, professionnels… C’est les femmes

qui nous ont volé nos emplois, c’est les femmes qui… Et ça, c’est vraiment perturbant…

-­‐ F : Exactement. Et je me souviendrai toujours, le jour des funérailles des victimes, j’ai eu un appel chez moi de quelqu’un qui m’a dit : « Si vous voulez interviewer Marc Lépine après sa mort, interviewez-moi »… Alors… Ca ne se refusait pas. J’étais allée le rencontrer dans un endroit, public bien sûr, et c’est un homme qui m’a parlé pendant trois heures de comment sa blonde, sa dernière blonde, féministe, avait ruiné sa vie. Qu’elle avait voulu tout contrôler, qu’elle ne voulait rien partager, qu’elle

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voulait un compte en banque, … En fait, ça avait l’air presque banal, mais ce qu’il disait, c’est qu’il se sentait amoindri à côté de cette femme.

-­‐ P : Polytechnique, le premier film inspiré de ce drame, est sorti en février dernier. Karine Vanasse, qui a coproduit le film, y tient également la vedette. Quand j’ai vu le film, et quand on m’a demandé Est-ce que tu as aimé le film ?, je disais « C’est pas ça la question. Il faut voir le film. Le film est très bon, mais c’est un devoir de citoyen d’aller voir ce film-là et d’en faire mémoire.» On va regarder un extrait. Manon ! …

[EXTRAIT Bande-annonce Marc Lépine : Savez-vous pourquoi vous êtes là ? Femme : Non Marc Lépine : Vous allez être des ingénieurs. C’est une gang de

féministes. Je hais les féministes. FIN EXTRAIT]

- P : Nathalie, vous dites que le film est tellement réaliste que c’est comme si Denis Villeneuve, le réalisateur, avait mis une caméra dans votre tête…

-­‐ N : Oooh, il y a quelqu’un qui vous a bien informé… (rires) -­‐ P : Comment vous avez réagi quand vous avez vu le film ? -­‐ N : Comme victime, moi j’ai accepté d’aller le rencontrer pour qu’il

puisse préparer le film, parce que je considère que les artistes et les journalistes, qui réfléchissent, ont un rôle important à jouer pour qu’on continue de réfléchir et de faire avancer toutes les questions qui entourent tout ça… Pour moi, c’est un film rempli de respect, fait avec beaucoup de retenue, dans la mesure où on peut filmer une hécatombe avec retenue.

-­‐ P : Et la ressemblance entre Karine Vannasse et vous, elle est forte… (Approbation bruyante et vague des invités) -­‐ N : Ca fait longtemps qu’elle me le dit… Je ne sais pas, ça doit être ma

petite sœur dans une autre vie… Je n’ai aucune idée… C’est assez fascinant, cette ressemblance.

-­‐ Invité 3 : Moi, j’allais écouter [inaudible], je ne voulais pas le voir, c’est un film qu’on ne veut pas voir, c’est un film qu’on…

-­‐ Invité 1 : J’ai peur aussi… Je vous avoue, je ne l’ai pas vu… -­‐ Invité 3 : Il ne faut pas de pop corn, pour écouter… -­‐ Invité 1 : Je me demande s’il n’y a pas un malaise, chez les hommes.. -­‐ P : (off) Une culpabilité ? -­‐ Invité 1 : C’est-à-dire que… C’est un gars qui fait ça… je me demande s’il

n’y a pas un malaise des fois, on en discute depuis tantôt, et… Je suis à un âge où j’ai eu connaissance de… Mais quand même, à 18 ans, les chums, la vie, j’ai déjà vu, comme tout le monde, mais je n’avais pas la

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conscience d’aujourd’hui… Je me demande s’il n’y a pas de la gêne… Qui vient des hommes … Ce n’est pas bien placé, non plus, hein… De la honte, de la gêne, de dire « Caroline ! C’est quoi c’te maudite bébête là ? »…

-­‐ N : Mais le jour où il y aura autant d’hommes que de femmes qui s’affichent comme féministes, on aura réglé cette question. La notion de féminisme, c’est souhaiter qu’il y ait l’égalité entre les hommes et les femmes. Si on veut voir un indice et qu’il y en a un, c’est ça l’esprit de ce terme-là. Or aujourd’hui, le féminisme est un terme accordé aux femmes, comme si les femmes avaient souhaité la séparation ou la guerre entre les hommes et les femmes.

-­‐ Invité 1 : Ce qui n’est pas le cas… -­‐ N : Or, c’est pas ça, le concept, c’est pas ça, l’idée, c’est pas ça le but ! Le

but, c’est qu’ensemble, on cherche à vivre mieux, ensemble, et à se donner des droits. Pour faire ensemble un monde, pour le bâtir. Donc…

-­‐ P : Pas pour le détruire… -­‐ N : Ben non ! Et puis pas pour s’autodétruire entre nous ! -­‐ F : Je suis comme… Avec Nathalie ! Tout ce qu’on veut, c’est faire un

monde où tout le monde serait mieux ensemble ! On ne veut pas de séparation ! On ne veut pas le pouvoir, particulièrement !

-­‐ N : De toute façon, c’est bien trop le fun d’être avec des hommes, on ne veut pas séparer ! (Rires)

-­‐ F : Absolument ! -­‐ Invité 3 : Parce que vous pensez que l’avenir est rose, parce qu’on voit

les inscriptions à l’université, il y a beaucoup, beaucoup plus de femmes que d’hommes, les garçons décrochent beaucoup, 35% de décrochages…

-­‐ P : C’est les femmes qui réussissent à l’école… -­‐ Invité 3 : C’est les femmes qui réussissent à l’école… -­‐ N : Il y a eu un reportage il y a quelques années dans les actualités qui

disait que, malgré le fait qu’il y a de plus en plus de femmes dans les universités, il reste que, dans les jobs où il y a du pouvoir, où il y a des décisions, des entrepreneurs qui ont moins d’années de scolarité, bordel, et puis ils sont plus entrepreneurs. On a encore bien des affaires comme femmes à apprendre des hommes. Il y a du culot dans les gars, … Et on compare… Et oui, il y a plus de femmes dans les universités, c’est vrai que ça risque de faire un batelage, on ne peut pas le nier, mais en même temps, les gars, dans la société, ils réussissent aussi à faire la place ! Et moi j’ai deux garçons, je suis très attentive à ce qu’il y ait des milieux qui soient favorables à leur apprentissage, où on les laisse avec des garçons…

-­‐ Invité 1 : Avec des gars… -­‐ N : … A se bousculer, puis jouer au [inaudible] , et puis tout ce qu’on dira,

mais… Il reste qu’il faut accepter que ces réalités-là existent et que le succès social ne passe pas tout par la réussite à l’université, ce n’est pas vrai !

-­‐ F : Mais… Pour répondre à ta question, moi je pense, non, que l’avenir n’est pas rose ! C’est-à-dire que… Oui, il y a plus de femmes… On fait grand cas qu’il y ait plus de femmes dans les universités et qu’elles réussissent mieux. Mais tu vas voir, comme dit Nathalie, dix ans après, qui mène l’entreprise, qui est le boss, c’est pas les femmes !

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-­‐ Invité 3 : Oui, mais dans dix, quinze ans… -­‐ F : Dans dix, quinze ans, il faut aller voir, mais de façon générale, les

boy’s clubs, où qu’ils soient, à la télévision, à [inaudible], au Parlement, se sont refaits. Et que, même si on a plus de femmes dans l’entreprise, la culture d’entreprise demeure masculine. Et ça, c’est en partie la faute des femmes, mais c’est aussi la faute des hommes. C’est-à-dire qu’on n’essaye pas assez maintenant de vouloir changer les choses profondément.

-­‐ Invité 3 : Il y a des natures humaines, aussi, là-dedans… -­‐ F : Oui, il y a des natures humaines… -­‐ N : En parlant de nature humaine, essayez de marier une carrière…

Avoir du pouvoir… Les rythmes de vie sont absolument infernaux ! J’ai des consœurs de classe, moi, qui ont reculé, qui travaillent plus à temps partiel, ou qui ont mis leur carrière de côté pour pouvoir élever leur enfant, et c’est des choix tout à fait louables ! Mais c’est difficile d’essayer de marier tout ça de front, et de ne pas se sentir coupables, de ne pas se sentir jugées. Et dans ça, on a encore besoin de nos chums, de nos frères, de nos pères, pour nous tendre la main… C’est nécessaire… Oh excusez, je suis un peu preacher…

-­‐ P : Danny, tu n’as pas de carte ? -­‐ Invité 3 : Non, je n’ai pas trouvé les mots, mais par contre… Est-ce que

ça se fait encore, d’offrir des fleurs à des filles ? -­‐ F : Absolument… On en a envie ! -­‐ Invité 3 : Alors au nom de l’équipe de Tout le monde en parle, on voulait

vous offrir… Voilà…

(Le présentateur et le chroniqueur se lèvent et offrent des fleurs à Francine et Nathalie)

-­‐ P : Merci beaucoup…

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CHRISTOPHE HONORÉ

Né en Bretagne, en 1970, Christophe Honoré a commencé par écrire des romans pour la jeunesse, à L’Ecole des Loisirs (Tout contre Léo, Les Nuits où personne ne dort, Je joue très bien tout seul, L’Affaire P’tit Marcel, Viens, J’élève ma poupée…) et obtient le Prix Baobab du Salon du Livre de Montreuil en 2011 pour La règle d’or du cache-cache, publié aux éditions Actes Sud Junior, en collaboration avec l’illustratrice Gwen Le Gac. Il écrit également des romans et des pièces de théâtre aux Editions de l’Olivier, dont L’Infamille (1997), La Douceur (1999), Scarborough (2002) et Le livre pour enfants (2005). Il a collaboré à l’écriture de plusieurs scénarios, pour Jean-Pierre Limosin (Novo, 2003), Gaël Morel (Le Clan, 2004, Après lui, 2007), Diastème (Le Bruit des Gens autour, 2008), Mickaël Buch (Let my people go !, 2011). Il passe à la réalisation en 2002, avec Dix-sept fois Cécile Cassard, mettant en scène Béatrice Dalle, puis Ma mère (2004), avec Isabelle Huppert et Louis Garrel, qu’il retrouve dans son film suivant, Dans Paris (2006), aux côtés de Romain Duris, puis dans Les chansons d’amour (2007), en compétition au Festival de Cannes. Il adapte La Princesse de Clèves pour La belle personne (2008), suivra Non ma fille, tu n’iras pas danser (2009). En 2010, il réalise Homme au bain, en compétition au Festival de Locarno, avant de tourner Les Bien-Aimés (2011), hors compétition au Festival de Cannes. Au théâtre, il a mis en scène quatre de ses textes : Les débutantes (1998), Beautiful guys (2004), Dionysos Impuissant (2005) et Nouveau Roman (2012), a adapté Angelo, Tyran de Padoue, de Victor Hugo, au Festival d’Avignon, en 2009. Ses deux dernières pièces, La Faculté et Un Jeune se tue sont mises en scène par Eric Vigner et Robert Cantarella pour le Festival d’Avignon, en 2012 et publiées aux éditions Actes Sud.

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ROBERT CANTARELLA

Né en 1957 à Marseille. Formation aux Beaux-Arts de Marseille. Élève d'Antoine Vitez à l'Ecole du Théâtre National de Chaillot.

Il fonde en 1983, le Théâtre du Quai de la Gare, puis crée, en 1985, la Compagnie des Ours avec la volonté de faire découvrir ou redécouvrir les auteurs du XXe siècle. En 1987, c’est la création d'Inventaires de Philippe Minyana. La pièce connaît un succès immédiat - tournée dans plus de 50 villes en France et à l'étranger - et marque le début d'une amitié et d'un compagnonnage avec l’auteur, dont Robert Cantarella monte successivement Les Petits Aquariums (1989), Les Guerriers (1991), Drames Brefs 1 (1 996), Anne-Laure et les fantômes (1999), puis Pièces (2001), ça va (2005). Ensemble, ils cosignent la mise en scène du Sang chaud de la terre de Christophe Huysman.

Depuis 1989, Robert Cantarella a mis en scène de nombreuses pièces tant classiques que contemporaines notamment Le Voyage d'Henry Bernstein, Divertissements touristiques de Noëlle Renaude, Sourire des mondes souterrains de Lars Nören, Le Siège de Numance de Cervantès au Festival d'Avignon, J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce, Sa Maison d'été de Jane Bowles, Oncle Vania de Tchekhov, Hamlet, de William Shakespeare, Le Chemin de Damas, de August Strindberg et Hyppolite de Robert Garnier pour le Festival d’Avignon 2007.

Depuis 1993, Robert Cantarella exerce également une activité régulière de formation tant en France qu’à l’étranger notamment à Berlin, Cannes, Avignon, Rabat, Lausanne ainsi qu’à la Fémis à Paris.

En 1997, Robert Cantarella est co-auteur du manifeste Pour une formation à la mise en scène, éditions Entre/Vues. En 1999, il crée « l'Association Théâtres Écritures » ayant pour objet la réalisation et la publication d'une revue intitulée Frictions, pour favoriser la réflexion et la recherche dans le domaine du spectacle. Par ailleurs, il collabore régulièrement à des revues littéraires, théoriques ou poétiques comme Vertigo, Lignes, Fusée, Communication, Frictions, If.

Robert Cantarella est nommé directeur du Centre Dramatique National de Dijon en juillet 2000.

Il publie en 2004 sa première œuvre de fiction : Le Chalet aux éditions Lignes dirigées par Michel Surya et réalise en 2005 son premier documentaire Carrosserie.

De décembre 2005 à mars 2010, il a été co-directeur du CENTQUATRE à Paris, lieu de résidence d’artistes qu’ils ont sorti de terre pendant 4 ans avec Frédéric Fisbach.

Aujourd’hui, il continue de commander des nouveaux textes, à Christophe Honoré, Philippe Minyana et Noëlle Renaude et est lui-même l’auteur de performance comme Faire le Gilles sur les cours de Gilles Deleuze.

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MARINA FOÏS

Marina Foïs se partage depuis le début de sa carrière entre le théâtre et le cinéma. Après avoir suivi les classes d’Isabelle Nanty, elle rejoint la troupe The Royal Imperial Green Rabbit Company, troupe qui deviendra par la suite Les Robins des Bois, comédie diffusée sur Canal + à partir de 1997. Au théâtre elle a travaillé notamment avec Jean-Marc Bisset, Fanny Mentre, Olivier Médicus, Jean-Christophe Berjon, Isabelle Nanty, Jean-Luc Revol, Pierre-François Martin-Laval…

Repères biographiques (depuis 2005) Théâtre 2010 Maison de poupée d'Henrik Ibsen, m.s. Jean-Louis Martinelli 2009/08 La Estupidez / la connerie de Rafael Spregelburd, m.s. Martial di Fonzo Bo 2006/05 La Tour de la défense de Copi, m.s. Martial di Fonzo Bo Viol de Botho Strauss, m.s. Luc Bondy Les poulets n’ont pas de chaises de Copi, m.s. Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier Cinéma 2012 Boule et Bill d’Alexandre Charlot 2011 Polisse de Maïwenn Le Besco 2010 L’Immortel de Richard Berry, Happy few de Anthony Cordier (sélectionné au Festival de Venise en compétition officielle), L’homme qui voulait vivre sa vie d’Eric Lartigau, Les yeux de sa mère de Thierry Klifa 2009 Le code a changé de Danièle Thompson, Non ma fille, tu n’iras pas danser de Christophe Honoré, Le bal des actrices de Maïwenn Le Besco 2008 La personne aux deux personnes de Nicolas et Bruno, Un cœur simple de Marion Laine 2007 Le plaisir de chanter de Ilan Duran Cohen, Darling de Christine Carrière, César 2008 – Nomination Meilleure Actrice 2006 Les hommes se souviendront… de Valérie Müller, Essaye-moi de Pierre-François Martin-Laval, Un ticket pour l’espace d’Eric Lartigau

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NICOLAS MAURY

Il se forme au Conservatoire de Paris (CNSAD) dont il sort diplômé en 2004. Il y met en scène des textes de Catherine Breillat, Marguerite Duras et Ingmar Bergman. Son parcours d'acteur scénique le mène chez Robert Cantarella, Frédéric Fisbach, Florence Giorgetti, Guillaume Vincent et Noëlle Renaude. Le cinéma le lance chez les auteurs : Philippe Garrel (LES AMANTS RÉGULIERS, 2005), Emmanuelle Bercot (BACKSTAGE, 2005), Olivier Assayas (QUARTIER DES ENFANTS ROUGES/PARIS JE T'AIME, 2006), Noémie Lvovsky (FAUT QUE ÇA DANSE !, 2007), Nicolas Klotz (LA QUESTION HUMAINE, 2007). Antonio Hébrard (SÉDITION POPULAIRE, LE JOUR OU JAMAIS (2005) et Vincent Mariette (LE MEILLEUR AMI DE L'HOMME, 2010) le filment dans leurs courts métrages. Sa présence décalée marque ses seconds rôles dans les premiers films LES BEAUX GOSSES (Riad Sattouf, 2009), BELLE ÉPINE (Rebecca Zlotowski, 2010) et MY LITTLE PRINCESS (Eva Ionesco, 2011). Après les courts métrages ACCORDEZ-MOI (2008) et COMMENT J'AI ACCEPTÉ MA PLACE PARMI LES MORTELS (2009), Mikael Buch le révèle en héros facteur juif homo burlesque dans LET MY PEOPLE GO ! (2011) face à Amira Casar et Carmen Maura.

5 rôles en cours de distribution …

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