Village de Joie 212

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ombien d’enfants sont aujourd’hui victimes de maltraitances ? Selon les derniers chiffres connus de l’Observatoire départe- mental de l’action sociale (Odas), 98 000 enfants ont fait l’objet d’un signalement en 2006, 19 000 d’entre eux pour maltraitance, les 79 000 autres étant considérés comme des enfants « en risque » (1) . Les carences éducatives des parents sont à l’origine de 53 % de ces signalements. « Globalement, le nombre de signalements a progressé de 18 % entre 1998 et 2006, soit plus fortement que le nombre de mineurs en France (+ 5 %), souligne Sandrine Dottori, chargée d’études sur la protection de l’enfance à l’Odas. Nous l’expliquons par la dégradation des situations socio-économiques des familles, la multiplication des sources de dangers intrafamiliaux et environnementaux, mais aussi par une sensibilité accrue des professionnels et du grand public qui alertent davantage les services sociaux et une amélioration constante du dispositif de repérage des enfants en danger. » Au total, l’Observatoire Maltraitances à enfant : de graves conséquences sur la santé C lire p 2, 3 » Négligences éducatives ou affectives, violences physiques ou psychologiques, abus sexuels, les maltraitances à enfant sont de natures et d’origines variées. Leurs conséquences sur la santé physique et psychologique, extrêmement dommageables, peuvent parfois même être irréversibles. État des lieux à l’occasion de la journée mondiale de la santé, le 7 avril prochain. « Urgence Enfants d’Haïti » / p 6-9 mars 2010 / n° 212 / 2 Pour que frères et sœurs partagent la même enfance Villages de joie LA REVUE DES DONATEURS DOSSIER

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Village de Joie 212 - Mars 2010

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ombien d’enfants sont aujourd’hui victimes de maltraitances ? Selon les derniers chiffres connus de l’Observatoire départe-mental de l’action sociale

(Odas), 98 000 enfants ont fait l’objet d’un signalement en 2006, 19 000 d’entre eux pour maltraitance, les 79 000 autres étant considérés comme des enfants « en risque » (1). Les carences éducatives des parents sont à l’origine de 53 % de ces

signalements. « Globalement, le nombre de signalements a progressé de 18 % entre 1998 et 2006, soit plus fortement que le nombre de mineurs en France (+ 5 %), souligne Sandrine Dottori, chargée d’études sur la protection de l’enfance à l’Odas. Nous l’expliquons par la dégradation des situations socio-économiques des familles, la multiplication des sources de dangers intrafamiliaux et environnementaux, mais aussi par une sensibilité accrue des professionnels et du grand public qui alertent davantage les services sociaux et une amélioration constante du dispositif de repérage des enfants en danger. » Au total, l’Observatoire

Maltraitances à enfant : de graves conséquences sur la santé

Clire p 2, 3 »

Négligences éducatives ou affectives, violences physiques ou psychologiques, abus sexuels, les maltraitances à enfant sont de natures et d’origines variées. Leurs conséquences sur la santé physique et psychologique, extrêmement dommageables, peuvent parfois même être irréversibles. État des lieux à l’occasion de la journée mondiale de la santé, le 7 avril prochain.

« Urgence Enfants d’Haïti » / p 6-9

mars 2010 / n° 212 / 2 €

Pour que frères et sœurs partagent la même enfance

Villages de joie LA REVUE DES DONATEURS

DOSSIER

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2 / Villages de joie / MARS 2010 / N° 212 / www.sosve.org

DOSSIERLe mot du président

Ce numéro est le premier de cette année 2010. Une année nouvelle porte l’espoir d’une année meilleure. Or, dès le 12 janvier, la planète entière vibrait autour de l’actualité dramatique en Haïti. SOS Villages d’Enfants a très vite alerté l’opinion publique sur le sort des enfants isolés et mis en garde sur les risques de dérive. Fin janvier, l’association SOS Villages d’Enfants Haïti s’est vu confi er aussitôt les 33 enfants réputés victimes d’enlèvement, accueillis au village d’enfants SOS de Santo, et s’est occupée de rechercher leur famille. C’est une reconnaissance importante par les autorités et les services sociaux haïtiens de la qualité du travail de SOS Villages d’Enfants implantée depuis 30 ans en Haïti.

Les enfants sont en outre victimes parfois directement des agissements ou manquements des adultes à leur égard. À l’occasion de la journée mondiale de la santé du 7 avril prochain, Villages de joie a souhaité consacrer son dossier aux conséquences de ces négligences, violences, maltraitances physiques et psychologiques sur la santé des enfants.

Nous croyons en notre mission, en la possibilité d’agir auprès des enfants pour leur apporter de meilleures conditions de vie. Certains d’entre vous ont d’ailleurs eu l’occasion de découvrir la réalité de notre action lors de rencontres en villages d’enfants SOS. Leurs témoignages, à lire dans notre rubrique En direct, sont précieux.

Au nom des enfants, merci mille fois de votre accompagnement.

Pierre PASCAL

Villages de joie. Magazine édité par SOS Villages

d’Enfants / 6, cité Monthiers - 75009 Paris /

Tél : 01 55 07 25 25 / Président : Pierre Pascal / Vice-

présidents : Jean-Pierre Rousselot et Michel Rémond

/ Directeur général et directeur de la publication :

Gilles Paillard / Rédactrice en chef : Frédérique Clénet-

Lécuyer / Impression sur papier recyclé : Groupe Maury

imprimeur / Photos : Reinhard Winkler, Georg Willeit,

Joris Lugtigheid, drfp/odilejacob, Robert Fleischanderl,

www.alertnet.org, SOS Archives, François Pugnet/ Face

to Face, Dominic Sansoni, SOS Villages d’Enfants, DR /

Publication trimestrielle éditée par SOS Villages

d’Enfants / Abonnement annuel : 8 €.

Prix au numéro : 2 € / Commission paritaire :

N° 0112 H 81095 – ISSN : 0243.6949 –

Dépôt légal mars 2010 ///

national de l’enfance en danger (Oned) dénombrait pour la même année 2006 265 913 enfants de moins de 18 ans faisant l’objet d’au moins une mesure de prise en charge sur la France entière (2).

Quatre grands types

de maltraitances

Les maltraitances ne sont pas toujours faciles à défi nir. Différentes études in-ternationales tendent à les regrouper sous quatre grandes catégories, en réfé-rence à la nomenclature de l’OMS : les violences physiques, les abus sexuels, les négligences et les maltraitances psychologiques. Des catégories qui sont ensuite subdivisées plus ou moins fi nement selon le type d’études. Par exemple, l’Étude canadienne sur l’in-cidence des signalements de cas de violence et de négligence envers les enfants de 2003 (3), qui fait référence au plan international en termes de mal-traitances, subdivise les négligences en huit sous-catégories : défaut de super-vision menant à un préjudice physique (manque de surveillance ou de protec-

tion), défaut de supervision menant à des abus sexuels, attitude permissive à l’égard d’un comportement criminel, négligence physique du type alimenta-tion inadéquate, vêtements inadaptés, conditions de vie dangereuses ou en-core manque d’hygiène, négligence médicale, défaut de soins pour un traitement psychologique, abandon ou négligence éducative source d’un absentéisme chronique.

Les violences psychologiques

en nette progression

Des défi nitions qui se recoupent par-fois avec celle des violences psycholo-giques. « L’indifférence aux besoins émotionnels, aux besoins de santé se retrouvent également dans les différentes défi nitions de la mal-traitance psychologique, souligne David Pioli, sociologue chargé d’études à l’Oned. S’ajoutent des éléments comme le rejet, l’humiliation, la menace, l’isolement, l’hostilité,

• Les carences éducatives des

parents sont à l’origine de 53 %

des signalements d’enfants. •

Ce qui est notable, c’est la part croissante des violences psychologiques : 18 % des enfants signalés en 2006 contre 9 % en 1998. –SANDRINE DOTTORI, DE L’ODAS”

98 000enfants ont fait l’objet

d’un signalement en 2006.

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les exigences contradictoires ou encore les attentes dispro-portionnées au regard de l’âge et de la maturité de l’enfant. » « Ce qui est également notable, c’est la part croissante des vio-lences psychologiques, poursuit Sandrine Dottori. 18 % des en-fants signalés pour maltraitance étaient concernés en France en 2006 contre 9 % seulement en 1998. Et si l’on s’intéresse aux maltraitances de nature psycho-logique – négligences lourdes et violence psychologique –, c’est près d’un enfant signalé sur deux qui est concerné. »

Des conséquences multiples et

parfois irréversibles sur la santé

Les maltraitances quelle que soit leur nature ont des conséquences extrê-mement graves et parfois même ir-réversibles sur la santé des enfants, en particulier en lien avec leur déve-loppement neurobiologique. « Selon des études récentes, les négligen-ces et les violences psychologi-ques ou physiques génèrent des états de stress chroniques suscep-tibles d’entraîner des désordres hormonaux, et plus particuliè-rement une surproduction de cortisol, précise David Pioli. Cette surproduction provoque une at-teinte de certains neurones et par là même, de certaines zones du cerveau, conduisant ainsi à des troubles du comportement, de la mémoire et de l’attachement. De même, l’absence de stimulation du fait de négligences ou de ca-rences éducatives peut susciter chez les jeunes enfants un moin-dre développement du cortex frontal, compromettant certaines de leurs capacités, par exemple d’attention, de planifi cation ou de résolution de problèmes. »

Ces maltraitances ont également des effets sur la santé physique des en-fants au quotidien. Parmi les effets directs fi gurent les accidents corpo-rels dus aux négligences (brûlures, fractures, etc.) ou les traumatismes de tous ordres liés à la violence phy-sique. Par ailleurs, souvent victimes de carences alimentaires, d’une ali-mentation non équilibrée ou d’une mauvaise hygiène de vie, les enfants présentent dans certains cas des retards de croissance avérés, mais aussi des problèmes bucco-dentaires importants avec de multiples caries, y compris sur les dents de lait, ou encore des troubles somatiques. « Les études relèvent aussi des incidences mentales et psychia-triques graves, dépressions et syndromes post-traumatiques en

particulier, constate David Pioli. S’ajoutent, dans le cas de vio-lences psychologiques, une sur-représentation des taux de suicide ainsi que des maladies comme l’anorexie ou la boulimie. »D’où l’importance, face à cet état des lieux, d’un signalement et d’une prise en charge précoces des enfants afi n que les conséquences des mal-traitances dont ils ont été victimes n’hypothèquent pas inéluctablement leur santé et leur avenir.

(1) La lettre de l’Odas, novembre 2007 : Protection

de l’enfance : une plus grande vulnérabilité des

familles, une meilleure coordination des acteurs.

(2) Oned, Quatrième rapport annuel au Parle-

ment et au Gouvernement, décembre 2008.

(3) Source : Agence de santé publique du Canada.

• En 2006, près de 266 000 enfants de moins de 18 ans ont fait l’objet

d’au moins une mesure de prise en charge sur la France entière. •

Les maltraitances conduisent à des troubles du comportement, de la mémoire et de l’attachement. –DAVID P IOLI , DE L’ONED”“

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Dossier

Villages de joie : Quelles sont

les principales conséquences

des maltraitances physiques

ou psychologiques sur la santé

de l’enfant ?

Aldo Naouri : Aujourd’hui, avec les progrès de la médecine, les consé-quences sont beaucoup plus psy-chologiques que physiques. Quelle que soit sa nature, la maltraitance aboutit au même résultat : des en-fants qui manqueront beaucoup d’assurance et seront malheureux, en quête perpétuelle d’une recon-naissance d’eux-mêmes. Ils vont être habités en permanence d’une peur considérable qui fera d’eux soit des individus timorés, timides, écrasés, sans esprit d’entreprise, soit des individus querelleurs, vio-lents voire délinquants. Ils gran-diront avec et en seront toujours affectés.

Comment se reconstruisent

les enfants victimes de

maltraitances ? Quel peut être

le rôle de la fratrie ?

Le vecteur de la maltraitance, parfaitement perçu par l’enfant, est qu’il n’a pas de statut, et n’est

Un frère ou une sœur, c’est un peu comme un autre soi-même

Pédiatre reconnu, Aldo Naouri a exercé la médecine d’enfants pendant plus de 40 ans. Il a écrit de nombreux livres et articles et revient pour nous sur les dimensions psychologiques de la maltraitance et l’importance du lien dans la reconstruction de l’enfant.

donc pas un objet d’amour. Pour se reconstruire, l’enfant doit trouver le moyen de se raccrocher à une personne dont il ressent l’amour. Il va alors progressivement se ras-surer, laisser fondre la peur qui est en lui et reprendre le chemin d’un développement plus harmonieux. La fratrie joue là un rôle fondamen-tal. Un frère ou une sœur, c’est un peu comme un autre soi-même. Il a un statut identique et, telle une locomotive, on peut y accrocher son wagon. Cela ne comble pas le défi cit d’amour mais permet au moins d’espérer en l’existence de l’amour.

Des réponses médicales

peuvent-elles être un recours ?

L’accompagnement de type

psychologique ou relationnel

est-il prépondérant ?

Les réponses médicales peuvent as-surer le bien-être et la bonne santé. Elles permettent simplement de maintenir l’enfant suffi samment bien pour qu’il puisse s’accrocher à un amour qui lui est donné, susceptible de le mettre sur de bons rails. L’ac-compagnement psychanalytique est, lui, fondamen-tal. Dans le lien au thérapeute, il y a une manière de revivre le traumatis-me, de pouvoir lui donner un statut et de savoir qu’il est désormais derrière soi. Le relationnel, les messages po-sitifs délivrés par les éducateurs, par exemple, jouent un rôle du même ordre mais selon d’autres modalités. Ils ne revisitent pas le traumatisme

ou les mécanismes de la maltraitance mais viennent apporter, au travers de l’amour qui est diffusé, quelque chose qui dilue le résidu de la mal-traitance. Un peu comme du sucre dans le café, cela en diminue net-tement l’amertume. Il n’existe pas, je pense, de meilleure image.

Comment accompagner au

quotidien ces enfants dans leur

démarche de reconstruction ?

En étant attentif et en satisfaisant leurs besoins fondamentaux tout en ne cédant pas sur les limites qu’ils doivent connaître. Il est fondamen-tal de les introduire à la règle et à la loi. Une des maltraitances les plus subtiles, les plus habituelles, et dont on ne s’aperçoit pas car elle se cache derrière un énorme dévouement, c’est en effet l’ab-sence d’éducation. Cela donne des enfants sans aucune limite, qui se conduisent comme de véritables tyrans. Or, les enfants ont besoin de limites. Elles sont en effet comme des parapets sur un pont, elles ras-

surent l’enfant et lui permettent de ne pas avoir toujours peur de tom-ber dans le vide. C’est fondamen-tal. Enfi n, il faut être constamment à l’affût de ce qui, en tant que ré-sidu de la maltraitance et du trau-matisme, peut encore amener les enfants à des réfl exes incontrôla-bles de retrait et de peur.

La fratrie joue un rôle fondamental.

Elle donne des raisons d’espérer en

l’existence de l’amour.“

“ ”I N T E R V I E W

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Au sein du village d’enfants SOS de Marseille, la prise en charge commence avant l’arrivée des enfants.

« Lorsque nous recevons le dos-sier d’un enfant envoyé par l’Aide sociale à l’enfance, nous question-nons toujours l’histoire de l’enfant et les éventuelles maltraitances qu’il aurait subies, explique Valérie Thyrion, psychologue. Souvent, on perçoit à travers les lignes qu’il y a eu maltraitance. Les psycholo-gues appellent alors les médecins ou les thérapeutes de l’institution où réside l’enfant afi n de recueillir le maximum d’éléments sur son passé. Il nous faut pouvoir l’ac-compagner dès son arrivée au village, sur les plans somatiques, affectifs et psychologiques au sein de l’espace de parole mis en place dans le village d’enfants SOS ou dans d’autres lieux de parole et de soins externes. »

Une prise en charge individualisée

« L’une de nos premières missions est de déterminer les prises en charge et le suivi médical adap-tés pour chaque enfant, souligne Bernard Roset, directeur du village. Les enfants victimes de négligen-ces lourdes présentent fréquem-ment des problèmes de croissance et de poids dus aux carences et diffi cultés rencontrées, des pro-blèmes dentaires en raison d’une alimentation mal équilibrée, trop sucrée, ou à un manque d’hy-giène... Nous avons pu constater pour certains, après quelques mois de présence au village, une évolution physique souvent spec-taculaire, grâce à un entourage affectif stable, une vie régulière et une alimentation équilibrée. » Pédiatre, dentiste, thérapeute, voire orthophoniste ou kinésithérapeute, les enfants bénéfi cient de tous les

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Un accompagnement sur mesure

soins nécessaires à leur rétablisse-ment. Les mères SOS, qui sont au cœur de ce processus, contribuent avec l’ensemble de l’équipe du village SOS à proposer une vue globale de l’enfant. En créant un lien d’attachement avec lui, elles facilitent l’acceptation des bilans et des suivis médicaux. « J’ai accueilli une petite fi lle qui, à 5 ans, pesait 10 kilos, mesurait 55 centimètres et chaussait du 22, raconte Maddy, mère SOS. Pour ré-cupérer ce retard, il a fallu être extrêmement vigilant sur son mode de vie, sa santé, ou tout sim-plement sa manière de s’habiller et de se coiffer. Elle a récupéré en grande partie physiquement mais malheureusement, pas intellec-tuellement. Je m’occupe également d’une fratrie qui vivait repliée sur elle-même dans un appartement. Pour encourager la curiosité des enfants, nous partons à toutes les vacances. Au début, ils en étaient effrayés car toute nouveauté peut provoquer ou réactiver des peurs ou des angoisses. Ils n’avaient en

outre aucune limite éducative. Aujourd’hui, six ans après, ils commencent à prendre confi ance et sont plus à l’aise. »

Une équipe engagée au quotidien

Les mères SOS sont accompagnées dans leur vie quotidienne par l’équi-pe éducative et les psychologues du village SOS. « Dès l’admission d’un enfant, nous expliquons la situation à la mère SOS et à l’aide familiale qui vont le pren-dre en charge, poursuit Valérie Thyrion. Pour un enfant victime d’agression sexuelle, par exem-ple, il est possible que l’approche de son corps par un adulte pose problème. Il est alors important de savoir comment aborder l’en-fant, son corps, ses craintes. » Cette prise en charge individuali-sée est indispensable pour permet-tre aux enfants maltraités de vivre avec leurs souffrances et de se construire progressivement avec une image de soi satisfaisante, dans la sécurité affective.

• En créant un lien d’attachement avec l’enfant, la mère SOS est au cœur du processus

de reconstruction de l’enfant. •

Accueillir des enfants victimes de maltraitances nécessite un accompagnement individualisé, tant au plan physique que psychologique. Les équipes des villages d’enfants SOS sont extrêmement mobilisées sur ce sujet. Enquête au village d’enfants SOS de Marseille.

E N Q U Ê T E

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Une priorité : maintenir les enfants dans leur environnement

12 janvier 2010, en Haïti : la terre tremble avec une violence telle qu’elle entraîne le décès de plus de 200 000 personnes et la des-truction d’une grande partie des infrastructures du pays, retardant l’arrivée des secours. Plus d’un million de personnes se retrouvent aujourd’hui sans abri.

SOS Villages d’Enfants a lancé un appel fort afi n d’alerter les autorités sur la situation extrêmement préoccupante des enfants isolés et les risques de dérives : adoptions non préparées, risques de mauvais traitements… L’association milite pour le maintien de l’enfant dans son environnement et sa culture. Elle œuvre, en effet, dans le monde depuis plus de 60 ans pour la prise en charge des enfants sans soutien parental et la prévention de l’abandon, en conformité avec les récentes résolutions de l’Onu de novembre 2009, qui privilégient le maintien de l’enfant dans son milieu familial.Cette prise de position claire a conduit les autorités haïtiennes à confi er à SOS Villages d’Enfants les 33 enfants réputés victimes d’enlèvement, ainsi que de nombreux autres enfants isolés en risque. Cela témoigne de la qualité des relations et de la confi ance qui existent entre les autorités haïtiennes et SOS Villages d’Enfants.

En France, des donateurs, nombreux, ont également fait confi ance à SOS Villages d’Enfants et apporté leur contribution à notre action « Urgence Enfants d’Haïti ». Qu’ils en soient remerciés. Plus de 350 enfants isolés sont déjà pris en charge et 14 000 personnes bénéfi cient d’une aide d’urgence. Mais au-delà de l’urgence, SOS Villages d’Enfants s’engage sur le long terme. En Haïti, son action est planifi ée pour les 15 prochaines années.

Votre soutien, chers donateurs, reste encore et toujours le gage de la réussite de notre action pour les années à venir.

Gilles PAILLARD, directeur général

« Urgence Enfants d’Haïti »

Une mobilisation internationaleLa Fédération internationale

SOS Villages d’Enfants,

soutenue par les contributions

des associations nationales

à travers le monde, s’est fi xé

comme premier objectif d’aider,

sur une période de 2 ans, jusqu’à

40 000 personnes (les enfants et

leurs familles).

Spécial Haïti

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SOS Villages d’Enfants : une présence dans le monde entier

L’organisation SOS Villages d’Enfants est pré-sente dans 132 pays. Elle compte plus de 2 000 programmes pour la protection de l’en-fance, dont 500 villages d’enfants SOS. Apo-litique, non confessionnelle, elle a un statut consultatif au Conseil économique et social des Nations unies.

• Une implantation localeSOS Villages d’Enfants a forgé son expérience en 60 années d’existence, en particulier dans les situations d’urgence : catastrophes naturel-les, troubles politiques, guerres… Les équipes, originaires du pays, connaissent la population et peuvent réagir très rapidement pour appor-ter une aide de première nécessité : eau, nour-riture, vêtements, hébergement, soins pour les bébés et les enfants…

• Une expertise reconnueSOS Villages d’Enfants est reconnue pour son expertise dans la prise en charge des enfants privés de soutien familial, parfois soumis à de graves traumatismes lors de situations de crise. Un enfant exposé à des situations de grande violence est marqué et risque de l’être durablement s’il ne peut être accompagné de façon adaptée. SOS Villages d’Enfants propose à ces enfants des lieux et des moyens d’expres-sion, au travers de la parole, du dessin, de jeux, de saynètes de théâtre, de l’écriture…, où leur émotion pourra trouver un exutoire, tout en préservant des temps de pause et une mise à distance nécessaires du traumatisme et de son impact émotionnel.SOS Villages d’Enfants dispose d’un réel savoir-faire pour aider les enfants à reprendre confi ance en la vie et à développer leurs propres compétences.

SOS Villages d’Enfants, présente en Haïti depuis plus de 30 ans, a très

rapidement pu agir pour faire face à l’urgence, avec le secours des diffé-

rentes associations SOS Villages d’Enfants proches de Haïti, de la Répu-

blique dominicaine, du Pérou… pour apporter les produits de première

nécessité et rétablir les communications.

• Le village d’enfants SOS de Santo devient un lieu d’accueil

d’urgence des enfants isolés

Le village d’enfants SOS de Santo, situé à seulement 10 km de l’épicentre

du séisme, a été épargné grâce à la qualité de ses bâtiments. Créé en

1984, à 15 km de la capitale Port-au-Prince, il compte 19 maisons fami-

liales, une maison communautaire multi-fonctions, une infi rmerie ainsi

qu’une école SOS, primaire et secondaire. Après une évaluation conjointe

de l’Unicef, des autorités et services sociaux haïtiens, le village est devenu

un lieu d’accueil d’urgence pour 300 enfants isolés victimes du séisme.

SOS Villages d’Enfants Haïti a par ailleurs lancé des recherches pour retrou-

ver les parents de ces enfants. Ce n’est que si les efforts de réunifi cation avec

leur famille n’aboutissaient pas, dans un délai de 6 à 12 mois environ, que SOS

Villages d’Enfants, en commun accord avec les autorités et les services de pro-

tection de l’enfance, cherchera des solutions permanentes de prise en charge

des enfants, en village d’enfants SOS ou selon d’autres modalités.

Afi n de garantir la qualité de l’accueil qu’elle offre aux enfants qui lui sont

confi és, SOS Villages d’Enfants procède au recrutement et à la formation des

personnes qu’elle engage.

Les 33 enfants réputés victimes d’enlèvement sont confi és à SOS Villages

d’Enfants Haïti

Le 30 janvier, les autorités haïtiennes confi ent temporairement les

33 enfants présumés victimes d’enlèvement à SOS Villages d’Enfants

au sein de son village de Santo. Des recherches sont menées par

ailleurs pour identifi er de possibles liens familiaux et permettre, le cas

échéant, le retour des enfants dans leur famille.

• Les centres communautaires sont un relais prioritaire

pour les familles démunies

En 2005, SOS Villages d’Enfants a mis en place des programmes de ren-

forcement de la famille qui permettent aux enfants en risque d’abandon

de rester dans leur environnement familial. L’association travaille locale-

ment avec les familles et les communautés afi n de leur donner la capa-

cité de prendre en charge et protéger leurs enfants, en coopération avec

les autorités locales et d’autres relais de compétences. Ces relais sont au

cœur du dispositif d’accompagnement des enfants et des familles que le

séisme a privés de toutes ressources, y compris les plus vitales, telles que

l’eau, la nourriture…

SOS Villages d’Enfants est présente en Haïti depuis plus de 30 ans. Ses structures comptaient déjà avant le séisme :

• 2 villages d’enfants SOS, à Santo et Cap-Haïtien

• 2 établissements pour jeunes

• 2 écoles SOS

• 1 centre de formation professionnelle

• 32 centres communautaires

• 4 centres sociaux SOS

Chiffres clés en Haïti

S O S V I L L A G E S D ’ E N FA N T S E N H A Ï T I D E P U I S 3 0 A N S

Une action immédiate et effi cace

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Spécial Haïti

Françoise, mère SOS à Santo

Quelques jours après le séisme, Françoise, mère SOS à Santo, avait réussi à rejoin-dre un autre quartier de la ville pour retrouver son fi ls aîné qui, par chance, n’était pas blessé. Sur le chemin du re-tour au village d’enfants SOS de Santo, elle remarque trois jeunes enfants sur le bord de la route au milieu des gravats : une petite fi lle allongée sur la route qui pleurait et deux petits garçons assis à ses

côtés. « Je suis mère SOS corps et âme depuis plus de 10 ans. Il était clair que ces enfants avaient besoin d’aide et que j’allais les prendre dans ma fa-mille SOS », raconte Françoise, les lar-mes aux yeux. Des voisins lui ont expli-qué ce qui était arrivé. Mathilde*, 3 ans, et Tom*, 7 ans, frère et sœur, ont perdu leur père, leur mère et leur frère dans la catastrophe. Paul*, âgé de 5 ans, ami de Mathilde et de Tom, avait lui aussi perdu

ses parents. « C’était terrible, les petits pleuraient et avaient faim. » Françoise n’a pas hésité longtemps. Elle a pris la pe-tite fi lle dans ses bras et, suivie des deux petits garçons, a rejoint Santo. Mathilde était souvent submergée par la douleur, Tom se souvenait du séisme : « Tout tremblait et il y a eu un bruit terrible. Nous avions très peur et nous avons couru, couru ». Au village d’enfants SOS de Santo, les enfants se sentent en sécu-rité, ils mangent, peuvent dormir. Fran-çoise est heureuse de les avoir secourus : « Ici, dans la maison familiale, nous nous serrons tout simplement un petit peu plus. »

Yannick*, 12 ans : « Va faire

tes devoirs dehors »

Ce sont les derniers mots qu’il a entendus de la part de sa mère, handicapée. « La terre a tremblé et il y a eu un bruit incroyable », raconte Yannick. Derrière lui, la maison s’est écroulée sur sa mère qui n’a pu se sauver. Une tante a recueilli Yannick et l’a aidé pendant les terribles journées qui ont suivi. Ils dormaient dans la rue sans presque rien à manger. Depuis le 28 janvier dernier, Yannick vit au village d’enfants SOS de Santo. Il reste taciturne. La nuit, le souvenir du choc lui revient, des cauchemars l’oppressent. Yannick est pris en charge par les psychologues de SOS Villages d’Enfants.

C H R O N O L O G I E faits marquants...• JANVIER 2010

> SOS Villages d’Enfants lance un appel pour la protection des enfants isolés.

> Les services sociaux haïtiens sont hébergés au village d’enfants SOS de Santo.

> Le village d’enfants SOS de Santo est déclaré lieu d’accueil pour les enfants isolés.

> Les 16 premiers enfants isolés sont accueillis au sein des familles SOS du village de Santo.

> 33 enfants présumés victimes d’enlèvement sont confi és au village d’enfants SOS de Santo.

• FÉVRIER 2010

> Angelina Jolie, en qualité d’ambassadrice du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, se rend au village d’enfants SOS de Santo : « En tant que “supporter” depuis plusieurs années de SOS Villages d’Enfants, je peux témoigner de l’engagement des équipes auprès des enfants et de la qualité de leur prise en charge. Je demande à tous de lui apporter votre soutien. »

Un refuge pour reprendre espoirAprès le tremblement de terre, des centaines d’enfants se retrouvent isolés, leurs parents proches décédés ou disparus. C’est au village d’enfants SOS de Santo que nombre d’entre eux trouvent refuge. Ils nous livrent le récit poignant de ce qu’ils ont vécu. Témoignages.

8 / Villages de joie / MARS 2010 / N° 212 / www.sosve.org

V I L L A G E D ’ E N FA N T S S O S D E S A N T O

• Une mère SOS

accueille trois

enfants isolés •

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L E P R O G R A M M E D ’A C T I O N S 3 axes...> Mise en place de cellules d’urgence auprès des familles les plus démunies pour distribuer des vêtements, des vivres et des kits d’urgence.

> Accueil et protection des enfants

• Ouverture de centres d’activité de jour pour prendre en charge les enfants et leur apporter un soutien psychologique.

• Accueil des enfants isolés, jusqu’à la réunifi cation de la famille ou la décision d’une prise en charge alternative à long terme.

> Mise à disposition d’abris temporaires pour les familles. La phase de reconstruction démarrera dès que les autorités le permettront.

TRANSPARENCE ET EFFICACITÉ

Les fonds collectés par les asso-ciations nationales SOS Villages d’Enfants à travers le monde sont centralisés par la Fédération inter-nationale SOS Villages d’Enfants qui coordonne et contrôle les actions menées sur place à court, moyen et long terme. Ce mode de fonction-nement garantit l’affectation des dons, leur traçabilité et permet de diminuer les frais de gestion.

Noëlle, Antoine et Anaïs*

Antoine et Anaïs, jumeaux d’un an, et leur sœur Noëlle de 2 ans vivaient avec leur mère à Port-au-Prince, leur père étant dé-cédé quelques mois auparavant. Seuls les trois enfants ont miraculeusement survé-cu au séisme. Ils ont été sauvés par leur grand-père, qui a creusé à mains nues et a réussi à les sortir des décombres. Noëlle a été légèrement blessée au bras. Le grand-père des enfants, âgé et totale-ment démuni, ne pouvait pas les prendre en charge. Aujourd’hui accueillis au vil-lage d’enfants SOS de Santo, ils sont très marqués par le drame qu’ils ont vécu et revivent souvent ces instants terribles.

Jordan et Jordensten*, comme

des frères jumeaux

Lorsqu’ils sont arrivés au village d’en-fants SOS de Santo, tous pensaient qu’ils étaient jumeaux… Jordan et Jordensten ont en réalité 6 et 7 ans. Ils ne se quittent jamais des yeux, se tiennent par la main, se réconfortent mutuellement. Au mo-ment du séisme, les deux frères se trou-vaient à Port-au-Prince avec leur famille. Leur père et leur sœur n’ont pas survécu. Leur mère a été gravement blessée mais a réussi à emmener ses petits garçons dans un endroit sûr. Ils ont passé les premiers jours dans un camp d’urgence. Puis leur mère a été prise en charge dans un hôpi-tal temporaire. Son état est incertain. Les enfants ont du mal à parler de ce qui leur est arrivé. Ils préfèrent décrire leur vie au village d’enfants SOS de Santo. « La nourriture est très bonne et je peux jouer quand je veux », dit Jordan, en entraînant son frère vers les balançoires.

(*) Par souci de confi dentialité, les prénoms des enfants ont été changés.

« Urgence Enfants d’Haïti »Une fois encore, merci d’être à nos côtés !

Des milliers d’entre vous se sont déjà mobilisés pour soutenir notre

programme Urgence Enfants d’Haïti. Les actions menées sur le terrain

aujourd’hui ne sont possibles que grâce à vous tous : un premier verse-

ment de 200 000 euros a été effectué par SOS Villages d’Enfants France.

Pour ceux qui le souhaitent, pour ceux qui le peuvent, tout nouveau geste

de solidarité est l’assurance d’une aide effi cace et concrète aux enfants

victimes de ce cataclysme.

Près de 15 000 personnes déjà bénéfi ciaires (données chiffrées au 2 mars 2010)

• Accueil et protection : 357 enfants isolés sans soutien parental.

• Aide d’urgence et abris : 14 300 enfants et leurs familles.

• 5 000 litres d’eau purifi ée fournis chaque jour.

• Renforcement des équipes de professionnels : 12 aides familiales,

4 psychologues, 1 travailleur social, 1 architecte.

• Contribution d’un groupe de volontaires venu d’Espagne : infi rmières,

nutritionniste, électricien, technicien en communications.

40 000 personnes bénéfi ciaires d’ici à 2 ans

/ 9

Une consultation des enfants et des jeunes sera organisée dans le cadre

du programme d’évaluation des besoins mis en place par le gouvernement

haïtien, avec le soutien des Nations unies, de la Banque mondiale et de la

Commission européenne. Plus de 50 groupes seront constitués : six d’entre

eux réuniront des enfants et des jeunes des villages d’enfants SOS d’Haïti.

www.sosve.org/Découvrir notre action/Programmes d’urgence+ sur

Page 10: Village de Joie 212

10 / Villages de joie / MARS 2010 / N° 212 / www.sosve.org

En direct

T É M O I G N A G E S

n novembre dernier, une vingtaine de parrains ont participé à une grande première : SOS Villages d’Enfants s’est vu proposer pour la première fois par la fi liale spécialisée de Va-cances Bleues, Voyager Autrement, un voyage

solidaire à Madagascar. « Ce séjour a pu être organisé grâce au soutien actif des responsables et des équi-pes de l’association SOS Villages d’Enfants Madagas-car, en lien avec Tany Mena Tours, partenaire local de l’agence. Les 20 premiers parrains et marraines à avoir répondu à notre proposition ont pu pren-dre part au voyage et visiter notamment les villa-ges d’enfants SOS de Vontovorona et d’Antsirabe. Ce voyage s’est révélé un grand succès. Il s’inscrivait dans la philosophie du tourisme solidaire : associer la découverte touristique à l’ouverture au monde de la solidarité internationale. C’était une formidable expérience, avec un groupe de personnes dynami-ques et généreuses », témoigne Sarah Poinsot, de SOS Villages d’Enfants France, accompagnatrice du voyage.

Norbert L. (Gironde), parrain du village d’enfants SOS d’Antsirabe« Avec mon épouse, nous étions déjà allés à Mada-gascar, en simples touristes, il y a quinze ans. La perspective d’y retourner, cette fois, pour un voyage solidaire nous a tout de suite séduits. Cette formule permet de prendre conscience des réalités profondes de la vie locale, d’autant que nous avons eu deux guides malgaches passionnés.Lors de la visite du premier village d’enfants SOS, nous avons tous reçu un choc émotionnel. Nous

avons été accueillis par les enfants avec beaucoup de joie et de chaleur. Ensuite, nous avons pu consta-ter les qualités de l’organisation locale. Les villages d’enfants SOS sont bien ancrés dans leur environne-ment. Les mères SOS et les aides familiales appelées « tantes » travaillent avec une certaine autonomie. Les enfants sont respectés. Tout a été construit avec beaucoup d’intelligence.Nous avons aussi beaucoup apprécié l’ambiance du groupe. Par contre, le retour a été diffi cile. Il nous a fallu un peu de temps pour digérer tout ce que nous avions vécu pendant ces dix jours très intenses. Nous en parlons autour de nous, pour inciter nos amis à devenir donateurs et parrains. » Janine D. (Nord), marraine du village d’enfants SOS d’Antsirabe « J’avais déjà séjourné deux fois à Madagascar et la misère que j’y avais découverte m’a décidée à de-venir marraine. Ces jeunes enfants sont tellement démunis ! Notre soutien permet de leur apporter un peu de bonheur. J’ai saisi l’occasion de ce voyage solidaire pour voir comment la situation avait évo-lué. Beaucoup de choses ont changé en cinq ans. Une école très rudimentaire, qui faisait plutôt offi ce de garderie, est devenue une vraie école avec des tables et des bancs, avec une institutrice qui fait un travail formidable.Les enfants ont besoin de beaucoup d’amour pour bien grandir. Même très petit, un enfant qui n’est pas désiré le ressent. Dans les villages d’enfants SOS de Madagascar, les enfants abandonnés ne se sentent pas

E

Les donateurs à la rencontre des enfantsAu quotidien, préserver l’intimité des enfants est la première préoccupation de SOS Villages d’Enfants. Mais des événements particuliers en France et dans le monde sont l’occasion de convier les donateurs à découvrir la vie quotidienne d’un village d’enfants SOS et d’aller à la rencontre des enfants et des équipes. Villages de joie a souhaité leur donner la parole.

Un vrai choc émotionnel. “ ”

• Le voyage solidaire de SOS Villages d’Enfants à Madagascar a été l’occasion d’échanges chaleureux entre les enfants et les parrains/marraines. •

Page 11: Village de Joie 212

/ 11/ 11

différents des autres. Grâce aux mères SOS, qui prennent leur tra-vail très à cœur, ils sont épanouis. Mais ils sont très pauvres et ont peur de l’avenir... »

En France, la célébra-tion de leur dixième an-niversaire a permis aux villages d’enfants SOS de Châteaudun et de Digne-les-Bains d’ouvrir leurs portes à quelques dizaines de donateurs, qui ont ainsi pu visiter des maisons fa-miliales, échanger avec les mères SOS et les équipes, découvrir des animations et des expositions réali-sées par les enfants… (cf. Villages de joie n° 211 de décembre 2009).

Nicole B. (Normandie), donatrice régulière, a visité le village d’enfants SOS de Châteaudun« La journée portes ouvertes à Châteaudun a été l’occasion idéale, pour mon mari et moi, de découvrir un village d’enfants SOS. Donatrice régulière depuis quatre ans, je connais l’association depuis bien longtemps. J’ai été directrice d’école maternelle et j’ai vu au cours de ma carrière tout un éventail de situations diffi ciles. Je sais combien la stabilité est nécessaire à l’épanouissement des enfants.

Cette journée a largement répondu à nos attentes. Nous avons été chaleureusement accueillis et la vi-site a conforté l’idée que nous nous faisions de l’or-ganisation d’un village d’enfants SOS. Les enfants sont des enfants comme les autres, qui rient et sont manifestement équilibrés. »

Mme D. (Salon de Provence) lors des portes ouvertes du village d’enfants SOS de Digne-les-Bains« Je suis marraine du village d’enfants SOS de Quito, en Équateur, depuis quinze ans. Il est diffi cile de faire le voyage jusque-là. J’étais donc très heureuse de pouvoir profi ter de la journée portes ouvertes à Digne-les-Bains. Les responsables de l’association nous ont expliqué leurs principes de gestion. Je tra-vaille moi-même dans une association qui accueille des gens de la rue, je sais combien garder son indé-pendance est précieux. Autre principe que je salue, celui de ne porter aucun jugement sur les parents biologiques des enfants. C’est capital pour leur équili-bre. J’ai pu discuter avec une mère SOS et, ayant été moi-même mère de famille nombreuse, son approche des choses m’a tout de suite parlé. Les stands de jeu étaient aussi l’occasion de partager des activités avec les enfants. J’étais donc ravie. »

Des rencontres attendues par les équipes de SOS Villages d’Enfants, qui apprécient l’intérêt et la motivation des donateurs et parrains venus à la rencontre de leur réalité quotidienne.

A C T U A L I T É en bref...• Retrouvez l’appel d’Anny Duperey à la télévision et sur les écrans> Le spot de SOS Villages d’Enfants est diffusé sur TF1, les chaînes de France Télévision et, dans le cadre d’un partenariat avec Connaissance du Monde, lors de chaque conférence pendant un an.

• Mali : les premiers enfants à Kita> Les maisons familiales, ouvertes en février et mars, accueillent 75 enfants : 20 enfants déjà pris en charge dans des maisons louées et 55 nouveaux enfants, en grande majorité orphelins.L’école SOS est fréquentée depuis octobre par 248 élèves, dont 113 fi lles,

issus de familles très défavorisées des environs.Le jardin d’enfants, ouvert en novembre, accueille 96 enfants de 3 à 5 ans.

• Tunisie : ouverture du village d’enfants SOS d’Akouda> Les 42 premiers enfants, âgés de 6 mois à 2 ans, ont été accueillis en janvier dernier dans les 14 maisons familiales. Les admissions, qui font toutes l’objet d’une décision du juge de la famille, se poursuivront progressivement. À terme, 112 enfants vivront au village d’enfants SOS d’Akouda.

• Persan> Le démarrage du chantier a été lancé en septembre 2009. La fi n des constructions est prévue en avril 2011. Les premiers enfants devraient être accueillis dès l’automne 2010.

www.sosve.org/Actualités

Des enfants épanouis mais

qui ont peur de l’avenir. “ ”

Page 12: Village de Joie 212

12 / Villages de joie / MARS 2010 / N° 212 / www.sosve.org

Zoom

our les jeunes, devenir adulte et autonome aujourd’hui est plus long et diffi cile que par le passé. Les trois grandes transitions marquant le passage à l’autonomie, celle de l’école vers le travail, de la famille d’origine à la nouvelle

famille, du logement familial au logement indépendant, sont devenues plus complexes. Et c’est encore plus délicat pour tous ceux qui ont grandi en dehors de leur famille. Car c’est généralement sur cette dernière que reposent le soutien et le fi nancement des jeunes adultes.C’est la raison pour laquelle SOS Villages d’Enfants met l’accent sur la préparation des jeunes qui lui sont confi és. « Quels que soient leurs niveaux d’étude ou de matu-rité affective, une transition progressive vers l’auto-nomie est indispensable, explique Sylvie Delcroix, conseillère technique chez SOS Villages d’Enfants. Cela peut passer par la mise en place de relais éducatifs dans le village d’enfants SOS ou dans un contexte de vie semi-autonome comme par la création de structures spécifi ques. » Ainsi, la Maison Claire Morandat (1), créée en 1986 dans le Nord – Pas-de-Calais, accueille 37 jeunes de 16 à 21 ans. Ils vivent, pour la plupart, dans un studio en ville et bénéfi cient d’un soutien éducatif et social.

Pour mieux comprendre l’insertion des jeunes après leur sortie du village d’enfants SOS, une étude sur le devenir des fratries du village d’enfants SOS de Marseille a été réalisée entre 2003 et 2006 par l’Inserm (2). Les résultats confor-tent largement le projet de SOS Villages d’Enfants : leur réseau familial et social est souvent riche et la plupart ont une activité professionnelle à temps plein, avec un niveau d’activité proche de la moyenne nationale. Si certains, ayant eu plus de mal à trouver ou garder des soutiens, vi-vent plus diffi cilement, la grande majorité sont des adultes autonomes qui assument leur parentalité. Plus de la moitié de ces jeunes a bénéfi cié d’une aide au moment de sa sor-tie du village, par l’association elle-même mais aussi par les collectivités locales, notamment le conseil général avec une allocation jeune majeur. Ces aides ont généralement permis l’achèvement d’un parcours scolaire ou l’obten-tion d’un diplôme. C’est aussi très souvent la mère SOS, et parfois sa propre famille, qui offre un soutien affectif, administratif ou une aide matérielle au jeune qui prend son autonomie.

De nouvelles initiatives en 2009

Mais SOS Villages d’Enfants a décidé d’aller plus loin. En janvier 2009, la Fédération internationale SOS Vil-lages d’Enfants a lancé au niveau international le projet Leaving Care (3) pour l’insertion sociale des jeunes ma-jeurs à l’issue d’un placement. Cette campagne implique des jeunes et des responsables de quinze pays d’Europe et d’Asie centrale. Outre la France, l’Allemagne et l’Autriche, la plupart des pays d’Europe de l’Est étaient représentés. Dans ces régions, la transition vers l’âge adulte est sou-vent très abrupte. L’enjeu est de renforcer la préparation des jeunes en les impliquant dans toute prise de décision mais aussi de faire évoluer la législation.Dans cet esprit, l’association française SOS Villages d’Enfants a participé à la conférence de Vilnius, organisée les 7 et 8 octobre derniers par les pays baltes et le Conseil de l’Europe. Des jeunes de quinze pays, âgés de 15 à 22 ans, ont échangé leurs idées avec des chercheurs, des représentants d’associations et de services sociaux pour améliorer l’effi cacité de l’accompagnement des jeunes dans leur parcours vers l’autonomie. « Cette initiative a suscité un vif intérêt chez les jeunes participants, qui se sont

Mieux préparer les jeunes à l’autonomie

L’entrée dans l’âge adulte est un cap diffi cile à franchir. SOS Villages d’Enfants prépare très en amont les jeunes qui lui sont confi és à cette transition et met l’accent sur l’accompagnement.

P

Une transition progressive vers l’autonomie est indispensable. –SYLVIE DELCROIX ”“

Page 13: Village de Joie 212

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Des réseaux fi dèles à nos côtés AVIS-Immobilier • Les 170 agences du réseau d’agences immobilières AVIS-Immobilier ont choisi de renouveler leur soutien

à SOS Villages d’Enfants. Comme depuis désormais

4 ans, elles vont reverser 5 € à notre association

pour chaque compromis de vente réalisé en 2010.

Depuis 2006, ce sont plus de

120 000 euros qui ont ainsi été

collectés. Les fonds réunis en

2010 contribueront aux travaux

de rénovation du village d’enfants

SOS de Marly (Nord) qui accueille

des fratries depuis 47 ans.

www.avis-immobilier.fr •

Cuisinella • L’enseigne Cuisinella poursuit en 2010 son

engagement solidaire aux côtés de SOS Villages

d’Enfants : 166 points de vente

en France vont reverser 15 €

à notre association pour

chaque achat d’une cuisine

Star (modalités en magasin). Les fonds collectés

contribueront à fi nancer l’équipement en cuisines

familiales du village d’enfants SOS de Persan.

www.cuisinella.com •

Satas

Un engagement renouvelé• Le 12 février dernier, la société Satas – partenaire

de SOS Villages d’Enfants depuis 2007 – a remis

à notre association un chèque de plus de 39 000 €

grâce à la mobilisation de

sa force de vente en 2009

et a annoncé sa volonté de

renouveler son engagement

en faveur des enfants pour

l’année 2010. Cette année,

c’est le projet de rénovation du village d’enfants SOS

de Marly qui bénéfi ciera des fonds collectés pour

permettre aux 55 enfants actuellement accueillis de

grandir dans le meilleur environnement possible.

www.satas.fr •

www.sosve.org/Nous soutenir/Partenariats

montrés très pertinents. Ils identifi ent bien le problème de l’accès au logement, le besoin de conserver des ré-férents, mais réclament aussi le droit à l’erreur et la possibilité de revenir en accueil si besoin », témoigne Sylvie Delcroix.

Être acteur de son propre parcours

Parallèlement, un groupe de travail interne et pluridisci-plinaire s’est formé début 2009 au sein de SOS Villages d’Enfants France sur ce thème de l’accès à l’autonomie. L’un des axes prioritaires défi nis est de rendre chaque jeune acteur de son parcours vers l’autonomie, c’est-à-dire de le faire réfl échir et de l’associer à son propre accompagnement, mais aussi de mieux le préparer à sa future vie citoyenne. SOS Villages d’Enfants mise ainsi sur la participation et la prise de parole des jeunes avec la création d’espaces de dialogue et de consultation. Le projet est de prolonger, au niveau national, la démarche mise en place par les villages d’enfants SOS avec la création de conseils de la vie quotidienne ou de groupes d’expression des jeunes, où sont abordées toutes les questions relatives à la vie collective. Des espaces très appréciés des jeunes eux-mêmes et qui favorisent leur engagement et leur investissement.

(1) La Maison Claire Morandat organise le 20 mai 2010 une journée portes ouvertes sur l’accès à l’autonomie : ses enjeux, besoins et diffi cultés.

(2) Les résultats de cette étude sont publiés dans notre Cahier SOS n° 3 d’avril 2008. À consulter ou télécharger sur notre site, rubrique Publications.

(3) Le terme anglais Leaving Care recouvre à la fois l’accompagnement de la sortie du placement et le suivi à l’issue du placement.

ENTRETIEN

• Jennifer, 15 ans, vit au village

d’enfants SOS de Marange (57). Elle

a participé à la conférence de Vilnius.

« Je suis heureuse d’avoir pu participer à

cette conférence. Nous étions une ving-

taine de jeunes, dont beaucoup venaient

de petits pays d’Europe de l’Est. Pendant

les quatre premiers jours, nous avons

préparé la conférence en petits groupes,

afi n d’échanger nos impressions et nos idées sur les principaux

sujets liés à l’autonomie : la sortie du village d’enfants SOS,

le besoin de trouver un logement, le fi nancement et l’accès

à l’indépendance fi nancière...

Au cours de la conférence elle-même, j’ai pris la parole, en

anglais, pour présenter l’une des idées que nous avions dé-

veloppées, le besoin d’une personne qui s’occuperait de notre

insertion dans la société, dans la vie active, et nous aiderait à

trouver un logement.

Je pense que ce séminaire a été très utile. Des jeunes venant

de différents pays, de tous horizons, ont été écoutés. Pour moi

aussi, c’était une expérience très enrichissante. J’ai été frappée

par la diffi culté de la situation dans certains pays. Parfois, la vie

y semble assez dure et les jeunes sortent des villages d’enfants

SOS dès 16 ans. » •

/ 13

Page 14: Village de Joie 212

14 / Villages de joie / MARS 2010 / N° 212 / www.sosve.org

Parcours

Séparé de ses frères et sœurs pendant plus d’un an, Johnny Casselman a retrouvé sa fratrie au village d’enfants SOS de Neuville Saint-Rémy. Il a pu alors tisser de véritables liens avec les siens, poursuivre ses études et construire sa vie d’homme. Récit.

• Johnny Casselman et sa femme Alexandra. •

Ce n’est pas parce que l’on est un en-fant placé que l’on ne peut pas réussir

sa vie. J’en suis la preuve incar-née ». À 28 ans, Johnny Casselman porte un regard positif sur son par-cours. Il reste pourtant marqué par la séparation brutale, à l’âge de neuf ans, d’avec sa mère et ses six frè-res et sœurs. Au retour de l’école, il trouve en effet une voiture de police au bas de son immeuble parisien accompagnée de professionnels de la DDAS (aujourd’hui Aide sociale à l’enfance). « Nous n’avons pas pu dire au revoir à notre mère, s’émeut-il. En à peine une demi-heure, nous nous sommes retrou-vés éparpillés dans des foyers ou des familles d’accueil. Ce mo-ment restera pour toujours gravé en moi. » Johnny rejoindra ensuite le village d’enfants SOS de Neu-ville-Saint-Rémy, près de Cambrai.

«« Ma vie au village d’enfants SOS m’a permis de me construire »

Page 15: Village de Joie 212

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« Je sais que la vie que j’ai menée au village d’enfants SOS m’a per-mis de me construire, de poursui-vre des études, toutes choses que je n’aurais probablement pas pu faire autrement », explique-t-il.

« Apprendre à nous connaître

vraiment »

C’est au moment d’entrer en sixième que Johnny retrouvera quatre de ses frères et sœurs au village d’enfants SOS, les deux aînés, âgés de plus de 15 ans, ayant obtenu une exemption de placement. Plus d’un an après leur séparation. « Vivre avec mes frères et sœurs était pour moi quelque chose de fantastique, se souvient-il. On avance tous ensemble, il y a une complicité, une possibilité de réaliser des activités commu-nes qui sont vraiment uniques. Cela nous a permis d’apprendre à nous connaître vraiment. Nous jouions ensemble dans le parc, nous nous entraidions, les plus grands aidant les plus jeunes à faire leurs devoirs. »Au sein du village SOS, il mène sa vie d’enfant puis d’adolescent sous la conduite affectueuse de sa mère SOS, Christine. « C’est vraiment ma seconde maman et je suis tou-jours en contact avec elle, sourit-il.

Elle était très présente, toujours à l’écoute lorsque nous avions de petits soucis. Elle savait être là si ça n’allait pas et nous donner des conseils. D’ailleurs, lors de mon mariage avec Alexandra, en juillet dernier, j’ai été conduit vers l’autel par mes deux ma-mans, ma mère biologique, qui nous rendait visite tous les 15 jours au village, et ma mère SOS. Elles occupent toutes les deux une place importante dans ma vie. »

Cheminer vers sa vie d’adulte

Pour lui, l’autre fi gure marquante du village aura été son éducateur, Marc. « N’ayant jamais connu mon père, les seuls liens mascu-lins que j’ai pu nouer étaient avec les éducateurs du village, souli-gne-t-il. Cela a joué un rôle im-portant dans ma construction. En fi n de troisième, par exemple, je ne savais pas comment m’orien-ter. Marc m’a fait remarquer que je passais mon temps à bricoler mes postes de radio ou ma chaîne

Hi-Fi et m’a suggéré de me tour-ner vers l’électronique. Un jour, nous sommes partis ensemble en voiture voir ce qu’était réellement un BEP d’électronique. Et il a pro-cédé de même pour le bac pro. » Johnny se souvient également d’une activité créée par son éducateur, « La parole des ados », qui permettait aux jeunes d’évoquer tous les sujets qui les préoccupaient : comment fonc-tionne une vie d’adulte ? Un appar-tement ? Qu’est-ce que la violence, la délinquance ?... Des moments qui l’ont marqué et ont participé à son cheminement vers la vie d’adulte.

Vers l’autonomie

Après cette adolescence où sa mère SOS et son éducateur ont su l’appuyer, l’aider à se projeter dans l’avenir, Johnny Casselman choisit de suivre l’enseignement du bac professionnel « Maintenance des réseaux bureau-tique et télématique » à Lens. Plutôt que de faire cinquante kilomètres par jour pour poursuivre ses études, il décide alors de signer un contrat « jeune majeur » avec le Conseil général et l’association Relais Jeu-nes Artois d’Arras. « C’était un pas de plus vers l’autonomie car l’on me proposait d’avoir un appar-tement tout en étant suivi par un éducateur », souligne-t-il. Une expérience réussie puisqu’il obtient son bac pro et choisit de s’installer à Paris où il trouve un emploi au sein de l’entreprise TFN Propreté, dans laquelle il travaille depuis six ans, occupant désormais un poste de responsable de service. « Finale-ment, tout cela a été extrêmement positif, conclut-il. Je garde un sou-venir heureux de cette période et suis toujours en relation avec différentes personnes du village. Christine, par exemple, qui rem-plaçait ma mère SOS lors de ses périodes de repos, vient réguliè-rement à Paris. Nous en profi tons pour dîner ensemble… »

Lors de mon mariage avec Alexandra, en juillet dernier, j’ai été conduit vers l’autel par mes deux mamans, ma mère biologique et ma mère SOS. ”“

• Johnny Casselman et ses six frères et sœurs autour de leur mère biologique. •

Page 16: Village de Joie 212

VOUS AVEZ ÉCRIT...“ ”M. et Mme P. (Yvelines) parrainent

le village d’enfants SOS d’El Jadida,

au Maroc. Ils ont pu s’y rendre en 2009.

Témoignage.

« Quand nous arrivons, c’est une foule d’enfants qui arrivent de l’école, beaucoup se précipitent dans les bras du directeur qui les embrasse avec affection. Il nous accompagne et nous fait visiter les lieux.Il y a 12 “familles SOS” et 91 enfants aujourd’hui dans ce village. Les en-fants ont été abandonnés ou retirés à leur famille, pour maltraitance par exemple. Les fratries sont regroupées. La mère SOS reçoit une formation et s’occupe de ces enfants comme d’une vraie famille.C’est le premier village “urbain” de SOS Villages d’Enfants Maroc. Ici, les enfants sont scolarisés dans la ville et participent à des activités avec les autres enfants. Ils fréquentent par exemple le stade de foot qui est en face. Ils sont bien intégrés et accep-tés dans la ville. Une petite fi lle vient annoncer toute fi ère au directeur que demain, elle va faire une compétition de judo pour l’équipe nationale ! »

Pour que frères et sœurs partagent la même enfance

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France : SOS Villages d’Enfants exprime sa solidarité aux victimes de la tempêteLa tempête Xynthia, d’une rare violence, s’est abattue sur l’Ouest de la France dans la nuit du 27 au 28 février. Au village d’enfants SOS de Châteaudun (Eure-et-Loir), elle a provoqué quelques dégâts matériels mais aucun accident grave. Le village d’enfants SOS de Sainte-Luce (Loire-Atlantique) n’a pas été touché.Nombreux sont les habitants de la région qui ont perdu des membres de leur famille ou des proches. Leurs conditions de vie ont pu être fragilisées, leur maison, leurs biens, parfois leurs moyens de subsistance ayant été endommagés ou détruits.SOS Villages d’Enfants adresse ses pensées les plus chaleureuses aux familles endeuillées et meurtries, en leur souhaitant de trouver dans la solidarité manifestée à leur égard le réconfort qui les aidera à surmonter cette épreuve.

Chili : SOS Villages d’Enfants, présente depuis 45 ans, fait face à l’urgenceLe séisme de magnitude 8,8 sur l’échelle de Richter qui a frappé le centre du Chili a fait plus de 700 morts et près de 2 millions de personnes sinistrées. SOS Villages d’Enfants est présente au Chili depuis 1965 : il existe 14 villages d’enfants SOS, 4 jardins d’enfants, 11 foyers de jeunes, 2 centres de formation professionnelle et 10 centres sociaux. Le village d’enfants SOS situé à Concepcion, ville proche de l’épicentre, n’a pas été affecté, de même que les autres villages d’enfants SOS du Chili. Certains ont cependant subi des dégâts matériels. Face aux risques de violences et de pillage, des mesures de sécurité ont été prises. SOS Villages d’Enfants a établi un plan d’urgence pour venir en aide aux enfants affectés par le séisme et leurs familles.

www.sosve.org/Actualités

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