Compte rendu de la réunion de bassin Arles – Tarascon

Lycée Montmajour - Jeudi 2 février 2017 / 9h – 16h30

Intervenante : Anne Pastor

Responsable de bassin : Nathalie Martin

Thème : La prévention du harcèlement

Présents : 15 personnes

A/ Présentation du parcours de Madame Anne PASTOR

Conseillère technique du recteur depuis 2002, Mme Pastor, en charge du Service social et dossiers sociaux du recteur. Elle est référent académique pour la lutte contre le harcèlement depuis 2012 et a la responsabilité d’une plateforme d’appel académique. Elle contribue activement au groupe académique de pilotage Climat scolaire  tout en ayant également la responsabilité de faire fonctionner une plateforme d’appel académique.

Convaincue de l’importance du travail en réseau, elle est à l’initiative de nombreux projets comme :

- la mise en place d’instances comme le comité d’environnement social qui ont donné lieu aux actuels Comités d’Education à la Santé et à la Citoyenneté. (Ce travail a été possible grâce à la participation de nombreux partenaires tels que la police, la CAF, les parents d’élèves…l’objectif étant de mettre l’élève au cœur du système).

- La création de l’action de parrainage - Ecole ouverte- CVL (Conseil de la vie Lycéenne)- Elargissement de la participation d’autres personnels aux réunions de bassin, autres

que les chefs d’établissement. (bassin avec équipe intercatégorielle) - Création de bassins catégoriels sur l’académie qui permet des réunions par corps de

métiers, chacun amenant son expertise.Ce travail sur la création des bassins a été mené en tant que chargée de mission prévention de la violence pour le recteur sous la responsabilité d’IA-IPR EVS Denis IELLI et Claire Caldéron en charge d’un dispositif académique EPICS : éducation prioritaire insertion et conduites sociales.

B/ Préambule : Le climat scolaire.

Il concerne toute la communauté éducative et conditionne la construction du « bien vivre ensemble ».

- Au niveau des élèves un bon climat favorise de bons résultats scolaires et diminue la violence.

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- Au niveau des personnels, la qualité de vie dans l’établissement rejoint les conditions de vie au travail et nécessite une vraie prévention des risques psychosociaux. Le bien être des élèves passe aussi par le bien être des enseignants et des autres personnels. C’est un aspect important qu’il faut penser à aborder lors de l’élaboration des stratégies à mettre en place dans les établissements.

La qualité du climat scolaire est une responsabilité collective, fruit de pratiques quotidiennes.Agir sur le climat scolaire, c’est agir de façon systémique, c’est-à-dire sur l’ensemble de l’organisation qu’est l’école, en combinant des actions à partir des différents facteurs du climat scolaire.

C/ Le harcèlementLa prévention du harcèlement est devenue une priorité de l’Education Nationale suite aux alertes de plus en plus nombreuses de la pédo psychiatrie et au regard de l’avancée des autres pays européens, canada, USA etc.

Le harcèlement est, depuis 2014, intégré au code pénal, ce qui engage désormais une responsabilité juridique en cas de non application des protocoles de traitement.

Les situations de harcèlement peuvent être signalées directement par les élèves ou les parents auprès des personnels de l’établissement.

Il existe également un numéro spécial, le 3020, qui donne l’accès à une plateforme dédiée aux situations de harcèlement. Les informations sont rapidement (3 jours maximum) prises en charge par Mme AZARD, Mme MATHON référents départementaux dans le 13 et Mme PASTOR et Mme ROUX référents académiques en responsabilité de cette plateforme (messagerie sécurisée et suivie par la plateforme nationale /ministère).

Un site national présente également de nombreuses ressources sur ce thème.

http://www.nonauharcelement.education.gouv.fr/

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1- Définition du harcèlement

Un élève est victime de harcèlement lorsqu’il subit, de façon répétitive des actes négatifs de la part d’un ou plusieurs élèves.

Un comportement négatif peut se produire lorsqu’un élève ou un groupe d’élèves inflige un malaise à un autre élève, que ce soit de manière physique (frapper, pousser…) ou verbale (menaces, taquineries…).

Les actions négatives peuvent également être manifestées sans parole ni contact physique (grimaces, gestes obscènes…).

Trois caractéristiques : le rapport de force, la répétitivité, l’isolement de la victime. Le harcèlement se fonde sur le rejet de la différence et la stigmatisation.

2- Les différentes formes de harcèlement  

Il existe différentes formes de harcèlement. Il est important de savoir les déceler et les traiter chacune avec autant d’importance.

Violences Verbales (insultes, moqueries…) Violences Morales (rumeurs, humiliations…) Violences Physiques Violences Sexuelles Cyberviolences

3- Comment le harcèlement se met-il en place   ?

Le harcèlement est souvent lié à des processus inconscients, qui peuvent parfois démarrer au travers de « jeux ».

On distingue trois degrés de jeux :

1er degré : Disputes ou petits actes anodins, puis rapidement on se reparle…

2ème degré : Disputes ou conflits ressentis avec plus de gravité. Là on se fâche, il y a des passages à l’acte qui amènent à une rupture des liens.

3ème degré : Le jeu mène au tribunal (plaintes) à l’hôpital (tentative de suicide ou accident grave) ou à la mort…

4- La notion de triangulation dans les situations de conflit.

Le triangle de Karpman, connu également sous le nom de triangle dramatique, est un triangle représentant les relations entre trois rôles d’un jeu psychologique dangereux : le Persécuteur – le Sauveur – la Victime.

Stéphan Karpman était un disciple d’Éric Berne, psychiatre social, fondateur de l’analyse transactionnelle.

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Dans ce triangle dramatique, la victime est positionnée en bas, signifiant sa fragilité.

Persécuteur, Sauveur, Victime interagissent pour créer la relation dramatique selon un comportement faisant référence à des personnes qui semblent rechercher ces positions de façon régulière et existentielle ; Leurs motivations sont inconscientes et font référence à un « Etats du moi » dominant.

« Les États du moi » c’est un des premiers concepts mis à jour par Éric Berne.

Éric Berne s’est aperçu qu’il y a une corrélation entre le comportement d’une personne, ce qu’elle dit, et l’émotion qu’elle transmet à un moment donné. Il a ainsi fait le lien entre émotion, pensée et comportement.

Parfois, la personne se comporte (voix, postures, mimiques…) comme l’un de ses parents, à d’autres moments elle reprend des attitudes ou une façon de parler qu’elle a eu quand elle était petite, et enfin à d’autres moments encore elle agit comme un adulte en fonction de l’environnement. Dans le langage courant, il appellera ces trois façons d’être les États du moi.

Les États du moi se visualisent ainsi par trois cercles superposés intitulés Parent, Adulte et Enfant.

Le Parent : Peut-être soit positif lorsqu’il encourage, motive, félicite en éduquant ou négatif quand il critique, dévalorise, punit et veut prendre le contrôle.

Selon les cas, la personne peut agir sous l’influence de l’Etat Parent en étant soit

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- excessif et tyrannique : Parent persécuteur (rôle négatif)

- ou soit garant de la loi et des règles, bienveillant, structurant : Parent normatif (rôle positif)

Il peut être aussi considéré comme soit Parent nourricier (qui valorise la personne, l’encourage) rôle positif.

- ou soit Parent permissif (En étant trop rassurant, et par peur de poser son autorité ou par anxiété excessive le Parent peut aussi encourager la faiblesse et devenir surprotecteur (parents de certaines victimes) -Rôle négatif.

L’Enfant : C’est l’état du moi qui abrite la créativité. L’enfant naturel et libre est celui qui n’a pas peur de l’adulte et qui peut s’exprimer sans crainte du jugement. Quand il ne va pas très bien on distingue alors deux niveaux :

-l’enfant adapté, soumis qui a peur de l’autorité de l’adulte. Ce sont souvent ceux qui se font harceler.

- l’enfant rebelle qui refuse le système, les règles établies, qui s’oppose à l’autorité. On y trouve souvent les agresseurs et anciennes victimes.

L’Adulte : Il est neutre, écoute, reformule, cherche les informations objectivement, sait se distancier pour mieux comprendre la réalité. Il doit avoir suffisamment d’énergie et de contrôle sur lui pour ne pas se laisser influencer par ses Etats du moi Parent ou Enfant.

Les Etats du moi sont évolutifs et changent selon les contextes et les situations. Nous possédons les trois mais ils agissent et interagissent entre eux à différents degrés très souvent liés à notre histoire d’enfant et notre éducation.

Le plus souvent un Etat du moi domine les autres. Seul un bon équilibre garanti une situation stable et sereine. (voir et faire son EGOGRAMME analyse transactionnelle http://www.analyse-transactionnelle.com/Egogramme/Egogramme.php )

5- Les différents rôles dans une situation de conflit

- Le persécuteur :

Il fait souffrir les autres, aime dominer et méconnait l’impact de ses actes. Il cherche à se venger d’une frustration. Il se place du côté des plus forts pour éviter de se mettre en danger. Souvent personne malheureuse.

- La victime :

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Elle est une personne qui souvent se méconnait. Elle a peur du manque et de l’abandon. Elle se pense souvent plus faible qu’elle ne l’est. Elle a souvent vécu des choses graves (pertes, séparations…) et fait preuve d’anxiété. Ne fait pas de demande explicite et reste soumise ; de victime, et à force de répétition, elle peut devenir rebelle.

- Le sauveur ou sauveteur :

Il a souvent besoin d’être reconnu et porte aussi une histoire traumatique.il en fait plus que sa part et sors de sa compétence ou rôle attribué, rendant la victime dépendante de lui.

Pour être efficace et aider la victime il doit veiller à ne pas tomber dans l’excès. Il ne doit pas se mettre à la place de la victime mais l’accompagner et ainsi, ne pas entrer à son tour dans le triangle dramatique.

Par exemple, pour protéger un camarade il faut, pour un élève, aller voir un adulte. Ce dernier devra veiller à protéger la parole de l’élève.

Dans ces trois rôles, harceleur, victime et sauveur, il y a une histoire de trauma avec des points communs.

- Il ne faut pas oublier le rôle de spectateur, peut-être le plus important :

Les témoins représentent la force la plus grande. Ce sont eux qui activent le triangle en faisant agir l’agresseur sur la victime désignée. Agresseurs et victimes sont le produit des spectateurs. Le triangle, n’existe que parce qu’il y a un public, c’est ce qui donne la force à l’agresseur. Ils sont aussi plus nombreux. C’est la vraie force qui peut faire « tourner » le triangle. Les spectateurs sont la masse qui décide du sort de la victime. La force du groupe agit, pas la somme des individus.

Il peut se positionner de différentes manières : passif, complice, peur, déni, pense que rien ne peut changer, méconnait ses capacités…

Le rôle du public est donc primordial et justifie que nos interventions soient aussi menées collectivement, sur le groupe.

6- Positionnement du sauveur face aux différents acteurs.

Le bon sauveur est celui qui se demande comment aider sans rentrer dans le triangle dramatique. Il doit prendre le temps de la réflexion, regarder la cadre d’action, rester bienveillant et neutre, passer un contrat clair et renvoyer du positif (humour si cela est possible mais non ironie).

La solution est d’observer ce triangle mais ne jamais y entrer afin de traiter la situation avec beaucoup de discernement et d’objectivité à partir du factuel. Une bienveillance pour la victime s’impose.

Face à la victime :

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- L’accompagner pas à pas,- S’intéresser à son histoire,- Identifier ses émotions,- Rendre les choses plus claires, plus cadrées,- Lui faire prendre conscience de ses ressources et valoriser ses efforts.- La reconnaitre dans sa victimisation et la rassurer. 

Face au persécuteur :

- Faire attention à son emprise- Connaitre son histoire- L’écouter (comprendre ses motivations)- Identifier ses émotions (ce qu’il ressent)

Dans le processus de persécution, il y a une forme de destruction de ce qu’on ne veut pas être ou de celui qu’on est en train de devenir. Si on dévalorise l’autre pour se sentir plus fort, c’est qu’au fond de soi on ne l’est pas.

- Veiller à poser des limites claires (on condamne l’acte, pas la personne)- Aller sur ses ressources (que fait-il de bien ?)- S’adresser à l’agresseur sans agressivité.

Il faut décoder sa toute-puissance en individuel pour la lui ôter. En lui demandant de ne plus harceler, on lui enlève un rôle. Il y a donc un effondrement. Pour lui permettre de sortir de ce rôle, il faut lui en donner un autre, positif et valorisant. (Beaucoup de victimes mais aussi des agresseurs deviennent ambassadeurs pour la lutte contre le harcèlement- Des CPE proposent en mesure de responsabilisation ce rôle mais attention le rôle ne doit pas servir qu’à réparer, il doit être ensuite reconnu pour qu’il s’inscrive dans la durée).

Face aux spectateurs ou témoins :

- Permettre de verbaliser les peurs- Donner du pouvoir d’agir (actions de prévention, de solidarité, de veille vigilante, etc)- Motiver et gratifier le public qui agit et s’engage

Dans ce cadre, l’action du CPE, pour remplir son rôle de professionnel reconnu, doit suivre un protocole particulier lors de l’entretien avec les victimes, témoins et auteurs.

- Accueil des protagonistes- Consigne par écrit des faits- Ecoute active- Rencontre des parents et mise en place d’un suivi de la situation.

Voir diapositives sur le protocole à suivre en fin de document.

7- Le contrat triangulaire ou comment mettre fin au harcèlement.7

Pour le bien vivre ensemble, il faut ramener tout le monde à égalité.

On sort du triangle dramatique en rétablissant un dialogue, de type « éducatif » ce qui consiste à inverser le triangle dramatique.

Ici l’assise est solide. C’est un contrat dit « structurant » avec trois pôles qui occupent des fonctions positives et résolutoires.

Le pôle de protections :

Il s’agit essentiellement du règlement intérieur qui doit être appréhendé sous forme d’affirmation car on réagit mieux aux ordres positifs. Ces règles sont de l’ordre de la protection.Il faut que tous travaillent sur des règles communes qui introduisent des éléments de sécurité et fixent des repères, structurant le temps, les espaces, la relation. (PARENT NORMATIF)

Le pôle permissions :

Pour que la règle soit construite et intégrée, il faut favoriser l’entraide, les jeux de coopération et partager les émotions positives ou négatives, tisser des liens. Prend en compte les besoins individuels dans le groupe. Stratégies pédagogiques ou éducatives qui permettent une meilleure appropriation des consignes, méthodes explicites, ateliers philo.Les rituels comme les temps de convivialité sont fondamentaux et nécessaires. Il faut développer le sentiment d’appartenance et partager les émotions de manière authentique.(PARENT NOURRICIER)

Le pôle puissance :

C’est trouver le bon équilibre entre la toute-puissance de l’agresseur et l’impuissance de la victime.Il faut trouver le moyen de donner de la compétence en reconnaissant l’expérience, donner un rôle, un pouvoir d’agir pour placer la victime en capacité de trouver des solutions.La puissance donne le sentiment d’exister et d’avoir de la reconnaissance. Elle permet de sortir les victimes de l’impuissance. Elle prend appui sur les protections et les permissions.Possibilité d’innover.(ENFANT LIBRE, NI SOUMIS, NI REBELLE)

Le contrat doit être réciproque (Claude Steiner) et consenti mutuellement. 8

PERMISSIONSPROTECTIONS

PUISSANCE

Il s’exprime en termes simples et positifs Il peut être modifié ou renégocié.

Pour aller plus loin…

- Association « Plus-fort » de Sandrine Sanchez qui agit pour prévenir les violences et le harcèlement. http://www.plus-fort.fr

- « La leçon de discrimination » vidéo youtube d’une expérience québécoise. Annie Leblanc a décidé de livrer sa propre expérience. Avec l’accord de tous les parents, de la commission scolaire et de la directrice de l’école, l’enseignante a fait vivre la discrimination à ses élèves pendant deux jours.

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Protocole à suivre lors des entretiens

https://www.youtube.com/watch?v=zPpS1Rvy0QM

- « Réussite des élèves et grande pauvreté » Rapport de Jean Paul Delahé sur la façon dont l’école doit évoluer pour favoriser l’équité des élèves.

- « Que dites-vous après avoir dit bonjour ? » livre d’Éric Perne décembre 2012

Cette méthode d'analyse propose une théorie nouvelle : la personnalité d'un individu serait composée de trois éléments : le Parent, l'Adulte, l'Enfant. Notre destin serait donc conditionné dès l'enfance par un "scénario" qui dicterait toutes nos actions, entraînerait nos échecs ou nos réussites.

Contacts :

- Dispositif de lutte contre le harcèlement

Le numéro est : 0808807010

Numéro de la plateforme académique : 04 42 91 75 00 (secrétariat du service social)

- Référents académiques :Mme PASTOR et Mme ROUX : 04 42 95 29 52 / 69

- Référents départementaux :Mme AZARD, CT DASEN service social : 04 91 99 67 23

Compte rendu réalisé par Nathalie Martin référente Bassin Arles-Tarascon

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