VIEILLIR. N - archivesma.epfl.charchivesma.epfl.ch/2013/056/muraro_enonce/Vieillir.En...

66
VIEILLIR. EN SUISSE.

Transcript of VIEILLIR. N - archivesma.epfl.charchivesma.epfl.ch/2013/056/muraro_enonce/Vieillir.En...

VIEILLIR. EN SUISSE.

EPFL_Enoncé théorique_Janvier 2013

Professeur d’énoncé: Jacques LévyDir. pédaogique: Monique Ruzicka-Rossier

Maître EPFL: Jael Villat

Muraro Anina

Table des matières:

1. Avant-propos

1.1 Le vieillissement prend un nouveau visage 1.2 Intérêt personnel1.3 Définition de la vieillesse

2. Problématique démographique

2.1 Renversement de la pyramide démographique 2.2 La retraite

3. Problématique médicale 3.1Dépendance fonctionnelle 3.2 Perte d’autonomie 3.3 Précarité sociale 3.4 Approche aux soins

4. Problématique sociale 4.1 Âgisme VS Jeunisme 4.2 Génération sandwich 4.3 Fracture de la cellule familiale

5. Problématique architecturale et urbaine 5.1 Entre ville et campagne 5.2 De l’importance du contexte 5.3 Structures existantes

6. Synthèse 6.1 Utopie 6.2 Hypothèse programmatique

7. Bibliographie

7

79

10

13

13

17

21

21

28

29

30

32

3234

35

39

39

40

43

52

54

54

58

1. Avant-propos

1.1 Le vieillissement prend un nouveau visage.

Souvent stéréotypée, la vieillesse est faite de diversité, entre en résonnance avec la société, et aborde des questions essentielles de la vie. Elle se présente aujourd’hui sous de nouvelles et multiples facettes, dont le vieillissement de la population, un phénomène inédit qui s’entoure de transitions démographiques, épidémiologiques et sociales, causés par les rapides changements du siècle dernier. Faisant l’objet d’observations dans tous les pays européens, son approche sera ici centrée sur la Suisse et principalement sur le canton de Vaud, par soucis d’exactitude de la réponse.

Le phénomène gagnant en ampleur avec l’arrivée des baby-boomers à l’âge de la retraite, l’approche démographique amorce le débat, aux prises avec des considérations économiques et sociales. En Suisse, l’augmentation de l’espérance de vie va de pair avec la prolongation d’une meilleure qualité de vie dans le temps. L’espérance de vie en bonne santé - 70,3 ans pour les femmes et 69,4 ans pour les hommes en Suisse en 20071 -augmente plus rapidement que l’espérance de vie en général. Le temps passé à la retraite est donc plus long et plus profitable qu’auparavant. La Suisse, dont la population est particulièrement âgée en rapport aux autres pays européens, a vu sa part des 65-79 ans augmenter de 22,9% entre 1990 et 20002 ainsi que son rapport de grand vieillissement3 passer à 36% en l’an 2000.

Les décennies offertes aux seniors en dehors du monde du travail représentent une situation totalement inédite. L’ouverture d’un champ des possibles inimaginable jusqu’à présent se ressent dans la difficulté de la société à gérer cette nouvelle cohorte. La méconnaissance qui entoure cette phase se perçoit notamment au travers de l’intérêt médiatique dont les aînés font l’objet : les reportages cherchent à comprendre la vieillesse sous tous ses aspects, et sondent les désirs de cette nouvelle tranche de la population. La diversité des réponses apportées par la société témoigne de la pluralité de la vieillesse.La vieillesse est une période lourde de changements et de problèmes

1 OFS : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/21/02/ind32indicator.70201.3202html2 Ibid.3 Il s’agit du rapport entre les personnes âgées de plus de 80 ans et celles entre 65 et 79 ans. Ibid.

7

conséquents. La capacité d’adaptation des aînés est constamment défiée. Les pathologies chroniques conduisent à la dépendance, à des changements d’univers radicaux. L’institutionnalisation en constitue le choc par excellence, une mise au pied du mur face à la dernière partie de sa vie et une perte du pouvoir de décision particulièrement dure à accepter dans certains cas.De plus, les seniors ne sont pas toujours accompagnés socialement au travers de ces étapes, la perte de leurs contemporains et les relations sociales qui s’effilochent les esseulent, l’âgisme ambiant entraîne des difficultés à établir de nouvelles relations. En résulte une précarité sociale menaçante.

La situation géographique ainsi que le type de logement jouent un rôle primordial dans la vie des retraités. Dans la ville ou dans l’intimité du logement, l’espace de vie offert aux aînés est de moins en moins adapté aux pertes inhérentes à la vieillesse. Le facteur de handicap face aux générations plus jeunes se veut alors exponentiel.Le rôle des aînés ne cesse d’être modifié, leurs aspirations de se diversifier. Cela semble être lié à l’allongement de la durée de la vie, aux changements qui ont réorganisé les familles ou bouleversé le monde du travail. La représentation que les aînés se font de leur vieillesse ainsi que le regard porté par la société influent sur leurs comportements. La retraite est parfois un temps de repos, de réalisation de soi, l’occasion de se consacrer à la famille ou de réaliser des projets laissés de côté. Certains aussi n’arrêtent jamais de travailler.Une quête essentielle se trame derrière la diversité des attitudes : la recette du « bien vieillir ». La réponse est bien évidemment personnelle, mais elle traduit dans sa globalité la recherche actuelle de la société face à ce nouveau phénomène qui nous concerne tous. Le vieillissement actif était le thème central de l’année européenne 2012, qui soutenait l’idée de tirer le meilleur du potentiel économique et social des seniors. Mais bien vieillir ce n’est pas seulement être actif ; les initiatives de Pro Senectute ont notamment permis d’élargir le débat autour de la valorisation du vieillissement, s’opposant à la pensée utilitariste concernant les personnes âgées, qui contribue, par l’apologie de la productivité dont elle témoigne, à exclure les personnes âgées ne répondant pas à l’image de la vieillesse active4.

Autour de la problématique de la valorisation du vieillissement, ce travail vise

4 Vieillissement actif, Newsletter Informations démographiques, Démos, Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 03 octobre 2012

8

à faire l’état des lieux des connaissances, des possibilités et des problèmes rencontrés par les aînés, afin d’approcher le phénomène dans son ensemble. La compréhension ainsi globale du système permettra de répondre à une question essentielle ; dans l’optique du bien vieillir et par le biais de l’architecture, quel serait le cadre adapté à la diversité des problèmes que rencontre la vieillesse contemporaine?

1.2 Intérêt personnel

J’ai grandi sans me rendre compte que mes grands-parents prenaient de l’âge. Ils vivaient, pour les uns à 600 kilomètres de chez nous, et pour les autres à Zürich. Nous les voyions deux fois par année, à l’occasion des fêtes et des vacances. Quand on est petit, on s’imagine que rien ne changera, on voit les choses dans le présent, sans se rendre compte que les adultes qui nous entourent ont tous leur propre histoire.Un jour d’été, en visite chez mes grands-parents, il s’est mis à neiger. A ce moment ma grand-mère a remarqué ;

« Je me souviens, la dernière fois que j’ai vu neiger au mois de juillet, c’était le mercredi où mon père est rentré de la guerre. »

C’est avec des souvenirs comme ceux-là que j’ai petit à petit pris conscience de l’histoire des mes aînés, que j’ai timidement eu envie de leur poser des questions. Les voyant prendre de l’âge aujourd’hui, je me rends compte de leur bagage, du poids de leur savoir et de tout ce que je souhaiterais qu’ils me transmettent. Des choses simples comme ces recettes de cuisine maîtrisées sur le bout des doigts, aux anecdotes qui me rappellent qu’ils ont grandi dans un monde différent du mien, et qui m’aident à mieux les comprendre.Je me rends compte du temps qui passe si vite et de toutes ces choses que je ne sais pas, de l’importance de la culture que chaque génération se devrait de transmettre.

J’ai aussi vu se développer, chez mon autre grand-mère, la maladie d’Alzheimer, maladie qui fait l’objet de beaucoup d’attention actuellement car elle se répand fortement dans la population. Au moment de son placement dans une institution spécialisée pour les personnes atteintes d’Alzheimer, j’ai été frappée

9

par la corrélation entre les besoins des résidents et l’infrastructure. Ainsi, l’architecture de l’établissement où elle séjourne est adaptée aux différents stades de la maladie de façon très sensible et en correspondance avec le niveau de dépendance des patients.

En observant le parcours de mes aînés, les problématiques qui structurent ce travail me sont venues naturellement. Aujourd’hui je vois mes parents, baby-boomers à l’aube de leur retraite, et m’interroge sur les différentes vieillesses, en bonne ou en mauvaise santé, sur les besoins, les envies et les possibilités qui s’offrent, ou pourraient s’offrir à eux.

1.3 Définition de la vieillesse

La vieillesse peut être définie comme la « dernière période de la vie, caractérisée par un ralentissement ou un affaiblissement des fonctions ».5 Ainsi, la vieillesse, telle que perçue il y a quelques dizaines d’années et intervenant lors du départ à la retraite, ne coïncide plus nécessairement avec la définition du dictionnaire, puisque cette dernière tranche de vie intervient aujourd’hui beaucoup plus tard.

Louis Ploton, pour sa part, définit le passage à la vieillesse en rapport avec la perte d’indépendance des aînés : « Est considéré comme vieux celui vis à vis duquel il n’y a plus de rivalité concevable et dont on se sent spontanément, de fait, responsable de tout ce qui pourrait lui arriver. C’est à dire aussi celui qui s’en remet implicitement aux autres, fût-ce à son insu (…) Pour passer du statut de vieillesse à la démence, il n’y aura donc que très peu de pas à franchir. »6

Le terme « vieux » semble renvoyer, dans notre société, à une notion d’inutilité, d’obsolescence. Au contraire de la nourriture, tels (que) le vin et le fromage, pour qui le fait de vieillir permet d’« acquérir des qualités particulières par la conservation »7. Le vieillissement humain, lui, « marque l’évolution d’un organisme vivant vers la mort »8. La connotation négative des termes vieux ou vieillard sera prise en compte en y préférant les termes aîné, personnes âgée ou senior afin d’éviter tout lien à l’âgisme courant.

5 Le Petit Larousse Illustré 2013, Larousse, Paris, 20126 Ploton L., Maladie d’Alzheimer, à l’écoute d’un langage, Chronique sociale, 19967 Le Petit Larousse Illustré 2013, Larousse, Paris, 20128 Ibid.

10

« Je n’aime pas le mot « vieux » je préfère le terme « âgé ». Il y a une grande différence de contenu entre ces deux mots. »9

Pr. Etienne-Emile Baulieu

L’âge se perçoit de différentes façons. Il y a tout d’abord l’âge administratif, qui définit la majorité, l’âge de conduite d’un véhicule et le moment du départ à la retraite, par exemple. Il varie entre les pays et répond à des considérations économiques, culturelles et sociales. L’âge social se définit par notre statut et les différentes étapes de vie comme le fait de devenir grand-mère par exemple. Enfin, l’âge biologique, varie selon les personnes, la façon dont l’individu auto-perçoit sa santé. Ainsi pour le même âge administratif, les personnes se sentiront plus ou moins en forme. Comme le raconte Claude Sarraute en écho à l’âge biologique :

« C’est tout le drame de la vieillesse, cette disparité entre le dedans et le dehors, c’est le fait d’avoir trente-cinq ans dans sa tête et d’en afficher

soixante-dix sept. »10

Un sentiment qui peut se transformer en frustration alors que personne ne peut échapper à son âge administratif. On le remarque notamment lorsque les jeunes grand-mères refusent d’être appelées ainsi par leurs petits-enfants. La connotation sociale renvoie au statut de personne âgée, faisant référence à une génération ancienne. L’acceptation de ce nouveau statut peut être un passage difficile malgré le bonheur d’être grands-parents et de voir sa lignée se perpétuer.Si l’arrivée à la retraite ne sonne aujourd’hui plus nécessairement le moment d’entrée dans la vieillesse, elle marque en tout cas le passage à une nouvelle période de vie qui se divise en trois phases. Ces étapes varient bien évidemment en fonction de l’âge biologique des individus. Tout d’abord, à partir de 60ans, la plupart des aînés sont en très bonne forme, ils sont pleins d’énergie et leur récente libération des contraintes du travail leur a donné un souffle nouveau pour s’engager dans des projets ou des rêves à concrétiser. Puis, autour des 70 ans, la résistance physique s’amoindrit quelque peu, l’énergie devient une denrée à économiser et plus de temps sera consacré à s’occuper de sa santé ou

9 Delwasse L., Delpech F., Passionnément vieux, Portraits Intimes, Paris, Anne Carrière, 200510 Ibid.

11

de celle de son conjoint. Vient ensuite l’entrée dans le grand-âge, à l’approche des 80 ans, un moment où les limites du corps se font plus présentes. C’est une période où la dépendance se fait grandissante et va demander une capacité d’adaptation aux changements. Cette augmentation de la dépendance est évoquée par l’âge moyen d’entrée en EMS retardé à 81,2 ans, un moment où les aînés ne sont plus capables de tenir leur logement.

Finalement, la relativité de la notion de vieillesse s’exprime au travers des différentes perceptions de nos contemporains âgés. Elle traduit la variété des parcours de vie et des impondérables. Elle témoigne encore une fois de la diversité de la population et de l’impossibilité d’une catégorisation, même lorsque les stéréotypes se font retentissants.

12

2. Problématique démographique

2.1 Renversement de la pyramide démographique

Depuis plus d’un siècle, des changements majeurs ont transformé la silhouette de la pyramide démographique. Les sciences et la médecine ont fait un bond en avant ; les découvertes en terme d’hygiène, de santé et d’alimentation ont grandement amélioré les conditions de vie. Le taux de mortalité en a nettement été influencé. Les statistiques sont éloquentes ; la mortalité infantile a atteint sa limite inférieure de 0,5% alors qu’elle était de 20% en 1875.11

Il faut également souligner les progrès techniques qui ont permis de réduire la tâche physique des hommes par la mise au point des machines industrielles. Bien qu’ayant transformé le monde du travail, ces machines permettent d’arriver à l’âge de la retraite en bien meilleure forme qu’auparavant. L’agrandissement de la part des métiers tertiaires y est également pour beaucoup, les métiers cérébraux et le développement du culte du corps ont conduit les gens à agir pour leur santé, non plus par nécessité.

Au niveau médical, les causes de décès ont changé : les maladies infectieuses qui sont généralement bien traitées dans la population ne sont plus autant fatales, mais les morts violentes ou par maladies chroniques et dégénératives sont plus courantes. D’où un risque de mortalité plus élevé entre 20 et 40 ans ainsi qu’un recul de la mort aux âges avancés. Chez les adultes, l’espérance de vie, qui était de 39,5 ans pour les hommes et 52,5 pour les femmes en 187612, est aujourd’hui de 80,2 et 8413, années respectivement. En résulte un vieillissement par le haut de la population.

Le taux de fécondité a par contre chuté au plus bas (hormis durant les périodes du baby-boom), le nombre d’enfants par femme étant aujourd’hui de 1,5214

11 Calot G., Deux siècles d’histoire démographique suisse, Album graphique de la période 1860-2050, série « Statistique de la Suisse » Office fédéral de la statistique, Observatoire démographique européen, Berne 199812 Ibid.13 OFS : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index.html14 Ibid..

13

contre 4,4 en 187515. Des changement socio-culturels sont en cause, comme le droit de disposer de son propre corps et la généralisation de la contraception par exemple, mais la conséquence en est surtout que la relève d’actifs n’est que partiellement assurée par les naissances. D’où un vieillissement par le bas de la population. Une partie de la jeunesse de notre population est également due aux immigrants, dont l’âge à l’arrivée se situe en majorité entre 20 et 40 ans16.

L’espérance de vie a non seulement doublé en très peu de temps, mais comme vu précédemment, l’état de santé des personnes âgées s’est nettement améliorée. Lorsque l’on prenait sa retraite autour des 60 ans, il nous restait alors quatre ou cinq années à vivre. Celles-ci étaient dédiées au repos, bien mérité après une dure vie de labeur, une attitude représentative de la mentalité des retraités du siècle passé. Aujourd’hui, l’approche de la retraite se fait sous une toute autre perspective. La mécanisation du travail, la prise de conscience de l’importance de prendre soin de soi au cours de sa vie, ou encore la sécurité sociale, permet à nombre de travailleurs d’arriver à l’aube de leur retraite en bien meilleure forme qu’autrefois. L’espérance de vie en bonne santé se situant à 70,3 ans pour les femmes et 69,4 ans pour les hommes en 200717, les aînés sont de plus en plus nombreux à développer de nouvelles aspirations face aux décennies qu’il leur reste à vivre. On voit émerger des héros nommés « super-seniors » qui font l’objet de témoignages écrits ou de reportages télévisés, témoignant d’une une diversité d’approches face à la retraite.

La Suisse n’a pas été épargnée par le phénomène du baby-boom, qui s’y est établi en deux phases, le tout correspondant à la période des Trente Glorieuses. La première, observée dès 1943 est arrivée avant celle des autres pays européens en guerre et a duré jusqu’en 1950. Cette hausse de la natalité a rétabli l’équilibre par rapport aux naissances manquantes de la période de guerre. Le second baby-boom, dit de la prospérité, s’est déroulé entre 1957 et 1966. Il est principalement dû à l’accroissement du nombre de jeunes couples, qui ont donc été exposés plus longtemps à la période féconde de la femme.Cette génération de baby-boomers vient ajouter de l’ampleur au vieillissement

15 Calot G., Deux siècles d’histoire démographique suisse, Album graphique de la période 1860-2050, série « Statistique de la Suisse » Office fédéral de la statistique, Observatoire démographique européen, Berne 199816 Le défi démographique : perspectives pour la Suisse, Rapport de l’Etat-major de prospective de l’administration fédérale, Office fédéral de la statistique, Berne, 199617 OFS : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/21/02/ind32.indicator70201.3202.html

14

Figure 2

Source: OFS : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index.html

15

de la population et par là, fait l’objet de préoccupations de la part de tous les secteurs. S’ils ont représenté une quantité fort appréciable d’actifs pendant plusieurs décennies, ils sont maintenant à même de créer un véritable « papy-boom » puisqu’ils arrivent gentiment à l’âge de la retraite et contribuent à l’évasement de la partie supérieure de la pyramide. L’OFS estime que la part des plus de 65 ans, qui est aujourd’hui de 17,2%, se situera à 28% en 2060, ce qui représente un rapport de dépendance des personnes âgées de 53,1% (contre 27,5% en 2010). A cela s’ajoute le facteur de dépendance des jeunes, ce qui augmente le rapport de dépendance total à 87,5% en 2060 (contre 61.1% en 201018).

Dès 55 ans, les actifs font l’objet de discriminations dans le monde du travail. Leur expérience ne faisant pas le poids face à l’idéal du « jeune cadre dynamique » que l’on s’imagine plus innovateur et concurrentiel car il a encore tout à prouver. La retraite anticipée, qui était à la base pratiquée pour réguler le marché du travail, est encore fréquente aujourd’hui et prônée par les politiques sociales de plusieurs pays européens.19 En outre, des raisons économiques poussent les entreprises au licenciement prématuré afin de conserver des salaires bas. L’âgisme est aussi en cause, les stéréotypes sur l’inefficacité des aînés frappent tôt et fort. Les travailleurs débauchés « à un âge avancé » retrouvent difficilement du travail. Alors que les familles ont des enfants statistiquement de plus en plus tard, les actifs se retrouvent chômeurs prématurément avec des enfants à charge. Lorsque l’on pense que les retraités sont estimés en bonne santé jusqu’aux environs de 70 ans, le paradoxe devient flagrant.

Ces chiffres pour le moins alarmants, mettent en évidence l’enjeu de société qui se trame. Des changements radicaux, que ce soit dans la politique du système de retraite, ou de façon plus subtile au travers des occupations des jeunes et des aînés, de leur mise à contribution dans le domaine des services rendus et de la formation, de la transmission des savoirs et de l’entraide intergénérationnelle, se dévoilent. Ceci afin d’alléger la tâche de la population active qui sera bien insuffisante à elle seule pour répondre aux besoins de la partie dépendante financièrement. Repenser la tendance actuelle au jeunisme et revaloriser nos

18 Ces chiffres proviennent du scénario d’évolution démographique « moyen » de l’OFS ; Kohli R., Bläuer Hermann A., Babel J., Les scénarios de l’évolution de la population de la Suisse, 2010-2060, série « Statistique de la Suisse », Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 201019 Organisation de coopération et de développement économiques, Des réformes pour une société vieillissante, Questions Sociales, Paris, Les Editions de l’OCDE, 2000

16

aînés pour leur savoirs, afin de combler l’écart entre les politiques sociales et les capacités actuelles des aînés, pourraient être des pistes dans l’optique d’un impact social et économique favorable.

Un exemple de mise en pratique efficace a fait l’objet d’un reportage de la télévision suisse romande.20 La Fonderie Stadler de Berne, qui avait fait faillite en 2004, a été reprise par Beat Boltzhaüser élu directeur. Il a directement décidé d’engager les travailleurs les plus expérimentés, c’est à dire les plus âgés. Un tiers de son personnel a donc plus de 50 ans. La compensation des salaires légèrement plus élevés se fait par l’expérience des aînés : dans ce secteur, le risque d’erreur est grand et les pertes qui en découlent augmentent vite. L’expérience mise en application des plus âgés permet d’éviter ces erreurs et donc de compenser le coût de leur salaires.

2.2 La retraite au XXIème siècle

Le passage à la retraite est une étape importante de la vie. C’est une rupture de charge avec la vie d’avant. L’actif perd le statut de travailleur, qui est valorisé par la société marchande pour se définir en tant que retraité, état qui est socialement peu valorisé. Il devient dépendant de l’argent alloué par sa pension, sans avoir un rôle précis dans la collectivité. A cela s’ajoutent la perte du statut parental, la redéfinition des rôles au sein du couple, ainsi que les difficultés de la ménopause chez les femmes. L’impact psychologique en est plus ou moins fort, selon la préparation et les capacités de l’individu, qui dépendent directement des acquisitions du passé.

« En psychanalyse, on appelle cela la persona, c’est à dire le personnage que chacun se fabrique et que l’on joue dans la vie. On joue un personnage et l’on finit par se prendre pour ce personnage. Privés de ce rôle, certains ressentent un sentiment de vide et d’inutilité. Il faut que les gens arrivent à être autre chose que ce qu’ils ont été professionnellement. Selon moi, c’est un problème psychologique, pas un problème de société. (…) Le vieillissement fait partie de la vie. C’est une transformation. (…) Il faut faire le deuil de sa jeunesse. Le deuil, c’est prendre de nouvelles habitudes. »21 Georges, 79 ans

20 « La Fonderie Stadler de Berne mise sur les seniors », 19h30 Le Journal, www.rts.ch, 29 août 200621 Delwasse L., Delpech F., Passionnément vieux, Portraits Intimes, Paris, Anne Carrière, 2005

17

Le déroulement de la carrière et le type de travail effectué ont des influences sur le moment de la retraite. Selon que le travailleur a été amené à s’installer sur divers continents, ou si l’individu est plutôt resté sédentaire, dans un espace connu, l’approche de la retraite n’est pas la même. Les individus du secteur tertiaire semblent plus enclins à choisir une retraite active, qu’ils perçoivent comme un nouveau défi. Au contraire, les personnes qui ont effectué un travail physique peuvent vivre ce passage comme une délivrance.

Un autre facteur rend également ce passage délicat. Notre société se caractérise par un déni de notre propre mortalité22 permis par le recul de la confrontation à la mort aux âges les plus avancés. En vieillissant, l’on redécouvre notre soumission à cette réalité en rompant avec l’illusion, ce qui va engendrer un changement de perception de la vie. La notion qualitative du temps en sera particulièrement touchée ;

« Au fur et à mesure que j’avance en âge, j’ai plus de temps pour moi mais moins d’énergie disponible, l’un et l’autre s’équilibrent. Je dois donc me focaliser de plus en plus sur l’essentiel, avoir des exigences croissantes d’approfondissement, d’intériorité, de sérieux. Au contraire, si j’accepte une vie éparpillée, j’aurai la sensation de perdre du temps, de voir le temps passer sans qu’il soit rempli de ce qui fait qu’il soit pour moi signifiant. »23

Madame V. 83 ans

L’individuation a gagné tous les âges et le désir de se réaliser touche également les aînés. Ces adultes doivent se redéfinir, leur bagage culturel et leur capacité à se valoriser vont alors être très importants. Il s’agit de se donner des fils rouges, de trouver une valeur aux activités quotidiennes, en utilisant son expérience, ses relations créées par le passé, tout en étant guidé par sa motivation à apprendre et à découvrir.

22 « Oublier la réalité de la mort est devenu d’autant plus facile qu’il est possible de vivre de nombreses années sans la rencontrer. L’effet de cette situation inédite est de venir renforcer l’action des puissants ressorts psychologiques qui nous poussent à rejeter de notre conscience notre destin d’être pour la mort, à l’expulser de nos lieux habituels de vie et à nous centrer exclusivement sur nos activités quotidiennes » Sigmund Freud, considérations actuelles sur la guerre et sur la mort (1915), partie II : Notre attitude par rapport à la mort, in Essais de psychanlayse, Paris, Payot, 1981.23 Arbuz G., Préparer et vivre sa vieillesse, faire face aux nouveaux défis de l’avancée en âge, Ed. Seli Asrlan, Paris, 2008

18

« Il faut que je trouve par moi-même comment donner de l’importance à ce que je fais, comment accorder de la valeur aux actes que je pose, qui sont très différents des actes professionnels d’autrefois »24 Madame G.

Les nouvelles organisations de vie sont adaptées selon l’état de santé. Les réserves peut-être amoindries d’énergie, mais avec une forte envie d’être utiles à la société, insérés à la vie active, en pouvant exercer ses talents ou en changeant de domaine pour apprendre tout autre chose. Les études le prouvent : être actif permet de rester en meilleure santé. La santé est un facteur de maintien à domicile, qui est alors facilité ou rallongé, contribuant doublement à réduire les coûts de la santé. L’encouragement des aînés à la participation aux activités sociales entretient le maintien à domicile dans de bonnes conditions, en prévenant les problèmes de solitude.

Ces changements ont développé ce que l’on appelle le « vieillissement actif », véhiculant l’idée de la capacité, voire du devoir « des personnes qui avancent en âge de mener une vie productive dans la société et l’économie. »25 Elle ouvre une porte à la préconisation de la productivité en réponse aux problèmes de nos contemporains âgés, alors qu’elles s’enquièrent de considérations économiques quant au poids conséquent du rapport de dépendance de la vieillesse.

Parallèlement, alors que les politiques gouvernementales dans la plupart des pays européens poussaient à la retraite anticipée26, on observe actuellement un renversement de la tendance en faveur du vieillissement actif. Les pays nordiques sont pionniers dans cette direction, en revoyant leur politique et en repoussant l’âge de la retraite. En Suisse, l’OCDE estime la part des retraités actifs à 27% des plus de 65 ans27. Seulement une minorité d’entre eux travailleraient par nécessité, la plupart ayant un souci de rester actifs et par là-même de conserver une identité sociale. Selon Andreas Kruse, cinq points seraient essentiels au vieillissement réussi : « l’indépendance, l’autodétermination, la capacité d’assumer sa dépendance

24 Arbuz G., Préparer et vivre sa vieillesse, faire face aux nouveaux défis de l’avancée en âge, Ed. Seli Asrlan, Paris, 200825 Organisation de coopération et de développement économiques, Des réformes pour une société vieillissante, Questions Sociales, Paris, Les Editions de l’OCDE, 200026 Ibid.27 Bourget L., « Ceux qui travaillent à plus de 65 ans » in L’Hebdo, 13 juillet 2011

1919

et la coresponsabilité. »28 Alors que la demande des retraités se dirige essentiellement vers les activités socialement productives, qu’il s’agissent des universités du 3ème âge, du bénévolat ou autre, il est important de respecter et d’encourager les formes nouvelles que peuvent susciter l’enrichissement de l’existence des personnes âgées.

28 Vieillissement actif, Newsletter Informations démographiques, démos, Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 03 octobre 2012

2020

3. Problématique médicale

Les innovations médicales permettent à nos aînés de vivre en meilleure santé, de se rétablir après des accidents auxquels ils n’auraient pas survécu sans la médecine actuelle, notamment dans le domaine des maladies cardio-vasculaires qui a subit une vraie révolution. Malgré cela, au fur et à mesure de la vieillesse, la dépendance des seniors se fait de plus en plus grande et enjoint des changements organisationnels, le recours aux aides à domicile voire au placement en institution. L’intérêt de cette partie est de comprendre quelles sont les pathologies les plus répandues chez les seniors et quels besoins elles engendrent en termes de dépendance, afin de mieux apprivoiser les potentielles réponses architecturales et urbaines que nous verrons dans la partie suivante.

La problématique médicale est ici abordée sous l’angle de la vulnérabilité, dont les facteurs sont la dépendance fonctionnelle, la précarité sociale et la perte de l’autonomie. Ces derniers comprennent les principaux enjeux de ce travail en rapport à la santé des aînés. Par définition, une personne est considérée comme vulnérable lorsque « l’autonomie, la dignité et l’intégrité sont menacées »29.

3.1 Dépendance fonctionnelle

La dépendance fonctionnelle, qui est l’un des principaux facteurs de demande d’aide ou d’institutionnalisation, est médicalement définie comme l’ « incapacité à accomplir certaines tâches de la vie quotidienne sans recourir à l’aide d’une personne ».30 L’on peut mesurer la dépendance par l’évaluation de deux sous-catégories :

Les activités de base de la vie quotidienne « regroupent le fait de s’habiller, se déshabiller, faire sa toilette, se transférer hors du lit, d’un fauteuil, se nourrir, aller aux WC, être continent. »31

Les activités instrumentales de la vie quotidienne, sont les premières à être

29 Kemp P, Rendtorff JD, Mattsson N. Bioethics and biolaw Vols 1 and 2. Copenhague: Rhodos, 200030 Monod S., Maladies chroniques et dépendance fonctionnelle, CHUV, Université de Lausanne, 200831 Ibid.

21

Figure 3 : La dépendance fonctionnelle augmente rapidement avec l’âge.

Source: Monod S., Maladies chroniques et dépendance fonctionnelle, CHUV, Université de Lausanne, 2008

Figure 4 : Relation entre les pathologies chroniques des aînés et leur incidence fonctionnelle

Source: Monod S., Maladies chroniques et dépendance fonctionnelle, CHUV, Université de Lausanne, 2008

22

touchées par la dépendance : il s’agit de « téléphoner, faire le ménage, la lessive, utiliser les transports, gérer ses finances, ses médicaments, préparer ses repas, faire les commissions. »32

En réponse aux pathologies des personnes âgées et aux dépendances engendrées, l’on peut regrouper les aides suivantes : « soins infirmiers, aides familiales, soutien social, aide à la personne, soutien psychologique, prévention et éducation à la santé, ergothérapie, kinésithérapie, physiothérapie, adaptation du logement, entretien du cadre de vie, portage de repas, système d’alarme, prêt de matériel auxiliaire, aide aux aidants, transports accompagnés, hébergement temporaire, accueil de jour et logements protégés »33 qui évoquent la diversité des besoins et des services concernés.

Le niveau de dépendance, correspond ici aux trois phases de la vieillesse définies précédemment ; il y a relativement peu de personnes assistées jusqu’à 70 ans, puis à 80 ans 26% de la population est assisté soit plus du double. La dépendance est due en premier lieu à une pathologie (maladie ou accident) engendrant une déficience chez l’individu. Cette déficience entraîne à son tour une restriction mentale ou physique chez la personne, comme l’incapacité à monter les escaliers par exemple, ce qui aboutit finalement à une limitation du rôle dans la société, voir à un placement en institution34.

Dans les pathologies à haute prévalence, l’on retrouve l’arthrose, l’hypertension, les troubles auditifs et visuels. Leur impact fonctionnel est variable et peut faire l’objet d’adaptations techniques, comme les appareils auditifs.L’arthrose et l’accident vasculaire cérébral (AVC) sont les deux pathologies touchant la plus grande partie de la population âgée ayant un grave impact fonctionnel. La Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) dont sont principalement victimes les fumeurs est également très handicapante. Deux facteurs permettent de prévoir une forte augmentation de ces pathologies au sein de la population âgée : premièrement, le risque de contracter ces maladies augmentent avec l’âge ; deuxièmement, l’augmentation de la durée de vie allonge le temps d’exposition aux facteurs de risque. Une dépendance

32 Monod S., Maladies chroniques et dépendance fonctionnelle, CHUV, Université de Lausanne, 200833 Hagmann H.-M., Vieillir chez soi, c’est possible, Un choix de vie, un choix de société, Coll. Aire de famille, Ed. Saint-Augustin, Saint-Maurice, 200834 Monod S., Maladies chroniques et dépendance fonctionnelle, CHUV, Université de Lausanne, 2008

23

Figure 6 : Une très forte augmentation des pathologies chroniques et prévues chez les personne âgées d’ici à 2030.

Source: Monod S., Maladies chroniques et dépendance fonctionnelle, CHUV, Université de Lausanne, 2008

PATHOLOGIE DEFICIENCE LIMITATION FONCTIONNELLE LIMITATION DE ROLE

HYPERTENSION

ACCIDENT CARDIO-VASCULAIRE

INCAPACITE A SE DEPLACER

PLACEMENT EN INSTITUTION

(Verbrugge & Jette, Soc Sci Med 1994;38(1):1-14)

MODELE DU DECLIN FONCTIONNEL

Figure 5 : Modèle du déclin fonctionnelSelon Verbrugge & Jette, Soc Sci Med 1994

24

fonctionnelle accrue chez les seniors est donc prévue.

En réponse à cette problématique, la tendance actuelle chez les médecins est à la prévention, cela à divers niveaux, afin de limiter la venue des pathologies. Cela passe notamment par la promotion d’un mode de vie sain, par la prévention anti-tabac, mais aussi par l’appui à la réadaptation afin de limiter les dépendances et donc l’institutionnalisation. Un effet bénéfique sur les coûts de la santé est obtenu par la même occasion.

La chute est un problème récurrent chez les aînés, 30 à 45% des plus de 65 ans ont chuté une ou plusieurs fois durant l’année passée35. La chute est ainsi définie par la sphère médicale ;

«événement inattendu conduisant un sujet conscient à se retrouver au sol et qui n’est pas la conséquence ; d’un choc violent, d’une perte de connaissance,

d’un accident vasculaire cérébral, ou d’une crise épileptique »36

Elle marque la fragilité de l’individu, mais est souvent banalisée par les patients eux-mêmes. En particulier lorsque celle-ci n’a pas engendré de conséquences alors que « le risque de chuter à nouveau est de vingt fois supérieur après une première chute, et le risque de décès augmente de quatre fois dans l’année suivant la chute. »37 De plus, 5% des chutes engendrent une fracture et donc une dépendance, un lien qui est établi puisque que 50% des cas admis à l’hôpital sont suivis par une institutionnalisation.38 Les effets post-traumatiques sont importants ; à la suite d’une chute 25 à 55% des personnes développent une peur de chuter. Les patients réduisent en conséquence leurs activités qu’ils perçoivent comme un risque de récidive. Cela augmente leur dépendance et réduit leur rôle social. Il est donc très important de prévenir le risque de chute chez les patients âgés.

On dénombre plusieurs facteurs de chutes, il y a tout d’abord les causes intrinsèques, comme les troubles articulaires et musculaires des membres inférieurs, ou bien les troubles visuels, neurologiques et cognitifs. De plus, les

35 Büla C., Chutes & Personnes Âgées, Centre Universitaire de Traitements et Réadaptation, CHUV, Lausanne36 Kellog International Work Group, Dan Med Bull, 198737 Espolio Desbaillet Y., « Prise en charge pratique des chutes des personnes âgées », Mise au point, in Revue Médicale Suisse, 10 novembre 201038 Ibid.

25

Figure 7

Source: OFS : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/21/02/ind32.indicator.70201.3202.html

26

pathologies du vieillissement affectent l’équilibre de l’individu, ce qui augmente le risque de chute.La polymédication39 est mise en cause. C’est un cas fréquent chez les personnes âgées qui sont souvent prises dans une cascade médicamenteuse. Les psychotropes tels que les somnifères et les antidépresseurs, largement prescrits dans cette tranche de la population, sont particulièrement fautifs. On estime que les retraités à domicile consomment en moyenne 3.8 médicaments et les résidents d’institutions six remèdes différents quotidiennement40. Il faut noter que plus le nombre de médicaments à prendre est élevé, plus le pourcentage d’interactions dangereuses augmente, ce qui est le principe même de la cascade médicamenteuse.Bien que le système de soins suisse soit fragmenté, il est important que le médecin ait une vision globale des problèmes de son patient. Il lui faut détecter les interactions médicamenteuses et réduire la consommation de médicaments qui augmentent la fragilité face aux chutes, en particulier si le patient présente une symptomatologie à risque41.

L’environnement, comprenant des barrières architecturales, est responsable de 30 à 50%42 des cas de chute. Un logement adapté est un lieu sécurisé, conforme à l’évolution des aînés. En plus des efforts architecturaux, il faut mettre une attention particulière sur de petits détails relevant de l’aménagement du logement, comme les cordons électriques ou les tapis sur lesquels les seniors s’encoublent facilement.La responsabilité de l’architecte prend ici toute son importance lors de l’approche programmatique. Outre les normes définissant précisément les valeurs d’adaptation, il est important de limiter les risques en choisissant des surfaces non glissantes, des éclairages adaptés aux endroits délicats tels que les escaliers, et créer ainsi un environnement de sécurité, également adaptable aux moyens auxiliaires dans le cas où la personne deviendrait plus dépendante.Henriette Nicolas, aide soignante à domicile pour Pro Senectute exprime les difficultés parfois rencontrées lors de la réalisation. Elle nous parle par exemple

39 La polypharmacie, ou polymédication est le fait de consommer cinq médicaments ou plus par jour.40 Büla C., Médicaments & Personnes Âgées, Module généralisme M 2.6, Faculté de biologie et de médecine, CHUV, Université de Lausanne.41 Les médecins disposent pour cela de plusieurs tests types (Timed up and go test, One-leg-balance, Test de Tinetti) permettant de détecter à l’avance un risque de chute accru.42 Büla C., Médicaments & Personnes Âgées, Module généralisme M 2.6, Faculté de biologie et de médecine, CHUV, Université de Lausanne.

27

de l’aménagement d’une salle de bain « Ils [les corps de métier] ne se rendent pas compte de comment sera utilisée la rampe, j’ai été obligée de leur montrer in situ comment cela se passe avec une chaise roulante, pour que les travaux soient réalisés correctement. » La qualité des plans et un suivi efficace de l’architecte lors de la réalisation sont donc essentiels afin de palier aux éventuelles erreurs.

3.2 Perte d’autonomie

L’autonomie se caractérise par la capacité à prendre des décisions sans être influencé par autrui. Elle peut être mise en cause par la dépression, la démence ou les troubles neuropsychiatriques par exemple. La maladie ou l’hospitalisation peuvent porter atteinte à l’autonomie de la personne lorsque celle-ci est victime d’une perte de contrôle sur soi, ou si elle subit une désorientation par la perte de ses repères habituels. Perdre la faculté d’agir par soi-même rend la personne vulnérable et peut engendrer une mise sous tutelle.

La dépression est fortement répandue chez les seniors : on évalue sa prévalence entre 8 et 16% chez les aînés de plus de 65ans.43 Son diagnostic est difficile car accompagné de symptômes spécifiques aux personnes âgées. Elle s’accompagne typiquement d’effets somatiques qui retiennent l’attention du médecin, ce dernier s’évertuant à les soigner par ignorance de la source du problème. On estime que dans 60 à 70% des cas44 elle est négligée ou méconnue. Elle est donc largement sous-diagnostiquée alors que son impact sur les comportements suicidaires est flagrant ; le taux de suicide chez les aînés est de deux fois supérieur à celui observé dans la population générale.45

La dépression est parfois accompagnée de syndromes cognitifs qui, vu l’avancée en âge de l’individu, peuvent être pris pour un début de démence, ce qui faussera le suivi médical. La dépendance envers les proches peut aussi s’accroitre en conséquence de la dépression, à cause des symptômes phobiques et anxieux l’accompagnant.D’une importance considérable pour la santé de la population âgée, il importe de prévenir son apparition et de mieux la déceler.

43Lleshi V., Bizzozzero T., « La dépression du sujet âgé », Mise au point, in Revue Médicale Suisse, 9 septembre 2009 44 Ibid.45 Ibid.

28

3.3 Précarité sociale

La précarité sociale est associée aux deux domaines que sont l’isolement social et la pauvreté. Le lien entre un mauvais état de santé général et l’isolement social ainsi que la pauvreté financière des personnes a été établi. Les individus provenant d’un milieu social défavorisé avec un faible niveau de formation sont plus à même d’être malades ou dépressifs. Les facteurs sociaux sont un point clé pour la santé de la population en général, et en particulier chez les personnes âgées fragilisées. L’Office fédéral de la statistique met cet aspect en avant :

« La qualité de vie des personnes âgées se trouve principalement déterminée par leur situation de vie, leur participation active à la vie sociale et le soutien social dont elles bénéficient. La santé et la maladie interviennent secondairement par le biais de l’autonomie, respectivement de l’incapacité fonctionnelle. La prise en charge médicale influence indirectement la qualité de vie dans la mesure où elle contribue à maintenir ou à rétablir l’autonomie fonctionnelle. »46

Alors que l’isolement social est un facteur de risque de l’inactivité, lui-même engendrant des pathologies, la solitude est une peur récurrente chez les aînés. Le risque de solitude touche une grande partie de la population : 42% des hommes et 87% des femmes de plus de 80 ans vivent seuls.47 La solitude devient un problème grave lorsqu’il y a un manque total d’interaction sociale, pouvant engendrer une perte des repères temporels. Participer activement à la vie sociale permet de s’insérer dans des réseaux, de faire des rencontres, de créer des liens de qualité avec d’autres personnes seules, mais aussi de favoriser des situations d’entraide et d’échange. La richesse du réseau relationnel est donc d’une très grande importance pour parer à la précarité sociale de nos aînés.

Les préoccupations premières des personnes malades ont été étudiées et il est apparu que la conservation du rôle social est le souci premier des personnes atteintes de maladies chroniques. En second lieu intervient l’indépendance fonctionnelle et en troisième l’état physique. L’individu qui aura besoin d’aide à cause de sa dépendance s’en portera mieux tant que son rôle social n’est pas atteint, lui même porteur de l’estime de soi.

46 OFS : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/21/02/ind32.indicator.70201.3202.html47 Monod S., Sautebin A., « Vieillir et devenir vulnérable, Vulnérabilités et santé », in Revue Médicale Suisse, 18 novembre 2009

29

3.4 Approche aux soins

Les efforts de la médecine sont considérables pour pallier les effets du vieillissement, que ce soit au niveau esthétique ou médical. Même si la qualité de vie est en augmentation dans la force de l’âge, l’approche médicale par rapport aux ainés est complexe.D’une part se pose la question de la limite des soins, en rapport à l’acharnement thérapeutique notamment. Les considérations économiques liées aux traitements pour les aînés font polémique ; cela représente des dépenses considérables pour des personnes ayant une espérance de vie réduite.D’autre part se profile un phénomène qui considère la vieillesse en tant que maladie. De façon surprenante, et l’on pourrait mettre en cause la stigmatisation des aînés, les maux de la vieillesse sont considérés comme normaux par bien des médecins. Ainsi, une pathologie qui serait soignée sans discussion chez un individu plus jeune, risque d’être simplement laissée de côté chez un senior, car elle correspond aux maux courants « des vieux ».

Les personnes âgées sont plus sujettes à la comorbidité de pathologies à haute prévalence pour leur tranche d’âge. Comme expliqué au point 3.1 sur la dépendance fonctionnelle, le risque de cascade médicamenteuse est élevé chez eux. La prévention de toutes ces pathologies, entraînant elle-même des prescriptions, fait l’objet d’une critique dans le livre A bitter pill :

« Les mesures médicales basées sur la prévention, font plus de mal que de bien aux personnes âgées, diminuant leur qualité de vie actuelle dans l’espoir

de prévenir une maladie future. »48

La sous-estimation et le manque de stimulation des personnes âgées font obstacle à leur bonne santé. Alors que les études cliniques démontrent que même à 80 ans les réhabilitations sont possibles grâce à des stimulations physiques ou cognitives49, les personnes âgées ne se voient pas toujours encouragées aussi fortement vers la réhabilitation ou les prothèses mais plus vers des aides auxiliaires (les chaises roulantes par exemple, corollaires de la dépendance) ou même l’institutionnalisation de longue durée. Un manque de confiance dans les

48 A propos de : Sloan J., A bitter pill, How the Medical System Is Failing the Elderly, Greystonesbooks, Canada49 « Vieux, et alors ? », Haute définition, Salvi M., invitée : Stuckelberger A, www.rts.ch, 04 novembre 2012

30

capacités de l’aîné peut le toucher dans son estime personnelle et amener à une perte d’autonomie.Ces faits sont à mettre en perspective, l’approche aux soins des aînés étant en soi délicate. Les médecins essayent d’être sensibles lors de la décision du traitement afin de maximiser l’indépendance fonctionnelle de la personne le plus longtemps possible. Après discussion avec le patient, les traitements lourds peuvent être mis de côté pour y préférer une meilleure qualité de vie dans un espace-temps plus restreint.

31

4. Problématique sociale

Les interactions entre les individus ont beaucoup évolué ces dernières décennies, l’approche sociale permet de se faire une idée des changements de rôles et des nouvelles formes de vie qui se sont créées.

4.1 Agisme VS Jeunisme

L’âgisme est définit comme la « discrimination ou ségrégation à l’encontre des personnes âgées ».50 Ce chapitre, qui tente de montrer les représentations ambiantes auxquelles sont exposés) nos aînés, touche finalement les principaux problèmes rencontrés exposés précédemment, dans une corrélation d’événements quelque peu troublante, attestant le fait que l’âgisme est ancré dans notre société.

« Le racisme est haine de l’autre et peur de l’autre, car l’autre c’est soi. Ce qu’on refuse de tolérer en soi, on le délimite et on l’expulse en le projetant sur l’autre. »51

Les cultes de la beauté, de la performance et de la productivité assènent la population d’images et de valeurs prônant le jeunisme. Les aînés sont souvent perçus comme lents, dépendants, sourds et grabataires. Une bien petite place est laissée à la représentation positive des personnes âgées, le rôle qu’ils occupent dans la société n’en est que plus difficile, car l’image que l’on s’en fait est en contradiction avec le jeunisme ambiant.

Il faut noter tout de même que ceux-ci disposant d’un pouvoir d’achat important, un filon commercial se développe autour de leur bien-être. Les commerciaux ont compris la conséquente part du marché qu’ils occupent, et qui va en grandissant. Les seniors forment une nouvelle cible marketing qui, outre les domaines financiers et de la santé, misent sur des produits rajeunissants, vendent une jeunesse éternelle et une vieillesse sans faille. Bref, un constant retour au jeunisme s’opère et complique la formation d’une vieillesse réussie.

50 Le Petit Larousse Illustré 2013, Larousse, Paris, 201251 Weber S. Avec le temps… de la vieillesse dans les société occidentales et de quelques moyens de la réhabiliter. Toulouse, Les Editions Libertaires, 2003

32

Mais par-dessus tout, les aînés transportent avec eux une idée que l’on préfèrerait tous oublier ; celle de la mort. L’association d’idée entre la vieillesse et la mort - alors qu’en réalité celle-ci peut nous atteindre à tout âge - entraine un mécanisme de défense, inconscient certes, mais qui développe chez les plus jeunes un rejet à l’égard de leurs concitoyens. Comme nous l’avons vu précédemment, l’âgisme est un phénomène ravageur qui commence très tôt dans le monde du travail, puisqu’un homme est perçu comme « vieux » autour de 55 ans et une femme dès 45 ans.52 La nécessité supérieure de temps de repos ou le désir de travailler à un plus faible pourcentage sera alors pris pour de l’inefficience à l’heure du culte de la performance. En contrepartie, les connaissances et les expériences ne sont que peu valorisées et il devient difficile de garder sa place.

La complexité des relations intergénérationnelles s’amplifie avec la plus grande longévité de la population. L’écart du temps se fait grandissant entre les jeunes et les plus âgés, creusant avec lui le fossé des générations. Les jeunes ne grandissent pas dans le même contexte socio-culturel que leurs grands-parents, et entendent la vie d’une toute autre façon.Il est difficile pour les plus âgés de se tenir à jour, l’accès aux équipements modernes (Smartphones, ordinateurs) leur est moins aisé pour des raisons financières et d’apprentissage à l’utilisation. Ils sont parfois mis à part et ne peuvent pas accéder à l’amélioration du niveau de vie. La communication intergénérationnelle n’est point facilitée par ces nouveaux médias : nos grands-parents peuvent habiter géographiquement loin, ils n’auront certainement pas l’usage de Skype ou de Smartphones allouant une communication aisée comme elle le ferait intuitivement pour des individus plus jeunes ayant grandi avec ces médias.

Comme nous l’avons vu précédemment, le suicide chez les aînés atteint des taux très élevés. Certains le perçoivent comme un acte « non seulement normal, mais exemplaire, (…) un suicide philosophique. »53 On entend aussi parler de la pseudo-nécessité d’un génocide des vieux, que ces derniers devraient « faire place » tels des parasites qui résisteraient trop bien à l’âge, mais seraient obsolètes. L’intérêt grandissant pour l’assistance au suicide en Suisse

52 « Vieux moi ? Jamais ! », Spécimen, www.rts.ch, 31 octobre 201253 Weber S. Avec le temps… de la vieillesse dans les société occidentales et de quelques moyens de la réhabiliter. Toulouse, Les Editions Libertaires, 2003

33

témoigne d’ailleurs des changements importants dans la représentation de soi des personnes âgées et d’une certaine valorisation du suicide. Dans le monde médical, ces idées ont déjà été mises en application dans plusieurs cas. Une histoire qui avait fait grand bruit est celle des infirmières autrichiennes qui, se prenant pour des « anges de la mort » avaient assassiné un minimum de vingt patients âgés dans l’hôpital de Lainz à Vienne.54 Il faut rappeler également ce « professeur de l’université de Saint-Gall (…) [qui] ne proposait rien de moins que de limiter le poids du bulletin de vote des seniors en le réduisant lentement mais sûrement avec l’âge. »55, une atteinte directe à leur droit de citoyen.

Astrid Stuckelberger, chargée d’enseignement à l’Institut de médecine préventive et sociale à Genève et spécialiste du vieillissement, remarque la grande ambivalence de notre société : « On a des moyens de combattre le vieillissement pathologique et d’un autre côté, on a une société qui discrimine les personnes âgées. »56

Dans le cadre des actions de Pro Senectute, un atelier a notamment été mené autour de la thématique des « deux tendances contradictoires qui caractérisent la situation actuelle. D’un côté, (…) une participation croissante des personnes âgées à la vie sociale, de l’autre, la discrimination fondée sur l’âge (qui) reste un fait d’actualité. »57

Leur statut peine à se valoriser, leurs droits civiques sont menacés et l’âgisme est fortement ancré dans les mentalités. Alors que beaucoup se souhaitent une retraite réussie, les difficultés qu’ils vont rencontrer peuvent s’y opposer.

4.2 Génération sandwich

Avec l’allongement de la durée de vie, on observe un phénomène d’une ampleur nouvelle ; quatre, voire exceptionnellement cinq générations se côtoient. Alors qu’auparavant cela se limitait à environ deux générations, des questions se forment autour des nouvelles relations intergénérationnelles. On les appelle la génération sandwich : ce sont des jeunes retraités ou des actifs

54 http://www.cbsnews.com/2100-202_162-4268512.html55 Fragnière J.-P., Les retraites, des projets de vie, Réalités sociales, Lausanne. 201156 « Vieux, et alors ? », Haute définition, Salvi M., invitée : Stuckelberger A, www.rts.ch, 04 novembre 201257 Vieillissement actif, Newsletter Informations démographiques, démos, Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 03 octobre 2012

34

qui se retrouvent pris entre plusieurs générations au sein de leur famille. Loin des sereins dimanches en famille, ils sont amenés à jouer de multiples rôles. Ils prendront soin de leurs parents qui se trouvent dans les difficultés du troisième âge, répondront à leur rôle de parents envers leurs enfants qui sont devenus de jeunes parents eux-mêmes, et qui les solliciteront pour la garde de leurs petits-enfants. A cela s’ajoute le phénomène des enfants Tanguy ; ces jeunes adultes dont la vie professionnelle ne suffit pas à subvenir à leurs besoins. Ils reviennent alors vivre chez leurs parents ou en sont dépendants financièrement jusqu’à un âge avancé.

Tous ces événements s’additionnent alors que la génération sandwich arrive à l’âge de la retraite, se découvre des aspirations diverses ne se limitant pas à la sphère familiale, voire rencontre des problèmes de santé personnels. Beaucoup deviendront proches-aidants pour veiller à la santé de leurs parents et les maintenir à domicile, ou les prendront chez eux. Malheureusement, ce genre de cas se solde régulièrement par un épuisement total des proches (souvent un seul enfant de la famille s’y dévoue entièrement) et l’institutionnalisation de la personne aidée. L’aide professionnelle à domicile est là pour renforcer la dynamique d’aide familiale, relayer les proches et leur offrir un espace de discussion. Il a été remarqué que dans les pays nordiques où les systèmes de santé sont très efficaces, l’aide à domicile enjoint les familles à s’investir plus pour leurs aînés, et prévenir ainsi la distanciation des relations. La vieillesse de nos propres parents ne devrait pas être une affaire familiale, voire individuelle, mais s’appuyer sur le système d’aide sociale.

Le rôle de la génération sandwich passe aussi par l’appui aux femmes désirant concilier carrière et vie familiale. En gardant régulièrement leurs petits-enfants, une solidarité féminine intergénérationnelle s’est établie en faveur des jeunes mères émancipées. L’implication des grands-parents permet plus de souplesse dans la conciliation de la vie familiale et professionnelle, mais aménage aussi un espace temporel bénéfique à la vie du couple. Ces multiples facettes interviennent sur les attentes que chacun peut avoir envers les autres, les rôles s’adaptant en fonction de la santé et de la position dans la hiérarchie familiale.

4.3 Fracture de la cellule familiale

La cellule familiale était auparavant bien plus fermée – mais pas pour autant

35

plus solidaire - et son organisation suivait des codes stricts. Les conflits étaient réglés à voix basse ou passés sous silence. De l’extérieur, chaque famille formait un groupe serré qui interagissait avec les autres groupes par des codes sociaux définis selon les classes. Dans les classes moyennes, les parents ne plaçaient pas plus d’espoir en leurs enfants que ce que la vie leur avait offert, et les destinaient à reprendre l’entreprise familiale. L’on vivait rapprochés les uns des autres, parfois sous le même toit. L’espace de vie géographiquement réduit favorisait les rapports de voisinage, les gens se connaissaient tous parmi.

Autrefois en Suisse, l’on construisait le Stöckli dans les fermes ; il s’agissait d’une « construction annexe destinée à l’habitation des vieux parents. La cuisine était commune mais chaque génération avait son propre feu afin d’éviter le plus possible les « foyers de conflits ». »58 Il n’y avait pas de rupture entre les générations comme on l’observe aujourd’hui. Les aînés, s’ils ne cohabitaient pas déjà, se joignaient souvent à la vie familiale pour leurs dernières années de vie, sans représenter une charge trop lourde car la médecine de l’époque ne permettait aucun acharnement thérapeutique.

Cependant, au milieu du siècle passé vont se jouer de grands changements au travers de l’habitat notamment. En tant qu’espace de vie construit, son importance est fort bien explicitée comme suit :

« Aucun autre objet matériel n’occupe une place aussi importante dans la symbolique et la culture humaine, ne joue un tel rôle dans la détermination de l’identité sociale, des activités de chacun, des relations entre les personnes » 59

En 1944, la France crée le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme pour réhabiliter le parc de logement détruit par la guerre. Trop de gens vivent dans l’insalubrité et pour la première fois l’Etat va s’immiscer à l’intérieur des logements. Il va décider de leur organisation et de la façon de vivre des habitants. Les experts vont réfléchir à des questions de lumière, de confort et notamment reconsidérer l’importance de l’individu. En lien avec les valeurs de liberté individuelle et d’autonomie prônées par les penseurs du siècle des Lumières ; ils veulent assurer le respect de l’intimité de chacun. Ils étaient alors en complète opposition avec le mode de vie de l’époque, qui voulait la cuisine

58Fragnière J.-P., Les retraites, des projets de vie, Réalités sociales, Lausanne. 201159 Arbuz G., Préparer et vivre sa vieillesse, faire face aux nouveaux défis de l’avancée en âge, Ed. Seli Asrlan, Paris, 2008

36

comme lieu de vie central, seul endroit chauffé où tout le monde se réunissait. Sans consulter les familles, ils vont imposer la cuisine-laboratoire adjointe à une salle à manger. A cela s’ajoutent des chambres individuelles, car on décide alors que les enfants ont besoin de leur propre espace pour jouer et les adolescents d’un lieu calme pour étudier. Ce changement organisationnel va avoir un grand impact sur la vie familiale :

« Alors qu’autrefois nous étions tous dans la même pièce, surtout en hiver le soir, lorsque nous avons emménagé (dans une maison ou un appartement respectant les nouvelles normes d’hygiène et de confort) on ne savait jamais où se trouvaient l’un et l’autre. Et puis, chacun a eu peu à peu ses activités à lui, des activités différentes de celles des autres. Les enfants étaient moins disponibles, ils devaient faire leurs devoirs, on ne pouvait plus les solliciter pour nous aider. Ils ont pris l’habitude de ne rien faire, d’écouter de la musique dans leur chambre, d’y recevoir des amis. »60

A cette époque, c’est le début de l’individuation des personnes, qui se poursuivra durant les années 70’ pendant lesquelles « L’idée que chacun est le propriétaire de sa propre vie commence à s’imposer sociologiquement. L’homme de masse est en train de devenir son propre souverain. Son horizon est l’autogestion de sa vie. »61 L’épanouissement individuel a également été encouragé par des transformations sociales, comme l’apparition de la pilule contraceptive en 1961, la libéralisation des mœurs et les aspirations nouvelles au sein des couples. Cela n’a pas été sans conséquences sur l’organisation des familles, et particulièrement sur le taux de divorce. Pour 12 divorces contre 100 mariages entre 1945 et 1965, on en dénombrait 43 en 2011.62

Après la Première Guerre mondiale, l’exode rural avait déjà distendu la vie sociale des villages et « Tout ce qui contribuait à tonifier le corps social en le réunissant a disparu »63. A cela s’ajoutent l’effilage des relations de voisinage64,

60 Arbuz G., Préparer et vivre sa vieillesse, faire face aux nouveaux défis de l’avancée en âge, Ed. Seli Asrlan, Paris, 200861 Ehrenberg A., La fatigue d’être soi, Paris, Odile Jacob, coll. Poches, 200062 OFS : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/14.html63 Gervais M., Joliver M., Tavernier Y., La fin de la France paysanne de 1914 à nos jours, Seuil, 197664 Actuellement les relations de voisinage ne s’établissent que difficilement, malgré les efforts de beaucoup de concitoyens. On peut notamment mettre en cause la peur de l’inconnu et le désintérêt de la population.

37

la dispersion des membres de la famille, des étudiants qui s’envolent avant le mariage et surtout la fin de la cohabitation des générations, par un soucis de priorité donnée à la vie de couple et à la famille restreinte. Pour résumer, les baby-boomers reprenaient en cœur les mots d’André Gide :

« Familles, je vous hais ! »

Les nouvelles organisations répondent à présent aux besoins des familles recomposées, monoparentales, et à toutes les nouvelles formes de vies conjugales. La répartition géographique disperse les familles sur le territoire, en découlent des visites ponctuelles et organisées. Le rapport aux aînés a changé. Les relations sont plus distendues, chacun peut mener sa propre vie et s’épanouir, puis revenir dans le cocon familial lors de réunions ou quand le besoin se fait sentir. Bien que discrète en société, la solidarité intergénérationnelle entre les familles est toujours présente, sous forme de bénévolat de grand-parentalité ou d’aide financière, qui représentent une grande partie des transferts entre les ménages. La valeur de l’échange intergénérationnel reste également importante pour la population, mais la présence et la participation active de toute la famille à une même entreprise se raréfient. Les échanges entre les générations ne sont plus les mêmes, la sagesse des anciens s’oublie au fur et à mesure qu’ils perdent en indépendance. Les jeunes se construisent parfois sans aucun échange avec des personnes âgées ; selon le rapport social 2012, « les contacts entre les générations sont d’une rareté préoccupante ». En effet, et selon le même rapport, 60% des jeunes affirment ne pas connaître de personne de plus de 70 ans. Une ambivalence entre l’accueil et le rejet a été démontrée, et l’on constate que même si les adolescents ne sont pas proches des aînés, ils adorent leurs grands-parents. Inversement, les aînés ont beau se plaindre de « cette jeunesse », ils ne cessent d’idolâtrer leurs petits-enfants.

38

5. Problématique architecturale et urbaine

5.1 Entre ville et campagne

L’importance de la situation géographique de l’espace de vie prend de l’ampleur avec l’âge, ce dernier ayant un effet sur les capacités de déplacement. Alors qu’un jeune adulte parcoure en moyenne quotidiennement 49,2 kilomètres, les seniors entre 65 et 79 ne se déplacent plus que sur 25,8 kilomètres et le 4ème âge seulement sur 13,5 kilomètres.65 Même si la mobilité s’amoindrit dans le temps, les besoins de base sont une source de déplacements inévitables. Ils engendrent parfois une dépendance chez les aînés, lorsqu’ils ont perdu la capacité de conduire ou la possibilité d’utiliser les transports en commun, ils doivent avoir recours aux services de déplacement privés ou au bon vouloir de leurs connaissances.

Le cadre campagnard, bien que recherché par les citoyens qui apprécient la nature et son calme, peut provoquer une véritable mise à l’écart. L’espacement des familles et du cercle social dans le territoire, par choix ou par obligation, est un facteur d’isolement. Dans le cadre des EMS particulièrement, leur emplacement en campagne complique la spontanéité des visites et nourrit l’effet de ghettoïsation, rejetant la vieillesse tellement dure à voire qu’il vaut mieux l’ignorer.A l’inverse, l’implantation dans le tissu urbain permet nombre de liaisons avec les services et les transports, les possibilités d’ouvertures et de jonctions s’en trouvent facilitées.

Le type de logement qu’occupent les aînés va jouer un rôle dans les étapes de la vieillesse. Les escaliers et les sanitaires inadaptés sont les premiers obstacles matériels rencontrés lors de la perte d’indépendance physique. Une bâtisse familiale et son terrain représentent en l’occurrence une lourde charge pour les personnes vieillissantes en particulier lorsque les enfants ont quitté le nid familial. Ainsi, le pavillon villageois qui a nourri les rêves des actifs pendant plusieurs années devient inadapté.

65 La population se déplace plus : le train toujours plus apprécié – la voiture reste le principal moyen de transport, microrecensement mobilité et transports 2010, Mobilité et transports, Office fédéral de la statistique, 08 mai 2012

39

A cela s’ajoute l’attachement au logement, grandissant dans le temps, en particulier lorsque le cercle de vie extérieur se rétrécit. Tout changement de contexte n’en sera que plus dur, la perte de ses repères étant un phénomène particulièrement difficile pour les personnes âgées. Le refus de quitter un logement inadapté à son état ou l’incapacité à tenir son logement peuvent pourtant avoir de lourdes conséquences, telles que la chute et l’institutionnalisation.

La responsabilité architecturale d’adaptation aux aînés est un fait, pour autant que les acteurs concernés en donnent la possibilité aux personnes compétentes. Un projet adapté aux problématiques gériatriques se devra d’être sensible à la question de. L’emplacement, de l’appropriation et aux opportunités qu’il ouvre en corrélation avec les idéaux sociaux.

5.2 De l’importance du contexte

La qualité du contexte bâti, que ce soit à l’échelle urbaine ou privative, influe sur la santé des citoyens. L’influence du milieu de vie sur la pression sanguine ou le stress a été prouvée scientifiquement.Ces effets sont étudiés par la psychologie environnementale qui s’attache à définir l’identification et les relations entre les usagers en rapport à leur environnement social, naturel et bâti. Les clés de lecture apportées par cette discipline, extérieure au point de vue habituel de l’architecte, sont particulièrement intéressantes en considération des effets possibles sur l’autonomie et le bien-être.

Cette branche est apparue dans les années 50, lors de l’après-guerre. Face au besoin urgent de reloger la population, à la nécessité de minimiser les coûts et aux nouvelles considérations quant à l’hygiène, les logements de masse standardisés se sont développés. Un nombre conséquent de ces logements ont été des échecs,66 vidés de tout habitant après quelques années à cause de la mauvaise qualité de vie qu’ils offraient ; ils ont simplement dû être détruits.67 Les questions formulées dans et par ce contexte ont été d’une grande influence sur le design futur des architectes, mais également à une échelle plus petite dans

66 Notamment à cause de la spécialisation des lieux, du sentiment de ghettoïsation et d’insécurité des habitants.67 « Lecture 01 - Introduction to Enivironmental Psychology and Overview of the Course » University of California, Irvine, 2012, http://www.youtube.com/watch?v=UyzrTQN6z4g

40

le design du mobilier, par Charles & Ray Eames par exemple, dont les chaises associent confort et économie de matériau. De l’architecture, l’urbanisme et du design est née la psychologie environnementale68.

L’intérêt pour les effets du milieu sur les utilisateurs est aujourd’hui répandu et surtout largement utilisé, en témoignent les grandes firmes telles que Google, Facebook ou Pixar, qui ont assimilé l’information en aménageant des espaces de détente ou de rencontre de la plus grande qualité, afin d’augmenter la communication, la productivité et l’identification des travailleurs à l’image de leur entreprise.

Trois axes exprimés par la psychologie environnementale peuvent être pris en considération lors de la conceptualisation d’un espace. Il s’agit de la stimulation, de la cohérence et du sentiment de contrôle.69 Ils influent sur l’affect de la personne en rapport à son environnement.

La stimulation fait référence à la quantité d’information sensorielle reçue par un usager. Selon leurs qualités et leur quantité, celui-ci peut-être sur-stimulé et donc éprouver un stress, comme dans un lieu de travail bruyant et foisonnant par exemple. La stimulation peut aussi être positive, et participer à l’éveil des sens.

La cohérence est un élément architectural clé. Elle permet une bonne orientation de l’individu ainsi qu’un sentiment de sécurité dans un environnement qu’il apprivoise. La cohérence s’établit par la lisibilité des repères, l’efficience des lumières et les vues extérieures par exemple. De la même façon que lorsque l’on arrive dans une ville nouvelle, l’on se rattache aux monuments qui marquent le territoire pour se repérer, le bâtiment se doit d’être intelligible.

Le sentiment de contrôle confère à l’individu sécurité et bien être par l’influence qu’il peut exercer sur son environnement physique ou social. Ouvrir la fenêtre ou réguler la lumière sont des actes basiques améliorant le confort de l’usager, et permettent d’éviter un sentiment de claustrophobie par exemple. Au même titre, l’influence sur le degré d’intimité de son milieu est primordiale pour bénéficier du choix de s’isoler ou d’interagir.

68 Verlaine P. La psychologie environnementale, Université de Metz69 Evans G. W., McCoy J. M. « When buildings don’t work : The role of architecture in human health. » in Journal of Environmental Psychology, 1998

41

Image 1: Selgas Cano Office, Madrid

Source: http://theartistandhismodel.com/2009/05/selgas-cano-architecture-office-by-iwan-baan/

Image 2: Bureaux Pixar

Source: http://www.fubiz.net/2010/05/17/pixar-office/

42

L’appropriation de l’espace est primordiale : des études ont d’ailleurs montré que les élèves universitaires aux Etats-Unis ont un taux d’abandon inférieur lors de la première année s’ils ont décoré leur chambre à leur façon, en particulier si ces objets se réfèrent à leur vie d’étudiants et non à la vie qu’ils ont laissé en dehors du cadre de l’université.

La capacité d’un espace à exercer une action relaxante permettant de réduire le stress est particulièrement efficace lorsqu’elle est associée à des éléments naturels, comme l’eau ou les espaces verts. Il s’agit par exemple des espaces récréatifs ou de relaxation des grandes firmes comme vu précédemment. Une étude en milieu hospitalier a fait remarquer qu’une vue sur la nature depuis la fenêtre de sa chambre permet de récupérer plus facilement après une opération que lorsque la vue est bouchée par un mur.

La sensibilité à ces points favorise l’affect des usagers pour leur environnement, par les relations et le bien-être créés.

5.3 Structures existantes

L’environnement d’un individu, tel que défini par la psychologie environnementale, comprend divers niveaux qui interagissent70. Ils influencent les comportements et les émotions, au même titre que les individus ont une emprise sur ceux-ci. Ces milieux sont importants pour la formation des identités sociale, culturelle et économique des hommes. Les lieux renvoyant à des références identitaires, ainsi le quartier dans lequel on vit donne une information sur notre revenu de par sa seule localisation environnementale.Les environnements de l’individu se définissent comme suit.

1. Le micro-environnement correspond à l’espace privé dans lequel le niveau d’intimité est le plus élevé. Cela correspond au logement, à la sphère familiale proche.

2. Le méso-environnement, qui est l’environnement de proximité partagé, se réfère aux colocations, lieux de travail, quartiers ou espaces verts. Ce sont les collectivités de proximité qui y prennent part.

70 Verlaine P. La psychologie environnementale, Université de Metz

43

Figure 8: Etude sur la capacité de l’environnement à influer sur le bien être de la personne.Source: http://www.youtube.com/watch?v=UyzrTQN6z4g

44

3. Le macro-environnement fait référence aux environnements collectifs publics tels les villes ou la campagne. C’est la relation de l’individu en rapport à sa collectivité (communautés, habitants) qui est concernée.

4. L’environnement global approche, comme son nom l’indique, la totalité de l’environnement. Ce peut être le milieu naturel ou bâti par exemple. Il concerne l’ensemble de la société.

Les différentes structures de logement pour personnes âgées vont à présent pouvoir être observées sous l’angle de leur relation avec les individus et de la façon dont elles font coexister ces milieux. Leur compréhension permettra de mettre en évidence leur fonctionnement, leurs priorités mais aussi, par la suite, de se faire une idée de ce que pourrait être un environnement adapté au mieux aux retraités de notre époque, en Suisse.

L’Etablissement médico-social ou EMS est la structure la plus complète en termes de prestations. C’est un environnement médicalisé, qui héberge les patients, leur prodigue des soins et entretient l’animation sociale. Trois services y sont possiblement liés : la gériatrie somatique, la psychogériatrie et la psychiatrie. En termes de capacité « Le canton de Vaud compte plus de 150 établissements totalisant près de 6’000 lits, répartis sur tout son territoire. »71 Le nombre de lits par institution peut influer sur la qualité de vie de ceux-ci ; un grand ensemble ressemblera plus à une « machine » alors qu’une résidence à capacité réduite procurera une plus grande impression de vivre « chez soi ».

La structure même de l’EMS limite l’indépendance des personnes, voire même favorise une certaine dépendance. Une fois institutionnalisées, elles perdent le libre choix de sortie, ce qui a un effet infantilisant sur les adultes. La prise en charge peut être abusive ; par exemple lorsque les soignants, pris par une contrainte temporelle, effectuent des activités de la vie quotidienne que les patients seraient capables d’effectuer. Cela les enjoint petit à petit à perdre les habitudes de leur autonomie.L’uniformisation est également problématique ; tous les patients sont pris dans le même rythme de vie, de l’heure des repas aux heures de coucher, il n’est plus possible de suivre son propre rythme biologique. La sphère privée est

71 http://www.vd.ch/themes/sante-social

45

fortement atteinte ; les résidents vivent souvent en chambres communes. A cela s’ajoute la difficulté d’avoir perdu son environnement familier, qui constituait une prolongation de la personne.

En institution, les interactions en institution sont limitées entre les patients -d’un niveau dépendant de l’état de santé de ces derniers- le personnel soignant et les éventuelles visites. Les connexions avec l’extérieur sont rares et limitées. Les résidents disposent de peu de liberté individuelle et sont soumis au rythme de l’établissement.

Bien que bénéficiant d’une image plutôt négative, les maisons de retraite ne sont pas toutes des mouroirs sans vie. On entend, dans les divers reportages, les avis positifs des personnes qui ont trouvé leur train de vie dans ces institutions, ont fait des rencontres et ont changé d’avis quant à leurs a priori avant leur arrivée. Les EMS peuvent être une solution face à la solitude et aux besoins de soins journaliers, si tant est que le cadre de vie soit agréable et la personne prête à faire des efforts de sociabilité, chose qui n’est pas facile à cet âge lorsque tant de bouleversements nous surprennent.Certains EMS font des efforts pour s’ouvrir à la vie sociale, en intégrant un café ouvert sur rue par exemple. Mais le moment d’entrée en EMS étant souvent retardé au maximum - l’âge moyen est de 81,2 ans en Suisse - le niveau de dépendance des résidents n’en est que plus élevé et l’image négative que l’institution véhicule en pâtit.

Les Structures d’Accompagnement Médico Social (SAMS) regroupent, dans le canton de Vaud, trois types d’aide aux personnes âgées et à leur famille, favorisant le maintien à domicile.

Le Court-séjour en EMS est une formule qui permet de passer au maximum 30 jours en EMS afin de récupérer après une maladie ou une opération, ou de soulager momentanément les proches-aidants.

Les Centres d’Accueil Temporaire (CAT) offrent un accueil de jour, une à plusieurs fois par semaine, aux personnes vivant à domicile. Ils s’adressent notamment aux personnes fragilisées, victimes d’un handicap ou de solitude. Les CAT prodiguent des soins de base, d’hygiène ou de santé, et peuvent aider dans le suivi des traitements, par exemple. Ces centres sont particulièrement

46

LOGEMENTS PROTEGES

ETABLISSEMENT MEDICO-SOCIAL

COURT SEJOUR

EMS

CAT

EMS

APPARTEMENTS DOMINO

MICRO-ENVIRONNEMENT

MESO-ENVIRONNEMENT

MACRO-ENVIRONNEMENT

MEDICALISATION

POSSIBILITE DE SOINS MEDICAUX

INTERACTIONS

COMMUTATIONS

47

LOGEMENTS PROTEGES

ETABLISSEMENT MEDICO-SOCIAL

COURT SEJOUR

EMS

CAT

EMS

APPARTEMENTS DOMINO

MICRO-ENVIRONNEMENTMEDICALISATION

MESO-ENVIRONNEMENT

MACRO-ENVIRONNEMENT

POSSIBILITE DE SOINS MEDICAUX

INTERACTIONS

COMMUTATIONS

48

intéressants socialement car ils proposent des activités de toutes sortes (cours de Tai-chi, sorties culturelles, lectures, jeux, repas en commun) et constituent par là des ouvertures sociales pour les personnes âgées.

Le logement protégé fait partie, avec les EMS et les aides à domicile, des piliers de la politique médico-sociale vaudoise pour les personnes âgées. Cette option est favorable car elle permet un maintien à domicile tout en répondant à des exigences de sécurité et de soins. A l’intérieur de ces bâtiments de logement, chaque personne possède son propre appartement, de deux ou trois pièces, et vit en relation avec des personnes qui sont dans la même situation. Plusieurs espaces communs sont aménagés et vont de pair avec des animations favorisant la vie communautaire. Ils sont soumis dans le canton de Vaud aux normes SIA (SIA 500 : Constructions sans obstacles) afin d’assurer la sécurité et l’adaptation aux personnes en perte d’autonomie. Ils prévoient des « prestations d’aide et de soins, de soutien, de réadaptation et d’intégration sociale. »72 L’environnement est sécurisé 24h/24 par un dispositif (par exemple Secutel73) et un(e) référent(e) de maison est là pour encadrer les habitants et faire office d’intermédiaire avec les services d’aide.

Leur localisation est choisie avec tact : ils doivent être en zone urbaine ou villageoise, à proximité des services et d’une ligne de transports en commun. Le voisinage, avec d’autres structures de logement ou des CAT par exemple, est encouragé, car favorable aux interactions. Les aménagements extérieurs doivent être traités avec soin ; chemins d’accès correctement éclairés, boîtes aux lettres et locaux à poubelles à l’abri des intempéries et adaptés aux moyens auxiliaires, ainsi que places de parcs pour handicapés sont essentiels. A l’intérieur du logement, les seuils doivent être réduits au minimum et tout l’aménagement pensé en rapport aux problèmes de mobilité des résidents.

Correspondant à un niveau de dépendance inférieur, les logements adaptés sont spécialement conçus pour des personnes fragiles qui ont besoin d’un meilleur niveau de sécurité architecturale et éventuellement de se déplacer avec un moyen auxiliaire.

72 Le logement protégé ou adapté, brochure destinée aux constructeurs et exploitants, Sanimédia, Octobre 201173 Il s’agit d’un appareil connecté sur la ligne téléphonique, lié à un bracelet (ou collier) muni d’un bouton d’urgence. Il est porté en permanence par la personne qui peut le déclencher en cas d’urgence ou de chute par exemple. Relié à une centrale, une infirmière fera le lien vers l’unité compétente selon le type de problème.

49

Les appartements DOMINO (Domicile Nouvelle Option) sont une branche voisine des logements protégés, qui fonctionnent comme une colocation bénéficiant, au besoin, de services d’aide à domicile. Quelques appartements peuvent facilement être intégrés au sein d’un immeuble d’habitations traditionnelles, ou un bâtiment entier peut être construit. Ils sont parfois liés à un restaurant, qui devient le centre d’interaction sociale avec l’extérieur. Chaque appartement fait cohabiter 4 à 6 personnes, chacun possède une chambre et un sanitaire indépendant. La cuisine et le salon sont les locaux communs, centres des relations entre les adultes. Cette solution renforce le sentiment de sécurité, la solidarité, limite l’isolement social, conserve la liberté de l’individu en lui permettant de conserver ses propres relations sociales et donne accès aux soins, le tout en préservant la sphère intime.

D’autres structures sont intéressantes dans la création de dynamiques sociales, particulièrement d’un point de vue intergénérationnel, par leur potentiel à intéresser toutes les classes d’âge. Il s’agit par exemple des maisons de quartier, des bibliothèques ou des piscines.Les maisons de quartier sont surtout présentes dans les villes et visent à tisser des liens entre les habitants, à attirer toutes les générations et à favoriser la cohésion sociale du quartier. Pour cela, elles organisent toutes sortes d’activités : ateliers de cuisine, jeux, sport, sorties culturelles, moments-café privilégiant la discussion pour les jeunes mamans, en bref toute une panoplie d’idées et de thèmes. En s’adressant à tous, la maison de quartier s’efforce de répondre aux besoins sociaux les plus diversifiés. La récurrence de semaine en semaine de ces activités permet d’établir un lien solide avec les habitants s’inscrivant dans la durée, tout en provenant de l’intérêt même des habitants.

Favoriser les liens intergénérationnels est une action délicate. Des rencontres brèves, ponctuelles et « forcées » ne permettent pas d’établir un véritable échange. Elles peuvent même devenir contre-productives et favoriser les idées reçues par un trop plein de superficialité. Les projets intergénérationnels doivent s’inscrire dans le temps, ils demandent un grand investissement pour proposer une solution sensible en réponse aux attentes des groupes d’âges.

50

Image 3 : Logements protégés du Mont d’Or

Source: Le logement protégé ou adapté, brochure destinée aux constructeurs et exploitants,

Sanimédia, Octobre 2011

51

52

6. Synthèse

Les conditions présentes nous enjoignent à changer la situation. La démographie actuelle et les rapports prévisionnels de l’OFS nous pressent vers la nécessité d’un tournant rapide qui permettra de rééquilibrer le rapport de dépendance de façon viable, dans une situation économique saine.Ce tournant comprend toutefois un changement de fond dans la mentalité des gens. En effet, les rapports gouvernementaux et les actions qui se succèdent depuis les années 60’ afin de mieux intégrer les personnes âgées dans la société se heurtent à de forts stéréotypes. L’âgisme est un racisme bel et bien ancré dans notre société et il convient d’agir sur ce phénomène afin de déconstruire les idées préconçues sur la vieillesse gâteuse. Le psychologue Andreas Kruse, directeur de l’institut de gérontologie de l’université de Heidelberg, nous guide sur la piste du vieillissement réussi avec le concept de la « générativité » qui, partant du désir de l’être humain de se survivre, « nous sensibilise à l’idée de mettre en place des structures qui rendent les personnes capables de s’engager de manière créative pour les générations suivantes. Il en va de la coresponsabilité sociale en vue de permettre un vieillissement réussi. »74 Ainsi en témoigne Gaston Lenôtre, 84 ans :

« Avoir appris et aujourd’hui apprendre aux autres, cela donne de la cohérence à ma vie. C’est une logique et une continuité. (…) A mon âge, c’est une belle satisfaction de constater que l’on peut encore être utile, que les jeunes attendent de vous un enseignement. »

Nos aînés ont aujourd’hui la chance de profiter d’une longue période en dehors du monde du travail, qu’ils peuvent consacrer à leur passion mais aussi à cultiver l’art de vivre. Finalement, la vieillesse, c’est surtout une nouvelle période de la vie qui, comme toutes celles qui lui ont précédé, apporte son lot de difficultés et de bonheurs. Savoir l’approcher en tant que telle semble bien être la clé de tous ces super-seniors qui tiennent la forme. Et comme Einstein le disait « La vie c’est comme la bicyclette, quand on arrête de pédaler, on tombe. »

La retraite est incontestablement un passage difficile socialement et psychologiquement. Si le passé de ces aînés ne leur a peut-être pas donné le

74 Vieillissement actif, Newsletter Informations démographiques, démos, Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 03 octobre 2012

53

bagage culturel nécessaire afin de s’adapter à cette période, la responsabilité incombe certainement à la société de les porter un peu plus loin qu’ils n’oseraient s’imaginer, et d’aller chercher ce que nous pouvons échanger avec eux. La responsabilité retombe en effet à la société dans son ensemble, car avec les changements d’organisation familiale des dernières décennies, la cellule familiale ne suffit plus à assurer la sécurité de nos aînés. Il est vrai que les proches-aidants représentent une véritable armée de l’ombre et font un travail formidable de maintien à domicile en dehors des réseaux d’aide et de soins. Mais à côté de cela, les divorces, conflits familiaux et guerres de succession détruisent bien des familles et esseulent beaucoup de personnes.

Les problèmes de santé auxquels ils font face et même s’ils sont, dans une majorité des cas, bien pris en charge, demandent une adaptation des activités et des lieux de vie en conséquence. Au même titre que les espaces sont adaptés aux jeunes enfants pour faire place à leur développement de façon sécurisée, les seniors ont droit à un espace de vie adapté à leurs besoins et à leurs capacités motrices. Au delà de l’intimité du logement, dans l’espace communautaire de la ville ou du quartier, offrir un espace qui ne soit pas semé d’embûches mais qui accueille les aînés, c’est les respecter. Ils ont certes parfois quelques déficits sensoriels ou de déplacement, mais la grande majorité d’entre eux se sentent intérieurement bien plus jeunes qu’ils n’y paraissent. C’est cet écart entre le paraître et l’être qui établit les limites de l’échange. A la vue d’une personne âgée aujourd’hui, on lui attribue tous les stéréotypes les plus répandus, le plus courant étant la personne qui augmente les décibels lorsqu’elle s’adresse à un aîné. L’inadaptation des lieux fait peur, le manque d’interaction enjoint à rester chez soi, le rejet de la société déprime, et regarder le journal télévisé dans son fauteuil ne donne pas plus envie de sortir. Invitons-les !

Une grande variété de logements s’offre aux aînés, et cela dans tous les cantons. Ces solutions sont créatives et suscitent beaucoup d’opportunités, mais elles se limitent à l’intra muros des bâtiments. Cachés dans entre les murs, les échanges avec la société restent faibles. D’autres projets culturels prometteurs sont en cours, à l’exemple des « quartiers solidaires » de Pro Senectute, visant les liens et la cohésion du voisinage.

6.1 Utopie

Mais pourrait-on imaginer une initiative populaire, un projet qui soit le fruit de la volonté profonde des habitants, donnant l’impulsion à une dynamique d’échange, qui plus est intergénérationnelle ? Un projet qui ne soit pas cloisonné mais inséré dans le tissu urbain, tel un pacemaker animant le flux humain de la ville, répondant à des exigences urbanistiques et sociales ? Une pensée qui mise sur la prise de conscience quant à la valeur ajoutée par les échanges intergénérationnels, par la dynamisation d’un quartier autour des connaissances et aptitudes de chacun, par l’adaptation des structures, afin d’entraîner la volonté citoyenne d’influer sur l’anonymat de la ville ?

Au delà des changements à espérer parmi les générations plus jeunes et qui, bien qu’essentiels, ne font pas l’objet de ce travail, il s’agit ici d’intervenir sur la population clé qui vit ce passage à la retraite.L’idée de la prise de conscience chez les seniors des changements à venir pourrait être mise en lien avec une structure les accompagnant le long de ces étapes. Le passage en EMS se fait souvent brutal, la perte de ses repères un vrai choc, mais qu’en serait-il si les aînés vieillissaient à proximité de cette institution, dans l’éventualité où ils y finiraient leurs jours ? Le lieu, dans son échelle programmatique plus large, pourrait ainsi être intégré en tant qu’espace connu et espace vécu pour l’individu, bien avant qu’il ne réside intra-muros dans l’institution.

Pourrait-on regrouper une mixité intergénérationnelle dans un cadre qui prévoit d’être adapté à tous ? Un lieu capable d’accueillir des seniors en pleine santé, des familles, des jeunes, des étudiants, tous désireux d’échanger ou d’apprendre entre eux ? Un lieu qui puisse accompagner les seniors si ceux-ci partent vers la dépendance, par des structures combinées sur place permettant de rester dans l’espace connu - compris à l’échelle du quartier - tout en résidant dans la structure la plus adaptée au moment ?

6.2 Hypothèse programmatique

L’échelle de l’ensemble doit être humainement intelligible et offrir les services principaux. La grandeur du lieu devrait être définie par la capacité des aînés

54

à le parcourir en marchant, son échelle adaptée à la création d’un sentiment d’appartenance. Dans ce sens, l’échelle du quartier permet à la fois de penser que l’anonymat peut y être évité par sa petitesse, tout en l’envisageant suffisamment peuplé pour la création des dynamiques sociales recherchées.

Loin de l’idée d’une ghettoïsation, les services proposés doivent également être attractifs pour l’ensemble de la communauté. A ce titre, la piscine est un programme qui offre une large possibilité d’activités en répondant aux envies de tous les âges. Les enfants y apprennent à nager, peuvent passer des heures à s’y défouler. Les personnes handicapées ou atteintes de pathologies y trouvent un lieu de réadaptation. Les adultes y font du sport, évacuent leur stress et les personnes âgées profitent des vertus de l’eau pour pratiquer une activité physique douce. Les sols techniques faisant varier la profondeur de l’eau permettent un ajustement selon le public ou les activités qui y sont organisées : aquagym, natation, waterpolo, etc. La piscine est un endroit correspondant à une large tranche de la population et mérite donc d’être mentionnée comme un élément potentiellement structurant au sein du quartier imaginé.

En terme d’activités, les ateliers du bois ou du métal comme installés en ville de Zürich75 sont un très bon support d’échange de connaissances. Ils s’adressent par exemple aux adultes qui désirent transmettre leurs savoirs, aux étudiants souhaitant confectionner leurs meubles à petit budget, et sont idéaux pour la réalisation d’un projet commun.Les ateliers de cuisine, entre recettes de grands-mères et idées nouvelles, permettent un échange de savoirs facilité par l’intérêt commun réunissant les personnes. L’occasion de réunir tout ce petit monde autour d’une unique tablée s’amorce naturellement.

Accueillir toutes les cohortes de la population en proposant une diversité de logements est primordial afin d’établir une mixité de base en vue des aspirations intergénérationnelles. Colocations pour personnes âgées ou étudiants, appartements protégés, studios pour personnes seules et habitats familiaux seraient combinés dans ce sens.L’ouverture et la proximité des fonctions permettraient de faciliter les échanges. Prendre le café avec sa grand-mère, à proximité de son institution, se fera

75 Il s’agit de plusieurs ateliers au centre ville de Zürich, qui offrent tout l’équipement nécessaire à une confection en bois ou en métal par exemple, et un minimum d’encadrement de la structure, qui est elle ouverte sur la voie publique.

55

56

de façon plus spontanée si celle-ci est insérée dans le tissu urbain que si son établissement se situe à la campagne. Le lieu offrirait une possible médicalisation, mais surtout un sentiment de sécurité par son adaptation à tous et par la connaissance de ses voisins.

La création de tels groupements doit être portée par la sensibilité de l’architecture, une mise en rapport adéquate des fonctions, entre l’intime et le collectif, entre la vivacité des jeunes, les maux de certains, les groupes familiaux et la tranquillité des aînés.

La population cible est constituée par les seniors au moment clé où ils quittent le monde du travail, une conjoncture où l’organisation de la vieillesse s’impose. Le levier d’action se situant en amont des maux, par l’accompagnement des personnes dès le moment de la retraite. En s’assurant notamment qu’avant l’isolement et les pathologies chroniques, ils soient pris dans une dynamique qui les portera dans le « bien vieillir », par une structure sociale et architecturale résonnant face aux changements continus et aux besoins contemporains. Peut-être alors la vieillesse pourrait-elle être rendue à sa normalité, à l’acceptation cyclique de la vie qui nous touchera tous.

57

58

7. Bibliographie

Ouvrages :

Arbuz G., Préparer et vivre sa vieillesse, faire face aux nouveaux défis de l’avancée en âge, Ed. Seli Asrlan, Paris, 2008

Caradec V., Sociologie de la vieillesse et du vieillissement. Paris, Armand Colin, 3ème édition, 2012

Del Coso F., Meyer F., Oui je sais qu’un bonhomme a marché sur la lune, mais c’est quand même très vague…, Editions d’en bas, Lausanne, 2009

Delwasse L., Delpech F., Passionnément vieux, Portraits Intimes, Paris, Anne Carrière, 2005

Fragnière J.-P., Les retraites, des projets de vie, Réalités sociales, Lausanne. 2011

Hagmann H.-M., Vieillir chez soi, c’est possible, Un choix de vie, un choix de société, Coll. Aire de famille, Ed. Saint-Augustin, Saint-Maurice, 2008

Lefrançois R., Les nouvelles frontières de l’âge. Canada, Les Presses de l’Université de Montréal, 2004

Sauveur Y., Les représentations médiatiques de la vieillesse dans la société française contemporaine, ambiguïté des discours et réalités sociales, Université de Bourgogne, Thèse de Doctorat, 2011

Organisation de coopération et de développement économiques, Des réformespour une société vieillissante, Questions Sociales, Paris, Les Editions de l’OCDE,

2000

Weber S. Avec le temps… de la vieillesse dans les société occidentales et de quelques moyens de la réhabiliter. Toulouse, Les Editions Libertaires, 2003

Rapports :

Calot G., Deux siècles d’histoire démographique suisse, Album graphique de la période 1860-2050, série « Statistique de la Suisse » Office fédéral de la statistique, Observatoire démographique européen, Berne 1998

Kohli R., Bläuer Hermann A., Babel J., Les scénarios de l’évolution de la

population de la Suisse, 2010-2060, série « Statistique de la Suisse », Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 2010

Schmid Botkine C., Rausa-de Luca F., Vieillissement démographique et adaptations sociales, Démos : bulletin d’information démographique, série « Statistique de la Suisse », Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 2008

Le futur de la longévité en Suisse, série « Statistique de la Suisse » Département fédéral de l’intérieur, Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 2009

Le logement protégé ou adapté, brochure destinée aux constructeurs et exploitants, Sanimédia, Octobre 2011

Statistiques des institutions médico-sociales 2010 – Tableaux standard, Résultats définitifs, Actualité OFS, Santé, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, Mars 2012

Vieillissement actif, Newsletter Informations démographiques, démos, Section Démographie et migration OFS, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 03 octobre 2012

Articles :

Bourget L., « Ceux qui travaillent à plus de 65 ans » in L’Hebdo, 13 juillet 2011

Châtel V., « Les baby-boomers, la génération sandwich » in L’express, juin 2011

Espolio Desbaillet Y., « Prise en charge pratique des chutes des personnes âgées », Mise au point, in Revue Médicale Suisse, 10 novembre 2010

Evans G. W., McCoy J. M. « When buildings don’t work : The role of architecture in human health. » in Journal of Environmental Psychology, 1998

Desbaillets M., Justiniano I., « Nouvelles conflictualités à l’âge avancé », perspectives, in Revue Médicale Suisse, 14 avril 2010

Di Pollina L., Gillabert C., Kossovsky M., « Réseaux de soins intégrés gériatriques », Mise au point, in Revue Médicale Suisse, 24 septembre 2008

Doser Joz-Roland N., Monod-Zorzi S., « Santé et besoins en soins des personnes âgées, différences liées au genre », Mise au point, in Revue Médicale

59

Suisse, 28 juillet 2010

Lleshi V., Bizzozzero T., « La dépression du sujet âgé », Mise au point, in Revue Médicale Suisse, 9 septembre 2009

Maurisse M., « Un appart’, deux générations » in Le Temps, 09 février 2011

Mohat C., « Des bars dans les institutions médico-sociales » in Lien social, mai 2004

Monod S., Sautebin A., « Vieillir et devenir vulnérable, Vulnérabilités et santé », in Revue Médicale Suisse, 18 novembre 2009

Trivalle Ch. « Le syndrome de fragilité », Gérontologie, in Revue Médicale Suisse, 22 novembre 2000

« Architecture’s Health Risk » in Toronto Standard, janvier 2012

« Bienvenue au village Alzheimer » in L’Illustré, mai 2012

« Dix ans de vie en plus depuis 1970, mais pas toujours en bonne santé », 14 décembre 2012 : www.rts.ch

« Evaluation globale et prise en charge gériatriques : quel intérêt ? » revue Cochrane pour le praticien, in Revue Médicale Suisse, 16 mai 2012

« Gériatrie », Gérontologie, in Revue Médicale Suisse, 09 janvier 2008

« La Fonderie Stadler de Berne mise sur les seniors », 19h30 Le Journal, www.rts.ch, 29 août 2006

« Les plus de 60 ans seront un milliard à la fin de la décennie », www.rts.ch, 01 octobre 2012

« Les suisses seraient d’accord d’élever l’âge de la retraite », www.rts.ch, 20 décembre 2012,

« Vieillissement de la société : pas si menaçant », www.rts.ch, 28 juin 2010

Sites Web :

Âge de la retraite en Europe, carte interactive :

http://info.rts.ch/carteanimee/ageretraite.html

60

61

Canton de Vaud, portail social et santé :http://www.vd.ch/themes/sante-social

Centre médico-social de la région sierroise :http://www.cms-sierre.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=19&Itemid=27

Comment meurent les gens ?

http://www.guardian.co.uk/news/datablog/interactive/2012/dec/13/how-people-die-global-mortality-visualised

Dispositif Secutel :http://www.asema.ch/index.php?option=com_content&view=article&id=55&Itemid=56

Espace émotion d’Alain Fidanza :http://www.flausen.ch/070309/006/index_a.php Fondation pour l’animation socioculturelle lausannoise : http://www.fasl.ch/

Maison de quartier « Sous gare » de Lausanne :

http://www.maisondequartiersousgare.ch/

Office fédéral de la statistique OFS :http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/14.html

Possibilités de logements pour les personnes âgées :http://www.logement60plus.ch/ ethttp://www.habitat50plus.ch/f/index.cfm

Pro Senectute Vaud :http://www.vd.pro-senectute.ch/

Pro Senectute, les appartements Domino :http://www.arcjurassien.pro-senectute.ch/cours-formation/appartements-communautaires-domino.html

Médias Visuels :

« Comment échapper à l’EMS ? », Temps Présent, Clément F., De Charrière J., www.rts.ch, 22 novembre 2012

Del Coso F., Meyer C., « Les fleurs vues de dessus, un regard sur la vieillesse et sur la maladie d’Alzheimer », Prod. : Fondation Eben-Hézer & Home Salem, Prod. Exec. : Ekis agence de reportages, 2007

« FR: des foyers de jour pour aînés permettent de désengorger les EMS et comblent la solitude des personnes âgées », 12 :45 Le journal, www.rts.ch, 04 août 2012

« Lecture 01 - Introduction to Enivironmental Psychology and Overview of the Course » University of California, Irvine, 2012, http://www.youtube.com/watch?v=UyzrTQN6z4g

« Le boom des seniors », Faut pas croire, www.rts.ch, 19 novembre 2011

« Le fossé des générations: la réaction des jeunes en politique et l’opinion d’une génération écologiste » 19:30 Le journal, www.rts.ch, 23 octobre 2012

« Les personnes âgées arpentent les tapis de course et soulèvent de la fonte », 19:30 Le journal, www.rts.ch, 17 novembre 2012

« Où vieillir demain ? Un vrai choix aujourd’hui », A Bon Entendeur, www.rts.ch, 03 avril 2012

« Toujours plus vieux, toujours plus verts ? », 36.9°, www.rts.ch, 25 avril 2007

« Tu n’iras pas en EMS », Temps Présent, Antoine Plantevin, www.rts.ch, 04 mars 2012

« Vieux moi ? Jamais ! », Spécimen, www.rts.ch, 31 octobre 2012

Emissions de Radio :

« Vieux, et alors ? », Haute définition, Salvi M., invitée : Stuckelberger A, www.rts.ch, 04 novembre 2012

62

63

« Quand les seniors aident des seniors », On en parle, Cornu Y.-A., invité : Friderici-Demeulemeester J. www.rts.ch, 29 décembre 2011

Communiqués :

Vivre chez soi malgré l’âge et le handicap, Encourage le développement des logements protégés, Communiqué du Conseil d’Etat, Bureau d’information et de communication de l’Etat de Vaud, 04 avril 2007

Structures d’accompagnement médico-sociales : une nouvelle identité pour regroupe une offre croissante, Bureau d’information et de communication de l’Etat de Vaud, 10 juillet 2012

La population se déplace plus : le train toujours plus apprécié – la voiture reste le principal moyen de transport, microrecensement mobilité et transports 2010, Mobilité et transports, Office fédéral de la statistique, 08 mai 2012

Cours universitaires :

Monod S., Prévention en Gériatrie, Département de médecine, CHUV, Université de Lausanne

Monod S., Maladies chroniques et dépendance fonctionnelle, CHUV, Université de Lausanne, 2008

Büla C., Démence de la Maladie d’Alzheimer : Prise en charge et traitements, Module généralisme M 2.6, Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne.

Büla C., Médicaments & Personnes Âgées, Module généralisme M 2.6, Faculté de biologie et de médecine, CHUV, Université de Lausanne.

Büla C., Chutes & Personnes Âgées, Centre Universitaire de Traitements et Réadaptation, CHUV, Lausanne

Büla C., Réadaptation et exercice chez la personne âgée, Faculté de biologie et de médecine, CHUV, Université de Lausanne.

Büla C., Prévention en Gériatrie, Div. De Gériatrie & CUTR Sylvana, CHUV, Université de Lausanne.

Verlaine P. La psychologie environnementale, Université de Metz

64