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19 juillet 2013Des nouvelles du camp 2013

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Communiqué : Les Amis deDominique Savio « font peauneuve »

15 juin 2013

Le camp des ADS sur le SalonBeige

Un jeune comme toi !Vie de Saint Dominique Savio par le

R.P. Delhaye sdb

Sommaire

Chapitre I – Jusqu’à la rencontre deDon Bosco1. Les débuts – 2. Dominique à Murialdo – 3. Sapremière communion – 4. A l’école de Châteauneuf- 5. A l’école de Mondonio

Chapitre II – Chez Don Bosco1. Rencontre de Don Bosco – 2. A l’Oratoire :l’envol décisif – 3. Dominique étudiant 4. Désir desainteté – 5. Désir de sauver les âmes – 6. Avecses condisciples – 7. Son esprit de prière. Sadévotion mariale – 8. Une vie illuminée par lessacrements – 9. Ses pénitences – 10. LaCompagnie de l’Immaculée Conception – 11. Sesamitiés – 12. Faits mystérieux

Chapitre III – Le couronnement1. Le terme approche – 2. Derniers jours à l’Oratoire– 3. Départ de Turin – 4. Les derniers jours – 5. Lafin – 6. Dominique reste vivant – 7. Dominiquerevient – 8. Les reliques de Dominique Savio – 9.Miracles – 10. Sur les autels – 11. La pensée desPapes

Chapitre 1

Jusqu’à la rencontre avec DonBosco

1. Les débuts

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Charles Savio, forgeron, et son épouse Brigitte,couturière, vinrent s’établir à Riva di Chieri, à unevingtaine de kilomètres de Turin, en 1841. C’est làque, le 2 avril 1842, naquit un enfant de grâce quidevint leur consolation et qui reçut au baptême lenom de Dominique, un nom qui lui inspirerad’énergiques résolutions. Il fut le deuxième de dixenfants ; mais son aîné, qui avait reçu lui aussi lenom de Dominique, n’avait vécu que quinze jours.

En 1844, les parents retournèrent dans leur pays ets’établirent à Murialdo, à quelque 35 kilomètres deTurin. L’unique désir de ces vertueux parents futd’élever leurs enfants comme de vrais enfants deDieu. Dominique avait reçu du ciel une heureusenature et un cœur incliné à la piété. A 4 ans, ilrécitait tout seul ses prières du matin et du soir, lesprières avant et après les repas, l’Angélus. Il aimaitdéjà alors se retirer dans un coin pour y « parleravec Dieu ».

C’est lui qui veillait à ce qu’on n’oublie pas de prier.Un jour, ses parents, distraits, s’étaient mis à tablesans prier. « Papa, s’exclama Dominique, nousn’avons pas encore prié Dieu de bénir notre repas »,et il fit aussitôt le signe de la croix et récita la prièreaccoutumée. Un autre jour, un hôte avaitcommencé à manger sans prier. Tout triste,Dominique se retira dans un coin. A sa maman quil’interrogeait plus tard, Dominique répondit : « Je nevoulais pas me mettre à table avec un homme quimange comme les bêtes ».

Il aimait rester près de sa mère, à qui il obéissaitponctuellement en tous points, cherchant même àprévenir ses moindres désirs. Rien de plus beau,écrit Don Bosco, que l’accueil qu’il faisait à sonpère, quand après ses travaux ce dernier revenait àla maison. Dominique courait à sa rencontre, leprenait par la main et parfois lui sautait au cou : «Mon cher papa, lui disait-il, vous êtes bien fatigué,n’est-il pas vrai ? Vous travaillez tant pour moi, etjusqu’ici je n’ai fait que vous causer de l’ennui ; jeprierai Dieu qu’il vous donne la santé et qu’il merende sage. » En disant ces mots, ill’accompagnait à la maison, lui présentait unechaise pour s’asseoir et lui faisait mille caresses. «C’était pour moi, disait le père, un douxsoulagement dans mes fatigues ; j’étais impatientde rentrer à la maison, pour donner un tendre baiserà mon petit Dominique, qui possédait toutes lesaffections de mon cœur. »

2. Dominique à Murialdo

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Des choses à peine croyables, écrit Don Bosco.Mais le chapelain de Murialdo, qui les rapporte, estabsolument digne de foi. « Dès les premiers joursde mon arrivée à Murialdo, dit-il, je remarquai unjeune enfant d’environ cinq ans, qui venaitfréquemment à l’église avec sa mère. La sérénitéde son visage, la grâce de sa personne, sonmaintien religieux attirèrent souvent mes regardscomme ceux de beaucoup d’autres. Si par hasarden arrivant, il trouvait l’église fermée, alors c’était unspectacle charmant… Il s’approchait du seuil de laporte, se mettait à genoux, et, sa petite têteinclinée et les mains jointes, il priait avec ferveurjusqu’à ce que l’église fût ouverte. Même si la terreétait humide, s’il tombait de la neige ou de la pluie,il se mettait à genoux et priait comme de coutume.Émerveillé par cette conduite et poussé par unelégitime curiosité, je voulus savoir qui était cetenfant que je ne pouvais me lasser d’admirer. Onme dit que c’était le fils du forgeron Charles Savio.Puis, quand le petit Dominique me rencontrait, duplus loin qu’il pouvait m’apercevoir, il donnait dessignes de contentement et, levant sur moi sonregard angélique, il me saluait respectueusement. Ilcommençait alors à fréquenter l’école et, comme ilavait l’intelligence ouverte et une grande applicationau travail, il fit de rapides progrès. Bien que l’écolene manquât pas d’écoliers méchants et dissipés, jene l’ai jamais vu se disputer avec personne. Ilsupportait patiemment les injures de sescamarades et, sans rien répondre, il s’éloignait. Jene me rappelle pas l’avoir vu prendre part à desdivertissements dangereux, ni se dissiper enclasse. Lorsque certains camarades cherchaient àl’entraîner au mal, il savait par des raisons au-dessus de son âge désapprouver leur conduite etrefusait toujours de les imiter.

Sa piété extraordinaire ne diminua pas avec lesannées. A cinq ans, il savait servir la messe, et il laservait avec une vraie piété. Il y venait tous les jours: si d’autres la servaient, il l’entendait, sinon il laservait lui-même pieusement. Comme il était depetite taille, il ne pouvait transporter le missel, etc’était une chose curieuse que de le voirs’approcher anxieux de l’autel, s’élever sur la pointedes pieds et étendre ses petits bras pour saisir lepupitre. Si le célébrant voulait lui faire un sensibleplaisir, il ne devait pas transporter lui-même lemissel, mais le rapprocher du bord de l’autel, afinque l’enfant pût le saisir ; joyeux, il le portait alorsde l’autre côté.

II se confessait fréquemment et, dès qu’on le crut

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capable de distinguer le pain eucharistique du painordinaire, il fut admis à la première communion,qu’il reçut avec une piété au-dessus de tout éloge.A la vue du travail qu’opérait la grâce dans cetteâme innocente, je me disais souvent en moi-même: « Voilà un enfant qui donne les plus bellesespérances. Dieu veuille achever son œuvre etconduire à maturité des germes aussi précieux ! »

3. Sa première communion

Rien ne manquait à Dominique Savio pour êtreadmis à la première communion. Il savait par cœurson petit catéchisme, il avait une notion claire del’auguste sacrement de nos autels et brûlait dudésir de le recevoir. Mais dans les paroisses decampagne, on n’admettait guère les enfants à lapremière communion avant l’âge de onze ou douzeans. Or, Dominique n’en avait encore que sept. Ilavait en outre contre lui sa petite taille qui le faisaitmême paraître plus jeune qu’il ne l’était, de sorteque le chapelain de Murialdo hésitait à le recevoir.Mais ses confrères, vu les dispositions de l’enfant,rassurèrent le chapelain, et Dominique fut admis àla première communion.

Il courut à la maison et annonça la nouvelle à samère avec les transports de la plus vive allégresse.Puis il songea à préparer son âme à la sublimerencontre. On le voyait tantôt prier, tantôt faire desaintes lectures. Après la messe il restaitlongtemps à l’église ; il y venait souvent avantqu’elle fût commencée ; on eût dit qu’il habitait déjàdans le ciel avec les anges. La veille du jour fixépour la communion, il alla trouver sa mère et lui dit :« Maman, je vais faire ma première communion ;pardonnez-moi tous les manquements dont je mesuis rendu coupable dans le passé. Je vouspromets d’être beaucoup plus sage à l’avenir. Jeserai plus attentif en classe, plus respectueux, plusobéissant. Je ferai tout ce que vous mecommanderez. »

Après avoir dit ces mots, il se sentit tout ému et semit à pleurer. Sa mère, qui, jusque là, n’avait reçude lui que des consolations fut, elle aussi, émuejusqu’aux larmes. Elle rassura son fils. « Soistranquille, lui dit-elle, mon cher Dominique, tout estpardonné. Prie Dieu qu’il te conserve toujours danssa grâce ; prie aussi pour moi et pour ton père. »

Au matin de ce grand jour, Dominique se leva debonne heure : il mit ses plus beaux habits et serendit à l’église qu’il trouva fermée. Selon son

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habitude, il s’agenouilla sur le seuil jusqu’à ce que,les autres enfants étant arrivés, on ouvrit la porte.Avec les confessions, la préparation et l’action degrâce, la cérémonie dura cinq heures. Dominique,qui était arrivé le premier, partit le dernier. Duranttout ce temps, il ne savait s’il était sur la terre oudans le ciel.

Le jour de la première communion fut pourDominique un grand jour, le principe ou plutôt lacontinuation d’une vie surnaturelle qui peut servird’exemple à tout vrai chrétien. Il écrivit certainesrésolutions qu’il conservait dans un livre de piété etqu’il relisait souvent. Ces résolutions, écrit DonBosco, j’ai pu me les procurer et je les aitranscrites fidèlement dans toute leur simplicité.

Résolutions prises par moi, Dominique Savio, l’an1849, quand j’ai fait ma première communion àl’âge de sept ans.

Volonté de bannir tout péché par amour pour Jésuset Marie. Quel programme de vie ! Quelengagement à l’héroïsme ! Ces résolutions, poursuitDon Bosco, furent jusqu’à la fin de sa vie comme larègle de ses actions.

Si parmi ceux qui liront cette histoire, il y en a quin’ont pas encore fait leur première communion, jeleur recommande instamment de prendre pourmodèle le jeune Savio. Mais je recommande surtoutaux pères et aux mères de famille et à tous ceuxqui exercent quelque autorité sur les enfants dedonner la plus grande importance à cet actereligieux. Soyons persuadés que la communionbien faite est la base de toute la vie. Aussi est-ilrare de trouver quelqu’un qui ait bien accompli cetacte religieux et ne soit pas demeuré bon etvertueux. Au contraire, on compte par milliers lesjeunes gens pervers, qui font la désolation de leursparents et de leurs maîtres ; et si l’on veut enchercher la cause, on la trouve presque toujoursdans une première communion peu ou malpréparée. Il vaut mieux la différer et même ne pas lafaire du tout que de la mal faire.

4. A l’école de Châteauneuf

1. Je me confesserai souvent, et je communieraitoutes les fois que mon confesseur me lepermettra.

2. Je veux sanctifier les jours de fête.

3. Mes amis seront Jésus et Marie.

4. La mort, mais pas de péchés.

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Son vif désir d’étudier lui fit surmonter tous lesobstacles, et il résolut d’aller à l’école municipalede Châteauneuf, éloignée d’environ 4 km. Voilàdonc un enfant de dix ans qui devra faire chaquejour vers les 16 km de chemin pour aller à l’école eten revenir. Tantôt le vent fait rage, ou le soleil brûle ;tantôt il faut marcher dans la boue ou sous la pluie.Qu’importe à Dominique, il est disposé à supportertoutes les intempéries et à surmonter toutes lesdifficultés.

Un jour, un brave homme, voyant Dominique serendre seul à l’école vers deux heures de l’après-midi sous un soleil de feu, s’approcha de lui et luidit d’un ton affectueux :

- « Mon cher enfant, n’as-tu pas peur de voyagerainsi tout seul ?- Je ne suis pas seul. Monsieur, car j’ai avec moimon ange gardien qui ne me quitte pas.- Mais tu dois trouver pénible de faire ce trajetquatre fois le jour par cette chaleur.- Rien n’est pénible, quand on travaille pour unmaître qui paie bien.- Quel est donc le maître qui te paie ?- Ce maître, c’est Dieu qui récompense même unverre d’eau donné par amour pour Lui.»

Un enfant de dix ans qui raisonne ainsi, conclura cepassant, fera certainement parler de lui, quelquecarrière qu’il embrasse.

En été, plusieurs condisciples de Dominiqueavaient l’habitude d’aller se baigner. Ils prenaientleurs ébats tout dévêtus. Un jour, ils résolurentd’emmener Dominique avec eux, et ils y réussirent.Quand on lui eut dit que c’était mal, il en futprofondément affligé, et il fut impossible de l’yconduire de nouveau. Il pleura le péril auquel il avaitexposé sa vie et son innocence. Néanmoins deuxde ses condisciples plus audacieux et pluseffrontés que les autres firent une nouvelle tentative.

- « Non, répondit Dominique, je ne sais pas nager.J’ai peur de mourir dans l’eau. Et puis, n’est-ce pasun péché d’aller dans un lieu où il y a du danger ?- Nullement ; d’ailleurs tout le monde y va.- De ce que tout le monde y va, il ne s’en suit pasqu’il n’y a pas de péché… Et bien, je demanderai àmaman.- Garde-toi bien d’en parler à ta mère, nigaud. Ellene te le permettra certainement pas. Puis, elle enparlera à nos parents et ils nous rafraîchiront àcoups de triques.- Alors, si ma mère ne me le permet pas, c’estsigne que c’est mal. C’est pourquoi je n’irai pas.D’ailleurs, cet amusement expose à offenser Dieuet à mourir dans l’eau, et j’ai bien promis de nejamais y retourner. Si cela déplaît à vos parents,vous ne devriez plus le faire non plus, car Dieu punitles enfants qui ne craignent pas de faire ce quidéplaît à leurs parents. »

A l’école, sa conduite fut exemplaire en tous points.S’il voyait un élève attentif en classe, respectueuxde ses maîtres, il en faisait son ami. Au contraire,les élèves méchants, insolents, qui négligeaientleurs devoirs, disaient de mauvaises paroles ou

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blasphémaient, ceux-là, il les fuyait comme lapeste. Quant aux paresseux, aux insouciants, il lessaluait, leur rendait service à l’occasion, mais il necontractait avec eux aucune espèce de familiarité.

Voici d’ailleurs ce qu’écrivait à Don Bosco DonAlexandre Allora, prêtre et professeur à cette écolecommunale : « Dominique Savio, je l’aimais commeun fils… Je garde de lui un souvenir très vif, de sadiligence, de sa bonne conduite et de ses vertus. »Pour ce qui est de sa vie religieuse, je ne sauraisrien dire, car il demeurait très loin de Châteauneuf…Dominique fit chez nous la deuxième classeélémentaire. Il était de complexion délicate, faible.On lisait sur son visage une gravité mêlée dedouceur, un je ne sais quoi de sérieux et d’aimable; il était extrêmement doux de caractère, et d’unehumeur toujours égale.

Son maintien était tel en classe, au dehors, àl’église, partout, qu’il ravissait d’admiration. Aussi jele regardais, je pensais à lui, j’en parlais toujoursavec joie et amour. C’était pour moi unecompensation des peines que me donnaientd’autres élèves. Il fut toujours vraiment sage de nomet de fait (Savio, en italien, veut dire sage), dansson application à l’étude, dans sa piété, dans sesrelations avec ses condisciples, en un mot, danstoute sa conduite. En quelques mois, il fit desprogrès extraordinaires. Il mérita toujours lapremière place de sa division et les autresrécompenses honorifiques ; il obtint la plus hautenote dans presque toutes les matières qu’on luienseignait. Ces succès ne venaient pas seulementde son intelligence peu commune, mais aussi deson grand amour pour l’étude et la vertu.

Une chose digne d’admiration, c’était la manièredont il remplissait ses moindres devoirs d’écolierchrétien, en particulier son exactitude et sonassiduité à l’école. Étant donné sa faible santé et lalongue route qu’il parcourut chaque jour, en hiver etpar tous les temps, et cela toujours avec tant desérénité, je regarde cette assiduité comme l’effetd’un courage surhumain. La maladie de Dominiquesurvenue en cette année scolaire 1852-53 et lechangement de domicile de ses parentsm’empêchèrent de m’occuper plus longtemps de cecher élève… Ce fut un bonheur pour moid’apprendre qu’il était admis à l’Oratoire Saint-François de Sales (Institut de Don Bosco) où il auratout ce qu’il lui faut pour cultiver sa belle intelligenceet nourrir sa lumineuse piété. »

5. A l’école de Mondonio

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Vers la fin de l’année 1852, les parents deDominique revinrent habiter Mondonio, village desenvirons de Châteauneuf. Là, sa conduite futexemplaire comme à Murialdo et à Châteauneuf.Son nouveau maître, Don Cugliero, m’envoya unerelation presque en tout semblable aux deuxprécédentes. Je me contenterai d’en extrairecertains faits particuliers, afin d’éviter desrépétitions.

« Je n’ai pas rencontré un seul enfant qui, pour lapiété, fût comparable à Dominique. Il était jeune parl’âge, mais il avait la maturité d’un homme fait. Sadiligence, son application à l’étude, ses manièresaffables lui gagnaient l’affection de ses maîtres etfaisaient de lui les délices de ses condisciples.Quand je le regardais à l’église, j’étais émerveillé devoir tant de recueillement dans un enfant si jeune.Plus d’une fois je me suis dit en moi-même : «Voilà une âme innocente, pour qui s’ouvre le ciel etqui en savoure les délices en la compagnie desanges. »

Parmi les traits de vertu, son maître cite le suivant :

« Un jour une faute très grave fut commise dans maclasse. Des garnements avaient bourré le poêle decailloux et de neige bien tassée. Les coupableseurent l’audace d’accuser le brave Dominique. Je nepouvais y croire ; mais on sut si bien colorer lacalomnie que je m’y laissai prendre. Je dis àDominique : « Comment, lui dis-je, c’est vous quiavez tenu une pareille conduite ! Vous mériteriezd’être chassé immédiatement de l’école;heureusement pour vous que c’est la première fois ;autrement… »

Dominique n’avait qu’un mot à dire pour sedisculper, mais il se tut, baissa la tête et, commeun élève réprimandé justement, il ne leva plus lesyeux. Je lui infligeai de se mettre à genoux aumilieu de la classe. Dieu protège l’innocence. Lelendemain, le vrai coupable fut découvert etl’innocence de Dominique reconnue. Regrettantalors les reproches que je lui avais adressés, je lepris à part et lui dis :

« Pourquoi ne m’avez-vous pas dit que vous étiezinnocent ? »

II me répondit : « Parce que le coupable, s’étantdéjà fait punir, eût été certainement chassé. Pourmoi, au contraire, j’espérais être pardonné, carc’était la première fois que j’étais accusé. D’ailleursje pensais à notre divin Sauveur qui, lui aussi, avaitété injustement calomnié. »

Tout le monde admira la patience et la charité deDominique qui avait su rendre le bien pour le mal.

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Chapitre 2

Chez Don Bosco

1. Rencontre de Don Bosco

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En l’année 1854, écrit Don Bosco, Don Cugliero vintme parler de Dominique Savio : « Vous aurezdifficilement des élèves, disait-il, qui le surpassenten intelligence et en vertu. Faites-en l’expérience etvous verrez que c’est un saint Louis de Gonzague.» II fut convenu qu’il me l’enverrait à Muriaidopendant la neuvaine préparatoire à la fête du SaintRosaire.

Le premier lundi d’octobre, de bon matin, je vis unenfant venir à moi avec son père pour me parler.Son visage gracieux, son air souriant mais réservé,attirèrent mes regards. « Je suis Dominique Savio,me dit-il. Mon maître, Don Cugliero, vous a parlé demoi. Nous venons de Mondonio. » Alors je le pris àpart, je lui demandai quelles études il avait faites,quel était son genre de vie. Aussitôt nous nouscomprîmes parfaitement et la confiance futréciproque. Je constatai que cet enfant étaitvraiment animé de l’esprit de Dieu. J’admirai letravail de la grâce dans un âge si tendre. Après unentretien assez long, je lui dis : « II me semble qu’ily a en toi de l’étoffe pour confectionner un bel habitpour le Seigneur.

- Donc je suis l’étoffé ; soyez le tailleur… Prenez-moi donc avec vous et faites de moi un bel habitpour le Seigneur.- Je crains que la faiblesse de ta santé ne tepermette pas de poursuivre tes études.- Soyez sans crainte. Dieu qui m’a jusqu’ici donnésanté et force m’aidera encore dans l’avenir.- Et après tes études de latin, que penses-tu faire ?- Si c’est la volonté de Dieu, je désire ardemmentdevenir prêtre.- Bien. Maintenant je veux savoir si tu es capabled’étudier. Prends ce petit livre (c’était un fasciculedes Lectures Catholiques), apprends cette page parcœur et demain tu viendras me la réciter. »

Je me mis à parler avec son père. Au bout de huitminutes, Dominique revint tout joyeux et me dit : «Si vous voulez, je suis prêt à vous réciter ma leçon.» Je constatai avec admiration non seulement qu’ilsavait le passage par cœur, mais encore qu’il encomprenait parfaitement le sens.

« Bien, lui dis-je, désormais je te regarde commeun de mes chers enfants. Dès maintenant, prieDieu afin que l’un et l’autre nous fassions sa saintevolonté. » Ne sachant comment me témoigner sareconnaissance, Dominique me prit la main, labaisa plusieurs fois et me dit : « J’espère me

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comporter de telle sorte que vous n’ayez jamais àvous plaindre de ma conduite. »

2. A l’Oratoire : l’envol décisif

Dominique Savio entra à l’Oratoire Saint-Françoisde Sales (la maison de Don Bosco à Turin) le 29octobre 1854. L’œuvre de Don Bosco grandissaitrapidement. Si souple et si généreux, Dominiques’y épanouit merveilleusement sous la direction duguide prestigieux que fut Don Bosco et prit de làson envol vers la plus haute sainteté. Don Boscoécrit : « Dans la vie de Dominique, toutes les vertusallèrent toujours se développant. A peine entré àl’Oratoire, il vint me trouver dans ma chambre pourse mettre entièrement, disait-il, entre les mains deses supérieurs. Son regard tomba sur uneinscription : « Da mihi animas, cœtera tolle ». Je luidis : « Voici, ce que ces paroles signifient : O monDieu, donnez-moi des âmes et prenez le reste. »Dominique réfléchit un instant et me dit : « J’aicompris. On ne fait pas ici un commerce d’argentmais un commerce d’âmes. Aussi j’espère que lamienne sera une de celles que vous voulez gagner.»

La conduite de Dominique fut d’abord tout ordinaire.Il ne se distinguait que par l’observance exacte durèglement de la maison. Il se mit à étudier avecardeur et s’appliqua à bien remplir tous ses devoirs.Il écoutait avec bonheur les prédications. Il avait aucœur cette conviction que la parole de Dieu est lalumière qui éclaire nos pas dans le chemin du ciel.Aussi toute sentence morale entendue dans unsermon était une règle de vie qu’il n’oubliait plus… Ildemandait à ses supérieurs conseil et lumière, lessuppliant de vouloir bien l’avertir chaque fois qu’ils leverraient faire quelque manquement. Sa conduiteavec ses condisciples n’était pas moins sage.Remarquait-il un élève dissipé, négligent, peufervent dans la prière, il l’évitait soigneusement. Aucontraire, celui qu’il voyait exemplaire, studieux,zélé, loué de ses maîtres, comptait aussitôt parmises amis.

Maman Marguerite, la sainte mère de Don Bosco,était émerveillée par le comportement de DominiqueElle dit un jour à son fils : « Tu as beaucoup debons enfants dans la maison. Mais le meilleur detous, c’est Dominique Savio ». A l’approche de lafête de l’Immaculée Conception, le Directeurs’efforçait de préparer les élèves avec la plus grandeferveur pour honorer la Mère de Dieu et pour assureraux jeunes gens des grâces de choix. En cette

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année 1854, on préparait à Rome la définition dudogme de l’Immaculée Conception. Dominiquebrûlait du désir de célébrer saintement cette fête. Ilavait écrit sur neuf petits billets le nom d’une vertu,à pratiquer chaque jour de la neuvaine, et il en tiraitun au sort tous les soirs. Après s’être bien préparé,il fit avec un saint zèle une confession générale ets’approcha de la table sainte avec le plus grandrecueillement.

Le soir de ce jour, 8 décembre, les offices terminés,sur le conseil de son confesseur, Dominique serendit à l’autel de la Sainte Vierge, et là, à genoux,il renouvela les promesses de sa premièrecommunion et répéta ces paroles textuelles àplusieurs reprises : « O Marie, je vous donne moncœur, faites qu’il soit toujours vôtre. O Jésus, ôMarie, ne cessez jamais d’être mes amis. De grâceque je meure plutôt que d’avoir le malheur decommettre un seul péché. » Après que Dominiquese fut placé ainsi sous la protection de la SainteVierge, sa conduite fut si parfaite, sa vie si pleinede traits édifiants que j’en pris note pour ne pas lesoublier.

3. Dominique étudiant

L’application de Dominique Savio et sa grandefacilité le mirent bientôt à même d’entrer en 3eclasse d’Humanité sous la direction de l’excellentprofesseur Joseph Bonzanino. Sa conduite y futtoujours exemplaire comme précédemment. Je mecontenterai donc, écrit Don Bosco, de signalerquelques faits édifiants. Le professeur Bonzaninone se rappelait pas d’avoir eu jusque-là un élèveplus attentif, plus docile, plus respectueux que lejeune Savio… Il se distinguait par sa modestie, parla décence de sa mise, et bien que d’humblecondition, il était si poli, si affable, si bien élevé queses condisciples, fils de nobles ou de bourgeois,nombreux dans cette classe, se plaisaient en sacompagnie, non seulement à cause de sa scienceet de sa piété, mais encore de ses manièresaimables et gracieuses.

Dominique était un modèle en tout et partout.Aussi, quand le professeur voyait un élève porté à ladissipation, il plaçait à côté de lui Dominique pourle rappeler à son devoir. Ce fut durant cette annéequ’arriva le fait suivant, voisin de l’héroïsme… Deuxde ses condisciples voulaient absolument se battre.La querelle avait commencé par des insultes àl’adresse de leurs familles. On en vint aux injures,aux propos grossiers, et on décida de vider la

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dispute à coups de pierres. Dominique intervintdans l’espoir d’empêcher ce grave péché. Ilcommença par les engager à renoncer à leur projet,leur faisant observer que la vengeance est contraireà la raison et à la loi de Dieu. Il leur écrivit à l’un età l’autre, les menaça de découvrir la chose auprofesseur, et même à leurs parents. Rien n’y fit,tant était enraciné leur désir de vengeance…Comment dès lors empêcher cette bataille ? Dieuinspira à Dominique un moyen. Après la classe, illeur dit : « Puisque vous persévérez dans votredessein criminel, je demande que vous mepermettiez de vous accompagner et que vousacceptiez une condition.

- D’accord, pourvu qu’elle n’empêche point labataille.- La condition, je vous la dirai sur place. Ellen’empêchera pas le duel.

On se rendit au lieu appelé : Prés de la Citadelle.La colère des deux adversaires était montée à untel degré que Dominique eut bien de la peine à lesempêcher de se battre durant le court trajet. Iltremblait en entendant leurs affreux propos. Arrivésau lieu fixé, les deux garçons se placèrent à unecertaine distance. Déjà ils tenaient les pierres à lamain, chacun cinq, quand Dominique s’écria :

« Avant de vous battre, je veux que vous remplissiezla condition que vous avez acceptée. » Ce disant, iltire un petit crucifix qu’il portait au cou et l’élève enl’air : « Je veux, dit-il, que chacun de vous fixe leregard sur ce crucifix et qu’ensuite il dise a hautevoix : « Jésus-Christ, innocent, est mort enpardonnant à ses bourreaux, et moi, pécheur, jeveux l’offenser par une vengeance publique. » Aprèscela, il va se mettre à genoux devant celui quiparaissait le plus exaspéré et lui dit : « Frappe, etlance sur ma tête la première pierre. »

Ce furieux, qui ne s’attendait à rien de pareil, se mità trembler : « Non, dit-il, jamais. Je n’ai rien contretoi. Je suis même prêt à te défendre si quelqu’unt’attaquait. » Après cela, Dominique court versl’autre, et lui redit les mêmes paroles. Celui-ci enfut déconcerté et tout tremblant lui dit qu’il était sonami et que jamais il ne lui ferait aucun mal. AlorsDominique se leva et, prenant un air sévère, il leurdit d’une voix tremblante d’émotion : « Comment,vous êtes prêts, l’un et l’autre, à vous exposer audanger pour me défendre, moi, misérable créature,et vous êtes incapables de pardonner une insulte,une moquerie proférée en classe, quand il s’agit desauver votre âme qui a coûté le sang de Jésus-Christ, et que vous allez perdre en commettant lepéché ?… » Après cela, il se tut, tenant toujours lecrucifix élevé. Devant cet acte de charité et decourage, les deux adversaires furent vaincus. En cemoment, affirmait l’un deux, je me sentis bouleverséet je tremblais de tous mes membres… A cause delui, je pardonnai de bon cœur à celui qui m’avaitoffensé. Puis, je priai Dominique de m’indiquer unprêtre à qui je pourrais me confesser, conscientd’avoir gravement offensé Dieu par mon désir devengeance… Ce qui fait encore ressortir davantagela haute vertu de Dominique, c’est le silence qu’ilgarda toujours sur ce fait. On n’aurait absolumentrien su, si les deux adversaires n’en avaient parléen différentes occasions.

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Le trajet de l’Oratoire à sa classe fut pourDominique un exercice continuel de vertu. Docileaux ordres de ses supérieurs, soit à l’aller, soit auretour, il ne donnait pas un regard, il n’écoutait pasune parole qui eussent pu blesser la conscienced’un jeune chrétien. Il évitait les mauvaiscompagnons. Il fut invité un jour à aller faire unepromenade et une autre fois à se livrer à une partiede plaisir, au lieu d’aller en classe, mais il sutrefuser et motiver son refus.

Mon meilleur divertissement, écrivait-il, est dansl’accomplissement de mes devoirs et si vous êtesvraiment mes amis, il faut me conseiller non de lesomettre, mais de les remplir. » Néanmoins, descompagnons faillirent un jour le faire tomber dansleur piège. Déjà il se décidait à les suivre et ce jour-là, à manquer la classe. Mais il comprit bien vite etse ressaisissant, il leur dit : « Mes amis, mondevoir est d’aller en classe. Nous nous engageonsdans une voie qui déplaît à Dieu et à nossupérieurs. Je me repens de vous avoir suivis, et sivous continuez ainsi à me donner de mauvaisconseils, vous ne serez plus mes amis. » Sescompagnons se rangèrent à son avis etl’accompagnèrent à l’école. A la fin de l’année,grâce à sa bonne conduite et à son zèle pourl’étude, Dominique mérita d’arriver parmi lespremiers de la classe supérieure. Cependant, aucommencement de l’année suivante, la santé del’enfant parut fléchir, et l’on crut bon de le garder àl’Oratoire pour lui donner des leçons particulières.Ainsi on put lui faire prendre les ménagementsnécessaires pour le sommeil, l’étude ou larécréation. L’année suivante qui était celle derhétorique, Dominique sembla se mieux porter, eton l’envoya suivre les cours du remarquableprofesseur Don Mathieu Picco.

4. Désir de sainteté

Jésus déclare dans l’évangile : « Soyez parfaitscomme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48).Saint Paul rappelle que Dieu nous veut saints (1 Th.4,3 – Ep. 1,4). Ebloui par la grandeur et la bonté duSeigneur, Dominique éprouvait un besoin irrésistibleet croissant de sainteté. Don Bosco raconte.

Dominique était depuis six mois à l’Oratoirelorsqu’on fît un sermon sur la manière de sesanctifier : c’est la volonté de Dieu que noussoyons des saints ; il est très facile de se sanctifier; une grande récompense est réservée à ceux qui

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auront été des saints. Cette prédication fut pourDominique comme une étincelle qui enflamma soncœur d’amour pour Dieu. Pendant quelques jours iln’en dit rien ; il était moins gai que de coutume. Jelui demandai de quel mal il souffrait. « Je ne souffred’aucun mal, mais plutôt d’un bien.

- Que veux-tu dire ?- Je veux dire que j’éprouve le désir et le besoind’être un saint. Je ne croyais pas que ce fût sifacile, mais maintenant je sais que la saintetén’empêche pas la gaieté. Je veux être saint : c’estpour moi un besoin impérieux, une nécessité.Dites-moi donc ce qu’il faut faire pour cela. »

Je lui dis que son désir était louable, mais qu’il nedevait pas se troubler, parce que le trouble de l’âmeempêche de connaître la volonté de Dieu. Je lui disqu’avant tout, il fallait qu’il se maintînt dans une joiemodérée et constante, qu’il accomplît bien sesdevoirs de piété et d’étude et qu’il ne manquâtjamais de prendre part à la récréation avec sescamarades. Un jour je lui déclarai que je voulais luifaire un cadeau de son goût, mais qu’il devait lechoisir lui-même.

- Le cadeau que je vous demande, dit-il, c’est quevous fassiez de moi un saint. Je veux me donner àDieu tout entier et pour toujours : j’éprouve un vraibesoin de me sanctifier, et si je ne me sanctifiepas, je ne fais nen. Dieu me veut saint, et je dois ledevenir. Un jour, le Directeur (Don Bosco), voulantdonner une marque spéciale d’affection à sesélèves de l’Oratoire leur recommanda d’écrire sur unbillet, la chose que chacun désirait. Dominiqueécrivit : « Je vous demande de sauver mon âme etde faire de moi un saint. »

Un jour, nous expliquions certains mots d’après leurétymologie. « Et Dominique, dis-je, qu’est-ce quecela signifie ? On me répondit :

- Dominique vient du mot « Dominicus » et signifiecelui qui est du Seigneur.- Voyez, s’exclama Dominique, si j’ai raison devouloir être un saint. Mon nom m’en avertit, puisqu’ilsignifie celui qui appartient au Seigneur. Je doisdonc et je veux être entièrement à Dieu. Je veuxêtre saint et je serai malheureux tant que je neserai pas un saint. »

Au départ, Dominique pensait que, pour être saint,il fallait s’imposer de grandes pénitences, passer delongues heures en prière… Don Bosco lui fitcomprendre qu’il devait plutôt suivre la voiecommune sans chercher des chosesextraordinaires ; l’accomplissement parfait de lavolonté de Dieu (devoir d’état…) dans la joie, le zèlemis à gagner les âmes à l’amour de Dieu…

5. Désir de sauver les âmes

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Le premier conseil donné à Dominique pour sesanctifier fut de travailler à gagner des âmes à Dieu; puisqu’il n’y a rien au monde de plus saint que decoopérer au salut des âmes pour lesquelles Jésus-Christ a versé jusqu’à la dernière goutte de sonsang. Dominique l’avait compris et répétait souvent: « Si je pouvais gagner à Dieu tous mescondisciples, que je serais heureux ! » II ne laissaitpasser aucune occasion de donner de pieux avis etd’avertir ceux qui, en paroles ou en actions,transgressaient la sainte loi de Dieu. Une chose quilui inspirait une vive horreur et qui contribua même àaltérer sa santé, était d’entendre blasphémer ouprononcer en vain le saint nom de Dieu. Si parfois ilentendait de semblables paroles, il baissait la têtetout centriste et disait pieusement au fond de soncœur : « Loué soit Jésus-Christ ! »

Un jour qu’il traversait une place, son compagnon levit ôter son chapeau et murmurer des paroles à voixbasse. « Que fais-tu ? que dis-tu ? demanda cedernier. – N’as-tu pas entendu ce charretier qui vientde prononcer en vain le saint nom de Dieu, réponditDominique ? J’aurais voulu l’avertir de ne plusrecommencer, mais j’ai craint de lui faire proférerdes paroles encore plus mauvaises et je me suiscontenté de dire : « Loué soit Jésus-Christ ! » Ainsi,j’ai réparé quelque peu l’outrage fait au saint nomde Dieu »

Un jour qu’il revenait de classe, il entendit unhomme d’un certain âge proférer un horribleblasphème. Dominique en fut saisi d’horreur. Il bénitDieu intérieurement. Puis il s’avança vers leblasphémateur :« Pourriez-vous, Monsieur, m’indiquer où se trouvel’Oratoire Saint-François-de-Sales ? »- Je ne connais pas l’Oratoire, mon petit ami et je leregrette. Tu as l’air si gentil et j’aurais été heureuxde te faire plaisir ».Dominique lui dit alors à l’oreille : « Vous me feriezun grand plaisir si dans votre colère vous vousvouliez bien ne plus blasphémer le saint nom deDieu.- Bravo, mon enfant, reprit l’homme, tu as raison,c’est une mauvaise habitude et je veux m’encorriger a tout prix. »

Dans une dispute, un enfant de neuf ans avaitproféré le nom adorable de Jésus. Dominique futsaisi d une sainte indignation ; il s’interposa entreles deux combattants et finit par les calmer. Puiss’adressant à celui qui avait blasphémé le saintnom de Jésus. « Viens avec moi, lui dit-il, tu serascontent. » II le prit par la main, le conduisit àl’église le fit agenouiller devant l’autel et lui dit : «Demande pardon à Dieu du péché que tu viens decommettre en proférant en vain Son saint nom. »Puis il ajouta : « Pour réparer l’outrage que tu asfait à Notre Seigneur dis avec moi : Loué soitJésus-Christ, qu’à jamais son nom soit loué ! »

Dominique lisait de préférence la Vie des Saints quiavaient travaillé d’une manière plus spéciale au

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salut des âmes. Il parlait volontiers desmissionnaires, qui se donnent tant de peine, dansles pays lointains, pour étendre !e règne de Dieu.Ne pouvant leur envoyer des secours matériels, iloffrait à Dieu, chaque jour, quelques prières, etcommuniait au moins une fois par semaine à leurintention. Plusieurs fois je l’ai entendu s’écrier :Combien d’âmes en Angleterre implorent notresecours. Si j’avais assez de santé et de vertu, jevoudrais y aller immédiatement et par la prédicationet l’exemple, les gagner toutes à Notre Seigneur ».Il gémissait en lui-même et parlait souvent du peude zèle qu’on mettait à faire le catéchisme auxenfants et à les instruire des vérités de la religion. «Aussitôt que j’aurai la soutane, disait-il, j’irai àMondonio, je rassemblerai les enfants dans unesalle et je leur ferai le catéchisme. Je leurraconterai de belles histoires pour les intéresser etles rendre sages. Combien de pauvres enfants seperdent pour n’avoir personne qui les instruise desvérités de la foi ! »

Et Dominique joignait les actes aux paroles. Ilfaisait tous les dimanches le catéchisme à l’églisede l’Oratoire. Et il était toujours prêt à l’expliquer àn’importe qui. Il aimait tant parler des chosesspirituelles et faire connaître aux autresl’importance du salut de l’âme. Un jour, un de sescondisciples l’interrompit dans le récit d’une histoireédifiante :

- « A quoi bon raconter ces histoires ?- « A quoi bon, répliqua Dominique ? Je les raconteparce que l’âme de mes camarades a été rachetéepar le sang de Jésus-Christ ; je les raconte parceque nous sommes tous frères et que nous devonsnous entraider dans l’affaire du salut ; je les raconteparce que Dieu nous ordonne de nous aimer lesuns les autres ; je les raconte parce que si jeréussis à sauver une seule âme, je suis sûr desauver la mienne ».

Ce zèle des âmes ne se ralentissait pas enDominique pendant les vacances. Tout ce qu’on luidonnait en classe, au catéchisme, en fait d’images,de médailles, crucifix… il le mettait de côté pour lesvacances. De plus, avant de quitter l’Oratoire, ildemandait à ses supérieurs tout ce qu’ils pouvaientlui donner pour ses petits amis. Puis, aussitôt arrivédans son pays natal il se voyait entouré d’enfantsde son âge et d’autres encore plus jeunes ou plusâgés, qui tous se faisaient un plaisir de s’entreteniravec lui. Quant aux récompenses, il les leur donnaiten temps opportun, pour les rendre attentifs auxquestions qu’il leur posait, soit sur le catéchisme,soit sur l’accomplissement de leurs devoirs. Parces petites industries, il trouvait ainsi moyen demener avec lui quelques enfants, soit aucatéchisme, soit aux offices religieux. Il lui arriva deconsacrer un temps considérable à instruire un deses petits compatriotes :

- « Si tu fais bien le signe de la croix, lui disait-il, jete donnerai une médaille et je te conduirai vers unprêtre qui te fera cadeau d’un beau livre. Mais jevoudrais que tu le fasses très bien et qu’à la fin, enjoignant les mains, tu dises : Ainsi soit-il. »

Dominique désirait que le signe de la croix fûttoujours très bien fait. Il le faisait lui-même plusieurs

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fois devant ses petits élèves en les engageant àfaire comme lui.

Outre son exactitude à remplir ses moindresdevoirs, il donnait encore ses soins à deux frères àqui il apprenait à lire et à écrire, à qui il faisait lecatéchisme, et qu’il aidait à réciter leurs prières dumatin et du soir. Il les menait à l’église, leur donnaitde l’eau bénite et leur enseignait à bien faire lesigne de la croix. Il racontait aussi des histoires àses parents et à d’autres personnes qui l’écoutaientvolontiers. Il ne manquait pas de faire chaque jour lavisite au Saint-Sacrement et c’était pour lui un vraibonheur quand il pouvait y amener avec lui quelquescompagnons. Aussi l’on peut dire qu’il ne laissaitéchapper aucune occasion de faire une bonneœuvre et de donner un conseil utile au salut.

6. Avec ses condisciples

La pensée de gagner des âmes à Dieu ne quittaitpas Dominique. Il était l’âme des récréations, maistout ce qu’il disait et faisait tendait à sa propresanctification et à celle de ses condisciples.Souvent il entretenait la conversation sur desquestions de classe et assaisonnait ses paroles derécits plaisants. Il mettait fin aux murmures parquelque bon mot, par une drôlerie et empêchaitainsi l’offense de Dieu. Son air joyeux, soncaractère vif et enjoué le faisaient aimer même deses condisciples les moins portés à la prière, quieux aussi écoutaient ses avis. Un jour un de sescamarades parlait de se masquer : Dominique l’endissuada.

- « Voudrais-tu, lui dit-il, devenir réellement tel quetu vas te déguiser ?… Pourquoi enlaidir ainsi labelle figure que Dieu t’a donnée ! »

Une autre fois, pendant la récréation, un individus’avança dans la cour au milieu des jeunes gens…Il se mit à débiter des horreurs, tournant en dérisionles choses les plus saintes et critiquant lesministres de l’Église. Quelques jeunes gens nevoulant pas entendre ces impiétés, se contentèrentde se retirer ; mais bon nombre d’étourdiscontinuaient à écouter. Sur ces entrefaitesDominique arrive. A peine a-t-il compris ce dont onparle qu’il se tourne sans respect humain vers sescamarades et leur dit : « Allons-nous-en ! Ne voyez-vous pas que cet homme veut nous voler notre âme? » Tous suivirent Dominique. Le misérable, sevoyant seul, s’en alla et ne reparut plus. Undimanche, certains élèves voulaient aller se baigner

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; Dominique, s’apercevant qu’ils y étaientabsolument décidés, prit un ton d’autorité et leur dit:

- « Je ne veux pas que vous y alliez… Vousdésobéissez à vos supérieurs et vous vous exposezà scandaliser ou à être scandalisés, et aussi à vousnoyer. Et cela; dites-vous, n’est pas mal ?

- « Mais nous avons tellement chaud que nous n’enpouvons plus.

- « Si vous ne pouvez pas supporter la chaleur d’ici-bas, comment ferez-vous pour supporter le feu del’enfer que vous allez mériter ? » Ils renoncèrent àleur projet.

Quelques élèves de l’Oratoire, voulant faire du bienà leurs condisciples, formèrent une association quiavait pour but la conversion des élèves indisciplinés.Dominique entra dans cette association et sedistingua parmi les membres les plus zélés. Aussi,quand il avait une dragée, un fruit, une médaille, uneimage ou autre chose de ce genre, il disait :

- « Je le donnerai à celui qui répondra le mieux àune demande du catéchisme. »

Alors il interrogeait les plus dissipés, et pour peuqu’ils répondissent bien, il leur faisait un petitcadeau. Parfois aussi il procédait autrement, ilabordait ses clients, les engageait à se promeneravec lui et les faisait causer. Si cela étaitnécessaire, il jouait avec eux. Mais, à un momentdonné, suspendant la partie, il disait :

- « Veux-tu que samedi, nous allions nousconfesser ? ».

L’autre, désirant reprendre tout de suite la partie, oubien encore pour faire plaisir à Dominique, répondait: « Oui ». C’était tout ce que demandait Dominiqueet l’on se remettait au jeu. Mais il ne perdait pas devue son partenaire, et chaque jour, d’une manièreou d’une autre, il lui rappelait sa promesse et luiapprenait à bien se confesser. Le samedi, il lemenait à l’église, se confessait le premier,avertissait le confesseur qu’il lui amenait quelqu’unet après la confession, faisait avec son ami l’actionde grâces.

Les faits de ce genre se reproduisaient souvent.C’était pour Dominique le sujet d’une grande joie etpour ce condisciple, une grâce précieuse. Car ilarrivait souvent que tel auditeur, resté insensible àune prédication, était gagné par le zèle amical deson condisciple. Si un compagnon manquait à sapromesse, il lui disait :

- « Pauvre ami, tu as subi l’influence du démon.Aussi, en ce moment, tu es encore plus maldisposé, je m’en aperçois à ta mauvaise humeur.Allons ! un peu de courage et va te confesser ; faisun généreux effort et tu verras comme tu serascontent. »

Ceux que Dominique avait ainsi gagnés, venaientordinairement le trouver après la confession pour luidire la joie qu’ils éprouvaient. « II est certain,disaient-ils, que la confession nous a fait un grandbien et à l’avenir nous irons plus souvent. » Ceuxqui étaient délaissés par les autres parce qu’ilsétaient grossiers ou en proie au chagrin, devenaient

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les amis de Dominique. Il les recherchait et leuradressait quelque bonne parole. Ainsi, ceux quiétaient tentes de s’engager dans la voie du mal,étaient réconfortés et revenaient à de meilleurssentiments. Les malades aussi, à l’infirmerie,réclamaient les soins de Dominique, et tous ceuxqui avaient des peines, les lui confiaient pour enrecevoir du soulagement.

7. Son esprit de prière – Sa dévotionmariale

Si nous voulons réussir notre vie et la rendre richeet rayonnante, nous devons la construireintensément avec le Seigneur, avec Notre-Dame. Lavraie prière illumine et soulève toujours tellement lavie. Dans la vie de Dominique Savio , tout jaillissaitde la prière : voilà la cause profonde de tout sonrayonnement. Don Bosco écrit : parmi les grâcesdont Dieu enrichit l’âme de Dominique, on peutmettre en première ligne sa ferveur dans la prière. Ilétait tellement habitué à converser avec Dieu quepartout, même au milieu des récréations les plusbruyantes, il recueillait ses pensées en Dieu etélevait son cœur vers Lui. Pendant les prières faitesen commun, il ressemblait à un ange. Immobile,dans une attitude où tout respirait la piété, sansautre appui que l’agenouilloir, le visage souriant, latête légèrement penchée et les yeux baissés ; onl’aurait pris pour un autre saint Louis de Gonzague.Il suffisait de le regarder pour être édifié. Pendant larécréation, il s’adonnait souvent avec ses amis àdes lectures pieuses ou bien à réciter quelquesprières à l’église en l’honneur de Marie et pour lesoulagement des âmes du purgatoire. La dévotionde Dominique envers la Mère de Dieu était trèsgrande. Il s’imposait chaque jour quel quemortification en son honneur.

Si nous voulons réussir notre vie et la rendre richeet rayonnante, nous devons la construireintensément avec le Seigneur, avec Notre-Dame. Lavraie prière illumine et soulève toujours tellement lavie. Dans la vie de Dominique, tout jaillissait de laprière : voilà la cause profonde de tout sonrayonnement. Don Bosco écrit : parmi les grâcesdont Dieu enrichit l’âme de Dominique, on peutmettre en première ligne sa ferveur dans la prière. Ilétait tellement habitué à parler avec Dieu quepartout, même au milieu des récréations les plusbruyantes, il recueillait ses pensées en Dieu etélevait son cœur vers Lui. Pendant les prières faitesen commun, il ressemblait à un ange. Immobile,

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dans une attitude où tout respirait la piété, sansautre appui que l’agenouilloir, le visage souriant, latête légèrement penchée et les yeux baissés ; onl’aurait pris pour un autre saint Louis de Gonzague.Il suffisait de le regarder pour être édifié. Pendant larécréation, il s’adonnait souvent avec ses amis àdes lectures pieuses ou bien à réciter quelquesprières à l’église en l’honneur de Marie et pour lesoulagement des âmes du purgatoire.

La dévotion de Dominique envers la Mère de Dieuétait très grande. Il s’imposait chaque jour quelquemortification en son honneur. En se rendant enclasse, il tenait toujours les yeux baissés, même sides compagnons voulaient attirer son attention surquelque spectacle attrayant. Un compagnon lui ditun jour sur un ton fâché : « Que veux-tu donc fairede tes yeux, si tu ne t’en sers pas pour voir etregarder ? Je veux m’en servir, répondit Dominique,pour contempler la beauté de notre Mère du ciel,quand j’irai, si j’en suis digne, la voir en Paradis. » IIavait une dévotion toute spéciale au CœurImmaculé de Marie. Chaque fois qu’il se rendait àl’église, il allait prier devant son autel. Il demandaitla grâce de conserver son cœur pur de touteaffection déréglée… « O Marie, disait-il, je veuxtoujours être votre enfant. Obtenez-moi de mourirplutôt que de commettre un péché contre la vertude pureté. »

Tous les vendredis pendant la récréation, il allait àl’église avec quelques-uns de ses compagnons,pour réciter le chapelet des Sept Douleurs deMarie, ou au moins les litanies de Notre-Dame deCompassion. Non seulement il avait une dévotionpersonnelle envers Marie, mais encore il seréjouissait extrêmement de pouvoir lui faire rendrequelques hommages par d’autres. Un samedi,pendant l’hiver, il avait invité un de ses amis à veniravec lui à la chapelle pour réciter les vêpres de laBienheureuse Vierge Marie. Ce dernier s’y rendaitde mauvaise grâce, alléguant qu’il avait froid auxmains. Dominique ôta ses gants, les donna à soncompagnon, et ils se rendirent ainsi à la chapelle.Une autre fois, il enleva son manteau de dessusses épaules pour le donner à son compagnon, afinque celui-ci le suivit plus volontiers à l’église. Quin’admirerait une piété si généreuse ? JamaisDominique ne montrait plus de ferveur envers notrecéleste protectrice que durant le mois de mai. Ils’entendait avec ses amis pour faire chaque jour, endehors de l’exercice public, l’un ou l’autre acteparticulier de dévotion. Il préparait toute une séried’histoires qu’il racontait pour inspirer à sescondisciples l’amour de Marie. Il parlait souventd’elle en récréation et exhortait ses camarades àcommunier fréquemment durant ce mois. Il donnaitlui-même l’exemple en s’approchant chaque jour dela sainte Table avec un recueillement au-dessus detout éloge.

Les élèves de son dortoir voulurent élever à leursfrais un petit autel pour la clôture du mois de Marie.Dominique était tout feu tout flamme pour cetteidée. N’ayant pas d’argent, il apporta à sescompagnons un de ses livres de prix : « Voici monoffrande pour honorer Marie. Voici un livre, je vous ledonne, faites-en ce que vous voudrez. » Cet acte deDominique piqua d’émulation ses amis qui, eux

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aussi, offrirent des livres et d’autres objets. L’auteldressé, les élèves désiraient donner à la fête l’éclatdes grandes solennités. On poussa activement lespréparatifs ; néanmoins on ne put terminer asseztôt et il fallut travailler la nuit. Dominique voulait yconsacrer toute la nuit. Mais, comme il sortait demaladie, ses camarades l’obligèrent à aller prendreson repos. Il y consentit. « Au moins, dit-il, aussitôtque vous aurez tout fini, venez me réveiller pour queje puisse, le premier, voir le bel autel que vousaurez élevé en l’honneur de notre bonne Mère. »

8. Une vie illuminée par lessacrements

La vie chrétienne est une « vie surnaturelle ». Ellejaillit des sacrements. Elle est entretenue et sedéveloppe par les sacrements, ces moyensprodigieux auxquels le Seigneur a conféré cettepuissance extraordinaire de transfigurer etd’illuminer les âmes et d’y insuffler la vie divine.Aussi ne faut-il pas s’étonner que Don Bosco aitfondé toute sa méthode d’éducation sur lessacrements.

Don Bosco écrit : « Donnez-moi un adolescent quireçoive souvent les sacrements de Pénitence etd’Eucharistie, et vous le verrez croître dans sajeunesse et passer de l’âge mûr jusqu’à la pluslongue vieillesse comme un modèle de vertuschrétiennes. Plût au Ciel que les jeunes genscomprennent cette vérité pour la mettre en pratique,et que tous les éducateurs la comprennentégalement pour en faire la règle de leur conduite !»

Avant que Dominique vînt à l’Oratoire, il seconfessait et communiait tous les mois, selon lerèglement des écoles, mais à l’Oratoire, il le fit plussouvent. Un jour il entendit un prédicateur qui disait: « Jeunes gens, si vous voulez persévérer dans lechemin du ciel, je vous recommande de vousapprocher fréquemment des sacrements dePénitence et d’Eucharistie. Pour cela choisissez unconfesseur à qui vous puissiez ouvrir entièrementvotre cœur, et ne le quittez pas sans nécessité. »Dominique commença par choisir son confesseur(Don Bosco lui-même) et ne le quitta plus jamais.Afin de se faire bien connaître à ce prêtre, il voulutlui faire une confession générale. Il commençad’abord par se confesser tous les quinze jours, puistous les huit jours, et chaque fois il communiait.Son confesseur, voyant les grands progrès qu’ilfaisait dans la vie spirituelle, lui conseilla decommunier trois fois par semaine et, au bout d’un

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an, il lui permit la communion quotidienne.

A noter : à cette époque, la communion quotidiennen’était guère en usage. Don Bosco lui-mêmeexigeait une volonté ferme de progresser dans lavertu pour permettre la communion fréquente. Cen’est que vers 1910 que l’Église, en la personne duPape Saint Pie X, chercha à répandre l’usage de lacommunion fréquente ou même quotidienne.

Durant quelque temps il fut tourmenté de scrupuleset il voulait se confesser tous les quatre jours, etmême plus souvent ; mais son confesseur ne le luipermit pas, et exigea que par obéissance, il s’entînt à la confession hebdomadaire. Dominique avaiten son confesseur une confiance illimitée et luiparlait en toute simplicité des choses de son âme,même en dehors de la confession. On lui conseillabien l’une ou l’autre fois de le quitter, mais il nevoulut jamais. Le confesseur, disait-il, est lemédecin de l’âme. Or, on ne change de médecinque pour deux raisons : ou parce qu’on n’a pasconfiance en lui, ou parce que le mal est désespéré; ce qui n’est pas le cas pour moi. Si j’ai quelquepeine intérieure, je vais trouver mon confesseur pourqu’il me fasse connaître la volonté de Dieu, puisqueJésus-Christ nous assure que la voix du confesseurest la voix même de Dieu.

Ensuite, si je désire de grandes choses, je vaisrecevoir l’Hostie Sainte où se trouve le corps queJésus-Christ a immolé sur la croix, avec son sang,son âme et sa divinité. Que me manque-t-il doncpour être heureux en ce monde ? Il ne me manqueque de voir à découvert dans le ciel Celui que jecontemple sur l’autel avec les yeux de la foi. Avecde pareilles dispositions, Dominique était vraimentheureux. De là naissaient cette douce gaieté, cettejoie céleste qui brillait sur son visage etl’accompagnait partout. Il était, d’ailleurs, si bienpréparé pour la communion fréquente. Sa conduiteétait en tous points irréprochable. Tous sescondisciples ont pu en témoigner. Sa préparation àla communion était édifiante. La veille, avant de semettre au lit, il ne manquait pas de faire une prièrepour demander la grâce de bien communier. Il laterminait toujours par ces paroles : « Loué et adorésoit à tout instant le très saint et divin Sacrement. »Sa préparation du matin était soignée. Son actionde grâces ne finissait pas. Ordinairement, si on nel’avertissait pas, il oubliait le déjeuner, la récréationet parfois la classe. Il restait indéfiniment en prière,ou mieux en contemplation, admirant la bonté deDieu qui se communique ainsi à nous dans soninfime miséricorde. Chaque jour, il communiait àune intention particulière : en l’honneur de la SainteTrinité, de la passion de Jésus, de la Sainte Vierge…

C’était pour lui un vrai bonheur de passer une heureen adoration devant le Saint-Sacrement. Au moinsune fois le jour, il faisait invariablement sa visite àJésus-Hostie et il invitait quelques-uns de sescondisciples à l’accompagner. La prière qu’il aimaitsurtout à réciter dans ses visites était le chapeletdu Sacré-Cœur, destiné à réparer les injures queJésus reçoit dans son sacrement de la part deshérétiques, des infidèles et des mauvais chrétiens.Il prenait part avec une sainte joie à toutes lescérémonies en l’honneur du Très Saint-Sacrement.

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S’il lui arrivait de rencontrer un prêtre qui portait lesaint Viatique à un malade, il se mettait à genoux,où qu’il fût, et si ses occupations le luipermettaient, il l’accompagnait jusqu’à la fin de lacérémonie.

9. Ses pénitences

« Si vous ne faites pénitence, nous dit Jésus, vouspérirez tous ». Et encore : « Si quelqu’un veut mesuivre, il doit porter sa croix chaque jour ». L’espritde sacrifice et de pénitence est indispensable àtoute vie chrétienne authentique. La voie dessouffrances, écrit Don Bosco, paraissait àDominique toute couverte de roses. La patience àsupporter les outrages, les contradictions, lamortification continuelle des sens, durant la prière,en classe, pendant l’étude et la récréation : cettemortification était habituelle chez Dominique. Maisil voulait aussi mortifier son corps. Dans sa ferveur,il avait résolu de jeûner au pain et à l’eau tous lessamedis en l’honneur de la Très Sainte Vierge ;mais son confesseur le lui défendit. Il voulait aussijeûner durant le Carême, mais au bout d’unesemaine son directeur le sut et la chose lui futinterdite. Il voulait au moins supprimer le déjeuner ;on l’en empêcha encore à cause de sa mauvaisesanté. Ne pouvant donc se mortifier par l’abstinenceet le jeûne, il voulut affliger son corps d’une autremanière. Il commença par mettre des petitsmorceaux de bois et de briques dans son lit poursouffrir même en dormant ; il voulait porter un cilice; mais toutes ces choses lui furent défendues. Ildécida alors de ne se couvrir que d’une mincecouverture la nuit pendant l’hiver. Un jour, ledirecteur le constata et lui dit :

- « Tu veux donc te faire mourir de froid ? »- « Jésus dans la crèche et sur la croix, répondit-il,était moins couvert que moi. »

II lui fut absolument défendu de faire aucune espècede mortification sans en avoir obtenu auparavant lapermission formelle de son directeur. Il se soumit àcet ordre, mais non sans peine. Un jour je lerencontrai et il me dit : « Hélas ! Je ne sais vraimentque faire. Notre-Seigneur affirme que si nous nefaisons pénitence, nous n’irons pas au Paradis, et àmoi on défend de faire pénitence ; comment doncpourrai-je aller au Paradis ?

- « La pénitence que Dieu demande de toi, répliquale directeur, c’est l’obéissance.- « Ne pouvez-vous pas au moins me permettre

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quelque autre mortification ? »- « La mortification que je te permets c’est lapatience à supporter les déplaisirs qu’on pourra tefaire, d’endurer avec résignation le chaud, le froid, levent, la pluie, les fatigues et toutes les maladiesqu’il plaira à Dieu de t’envoyer.- « Mais souffrir ainsi, c’est souffrir par nécessité. »- « Fais de nécessité vertu, endure toutes ceschoses pour l’amour de Dieu, elles serontméritoires, et serviront à sanctifier ton âme. »

Ces paroles tranquillisèrent Dominique et il s’en allacontent. Dominique veillait aussi grandement àmortifier ses sens extérieurs. Sa modestie, qui luisemblait si facile et si naturelle, était le fruit degrands efforts aidés par la grâce. Il avait le regardvif, scrutateur, et il lui en coûta énormément pourmortifier sa vue. Il a confié plusieurs fois à des amisque la mortification des yeux lui occasionnaitquelquefois de violents maux de tête. Et cependantsa réserve dans les regards était toujours si parfaiteet si rigoureuse. Jamais un regard déplacé. « Lesyeux, disait-il, sont des fenêtres. Or, il passe parles fenêtres ce qu’on y fait passer ; nous pouvonsdonc faire passer par ces fenêtres soit un ange, soitaussi un démon avec ses cornes, et ainsi amenerl’un ou l’autre à s’emparer de notre cœur. »

Un jour, des compagnons regardaient ensemble unjournal aux images obscènes et impies. Dominiques’en aperçut, arracha le journal et le déchira enpetits morceaux. Aux élèves stupéfiés, il déclara : «Mes pauvres amis ! Dieu a créé nos yeux pouradmirer la beauté de ses œuvres, et vous vous enservez pour regarder des abominations, inventéespar la malice des hommes pour perdre notre âme !Avez-vous donc oublié ce qu’on nous a prêché sisouvent ? Notre divin Sauveur a dit qu’un seulregard mauvais peut souiller notre âme et vous allezrepaître vos yeux de ces saletés !… Serez-vousdisposés à rire quand vous serez en enfer ?… Et sivous n’y voyez pas de mal, c’est bien pire encore !Ne pas voir de mal dans ces horreurs, c’est unsigne que vos yeux y sont déjà habitués, et cettehabitude vous rend encore plus coupables. » Cetteénergie de langage imposa silence à tout le monde.

A la modestie des yeux, Dominique joignait unegrande retenue dans les paroles. Il laissaitvolontiers la parole aux autres. Jamais personne nesurprit sur ses lèvres la moindre parole dite mal àpropos soit en étude, soit en classe, ou à l’église,en “n mot dans n’importe quel exercice d’étude oude piété. Bien plus, si par hasard il était insulté parquelqu’un, il savait réprimer sa colère et retenir salangue.

Un jour, il avait averti un de ses compagnons d’unemauvaise habitude qu’il avait remarquée en lui. Cedernier se fâcha et se porta aux pires excès. Ilaccabla Dominique de reproches et finit par lefrapper à coups de poings et à coups de pieds. Levisage de Dominique s’empourpra de colère, mais illa réprima et se contenta de dire : « Je te pardonne.Tu as mal agi. Tâche de ne pas traiter les autres decette façon. »

Avec quelle sévérité il mortifiait aussi les autressens ! Durant l’hiver il souffrait d’engelures auxmains. Mais, au lieu de se plaindre, il semblait y

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prendre plaisir : « Plus les engelures sont grosses,disait-il, plus elles font du bien à la santé », et parla santé il entendait celle de l’âme. Durant les rudesfroids de l’hiver, il avait coutume de marcherlentement vers l’école dans le but de souffrir et defaire pénitence en toute occasion.

On rencontre souvent dans les pensionnats, écritDon Bosco, des élèves mécontents de tout. Ils sontune vraie croix pour les supérieurs. La conduite deDominique était toute différente. Jamais de seslèvres ne tombait un mot de plainte, ni à cause dufroid de l’hiver, ni à cause des chaleurs de l’été.Qu’il fît beau ou mauvais temps, son visage reflétaittoujours la même gaieté. Quoi qu’on lui servît àtable, il se montrait également satisfait. Bien plus, iltrouvait moyen de se mortifier même au réfectoire.Quand un mets était dédaigné par un autre, commeétant trop ou pas assez cuit, trop ou trop peu salé,Dominique le trouvait toujours à son goût. Après lesrepas il ramassait souvent les morceaux de painrestés sur la table et même tombés par terre, et illes mangeait comme un mets délicat… A ceux quis’en étonnaient il répondait :

- « Tout ce que nous avons en ce monde est un donprécieux de la libéralité divine ; mais après la grâce,le plus grand des bienfaits de Dieu est la nourriturequi soutient notre vie, c’est pourquoi la plus minimepartie de nos aliments mérite d’être recueillie avecsoin. »

Cirer les souliers, brosser les habits de sescompagnons, rendre aux malades les plus humblesservices, balayer et faire d’autres ouvrages de cegenre, étaient pour lui d’agréables passe-temps. «Chacun fait ce qu’il peut, disait-il. Moi je ne suispas capable de faire de grandes choses, mais jeveux faire tout ce que je puis pour la plus grandegloire de Dieu ; et j’espère que dans son infiniebonté, le Seigneur agréera mes misérablesservices. » Aussi, manger des aliments quin’étaient pas de son goût, se priver de ceux qui luiplaisaient, mortifier sa vue même en des chosesindifférentes, renoncer à sa volonté, supporter avecune résignation parfaite ce qu’il avait à souffrir dansle corps ou dans l’âme : c’était là autant d’actes devertu que Dominique pratiquait chaque jour etpresque à chaque instant du jour.

Je passe sous silence, conclut Don Bosco,d’autres faits qui tous pourraient prouver combienfut grand dans ce jeune homme l’esprit depénitence, de charité et de mortification, et enmême temps, combien sa vertu était industrieusepour profiter, même dans les choses indifférentes,des occasions grandes ou petites capables de lesanctifier et d’accroître son mérite devant Dieu.

10. La Compagnie de l’ImmaculéeConception

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La vie de Dominique a été un exercice continuel depiété envers la Sainte Vierge. En 1854, le chef del’Église définit le dogme de l’Immaculée Conceptionde Marie. Or, Dominique désirait beaucoup laisserun vivant et durable souvenir de cet auguste titredonné par l’Église à la Reine du Ciel. Il disait alorssouvent : « Je voudrais faire quelque chose enl’honneur de Marie ; mais je voudrais faire vite, carje crains de n’en avoir pas le temps. » Bientôt sonprojet était fixé : il invita ses plus intimes amis àétablir entre eux une Compagnie de l’ImmaculéeConception. Les compagnons viseraient à obtenir laprotection de Marie pendant leur vie et surtout aumoment de leur mort. A cette fin, Dominiqueproposa certains exercices de piété en l’honneur deMarie Immaculée et la communion fréquente.D’accord avec ses amis, il composa un règlement.On y apporta beaucoup de soin et il en fit la lecturedevant l’autel de la Sainte Vierge, le 8 juin 1856.

En voici la teneur :

« Nous, Dominique Savio et… (suivent les nomsdes autres compagnons), pour obtenir la protectionde la Sainte Vierge durant notre vie et à l’heure denotre mort et pour nous consacrer entièrement àson service, après avoir reçu les sacrements dePénitence et d’Eucharistie, avons, en ce 8 juin1856, résolu de professer envers Marie une filiale etpersévérante dévotion. En conséquence, nousprenons l’engagement :

D’observer ponctuellement le règlement de lamaison.

D’édifier nos condisciples par nos paroles et plusencore par nos exemples.

De toujours bien employer notre temps.

Pour réaliser ces engagements et y persévérer,nous soumettons à notre directeur le règlement quisuit :

1. Nous voulons avant tout être parfaitementobéissants à nos supérieurs, nous abandonnantà leur direction, en toute confiance ;

2. L’accomplissement de nos devoirs sera lepremier et principal but de nos efforts ;

3. Une charité réciproque unira nos âmes et nousfera aimer indistinctement tous nos frères, quenous avertirons avec douceur, quand nous lecroirons utile, nous éviterons de nous causermutuellement le moindre déplaisir. Nouspratiquerons la patience entre nous et avec lesautres ;

4. Il y aura chaque semaine une conférence d’unedemi-heure ;

5. La Compagnie n’impose aucune prière spéciale,mais elle recommande à tous la fréquentationassidue des sacrements ;

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Notre Directeur est prié d’examiner ce règlement,car nous voulons dépendre entièrement de savolonté. Nous demandons à Marie de bénir nosefforts, puisque l’idée de cette Compagnie vienttoute d’Elle. Qu’Elle sourie à nos espérances,bénisse nos désirs, nous couvre de son manteauet, forts de sa protection, nous défierons lestempêtes de cette mer orageuse, nous résisteronsaux assauts de l’ennemi infernal.

Avec son assistance, nous avons l’espoir de fairel’édification de nos condisciples, la consolation denos supérieurs, et de devenir ses enfants bien-aimés. De plus, si Dieu nous fait la grâce de nous

6. Tous les jours, et surtout en récitant le chapelet,nous recommanderons notre société à l’augusteVierge, afin qu’elle nous obtienne la grâce de lapersévérance ;

7. Chaque samedi sera consacré à la SainteVierge et nous ferons un acte de piétéchrétienne en 1′honneur de son ImmaculéeConception ;

8. Nous aurons une tenue édifiante durant la prière,les lectures pieuses, aux saints offices, àl’étude et en classe ;

9. Nous écouterons avec respect la parole de Dieu,et nous la retiendrons avec un soin jaloux pourla méditer assidûment ;

10. Nous éviterons toute perte de temps pour nousprémunir contre les tentations, qui assaillentordinairement dans l’oisiveté ; nous occuperonsnos moments libres à des lectures pieuses etinstructives, ou encore à la prière ;

11. Nous aurons soin de signaler à nos supérieurstout ce que nous croirons devoir être utile ànotre progrès spirituel ; nous ne leurdemanderons que les permissions strictementnécessaires ;

12. Nous accepterons, sans jamais nous plaindre,la nourriture préparée ;

13. Celui qui demandera à entrer dans l’Association,devra d’abord purifier sa conscience par unebonne confession et recevoir la Communion. Ilsera ensuite mis à l’épreuve pendant unesemaine. Le jour de l’admission, lesCompagnons feront la sainte Communion etdemanderont pour leur nouveau frère la grâce dela persévérance, de l’obéissance et le véritableamour de Dieu ;

14. La Compagnie est placée sous le patronage del’Immaculée Conception dont nous porterons lenom et la médaille. Une confiance sincère, filialeet illimitée en Marie, un tendre amour et unedévotion constante envers elle, nous ferontsurmonter tous les obstacles, nous rendrontfermes dans nos résolutions, sévères pour nous,aimables envers le prochain et ponctuels entout. Il est recommandé aux compagnonsd’écrire les saints noms de Jésus et de Marie,d’abord dans leur esprit et dans leur cœur, etensuite sur les livres et autres objets qu’ilsauront sous les yeux.

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consacrer totalement à son service, nouspromettons d’y employer toutes nos forces, toutnotre zèle ; enfin, avec la défiance de nous-mêmeset une confiance sans bornes dans le secours divin,nous espérons qu’après l’exil de cette vie, consoléspar la présence de Marie, à notre dernière heure,nous obtiendrons la récompense de ceux qui aurontservi Dieu sincèrement en esprit et en vérité. »

Don Bosco voulut préciser que ces promessesn’obligeraient pas sous peine de péché et invita lesmembres à proposer à chaque réunion tel ou telservice à rendre.

11. Ses amitiés

« Celui qui a trouvé un ami fidèle, dit l’Écriture, atrouvé un trésor ». Une sainte et fidèle amitié jouitd’une grande puissance pour soulever et illuminer lavie. Dominique ne comptait que des amis. Ceuxmême qui ne l’affectionnaient pas, l’estimaient àcause de ses qualités. D’ailleurs, il savaits’accorder avec tous, sa vertu était à ce point solidequ’on lui conseilla même plusieurs fois defréquenter des jeunes gens peu sérieux pour tâcherde les ramener à Dieu.

Pendant la récréation, en jouant, en causant detoutes sortes de choses, même indifférentes, ilfaisait du bien à leur âme. Néanmoins, ses vraisamis étaient les membres de la Compagnie del’Immaculée Conception. Leurs réunions étaientdirigées par les élèves eux-mêmes… Chacun yadoptait un jeune élève oublieux de ses devoirs eten faisait son client. Pour tout cela, Dominique étaitdes plus fervents. Sa parole éclairait et dirigeait lesréunions.

Nous pourrions parler ici de plusieurs condisciplesde Savio qui prenaient part aux réunions, mais,comme ils vivent encore, nous ne le ferons pas ;nous nous contenterons d’en mentionner deux quidéjà sont retournés à Dieu : Camille Gavio, deTortona, et Jean Massaglia, de Marmorito. Gavio neresta que deux mois à l’Oratoire, et ce peu detemps lui suffit pour laisser de son passage unsouvenir édifiant. Dès son arrivée, il noua avecDominique une merveilleuse amitié. Pendant larécréation, il regardait les autres jouer sans prendrepart à leurs jeux. Dominique s’approcha de lui.Après avoir lié connaissance, il lui dit : « D’où vientcette tristesse sur ton visage ? Es-tu malade ?

- J’ai eu une grave maladie de cœur et je ne suispas parfaitement guéri.

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- Et tu désirerais guérir naturellement.- Pas tant que cela. Je ne désire que la volonté deDieu. »

Ces dernières paroles firent une grande impressionsur Dominique. Elles lui révélèrent la haute piété deGavio, et il en éprouva dans son âme un vraibonheur. Aussi, plein de confiance, il ajouta : «Celui qui désire faire la volonté de Dieu désire sesanctifier ; tu veux donc te sanctifier… Sache doncque nous faisons consister la sainteté à être trèsjoyeux. Nous tâchons d’éviter le péché, commenotre grand ennemi, qui nous enlève la grâce deDieu et la paix du cœur ; pour cela nous nousefforçons de bien remplir tous nos devoirs et denous adonner à la piété. Dès aujourd’hui, prendspour devise ces simples paroles : Servite Domino inlaetitia : Servons Dieu dans la joie. »

Cette conversation fut un baume salutaire pourl’âme affligée de Gavio. Il devint l’ami fidèle deDominique et l’imitateur de ses vertus. Mais aprèsdeux mois, la maladie l’assaillit de plus belle. Aprèsavoir reçu les derniers sacrements avec une grandepiété, il rendit sa belle âme à Dieu le 29 décembre1855. Dominique invita instamment sescompagnons à prier pour lui. En présence ducadavre de son ami, Dominique fut profondémentému et dit ces paroles : « Adieu ! mon cher Gavio,je suis intimement persuadé que tu t’es envolé auciel. Je te demande de m’y préparer une place.Sache que je reste ton ami, et tant que je vivrai, jeprierai pour le repos de ton âme. »

Plus longues et plus intimes furent les relationsamicales de Dominique avec Jean Massaglia. Ilsétaient venus ensemble à l’Oratoire ; leur pays étaitrapproché, l’un et l’autre se destinaient à la prêtriseet nourrissaient un vrai désir de se sanctifier. Ilss’encourageaient mutuellement pour acquérir etintensifier les vertus exigées par le sacerdoce. VersPâques, ils firent la retraite annuelle avec les autreset furent exemplaires dans tous les exercices.Après la retraite, Dominique dit à son condisciple :« Je voudrais que nous fussions de vrais amis, desamis qui s’entraident dans la voie du salut. Si turemarques en moi un défaut, dis-le moi, afin que jem’en corrige ; de même si tu vois quelque bien queje puisse faire, ne manque pas de me le suggérer.

- Entendu, répondit Massaglia, je le ferai volontierspour toi, bien que tu n’en aies pas besoin ; mais toitu auras beaucoup à faire pour moi. Comme tu lesais, par mon âge et mes études je me trouveexposé à de plus grands périls.

- Laissons-la les compliments, répliqua Dominique,et ne songeons qu’à nous aider à progresser dansla vertu. »

A partir de ce jour, Savio et Massaglia furent devrais amis, et leur amitié fut durable, car elle étaitfondée sur l’amour de Dieu. Une sainte émulation,de bons conseils et de pieux exemples lesentraînaient à la fuite du mal et à la pratique de lavertu.

Lorsque vinrent les vacances ils demandèrent tousles deux à rester à l’Oratoire. Dominique expliqua :« Nous savons que nos parents nous attendent etnous reverront avec plaisir ; nous aussi, nous les

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aimons et nous irions volontiers en vacances ; maisnous savons bien que l’oiseau, tant qu’il demeureen cage, est à l’abri de la griffe de l’épervier. Aucontraire, hors de la cage, il vole où il veut, maisd’un moment à l’autre, il peut tomber sous la griffedu vautour infernal. »

Malgré cela, je crus bon, à cause de leur santé, deles envoyer passer quelque temps dans leur famille.

Dominique et Jean retournèrent en famille et nerestèrent que le temps fixé. Si je voulais raconterles actions vertueuses de Jean Massaglia, jedevrais répéter ce que j’ai dit de Dominique Savio,dont il fut, tant qu’il vécut, le fidèle imitateur. Il avaitune bonne santé et paraissait devoir réussir dansses études. Quand il eut terminé sa rhétorique, ilsubit avec succès l’examen requis pour revêtirl’habit religieux qu’il avait tant désiré et auquel il fithonneur.

Malheureusement, il ne le porta que quelques mois.Frappé d’une maladie des intestins, par suite d’unrefroidissement, il ne voulait pas interrompre sesétudes. Mais ses parents voulurent l’avoir auprèsd’eux. C’est alors qu’il écrivit à Dominique la lettresuivante :

Dominique répondit :

Bien cher Ami,

La maladie traîne en longueur et l’issueen devient douteuse… Si tu savais, moncher Dominique, comme je m’ennuie loinde toi et de l’Oratoire, parce que je n’aipas la facilité voulue pour accomplir mespratiques de piété. Un seul souvenir meconsole : celui du jour béni où nousnous préparions ensemble à faire lasainte communion. J’espère néanmoinsque, séparés de corps, nous ne lesommes pas d’esprit… Je ne sais pasce qui m’attend ; mais, quoi qu’il arrive,il me semble que je suis prêt à faire lasainte et aimable volonté de Dieu. Si tuas quelques bons conseils à me donner,écris-moi. Donne-moi des nouvelles deta santé. Songe à moi dans tes prières,spécialement quand tu fais la saintecommunion. Bon courage ! Aime-moi enDieu de tout ton cœur. Si nous nepouvons nous entretenir longtempsencore durant la vie présente, j’espèrequ’un jour, nous vivrons heureux encompagnie l’un de 1′autre dans l’éternité…

Jean Massaglia

Mon cher Jean,

Tu envies, dis-tu, la facilité que nousavons ici d’accomplir nos exercices depiété. Quand je suis à Mondonio,j’éprouve la même peine. Je tâchais d’ysuppléer en faisant chaque jour unevisite au Saint-Sacrement et je menaisavec moi des petits compagnons, aussinombreux que possible… En ce qui me

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De rechute en rechute, Jean Massaglia arrivabientôt au bord de la tombe. Il mourut après avoirreçu les secours de notre sainte religion. Dominiquefut profondément affligé de la perte de son ami. Bienque résigné à la volonté de Dieu, il le pleura durantplusieurs jours. Ce fut la première fois que je vis cetangélique visage assombri par la douleur et mouilléde larmes. Sa santé en souffrit notablement. Sonunique consolation était de prier et de faire prierpour son ami. Il ne l’oublia jamais. On l’entenditplusieurs fois s’écrier : « Mon cher Jean, tu nous asquittés. J’espère que tu es au ciel en compagnie deCamille Gavio. Quand donc irai-je vous rejoindredans l’immense bonheur du ciel ? »

12. Faits mystérieux

Ce qui constitue la sainteté, ce ne sont pas lesfaits miraculeux, « mystérieux », comme dit DonBosco, mais la perfection de la foi et de l’amour quianiment toute la vie. Le Seigneur tient cependantsouvent à confirmer la sainteté par des interventionssurnaturelles. Bien étroit d’esprit serait celui quis’en offusquerait et opposerait une fin de non-recevoir à de tels faits dûment établis. Le plusextraordinaire dans la vie de Dominique fut safidélité parfaite à son devoir, jusque dans les pluspetits détails, sa foi vive, son espérance si ferme,son amour brûlant. Mais il y eut aussi des grâcesspéciales, des faits mystérieux dont saint Jean

concerne, ma carcasse n’est guèrevaillante. Tout me fait croire quej’approche à grands pas du terme demes études et de ma vie. Quoi qu’il ensoit, prions l’un pour 1′autre.Demandons à Dieu la grâce de faire tousles deux une bonne mort. Celui quiarrivera le premier en paradis prépareraune place à l’autre ; et quand ce dernierarrivera, le premier entré lui tendra lamain pour l’introduire dans la demeuredu ciel. Que Dieu nous conservetoujours en sa grâce et nous aide àdevenir des saints ; mais que noussoyons bientôt des saints car je crainsque le temps ne nous manque…

C’est avec un amour et une affectionvraiment fraternels que je me distoujours ton ami très attaché,

Dominique Savio

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Bosco atteste l’historicité, les ayant vus de sesyeux.

Plus d’une fois quand Dominique était à l’église,surtout après la Communion, ou que le Saint-Sacrement était exposé, il lui arriva d’être ravi enextase. Privé de l’usage de ses sens, il restait làindéfiniment, il fallait l’appeler pour le faire revenir àlui. Un jour, il manqua le déjeuner, la classe etmême le dîner. On le chercha vainement à l’étude,au dortoir. Don Bosco, mis au courant, soupçonnaqu’il pouvait être à l’église. Il l’y trouva immobilecomme une statue de pierre. Dominique se tenaitdebout, un pied plus haut que l’autre, une mainappuyée sur le pupitre de l’antiphonaire et l’autresur la poitrine, le regard fixé vers le tabernacle. Il neremuait même pas les paupières. Don Boscol’appela en vain. Il le secoua ; alors, il porta unregard étonné autour de lui.

« Comment ? dit-il, la messe est déjà finie ! » IIétait deux heures. Dominique demandahumblement pardon d’avoir manqué au règlement etDon Bosco l’envoya dîner en lui disant: « Si on tedemande d’où tu viens, réponds que tu as fait ceque je t’ai commandé. »

Un autre jour, après son action de grâces, DonBosco allait sortir de la sacristie quand il entenditau chœur le bruit d’une conversation. Il y trouvaDominique qui parlait et s’arrêtait comme pourécouter une réponse. Entre autres choses, ilentendit clairement les paroles suivantes : « Oui,mon Dieu, je vous l’ai déjà dit, et je vous le répète,je vous aime et je veux vous aimer jusqu’à la fin dema vie. Si vous prévoyez que je doive vous offenser,faites-moi mourir. Plutôt la mort que le péché !

Je lui demandais parfois ce qu’il faisait pour êtreainsi en retard ; il répondait en toute simplicité : «Hélas, il me survient une distraction et, à cesmoments, je perds le fil de mes prières et il mesemble que je vois des choses si belles que lesheures s’enfuient comme un instant. »

Un jour, il vint dans ma chambre et me dit :

« Venez vite avec moi, il y a une bonne œuvre àfaire. »

Comme j’avais déjà expérimenté le bien-fondé depareilles invitations, je me décidai à le suivre. Nousparcourûmes plusieurs rues. Puis, il s’arrêta à uneporte, monta un escalier et s’arrêta au troisièmeétage où il sonna vigoureusement : « C’est ici, medit-il, entrez » ; et il s’en retourna à l’Oratoire. Onm’ouvrit : « Oh ! Venez vite, me dit on, venez vite,autrement il sera trop tard. Mon mari a eu lemalheur de se faire protestant ; il est en danger demort et demande la grâce de pouvoir mourir en boncatholique. » Le malade se confessa et mouruttandis que le prêtre lui administrait le sacrementdes malades.

Un jour, je voulus demander à Dominique Saviocomment il avait pu savoir qu’il y avait là un malade.Il me regarda d’un air triste et suppliant, puis se mità pleurer. J’évitai dès lors toute demande à ce sujet.L’innocence de vie de Dominique, son amour deDieu, ses désirs des biens célestes avaient amenéson âme à un état de recueillement habituel enDieu. Parfois, durant la récréation, il cessait tout à

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coup de jouer, s’éloignait de ses compagnons et sepromenait seul. Interrogé sur les motifs d’une tellefaçon d’agir, il répondait : « Mes distractionshabituelles m’assaillent ; il me semble que le ciels’ouvre sur ma tête, et je dois quitter mescamarades de peur de dire des choses que peut-être ils tourneraient en dérision. »

Un jour que l’on parlait en récréation des âmesinnocentes et pures qui « seront dans le ciel plusrapprochées de notre divin Sauveur et lui chanterontdes cantiques spéciaux de gloire durant l’éternité »,Dominique entra en extase. Il tomba comme mortdans les bras des personnes présentes. Cesravissements d’esprit lui arrivaient en étude, enallant en classe, au retour et même durant laclasse.

Il parlait très volontiers du Souverain Pontife etmanifestait le désir de le voir avant de mourir, disantqu’il avait des choses de grande importance à luicommuniquer. Il dit à Don Bosco : « Je voudrais direau Pape qu’au milieu des tribulations quil’attendent, il ne cesse pas de s’occuper toutparticulièrement de 1′Angleterre, car Dieu préparedans ce royaume un grand triomphe pour l’Église…Je vous confie un secret. Un jour, après macommunion, je vis une vaste plaine toute couvertede ténèbres. Elle était remplie de gens marchant àtâtons comme des voyageurs égarés. Ce pays, medit un personnage qui se tenait près de moi, c’estl’Angleterre. » Je vis alors le pape Pie IX,majestueusement vêtu. Il tenait à la main unetorche lumineuse et marchait au milieu de cetteplaine obscure. A mesure qu’il s’avançait, lesténèbres disparaissaient et la plaine s’éclairacomme en plein jour.

Le Pape tenait à la main une torche lumineuse etmarchait au milieu de cette plaine obscure. Amesure qu’il s’avançait, les ténèbresdisparaissaient et la plaine s’éclaira comme enplein jour. « Cette torche lumineuse, me dit lemême personnage, est le symbole de la foicatholique qui doit illuminer les Anglais. »

Lorsqu’on 1858, Don Bosco raconta ce fait auPape, celui-ci répondit : « Cela me confirme dans larésolution que j’ai prise de travailler beaucoup pourl’Angleterre qui a déjà toute ma sollicitude. » (Audébut du XIXe siècle, l’Angleterre ne comptait plusque quelque 160.000 catholiques. Ils sont passésdepuis lors à plusieurs millions.)

Don Bosco conclut : je passe sous silencebeaucoup d’autres faits de ce genre concernantSavio. Je les ai recueillis, mais je laisse à d’autresle soin de les publier quand on le jugera utile pour laplus grande gloire de Dieu.

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CHAPITRE 3

Le couronnement

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1. Le terme approche

Toute la vie de Dominique Savio fut une préparationcontinuelle à la mort. D’ailleurs, il regardait laCompagnie de l’Immaculée Conception comme lemoyen efficace de s’assurer la protection de Marieau moment de la mort. Et déjà, tous ses amisvoyaient qu’elle ne tarderait pas pour Dominique.Quant à lui, il parlait de sa mort prochaine avec uneprécision surprenante. A cause de son état maladif,on cherchait à freiner Dominique dans l’étude et lesexercices de piété. Néanmoins sa complexiondélicate, le mal qui le minait, la tension d’esprit tropsoutenue grignotaient chaque jour ses forces. Ils’en apercevait bien lui-même et disait souvent : « IIfaut que je me hâte, autrement la nuit mesurprendra en chemin. » II voulait multiplier sesbonnes œuvres avant d’être surpris par la mort.

Les élèves de l’Oratoire avaient l’habitude de fairechaque mois « l’Exercice de la Bonne Mort ». Ons’examinait sur le mois écoulé, on se confessait eton communiait comme si ce devait être pour ladernière fois. Pie IX avait enrichi cette pratique denombreuses indulgences. Dominique s’en acquittaitavec le plus grand recueillement. A la fin de cetexercice, Dominique dit un jour en riant. « Au lieude dire comme toujours : Récitons un Pater et unAve pour celui qui mourra le premier, on aurait dûdire : Pour Savio qui, de nous tous, mourrasûrement le premier. » II répéta ces parolesplusieurs fois.

A la fin d’avril 1856, il demanda à son directeur cequ’il devait faire pour célébrer saintement le mois deMarie. Celui-ci répondit : « Remplissez bien tousvos devoirs : racontez chaque jour un récit édifiantconcernant la Sainte Vierge et conduisez-vous demanière à pouvoir communier tous les jours…Demandez à la Sainte Vierge la grâce de devenir unvrai saint. — Oui de devenir un saint et aussi defaire une sainte mort. Je lui demanderai qu’ellem’assiste à mes derniers instants et qu’elle meconduise au ciel. » De fait, il montra une telleferveur durant le mois qu’il paraissait un ange revêtud’un corps mortel. S’il écrivait, s’il parlait, c’était deMarie ; s’il étudiait, chantait, allait en classe, ilfaisait tout cela pour plaire à Marie. En récréation, ilavait toujours une histoire toute prête qu’il racontaità ses compagnons. Un jour, un de ses condiscipleslui dit : « Si tu fais tout cette année, que feras-tudonc l’an prochain ? — Je veux faire cette année,répondit Dominique, tout ce que je puis ; l’année

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prochaine si j’y suis encore, je te dirai ce que jeferai. »

Tous les médecins admirèrent la gaieté, la vivacitéd’esprit et la maturité de Dominique. Le docteurVallauri disait : « Quelle perle vous avez dans cejeune homme !… Ce sont sa faiblesse deconstitution, la précocité de son intelligence, lacontinuelle tension de son esprit qui sont commedes limes qui usent insensiblement ses forcesvitales… Le remède le plus utile serait de le laisseraller au Paradis, puisqu’il est si bien prépare. Lunique moyen de prolonger sa vie est de lui interdiretoute étude et de l’occuper, selon ses forces, à destravaux manuels. » (II semble bien que Dominiquen’ait souffert d’aucune maladie déterminée Et ce nesont pas ses mortifications ni l’excès de travail quiont nui a sa santé : Don Bosco y veillait etDominique a toujours obéi ponctuellement).

2. Derniers jours à l’Oratoire

L’épuisement des forces de Dominique n’allait pasjusqu’à le retenir au lit continuellement. Il paraissaiten classe, en étude, ou rendait ça et là de menusservices. Son occupation favorite était le soin desmalades, quand il y en avait à l’infirmerie. Ensoignant les corps, il n’oubliait pas de soigner lesâmes par quelques paroles d’édification.

Un jour, il dit à l’un de ses camarades qui seplaignait : « Que veux-tu, mon cher, notre pauvrecarcasse ne peut pas durer toujours, tu le sais bienII faut qu’elle tombe. Mais alors notre âme, délivréedes liens du corps, s’envolera glorieuse au ciel oùelle jouira d’une santé parfaite dans un bonheuréternel.

Un autre jour, un malade refusait de prendre unepotion, quelque peu amère. « Mon cher ami, lui ditDominique, il faut prendre toute espèce de remède,car Dieu le veut ainsi. C’est lui qui a fait lesremèdes. Si c’est amer, nous en aurons plus demérite devant Dieu. D’ailleurs crois-tu que cettepotion soit aussi amère que le vinaigre dont Jésusfut abreuvé sur la Croix ? » II triomphait ainsi detoutes les résistances. La santé de Dominiquedéclinait de plus en plus mais il désirait ardemmentrester à l’Oratoire. « Je dois l’avouer, écrit DonBosco, le regret de nous séparer était réciproque.J’aurais voulu à tout prix le garder auprès de moi,car j’avais pour lui l’affection d’un père pour lemeilleur de ses fils. Cependant, je dus me résignerà le voir partir, d’autant plus que depuis quelques

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jours une toux opiniâtre s’était déclarée. Je prévinsdonc son père et le départ fut fixé au 1er mars1857. »

Dominique lui-même offrit ce sacrifice. Il étaitheureux de revoir ses parents. Mais il savait que lafin était proche et il désirait tellement mourir àl’Oratoire. Le soir qui précédait son départ, il nepouvait quitter Don Bosco, il lui dit : « Qu’est-cequ’un malade peut faire de mieux pour augmenterses mérites devant Dieu ?

- Offrir souvent à Dieu ses souffrances… Et encore,faire à Dieu le sacrifice de sa vie.- Puis-je être certain que mes péchés m’ont étépardonné ?- Je te l’assure au nom du Seigneur.- Puis-je être certain de sauver mon âme ?- Oui, par la miséricorde de Dieu qui ne te fera pasdéfaut.- Si le démon venait me tenter, que devrai-je luirépondre ?- Tu lui répondras que tu as vendu ton âme à Jésus-Christ et qu’il l’a payée de son sang. Tu luidemanderas aussi ce que lui, le diable, a fait pourton âme.- Du paradis, pourrai-je voir mes parents et mescondisciples de l’Oratoire ?- Oui. Du paradis tu verras ce qui se passe àl’Oratoire ; tu verras tes parents et ce qui lesconcerne, et mille autres choses plus bellesencore.- Pourrai-je venir leur faire une visite ?- Tu pourras venir… du moins, s’il s’agit de la plusgrande gloire de Dieu.

Il me posait ces questions et mille autressemblables. On eût dit qu’il foulait déjà le seuil duparadis, et qu’avant d’y entrer, il voulait savoir cequ’il allait y trouver.

3. Départ de Turin

Au matin de son départ, Dominique fit l’Exercice dela Bonne Mort avec ses condisciples. Il se confessaet communia avec une ferveur indescriptible. « CetExercice, disait-il, sera réellement ma préparation àune bonne mort ; et, s’il m’arrivait de mourir enroute, j’aurais déjà reçu le saint Viatique. »

Le reste de la matinée, Dominique l’employa àmettre ses affaires en ordre, comme s’il ne devaitplus y toucher. Ensuite il vit ses amis, chacun enparticulier, disant à chacun une paroled’encouragement. Il devait deux sous à l’un d’eux. Il

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lui dit : « Réglons nos comptes, autrement je seraiennuyé quand il me faudra régler les miens avec lebon Dieu. » II recommanda vivement auxcompagnons de l’Immaculée Conception d’êtrefidèles à leurs promesses et de mettre en Marietoute leur confiance.

Au moment de partir, il dit textuellement à DonBosco : « Vous ne voulez donc pas de macarcasse. Cependant, je ne vous aurais embarrasséque bien peu de temps. Mais que la volonté de Dieusoit faite ! Si vous allez à Rome, souvenez-vous dece que je vous ai dit de l’Angleterre et parlez-en auSouverain Pontife. Priez pour que je fasse unebonne mort. Au revoir, en

Paradis. » Arrivé à la porte de l’Oratoire, il serraitfortement la main de Don Bosco quand, se tournantvers ses camarades, il leur dit : « Adieu, mes amis,adieu à tous. Priez pour moi et au revoir, là où nousserons tous près du Seigneur. »

Arrivé à la porte de l’Oratoire, il serrait fortement lamain de Don Bosco quand, se tournant vers sescamarades, il leur dit : « Adieu, mes amis, adieu àtous. Priez pour moi et au revoir, là où nous seronstous près du Seigneur.» Avant de franchir la portede la cour, il dit à Don Bosco : « Faites-moi doncun cadeau… De l’argent pour le voyage del’éternité. Vous avez reçu du Pape des indulgencespour le moment de la mort ; mettez-moi aussi parmiceux qui peuvent y participer.

- Oui, mon cher enfant, je vais t’inscrire sur la liste.»

Don Bosco ajoute : Nous étions tous dansl’étonnement devant de tels adieux. Nous savionsqu’il avait mauvaise santé, mais nous ne le croyionspas si malade. Outre cela, il avait un airconstamment joyeux et nul ne soupçonnait qu’ilsouffrît ni dans son corps, ni dans son âme. Affligéspar ses adieux impressionnants, nous gardionstoutefois l’espoir de le voir bientôt revenir parminous. Il ne devait pas en être ainsi : Dominique étaitmûr pour le Ciel. En quelques années de vie il avaitfourni une longue carrière et gagné la couronne desélus.

4. Les derniers jours

Arrivé à la maison, son état semblant s’améliorer, ilfut quatre jours sans garder le lit. Mais bientôt, sesforces diminuèrent ainsi que l’appétit, la toux devintplus forte, et l’on résolut de le conduire au médecin.

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Ce dernier trouva le mal plus grave qu’on ne lepensait. Il crut constater une inflammation et eutrecours à la saignée. Il avertit Dominique qu’il devaitle faire souffrir et l’invita à détourner les yeux.Dominique se mit à rire et dit : « Qu’est-ce doncqu’une légère piqûre auprès des clous enfoncésdans les mains et les pieds de l’innocent Jésus,notre Sauveur ? » Et c’est en plaisantant qu’ilregarda le sang couler de ses veines. Aprèsplusieurs saignées, le malade parut aller mieux. Lemédecin l’assura et les parents le croyaient, maisDominique en jugeait autrement. Persuadé qu’il vautmieux se mettre en avance qu’en retard quand ils’agit des derniers sacrements, il dit à son père :

« Papa, il serait bon maintenant de consulter lemédecin de l’âme. Je désire me confesser etcommunier. »

Ses parents, qui croyaient à une amélioration,furent peinés de cette demande. Mais, pour lui êtreagréable, Monsieur le Curé vint aussitôt, leconfessa et lui apporta le Saint Viatique. Chacunpeut facilement s’imaginer avec quelle ferveur etquel recueillement Dominique fit cette communion.Il communiait toujours avec la piété d’un saint Louisde Gonzague. « Mais, qui pourrait dire, déclare DonBosco, les élans d’amour qui partaient de cetteâme innocente pour aller à la rencontre de sonunique Bien-Aimé pour cette dernière communion ?»

II répéta plusieurs fois les promesses de sapremière Communion : « Oui, oui, ô Jésus, ô Marie,vous serez toujours les amis de mon cœur. Je lerépète et je voudrais le dire mille fois : mourir, maispas de péchés ». Après son action de grâces, il ditavec le plus grand calme : « Maintenant je suisheureux. Il est vrai que j’ai un grand voyage à faire,le voyage de l’éternité, mais avec Jésus pour ami etpour compagnon, je ne crains plus rien, pas mêmela mort. » Sa patience avait été exemplaire durantsa vie : il avait supporté sans se plaindre toutessortes d’incommodités ; sur son lit de mort, il fut unvrai modèle de sainteté. Il n’acceptait l’aide depersonne pour ses besoins ordinaires. « Je veuxcauser le moins de dérangement possible à mespère et mère. Ils ont déjà tant fait pour moi. Quellereconnaissance je désire leur témoigner ! » Ilprenait les remèdes les plus désagréables sanstémoigner aucune répugnance. Il supporta dixsaignées sans se plaindre.

Après quatre jours, le médecin se félicitait d’avoir «triomphé du mal » et envisageait déjà une bonneconvalescence. Les parents se réjouirent, maisDominique se mit à plaisanter : « Nous avonstriomphé du monde ; il ne me reste plus qu’àparaître devant Dieu pour être jugé. » Après ledépart du médecin, Dominique demanda à recevoirl’Extrême-Onction. Ni ses parents, ni Monsieur leCuré ne croyaient Dominique à l’article de la mort ;au contraire, la sérénité de son visage, l’amabilitéde ses paroles leur faisaient croire à une sensibleamélioration. Dominique, quant à lui, employaitchaque moment qui lui restait à vivre, à se préparerà paraître devant Dieu. Avant de recevoir l’Extrême-Onction, il fit cette prière : « O mon Dieu,pardonnez-moi tous mes péchés. Je vous aime etje veux vous aimer éternellement. Que ce

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sacrement, don de votre infinie miséricorde, enlèvede mon âme tous les péchés que j’ai commis parmes yeux, mes oreilles, ma bouche, mes mains etmes pieds. Que mon âme et mon corps soiententièrement purifiés par les mérites de votre saintepassion. Ainsi soit-il ! » Dominique répondit auxprières de l’Extrême-Onction avec tant d’à-propos,et avec une voix si claire qu’on l’aurait cru enparfaite santé. C’était le 9 mars 1857. Lessaignées, les remèdes avaient complètementépuisé ses forces. Monsieur le Curé lui donna labénédiction papale. Le malade récita lui-même leConfiteor et répondit aux prières du prêtre. Quandon lui eut dit que, par cette bénédiction, le Papeaccordait une indulgence plénière, il en éprouva unegrande consolation « Deo gratias ! dit-il, semperDeo gratias. » Ensuite, regardant son crucifix, ilrécita ces vers qui lui étaient familiers : « Seigneur,je vous donne toute ma liberté. Voici mon corps ettoutes mes puissances, prenez-les. Je vous donnetout, car tout vous appartient, ô mon Dieu. Et jem’abandonne entièrement à votre bon vouloir. »

5. La fin

C’est une vérité de foi qu’à sa mort l’hommerecueille le fruit de ses œuvres. Mais, parfois, debonnes âmes, après une sainte vie, voients’approcher la mort avec épouvante. Dieu, dans sesadorables desseins, veut ainsi les purifier destaches légères qu’elles ont contractées et embellirleur couronne. Il n’en fut pas ainsi de notreDominique. Dieu a voulu lui donner dès cette vie lecentuple qu’il promet à ses amis fidèles avant deles introduire dans la gloire. Et de fait, soninnocence conservée jusqu’au dernier moment, safoi vive, sa prière continuelle, ses longuespénitences et sa vie remplie de tribulations, toutcela avait mérité à Dominique cette joie, cette paixqu’il goûtait au moment suprême. On peut dire queDominique s’endormit plutôt qu’il ne mourut.

On était au soir du 9 mars 1857. Il avait reçu tousles secours de notre sainte religion. Son air gai,ses yeux éveillés, la pleine possession de lui-mêmeémerveillaient tous ceux qui étaient présent, etpersonne, excepté lui, ne croyait à sa mortimminente. On eût dit qu’il se reposait. Admirableétait la tranquillité avec laquelle il recommandaitson âme à Dieu. Il faisait de fréquentes oraisonsjaculatoires, mais uniquement pour dire à Dieucombien il lui tardait de Le voir. Après avoir récitéquelques prières avec Dominique, Monsieur le Curé

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songeait à partir. « Monsieur le Curé, lui dit lemourant, ne me laisserez-vous pas un souvenir ?…

- « Et bien, mon enfant, songe à la mort de N.S.Jésus-Christ. »- « Deo gratias ! » répondit Dominique.

Après avoir dit ces paroles, il sembla dormirpendant environ une demi-heure. Puis, soudain, iljeta un regard sur ses parents : « Papa, dit-il, nousy sommes !… Il est temps de me lire les litanies dela bonne mort. »

A ces paroles, la mère éclata en sanglots et quittala chambre du malade. Le père avait l’âme briséede douleur et les larmes étouffaient sa voix, mais ilse fit violence et récita les litanies. Dominiquerépétait mot à mot ce que son père disait ; toutefoisà la fin chaque invocation, il voulait dire seul : «Miséricordieux Jésus, avez pitié de moi ».

Arrivé à ces paroles : « Quand mon âme paraîtradevant vous et verra pour la première foisl’immortelle splendeur de votre majesté, ne larejetez pas de votre présence, mais daignez larecevoir dans le sein de votre miséricorde, afin queje chante éternellement vos louanges », Dominiqueajouta : « Voilà ce que je désire : chanteréternellement les louanges de Dieu ».

Ensuite il sembla réfléchir à une chose trèsimportante. Mais bientôt, il dit d’une voix claire etjoyeuse : « Adieu, mon cher papa ! adieu !… Oh !que c’est beau ce que je vois… ! » En disant cesparoles, le sourire sur les lèvres, le visage épanouipar une joie céleste, il expira, les mains jointes enforme de croix sur la poitrine, sans faire le plusléger mouvement.

Don Bosco conclut : Ame fidèle, retourne à tonCréateur. Le ciel t’ouvre ses portes, les anges et lessaints t’y ont préparé une belle fête. Ton Jésus quetu as tant aimé, te tend les bras et t’appelle. «Viens, dit-il, viens, ô bon et fidèle serviteur, tu ascombattu, tu as remporté la victoire, viens pourtoujours partager la joie de ton Seigneur : Intra ingaudium Domini tui ».

6. Dominique reste vivant

Le père avait cru d’abord que Dominique s’étaitendormi. Mais il était bel et bien mort. Quelledésolation pour les parents ! Le père écrivit à DonBosco : « C’est les larmes aux yeux que je vousannonce la plus triste des nouvelles. Mon cher filsDominique, votre élève, ce lis de pureté, cet autre

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saint Louis de Gonzague, a rendu son âme à Dieuhier soir, 9 mars, après avoir reçu de la manière laplus consolante les derniers sacrements et labénédiction papale. »

Cette nouvelle jeta une véritable consternation parmiles élèves ; les uns pleuraient la perte d’unconseiller et d’un ami fidèle ; les autres déclaraientque la mort leur enlevait un modèle de véritablepiété ; d’autres se réunissaient et priaient pour lerepos de son âme ; la plupart disaient : « C’était unsaint, il est déjà au Paradis », et l’on serecommandait à lui comme à un intercesseurauprès de Dieu. Tous se disputaient l’honneur deposséder quelque chose de lui. Don Picco, sonprofesseur, fit de lui le plus magnifique éloge devantses condisciples.

Mais, ce n’était pas fini. « Dominique avait rêvéd’apostolat et de sacerdoce : la réalité allaitdépasser le rêve. Là-haut, sa mission commençait.Elle n’a pas cessé. Elle se fera chaque jour pluslumineuse et plus bienfaisante…

Déjà durant sa vie mortelle, Dominique avait été unchef, un guide pour ses camarades : nombred’entre eux s’efforçaient de suivre ses conseils etd’imiter ses vertus. Beaucoup, frappés de saconduite exemplaire, de la sainteté de sa vie, de sapureté rayonnante, se recommandaient à sesprières ; et l’on entendit raconter bien des grâcesobtenues du Seigneur par les prières de Dominiquependant sa vie. Mais, après sa mort, la confiance etla vénération envers le saint enfant augmentèrentsensiblement. Déjà, bien des compagnons leproclamaient saint. On alla réciter pour lui leslitanies de la Sainte Vierge comme nous le faisonspour les défunts ; mais, beaucoup disaient : «Dominique est déjà au Ciel et il n’a plus besoin denos prières ». D’autres disaient : « Si Dominiquen’est pas allé tout droit en Paradis, lui qui menaune vie si sainte et si pure, qui pourra jamais avoirconfiance d’y aller ? » Dès lors aussi, plusieurs deses amis et compagnons, témoins de ses vertus,s’appliquèrent à le prendre comme modèle de leurconduite et se mirent à se recommander à luicomme à un protecteur céleste. Presque chaquejour, on signalait des grâces temporelles etspirituelles attribuées à son intercession. DonBosco lui-même atteste d’avoir été témoin de faitsde ce genre : mal de dent terrible, fièvre violentestoppés net à l’invocation de Dominique Savio… Ilatteste encore d’être en possession de nombreusesrelations de grâces ainsi obtenues. Lesbénéficiaires étant encore en vie, il se contente deraconter la guérison d’un condisciple de Dominique.Des maux de tête et d’estomac tenaces l’avaientobligé à ajourner des examens. Aucun espoird’amélioration ne lui était permis lorsqu’il songea àinvoquer Dominique par une neuvaine de prière.Avant la fin de la neuvaine, il était parfaitement guériet pouvait se remettre au travail.

Don Bosco conclut sa biographie de Dominique parces précieuses consignes : je voudrais que nousnous mettions résolument à imiter les vertus dujeune Savio, en ce qu’elles ont de compatible avecnotre état. Dans son humble condition, il mena unevie laborieuse, vertueuse et exemplaire qui futcouronnée par une sainte mort. Imitons-le dans sa

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vie et nous aurons le bonheur de lui ressemblerdans sa précieuse mort. Surtout, ne manquons pasd’imiter Dominique dans la fréquentation dessacrements de Pénitence et d’Eucharistie. C’est làqu’il trouva le secret de bien vivre et de bien mourir.Allons fréquemment et pieusement nous plongerdans ce bain salutaire. Mais chaque fois que nousnous confessons, ne manquons pas de jeter unregard sur les confessions précédentes pour voir sielles ont été bien faites. Si nous y découvronsquelque défaut, hâtons-nous de le réparer. Il mesemble que c’est le vrai moyen de vivre heureux aumilieu des misères de cette vie et de voir arriveravec calme le moment de notre mort. Et alors, lajoie sur le visage et la paix dans le cœur, nous ironsà la rencontre de notre doux Sauveur qui nousaccueillera avec bonté et nous recevra dans samiséricorde ; c’est ce que j’espère pour moi et pourvous, bien-aimé lecteur : passer de ce lieu d’exil àla patrie céleste où nous louerons et bénirons Dieudurant les siècles éternels. (Combien frappantecette « leçon majeure » de la vie Dominique Savioselon Don Bosco, cet éducateur hors pair : devraies confessions, secret d’une vie réussie. Si leséducateurs chrétiens pouvaient le comprendre !).

7. Dominique revient

Un mois après sa mort, Dominique Savio apparaît àson père. Celui-ci ne peut en croire ses yeux : « Jerêve sans doute ». Dominique, le visage inondé dejoie, lui répond : « Non, tu ne rêves pas : c’est bienmoi, Dominique. »

- Dominique. Où es-tu ? Es-tu déjà au Paradis ?

- Oui, père, je suis au ciel ; je suis au comble de lajoie. On ne pourrait rien ajouter à mon bonheur.

- Oh alors, prie pour nous tous pour que nous ysoyons tous réunis un jour.

- Je prierai.

Et il disparaît.

La nuit du 6 décembre 1876, Dominique visita ensonge Don Bosco (ce rie fut pas la seule fois). Les« songes » de Don Bosco sont célèbres. Il en eutpar centaines. On peut les considérer comme devéritables visions, que le ciel lui envoyait pendantson sommeil. Elles lui apportèrent toute sa vie deprécieuses leçons concernant la manière de dirigerenfants et jeunes gens. Souvent, elles lui traçaientson chemin, lui apportaient des assurancesréconfortantes ou encore des annonces

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prophétiques : tout se réalisa toujours à la lettre.C’est sur l’ordre formel du Pape Pie IX que DonBosco en écrivit lui-même un certain nombre.

Nous résumons ici le récit de Don Boscoconcernant le songe du 6 décembre 1876, tout enlaissant tout de même la parole à Don Bosco lui-même.

« Il me semblait être sur une petite hauteur, àproximité d’une immense plaine vaste commel’océan. Cette plaine était bleue comme une merparfaitement calme. Elle était divisée par de largeset gigantesques boulevards en vastes jardins où l’onvoyait des parterres de fleurs aux couleurs variéeset des bosquets de toutes sortes. Tout cela étaitd’une beauté ineffable, vraiment céleste… Lesfeuilles des arbres étaient d’or, le tronc et lesbranches de diamant. Je voyais des palais sansnombre disséminés à travers ces jardins, mais sibien alignés et si beaux que je me disais : « Si nosjeunes gens avaient un seul de ces palais, commeils seraient heureux de l’habiter ! » Et je pensais àla beauté intérieure de ces palais qui devait êtrebeaucoup plus grande encore. Tandis que j’admiraisces magnificences, j’entendis tout à coup unemusique d’une harmonie incomparable. Il y avaitdes milliers d’instruments qui, tous, donnaient unson différent l’un de l’autre. Une multitude depersonnes se tenaient dans ces jardins. Les unesjouaient d’un instrument, les autres chantaient ; etl’on entendait simultanément tous les sons de lagamme musicale du plus bas au plus élevé dans unaccord parfait. Ils chantaient : « Salut, honneur,gloire à Dieu le Père tout-puissant. Auteur dumonde, qui était, qui est, et qui viendra juger lesvivants et les morts dans les siècles des siècles ».J’écoutais extasié, lorsque je vis venir à moi unefoule innombrable de jeunes gens, de prêtres etd’abbés. J’en reconnus beaucoup qui avaientfréquenté l’Oratoire et d’autres collèges, mais leplus grand nombre m’étaient complètementinconnus. A leur tête s’avançait Dominique Savio.Je battais des mains pour m’assurer si je rêvais ousi j’étais éveillé. Cette foule s’arrêta à huit ou dixpas de moi. Alors je vis briller un éclair, la musiquecessa, et un grand silence se fit. Tous ces jeunesgens paraissaient remplis d’une joie extrême quibrillait dans leurs yeux et sur leurs visages.Dominique s’avança seul de quelques pas. J’auraispu le toucher de la main. Il se taisait et meregardait en souriant. Qu’il était beau ! Rien demerveilleux comme ses vêtements. Une tuniqueplus blanche que la neige et toute parsemée dediamants lui descendait jusqu’aux pieds. Autourdes reins une large ceinture rouge ornée de perles ;au cou, un collier de fleurs exotiques brillant d’unéclat merveilleux dont la lumière se reflétait sur sonvisage frais et vermeil. Sur la tête une couronne derosés. Sa chevelure ondoyante descendait sur sesépaules et lui donnait un aspect si beau, siaimable, si attrayant qu’il ressemblait vraiment à unange. Ses compagnons, tout resplendissants delumière, portaient des costumes différents, maistous superbes ; tous avaient la ceinture de pourpre.Hors de moi et tremblant, je continuais à regarder,ne sachant pas où je me trouvais. Enfin Dominiquerompit le silence : « Eh quoi, me dit-il, n’êtes-vousdonc plus cet homme intrépide qui ne craignait ni la

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calomnie ni la persécution ? Pourquoi meparaissez-vous troublé et ne me parlez-vous pas ?

- Je ne sais vraiment quoi te dire. Tu es donc bienDominique Savio ? Comment te trouves-tu ici ?

Et Dominique Savio me répondit d’un ton affectueux:

- Je suis venu vous parler. Nous nous sommes parlétant de fois sur la terre !… Ne vous ai-je pas donnétoute ma confiance ? Pourquoi donc avez-vous peur?

- Je suis tout effrayé, lui dis-je, parce que je ne saispas où je me trouve.

- Vous êtes dans le séjour de la béatitude.

- C’est donc ici que Dieu récompense les justes ?

- Ici nous ne goûtons pas les biens éternels maisseulement des biens temporels. Ce n’est pas leParadis. Aucun œil mortel ne peut voir l’éternelleBeauté. Et cette lumière extraordinaire n’est qu’unelumière naturelle multipliée par la puissance deDieu… Le moindre rayon de lumière surnaturellesuffirait pour faire mourir un homme à l’instant.

- Et ne pourrait-on pas voir une lumière naturelleencore plus belle que celle-ci ?

- Si, évidemment. Regardez ».

Alors apparut subitement dans le lointain un petitrayon de lumière tellement vive que je fermai lesyeux et lançai un grand cri. Cette lumière était centmillions de fois plus éclatante que celle du soleil etson éclat suffisait pour éclairer tout l’univers. Aprèsquelques instants, je rouvris les yeux et je dis àSavio : « Qu’est-ce que cette lumière ? N’est-cepas la lumière divine ?

- Non, c’est une lumière naturelle multipliée par lapuissance de Dieu, mais, quand bien même uncercle immense de cette lumière envelopperait lemonde, elle ne donnerait pas encore une idée de lasplendeur du Paradis.

- Mais quel est donc votre bonheur en Paradis ?

- Vous le dire est impossible. Il faut avoir quitté lavie pour le savoir. Nous jouissons de Dieu, c’esttout dire ».

Alors, pleinement revenu à moi-même, jecontemplai avec admiration la beauté de DominiqueSavio et de ses compagnons. Je lui dis : « Pourquoias-tu une robe si blanche et si brillante ? »

Le chœur répondit, accompagné de tous lesinstruments : « Ils ceignirent leurs reins etblanchirent leur robe dans le sang de l’Agneau ».

« Pourquoi portes-tu autour des reins cette ceinturede pourpre ? »

Don Alassonati, prêtre ayant secondé Don Bosco,se mit à chanter : « Ils sont vierges etaccompagnent l’Agneau partout où il va ».

Je compris que cette ceinture était le symbole dessacrifices que Dominique avait faits pour garder lachasteté, sacrifices si grands qu’on peut lescomparer au martyre. Cependant, voyant la foule dejeunes gens derrière Dominique : « Et ceux-ci,demandai-je, qui sont-ils ? » Ils se mirent tous à

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chanter : « Ils sont comme les anges de Dieu dansle ciel ». Or, Savio avait évidemment la prééminencesur tous les autres. Je lui dis : « Comment se fait-ilque toi, le plus jeune de ceux qui moururent dansnos maisons, tu es le premier ? Pourquoi parles-tutandis qu’ils se taisent ?

- C’est que je suis le plus âgé de tous ceux-ci… Etpuis, je m’acquitte d’une ambassade de la part deDieu ».

- Eh bien ! dis-je résolument, parle-moi du passé,du présent et de l’avenir de notre Oratoire. Dis-moiquelque chose de mes chers fils, parle-moi de laCongrégation salésienne.

- Sur tous ces points j’aurais beaucoup de chosesà vous révéler.

- Dis-moi donc ce que tu sais : parle-moi du passé.

- Dans le passé, la Congrégation a fait beaucoup debien. Voyez-vous cette foule innombrable de jeunesgens ?… Regardez l’inscription qui se trouve sur laporte de ce jardin : « Jardin Salésien ». Eh bien !Ceux que vous voyez là sont tous Salésiens ousauvés grâce aux Salésiens. Comptez-les si vouspouvez. Or, il y en aurait cent millions de fois plussi vous aviez eu plus de foi et de confiance dans leSeigneur ». Je soupirai profondément en entendantce reproche, et je me promis d’avoir plus de foi àl’avenir.

- « Et le présent » demandai-je.

Savio me montra alors un magnifique bouquet qu’iltenait à la main. Il était fait de violettes, de roses,de tournesols, de gentianes, de lis et d’immortellesavec, ça et là, quelques épis de blé. Il me leprésenta en disant : « Ce bouquet, présentez-le àvos fils; faites en sorte que tous l’aient et quepersonne ne le leur enlève. Il fera leur bonheur…Ces fleurs symbolisent les vertus qui plaisent leplus au Seigneur.

- Et quelles sont ces vertus ?

- La rose est le symbole de la charité, la violette del’humilité, le tournesol de l’obéissance, la gentiane

de la pénitence et de la mortification, les épis deblé, de la communion fréquente et les lis, de cettebelle vertu dont il est écrit : « Ils seront comme lesanges de Dieu dans le ciel » ; enfin l’immortellesignifie que ces vertus doivent durer toujours, elleest le symbole de la persévérance.

- Eh bien ! mon cher Dominique, toi qui as pratiquétoutes ces vertus, dis-moi ce qui t’a le plus consoléà l’heure de la mort ?

- Et vous, qu’en pensez-vous ? me dit Savio.

- C’est peut-être d’avoir conservé sans tache lavertu de pureté…, ou la paix d’une bonneconscience…, ou l’espérance du Paradis… ou letrésor de tes bonnes œuvres ?

- Non, non. Il y a mieux… Ce fut l’assistance del’aimable et puissante Mère de Dieu. Et cela, dites-le à vos fils, afin qu’ils ne cessent de la prier jusqu’àla fin de leur vie ».

- «Parlons donc de l’avenir.

- L’année prochaine (1877), vous éprouverez une

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grande douleur. Six de vos plus chers fils serontappelés par Dieu dans l’éternité. Mais Dieu vousaidera et vous enverra d’autres fils égalementvertueux.

- Et pour ce qui regarde la Congrégation ?

- L’année prochaine lui réserve une aurore sibrillante, qu’elle illuminera comme un soleil lesquatre coins du globe. Si vos prêtres se montrentdignes de leur haute mission, l’avenir seramagnifique et apportera le salut à un grand nombred’âmes, à condition cependant que vos fils soientfidèles à la dévotion à Marie et qu’ils gardent lachasteté, cette vertu si belle aux yeux de Dieu.

- Voudrais-tu me dire maintenant quelque chose del’Église, de Pie IX ?

- Pie IX n’a plus désormais que quelques batailles àsoutenir et il sera couronné. Quant à l’Église, elleest inébranlable.

- Et pour ce qui me concerne ?

- Oh ! si vous saviez quelles luttes vous avez encoreà soutenir ! Mais hâtez-vous, car je n’ai plus guèrede temps à vous consacrer ».

Alors j’étendis le bras pour saisir ce cher fils mais,comme si ses mains eussent été d’air, je ne saisisrien. Dominique expliqua : « Par la volonté divine,l’âme, séparée du corps, en conserve lesapparences quoiqu’elle ne lui soit plus unie. Voilàpourquoi il vous semble que j’ai des mains et unetête, mais vous ne pouvez me saisir parce que jesuis un pur esprit. C’est cette forme extérieure quime fait reconnaître.

- Encore une question. Mes jeunes gens sont-ilsdans la voie du salut ?

- On peut les distribuer en trois classes. Voyez-vous ces trois billets ?… Regardez ».

J’ouvris le premier billet et je vis écrit « invulnerati »(sans blessure). Il contenait le nom de ceux quiavaient conservé sans tache leur innocence. Ilsétaient nombreux et je les vis tous. J’enconnaissais un grand nombre. Ils marchaient lecorps droit malgré les flèches lancées contre eux.Dominique me donna le second billet sur lequel jelus le mot « vulnerati » (blessés). Il contenait lesnoms de ceux qui avaient perdu la grâce de Dieu,mais qui avaient été guéris par le repentir et laconfession. Ils étaient plus nombreux que lesprécédents. Je lus le billet et je vis tous ces jeunesgens. Savio tenait encore le troisième billet ; on ylisait « lassati in via iniquitatis » (ceux qui ontpersévéré dans la voie de l’iniquité). Là devaientfigurer les noms de tous ceux qui vivaient dans lepéché mortel. J’étais impatient de les connaître.Mais Savio me dit avec une certaine vivacité : «Attendez un moment. Quand vous ouvrirez ce billet,il en sortira une puanteur que vous ne pourrezsupporter. Les anges et l’Esprit-Saint lui-mêmesentent la puanteur du péché et l’ont en horreur ».

Il me donna le troisième billet et me dit : « Prenez-le et sachez en profiter pour vos jeunes gens ; maisn’oubliez pas le bouquet que je vous ai montré.Ayez soin que tous l’aient et le conservent ».J’ouvris le billet. Il ne portait aucun nom, mais à

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l’instant je vis tous ceux qui s’y trouvaient commes’ils eussent été présents sous mes yeux. Je lesvis avec une grande amertume de cœur, car j’enreconnus la plus grande partie. J’en vis beaucoupqui passaient pour bons ou étaient mêmeconsidérés comme des meilleurs. A peine eu-jeouvert le billet qu’il s’en exhala une puanteurtellement insupportable que je crus en mourir. L’airs’obscurcit et la merveilleuse vision disparut.J’entendis un grand coup de tonnerre et je m’éveillairempli d’épouvante. Cette puanteur pénétrajusqu’aux murailles et s’attacha si bien à mesvêtements que, longtemps après, je croyais encorela sentir. Même aujourd’hui, rien qu’en y pensant,j’ai des nausées et j’éprouve une envie de vomir.Dans mes entretiens avec beaucoup d’intéressés,j’ai constaté que les indications du songe étaienttout à fait exactes.

8. Les reliques de Dominique Savio

Dominique fut enterré au cimetière de Mondonio, oùses restes furent entourés de plus en plus deprécautions et de respect. On en fit déjà plusieursreconnaissances. Lorsque fut ouvert le procès envue de la béatification (1908), on jugea qu’ilconvenait de les transférer dans la Basilique deMarie-Auxiliatrice, à Turin, auprès de ceux de DonBosco. En 1950, une dernière reconnaissance eutlieu en présence de l’Archevêque de Turin. Auxregards émus des assistants apparut, en parfaitétat de conservation, ce qui restait du jeune saint :le crâne, les vertèbres, une omoplate, les osprincipaux des bras et des jambes. Ces ossementsétaient contenus dans une précieuse châsseexposée à la vénération des pèlerins. Dans la nuitdu 19 au 20 février 1971, un sacrilège fut perpétré àl’égard de ces reliques. La châsse fut profanée,saccagée. Certains ossements avaient étéparsemés dans la basilique. D’autres avaientdisparu. Près de dix ans plus tard, le PèreSupérieur des Salésiens français recevait un paquetqui fit l’effet d’une bombe. Il contenait les reliquesde Dominique Savio qui avaient disparu depuis1971. Elles ont été officiellement identifiées et ontregagné leur place dans l’urne sous l’autel du jeunesaint. Une lettre anonyme accompagnait le paquet :elle disait la joie de la restitution et demandait unemesse en l’honneur de Dominique Savio pour levoleur. Des questions restées sans réponse : Quiest le voleur ? Ses intentions lors du vol et lors dela restitution ?

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9. Miracles

Dans les causes de béatification et decanonisation, l’Église tient grand compte desmiracles réalisés par l’intercession des Serviteursde Dieu et dans lesquels elle trouve uneconfirmation définitive de leur sainteté par Dieu lui-même. Elle en exige en principe deux irréfutablespour la béatification et deux pour la canonisation.Dominique Savio avait à peine quitté cette terre quedéjà les faveurs temporelles et spirituellesattribuées à son intercession se multipliaient avecune étonnante rapidité. Relevons seulement lesquatre miracles retenus pour le procès et dontl’authenticité a été officiellement reconnue par laSacrée Congrégation des Rites.

En vue de la béatification, deux miracles en faveurde jeunes. En 1927, Albano Sabatino, âgé de 7ans, de Siano (Saleme-Italie), souffre de diversmaux très graves (septicémie, bronchopneumonie,néphrite aiguë, hémorragie, méningite). Le médecinne laisse aucun espoir. La maman prie Dominiqueavec toute l’ardeur de sa foi. Le lendemain, Albanose lève complètement guéri. En 1935, à Barcelone,une fille du Patronage des Filles de Marie-Auxiliatrice, Maria Consuelo Adelantado, âgée de16 ans, fit une chute malencontreuse : doublefracture du coude gauche avec dislocation desfragments osseux. Dans un songe, le CardinalCagliero l’invite à faire avec foi une neuvaine àDominique Savio et lui promet par ce moyen saguérison pour un jour tout proche. Elle fit laneuvaine et le jour indiqué, elle était guérie.

En vue de la canonisation, deux miracles en faveurde mamans de famille nombreuse. Madame Micelli,de Lecce (Italie) était atteinte d’une sinusitemaxillaire et frontale. L’état général était alarmant ,1′opération s’avérait délicate. Un fait banal luirappela le souvenir de Dominique Savio. Elle le pria.Le lendemain, elle était guérie : c’était le 9 mars1950, jour anniversaire de la mort du saint. En 1950encore, Madame Procelli était atteinte d’uneanémie aiguë causée par une hémorragie interne.La famille s’opposa à une opération immédiate àlaquelle la malade ne pouvait normalement quesuccomber. Pensant aux six petits enfants, lemédecin, tout ému, se mit à prier Dominique Savio,y invitant aussi la famille. La nuit suivante, lapatiente était hors de danger et bientôt la guérisonse révéla complète. Dans la suite, le médecin serecommanda régulièrement à Dominique Savio qui,

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selon son témoignage, l’éclaira et l’aida beaucoupdans ses diagnostics.

10. Sur les autels

Ce n’est qu’en 1908 que fut ouvert à Turin le procèsinformatif sur la sainteté de Dominique Savio, surl’héroïcité de ses vertus. On avait, en effet, peine àcroire qu’un « enfant de 15 ans » non martyr pûtêtre un saint authentique à proposer à la vénérationdes fidèles. Mais la vérité s’imposa. En 1914, ledossier, positif, était transmis à Rome, où toutdevait être réétudié : de ce fait, Dominique devenait« Serviteur de Dieu ». En 1933, jubilé de laRédemption, Pie XI reconnaissait officiellementl’héroïcité de ses vertus et le proclamait «Vénérable ». En 1950, Année Sainte, après lareconnaissance des deux miracles, Dominique étaitproclamé « Bienheureux » par le Pape Pie XII. Leciel voulait de toute évidence hâter sa glorificationtotale : l’année même se produisaient les deuxmiracles insignes exigés à cet effet. C’est le 12 juin1954, Année Mariale, quinze jours après le PapePie X, le Pape de la communion précoce etfréquente, que Dominique Savio était proclaméSaint par le Pape Pie XII.

Soulignons que Dominique peut être considérécomme le saint de l’Eucharistie et du sacrement dePénitence. Sa première communion, à 7 ans, a étéun point de départ vers la sainteté. L’Eucharistie futvraiment le centre vital de toute sa vie. Son élanvers la sainteté a été entretenu et n’a cessé des’intensifier grâce au sacrement de Pénitence. Il esttout particulièrement le saint de la très SainteVierge Marie, au Cœur Immaculé et Douloureux.C’est elle qui l’a vraiment pris par la main pour lehisser jusqu’aux plus hauts sommets. Que de foiselle s’est manifestée à lui dans des faitsmystérieux, comme le jour où une Dame à l’aspectmajestueux marcha à ses côtés tandis qu’ilretournait à Mondonio et disparut subitement auterme du voyage (fait non mentionné par Don Boscodans sa biographie), comme dans tant d’autres faitsmentionnés dans ce livre. Que de fois, elle se servitde lui comme messager auprès de Don Bosco etauprès du Pape aussi… C’est toujours vers laSainte Vierge qu’il conduisit les compagnons qu’ilvoulait mener vers Jésus (Compagnie del’Immaculée Conception). Comme il est significatifqu’ayant pris son envol décisif vers la sainteté le 8décembre 1854, une Année Mariale, le jour mêmeoù le Pape proclamait le dogme de l’Immaculée

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CONTACTER LES A.D.S.

Les Amis de Dominique SavioPlace du Doyenné, 244460 Horion-HozémontBelgique

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Conception, il a été proclamé saint en l’AnnéeMariale 1954, tandis que l’Église fêtait le centenairede ce grand événement. Dominique peut êtreconsidéré comme le Patron des enfants et desjeunes chrétiens. Il est le plus jeune saint nonmartyr dans l’Église. En le proclamant saint, Pie XIIle leur proposait comme modèle, comme chef defile, comme entraîneur. Il peut être considéré aussicomme le Patron des mamans qui attendent unenaissance. Un jour où sa maman attendait unenaissance qui s’avérait devoir être trèsproblématique, Dominique accourut à son chevet,l’embrassa, lui mit au cou le scapulaire de Notre-Dame et rentra à Turin. Tout se passa au mieux. Ilavait annoncé à Don Bosco que la Sainte Viergevoulait guérir sa maman (fait non relaté dans labiographie de Don Bosco). Bien des mamanstémoignent avoir été manifestement assistées parDominique Savio. Il existe à cet effet un scapulairede Dominique Savio, destiné aux mamans.

11. La pensée des Papes

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« L’Église a besoin de ce jeune quimérite d’être donné comme chef de file àtous les jeunes chrétiens… » Pie X

« Par son entrain et sa pureté, il plairaaux jeunes : ils verront en lui un jeune,en tout semblable à eux… » Benoît XV

« Petit de taille, mais géant parl’épanouissement de la grâce dans sonâme. Comme nous avons besoin demontrer bien haut à la jeunessed’aujourd’hui un tel modèle de pureté, depiété, d’apostolat. » Pie XI

« L’Église met Dominique Savio sur lesautels pour qu’il devienne le Patron et lemodèle des jeunes dans l’Église… A unâge aussi tendre, on découvre avecstupeur les voies merveilleuses de lagrâce divine. » Pie XII

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