Vie de Jésus par Dickens

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  • 8/14/2019 Vie de Jsus par Dickens

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    La vie de

    Notre Seigneur Jsus-Christ

    par

    Charles Dickens

    Vie de Jsus crite lintention de ses enfants.

    Traduit de langlais par Rose Celli.

    I

    Mes chers enfants,Je voudrais que vous connaissiez lhistoire de Jsus. Tout le monde devrait la connatre. Il nyeut jamais sur la terre quelquun de si sage, de si bon, de si tendre, et qui et autant de chagrinque Lui pour tous les gens qui faisaient du mal, ou qui taient malades ou malheureux. Etpuisque, maintenant, Il est dans le Ciel, o nous esprons nous retrouver tous aprs notremort, pour y vivre toujours heureux, tous ensemble, vous ne pourriez pas imaginer comme ilfait bon dans le Ciel, si vous ne savez pas qui tait Jsus et ce quil a fait.

    Il naquit, il y a trs longtemps, il y a presque deux mille annes, dans un lieu appelBethlem. Son pre et sa mre habitaient la ville de Nazareth; mais ils furent obligs, pour

    leurs affaires, de se rendre Bethlem. Le nom de son pre tait Joseph, et le nom de sa mre,Marie. La ville tait pleine de gens qui, eux aussi, taient venus l pour leurs affaires; et il nyavait pas de place pour Joseph et Marie, ni lauberge, ni dans les autres maisons; de sortequils allrent se loger dans une table. Cest dans cette table que Jsus naquit. Il ny avait l,bien entendu, ni berceau ni rien, et Marie dut coucher son joli petit garon dans la crche,cest--dire dans la mangeoire, o lon met le foin pour les chevaux. Et Jsus sendormit.

    Pendant quil dormait, des bergers, qui gardaient leurs moutons dans les champs, virent unAnge de Dieu, blouissant de lumire, venir eux, en effleurant peine lherbe. Dabord, ilsfurent pris de peur, et se jetrent sur le sol, en se cachant le visage. Mais lAnge dit : Toutprs dici, dans la cit de Bethlem, un Enfant vient de natre, qui deviendra si sage et si bon

    que Dieu laimera comme son propre Fils; et Il apprendra aux hommes quil faut saimer lesuns les autres, et ne pas se disputer ni se faire du mal; et son nom sera Jsus. Et les hommes

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    mettront ce nom dans leurs prires, parce quils sauront que Dieu laime, et quils doiventlaimer aussi. Puis lAnge dit aux bergers daller jusqu cette table, pour voir le petitenfant dans la crche; ce quils firent. Ils se mirent genoux auprs de Lui, pendant quildormait, et dirent

    Dieu bnisse cet Enfant !

    La plus grande ville de tout le pays tait Jrusalem exactement comme Londres est la plusgrande ville dAngleterre et Jrusalem vivait le roi, qui sappelait le roi Hrode. Un jour,des hommes trs sages arrivrent dun lointain pays de lOrient, et dirent au roi : Nousavons vu une toile dans le ciel, et elle nous annonce qu Bethlem un Enfant est n, quideviendra un Homme que tous les hommes aimeront. Quand le roi Hrode entendit cela, ilfut jaloux, car il tait trs mchant. Mais il ne fit semblant de rien, et dit aux sages : O doncest cet Enfant ? Et les sages dirent : Nous ne le savons pas; mais nous esprons queltoile nous guidera, car elle a voyag devant nous jusquici, et elle se tient maintenantimmobile dans le ciel. Alors Hrode leur ordonna de suivre encore ltoile, pour voir si elle

    les mnerait vers lEnfant; et, quand ils auraient trouv cet Enfant, de revenir Jrusalempour len informer. Ils sortirent donc du palais dHrode, et ltoile se mit en marche, dans leciel, les prcdant un peu, jusqu ce quelle sarrtt au-dessus de ltable o tait lEnfant.Cest l une grande merveille, mais Dieu lavait ainsi ordonn.

    Quand ltoile sarrta, les sages entrrent et virent lEnfant, et Marie, Sa mre. Ils Lesalurent avec beaucoup damour et lui firent des prsents. Puis ils partirent; mais ils neretournrent pas vers Hrode, parce quils avaient devin quil tait jaloux, bien quil ne letpas dit. Donc ils sen furent, pendant la nuit, vers leur pays dOrient. Et un Ange vint dire Joseph et Marie de prendre lEnfant et de lemmener au royaume dgypte, de peurquHrode ne le tut. Ils senfuirent, cette mme nuit, le Pre, la Mre et lEnfant, etarrivrent sains et saufs en gypte.

    Mais quand ce cruel Hrode comprit que les sages ne reviendraient pas, et quil ne pourraitpas savoir o se trouvait lEnfant, il fit venir ses soldats et ses capitaines, et leur ordonnadaller par tout le pays et de tuer tous les enfants qui navaient pas encore deux ans dge. Etles mchants soldats obirent. Les mres couraient de tous cts dans les rues, avec leurspetits bbs dans les bras, en essayant de les sauver et de les cacher dans les caves. Mais lessoldats, avec leurs pes, turent tous ceux quils purent trouver. Ce terrible massacre futappel le Massacre des Innocents, parce que les petits enfants taient si innocents !

    Le roi Hrode esprait que Jsus avait t, lui aussi, tu; mais non ! Il tait sain et sauf engypte. Et il y demeura avec son pre et sa mre, jusqu la mort du roi Hrode.

    II

    Quand le roi Hrode fut mort, un ange apparut de nouveau Joseph, et lui dit quil pouvaitdsormais aller Jrusalem, sans plus rien craindre pour le salut de lEnfant. Alors Joseph etMarie, et leur Fils Jsus (la Sainte Famille, comme on les appelle dhabitude) se mirent enroute pour Jrusalem. Mais, ayant appris en chemin que le fils dHrode rgnait son tour, etcraignant quil ne voult aussi du mal lEnfant, ils nallrent pas Jrusalem, mais Nazareth. Et ils y demeurrent jusqu ce que Jsus et douze ans.

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    ce moment, Joseph et Marie se rendirent Jrusalem, pour assister une grande FteReligieuse, qui se clbrait alors dans le Temple, cest--dire une sorte de grande glise ou decathdrale. Ils emmenrent avec eux Jsus; et, aprs la fte, ils reprirent le chemin deNazareth, en compagnie de nombreux amis et de voisins. En ce temps-l, les gens voyageaienttous ensemble, par crainte des voleurs, parce que les routes ntaient pas aussi sres quelles

    le sont aujourdhui, et les voyages taient beaucoup plus difficiles.

    Ils voyagrent donc, pendant toute une journe, sans sapercevoir que Jsus ntait pas aveceux. Ils ne lavaient pas vu depuis le dpart, mais ils ne sen inquitaient pas, le croyant parmicette grande troupe de voyageurs. Quand ils Le cherchrent, sans Le trouver, ils craignirentquIl ne se ft perdu, et retournrent Jrusalem, dans une grande angoisse. Ils Le trouvrentau Temple, assis au milieu de savants hommes quon appelait des Docteurs, parlant avec euxde la saintet de Dieu et des prires que nous devons Lui adresser. Ces docteurs ntaient pasce que nous appelons aujourdhui : docteurs, cest--dire des gens qui soignent les malades;non : ctait des hommes qui avaient beaucoup tudi et qui taient trs savants. Et Jsusmontrait tant de sagesse dans ce quIl leur disait, et dans les questions quIl leur posait, que

    ces hommes en demeuraient tout merveills.

    Quand Joseph et Marie leurent retrouv, Il les suivit, et retourna avec eux Nazareth, o ilvcut jusqu lge de trente ou trente-cinq ans.

    En ce temps-l vivait un homme tout fait sage et bon, nomm Jean, dont la mre, lisabeth,tait cousine de Marie. Comme il voyait que les hommes taient mchants, et cruels, etsentretuaient, et oubliaient Dieu, Jean sen fut travers tout le pays, prchant les hommes etles femmes, les suppliant de devenir meilleurs. Et parce quil les aimait plus que lui-mme, etne se souciait pas du tout de lui dans son dsir de leur faire du bien, il tait vtu trspauvrement, dune peau de chameau, et il ne mangeait que des sauterelles, quil trouvait surson chemin, et du miel sauvage que les abeilles abandonnent dans les arbres creux. Vousnavez jamais vu de sauterelles, parce quelles ne vivent que dans ces pays lointains, autour deJrusalem, comme les chameaux; mais je suppose que vous avez dj vu un chameau ? Entout cas, on en amne en Angleterre quelquefois; et, si vous voulez en voir, je vous enmontrerai.

    Il y avait, non loin de Jrusalem, une rivire appele le Jourdain, et Jean y baptisait tous ceuxqui venaient lui et qui promettaient de devenir meilleurs. Il en venait de grandes foules, etJsus y alla aussi. Mais quand Jean vit Jsus, il dit : Pourquoi te baptiserais-je, Toi qui estellement meilleur que moi ! Jsus rpondit : Quil en soit cependant ainsi ! Et Jean Le

    baptisa. Et quand Jsus fut baptis, le Ciel souvrit; et un merveilleux oiseau, semblable unecolombe, en descendit, et la voix de Dieu se fit entendre, du haut des cieux, disant : Celui-ciest mon Fils bien-aim en qui jai mis toutes mes complaisances !

    Puis Jsus se retira dans une contre solitaire et sauvage, appele le Dsert, et Il y demeuraquarante jours et quarante nuits, demandant Dieu la grce de pouvoir aider les hommes etles femmes, et de leur apprendre devenir meilleurs, afin quaprs leur mort ils puissent treheureux au Ciel.

    Quand Il sortit du Dsert, Il se mit gurir les malades, rien quen tendant sa main sur eux;car Dieu Lui avait donn le pouvoir de gurir, et de rendre la vue aux aveugles, et de faire

    beaucoup de choses grandes et merveilleuses dont je vous parlerai plus loin, et quon appellelesMiracles de Jsus. Retenez bien ce mot, parce que je men servirai encore, et rappelez-

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    vous quil signifie : quelque chose de merveilleux, qui ne peut se faire quavec la permissionet laide de Dieu.

    Le premier Miracle de Jsus eut lieu dans une ville appele Cana, o Il stait rendu pourassister un repas de noces, avec Marie, sa mre. Il ny avait pas de vin; et Marie le lui dit. Il

    ny avait que six grosses cruches pleines deau. Mais Jsus changea cette eau en vin, rienquen levant sa main; et tous ceux qui taient l en burent.

    Car Dieu avait donn Jsus le pouvoir de faire de telles merveilles; et Il les faisait, pourmontrer aux hommes quIl ntait pas un homme comme les autres, et pour les engager croire ce quIl leur enseignait, et comprendre quIl tait envoy par Dieu. Beaucoup, enapprenant quIl faisait des Miracles, et quIl gurissait les malades, commencrent croire enLui; et de grandes foules Le suivaient dans les rues et sur les routes, partout o Il allait.

    III

    Pour laider enseigner le bien, Jsus choisit Douze hommes pauvres, qui devaient tre sescompagnons. Ces Douze sont les aptres ou les disciples; et Il les choisit parmi les pauvresafin que les pauvres puissent savoir par l, lavenir, que le Ciel est fait pour eux aussi bienque pour les riches, et que Dieu ne met pas de diffrence entre ceux qui sont bien habills etceux qui vont pieds nus et en haillons. Les cratures les plus misrables, les plus affreuses, lesplus difformes, les plus abandonnes du monde, seront des anges de gloire dans le ciel si ellesont t bonnes sur la terre. Noubliez jamais cela quand vous serez grands ! Ne vous montrez

    jamais orgueilleux ou durs, mes chris, envers un homme, une femme ou un enfant pauvre. Siun pauvre nest pas gentil, dites-vous quil aurait pu tre meilleur sil avait eu des amistendres, une maison confortable et de bons matres. Aussi, essayez toujours de le ramener aubien par des paroles damiti, et de linstruire, et de le soulager si vous le pouvez. Et quandvous entendrez dire du mal des Pauvres et des Misrables, pensez Jsus, qui allait parmieux, et les instruisait, et les trouvait dignes de son amour. Vous-mmes, soyez toujours poureux pleins de piti et de bont.

    Les noms des douze Aptres taient : Simon-Pierre, Andr, Jacques (fils de Zbde), Jean,Philippe, Barthlmi, Thomas, Mathieu, Jacques (fils dAlphe), Lebbe, Simon et JudasIscariote, qui devait trahir Jsus, comme vous le verrez plus loin.

    Les quatre premiers taient de pauvres pcheurs, qui se trouvaient dans leurs barques, sur lerivage, en train de raccommoder leurs filets, quand Jsus vint passer prs deux. Il sarrta,

    monta dans la barque de Simon-Pierre, et lui demanda sil avait pris beaucoup de poisson.Pierre lui dit que non; ils avaient eu beau lancer leurs filets toute la nuit, ils navaient rien pris.Jsus dit :

    Jetez le filet encore une fois. Ils firent ainsi, et le filet fut, linstant mme, si plein depoissons, quil fallut appeler beaucoup dhommes laide pour le tirer de leau; et ils yrussirent grandpeine. Ce fut l un des miracles de Jsus.

    Alors Jsus dit : Venez avec moi. Et ils le suivirent aussitt. Et dsormais les douzedisciples ou aptres ne le quittrent plus.

    Comme une grande foule le suivait, pour entendre sa parole, Il monta sur une montagne, et l,de sa propre bouche, Il leur apprit la prire qui commence par ces mots : Notre Pre qui es

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    dans les cieux... , celle que vous dites chaque soir. Nous lappelons la Prire du Seigneur,parce que ce fut Jsus qui la pronona le premier, et parce quIl recommanda ses disciplesde prier ainsi.

    Quand il redescendit de la montagne, il vit venir lui un homme malade dune terrible

    maladie : la lpre. Ctait une maladie commune en ce temps, et ceux qui en taient atteintssappelaient des lpreux. Ce lpreux tomba aux pieds de Jsus et dit : Seigneur ! Si tu leveux, tu peux me gurir ! Jsus, toujours plein de compassion, tendit sa main et dit : Je leveux. Sois guri ! Et le mal disparut immdiatement, et lhomme fut guri.

    tant toujours suivi, partout o il allait, par de grandes foules de gens, Jsus entra avec sesdisciples dans une maison, pour sy reposer. Tandis quil tait assis lintrieur, on apporta,couch sur un lit, un homme malade dune maladie quon appelle la paralysie. Cet hommetremblait de la tte aux pieds, et ne pouvait ni se tenir debout ni bouger. Ceux qui le portaient,ne pouvant arriver auprs de Jsus, cause de la foule qui encombrait la porte et les fentres,grimprent sur le toit de la maison, qui tait basse, et, aprs avoir enlev les tuiles, ils firent

    descendre le lit et le malade dans la chambre o se tenait Jsus. Quand il le vit, Jsus, plein depiti, dit au paralytique : Lve-toi; prends ton lit et retourne dans ta maison. Et lhommese leva, et sen alla tout fait guri, bnissant Jsus et rendant grce Dieu.

    Il y eut aussi un Centurion, cest--dire un officier de larme, qui vint lui dire : Seigneur !Mon serviteur est couch dans ma maison, trs malade. Jsus rpondit : Jirai et je legurirai. Mais le Centurion dit : Seigneur ! Je ne suis pas digne que tu entres dans mamaison. Dis seulement un mot et je sais que mon serviteur sera guri. Alors Jsus, joyeux devoir que ce Centurion avait une si grande foi en Lui, dit : Quil en soit ainsi ! Et cemoment mme le serviteur fut guri.

    Mais, parmi ceux qui venaient lui, le plus malheureux, le plus pitoyable, ce fut un magistrat,cest--dire un homme qui remplissait des fonctions importantes dans la ville : il se tordait lesmains, et pleurait en disant : Oh ! Seigneur ! ma fille, ma belle, douce, innocente petite filleest morte ! Oh viens ! et tends sur elle ta main bnie, et je sais quelle redeviendra vivante etnous rendra le bonheur, sa mre et moi. Oh ! Seigneur ! nous laimons tant ! et elle estmorte !

    Jsus sortit avec lui et ses disciples et alla vers la maison de ce malheureux pre. Les amis etles voisins pleuraient dans la chambre o reposait la pauvre petite fille morte; et les musiciensfaisaient entendre une douce musique, comme ctait la coutume alors, quand quelquun

    mourait. Jsus, regardant la petite fille avec douleur, dit, pour consoler les pauvres parents : Elle nest pas morte. Elle dort. Puis il fit sortir tout le monde de la chambre et, allantauprs de lenfant morte, il la prit par la main; et elle se leva, tout fait bien, comme si ellenavait t quendormie. Oh ! quelle joie ce dut tre de voir ses parents la serrer dans leursbras, et lui donner des baisers, et remercier Dieu et Jsus son Fils, pour une si grandemisricorde !

    Toujours il se montra ainsi, plein de piti et de tendresse. Cest parce quil fit tant de bien, etparce quil apprit aux hommes aimer Dieu, et esprer le Paradis aprs leur mort, quil a tappelNotre Sauveur.

    IV

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    Il y avait, dans le pays o Notre Sauveur accomplissait ses Miracles, certaines gens quonappelait les Pharisiens. Ils taient trs orgueilleux, et croyaient que personne, except eux,ntait juste. Et ils craignaient tous beaucoup Jsus, parce quil instruisait le peuple. Les Juifs,en gnral, taient ainsi. Et une grande partie des habitants de ce pays taient juifs.

    Notre sauveur se promenant avec ses disciples dans les champs, un dimanche (jour que lesJuifs appelaient, et appellent encore, le jour du Sabbat), ils cueillirent quelques pis de blpour les manger. Et les Pharisiens dirent que ctait trs mal. Et de mme, quand notreSauveur entra dans une de leurs glises, quils appellent Synagogues, et y regarda aveccompassion un pauvre homme dont la main tait toute dessche et abme, ces Pharisiensdirent : Est-ce juste de gurir les gens le jour du Sabbat ? Notre Sauveur leur rpondit : Si lun de vous a un mouton, et que le mouton tombe dans un prcipice, ne len tirera-t-ilpas, mme si cest le jour du Sabbat ? Et un homme na-t-il pas beaucoup plus de prix quunmouton ? Puis il dit au pauvre homme : tends ta main ! Et elle fut gurieimmdiatement, et aussi saine et solide que lautre. Et Jsus dit : Il est toujours permis defaire du bien, quel que soit le jour de la semaine.

    Bientt aprs, Notre Sauveur alla dans une ville appele Nam, suivi dune grande quantit degens, surtout ceux qui avaient des parents, des amis ou des enfants malades. Ils amenaient lesmalades dans les rues et sur les routes o Jsus passait, et le suppliaient de les toucher; etquand il les avait touchs, les malades taient guris. Comme il avanait au milieu de cettefoule, Il rencontra, prs de la porte de la ville, un enterrement. Ctait un jeune homme quelon portait dans un cercueil ouvert, comme ctait alors la coutume en ce pays, et comme onle fait encore dans quelques parties de lItalie. La pauvre mre du jeune homme suivait lecercueil, en pleurant beaucoup, car elle navait pas dautre enfant. Quand Jsus la vit, il futtouch au coeur par la douleur de cette femme, et lui dit : Ne pleure pas ! Alors lesporteurs sarrtrent. Jsus sapprocha et toucha le cercueil, de sa main, et dit : Jeunehomme, lve-toi ! Et le mort, ressuscitant la voix du Sauveur, se leva et se mit parler. EtJsus sen alla, le laissant avec sa mre. Imaginez leur joie tous deux !

    La foule qui le suivait tait si grande que Jsus descendit au rivage de la mer et monta dansune barque, afin de se rendre en un lieu plus solitaire. Dans la barque, il sendormit, tandisque ses disciples demeuraient assis sur le pont. Il dormait toujours quand une violente temptesleva. Les vagues inondaient la barque, et le vent hurlant la secouait et la roulait si fort queles disciples crurent quils allaient faire naufrage. Dans leur frayeur, ils rveillrent Jsus : Seigneur ! Sauve-nous, ou nous sommes perdus ! Il se dressa, et tendant le bras, il dit lamer dchane et au vent furieux : Paix ! Soyez tranquilles. Et, linstant, le temps

    redevint calme et doux, et la barque poursuivit sa route sur les eaux sereines.Quand ils furent sur le rivage oppos, ils durent passer prs dun cimetire sauvage etabandonn, situ hors de la ville o ils se rendaient. En ce temps-l, les cimetires taienttoujours en dehors des villes. Il y avait l un fou horrible, qui vivait parmi les tombeaux, etqui hurlait nuit et jour, de telle sorte quil pouvantait les voyageurs. On avait bien essay delenchaner, mais il brisait ses chanes, tant il tait fort; et il se jetait sur les caillouxtranchants, et se faisait des coupures affreuses, criant et hurlant sans arrt. Quand ce misrableaperut Jsus, il scria, de trs loin : Cest le fils de Dieu ! Oh ! fils de Dieu ! ne metourmente pas ! Jsus, sapprochant de lui, vit quil tait la proie dun mauvais esprit, dundmon; il ordonna la folie de sortir de cet homme et dentrer dans un troupeau de porcs qui

    paissaient prs de l et qui, aussitt, se prcipitrent du haut dun rocher dans la mer et furentmis en pices.

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    Pendant ce temps, Hrode, le fils de ce roi cruel qui avait massacr les innocents, rgnait surle pays. Il apprit que Jsus accomplissait toutes ces merveilles, rendait la vue aux aveugles,faisait entendre les sourds, parler les muets, marcher les boiteux, et quil tait suivi par desmultitudes et des multitudes de gens. Et Hrode dit : Cet homme est un compagnon et unami de Jean le Baptiste. Jean tait cet homme juste, vous rappelez-vous ? qui portait un

    vtement en poil de chameau, et qui se nourrissait de miel sauvage. Hrode stait empar delui parce quil prchait et instruisait le peuple; et il lavait enferm dans la prison du palais.

    Le roi Hrode tait donc trs en colre contre Jean. Le jour de naissance du roi, sa filleHrodias, qui savait trs bien danser, dansa devant lui, pour lui tre agrable. Il en fut sicontent quil jura par serment quil lui donnerait la chose quelle lui demanderait, quoi que ceft. Alors, dit-elle, pre, donnez-moi sur un plat la tte de Jean le Baptiste. Car elledtestait Jean, et elle tait une mchante et cruelle femme.

    Le roi en fut fch, parce que, bien quil gardt Jean en prison, il ne dsirait pas le tuer. Maisil avait jur quil donnerait Hrodias ce quelle lui demanderait, et il envoya ses soldats dans

    la prison, avec lordre de couper la tte de Jean le Baptiste, et de lapporter sa fille. Ilsobirent, et ils la lui apportrent, comme elle le voulait, sur un plat. Quand Jsus eut apprispar ses aptres cette action cruelle, il quitta la ville avec eux, aprs quils eurent ensevelisecrtement, pendant la nuit, le corps de Jean.

    V

    Lun des Pharisiens vint supplier Notre Sauveur dentrer dans sa maison pour y prendre unrepas. Et, tandis que Jsus tait table, une femme, qui avait men une vie mauvaise et laide,se glissa dans la salle. Elle avait honte la pense que le Fils de Dieu pourrait la voir.Pourtant, elle avait tant de confiance dans la bont de Jsus, dans sa compassion pour tousceux qui, ayant fait du mal, le regrettent de tout leur coeur, que, petit petit, elle arrivaderrire le sige o il tait assis. Elle se jeta ses pieds, en les arrosant de ses larmes; puis elleles baisa et les scha avec ses longs cheveux, et les frotta avec une pte odorifrante quelleavait apporte dans une bote. Son nom tait Marie-Madeleine.

    Quand le Pharisien vit que Jsus permettait cette femme de le toucher, il se dit en lui-mmeque Jsus ne savait pas combien cette femme avait t mauvaise. Mais Lui, qui voyait lespenses de son hte, lui dit : Simon , car ctait son nom si un homme a deuxdbiteurs, un qui lui doit cinq cents francs, et un autre qui ne lui en doit que cinquante, et silleur remet tous les deux leur dette, lequel, selon toi, laimera le plus ? Simon rpondit :

    Il me semble que ce sera celui qui il a remis la plus grosse dette. Jsus lui dit quil avaitraison, et il ajouta : Puisque Dieu pardonne cette femme tant de pchs, elle ne len aimeraque plus, jespre. Et il dit la femme : Dieu te pardonne. Ceux qui taient prsentsstonnrent que Jsus et le pouvoir de pardonner les pchs; mais Dieu le lui avait donn. Etla femme, aprs lui avoir rendu grces de sa misricorde, sen alla.

    Rappelons-nous quil nous faut toujours pardonner ceux qui nous ont fait quelque mal,quand ils viennent nous dire quils le regrettent de tout leur coeur. Et, mme sils ne le disentpas, nous devons encore leur pardonner, et ne jamais les har ou tre durs avec eux, si nousvoulons esprer que Dieu nous pardonne nous-mmes.

    Il y eut ensuite une grande fte des Juifs, et Jsus se rendit Jrusalem. Il y avait dans cetteville, ct du march aux moutons, une espce de grand bassin, appel Bethsada, ferm par

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    cinq portes. Pendant le temps de la fte, beaucoup de malades et dinfirmes venaient sebaigner dans ce bassin. Ils croyaient quun ange agitait leau, et que le premier malade qui sebaignait, aprs que lange avait agit leau, tait guri de sa maladie, quelle quelle ft. Parmices pauvres gens, il y avait un homme malade depuis trente-huit ans; et Jsus eut piti de lui,en le voyant couch sur son lit, tout seul, sans personne qui laidt. Cet homme dit Jsus

    quil ne pourrait jamais se plonger dans le bassin, parce quil tait si faible et si malade quilne pourrait pas marcher jusque l. Jsus lui dit : Emporte ton lit et va-t-en. Et il sen alla,tout fait guri.

    Beaucoup de Juifs avaient vu ce miracle; et ils nen eurent que plus de haine pour Jsus. Ilssavaient que le peuple, instruit et guri par Jsus, ne voudrait plus croire les prtres juifs, quilui enseignaient des mensonges et le trompaient. Aussi se dirent-ils les uns aux autres quilfallait tuer Jsus, parce quil gurissait les malades le jour du Sabbat (ce qui tait contraire leur Loi stricte) et parce quil se nommait lui-mme Fils de Dieu. Et ils essayrent de luisusciter des ennemis, et de rassembler la foule dans les rues pour le massacrer.

    Mais la foule Le suivait partout o il allait, en le bnissant et en le suppliant denseigner et degurir; car on savait quIl ne faisait que le bien. Jsus, tant all avec ses disciples au borddun lac appel le Lac de Tibriade, et stant assis avec eux sur la pente dune colline, vit ungrand nombre de ces pauvres gens qui attendaient au pied de la colline, et il dit laptrePhilippe : O achterons-nous du pain, afin quils puissent manger et se rassasier, aprs celong voyage ? Philippe rpondit : Seigneur, deux cents francs de pain ne suffiraient paspour tant de gens, et nous nen avons pas du tout !

    Nous avons seulement , dit un autre aptre, Andr, frre de Simon Pierre, cinq petitspains dorge et deux petits poissons, qui appartiennent un garon venu avec nous. Maisquest-ce que cela pour une telle foule ! Jsus dit : Faites-les tous asseoir. Ce qui fut fait.Il y avait beaucoup de gazon en cet endroit. Quand ils furent tous assis, Jsus pris le pain etleva les yeux vers le ciel; puis il bnit le pain et le rompit, et il tendit les morceaux sesaptres, qui les donnrent la foule. Et, avec ces cinq petits pains, et ces deux poissons, cinqmille hommes, sans compter les femmes et les enfants, purent manger. Et quand ils furenttous rassasis, on remplit douze corbeilles avec ce qui restait. Cest l encore un des Miraclesde Jsus.

    Notre Sauveur envoya ensuite ses disciples, dans une barque, de lautre ct du lac, et il leurdit quil les rejoindrait quand il aurait congdi toute cette multitude de gens. Aprs que tousfurent retourns vers la ville, Jsus demeura seul, prier, si bien que la nuit vint; et les

    disciples continuaient ramer, sur le lac, se demandant quand il les rejoindrait. Tard dans lanuit, alors que le vent stait lev et que les eaux sagitaient, ils Le virent venir eux enmarchant sur les eaux, comme sil et march sur la terre ferme. Pleins de terreur, ils semirent crier. Mais Jsus leur dit : Cest moi. Ne craignez rien. Et Pierre, reprenantcourage, dit : Seigneur, si cest toi, ordonne-moi de venir toi sur les eaux ! Jsus dit : Viens. Alors Pierre marcha vers lui; mais voyant les vagues furieuses, et entendant le ventrugir, il eut peur et commena senfoncer. Il se serait noy si Jsus ne lavait pris par la mainpour le conduire jusqu la barque. Aussitt aprs, le vent tomba; et les disciples se dirent lesuns aux autres : Cest vrai ! Il est le Fils de Dieu !

    Jsus fit encore, dans la suite, de nombreux miracles : les boiteux marchaient, les muets

    parlaient, les aveugles voyaient. Se trouvant entour, encore une fois, par une grande foule degens fatigus et affams, car ils taient avec lui depuis trois jours sans presque rien manger, il

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    prit des mains de ses disciples sept pains et un peu de poisson; et il les partagea, comme ilavait fait la premire fois, parmi ces pauvres gens, qui taient au nombre de quatre mille. Tousmangrent et furent rassasis, et de ce qui restait on emplit sept corbeilles.

    Puis il dispersa les disciples, et les envoya par les villes et les villages, pour prcher; et il leur

    donna le pouvoir de gurir, au nom de Son Divin Pre, tous ceux qui taient malades. Cest ce moment quil commena leur dire (car Il savait que cela arriverait) quil lui faudrait allerun jour Jrusalem, pour y souffrir de grandes souffrances et tre mis mort. Mais il leur ditaussi que, le troisime jour aprs sa mort, il se lverait de la tombe et monterait au ciel, o ilserait assis la droite de Dieu, implorant le pardon des pcheurs.

    VI

    Six jours aprs le second Miracle des pains, Jsus monta sur une haute montagne, ne prenantavec lui que trois disciples : Pierre, Jacques et Jean. Et l, tandis quIl leur parlait, ils virentsoudain son visage resplendir comme le soleil; et la robe quil portait brilla et tincela comme

    de largent; et il se tenait debout devant eux, semblable un ange. En mme temps, une nueclatante les enveloppa, et une voix en sortit qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aim, enqui jai mis toutes mes complaisances. coutez sa parole ! Alors les trois disciplestombrent genoux et se cachrent la face, car ils avaient peur.

    Cest ce quon a appel la Transfiguration de Notre Sauveur.

    Quand ils redescendirent de la montagne et se retrouvrent parmi le peuple, un homme vintsagenouiller aux pieds de Jsus et dit : Seigneur, aie piti de mon fils, car il est fou et nesait pas ce quil fait. Quelquefois il tombe dans le feu, et quelquefois dans leau, et il est toutcouvert de cicatrices et de blessures. Quelques-uns de tes disciples ont essay de le gurir,mais ne lont pas pu. Jsus, linstant, gurit lenfant; et, se tournant vers ses disciples, illeur dit quils navaient pas pu le gurir eux-mmes parce quils ne croyaient pas en lui, Jsus,aussi sincrement quIl lavait espr.

    Les Disciples lui demandrent un jour : Matre, qui est le plus grand dans le royaume duCiel ? Jsus appela un petit enfant, et le prit dans ses bras, et le leur montra en disant : Unpetit enfant pareil celui-ci. Je vous le dis, nul, sil nest aussi humble que ce petit enfant,nentrera dans le royaume du Ciel. Quiconque reoit en mon nom un petit enfant me reoit.Mais quiconque fait du mal lun deux, il vaudrait mieux pour lui quil sattache au cou unemeule de moulin et se noie dans les abmes de la mer. Les anges sont tous des enfants. Notre

    Sauveur tait plein damour pour ce petit enfant quil tenait dans ses bras, et pour tous lesenfants, oui, et pour tout le monde. Personne, jamais, na aim ainsi tout le monde, siprofondment, et si tendrement.

    Pierre lui dit : Seigneur, combien de fois dois-je pardonner ceux qui moffensent ? Septfois ? Jsus rpondit : Sept fois sept fois, et encore plus. Comment pourrais-tu esprer queDieu te pardonne quand tu fais du mal, si tu ne pardonnes pas aux autres ?

    Et il se mit raconter cette histoire ses disciples : Il y avait une fois un serviteur qui devait son matre une grosse somme dargent, et ne pouvait pas la payer. Le matre, trs en colre,voulut faire vendre son serviteur comme esclave; mais le serviteur, se jetant genoux implora

    son pardon avec tant de chagrin que le matre lui fit grce. Or, ce mme serviteur avait uncamarade qui lui devait cent sous; et, au lieu de se montrer gnreux et de remettre sa dette

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    ce pauvre homme comme son matre avait fait pour lui-mme, il le fit mettre en prison. Lematre, layant appris, sen vint lui dire : Oh ! mauvais serviteur, je tai pardonn; pourquoinas-tu pas pardonn de mme ton camarade ? Et il le chassa honteusement. Ainsi donc,ajouta Jsus, comment pourriez-vous esprer que Dieu vous pardonne, si vous ne pardonnezpas ? Cest ce que signifient ces mots de la prire : Pardonnez-nous nos offenses comme

    nous pardonnons ceux qui nous ont offenss.

    Et Il leur raconta une autre histoire : Il y avait une fois, dit-il, un fermier qui possdait unevigne. Un matin, de bonne heure, il sortit et sentendit avec des ouvriers afin quils aillenttravailler dans la vigne, tout le jour, pour un franc. Un peu plus tard, il sortit de nouveau etengagea dautres ouvriers aux mmes conditions. Et, un peu plus tard, il sortit encore et fit demme; et, comme cela, plusieurs fois, jusqu laprs-midi. Quand la journe fut finie et queles ouvriers vinrent se faire payer, ceux qui avaient travaill depuis le matin se plaignirent dece que leurs compagnons, qui avaient commenc beaucoup plus tard, fussent pays autantqueux; et ils disaient que ce ntait pas juste. Mais le matre leur dit : Mes amis, je vous aiengags pour un franc; avez-vous reu moins dun franc parce que jen ai donn autant vos

    compagnons ?

    Jsus voulait leur montrer par l que ceux qui ont fait le bien tout le long de leur vie iront auciel aprs leur mort; mais ceux qui ont fait le mal parce quils ont t malheureux dans leur

    jeunesse, sans parents, sans amis pour veiller sur eux, et qui sen sont repentis de tout leurcoeur, si tard que ce ft, et qui ont pri Dieu de les pardonner, seront pardonns et iront auciel, eux aussi. Jsus instruisait ses disciples en leur racontant ces histoires, parce quil savaitquon aime beaucoup entendre des histoires, et que, par ce moyen, on se rappellerait beaucoupmieux ce quil disait. Ce sont l les paraboles, les Paraboles de Notre Sauveur. Retenez bience mot, parce que jaurai bientt dautres paraboles vous raconter.

    Les gens coutaient tout ce que Jsus leur disait; mais ils ntaient pas daccord entre eux son sujet. Les Pharisiens et les Juifs avaient parl contre lui quelques-uns; et ceux-l taientdisposs lui faire du mal, et mme le tuer. Mais ils avaient peur cependant de lui faire dumal, cause de sa bont, et aussi parce quil avait lair si divin, si majestueux (bien quil fthabill simplement, presque comme un pauvre) que ses ennemis pouvaient peine supporterde rencontrer son regard.

    Un matin, Il tait assis en un lieu appel le Mont des Oliviers, et Il prchait au peupleassembl autour de Lui, et qui lcoutait attentivement, quand un grand bruit se fit entendre, etune troupe de Pharisiens et quelques autres hommes semblables eux, appels des Scribes,

    arrivrent en courant, avec des cris et des clameurs, tranant parmi eux une femme qui avaitcommis une faute. Et ils criaient tous ensemble : Matre, vois cette femme. La loi dit quelledoit tre frappe avec des pierres jusqu ce quelle en meure. Mais toi, que dis-tu ? Que dis-tu ?

    Jsus regardait attentivement cette troupe bruyante, et il voyait bien quils taient venus pourlui faire dire que la loi tait injuste et cruelle; et sil parlait ainsi, on lui en ferait un crime eton le tuerait. Tandis que Jsus les regardait en face, ils avaient honte et peur, mais ilscontinuaient crier : Eh bien ! Toi, Matre, que dis-tu ?

    Jsus se pencha vers le sol et il crivit avec son doigt sur le sable : Que celui dentre vous

    qui est sans pch lui jette la premire pierre. Ils lurent, en regardant par-dessus lpaule lesuns des autres. Et, comme Jsus crivait toujours, ils sen allrent, honteux, lun aprs lautre,

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    jusqu ce quil ne restt plus personne. Jsus et la femme, qui se cachait le visage entre sesmains, demeurrent seuls. Alors Jsus se redressa et dit : Femme, o sont ceux quitaccusaient ? Quelquun ta-t-il condamne ? Elle rpondit en tremblant : Non,Seigneur. Et Jsus dit : Ce nest pas moi alors, qui te condamnerai. Va, et ne pcheplus !

    VII

    Un jour que Notre Sauveur tait au milieu du peuple, prchant et rpondant aux questionsquon lui posait, un Scribe, cest--dire un homme de loi, se leva et dit : Matre, que dois-jefaire pour aller au ciel aprs ma mort ? Jsus lui dit : Le premier de tous lescommandements est : Le Seigneur notre Dieu est unique; et tu aimeras le Seigneur ton Dieu

    de tout ton coeur, et de toute ton me, et de toute ton intelligence, et de toute ta force. Et le

    second commandement est le mme que le premier : Tu aimeras ton prochain comme toi-

    mme. Il ny a pas de commandements plus grands que ceux-l.

    Alors le Scribe dit : Mais qui est mon prochain ? Dis-le moi, que je le sache. Et Jsusrpondit par cette parabole :

    Un jour, un voyageur, qui allait de Jrusalem Jricho, fut attaqu par des voleurs; ils luidrobrent ses vtements, et le frapprent, puis ils senfuirent, en le laissant moiti mort surla route. Un prtre qui passait par l vit le pauvre homme gisant terre, mais il ne seninquita pas et continua son chemin. Un autre, un Lvite, passa son tour, et vit lhommebless; mais il ne le regarda quun instant et sen alla aussi. Mais un Samaritain, qui voyageaitsur cette route, aussitt quil eut aperu le malheureux, en eut piti. Il soigna ses blessuresavec de lhuile et du vin, le fit monter sur sa propre mule, et le mena dans une auberge. Lelendemain matin, il prit dans sa poche deux pices dargent et les donna laubergiste en luidisant : Ayez bien soin de cet homme et, si ce que je vous donne ne suffisait pas pour lesoigner, je vous paierais le surplus quand je repasserai par ici. Dis-moi maintenant, demandaJsus au Scribe, lequel de ces trois hommes qui ont pass sur la route peut, ton avis, treappel le prochain, cest--dire le voisin de celui qui tait tomb aux mains des voleurs ? LeScribe rpondit : Celui qui lui a montr de la piti. Et Jsus dit : Cest vrai. Va et faiscomme lui ! Montre-toi compatissant pour tous les hommes, car tous sont nos voisins et nosfrres.

    Afin denseigner que nous ne devons jamais tre orgueilleux, et nous croire suprieurs auxautres devant Dieu, mais que nous devons tre, au contraire, toujours humbles, Jsus leur dit

    encore cette parabole : Quand on vous invite un repas de noces, ne vous asseyez pas la meilleure place, de peurquune autre personne, que vos htes voudraient honorer plus que vous, ne vienne rclamervotre sige. Mais asseyez-vous la place la plus modeste, et lon vous en offrira unemeilleure, si vous en tes digne. Car celui qui slve sera abaiss, et celui qui sabaisse seralev.

    Et Il leur dit aussi :

    Un jour, un homme prpara un grand souper, et y invita beaucoup damis. Quand le souper

    fut prt, Il envoya son serviteur dire tous les invits que le matre les attendait. Mais lesinvits sexcusrent : lun dit quil avait achet un champ et quil tait oblig daller voir ce

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    champ; un autre, quil venait dacheter cinq paires de boeufs et quil devait les essayer aulabour; un autre, quil tait nouvellement mari et quil ne pouvait venir. Quand le matreentendit cela, il fut trs fch et il ordonna son serviteur daller dans les rues, et sur lagrande route, et aux carrefours, et dinviter tous les pauvres, les boiteux, les infirmes, lesaveugles quil trouverait.

    Jsus voulait montrer ainsi que ceux qui sont trop occups par leurs affaires et leurs plaisirspour penser Dieu et pour faire le bien, seront moins bien traits par Lui que les malheureuxet les pauvres.

    Notre Sauveur, tant dans la ville de Jricho, vit un jour un homme qui, pour mieux Le voir,au-dessus de la foule, avait grimp dans les branches dun arbre. Cet homme se nommaitZache, et on le mprisait cause de sa mauvaise vie. Mais Jsus, passant prs de lui, lappelaet linvita venir dner avec lui ce mme jour. Les Pharisiens et les Scribes, ces orgueilleux,murmurrent et dirent : Il mange avec les pcheurs. Et Jsus leur rpondit par cetteparabole, quon appelle laparabole de lEnfant prodigue.

    Il y avait une fois, leur dit-il, un homme qui avait deux fils. Le plus jeune des deux dit unjour : Pre, donnez-moi la part qui me revient de vos richesses, et laissez-moi en faire cequil me plaira. Le pre lui ayant accord ce quil demandait, le jeune homme sen fut, avecson argent, dans un pays lointain, et il eut bientt tout dpens, en menant une vie de plaisir etde dsordre. ce moment survint, dans ce pays, une grande famine. On ne pouvait plus avoirde pain; et le bl, lherbe, et toutes les plantes se desschaient et mouraient. Le fils prodiguetomba dans une telle misre quil dut se louer dans une ferme pour garder les pourceaux; et ilaurait mang, avec joie, mme les dgotantes pluchures dont on nourrissait les porcs, maisson matre ne lui en donnait pas. Il se dit dans sa dtresse : Il y a dans la maison de monpre tant de serviteurs qui ont du pain leur suffisance, et mme gaspiller ! tandis que moi,

    je meurs de faim ici ! Je veux partir et aller chez mon pre et lui dire : Pre, jai pch contrele ciel et contre toi, et je ne suis plus digne dtre appel ton fils !

    Il sen retourna donc, avec beaucoup de peine, et de fatigue, et de souffrance, la maison deson pre. De trs loin, son pre le vit, et le reconnut sous ses misrables haillons. Il courut lui, en pleurant et, lui jetant les bras autour du cou, il le baisa. Puis il ordonna ses serviteursde revtir son pauvre fils repentant avec de beaux habits, et de prparer un grand festin pourclbrer son retour. On lui obit. Et ce fut fte dans la maison.

    Mais le fils an, qui tait aux champs, et qui ignorait le retour de son frre, lorsquil revint du

    travail, entendit de la musique et des danses. Il appela un serviteur pour savoir ce que celasignifiait. Le serviteur rpondit que le fils cadet tait revenu et que le pre ftait joyeusementson retour. Le frre an en fut trs fch, et ne voulut pas entrer dans la maison; si bien que lepre vint la porte pour lengager entrer. Pre, dit le fils an, vous ne me traitez pas avec

    justice en montrant tant de joie pour le retour de mon frre. Pendant de nombreuses annes, jene vous ai pas quitt, et je vous ai t fidle; et pourtant, vous navez jamais ordonn un festinen mon honneur. Mais quand mon jeune frre revient, aprs avoir t prodigue et dbauch,aprs avoir dpens tout son argent en folies, vous tes ravi, et toute la maison se rjouit ! Fils, dit le pre, tu mes toujours demeur fidle, et tout ce que je possde est toi, maisnous avons cru ton frre mort, et voici quil est vivant. Il tait perdu, et le voici retrouv. Il estnaturel et juste que nous nous rjouissions pour son retour inespr dans la maison de son

    enfance.

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    Jsus voulait montrer par l que ceux qui ont fait du mal, et qui ont oubli Dieu, seronttoujours accueillis avec joie, pourvu seulement quils reviennent Lui, pleins de chagrin lapense du mal quils ont commis.

    Mais les Pharisiens coutaient toutes ces leons avec mpris, parce quils taient riches et

    envieux, et se croyaient suprieurs au reste des hommes. Et Jsus, pour les faire rflchir surleur gosme, raconta laparabole du Riche et de Lazare.

    Il y avait une fois un homme riche, toujours vtu de pourpre et de fin lin, et qui sattablaittous les jours devant de magnifiques repas. Et il y avait, au seuil de la maison du riche, unmendiant nomm Lazare, tout couvert dulcres, et qui dsirait se rassasier des miettestombes de la table du riche; et mme, les chiens venaient lcher ses ulcres. Le mendiant vint mourir et fut port par les anges auprs dAbraham. Abraham avait t un homme trs bon,qui avait vcu sur la terre jadis, et qui, maintenant, tait au ciel. Lhomme riche mourut aussi,et on lensevelit. De lenfer, o il fut jet, au milieu des tourments, il leva les yeux vers le cielet il vit l-haut Abraham et Lazare. Alors il se mit crier : Mon pre Abraham ! Aie piti de

    moi ! Envoie vers moi Lazare, afin quil trempe le bout de son doigt dans leau, pour merafrachir la langue, car ces flammes me torturent. Mais Abraham rpondit : Mon fils,rappelle-toi que tu as eu beaucoup de plaisir pendant ta vie, et Lazare beaucoup desouffrances. Maintenant, Lazare est dans la joie, et toi, dans les tourments.

    Parmi dautres paraboles, Jsus raconta encore celle-ci, ces Pharisiens orgueilleux : Unjour, deux hommes entrrent dans le Temple pour prier; lun tait un Pharisien, lautre, unPublicain. Le Pharisien dit : Mon Dieu, je te remercie de ce que je ne suis pas injustecomme le reste des hommes, ni pcheur comme ce Publicain. Le Publicain se tenait lcartet nosait pas lever les yeux vers le Ciel, mais se frappait la poitrine, en disant seulement : Mon Dieu, aie piti de moi, pauvre pcheur ! Et Dieu, dit Jsus, reut avec plus demisricorde la prire de cet homme, que celle de lautre, et en eut plus de joie, parce quelletait faite dun coeur humble et soumis.

    Les Pharisiens entendaient ces leons avec une grande colre, aussi employrent-ils desespions, qui posaient des questions Jsus, et essayaient de le prendre au pige en lui faisantdire quelque chose contre la Loi. LEmpereur de ce pays, quon appelait Csar, avait ordonnau peuple de payer limpt rgulirement, et il se montrait trs cruel envers ceux qui ne luireconnaissaient pas ce droit. Les espions pensrent quils pourraient peut-tre amener Jsus dire que limpt tait injuste, et lui faire encourir ainsi la colre de lEmpereur. Cestpourquoi, prenant un air trs humble, ils vinrent Lui, et dirent : Matre, tu enseignes la

    Parole de Dieu, avec un coeur pur, et tu nestimes pas les gens pour leur richesse ou leur hautesituation. Dis-nous : est-ce lgitime de payer limpt Csar ? Jsus, connaissant leurspenses, rpondit : Pourquoi me demandez-vous cela ? Montrez-moi une pice demonnaie. Il la lui montrrent. Quelle est cette image et quel est ce nom ? leur dit-il. Etils rpondirent : Csar . Alors, dit Jsus, rendez Csar ce qui est Csar.

    Et les espions le laissrent, bien ennuys et dcourags, parce quil ne tombait pas dans leurspiges. Mais notre Sauveur connaissait leurs coeurs et leurs penses, comme il savait aussique dautres conspiraient contre lui et quil serait bientt mis mort.

    Tandis quil les instruisait ainsi, il sassit un jour auprs du Trsor Public, o les gens, en

    passant dans la rue, avaient coutume de mettre un peu de monnaie dans une bote, pour lespauvres. Beaucoup de riches personnages passrent et mirent dans la bote une grande

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    quantit dargent. la fin vint une pauvre veuve; elle mit deux petites pices valant chacuneun centime, et elle sloigna doucement. Jsus, en se levant pour quitter la place, la vit. Ilappela ses disciples tout prs de lui et leur dit que la pauvre veuve avait t plus charitableque tous ceux qui avaient dpos leur aumne ce jour-l; car les autres taient riches, et cequils avaient donn ne leur manquerait pas; mais elle tait trs pauvre et elle avait donn ces

    deux centimes, qui auraient pu lui servir acheter du pain.

    Quand nous nous croyons charitables, noublions jamais ce que fit la pauvre veuve.

    VIII

    Un homme, nomm Lazare de Bthanie, tomba trs malade. Il tait frre de cette Marie quiavait oint Jsus avec du parfum, et qui lui avait essuy les pieds avec ses cheveux. Elle et sasoeur Marthe, pleines dangoisse, envoyrent chercher Jsus, avec ce message : Seigneur,Lazare, que tu aimes, est malade et va mourir.

    Jsus reut le message, mais, pendant deux jours, il ne se rendit pas auprs de Lazare. Quanddeux jours furent passs, il dit ses disciples : Lazare est mort. Allons Bthanie. Quandils y arrivrent (ctait tout ct de Jrusalem), ils apprirent, comme Jsus le leur avaitannonc, que Lazare tait mort, et enseveli depuis quatre jours.

    Quand Marthe sut que Jsus venait, elle quitta les visiteurs qui essayaient de la consoler de lamort de son pauvre frre, et elle courut vers Jsus, laissant dans la maison sa soeur Marie, quipleurait. Marthe clata en sanglots et elle dit : Oh ! Seigneur ! si tu avais t ici, mon frrene serait pas mort !

    Ton frre ressuscitera , dit notre Sauveur.

    Je sais quil ressuscitera, Seigneur, je suis sre quil ressuscitera au jour du JugementDernier, au jour de la Rsurrection , dit Marthe.

    Jsus lui dit : Je suis la Rsurrection et la Vie. Le crois-tu ? Elle rpondit : Oui,Seigneur. Et elle courut auprs de sa soeur Marie, pour lui dire que Jsus tait arriv. cettenouvelle, Marie slana hors de la maison, suivie par tous ceux qui se lamentaient avec elle,et elle alla se jeter aux pieds du Seigneur en pleurant; et tous ceux qui taient avec elle firentde mme. Jsus fut si mu de piti devant leur douleur que Lui aussi pleura, et dit : Olavez-vous mis ? Ils rpondirent : Seigneur, viens voir.

    Il tait enseveli dans une caverne, et une grande pierre fermait le tombeau. Jsus ordonnadter la pierre. Ce qui fut fait. Alors, aprs avoir lev les yeux vers le ciel et rendu grces Dieu, il dit, voix haute et solennelle : Lazare, lve-toi ! Et lhomme mort, Lazare, revint la vie, sortit du tombeau et retourna la maison avec ses soeurs. ce spectacle, si terrible etsi touchant, beaucoup de ceux qui taient l crurent en Jsus, et se dirent quIl tait vraimentle Fils de Dieu, venu pour instruire les hommes et pour les sauver. Mais dautres coururentraconter la nouvelle aux Pharisiens; et, partir de ce jour, les Pharisiens, pour empcherquune plus grande quantit de gens ne crussent en Jsus, rsolurent entre eux de le fairemourir. Et ils se mirent daccord, dans une runion quils eurent au Temple ce sujet, poursemparer de Lui, sIl venait Jrusalem avant la fte de la Pque, qui tait proche.

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    Ctait six jours avant la fte que Jsus avait ressuscit Lazare dentre les morts. Le soir,comme ils taient tous assis, en train de souper, avec Lazare au milieu deux, Marie se leva etprit une livre dun parfum trs prcieux, trs cher, quon appelait de lhuile de nard. Elle lerpandit sur les pieds de Jsus; et, une fois encore, elle les essuya avec ses cheveux; et toute lamaison fut emplie de lagrable odeur de cette huile. Mais Judas Iscariote, lun des disciples,

    fit semblant den tre trs fch. Il dit quon aurait pu vendre cette huile au moins trois centsfrancs et en donner largent aux pauvres. En ralit, il parlait ainsi parce quil tait charg degarder la bourse commune, et parce que (personne ne le savait alors) il tait voleur et avare. Ileut ds lors la pense de livrer Jsus aux prtres des Juifs.

    La fte de Pques approchant, Jsus et ses disciples se mirent en route pour Jrusalem. Quandils furent aux environs de la ville, Jsus pria deux de ses disciples daller jusqu un village,quil leur montra, en leur disant quils y trouveraient, attache un arbre, une nesse avec sonnon, et quils devaient les Lui amener. Les ayant trouvs, tels que Jsus les leur avait dcrits,ils les lui amenrent. Jsus monta sur lnesse, et entra ainsi dans Jrusalem. Une fouleimmense de peuple se pressait sur son passage. Ils tendaient leurs manteaux sur le sol,

    coupaient des branches vertes dont ils jonchaient le chemin; ils lacclamaient et criaient : Hosanna au Fils de David ! (David avait t un grand roi de ce pays). Il vient au nom duSeigneur ! Celui-ci est Jsus, le prophte de Nazareth !

    Jsus entra dans le Temple, et, voyant que les changeurs dargent sy taient installsimpudemment, avec les vendeurs de colombes, il renversa leurs tables et dit : La maison demon Pre est une maison de prire, et vous en avez fait un repaire de voleurs. Et comme lepeuple et les petits enfants criaient : Celui-ci est Jsus, le Prophte de Nazareth ! sansquon puisse les faire taire; et comme les aveugles et les infirmes se pressaient en foule pourtre guris par ses mains, les principaux des prtres, et les Scribes, et les Pharisiens furentemplis de peur et de haine contre Lui. Mais Jsus continua gurir les malades et faire dubien; puis il sortit de la ville et sen alla loger Bthanie, qui tait tout prs de Jrusalem,mais en dehors des murs.

    Un soir, Bthanie, comme il tait assis au souper avec ses disciples, il se leva, prit un bassindeau et un linge, et se mit leur laver les pieds. Simon Pierre, lun des disciples, voulutempcher notre Sauveur de lui laver les pieds, mais Jsus lui dit quIl voulait leur rappelerainsi, afin quils ne loublient jamais, quils devaient toujours tre bons et doux les uns pourles autres et ne jamais se traiter avec orgueil ou duret.

    Puis il devint triste, et dit, en regardant avec douleur autour de Lui : lun de vous me trahira.

    Ils scrirent tous, lun aprs lautre : Est-ce moi, Seigneur ? Est-ce moi ? Mais ilrpondit : Cest un des douze qui mangent au mme plat que moi. Lun des disciples, queJsus aimait, tant ce moment appuy sur le coeur du Seigneur, Simon Pierre le pria dedemander le nom de ce tratre. Jsus rpondit : Cest celui qui je donnerai une bouche depain que jaurai trempe dans le plat. Layant trempe, Il la donna Judas Iscariote, en luidisant : Ce que tu dois faire, fais-le bien vite ! Les autres disciples ne comprirent pas cesmots, mais Judas connut par l que Jsus avait lu dans son mauvais coeur.

    Judas prit donc la bouche de pain, et il sortit aussitt. Il faisait nuit. Il alla droit aux prtres etleur dit : Que me donnerez-vous si je vous le livre ? Ils convinrent de lui donner trentepices dargent; et pour cette somme, il dcida de trahir son Seigneur et son Matre, Jsus-

    Christ.

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    IX

    La fte de Pque tant maintenant toute proche, Jsus dit deux de ses disciples, Pierre etJean : Entrez dans Jrusalem. Vous y rencontrerez un homme porteur dune cruche deau.Suivez-le jusqu sa maison, et dites-lui : Le Matre te demande o est la chambre des htes,

    afin quil puisse venir y manger la Pque avec ses disciples. Et il vous montrera une vastechambre haute, toute meuble. L, prparez le souper.

    Les choses se passrent comme Jsus lavait dit : les deux disciples, ayant rencontr lhommequi portait une cruche deau, le suivirent jusqu sa maison, et lhomme leur ayant montr lachambre, ils prparrent le souper. Jsus et les dix autres aptres vinrent lheureaccoutume, et tous sassirent pour partager le repas.

    Ce repas est toujours appel le Dernier Repas , parce que ce fut la dernire fois que NotreSauveur mangea et but avec ses disciples.

    Il prit sur la table du pain, le bnit, le rompit et le donna ses disciples. Puis il prit la coupe devin, et la bnit, et but, et la leur donna, en disant : Faites ceci en mmoire de moi ! Etquand ils eurent fini de souper, ils chantrent un hymne et sen allrent au mont des Oliviers.

    L, Jsus leur dit quon allait semparer de lui, cette nuit mme, et quils le laisseraient toutseul et ne songeraient qu leur propre sret. Mais Pierre scria, avec feu, quil ne le feraitpour rien au monde. Et Jsus lui dit : Avant que le coq ait chant, tu mauras reni troisfois ! Pierre rpondit : Non, Seigneur ! Je mourrai avec toi plutt que de te renier ! Ettous les autres disciples en dirent autant.

    Jsus sen alla ensuite, au-del du torrent du Cdron, dans un jardin quon appelaitGethsmani; et il se retira, avec trois de ses disciples, dans une partie solitaire du jardin. Il leslaissa, comme il avait laiss les autres, en leur disant : Attendez ici, et veillez ! Il sen allaun peu plus loin et pria; mais eux, fatigus, sendormirent.

    Et Christ, pendant quil priait dans ce jardin, souffrit cruellement, dans son coeur, cause dela mchancet de ces gens de Jrusalem qui allaient venir pour Le tuer. Et Il rpandit deslarmes devant Dieu, et Il fut plong dans une amre et profonde douleur.

    Quand Il eut fini de prier et quIl se sentit consol, Il retourna vers ses disciples et leur dit : Levez-vous, car il est tout prs, maintenant, celui qui me trahira.

    Or Judas connaissait trs bien le jardin, car Notre Sauveur sy tait souvent promen avec sesdisciples. Il y vint, accompagn dune forte troupe de soldats et dofficiers, envoye par lesprtres et les Pharisiens. Comme il faisait sombre, ils portaient des lanternes et des torches. Ilstaient arms dpes et de btons, car ils ne savaient pas si le peuple ne se soulverait paspour dfendre Jsus; cest pourquoi ils avaient craint de se saisir de lui hardiment, pendant le

    jour, tandis quil prchait.

    Comme les chefs des gardes navaient jamais vu Jsus et ne le distinguaient pas parmi lesaptres, Judas leur avait dit : Lhomme que jembrasserai, ce sera lui. Comme il savanaitpour lui donner cet horrible baiser, Jsus dit aux gardes : Qui cherchez-vous ? Et ils

    rpondirent : Jsus de Nazareth. Et Jsus dit alors : Je suis Celui-l. Laissez mesdisciples sen aller librement. Je suis Celui-l. Et Judas confirma ces paroles en lui disant :

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    Salut Matre ! et en lembrassant. Et Jsus lui dit : Judas, tu mas trahi avec un baiser ! Les gardes, alors, slancrent pour le saisir. Personne nessaya de le protger, except Pierre,qui, ayant une pe, la tira et coupa loreille droite un serviteur du Grand Prtre, nommMalchus, qui se trouvait l. Mais Jsus lui fit remettre lpe au fourreau, et il se livra auxgardes. Alors tous les disciples labandonnrent et senfuirent. Il nen demeura pas un seul,

    pas un ! pour lui tenir compagnie !

    X

    Au bout dun moment, Pierre et un autre disciple reprirent courage, et ils suivirent en secretles gardes jusqu la maison de Caphe, le Grand Prtre, o lon menait Jsus, et o les scribeset dautres magistrats taient assembls pour linterroger. Pierre se tint la porte, mais lautredisciple, qui tait connu du Grand Prtre, entra. Il revint sur ses pas pour demander lafemme qui gardait la porte de laisser entrer aussi Pierre. Elle dit, en regardant Pierre : Nes-tu pas lun des disciples ? Il dit : Non. Elle le laissa donc entrer; et il se tint deboutauprs du feu o se chauffaient les serviteurs et les officiers, car il faisait trs froid.

    Quelques-uns de ces hommes lui demandrent, comme avait fait la femme : Nes-tu pas undes disciples ? Il nia encore et dit : Il nen est rien. Mais un homme, qui tait parent duserviteur qui Pierre avait coup une oreille avec son pe, lui demanda : Ne tai-je pas vuavec lui dans le jardin ? Pierre nia encore avec serment et dit : Je ne connais pas cethomme. A ce moment, le coq chanta; et Jsus, se retournant, regarda fixement Pierre. AlorsPierre se rappela ce que Jsus avait dit, quavant que le coq et chant, il laurait reni troisfois. Et il sortit et pleura amrement.

    Parmi dautres questions quil posa Jsus, le Grand Prtre lui demanda ce quIl avaitenseign au peuple. Il rpondit quIl avait parl au grand jour, et sur la place publique, et queles prtres navaient qu demander au peuple ce quIl lui avait enseign. En entendant cetterponse, un des officiers frappa Jsus de sa main. Deux faux tmoins vinrent ensuite affirmerquils Lavaient entendu dire quIl pouvait dtruire le Temple de Dieu et le rebtir en trois

    jours. Jsus rpondait peine. Les scribes et les prtres dcidrent quIl tait coupable deblasphme, et quIl devait tre mis mort; et ils crachrent sur Lui et Le battirent.

    Quand Judas Iscariote vit que son Matre tait vraiment condamn, il fut si rempli dhorreurpour ce quil avait fait, quil prit les trente pices dargent et les rapporta aux prtres endisant : Jai trahi le sang innocent. Je ne peux pas le supporter ! Il jeta largent terre,senfuit, fou de dsespoir, et se pendit. La corde, trop faible, se rompit sous le poids du corps,

    et il tomba sur le sol, une fois mort, les membres tout crass et rompus, quelque chosedhorrible voir ! Les prtres, ne sachant que faire des trente pices dargent, en achetrent unchamp pour y enterrer les trangers. Ce champ sappelait le Champ du Potier, mais le peuplelappela dsormais le Champ du Sang.

    Jsus fut ensuite conduit au Tribunal, o le Gouverneur, Ponce Pilate, rendait la justice. Pilate,qui ntait pas Juif, lui dit : Ta propre nation, les Juifs, et tes prtres, tont fait comparatredevant moi. Quas-tu fait ? Voyant bien quil navait fait aucun mal, Pilate sortit et le ditaux Juifs. Mais ils lui rpondirent : Il a prch au peuple, en le trompant, et voil longtempsquil a commenc sa prdication en Gaule. Comme le roi Hrode avait le droit de punirceux qui enfreignaient la loi en Galile, Pilate dit : Je ne trouve aucun mal en lui. Menez-le

    devant Hrode.

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    Ils Le menrent donc devant Hrode, qui se tenait environn de ses gardes et de ses hommesdarmes. Et ceux-ci se moqurent de Jsus, le revtirent par drision dune belle robe, et lerenvoyrent Pilate. Pilate runit de nouveau les prtres et le peuple, et dit : Je ne trouveaucun mal en cet homme. Il na rien fait qui mrite la mort. Mais ils crirent tous : Oui !Oui ! Il mrite la mort ! Quil meure ! Pilate fut trs troubl en entendant ces grandes

    clameurs contre Jsus. De plus, sa femme, toute la nuit, avait rv de Jsus, et elle envoyaquelquun au Tribunal dire Pilate : Ne dcide rien toi-mme contre cet homme juste ! Comme ctait la coutume, pour la Fte de Pque, de rendre la libert un prisonnier, Pilateessaya de persuader au peuple de rclamer la dlivrance de Jsus. Mais, parce que le peupletait trs ignorant, et plein de passion et, de plus, conseill par les prtres, il scria : Non !Non ! nous ne voulons pas quil soit relch ! Relche Barabas ! et lui, quil soit crucifi !

    Barabas tait un dangereux criminel, alors en prison, et qui allait tre condamn mort. Pilate,voyant que le peuple tait dcidment contre Jsus, le livra aux soldats pour tre fouett. Ilstressrent une couronne dpines et la lui mirent sur la tte; et ils le vtirent dune robe depourpre; et ils crachaient sur lui et le frappaient en disant : Salut ! Roi des Juifs ! car ils se

    rappelaient que la foule, son entre dans Jrusalem, lavait appel Fils de David. Ils lemaltraitrent cruellement; mais Jsus supportait tout avec patience, en disant seulement : Pre ! Pardonne-leur ! Ils ne savent pas ce quils font !

    Une fois encore, Pilate le fit paratre devant le peuple, habill de pourpre et couronndpines, et dit : Voil lhomme ! Ils crirent sauvagement : Quil soit crucifi ! Quilsoit crucifi ! Et les prtres et les officiers criaient aussi. Prenez-le et crucifiez-le vous-mmes , dit Pilate. Je ne vois aucun mal en lui. Mais ils crirent encore : Il sest appellui-mme le Fils de Dieu; et cela, dans la loi des Juifs, mrite la mort ! Et il sest appel aussiroi des Juifs; et cest contre la loi romaine, car nous navons pas de roi, mais lEmpereur deRome, Csar. Si tu le laisses aller, tu nest pas lami de Csar. Crucifie-le ! Crucifie-le !

    Quand Pilate vit que, malgr tous ses efforts, il ne pouvait les convaincre, il fit apporter deleau et, se lavant les mains devant la foule, il dit : Je suis innocent du sang de ce juste ! Puis il Le leur livra pour tre crucifi. Ils Lentourrent avec des cris et, Laccablant, Lui quipriait encore Dieu pour eux, de coups et dinsultes, ils Lentranrent.

    XI

    Afin que vous sachiez ce que voulait le peuple en criant : Crucifie-le ! je dois vous direquen ce temps-l, qui tait un temps trs cruel (rendons grces Dieu et Jsus quil soit

    pass !) on avait coutume dexcuter les condamns mort en les clouant tout vifs sur unegrande croix de bois, plante droit dans le sol, et de les laisser l, exposs au soleil et au vent,jour et nuit, jusqu ce quils meurent de souffrance et de soif. Ctait la coutume aussi de lesfaire aller jusquau lieu de lexcution en portant la lourde croix de bois sur laquelle leursmains allaient tre cloues, afin daugmenter leur honte et leur souffrance.

    Portant sa croix sur son paule, comme le plus vulgaire et le plus misrable des criminels,notre Sauveur bni, Jsus-Christ, entour par la foule haineuse, sortit de Jrusalem pour alleren un lieu appel, dans le langage des Hbreux, Golgotha, cest--dire la place du Crne. Unefois arrivs l, sur la colline du Calvaire, on lui enfona de grands clous dans les mains etdans les pieds, et on le cloua sur la croix, entre deux autres croix sur lesquelles agonisaient

    deux voleurs. Au-dessus de la tte de Jsus, on attacha cet criteau : Jsus de Nazareth, leroi des Juifs , en trois langues : en hbreu, en grec et en latin.

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    Cependant quatre soldats, assis terre, se partageaient ses habits, quon lui avait ts. Ils enfirent quatre paquets et ils tirrent au sort son manteau; et ils restrent bavarder et rirependant quil souffrait. Il lui offrirent boire du vinaigre ml de fiel et du vin ml demyrrhe; mais il nen voulut point prendre. Les mchants qui passaient prs de lui semoquaient, disant : Si tu es le fils de Dieu, descends de la Croix ! Les prtres aussi le

    raillaient et disaient : Il est venu pour sauver les pcheurs; quil se sauve lui-mme ! Etmme lun des deux voleurs, malgr ses tortures, se moquait de lui : Si tu es le Christ, luidisait-il, sauve-toi et sauve-nous ! Mais lautre voleur, qui se repentait, dit : Seigneur,souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume ! Et Jsus rpondit : Aujourdhui,tu seras avec moi au Paradis.

    Il ny avait l, pour avoir piti de lui, quun seul disciple et quatre femmes. Et Dieu bnit cesfemmes pour leur coeur fidle et tendre. Ctait Marie, mre de Jsus, et la soeur de Marie;puis Marie, femme de Clophas, et Marie-Madeleine, celle qui avait, par deux fois, essuy lespieds de Jsus avec ses cheveux. Le disciple tait celui que Jsus aimait, Jean, qui sappuyaitsur le coeur de Jsus, pendant le Dernier Repas, et lui avait demand qui tait le tratre. Quand

    Jsus les vit debout au pied de la croix, il dit sa mre que, dsormais, Jean serait son fils,pour la consoler quand Lui serait mort. Et, partir de ce moment, Jean lui fut en effet commeun fils, et la chrit.

    Vers la sixime heure, des tnbres profondes et terribles couvrirent tout le pays et durrentjusqu la neuvime heure. Alors Jsus cria, dune voix haute : Mon Dieu ! Mon Dieu !Pourquoi mas-tu abandonn ! Puis Il dit : Jai soif . Les soldats, entendant ces mots,tremprent une ponge dans du vinaigre, lattachrent un long roseau et la portrent sabouche. Quand Il eut pris le vinaigre, Il dit : Cest fini ! Puis Il scria : Mon Pre, jeremets mon me entre tes mains ! Et Il mourut.

    Alors il y eut un terrible tremblement de terre; et le grand mur du Temple chancela; et lesrochers se fendirent. Les soldats, terrifis, se dirent les uns aux autres : Srement, cethomme tait le fils de Dieu ! Et la foule de gens qui, de loin, regardaient la croix il y avaitbeaucoup de femmes se frapprent la poitrine et sen retournrent chez eux, pleins detristesse et de frayeur.

    Le jour suivant tant le jour du Sabbat, les Juifs dsiraient que les corps fussent ts de dessusles croix; et ils en firent la demande Pilate. Quelques soldats vinrent donc briser les jambesdes deux voleurs, pour achever de les tuer; mais, voyant que Jsus tait dj mort, ils secontentrent de lui percer le ct avec une lance. Il sortit de la blessure du sang et de leau.

    Il y avait un homme juste appel Joseph; il tait dArimathie, une ville juive; et il croyait enChrist. Il sen vint trouver Pilate en secret, par peur des Juifs, et lui demanda la permissiondemporter le corps de Jsus. Pilate y consentit. Joseph et un de ses amis, nomm Nicodme,envelopprent le corps dans une toile avec des baumes, comme ctait la coutume en ce pays,et ils lensevelirent dans un spulcre, cest--dire un tombeau, tout neuf. On avait creus cespulcre dans le roc, dans un jardin situ auprs du lieu de la Crucifixion, et personne nyavait encore t enseveli. Ils roulrent une grosse pierre lentre, et ils laissrent l, pour yveiller, Marie-Madeleine et lautre Marie.

    Les prtres et les Pharisiens, se rappelant que Jsus avait dit ses disciples quil ressusciterait

    le troisime jour aprs sa mort, allrent trouver Pilate et le prirent de faire bien garder lespulcre jusqu ce jour, de peur, dirent-ils, que les disciples ne drobent le corps et ne fassent

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    croire ensuite au peuple que Christ tait ressuscit dentre les morts. Pilate le leur accorda, eton plaa une garde de soldats, pour surveiller le spulcre, dont la pierre, pour plus deprcaution, fut scelle. Le spulcre demeura donc bien gard et scell, jusquau troisime jour,qui tait le premier de la semaine.

    Le matin de ce jour, laube, Marie-Madeleine et lautre Marie, et quelques autres femmes, serendaient au spulcre, apportant des baumes quelles avaient prpars. Et elles se disaiententre elles : Comment pourrons-nous rouler la pierre ? Pendant quelles taient en chemin,la terre trembla, et un ange, descendant du ciel, roula la pierre et sy assit. Lange brillait,semblable lclair, et son vtement tait blanc comme la neige. sa vue, les soldats degarde svanouirent de frayeur et tombrent comme morts.

    Marie-Madeleine vit que la pierre avait t roule et, sans regarder davantage, elle courut versPierre et Jean, qui arrivaient aussi et leur dit : On a enlev le Seigneur, et nous ne savons paso on la mis ! Ils coururent aussitt au tombeau; mais Jean, qui tait plus rapide, dpassales autres et y fut le premier. Il se courba et regarda lintrieur. Il vit que la toile, dans

    laquelle le corps avait t envelopp, gisait terre, mais il nentra pas dans le spulcre. QuandPierre arriva, il entra et il vit, dun ct, cette toile, et de lautre, une serviette qui avait tnoue autour de la tte. Jean entra aussi, et il vit la mme chose; alors ils sen retournrentchez eux, pour annoncer la nouvelle aux autres disciples.

    Mais Marie-Madeleine resta au seuil du spulcre en pleurant. Au bout dun moment, elle secourba et regarda lintrieur, et elle vit deux anges vtus de blanc, assis lendroit o avaitrepos le corps du Christ. Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle rpondit Parce quon a emport mon Seigneur, et je ne sais pas o on la mis. En parlant ainsi, ellese retourna et vit Jsus debout derrire elle; mais, tout dabord, elle ne le reconnut pas. Femme, lui dit-il, pourquoi pleures-tu ? Que cherches-tu ? Elle, croyant que ctait le

    jardinier, dit : Monsieur, si cest vous qui avez enlev dici mon Seigneur, dites-moi o vouslavez mis, que je le reprenne. Jsus pronona son nom : Marie ! Alors elle le reconnutet scria, en slanant vers Lui : Matre !

    Ne me touche pas, dit le Christ, car je ne suis pas encore mont vers mon Pre et ton Pre,vers mon Dieu et ton Dieu.

    Marie-Madeleine alla raconter aux disciples quelle avait vu le Christ, et ce quIl lui avait dit.Elle trouva parmi eux les femmes quelle avait laisses prs du tombeau quand elle avaitcouru vers Pierre et Jean. Ces femmes dirent quelles avaient vu au spulcre deux hommes

    aux habits resplendissants, devant qui, saisies de peur, elles staient prosternes; mais ils leuravaient annonc que le Seigneur tait ressuscit. Et, comme elles sen retournaient pour ledire aux autres disciples, elles avaient vu le Christ, sur le chemin, et lui avaient touch lespieds, en ladorant. Mais les aptres najoutrent aucune foi ces rcits, et ny virent que dubavardage.

    Quant aux soldats de garde, aprs tre revenus de leur vanouissement, ils allrent trouver lesprtres pour raconter ce quils avaient vu; mais on les fit taire en leur donnant beaucoupdargent, et on leur ordonna de dire que les disciples avaient profit de leur sommeil pourdrober le corps.

    Mais il advint que, ce mme jour, Simon et Clopas, Simon, lun des douze aptres, etClopas, lun de ceux qui suivaient Jsus taient en route vers un village appel Emmas,

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    une petite distance de Jrusalem. Ils sentretenaient de la mort de Jsus et de sa rsurrection,quand ils furent rejoints par un tranger qui se mit leur expliquer les critures et leurparler de Dieu, de telle sorte quils furent merveills par sa science. Comme il faisait nuitnoire quand ils arrivrent au village, ils prirent cet tranger de demeurer avec eux; et il yconsentit. Quand ils furent assis tous les trois souper, ltranger prit du pain, le bnit et le

    rompit, comme avait fait Christ au Dernier Repas. Pleins dtonnement, ils le regardrent, etvirent que son visage stait transform et que ctait Christ lui-mme. Tandis quils Leregardaient, Il disparut.

    Aussitt, ils se levrent et retournrent Jrusalem. Ils trouvrent les disciples assembls, etleur dirent ce quils avaient vu. Pendant quils parlaient, Jsus apparut soudain au milieu desdisciples et dit : La paix soit avec vous ! Voyant leur grande frayeur, Il leur montra sesmains et ses pieds, et les invita le toucher. Pour les encourager et leur donner le temps de secalmer, Il mangea devant eux un peu de poisson bouilli et un petit morceau dun rayon demiel.

    Mais Thomas, lun des douze aptres, ntait pas alors parmi eux; et quand les autres, un peuplus tard, lui dirent : Nous avons vu le Seigneur ! il rpondit : A moins de voir les trousdes clous dans ses mains et de mettre ma propre main dans son ct, je ny croirai pas ! A cemoment, bien que toutes les portes fussent fermes, Jsus apparut de nouveau, debout aumilieu deux, et dit : La paix soit avec vous ! Puis Il dit Thomas : Approche ici tondoigt et touche mes mains; et approche ici ta main, et mets-la dans mon ct; et ne doute plus,mais crois ! Et Thomas rpondit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Alors Jsus dit : Thomas, parce que tu mas vu, tu as cru. Bienheureux soient ceux qui ont cru sans voir !

    Un autre jour, Jsus se fit voir cinq cents de ceux qui le suivaient avant sa mort; et ildemeura avec dautres quarante jours, les instruisant afin quils pussent aller travers lemonde prcher son vangile et sa religion, sans sinquiter du mal quon pourrait leur faire.

    la fin, emmenant ses disciples hors de Jrusalem, jusqu Bthanie, Il les bnit et monta auciel sur une nue, et Il prit sa place la droite de Dieu. Tandis que les disciples regardaientencore lazur brillant o Il avait disparu, ils virent deux anges vtus de blanc qui leur dirent : De mme que vous avez vu Christ monter au Ciel, de mme Il en descendra un jour pour

    juger les hommes.

    Quand Jsus eut cess de leur apparatre, les aptres commencrent instruire le peuple,comme Il le leur avait command. Ayant choisi un nouvel aptre, Matthias, pour remplacer

    Judas le mauvais, ils errrent travers toutes les contres, racontant la vie et la mort de Jsus,sa crucifixion et sa rsurrection, et ce quIl avait enseign, et baptisant en son nom. Par lepouvoir quIl leur avait donn, ils gurissaient les malades, rendaient la vue aux aveugles, laparole aux muets et loue aux sourds, comme Lui-mme avait fait. Pierre, ayant t jet dansune prison, en fut dlivr, au milieu de la nuit, par un ange; et, une autre fois, Pierre ayantattest devant Dieu quun homme, nomm Ananias, et sa femme, Sphira, avaient menti, cethomme et cette femme tombrent, frapps de mort.

    Partout o ils allaient, ils taient perscuts et traits cruellement. Il y avait un homme nommSaul, entre les mains de qui des cruels, un jour quils lapidaient le Chrtien Etienne, avaientdpos leurs habits. Ce Saul se montrait acharn contre les chrtiens; mais Dieu changea son

    coeur. Comme il tait sur la route de Damas, o il allait emprisonner des chrtiens, unelumire clatante lui apparut dans le ciel et une voix scria : Saul ! Saul ! Pourquoi me

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    perscutes-tu ? Une main invisible le jeta bas de son cheval, en prsence des gardes et dessoldats qui voyageaient avec lui. Quand ils le relevrent, ils virent quil tait devenu aveugle;et il resta ainsi trois jours, sans boire ni manger, jusqu ce quun chrtien, envoy par unange, vnt et lui rendit la vue au nom de Jsus-Christ. Ds lors, il se fit chrtien, prcha etenseigna avec les aptres, plein de foi, et faisant beaucoup de bien.

    Ils prirent le nom de Chrtiens, du nom de Christ, notre Sauveur; et ils portrent comme signede leur foi une croix, parce que, sur une croix, Christ avait souffert la mort. Les religions, ences temps-l, taient fausses et brutales, et encourageaient les hommes la violence. On tuait,dans les temples, des btes et mme des hommes, en esprant que lodeur de leur sang taitagrable aux dieux car on croyait quil y avait un grand nombre de dieux et lon clbraitbeaucoup de crmonies cruelles et rpugnantes. Malgr cela, et bien que la religionchrtienne ft si vraie, si douce et si belle, les prtres des anciennes religions persuadaient leurs fidles de faire le plus de mal possible aux chrtiens. Et les chrtiens, pendant denombreuses annes, furent pendus, dcapits, brls, enterrs vifs, dvors dans les cirquespar des btes froces, pour lamusement du public. Mais rien ne pouvait les faire taire ou les

    pouvanter; ils savaient que, sils faisaient leur devoir, ils iraient au ciel. Ainsi des milliers etdes milliers de chrtiens se rpandirent partout et prchrent, et moururent cruellement, suivispar dautres chrtiens, jusqu ce que, petit petit, leur religion devnt la grande religion dumonde.

    Souvenez-vous ! cest tre chrtien que defaire toujours du bien, mme ceux qui vous fontdu mal. Cest tre chrtien que daimer notre prochain comme nous-mme, et de faire tousles hommes ce que nous voudrions quils nous fassent. Cest tre chrtien que dtre doux,compatissant et misricordieux, et de garder ces vertus bien paisiblement, au fond du coeur,sans jamais en faire parade, pas plus que de nos prires ni de notre amour de Dieu : Montronsque nous laimons, en essayant humblement de bien agir en toute chose. Si nous faisons ainsi,et si nous nous rappelons la vie et les leons de Notre Seigneur Jsus-Christ, en tchant desuivre son exemple, nous pouvons esprer de tout notre coeur que Dieu nous pardonnera nospchs et nos erreurs, et nous aidera vivre et mourir en paix.

    FIN

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