Verhaeren Forces

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Verhaeren, Émile (1855-1916). Les forces tumultueuses. 1902. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Verhaeren, Émile (1855-1916). Les forces tumultueuses. 1902.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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AU TR&S GRAND RT OBBR

AUGUSTE RODIN

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SURLA MER

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Le vaisseauclair

Avait des mMa et des agréa at 6na

Et des drapeaux si bellement incarnadins,

Qu'on eût dit un jardin

Qui s'en aUait en mer.

Commedes bras do jeunes filles,

LosBotsenvironnaient sa quille

Deleurs guirlandes.

C'était par ces soirs d'or de Flandre et de Zohnde,Où les parentsDisent aux enfants

Que tes Jésus vont sur la mer.

Levaisseaa clair

S'en fut en leur rencontre,Cherchantce coin de ciel vermeil,

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tBt!FORCMtCMt)Mt)at)MBa

Oat'otoite

Quiconduisitpar de beauxpaysages,A Bothteem,lesbonsroismages,Samontre.

Levaisseauclair roulata jour, tanguala nuit,

Cinglaversdesgolfesot voradoat!oa

Vûtusde luneaimaatooudosoleildocile.

Il rencontrateventfortuit

Et les oiseauxde l'aventure

Quis'envenaientsereposer,Ailescloses,sur la mAture;Unair debaumeet debaisers

Coulaitsur lesmiroirsmobiles

Quelesvaguesdressaientet renversaient,Tandisque le sillage,en sonëdair, cassait

Lesécumesd'argentet leursprismesfragiles.

Levaisseauclairroulalejour,tangualanuit;Il 6t, parmilescapset les ttestranquilles,Unbeauvoyagepuéril,MaislesJésusneserencontraientpas,Nullelueursur l'eau ne décelaitleurspas,Commejadis,aux tempssereinsdesËvangites.

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MaMUCMtUMUMUMftM 0

Levaisseauclairrevint,unsoirde bruit

Et de fête,verstorivage,D'oùsoné!anétaitparti;Certes,lesm&tsdardaienttoujoursleur &mo,

Certes,!ofocportaitencordesoriflammes,MaistesmarinsétaientdécouronnésDoconBancoet les haubanset lescordagesNevibraientplus, commedes tyressauvages.

Lenavirerentracommeunjardin fan6,

Drapeauxéteints,espoirsminés,Avecl'effroiden'oserdireà ceuxdu portQu'ilavaitentendu,là-bas,de plageonplage,LesRotscriersur lesrivagesQuePanetqueJésus,tousdeux,étaientdesmorts.

Maissesmoussesdontl'âmeétaitrestée

Aussiferventeet indomptée

Queleurnavireà sondépart,L'amarrèrentprèsdurempart¡Et desla nuitvenue,avecdescrisde fête,Ils s'enfurentdansla tempête,Touten sachantquel'oragegéantLespousseraitversd'autresocéans

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LesMMfMTMHtMfMOMa<e

Sanscesseen prêteà desragesaltières,Et qu'il faudraitquandmême,encor,

Toujours,enrapporterdesdésirsd'or

Et desvictoiresde lumière.

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t~CM,ee)<prendre e<doMMfavec<tOMe.

Mais<M/)&MMMttM<M <«Ma<dans <etu'eea)'

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?~Mt<tla e~ M<<<OMt'MMf.

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L'ART

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D'un bond,Son pied cassant le sol profond,Sa doubleaile dans la lumière,

Le cou tendu, !o feusous les paupières,

Partit, vêts le soleilet veN l'extase,

Ce dévoreur d'espaceet de splendeur,Pégase 1

Molles,des danses

Alanguissaient leur grâce et leur cadence

Au vert sommet des collines, !a-bas.

C'étaient les Musead'or leurs pas

S'entrecroisa!entcommedes fleurs mêtees,

L'amour, auprès d'oUes,dormait sous un laurier,Et les ombres du feuiUageguerrierTombaientsur l'arc et sur tes nechesetoilees.

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maMttCMTCMUt.tCMMMt0

L'Olympeet t'Héticonbrillaient dans l'air;Sur les versants,d'ou les sources s'épanchent,Des templespurs, ainsi que des couronnes blanches,Htuminaiont do souvenira les vallons cta!rs.

La Grèce,avecsea Parth6nonsdo marbre

Etaoa gaslesdo Dieuxqui agitaient los arbres

A Dodone,la GF6cocntiëro,avec ses tMonta

Et ses viMcsdont la lyM bcr~ut los noms,

Apparaissait,sousle galop du M choval,Commounearëno familière

A son essorquotidien dans la lumière.

Maistout à coup,plus loinque le pays natal,

Unjour, il vit, du fond des paas6smorues,

Surgir, serrant un disqueentre ses cornes,

L'inépuisablet't lourde et matornoUeIsis.

Et ce fut l'art de Thèbosou de MempMsTainamtHator, la blanche,ende roséspylones,Et ce fut Our et BabyloneEt leurs jardins pendus &quels clous d'astre d'or?

Et puis Ninive et Tyr, et les décors

De l'Inde antique et tes palais et les pagodes,Sous la moiteurdes saisons chaudes,Tordant leur fatte, ainsi que des brasiers sculptés.

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t.BaMMMWM.TUMtMN '?

Et mêmeau loin, ce fut cet Orientmonté

En kiosquesd'dmail, on terrassesd'ivoire,

Où dos sages et les sennins notoires

Miraient dans l'eau beUo,mais transitoire,

Leurs visages dojouets;Et doucement, riaiont à leur reflet,

Des gestes vains que dans !a vie, ils avaient faits.

Et de cet inconnu vaste/montaient des Odes,

Suivant des jeux, suivant dosmodes,

Que Pegaso scandait do son pas aSormiOn odt dit qu'on ses hymnes anciens

Son chant quotidienAvait longtemps dormi,Avant de s'éveiller aux musiques sublimes

Qu'il propageait, de cime en cime,A travers rin&u.

Sur ce monde d'émail, de bronze et de granit,Passaient aussi des poètes lucides;Bs dévastaientla mort nocturne ainsi qu'Alcide;Leurs poèmessacres,qui résumaient les lois,Serraient en textes d'or la volontédesroisLeur front'buttait contre la force inassouvie

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LM MXOM moOt.TNMtma<8

Leurâmeintenseet doucoavaitprévula vie

Et t'ëpandaitdéjàcommeun beaurêveclair,Sur le sommeild'enfantquedormaitl'univers.

Lechova!fouqu'aucunbondd'audaceNelasse,D'unplusgéantcoupd'aileencor,granditsonvol

Et s'exalta,plushaut encor,parmil'espace.

Alors,uneautremer, unautresot,A sagauche,s'ittimitërent,Et ce fut l'occident,et ce fut l'avenir

Dontla grandeurallaitse dënnir

Quia'ectairerent.

Là-bas, en des phinos de brume et de rosée,

En des régions d'eaux, de montagnes,de bois,

Apparaissaientdes temples blancs, d'oa l'or des croix

Dardait une darte nouvelle et baptisée.

Chaqueville se dessinait commeun berçait,Où le troupeau des toits massait ses toisons rouges;De merveilleuxpalais y dominaient les bouges;Uneabside s'y déployaitcommeun camail;

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tM MMM TnMHMtttEUBXa '0

Dcsjardinsd'orysommoithuentsousde grands arbres;Des rivières y sillonnaient des quais do marbre;Despas massifs et réguliers de soldatsroux

Couraient au loin, sousun envol do drapeaux fous;

Sur des tertres, montaient dohauts laboratoires;Desusines brûlaient les vents, avec leurs feux,Et tout colapriait, frappait, mordait les cieux,Avecun élan tel, que souriait la gloire.

Et c'était Rome,et puis Florenceet puis Paris,Et puis Londreset puis, au loin, tesAmériques;C'était letravail fouet ses SèvreslyriquesEt sa lueur énormeà travers tes esprits.Le globe était conquis. On savait l'étendue.

Des feux pareilsaux feux des étoiles, là-haut,

Faisaient des gestes d'or on eût dit des flambeaux

Fixés pour ramener la penséeéperdueComme autrefois, les poètes fervents et clairs

Passaient pareils aux dieux, dans l'étendue ardente,Ilsgrandissaient leur siecte–Hugo,Shakespeare,Dante-

Et dédiaient leur vie aucour de l'univers.

Et Pégase sentit cesvisionsnouveUes

Si targ~ementéblouir ses prunelles

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M9 MROM tUMOMMCaMM

Qu'ilfut commeinondéd'orgueilet do tumiero,Et que,losdentssansfrein,lecolsansr6noa,Il délaissasoudainsa MatecoMtmnièto.

EtdeaotmMS,!omondeentierfut sonafeae.

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L'AMOUR

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3

t

Vénus,La joie est morte au jardin de ton corpsEt les grands lys des bras et les ghïeu!s des lèvres

Et les raisins de Sevré et d'or,Sur l'espalier géant que fut ton corps,Sont morts.

Les Cormoransdes temps d'Octobreont hissé choir

Plume à plume, hurdeuH, au jardin de tes charmes

Mélancoliques,les soirs

Ont laissé choir

Leur deuil, sur tes flambeauxet sur tes armes.

Hélas! tant d'échosmorts et mortestant de voix 1

Au loin, la-has, sur l'horizon de cendre rouge,

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ma MMsa tOMUMUNtSM<4

UnChristetëveau cielsesbrason;croixMisererepar lesgrandssoirset lesgrandsbois1

Vénus,Soisdoucementl'ensevelie,Dansla douceuret la mohncoKo

Et dansla mortdujardin clairMaisquedans l'air

Pemisteas'etax~uTodearimmensede ta chair.

Tesyeuxétaientdardés,commedes feuxd'ardeur,VerslesetoHeaéternellesEt lesBammesdetespruneUesDeËaissaientl'éternité,par leursplendeur.

Tes*"«! douces,commedu mielvermeil,

Cueillaient,divinement,sur lesbranchesde~l'heuM,Lesfruitsde la jeunesseà son eveitTachevelureétaitun buissonde soleil;

Tontorse,avecsesfeuxde clartésrondes,Semblaitunfirmmentd'astrespuissantset lourdsEt quandtesbrasserraient,contreton cœur,l'Amour,Lerythmede tesseinsrythmaitl'amourdu monde.f

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Las MMM TtMMummM «5

Sur l'or desmers,tu te dressais,telun flambeau.

Tute donnaisà touscommela terre,Avecsesfleurs,seslacs,sesmonts,sespmouveaux

Et sestombeaux.

MaisMtjoard'hu!quesontvenus

D'autresdésiradeFïnconNU,Soisdoucement,Vénus,la tristeet la perdue,Aujardinmort,parmilesboiset lesparfums,

Avec,sur tonsommeil,la douceursuspendueD'unerosé,d'automneetd'ouragan,;tordue.

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Ma MMtCaaTOttUMMMMa6

H

Habille-toide lin, Vénus, voicile Christ.

Deviensla Madeleine,et hisse en toi descendre,

Mélancoliquement,sa grâce et son esprit.

Humble, ternis tes pieds dans de !a cendre;

Et que tes larges seins immortellementd'or

Et que tes yeux, miroirs de soleilet de fête,

Tes yeux, malgré mille ans d'amour, ardents encor,

Meurent sous les cheveuxqui pleurent de ta tête.

La terre exténuée a bu le sang des soirs

Et la détresse crie, aux quatre coins du monde,

Vers le calvaire et vers sa croix de gestesnoirs.

Habille-toide lin et de bonté profonde.Voicivenir le Dieu de la douceur unique,

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LesMMMTMtM.TMMM '?

3.

Voicisa faceet !e voileque Véronique

T'apporte avecles clous, le suaire et la lance.

Voicil'heure nouvelleet douéedu silence

Pour la première fois, avecferveur,

L'hommes'en vient baiser les yeux dosa douleur 1

Vénus,voici le sang, voicila lie,

Dans !o caliceardent des chrétiennesMies

Voicile cœur torrido et blanc du Men-aimé

Buissons de feu brasiers d'extase1

PAlesciboiresd'or où setransvase,

A l'infini, l'amour immenseet affamé1

Brûluresd'âme, au fond de la chair folle!

L'être total, ravagé en aimant,

Sans néanmoinssavoir comment

Trouver, pour se donner, la suprêmeparole1

Souriresdairs en des larmes heureuses!

Bonnesdouleurs et tendressespeureuses1

Balbutiementsfamiliers et pieux1

Et tout à coup, ce don de prophétie

Quand l'âme, en un moment, se change en dieu,

Commel'hosëe 1

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t.MtfOaCMTOmn.TCRMESa8

Habille-toide lin, Vénus, voicile Christ.

Voici ses tangues mains impérativesVoici les crins, les clous, les pierres,Pour y meurtrir et y rouler ta chairVoici l'ivresse et la souffrancealternatives,

Voiciles couvents blancs et leurs linceuls de murs

Immonsémentdressés par la mort allouvie,

Autour des cria et des désirs qui sont la vie

Voicila mort muette en des supplicessûrs,

La nuit, sous l'effroi roux d'une lune qui hait

Vénus t voiciton corps et ses bouchesde plaies

Qui S'affolentet s'assoiffentde tout l'amour 1

Habitle-toide lin, et tratne jusqu'au bout,

Ta sublime douleur d'aimer, à travers tout

Bien que déjà naisse le jourEt que t'étoUosoit éteinte

Qui s'arrêta jadis sur Bethléem,la Sainte.

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M!)FOHOMTMMMtnmSM '?

III

Vêts-toi de sang, Vénus,voici quatre-vingt-treizeUne fuite de rois, sons un couchantde braise,

Et l'échafaud ancre,

Vaisseaurouge, en des marées

De poings houleux et de luttes exaspérées?

Deviensla Théroigne âpre et tragique,Dresséeau clair des révolteslogiques,Commetu fus la sainte et l'amoureuse.

Plus haute encor, ton âme aventureuse,

Avecdouceur, jadis, avec rage,*aujourd'hui,Se donneà tous; tu es, selon îe temps, ce cri

D'amour, de charité, ou~dojustice

Qui part pour l'in6ni,

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Ma fOMMTtMOt.TtnHMM8o

A travers joie ou pleurs, à travers sang ou lie,

Le cri toujours jeté, toujours brandi,

Par la N&W6et la folie

Violentesdu sacriBce.

La ~ittoest en colère et en tempête,Toute la haine illumine sa tête,

Desvolontésd'ectair passentdanstesoerveanx,

Des bras soudains dont tes rages fécondent

Apparaissent, pesantsde forceet de marteaux.

On ne sait quel tonnerre autour despeuples grondeEt leur donne sa voix et tes arme de feux

Des fronts dressent leur mur contre l'orgueil des dieux,

Ils entendent, au delà de l'heure, l'appel

De ceux qui connaîtront un temps plus mutuel,

Quand les sceptresseront comme des tiges

D'ou tomberont les fleurs device et de prestige.

Sois désormais la vie en lutte avec la mort

Vénus, verse ta fièvreet ta jeunesse aux foules

Sois ses fureurs et sois ses houles

Et sois publiqueet sois divineencor1

En tous cesbras armés, en ces frustes cervelles,Le sang du vieux destin monteet se renouvelle.

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t.M KMtCM TMnJM)tEt)a~a 3t

L'heure est de meurtre et de sanglourde,On tue au nom de l'avenir sacré, des voix sourdes,Des voix Apres,des voixfollesse fondent,Autour du berceau rouge, ou batbutio un mcndo.

Vénus, recueilleen toi cette ivresseangoissée

Que du fond de ta chair et do ton ccoar

L'amour afflue et règne en8n dans ta pensée,Aime l'humanité qui est l'ame meiUeuro

En tourmente et en vertige vers le bonheurLivre et prodigue-toi à tous ceux qui t'appellent,Non plus parmi les dieux, ni à genoux,Devant les Christs mais debout, parmi nous,Et simplement humaine et maternelle.

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LES MAITRES

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LE MOtNtS

4

Au temps des croix au clair et descrossesdebout

Dol'un &l'autre bout

Desmors et des terres occidentales,

Bulles, arrêts, dogmes et décrétâtes

Régnaient sur la penséeet maintenaient la pour.Le Pape était la tour qui défiait l'erreur

Et d'ou la vérité fulgurante et profondeDescendaitluire et éblouir

Le monde.

C'était ainsi. Dieu lui-même t'avait voulu.

Pourtant il arriva qu'un tel ordre absolu,

Au cours des temps ftéchitsousla pousséehumaine,

Et qu'un moine venu d'Espagne ou d'Aquitaine

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US MaCES'TCMUMtfECSM30

Ou de Toscane ou de Bourgogne ou du Vexin,

Prit quelquefoisle souverain pouvoiren main

Et s'entourant d'enthousiasme ou domystère

Domptât l'église, avec le geste du Saint-Père.

Lepape avait la tiare; il relevait du sort.

U s'imposait vêtu de la forceimmobile,

Maisson front vieillissait, ses mains étaient débiles,

Il n'était que gardien des trésors de la mort

Tandis qu'eux s'en venaient du côté do la vie,

Eux, les moines, dont la penséeétait servie

Par l'étude plongeant aux feux des renouveaux;

Leur cœur était trop clair pour n'être qu'un tombeau

Et, fièrement,dans les plis de leurs coules,

Toujours, de siècleen siècle,à travers tempsSur ses autels, à leur Dieu pâle et haletant,Ils apportaient les fleurs de t'âme de la foule.

Leurs monastèresd'or illuminaient lesmonts

Et faisaient &l'Europe entière une couronne

De foi, d'ardeur et de science, autour du front;

L'Ëbre, l'Escaut, le Rhin, la Saône et la Garonne

Et les cheminsqui s'en allaient trouer la mer

Et les routes des bois massifs et des déserts

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tM fOM)MTUMM-TOEMM 37

Cellesqui s'enfonçaientsi loin, dans l'étendue,

Qu'on les croyaitaux clous des astres suspendues,

Voyaiontpasser, commeun cortègede flambeaux,De grands moines drapés do robes solennelles

Qui revotaient le Christ de paroles nouvelles

Et retrempaient l'Église on des dogmes nouveaux.

Prêches partout. Les uns tonnaient au cœur des villes,

A Pentecôte, a la Toussaint, à la Noël;

D'autres parlaient, devant tes gens des bourgs serviles;

D'autres, devant les rois, et tous, devant le ciel.

Ce qu'ils disaient, c'était les futures pensées

Qui sommeillaient, au fond de ceuxqui écoutaient;

C'était la sourde ardeur des forces oppressées

Qui lentement, &fleur du sol chrétien, montaient;C'était la volonté qui n'osait point encor

Surgir, avec sesors cachés,commel'auroreC'était ce qui pointait dans cet espoir demain1

C'était la conscienceapeuréeet tremblante

Qui s'étirait, pour se mouvoir, énorme et lente;C'était tout l'homme et sa victoire humaine, enfin1

Ils se levaient, parmi les prêtres des conciles,

Puissants, avec, entre leurs mains, des lys sculptés

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t-sa Macs TOMM.TON)aaa38

Dans !e gel dur et !a splendeur des vérités,

tb condamnaient d'un mot les doctrines faciles,

Les textes vieuxet nuls, tes axiomes, la mort;

Usredressaient, d'un bond de ieur'ame, le sort

Et qu'ils fussent soumis de geste et de parole,Tels saint Thomas, saint Dominiqueousaint Bernard,

Ou révoltes,tels Huss, Luther, Savonarole,

Aucun n'abandonnait devant l'effroi, la partDe renaissanteardeur et de clarté fougueuse

Qu'ils destinaientau monde et prétendaient darder.

Et sous les éclairs d'or de leur âme orageuseOn traversait tes horizonsdéjà sondés

Et l'on allait plus loin et plus haut que la vie.

Seule au départ, leur marche était bientôt suivie,Vers n'importe où, par les fouleset par tes rois;Ils replantaient, sur des sommets plus purs,la croix,Y suspendaient tes Meurschrétiens comme des grappesEt, plus roug~ed'amour, ils la montraient aux papes.

Ainsi s'affirmaient.ils hardis, puissants et beaux;Et Romeétant un sol de cendre et de tombeaux,Eux les moines, les seuls et vrais maîtres du monde,Galvanisaientla mort et la rendaient féconde.

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les FOMMTOttCt.'MECSM 9&

4.

LE CAPITAINE

Son âme était orgueil et volonté,sa face

Se tempérait de calme et s'éclairait d'audace,

Sa nation suivait de loin, en ses bonds fous,

Le mors-aux-dentsde sa gloire rouge, partout 1

Lestourbillons de sang et d'or de ses conquêtesÉblouissaientles yeux, hallucinaient les t&tes,

Tous se sentaient, par son âme, victorieux;

Et les mères, avecdes pleurs au fond desyeux,Lui dédiaient quand môme, aux jours de ses batailles,Autant d'enfants qu'il lui &Ilait pour les mitrailles.

Soldats rangés commeun rempart hérissé d'or,Plaines dont les moissonsvastes sont dispersées,Carrés d'acier bougeant, buissonsde fer, ressorts

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Ma FOROMTOMM-TOMJSM4"

De rage et de fureur tendus vers tes pousséesFormidableset, tout la-haut, parmi les monts,

La gueule ouverte et 'a terreur de sescanons.

Un ordre1 Et désormais, lui seul il est la foule.

Il la projette, il la refoule,

I1est son Ameénorme et violente, il vient

Et passe,il la soulèveou la contient

Au geste lent de sa main large.Soudain résonne au loin le galop fou des charges:Clairons brandis, casquesen feu, chevauxhagards,

Gestescrispés autour des m&tsdesétendards,

Clameurs passant, ainsi que desvolées,

Chocsassourdis, profonds et réguliers,Et tout à coup, l'arrêt dans les gosiersDes cris et les étouSementsde la mêlée.

Il regarde ses yeux brillent, son torse bat.

Son plan, il l'improviseen plein combat,

Déjà, certaine et préciséeLavictoire se déBnit dans sa pensée;L'ennemi même est entraîné dans le remous

De ses desseinsbrusques et fous,

Les feux tonnent, la plaine est foudreet fumée,

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IBaMHtOMTUHULTUECBEa41

Il distinguo,là-bas, le heurt des deuxarmées

Et le coupnet qu'il Mut, sans hésiter,

Porter.

0 le suporboet triomphant batteur dogloire

Qui forge, en un tumulte d'or, l'histoire;

Il est l'angoisse, il estla vie, il est la mort,

Il dévaste, avec des mains rouges, les nuits du sort;

Si les poisonsdes tyranniesDoiventmdrir, à la treille de son génie,

Qu'importo! il rayonne; !e souH

Do son âme tragique est solennel d'orgueil;Touscroienten lui et tous vénèrent

Le sang dont son grand geste éclaboussela terre.

Ptainesvastest vosfloraisonsde meurtre où !uit

La mort, vos Mesures, vos bras sans corps, vos torses

Déchiquetéset crus d'ou s'écoulent les forces,

Apparaissent, ainsi que sa moissonà lui.

Toujours, par un mot bref, simple et lucide

Chaquebataille, il la décide;

Ceuxqu'il rencontre, il les appelle ses vaincus.

Us se perdent dans l'oeuvreardent qu'il a conçu

ps hésitent, et voici qu'il les voit

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Ma FOMMtMnJMCBCBM42

Rompra, la peur aux reins, leurs bataillonspantois.Leur confiance,en un instant, sedésagrège;Tout leur parait erreur, surprise, astuce et piège;Des cris de lâcheté partent on ne sait d'où;

Et l'on n'entend plus rien, dans le soir fou,

Que des plaintes, des pleurs, et des rages crispéesEt !a fuite, sous les épées.

Aussis'érige-t-il dans l'amour et l'effroi.

Perdre, servir, créer ou détrôner les rois

Sera son ro!e, à moins qu'il ne soit roi tui-meme.

Son front sacré par tous peut dédaigner le chrome

Et les prêtres mitrés et les autels vormeils,

Toute sa vie enveloppede son mystèMLa terre

Ainsi que le soleil;

Le monde meurt, et puis renatt, sur son passage;CommeCiva, il renouvelleen détruisant;

Et son ombre descendles escaliersdes àg~es,Foulant aux pieds~deafleurset des caillotsde sang.

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MB MBCBS TMMOMCBOMS 43

LE TRIBUN

Ettel que cesarbrescernésde rodeécorce,Qu'on maintenait, jadis, au cœurdes vieux quartiers,Debout il apparaît têtu, puissant, altier,

Serrant on lui, dites, quels nœuds de force?

Enfant, il a grandi sur le trottoir des villes

En un faubourg lépreux,livide et convulsé,Où des hommesrageaient de se sentir serviles

Toujourset prisonniers des vieuxpasses.

Torsesvaincus, fronts écrasés et lamentables,Sourdes fureurs, gains minimes, travail tuant;

Et la misère avide et creuse, au coindes tables,

Et ça, depuis toujours jusques à quand ?g

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tBB FOKOBtt TUMUt.TCEMM44

0 son bondissement, soudain, dans les mêlées,

Quand le peuple marchait vers les façadesd'or,

Avecses poings, enfindressés, contre le sort,

Et que les coupspleuvaient et que tes pierresAux colèresmatées,

Cassant les hauts carreaux pleins de lumières

Semblaient broyer et disperser,sur la pavé,De l'or 1

Et sonverbe rouge et levé,

Comme un faisceauhargneux de pointesFérocementdisjointes;Et sa colèreet sa folie et son amour

Roulant ensemble et s'exaltant, autour

De chacune de ses idées;

Et sa raison violenteet dardée

Faite do passion et de bouillonnement

Et songeste d'orage et de grand vent

Qui projetait son rêve, ainsi qu'une semence,Ardente et rouge, en des mIHieMde fronts vivants!1

Depuis il fut le roi des superbesdémences,H est monté et monte encor, sait-il jusqu'où?Son pouvoir neuf, son pouvoir fou,

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MS FNtCBBTCMWMNiOaM 45

H ne sait plus où il commence.

Il monte et t'pn croirait quo la monde t'attend,

Si large est la clameur des cœursbattant

A l'unisson de ses parâtessouveraines.

Mest effroi, danger, affre, fureur et haine

ïl est ordre, silence, amour et vo!onM

II scelle en lui toutes les violenceslyriques,(Mtse trempe l'orgueil deshommeshistoriquesDont l'œuvre est faite, avecdu sang d'éternité.

Et io voici debout au can'etbur du monde,

Où les vieux cheminsd'hier croisenttes grands chemins,

Par où s'avancerontceux qui viendront demain

Verson ne sait quelleaube éclatante et profonde.Hommed'autant plus grand qu'il est dovierge instinct,

Qu'il ignore l'éclair dont le destin,

Sans l'exalter d'abord, met en ses mains la foudre;

Qu'il est l'énigme en feu que nul ne peut résoudre

Et qu'il reste planté, du front jusques aux pieds,En plein peuple, pour s'en nourrir ou en mourir,Un jour, tenace et tout entier 1

Et qu'importe qu'après son œuvre faite,

tl disparaisse, un soir de deuil, un soir de fête,

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LESMMMTCMOMt!M)Ma46

Honni ou exaltépar ceuxqu'il a servis.

Le temps marche et l'heure est à quelque autre;Les plus jeunes n'ont point suivi,

Jusques au bout, sa voix ou son geste d'apôtre;Ms'etface mais cesera pour revenir,

Son âme était trop loin dans l'avenir

Et ses morsd'or, cabrée,

Pour avoir peur des tombantesmarées

Qui succèdenttoujours aux flux géants;Sa force, eUeest la-has, tueur sur l'Océan,

EHeest pleine d'étincellesnouveUes,Lesvérités qu'il suscita de sa cervelle

Se sont faites moelles, muscles et chair;Il a tordu la vieentière en son éclair

Et désormais elleest ployée, elle est creusée,

Telle que seul d'abord il Fa pensée.

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Ma tOKOBSTCMttt-TMMBM_47

&

LE BANQUIER

Sur une table chargée,où les liasses abondent,

Serré dans un fauteuil étroit, morne et branlant,

H griffonnemenu, au long d'un papier blanc;

Mais sa penséeelle est, là-bas,au bout du monde.

Le Cap, Java, Ceylan vivent devant ses yeuxEt l'océan d'Asie, ou sesmille navires

A l'Est, &l'Ouest, au Sud, au Nord, cinglent et virent

Et, les voilesau clair, rentrent en des ports bleus.

Et les gares qu'il édine et les rails rouges

Qu'il tord en ses forges et,qu'il destine auloin

A des pays d'ébeneet d'ambre et de benjoin,A des déserts, ouseul encor le soleil bouge;

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LU MNOBBMWM.TttEMttN4a

Et ses sourcesde naphte et sesmines de fer

Et le tumulte fou de ses banquessonores

Qui grise, enfièvre,exalte, hallucine, dévore

Et dont le bruit a'épand au delà de la mer;

Et les peuplesdont les sénats sont sesgarantsEt ceuxdont il pourrait briser les lois futiles,Si la débAcleou la révolteétaient utiles,A la marchesans ~n de ses projets errants;

Et les guerres vastesdont il serait lui-même

Meurtres, rages et désespoirs leseul vrai roi

Qui rongerait, avec les dents des chiffres froids,Les nceudstachésde sang des plus ardents problèmes;

Si bien qu'en son fauteuil usé, morne et branlant,

Quand il griffonne, à menus traits, sur son registre,Il lie à son vouloir bourgeois le sort sinistre

Et domine le monde, où corne l'effmi blanc.

Oh l'or 1son or qu'il seméau loin, qu'il multiplie,

La-bas, dans les villes de la folie,

La-bas, dans les hameaux calmeset doux,Dans l'air et la lumière et la splendeur, partout <

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MB MMM 'njWCMCNtaEB_49

Son or ailé qui s'enivra d'espace,Son or planant, son or rapaco,Son or vivant,

Sonor dont s'éclairent et rayonnent les vents,

Son or que boit la terre,

Par les pores de sa misère,

Sonor ardent, son or fartif, son or retors,

Morceaud'espoir et de soleil son or 1

Il ignore ce qu'il possèdeEt si sonmorceau d'or excède,

Par sa hauteur, tes tours et tes beffrois;

Hl'aime avec prudence, avecsang-froid,Avec la joie âpre et profondeD'avoir à soi, commetrésor et commebien,

Sousla garde des cieux quotidiens,Le blocmêmedu monde.

Et les foules le méprisent,mais sont à lui.

Toutest'envient l'or le grandit.L'universeldésir et ses milliers de flammes

Brûlent leur âme autant qu'il ravage sonâmeIl est celui qui divise te painMiraculeuxdu grain,

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Las MMM TUMUMMBUSEa5o

S'Hles trompa, qu'importeChacun revient, après avoir quitté sa porte.Avecde grands remous

Sa forceroule en torrent fou

Et bouiUonneet bonditet puis entraîne

Feuilles, rameaux, cailloux et graines

Les fortunes, les épargneset les avoirs

Et jusqu'aux moindres sous que recomptent, !e soir,

A la lueur de leur lanterne,

Les gens de ferme.

Ainsi, domptant les rois et les peuples et ceux

Dont la puissance pauvre, en ses coSres, expire,Du fond de son fauteuil usé, morne et boiteux,Il définitlesort des merset des empires.

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MSFOMMTMtCMCBMM St

6.

LE TYRAN

Mattre de tous par son âme, le tyran clair,

En un site de fête où l'ombre et le soleil

Versentla pourpre et l'or, commeun double conseil,

Sur tes chosesdu monde, écoutearder;dans l'air

Les cris,les vœux, les hurtahs fous et les délires

Que, sans un mot, ni sans mêmeun geste, dispenseA tous, son immobileet suprême présence.Il a maté les rois et vaincu les empires,

n a casséles dents au peuple et maintenant

Qu'il vit unique en lajsplendenrblanche, son coeur

D'être à tel point désert et solitaire, a peur.Les feux ne sont point seuls, là-haut, au firmament.

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Ma FORCBB tCMOMCBOSEaSa

Hommes, femmes, amis, enfanta, dès qu'il les aime

Malgrésa volonté, lui deviennent esclaves;

Mpétrifieen eux l'amour, commeles laves

D'un mont torride et fou brdient un pays blême.

H est monté si haut que nul ne l'a suivi.

En vain, il cherche un Dieu son cœur ne le sent pas,Sa volontés'égare et son désir est las

Et son orgueil est fatigué d'être assouvi.

Lui-mêmeest devenuson négateur. Sa flamme

Sombre brute le bloc en or de sa puissance,Grâceà cette Acreet trépidante jouissance,

Qu'il godte à blasphémerce que le monde acclame.

il vit pourtant sans rien montrer de son effroi;Muet commeun palais gardé par des soldats,Où seul s'entend toujours, veillant et lourd, le pasDe celui-là dont le pennon claqueau beffroi.

Il resteà tous sacré. Une forcedivine

Semble muscler de bonheur vierge et clair, sa force;H est tragique et clos comme l'arbre sous l'éeorce

E~rien ne s'aperçoitet non ne se devine.

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69MaMMMTCMn.'nnmMa

Maisla clarté du ciel sait bien qu'il est allé

Souvent,loindes cités,en plein pays de bois,

Près d'un marais mortel couleur d'encre et de poix,Dont le sol noir de moisissureest tavelé,

Chériréperdument la vie orde et bannie,

La vie humble et proscrite, en des exils si tristes,

Queseuls, le houx, l'ortie et les ronces persistentA croître, en de tels lieux de lèpreet de sanie.

Qu'il y vécut d'une existenceardente, seul;Le cœur penchévers l'ombre et la pitié, le coeur

Fervent, le cœurenfin sauvé par la douceur

D'avoirà soi cesfleurs de mort et de linceul,

De les aimer et de se croireaimé par elles;Avecleurs dents, leurs dards et leur fureur tactile,De lesserrer sur soi comme un ciliée hostile,Dont on savoure enfin les morsures cruelles,

Si bien qu'en ce jour même, ou l'ombre et le soleil

Versentla pourpreet l'or sur la ville qui luit

Et la fête qui chante et qui gonfle son bruit,S'il rayonne, le torse droit, le iront vermeil

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t~S FOMM TOMC<.tt)amM54

C'est que son corps est assaiHide baisersrouges

Qui, dans l'abaissement de tous devant sa face,

Le font aimer, brdler, souBHret crier gr&ce

Au torturant contact des épinesqui bougent.

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LESFEMMES

Page 61: Verhaeren Forces
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L'ÊnERNBiH.E

Avecquelles antithèses es-tu formée

Femmede passion ardente et aSamëe?

Ta voix s'exalte et tes grands yeux qui leurrent

Jamais ne pleurent;Et néanmoins ta m'apparais

Tragique et vraie,Et ai belle, parfois, de !a!~ espoirEt les désirs dont tu t'allèges

Quand nous parlons de nons-memes,le soir,

Sont clairs, fougueux, soudains, mais sont étranges,Commeun panier d'orangesVidésoudain, anr de la neige.Et tes regards mentent et sont charmants

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t.M FOMM TMtOt-TCECSMsa

Et des projets de fuite ou do meurtre rapidesTentent mon cœur fol ou stupide1

Je te quitte; je te reviens;

Tesparoleschangent le mal en bien

Tn t'expliques et je me crois coupable.0 nos deux cœurs blessés, nos âmes lamentables,Et tant de cris, pour n'aboutir à rien1

Prends patience,ami t un jour, peut-être,En m'adorant plus fort encor, tu comprendras;Ce que tu ne sais pas, ce que tu dois connattre,Je te l'apporte entremêléet trouble, entre mes bras;Tu hésites, à l'heure où j'exulte de vivre,

Tous les désirs divers également m'enivrent

Et je les suis, mon Ameau vent, sans savoir où.

Que n'ai-je en moi la meute en feu des désirs fous

Et leur démenceau lieu desdoutes et des scrupules t

0 les raisons que mes angoisses accumulent

Et que scrutent ma peur et mon esprit tendus,Et que je hais d'autant que je tes sens meilleures1

Je veux l'éternité et je m'arrête aux heures,Où le cœur se reprend après s'être perdu.Je discute le sens de tes paroles rouges

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M8 MMtOMTmtt)).TCa<MBa 59

6

Et quand ton corps houleux sousle mien bouge,Je m'attriste déjà de mes prochaina remords.

J'ai trop souffert en mon cerveaufragile,J'ai trop voulu, j'ai trop tente, j'ai trop pensé,J'ai trop hâtivement versé

Les ors de mon orgueil en des vases d'argile.0 toi l'insouciance, o toi qui dors en paix,0 toi qui dans ta chair crois enfermer le monde

Et la tempêtehumaine en tes cheveuxépais,Femmed'amour féroceet do forceprofondeA quel breuvageenivrant et léger,Un jour, mêleras-tule philtre partagé?Q

Approcheami, et guéris-toi de ta cervelle1

Monseul secret est vivre et vivre et vivre encore.

Je n'ai crainte de rien, pas même de la mort,

Puisque tu dis qu'elle est fécondeet renouvelle;Le seul instant qui luit est mon seul désir;

Et je l'épuiséet le rejette et le dédaigne,Pour m'en aller, sans un regret, vers l'avenir;

Quel'aube pleureou que le couchant saigne,Je ne vois rien de leur douleur;

Un méridien soleilme ravage le cœur,

Je vais éperdument du côtéde la joie,

Page 65: Verhaeren Forces

M9 FOMMTCMm.TMCBMCo

J'aime l'homme commeune proieEt je te veux, toi, quelque autre, qu'importe,Tous tes tressauts humains heurtent.ma porte,Maisseul tu es celui qui ne seras heureux

Qu'en t'aSMantdans ma folie;

Tue, à forced'aimer mon large instinct, tes vœux,

Rince ton coeurde ses mélancolies,

Et songe à tout le temps d~ja perdu 1

Dans !ejardin contradictoire et rougeDe nos désiratordus,

Où les rosiers de tes amours brdlent et bougent,Je me veux égarer une suprêmefois;

Je renierai mes cris en écoutant ta voix,

Je ferai ma raison de tes paroles

Nettes ou folles,

Je serai serf, avec ténacité,

Et nous irons à deux, si bellement domptésPar le vouloir d'être ivresde nous-mêmes,

Que nous oublieronstout jusques à Dieu.

J'aurai pour flammeen ma tête,tes yeux

Pour sagesseton rire ou ton blasphème,Et pour haine, tout mon passé.

Nous dresseronsnos corpsardents et enlacés,

Page 66: Verhaeren Forces

Ma MRCMT<M<)M<)Bm))N 6t

Commeun thyrse de chair, au clair des étendues,

Lescaresses, les ors, les rages éperdues

Desvents et dessoleils les mordront tour &tour;

Nousseronsun désir inassouvid'amour

D'accordaveclecteur inassouvi du monde

Et réglant notre fièvreaux battements du sien 1

Nne faut point songer à ceschosesprofondesJe sais d'accord avec moi-même et le sens bien

Et c'est assez le reste est mirage et falhiM.

Et je surgis devant tes pas qui passentEt je te tends mon corps d'ou t'appellent mes seins;

Je suis belleet puissante et mes baiserssont sains,

Tu me rêves complexe,étrange, &preet subtile,Tu me vois à travers tes livresinutiles

Or, je suis simple, ami, mais tout mon être agitAvecun tel élan soudain, qu'on obéit.

Ecoute:

n fait soleil, dans mon amour, toujours!1.Tous les d&Mrslégersou lourds

Y retrouvent leurs routesMoncorpsest un paysplein de Tososen sang,Plus doux que les paradis clairs sur les versants

Des montagnes, là-bas, aux premiers temps du monde.

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Ma MMOMTowM/ntMjma6a

En baume et en parfum mes lèvres surabondent;Mesbras sont des tombeauxpour tes tourments

Mon ventre est commeun sol gonflé de sourceschaudes

Et ma luxure entière est commeune ode

Chantéeau rythme fou de tes tressaillements.

Prends et tais-toi nul ne regardeLa nuit remplit l'immensité hagardeLesastres d'or semblent s'aimer aux cieux

Desvents passent délicieux

Sur ma chair nue et violente;

Toute t&~vieest dans l'attente

Et tout l'amour veut t'engloutir.

H n'est qu'un seul remèdeà monsouci partirVers les pays d'ardeur que tes lèvrespromettent;

Déjàse tend vers moi leur Sevré et je la bois;

Nos ruts dévastateurs sont tels que des comètes

Qui éclairentmais qui brdlent tout à la fois.

Et quand ta chair cesserad'être notre,

Lorsque tu t'en iras, un jour, le corps paré,Vers d'autres bras de volupté,j'auraiPour te maudire et t'oublier.

Toutesles autres 1

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<~9MMM TCttm-TUBUMa 63

6.

L'AMANTE

Monrêve est embarqué dans une île flottante,

Lesfilsdorés des vents captent, en leurs réseaux

Son aventureau loin sur la mer éclatante;Monrêve est embarqué, dans une île flottante,Avecdo grandes meurset de chantants oiseaux.

Pistilsdardés1 pollensféconds flammestremiëros1

Un rut immenseet lourd semblebondir dans l'air;Lesblancsmagnolias sont des baisers faits chair

Et les senteurs des lys parfument la lumière.

Les pivoines,comme des coeurs

Rouges,brûlent dans la splendeur;L'air pantbled'amonr et ses soufSesse nouent;

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Ma MMM tCMm.TOMtMB04

L'ombre est chaude, commeun sein sous la joue;De larges gouttelettesChoientdes branchea, infatigablement,

Et les roses et tes iris vont se pâmant,Sur des lits bleus de violettes.

Je me suis embarquédans une île éclatante

De pampres verts et de raisins vermeils,

Les arbres en sont clairs et leurs branches ballantes

Semblent, de loin en loin, des drapeaux de soleil.

Le bonheur s'y respire, avec sa violence

De brusque embrasementet de torride ardeur,Le soir, on croit y voir s'entremordre les fleurs

Et les torchesdes nuits enflammer le silence.

Y viendras-tu jamais, toi, que mes vœux appellentDu fond de l'horizon gris et pâle des mers,

Toi dont mon cœnr a &im,depnis les jours amers

Et les saisons d'antan des enfancesrebelles ?̀I

Montto est harmonique à ton efmorescemce,0& que tu sois accepte, ainsi que meaaagoMPartis vers ta beauté sans pair et ta puissance,Les

parfums voyageursde ses clairs orangers,

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UM MMHSS TttMOMCEOMa 65

Arrive et nous serons les exaltésdu monde,

De la terre, de la forêt et des cieuxroux,

L'univers sera mien, quand j'aurai tes genouxEt ton ventre et ton sein et la boucheprofonde,A labourer sous mon amour fécondet fou.

Je me suis embarqué, dans une tte gonfléeDe grands désirs pareils à des souMesvenus

D'un paysjeune et ingénu;Un fier destin les guide et les condense,ici,Commenn faisceau devoix, d'appels, de cris,

Au coeurdes batailles et des mêlées.

Lesyeux des étangs bleus et l'extase des &ores

Regarderont passer notre double beauté,Et les oiseaux, par les midis diamantés,

Scintilleront, ainsi que des joyaux sonores.

Nousfoulerons des chemins frais et flamboyants,

Qu'enlaceral'écharpe d'eau des sources pures,Un air de baume et d'or que chaqueaurore épure

Assouplira nos corps en les vivinant.

Nos coeurstendus et forts s'exalteront ensemble

Pourplusetmieuxcomprendreetpour comprendre encor

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M8 FOttOM TCMCtTOtiCNM60

Sans avoir peurjamais d'un brutal désaccord

Sur la fierté du grand amour qui nous rassemble.

Nous seronsdouxet fraternels, étant unis.

Tout cequi vit nous chaufferade son mystère;Nous aimeronsautant que nous-mêmesla terreLa nature et l'instinct, la mer et l'infini.

Nous nous rechercherons, comme de larges proies,Où toute ardeur, où tout élan peut s'assouvir

Prendre pour partager, et donner pour jouir 1

Et confondrece qui s'échange, avec la joie 1

Oh vivre ainsi, fervents et éperdus,

Trempésde tout notre être, en les forces profondesAfin qu'un jour nos deux esprits fondus

Sentent chanter en eux toutes les lois du monde.

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tBa MRCBS TOMOMOEOSM _6?

L'AMAZONE

i

Dans le cheminsonore et lumineux dmval,

La torse ér~é droit vers la menace;

–Vertige l'amazonepasse;Et tour à tour les bonds de son cheval,

S'ouvrant ou se fermant, ramassent

Onrejettent loin d'eux l'espace.

L'arc, la Heehe,l'épiée,

N'importe quoi hérisse et fait sonner sa course;

L'eau des étangs et les mares des sources

La voientpasser, commeun faisceaud'éclairs

Noeudde muscles,grappes de nerfs,

Galops, crinière, écume et lanceau clair.

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t.m MtMM tmnn.TMMNMC8

Desoiselets, pareils à des joyaux,Volent de hêtre en chêne, et de chêne en bouleau

Los troncs luisent, ainsi que des écailles;Millesèves,au ras du sol, travaillent;L'ombre est légère et le chemin vermeil

Et les buissons des fleurs et des ramures,

Autant que la guerrière et son armure

Semblentdresses, soudain, en gerbes de soleil.

Elle est joyeuse et tout son être

Vit de courage et rayonne de foi.

L'homme qui fut, depuis mille et mille ans, le mattre

Et l'empereur du monde a laisséchoir

Sa force et son pouvoir,Un soir,

Et de ses mains belleset fières

La guerrièreLes relevant, les tient brandis contre la mort.

Et c'est ellequi, désormais, sera le sort.

Son front règne,ses bras fermes semblent des barres

Où se cassel'assaut des révoltes barbares;Son corps est souple et vit; ses yeux

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t-M FOMM TOtCt.tOttUaBB _0a

Brillent dans le tumulte en or de ses cheveux,Pour se sentir mieuxà l'aise dans la victoire,Elle a brute l'un de ses soins

Et la voicisurgir de l'horizon lointain,

En conquête, vers la gloire.

Or, près de l'antre où s'assombrit la blanche

Et haute et &unDoyantearrogance des branches,

Lespoings meurtris au nancdes rochers roux,

Le coeurvaincu et les yeux las et le courroux

Des liens serrant son col, ses seins et son front sombre,

L'humanité sanglante et tragique l'attend.

L'antre est profond,mais s'éclaire pourtantDu vieuxdragon couché,commeun éclair,dans l'ombre.

Et la guerrière se souvient

Du reptile qu'il faut tuer sans cesse

Et qui renaît et qui revient

Et dont les têtes d'or et les gueules redressent,Commeune vigne en sany, la&oraison

Violentede leurs poisons.

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MSMME)TCHOMOMaM?o

Elle arrive.Sitôt il érige sa force,

Tel un arbre dont la râpeuse écorco,

-Dartres, langues, suçoirs et dents

Empeste, au loin, tes soirs ardents

Et tord, vers te soleil, sa multiple épouvanta.Dusang, du fiel, du feu jaillit, soudain, dans l'air;Un remuement d'anneaux glauques et verts

Bande son corpsdont la lèpreparatt vivante

Et lui fait une armure avec sa puanteur.Il apparatt dardé dans toute sa hauteur

Et la Vierge qui lutte et rage se dévoue,Ne frappe, qu'au hasard, un monumentde boue.

Et l'on entend vers l'infini, lescris

De l'éternellehumanité monter

Et tous les bruits du soir se lamenter,

Commesi l'ombre et l'étendue

Répondaient, sourdement, à la plainte entendue.

Le monstre est suspenduet s'écroule, soudain.

Sans un brusque sursaut deson cheval, la main

De la guerrière et ses armes étaient broyées;Elle aperçoit la mort géante et déployée,La peur est dans sa chair, maisson cœur n'en veut pas,

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LBS FOMM TUMm.tUBMM 7'

7

LaSevré emplit sesyeuxet la fureur son bras

Et vers la bête immensément qui se relève,

Ellebondit, avec la rage dans son glaive.

Heurtset fracas, damears et chocs,

De roc en roc,

Lesmontsjusqu'à la mer en retentissent

Des coupsLourds et puissants s'apesantissentL'arc est vibrant, le glaive est fouLa guerrière, dans la tempêteDegueules etde dents qui menacentsa tête,

Parait brandir la foudre et diriger l'éclair,

Maispeu &peu l'élan de son bras clair

Se ralentit; elle se trouble et s'inquiète.On la vaincra, puisqu'elle penseà sa défaiteEt tandis qu'une cornière fois

Son poing dres. le glaive droit

Puis s'affaisse, les ténèbres sont survenues,Le livideOccidentdécomposeles nues,Et seul s'entend enoor.pamu le morne espace,

lA-bas, dans le fond de la nuit, le bruit

D'armesgrandes, qui tombent, lasses.

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MBF(HM!MTCHCMt'EMBM

Sous les astres, et sous l'effroi

Des étoiles seules

Tournant, là-haut, commedes moules,

La guerrière doutant de soi,

L'orgueil en deuil s'en est allée.

Derrière elle, criait, dans la vallée,Et se brisait au roc, l'éternelle douleur.

Des vents dedésospoirs,et des neuvesde pleursSourdaient, commejadis, au pied de la montagne.L'humanité restait rivéeau bagneDouce pour la guerrière et la plaignant d'avoir,

Malgréson coeur,dd s'échapper de son devoir,Alorsque le dragon quesaccageaPorséo,Et qu'il dompta, par la penséeEt le regard,

Sortait, après mille ans, de son sommeil hagardEt la mâchoireinassouvie

Se redressait contre la vie.

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LESVILLES

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7.

Oh ces villes, par l'or putride, envenimées!

ClameuMde pierre et volset gestes de fumées,

Dômeset tours d'orgueil et colonnesdebout

Dans l'espacequi vibre et le travail qui bout,

En aimas-tu l'oSroi et les a&es profondes0 toi, le voyageur

Qui t'en allais triste et songeur,Par les gares de feu qui ceinturent le monde?

Cahotset bonds de trains par au-dessus des montsl

L'intime etsourd tocsin qui enfiévrait ton âme

Battait aussi dans ces villes.Ie soir; leur flamme

Rouge et myriadaire illuminait ton front,

Leur aboi noir, leur cri vengeur, leur han fécond

Étaient l'aboi, le cri, le han de ton coeurmême

Ton être entier était tordu en leur blasphème,

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tM MMM TOMt~-TttMBM?0

Ta volontéjetée en proie à leur torrent

Et vousvous maudissieztout en vous adorant.

Obleurséîans,leurs chocs,leurs blasphèmes,leurscrimes

Et leurs meurtres plantés dans le torse des lois1

Lecœur de leurs bourdons, !e front de leurs beffrois

Ont ouNié !o nombre exact de leurs vicdmes;Leur monstrueuxamas barre !ofirmamentLe siècleet son horreur se condensenten eUes,

Mais leur âme contient la minute éternelle

Quidate, au long desjours innombrables, le temps.

D'âge en âge, l'histoire est fécondée

Sous l'afBuxd'or de tours idées;

Leur moelleet leur cerveau

Se ravivent du sang nouveau

Qu'infuse au monde vieux l'espoir ou le génie.Elles illuminent l'audace et communient

Avecl'espaceet fascinent les horizons.

Leur magnétismeest fort comme un poison.Tout front qui domineles autres,

Savant, penseur, poète,apôtre,Mêlesa ftamme&la lueur de leurshtasiem

Ellesdressent vers l'inconnu les escaliers

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t.aa MMM Ttmot-tCEUBtta 77

Par où monte l'orgueil des rechercheshumaines

Etbroientsous leurspiedsclairs, l'erreurqui tend seschatnes

Dol'univers à l'homme, et des hommesà Dieu.

Avez-vousvu, le soir, leurs couronnes de feu,

Templesde verre et d'or assis sur tes collines,

D'ou sebraquent vers les étoiles sybillines,Lesmonstrueux regards des lentilles d'airain?

Et puis, en des quartiers silencieux,soudain,

Avez-vousvisité les hauts laboratoires,

Où l'on poursuit, de calcul en calcul,

De chaînon en chaînon, de recul en recul,

A travers l'infini, la vie oscillatoire?q

L'hommequi juge, pense et veut,

S'y contrôleet s'y mesuresoi-même.

Tous tes secrets, tous les problèmes,

Depuis cent ans, y sont l'enjeuD'une lutte géante avecla destinée.

Combatsméticuleuxet scienceacharnée1

L'énigme est là, dont on cherche les yeuxEt qu'on &ô]etoujours, commeune bête hagarde,Pour épier l'instant prodigieux,

Où, tout à coup, ces yeux vaincus se dardent,Refoutant l'ombre et dévoilantla vérité.

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LES MMM TOMM-TUBUSM78_

Alors, les vents, les flots, la nuit, les cieux, les astres,Les ponts massant sous eux, les blocs de leurs pilastres,Les basaltes du port, les mura de la cité

Pourraient frémir, aux quatre coins de l'étendue,

Qu'ils ne trembleraientpas d'un plus profond bonheur

Que l'âme ardente du chercheur,Sur sa conquêtesuspendue!1

Quelquechosedu monde est tout à coupchangé,Par cejaillissementbrutal hors des ténèbres;Il n'importe qu'on nie ou qu'on célèbre

L'homme dont le géniea saccagéLes mystères barrés par des porteshostiles,

Sa fjt-eeest résorbéeen la forcedes villes

Et leur énormevie en est encor grandie1

Ainsi, de laps en laps, ceux qui pensent dédient

A l'avenir humain l'ardeur de leur cerveau;

Et tandis qu'ils viventpour des pensersnouveaux,

D'autres qui travaillent pour les foules se lèvent.

Ceux-cisont les ardents et Msmartyrs du rêve

Qu'ils entrevoient, là-bas, par des jardins de sang,

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MS FOMBS TMtCMUBCMB 79

Marcher, pour aboutir au seuil resplendissantDestemps, ou la justice aura dompté les hommes.

L'erreur a promulgué des lois, noirs axiomes,

Qu'on doit ronger sans cesse,en attendant !e jourDe les cassera coups d'émeute ou de révolte

S'il faut le rouge engrais pour les pures récoltes,

S'il faut la haine immense avant l'immenseamour,

S'il faut le mt et la folieaux cceuMserviles,

Les bonds des tocsinsnoirs soulèverontles villes

En hurlante marée, autour des droits nouveaux.

Et dans les halls blafards desvieux faubourgs, là-haut,

Où les lueurs du gaz illimitent lesgestes,Lesvoix, les cris, les poings des tribuns clairs, attestent

Que les besoins de tous sont le cercledu droit.

Textes, règles, codes, tables, bibles, systèmes,Motssolennelsqu'on débite à faux poidsL'homme dans l'univers n'a qu'un mattre, luMnême,Et l'univers entier est ce maMre,dans lui.

Le tribun parle haut et fort; son verbe luit,

Sauvageet ravageur, commeun vol de comète;H est le fol drapeau tendu'vers la conquête,Si quelquefoisil prend la foulepour tremplin,

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t.M MMM TmMMttmJSBB80

Qu'importe, il est celuidont le désir est plein,

Jusques au bord, de la sève des renaissances

La cotère. le désespoir, l'effervescence,Le silenceorageux brdlent entre ses mains;Il est, à sa manière, un grand roi sontermin

Qui regarde s'enfler toutes les forces soudaines.

Et quand, par un accord simple et fatal, s'enchatne

Ce que vent le tribun, ce que veut io chercheur,Il n'est aucun éclair brandi de la terreur,

Aucun ordre qui ploie, aucun pouvoir qui gronde,Pour écraser, sous lui, la victoiredu monde.

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LACONQUÊTE

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8

Verales continentsd'or, de marbre et de conut,

Sous le vent dur fouettant de son large éventait,

De mer en mer, leurs vitessesentrecroisées,

Les naviress'en vont, pareils à des pensées.

Avecdes blocsde fer ou des caillouxde plomb,Avecleur cargaisonde bois couchéeen long,–Foret vaincueet morte en leurs calesprofondes,

Avecl'ambre, le pétrole, le zinc, l'étain,

Avecl'espoir dans l'aventure et dans le g'ain,Hardis et dairs, ils embarquentrame du monde.

Et les quais de la Chineet de tTnde et les ports

Surgis aux Sanca de l'Amenqne ou de l'AfriqueEt Veta-Crazet Bnenos-Aireet MogadorEt les sols snIfnMttxet les forêts lyriquesLourdesde traits sucrés et gluantes de miel

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LESfonoMtmxfMcaoaM8~

Et tes plages de nacreet los golfes de gelEt l'ombre et la lumière et t'aSre et le mystère,

L'Est, t'Ouest, le Nord, la Sud, toute la terre

Les accueille, afin que les trésors s'échangent

Riches, compactaet clairs, ainsi que des vendanges

Lo mondeentier travaiMoet lEurope debout,

La-baa, sur son tas d'or millénaire qui hout,

Du fond do ses banques formidables, présideA ces trafics captes par des cerveauxlucides,

Chiffre&chiffre, dans !os maillesdo tours ca!cuts.

Si los chutes, les débâcleset les reculs

Brisent parfois les r6ts dos trop vastesaudaces,

Mn'importe: les ors croulent et se déplacentSans appauvrir les sols, ni dessécherles mors

La fortune toujours tient ses vantaux ouverts

Devant la neuve ardeur et la jeune folie,

Mtaut vider le vin avant le flot de lie,

Et qui compteles morts n'est déjà plus vivant.

La terre est désormais, du Ponant au Levant,

A la race qui l'explorajusqu'en ses astres,

Qui traversa tous les dangers, tous les désastres,

Toutes les morts, dans l'espoir fou de détenir,

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MaMM!MtMtW-TMUMa M

Un jour, entre ses mains vMUoamais obatin~M,

Lesénigmes, !Mmystères, les destinées,

Dont a'éc!aiMntles youxmi-dos do l'avenir.

Et les voici tanguer, sur leurs vaisseaux,ces hommes

Dont lame 6t Paria, Londres, Berlinet Rome,

–PrMres, 8o!Jata,<Mar!Ma,colons,banquiers,savants

Roisdo l'audace intenseet mattres do l'idée

Qui projettent les traits de leur forcebandée

Auxbuts les plus lointains des horizonsvivants.

Si l'équitéparfois au fond de tours cœurabouge,S'ils massacrentpour s'imposer et pour régner,Du moins réprouvent-ilsle sang sur leurs mains rouges;Ils innoventun droit moins rude et suranné

Qui se tempère, et s'illumine, et s'humanise.

Où débordait la violence, ils organisent;S'ils se vengent, ici; ils pacifient,ailleurs;

Ils représentent ceque la terre a de meiUour

Bienque vagues et tremblantes, les harmonies

Des temps futurs chantent, dans leurs cerveaux,lls ont le front tout pavoiséd'orgueil nouveau

Et de leur multitudeéclosenttes génies.

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t.M MM!MTCWW.tWR«Masa

0 les clairs voyageursqui vont pareils aux dieux1

Le monde entier est repensépar leurs cervelles;

HsonsoFrantla terre ondes towteanouvolles,

Joignent le9Ocdanaet conquièrent les cieux.

Un St d'airain charge do sonoresparolesVibM dans retendue et les pensers a'onvoient

Oo l'un &l'autre bout do runivoMdomptaToute la vie, avecses!o!s,aveoses fonnca,

Multiplesdoigts noueux do quelque main ~nonno

S'cntr'ouvro et se reformeon un poing l'unité;Et les silloges6ÛNque d'escaleen escale,

Par les morsd'oncro ou d'or, tracent les vaisseauxclairs

Semblent le grand faisceau mondial des nerfs

Qui contractentles doij)ftsde cette main totale.

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8.

LA SCIENCE

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Qu'ilssoient sacrespar tes foules, ces hommes

Qui scrutèrent les faits pour en tirerles lois,

Qui soumirent !e mondeà la mesure, et, comme

Un roc hérisse d'or, ont renverse l'effroi.

Jadis, c'était la mort, son culteet son délire

Qui s'emparaient de l'homme et l'entouraient de nuit

Pour lui masquer la vie et maintenir l'empireDeboutdu dogmeet du péché mais aujourd'hui

Le mystèregéant n'est plus même funèbre,Ombreaprès ombre, il disparaît dans tes dartes

Si bien qu'on songeau jour où toutes tes ténèbres

Choiront,mortes, sous tes pieds clairs des vérités.

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t.MM~M TUm)MMt!MMt)0

La fable et l'inconnu furent la double proieD'un peuple do chercheursaux fulgurantesmaina

Dont les livresont dit commentla farcoondoie

Du m!a6rat obacurjusqu'aux cerveaux humains;

Comment la vie est une, a travers tous los otrea,

Qu'ils soient matière, instinct, esprit ou volonté,

Forût myriadairo et rouge où s'enchevêtrent

Les débordements fous de la fécondité.

0 vous, les edaireurs des tragiques visagesTournés du fond des temps veMnos âges vermeils,

Dressezvotre splendeur, comme,entels paysages,

Luisent, de loin en loin, des tours dans le soleil.

A-t-Mfallu scruter sous l'examen les choses

Pour limiter d'abord et affirmer aprèsCe qui dans l'univers fut origine ou cause,

Sans s'égarer encor dans le dédale abstrait 1

0 les contrâtessûrs! tes batailles précises1

Les vieux textescroûtes sous des arguments clairs 1

L'âme de la réalité qu'on exorcise

Et qu'on libère enfin dans la santé de l'air 1

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MN MtMM KMtH.TOBOtM 91

Tout l'infini peuplé d'hypothèsesto~iquoatI

Le fourmillemontd'ombroot d'or descieux hautains

Soustrait lui-mêmeaux puissancesthéologiquesEt dominé par descalculs froids,mais certains.

Les neuvesvêrit~a ainsi qM des abeilles,

Pour une ruche unique et pour !o mêmemiel

Peinant et s'exaltant et saccageant la treille

Dosbeaux secretscachesqui joint la terre au ciel.

Lesrecherchesfoulant!e soldesconsciencesOrdreet désordreuniset beauxcommela merLegermahumainreproduisantensacroissance,Lesgrandstypesdevieaucoursdestempsamers.

Et chaqueélanvainqueurdela penséeentière

Quin'a qu'unbut peser,jaugeret déBnir,Seconfondantcommeuneflammedansla lumièreEt la lucidité,quiserontl'avenir.

L'hommes'estassigné,sur !eglobe,saplaceSolidaire,dansl'attirantaffolement

Et lecombatentreeux desatomesrapaces

Depuistesprofondeursjusquesaufirmament.

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t.M MMHMtOt«!MOBC6Ma"

Chaqueageexigeen8ndutempssonraptdoflamme

Et s'it estvraiqu'aprèsmilleet mitteans, toujours,

QMe!qmoinconnunouveausurgisseau bordderAme,Lospoètessontlà pourydarderl'amour,

Pour t'oxptoMret t'exatteravantlessages,Sansquelesdieuxs'enreviennentcommejadisIntroniserleurfoidanslesvallonsdesAgasPâleseacord'êdaiNetd'oraetoabrandis.

Carmaintenantquela voieest tracée,immense,Droiteet nette,toutà la fois;carmaintenant

Qu'onregardepartir,robusteet rayonnant,Verasontravail,l'éland'un sièclequicommence

Lecride Faustn'est plusnôtre 1L'orgueildesfrontsLuithautetclair,à contrevent,parminosroutes,L'ardeurest revenueennous;mortssont lesdoutes

Et nouscroyonsdéjàcequed'autressauront.

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L'ERREUR

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9

Laduneallait,au longdesmers,vers l'infini,

Leshiversconvulsifs

Tordaientlesoioux.sousla foudreet la tempêteLeseauxapparaissaientcommeun amasdobêtes

DonttesCotadélivraienttesaboiementscaptifs,Laduneallaitainsi

Apreetsau~e, &pasgéants,Autourdes Océans,Laduneallaitainsi

îndiBerenteauxcrisetauxnaufragesJetésdeplageenplageetd'âgeen âge,Versla pitiélucideetversl'amourvivant,Ladune allaitainsi,Immenseetmonotone.ensonpèlerinage,Del'està l'ouest,au longdesmers,aveclevent.

Et lessiedes,avecla dune,avecle vent,Et lessiècles,au longdes mers,

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na FoacmtmmMUNtasa~L

Passant

Jusquesau jour, ou l'onplanta,Sur desbuttesde sableou degraviersen tas,

LespharesSonnantau loinles feuxcmor de leursfanfares

Leinsagedesnuitsen fut illuminé.

Lesrocset les courants,Telsdescornesou des torrents,

Appararent,sur testénèbresprotaneea,Deréguliersectairatrouaientl'immensité,L'ombremortesereprenaitàvivre,Lesvaisseauxnoirsque t'étendueenivre

Partaientpourla conquête,avecsécurité,L'hommeluttaitencor,maisnonplusenaveugle,

L'espaceoùle Sotmordoùle ventmeugle,Leregardait,avecdesyeuxfixesd'éclat,Leseauxpouvaientnoyerla quilleentière,Maisdanslesvoilesetdanalesmâts,Passaientet repassaientdesgestesde lumière.

Lesétoilesmortes,une clart6plussûre

Accompagnaitle mors-aux-dentsversl'aventure;Laterreaiméeapparaissaitau loin,

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MKa PCMB8 TMMfUnBMM

Malgrel'ospacoen deuil, commeun témoin

Desbatailles et des victoiressous la foudre.

On déchirait, dans les voilesdel'inconnu,

Descheminsclairs que nul no put recoudre,

Lepéril franc, le danger nu,

Ëtaiontcherches, puis affrontes la forcehumaine

Si longtempsfolleet incertaine

Conquit,dans la grandeur des élémentsdomptés,Sa royauté.

La dune allait, au long dosmers vers l'infiniMaisdésormais

Elleavançait tenant en main de grands Bamheaux,

On eût dit un cortège illuminant si haut

Leciel, que les astres s'en obscurcirent;La dune allait ainsi

La nuit, le jour,Par le chemin qui fait le tour

Desroyaumes et des empires,Et quand s'interrompait au loin sa ronde,Elletendait aux bms de pierreDesfalaises,les lumièresdu monde.

Or il se fit qu'au cours des tempsDes gens apparurent qui docteaMBt,

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Mt FORCIRt~)M~)~T~)R~)~~t~~L

Avecdes mains très expertes,fausseront

La pureté des géantes lumières.

Un travail sourd mais ontoto

Coupa l'amour, d'un biais do haine;Les phalènesdes disputes humaines

Pullulèrent autour do la clarté.

On ne distinguait plus la splendeurs&ro

Tendra ses réguliers ectaiM,

Commedes barres sur la mer,Vers les bras fous de l'aventure.

Et !cs ardents et tranquilles flambeaux

Qui dominaient la lutte et les batailles

Éclairèrent des funérailles

Qui descendaient vers des tombeaux.

Hommes de notre temps le sort vous parut morne,Le jour qu'il vous fallut combattre au loin

N'ayant pour seuls appuis, pour seuls témoins,

Que ces phares tués dont on faisait des homes.

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t.MFORCERTtruUt-TUEUBEa 99

9

Quelques-unsd'entre voua s'assirent sur la ~r&vo,Le poing sous le menton,

Ou bien aodirigèrent à tatons,

Dans le d<!datode lour rêves.

D'autres, plus fermeset los moilleurs,

S'imposèrentla tAchocoutumière,

Dorefaire do la tumiero,

Avecd'autres luours.

Mais !cs plus exaltés so dirent dans leur cœur

« Partons quand même avec notreAmeinassouvie,

Puisque la force et que la vie

Sont au dota dosvérités et des erreurs. »

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LA FOLIE

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Routesde fer vers l'horizon

Blocsde cendres, talus do schistes,

Où sur les bords un agneau triste

Broute les poils d'un vieux gazon;

Départs brusques vers les banlieues,

Rails qui sonnent, signaux qui bougent,Et tout à coup le passage des yeuxCrus et sanglants d'un convoirouge;

Appelsstridents, ouragans noirs,

Pays de brasiers roux et d'usines tragiques,Oùsanglotent, quand vient le soir,

Toutes les voix du vent

Frappant, d'un contenugémissement,Les Bisà t'inBni des crins télégraphiques,C'est parmi vous

Qui entourez, de vos remous,

Lesvilles

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t.MMncBf)TOMcmmuMs'"4

Quea'oaviennentchercherasile

Lescerveauxéclatésdesdémentset dosfous.

Marquéschacund'un signe,Dorrièreun muraveugleet sourd

Dovieuxf~ubour~,Lescabanonsa'a!i~aontEt la citéardontoot terrible,là-bas,

Qui lospeupledohautohbas,Aveclesyeuxaigus decesvitreshagardesS'en inquièteet les regarde.

0 la folieet sessoleils,toutà coupMânes1

0 la folieet sessoleilsplombantsA rayonslents,A rayonsternesSinistrement,LaCevreet letravailmodernes1

Jadistoutl'inconnuétaitpeupMdeDieux,Ils étaientla répons aux questionsdontl'homme

En son âmepuerik'dressaitla sommeIls étaientfortspuis~'its étaientsilencieux

Et laprièreet le blasphème

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Ma MMM WMUMUMNM <c5

QuiM résolvaientrien

Tranchaientpourtant,au nomdumal,au nomdu bien,

Lesproblèmesauprémes.

Oraujourd'huic'estla réalité

Secrèteencor,maisnéanmoinsonotoM

Aucoufsperpétue!et rythmiquedoschoses,

Qu'onveut,avecténacité,

Saisir,pourordonnerla vieet sa beauté

Selonles causes.

L'hommese lèveennnpourcedevoirtardif,VenupourecUpserles feuxde touslesautresIl a'afErmenonplus leMi, !epreux,t'apôtre,Mais!esavanttéta, ardentet maladif

Quise bruteles nerfsà saisir,au passage,Touteénigmequi luit et fuit momentd'eotair.

Doutes,certitudes,labeurs,fbuittes,voyagos,La terreentièreest sonorede sonpasclair

Et lanuitattentiveécoutearder sesveilles;Avecdesyeuxgéants,it explorela treitteDesglobesd'ombreet d'orpendusaufirmament.Lessoirasontflamboyantsde hautslaboratoires

Qu'ilallume,pareilsaux feuxdes promontoires.

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t.B9MMM«MttMWUNtt<o0

Lavie?Il l'6tudieen dosimplesfermentsCoucheaprèscouche,il a fouillalesaolafunèbres,Il a sondéle fonddesmerset dea ténèbres,Ma rebâtitout, avooun tel souci

D'onbiennxerl'assiseet lescombleset ieamorttuacs,

Qu'iln'estphMnen,aowalesgrandstoUsdeaosayntheaoa,

Quinesoitsoutenuetnesoutienneaussi.

Et le tMsaautuniveneldesénergies

R~loootravailneuf,de sesforcessurgies,Auxquatrecoinsdu monde et laterreet lescieux

Et ceuxqui trafiquentau nomdel'oret ceux

Qui ravagentau nomdu sang,touscollaborent,Avecteur haineoutouramour,au but sacre.

Dechaqueheuredu aiooieun prodiges'essore

Etvouslesprovoquez,chercheursToutest serré,MaillesdevieoudematièreentrevosdoigtssubtibVosmiracleshumainsilluminentlesvilles

Et l'inconnuseraitdomptéet lesavoir,A largespasgéants,aurait rejointl'espoir,Si voscerveauxbattusduventde laconquêteN'usaienta troppenservosmaigrescorpsd'ascète

Et si vosnerfstendustoujoursettoujourslas,Unjour,telsdescordes,n'éclataientpas.

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MM)MMMTOMM-tUaONOX '07

t<t

0 la folio,avecsesoris,avecaesr&to:),Et sespassaccadesau longd'un haut murblanc,

0 la folioet sessoleilsptombantaet pMea,Commedoslampessépulcrales,Sur !oavillesde t'oocidont,

Corteavousl'entendez,ehercheuNBevMUXet Mémos,ROdornon loindovosmaisons,Maisriennevouadistraitdusortdevosproblèmes,Vouaaur~issez,héros donnantvotre raisonCommejadisonprodiguaitsa vieEt leschevauxdesrecherchesinassouviesN'arrêtentpointl'essorDeleursailesversla lumière,Parcoqueceuxqui les montaient~tMsentaterre,Soudainement,parmiles morts.

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LESCULTES

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TontesJesenclumesdes orsetdestonnerres

Retentissent,là-haut,endesamasdenuit;Unatelierdefeuet d'ombrey fut construit

Par Go~et parMago~pourlesdieuxmlUeNaires.

AmmonetJehovahy rencontrentSatan;LevieuxVulcainy frappe,&coupsbrutauxmaisjustes,Pourlecomptedu Christ,raureotedesjustes.LesdeuxportierssaintPietTeet Thotontl'air content.

Touslesschismessontloin. Seulesurvitl'idée.

LesDieuxsont assezvieuxpournefairep!usqu'unEt recueiUirpoursoi,danstousetdanschacun,Lemultiformeéchodesprièresdardées.

M.

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Lessophistessacrésmarquentd'unace!pieux

Serpent,lotusoucroix taacioncodu monde,Et baptisentl'envoldes forceserrabondes

Qui passentau det&deshommesetdesdieux.

Sur t'arbrodu myatero,ib (~oSentle prodige;Lemiracleincessanttientla placedes!ois,t<onrpassiondu cielprenden croupela foi

EU'eteve,derocenroc,jusqu'auvertige.

Il n'estplusriendovrai, puisquetoutestdivin.

L'espritdoitabdiquerl'orgueilqui!ofaitvm'0Pour lui-même,par la penséeet parle livreOnempoisonnel'inconnudontil a faim.

Voicila paixde la banalecertitude;

Hommes,pourquoichercher Vousavezle repos,Hcouleenvous,maisc'ostdu plomb,parmivosos,Et dubonheur,danssa plusmorneplénitude.

Rienn'estplushaut, malgrél'angoisseet le tourment,

Quela batailleavecl'énigmeetlesténèbresOh nosBêchesd'airaintrouantlessoirsfunèbres,Versquelqueastrevoiléqui bruteaufirmament!

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tt!t FnnCRit TttMPt.TUSMM n3

Et qu'importent le douto ardent, l'ombre profonde,

La tumulte qui rond t'oSort plus ofMn6;

Cœur et cerveau,dans un ctan simultané,

Chacunà travers soi doit conquérir le monde.

Dites,laproieet la butin qu'est l'univers

Saignant, dans la splendeur de l'étendue entière?

Nous travaillons et nous pensonsdo la matière,

Et son secret vit en nous-mêmes,à découvert.

Nos contrôlesle voient, s'ils no !ed66nissent;L'unité est en nous, et non pas dans les dieux;

L'eSroisi longtemps mattre a déserte les cieux

Et s'est éteint dans les yeux morts des Pythonisses.

L'hommerespire et sur la terre il marche, seul.

Il vit pour s'exalter du monde et de hd-mûmeSa langue oublie et la prière et le Maap~eme;Sespieds foulent !e drap de son ancien linceul.

U est l'heureuse audace au lieu d'être la crainteTout l'infini ne retentit que de ses bonds

Vers l'avenir plus doux, plus clair et plus fécond

Dont s'aggrave le {chantet s'aient~ la plainte.

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Ma MMMTOMW-TCEOma..4

Penser, chercheret découvrirsont ses exploits.Memplit jusqu'aux bords son existencebrève;Mn'enfle aucun espoir, il ne fausseaucun rêve,

Et s'il lui faut des Dieux encore– qu'il les soit1

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LESBAPTÊMES

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Verssonmanoirdomarbre,Quidominelesbois,

L'evequeen feret onorfroi,Ledimanche,s'en "a,Momentd'éclairet d'or, parmi les lignesd'arbres.

Leruisseaumitesonarmure

Et sonblason,dehautenbas,SiMonqu'ilmarche,en sonvoyage,Avecsagrandeimage,Asescotes,sousla ramuro,Depasenpas

Lesbois? ils sontluisantsd'aurore

Et sonoresdesfleuraqui lesdocoMnt

LesmittodoigtsdesbrisesMsent,Avecdesbondset dessurprises,

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MBMRCMTUtMtMUSUBMna

Lesfeuillagesqu'ilschim&risentiL'ombreoMo-memoestclaire;~-haut,Se balancentlescimesunanimes,Tandisqu'aurasdu sol tel unjoyauQuiglisseraitsur la lumière

Ailesfolles,passeun oiseau.

L'évoque,avecsonglaive,avecsa lance,Vêtud'orfroiet d'acierMano,s'avance

Ses6peronsde diamant

Semblentdu feudennnament;Et sonimageen or et en conquêteDit au ruisseauqui la raBète

« Je suispurecommeton eau,CeluiquimeprojetteEnton miroira ramenette

Et le cœurhaut.})

L'eauentenditcesparolesd'orgueil,Fit un coude,puis s'éloignade l'avenue,Versunegrotte,où, sur leseuil,Se baignaitune enfantnue,

Jouant,avecsesmainset sescheveux,

Joyeusement,danslesSotsbleus.

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t.MMMMTUMUMUSUaM "?

Il

Elleétaitfratchoet doucoDellecommeun fruitqui luit,

Rouge,sur lecoussindosmousses,L'ombratombaitdossaules,Feuitteb.fouille,sursesépaules,Etsesdoigtaclairscherchaient&lasaisirEllecriaiteta'ouMiaitensonplaisirD'être,dansl'eauet lesoleil,perdue.

Elleétaitbonneetamicale

Et touteauclair de sa gaietédominicale.

Duhautde sachapelle,suspendueAuxpeupliers,lapetiteviergeMarieLaregardaitjouerdansl'eaufleurie,Et n'ayantpeurdesa tranquillenuditéLuiditensepenchantdesoncote

a Naïveet frèteenfantde Feau,desfteurs,doabranches,C'esttoi la pure,c'esttoi la franche,Leruisseaublancqui s'écouteverstoi,C'estlebaptêmevraiqueje t'envoie.

J'aimeton corpsdouxet boni,Commeceluide monJésus,

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m<t ~<mcEaTUMtX.TuauanatM

ABethMem,quandlessoufflesunis

Dubœufet dol'Anonsepencherontdessus.

TonAmeesto!aire&ma pensée

Quitovoitvivre,avecles tleurs

Et l'eau,dansuneententedefratoheur

Et de splendeurexorcisées.

«Tues toi-mêmeune prière

Balbutiée,au coursdestemps,

Depuisques'exaltela terre

Immortelleversleprintemps.

« L'hommede pouvoird'or et de forcemitrdo

Quirythmesonorgueilbrutalet chamarré,Augaloplourddosoncheval,tà-bas,N'estpasCeluiquivit vraiment,selona&vie.

L'eaupure,&l'entendre~s'enfuit;Lesbrindilleset lesbranchesse cassentLesoiseauxdaims'éparpillenten volsdepeur;Et la natureentièrea la frayeurDeséclatsdurs de lacuirasse.»

Pendantquela viergeparlait,L'entant,sansriensavoir,matait,

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M< MtMMTtMM.TMUaM tM

Continamont,sosmainset soscheveux

Auxmainset auxcheveux

Deseauxvertesetdeseauxbloues.

Toutel'innocencedeschoses

La p~otmit et la sacrait

D'une simpleet recouse apothéose,Et sa têtedola g~&ceimmensebaignéeN'avaitpasmornel'air étonne.

Tandisqu'auloin, parmilesarbres,

L'ëvequeenorMontaitverssonmanoirdemarbre

Leshautsdonjonset leurspierresmeurtriesËtaieatchaudesethumidesoncorDerécenteset férocestueries;Et les tachesrougesdesmursépais,Amesurequ'itavançait,Absorbaientl'ombreDeaamarchefaroucheet sombre,Avectoursbouchesde sangfrais.

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LESHEURESOUL'ONCRÉE

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Les ténèbres ferment mes yeuxAvecleurs mains douceset noires

Voicila paix, voici les gloires,Voicile Sottement joyeuxDu rêveet du sommeil sur ma mémoire.

Encoreun jour, cejour!ou mon front fut le maître

Et l'empereurde l'univers qu'est toutmon être,

Où tous mes sens ont pu saisir

Le faisceauroux de mes désirs

Et les porter, comme des glaives,Devantma volonté, dans la lumière.

Leprintempsluit de grève en grèveL'idéeest fraîche, ainsi qu'une Boretremière

L'esprit la voit grandir; on penselarge et clair

Commela mer;

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MMFOMMtUttULTUSUSEaM«

Les problèmesles plus ardus

De leurs grands monts sont descendus

Et se laissent, dans l'or des plaines,Chauffer et pénétrerpar la recherchehumaine

Tout est éclair au mômeinstantSeule existe la peur de n'avoir pas le tempsDe dominer, soudain, ceque l'esprit découvre,

Et la vie ample et vaillante se rouvre

Aux blancs galops de l'espoir d'or

On veutet ce vouloir sembled'accord,

Intimement avec le vœu du monde

L'âme sent nattre en soi la puissante profonde

Qui réconforte et qui convainc,

L'obstaclemême apparaît vain

Apeineuncoin de pierre où aiguiser sa force.

Tous les fermentsgonflent l'écorce

Du jeune et triomphalorgueilLa vie immense frappe au seuil

De la maison où dort la confiance

Lesos, le sang, les nerfs font alliance

Avecon nesait quoi de frémissant

Dans l'air et dansle vent

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MM)POMMtMMMUBUMa ta?

On s'éprouveléger et clair dans l'espace,On est heureux à crier gr&ce,Les faits, les principes, les lois, on comprendtout;

Lecœur trembled'amour et l'esprit semblefou

De l'ivressede ses idées.

0 ces heures de Sera ardeur dardée,

Heuresdes mais et des avrils,

Qui m'amenez,chaque an, les plus rares des joies,Heuresde conquête,heures devaillance,heures de proiePour mon cœur rouge et mon esprit viril,Monsouvenir vous loue et vouscélèbre,En cet instant, où les ténèbres

Ferment mes yeux hantés de gloire,Avecleurs mains douceset noires.

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L'UTOPIE

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ta

Monumentsnoirs carrant leur masse, en du brouillard 1

Le naphte en torchesd'or ybrato au fond des caves

Descorpsmi-nus, des torses roux,desbras hagards,

S'y démènent,parmi les poix, les plombs, les laves

Dont lesrouges ruisseaux brûlent les os du sol.

Le clair effort humain, vers la rage, y dévie

Le vice et la vertu s'y nouent, en des viols

Si terribles qu'en tremble et qu'en pleure la vie

Aubes,midis et soirs ne s'y distinguent pasEt le soleil, telle une plaie envenimée,

Tache le ciel et saigne et suppure, là-bas,

Sous des toquesde feu, de suie et de fumée.

Lieuxsinistres 1Et néanmoins tout y paratt

Captédans l'ordre et le devoir, commeen des rets

Le crimeest régulier, précis, mathématiqueLaloi l'instaure et les vieilles dialectiquesLe défendent, en leurs livres, dès qu'il le faut.

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t.ESFoaaaa TOtMfMcacaaa<3a

Oh tout le aaag quis'êgoutta des ëchafMds,

Depuis quels temps lointains,dans la plume des scribes1

L'oncMbrûle, troua et salit le manteau clair

0& la justice, au fondée ses palais, s'extuboLe droit a'y vend d'être un homme de proie et l'air

Y est malsain,pour les consciencesvivantes.

Textescreusésen tarymthead'éponvanto,Textes pareils à des couteaux, textessertes,Commedes dents, textes fausses, textes taris,Toute la mort sout'noisey comprimela vieTout acte humain dont la routine a peur,dévie

Soudain vers le délit, le crime oute forfait

La gtose enchaîne tout et le codeest parfaitLes mots y sont mattMset rois et les mots tuent 1

Aussidites, avecquel trépidant espoir,Ceux qui pensent, voient-ilsvenir les mains hardies

Qui dans l'émeute et la fureur, un soir,Arracheront au torse en feu del'avenir,Les nammos d'or de leur désir

Et, sur les tours du mal au ciel brandies,

Disperseront les aiglesroux des incendies.

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t-EN MRCM TUMUMCBMBa <33

Une heure brève et folle et puis la délivrance.

La forceagit, par rage et par outrance,

Autant que par sereineet profondelenteur,

Il est desphares sanglants sur les hauteura

Dont la darto sinistre est auxiliaire,

Plus que FetcUe,au téméraire explorateur

Qui vient des pays d'ombre aux régionssolaires1

Oh dans le mondeentier, cestempêtes d'idées 1

Prisons, bouges,autels, trônes– et t'échafaud,Lemal, le bien, le vrai, to faux,Toutesforcesbarricadées,Faceà face, derrière un mur d'airain.

Puis tout à coup, dans le lointain,La foule et sa clameur et saforce nouvelle

Seule d'accord

Avecles forceséternelles

Qui prend d'assaut la vie et repoussela mort.

Alors,Avecquelleprudence,Avecquel esprit juste, avecqueltactDesinvisiblesconcordances,

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Lu MMM TtJtnit.TCEUaBB134

Avec quelleample audace et quel génie exact,

Il mousfaudra scruter les lois les p!<taprofondes

Qui font a'omtrenouerla vie et s'attirer les mondes

Pour que !opeupleentier des volontés

S'engage, en dos chemins de paix et d'harmonie,Et sente aussi, à travers lui, l'effluveet la darté

De l'attraction blanche et infinie.

Celui qui prouve et sait vaincra celui qui croit.

Simple,serein, puissant et droit,Dans le cirque géant des forcesfamilières,

L'hommeorganisera sa vie aventurière;Les forts s'imposerontnon plus en oppresseurs,Mais en élus, la nature maîtresse

Mettant ses dons les plus larges et les meilleurs,Dans leurs exploitset leur sagesse.

Un unanime consentement

Suivra leur geste, ainsi qu'au firmament,Lesflottillesdes étoilessuivent tels astres

Dominateurs et clairs commedesvaisseauxd'or;L'évidence subjuguera l'esprit si fort

Quejmtl n'aura le coeurde tenter les désastres,

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LESMUGESTUMt)MW!t!MS <S5

M.

Ni de barrer, par sa démenceou sa fureur,

La route en joie et Beursvers le bonheur

Les liens humains seront les liensmêmes des choses

Nouésentre eux pour resserrer to droit,

Et le monde, roulé dans les métamorphoses,

Après avoir eu foi en Dieu, croira en soi.

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LESBA&NES

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Pareils à ces rayons vêtus de soir et d'or

Qui seuls, avant de s'endormir dans la vallée,

Baisent de leur lumière et ravivent encor

Le front triste et rugueux desrochesisolées,

Mes vers s'en vont versvous,

Hommes de lutte et de souffrance,âpres visages,Proscrits et révoltesqui maintenez

DeboutMalgréla croixoù le destin vous cloue

Et votre foi et votre rage 1

Bagnes,là-bas, au bout des mers!1

Solitudesde pierre et fer,Sols de volcanset de tourments sousterre,Iles de blocs et de cœur en granit,Etals d'astuce et de colère,

Dans le désert de l'infini.

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M!ttFORCEStOMOMOMMa)~<t

Commedu sang caillé parmi les vaguesLuisentvosbords et vos sablesocreux;Vos pics sont nus, commeles pointesdes dagues,Vos geôliers sont des fous qui s'excitententre eux,Vosflotsroulent en tempêteleurs Bammes,

La cruauté torride et ses lâchesconseils,

Au fer rouge de vos soleils,

Brûlent, sous vos cieux durs, les âmes.

Or, ceux quevous damnezviennent de l'Inconnu,

Avecentre leurs mains les véritésnouvelles;

Le feu du monde, ils l'attisent, dans leurs cervelles,

Ledroit serein et méconnu

Semble le sang dont bouillonneleur verbe,

Ils incendient, en les tassant du pied, les herbes

Pleines de mort et de poisondes vieilleslois;

Ils sont les fous de la haute folie,

La vieétant à boire, ils en rincent la lie

Et la présentent pure au peuple qui la boit.

Leur cœur est vaste et clair commeles plaines,Leurs yeux sont purs commedes yeux d'enfant,

Quoiqu'on dise, leur force est pleineD'amour immenseet débordant.

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t.M MMtCM TCttUt.TMUSEa '4'

S'ils haïssent, ils n'ont que des haines d'idées,Leur causeest leur orgueil et le tourment

De ne la point aimer, assezéperdument,Tient seul, pendant la nuit, leurs âmes obsédées.

La pitié, aucun d'entre eux

N'en veut.

Cequ'ils veulent? C'est d'être, &travers temps,Un cri si fort de nerfs et de musclestordus,

Qu'après cent ans,

) Son épouvanteencor, malgré la mort,

Soit entendu

C'est d'allumer le feu des trafiques exemples-Lueurs montantplus hautque le frontondestemples-C'est de brdler, comme destorches

Toutesen sang, au seuil des porches,Où régneront, un jour, maîtres du bien,Ceuxqui voûtentune équité totale ou rien.

f

0 leur inécrasableet rouge confiance,Leur orageux silenceou leur acharnement,Leurscris profonds chargésde conscience

Qui traversent le monde, ainsi qu'un châtiment,

Vousne les vaincrez pas, bourreauxdéments et mornes,

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M9 MaCKaTOMOMOXCaaat~a

Iles, dont les pointes, commedes cornes,

Se hérissentvers le soleil,

Bagnes bâtis pour la terreur et les supplicesL'Amehumainebondit de réveils en réveils,Elle est en mt de la justice.

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i3

LESCRIS DEMAVIE

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MA RACE

Je suis le filsde cette race

Dont les cerveauxplus que les dents

Sont solideset sont ardents

Et sont voraces.

Je suis !e filsde cette race

Dont les desseins ont prévaluDans les luttes profondesDe monde à monde,

Je suis !e fils de cette race

TenaceQui veut, après avoir voulu

Encore, encoreet encoreplus 1

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t.6SMMM TCMttt.TC~CSM<«a

Races d'Europe et des aoudainesAmeriques,Ma race t Oh que vos pas sont beaux

Quand ils portent sur les sommetslyriques

ToujoursplushautLes feux maintenus clairs des antiques lambeaux 1

Le mondeentier est ce jardin des HespéridesOu vouscueillez, parmi desarbres tors,

Avecdes bras fougueux, avecdes mains torrides,

La force et le savoir, la volontéet l'or.

S'ils furent lourds voscoups dans les luttes fatales,

Du moins votre œuvre immortelleet mentale

Recouvre,avecses ailes de clarté,

L'oeuvrebassede cruauté.

Vosnoms?Qu'importentceuxdontl'histoire vousnomme;Vousvous reconnaisseztoutes, au mêmesceau

Empreint sur vos berceaux,D'où se lèventles plus purs des hommes.

Avecdes regards nets, puissants et ingénus,Vous explorezla terre entière:

Page 152: Verhaeren Forces

tM tONCNS TOMWn!MMBS 147

t3.

Toute lueur qui &ttre,à travers l'inconnu,

Devient, ontro vos mains, une énorme lumière.

L'urgence d'innover vous étreint te cerveau i

Et vousmultipliez les escaliersmobiles

Et les rampMet les paliers nouveaux,

Là-haut, autour des vérités indélébiles.

Trouver, grouper, régler, choisir et réformer1

Vos voyages,vos recherches,votre science,Tout se ligue pour vousarmer

D'une plus lucide conscience.

Vous vous servezde l'air, de l'eau, dusol, du feu,Vousles exorcisezde leurs terreurs dardéesCeux qui furent, aux temps liturgiques, tes Dieux

S'humanisent et nesont plus que vos idées.

Tout se règle, tout se déduit, tout se prévoit.Le hasard fol et vieux, sous vos calculs, se dompteL'actionvibre en vous, mais sans geste,'sans voix,Et ne .fait: qu'un:avecl'intelligenceprompte.

Page 153: Verhaeren Forces

MB tMMma 'HMM.TUS09M<48

0 les racesmag~ninqnea1L'Est, t'Ouest, le Nord,Terre et cieux, pAieaet mers sont vosdomaines.

Régnez puisque par vouala volontédu sort

Devient do plus en plus la volontéhumaine.

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tMfOXCMTCMnt.TUBME!) '4o

L'IMPOSSIBLE

Homme, at haut soit-il ce montinaccesible,

Où ton ardeur veut s'élancer

Ne crains jamais deharasser

Les chevauxd'or de l'impossible.

Monteplus loin, plus haut, que ton esprit retors

Voudrait d'abord,parmi les sources,

A mi-côte, borner sa course i

Toute la joie.est dans l'essor 1

Qui s'arr6te sur le chemin, bientôt dévie;

C'est l'angoisse, c'est la fureur,

C'est la ra~e contre l'erreur,

C'est la fièvre,qui sont la vie.

Page 155: Verhaeren Forces

MS FORCES TCMM.'tUEONMt~O

Ce qui fut hier le but est l'obstacle demain

Dans les ca~eslesmieuxgardées

S'entredévorentles idées

Sansquejamaismeureleur faim.

Changer Monter 1est la règle la plus profondeL'immobileprésent n'est pasUn point d'appui pour le compas

Qui mesure l'orgueil du monde.

Que t'importe la sagesse d'antan qui va

Distribuant,commedes palmes,Lesvictoires s&reset calmes,

Ton rêve ardent vole au delà 1

Il faut en tes élans te dépasser sanscesse,

Être ton propre étonnement,

Sansdemanderaux dieux, comment

Ton front résiste àson ivresse.

Ton âme est un désir qui neveut point 6nlr;

Et tes chevtmxde l'impossible,Dn haut des monts inaccessibles,

Eux seuls la jetteront dans l'avenir.

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t.M MMMMTOMm.tUEoaM <s.

UNMATÏN

Des le matin, par mes grand'routes coutnmieres

Qui traversent champs et vergers,Je suis parti clair et léger,

Le corpsenveloppéde vent et de tumiëre.

Je vais, je ne sais on. Je vais, je suis heureux;

C'est fête et joie en ma poitrine;

Que m'Importent droits et doctrines,

Le caillou sonne et luit, sous mes talons poudreux

Je marche avecl'orgueil d'aimer l'air et la terre,D'être immenseet d'être fou

Et de mêler le monde et tout

A cet enivrement de vie élémentaire.

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t.M ~OROM TCMUMOE«Ba<Sa

0 les pas voyageurset clairs desanciensdieux 1

Je m'enfouis dans l'herbe sombre

Où les chênesversent leurs ombres

Et je baise les Courssur leurs houcheade feu.

Lesbras fluides et doux des rivières m'accueillent;Je me repose et je repars,Avec mon guide le hasard,

Par des sentiers sons bois dont je mâche les feuilles.

Il me semblejusqu'à ce jour n'avoir vécu

Que pour mourir et non pour vivre:

Oh quelstombeaux creusent les livres

Et que de fronts armés y descendentvaincus 1

Dites, est-il vrai qu'hier il existât des choses,Et que des yeux quotidiensAient regarde, avant les miens,

Sepavoiserles fruits et s'exalter les rosés.

Pour la première fois, je vois les vents venneils

Briller dans la mer des branchages,Monâme humaine n'a point d'âge

Tout est jeune, tout est nouveau,sousle soleil.

Page 158: Verhaeren Forces

U!NMMM tUMMUMtBM <S3

J'aimemesyeux,mesbras,mesmains,machair, montorse

Et mes cheveuxamples et blonds

Et je voudrais, par mes poumons,Boira l'espace entier pour en gonfler ma force.

Oh ces marches à travers bois, plaines, fossés,Où l'être chante et pleure et crie

Et se dépenseavec furie

Et s'enivre de soi ainsi qu'un insensé1

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.S4 t~a MMM tCMCt.TUttCMS

L'EN-AVANT

Le corps ployé sur ma fenêtre,

Les nerfsvibrants et sonoresde bruit,

J'écoute avecma Sevré et j'absorho.en mon être,

Les tonnerres des trains qui traversent la nuit.

Ils sont un incendie en fuite dans le vide.

Leur vacarme de fer, sur les plaques des ponts,Tintamarre si fort qu'on dirait qu*Hdécide

Du rut d'un cratère ou des chutesd'un mont.

Et leur élan m'ébranle encor et me secoue,

Qu'au loin,dans la ténèbreet dans la nuit du sort,Ils réveiuent déjà du fracas de leurs roues,

Le silenceendormi dans !esgares en or.

Et mes musclesbandés ou tout serépercuteEt seprolonge et tout &coup revit

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Ma Foncaa TOMCMmuaMt <5S

t4

Communiquent, minute par minute,

Ce vol sonoreet trépidant à monesprit.Il leremplit d'angoisse et le charme d'ivresse

Étrange et d'ample et furieuse volupté,Lui suggérant, dans tes routes de la vitesse,Un sillage nouveau vers la vieillebeauté.

0 les rythmes fougueuxde la natuM entière

Et les sentir et les darder à travers soit

Vivreles mouvementsrépandus dans les bois,

Le sol, lesvents, la mer et les tonnerres

Vouloirqu'en son cerveau tressaille l'univers

Et pour en condenser les frissons clairs

En ardentes images,

Aimer, aimer surtout la foudre et les ectairs

Dont les dévorateursde l'espaceet~del'air

Incendient leur passage1

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MajM'acMTCMCt.TCtoaBa<M

LESVENTS

Noires syrinx d'ombre et de tôle,Lesinégales cheminées,

Sur les villeséchelonnées,

AuBon~des mers jnsqnes au polo,Grom)mttaux bises déchaînées,

Durant)~t)~pmne.

Assis en rond autour du feu,

Les hommes las et miséreux

Souffrent et geignent.Le desespoiret l'ennui règnentOn s'examineet l'on attend.

Nul ne répond aux mots stridents

Que promurent les cheminées

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MaMROMTumtt.TCEcaaa

Vers les révoltesacharnées,

De ville en ville, au loin, sur les routes du vent.

Seuls, peut-être, seuls tes portesPourraient répondre à la tempêteEt diriger vers des horizonsdairs, l'essaim

Des paroles et les traduire.

Maisils s'en vont par tels chemins

Loin des foyershumains,

Vers la conquête d'un' EmpireDont ils seraient les mattres -seuls.

Et l'espacepareil àun linceul

Nerecueilleque plainte et que douleur mortr-nees

Et la clameur des cheminées,

Noires syrinx d'ombre et de tôle, ~r

Depuis les mers jusques au pote,

N'est qu'un chaos d'inutiles paroles.

Page 163: Verhaeren Forces

t.ESMMM TUMUMmuMS<58

LE REPOS

Travaux ardents, effortsprodigues,Vous vous ralentissezen mon esprit tendu.

L'heure est bonne, l'heure du repos du

Et de la saine et vaillante fatigue.

Le soir

Plein de lueurs et de miroirs,

Le soir, sur les étangs et tes forêts d'automne,

S'entenebre soudain, et soudain resplendit,

Tandis que les grands vents, avant la nuit,

Au long des routes monotones,

Rjentrent lasses de l'infini.

Page 164: Verhaeren Forces

tM MMMTCMCt.TOBuaM t5()

0 les bonnes ardeurs tranquillisées1

De lentes mains desilenceet de paixPour délier leurs nœuds, glissent sur mes pensées.Je me plonge dans une heureuse quiétude,Commeen un lac de plénitude,Et lentementmonêtre entier se laisse aller

Au fil de l'eau, versun port calme et isolé

Dont les rives en fleurs et en verdures

Versent aux bonscerveauxla volonté future.

Quelquechose s'affaisse et se déplieen moi,

Se mêle à l'ombre d'or suspendue aux collines,

A la fratcheur des blancs brouillards de mousseline

Qui recouvrent le fond~moussudes vallons froids

Tout m'est doux et profond en ma mort éphémèreEt mon détachementtemporaire du temps,Où les chosesunanimes me reconquièrentEt me fondent, en un sommeil intermittent.

L'heure est bonne,l'heure de la fatigue,La lune avecses yeux distraits

Se regarde glisser vers les marais;Le fleuveau loin sommeilleentre ses diguesCommeen des nids de granit blanc,

Les voiluresdorment dans les écluses,

'4.

Page 165: Verhaeren Forces

t-EaMROMTCMM.TCEMESt6o

L'ombre est molleet la c!arté diffuse,

Le san~cou!e torpide et lent,

n n'estjusqu'aux gestoa de la mémoite

Vers le passe et les victoires,

Qui ne retombent aSaibus

Sur les coussins du mol oubli.

Page 166: Verhaeren Forces

t~a MHOB9TUMUt-TUBOaM !6t

LEVOYAGE

Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.

Le soir se fait, unsoir ami du paysage,Où les bateaux, sur le sable du port,En attendant le ûux prochain, dorment encor.

Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées,

An fouet soudain des montantesmaréest

Oh ce rogonSementde vie immenseet lourd

Et ces grands flots,oiseauxd'écume,

Qui s'abattent dn large, en un effroide plumes,Et reviennent sans cesseet repartent toujours 1

Page 167: Verhaeren Forces

t-M MRCMTOHOMOttOaMt6a

La mer est belle et claireet pMno'do voyages.A quoi bon s'attarder près des phares du soir

Et regarder lejeu tournant de leurs miroirs

Réverbérer au loin des tumieres trop sages?La mer est belle et claire et pleine dovoyagesEt les Nammesdes horizons, commedes dents,

Mordent le désir fou, dans chaque ccsurardent

L'inconnu est seul roi des volontéssauvages.

Partez, partez, sans regarder qui vousregarde,Sans nuls adieux tristes et doux,

Partez, avecle seulamour en vous

De l'étendue éclatanteet hagarde.Oh voir ce que personne, avecses yeux humains,

Avant vosyeux à vous, dardés et volontaires,N'a vu t voir et surprendre et dompter un mystèreEt le résoudre et tout àcoup s'en revenir,

Du bout des mers de la terre,

Vers l'avenir,

Avecles dépouillesde cemystère

Triomphales, entre les mainsr

Ou bien là-bas, se frayer des chemins,A travers des forêts que la peur accapare

Page 168: Verhaeren Forces

t.M MWCM TtMCMCBUSM .M

Dieusait vers quels tourbillonnants essaims

De peuples nains, déBantset bizarres.

Et pénétrer leurs mœurs, leur race et leur espritEt surprendre leur culte et ses tortures,

Pour éclairer, dans ses recoinset dans sa nuit,

Toute la sournoise étrangeté de la nature1

Oh t testorridités du Sud ou bien encor

La pâle et lucide splendeurdes pôles

Que le monde retient, sur ses épaules,

Depuiscombien de milliers d'ans, au Nord ?q

Dites, l'errance au loin en des ténèbrea claires,

Et les minuits monumentaux des gels polaires,Et l'hivernage, au fond d'un large bateau blanc,

Et les étaux du froid qui font craquer ses flancs,

Et la neige qui choit, commeune somnolence,

Desjours, des jours, des jours, dans le total silence.

Dites, agoniser là-bas, maisnéanmoins,

Avec son seulorgueil têtu, commetémoin,

Vivre pour s'en aller des que le printemps rougeAura cassél'hiver compactqui déjà bougeTrouer toujoursplus loin cesblocsde gel uni

Et rencontrer, malgré les volontésadverses,

Page 169: Verhaeren Forces

MNFOMM TCMOtTOBCaM164

Quand méme, un jour, cechemin qui traverse,

De part en part, le cœur glacé de l'infini.

Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.Le soir se fait, un soir ami du paysage0&les bateaux, sur le sable du port,En attendant le ftux prochain dorment encor.

Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées

Aux coups de fouet soudains des montantes marées1

Page 170: Verhaeren Forces

M8FCaOBSTMtO.TOSMBS .65

L'ÉTUDE

Savoir de notre temps, faisceau d'antinomies 1

Doutes, calculs, erreurs, espoirs, reculs, eCrois

Glaivesfaussés et morts,glaivesvivants et droits,

Certitudesconcordantes'onennemies,Avecquelles pointesbien ou mal affermies,

Glaives1vous vous plantezen moi!1

Vousme percezdament mais tout mon être

S'exalte &ressentir déliceou cruauté

Votre angoissanteet violente acuité.

Je ne via plus que pour savoir et pour connaître.

Page 171: Verhaeren Forces

MS tOaCM tUMULYUBt'SBS)M

L'homme qui pense est un hérossilencieux

Si son âme n'est plus ivre ducieldesdieux,Sesyeux du moins sont fous do certitude.

Oh son travail et sa Révreusesolitude

Et son avancementminutieux et lent

Et sa patience attentive et féconde t

Depuis un siècleil a dresséle plan

Magnifiquedu monde;Il a scruté la force et défini

Les lois

Qui retiennent, avecdes fils subtils,Tout l'infini, entre leurs doigtsMaisnul n'a violé l'énigme encorealtiëre

Que la matière

Retient captive,au tréfonds de sa nuit.

Oh cesecret dans l'ab!me englouti,Il vous attend, pourtant,Universelleardeur des cerveUeshumaines 1

Dites, plonger vers lui et désigner la gaine

Qui le comprimeen son étau de haine,Ou bien trouver le mot, si fou soit-il,

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!JMmaoMTUMOt-TetoaBat<~

t6

Qui guide enfin vers le cheminsubtil

D'oùtout à coup la vue

S'éclairera d'une lumière imprévue1

Dites, aider il m'importecomment–

A l'unanime acharnement;i

Avoir la foi têtue, en la rechercheinassouvie,

Autour de l'essencemêmede la vie 1

Oh t ma misère et ma gloire, cerveau,

Palais de ma merté,cave de ma torture,

Contradictoireamas de problèmesnouveaux,

Qui s'acharnent sur la nature.

Je t'aime en ta détresseautant qu'en ta grandeur.

Que l'heure soit triomphante ou funeste,

Saine de vérité ou malade d'erreur,

Tu restes

Solide et prompt et conquérantTa joie ardente ou ta douleur encor plus forte,

Tu vis commeont vécuceux de jadis, les grands.

Et les autres ? qu'importe.

Page 173: Verhaeren Forces

Ma poMM TCttCt.TptuaEatM

SURLESGRÈVES

Sur ces ptages de sel'amer

Et d'âpre immensité marine,Je déguste, par les narines,L'odeur d'iode de la mer.

Quels échanges de forcesnues

S'entrecroisent et s'insinuent,

Avec des heurts, avecdes bonds,

A cette heure de vie énorme,

Où tout~s'etreint et se transforme

Les vents, les cieux, les Bots, les monts1

Et c'est fête dans tout mon être

L'ardeur de l'univers

Page 174: Verhaeren Forces

Las FMM!MTmmMfCMtBSB 'e&

Merajeunit et me pénètre.

Que m'importe d'avoir souffert

D'avoir raclé mon cœur avec la chatne

Quivient et va do la douleur humaine,

Que m'importe je sens

Moncorps renouvelévibrer de joie entière

D'être trempé vivant et sain

Dans ce brassin

De formidableet sauvagematière.

Le roc casse le flot, le flot ronge le roc.

Un silencese fait le choc

Desgros tonnerres d'eau ébranlent tes falaises;

Une île au loin se nourrit de la mer

Et monte d'autant plus que les grevés s'aCaissent.

Le sable boit le soteit ctair

Oh revenir aux aurores du monde1

Tout se confo~ tout se détruit, tout se féconde.

On vit un siècleen un instant.

Et qu'importe ce deuil du tempsLa mort 1

Sans elle

Jamais l'éternité n'apparattrait nouvelle;

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MB FOnCM TMHK.TCEuaMt~O

Homme qui tne et qui engendreH faut apprendreA jouir de la mort.

La mort, la vie et leur ivresse1

Oh toutes les vaines de la mer t

Cercueilsfermes, berceaux ouverts,

Gestesd'espoir ou de détresse,

Les membresnus, le torse au clair,

Je m'enfoncesoudain, sous voscaressesrudes,

Avec le désir fou

De m'en aller, un jour, jusques au bout,

H-has, me fondre en votre multitude 1

Page 176: Verhaeren Forces

h~MMMTUHChTUNUaxa'?'

:B.

ACEUXQUIPARTENT

Tandis qu'au loin, là-bas, des navire!'s'éclairent,

Tontesleurs voiles battant l'air,

An ras des vagues, sur la mer,

Commedes aigles d'or passent tes vents solaires.

Les flotss'ennent. géants et fons.

Bons matelots, embarquez-vous.

L'aube est Sore, l'heure est belle commela gloire;La côteentière est commeun seuil,

Pour les pas larges de l'orgueil

Quivont rôdant de promontoireen promontoire.

Les flotss'enflent, géants et fous.

Bons matelots, embarquez-vous.

Page 177: Verhaeren Forces

MB FOMBS TUMNHUMMM'7*

Choisissezbien le port d'o& partiront vos rêves

Et puis, sans nuls regrets, allez

Vers les foules aux fronts h&!ea

Dont tes désirs sontdroits commeun,faisceau degtaives.

Les8ots~s'enBent,géants et fous.

Bons matelots, emnarquoz'vous.

Voicih merveilleuseimmensité des eaux

Et les grands Bots ornés de crêtes

Se soulevant, versles conquêtes,Comme des escaUers~d'écumeet de joyanx.

Les flots s'enflent, géants et fotta.

Bons matelots, embarquez-vous.

Leshorizonssont pleins de contonnes flottantes,

Quelest le chef, quel est le front,

On tout acoup se fixeront

Les cordes d'or de leurs lueurs omnipotentes?R

Les flots s'ennent, géants et fous.

Bons matelots, embarquez-vous.

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UNsom

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Page 180: Verhaeren Forces

Celui qui me lira, dans les modes,un soir,

Troublantmesvers,sousleursommeilousousleurcendre,

Et ranimant leur sens lointain pour mieux comprendre

Comment ceux d'aujourd'hui s'étaient armés d'espoir,

Qu'il sache,avec quel violent élan,ma joie

S'est, travers les cris, les révoltes, les pleurs,Ruée au combat fier et mâledesdouleurs,

Pour en tirer l'amour, commeon conquiertsa proie.

J'aime mes yeux fiévreux, ma cervelle,mes nerfs,

Le sang dont vit mon coeur,le cœur dont vit mon torse;

J'aime l'homme et le monde et j'adore la force

Quedonne et prend ma forceà l'homme et l'univers.

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LM MMM TtMOt.TOBcma*?*L

Car vivre, c'est prendre et donner avec liesse.

Mespairs, ce sont ceux-làqui s'exaltent autant

Queje me sens moi-mêmeavide et haletant

Devant la vie intense et sa rouge sagesse.

Heures de chuteou de grandeur 1 tout se confond

Et se transforme en ce brasier qu'est l'existence;Seul importeque le désir reste en partance,

Jusqu'à la mort, devant l'éveil des horizons.

Celui qui trouve est un cerveau qui communie

Avecla fourmillanteet large humanité.

L'esprit plonge et s'enivre en pleine immensitéIl faut aimer, pour découvriravecgénie.

Une tendresse énormeemplit l'âpre savoir,Il exalte la force et la beauté des mondes,11devineles liens et les causes profondes;i0 vous qui me lirez, dans les siècles, un soir,

Comprenez-vouspourquoi mon vers vous interpelle'l

C'est qu'en vos temps quelqu'un d'ardent aura tiré

Du cœur de la nécessitémôme, le vrai,Blocclair, pour y dresser l'entente universelle.

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y<'mmpA<M<ett~MMM,reine da monde.

Of o<~ear<ftat, e'M<<n<~aM<~

Neef~eeneof, tnaMt~mmouMene~oM

~a eoarsperpétuel et ~ttatt~e des e~MM,

P<t'o!teee<,avecMnoctM,

Saisir pour <M~anM'la oieet la tMaM,

selon les causes.

Le port ~otn<o<)tmett <~)',<oB<aa teo< de /o mer

Ze«M, o<'trM~/oy&,aftfM tonnas,Au pen<de teny, 00 vent degloire,~cee <M/)'at<*de la utctotM

P0<MBMM<t~)«M<<M.

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SURLAMER

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Larges voilesau vent, ainsi que des louanges,La prôneardente et fièreet les haubans vermeils,Le haut navire apparaissait, commeun archangeVibrant d'ailes qui marcherait, dans le soleil.

La neigeet l'or étincelaientsur sa carëneHétonnait le jour naissant, quand il glissait,Sur le calme de l'eau prismatique et sereine;Les mirages, suivant sonvol, se déplaçaient.

On ne savait de quelle éclatante Norvège,Le navire, jadis, avait pris son élan,

Ni depuis quand, pareil aux archanges de neige,Il étonnait les flots de son miracle blanc.

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tM FMteMtumtt.Tt~ONM<8a

Mais los marina des morado cristal et d'étoiles

Contaient son aventure avecdo tels sormenta,

Que nul n'osait nier qu'on n'avait vu ses voiles,

Depuis toujours, joindM !a mer aux Srmamonts.

Sa fuite au loin ou sa présenoovagahondoHaMMeinnionttc)<caps et les Hoadu Nord

Et to futur des temps ot le pMiiôdu mondo

Passaient, dovant les yeux,quand on narrait son sort

Au temps des rocasacreset des croyancesfrustes,

!t avait apporté la Mgendoet les dieux,Dans les tabliers d'or do sesvoiles robustes

GonNësd'espaceimmenseet dovent radieux.

Les apôtres chrétiens avaient nimbé de gloireSon voyagesoudain, versle pays du gel,

Quand s'avançait, de promontoireen promontoire,Leur cuttoj~une à la conquête des autels.

Les pensera de la Grèceet tesardeurs de Rome

Pour se répandre au coeurdes peuples d'Occident

S'étaient mêlés,ainsi que des grappes d'automne,

A son large espalier de cordages ardents.

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Mf)M)MMMMM.THEOeM .aa

t6.

Et quand sur l'univers plana quatre-vingt-treizeLivideet merveilleux do foudre et de combats,

L'aite rouge des temps fpotad'ombre et do braise

L'orguoil des pavillonset l'audace des mAts.

Ainsi de siectoon sièclo,au cours fougueux des Ages,Il ompt!asa!td'ospoirlos horizonsamers,

Changeant ses pavillons, changeant ses équipages,Mais éternel dans son voyageautour des mers.

Et maintenant sa hantise dominoencore,

Comme un faisceautresséde magiques lueurs,

Lesyeux et les esprits qui regardent l'aurore

Pour y chercher le nouveaufeu desjours meilleurs.

Il vogue ayant à bord les prémicesfragilesCe que seront la vie et son éclair, demain,

Ce qu'on a pris non plus au fond des Évangiles,Maisdans l'instinct mieux déBnide t'être humain,

Ce qu'est l'ordre futur et la bontélogique,Et la nécessitéclaire, forcedetous,Ce qu'élabore et veut l'humanité tragiqueEst oscillant déjà dans l'or de ses remous.

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t.MCOMtMWHOMttBMMSt8j;

H passe, en un grand bruit do joio et de louanges,Frétant les quais do t'auboou les molesdu soir,

Et pour ses pieds vibrants ot tHmmeuxd'archMga,L'immenseftux des mers a'~ftgeon reposoir.

Et c'ost tes mains du vont et losbras dosmarëos

Qui d'cox-nt~mospoussenton nos havros do paix

Loco!ossatnavire auxvoilosoStu~es

Qui nous hanta toujours, mais n'aborda jamMa.

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TABLE

Page 191: Verhaeren Forces
Page 192: Verhaeren Forces

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MERCVRE DE FRANCE

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~aont.C« Pa~aMS~Pierre OmHard.Z.t's/!<"H<"«t;H6cMtde.

H<Mr<t<afe H. de Régnier, R. deGourmont.

Histoire MMce) CoXière, Edmond

BarthMemy.Philosophie < Lonie Weber.

Pwcto<oy<e~GMtcnDanv<Ue.~cMnee mc<a/e < Henri 6~e).

pa~Mont moratei' et ~!y<ea<MVictorChM'benMt.

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ArtMoto~e, V<tM09M Chartes MerH.Questionsco~onta/Mf CartStger.NonanM, FotMoM J. Drtxe]ius.a~MtOpAMM~PierfeDauze.~<o<e)'MO)tel SpMttMHe Jacques

Briea.

~'An'ntjrae Bt!MM/<a<f< tI<.B<)agoB.B~PBM t Chartes-Bet~: Htrsoh.

<<MJbartMtM! R. de Bu~y.Les M~MrM\f A..Ferd{MM Herold.MtMt~tM Jean MarneM.~r< moderne < AndréFomtainM.

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CAroBt~ae MfM Jean C~rr&re.

~Awat~ee <&A<'ttiB?Me«G.Eehhua'tJ!,e«re~aftetnnndet HenT) Atbert.A<'K''M(!f!~oMet.'Henry..D.natMy.t~«t'M.<<aMMnM.' t.MCMmoZaccc)t.

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