Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

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L'adaptation, dans tous ses états Regard sur 2 oeuvres Dracula et Robin des bois Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma Les dispositifs du cinéma à Pc Septembre 2 004 1 10 111

Transcript of Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

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L'adaptation,

dans tous ses états

Regard sur 2 œuvres

Dracula et

Robin des bois

Variations autour de

l'adaptation littératures et cinéma

Les dispositifs

du cinéma à Pc

S e p t e m b r e 2 0 0 4 N° 1 10 111

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Sommaire

page 2

Action(s) page 3 à 6

Dossier

Variations autour de l'adaptation :

littératures et cinéma page 7 à 34

Rencontre Avec...

Jean-Baptiste Coursaud page 35

Parcours de Lecture Page4i

Livres accroche page 42 à 55

Et après... page 56 à 85

Lecteurs confirmés page 86 à 114

Ouvrages de référence page 115 à 118

E:n savoir plus. . page 119à 125

page 125 à 129

Page 4: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

2

Edito Tony Di Moscio

C omme beaucoup d'entre vous, Lecture J e u n e a profité de l'été pour prendre quelques couleurs.

Elle a un peu grandi aussi. Il fallait bien cela pour présenter au mieux ce dossier sur les variations

autour de l'adaptation. Impossible d'être exhaustif avec un tel sujet !

Nous avons donc choisi de proposer plusieurs regards allant de la théorie à la pratique, des pistes à explorer qui

vous donnerons, nous l'espérons, envie d'aller plus loin dans ce domaine passionnant permettant une multitude

de réseaux de lectures.

La nouvelle formule de Lecture J eune comporte aussi quelques remaniement des rubriques habituelles.

Action ( s ', qui introduira désormais la revue, vous présentera régulièrement des expériences de terrain.

Que ce passe-t-il autour des adolescents clans les bibliothèques, les librairies, les écoles ou ailleurs ?

Dans ce numéro, c'est un cabaret-débat oiganisé par la médiathèque de Nanteire qui rend compte de l'avis

d'adolescents sur la littérature. Comme son nom l'indique, la rubrique Rencontre a\n vous permettra

de découvrir une collection, un éditeur, un auteur... Jean-Baptiste Coursaud a répondu à nos questions

sur sa collection, Taille Unique, chez Gaia.

Les chroniques de livres que vous attendez, quant à elles, sont toujours là, mais sous une autre forme.

Lecture J eune étant trimestriel, il semblait intéressant de sortir de la seule analyse de nouveautés et de chercher

à avoir un regard différait sur ta production en direction du public adolescent. Pour cela nous classerons

désonnais les critiques de livres en Parcoui s de lecture.

• Livres accroche rendra compte des titres faciles à lire ou permettant de pénétrer dans un genre pour la

première fois, de découvrir un univers, de susciter une lecture.

• Et après... parlera des titres un peu plus difficiles, qui demandent au lecteur d'avoir déjà fait un petit

parcours en littérature.

• Lecteurs confirmés se penchera sur des textes plus ardus par leur construction ou leurs thèmes.

Nous avons également souhaité ajouter aux notices des mots clés et les genres littéraires ainsi que davantage

d'informations sur les auteurs ou l'édition.

Vous trouverez également plus d'avis complémentaires ou divergents sur un titre lorsque les discussions au sein

des comités le demandent.

Dans cet esprit, notre ami le cyclope vous dira si Lecture j e u n e a aimé passionnément un titre ou si au

contraire, elle vous le déconseille.

Lxquipe de Lecture J eune espère que vous serez sensibles à ces nouvelles propositions et qu'elles répondront

encore mieux à vos besoins. Nous souhaiterions surtout qu'elles suscitent davantage de questions et d'envies

que de réponses toutes faites. Nous attendons bien entendu vos réactions afin de poursuivre ensemble ce travail

de recherche.

Bonnes lectures !

Page 5: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Action(s)

Cabarets-Médiathèques

Nanterre

Compte-rendu

Page 6: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

4 !

Action(s) Une Littérature pour adolescents ?

Compte-rendu Rencontre-déb

C a b a r e t s M ê d U t h è q u e i ,

Une littérature pour ado lescen t s?

( 1 ) Les personnages adolescents de la plupart de ces livres sont mal dans

leur peau, parfois drogués, violents, rejetés par les adultes;

les sujets tournent autour de la mort, de la dureté de ce monde,

de la difficulté d'exister, beaucoup offrent peu d'espoir de sortie..

• Présentation de la soirée et compte-rendu par Tony Di Moscio

Depuis plusieurs années la bibliothèque de Nanterre propose des actions en direction des adolescents, particulièrement du CM2 à la troisième. Leslie Thomas, directrice de la médiathèque, et son équipe (dont Gisèle Montlouis et Jean-Marc Besson) ont désiré élargir leur démarche vers les lycéens en proposant une sélection de titres à deux classes de seconde. Après plusieurs rendez-vous de novembre à mars, la dernière rencontre s'est faite le 27 avril 2004 lors d 'une cabaret littéraire ouvert au public.

Les adolescents sont souvent définis comme un public mouvant et difficile, qui pose problème et qui s'intéresse de moins en moins à la lecture et à la littérature, pris, semble-t-il, par toutes sortes d'autres activités plus importantes. « Ils ne lisent plus », entend-on souvent. Pourtant, ¡1 semblerait que les adolescents lisent, mais pas forcément de la littérature, et pas forcément la littérature que les adultes voudraient qu'ils lisent. Existe-t-il alors une littérature pour adolescents ou du moins une littérature de l'adolescence ? Serait-ce alors un genre en soi comme le polar ou la science-fiction ? Est-ce une littérature qui ne peut intéresser que les adolescents ? Les dix livres aux thèmes difficiles proposés aux deux classes de seconde par les bibliothécaires de Nanterre et leur professeure de français donnent-ils à voir ce qu'est une littérature pour adolescents ou plutôt ce que des adultes pensent être une littérature pour les adolescents ? Quelle image ressort-il alors de l'adolescence ? Et est-ce l'image que les adolescents ont d'eux-mêmes ?

De la littérature pour adolescents Il fallait pour commencer se poser la question de ces textes dits pour adolescents. Les grands courants éditoriaux depuis les années soixante-dix, avec leurs réussites et surtout leurs ratés, ont permis, selon Patrick Borione, de «changer le point de vue des écrivains et des lecteurs adultes sur cette littérature.» Il n'en reste pas moins que le formatage est souvent de rigueur. Certains éditeurs demandent que «le récit se passe aujourd'hui, qu'il soit linéaire, ne comporte pas trop de sauts dans le temps», déclare Claudine Galéa, alors que pour elle l'écriture ne vient pas «d'une volonté mais d'une nécessité.» De la même façon, Jean-Baptiste Coursaud pense que ce qui importe « c'est la voix. Qui parle, comment on vous parle, on vous raconte une histoire. Comment arrive une émotion artistique. A part cela, un roman «sur», on s'en fiche.» Pour Fabrice Vigne, il s'agit aussi de bousculer les conventions : «Mon livre est une réaction contre le genre du roman ado. L'usage de la première personne est souvent démagogique, on l'impose au lecteur pour forcer l'identification. Pour moi, il fallait que cet usage ait un sens et une raison.» Les adolescents ont ainsi été sensibles à la forme autant qu'au fond. La plupart d'entre eux se sont laissé

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emporter par la fluidité du récit mené par Claudine Galéa. Les premières difficultés rencontrées, par exemple par l'absence de majuscules, ont été vite repoussées. Peut-être parce que «l'histoire, c'est une borne qu'il faut dépasser par l'écriture. Ce sont les mots qui déploient la sensation de départ», comme l'explique l'auteure de Jusqu'aux os. Les critères mis en avant par certains éditeurs ont aussi volé en éclat. Le fait que l'histoire d'amour décrite par Claudine Galéa et les références musicales soient celles d'une jeunesse des années soixantedix n'a gêné personne. «Une histoire d'amour, c'est l'amour, peu importe à quelle époque cela se passe», déclare Mélissa Prost. Roxanne Huchon, elle, est plus attentive à la véracité décrite dans certains textes. La forme du récit prise par Fabrice Vigne ne « fait pas vrai» selon elle, «lorsque le personnage écrit à son psy au lieu de lui parler (après sa tentative de suicide), il se moque de lui, il n'écrit pas pour se vider. Ca ne sert pas l'analyse.» Regard critique mais qui touche juste, puisque l'auteur avoue « n'avoir aucun rapport avec le milieu hospitalier. Le dispositif du roman tient dans le fait que le personnage se mette à écrire parce qu'il refuse de parler. C'est une histoire sur la littérature, cela la met à distance.» Ce qui compte tient peut-être dans l'écriture même des histoires, mais les adolescents sont sensibles à ce qu'elles leur proposent comme vision du monde.

Une recherche d'identification ? Une des grandes questions de la rencontre a été de cerner ce qu'on cherche dans la littérature. Pour Patrick Borione, «on ne lit pas pour rien mais pour mettre des mots sur ce qu'on est en train de vivre.» Il semble bien en tout cas que la question soit au centre des lectures adolescentes. Le témoignage de Mathieu Guilhem est à cet égard très parlant : «Je me suis retrouvé dans Les Délaissés, si j'avais vécu dans les mêmes conditions que le personnage, j'aurais été le personnage.» C'est aussi un moyen pour lui de trouver des histoires «qui touchent à (ses) problèmes et à ceux de (ses) amis.» La place de la lecture apparaît aussi comme une solution à la solitude, comme une ouverture sur le monde. « Si j'écris, c'est parce qu'ado, j'étais seule. La lecture me permettait d'aller ailleurs », affirme Claudine Galéa, relayée par Mélissa Prost qui pense que « les ados se reconnaissent dans leurs lectures. En lisant, ça fait du bien de savoir que l'on n'est pas seule à connaître tel ou tel sentiment. On peut se réfugier dans la lecture. » Même constat pour Fabrice Vigne qui dit avoir écrit son livre, 73, pour «(lui) quand (il avait) seize ans.» Le débat prend un autre tour après l'intervention de Jean-Baptiste Coursaud. Il interroge les jeunes du public sur leurs recherches de lectures différentes de celles proposées dans la liste. Des lectures qui sortiraient un peu du « réalisme social.» Un des jeunes lecteurs avance alors qu'il ne « trouve pas que les livres proposés reflètent les ados qu'il côtoie. Suicidaires, anorexiques : si c'est ça l'adolescence, on est mal barrés ». D'autres réagissent alors : «Il faut des belles histoires, on n'a pas forcément envie de savoir qu'il existe pire que ce que l'on vit. J'aurais lu dix histoires qui finissaient bien, ça m'aurait plu.» Pour Roxanne Huchon, par contre, «les histoires à l'eau de rose, c'est bien beau mais c'est pas la vie. Lire ça montre que tu peux blesser et être blessé.» Loin de vouloir de la littérature à l'eau de rose, Jean-Baptiste Coursaud s'interroge sur «cette

Titres proposés Les D é l a i s s é s , Richard Van C a m p

Ga ïa (Taille Unique], 2 0 0 3

D e s r ê v e s et d e s a s s a s s i n s , Mai ika

Mokkedem - Grasset, 1 9 9 5

Le J e u d e la m o r t . David Almond

Gal l imard (Scripto], 2 0 0 3

J o h n n y C h i e n M é c h a n t , Emmanuel

Dongala - Le Serpent à plumes, 2 0 0 2

J u s q u ' a u x os , Claudine Ga léa

Le Rouergue (La Brunei, 2 0 0 3

M o r d r e le ciel , Gudule

Flammarion (Tribal), 2 0 0 3

Les O r e i l l e s e n p o i n t e , Serge Perez

L'école des loisirs (Médium), 1 9 9 5

P o b b y et D i n g a n , Ben Rice

Calmann-Lévy, 2 0 0 3

TS, Fabrice Vigne

I' Ampoule, 2 0 0 3

La Vie b l u e s , Han No lan

Gal l imard (Scripto), 2 0 0 3

Les Invités J e a n - B a p t i s t e C o u r s a u d , journaliste,

traducteur du norvégien, directeur

de la collection Taille Unique

P a u l i n e D e r r i e n , lycéenne de secon-

de européenne

C l a u d i n e Ga léa , auteure

M a t h i e u G u i l h e m , lycéen de seconde

européenne

R o x a n n e H u c h o n , lycéenne en secon-

de de Science Mèdico-Sociale

M é l i s s a P ros t , lycéenne en seconde

d e Science Médico-Sociale

F a b r i c e Vigne , auteur

Avec le p u b l i c , d a n s la sa l le :

M m e Christofani, professeure

de français et Les deux secondes

du Lycée Joliot-Curie

Page 8: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Une littérature our S e *

Renseignements pratiques :

Médiathèque Pierre-et-Marie-Curie

5, Place de l'Hôtel de ville

9 2 0 0 0 Nanterre

Tél : 0 1 -47-29-51 -51

ou 01-47-29-51-59

tendance à proposer aux jeunes des univers très sombres, pesants.» La réponse vient des auteurs. Pour Fabrice Vigne, «on écrit parce que la vie n'est pas toujours belle. Mon livre s'appelle TS (abréviation pour Tentative de Suicide), mais en fait il ne parle que d'amour.» Pour Claudine Galéa, «il est difficile d'écrire sur le bonheur. C'est une vraie question pour un écrivain. Il n'y a rien de plus ennuyeux que d'être en état de satisfaction. On écrit parce qu'on recherche toujours plus.»

Des parcours de lecteurs La lecture est donc une quête que chacun entreprend par ses propres chemins. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'aucun des adolescents présents ne souhaite se faire enfermer dans un «ghetto» nommé adolescence. «Ce qui me frappe, dit Jean-Baptiste Coursaud, c'est le besoin d'identification et de transgression propre à cette période de la vie. Moi, j'allais à la bibliothèque pour emprunter des disques, j'ai passé toute mon adolescence sans lire. C'est le moment où l'on tente de dire «je», d'agir soi-même et pour soi. Les univers que l'on explore sont là pour nous émerveiller, nous pousser vers quelque chose de plus beau.» Même écho pour Claudine Galéa qui pense que «la littérature permet une échappée dans l'imaginaire car le réel est insuffisant.» Pour tous, en tout cas, il faut jouer de la transgression, braconner, et ne pas s'en tenir aux « collections pour ados». Que dire alors de ceux que l'on appelle parfois «prescripteurs», dont l'école fait d'ailleurs partie ? Car les dix livres, hors programme, ont été proposés dans le cadre scolaire. Pour Pauline Derrien, les jeunes ont été «beaucoup plus intéressés par les livres proposés que par les livres du programme. Cela a incité les élèves à lire ce qu'ils voulaient.» Bonne lectrice, Pauline connaissait déjà certains de ces livres. Pour beaucoup d'autres se fut un réelle découverte. Cela rejoint ce que pense Fabrice Vigne, à savoir que «l'on devient lecteur quand un livre nous parle. Le problème de la littérature à l'école, c'est que le cours de français doit être à la fois une ouverture sur un art et ce qui en apprend les lois. Madame Bovary, il ne faut pas le lire à l'école.» Est-il nécessaire de dire que Mme Christofani n était pas tout à fait d'accord ?

Une chose est sûre néanmoins, les adolescents étaient présents ce soir là (même si cela faisait partie de leurs heures de cours : petit arrangement avec leur professeure de français), les discussions avant la soirée avaient été âpres, et s'il était plus difficile de parler en public, quatre d'entre eux n'ont pas hésité à être au milieu des adultes invités pour parler en leur nom mais aussi se faire l'écho des discussions avec leurs camarades.

Parler de ses lectures, c'est parler de soi, de l'intime. Cela permet aussi des rencontres. Ce fut le cas lors de ce cabaret. Quant à la « prescription » ou la spécificité de la lecture adolescente, laissons la conclusion à Claudine Galéa, énoncée pendant un échange : «Il n'y a pas de règle et je déteste le mot de prescripteur.»

Et si les adolescents étaient finalement des lecteurs comme les autres ? •

Page 9: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Le Dossier thématique

Variations autour de l'adaptation : littératures et cinéma

Kadaptation dans tous ses états

Regard sur deux œuvres Dracula

Robin des Bois

Eadaptation, une trahison fidèle

page 08 à 15

page 16 à 21

page 22 à 27

page 28 à 29

Les dispositifs du cinéma à l'école

Filmographie

page 30 à 32

page 33 à 34

Page 10: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

8 L'adaptation Le Dossier dans tous ses états

Michel Serceau Enseignant-chercheur,

auteur de nombreux articles

et de livres sur le cinéma,

dont L'Adaplation

cinématographique

des textes littéraires, Liège,

CEFAL, 1 9 9 9 ;

Etudier le cinéma,

Editions du Temps, 2 0 0 1 ;

et coordinateur d'ouvrages

collectif dont Le Remake

et l'adaptation,

CinémAction n°53, 1989.

par Michel Serceau Historique

Mode de réception de la littérature par les cinéastes et leurs publics, l 'adaptation est, en tant que démarche revendiquée, artistique et ouvertement culturelle, un arbre qui cache la forêt des adaptat ions implicites, factuelles... et des variations sur le thème et personnages des oeuvres du patr imoine littéraire. Regard historique sur le phénomène .

Cinéma muet et droits d'auteur

On a tourné dès 1898 en Grande-Bretagne une adaptation de Faust (Faust and Mephistopheles, George Albert Smith), dès 1902 aux USA une adaptation de Frankenstein (Frankenstein's Trestle), dès 1908 aux USA et en Italie des adaptations du Comte de Monte-Cristo, roman qui a inspiré depuis une trentaine de films et téléfilms (Alexandre Dumas est sans doute l'auteur le plus adapté, et ce sur tous les écrans du monde). Il y aurait eu dès 1905 en France un film inspiré par Don Quichotte... On pourrait multiplier l'emploi du conditionnel : la plus grande partie de la production du temps du muet ayant été perdue, on en est souvent réduit à des conjectures. C'est dire la difficulté qu'il y a de faire un historique de l'adaptation avant 1929, année où commence à se développer le parlant. Il est néanmoins certain que l'adaptation, aussi ancienne que le cinéma (et même plus ancienne dans son principe : on adaptait déjà au XIXe siècle des romans au théâtre), était dès les premières décennies de son histoire un phénomène important. Le cinéma que l'on a dit longtemps « primitif » mais que les historiens préfèrent appeler maintenant « cinéma des premiers temps » a puisé abondamment, et sans vergogne, dans la littérature. Le cinéma classique en a fait autant. Il n'est pas rare, dit-on, mais le fait est très difficile à vérifier, que certaines années le nombre des adaptations ait dépassé celui des scénarios originaux. La pratique de l'adaptation n'est pas longtemps restée sauvage. On dit que Lew Wallace, l'auteur de Ben-Hur, fit condamner à vingt-cinq mille dollars de dommages et intérêts le producteur de la première adaptation de son œuvre (1907), qui ne lui avait pas demandé son autorisation. On doit depuis longtemps acquérir les droits d'adaptation d'un livre pour le porter à l'écran. Mais cela entraîne parfois des obligations draconiennes. La veuve de George Orwell, le célèbre auteur de 1984, a été intransigeante ; d'où l'extrême fidélité mais l'académisme de l'adaptation de Michael Radford (1984). Il y aura toujours des cinéastes qui s'empareront du sujet d'un livre sans avoir acquis les droits de l'adapter. Ils s'en inspirent, mais ne lui sont pas fidèles. D'où le débat qu'a toujours suscité, au nom du respect du texte, l'adaptation dans les milieux de la culture et de l'enseignement.

Page 11: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Inadaptation culturaliste : un projet esthétique

La pratique de l'adaptation n'est pas restée spontanée. Elle s'est assez vite, non seulement institutionnalisée, mais pensée. Institutionnalisée : pour donner ses titres de noblesse à ce qui n'est encore pour l'immense majorité des artistes et des intellectuels qu'un méprisable spectacle forain, la firme Pathé crée en 1908 le Film d'Art. Dans un premier temps, on puise dans l'Histoire plus que dans la littérature. Mais un mouvement est initié : Pathé crée Film d'Arte Italiano (FAI) et fonde la même année la Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres (SCAGL), qui acquiert les droits d'une partie du patrimoine dramatique et littéraire. Ainsi, se tournent, avant 1914 en France, les premières adaptations conséquentes de Victor Hugo, de Zola... Albert Capellani signe en 1911 Les Misérables, en 1913 Germinal. D'où avant 1914 en Italie, des adaptations d'Othello, de La Dame aux camélias, de Carmen... Via, goût du public transalpin oblige, les opéras qu'ont inspirés ces œuvres. Le mouvement est relancé dans les années 20. La société des Cinéromans, qui s'était jusqu'alors illustrée au sein de la Gaumont dans le sériai1'1, crée les Films de France, une filiale destinée à produire des films dont les sujets seraient plus littéraires. Concurrence avec la Gaumont, émulation... Le projet est cependant quelque peu différent. A l'heure où se construisaient les premières salles en dur, les productions du Film d'Art visaient le public qui fréquentait les théâtres ; elles cautionnaient le bon goût bourgeois. Les adaptations des Films de France seront conçues, elles, pour un public éclectique. « Un même film, écrit son responsable Louis Nalpas, doit plaire à la fois à un égoutier et un académicien, à un coolie et un lord »'2|. Outre Les Misérables (1925), on peut citer parmi les productions des Films de France Matbias Sandorf (1921 ) d'après Jules Verne, et Monte-Cristo (1929), tous réalisés par Henri Fescourt, Don Juan et Faust (Marcel Lherbier, 1 922). L'adaptation est pensée. Henri Fescourt, pour ne citer que lui, ne se contente pas de réaliser. Co-auteur d'un livre, L'Idée et l'écran131, qui est une défense et justification de l'adaptation, il réfléchit sur sa pratique, la théorise.

Des années 1920 aux années 1970, on verra ainsi à plusieurs reprises des réalisateurs, des scénaristes, des écrivains aussi, dont plusieurs deviennent cinéastes, réfléchir sur les spécificités des deux langages (littéraire et cinématographique). L'enjeu est à la fois de trouver des « équivalences » audiovisuelles de l'écriture littéraire et d'affirmer l'autonomie du septième art. Cette notion d'équivalence a été dans les années 1950 théorisée par les scénaristes Aurenche et Bost, raisonnée par le célèbre critique André Bazin, qui a parlé à propos de l'adaptation de la création d'un « être esthétique nouveau ». L'adaptation institutionnalisée procède par élection et corollairement, par retranchement et omission. Se souciant de la dignité du cinéma, répondant à la volonté d'en faire un réceptacle des grandes oeuvres et de leurs messages, elle se soucie de l'écriture, se veut artistique. Elle reste conforme à l'acception classique, scolaire et universitaire, de la culture; elle répond au bon goût, quitte à être académique ou à retomber dans

(1) Issu d'un adjectif américain

qui signifie "d'une série"

ou "de série", le sériai désignait

une série de films de moyen

métrage qui étaient les épisodes

successifs d'un seul et même

récit : un des ancêtres

du feuilleton. Le plus célèbre

des sériais du cinéma français

est Fantômas, de Louis Feuillade,

d'après le roman de Pierre

Souvestre et Marcel Allain.

(2) Cité par Henri Fescourt,

La foi et les montagnes

ou le 7ème art au passé,

Paris, Photo Cinéma/Paul Montel,

1959.

(3) Henri Fescourt

et Jean-Louis Bousquet,

L'Idée et l'écran,

Paris, 1925 .

L'ouvrage est épuisé.

Page 12: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

dans tous ses états

(4) O n ignore trop souvent

qu'ils ont beaucoup adapté

la littérature occidentale.

La palme revient au Comte de

Monte-Cristo, adapté six fois,

puis, ex aequo, à Fanny

et Roméo et Juliette,

adaptés cinq fois.

(5) Le roman de Cain avait été

déjà adapté en France par Pierre

Chenal sous le titre Le Dernier

tournant ( 1939 | film qui, déjà,

transposait l'action,

les personnages et les situations

dans un contexte national.

Les deux adaptations américaines

(la première date de 1948 ,

la deuxième, qui n'est que le

remake de la première,

date de 1975) colleront,

elles, au texte. Mais l'existence

de ces quatre versions

est une source de comparaison,

le support d'une confrontation

qui ne peut que motiver

et vivifier la lecture du roman.

l'académisme. C'est pourquoi je propose de l'appeler - tant pis si le terme peut sembler péjoratif - culturaliste. Plus que le cinéma en lui-même, c'est peut-être la télévision qui joue ici aujourd'hui le plus grand rôle. Que l'on songe aux adaptations récentes des Misérables (2000) et des Liaisons dangereuses (2004) par Josée Dayan. Non que le cinéma ait abandonné l'adaptation, mais l'on n'y monte plus en ce domaine de projets aussi ambitieux. Dans les années 1980, sous la houlette de Daniel Toscan du Plantier, la Gaumont s'était engagée dans une politique d'adaptation de grands romans et de livrets d'opéra, confiée à de grands réalisateurs du moment (citons comme exemple Un amour de Swann, Volker Schloendorff, 1984 ou La Traviata, Franco Zeffirelli, 1982 ; Carmen, Francesco Rosi, 1984) ; elle a bien failli s'y ruiner. Il n'y a guère plus désormais que des co-productions télévision/cinéma.

Il y a eu des moments de cristallisation, des éclairs, mais aussi des éclipses. L'arrivée du parlant ayant suscité une ruée vers le théâtre de boulevard, les classiques ont été dans les années 1 930 négligés. La volonté institutionnelle a fluctué. L'adaptation revendiquée et théorisée n'est pas, enfin, un phénomène universel. Les Américains, mais aussi les Egyptiens14', ont été en ce domaine plus empiriques que les Européens. Ils ont constamment adapté... mais sans proclamer qu'ils faisaient ainsi un autre cinéma. On ne peut donc confondre l'histoire de l'adaptation avec l'histoire des théories du cinéma... et de ses écoles, ou prétendues écoles. On doit se méfier ici de ce que dit la vulgate. Le néoréalisme qui a fleuri dès le lendemain de la Seconde Guerre Mondiale en Italie a été présenté comme un mouvement spontané de retour au réel loin des modèles peu ou prou littéraires du cinéma antérieur. Or La Terre tremble, de Luchino Visconti, l'une des œuvres phare et une sorte de manifeste du mouvement, est une adaptation de I malavoglia, célèbre roman de Giovanni Verga, qui est, toutes proportions gardées, le Zola italien. Ossessionne, du même Visconti, est une adaptation du roman de James Cain, Le Facteur sonne toujours deux fois : un hommage au roman noir'5'. Les cinéastes de la Nouvelle Vague, qui avaient stigmatisé lorsqu'ils étaient critiques le cinéma de la « qualité française » académique et littéraire, qui avaient pris comme tête de turc des cinéastes comme Autant-Lara, adaptateur de Stendhal, ont eux-mêmes beaucoup adapté. Le deuxième long-métrage de Truffaut, Tirez sur le pianiste (1 960), est une adaptation « libre » d'un roman de David Goodis. Truffaut puisera encore dans le fonds du roman noir avec La Sirène du Mississipi (1969) d'après William Irish. Ces romans ont ainsi été mieux connus. Ceux de Pierre-Henri Roché l'Jules et Jim, Les Deux anglaises] seraient, sans les adaptations du même Truffaut, restés confidentiels.

Page 13: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Inadaptation factuelle : le rôle du genre, de l'intrigue, de l'acteur

Où commence et où finit donc l'adaptation ? On est tenté d'opposer à l'adaptation culturaliste une adaptation que j'appellerais factuelle parce qu'elle ne se proclame pas culturelle et/ou parce que, non théorisée sur le plan artistique, elle se fait dans les codes et les normes du cinéma dit de grande consommation. Le projet ne s'affirme et ne s'affiche pas comme culturel. Non qu'il ne serve pas la culture, il n'est pas besoin pour cela, fort heureusement, de décréter. Mais on se soucie moins de créer un être esthétique nouveau, et même un être esthétique tout court, que de donner toute leur force d'adhésion à l'intrigue, aux personnages et selon les cas (le dosage est variable) de restituer le message. On peut même se contenter (le cas n'est, ou tout du moins n'était, pas rare) de faire un remake d'une précédente adaptation.

L'adaptation factuelle peut concerner des oeuvres d'écrivains notoires. Mais ce n'est pas par hasard que, alors qu'il n'y a pas eu moins de quarante-cinq versions des Misérables, aucun « grand » cinéaste n'a entrepris d'adapter Hugo. Ce n'est pas par hasard qu'un immense succès de librairie, Le Seigneur des anneaux, d'un auteur à succès, est préféré aujourd'hui à La Quête du Graal. L'adaptation factuelle n'est pas nécessairement en prise sur les classiques. L'effet-genre y joue à plein ; c'est une de ses caractéristiques que de l'exploiter. Elle ne fait pas de hiérarchie ou ne fait pas du tout la même hiérarchie que l'institution littéraire entre les genres. Parce qu'il est dans la logique du cinéma grand public de privilégier les oeuvres littéraires qui ont conquis ce public. D'où les innombrables adaptations de mélodrames, de romans policiers, de romans d'espionnage, de récits fantastiques, de romans de science-fiction, genres non traditionnels, considérés même par certains comme moins nobles. C'est peu de dire que des formes anciennes et nouvelles ou populaires du roman, qui se soucient davantage d'imaginaire et d'émotion que de littérarité, qui ne sont pas « littérature », trouvent ici un écho, un terrain de diffusion. On a là le témoignage, en amont, en aval ou en marge de la floraison des grandes œuvres du roman classique (de Stendhal à Proust en passant par Flaubert), qui ont transcendé la catégorie du romanesque, de la persistance de ce mode. Si l'on trouve de facto dans l'adaptation culturaliste des films inspirés de romans historiques, de romans policiers, de romans de science-fiction, ce n'est pas l'appartenance à un genre qui intéresse les scénaristes et les réalisateurs. Ils élisent des œuvres d'envergure, voire d'exception, qu'ils isolent ou abstraient de cet ancrage. Au profit, encore une fois, de l'art et du message. Non contente de ne pas être aussi esthétiquement et culturellement ambitieuse, l'adaptation factuelle entretient donc avec l'adaptation culturaliste un écart qui est le reflet d'un écart socioculturel, l'expression, plus exactement, d'un des paradoxes de la réception de la littérature.

Non que les classiques soient oubliés. A la conjonction de l'Histoire, de

Page 14: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

dans tous ses états

M I C H E L Q U I N T

l'aventure... et de la légende, la littérature épique, par exemple, voit sa réception se prolonger. L'Odyssée, qui avait inspiré entre autres, Hélène de Troie (Helen of Troy, Robert Wise) en 1 955, vient encore d'inspirer en 2004 Troie. Le cycle arthurien n'a cessé d'être exploité. On retiendra par exemple Excalibur (John Boorman, 1981 ). Les adaptations de romans d'aventure et de romans historiques abondent : romans de Walter Scott, bestsellers comme Ben-Hur, romans d'Alexandre Dumas et d'autres auteurs populaires du XIX8 siècle : il y a eu encore dans les années 1990 une adaptation du Bossu de Paul Féval [Le Bossu, Philippe de Broca, 1997). Outre l'effetgenre, l'adaptation factuelle utilise ici ce que ¡'appellerais l'effet-acteur. L'interprète principal de cette nouvelle version du Bossu est en effet Daniel Auteuil. L'un des derniers Robin des bois, dans Robin des bois, prince des voleurs (Kevin Reynolds, 1991 ), n'était autre que Kevin Kostner. Pour prendre un exemple encore plus récent l'adaptation du roman de Michel Quint, Effroyables jardins Pean Becker, 2003) est interprétée par André Dussolier, Jacques Villeret et Thierry Lhermitte. Il est incontestable que le casting facilite beaucoup l'accès au film et donc au sujet. Mais on aurait tort de ne voir là qu'une concession au système, qu'une démarche pragmatique. Il faut très certainement réviser l'idée reçue que l'acteur fait écran au personnage du livre ; il en est, lorsque le cinéaste a un véritable projet, une interprétation. Persistance du romanesque, structuration en genres, prégnance de l'acteur, ces traits, aussi anciens que récurrents et persistants, sont consubstantiels au cinéma de grande consommation. Rien de plus logique et banal, dira-t-on : le cinéma est une industrie, le film est un produit fabriqué selon des méthodes tayloristes (Hollywood n'est pas le seul à avoir porté cela à son comble). Mais on n'aura rien dit, en mettant en avant un argument économique qui ne concerne que l'infrastructure, de l'attente du public à laquelle répond, avec le cinéma, l'adaptation. Il faut tenir compte de l'organisation de la production cinématographique en genres, qui calque un mode de production de la littérature toujours vivace en dépit des volontés de rupture de quelques artistes modernistes, qui en prolonge l'audience et l'aura. C'est la superstructure du phénomène.

Il est des genres qui, peut-être, meurent. L'imaginaire du western, désormais historicisé, ne correspond plus à l'horizon d'attente des jeunes générations. Mais il importe de se souvenir que ce genre cinématographique n'aurait pas existé, n'aurait tout du moins pas été ce qu'il a été, s'il n'y avait pas eu en amont une littérature de l'Ouest (on pense au célèbre Johnny Guitar de Nicholas Ray, 1954, adapté du roman de Roy Chanslor) qu'il peut être intéressant de mettre en regard des films. On a là un extraordinaire terrain d'étude des interactions de l'histoire et de la légende. Le développement du film policier à partir des années 1930 est consubstantiel de la montée en puissance, et surtout de la mutation, du genre littéraire. Le sériai et le récit à énigme perdent alors du terrain au profit de ce que l'on appellera plus tard le roman noir. Mais le revers de la médaille est que nombre de romans noirs sont plus connus par leurs adaptations, quand ils ne sont pas connus uniquement par elles. L'expansion du cinéma fantastique dans les années 1930 est liée à

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l'audience croissante du genre littéraire afférent. Mais le cinéma muet s'y était déjà intéressé. Il y avait déjà eu avant 1931, année de réalisation du film de Rouben Mamoulian, quatre adaptations du Cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde (Robert Louis Stevenson), qui donnera encore lieu à bien des adaptations. On remarquera qu'il s'agit d'un roman du XIXe

siècle. Dracula (Bram Stocker), adapté en 1931 par Tod Browning, remonte lui aussi à la fin du XIXe siècle'6'. Quant à Frankenstein, dont le titre complet est Frankenstein ou le Prométhée moderne (Mary Shelley), il remonte à 1818. Mais il s'agit d'auteurs et de romans fondateurs qui n'ont pas eu par hasard une fortune continue au cinéma. On pourrait citer aussi Edgar Poe, dont les oeuvres seront notamment adaptées dans les années 1950 par un cinéaste américain'71, Roger Corman, qui s'en fera une spécialité. Dracula, qui connaîtra notamment un regain d'intérêt en Grande-Bretagne à partir de la fin des années 1950 (Horror of Dracula, Le Cauchemar de Dracula, Terence Fisher, 1958 ; Dracula prince ofdarkness, Dracula prince des ténèbres, Terence Fisher, 1966) n'a pas cessé d'être repris jusqu'à aujourd'hui. La version de Coppola sortie en 1992 offre d'ailleurs un intéressant retour au texte.

Il y a là, dira-t-on, plus, ou tout du moins autant, de variations que d'adaptations. Car beaucoup de ces films brodent considérablement sur la trame, les personnages et les situations du roman de Bram Stoker. La distorsion est encore plus grande, donc, que pour le roman noir : le nom et le thème de Dracula sont connus par l'entremise du cinéma, mais le contenu véritable du roman et sa problématique sont, eux, ignorés. C'est encore plus vrai pour Frankenstein. La confusion du docteur Frankenstein avec le monstre qu'il a créé vivifie une thématique du double qui existe dans le roman, mais elle occulte les - séculaires - figures de l'apprenti-sorcier et de Faust, dont le héros de Mary Shelley est une incarnation. Il n'est pas question de rejeter ces variations. Mais l'adaptation doit renvoyer au texte et non y faire écran. Il faut bien voir que seule la confrontation au texte peut permettre de situer une adaptation, vis-à-vis de la problématique ou du mythe dont le roman est un véhicule. L'audience d'un cinéaste qui adapte des auteurs célèbres ne doit, en particulier, pas dispenser de revenir au texte. On ne doit pas oublier que Kubrick a réalisé The Shining (1979) d'après Shining, de Stephen King, Orange mécanique (A Clockwork orange, 1971 ) d'après le roman homonyme d'Anthony Burgess, paru en 1962. L'aura de Francis Ford Coppola [Apocalypse now, 1979) ne doit pas occulter le fait que ce film est une « libre » adaptation de Au cœur des ténèbres (Joseph Conrad). Un très hardi transfert historicoculturel, mais une marque de la pérennité du récit initiatique.

Le cinéma, l'adaptation, la réception

Adaptation, transposition... ¡1 faudrait ajouter mutation. Si de grands cinéastes ont adapté de grands textes, ils ont aussi eu le génie de s'emparer de textes moins connus, voire de textes de peu d'envergure, peu littéraires et peu culturels selon les critères du goût institutionnalisé, de

(6) Cette version a été précédée

par celle de l'allemand Murnau,

qui ne porte pas le titre

du roman (le film s'intitule

Nosferatu le vampire)

pour une question de droits

non cédés. Il y a eu à sa suite

une vague d'adaptation.

(7) O n notera que la première

adaptation de La Chute

de la maison Usher (Edgar Poe)

date de 1928,

et qu'elle est l'œuvre

d'un français, Jean Epstein.

Page 16: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

dans tous ses états

|8) Le film de jer ry Lewis

ayant donné lieu à un remake,

on est allé encore plus loin ensui-

te dans le registre

de la bouffonnerie, au risque

de voir le sujet se perdre

complètement :

le professeur Foldingue

(The nully professsorj,

Tom Shadyac, 1996 ,

avec, dans le rôle-titre,

Eddie Murphy.

genres littéraires n'ayant, quoique très productifs et très consommés, pas la même aura culturelle que le roman (ou le théâtre) classique, d'œuvres appartenant à des genres que le goût n'a pas encore consacrés... et ce pour en faire de grands films. Alfred Hitchcock illustre très bien, parmi d'autres, ce cas de figure. Sueurs froides (Vertigo, 1957) vient de D'entre les morts (Boileau et Narcejac, 1954), Les Oiseaux, d'une nouvelle de Daphné du Maurier. Pour prendre un autre exemple, tout récent, Minority report (Spielberg, 2003) est l'adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick (dont Ridley Scott avait déjà adapté Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, ce qui avait donné Blade Runneren 1982). Il est clair, donc, que l'adaptation culturaliste n'est que la face émergée d'un iceberg. Il faut savoir, par exemple, que le cinéma ne s'est pas contenté d'adapter le Carmen de Bizet, mais qu'il est revenu plusieurs fois à la substance de la nouvelle de Mérimée. C'est ce que fit déjà Jacques Feyder en 1926. Le sujet a d'autre part été actualisé, en Italie (Carmen 63, Carmen di Trastevere, Carminé Gallone, 1962), en Espagne même (Carmen, Carlos Saura et Antonio Gadès, 1 983). Mais le cas le plus intéressant est peut-être Carmen Jones (USA, 1954, Otto Preminger). Parce c'est une passionnante transposition : l'action est située dans l'Amérique du moment (pas de cigarière donc, mais une plieuse de parachutes ; pas de toréador, mais un boxeur) et tous les protagonistes sont des noirs. Mais aussi, et surtout, parce que l'actualisation n'évacue pas le cadre esthétique originel : adapté d'un opéra créé à Broadway qui était lui-même une adaptation de Bizet, le film en conserve la musique. Il est fait selon les codes de la comédie musicale, genre dans lequel évolue aussi West side story (Robert Wise, 1 961 ). Or West side story est un avatar de Roméo et Juliette ; ce n'est pas le seul. Mais il est aussi de féconds changements de registre. Ruy Blas a donné naissance à La Folie des grandeurs (Gérard Oury, 1971 ), film qui, non content de transposer la pièce dans le registre du burlesque, voit les personnages de Hugo interprétés par Louis de Funès et Yves Montand. La trame n'en est pas moins respectée. Pour reprendre un des exemples de livres fondateurs cités tout à l'heure, Le Cas étrange du Docteur Jekyll a été transposé et interprété par Jerry Lewis dans le registre de la comédie : Docteur Jerry et Mister Love (The nutfy professor, 1963). Les personnages et les situations y sont actualisés : un moyen de déconstruire des traits dominants de la mentalité américaine181. Avec Brazil (1985), Terry Gilliam a réussi à introduire l'humour dans une adaptation très libre du 1984 de George Orwell. Utilisant par ailleurs des codes de la science-fiction, le film fait rebondir la thématique d'un roman qui pouvait paraître passéiste.

Il est clair, donc, que l'on étudiera peu de chose de cet immense phénomène qu'est l'adaptation cinématographique si on l'envisage uniquement à partir de quelques titres et noms d'auteurs prestigieux, si on la circonscrit à un panthéon littéraire. Il est clair aussi que l'adaptation est elle-même un arbre qui cache une forêt. Pour une adaptation institutionnelle, culturelle, et même factuelle, combien en effet de films qui,

Page 17: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

ne se désignant pas et ne pouvant même pas être désignés comme adaptations, vont néanmoins puiser dans le patrimoine littéraire ? Don Juan et Sganarelle s'incarnent dans les deux personnages contemporains imaginés par Dino Risi dans Le Fanfaron [Il sorpasso, 1962), joués par Vittorio Gassman et Jean-Louis Trintignant. Le mythe le cède sans doute à l'analyse des mentalités (le film prend pour cible l'Italie du miracle économique). Mais on a là un bel exemple d'actualisation propre à nourrir le débat sur les personnages.

Un champ encore à explorer

Variations sur les textes, multiplicités de lectures... qui ne témoignent pas moins d'une réception de la littérature par le cinéma. Une réception qui déborde, certes, le cadre, les normes et les codes de l'adaptation culturaliste, mais qui ne trahit pas pour autant la littérature. La réception est en effet plus que la transmission. L'œuvre originale n'est pas seulement transmise : elle n'est pas formellement et académiquement transcrite, pas nécessairement respectée dans ses formes ; mais elle l'est dans son fond. Coulé dans d'autres formes sans pour autant disparaître, le texte rebondit au contraire, est actualisé, interprété... Reste à savoir si, et comment, l'interprétation du scénariste et du cinéaste alimente le désir de lecture du spectateur, si celui-ci s'approprie cette interprétation, s'il fait ou refait mouvement vers le livre. On se doute bien que selon les cas, les réponses sont fort diverses. Mais qu'une telle question existe justifie que l'on diffuse cette forêt d'adaptations, de versions et variations, que les enseignants et les animateurs les fassent connaître aux jeunes, les mettent en relation avec les textes. Pas plus pour brûler sur un bûcher les adaptations culturalistes que pour sacrifier à la modernité. Tout simplement parce que cela témoigne de la vie des œuvres littéraires dans les consciences, les mentalités. On peut regretter qu'il soit fait là quelque peu économie de l'écriture. Mais, aller de l'adaptation au texte peut être l'occasion d'en prendre conscience, de s'y initier. Et n'a-t-on pas là la preuve que ces œuvres sont, avec leurs personnages et leurs thèmes, des parts intégrantes de la psyché, qu'elles ne peuvent être statufiées, muséographiées comme tend trop encore à le faire la culture scolaire et universitaire ?

La volonté de promouvoir le cinéma en tant que septième art et/ou de sacraliser la littérature a fait que l'adaptation a été peu prise en compte. La religion du texte et de l'écriture, la fidélité à l'œuvre ont motivé la suspicion, voire le refus. D'où la frilosité des enseignants. Les questions que posait la pratique de l'adaptation quant à la réception de la littérature ont été mises, donc, sous le boisseau. Si les choses ont depuis un certain temps changé, le monde de référence des milieux avisés reste l'adaptation culturaliste. Le champ des adaptations factuelles, des versions et variations sur les textes... et peut-être surtout sur les thèmes, le riche réseau des relations intertextuelles, restent à exploiter. •

Page 18: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

16

Le Dossier

Regard Dracu

l sur deux œuvres ila

par Isabelle Debouvère • - Anne Thonus Analyse

1 ) Basé sur le roman traduit par Lucienne Molitor,

Actes Sud (Babel), 2001.

(2) Voir pour plus de détails la bibliographie

en fin d'article.

(3) L'érotisme du vampire prenant de plus en plus

le pas sur son caractère au fil des adaptations, Jean Marigny qualifie très joliment la représentation moderne

de Dracula d'équivalent masculin de la femme fatale - une forme de « vamp »,

en quelque sorte !

Dracula, éternel séducteur de la littérature

Entré dans la légende grâce au cinéma, le personnage de Dracula fascine toujours . On ne compte plus les versions écrites et visuel-les qui présentent le monstre comme un séduisant vampire, amoureux de belles conquêtes et de chair fraîche. C'est oublier un peu vite le caractère sinistre du Comte des Carpates, inventé par Bram Stocker en 1897. Un roman qui a quelque peu vieilli, mais que l'on a plaisir à mettre en résonance avec ses adaptat ions les plus marquantes .

Résumé de l 'œuvre originale11 '

Le Comte Dracula attire dans son lugubre château des Carpates un jeune clerc de notaire, Jonathan Harker, afin de régler l'achat d'une propriété. Son dessein est de s'établir en Angleterre pour y créer une nouvelle race d'esclaves nourris de sang, les vampires. Arrivé en Grande-Bretagne, sa première victime est une jeune aristocrate. Pour contrer l'hécatombe qui s'annonce et faire reculer le monstre, un petit groupe s'organise sous la direction du professeur Van Helsing. Farouchement unis contre le maître des vampires, ils poursuivent Dracula, l'obligeant à battre en retraite en Transylvanie, où ils parviennent enfin à l'anéantir.

Genèse et contexte historique

Quelques romans anglais et français utilisent la figure du vampire de manière plus ou moins réussie quand Bram

Stocker, journaliste irlandais, publie Dracula en 1897 ! ! :. Il combine plusieurs sources, étudie le folklore roumain

si riche en matière de vampires et s'inspire d'un personnage réel, le guerrier redouté Vlad IV, surnommé Tepes

(l'Empaleur) - Dracula (le Diable), qui vécut au XV' siècle en Volachie (le cruel voïvode ne s'abreuvait guère

du sang de ses victimes, contrairement à Erzsébet Bathory, comtesse hongroise qui, au XVII' siècle, buvait le

sang de demoiselles et se baignait dedans, pensant s'assurer ainsi une jeunesse éternelle). Mais le récit de

Stocker reste bien campé dans son époque. Le pays est alors traumatisé par Jack l'éventreur et, un sens,

Dracula peut être perçu comme un sériai killer. Démon étranger, Dracula cristallise la crainte d'invasion qui

angoisse les mentalités du XIX' siècle. Les voleurs victoriennes, corsetées de bienséance et de morale religieuse,

imprègnent le roman et lui apportent sa patine manichéenne. Côté littérature, l'atmosphère angoissante du

roman s'inscrit directement dans la lignée des romans gothiques, où poésie et horreur délivrent des sensations

fortes et contradictoires au lecteur. L'érotisme trouble des scènes de vampirisation - très osé dans ce contexte

prude - ajoute une note sulfureuse au tableau3. Si le roman connaît un succès mitigé à sa parution, le théâtre,

et surtout le cinéma, s'en empareront rapidement. La légende évolue désormais hors de son œuvre originelle.

Page 19: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Lire Dracula au jourd 'hu i

Le récit est rythmé par l'enchaînement de pages de journaux intimes, de lettres et coupures de presse, offrant des angles d'approche variés. Certaines scènes présentent une réelle qualité d'écriture et d'ambiance, dans le plus pur style gothique. Par exemple, le romantisme ténébreux qui auréole les femmes-vampires dégage une vraie force poétique. Par contre, le lecteur constate avec surprise le caractère intégralement négatif du personnage de Dracula. Certes, il fascine ses adversaires par son intelligence et sa force surhumaines, mais l'auteur le présente sans concession en véritable Antéchrist. L'image romantique d'un être déchiré par des interrogations existentielles ou un amour tragique n'existe pas. Le message est précis : la victoire du Bien doit être sans appel. Manichéen et moralisateur, le roman baigne dans des références constantes au catholicisme. L'ouvrage peut d'ailleurs sembler pesant à plusieurs égards. La lenteur d'exposition des événements qui permettent de découvrir la nature exacte du vampire (point d'orgue du roman) apparaît artificielle et fastidieuse pour qui sait d'emblée qu'il a affaire au vampire. Quant aux protagonistes, ils manquent singulièrement d'épaisseur. Enfin, le roman ne développe pas de véritables questions philosophiques, contrairement à Frankenstein, par exemple. Hormis ces « déceptions » dues aux attentes nourries par le cinéma, on lit aujourd'hui le roman avec une curiosité quasi historique. Le plaisir de revenir à l'œuvre originale pour mieux en apprécier les différents avatars est évident. Sans cette référence essentielle, les adaptations perdent une grande partie de leur force.

Dans la veine originelle, le Dracula d'HippolyteC4) : taille douce et récit noir

Cette mise en bande dessinée proposée par Hippolyte se veut très proche de l'œuvre de Bram Stocker. On retrouve bien l'intégralité et l'esprit des séquences du roman, à quelques détails près. Les lecteurs qui n'auraient pas le goût de se lancer dans les six cent pages de l'original, mais qui souhaiteraient connaître une mise en image fidèle, y découvriront une transposition réussie et riche sur le plan graphique. D'entrée, sur la magnifique couverture aux tons safranés et aux motifs orientaux, le portrait griffé de Dracula s'impose. Il s'offre une place centrale, majestueux et malfaisant personnage venu d'une contrée exotique. L'épisode fantastique de L'Invité de Dracula lance le récit qui s'achève dans ce premier tome sur la mort de Lucy. Dans l'esprit d'un beau travail à l'ancienne, Hippolyte privilégie la carte à gratter, au trait affiné et minutieux, ainsi que la gouache pour quelques tableaux. Le résultat est élégant, sombre, étonnant. Le récit s'inscrit dans la part obscure du monde, le soin apporté aux ombres le reflète bien. Les variations de couleurs aux tons très proches - palette boisée, grisée ou sanguine - cadencent le récit sobrement. Seules les pages de coupures de presse, aux effets jaunis de vieux papier, apportent une respiration de l'extérieur. Conformément au principe de la collection15', l'auteur

|4) Hippolyte.

Dracula, tome /. Glénat (Carrément BD), 2004 .

H i p p o l y t e est un jeune

illustrateur, issu de l'Ecole Emile

Cohl de Lyon (d'où viennent aussi

François Roca et Emre Orhun).

Bibliographie : M r Paul (Alain

Beaulet, 2001) , Contes et

Légendes des héros de montagne

(Nathan, 2001) , Contes

Slovaques (Syros, 2001) ,

Chansons de Téléphone en bande

dessinée (Petit à Petit, 2002) .

Site personnel :

www.hippolyteartwork.com/site.htm

[5) A travers un format carré inhabituel, la collection Carrémenl BD invite les illustrateurs à se réapproprier la page en faisant éclater les structures habituelles des cases. Le mode de narra-tion s'en trouve largement modifié.

Page 20: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Regard sur œuvres

(Ó) Luc Lefort, Blutch. Dracula. Nalhan (Albums), 2004 .

La collection Albums propose l'adaptation en textes illustrés de classiques

de la littérature, comme L'Ile au trésor, tes Misérables, Dr Jeckyll et Mr Hyde.

Luc Lefort L'Etrange cas du Dr Jekyll et de

M. Hyde ; ill. Ludovic Debeurme,

Les Misérables ; ill. Gérard

Dubois, (Albums Nathan, 2 0 0 1

et 2002) , Ali Baba et les quaran-

te voleurs ; ill. Emre Orhun

(Nathan, 2000) ,

Blutch Illustrateur d'une trentaine

d'ouvrages, il a notamment

collaboré à la revue Fluide

glacial et à la série fleuve Donjon

Monsters (Delcourt, 2003 )

déstructure le format classique des cases : dans ces pleines pages aux peintures saisissantes, ou au contraire dans l'amoncellement de scènes et de portraits, l'œil est sollicité chaque fois de manière différente. L'auteur reproduit, par ces variations subtiles, la multiplicité des points de vue qu'il reprend comme ressort narratif essentiel. Le ton est résolument noir et dégage une certaine tristesse. Certains portraits ressemblent à des icônes orthodoxes ; les costumes et les visages anguleux portent l'austérité victorienne en eux : les corps sont bridés, les cœurs angoissés. La dimension érotique du baiser du vampire est totalement occultée, d'ailleurs, les trois femmes-vampires, esclaves envoûtantes de Dracula chez Stocker, montrent ici des visages de sorcières. Mais soudain, au détour d'une page, quelques portraits à la gouache éclatent de couleur, comme des personnages de Mattoti venus saluer le lecteur. Ce sont Dracula et Lucy, mordue par le vampire, qui portent sur eux cette étonnante différence de nature - une vie plus douloureuse et plus intense se devine en filigrane. On brûle de connaître la suite...

Le Dracula de Lefort et Blutch"11 : une histoire gothique postmoderne

Dans cette version très libre de Dracula, l'accent est mis sur la modernité de l'histoire. Le rythme est rapide, l'identification avec les personnages est favorisée. On y trouvera nombre de références littéraires, autant de pistes de lecture pour amateurs du genre I On apprécie, en outre, de ressentir un malaise bien particulier, loin de la désormais fausse révélation de la nature du vampire, mais qui, ici, a trait à quelque chose de plus... primitif. Luc Lefort abandonne la formule épistolaire au profit d'un roman court, aux chapitres calibrés qui s'enchaînent rapidement. Le récit plante un décor gothique stéréotypé et met en scène des adolescents de la bonne société anglaise au comportement très actuel. Les jeunes gens sont nerveux, parfois désagréables entre eux. Le Mal s'abat sur eux comme l'orage, annoncé par un vieux marin porteur de croyances superstitieuses. Le récit, bien mené, prévaut par son atmosphère travaillée de petites touches gothiques, au jeu de référence littéraire appuyé. L'auteur prend manifestement plaisir à introduire des noms de la littérature fantastique anglo-saxonne du XIXe siècle, comme le personnage de la droguiste, Mme Shelley (!) ou celui de « Dorian » Renfield. L'attention se ressert sur l'histoire d'amour naissante entre Mina et Jonathan Harker, à qui la victoire sur le monstre revient in fine. La couverture montre le cou d'une jeune fille percé de deux morsures, tandis que des mains monstrueuses effleurent sa nuque : la connotation sexuelle est ici mise en évidence.

Le texte fonctionne étonnamment bien en écho avec les illustrations de Blutch. Pleines pages, médaillons en tête de chapitre ou cul-de-lampe, les images rythment le récit et installent une ambiance d'une mélancolie inquiétante, comme celle que l'on peut ressentir face aux tableaux de Munch. Le malaise s'impose d'abord par le regard opaque des personnages qui n'ouvre aucune fenêtre sur leur âme. Même les scènes estivales se teintent

Page 21: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

d'étrangeté : illustrées un peu à la manière d'Edward Hopper, ces tableaux familiers, aux couleurs chaudes mais à l'esthétisme figé, préfigurent un drame à venir. La folie est latente. Le pastel écrasé des tableaux griffe chaque illustration comme des marques de pulsions primitives. Scènes d'extérieur ou portraits, quelques-unes délivrent une sensation de malaise sourd que l'on trouve parfois dans certaines œuvres d'Art brut. Le portrait de Renfield, le malade mental, est à ce titre saisissant. Le masque hideux et déshumanisé de Dracula et d'une Lucy vampirisée étouffe quant à lui toute tentation d'empathie romantique. Ils incarnent la sauvagerie, l'irrationnel. Et si le lecteur contemporain ne frémit plus en imaginant un vampire, il reste très impressionnable et déstabilisé face à la brutalité morbide d'un psychopathe... I.D.

Dracula, sur l'écran noir de nos fantasmes

Chaque décennie a produit sa ou ses versions cinématographiques de l'histoire du plus célèbre des vampires, inspirant même Andy Warhol et Alain Robbe-Grillet ! Aujourd'hui, on en compte presque trente. Support de fantasmes intemporels (peur de l'invasion, soif d'immortalité, sexualité crainte et recherchée), Dracula se prête aux interprétations multiples des réalisateurs. Symbole du mal absolu à ses débuts, il se complexifie au fil des œuvres et acquien peu à peu l'aura délicieusement ambiguë d'un être au romantisme ténébreux. Nous avons retenu les titres qui ont joué un rôle décisif dans la construction de la légende.

En 1922, l'allemand F.W. Murnau adapte pour la première fois à l'écran le roman de Bram Stoker, avec Nosferatu le vampire. L'auteur n'est pas crédité au générique car il n'a pas pu acheter les droits. Il réalise son film en changeant simplement les noms des personnages - Dracula devient le Comte Orloc et conserve plus ou moins la trame principale de l'histoire de Stoker. Le comédien Max Shreck interprète un vampire cauchemardesque : le comte Orloc, très maigre, aux longs doigts crochus et aux oreilles pointues, évolue dans une posture voûtée, d'une raideur cadavérique et d'une lenteur terrifiante. Un ¡eu d'ombres effrayant accompagne sa silhouette décharnée, tandis que le déroulement muet de l'intrigue plonge le spectateur dans une fascination angoissée. La beauté des images confère au film une aura poétique toujours aussi prenante. Fortement imprégné du contexte culturel et politique de l'Allemagne des années 20, Murnau y exprime son dégoût et sa révolte nourris par les horreurs de la guerre. Certains spectateurs ont même vu dans ce film une préfiguration de l'horreur nazie : Nosferatu évoque fortement l'ombre de la mort qui avance sur l'Allemagne. Murnau établit d'ailleurs un parallèle entre le vampire et la peste (de peste à peste brune...). Cette version de Dracula reste un monument du film de terreur et de poésie, absolument incontournable.

Anne Thonus Créatrice de la librairie

Les Soeurs Lumière,

spécialisée dans l'adaptation

de livres à l'écran.

Page 22: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

1922

F.W. Murnau,

Nosferatu le vampire*

avec Max Schreck

1931

Tod Browning,

Dracula

avec Bela Lugosi

1958

Terence Fisher,

Le Cauchemar de Dracula

avec Christopher Lee

1 9 7 9

Werner Herzog,

Dsferatu, Fantôme de la nuit

avec Klaus Kinski

et Isabelle Adjani

1992

Francis Ford Coppola,

Dracula*

avec Gary Oldman

et W inona Ryder

Dracula

2002 Guy Maddin ,

pages tirées (JUUCO MICCO du journal d'une vierge

avec Zhang Wei -Qiang

[* | Les astérisques signalent les titres disponibles à l'ADAV,

autorisés au prêt et à la consultation.

Hommage direct au génie de Murnau et à l'expressionnisme allemand, Nosferatu, fantôme de la nuit est réalisé en 1979 par l'allemand Werner Herzog. Il reprend les mêmes scènes que dans la version de 1922, le son et la couleur en plus. On lui reprocha de n'être qu'un plagiat sans la poésie macabre de l'original, un simple exercice de style. Herzog utilise un rythme particulièrement lent et un jeu de d'acteurs minimaliste. L'intérêt de cette version se situe dans les différences avec la version de 1922. La plus flagrante se trouve dans le personnage interprété par Klaus Kinski. Celui-ci a la même allure physique que le comte Orloc, mais il est empreint d'une dimension pathétique. Herzog exprime à travers lui ses angoisses, sa compassion pour les disgraciés, les fous, les criminels égarés. Son film explore une société sombre et cachée, qui porte le mal en elle et détruit l'innocence. Efficace dans l'effroi, offrant un portrait du monstre d'une force inoubliable, c'est un grand spectacle d'épouvante, gothique et sanglant !

Dracula (1 931 ), de l'américain Tod Browning et produit par Universel, est la première adaptation sonore du roman de Stoker, c'est aussi le premier film parlant d'épouvante. L'histoire du film est assez éloignée du roman originel, même si les personnages principaux sont conservés. Tod Browning fait appel à Bela Lugosi pour le rôle principal. Il incarne un nouveau genre de Dracula : son personnage est un dandy maniéré, un aristocrate en queue de pie. On est loin du monstre hideux interprété par Max Schrek I Lugosi est grand, il a un inquiétant accent de l'Est, il se rapproche du personnage fascinant de Stoker. C'est un être charmant au premier abord, qui se révèle éminemment dangereux, rusé, ambigu. Certains critiques ont reproché le jeu statique et outrancier de Bela Lugosi. Mais l'acteur a largement contribué à la notoriété du personnage du comte. Browning ne fait pas vraiment preuve de panache dans sa mise en scène, son film est proche du théâtre filmé. Il n'utilise que très peu de décors extérieurs, peu de musique, quasiment pas d'effets spéciaux. Ici, pas de canines pointues, pas d'artifices, juste des nobles vêtements et un château poussiéreux. C'est peut-être cette sobriété qui a permis au film de traverser les âges avec succès. C'est aussi grâce à ses dialogues ciselés. On se souvient de la fameuse réplique :« I neverdrrrrrrrink... wine I ».

Le Cauchemar de Dracula (1958), de l'anglais Terence Fisher est la première version en couleurs inspirée de Stoker. Il est produit par la Hammer, spécialisée dans les films fantastiques. Contrairement à Universal, plus axée sur les acteurs et les ambiances, la Hammer apporte un soin tout particulier à ses décors et ses costumes, avec un grand luxe de détails. Dans ce film, on s'éloigne du théâtre filmé. Le rythme est étourdissant, rempli de connotations sociales et psychologiques. Terence Fisher a totalement dépoussiéré l'intrigue. Plus dans la variation que l'adaptation, il éclipse certains personnages, en centrant son histoire sur l'affrontement entre Van Helsing et Dracula. Christopher Lee incarne de façon magistrale le personnage du comte. C'est le premier à introduire la notion de fascination qu'exerce Dracula sur ses victimes, avec un

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érotisme qui reste encore très léger. Son Dracula est superbe, c'est un aristocrate charismatique qui se transforme en bête sauvage. On ne peut oublier l'image de ce vampire toutes canines dehors, bavant le sang de sa dernière victime. Ce film sombre fait preuve d'une violence qui n'existait pas dans la précédente version. Il est à la fois poétique et tragique, avec quelques touches d'humour. Le film fut un grand succès public dans le monde entier, malgré de nombreuses critiques dues au parallèle que fait Fisher entre la société victorienne et la société britannique conservatrice de l'époque.

Dracula (1992), de l'américain Francis Ford Coppola, est à ce jour la transposition la plus fidèle au roman, dont il respecte la chronologie. Toutefois, le réalisateur a créé un préambule historique absent de l'histoire de Bram Stoker et qui modifie totalement le regard du spectateur - et s'éloigne par conséquent de l'esprit du roman original I En effet, la mort de l'épouse adorée du guerrier l'amène à réprouver Dieu. Transformé en être désespéré, obsédé par le désir de revoir sa bien-aimée, Dracula quitte son statut de monstre et remporte l'empathie du spectateur. L'histoire se resserre ainsi sur l'attraction atypique et dangereuse entre Dracula et Mina, dont le rôle s'est considérablement épaissi. Le film offre une vision baroque de l'œuvre de Stoker, avec un parti pris esthétique très développé et un casting glamour. La violence est outrancière, gore parfois. Mais plutôt qu'une histoire d'horreur, le film est une romance très noire. Il a rencontré un immense succès à travers le monde, cette version du mythe est certainement la plus connue des adolescents aujourd'hui.

Dracula : pages tirées du journal d'une vierge (2002), du canadien Guy Maddin, est la dernière adaptation à ce jour et, curieusement, c'est une version muette et dansée. Ce film-ballet est interprété par les danseurs du Royal Winnipeg Ballet. Guy Maddin utilise la musique de Gustav Malher avec bonheur. Il réussit à marier parfaitement l'image et le son. Le talent de Maddin à filmer les chorégraphies de Mark Godden envoûte le spectateur. Le film se situe dans le style expressionniste allemand, tourné en super-8 gros grain, avec des intertitres. Les acteurs évoluent, certes, dans des décors de carton-pâte, mais leur jeu expressif nous touche. C'est sans doute l'unique occasion de découvrir un Dracula asiatique, très beau et remarquable danseur ! Avec cette fois, en vrai héros du film : la danse.

A signaler, au moment où se prépare cet article, la sortie de Van Helsing. Le long métrage est produit par Universal, comme l'ont été Lo Momie, Frankenstein, Le Loup Garou et Dracula - monstres auxquels s'attaque le professeur dans cette histoire ! Sans être a priori un chef d'œuvre, on peut le voir comme un hommage au film d'épouvante, genre qu'Universal avait été la première à exploiter en version sonore, avec Dracula et Frankenstein en 1931. L'aventure continue... A.T. et I.D. •

Bibliographie

Sous la direction de Jean

Marigny, Dracula.

Autrement (Figures mythiques),

1997.

Jean Marigny, Sang pour sang :

le réveil des vampires.

Gall imard Découvertes, 1993 .

Sous la direction

de Charles Grivel,

Dracula : de la morl à la vie.

L'Herne, 1997.

Les deux premiers ouvrages, écrits dans un

style vivant et accessible, dotés de

nombreuses références, sont à recommander

vivement à des adolescents souhaitant

travailler sur le sujet.

Jeux vidéos

Dracula Résurrection.

Index, 1999.

Dracula 2.

W a n a d o o édition, 2 0 0 0 .

Page 24: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

22

Le Dossier

Regard Robin

l sur deux œuvres des bois

par Tony Di Mascio et Anne Thonus Analyse

) Cité dans le Dictionnaire des mythes littéraires, article de Laurence Richer.

(2] Un Yeoman est un homme qui possède

et cultive sa propre terre.

(3} Dernière édition du titre publiée

en 1989 chez Flammarion (GF)

ainsi que les œuvres complètes traduites

par Pierre-Yves Badel chez LGF

(Lettres gothiques), 1995.

Robin des bois est devenu le symbole du combat face à l 'oppres-sion. Le chemin a pour tant été long de la légende du simple pay-san rebelle à celle du noble exilé en forêt de Sherwood pour réha-biliter le Roi légitime. Limage de Robin habillé de vert avec arc et flèches doit beaucoup au cinéma. À mieux y regarder, le person-nage est plus complexe qu'il n'y paraît. Mélange de force chevale-resque et d ' immaturi té , Robin a de tout temps fait rêver les auteurs. 11 reste aujourd 'hui une icône qui a dépassé depuis long-temps le personnage de la légende.

La légende

Il est difficile de dater avec précision l'origine de la légende de Robin des bois. Comme toute légende, elle prend certainement racine dans un fait historique aujourd'hui oublié, dissimulé par les différentes adaptations, recouvert par l'imagination collective qui l'a transformée en image d'Epinal, voire en cliché. Provient-elle de l'histoire d'un baron ayant pris ses quartiers dans la forêt de Sherwood en 1 265 comme le pensent certains chercheurs1'1? Si le fait est invérifiable, la légende, elle, apparaît bien pour la première fois dans l'Angleterre du XIIIe siècle. Elle se compose alors de récits de batailles assez violents mettant en scène le personnage de Robin, présenté comme un homme libre défendant sa terre [Yeoman en anglais)'2'. Sous la forme orale de ballades récitées ou chantées, elle se diffuse le plus souvent auprès d'un public de paysans et ne comporte pas de personnage de femme. Marion (ou Marianne) fera sa première apparition dans l'histoire après que celle-ci soit passée par la France. On trouve le personnage, en paysanne, dans le Jeu de Robin et Marion131 d'Adam de la Halle vers 1283. Il faudra pourtant attendre bien longtemps pour que Marianne garde une place définitive dans la légende. Elle n'apparaît par exemple pas dans le texte qui permettra au héros de connaître une grand succès au cours du Moyen Age. Apparu après 1400 et comprenant près de neuf cents vers, Une Geste de Robin des Bois (A Gest of Robyn Hood), est un récit épique qui conte les aventures de Robin contre le Shérif de Nottingham. Il met également en scène un roi, vraisemblablement Edouard II. Robin est toujours un Yeoman, comme la plupart des protagonistes. Son personnage au statut d'aristocrate n'apparaîtra qu'au XVIè siècle, lorsque le public de cour s'emparera de l'histoire. C'est également à cette époque que la légende se greffe aux fêtes de Mai (May Day), les célébrations païennes du renouveau de la nature. Elles sont l'occasion de danses dont le principal protagoniste est Jack in the green, sorte de lutin sylvestre. Certaines pièces anonymes mettant en

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scène Robin seront destinées à y être jouées. Très vite, le lien entre les deux personnages se fait. Il donnera avec le temps l'image hybride de Robin des bois, noble choisissant de retourner dans la nature et s'y coulant jusqu'à en prendre les couleurs, tant que l'ordre et la norme sont bafoués. Mais Robin est aussi celui qui attend le retour du père (le Roi) dans le giron de la mère (la forêt). Plusieurs épisodes montreront ainsi Robin et ses compagnons comme des enfants joueurs, ripailleurs, refusant de grandir, de s'investir affectivement et sexuellement. A n'en pas douter, entre Jack in the green et Robin, le chevalier sans armure, l'image de Peter Pan a trouvé une place à ne pas négliger.

Les étapes de la légende

Au fil des versions, le lecteur retrouve, à travers des états différents, une structure, des personnages et des étapes similaires dans le récit. Ces éléments ne sont pas utilisés dans tous les textes (ils sont apparus à des périodes différentes), mais lo totalité forme un trame assez complète de In légende.

Les compagnons - Frère Tuck : c'est le moine bon vivant. Il semblerait que le personnage, apparu à partir du XVIe siècle provienne

directement des récits rabelaisiens. - Much le cordonnier : un des premiers et des plus fidèles compagnons de Robin - Petit Jean : contrairement à ce que laisse entendre son nom, c'est un colosse. Il fait également partie du peu de personnages (avec Much) à assister à la mort de Robin dans certaines versions.

• Lady Marianne : Marion ou Maid Marian selon les veraons. Tour à tour jeune fille ou déjà femme, promise à Robin ou simple amie, elle ne prendra son statut de noble qu'à partir du XVIe siècle.

Les ennemis - Le Shérif de Nottingham : symbole de l'ordre à combattre, le shérif se trouve dès l'origine dans lo légende. Il

semble donc que le personnage soit irrémédiablement lié à Robin - Guy De Guisbourne : il apparaît au moment où le personnage de Robin devient un noble. Il peut être vu

comme le mauvais côté de la noblesse, celui qui a choisi le camp des traîtres au Roi. • Jean sans Terre : frère félon de Richard Cœur de L'on. Contrairement à l'idée reçue, ce personnage n'apparaît pas dans toutes les versions , et pas seulement pour des raisons historiques (les premières versions de la légende font référence à Edouard II et pas à Richard).

Les « scènes types » - Robin décide de s'installer dans la forêt de Sherwood. - Un riche voyageur se trouve forcé à partager le repas des rebelles. Ils lui font ensuite payer ses agapes. - Un moine se fait voler ses affaires parce que c'est un menteur (il dit ne rien posséder. - Robin affronte frère Tuck (et perd le combat). Il deviendra un de ses plus fidèles compagnons. • Le Shérif tombe dans un piège en pensant capturer Robin. - Robin se déguise en potier (pour entrer au château, assister à une exécution et libérer les prisonniers, e tc . . . ) . • Le tournoi de tir à l'arc, devenue LA scène de référence. - La réconciliation avec le Roi (elle est généralement prétexte à une scène où Richard se fait reconnaître après

avoir provoqué et affronté Robin oralement). - La mort de Robin, tué par l'abbesse de Kirkleigh (parfois sœur de Guinsbourne, parfois amante. Dans plusieurs

versions, cette abbesse se venge de la mort de son «aimé»), - Robin rire une dernière flèche : il sera enterré à l'endroit où elle se plantera (plusieurs versions utilisent plus ou moins habilement cette partie de l'histoire).

(4) Voir les ouvrages de Michael Cadnum et de Manu Larcenet qui utilisent habile-ment, chacun à leur manière, l'importance du lien tictionnel

entre Robin et le shérif

(5) Y compris au cinéma. Le film avec Kevin Costner ne garde que le shérif de Nottingham, par exemple.

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Regard sur

(6} Robin des Bois : le proscrit, J'ai lu, 1997

et Robin des Bois : le prince des voleurs, J'ai lu, 1996

(7) Voir Cécile Boulaire : Le Moyen Age dans la littérature pour enfants et les nombreuses parutions dans Vaillant et Pif

de 1966 à 1974.

(8| Pierre Dubois, Robin des Bois, Casterman (Epopée), 1997 et

la Chute de Robin des bois, Casterman (Ami de poche), 1982 (épuisé)

(09) Michael Morpurgo, Robin des bois,

Gallimard-Jeunesse (Folio junior), 1998

(10) Le Roi Arthur, Gallimard jeunesse

(Folio junior), 1998.

Dans le respect de la tradition

En mettant en scène Robin des bois dans son Ivanhoé (1819), Walter Scott va introduire des traits qui marqueront nombre de textes ulté-rieurs. Il est le premier à situer l'histoire au sein de la célèbre opposi-tion entre Saxons et Normands et lui donner ainsi une légitimité his-torique. C'est pourtant une pure invention. Il va également installer dans l'imaginaire collectif un Robin noble. Enfin, il va lui donner la place, qu'il occupe encore, de chevalier sans armure, en comparai-son avec Arthur ou, justement, Ivanhoé. Ces traits vont courir tout au long du XIXe siècle permettant ainsi à Alexandre Dumas de s'emparer de la légende. Publiés à titre posthume, Le Prince des voleurs et Robin Hood le proscrit""' (1872, 1873) donnent au public français une approche de Robin bien loin des références anglo-saxonnes aux fêtes païennes. Le récit qui compose Robin Hood le proscrit, est, par exem-ple, une succession de coups pendables commis par Robin à l'encon-tre de divers personnages symbolisant l'autorité ou la richesse. Ces textes, bien que paraissant un peu désuets, sont la porte d'entrée de la légende dans la France contemporaine. C'est par eux, au début de cette époque industrielle, que le personnage de Robin va s'ancrer profondément dans la culture populaire à travers son rôle de défen-seur des nobles causes. L'image restera. Pour preuve, les éditions communistes, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, ne seront pas en reste pour exploiter cette veine sociale17'.

Les romans contemporains pour la jeunesse

Pierre Dubois est l'auteur français resté le plus près de l'histoire origi-nelle. Servis par une langue riche et imagée très inspirée du rythme et des scansions des ballades, ses deux romans181 mêlent avec habile-té les scènes d'action et une grande profondeur psychologique. En particulier dans La Chute de Robin des bois, où Robin vieillissant tente de retrouver la fougue de sa jeunesse. Il refuse l'endormissement de ses compagnons et l'hypocrisie de Richard : tous sont devenus des notables peu soucieux de leurs justes combats d'autrefois. Il va alors décider de retourner en forêt, seul. Dubois revient à l'imagerie des fêtes de mai en décrivant un Robin en osmose avec la nature, s'y fon-dant au point de devenir lui-même presque végétal. On y retrouve aussi le refus de grandir propre au personnage, toujours tenté de retourner dans le giron maternel de la forêt, mais cette fois avec des accents tragiques. Ce sont ses propres compagnons et même Marianne que Robin doit combattre pour y rester.

Du côté des auteurs anglais, le plus original, par son approche nar-rative, reste Michael Morpurgo109'. Reprenant le procédé utilisé dans sa version du Roi Arthur"0', il met en scène un jeune garçon décou-vrant de nos jours, d'une manière fortuite, les restes de Robin. Par le

Page 27: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

biais du Fantastique et son talent de conteur, Morpurgo projette son jeune héros, évanoui, dans l'époque médiévale. A travers lui, ¡1 passe ainsi le relais au lecteur d'aujourd'hui pour qu'il continue à faire vivre la légende. Paul Creswick'"' quant à lui, donne à lire une version assez complè-te de la légende. La traduction d'Hachette est plus courte que la ver-sion originale, mais sa qualité en fait un roman agréable à lire. Creswick est aussi un des rares à débuter le récit par la jeunesse de Robin, présenté comme le fils du forestier de Sherwood. On retrouve là l'écho d'un thème classique apparu au XIXe siècle : Robin commen-ce sa vie abandonné en forêt et élevé par un bûcheron. C'est l'ima-gerie de l'enfant trouvé qui fera florès dans maints romans de l'épo-que.

Les iconoclastes

Dans A la poursuite de Robin des Bois1'21, Michael Cadnum revisite l'histoire à travers le regard du shérif de Nottingham. Malgré son titre plein d'allant et une couverture mystérieuse, l'auteur nous livre un récit étonnamment introspectif. Le shérif est un homme tiraillé entre son devoir et sa personnalité : le poids des responsabilités semble l'écra-ser alors qu'il ne rêve que de quiétude et de paix intérieure. Robin est souvent bien loin des préoccupations du shérif, et, lorsqu'il apparaît, l'opposition des deux hommes tient plus à leur statut et devoirs respec-tifs qu'à la querelle de personnes habituellement décrite. Tout en sen-sibilité et en non dit, l'écriture de Cadnum plonge le lecteur dans une histoire d'hommes bien plus complexe que ce qu'en a gardé la légen-de. Tout l'intérêt réside dans ce regard décalé, cette souffrance qui sourd du personnage du shérif qui, lui non plus, comme Robin en forêt, Richard prisonnier, ou Jean sur le trône d'Angleterre, n'est pas à sa place.

Quant à Manu Larcenet avec La Légende de Robin des bois03', il ins-crit par le titre même sa version dans la plus pure tradition pour mieux en faire exploser tous les codes. Robin vit dans la merveilleuse forêt magique de... Rambouillet et son grand âge ne lui a pas épargné «l'affection du Sieur Alzheimer». Larcenet a regardé la légende de près et s'amuse à de multiples références. L'infantilisme de Robin s'ex-plique ici par sa sénilité. La sexualité de Robin et de ses compagnons est aussi évoquée, mais la quête de la belle Marianne se caractérise par un échec cuisant pour ce héros qui ne s'est pas vu vieillir. Bien que dissimulé derrière un humour un peu potache, Larcenet reste fina-lement assez fidèle à l'esprit de la légende. Et le visage du shérif de Nottingham (dessiné sous les traits d'un John Wayne grabataire) com-prenant à la fin du récit que sa vie ne dépendait que de celle de Robin est, finalement, assez touchant.T.D.M. •

(1 1 ) Paul Creswick, Robin des Bois, Hachette Jeunesse (Bibliothèque verte), 1993

( ] 2) Michaël Cadnum.

A la poursuite de Robin des bois,

Flammarion, 2 0 0 3

À la poursu i te de

IÎOBIN DES BOIS

(1 3) Manu Larcenet, La Légende de Robin des Bois, Dargaud (Poisson pilote), 2003

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Regard sur eux œuvres

Filmographie

1922

Allan Dwan

avec Douglas Fairbanks

film muet en noir et blanc

1938 Michaël Curtiz

avec Errol Flynn.

film parlant en couleur

1973

Wolfang Reitherman

(Production Disney)

dessin animé en couleur

1976 Richard Lester

La Rose et la flèche

avec Sean Connery

et Audrey Hepburn

DVD Prêt et consultation à IADAV

1991 Kevin Reynolds

Robin des bois,

prince des voleurs

avec Kevin Costner

DVD en consultation à IADAV

] Mery adventures of Robin Hood, Scribner, 1 883 ; ill. por l'auteur

Robi n au cinema

On trouve environ soixante-dix adaptations cinématographiques de Robin des bois. Nous en avons retenu certaines qui ont marqué leur temps et qui gardent encore un intérêt pour un public adolescent.

Robin des bois (1922), de Alian Dwan. Inspirée du roman de Howard Pyle illustré par l'auteur", cette superproduction est la derniè-re d'une série de films autour de l'Angleterre médiévale produits dans les années 20. Douglas Fairbanks, au sein des Artistes Associés, est à l'initiative du film. Il semble même s'identifier totalement au personna-ge. On peut voir le film comme une métaphore de la position de Fairbanks dans le monde du cinéma : il est producteur indépendant, il a monté sa propre «bande» pour s'extraire de la tyrannie des majors... Dans cette version, une heure entière est consacrée à la croisade. Robin, le comte Huttingdon, accompagne Richard Cœur de lion pour combattre les sarrasins. Etonnamment, Robin est ici noble et chevalier en armure, plus proche en cela du personnage d'Ivanhoé ou de celui d'Arthur. La deuxième partie du film ressemble davantage à l'histoire connue. On y trouve de nombreux morceaux de bravoure : la bataille dans la forêt encerclée par les soldats, le siège de Nottingham, les combats dans le château de Richard. Fairbanks tenait particulièrement aux scènes d'action : le film est rempli d'exploits physiques et d'acro-baties qui deviendront la marque des versions ultérieures de Robin des bois. Ici, Robin est le symbole des institutions à rétablir. Néanmoins, il est représenté comme un homme plutôt immature sentimentalement (comme dans les autres adaptations d'ailleurs) et finalement, ses aven-tures sont aussi (surtout ?) une initiation à l'amour. Le film est à (re)découvrir, comme l'origine des thèmes qui traverseront les autres versions.

Les aventures de Robin des bois (1938), de Michaël Curtiz. On y retrouve beaucoup de scènes similaires à la version de 1922. Le thème de la rivalité entre normands et saxons emprunté à Ivanhoé est par contre très présent. Dans ce film, sans doute le plus célèbre, Robin de Locksley est noble mais porte une tenue légère en toile, cuir et feu-tre, un arc et des flèches. Il apparaît tout de suite comme le défenseur des opprimés. Les injustices, les tortures, voilà ce que combat Robin. Errol Flynn, fin et souple, avec une noblesse naturelle restera l'icône cinématographique de Robin des bois. Les scènes d'action sont filmées de main de maître, le duel final entre Robin et Guy de Guinsbourne est magnifique. Le film se clôt, avec Richard sur le problème de l'égalité entre normands et saxons. Il peut être interprétée comme un écho de la politique rooseveltienne, répandant l'idée qu'un gouvernement légitime peut résoudre les problèmes sociaux et économiques d'une nation. L'audience du film sera internationale et sa vision reste encore très plai-sante aujourd'hui.

Page 29: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Robin des bois (1973), de Wolfang Reitherman. C'est une des ver-sions les plus connues de la légende, même si comme d'habitude chez Disney, le récit est édulcoré. Les humains sont transformés en animaux, empruntant leurs traits au roman de Renart, les personnages infantilisés. Le film n'offre aucune vision politique, Richard n'est pas parti aux croi-sades mais a été hypnotisé par Guy le serpent ! Le récit met néanmoins en avant un aspect de la légende de Robin qui sous tend toutes les ver-sions : l'immaturité. Robin et ses compagnons passent beaucoup de temps à s'amuser. On y retrouve, de façon détournée, les traits d'un autre personnage que Disney a aussi adapté au cinéma : Peter Pan et son refus de grandir.

La Rose et la flèche (1976), de Richard Lester. Beaucoup plus pas-sionnant et profond, le film de Lester est certainement l'un des plus beaux consacré à Robin des bois. Au début du film, Sherwood est envahie de broussailles. Robin a des cheveux blanc, des rhumatismes, Marianne est entrée au couvent, le roi Richard est perverti par des années de guerre et de débauche... Vingt ans se sont écoulés depuis leurs aventures, mais aucun personnage n'est sorti de l'enfance, ils ont toujours des comportements immatures. L'idéal de Robin, trop rattaché à des valeurs devenues obsolètes, explique sa fin tragique . Lester a développé la psychologie des personnages sans négliger les scènes d'action. Tout cela avec beaucoup d'humour et de sensibilité en parti-culier en ce qui concerne le sentiment amoureux entre Marianne et Robin. De surcroît, il offre une représentation du Moyen Age très réa-liste, et accorde un soin particulier aux décors et costumes. Le film, bien que méconnu, offre un parfait contrepoint aux autres versions de Robin et mériterait d'être (re)découvert.

Robin des bois, prince des voleurs (1991), de Kevin Reynolds. L'originalité du film (ça devient difficile d'être original à cette date, vu le nombre d'adaptations existant...) tient surtout à l'introduction du per-sonnage d'Azeem, un maure que rencontre Robin de Loksley dans les geôles de Jérusalem . Il servira de conscience philosophique, lui appor-tant également des savoirs inconnus des anglais. Dans cette version, pas de Jean sans Terre, c'est le fourbe shérif de Nottingham qui pense prendre le pouvoir en épousant Marianne, pupille de Richard. Il est interprété de façon magistrale par le shakespearien Alan Rickman. A tel point que le personnage de Robin paraît un peu fade comparé à l'hystérie du Shérif, plus proche d'un personnage de Tex Avery. Ce film au rythme ébouriffant (scènes d'action, cavalcades échevelées), n'hési-te pas à faire preuve de violence quand le récit l'impose, notamment dans les scènes d'ouverture à Jérusalem. Mais on trouve également une large part d'humour et d'amour, bien entendu. C'est certainement le film plus connu des adolescents. Son énorme succès, dû en grande partie à la présence de Kevin Costner dans le rôle de Robin, a un peu éclipsé auprès du public la version de 1938.A.T. etT.D.M. •

Bibliographie

Cécile Boulaire, te Moyen Age

dans la littérature pour enfants :

Presses Universitaires de Rennes

(Interférences), 2 0 0 2

% François Amy de la Bretèque,

La Légende de Robin des bois

Editions Privât (collection entre

légendes et histoire), 2 0 0 1

Sous la direction de Pierre Brunei,

Dictionnaire des mythes littéraires

Le Rocher (Beaux livres), 1 9 9 4

Sites

http: / / pages.infinit.net/ mycroft/

kathleen/robin_bois

site personnel reprenant l'histoire

de Robin avec un lien sur le texte

anglais de la Geste

h t tp : / /www.bdoub l iees .com/

vai l lantpi f /ser ies5/

robindesbois/htm

Parutions dans Vaillant et Pif

des aventures de Robin des bois

Page 30: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

28 L'adaptation, Le Dossier une trahison fidèle

Helen Monnet Entretien

Helen Monnet Formatrice, consultante

pour la télévision

et l'édition

( 1 ) Avec Emmanuelle Béart,

Isabelle Huppert et Charles

Berling (2000) , adapté du titre

de Jacques Chardonne

(Grasset, 1934 ; l é " é d | .

(2) Avecjocelyn Quivrin,

Jean-Pierre Cassel, Zabou,

Michel Aumont, (2000) .

(3) Balzac,

de Josée Dayan (1999).

(4) Le livre de Choderlos

de Laclos se prête à diverses

adaptations cinématographiques.

O n retiendra la version de 1 9 5 9

de Roger Vadim avec Jeanne

Moreau et Gérard Philippe,

celle de Stephen Frears (1988)

avec Glenn Close et John

Malkovich. Côté télévision,

Josée Dayan a aussi tourné

une mini-série avec Catherine

Deneuve et Ruppert Everett

(2002) . L'adaptation

est d'Eric-Emmanuel Schmitt,

qui a transposé l'intrigue

dans les années 6 0 .

(5) Avec, dans le rôle

de Kathryn Merteuil, l'interprète

de la série TV Buffy,

Sarah Michelle Gellar (1998).

• Propos recueillis par Isabelle Debouvère

Uunivers de l 'adaptation mêle passionnés de cinéma, de littératu-re et de succès populaires. Car pour qu 'un roman passe à l'écran, une alchimie complexe s'opère dans laquelle interviennent des facteurs aussi bien créatifs que pragmatiques.

Ladaptation, un enjeu pour les producteurs et les réalisateurs

«L'adaptation est un procédé qui existe depuis longtemps. Les produc-teurs, au travers de l'adaptation, ont des garanties : l'histoire existe déjà, et, évidemment, la notoriété de l'auteur joue beaucoup - les plus «intéressants» étant ceux entrés dans le domaine public puisqu'ils sont libres de droits. Pour une chaîne de télévision, c'est une garantie d'au-dimat. Les producteurs misent là-dessus car les chaînes développent fortement ce patrimoine littéraire existant. En matière d'écriture, le tra-vail étant fait en partie, cela permet au producteur de voir assez bien à qui il peut proposer le produit en amont (côté distribution) et à quel scénariste ou réalisateur il peut le confier. Certains, comme Jean-Jacques Annaud ou Claude Miller, sont connus pour aimer tel ou tel univers. C'est beaucoup plus simple de leur proposer un roman déjà riche pour qu'ils puissent le mettre en images dans toute sa profondeur. Et cela met également en valeur le réalisateur. Des jeunes, qui n'ont pas encore de renom, peuvent s'en faire un. Par exemple, Olivier Assayas a notamment acquis ses lettres de noblesse dans la profession avec Les Destinées sentimentales'. Mais c'est aussi un phénomène à double tranchant : je suis contre le fait de piller une oeuvre, surtout d'un auteur mort, qui ne peut se défen-dre. Ainsi, je n'ai pas apprécié tous les choix faits par France 2 : pour Rastignac2, j'ai trouvé parfois inappropriée la façon d'Alain Tasma de transposer Balzac dans un contexte contemporain : par exemple, le personnage de Vautrin, au départ un ancien prêtre, se retrouve dans cette version en franc-maçon, ce qui est tiré par les cheveux. Balzac a été là utilisé comme auteur-paravent, garant d'un bon audimat, parce que l'année précédente, TF1 avait fait une biographie de Balzac avec Depardieu et Jeanne Moreau3.

Tendance

Une adaptation existe beaucoup en fonction de l'actualité, c'est aussi ce qui fait son succès. Son degré d'«élasticité» permet également d'en établir des variantes très différentes, teintées des valeurs de l'époque dans laquelle elles sont conçues. Ainsi, par rapport aux Liaisons dangereuses4, Roger Kumble a créé avec son Sexe intentions5 une œuvre typiquement

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ado... Mais il est vraiment important de savoir que toutes les œuvres ne sont pas forcément destinées à être calibrées pour l'écran. Du point de vue du marché, le polar est une valeur sûre, le genre roi qui sera toujours adapté. Pour preuve, Le Mystère de la chambre jaune6

(Bruno Podalydès, 2003) a bien marché l'an dernier ; on a eu au printemps Feux rouges d'après Simenon7 (Cédric Kahn, 2003). Les sagas familiales fonctionnent aussi très bien : pour la télévision, les Thibault8, avec Jean Yanne, ont été un grand succès en 2003. Le réalisateur, Jean-Daniel Verhaege, est un grand nom de l'adaptation, on lui doit notamment celle du Rouge et le noir

Film-livre : une dynamique économique indéniable

Côté édition, la sortie d'un film génère la réédition quasi-systématique du livre avec une image du film en couverture. Les gens qui sortent de la salle achètent automatiquement le livre (évidemment, cette démarche est plus ou moins forte selon la notoriété du film). Le visionnage du film génère l'envie de lire le livre, souvent plus que l'inverse, d'ailleurs. On sait maintenant que les trois quarts des fictions qui sont achetées dans les supermarchés sont des fictions qui sont passées à la télévision... C'est une tendance du marché que de décliner un seul produit sous différentes formes».

Parcours professionnel

Helen Monnet intervient dans le domaine de l'adaptation sur différents registres. Pour les éditeurs, elle établit des diagnostics d'adaptabilité, évaluant si un développement dramaturgique peut être issu d'un roman et pour quel type de médium il conviendrait (cinéma ou télévision). Consultante pour France 2, elle traite un panel de romans en fin de parcours édltoriaux, en fonction de ce que la chaîne recherche en terme unitaire ou en mini-série pour la grille du lundi soir. Helen Monnet est également script doctor : les producteurs ou scénaristes qui n'ont jamais adapté de roman font appel à elle. Elle retravaille leur proposition selon sa devise : «Trahir le roman en images pour lui rester fidèle en esprit». Elle essaie aussi de travailler avec l'auteur quand cela est possible. Cette collaboration est bénéfique pour l'adaptation qui est, selon elle, une seconde création. Cela permet à l'auteur de retravailler son œuvre une seconde fois et de développer ce qu'il n'a pas pu mettre en exergue de manière littéraire. Elle intervient enfin dans une école supérieure privée d'audiovisuel'0. Dans le cadre de leur dernière année, les étudiants ont comme obligation d'adapter une nouvelle. Ils se voient proposer des textes proches de ce qu'ils aiment, comme ceux de Gavalda, Benacquista, Auster ou encore Granotier. Ils reçoivent des éléments de lecture, leur permettant, d'une part, de cerner les critères de l'adaptation (thèmes, personnages, chronologie,...) et, d'autre part, d'en dégager les enjeux (son actualité, le public ciblé,...). Ils se font aider pour trouver leur propre créativité au sein de cet univers romanesque préétabli qu'il leur faut transposer, au final, en scénario.»

(6) Roman de Gaston Le Roux

(première édition en 1907,

les quatre dernières sont sorties

en 2 0 0 3 à l'occasion du film).

(7) Presses de la cité,

1961 ; l4 '" éd.

(8) Trilogie de

Roger Martin Du Gard,

Gall imard, 1953 ; l è , e éd .

(9) Avec Carole Bouquet, Judith

Godrèche, Claude Rich (1997).

(10) L'Ecole internationale

de Création audiovisuelle

et de réalisation (EICAR), Paris

Page 32: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

30 Les Dispositifs du Le Dossier î.

cinéma à l'école Par Tony Di M ascio Présentation

Les Enfants de cinéma 2 , rue d e Turenne

7 5 0 0 4 Paris

tél : 0 1 - 4 0 - 2 9 - 0 9 - 9 9

f a x : 0 1 - 4 0 - 2 9 - 0 9 - 7 9

Emai l :

e n f a n t s d e c i n e m a @ w a n a d o o . f r

(1) Néanmoins, si certains films peuvent être vus très jeunes,

les livres dont ils sont tirés demandent parfois une plus

grande maturité des lecteurs.

De la maternelle au lycée, plusieurs dispositifs sont mis en place pour promouvoir le cinéma auprès des jeunes. Au sein d 'une ville, d 'un département ou d'une région, bibliothécaires et animateurs peuvent avec profit prendre connaissance de la programmation de ces différents dispositifs. Que les films soient adaptés de textes litté-raires ou qu'ils abordent des sujets permettant de développer des animations, ils peuvent être l'occasion de réunir des partenaires édu-catifs pour créer des réseaux de lectures plurielles avec les jeunes.

École et cinéma

S'adressant aux enfants de la grande section de maternelle jusqu'au CM2, le dispositif propose depuis 1994 un programme de courts et de longs métrages. Pour 2004 /2005 , quarante-neuf films et six séries de courts-métrages sont prévus. Il est coordonné par l'association « Les Enfants de cinéma » qui produit des cahiers de notes... sur chaque film constitués d'analyse de séquences, du déroulant du film, d'articles. Sont disponibles également des cartes postales pour les élèves, des affiches...

Près de la moitié des titres de films proposés sont des adaptations plus ou moins libres d'oeuvres littéraires. Il serait trop long de les citer tous, le catalogue complet est disponible à l'association des Enfants de cinéma. Signalons quelques titres qui permettent des pistes de lectures . Une version d'Alice parjan Svankmajer librement inspirée de Lewis Carroll mêle acteurs, marionnettes et papier découpé. Au programme également, La Belle et la Bête, Le Magicien d'Oz, Les Aventures de Pinocchio ou Peau d'âne permettront de proposer des lectures croisées des films avec les textes, dont plusieurs versions sont illustrées. Les plus grands pourront découvrir par l'unique (et magnifique) film de Charles Laughton, La Nuit du chasseur le roman de Davis Grubb ou aborder l'œuvre de Richard Matheson grâce à L'Homme qui rétrécit. Bien d'autres seront encore à découvrir, comme Princess Bride ou La Prisonnière du désert adaptés eux aussi de romans ou Boudu sauvé des eaux tiré de la pièce de René Fauchois.

Collège au cinéma

Mis en place depuis 1989, le dispositif propose trente sept films pour l'année 2004 /2005 . Comme pour les autres dispositifs, l'engagement repose sur le volontariat des chefs d'établissement et des enseignants qui souhaitent faire participer leur classe. Les choix de titres effectués

Page 33: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

par le comité de pilotage départemental s'appliquent à tous les collè-ges du département. Là encore, quelques films sont tirés d'œuvres littéraires ou bien ont fait l'objet d'une novélisation. Ali Zaoua, prince de la rue ou Billy Elliot sont parus dans des collections de poche, Himalaya, l'enfance d'un chef est également un magnifique album. Pour ce qui concerne les classi-ques, Matilda de Roald Dahl a été adapté par Danny de Vito et la ver-sion cinématographique du Gône du Chaaba est assez réussie. Le Mystère de la chambre jaune, tourné par Bruno Podalydès, vient de rentrer dans les propositions. Plus décalés et à explorer : le Batman de Tim Burton et O brother des frères Coen, (très) librement inspiré de l'Oc/yssée.

Renseignements :

Centre Nat ional de la Cinématographie (CNC) 1 1, rue Gali lée

7 5 0 1 6 Paris

tél : 01-44-34-35-07

fax : 01-44-34-34-86

site : h t tp : / /www.cnc . f r

Lycéens au cinéma

Depuis 1998, la coordination régionale est confiée à une association qui assure la relation entre les salles de cinéma et les lycées. En Ile-de-France, il s'agit de l'Association des Cinémas de Recherche de l'Ile-de-France (ACRIF) et des Cinémas Indépendants Parisiens (CIP). Pour le programme des lycées, les adaptations littéraires sont moins nombreuses. On retiendra La Soif du mal, de Whit Masterson revu par Orson Welles et Sleepy Hollow, de Tim Burton, adapté de La Légende du cavalier sans tête de Washington Irving (et de Peter Lerangis qui a effectué, étrangement, une novélisation du film). Tigre et dragon de Ang Lee n'a, quant à lui, pas encore été traduit en français. A noter également dans une démarche thématique cette fois, Trafic, de Jacques Tati, pour un regard sur nos sociétés contemporaines, Délits flagrants, le documentaire de Raymond Depardon sur la justice, ou encore le récent Ressources humaines de Laurent Cantet, assez glaçant sur le monde de l'entreprise.

Pour compléter :

Les enseignements obligatoires cinéma et audiovisuel En première et terminale littéraires, l'enseignement d'oeuvres cinémato-graphiques est dispensé quatre heures par semaine et sanctionné par une épreuve au baccalauréat. Les élèves sont appelés à voir les films en salle au moins une fois par an et des cassettes et DVD sont envoyés au lycées ainsi qu'aux partenaires culturels intéressés. Il peut être inté-ressant de savoir si les lycées qui sont sur votre territoire proposent ce type de cours afin de compléter l'offre auprès des élèves.

«Eté au ciné» et «Cinéville» Ces dispositifs permettent de proposer une politique tarifaire, des séan-ces spéciales, des ateliers pratiques, des séances de cinéma en plein air.

Pour connaître les coordinations

régionales et les informations

pédagogiques sur les films :

www.lyceensaucinema.org

Programmes à demander au C N C

Renseignements :

C N C

Pour les démarches à effectuer

et les propositions de films

de Cinéville :

Kyrnéa International 1 1, rue Gambetta

9 3 5 0 0 Pantin

tél : 01-48-43-80-78

fax : 01-48-43-80-51

email a : [email protected]

site : www.etecine.kyrnea.com

Page 34: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Les Dispositifs du

( 1 ) Les choix sont départementaux ou régionaux.

Chaque année, les propositions varient à partir de la liste nationale.

Descriptif de l'organisation générale des dispositifs

Commission Nat ionale

Composée de membres du Centre National de la Cinématographie, du Ministère de la Culture et de la Communication, du Ministère de la Jeunesse, de l'Education Nationale et de la Recherche. Elle valide la liste des films proposés au niveau national.

Comités de pilotage A partir de la liste validée au niveau national, ils choisissent les titres qui seront proposés sur un territoire1'1. Les membres font alors partie de la DRAC, du Conseil Général, du Conseil Régional (pour les lycées), de l'Inspection Académique, des exploitants et distributeurs de cinéma.

Coordination Pour chaque dispositif, un coordinateur est nommé. Ce peut être une association, un exploitant de salle, un représentant de l'inspec-tion Académique.

Programmat ion Tous les dispositifs prévoient la projection d'au moins trois films sur le temps scolaire, en salle de cinéma. Il peut y en avoir plus, ainsi que des séries de courts-métrages.

Pédagogie - format ion Dossiers pédagogiques pour l'enseignant, fiches pour les élèves : les supports ont des formes variées selon les concepteurs (Associations, éducation Nationale, etc...) Des stages de formation et des pré-projections sont organisés par les coordinateurs pour les enseignants. Ces derniers peuvent ainsi sen-sibiliser ou initier les jeunes au travail d'analyse cinématographique.

Actions d 'accompagnement Suivant l'engagement et la volonté des partenaires (collectivités ter-ritoriales, cinémathèques, etc...), peuvent être mis en place des interventions de professionnels du cinéma, des ateliers pratiques, des participations à des festivals, etc... •

Page 35: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Le Dossier Fil mogi "a pi tiie 33

es romans cachés derrière les fi! ms

Le film Le réalisateur Le livre L'auteur L'éditeur * signale les litres disponibles à l'ADAV, accessibles ou prêt et ä la consultation - * * les litres réservés à la ionsultalioa

t e s A f f r a n c h i s * * ( 1 9 9 0 ) Mar t in Scorsese Les Affranchis Nicholas Pileggi Presses de la Cité / Pocket

Apocalypse N o w ( 1 9 7 9 ) Francis Ford Coppolo Au cœur des ténèbres Joseph Conrad Gal l imard

Au-dessous du volcan ( 1 9 8 4 ) John Huston Sous le volcan M o l c o m Lowry Grasset

Big Fish ( 2 0 0 3 ) Tim Burton Big Fish Doniel Wal lace Autrement

Crying f r e e m a n * ( 1 9 9 5 ) Christophe Göns Crying f i e e m o n Ryoichi I kegomi Glénat

Dead z o n e ( 1 9 8 3 ) Dovid Cronenberg Dend z o n e : l 'accident S t e p h e n King Lattes

Entretien avec un v a m p i r e * * Neil Jordan Entretien ovec un vompire Anne Rice Albin Michel

Fight Club ( 1 9 9 9 ) David Fincher Fight club Chuck Palohniuk Gall imard

From Hell ( 2 0 0 1 ) Albert Hughes From Hell ( B D ) Alan M o o r e Delcourt

Jules et J i m * ( 1 9 6 1 ) Fronçais Truffaut Jules e t Jim Henri-Pierre Roche Gal l imard

L.A. Confidential ( 1 9 9 7 ) Curtis Honson I A Confidentiel Jomes Ellroy Rivages

Laura ( 1 9 4 4 ) Otto Preminger Loura Vera Cospary Bourgois

Légendes d ' a u t o m n e ( 1 9 9 4 ) Edward Zwick Légendes d ' o u t o m n e Jim Harrison 1 0 / 1 8

Les Raisins de lo colère ( 1 9 4 0 ) John Ford Les Raisins de la colère John Steinbeck Gall imord

L ' H o m m e gui voulut être ro i * ( 1 9 7 5 ) John Huston L ' H o m m e qui voulut être roi Rudyard Kipling Gal l imard

La Ligne verte ( 1 9 9 9 ) Frank Darabont La Ligne verte S tephen King Librio

Lo Mor iée é ta i t e n n o i r * ( 1 9 6 7 ) François Truffaut La M o r i é e éta i t e n noir Wi l l i am Irish Gal l imard

Mi l ler 's Crossing ( 1 9 9 0 ) Joel Coen La moisson rouge Dashiell H a m m e t t Gall imord

M o r t à Venise ( 1 9 7 1 ) Luchino Visconti La M o r t à Venise Thomas M a n n Stock

Les Oiseaux ( 1 9 6 3 ) Alfted Hitchcock Les Oiseaux Daphne Du Mnur ier LGF

Oronge m é c a n i g u e * ( 1 9 7 1 ) S tan ley Kubrick Orange mécan igue Anthony Burgess Pocket

Panigue ( 1 9 4 2 ) Julien Duvivier Les f iançail les de Monsieur Hire Georges S i m e n o n LGF

Monsieur Hire ( 1 9 8 9 ) Patrice Leconte

Le Porrain ( 1 9 7 2 ) Francis Ford Coppola Le Porrain Mor io Puzo Pocket

l e Pat ient anglais ( 1 9 9 6 ) Anthony Minghel la L ' H o m m e f l a m b é Michoel Ondoot je L'Olivier / Le Seuil

Paycheck ( 2 0 0 3 ) John W o o Pnycheck Philip K, Dick Gal l imard

La Planète des singes ( 1 9 6 8 ) Franklin J. Schaf fner La Planète des singes Pierre Boulle Pocket

Lo Planète des singes ( 2 0 0 1 ) Tim Burton

Le Pont de lo rivére K w o ï * ( 1 9 5 7 ) Dovid Leon Aux sources de lo rivére Kwa ï Pierre Boulle Pocket

Requiem for a d r e a m * ( 2 0 0 0 ) Dorren Aronofsky Retour à Brooklyn Hubert Selby Jr. 1 0 / 1 8

So mojesté des mouches ( 1 9 6 3 ) Peter Brook Sa m a j e s t é des mouches Wi l l i am Golding Gal l imard

Le T a m b o u r * ( 1 9 7 8 ) Volker Schlöndorff Le Tambour Gunter Gross Le Seuil

La Tombe des lucioles ( 1 9 8 8 ) Isoo Takahota Lo Tombe des lucioles Akiyuki Nosaka Philippe Picguier

Totol Recall ( 1 9 9 0 ) Poul Verhoeven Total recall Philip K. Dick 1 0 / 1 8

Trainspotting ( 1 9 9 6 ) Danny Boyle Troinspotting Irvine Welsh L'Olivier / Le Seuil

Un t r a m w a y n o m m é désir ( 1 9 5 4 ) Elia Kazan Un t r a m w o y n o m m é désir Tennessee Wi l l iams 1 0 / 1 8

Vert igo ( 1 9 5 8 ) Alfred Hitchcock Sueurs froides Pierre B o i l e a u / T h o m a s Narcejac Gall imard

Virgin Suicides ( 1 9 9 9 ) Sof ia Coppola Les Vierges suicidées Jeffrey Eugenides Pion

Vol ou dessus d 'un nid Mi los Forman Vol a u dessus d 'un nid de coucou Ken Kesey Stock

de coucou ( 1 9 7 5 )

Des réalisateurs qui ont beaucoup adapté A M Hitchcock, Stanley Kubrick, François M o û t - Von n e ; ee . l i

Des auteurs qui ont été beaucoup adaptés, Philip K. Dick, S tephen King, Georges S i m e n o n - Voir p e r s o . c l u b - i n t e r n e t . f i / r e r n o u l d / z z i n v i t / z . b e n 1 .h tml e t w w w . u l g . o c . b e /

l i b n e t / s i m e n o n / f i l m s i m . h t m

Et en f in . . . un film sur l 'adaptat ion, Adaptat ion ( 2 0 0 2 ) , de Spike Jonze , raconte les tourments d 'un scénariste nui peine p o u r o d a p t e r Le Voleur d'orchidées, roman

de Susan Ot lean (Bo l lond) .

Page 36: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

34

L< s Dossier Filmogra phie Bientôt sur 1 les écrans y les films qu'on atte

avec impatience !

Le livre L'auteur Le film Le réalisateur Post p r o d / ' Adaptations en dessin animé sortie / film d'animation

, Y The Brothers G r i m m ( 2 0 0 4 ) Terry Gil l iam Post prod

Arsène Lupin Maur ice Leblanc Arsène Lupin ( 2 0 0 4 ) Jean-Poul S o l o m é Post prod

, Y Artemis Fowl Vo lume 1 Eoin Colfer Artemis Fowl ( 2 0 0 4 ) Lawrence Gute rman Post prod

. Y Bobylon babies Mour lce G. Dantec Bobylon Babies ( 2 0 0 4 ) Ma t f i i eu Kassovitz Post prod

, Y Boréal-express Chris Van Allsburg The Polor Express, ( 2 0 0 4 ) * Robert Zemeckis Post prod

Bridger Jones : l ' â g e de raison Helen Fielding Bridget Jones: The Edge of Reason ( 2 0 0 4 ) Beebon Kidron Post prod

C o t w o m a n Bob Kane C a t w o m o n ( 2 0 0 4 ) Pitof Post prod

. Y Charlie e t In chocolntetie Roald Dahl Charlie and the Chocolate Factory ( 2 0 0 5 ) T im Burton Post prod

, Y Le Château de Hurle Diana W y n n e Jones Hauru no ugoku shiro ( 2 0 0 4 ) * Hayoo M i y a z a k i Post prod

, Y Chroniques de Narnia C.S. Lewis The Lion, the Wi tch ond the Wardrobe ( 2 0 0 4 ) *

Andrew Adomson Post prod

- Y Coroline Neil Go iman Coroline * Henri Selick Post prod

, Y Le Dahlia noir Jnmes Ellroy The Black Dahlia ( 2 0 0 5 ) Brion Oe Polmo Post prod

Do Vinci code Don Brown The Da Vinci Code ( 2 0 0 5 ) Ron Howord Post prod

, Y De bons présages Terry Pratchett, Neil G a i m a n Good O m e n s ( 2 0 0 4 ) Terry Gil l iam Post prod

l a Demoisel le d 'honneur Ruth Rendell Lo Demoisel le d 'honneur ( 2 0 0 4 ) Claude Chabrol Post prod

- Y l e s Désastreuse aventures des orphelins Baudelaire

Daniel Handler Lemony Snicket 's A Series of Unfor tunate Events ( 2 0 0 4 )

Brod Silberling Sort ie USA

Ella l 'ensorcelée Gail Corson Levine Ella Enchanted ( 2 0 0 4 ) T o m m y 0 ' H o v e r Sort ie USA

Le Fakir de Bilboo Bjarne Reuter Fakiren fro Bilbao ( 2 0 0 4 ) Peter Flinth Post prod

G l a m o r a m a Bret Easton Ellis G l a m o r a m a ( 2 0 0 4 ) Roger Avary Post prod

Hel lboy M i k e M i g n o l a Hel lboy ( 2 0 0 4 ) Gui l lermo del Toro Sort ie USA

Journal d ' u n e princesse M e g Cabot The Princess Diaries 2 ( 2 0 0 4 ) Gorry Marshal l Post prod

La Lune éta i t noire Michae l Connelly Void M o o n ( 2 0 0 4 ) M i m i Leder Post prod

, Y M o port d ' o m b r e Jomes Ellroy M y Dark Places ( 2 0 0 4 ) Robert Greenwold Post prod

La Nostalgie de l ' ange Ann Sebold The lovely Bones Peter Jackson Post prod

, Y Le Par fum Patrick Suskind Tom Tykwer Post prod

Le Parfum de la d a m e en noir Gaston Leroux Le Parfum de lo d a m e e n noir ( 2 0 0 4 ) Bruno Podolydés Post prod

Sac d 'os S t e p h e n King Bog of Bones ( 2 0 0 4 ) Peter Caie Post prod

, Y Un long d i m a n c h e de fiançail les Sebast ien Japrisot Un long d imanche de fiançail les ( 2 0 0 4 ) Jeon-Pierre Jeunet Post prod

Les Remakes , Y Fahrenhei t 4 5 1 Roy Bradbury Fahrenhei t 4 5 1 ( 2 0 0 4 ) Frank Darabont Post prod

Le Fan tôme de l 'opéra Goston Leroux The Phantom of the Opera ( 2 0 0 4 ) Joel Schumacher Post prod

l o Guerre des m o n d e s H.G. Wel ls W a r of the Worlds ( 2 0 0 6 ) S teven Spielberg Post prod

, Y L ' H o m m e qui rétrécit Richard Mat f ieson The Incredible Shrinking M a n ( 2 0 0 4 ) Keenen Ivory W a y a n s Post prod

Le Tour du m o n d e en 8 0 ¡ours Jules Verne Around the World in 8 0 Days ( 2 0 0 4 ) Frank Coraci Sort ie USA

M a c b e t h W i l l i a m Shakespeare Miss June ( 2 0 0 4 ) Vincent Reagon Post prod

, Y Oliver Twist Charles Dickens Oliver Twist ( 2 0 0 5 ) Ramon Polonski Post prod

Vipère au poing Hervé Bazin Vipère au poing ( 2 0 0 4 ) Philippe de Broca Post prod

Page 37: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Rencontre avec.

Jean-Baptiste Coursaud

À propos de la collection Taille Unique

Page 38: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

36

Rencontre avec... Jean-Baptiste Coursaud Taille Unique

Jean-Baptiste Coursaud directeur d e la col lect ion.

Traducteur du norvégien,

journaliste et spécial iste

d e littérature Scandinave

et d e littérature jeunesse.

• Entretien et présentation de la collection par Tony Di Mascio

Avec déjà six titres au catalogue (et deux à paraître en octobre 2004), la collection Taille Unique a trouvé sa place dans la pro-duct ion de Gaïa. Un peu vite catégorisée dans la littérature dite «pour adolescent», ces « bouquins pour ceux qui n 'aiment pas les étiquettes » ne cessent d'étonner, voire de dérouter.

Connue pour les sagas et récits historiques qui ont fait sa marque de fabrique (avec ses fameuses pages roses), Gaïa souhaitait publier des textes différents venus des « littératures nordiques ». Quelques titres avaient déjà tenté un pas de côté par rapport à la production habituelle : Petit comique deviendra grand, de Jonas Gardell [LJ n° 104, page 62) et Mon frère et son frère, d'Hakan Lindquist (LJ n° 103, page 68), véritable succès dès sa parution. « Pour les dix ans de Gaïa, l'idée a germé de créer une collection pour ces autres voix », déclare Jean-Baptiste Coursaud, aujourd'hui directeur de la collection qui accueillera ces textes. «Il s'agissait aussi de rester dans la continuité de Gaïa, de garder un lien tout en marquant une différence». C'est ainsi que la collection Taille Unique voit le jour en mai 2003 avec deux premiers titres : Naïf super, d'Erlend Loe et Les Délaissés, de Richard Van Camp. L'idée de départ est de sortir des sentiers battus en proposant une vision de la Scandinavie loin de l'image d'Epinal, de «faire voyager le lecteur dans des univers différents».

Une collection pour adolescents ?

Les romans de la collection mettent en scène des situations, des personnages (souvent de jeunes adultes ou des adolescents), qui «questionnent le monde contemporain par rapport à leur culture, leur pays, voire même leur sexualité». La plupart des intrigues les situent à des moment de passage, parfois à la limite de la dérive. Les personnages perdent pied, tentent de trouver de nouveaux repères dans un monde qui glisse et qui leur échappe. Ils ont étrangement tous un rapport sensible aux éléments : le terre, le feu, l'eau et le ciel apparaissent souvent de façon marquante dans leur parcours. Une autre caractéristique principale des récits tient dans le sentiment de vide, de manque : perte d'un être cher, absence de père, manque d'amour, question sur ses origines... Les jeunes adultes confrontés à cette réalité ont du mal à construire leur identité face à cette béance. Est-ce pour cela que les titres publiés ont vite été proposés au public adolescent ? Pour Jean-Baptiste Coursaud, la question ne se pose pas ainsi : «Le fait de marquer cette collection comme étant pour les adolescents est un paradoxe : on la classifie dans la littérature jeunesse alors que cette dernière n'est pas encore vraiment reconnue comme telle. Cela rejoint ce besoin de toujours classifier pour proposer, mais c'est un problème que les lecteurs ne se posent pas.

Page 39: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Pourquoi faut-il penser que les adolescents ont forcément besoin d'être guidés dans leurs lectures ?». Taille Unique regroupe avant tout des textes qu'il aime et qu'il a envie de défendre. De plus, ils sont tous parus dans leur pays d'origine chez des éditeurs de littérature générale et peuvent concerner aussi bien un public adulte qu'un public de jeunes.

Des auteurs sans frontières

La collection fait découvrir au public français des auteurs qui n'hésitent pas à faire preuve de créativité dans des domaines allant de l'écrit à la production d'images, sous toutes ses formes. «En Scandinavie, il n'y a pas une séparation des disciplines aussi marquée qu'en France », constate Jean-Baptiste Coursaud. Pour Gaïa, «à moyen terme, il y a la volonté de mettre en avant des auteurs qui ne font pas que de la littérature». En effet, si certain d'entre eux écrivent aussi des nouvelles ou de la poésie, d'autres sont également scénaristes, dramaturges, auteurs d'albums. Pour accompagner la vie de ces auteurs sans « barrières », Jean-Baptiste Coursaud a décidé de décloisonner les publications : un partenariat avec 10-18 est engagé (/.es Délaissés y sera bientôt publié) et la Joie de Lire sortira prochainement un album de Erlend Loe. Née dans une période critique pour l'édition (la Scandinavie, jusque là épargnée, connaît aussi depuis quelques mois une récession du marché), Taille Unique a décidé de prendre le temps de s'installer, «de lutter contre la rentabilité immédiate» de s'ouvrir encore davantage à toutes les littératures, nordiques, allemandes ou même serbocroates. A suivre, donc. .

La collection Taille Unique : des bouquins pour ceux qui n'aiment pas les étiquettes (cette accroche ne figure plus sur les deux derniers titres parus)

Déjà parus : Six titres au catalogue

Fréquence de parution : 2 titres par semestre

Détail physique : pages blanches (contrairement au reste de la production de Gaïa)

Origines des textes : traduits du finnois, norvégien, anglais (Canada), néo-norvégien, néerlandais, suédois1'1 .

(1) Il faut saluer d'ailleurs le travail

remarquable de traduction.

Comme pour le reste des publications

de Gaïa, l'islandais est absent de la

collection, faute de traducteur.

Prix : de 17 à 19 euros

Page 40: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

H H

Taille unique

Erlend Loe Trad. du norvégien

par Jean-Baptiste Coursaud

Ma i 2 0 0 3

2 -84720-020 -7

L'auteur :

né en 1969, Erlend Loe est aussi

scénariste et auteur d'albums

pour adultes et enfants.

Richard Van Camp Trad. de l'anglais (Canada)

par Nathalie Mège

M a i 2 0 0 3

2 -84720-021-5

L'auteur : né en 1971, amérindien,

)grib comme son personnage,

Richard Van Camp est

également auteur de poèmes

et de nouvelles.

Nos bras sont si courts

Naïf. Super. Le personnage principal a un frère, un bon et un mauvais ami. Il vient d'avoir vingt-cinq ans et le monde ne semble plus avoir aucun sens pour lui. Il raconte le parcours d'une (re)construction. Récit d'une dépression ? Peut-être. La seule chose certaine, c'est que le travail sur la forme narrative emporte d'emblée le lecteur. Le « héros » tente de donner sens à ce monde qu'il ne comprend plus par l'accumulation de choses concrètes : il fait des listes d'animaux, des listes de ce qu'il aimait lorsqu'il était enfant... Il tente de trouver une occupation : lancer un ballon, taper sur un ¡eu avec un maillet. Petit à petit, la description de ce rapport simple à ce qu'il l'entoure amène une réflexion profonde sur le temps qui passe et la peur que cela engendre. Avec un humour teinté d'absurde, Erlend Loe saisit les moments creux d'une vie qui ne demande qu'à se remplir. Jouant sur l'alternance de réflexions métaphysiques enfouies dans l'esprit du narrateur et de situations (souvent comiques) très visuelles, il réussit à rendre le personnage attachant, à faire percevoir l'angoisse propre à toute humanité... pour mieux en rire. La collection débutait avec ce titre sous les auspices d'un texte pour le moins original.

Les Délaissés Lorry est un indien Dogrib. A seize ans, il rêve d'amour, de sexe, d'une autre vie. Il aime raconter des histoires. Il garde aussi les traces sur le corps d'un incendie qui aurait pu le tuer et dans sa mémoire une image de son père qu'il aimerait effacer. Plus abordable dans sa forme que le premier titre de la collection, Les Délaissés se situe dans une veine sexe, drogue et rock'n'roll. Il se dégage pourtant du récit une poésie certaine qui tient surtout au personnage de Larry. Véritable conteur, c'est par sa voix que se déroule l'histoire ponctuée de textes de chansons, de visions dues à la drogue, de phantasmes. C'est par lui aussi que l'on découvre la vie de ces quelques indiens du Canada où l'alcool est souvent présent, les pères absents ou nuls, les jeunes, déglingués. Larry, lui, s'il glisse parfois sur une mauvaise pente, croit en l'amour, en l'avenir, en la beauté de la vie. C'est aussi ce qui le fait tenir. Le récit ne nous épargne rien de la violence de cette vie rude mais la transcende par des scènes très fortes, parfois drôles, souvent symboliques. L'auteur a réussi un excellent récit initiatique.

Nos bras sont si courts Liv et Olgjer ont quitté leur campagne de Val-Des-Brumes pour étudier à la ville. Coupés de leurs racines dont ils ont d'ailleurs honte, ils sont seuls. Leurs tentatives pour s'intégrer à cette vie intellectuelle urbaine semblent bien mal parties. Olaug Nilssen a écrit là une étonnante tragédie non dénuée d'humour. Tragédie d'une part parce qu'elle montre des jeunes perdus, déracinés volontaires, qui renient leurs origines. La liberté n'est peut-être pas là où ils la

Page 41: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

croient. La quête d'une sexualité sans entrave dissimule mal chez Liv une solitude amoureuse qui la fait sombrer parfois dans la schizophrénie. Olgjer souffre de ne pas être reconnu, d'être marqué par son environnement paysan qu'il regrette pourtant sans oser se l'avouer. Tragédie, aussi, parce qu'on y trouve comme les échos d'un « choeur antique ». Deux pimbêches, deux espionnes observent et chantent les déboires de nos pauvres héros. L'humour du récit tient dans l'acuité de leurs regards. Vues par ces chipies, les tentatives de Liv ou les paradoxes d'Olgjer prennent un tour grinçant. Apparaît aussi au cours du récit le «Club de Discussion de Val-des-Brumes, Forum des esprits libres» dont les échanges absurdes et ridicules sont irrésistibles. Ce roman, à l'atmosphère étrange et drôle, évoque les difficultés à devenir soi-même sous le regard des autres, à dépasser sa condition.

Tom Tom Tom A vingt-cinq ans, Kokko semble un peu perdue. Tina et Elina, sa mère et sa tante, sont débordantes d'activité. Ce n'est pas le rythme de Kokko. Quand son père, Tom, revient d'Afrique après quatorze ans d'absence, père et fille espèrent enfin une rencontre. Mais Tom a une attaque et se retrouve hémiplégique. Avec beaucoup de finesse, l'auteure égrène les petits riens de la vie par un regard toujours vif et décalé. Les associations d'idées sont sans cesse surprenantes et rendent à la perfection les sentiments des personnages. Les gestes et paroles de chacun sont quasiment toujours à l'opposé de la pensée qui les génère. D'où la difficulté à communiquer avec les autres mais également à être en accord avec soi-même. En retrouvant son père diminué, incapable de dire autre chose que « bien, bien, bien », Kokko va pourtant savoir agir face à cet homme, là où les autres semblent désarmés. Ses gestes, ses pensées vont s'accorder aux besoins de Tom, aller à l'essentiel, loin de l'agitation où elle se noyait. En devenant responsable de son père, elle retrouve le lien avec cette origine perdue, elle qui ne se faisait jamais appeler Eisa, mais seulement Kokko : son nom de famille, le nom de son père. L'écriture sensible de Riikka Ala-Harja décrit à merveille les ressorts de la dualité : dualité de l'être intérieur, mais aussi rapport à l'autre, double craint ou recherché.

De Collectionner les timbres A douze ans, Mattias a rencontré Samuel qui en avait cinquante. Une amitié forte et sincère est née, marquée par les confidences et le par-tage de la passion des timbres. A la mort de Samuel, près de trente ans après, Mattias revient dans le village de son enfance. Il se souvient de leur rencontre, des moments passés ensemble, de la difficulté de vivre de Samuel. Le récit alterne les scènes du présent avec les souvenirs du passé, certains répétés plusieurs fois. Ils prennent alors une autre dimension, donnant du sens

O laug Nilssen Trad. du néo-norvégien

par Terje Sinding

Octobre 2 0 0 3

2 - 8 4 7 2 0 0 3 1 - 2

L'auteure : née en 1978,

Olaug Nilssen a publié

un premier roman

non-traduit en français

en 1 9 9 9 et collabore aujourd'hui

à des revues littéraires.

Riikka Ala-Harja

Tom Tom Tom

1 i • , :

Riikka Ala-Harja Trad. du finnois

par Jean-Michel Kalmbach

Octobre 2 0 0 3

2 - 8 4 7 2 0 0 3 2 0

L'auteure : née en 1967, Riikka Ala-Harja

est aussi dramaturge et scénariste

de bande dessinée de l'illustrateur

Matti Hagelberg (dont

Holmenkollen, à l'Association).

Hàkan Lindquist

De collectionner les timbres

Page 42: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Taille nique

Hakan Lindquist Trad. du suédois

par Anne Ruchaud

Mars 2 0 0 4

2 -84720-030-4

L'auteur : né en 1958 , Hakan Lindquist

a écrit Mon frère et son frère

paru chez Gaïa en 2 0 0 2 .

Saïd El Haj i Trad. du néerlandais

par Bertrand Abraham

Mars 2 0 0 4

2 -84720-045-2

L'auteur : né en 1976, Saïd El Haji a écrit

une nouvelle Le Petit Hamid,

avant de se lancer dans

ce premier roman qui reprend

le même personnage.

L'auteur : né en 1964 . Egalement cinéaste,

Dag Johan Haugerud

est le réalisateur du court-métrage

Fancine, diffusé en présentation

de American Beauly.

à ce que Maffias livre petit à petit grâce à un détail qui s'illumine soudain. Il faudra attendre la toute fin du récit pour que le lecteur découvre, en même temps que Maffias, le secret qui a pesé sur Samuel et qu'il n'a pu livrer qu'après sa mort par une lettre. Lindquist a écrit un récit d'une grande sensibilité, extrêmement maîtrisé, dans lequel chaque détail a son importance : lettres reçues jamais ouvertes, lettres écrites jamais envoyées, importances symboliques des timbres, nom des papillons (Apollon et Mnemosyne). Le lecteur voyage au gré de la mémoire et des découvertes de Maffias. Tout le récit semble tenu par une musique en sourdine, une douce mélodie teintée de mélancolie qui berce et accompagne, donne le ton juste pour parler simplement de l'amitié, de l'amour et des souvenirs d'enfance. Et du temps qui passe.(Voir aussi notice n°l 19)

Les Jours de Shaytan Le texte est construit à la manière des poupées russes. En son cœur se déroule l'histoire du jeune Hamid, treize ans, terrorisé par son père qui l'oblige à aller à l'école coranique. Elle est encadrée par un autre récit (nommé «aujourd'hui») qui met en scène Hamid plusieurs années après, retrouvant l'imam avec qui s'entame une discussion houleuse. Le tout est encerclé par une sorte de «parabole du Père», la première mettant en scène Dieu et les anges rebelles, la seconde concluant le récit par la relation entre Hamid et son Père. On découvre une véritable souffrance dans ce pamphlet religieux à la manière des philosophes des Lumières. Hamid est tiraillé entre la tradition, symbolisée ici par l'obscurantisme et la violence du père, et les valeurs de la société européenne dans laquelle il vit. Le narrateur, par le personnage de Shaytan, démonte tous les faux-semblants de ces tartuffes qui tyrannisent les autres tant ce qui les entourent les effraient. Le procès est sans appel, mais le prix à payer est cher. La rupture avec le Père, aussi salvatrice et juste soit-elle, ne se fait pas sans douleur et ne mène pas forcément à la paix intérieure. L'auteur affirme qu'il n'a pas écrit une autobiographie mais un livre autobiographique. Cela explique sans doute la grande justesse dans le ressenti de l'enfant terrorisé. Mais si le texte ne manque pas de brio, il a du mal à choisir entre le roman et la diatribe argumentée. C'est ce qui fait son originalité mais aussi sa faiblesse. (Voir aussi notice n° 107) •

Titres à paraître Reposer sous la mer de Riikka Ala Harja, Trad. du finnois par Paula et Christian Nabais - Parution octobre 2004 - 2-84720-053-3. Kati est mère célibataire de deux enfants adoptés, aujourd'hui adultes : Ida qui est africaine et Ivar qui est russe. Alors qu'Ida est à Berlin, Kati meurt brusquement.

On est forcément très gentil quand on est très costaud de Dag Johan Haugerud, Trad. du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud - Parution octobre 2004 - 2-84720-054-1. Le narrateur fait la liste des choses qu'il doit modifier. La seule chose qu'il parvient à écrire est : « je ne vais pas bien ». Construit en trois périodes, ce roman sur la solitude et la désillusion n'est pourtant pas triste et finira dans le réconfort.

Page 43: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Parcours de lecture

Livres accroche Littératu page 42 à 51

Bandes Dessi page 52 à 53

Documentai i page 54 à 55

Et après ... Littératu r page 56 à 75

page 76 à 79

Documentai!' page 80 à 85

Lecteurs confirmés Littératures page 86 à 105

Bandes Dessi page 106 à 111

Documentai page 112 à 115

Ouvrages de référence page 116 à 118

Page 44: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Parcours Livres accroche Littératures

Transcrit en français moderne par

Jean-Pierre Tusseau

L'école des loisirs, 2 0 0 4

(Classiques abrégés)

166 p.

4 , 8 0 €

2 2 1 1 0 7 3 7 9 4

Mots clés Légende

Fées

Brigitte Aubert, Gisèle Caval i

Rageol éditeur, 2 0 0 4

(Heure noire)

6 0 p.

7 , 1 0 € .

2 7 0 0 2 2 9 1 2 6

Genre

Policier

1 l Le Roman de Mélusine

Le jeune Raymondin de Lusignan tue accidentellement son protecteur, le Comte de Poitiers. Il rencontre par bonheur la jeune, belle et féerique Mélusine qui lui promet mariage et félicité à une seule condition : qu'il ne cherche jamais à savoir ce qu'elle fait le samedi, ni à la voir. La curiosité de Raymondin et la méchanceté de son frère changeront le cours de ce conte de fées. Cette légende du XIe siècle est une belle histoire. Mélusine est une femme féerique, bonne épouse, belle amante, excellente mère. Et chaque samedi, elle se métamorphose à moitié en serpent... Contée à la manière des troubadours, c'est la narration de l'origine d'une famille prospère, les Lusignan, qui régnèrent en France, en Europe et au Moyen-Orient. Le mélange subtil et savoureux d'imaginaire, de mythologie et de foi chrétienne donne à ce récit plusieurs degrés de lecture.

• Odile Mestrallet

Pour aller plus loin : voir l'ouvrage de référence Les Fées au Moyen-Age : Morgane et Mélusine, la naissance des fées, de Laurence Harf-Lancner (Honoré Champion, 1984).

2 I Panique aux urgences

Gaétan est à l'hôpital, provisoirement aveugle. Il a assisté à un crime et d'étranges personnages rôdent autour de lui sans que son entourage s'en émeuve. Gaétan a peur. Si les personnages et la situation de départ sont assez conventionnels, l'originalité de ce bref roman réside dans l'élaboration d'un suspense auquel le lecteur adhère pleinement. L'auteure sait faire croire à cette situation «d'urgence», sans que l'incrédulité des adultes paraisse invraisemblable. Le roman, agréable à lire et construit de façon simple, ne présente aucune difficulté de lecture. Brigitte Aubert est une auteure de romans policiers pour adultes, elle collabore avec Gisèle Cavali pour les ouvrages qu'elle adresse à la jeunesse.

• Caroline Rives

Info : Heure noire est une nouvelle collection qui propose des titres inédits et d'anciens textes de la collection Cascade policier.

Page 45: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

31 Tara Duncan et le livre

interdit : Tara Duncan, 2

Après avoir échappé une première fois à Magister (voir le tome 1 : Tara Duncan : Les Sortceliers, LJ n° 108 p. 35), Tara doit retourner sur AutreMonde afin de sauver son ami Caliban Dal Salan, emprisonné par l'Empire. Avec ce deuxième volume, les défauts de la série s'accentuent. D'abord, le malaise dû à certains passages proches du plagiat de Harry Potter, de La Quête d'Ewilan et autres, persiste. Laissons le bénéfice du doute à l'auteure, le genre amenant inévitablement des contextes similaires. De toute façon, il semble que le récit tienne davantage du registre humoristique. Outre les nombreuses réparties plus ou moins drôles, Sophie Audouin-Mamikonian prend un malin plaisir à détourner les scènes qui pourraient apporter une autre dimension au récit (ainsi la rencontre de Tara et de son père mort tourne-t-elle au ridicule). Les personnages se délitent au fil de l'intrigue et ne semblent servir que l'imagination débridée de l'auteure, sans aucune cohérence psychologique (Magister, le Mal absolu, devient allié de Tara à un moment de l'histoire, visiblement pour sortir l'auteure de l'impasse où elle s'est mise elle-même). Le point positif tient dans la dynamique de l'écriture. Même si cette seconde partie met plus de temps à démarrer, le lecteur y retrouve le foisonnement de la première et il semble que les plus jeunes continuent d'apprécier. Reste à savoir si ce récit qui semble s'inventer à chaque ligne ne va pas finir par lasser à vouloir trop en faire.

• Tony Di Mascio

41 Histoires de dinosaures Voici réunis en un seul volume les nouvelles et poèmes que Ray Bradbury a consacrés à sa passion pour les dinosaures. Ces monstres préhistoriques le hantent depuis le film Le Monde perdu, adapté de H.G. Wells. Il affirme dans l'introduction que «sans les dinosaures, [sa] vie n'aurait sans doute mené à rien. Ce sont les dinosaures qui [l'jont lancé sur la voie par laquelle [il allait] devenir écrivain». Remercions donc les bestioles d'avoir tant inspiré le maître et plongeons-nous vite, petits et grands, dans ces textes toujours aussi fascinants, à défaut d'être inédits. La véritable surprise du recueil réside dans les illustrations : Gallimard a fait appel à plusieurs illustrateurs, un par texte, qui offrent un intérêt supplémentaire au recueil. Certains sont très connus (comme Moebius), d'autres gagnent à l'être, tel Overton Loyd qui fait danser tricératops, ptérodactyles et diplodocus avec une grâce et une légèreté non dénuées d'humour. Le trait de David Wiesner est également évocateur dans sa façon de matérialiser l'univers onirique d'un jeune garçon. Nul doute que les jeunes lecteurs prendront plaisir à découvrir ces mondes perdus, ces créatures d'hier qui nous semblent, le temps d'un livre, si proches.

• Sandrine Brugot Maillard

Sophie Audouin-

Mamikon ian Seuil, 2 0 0 4

4 7 5 p.

15 €

2 0 2 0 6 5 8 7 1 2

Genre Fantasy humoristique

Ray Bradbury ill. Wi l l iam Stout, Steranko,

Kenneth Smith et al.

Trad, de l'américain par Pierre

Paul Durastanti

Gall imard jeunesse, 2 0 0 4

154 p.

10 ,50 €

2 0 7 0 5 5 7 7 8 2

Genre Nouvelles

Page 46: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Livres accroche

Evelyne Brisou-Pellen Dossier préparé

par Marie-Thérèse Davidson

Nathan jeunesse, 2 0 0 3

(Histoires noires

de la mythologie, n° 2)

125 p.

5 €

2 0 9 2 8 2 5 8 1 X

Mots clés Légende grecque

Atrides

M a r c Can t in Nathan, 2 0 0 4

2 4 0 p.

1 3 , 5 0 €

2 0 9 2 5 0 2 7 9 4

Genre Fantasy

Mots clés

Inventions langagières

51 Un piège pour Iphigénie

Aux prémices de la guerre de Troie, l'absence de vent empêche d'appareiller les armées grecques venues venger l'honneur bafoué de Ménélas, abandonné par son épouse Hélène. Agamemnon, roi de Mycènes, accepte de se soumettre à l'oracle qui demande le sacrifice de sa fille bien-aimée, la princesse Iphigénie.

Avec son talent habituel, l'auteure nous fait redécouvrir un des premiers volets de la tragédie d'Euripide. Parfaitement documenté, ce récit présente le sort d'Iphigénie, sacrifiée par son père au nom de la raison d'état, tandis que l'utilisation de la première personne du singulier permet au lecteur de s'identifier pleinement à l'héroïne de ce drame. L'ouvrage est très utilement complété par un lexique précis, un arbre généalogique des Atrides et un dossier documentaire sur la légende d'Iphigénie. A conseiller aux plus jeunes lecteurs passionnés par la Grèce ancienne ; à glisser également entre les mains de tous ceux qui veulent rafraîchir leurs connaissances en ce domaine.

• Nathalie Le Cléi

61 KŒil de Bézoard :

Les Maléfices d'Halequin, 1 Voici un petit roman jeunesse plaisant à plus d'un égard. C'est l'histoire, classique en fantasy, d'une quête menée par quelques personnages que tout oppose : Arthur de Baldaquin, un jeune chevalier pas très courageux, Garwalf, un nain poilu et ronchon etTorelle, une jeune fille au caractère bien trempé, privée de ses deux bras. Tous trois partent à la recherche de l'œil de Bézoard, un bouclier sur lequel serait gravée une carte qui donnerait accès à un fabuleux trésor, mais dont le terrible sorcier Mortemain s'est emparé. Il n'y a pas un temps mort dans cette histoire où les périls succèdent aux situations délicates. Certaines scènes relèvent du dessin animé et donnent un ton parfois fantasque à cette quête. Les dialogues, toujours vifs et bourrés d'humour, innovent en matière de jurons. Car c'est au niveau du vocabulaire que Marc Cantin se montre très original. Il emploie à merveille un lexique médiéval oublié qui sent bon le passé : «Trançonnez-moi ce sorcelier de malheur I Rogniez-moi sa sale crabosse I». Il invente également tout un tas de créatures merveilleuses qui peuplent un monde fantaisiste cohérent. Tout est bon dans ce premier volet, à lire sans modération.

• Sandrine Brugot Maillard

Page 47: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

71 Ciel jaune

Les combats se sont tus, il y a un an déjà. Le ciel reste désespéré-ment jaune, le pays (pas de nom, on le devine à l'Est) est exsangue, la terre empoisonnée. Un tank abandonné barre la route. Tel un spectre, il fascine et terrorise Jodh, un orphelin placé chez la mère Musha. Celle-ci est une fermière dure et austère, la guerre lui ayant ravi son mari et ses trois fils. Brillant élève poussé par son maître, il nourrit l'espoir d'entrer dans le secondaire. Mais de nouvelles semences vont être expérimentées. L'exploitation a besoin de bras. Harassé de travail, Jodh doit renoncer à son projet. Révolté, désem-paré, il songe à fuir mais soutenu par ses nouveaux compagnons de labeur, il canalise sa colère et trouve sa place. Si l'avenir immé-diat n'est pas celui qu'i l désire, il est chargé d'espérance. Ce roman d'apprentissage grave et poignant est empreint de sensibilité et d'empathie pour des êtres murés dans leur souffrance qui unissent leurs efforts à rendre fertile une terre martyrisée. A la joie de l'apparition des premières pousses et du ciel bleu qui filtre timidement, la promesse d'une nouvelle aube germe au cœur de chacun.

• Edith Hironde

Autre avis Le récit est classique, sans grande originalité. Le lecteur pourra vite s'ennuyer devant l'accumulation de clichés à moins d'être sensible au genre. • Tony Di Mascio

81 Étienne et Nicolas

Etienne a quatorze ans, il nous raconte sa vie d'adolescent avec un jeune frère trisomique de dix ans, Nicolas. Les difficultés sont nom-breuses : le sentiment d'une préférence de la part de ses parents pour Nicolas, leur exigence vis-à-vis de lui-même, le temps passé à s'occuper de ce frère encombrant, le regard des autres et surtout des copains de son nouveau collège, un sentiment de culpabilité mêlé à de la honte... Et pourtant l'amour de ses parents, l'amitié de ses copains et son affection pour Nicolas viennent tempérer ces difficul-tés et aident même ce jeune frère à progresser dans sa vie. L'auteure traite ici sans complaisance mais avec émotion et justesse le sujet dif-ficile de la différence, de l'anormalité liées à la trisomie 21. Tout est dit, y compris la richesse apportée dans les relations humaines et familiales d'une expérience difficile à accepter, générant des conflits mais qui force le respect. Le point de vue de l'adolescent est particu-lièrement bien rendu avec ses mots à lui, ses sentiments, ses colères, ses angoisses et ses interrogations. A conseiller vivement à de jeunes lecteurs vivant ce genre d'expérience et aux autres.

• Geneviève Mazel

Mar ie -Hé lène Delval Bayard Jeunesse, 2 0 0 4

(Millézime)

1 6 8 p .

10 ,90 €

2 7 4 7 0 1141 0

Genre Fable philosophique

Céci le Demeyère-Fogelgesang Hachette Jeunesse, 2 0 0 4

(Livre de Poche Jeunesse,

Histoires de vies, n° 984)

190 p.

4 , 5 0 €

2 0 1 3 2 2 1 7 1 1

Mots clés Trisomie 21

Page 48: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Livres accroche

Lynne Ewing

Trad. de l'anglais (Etats-Unis)

par Sylvie Puech-Chester

Le Rocher Jeunesse, 2 0 0 4

2 0 8 p.

8 , 9 0 €

2 2 6 8 0 4 9 3 3 7

Genre Fantastique

Jacob et W i l h e m G r i m m Trad. de l'allemand par Brigitte

Méchin, Armel Guerme,

Jean Amsler ;

ill. de Nikolaus Heidelbach

Seuil, 2 0 0 3

3 1 5 p. et 3 2 8 p.

3 0 € chacun

2 0 2 0 5 8 3 0 9 7

2 0 2 0 5 8 3 7 7 1

Genre

Contes traditionnels

9 I Déesse de la nuit :

Les Filles de la Lune, 1

Vanessa a quelques raisons d'être troublée : alors qu'elle aborde l'âge des premiers émois amoureux, son don d'invisibilité se manifeste ostensiblement à chaque fois que Michael tente de la séduire. Mais ce n'est pas tout I Elle se sent suivie et en danger sans réussir à démasquer son ou ses poursuivants. Heureusement, Catty, sa grande amie qui détient le pouvoir de faire des sauts dans le passé a décidé de l'aider. Au fil du livre, elles vont rencontrer Serena, une jeune baba cool qui peut lire dans les pensées et son amie Jimena, ex-membre de gang, qui, elle, a des prémonitions. Ensemble, elles sont les quatre filles de la Lune. Ecrite par une spécialiste des adolescents en difficulté, cette série, qui n'est pas sans rappeler Buffy contre les vampires ou encore Charmed, possède tous les ingrédients d'un récit divertissant, qui plaira plutôt aux filles. Les personnages sont attachants et les envies et les habitudes de leur âge sont bien rendues. L'intrigue contient suffisamment de rebondissements, le style est facile. Le second tome paraîtra à l'automne.

• Valérie de Saint-Laurent

10 l Contes, 1 et 2 Superbes livres au beau papier glacé, aux illustrations précises et réalistes, ces deux volumes permettent de retrouver le monde féerique des frères Grimm. Cinquante-sept contes s'ajoutent aux quarante-cinq du premier volume pour mieux connaître le folklore allemand. Les textes sont choisis parmi les plus célèbres (Le Roi-Grenouille, La Belle au Bois Dormant,...) ou au contraire inconnus du lecteur (La Sage Elise, Les Sept Souabes,...). Les illustrations de Nikolaus Heidelbach transposent avec bonheur l'imaginaire parfois inquiétant des frères Grimm. La mise en page, les gros titres colorés et les caractères légers, les illustrations vivantes et poétiques qui scandent les récits font de ce livre un incontournable pour tous les amateurs du genre ou ceux qui ouvriront ce livre par mégarde et ne pourront plus s'en séparer. S'appuyant sur l'édition de Flammarion de 1967, ils intègrent quelques nouvelles traductions faites par des personnes distinctes et à des époques différentes mais qui ne gênent pas l'unité de l'ouvrage. Pour tous les âges.

• Agnès Donon

info : L'édition originale en allemand (1 995) est en un seul volume. Les contes y sont présentés les uns à la suite des autres. Dans son édition, Le Seuil a décidé de séparer chaque conte, ce qui engendre parfois des incohérences entre le texte et les illustrations (page 251, les illustrations des lutins sont inversées par rapport à l'original). Le choix des traductions

Page 49: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

laisse aussi à désirer : page 153, le récit parle d'un crapaud alors qu'il s'agit d'un serpent comme l'illustration le montre (de plus Heidelbach avait choisi une version plus courte). Etrangement, l'éditeur français ne semble pas du tout avoir pris en compte le travail de l'illustrateur sur le choix des versions, ni pour la mise en page de ses illustrations. Merci à Céline Murcier de Livres au Trésor pour les renseignements. Voir aussi la notice d'Evelyne Cévin dans la Revue des Livres pour Enfants n° 21 6.

• Tony Di Mascio

il l Ariane contre le Minotaure

Bien loin des conventions habituelles, ce livre présente une Ariane très jeunette. Toute à la joie des préparatifs de la grande fête, elle découvre les sombres histoires familiales de Minos et Pasiphaé. Déjà émue, elle remarque vite dans le défilé des otages athéniens la silhouette de Thésée et se jure de le délivrer, quitte à le suivre jusqu'à Athènes pour fuir le courroux paternel. Nous rencontrons Dionysos en aimable vigneron, Dédale en prudent conseiller. Agencé comme une jolie romance, ce récit peut séduire les toutes jeunes filles avec l'avantage indéniable de les familiariser avec les héros légendaires, la supposée vie quotidienne antique et certaines formes de la pensée grecque, telle que la proximité des dieux. Par contre, la force du mythe est délaissée. On la retrouve dans l'excellent dossier préparé par la directrice de collection, où les lecteurs comprendront la part d'universel cachée dans les amours d'Ariane ou dans la monstruosité du Minotaure.

• Michelle Brillatz

121 Italie, mai 1944 : Le Ciel déchiré

Fin 1943, toute la France est occupée par les allemands. Nicolas, dix-huit ans, pense surtout à Madeleine dont il est tombé amoureux. Mais il apprend bientôt que celle-ci est mariée et a trahi un réseau de Résistance. Son oncle sera donc arrêté et Nicolas doit s'enfuir pour échapper au S.T.O. Après avoir traversé l'Espagne et goûté à ses prisons, il rejoint le Maroc et s'engage dans le Corps expéditionnaire du général Juin. Il découvre les combats, la mort et la camaraderie à Cassino en Italie.

Ce roman historique introduit avec précision et exactitude, le lecteur dans la guerre en 1 943-44. Il comprend, par exemple, que les soldats aux origines diverses «l'arabe, le roumi et le métropolitain» sont unis au combat. Malgré une histoire d'amour un peu compliquée, ce roman vivant et rigoureux passionnera les collégiens.

• Agnès Donon

M a r i e - O d i l e Har tmann Nathan, 2 0 0 4

(Histoires noires

de la mythologie, n° 5)

124 p.

5 €

2 0 9 2 8 2 6 2 5 5

Mots clés Mythologie grecque

G u y Jimenes Nathan, 2 0 0 4

(Les Romans de la mémoire, n°9)

128 p.

5 €

2 0 9 2 1 1 2 7 0 8

Genre Roman historique

Mots d e s Seconde Guerre Mondiale

Page 50: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Livres accroche

Kochka

Thierry Magnier, 2 0 0 3 (Roman)

9 5 p .

7 €

2 8 4 4 2 0 2 7 8 0

Réédition

Mots clés Guerre du Liban Histoire d'amour

Erik L 'Homme

Gallimard jeunesse, 2 0 0 4

(Hors-piste, n° 17)

2 3 9 p.

10 € 2 0 7 0 5 5 9 2 8 9

Genre

Science-fiction

Miche l Laporte

Flammarion, 2 0 0 4

(Castor poche, n° 963)

183 p.

5 €

2 0 8 1 6 2 4 8 7 7

Genre

Policier

Mots clés

Chine du XI' siècle

131 La Fille aux cheveux courts

Beyrouth, 1976. La guerre éclate. Monsieur Jacques confie la garde de son appartement à Nabi l , le fils du concierge, le temps d'installer sa famille en France. En réparant un meuble, le jeune homme découvre le journal intime de Marie, la plus jeune fille du propriétaire. A sa lecture, il surprend la solitude de Marie et sa soif d'être aimée. La découverte est progressive, à la fois douce et douleureuse. Le ton du récit, plus ou moins autobiographique, est poétique, sensible, tout en odeurs, en couleurs. Un beau livre, accessible dès le collège.

• Agnès Donon

141 Chien-de-la-lune :

Les Maîtres des Brisants, 1

Dans le système solaire de Drasill, la planète Muspell est aussi chaude que Nifhell est froide. Une énième guerre se déclare entre elles. Le Comte Xavier de Xaintrailles est appelé pour combattre les assaillants de Muspell avec le Rongeur d'os, son vaisseau spatial. A son bord embarquent trois adolescents, stagiaires pour trois ans. La lutte contre la flotte de guerre du diabolique khan de Muspell s'engage comme un vaste jeu d'échecs tandis qu'à bord, un traître tente de piéger le commandant dit Chien-de-la-Lune. Que d'aventures pour ces trois stagiaires confrontés aux dures réalités et à la survie de l'Empire I Les adultes, bien que conscients de leurs limites et de leurs faiblesses, prennent en charge les adolescents tels qu'ils sont afin de les responsabiliser, ce qui crée une ambiance de respect mutuel. L'un des protagonistes énonce : «Il faut sans cesse prouver que l'on mérite ce dont on a hérité». Les chapitres sont courts, la construction claire, les dialogues bons. Ce premier roman d'une série est prometteur.

• Odile Mestrallet

151 Menace sur l'Empire Song :

Maître Wen, T. 5

Cinquième titre de la série, l'Empire Song est-il menacé par l'armée des Xia ? La ville de Jin-Liang doit-elle être évacuée ? A Kai-Feng, dans la capitale de l'Empire Song, le grand chancelier charge Maître Wen et Liao, deux moines mendiants, de trouver son agent à Jin-Liang et de faire le point sur la situation. Agents, faux-agents, veuves influentes, filatures, guets-apens entraînent le lecteur à la suite de Maître Wen et de Liao, son jeune novice, dans une Chine du XIe siècle. Le dédale des rues tortueuses, l'atmosphère orageuse pèsent sur les événements, les rendant dramatiques. Mais tout finit bien, dans la sagesse, la poésie,

Page 51: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

la bonne humeur et avec... deux ou trois cadavres en route ! Le sixième et dernier titre, Fée de la lune est sorti en mai.

• Odile Mestrallet

161 Le Louvetier : Gallica, 1

Imaginez une reine, intelligente et belle, fraîchement répudiée par le roi de Gallica et qui épouse en secondes noces le roi de Brittia. Imaginez un abbé conseiller du roi de Gallica, un royaume morcelé, des soldats du Christ et des Compagnons du Devoir sillonnant le territoire et vous aurez l'univers inventé par l'auteur de la trilogie de la Moïra (La Louve et l'enfant, La Guerre des loups, La Nuit de la louve publiés aussi chez Bragelonne) pour sa nouvelle saga. Il s'inspire très largement de l'atmosphère, des personnalités et des événements survenus au cours du XIIe siècle entre la France et l'Angleterre. Mais c'est au destin du jeune Bohem que l'on s'attache. Fils du louvetier du village, Bohem se sent différent. Sa course pour échapper à ceux qui, il ne sait pourquoi, le poursuivent, va l'amener à découvrir sa véritable identité. Dans ce roman d'initiation, un jeune paysan va peu à peu comprendre ses rêves, ses aspirations et le malaise ressenti parmi les gens de son village : il est quelqu'un d'autre, promis à un grand destin.

On est un peu déçu par le simplisme de l'intrigue et par la naïveté des situations et de certains dialogues. Mais parce que l'histoire est bien construite et offre une représentation crédible du Moyen Age, on la recommandera aux jeunes lecteurs de fantasy. On attend le second tome, Le Vent des brumes.

m Sandrine Brugot Maillard

17 l G o u m i G o u m i

Marina vient de passer six mois en soin intensif à l'hôpital pour une leucémie. Elle a subi de longs traitements souvent douloureux. Elle a surtout croisé d'autres enfants, qu'elle a vu parfois disparaître. Le récit commence le jour où elle retourne parmi les siens, ses parents et son frère. Plus rien n'est comme avant sa maladie : leurs paroles lui semblent déplacées, l'affection débordante de sa mère l'étouffé et elle ne veut en aucun cas croiser ses amies qui jouent à l'élastique dehors. Personne ne semble comprendre qu'elle n'est plus la même, qu'elle se trouve horrible sans ses cheveux et que le destin des enfants qu'elle a laissés derrière elle la préoccupe plus que tout.

Voilà un témoignage émouvant de l'adolescence face à la maladie. Le ton est particulièrement juste. De lecture facile, il fait référence à un registre de sentiments assez courants chez les adolescents.

• Valérie de Saint-Laurent

Henr i Lœvenbruck

Bragelonne, 2 0 0 4

3 4 8 p.

20 €

2 9 1 4 3 7 0 6 5 2

Genre

Fantasy

Mots clés

Moyen Âge

Zoran Pongrasic

Trad, du croate

par Novak Strougar

Le Rouergue, 2 0 0 4 (DoAdo)

2 2 0 p.

10 €

2 8 4 1 5 6 4 9 9 1

Mots clés

Leucémie

Page 52: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Livres accroche

N o ë l Simsolo

Seuil, 2 0 0 4

188 p.

9 €

2 0 2 0 6 2 0 5 0 2

Genre Policier fantastique

Mots clés Magie

Vampires

N o ë l Simsolo Seuil, 2 0 0 4

2 1 6 p.

9 €

2 0 2 0 6 2 9 4 7 X

Genre Policier fantastique

Mots clés Egypte Magie

18 I Les Vampires de Gand :

Edgar Flanders, détective de l'étrange

Edgar Flanders est appelé dans les enquêtes qui touchent aux rives du fantastique. Dans ce volume, c'est la belle Asmina qui l 'appelle au secours : un homme s'est rendu précipitamment chez elle venant d'échapper à l'attaque d'un vampire qui voulait lui dérober un célèbre saphir, le Boria. Amina, connue par ses talents de médium, fait projeter à son visiteur inquiet, un image mentale de son agresseur. Il s'agit bien d'un vampire, Rodolphe Zorian, à la recherche de la pièce essentielle de la tiare de feu qui assure l'immortalité à son détenteur. Edgar Flanders saisit immédiatement la gravité de cette nouvelle enquête dont l'échec assurerait le pouvoir sur terre à ces êtres sataniques. On peut regretter le recours assez systématique et facile aux assassinats commis par les vampires, une enquête où tout coule de source et où le personnage d'Edgar Flanders manque un peu d'étoffe. Ce livre constituera néanmoins pour les plus jeunes une entrée facile dans la littérature fantastique.

• Valérie de Saint-Laurent

19 I Les Crimes de la momie Edgar Flanders, détective de l'étrange

Nous sommes en 1920. Un égyptologue a disparu au retour d'une expédition où il recherchait la momie du grand prêtre Rijali. Celui-ci aurait, en son temps, trouvé le secret de la pierre philosophale et la formule de la vie éternelle. Informé de cette disparition par la fille du savant, Asmina, Edgar Flanders, détective expert en sciences occultes, se lance sur ses traces. Il découvre que le milliardaire qui a financé l'expédition de l'égyptologue est un adepte de la magie noire... A la frontière entre le polar et le fantastique, cette enquête, seconde de la série, se révèle tout à fait captivante. Ses rebondissements para-normaux et ses références à la religion de l'ancienne Egypte sont, malgré quelques raccourcis de narration, tout à fait crédibles. Le héros est entouré d'une panoplie de belles femmes et de personnages insolites qui pimentent le récit jusqu'à la fin. Le rythme rapide de l'enquête et l'atmosphère d'étrangeté du récit sont bien servis par des phrases simples et courtes.

• Flore Talamon

Page 53: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

20 I Antigone

Ce livre séduit dès le premier regard : qualité du papier et de l'illustration pleine page en trois couleurs, sérigraphie inspirée des vases grecs, c'est un livre d'art. Côté texte, un intelligent artifice fait du devin Tirésias le conteur, ce qui lui permet de conduire son public dans la compréhension de la tragédie, d'intervenir ici ou là pour résumer et expliquer. Il médite tout haut, donne son avis, ouvre des pistes de réflexion. Le texte sait rester fidèle à Sophocle malgré des raccourcis et des omissions telles que l'intervention d'Ismène, la mort d'Eurydice... L'absence du chœur ne choque pas, Tirésias en tient la place. Les dialogues ont l'énergie de ceux de Sophocle. Antigone est téméraire et hardie, bravant le roi, fidèle à cette «loi naturelle dictée par les dieux». Une dernière page documentaire présente le théâtre grec et ses enjeux vis-à-vis des Athéniens. Ce très beau livre est une intelligente introduction à la tragédie et même à la philosophie grecque.

• Michelle Brillatz

211 Qui veut tuer Alaizabel Cray ?

Roman de fantasy étonnant, voici encore une création d'un jeune auteur britannique pétri de talent - mais n'est-ce pas un pléonasme ? Dans un Londres crépusculaire ravagé par les bombes, parcouru par des créatures d'épouvantes (les Y-majes), un drame se noue. Oh, rien d'important, un de ces faits divers sur lesquels on ne s'arrêterait même pas, et pourtant... C'est en poursuivant un Brackberso (un être de cauchemar) que Thaniel Fox, jeune chasseur de monstres de son état, tombe sur une jeune femme amnésique, Alaizabel Cray. Décidés à l'aider, Thaniel et Cathaline Bennett, un autre chasseur d'Y-majes, découvrent la clé de son amnésie : un sortilège particulièrement tortueux. Trait d'union entre la grande école littéraire britannique, celle des Dickens et des Conan Doyle, Chris Wooding impose avec ce premier roman un imaginaire personnel captivant et d'une grande originalité. Si vous êtes lassés des sempiternels magiciens, elfes et autres guerres magiques, alors vous serez séduit par l'étrangeté de ce roman, ses créatures, la magie tâtonnante des Wards, son atmosphère délétère.

• Stéphane Manfrédo

Coup de cœur

D'après Sophoc le

Adaptation par

Gita Wolf , Sirish Rao

¡11. Indrapramit Roy

Trad. d'Emmanuelle Pingault

Mi lan jeunesse, 2 0 0 3

4 0 p. + coffret

20 €

2 7 4 5 9 1 1 0 7 4

Genre Texte illustré

Mots clés

Tragédie grecque

Chris W o o d i n g

Trad. de l'anglais

par Philippe Loubat-Delranc

Gall imard, 2 0 0 3

(Folio Junior, n° 1286)

3 8 9 p.

6 , 5 0 €

2 0 7 0 5 3 7 9 7 5

Genre Fantasy

Page 54: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Parcours de lecture Livres accroche BD

Dieter ill. Etienne Le Roux

Delcourt,

2 0 0 3 (Neopolis)

4 7 p.

12 ,50 €

2 8 4 7 8 9 131 5

Genre Science fiction

Rosinski ¡II. Jean Van Hamme

Le Lombard,

2 0 0 3

2 4 6 p.

3 6 , 5 0 €

2 8 0 3 6 1 9 6 0 1

Nouvelle édition

22 I Europe : Amenophis IV, 3

L'officiant John Barhile a quitté Mars et se voit muté sur la base Europe, installée sur une boule de glace d'où l'on extrait un minerai précieux. Les conditions sont extrêmes et la révolte des ouvriers gronde quand la navette n'amène pas la relève prévue. Pendant ce temps, le directeur de la base prépare son évacuation. Après avoir suivi John Barhile sur Mars, on retrouve notre curé de l'espace pour une nouvelle aventure sur une planète encore plus inhospitalière. L'humour incomparable du héros est toujours de rigueur et les rebondissements, bien que souvent prévisibles, sont toujours aussi bien mis en scène et en mouvement par le dessin vivifiant de Le Roux et les couleurs maîtrisées de Dufourg. Agréable série à épisodes (voir les tomes précédents Demyet Minie) pour les passionnés de SF et d'humour noir.

• Jean-François Fontayne

23 I Le Cycle de Qâ : LIntégrale de Thorgal 2003

Les albums 9 à 1 3 de Thorgal, dans lesquels évolue le personnage de Qâ, sont ici compilés sous le titre général du Cycle de Qâ. S'y ajoutent quelques belles esquisses de Rosinski et un petit texte de présentation plein d'humour du scénariste Jean Van Hamme. L'ouvrage est bien sûr attrayant, mais les esquisses inédites peu nombreuses. L'intérêt principal de cette compilation semble surtout commercial...

• Isabelle Hébert

Page 55: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

24 I Sing «Yesterday» for me, 1, 2 et 3

Uozumi, qui a abandonné les études après le lycée, travaille dans un petit supermarché pour tenter de gagner sa vie. Il fait parti des freeters, jeunes ou précaires, qui survivent de petits boulots au Japon. Il va faire la rencontre de Haru, une lycéenne fantasque, toujours accompagnée de son corbeau. Une certaine complicité va s'installer entre les deux jeunes gens. Pourtant toute histoire d'amour semble impossible car Uozumi garde dans son cœur la belle Shinako, qu'il a connue au lycée et qui est maintenant professeure à Tokyo. Le jeune homme a honte de sa condition sociale et semble se résoudre à ne pas tenter sa chance auprès de Shinako. Tiraillé entre les deux jeunes femmes, Uozumi essaie de suivre son destin. Réussira-t-il à trouver sa voie ?

Kei Tourne nous régale avec cette histoire touchante qui nous permet de comprendre un peu mieux la société japonaise. Graphisme et scénario soignés nous captivent. Les jeunes se retrouveront dans ce shojo plus sociologique que fleur bleue.

• Jean-François Fontayne

251 LCEil de fer :

Harrison et Holmes, 1

Pour devenir médecin-directeur du Grand Hôpital de la Reine à Londres, le docteur Harrison, doyen des médecins, doit guérir auparavant un malade psychiatrique. Il espère bien convaincre son patient que celui-ci n'est pas Sherlock Holmes. Mais c'est le contraire qui se produit I Devenu Watson malgré lui, il mène l'enquête avec le faux détective sur le vol du célèbrissime diamant l'«CEil de fer».

Que d'aventures, quel rythme ! Les personnages aux visages mobiles et expressifs, les couleurs de fond de case virant du vert au rouge en cas de colère du personnage ou de danger, soulignent l'humour du scénario qui donne un rôle essentiel à une poule mangeuse de mouches et gobeuse de diamant. Une très bonne enquête policière, agréable à lire et débordante d'humour. Dès le collège.

• Agnès Donon

Kei Tourne Trad. Tamako Kageyama

Delcourt, 2 0 0 3 (Akata]

2 5 6 p., 2 1 9 p. et 2 2 4 p.

7 , 2 5 € chacun

2 8 4 7 8 9 117 X

2 8 4 7 8 9 195 1

2 8 4 7 8 9 3 0 7 5

Genre

Shojo manga

Mots clés

Histoire d'amour

Arnu West Milan, 2 0 0 4 (Treize étrangel

4 8 p.

1 0 , 5 0 €

2 7 4 5 9 1 2 9 7 6

Genre Pastiche policier

Mots clés

Humour Sherlock Holmes

Page 56: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

de lecture Livres accroche Documentaire

Marc Cant in ¡11. Bruno Salamone

De la Martïnière Jeunesse, 2 0 0 4

(Oxygène)

105 p.

10 € 2 7 3 2 4 3 0 7 6 5

Mots clés Adolescence

Vie en société

Phil ippe G o d a r d , Pascal Pilon,

Elisabeth Thomas Autrement, 2 0 0 4

(Autrement junior histoire)

6 3 p.

9 €

2 7 4 6 7 0 4 6 0 9

Mots clés Histoire de la Chine XIX'

et XX' siècle

26 I Mais pourquoi tant d'interdits ? Sept chapitres pour expliquer aux jeunes adolescents en quoi l'interdit structure l'individu et garantit la cohésion de la vie collective (familiale, scolaire, sociale). Des notions-clés sont abordées succinctement : l'auteur commence par relativiser l'interdit en fonction de la société d'origine (Etats-Unis, Japon, Angleterre, France : à chacun ses codes sociaux) ; il montre en quoi les limites sont autant de repères et en quoi les franchir pour faire monter l'adrénaline comporte des risques inutiles. Le chapitre «Qui décide» approche le principe démocratique du dialogue et la valeur de l'argumentation face à ceux qui font la loi (parents, enseignants ; pour les politiciens véreux, l'argumentation est plus laborieuse). L'ouvrage se conclue sur les tabous et la censure. Le fond du message donne à réfléchir sur la responsabilité individuelle. Dans l'esprit de cette collection qui s'adresse aux plus jeunes, l'argumentation, l'illustration et le découpage des chapitres donnent une approche «magazine» du sujet plutôt que documentaire, dans le registre «pédago-sympa». Marc Cantin utilise des références proches de la vie des ados, consuméristes, «star-académistes»... Le ton enjoué et léger séduira sûrement les lecteurs, même si pour un adulte, l'humour n'est pas toujours du meilleur effet et les raccourcis parfois étranges. L'ensemble reste une première approche sans prétention pour les collégiens qui s'interrogent sur le fondement des règles de notre société.

• Isabelle Debouvère

27 I La Chine, du XIXe siècle à nos jours La Chine étonne par son immensité et sa population, sa civilisation, les bouleversements politiques et économiques successifs qu'elle a subis en moins d'un siècle et par le fait qu'elle est le seul grand pays qui se proclame encore communiste. Après avoir montré par l'exemple de l'écriture et du théâtre les spécificités et la permanence de la culture chinoise, ce petit ouvrage aborde l'histoire du pays à l'époque moderne. Il met l'accent sur quelques étapes caractéristiques : le régime des concessions imposées par les Occidentaux (1 842), la chute de l'Empire (191 1), la prise de pouvoir par les communistes (1949), la révolution culturelle ( 1965-1970), l'ouverture au monde capitaliste. Une conclusion fait ressortir les progrès accomplis, mais aussi l'énormité des problèmes qui se posent, dont certains trouvent leur origine dans l'évolution économique elle-même. Ce livre bénéficie d'une présentation agréable et aérée, de bonnes illustrations, d'un texte facile à lire. Pour les collégiens. «JeanRatier

Page 57: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Autre avis : Comme beaucoup d'ouvrages sur le sujet, la question épineuse du Tibet est occultée. Pour les lecteurs confirmés que cela intéresse, voir plus loin la critique n° 147 du livre de Claude Levenson, Tibet, otage de la Chine.

m Isabelle Debouvère

28 l En finir avec vos complexes

L'introduction «Pourquoi est-on complexé à l'adolescence» pose la question de savoir si «je suis normal». Le documentaire aborde le sujet en trois chapitres : complexes physiques, intellectuels et relationnels, eux-mêmes organisés en «d'où viennent» et «comment surmonter». C'est un peu le moteur de cet ouvrage qui pose toutes sortes de questions et propose un large échantillon de conseils réalistes. Il est également accompagné de nombreux témoignages d'adolescents et de spécialistes ainsi que d'extraits de textes de Rousseau, Alphonse Daudet, Mikaël Ollivier ou Azouz Begag.

Anne Lanchon nous offre un texte simple et intéressant, aux illustrations fraîches et qui donne envie de résister aux diktats de notre civilisation de l'image. Derrière les complexes, c'est bien toute la complexité de la vie en société qui est abordée.

• Jean-François Fontayne

A n n e Lanchon

¡11. Charlotte Gastaut

De La Martinière Jeunesse, 2 0 0 3

(Hydrogène)

109 p.

10 €

2 7 3 2 4 3 0 3 6 6

Mots clés Adolescence Psychologie

Page 58: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

56

Parcours de lecture Et après. . . Littératures

291 Les Trois lunes de Tanjoor :

Le Peuple turquoise, 1

La Flamme d'Harabec, 2 La Mort d'Ayesha, 3

A n g e

Bragelonne, 2 0 0 1 ,

2002 et 2003

1 7 € chacun

304 p., 295 p. et 299 p.

2 9 1 4 3 7 0 0 6 7

2 9 1 4 3 7 0 20 2

2 9 1 4 3 7 0 36 9

Genre Science Fiction

Tragédie

Mots clés Questions métaphysiques

Ange ajoute à son oeuvre déjà conséquente (BD, romans pour adultes, traductions, romans pour la jeunesse) ce cycle qui ne peut passer inaperçu. Au cœur de chaque tome, la même question : la mort d'un homme (ou d'un peuple ou d'une divinité) peut-elle faire basculer le destin, en l'occurrence une prophétie dont le poids devient terriblement accablant au fil du temps ? Arekh et Marikani, les deux héros récurrents tentent de toutes les forces de leur libre arbitre d'échapper à la tragédie. Arekh, parricide, cynique espion à la solde de cours prestigieuses, galérien au début du récit est sauvé de la noyade par Marikani, noble héritière du trône d'Harabec. Voilà le sort des deux personnages lié pour longtemps... Roman tragique, récit de fin d'un monde, ces trois tomes à la tension habilement distillée, aux rebondissements multiples et nullement artificiels tiendront en haleine le lecteur amateur de ce genre de cycles. Les personnages sont complexes, ballottés dans les méandres des enjeux politiques. En toile de fond, le problème de l'existence des dieux, de la croyance, thème abordé aussi dans Le Secret deji de Pierre Grimbert mais de façon différente (voir L J n°109 p.51).

• Marie-Françoise Brihaye

301 LAccusé

Char lo t te Armst rong

Trad, de l'américain

Syros Jeunesse, 2004 (Rat Noir)

89 p.

7 ,50 €

2 7 4 8 5 0 1 9 7 7

Réédition

Genre Policier

Freddy, dix ans, vient de découvrir le cadavre empoisonné d'un chien dans l'arrière-cour de M. Matlin. L'homme, déjà détesté par les enfants du quartier, est immédiatement accusé par Freddy et sa bande. Un petit livre efficace, juste et très pédagogique, à l'atmosphère délicieusement désuète. Espérons que l'aspect très jeune de la couverture ne rebutera pas un lectorat plus âgé. Ce livre était sorti en 2001 dans la collection Souris noire, sous le titre La Mort d'un chien.

• Valérie de Saint-Laurent

Mots clés Bouc émissaire

L e c t u r e J e u n e - S e p t e m b r e 2 0 0 4

Page 59: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

311 Ne fais pas de bruit Rachel est fille unique depuis la disparition dite accidentelle de son frère aîné, Jake. C'est une jeune fille brillante et indépendante, à l'image de ses parents, tout deux passionnés par leur métier. Mais arrive l'âge des interrogations, tout particulièrement sur ce frère dont elle ignore tout. Elle retrouve le journal intime de cet être à qui tout semblait réussir. Les réflexions de Rachel s'alimentent de celles de son frère, livrées comme un écho à ses doutes. La profondeur de leurs propos résiste à cette construction un peu artificielle. Le mal-être grandissant du jeune homme laisse entrevoir très progressivement sa décision de mourir. Ce travail introspectif va permettre à Rachel, puis à ses parents, d'admettre le départ définitif de Jake.

Un récit très sensible sur le mal-être et le suicide des jeunes et sur les difficultés qui peuvent se créer dans les relations parents-enfants au moment de l'adolescence. Le personnage de la grand-mère apporte de la fantaisie et de la vie dans celle trop réglée de ses proches. Il n'y a pas de difficulté particulière de lecture, mais une certaine maturité est nécessaire pour en apprécier tout les aspects.

• Valérie de Saint-Laurent

32 l Accroche-toi, Sam !

À dix-sept ans, Sam est père d'un petit garçon de onze mois, Max, dont il a la garde. Il est scolarisé dans un lycée alternatif. Ces établissements aux Etats-Unis permettent aux très jeunes parents de poursuivre leurs études en leur proposant une crèche et des conseils d'éducation au quotidien. Tout deux habitent encore chez le père de Sam, veuf depuis huit ans. La vie n'est pas facile pour Sam : il assume courageusement ses responsabilités de père avec cependant une certaine amertume pour tout ce qu'il a perdu ou est en train de perdre.

On s'attache beaucoup à ce jeune homme qui fait face aux difficultés quotidiennes sans beaucoup d'aide, si ce n'est de la tolérance de la part de son père. La fin du récit est difficile car imprévue et rompt un lien qui semblait très fort chez le jeune père : Sam confie Max à l'adoption et le récit s'achève sur leurs retrouvailles dix-sept ans après. Un très bon récit.

• Valérie de Saint-Laurent

Autre avis : Dans ce récit introspectif, si l'auteure emmène bien son personnage dans une évolution difficile mais cohérente, on ne comprend pas du tout comment le chapitre final vient casser la progression. Elle impose brutalement, presque en guise d'happy end, l'abandon du bébé, le narrateur perdant du même coup toute sa crédibilité. Le récit vient-il alors cautionner la déresponsabilisation ? Mystère... Cette pirouette maladroite laisse le lecteur se débrouiller seul avec cette ambiguïté et le sentiment que l'auteure a raté son récit.

• Isabelle Debouvère

Kate Banks

Trad, de l'anglais (américain)

Anne Krief

Gallimard, 2 0 0 4 (Scripto)

190 p.

9 €

2 0 7 0 5 5 8 6 4 9

Mots clés Adolescence Deuil Suicide

M a r g a r e t Bechard

Trad, de l'anglais (États-Unis)

par Sidonie Van Den Dries

Bayard, 2 0 0 4 (Millézime)

2 6 3 p.

10 ,90 €

2 7 4 7 0 1065 1

Mots clés Paternité

Coup de gueule

Page 60: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Et après

Stéphanie Benson Syros jeunesse, 2 0 0 4 (Rat noir)

122 p. 7 , 5 0 €

2 7 4 8 5 0 1 8 6 1

Genre

Policier

Mots clés Adolescence

Banlieue

Anne-Laure Bondoux L'école des loisirs, 2 0 0 4

(Médium)

231 p. 1 0 , 5 0 €

2 211 0 7 2 5 2 6

Mots clés Maternité

Adolescence Deuil

Pierre Bottero Flammarion, 2 0 0 4 (Tribal)

160 p. 7 €

2 0 8 1 6 2 4 4 6 X

Mots clés Anorexie

Danse Premier amour

331 Tipaza mon amour La jeune Léa Varès va mal : famille monoparentale, vie en cité, échec scolaire... Elle est prête à commettre n'importe quelle imbécillité pour rejoindre Tipaza, le paradis imaginaire d'où vient son ami Brahim. Le cadre de la banlieue, tracé à gros traits, est utilisé pour situer le comportement de Léa, qui accumule les erreurs sans pour autant qu'on cesse de la trouver attachante. Sans manifester la moindre complaisance pour ses divagations dangereuses, l'auteure ne la condamne pas en tant que personne et ne lui porte aucun mépris. C'est l'intérêt principal du roman, les personnages secondaires étant plus convenus. Le récit est facile à suivre, l'intrigue est linéaire, l'écriture simple. Tout cela en fait un roman d'une lecture aisée, qui permet d'aborder un personnage complexe avec un point de vue dénué de manichéisme. Stéphanie Benson est une auteure prolifique de romans policiers pour enfants et adultes. La majeure partie de sa production pour adultes est publiée à l'Atalante.

• Caroline Rives

341 La Vie comme elle vient

Mado et Patty, seize et vingt ans, sont deux sœurs qui viennent de perdre leurs parents dans un accident de voiture. Mado est aussi sérieuse et réservée que Patty est exubérante et excentrique. Malgré leurs différences, elles se retrouvent à vivre ensemble. Patty est enceinte et cache sa grossesse au juge des tutelles pour pouvoir garder Mado avec elle. Cependant elles sont bien seules et peu préparées à l'accueil de cet enfant. C'est pourtant cette naissance qui va les aider à se rapprocher, à s'aimer peu à peu et à surmonter l'absence de leurs parents. Mado, la narratrice, nous conduit dans ce récit, auquel elle ajoute quelques lettres adressées à ses parents défunts. Les personnages, encore adolescents et parfois immatures, traversent l'épreuve du deuil et se révèlent peu à peu responsables et sensibles. On goûte les détails quotidiens de la vie entre sœurs et on apprend des choses sur la maternité sur un ton humoristique. Ces histoires de filles plairont en premier lieu au public féminin. Après Les Larmes de l'assassin (voir LJ n°l 08 p.54), Anne-Laure Bondoux signe à nouveau un livre fort, bien écrit et émouvant.

• Mathilde Valognes

35 l Zouk

L'anorexie, phénomène de société n'est plus tabou dans la littérature (jeunesse ou pas). A la suite de femmes comme J. Teisson, G. Brisac, M.S. Vermot avec son récent Pouvoir se taire et encore, un homme aborde le sujet. Pierre Bottéro est cet écrivain prolifique à qui l'on doit le cycle de La Quête d'Ewilan chez Rageot. Il raconte ici les destins croisés

Page 61: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

de deux jeunes filles en classe de terminale, toutes deux passionnées de danse, qui vont vivre avant leur bac le premier grand drame de leur vie : pour l'une, Zouck, la narratrice sur laquelle le récit se focalise, celui de l'anorexie ; pour l'autre, Maiwenn, son amie, l'échec d'un premier amour et la grave dépression qui s'ensuit. Cette dernière abandonne la danse pour vivre pleinement son amour tandis que Zouck, blessée par une remarque la concernant, commence à maigrir pour tenter de gommer des formes peu tolérées dans le monde des chorégraphes. Elle ne peut s'arrêter et commence une inexorable descente aux enfers que tentent en vain d'enrayer des parents vigilants et des adultes perspicaces et attentifs. L'amitié de Maiwenn sera alors décisive.

Ce livre facile à lire, à l'écriture fluide, traite avec justesse de l'engrenage et du drame de l'anorexie. Il ne manquera pas d'intéresser nombre de lectrices adolescentes souvent demandeuses et curieuses de ce genre de fiction.

• Marie-Françoise Brihaye

361 Endiablade ou Comment

des jumeaux causèrent la mort

dun chef de bureau

Voici une formidable dénonciation de la bureaucratie soviétique de 1920. Le camarade Korotkov bien au chaud dans son emploi au Dépôt central de matériel pour allumettes voit basculer son destin. C'est d'abord une nouvelle ordonnance qui instaure la paye des employés en produits de la firme (donc, en allumettes I). Puis, le camarade directeur est remplacé par un Kalsoner chauve et irascible dont le premier arrêté est de mettre à pied Korotkov. Et celui-ci d'errer dans les ministères pour plaider sa cause, de couloirs obstrués en escaliers dérobés, de se heurter à des parois vitrées derrière lesquelles on aperçoit des petits vieux oubliés, où parfois apparaît l'inscription «Renseignements» sur une porte, murée. Ivre de fatigue et d'impuissance, aux prises avec l'illogisme institutionnel, Korotkov se laisse happer par la spirale de l'absurde, tente par la folie d'échapper au désespoir.

L'atmosphère fantastique d'un cauchemar éveillé est présente de la première à la dernière ligne, comme née de la volonté d'un deus ex machina diabolique. Cette visite ubuesque réjouira les plus critiques des lecteurs.

• Michelle Brillatz

M ikha ï l Bou lgakov

Trad. du russe par Françoise

Flamant

Gall imard, 2 0 0 3

(Folio 2 euros, n°3962)

1 1 0 p .

2 € 2 0 7 0 3 1 2 8 1 X

Réédition

Genre Absurde

Mots clés URSS

Page 62: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Et après...

M a r i o n Z immer Bradley, Hol ly Lisle

Trad, de l'américain par I. Train

Fleuve noir, 2 0 0 3

(Rendez-vous ailleurs)

2 9 5 p.

15 €

2 2 6 5 0 7 3 9 8 9

Réédition

Genre Science fiction

Mots clés Télépathie

Biaise Cendra rs

Gall imard Jeunesse, 2 0 0 4

(Folio Junior En poésie, n° 1310)

9 6 p.

3 €

2 0 7 0 5 5 8 0 8 8

Genre

Poésie

371 La Faille entre les mondes :

Les Pouvoirs perdus, 2

Le deuxième tome des Pouvoirs perdus, paru initialement dans les années 80 est une œuvre tardive de Marion Zimmer Bradley. Dans le premier, deux américaines en rupture conjugale se retrouvaient magiquement dans un univers hors du temps, la Glennravenne. A l'inverse, dans celui-ci, une américaine inexplicablement menacée de mort, est contrainte d'héberger des citoyens glennravennois qui ne peuvent retourner chez eux, le portail entre les deux mondes ayant cessé de fonctionner. La jeune femme comprend peu à peu que ses hôtes étranges et elle doivent être solidaires pour mener à bien leur mission : retrouver le maléfique magicien Callion, le faire rentrer à Glennravenne puis sceller la porte entre les deux mondes.

Au fil de cette aventure pimentée d'humour et de suspense, agréable à lire, le lecteur retrouve nombre de thèmes chers à Marion Zimmer Bradley : le choc culturel entre deux civilisations, l'intolérance religieuse, le refus de la différence, les portes de téléportation, l'apparition de la télépathie chez un humain et les difficultés engendrées par un mauvais contrôle de ces pouvoirs. Cet ouvrage permet d'accéder avec facilité à l'univers de cette auteure.

• Marie-Françoise Brihaye

381 Choix de poèmes Une très bonne préface (non signée) nous introduit dans l'œuvre de Cendrars mêlant le récit de sa vie et de ses amitiés à de précieuses indications littéraires. La lecture peut commencer : « En ce temps-là j'étais en mon adolescence... ». La magie opère et le poème nous tient. Les belles photos en noir et blanc viennent s'incruster dans le texte et rendent l'ouvrage agréable à feuilleter, à regarder. On saluera cette excellente initiative de Gallimard de proposer ces extraits fort bien choisis. L'écriture simple et évocatrice de Cendrars a des résonances très modernes, la légende de sa vie, ses combats, ses voyages ont de quoi plaire aux jeunes de tous âges. Pour tous les jeunes qui ne connaissent que L'Or et qui se sont laissés prendre à son charme, ce petit livre est à conseiller très vivement.

• Michelle Brillatz

391 Les Voyages d'Ino

À la croisée du Grand Bleu, du /Cet de Billy Elliott, ce petit livre étonnant nous fait découvrir l'attachante famille écossaise McKenzie et, en particulier le fils, lan. C'est en rêve qu'il découvre sa passion : les odontocètes, ou delphinidés, dont son oncle est féru. La destinée de l'adolescent, puis du jeune homme, n'est cependant ni un conte de fées, ni une succession de catastrophes, mais, comme dans la vie, un mélange

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des deux ! lan ouvre progressivement son esprit et remet courageusement en cause ses préjugés ordinaires, grâce à des rencontres... peu ordinaires ! Car c'est sur un bateau qu'il a rendez-vous avec une femme et avec un delphinidé globicéphale noir. L'étrange et belle communion qui lie lan au globicéphale ne livrera son secret qu'à la fin de l'ouvrage. L'homme, prédateur pour ses propres alliés, frappe où on ne l'attend pas...

Dans ce petit livre plein de réalisme et d'humour, l'auteur évoque sans folklore l'esprit du peuple écossais et même son parler un peu rude. Bien documenté, très habilement écrit, voilà un livre touchant et beau. Roman d'aventure et d'apprentissage de qualité sur les thèmes de l'écologie, de l'engagement et du passage à l'âge adulte, il captivera ses lecteurs.

• Véronique Montandon

401 Douée pour le silence

Sarah Cohen-Scali a vécu une enfance heureuse et choyée, une adolescence «confortable», sans autres problèmes que son incapacité à se rebiffer pour lutter contre la grisaille environnante et les infimes blessures apportées par le quotidien. Lorsqu'elle décide en cachette de s'inscrire à un cours de théâtre, elle réalise le poids de tout ce qu'elle n'a jamais osé «dire», au risque même de tomber malade. En s'appropriant les mots des autres, elle peut sortir de sa coquille, exister par elle-même et être enfin heureuse.

Le théâtre, puis l'écriture sont une véritable thérapie pour cette jeune femme qui a subi et souffert du poids du non-dit. Avec une écriture magnifique, une lucidité bienfaitrice, elle nous livre sa vie, ses hontes, ses déceptions, ses bonheurs et c'est passionnant. Beaucoup d'adolescentes pourront se retrouver dans ces lignes et trouver la lumière dans la grisaille environnante en mettant à jour le meilleur d'elles-mêmes, en osant «dire». Lecture très émouvante à recommander.

• Geneviève Mazel

411 Un croisé à Venise : Arthur, 3

Arthur est engagé dans la quatrième croisade (1 202-1204) comme écuyer de son père adoptif, Lord Stephen de Holt. Le jeune garçon, bientôt fait chevalier, va beaucoup apprendre au contact de ces croisés dont les beaux idéaux servent surtout à justifier des actes intéressés et cruels. Cette trilogie, parfaitement maîtrisée dès le départ, a un double intérêt. D'abord, celui de faire découvrir un Moyen Age loin des clichés habituels à travers les yeux d'un jeune garçon que l'on voit grandir de treize à dix-sept ans : Arthur décrit dans le journal qu'il tient les menus événements comme les bouleversements de sa vie. L'autre intérêt se trouve dans la redécouverte de la geste arthurienne. Grâce à une pierre magique

Jean-François Chabas L'école des Loisirs, 2 0 0 4

(Médium)

173 p.

9 , 5 0 €

2 21 1 0 7 4 7 3 1

Genre Roman d'apprentissage

Mots clés Ecologie

Sarah Cohen-Scal i

De la Martinière, 2 0 0 4

(Confessions)

154 p.

8 , 5 0 €

2 7 3 2 4 3 1 2 8 1

Genre Témoignage de commande

Mots clés Théâtre Adolescence

Kevin Crossley-Hol land

Trad. de l'anglais par Michelle-

Viviane Tran Van Khai

Hachette jeunesse, 2 0 0 4

6 6 6 p.

16 ,89 €

2 0 1 2 0 0 7 0 9 0

Genre

Récit initiatique

Mots clés

Angleterre et Venise XIII' siècle Croisade

Page 64: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Et après..

Jacques Delval Bayard jeunesse, 2 0 0 4

(Miilézime)

165 p .

10 ,90 €

2 7 4 7 0 1 143 7

Mots clés Guerre d'Algérie

Adolescence

M o n i k a Feth

Trad. de l'allemand

par Bernard Friot

Thierry Magnier, 2 0 0 3 (Roman)

2 4 7 p .

8 , 5 0 €

2 8 4 4 2 0 211 X

donnée par un dénommé Merlin, Arthur suit, avec le lecteur, les aventures des chevaliers de la Table Ronde et de son célèbre homonyme. Par une mise en abyme intéressante, Crossley-Holland rend perceptible l'importance de la fiction dans la construction de son personnage. Le jeune homme grandit en mettant à distance ses propres expériences au regard des histoires légendaires de la Table Ronde. N'est-ce pas le rapport de tout lecteur à la littérature ? Ce magnifique parcours initiatique se clôt sur une nouvelle vie pour Arthur : une vie d'adulte. A noter : quelques erreurs dans le glossaire pourtant bien utile. Par exemple, Aquilée est bien ici la ville située près de Venise et pas le vent du nord, comme le précise la note. Le tome 1, Arthur et la pierre prophétique (LJ n°l 03 p. 53), vient de paraître en poche chez Hachette jeunesse.

• Tony Di Mascio

421 Quand j'aurai 20 ans

Jacques a dix-sept ans et attend Viviane devant la grille du lycée, en cette fin d'année 1957. Son esprit est complètement occupé par les premiers émois de l'amour et pas assez par la préparation du baccalauréat. Mais déçu par l'attitude de Viviane, par les études qui ne le passionnent guère, par un avenir pas spécialement réjouissant et un présent morose, Jacques s'ennuie beaucoup. Alors, dans le contexte politique de la France de 1958, il se pose la question de devancer l'appel pour partir en Algérie. Tout dépendra de sa réussite ou de son échec à l'examen. Mais comme il n'a pas vraiment travaillé pendant l'année scolaire, ne provoque-t-il pas la réponse ? Un roman initiatique sur des questions existentielles que se pose tout adolescent sur l'amour, la vie, l'avenir. L'arrière-fond historique intéressant aborde la guerre d'Algérie et les problèmes de torture, mais aussi la vie sociale à l'école et la culture de ces années-là avec Brel, Léo Ferré...

• Béatrice Boucherat

43 I Vol, envol

Dolores, douze ans, vit au sein d'un clan familial chaleureux et haut en couleur. Depuis plusieurs générations, on y est pickpocket de père en fils et fiers de l'être. Bien sûr, on ne vole que les riches, morale oblige I II est temps pour «Dole» de faire carrière, surtout qu'elle semble avoir un certain talent pour la chose. Mais, déroutée par le départ de son frère aîné qui rompt avec la tradition pour exercer un autre métier, elle s'interroge. Pire, sa rencontre avec Jonas dont elle est amoureuse, va sérieusement ébranler sa vocation... il a un père policier I Un récit original, un rien subversif, plein d'entrain et de drôlerie. Les personnages sont bien campés, l'héroïne débordante de vitalité, est attachante, le lecteur la suit avec plaisir dans son dilemme. Au risque de décevoir les siens, saura t-elle s'affranchir de l'emprise de la tradition familiale et prendre en main son avenir ?

• Edith Hironde

Page 65: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

441 Le Bizarre incident du chien

pendant la nuit

Christopher, un autiste de quinze ans, vit dans une petite ville anglaise, seul avec son père car, apprend-on, sa mère est morte. Une nuit, il découvre le chien de sa voisine assassiné, une fourche plantée dans le flanc et décide de mener l'enquête malgré l'interdiction appuyée de son père. Bien que respectueux des décisions paternelles, il continue ses investigations comme l'aurait fait son héros Sherlock Holmes et en consigne le déroulement dans un journal. Il ne faillira pas et en découvrira bien plus qu'il en espérait. Le «bizarre incident» n'est bien évidemment pas le fait le plus important du livre mais le point de départ d'une série de découvertes qui vont bouleverser la vie du jeune garçon. L'écriture, volontairement naïve, puisque le récit est mené par l'adolescent, laisse toutefois perplexe. Certes, on découvre les manies liées à l'autisme, un monde interne logique, complexe, mu par des croyances puissantes et l'on ne peut que saluer l'auteur d'apporter tant d'informations. Mais un autiste ne décrit pas sa vie et l'intervention incessante de l'auteur dans la narration finit par parasiter le texte. Cependant, l'histoire est bien menée, servie par un style original et l'on y apprend beaucoup sur ce handicap.

• Sophie Rénaud

Autre avis Ce livre magnifique peut se lire à des niveaux très différents : comme un document, un roman à énigme ou même d'aventure. La simplicité des phrases, de la mise en page et de la brièveté des chapitres rendent la lecture aisée. Chacun sera sensible au caractère déroutant et totalement imprévisible du texte. • Sylvia Payock-Monthé

Info Le même texte, avec une jaquette différente, est sorti simultanément chez Nil pour adultes. Réseau de lectun Au clair de la Louna (Thierry Magnier) et L'Enfant qui caressait les cheveux (Grasset jeunesse), sont deux romans de Kochka, où l'autisme est décrit de l'extérieur.

451 Polar Bear :

Une Enquête de Yann Gray

L'inspecteur Yann Gray a commencé sa carrière chez Pages Noires (Fausse note, 1996 ; Contre la montre, 1998 ; Cœur de piaf, 2000). Il la poursuit maintenant dans la collection Scripto. Dynamique, gourmand cuisinier et toujours amoureux de Valentine qui habite l'appartement du dessous, il joue volontiers les gardes d'enfants pour son fils, Robin, sept ans, fasciné par la voiture à sirène de l'inspecteur. Ici, un meurtre est

M a r k H a d d o n

Trad. de l'anglais par

Odi le Démangé

Pocket jeunesse, 2 0 0 4 (Junior

19 €

2 9 5 p .

2 2 6 6 1 3 8 4 3 X

Genre Policier atypique

Mots clés

Autisme

Yves Hugues Gallimard Jeunesse, 2 0 0 4

(Scripto)

173 p .

8 , 5 0 €

2 0 7 0 5 4 3 5 7 9

Genre

Policier

Mots clés

Personnage récurrent

Page 66: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Eva Ibbotson Trad. de l'anglais

par Elie Robert-Nicoud

Albin Michel jeunesse, 2 0 0 4

|Wiz)

3 7 9 p.

1 5 €

2 2 2 6 14022 0

Genre

Aventure

Mots clés

Amazonie

Joseph Joffo Hachette jeunesse, 2 0 0 3

(Livre de poche jeunesse, Roman

historique n° 697)

343 p.

5 , 5 0 €

2 01 3 2 2 1 9 0 8

Réédition

Mots clés Seconde Guerre Mondiale

Communauté juive Amitié

commis à la Foire du Trône : un vieil homme tranquille, sans famille, est retrouvé mort dans le train fantôme. Gray tente de comprendre les forains, les gens du quartier, deux mondes qui se côtoient sans se connaître. C'est une enfant qui éclaire d'un seul coup les faits... Le côté humain, relationnel, est mis en valeur dans chaque histoire et sollicite l'intelligence du jeune lecteur. L'écriture de ce polar un peu mélancolique est, comme de coutume, vive, directe et facile à lire.

• Majo Loth

46 l Reine du fleuve En 1910, Maia, jeune orpheline, quitte l'Angleterre pour rejoindre des parents éloignés, au bord du fleuve Amazone. Chaperonnée par une gouvernante austère, Maia, vive et avide d'exotisme, va découvrir un environnement passionnant. Les Indiens qui travaillent sur la plantation deviennent ses amis. Elle fait aussi la connaissance de Finn qui va lui révéler l'univers extraordinaire du fleuve Amazone. Mais Finn doit rester caché, il est recherché par deux détectives anglais qui doivent le ramener en Angleterre... Ce passionnant récit d'aventures conjugue émotion et sensibilité, humour et chagrin, exotisme et rigueur. Il met en scène des personnages à la fois caricaturaux et fantaisistes. Les odeurs, les bruits, les couleurs, la passion de la flore et de la faune locales, la richesse de l'amitié feront oublier le sort de ces deux orphelins qui, malgré leur jeune âge, font preuve d'une maturité et d'une originalité quelque peu forcées. Cette histoire en passionnera beaucoup, et les jeunes lecteurs trouveront là un univers digne des classiques de la littérature jeunesse anglo-saxonne.

• Geneviève Mazel

47 I Simon et l'enfant Paris, mai 1942. Franck, onze ans, vit avec sa mère, Mireille, qu'il aime par-dessus tout et déteste Simon, le compagnon de celle-ci, qui partage leur vie. De confession juive, celui-ci se cache sous de faux papiers. Quelques mois plus tard, a lieu la rafle du Vel'd'Hiv'. Mireille meurt brutalement, terrassée par une tuberculose foudroyante. Frank est placé en orphelinat, tandis que Simon entre dans la Résistance. Aussi seuls au monde l'un que l'autre, ces deux êtres finiront par se retrouver, s'aimer et finir ensemble la guerre. Un roman magnifique et terriblement émouvant par l'auteur d'Un sac de billes. Y sont évoquées sans complaisance la condition juive en France, notamment à Paris, pendant la guerre, ainsi que les responsabilités de l'Etat français dans l'organisation des rafles (en particulier celles de l'été 1 942) et de la déportation. Une superbe histoire d'amour aussi entre un homme et un enfant que tout opposait au départ. Un livre à conseiller très vivement dans une bibliographie de collégien.

• Nathalie Le Cléï

Page 67: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

48 I Des Fleurs pour Algernon

Charlie Gordon a trente deux ans, mais on lui en donnerait six, l'âge où ses parents ont perdu tout espoir et s'en sont séparé. Son rêve : devenir intelligent. Au cours «d'adultes attardés» du collège de Bikman, il est choisi pour subir une opération du cerveau, alors que l'expérience est menée pour l'instant sur une souris de laboratoire, Algernon. Les résultats sont fulgurants mais alors qu'on riait de son ignorance et sa lenteur d'esprit, il est à présent haï pour son savoir et sa facilité de compréhension. Il découvre l'exclusion, la solitude. Mais Algernon montre soudain des signes de comportement inquiétant. Que va-t-il advenir de Charlie ? Dix-sept comptes-rendus, qui s'étalent sur une période de neuf mois, témoignent de cette expérience médicale et de ses limites. Avec une grande lucidité et un certain humour, Charlie y consigne, ses progrès, ses espérances, ses désillusions, ses joies et ses souffrances mais aussi de terribles souvenirs qui suintent du passé et contaminent le présent. Un roman de science-fiction poignant, empreint de tendresse et d'humanité qui n'a pas pris une ride tant sa portée est universelle et intemporelle. Incontournable.

• Edith Hironde

491 Koulouba, la colline sur la tête

Voici un petit récit original, largement autobiographique du fils d'un président malien. Birama Konaré nous décrit avec des mots simples et son regard d'enfant, les années pendant lesquelles son père aura quitté l'anonymat pour devenir le premier président élu démocratiquement au Mali. Changement de logement, de statut, d'école, perte de camarades, de parents et de repères rythment la nouvelle vie du jeune garçon. Ces bouleversements le pousseront à l'exil. Seule la fin de la présidence de son père le ramènera au pays. Mais le jeune homme n'est-il pas en train de grandir tout simplement comme tout autre jeune de cette planète ? Cette histoire courte, toute simple, pose un regard sans concession sur le pouvoir, l'enfance et la vie.

• Jean-François Fontayne

Coup de cœur

Daniel Keyes Trad. Georges H. Gallet

Flammarion, 2 0 0 4 (Triba

4 6 3 p.

2 0 8 1 6 2 0 4 4 8

Réédition

Genre Science Fiction

Mots clés Expériences médicales Réflexions sur la condition humaine

Birama Konaré Cauris Editions, 2 0 0 3

6 0 p.

5 €

2 9 1 4 6 0 5 0 6 4

Genre

Récit autobiographique

Mots clés Afrique contemporaine

Page 68: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Alice Leader Trad. de l'anglais

par Philippe Morgaut

Gall imard Jeunesse, 2 0 0 4

(Hors-piste, n° 1 8|

3 3 5 p. 1 1 , 5 0 €

2 0 7 0 5 5 7 4 2 1

Genre Roman historique

Aventure

Mots clés Rome Antique

Nathalie Le Gendre M a n g o jeunesse, 2 0 0 3

(Autres mondes]

179 p. 9 €

2 7404 1670 9

Genre Science fiction

Mots clés Écologie

Utopie

50 I Marcus et les Brigantes

Nous sommes en 130 après J.C., l'empire romain s'étend jusqu'aux confins de l'Angleterre actuelle. Gaius D. Rufinus est préfet de Vercovicium, un fort situé sur le Mur d'Hadrien. Arrive de Rome Claudia, son épouse, accompagnée de leurs deux fils, Telemachus et Marcus, qu'il n'a pas revus depuis deux ans. Ceux-ci éprouvent une certaine appréhension, ignorant s'ils réussiront à s'adapter à ce nouveau style de vie, dans cette région appartenant naguère aux Brigantes, une tribu locale. Chacun d'eux trouvera sa place, au prix de tensions, de déceptions, de trahisons mais aussi d'aventures exceptionnelles qui décideront de leur avenir et scelleront le destin de l'empire romain au cœur des provinces bretonnes. Rien ne manque à cette épopée : tout d'abord une recherche et une connaissance historique certaines de la part de l'auteure ainsi qu'une écriture agréable à lire, assurent de bonnes descriptions de la vie des provinces les plus reculées de l'empire romain. La piété filiale, le caractère bien trempé de nos jeunes héros pétris de grands sentiments, les croyances dans les esprits et divinités, enfin l'amitié exemplaire entre deux jeunes adolescents (l'un romain, l'autre brigante), paraissent un peu trop idylliques - on n'est pas loin du roman à l'eau de rose ! Cette lecture pourra cependant plaire à de jeunes lecteurs friands de romans historiques et d'aventure.

• Geneviève Mazel

511 Dans les larmes de Gaia

En 2030, lors de la guerre ultime qui a anéanti l'humanité, Gaia a noyé les continents dans un déluge apocalyptique. Des humains ont survécu, réfugiés à bord de l'archibulle, ballottée au gré des courants. Une société très hiérarchisée s'y est organisée : les novi electi dirigent d'une main de fer trois classes de travailleurs sous surveillance constante de la sécurité, interdisant notamment l'alcool, mais aussi les arts, la fiction... Un bonheur factice semble régner. Construite comme un drame en trois actes, l'intrigue s'égrène au fil d'une semaine où l'archibulle approche des côtes d'un continent vierge. Deux adolescents rêvant de liberté se rencontrent. Natanaée, fille de pêcheurs, est maltraitée par une mère alcoolique et un beau-père incestueux. Morphée, fils du plus haut des dignitaires, est destiné à lui succéder. L'apparition de cette terre vierge cristallise leur désir d'évasion.

Tout à la fois roman d'apprentissage où deux adolescents découvrent l'amour mais aussi les perversions des adultes, réflexion sur la liberté, dénonciation des maltraitances au sein de la famille, d'une société inégalitaire fondée sur une utopie écologiste pervertie, ce récit plein de suspense, d'émotions et de poésie emporte l'adhésion du lecteur.

• Marie-Françoise Brihaye

Page 69: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

521 Les Deux princesses de Bamarre

La princesse Adelina raconte : au royaume de Bamarre vivent encore ogres, elfes, dragons et spectres. La vie est difficile pour les sujets d'un roi lâche et indécis. Meryl, soeur aînée d'Adelina, nourrie de l'épopée qui retrace l'histoire du Royaume, ne rêve que d'héroïsme : elle s'est juré de rechercher le remède à la Mort Grise qui décime le pays depuis la malédiction d'une dragonne. Mais Meryl est bientôt atteinte par la maladie et Adelina, b timorée qui craint même les araignées, se met en route, décidée à tout pour b sauver.

Il y a beaucoup de charme, de spontanéité et d'optimisme dans ce livre où l'on croise un apprenti sorcier poétique, une dragonne qui philosophe, des fées secourables. L'amour des deux soeurs, leur solidarité, l'imagination et le rêve, l'humour et le suspense brodent une aventure étonnante sur un départ de conte de fées classique. La nature est très présente dans cette histoire palpitante, très bien traduite, qui peut se lire en feuilleton à rebondissements et ferait un excellent film.

• Majo Loth

Info : Ella l'ensorcellée vient d'être adapté au cinéma. Voir 1a filmographie du dossier.

531 Le Dernier magicien

Sous le pseudonyme de Megan Lindhom se cache une auteure aujourd'hui bien connu, Robin Hobb, et sous le titre du Dernier magicien, le déjà mythique Wizard ofthe Pigeons (1986), un roman de fantasy urbaine très personnel. De nos jours, dans 1a ville de Seattle, se met en scène 1a lutte pour la survie au quotidien du Magicien, un homme qui a perdu son nom et tous ses souvenirs. Son pouvoir tient en une seule et unique contrainte : dire 1a Vérité dès lors qu'on 1a lui demande. Mais un ennemi inconcevable se lance à sa poursuite. C'est alors qu'entre en scène Lynda, une serveuse croisée dans un bar, que des souvenirs affluent -personnels ou factices ? - et que toute l'existence du magicien vacille. Préfigurant l'œuvre de Robin Hobb à venir, ce roman aux accents de conte contemporain est une métaphore de l'existence moderne, écartelée entre les contraintes de la société et les véritables aspirations des individus. Car l'ennemi, Mir la chose grise, n'est que l'expression des doutes et des atermoiements d'un homme ordinaire découvrant la vie. Récit à l'atmosphère feutrée, il prend des accents oniriques quand la rêverie percute à pleine vitesse les souvenirs et l'histoire de 1a ville : des quartiers qui n'auraient pas dû exister apparaissent soudain au milieu de ceux qui existent, ce qui donne sa couleur et sa personnalité à ce roman chaleureux.

• Stéphane Manfrédo

Gail Carson Levine Trad, de l'anglais (Etals Unis] par

Hélène Misserly

L'école des loisirs, 2 0 0 4

(Neuf)

2 7 6 p. 1 1 € 2 211 06861 8

Genre Fantasy

Megan Lindholm alias Robin Hobb Trad. de l'anglais par Sylvie Denis

Mnémos, 2 0 0 3 (Icares)

3 2 0 p. 20 € 2 9 1 5 1 5 9 1 1 4

Genre

Fantasy

Page 70: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Claire Mazard De la Martiniére, 2 0 0 4

(Confessions)

157 p.

8 , 5 0 €

2 7 3 2 4 3 1 0 2 8

Genre Témoignage de commande

Mots clés Amitié

Engagement religieux

Jean Merrien Rageot, 2 0 0 4 (Heure noire)

2 1 7 p.

7 , 3 0 €

2 7 0 0 2 2 9 1 0 X

Réédition

Genre Policier maritime

Marie-Aude Murai l L'école des Loisirs, 2 0 0 4

(Médium)

177 p.

9 , 5 0 €

2 21 1 0 7 1 7 9 1

Mots clés Relation père-fils

54 l On s'était dit : pour la vie

Dés le jour de la rentrée au lycée, lorsque Claire rencontre Isabelle, des connivences vont les distinguer des autres élèves. Peu à peu, l'amitié donne à Claire confiance en elle, efface sa tristesse, le manque d'amour de ses parents. A Isabelle, Claire communiquera sa passion des livres (à noter, au passage, une jolie métaphore de la gourmandise de lecture). Etudes, cours de théâtre, vacances et voyages, toute une existence en partage... jusqu'à la séparation brutale : Isabelle choisit de rentrer dans un monastère. Aujourd'hui adulte, alors que les années ont passé, Claire n'a toujours pas compris le choix de son amie.

Pourtant, à relire le portrait de cette jeune fille exceptionnelle, capable d'une telle abnégation, on ne sera pas totalement surpris. Un beau livre sur l'amitié, mais surtout sur le thème de l'engagement religieux, sujet qui n'est jamais abordé dans la littérature destinée aux adolescents. Lecture facile et enrichissante qui suscitera le débat.

• Cécile Robin-Lapeyre

551 EOiseau de mort du Cap Horn

Aborder le détroit de Magellan par petite brise est chose peu courante. C'est grâce à ces conditions favorables que le capitaine du Duchesse Anne qui avait appareillé à Nantes se voyait déjà à Valparaiso où il ferait décharger sa drôle de cargaison, des chapeaux à plumes. C'était sans compter sur l'apparition d'un satanite blanc, symbole de malédiction pour les marins superstitieux, qui survole le trois-mâts. Le détroit les rejette subitement et des phénomènes étranges se succèdent : bateau fantôme, accidents à répétition entraînant de nombreux morts. Julien, jeune matelot, mène son enquête. Il faudra attendre les toutes dernières pages pour découvrir le coupable et ses mobiles car l'intrigue a de nombreuses ramifications. Voici un intéressant huis clos de marins condamnés à vivre ensemble engendrant soupçons, inimitiés, jalousie, vengeances. Le récit bien ficelé et haletant intéressera les plus jeunes aimant la mer car Merrien emploie beaucoup de termes marins (expliqués en bas des pages).

• Brigitte de Bergh

561 Maïté coiffure

Louis Feyrières, dessiné par Dupuy-Berberian en couverture du livre, est l'image du jeune incompris. Fils d'un brillant chirurgien, élève très moyen de troisième, il doit faire un stage. Sa grand-mère lui suggère le salon de coiffure qu'elle fréquente depuis peu. Louis comprend d'un seul coup que c'est là sa voie et qu'il est doué !

Le petit monde du salon, avec les parcours compliqués de ceux qui y

Page 71: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

travaillent, les soucis des clientes, est vibrant de chaleur humaine. Louis y découvre la vraie vie et se heurte violemment à son père, plein de mépris pour ces «petits métiers». Le style est direct, l'action rapide, les mots justes. En défendant avec finesse et amitié l'aspect très humain d'un métier qui contribue à réconforter et embellir les gens, l'auteur plaide en parallèle pour les jeunes qui s'ennuient dans les études et meurent d'envie de se mettre au travail «pour de vrai». Ce roman ouvert et optimiste se lit d'un trait.

• Majo Loth

Autre avis : Marie-Aude Murail a peut-être voulu écrire un conte moderne, avec un prince charmant doté de toutes les qualités et modeste. Elle a peut-être voulu aussi nous montrer qu'il n'y a pas de sot métier, qu'il n'y a pas de honte à devenir coiffeur quand on est fils de chirurgien. Sauf que le héros ne deviendra pas «coiffeur», mais patron d'une chaîne de salons dont le premier ouvrira grâce au chèque consistant de son père. En attendant, l'auteure nous aura servi tous les clichés éculés sur les salons de coiffures. Le plus grave est que derrière ces caricatures sourd un mépris profond. La place principale est tenue par le jeune Louis Feyrières qui insuffle sans avoir besoin d'apprendre (de par sa naissance ?) le renouveau et le développement du salon qui vivait autrefois à son rythme. Parce que les autres personnages n'avaient pas sa valeur innée ? Eux, les braves gens, qui attribuent Le Horla à Emile Zola, lisent Jamais sans ma fille, font des fautes de français que l'auteure se plaît à souligner. Sans parler du méchant de service, forcément un jeune des cités. Il y a des moments où cette fausse tendresse pour les «seconds rôles» doublée d'un humour condescendant donnent la nausée.

• Tony Di Mascio

57 I Harlem blues

Didi vit à Harlem avec sa mère, malade, et son frère, beau gosse tombé dans la drogue car attiré par l'argent facile. Didi est prête à tout pour l'en sortir, jusqu'à dénoncer à la police le réseau dont son frère dépend. Motown, un jeune vivant dans le même quartier, la sauve d'un lynchage en bonne et due forme. Il devient un ami pour Didi, qui se défend d'éprouver autre chose pour ce garçon. Cette belle histoire reste d'actualité, avec des héros attachants, un ton juste. La description psychologique des personnages est particulièrement riche : on voit Didi tiraillée entre son ambition personnelle qui lui dicte de quitter ce quartier et d'accepter une bourse universitaire, sa volonté de sortir son frère du marasme et son devoir de rester aux côtés de sa mère. On voit également Motown, réservé mais déterminé, qui noue une amitié avec un vieux libraire noir de Harlem. De lecture facile, Harlem blues séduira tous les publics.

• Valérie de Saint Laurent

/ " S Coup de gueule

Walter Dean Myers

Trad. de l'anglais (Etas-Unis)

par Caroline Westberg

Rageot Editeur, 2 0 0 4 (Métis)

2 1 8 p.

8 , 5 0 €

2 7 0 0 2 2 9 7 6 2

Réédition

Mots clés Amitié

Page 72: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Et aprè 70 1

Nosaka, ¡11. Olivier Besson

Trad. du japonais par Jacques

Lalloz

112 p.

14 ,95 €

2 0 2 0 5 3 9 6 2 4

Genre Nouvelles

Mots clés Seconde Guerre Mondiale

Japon XXe siècle

Jean-Paul Nozière Thierry Magnier, 2 0 0 4 (Roman)

174 p.

7 , 5 0 €

2 8 4 4 2 0 2 8 3 7

Genre Policier

581 Contes de guerre

Ces six nouvelles, plutôt que contes, se passent le 15 août 1945, à la fin de la guerre américano-japonaise, dans des villes incendiées, bombardées. Toutes se terminent par la mort, malgré, chaque fois, quelques moments de consolation dus à l'amour : entre un enfant et un animal, une mère et son bébé... Dans un registre moins dramatique, une baleine mâle sauve un sous-marin en le prenant pour une femelle. Ces récits oscillent entre une réalité très noire et un imaginaire poétique qui permet de la distancier. Les illustrations, dans le même esprit, sont aussi très réussies. On y retrouve le ton de l'auteur de La Tombe des lucioles. L'émotion ressentie à cette lecture est forte, sans recours à la sensiblerie. Très bien écrit mais simplement, ce bel ouvrage convient à tous.

• Gilberte Mantoux

591 Ci-gît pour l'éternité

Lors d'un camp pour ados difficiles, il y a dix ans, Eric est mort avec dix autres personnes à la Combes-aux-Loups. Le minibus conduit par une monitrice Sarah, s'est écrasé dans la montagne. La réouverture du centre et l'envoi de lettres anonymes aux parents des victimes ravivent la douleur des parents d'Eric. Son cousin Alex décide de participer à la nouvelle session du camp pour mieux comprendre les circonstances du drame. De son coté, Rose Canar, une superbe adjudant-chef à la gendarmerie, profite de ses vacances pour enquêter sur cette affaire. Un directeur de centre étrange, des inscriptions haineuses sur les murs des habitations, des silences suspects, provoquent un vrai suspense. Les recherches rapprocheront Rose et Alex et leur permettront de découvrir la vérité. Des caractères décrits avec finesse et sensibilité, une intrigue à rebondissements et psychologiquement bien menée font de ce roman un très bon livre policier qui aide aussi à réfléchir. Pour lecteurs du collège.

• Agnès Donon

Autre avis : Sur fond de sentiments amoureux, ce récit policier fortement teinté de psychologie nous plonge dans une ambiance un peu sombre, glauque parfois même, avec des personnages bien mystérieux. L'intrigue est bien menée et le dénouement plutôt inattendu. Quelques thèmes autour des comportements adolescents (adolescence difficile, passion amoureuse destructrice, influence d'un adulte...) sont abordés en filigrane, mais contrairement à d'autres romans de Jean-Paul Nozière, celuki ne les exploite pas davantage.

• Mathilde Valognes

Page 73: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

60 I lu seras la risée du monde

Si Fanfan, excellent élève, ne rentre toujours pas au collège à douze ans, c'est qu'il a un secret... Quitter la maison et le village pour entrer en pension comme son frère, il en rêve ! Mais à l'adolescence, faire pipi au lit, c'est une honte inavouable pour lui et sa famille. Là n'est pas son seul problème. Ses parents, instituteurs, qui ont fait de lui un champion à l'école, ne répondent jamais à ses questions essentielles sur la sexualité. A la campagne, Fanfan découvre les mystères de la vie, comme des «leçons de choses» assez crues. Ces souvenirs parfois amers racontés avec humour se situent dans les années soixante. Avec cette autobiographie, les adultes retrouveront un portrait d'enseignant de l'école laïque croqué avec ironie et tendresse, comme pouvait l'évoquer Pagnol, dans La Gloire de mon père, mais aussi le clivage d'alors entre la France rurale et la culture citadine. Les adolescents seront, eux, plus sensibles aux tabous imposés par la famille, et aux relations des deux frères, entre complicité et rivalité. Une lecture qui allie plaisir et facilité, pour tout type de lecteur car les chapitres sont bien structurés, selon une chronologie clairement indiquée.

• Cécile Robin-Lapeyre

611 Le Cœur plus gros que le ventre

Marilou est la risée de ses camarades de classe parce qu'elle est trop grosse. C'est seulement au cours de théâtre qu'elle est reconnue pour son talent. Avec «Papy Tambour», son grand-père qu'elle visite régulièrement à l'hôpital, Marilou a pris l'habitude de répéter des scènes d 'Ant igone de Jean Anouilh, pour le plus grand bonheur de l'un et l'autre. Or, voici qu'elle reçoit un beau jour une lettre d'amour d'un certain Samuel, un inconnu, qui semble pourtant bien la connaître. Elle va prendre confiance en elle, de plus en plus, jusqu'à connaître et le succès théâtral et la rencontre amoureuse, deux événements qu'elle aura su préparer et attendre dans la fidélité et la persévérance. Raconté à la première personne, le récit rend hommage au théâtre et à sa fonction quasi thérapeutique. Cette adolescente mal dans sa peau parvient à s'affirmer et à oser être ce qu'elle est vraiment, jusqu'à le montrer sur scène aux yeux de tous, à commencer par ses parents. La lecture facile, les chapitres courts et le mystère autour du personnage de Samuel permettent d'avancer aisément dans le récit. On regrette que le dessin de couverture n'invite guère à ouvrir le livre.

• Mathilde Valognes

Jean-Paul Nozière De la Martinière jeunesse, 2 0 0 4

(Confessions]

2 0 4 p.

8 , 5 0 €

2 7 3 2 4 3 1 2 7 3

Genre Témoignage de commande

Mots clés France années 60 Énurésie

Christophe Renault Petit à Petit, 2 0 0 4

2 5 2 p.

10 €

2 8 4 9 4 9 0 0 6 7

Mots clés Théâtre Rapport au corps Adolescence

Page 74: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Et

Louis Sachar Trad. de l'américain par

Monica de Praconlal

L'école des loisirs, 2 0 0 4

(Médium)

123 p.

8 , 5 0 €

2 21 1 0 7 1 4 8 1

Genre

Produit dérivé

François Sautereau Actes Sud junior, 2 0 0 4

(Les Couleurs de l'Histoire)

2 1 3 p.

8 , 5 0 €

2 7 4 2 7 4 8 4 5 8

Réédition

Mots clés

Paris, Histoire XX' siècle

62 I Manuel de survie de Stanley

Yelnats : Pour le camp du lac vert

Ce livre est destiné aux (nombreux) fans du Passage. Il propose des conseils, des fiches et de tests sensés assurer la survie du lecteur dans la colonie pénitentiaire : comment lutter contre la soif, comment faire face aux tarentules, serpents, scorpions, et surtout aux ennemis les plus dangereux, les humains ?

Livre-amorce pour donner envie de lire le livre ? Livre-produit dérivé pour prolonger le plaisir de la lecture ? En tout cas, s'il est amusant à lire, il reste inséparable de sa source.

• Caroline Rives

63 l Le Cahier jaune

Nuit du 1 er janvier 1 9 0 0 : naissance au Bœuf Limousin de Constant Faure. L'auberge, au quartier des Halles, est au cœur de cette histoire qui se terminera le jour de l'assassinat de Jaurès. Dans le quartier fourmille un univers de clochards plus ou moins ivrognes et apaches au grand cœur, un petit Gavroche appelé Bilboquet, un brave imprimeur et son courageux ouvrier vite amoureux de la jolie modiste protectrice de Bilboquet. Nous participons à la vie de ce petit monde dans un Paris ouvrier où chacun se démène pour survivre, honnêtement ou non. Les personnages bien campés, sympathiques, actifs, soutiennent mieux l'intérêt que la quête du bijou dérobé. C'est leur vie quotidienne racontée avec vivacité qui fait avancer ce roman, premier d'une série dont le but est de faire découvrir l'histoire du XX' siècle à travers celle de ce groupe. Dans ce volume, nous visitons l'Exposition Universelle, un Paris laborieux où l'électricité est apparue, tandis que l'exode rural est enclenché. Les luttes cléricales sont évoquées, nous frémissons pendant les inondations de 1910 et surtout vivons les solidarités de quartier. Cela nous donne un joli roman à la Sabatier, dans un Paris digne d'Eugène Sue.

• Michelle Brillatz

Info : Comme pour la collection Raisons d'enfance, Actes Sud propose une nouvelle maquette pour les nouveautés ainsi que pour ces rééditions.

Page 75: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

641 Un mort encombrant

Dans les années 1 870, à Londres. Joseph Finsburry, vieil intellectuel original, vit sous la coupe de ses neveux Michel et Jean, deux êtres sans scrupules qui s'intéressent exclusivement à son héritage. Lors d'un voyage en train, les deux jeunes gens croient assister à la mort de leur oncle et cachent son cadavre (qui est en réalité celui d'un sosie) dans un tonneau. Celui-ci va s'égarer et connaître de nombreuses tribulations avant que la vérité n'éclate, que le vieil homme réapparaisse et que les neveux malveillants soient déboutés de leurs prétentions malhonnêtes. Un roman loufoque, aux mille rebondissements, parfois hilarants, parfois «tirés par les cheveux». Quelques notes de bas de page facilitent la lecture, tandis qu'une biographie en fin d'ouvrage renseigne sur la vie de l'auteur mieux connu pour son Ile au trésor. Une lecture amusante, mais dans une langue assez difficile.

• Nathalie Le Cleï

651 Choix de poèmes

Le visage pensif de Supervielle, en couverture de ce très joli volume, invite à s'envoler dans ses poèmes. Français, né en 1884 à Montevideo, il est l'homme de deux continents, façonné par deux cultures. Encouragé à ses débuts par Gide et Mallarmé, il fréquente Larbaud, Michaux, Max Jacob. La pampa, l'océan, la forêt, les lacs et même les fleurs du papier mural de la chambre de sa fille, révèlent un univers secret et habité. C'est une langue classique et contemporaine à la fois, dont la musique enchante. Les textes sont mis en pages avec élégance. Le choix des illustrations en noir et blanc (découpages, gouaches, phrases manuscrites, reproductions de photos) font vibrer les poèmes et l'imagination. Supervielle a été élu prince des Poètes l'année de sa mort, en 1960.

• Majo Loth

661 Les Amants du métro

Sur le quai où Elle et Lui essaient en vain de communiquer, tous courent, se bousculent, s'apostrophent, créant comme le veut l'auteur, «un ballet comique sans danse et sans musique» sur le thème de la séparation. Les phrases sont abrégées, réduites à des onomatopées : l'imagination du spectateur complète et ajoute, c'est tout le sel... Plus actuelle que jamais, cette réflexion en deux actes démontre que l'anonymat de la foule, obstacle à la réunion des amants, n'est vaincu qu'en parlant avec chaque individu pris humainement, pour créer un lien : alors seulement, l'océan de la foule peut être traversé. A la suite du texte, un petit carnet de notes d'Elisa Maillot, comédienne et metteur en scène, commente et développe les didascalies, explique les termes,

Robert Louis Stevenson Trad. de l'anglais par Pierre Leyres

Hachette jeunesse, 2 0 0 3

(Livre de poche jeunesse

Classique, n° 4 9 7 |

3 1 9 p.

5 , 5 0 €

2 0 1 3 2 2 1 8 3 5

Réédition

Jules Supervielle Gallimard, 2 0 0 4

(Folio Junior En poésie, n° 1 31

91 p. 3 €

2 0 7 0 5 5 8 0 9 6

Genre Poésie

Jean Tardieu Carnet de mise en scène conçu

par Elisa Mail lot

Gall imard jeunesse, 2 0 0 4

(Folio Junior Théâtre, n° 1316)

125 p.

4 , 8 0 €

2 0 7 0 5 5 8 9 4 5

Réédition

Genre

Théâtre

Page 76: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Et après... 74 1

présente l'auteur et le thème et enfin donne des conseils pratiques pour jouer. L'ensemble est très amusant à lire et instructif.

• M a p Loth

671 Salut et liberté suivi de La

Nuit des brutes

Fred Vargas Ces deux nouvelles ont déjà été publiées in Coule la Seine (Viviane Librio, 2 0 0 4 Hamy, 2002).

7 7 p. C'est l'été, le commissariat du V* arrondissement serait bien tranquille, 2 € si la présence d'un étrange personnage installé sur un banc public en

2 2 9 0 3 2 1 4 4 3 face du commissariat et une série de lettres anonymes révélant un Réédition meurtre ne venaient piquer la curiosité d'Adamsberg, personnage

fétiche des romans de Fred Vargas. Vérité ou canular ? Genre Noël, c'est «la nuit des brutes». C'est ainsi que la définit Adamsberg,

Nouvelles de garde en cette nuit très spéciale que, mis à part un dandy ivre

Policier mort, rien ne vient troubler. Quelques jours plus tard, une femme est retrouvée dans la Seine. On reconnaît bien l'atmosphère de Fred Vargas, les rencontres insolites, les personnages borderline, les titres chocs. Ce qu'on retrouve moins en revanche c'est la lenteur, les errances, les promenades du commissaire qui sont sa marque de fabrique. Pour les nouveaux lecteurs, la résolution de l'énigme semblera abrupte, pour les connaisseurs, l'ellipse sera frustrante. Le genre de la nouvelle ne se prête visiblement pas au personnage d'Adamsberg, lent et contemplatif.

• Sophie Rénaud

681 Elvina et la fille du roi Salomon

Sylvie Weil Elvina est maintenant en âge de se marier. Pour elle, aucun doute, ce l 'école des loisirs, 2 0 0 4 sera avec Obadiah, le maître d'école, disciple de son grand-père

(Médium) Salomon Ben Isaac. Mais voilà qu'arrive à Troyes une jeune fille 321 p. orpheline, juive d'Egypte et promise à Obadiah par leurs deux pères.

1 2 € Une série d'aventures leur arriveront, notamment la capture 2 211 0 7 3 7 9 4 d'Obadiah, rançonné à son retour de Mayence. L'audace d'Elvina et

l'amitié de Gauthier, devenu peintre dans les églises, le sauveront. Genre Après Le Mazal d'Elvina (Prix Sorcières 2002) et Le Miroir d'Elvina,

Roman historique les fidèles lectrices de cette série retrouveront avec grand plaisir la jeune héroïne, sa famille et ses amis. Les enseignements sur la vie et

Mots clés les croyances des juifs au Xle siècle sont habilement mêlés au récit. Judaïsme Loin de l'alourdir, ils se révèlent souvent pittoresques (remèdes,

Mariage talismans, superstitions, légendes, recettes de cuisine, etc...). On entre également en contact avec l'Ancien Testament et on comprend mieux

Lecture Jeune - Septembre 2004

Page 77: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

la vie pleine de dangers des juifs du Moyen-Âge. • Gilberte Mantoux

Autre avis : Selon d'autres lecteurs, la série commence à manquer singulièrement de souffle. • NDLR

691 LHomme qui vivait sous terre

Un Noir américain, injustement accusé de meurtre, se réfugie sous terre par le trou d'un égout. Il découvre un monde dangereux et surprenant qui le déstabilise, l'intensité de ses émotions entrant alors en contradiction avec sa raison. En écoutant les prières chantées dans l'église contiguë, il s'interroge sur le sentiment de culpabilité qui vous laisse dans un état d'«anxiété éternelle». Il finira par se rendre à la police. Dans ce texte percutant, l'auteur décrit avec minutie les gestes du personnage pour pénétrer dans les différentes pièces souterraines. A toutes ces actions correspondent réflexions et émotions de plus en plus complexes et déroutantes pour lui comme pour le lecteur. Les phrases hachées, les mots précis contribuent à en faire un récit dramatique, jusqu'à la fin, horrible. Par l'auteur de Black boy et des Enfants de l'oncle Tom.

m Gilberte Mantoux

701 Le Jour des oies sauvages

Une maison isolée au fond de la campagne, un père qui boit et devient très violent, une grande sœur courageuse qui tient tête et voici Ange, douze ans, écrasé par la honte et le chagrin. Il jaillit du lit un matin de mars au bruit du vol des oies sauvages au-dessus de la Gironde. Entre colère contre les adultes, désespoir et soulagement, Ange va se raconter à une dame du Centre d'Ecoute. Furieux contre lui-même de se laisser aller à parler, il cède et dit sa vie misérable, son impuissance à réagir par lui même. Le jeune lecteur, comme caché dans le cabinet de la psychologue, entre en pleine empathie avec Ange. Il va découvrir qu'il existe des personnes, disponibles à tous, dont le rôle n'est pas de donner des conseils ou de prendre des décisions, mais simplement d'écouter. Ange se décharge de sa peur comme d'une boule oppressante, prend de la distance et voit s'ouvrir des perspectives. Le style est simple et vivant, adapté aux jeunes de l'âge du héros.

• Michelle Brillatz

Richard Wright Trod, de l'américain par

Claude Édmonde Magny

Gall imard, 2 0 0 3

(Folio 2 euros, n° 3970)

123 p .

2 € 2 0 7 0 3 1 2 8 7 9

Réédition

Mots clés Questions métaphysiques

Adeline Yzac Le Rouergue, 2 0 0 4 (DoAdo)

1 14 p .

7 , 5 0 €

2 8 4 1 5 6 4 8 7 8

Mots clés Violence familiale Écoute psychologique

Page 78: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

76

Parcours c e lecture

Et a p r è s . . . BD

Sylvain Cordurié ,11. Stéphane Créty

Delcourt, 2 0 0 3

(Terres de Légendes)

4 8 p. chacun

1 2 , 5 0 € chacun

2 8 4 0 5 5 9 3 3 1

2 8 4 7 8 9 2 5 2 4

Genre Fantasy humoristique

Isabelle Dethan Delcourt, 2 0 0 4 (Mirages)

62 p .

13,95 €

2 8 4 7 8 9 0 7 1 8

Mots clés Puberté

711 La Pierre de Mort-Levée :

Salem la Noire, 1

Le Diadème des âmes, 2

Salem la Noire est une ville portuaire où il fait bon vivre, sauf pour les sorciers et autres mages. Depuis que l'Inquisition a décidé de les faire disparaître de la ville, mieux vaut se garder de montrer quelque talent en la matière I Aldhemer, archimage, nécromant de son état, arrive en ville, bien décidé à rendre leur liberté à ses pairs. C'est dans ce contexte très particulier que Nusrat et Apanathur, voleurs grotesques et malchanceux, risée de leurs compagnons de forfait, décident, pour redorer leurs blasons, de cambrioler Aldhemer, sans savoir ce qui les attend. Dans le second volume, nous retrouvons nos deux sympathiques bons à riens entraînés malgré eux dans une aventure qui les dépasse, où l'on retrouve moult hommages au Seigneur des anneaux.

Ces deux aventures sont bourrées d'humour et de clins d'œil, de situations aussi drôles qu'improbables, de personnages caricaturaux bien servis par un scénario au canevas très classique. Une bonne référence dans le genre.

• Arnaud Altier

721 Éva aux mains bleues

Eva, jeune adolescente va passer ses vacances dans la maison de sa grand-mère et de sa tante, à la campagne. Elle y retrouve ses amis Tobias et Lucy. Pour se distinguer, elle leur a affirmé que toutes les femmes de sa famille avaient les mains bleues, synonyme de pouvoir, à l'âge adulte. La mutation aura-t-elle lieu ?

Isabelle Dethan nous emmène dans une atmosphère paisible et sensible pour un voyage vers le passage de l'enfance à l'adolescence. Le rythme est lent mais les réflexions de la jeune fille nombreuses, et l'on navigue tranquillement à travers ses humeurs. Tous les personnages sont plein de tendresse et il flotte comme un parfum de charme désuet sur cette histoire. Le graphisme, à mi-chemin du carnet de voyage et de l'aquarelle nous offre une ambiance pastel suave et accrocheuse, toujours juste. Une BD charmeuse pour des lecteurs en quête de beauté intérieure.

• Jean-François Fontayne

Page 79: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

731 Karakuri Circus, 3 et 4

Masaru a été enlevé par son oncle. Il est poursuivi par une bande de tueurs dirigée par Ashihana. Heureusement, il est aidé par Shirogané, une bretonne qui manie les marionnettes et par Narumi, un champion de karaté victime d'une grave maladie qui l'oblige à faire rire. Narumi et Shirogané vont réussir à délivrer Masaru mais Narumi mourra. De retour à la vie normale, Masaru et Shirogané retournent à l'école où d'autres émotions les attendent. Accessible à tous les amateurs du genre, cette série nous emmène dans une drôle d'atmosphère où régnent des combats impitoyables de marionnettes, contrastés par la grande douceur et la complexité des personnages. Le graphisme est agréable même s'il mériterait parfois d'être plus soigné, mais le scénario est passionnant et plein de rebondissements pour une lecture plaisir sans prétention. A suivre.

• Jean-François Fontayne

741 Aubes pourpres :

Le Méridien des brumes, 1

John Coleridge, chasseur de fauves et citoyen anglais, est enlevé en Afrique pour aider ses compatriotes à découvrir un mystérieux assassin, l'équarrisseur, qui sévit à Londres en cette fin du XIXe siècle. Son retour en Angleterre, quittée depuis vingt ans, semble en déranger certains. Finalement, l'équarrisseur sera tué, mais Coleridge découvrira qu'il ne s'agissait que d'un exécutant. Pour le compte de qui ? La réponse dans le prochain tome...

Les décors somptueux d'une Angleterre victorienne, des machines à la Jules Verne, des personnages aux attitudes expressives alimentent cette histoire alléchante, aux personnages sympathiques.

• Marie-Françoise Lemasson

Info Le titre s'inscrit dans la veine du steampunk, qui permet de plonger le lecteur dans l'univers d'une Angleterre victorienne alternative, où les machines à vapeur côtoient un tueur qui n'est pas sans rappeler un certain Jack l'éventreur. • Isabelle Debouvère

751 Muchacho, 1

Cette histoire se situe au Nicaragua en 1976 et met en scène un épisode de la guérilla sandiniste contre la dictature du Président Somoza. Gabriel, jeune séminariste issu de la classe dirigeante et peintre talentueux est envoyé dans un village de la montagne. Il doit, sous l'autorité du prêtre Ruben, peindre dans son église une fresque de la Passion. Mais peu à peu, Gabriel découvre les violences perpétrées par les hommes de Somoza sur les villageois, et entre,

Kazuhiro Fujlta Trad. du japonais par

Tomoko Okada

Delcourt, 2 0 0 4 (Akata)

192 p. et 188 p.

5 , 5 0 € chacun

2 8 4 7 8 9 2 7 5 3

2 8 4 7 8 9 2 7 6 1

Genre Manga

Mots clés

Karaté

Marionnettes

Erik Juszezac, III. Antonio Parras Dargaud, 2 0 0 3

4 7 p.

1 2,60 €

2 2 0 5 0 5 2 5 4 3

Steampunk

Mots clés

Uchronie

Angleterre victorienne

Emmanuel Lepage. Dupuis, 2 0 0 4 (Aire Libre)

7 2 p.

1 2 , 9 4

2 8 0 0 1 3 4 0 9 7

Mots clés

Guérilla

Rébellion armée

Page 80: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

78 Et a p r è s . . .

comme eux, dans une forme de révolte qui s'exprime d'abord par sa peinture. Malgré une toile de fond assez classique (la guérilla en Amérique centrale) et un personnage de prêtre révolutionnaire à l'air de déjà vu, ce premier tome d'un récit prévu en deux volets touche par la personnalité tourmentée du héros. Tant l'intrigue que le dessin, au trait élégant et expressif, mettent en valeur la richesse de son monde intérieur. Sans faille scénaristique, Emmanuel Lepage, signe, au total, un album attachant et agréable à lire.

• Flore Talamon

761 Le Cirque aléatoire :

Privatejauques, 1 Sylvain Ricard La bourgade de Jauques connaît depuis quelques temps d'étranges

ill. Christophe Gaultier disparitions. Le ministre de l'intérieur ordonne à Eleuthère Sombre Milan BD, 2 0 0 4 d'enquêter. Celui-ci et le cirque aléatoire vont se rendre sur place pour

(Treize étrange) essayer de dénouer l'intrigue.

56 p. Après l'énorme réussite de Kuklos paru chez Soleil (voir critique 1 2 ,50 € n°142), les deux jeunes auteurs nous offrent une aventure policière qui

2 7 4 5 9 1 264 X s'avère riche et passionnante. Une troupe de cirque menant l'enquête n'est pas banal et l'on ne peut s'empêcher de penser à la série TV des

Genre Mystères de l'Ouest, où Eleuthère Sombre serait un savant mélange Policier de West et de Gordon. Le dessin de Gaultier, s'il fait parfois penser à

celui de Blutch ou de Micol (Chiquito la muerte) est néanmoins Mots clés original et nous propose une galerie de personnages tout droit sortis

Cirque de Freaks. On savoure en attendant la suite prévue à l'automne. Secte • Jean-François Fontayne

Lecture Jeune - Septembre 2 0 0 4

Page 81: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

771 Ping Pong, 1 et 2

Au lycée Katasé, comme chaque année, on s'entraîne pour le prestigieux championnat inter-collèges qui voit s'affronter les meilleurs pongistes de tout le Japon. Smile, spécialiste du jeu de défense, affronte régulièrement Péko, pur attaquant, dans le bar de la grand-mère de celui-ci. Ces deux-là s'apprécient et s'amusent. Smile, malgré un immense talent, persiste à jouer les faire-valoir de Péko. Jusqu'au jour où ils vont faire la rencontre de Wenga Kon, le jeune champion chinois qui va jouer pour un lycée adverse. Provoqué par Wenga Kon et pris en main par le vieil entraîneur de son lycée, Smile, pour qui le ping pong n'était qu'un jeu, va devoir en faire un combat pour relever les défis qui se présentent à lui. Cette nouvelle et excellente série de la collection Akata nous propose un récit où les arts martiaux sont absents mais où le ping pong est admirablement présenté. L'histoire est passionnante et les différents héros nous promettent déjà des joutes formidables. Le dynamisme du jeu et la profondeur psychologique des personnages sont superbement rendus par le graphisme très particulier de Taiyou Matsumoto, le tout agrémenté d'un lexique avec des clés de compréhension très utiles.

• Jean-François Fontayne

781 Nana, 7 et 8

Nana l'écervelée, après être sortie avec Takumi, le batteur de Trapnest, s'éprend de Nobu, un guitariste, groupe où chante l'autre Nana. Mais l'amour est imprévisible et l'annonce de sa grossesse ne va pas arranger les choses. Ai Yazawa continue à nous passionner avec les aventures de ces deux petites nanas qui voient leur vie de femme se mettre en place. Amour et rock'n roll pour cet excellent shojo très bien rythmé, toujours aussi drôle et qui a cette particularité de plaire aux filles comme aux garçons. Sorte de Friends musical nippon à suivre pour tous les amateurs.

• Jean-François Fontayne

Matsumoto Taiyou Trod. du japonais

par Julie Naruse

et Noshiaki Naruse

Delcourt, 2 0 0 3 (Akata)

2 1 0 et 2 2 8 p.

10,50 € 2 84789 224 9 Genre Manga

Ai Yazawa Delcourt, 2 0 0 4 (Akata)

224 p. et 190 p.

5,25 € et 5 ,50 € 2 84789 306 7 2 84789 358 X

Genre Shojo manga

Mots clés Amour Musique

Page 82: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

80

Parcours de lecture Et après . . . Documentaire

Dir. Patrice Amen Milan, 2 0 0 4

112 p.

1 2 € 2 7 4 5 9 1418 9

Mots clés Politique

France contemporaine

9 Coup de gueule

Milan, 2 0 0 4 192 p.

14 € 2 7 4 5 9 1 2 8 7 9

Mots clés Géographie contemporaine

Géopolitique contemporaine

791 Les Clés du citoyen 2004 :

Zoom sur la vie politique

Ce hors-série de l'hebdomadaire Les Clés de l'actualité est réalisé sous la direction du CIDEM (Association civisme et démocracie). Il s'agit ici d'un guide pratique de la vie politique en France, suivi de conseils et d'informations politiques en France, puis de conseils et d'informations pour s'investir dans la Cité... et pour éviter de trop dépenser I L'ouvrage s'articule autour de trois parties : le vote (institutions politiques, les partis en 2004 avec chiffres, schémas, cartes, encarts...) ; vivre ensemble (droits et devoirs, peines et délits, sécurité routière, civisme, environnement, transports - l'approche très classique est trop succincte et trop sage pour conduire une réflexion I) ; un guide pratique très court mais qui indique où s'informer. Cet ouvrage est utile parce qu'il est bien mis à jour, mais il ne conduit à aucune réflexion. Quelle différence avec les Essentiels !

n Gilberte Mantoux

801 Les Clés du monde 2004 :

175 pays à la loupe

En première partie, cet ouvrage présente un choix de sujets d'actualité dans divers domaines : politique, économie, société, environnement, sports, culture, sciences et techniques. Un «atlas» fournit ensuite des données très synthétiques sur cent soixante-quinze pays, groupés en vingt-deux zones géographiques. Pour un tiers d'entre eux, ces données sont accompagnées d'un bref article relatant les faits marquants survenus dans tel pays en 2003, ou exposant les problèmes qui vont se poser en 2004. Une dernière partie, intitulée «Cap sur 2004», traite des diverses questions qui concernent notre proche avenir : construction européenne, énergies alternatives, éducation, nouvelles techniques... L'ouvrage s'achève par un index, une sélection de sites Internet et un petit lexique. L'ensemble est attrayant, abondamment illustré et d'une présentation agréable, avec des textes bien rédigés. Sur de nombreuses pages, une rubrique « En savoir plus » donne les références d'ouvrages ou revues ou sites Internet à consulter. On regrette d'autant plus que l'ouvrage soit discrédité par le nombre excessif de coquilles ou d'incohérences dans des données chiffrées, par exemple dans celles qui concernent la population des différents pays.

• Jean Ratier

Page 83: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

8i I Petite histoire des écritures L'écrit est omniprésent dans nos vies, alors qu'il n'existe que depuis quelques millénaires, ce qui est bien peu à l'échelle de l'histoire de l'humanité. L'objectif de l'auteure n'est pas de retracer une chronologie exhaustive de cette invention, mais d'en présenter quelques étapes déterminantes, sur un mode anecdotique. La première des quatre parties de cet ouvrage nous présente cette naissance, sorte de «pourquoi et comment» des premières écritures (cunéiforme, hiéroglyphes, idéogrammes chinois, quipus incas...). Dans un deuxième temps, le lecteur découvre l'invention de la notion d'alphabet et son utilisation par les Grecs, les Romains, les Arabes. La troisième partie évoque le «passage-éclair» du règne des copistes à celui de l'informatique. La quatrième est une intéressante mise en perspective du rôle et de la place de l'écrit aujourd'hui.

L'ouvrage, riche et sympathique, est servi par des illustrations très expressives et originales. Cet outil de réflexion pourra être conseillé comme un prolongement à la découverte de l'histoire de l'écriture en classe de 6e, mais aussi à tous les jeunes et bons lecteurs amoureux de la langue et de l'écrit.

• Nathalie Le Cléi

821 Les Épidémies, des pestes au SIDA

La peste, particulièrement meurtrière au VIe siècle et en 1 348, marqua durablement la mémoire collective, tandis que l'exclusion était le lot des lépreux. Avec les temps modernes, la multiplication des contacts entre populations favorisa l'extension rapide des maladies à des continents entiers. Au XIXe et surtout au XXe siècle, les progrès scientifiques ont fait croire à une victoire définitive sur ces fléaux de l'humanité. Mais l'apparition de nouvelles maladies, telles que le SIDA ou le SRAS, la persistance de la lèpre et du paludisme, le retour de la syphilis et de la tuberculose imposent de ne pas relâcher la vigilance. Le problème de l'accès aux soins reste à régler pour les pays les plus pauvres. Bien présenté et bien illustré, ce livre traite un sujet toujours d'actualité. Il incite à la réflexion et à l'action, en vue de réduire l'inégalité des hommes devant la maladie.

• Jean Ratier

831 Lillettrisme :

mieux comprendre pour mieux agir

Cet Essentiel s'adresse davantage aux bibliothécaires et documentalistes de CDI. Il leur apportera certainement de précieux renseignements malgré son aridité. Il commence par caractériser les différentes situations d'illettrisme, puis s'attache à recenser et décrire les nombreux dispositifs

Sylvie Baussier ¡11. Daniel M a j a

Syros Jeunesse, 2 0 0 3

(Petites histoires des hommes)

7 8 p.

15 €

2 7 4 8 5 0 1 0 5 5

Mots clés Écritures Histoire

Georges Delobbe PEMF, 2 0 0 3 (Un oeil sur l'Histoire)

104 p.

1 2 € 2 8 4 5 2 6 4 8 1 X

Mots clés Santé Histoire

Marie-Thérèse Geffroy, Valérie Grasset-Morel Milan, 2 0 0 3

(Les Essentiels, n° 235)

6 0 p.

4 , 5 0 €

2 7 4 5 9 1 1 2 6 0

Mots clés Illettrisme

Page 84: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Et

de lutte existant à tous les niveaux (État, régions, villes, écoles ou entreprises), qu'elle soit menée par des institutions, associations, salariés ou bénévoles. C'est là son grand intérêt : fournir un copieux carnet d'adresses, statistiques à l'appui. L'ensemble reste assez orienté sur le milieu scolaire.

• Michelle Brillatz

Coup de gueule

Sarah de Haro Milan, 2 0 0 3

(Les Essentiels, n° 233)

6 4 p.

4 , 5 0 €

2 7 4 5 9 1033 7

Mots clés Sida

Afrique francophone contemporaine

841 Le Sida en Afrique :

des réponses associatives

Dans une première partie, l'ouvrage fait état du fléau qui s'est abattu en Afrique subsaharienne à la fin des années 70, réel handicap au développement. L'auteure, journaliste, mentionne (bien mais trop peu) l'entêtement des laboratoires pharmaceutiques à ne pas faciliter l'accès aux médicaments génériques, cause la plus évidente de l'aggravation de la situation. Le propos se resserre rapidement sur la mobilisation nationale et internationale, notamment les actions de sensibilisation et de prévention menées par différentes associations. Le réseau Afrique 2 0 0 0 (réseau de solidarité Nord-Sud, sponsor du livre) est largement présenté. Un cahier pratique clôt la lecture avec témoignages de responsables d'associations, adresses, sites Internet, glossaire et bibliographie. L'ouvrage possède les qualités de ses pairs dans la collection et l'attention portée au travail de ces O N G est louable. Cependant, contrairement à l'annonce du titre, l'auteure s'en tient seulement au secteur francophone. Or, une carte le montre dès les premières pages, cette zone est la moins touchée d'Afrique... De plus, il aurait été bienvenu de prendre une distance par rapport aux chiffres énoncés : on sait maintenant que les gouvernements africains ont volontairement sous-évalué le nombre de malades pour ne pas freiner le tourisme, notamment le tourisme sexuel. La réalité est bien plus grave que les statistiques actuelles déjà effrayantes veulent bien le montrer.

• Isabelle Debouvère

Page 85: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

851 Être juif aujourd'hui

Ce livre se divise en trois parties : Une histoire - Une religion - Les Juifs de France. La première partie relate l'histoire du peuple juif, en insistant sur les persécutions qu'il a subies par tout au long de son histoire et qui culminent avec la Shoah. La deuxième partie montre que la religion juive se fonde sur la Torah remise par Dieu au peuple juif et évoque les commandements qui vont régir toute la vie des Juifs des actes les plus anodins aux rites gouvernant les fêtes religieuses les plus importantes. Dans la troisième partie, on nous rappelle que les Juifs de France sont pour l'essentiel des séfarades venus d'Afrique du Nord, puis l'auteure prend position contre les mariages mixtes qui diluent l'identité juive et termine par le désarroi actuel des Juifs de France face à la montée de l'antisémitisme.

Ce livre est facile à lire grâce à une écriture vivante, aux nombreux témoignages de jeunes Juifs, aux dessins humoristiques assez amusants. Mais il n'y a aucune référence historique précise, aucune mention de sources éventuelles et une vision caricaturale et partisane des relations entre l'Eglise catholique et les Juifs, ainsi que du rôle de la France pendant la Shoah. Même si on apprend un certain nombre de choses présentées de façon attrayante sur la religion et la communauté juives, l'ambiguïté, la multiplicité et le peu de fondement scientifique des réponses données au sujet lancé par le titre nous laissent sur notre faim.

• Isabelle Hébert

Autre avis Que souhaitaient les éditions de La Martinière en demandant à Yaël Hassan, plus connue comme auteure de fiction, de traiter ce sujet ? L'ouvrage apparaît plus comme un plaidoyer pro domo que comme un véritable documentaire, rédigé dans un esprit scientifique et objectif. Vue la difficulté de la question, les jeunes méritaient mieux.

• Tony Di Mascio

861 bau :

source de vie, source de conflits

Quelques notions simples permettent d'aborder la question de l'approvisionnement en eau potable, l'évacuation et le traitement des eaux usées, l'évolution de la consommation et la formation du prix de l'eau potable. L'auteure montre alors comment l'eau est un élément omniprésent, mais fragile, sensible aux pollutions organiques et chimiques. Elle peut être infectée et transmettre le choléra, le paludisme ou la bilharziose. Certaines actions irréfléchies peuvent avoir des conséquences désastreuses. L'ouvrage s'achève par un aperçu des politiques de l'eau suivies en France et en Europe. Quant à une gestion

Coup de gueule

Yaël Hassan ¡11. Olivier Ranson

La Martinière Jeunesse, 2 0 0 4

(Hydrogène]

109 p.

1 1 € 2 7 3 2 4 3 1 0 0 1

Mots clés Judaïsme

Véronique Le Marchand Milan, 2 0 0 3

(Les Essentiels, n° 236)

6 3 p.

4 , 5 0 €

2 7 4 5 9 1 179 1

Mots clés Écologie

Page 86: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Et aprè 84 1

à l'échelle mondiale, chacun s'accorde sur son urgente nécessité, mais force est de constater le règne du «chacun pour soi» et l'impuissance des organisations internationales à dépasser le stade des vœux pieux. Après un début purement documentaire, cet ouvrage souligne les nombreux problèmes qui se posent et incite à la réflexion. Le texte est dense, mais d'un accès facile. Pour tous lecteurs.

• Jean Ratier

Hervé Le Treut, Jean-Marc Jancovici

Flammarion, 2 0 0 4 (Champs)

2 2 3 p.

8 , 1 9 €

2 0 8 0 8 0 0 8 1 7

Nouvelle édition

Mots clés Écologie

Climatologie

Isabelle Marcadé Sca la /CNDP (Œuvre choisie),

2 0 0 4

31 p.

8 €

2 8 6 6 5 6 341 7

Mots clés Peinture XVIIe siècle

871 LEffet de serre :

allons- nous changer le climat ?

Après avoir expliqué les mécanismes complexes de la machine climatique, les auteurs, spécialistes de ce domaine, montrent comment les hommes sont parvenus à en perturber le fonctionnement. En effet, la corrélation entre l'accélération du réchauffement de la Terre et l'augmentation du taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère n'est plus guère discutée. La science ne peut pas encore chiffrer le rythme futur de ce réchauffement ni les risques qu'il nous fait courir. Faut-il pour autant ne rien faire ? Les auteurs pensent au contraire qu'il faut agir, mais cela implique d'accepter des changements décisifs de nos modes de vie et de consommation. Les auteurs se sont efforcés de présenter de manière objective et dans un langage accessible au plus grand nombre, ce sujet difficile dont on parle souvent à tort et à travers. L'ouvrage se termine par un glossaire, une bibliographie et un choix de sites Internet. Pour lecteurs intéressés par les questions d'environnement et qui ne se laisseront pas dérouter par la présentation austère. L'ouvrage était auparavant sorti en Domino.

m Jean Ratier

881 Le Nouveau-né de Georges

de la Tour

Cet essai suit le même plan que ceux de la collection, mais avec assez de souplesse pour insister sur toutes les caractéristiques de l'œuvre de La Tour (clair-obscur, période «diurne», période «obscure», réalisme y compris dans les tableaux religieux). La vie du peintre est peu connue mais les influences ou rapprochements en ce début du XVII' siècle sont soulignés, toujours accompagnés de la reproduction du tableau cité. Les peintures choisies proviennent de nombreux musées ; un glossaire et des pistes de réflexion parachèvent ce documentaire de bonne qualité.

• Gilberte Mantoux

Page 87: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

891 Angkor

Sollicité par le magazine Géo pour un numéro spécial BD paru en 2002, Mattoti a rapporté du Cambodge un superbe carnet de voyage, dont il publie maintenant une édition intégrale et luxueuse. Peu de texte, quelques impressions : l'essentiel est le dessin. L'illustrateur utilise les techniques du crayon, du pastel gras, de l'encre de Chine pour les croquis et dessins d'architecture. Mais surtout, l'aquarelle sur papier chiffon rend à merveille le ruissellement des pluies qui brouillent les paysages. On retrouve la palette des tons orangés et rouges, qui contrastent avec les verts luxuriants de la jungle. Temples, éléphants, moines, ruines sont empreints d'une ambiance magique. Un livre d'art à mettre en valeur auprès des jeunes, pour faire découvrir une autre facette d'un grand nom de la bande dessinée. Un seul regret, son prix...

• Cécile Robin-Lapeyre

901 Prévenir les catastrophes

écologiques ? : Les Marées noires

Voilà un petit ouvrage qui, sans avoir la prétention d'être exhaustif, propose des définitions, des chiffres, des angles d'approche, des éléments de réponse et d'interrogation qui permettent de faire un tour assez complet des catastrophes écologiques liées au transport des matières dangereuses par voie maritime. Le premier chapitre, «Etats des lieux», montre l'accroissement de la diversité et du volume des cargaisons dangereuses, des accidents de plus en plus nombreux malgré une réglementation présente mais peu obligatoire. Le second, «La crise et ses conséquences», présente les systèmes mis en place pour la surveillance des mers et les procédures en cas de crises. «Préventions et indemnisations» s'insurgent contre les limites du système d'indemnisation, qui a comme seul bénéfice de pousser à davantage de prévention. Enfin le chapitre «Approfondir» présente les textes en vigueur, un glossaire, une bibliographie et un index. Un documentaire efficace qui passionnera les adolescents, heureusement et généralement plus sensibilisés à l'environnement.

• Valérie de Saint Laurent

Coup de cœur

Lorenzo Mattoti Seuil, 2 0 0 3 (carnet de voyage)

144 p .

32 €

2 0 2 0 6 3 3 4 6 9

Genre

Carnet de voyage

Mots clés

Caroline Toutain Milan, 2 0 0 4

(Les Essentiels, n° 238)

6 4 p.

4 , 5 0 €

2 7 4 5 9 1122 8

Mots clés Écologie

Page 88: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

de lecture

Lecteurs confirmés Littératures

Parcours

Collab. Tahar Ben Jelloun, Pierre Bott,

Genviève Brisac, et al. Le Cherche Mid i , Amnesty

International, 2 0 0 3

175 p.

15 €

2 7 4 9 1 0 1 3 4 4

Genre Nouvelles

Dir. Jérôme Leroy Les Belles Lettres, 2 0 0 4

2 9 6 p.

20 €

2 251 4 4 2 5 8 8

Genre Nouvelles

Science fiction

Juan Miguel Aguilera Trad. de l'espagnol

par Agnès Naudin

J'ai lu, 2 0 0 4

(Littérature générale, n°6820)

5 0 8 p.

7 , 8 0 €

2 2 9 0 3 2 4 2 5 6

Réédition

Genre Fantastique historique

91 I Nouvelles pour la liberté

Dix-sept écrivains pour dix-sept nouvelles s'interrogent sur la liberté, de manière grave ou plus légère. Avec Tahar Ben Jelloun, Andrée Chedid, Le Clézio ou Marie Desplechin, nous suivons des aventures incroyables, qui pourraient nous arriver dans n'importe quel pays du monde. Injustices du destin, peur de la trahison, mirages des espoirs, la liberté réussit toujours à exister au travers des lignes. Si les textes sont inégaux selon les auteurs, l'ensemble est plutôt réussi, avec une mention spéciale pour Rats de rue, Trois quarts d'heure, Le Clandestin et L'Aveu, nouvelles particulièrement fortes et propices à la lecture à haute voix. Nous voilà en présence d'un ouvrage indispensable et intemporel, qui se lit comme un quotidien.

• Jean-François Fontayne

92 I Le Dernier homme

Vingt-deux auteurs reconnus de SF proposent chacun une nouvelle inédite sur le thème du «dernier homme». Certaines de ces nouvelles portent sur la disparition de l'humanité : le virtuel l'emporte sur le réel dans Disparition d'une odeur, de Serge Quadruppani ; la maladie n'épargne qu'un homme, un français qui concentre toute la bêtise de notre société dans ShangaïExpress, de Frédéric Fajardie ; dernier homme cherche dernière femme pour repeupler la terre dans Elle de Jean Mazarin. Beaucoup d'autres sont prétexte à une caricature drôle ou sinistre de notre société : Le Mot de la fin, de Sébastien Lapaque, joue sur l'excellente idée de la privatisation des lettres de l'alphabet. Certaines, comme Hurlement, de Jean-Pierre Andrevon, sont des cauchemars. Généralement caricaturales, d'humour plus ou moins noir, avec fantaisie ou pas mais toujours bien racontées, ces nouvelles, malgré leurs références littéraires et politiques, ne sont pas difficiles et leur variété plaira.

• Gilberte Mantoux

93 I La Folie de Dieu

Histoire et fiction se sont entrelacées autour de l'immense figure de Ramon Llull (1235-1 315), le «Docteur illuminé». Juan Miguel Aguilera réécrit le récit de son dernier voyage. Ramon, moine théologien et alchimiste, est envoyé à la recherche du royaume de Prêtre Jean : les richesses infinies de cette cité perdue, les miracles de sa science, dont celui de l'immortalité,

Page 89: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

sont l'ultime espoir pour sauver Constantinople de l'emprise de ses ennemis. Entouré des fougueux chevaliers Almogavars, le voilà projeté dans une épopée longue et sanglante, jusqu'à ce qu'il découvre la fabuleuse ville d'Apeiron. Mais là où il aspirait à la révélation de l'existence de Dieu, Ramon ne trouve dans la Cité de Cristal qu'une technologie avancée au service d'une puissance qui vacille : l'Adversaire s'est infiltré, le Malin répand ses démons et son oeuvre de mort. Il lui faut aller le débusquer de son antre pour sauver la civilisation. L'auteur nous plonge dans le cauchemar sans ménager ses effets : batailles cruelles, monstres sanguinaires, rencontres diaboliques ou merveilleuses, avec un glissement progressif d'un cadre historique à un univers hallucinant, totalement fantastique. La sagesse du héros est un rempart à un trop plein d'émotion, ainsi que la maîtrise de l'écriture, forte mais contenue. La multiplication des personnages et celle des épisodes les plus dantesques rendent la lecture un peu ardue.

• Christine Nouai

94 I Qu'Allah bénisse la France

Voici le récit autobiographique de Régis, né en France, fils d'un haut dignitaire congolais, retourné en Afrique de trois à sept ans avec ses parents avant d'émigrer vers une cité difficile de la banlieue sud de Strasbourg. Il y sera élevé avec ses six frères et soeurs par sa mère. Leader du groupe de rap NAP (New African Poets), il côtoie la délinquance tout en continuant d'étudier dans un lycée privé du centre ville, comme l'y oblige sa mère. Bon élève, il ne plongera pas dans la délinquance car sa recherche d'identité, le retour à ses racines le conduiront à se convertir à l'Islam. Il s'y investira jusqu'à devenir un prêcheur convaincu et obscurantiste sévissant dans les banlieues. Au sommet de la gloire de son groupe, à la naissance de sa fille, il reviendra sur cet engagement radical pour se tourner vers le soufisme. Son expérience relatée (y compris en s'appuyant sur les textes de ses chansons) montre qu'à tout moment chacun peut faire des choix, rien n'est inéluctable. Toutefois, à la lecture de ce récit une question se pose : n'y a-t-il de salut qu'à travers la religion ?

• Armelle Hervé

95 I Feuille de verre

Dans Partage du monde, précédent roman pour la jeunesse de Kebir Ammi, un orphelin famélique s'exilait de Marrakech en France en passant par Tanger. Ici, un autre orphelin, âgé d'une douzaine d'années, si maigre qu'il en est transparent, quitte Oujda, sa ville natale, pour Tanger où il survit, nullement tenté par l'immigration en France. Un journaliste lui a proposé de raconter sa vie contre une alléchante somme d'argent. Réfugié dans la cabane en bord de mer qui lui sert de gîte, il rassemble ses souvenirs, «cendres d'un enfant du néant», sans souci d'exhaustivité ; il ne veut pas perdre son âme. Enfant des rues, miséreux

Abd Al Malik Albin Michel, 2 0 0 4

2 0 3 p. 15 €

2 2 2 6 1 5 1 1 9 2

Genre Récit autobiographique

Mots clés Soufisme Rap

Kebir M. Ammi Gallimard, 2 0 0 4 (Scripto)

160 p.

8 €

2 0 7 0 5 5 2 3 7 3

Genre Récit initiatique

Mots clés Maroc contemporain Orphelin

Page 90: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

mais libre sauf quand la police l'arrête, exclu, il survit, s'accommodant de son sort, se débrouille (il est successivement pendant trois ans presseur d'oranges, vendeur de journaux, docker, trafiquant de cigarettes, factotum sur un tournage de film). Il rencontre d'autres marginaux, des êtres parfois étranges, mène une vie d'errant dans cette ville qu'il aime comme sa mère. Il ne la décrit pas mais raconte sans attendrissement ni complaisance, presque pudiquement, ses souffrances (la faim, la solitude...), ses peurs, ses amours, ses amitiés, dans une langue souvent poétique. Aucune revendication identitaire et nationaliste ne perce au fil des lignes mais une grande attention aux individus, à l'autre et une sensibilité aiguisée au moindre plaisir de la vie. A lire sans tarder !

• Marie-Françoise Brihaye

Mati lde Asensi Trad. de l'espagnol

par Carole d'Yvoire

Pion, 2 0 0 3

3 0 4 p .

21 €

2 2 5 9 1 9 8 2 2 8

Genre Policier historique

Ayerdahl Au diable vauvert, 2 0 0 4

5 6 0 p .

23 €

2 8 4 6 2 6 0 3 6 2

Genre

Policier

961 Iacobus

Au XIVe siècle, le moine soldat Galceran de Born parcourt le chemin de Compostelle en compagnie de son fils retrouvé, sur la piste du mystérieux trésor des Templiers.

Contrairement à ce qu'on pourrait craindre, ce roman historique n'a rien de new âge : si la symbolique ésotérique de l'ordre du Temple est mise à contribution, c'est au service d'une histoire policière et de la résolution d'énigmes. Les aspects politiques des rivalités entre princes de la terre et princes de l'Eglise constituent le moteur de l'intrigue. Le point de vue est bien sûr très anachronique, mais l'aventure est bien menée, de façon claire et on la suit avec plaisir.

• Caroline Rives

97 I Transparences

Du 3 1 décembre 1997 au 1 1 septembre 2001, aidé ou dérangé par différents services secrets, le criminologue Stephen Bellanger traque une ombre : Ann X, «sériai killeuse», victime d'abus sexuels et terroriste, ne laisse pas de trace sur ses images capturées ni dans le souvenir de ceux qui la croisent. Entre goût de la chasse et fascination pour la proie, Stephen taille sa route, qui croise les bouleversements de la fin du XXe siècle.

Si on trouve dans ce roman beaucoup d'intelligence, une grande charge émotionnelle et pas mal de sensualité, on ne peut se cacher qu'il est copieux et surtout que, curieusement, ce thriller est quasiment uniquement composé de dialogues : il y a peu de scènes d'actions sauf quand l'amie Ann se déchaîne, d'où une possible lassitude surtout chez un lecteur peu patient. Ayerdhal est un auteur prolifique (42 notices dans BN-Opale plus depuis le début des années 90), essentiellement de science fiction.

• Caroline Rives

Page 91: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

981 La Serre

Paris, un été pluvieux. Un an après la mort brutale de sa mère, une jeune femme laisse les souvenirs affleurer comme des bulles à la surface de l'eau. Dans la serre d'Auteuil, près du bassin des carpes, elle rencontre un homme pour qui elle ressent une attirance immédiate. Pour ces deux solitaires hantés par les fantômes du passé, la disparition est l'ultime ravissement.

Le récit se déroule en deux parties : la première se présente comme un exercice de deuil. Dans son appartement-cocon, la narratrice se laisse envahir par les souvenirs de sa mère au contact de ses objets personnels, dont elle décide de se séparer. La seconde partie évolue autour de cette serre dans laquelle sa mère aimait à venir dessiner. La fin, double ouverture sur l'amour et la mort conclut le récit logiquement : elle rejoint le fantôme de sa mère et se laisse engloutir dans l'eau du bassin, silencieuse et calme comme une icône japonaise. La quête de la narratrice tend vers l'harmonie et la régularité, la recherche de la pureté dans le dénuement ; beauté et renoncement sont étroitement liés. Les mots sont simples, délicats. Une ambiance calme, japonisante flotte dans cet appartement parisien dont la locataire rend hommage au temps, aux plaisirs simples, au travail bien fait. Avec une économie de mots et d'effets, Sandrine Bailly offre un superbe récit intimiste en forme d'estampe, véritable invitation à la contemplation.

• Isabelle Debouvère

991 Nouvelles Dans ce recueil, sont regroupées cinq nouvelles rédigées par Balzac entre 1 830 et 1832, c'est-à-dire au début de son œuvre. Elles peuvent être considérées comme des esquisses ou des études de ses futurs romans. Il les a cependant toutes intégrées à La Comédie humaine : la première est une des «scènes de la vie privée» (La Bourse), tandis que les quatre autres sont des «études philosophiques» (El Verdugo, Adieu, Le Réquisitionnaire, L'Auberge Rouge). Malgré leur caractère bref et relativement simple (nombre limité de personnages), on y retrouve toute la virtuosité des intrigues balzaciennes, la finesse de ses analyses psychologiques et quelques-uns de ses thèmes principaux. Il s'agit d'un échantillonnage assez complet et très intéressant. Les romans de Balzac peuvent inquiéter les lecteurs adolescents par leur ampleur, le nombre très important de personnages, les méandres infinis des intrigues, les peintures socio-psychologiques très approfondies. Ces nouvelles en sont des sortes de modèles réduits qui leur permettront de s'imprégner de l'atmosphère balzacienne et donneront aux meilleurs lecteurs le désir de se lancer à la découverte de quelques-uns des deux mille personnages de ces quatre-vingt dix romans.

• Nathalie Le Cléi

Sandrine Bailly Le Rouergue, 2 0 0 3 (La brune)

91 p.

8€

2 8 4 1 5 6 5 3 8 6

Genre Récit intimiste

Mots clés Relation mère-fille Deuil Suicide

Honoré de Balzac Présentation et choix

d'Anne-Marie Baron

L'école des Loisirs, 2 0 0 4

(Classiques)

221 p.

5 , 2 0 €

2 2 1 1 0 7 4 31 6

Genre

Nouvelles

Page 92: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Josef-Martin Bauer Trad. de l'allemand

par Philippe Légionnet

Phébus, 2 0 0 4 (D'ailleurs)

4 5 8 p.

22 € 2 8 5 9 4 0 9 9 5 5

Réédition

Genre Récit biographique

Aventure

Arnaud Cathrine Verticales, 2 0 0 4 (Minimales)

146 p.

8 € 2 8 4 3 3 5 1 5 6 1

Genre Nouvelles

Mots clés Deuil

ioo I Aussi loin que mes pas me portent :

un fugitif en Asie soviétique, 1945- 1952 C'est l'histoire authentique du lieutenant Forell, prisonnier de guerre allemand condamné, comme de nombreux compatriotes, à vingt-cinq ans de travaux forcés dans une mine de plomb située au bout de la Sibérie, non loin du détroit de Bering. Après trois ans de travail dans des conditions inhumaines au milieu d'une nature hostile, il trouve la force de s'évader. Au bout de quatorze mille kilomètres et de trois années d'une vie errante dominée par l'instinct de survie et la peur d'être repris, jalonnée de rencontres chaleureuses ou inquiétantes, il parvient enfin en Iran. Récit d'une aventure exceptionnelle, ce livre dépeint également un pays hors normes, dont d'immenses régions restées sauvages, domaines des éleveurs de rennes et des chasseurs, sont aussi un refuge pour hors-la-loi et fuyards en tout genre, à condition que ceux-ci survivent aux rigueurs de la nature. C'était il y a cinquante ans... Qu'en est-il maintenant ? Une bonne traduction rend l'ouvrage plutôt facile à lire, mais sa longueur le fait réserver aux lecteurs confirmés.

• Jean Ratier

1011 Exercices de deuil Le titre apparemment paradoxal éclaire la lecture des deux nouvelles de l'ouvrage. En écho, deux héros, Kaspar, Andrew ; deux métropoles urbaines comme décors : Berlin (ville en deuil de son passé, défigurée par les travaux) et Philadelphie, glaciale sous la neige. En écho encore, une même intensité dans la souffrance et le sentiment d'abandon, de deuil : Kaspar, malgré ses dénégations, ne s'est pas remis du départ de son ami. En grave désaccord avec sa famille, il est acteur de théâtre à Berlin qu'il a quitté cinq ans auparavant. Andrew vient de quitter sa compagne depuis plusieurs années et refuse de retourner dans sa famille où tous ont réussi socialement excepté lui. En miroir, les même exercices : celui d'une lucidité exacerbée, celui d'un même désir de mettre en mots l'insupportable. Kaspar reprend le même rôle dans L'Amour de Phèdre, de Sarah Kane, que celui de son ami avant son départ et lui adresse une lettre, le premier texte. Andrew se réfugie chez un couple d'homosexuels chez qui il peut parler, ressasser, provoquer. Chacun cherche à cicatriser, trouver sa vérité tout en refusant le poids des autres et de leur volonté. Arnaud Cathrine dépeint toujours avec sensibilité, justesse et pudeur les difficultés intimes de jeunes adultes en rupture familiale, amoureuse, qui peinent à entrer dans le monde adulte. Les dialogues font mouche et le lecteur sort très ému de sa lecture.

• Marie-Françoise Brihaye

Page 93: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

1021 Taits d'hiver

De nos ¡ours, à Berlin, Jakob, quinze ans, vit avec sa mère, serveuse dans un bar. Son père les a quittés, parti un jour pour Francfort sans laisser d'explications. Voilà qu'un soir, la mère ne rentre pas. Commence l'attente angoissante. En peu de mots, un style minimaliste, une ambiance se crée dans un roman très cinématographique. Pour rompre sa solitude dans la maison vide, l'adolescent invite un ami, qui l'entraîne dans un squat à une fête alternative, organisée par un transsexuel noir américain. Là, il croise le destin d'Anna. Rentrée de Paris après un an d'absence pour mettre son amour à l'épreuve, elle a voulu retrouver Bastian, son ex... Cruelle déception.

L'absence, la disparition, les rendez-vous manqués et les rencontres improbables sont au cœur de cet univers glacial. C'est un très beau roman sur la relation entre fils et mère, où l'adolescent accepte la rencontre amoureuse de sa mère, lorsqu'il fait sa propre expérience sentimentale. Sans difficulté de lecture pour qui se laisse entraîner dans ce récit croisé, il est à conseiller aussi aux adultes.

• Cécile Robin-Lapeyre

1031 Huit + une

Cette série de neuf nouvelles, la plupart autobiographiques, est consacrée aux pères. Ces récits se situent généralement dans de petites villes provinciales américaines et sont un reflet assez précis de la vie quotidienne de familles très middle class dans la deuxième moitié du XXe siècle, insistant sur les relations familiales. L'auteur, lui-même père de trois enfants, y raconte ses souvenirs de jeunesse en même temps que son expérience personnelle en tant que père. On y voit des pères courageux et méritants ; des pères ratés incapables de dire leur amour à leur enfant ; des pères nostalgiques qui admettent difficilement que leurs enfants grandissent et quittent un jour la maison, etc. En avant-propos de chacune de ces nouvelles, l'auteur raconte comment l'idée de l'écrire lui est venue, des anecdotes concernant sa famille et son univers. L'ensemble est écrit avec beaucoup d'humour. Cependant, même si les relations humaines restent intemporelles, l'intérêt que pourrait susciter cette lecture auprès de jeunes adolescents d'aujourd'hui paraît assez mince. L'ensemble est désuet malgré un intérêt psychologique et sociologique certain.

• Geneviève Mazel

Info : C'est le second livre posthume de Robert Cormier, après A la

brocante du cœur, paru également à L ' é c o l e des loisirs.

Arnaud Cathrine L'école des Loisirs, 2 0 0 4

(Médium)

111p. 8 €

2 211 0 7 1 7 7 5

Genre Roman intimiste

Mots clés Disparition Relation mère-fils Deuil

Robert Cormier Trad. de l'américain

par Sophie Chérer

L'école des loisirs, 2 0 0 4 (Médium)

2 3 6 p.

1 1 ,50 €

2 21 1 0 7 1 8 1 3

Genre Nouvelles

Mots clés Paternité

Page 94: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Julio Cortazar Trad. de l'espagnol

par Laure Guille-Bataillon

Gallimard, 2004.(L'Imaginaire]

188 p.

6,10€ 2 0 7 0 7 7 0 2 7 3

Réédition

Genre

N o u v e l l e s

Sylvie Denis L'Atalante, 2 0 0 4 (La dentelle du

cygne)

4 5 7 p.

19 ,50 €

2 8 4 1 7 2 263 5

Genre

Fantast ique

Marie Desplechin L'école des loisirs, 2 0 0 4

(Médium)

160 p.

9 €

2 21 1 0 7 4 1 9 7

Genre Roman historique

Mots c lés

France XIX' s iècle

1041 Tous les feux le feu

Une écriture magnifique, puissamment évocatrice, et une belle

traduction permettent à chacun de s'identifier aux personnages de ces

nouvelles et de partager leurs angoisses. La réalité de Cortazar est

toujours vraisemblable, mais la décalant dans l'insolite il révèle au

lecteur sa propre capacité à percevoir l'invisible, à accepter de vivre

dans l'autre monde et, pourquoi pas, de les réunir. Intéressant éveil à

l'absurde pour les plus littéraires.

• Michelle Brillatz

1051 Haute-École Dans un monde médiéval fantastique, les gens doués de pouvoirs sont

envoyés dans des écoles où des postes leur sont spécifiquement

dévolus. Tout se passe à merveille, jusqu'au jour où ce monde parfait

devient le pire royaume jamais connu. Les magiciens sont chassés,

regroupés, parqués dans une seule école, obligés de servir le royaume,

tandis que le reste de la population souffre des méfaits d'une classe

dirigeante qui, pour survivre, n'a d'autre choix que de suivre le

despote. La rébellion s'organise mais, qui dit rébellion, dit traîtrise et

moment épique.

De belles inventions dans la description de ce monde imaginaire, une

intrigue bien menée quoique classique, un vrai méchant et de vrais

traîtres font de ce premier roman un agréable moment de lecture, pour

les amateurs du genre. Une auteure à suivre.

• Arnaud Altier

1061 Satin grenadine

Lucie, avec l'esprit pétillant de ses treize ans, espère bien que les règles

de la bienséance pour une demoiselle vont bientôt voler en éclats. Mais

nous sommes en 1 8 8 5 et ses parents restent persuadés que la bonne

éducation consiste à savoir tenir une maison pour devenir une épouse

parfaite. Son apprentissage auprès des domestiques va lui révéler les

idées modernes qui se font jour.

A travers le regard déluré de Lucie, nous voyons se dessiner la barrière

placée entre aristocratie, bourgeoisie et domesticité, et les carcans où

chacune se trouve confinée. Et s'il ne s'agit pas ici de grondements

sociaux, il y a bien des soubresauts pour agiter les idées de socialisme

et de féminisme qui infiltrent tous les milieux. Ce n'est pas du Zola ! Rien

d'un tableau affligeant, et même plutôt une vision un peu angélique.

Néanmoins, la propagation des idées «révolutionnaires» sous le manteau

et leur éclosion timide est bien observée, ainsi que la description colorée

Page 95: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

des Halles de Paris. Le ton du récit est alerte et drôle, l'écriture très belle est pleine de finesse et l'héroïne, attachante. Une très bonne lecture, facile et instructive sans en avoir l'air.

• Christine Nouai

Autre avis Les personnages sont creux, évoluant dans des décors en carton pâte. Marie Desplechin a lu Proust et Zola, mais en sert un succédané sans saveur, à la limite de desservir son sujet : la visite aux Halles est l'équivalent d'une visite au zoo et le personnage du frère, grand bourgeois devenu socialiste, haranguant la foule des cafés est présenté de façon peu crédible. Si elle a voulu décrire la fin d'une époque et les prémices de changements sociaux, on ne peut pas dire que cela soit très convaincant. Pourquoi choisir alors un tel sujet pour n'en faire qu'une succession de scènes un peu vaines ?

• Tony Di Mascio

1071 Les Jours de Shaytan

La communauté marocaine des «pères» musulmans, installée dans une petite ville des Pays-Bas et assise sur la tradition importée du bled, est bien mise à mal. Hamid, treize ans, subit l'éducation coranique et celle d'un père violent qui ne conçoit aucun écart de conduite de ses fils, quitte à en être haï. Or ce fils rebelle compte bien vivre comme les autres adolescents, libéré de son «fardeau culturel». Lorsqu'il ne se réfugie pas auprès d'une mère elle-même agressée, il croise la route de Shaytan (Satan), vingt ans, oisif affublé de deux acolytes marginaux. Avec un malin plaisir, il prend le contre-pied du Coran pour en montrer l'hypocrisie et l'inadéquation avec une société en mouvement. Conflit de générations, conflit culturel... Pour ce premier roman incisif, l'auteur plaide pour une ouverture de cette culture qu'il considère figée. Il use de provocation, de sentiments exacerbés au travers du personnage d'Hamid... et c'est une réussite. Les nombreuses références au Coran en font un roman à conseiller aux plus grands.

• Armelle Hervé

1081 Fille de l'Empire :

Trilogie de l'Empire, 1

Mara, dix-sept ans, est l'unique héritière du clan des Acoma. Son père et son frère ont été tués par l'ennemi ancestral de leur maison, Jingu, seigneur des Minwanabi. Sa vie ne sera centrée qu'autour de sa vengeance et de l'honneur des Acoma. La jeune fille inexpérimentée va

Saïd El-Haji Trad. du néerlandais par Bertrand

Abraham

Gaïa, 2 0 0 4 (Taille unique]

2 0 5 p.

17 €

2 8 4 7 2 0 0 4 5 2

Mots clés

Pays-Bas contemporains Relation père-fils Islam

Raymond E. Feist, Janny Wurts Trad. de l'américain Anne Vétillard

Bragelonne, 2 0 0 4

4 0 2 p.

22 € 2 9 1 4 3 7 0 6 7 9

Réédition

Genre

Fantasy politique

Page 96: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

94 I

devoir tout apprendre de la politique et de la stratégie. Pour jouer au Jeu du Conseil et se faire une place parmi les hommes, elle ose manipuler la tradition et le code d'honneur sur lesquels repose toute la société tsurani. Enviée et détestée, elle ne peut compter que sur quelques proches pour sauvegarder l'honneur de son clan. Ce livre, premier volet d'une trilogie, est un cycle de fantasy politique dans un Japon médiéval imaginaire. Tout en étant indépendant, il est le parallèle du cycle des Chroniques de Krondor, du même auteur, puisque le peuple tsurani est celui qui envahit le monde Midkemia, là où vit Pug de Crydee. Le personnage de Mara est beaucoup plus fouillé que celui de Pug : elle est fière, déterminée, capable de souffrir pour parvenir à ses fins et de se montrer cruelle. On regrettera seulement que tous ses plans aboutissent toujours à son avantage, quelles que soient l'expérience, la violence et la puissance de ses ennemis. Il s'agit cependant d'un bon roman que l'on proposera à de bons lecteurs : les intrigues politiques y sont denses et complexes, les descriptions fouillées et l'action parfois lente car une part du suspense repose sur l'atmosphère sclérosée et hiératique de la société tsurani.

• Sandrine Brugot Maillard

Marcello Fois Trad, de l'italien

par Nathalie Bauer

Gall imard jeunesse, 2 0 0 4

(Scripto)

122 p.

7 , 5 0 €

2 0 7 0 5 4 4 3 9 7

Mots clés

Manipulation psychologique

Adolescence

1091 Ce que tu m as dit de dire

Ce titre énigmatique ne laisse point deviner que «l'événement» central de ce récit est un match de water-polo arbitré par un prêtre, don Sazzini... Trois copains y participent mais dans des équipes ennemies. Renard, gardien de but bloque le but de la victoire, tiré par son ami, Denis, membre avec Claudio de l'équipe adverse. Denis ne supporte pas la défaite et cherche à entraîner Claudio à témoigner contre Renard qui aurait triché et en sus aurait tenté de pervertir ses camarades dans les vestiaires par des propositions et des comportements indécents. Don Sazzini évente les mensonges mais ne supporte pas la réaction violente et coléreuse de Denis qui se met à dénigrer les adultes. Marcello Fois, en un savant puzzle, multiplie les points de vue, le lecteur pénètre au cœur des pensées et émotions des différents acteurs. Deux thématiques traversent le roman : celle de l'enfance et de ses difficultés face à des adultes fatigués, lâches, peu crédibles («l'enfance n'existe pas, elle est absurde...Elle consiste à dépendre»), et celle d'une impossible exigence de vérité («On n'est jamais sûr de rien, pas même de la vérité... Ce n'est pas semble-t-il un sport très pratiqué. Qui recherche la vérité ?»). Dédié aux adolescents de Bologne rencontrés dans les bibliothèques qui ont fourni des pistes de travail, ce premier roman pour la jeunesse de Marcello Fois, agréable (mais non facile) à lire, incisif, sort des sentiers battus et s'impose par sa justesse de ton et d'observation.

• Marie-Françoise Brihaye

Autre avis : C'est un texte bref, violent, assez mystérieux. L'enjeu n'est pas

Page 97: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

le contexte sportif, mais l'affrontement entre fortes personnalités, prêtes à tout pour parvenir à leurs fins, et caractères plus enclins à clouter. Si la lecture est très facile (roman court, chapitres courts, phrases simples), le sens profond de la fable ne se dévoile pas aisément : apologie de la force, dénonciation du petit fasciste qui sommeille en nous ? A proposer à des lecteurs qui savent ne pas rester à la surface des choses. Marcelo Fois est un auteur italien de romans pour adultes, romans policiers et littérature générale.

• Caroline Rives

110 ¡Jusqu'aux os

Un adolescente de quinze ans en séjour linguistique en Angleterre s'isole de son groupe, sans pour autant communiquer avec sa famille d'accueil. Aux lettres pressantes de sa mère, elle ne répond même pas. Mais à l'arrivée d'Eric, la jeune fille va découvrir un amour fou, totalement fusionnel. Jusqu'au départ, les adolescents ne se quitteront plus. Cette première partie du roman, intitulée «Gloucester», écrite en cinquante-deux courtes séquences, est une narration à la première personne. Le coup de foudre vient rompre la grisaille de l'adolescente, et le récit progresse rapidement, jusqu'à l'apogée de leur amour. La ponctuation, limitée aux virgules, donne parfois au texte un ton incantatoire. La deuxième partie, «L'autre monde» raconte le retour, dans l'espace (l'univers familial) et dans le temps (un an auparavant), lorsque l'adolescente a sombré dans l'anorexie. La jeune fille refuse la métamorphose de son corps, les signes de puberté. Sa mère l'étouffé, veut la garder dans sa prison dorée, détruire sa relation amoureuse. Ce texte touchera les adolescents, tant par les sujets qu'il aborde que par son écriture poétique. Le titre évoque la pluie de Gloucester et suggère aussi la maigreur de l'anorexie. C'est un texte très pessimiste, la fin paraît ouverte, sans grand espoir. Premier roman d'une auteure de théâtre, cette écriture forte se prêtera bien à une lecture à haute voix. Lecture «coup de coeur», à faire partager.

• Cécile Robin-Lapeyre

1111 La Mécanique du talion

Avec la parution d'Omale (2001), Laurent Génefort, jeune auteur prolifique, avait jeté les bases d'un cadre cohérent pour développer toutes les facettes extra-humaines d'un livre univers, véritable puzzle qui se construit peu à peu. La Mécanique du talion trouve aussi sa place dans cet ensemble mais peut être lue indépendamment. En effet l'intrigue reste en partie centrée sur l'énigme des Vangkhs, race mythique qui a

V- / Coup de cœur

Claudine Galea Le Rouergue, 2 0 0 3 (La Brune)

172 p.

1 1 , 5 0 €

2 8 4 1 5 4 6 5 0 2 5

Mots clés Premier amour Relation mère-fille Anorexie

Jusqu'aux os

Laurent Genefort L'Atalante, 2 0 0 3

(La Dentelle du cygne)

3 7 8 p.

17,10 € 2 8 4 1 7 2 2 5 7 0

Genre

Space opera

Mots clés Multinationales

Sectes

Page 98: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

96 I

disséminé des portes dans l'espace permettant à l'homme d'y voyager, dont la porte noire au cœur de ce récit.

Le roman se focalise sur l'inextinguible soif de vengeance de Valrin, concentré de haine que rien ne peut arrêter. Il se lance dans une lutte totale contre Kay, la multinationale à l'origine de ses malheurs. Valrin part dans une errance qui le mène de monde en monde et se retrouve mêlé à une implacable course de vitesse menée par des multinationales et sectes de pèlerins adorateurs. L'enjeu est un ADN Vangkh dont aurait hérité une femme que Valrin a convoyée et sur l'accès à la porte noire qui mènerait peut-être aux Vangkhs...

Ce space opéra réussi mêle enquête policière, aventures aux rebondissements multiples, réflexions sur les fondements de la personne, la possibilité de la modifier et les atteintes à l'intégrité humaine. Ce livre foisonnant, complexe s'adresse à tout lecteur exigeant, à l'amateur de ce genre littéraire.

• Marie-Françoise Brihaye

Xiaolu Guo Trad. Claude Payen

Picquier, 2 0 0 4

2 2 0 p.

17 €

2 8 7 7 3 0 6 9 2 5

Mots clés

Chine contemporaine

Amour

Avortement

1121 La Ville de Pierre

La narratrice, une jeune femme de vingt-huit ans qui vit à Pékin avec son ami, reçoit un jour un étrange colis : une anguille séchée, envoyée elle ne sait par qui de son village natal. Commence alors un très beau récit qui évoque en parallèle sa vie dans la capitale et son enfance au pays des typhons. Orpheline solitaire élevée par des grands-parents murés dans leur silence, elle traverse des épisodes douloureux. Curieusement cet énorme poisson que son ami veuf d'abord jeter et qu'ils apprennent ensuite à cuisiner avec passion, va l'amener à se réconcilier avec ses années d'enfance et transformer leur relation. L'intérêt du livre ne tient pas seulement par son aspect psychologique, mais surtout par son évocation très quotidienne, très visuelle de la vie à Pékin, et aussi du village des «mendiants de la mer» confrontés aux superstitions, à l'attente perpétuelle, aux forces de la nature. Un livre qui rend confiance et s'attache à donner une valeur poétique aux petits riens de la vie quotidienne.

• Sylvia Payock-Monthé

Autre avis : Le récit prend graduellement de l'épaisseur et offre au final une histoire subtile et forte, avec l'avortement comme thème important. Ce jeune couple qui vivait au départ sans questionnement ni passion se transforme en profondeur pour aboutir à une vraie relation, mûrie et assumée. Ce basculement positif vers une nouvelle vie intéressera sans doute les adolescents. Pour bons lecteurs car l'entrée dans le roman se fait difficilement pour le lecteur occidental : au premier abord, l'écriture, froide, établit une distance qui peut dérouter, entre les sentiments de la jeune fille et les événements douloureux qui lui sont arrivés.

• Chantai Viotte

Page 99: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

1131 Meurtre en librairie

Il s'agit d'un bon vieux who done it des familles qui parodie avec malice les classiques du genre. Le plaisir est dans la référence, et le lecteur qui l'apprécie y trouvera une mine de pistes pour des lectures ultérieures. A conseiller donc à ceux qui ont déjà digéré Agatha Christie et qui chercheraient à élargir leurs horizons. Le livre, déjà publié en 1996, est suivi de deux autres titres [La Libraire mène l'enquête et Libraire cherche fantôme) qui mettent en scène la même héroïne.

• Caroline Rives

1141 Chevauchées (Rêveries)

Dix nouvelles, dix rêveries, autant de bonnes raisons d'aimer sans plus tarder ce recueil dont le titre évoque autant la chevauchée fantastique et la charge héroïque que les débordements physiques ou autres voyages grisants, poétiques et risqués. Le lecteur se fait entraîner en quelques phrases dans un monde où les destins de l'homme et du cheval sont étonnamment liés.

La première nouvelle relève du conte de fée quand une petite fille rencontre l'Amour sur le dos d'un cheval de bois. Les suivantes prennent un tour beaucoup plus émouvant, voire dramatique. Chaque fois, un destin, une histoire singulière évolue sous les yeux du lecteur : on découvre l'univers des jockeys dont la gloire ou la mort tient dans le sabot d'un cheval, la plénitude bucolique des box au petit matin, le suicide d'un pêcheur d'écrevisses au cœur lourd raconté par sa propre jument, ou encore l'émerveillement, la crainte et la vanité de l'indien qui tenta d'être le premier à chevaucher un étalon. Les dix récits, courts, très bien écrits, doués d'un incroyable élan, composent un kaléidoscope des rapports singuliers qui scellent chacun des «couples». L'ouvrage peut se lire comme un hommage à ce compagnon indomptable sur lequel l'homme ne peut que projeter sa rêverie. Incontestablement, Homéric excelle dans l'art difficile de la nouvelle. La langue parfois crue, les personnages blessés aux destins contrariés en réservent la lecture aux plus mûrs. Homéric est l'auteur du Loup Mongol (Grasset, Prix Médicis en 1998).

• Isabelle Debouvère

Carolyn G.Hart Trad. de l'anglais par Gérard de

Chergé

Liana Levi, 2 0 0 4 (Piccolo, n° 25)

301 p.

10 €

2 8 6 7 4 6 3 6 2 9

Réédition

Genre Policier parodique

Homéric Julliard, 2 0 0 4

133 p.

15 € 2 260 01620 0

Genre Nouvelles

Mots clés Cheval

Page 100: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Yumoto Kazumi Trad, du japonais

par Jean-Christian Bouvier

L'école des loisirs (Neuf), 2 0 0 4

3 0 9 p.

1 1 ,50 €

2 211 0 4 8 3 0 7

Mots clés Questions existentielles

Greg Keyes Trad. de l'américain

par Jacques Collin

Fleuve noir, 2 0 0 4

(Rendez-vous ailleurs)

4 8 7 p.

20 €

2 2 6 5 0 7 7 4 4 5

Genre Fantasy

115 I Les Amis

Au Japon, une année scolaire s'écoule pour un trio inséparable de garçons de dix ans qui se posent beaucoup de questions sur leurs difficultés (absence du père, physique ingrat, mère malade...). La mort de la grand-mère de l'un d'entre eux leur permet d'extérioriser leurs problèmes. Ils décident un jour d'épier un vieil homme en espérant le voir mourir... Bien vite, ils s'intéressent à lui. Le vieillard, d'abord agacé, finit lui aussi par s'attacher à ces enfants originaux et touchants, qui lui redonnent goût à la vie. Grâce à lui, les garçons parviennent à formuler leurs angoisses et à sortir de leur égocentrisme enfantin. Raconté de façon très vivante, sans aucune mièvrerie ni angélisme, le récit se déroule à travers de nombreuses conversations et réflexions intimes du narrateur (le plus intellectuel des trois garçons). Le récit, quoique lent, est amusant et plein de charme. Kazumi est l'auteur du très remarqué L'Automne de Chiaki. A proposer à des lecteurs plus âgés que ceux de la collection Neuf.

m Gilberte Mantoux

116 I Le Roi de bruyère :

Les Royaumes d'épines et d'os, 1 Ce très bon roman donne la priorité à une vaste galerie de personnages, tous plus fouillés les uns que les autres et qui entrent peu à peu en interaction. Il y a d'abord Aspar White, gardien de la forêt royale, qui ne sait interpréter les signes morbides qui défigurent son territoire. Stéphane Darige, lui, est un jeune érudit capturé par des bandits et délivré par Aspar. Il y a aussi la famille royale avec Guillaume, le roi, sa femme Murielle, Robert son intrigant de frère et leurs enfants dont Charles qui, simple d'esprit, ne peut régner et Anne, la révoltée que l'on fait enfermer au couvent. Ces personnages se succèdent de chapitres en chapitres, se croisent parfois et toujours s'interrogent : si le Roi de bruyère se réveille, quel sera le sort du royaume ? Car les anciennes légendes liées au réveil de ce roi sont apocalyptiques... Peut-être faut-il déjà être un bon lecteur de fantasy pour apprécier ce nouveau cycle qui ne donne pas, pour une fois, la part belle à l'action et aux combats, sauf sur la fin. Ce premier tome sert surtout à mettre en place une atmosphère, une magie des lieux et des hommes. Une belle réussite car on ne peut lâcher ce livre avant la dernière page.

• Sandrine Brugot Maillard

Page 101: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

117 I Môsa Wôsa

Au XXIIe siècle, en Amérique du Nord, s'affrontent deux frères, Môsa et Wôsa, et à travers eux deux conceptions du monde et de la vie. Môsa, orphelin de mère, métis, mène avec son grand-père une vie proche de la nature, fidèle à une sagesse d'inspiration chamane, dans une des oasis miraculeusement préservées des grandes sécheresses et de l'emprise des Blancs. Ceux-ci vivent dans des technociT climatisées. Wôsa vit avec son père médecin dans une de ces bulles. Gravement malade, en totale révolte contre son père trop absent, il fréquente par défi plus que par affinité une bande raciste et extrémiste. A la mort du grand-père, Môsa rejoint son père qui lui présente un inconnu, son jumeau Wôsa. Le contraste entre les deux frères est flagrant et le choc de la rencontre, terrible. La situation se dégrade assez rapidement, les secrets familiaux se révèlent. Môsa convainc son père d'emmener son frère de plus en plus affaibli dans son village indien pour tenter, dans un ultime parcours initiatique, de le sauver.

Ce roman très émouvant, dur parfois, au dénouement un peu dérangeant, mais d'un abord facile donne beaucoup à penser sur le problème du clonage, sur la nature de la liberté, sur les notions de responsabilité, de don... Ce livre engagé est dédié à Léonard Peltier, un militant politique indien qui croupit en prison depuis trente ans. Nathalie Le Gendre signe une deuxième oeuvre plus percutante encore que la première [Dans les larmes de Gaïa, voir critique n°51 ) et originale dans le petit monde de la SF française pour la jeunesse.

• Marie-Françoise Brihaye

118 l La Machine magique Au XVIIIe siècle, le puissant Maharajahjai Singh a ordonné la construction de l'observatoire de Jaipur. Chini, brahmane d'une dizaine d'années, étudie passionnément les sciences (astronomie, mathématiques, astrologie) et s'initie aux plaisirs de l'amour auprès d'une gitane au nom d'étoile, Tara. Chargé d'accompagner une mission européenne, il se fait le témoin du moment où les conceptions traditionnelles de l'univers vont basculer. Le récit, dense, à l'écriture soutenue, s'écoule sur huit années, qui couvrent l'adolescence du personnage pour aboutir à son accès à la maturité. Les passages scientifiques, parfois pointus, l'éducation amoureuse, explicite et belle, contribuent pleinement au schéma initiatique de l'adolescent, très réussi. Le charme repose pour beaucoup sur la fraîcheur et la curiosité inlassable du garçon. Capable d'intégrer les différences culturelles et intellectuelles, Chini pose néanmoins un regard étonné sur les pratiques de ses contemporains et surtout des européens, rappelant les décalages savoureux des Persans de Montesquieu. L'Inde apparaît ici dans toute sa force de fascination. Habilement, le narrateur sert d'interprète culturel. Il établit de

Nathalie Le Gendre Mango jeunesse, 2 0 0 4

(Autres mondes)

2 2 2 p.

9 €

2 7 4 0 4 1 7 4 9 7

Genre Science fiction

Mots clés Clonage

Eric Leruth Gallimard, 2 0 0 4

2 8 0 p.

TP €

2 0 7 0 7 4 1 7 9 6

Fable

Récit initiatique

Mots clés Inde XVIII' siècle Sciences Amour

Page 102: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

passionnantes passerelles scientifiques, religieuses et sociologiques, fourmillantes de détails et de sensations. La Machine magique s'apprécie comme une fable, mais par son rythme enlevé et sa force d'évocation, elle se lit aussi comme un excellent roman d'évasion savante.

• Isabelle Debouvère

Hakan Lindquist Trad. du suédois

par Anne Ruchaud

Gaïa, 2 0 0 4 (Taille unique)

2 5 6 p.

18 € 2 8 4 7 2 0 0 3 0 4

Mots clés Flash backs

Homosexualité masculine Secret

Max Mallman Trad. du portugais (brésilien)

par Maryvonne Lapouge-Pettorelli,

Joëlle Losfeld, 2 0 0 3

117 p.

14 €

2 8 4 4 1 2 173 X

Genre Absurde

119 l De collectionner les timbres

Mattias, le narrateur, retourne dans la petite ville où il a passé son enfance et son adolescence pour assister à l'enterrement de Samuel, ami de trente-sept ans son aîné. Mattias a maintenant quarante ans. A travers ses souvenirs, il essaye de comprendre la tristesse et le repli sur lui-même de cet homme si fin et si affectueux, passionné par sa collection de timbres, amateur de poésie et qui a tant enrichi sa jeunesse. Le récit, très lent, répétitif, sous forme parfois de strophes d'un long poème, passe de l'évocation des heures partagées avec Samuel quand il avait entre huit et seize ans, aux réflexions sur cette amitié. Comme dans Mon frère et son frère, Linquist y reprend en partie le thème d'un profond amour homosexuel. Mais là, l'enfant n'est jamais troublé dans son innocence. Samuel est attentif à ne jamais rien laisser paraître. Son état dépressif est dû, d'ailleurs à un secret plus terrible... C'est un beau livre, pudique et très intérieur, avec son atmosphère mélancolique et résignée, sans pourtant la lumière et le charme juvénile de Mon frère et son frère [voir LJ n°103, p. 68].

• Gilberte Mantoux

120 I Le Syndrome de la chimère

Rationalistes de tout poil, quittez ici toute espérance : ce livre est complètement loufoque I Le narrateur, Vito, vit depuis toujours avec un serpent lové autour du cœur. Un détail, si l'on considère son ami Bruno qui s'offre des petites poses en se «décérébrant». Mais Vito pense trop et tout le temps à l'absurdité du monde et à la nécessité de vivre, voire de survivre. Avec Bruno, il décide d'ouvrir un café-librairie à Porto Alegre. Bien entendu, les clients sont aussi bizarres qu'eux. L'affaire vivote jusqu'à ce que Vito rencontre un certain Semper Fidelis...

Ce livre est un délice d'absurde et de non-sens, une sorte de farce existentialiste sur la nécessité de vivre malgré tout. On rit, on s'étonne et on s'attache à cette brochette d'humanité fantastico-fantasque. Le narrateur, paumé et sans cesse rappelé à l'ordre par son serpent, n'est pas moins réussi, lui dont la sœur aimée s'est réduite au point de devenir la ballerine d'une boîte à musique. Ces personnages sont à la fois attachants et drôles tant l'auteur décrit leurs particularités avec tendresse et réalisme. On dirait une cour des miracles bonne enfant où rien n'est jamais trop incroyable.

• Sandrine Brugot Maillard

Page 103: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

121 I Ça fait moche dans le tableau

Nous voici en Australie, dans le monde inhabituel du Parti Travailliste local. Murray Whelan se retrouve assistant du tout nouveau Ministre de la Culture : c'est pour lui la découverte d'un univers impitoyable, où sous des dessus chics, magouilles financières et fabrications de faux vont de pair. Les choses se gâtent quand on va jusqu'au meurtre. Voici un polar gouailleur et décontracté, pas très violent, un peu compliqué sur la description des arnaques. On peut le recommander sans états d'âme à des amateurs du genre pas spécialement assoiffés de sang. Ce titre fait suite à une première enquête de Murray Whelan, Viande froide à Melbourne, qui les réjouira sûrement aussi.

• Caroline Rives

122 I Entre eux, la rivière

Voici une belle évocation de destinées qui auraient pu se mêler mais telles des rives qui ne se rejoignent jamais, le cours de la vie, la force des engagements en a décidé autrement. La belle et sage Lise, fidèle à son homme, le passeur, et à son devoir laissera le Simonet, le toutier de Brassac s'attacher à Anna, douce et charnelle dentellière. Sa fille, Jeanne, promise à Pierre, le fils du tonnelier, laissera à son tour filer le Jacou, évadé du grand trou noir de la mine, poussé par son désir de grand large. Servi par une écriture magnifique mêlant des mots et des métiers aujourd'hui disparus, évoquant une nature encore épargnée, ce récit dresse le portrait d'une France du XVIIIe siècle, celle de gens simples, mus par le devoir. L'auteur procède par petites touches successives, des phrases souvent courtes pour suggérer les sentiments de ces personnages tout en retenue, parfois longues pour dire le temps qui passe lentement et la campagne vierge. On est pris par cet ouvrage à recommander à de bons lecteurs.

• Valérie de Saint Laurent

123 I Eau sauvage

Sous une couverture élégante, se cache un texte atypique et surprenant : un dialogue fragmentaire entre la narratrice et son père, dont le lecteur ne connaîtra que la réplique paternelle... A lui de reconstituer le puzzle. Bribes de conversation, échanges téléphoniques, messages sur répondeur restituent le quotidien d'une famille, le père et ses trois enfants, jeunes adultes. Emaillé de formules toutes faites, de recommandations, le discours du père est souvent à sens unique. S'il parle beaucoup de lui, livre parfois des propos intimes, en revanche il n'écoute pas sa fille, alors qu'il déplore son manque de communication. A la fois tendre et irritant, ce père ressemble à tous les pères, malgré son appartenance marquée à la bourgeoisie juive libérale. Originale, cette autobiographie en creux se lit

Shane Maloney Trad. de l'anglais (Autralie) par

Pascale Michel et Serge Chwat

Librairie des Champs-Elysées,

2 0 0 4 (Le Masque]

4 4 0 p. 6 € 2 7 0 2 4 3 0 6 5 1

Genre Policier

Mots clés Trafic d'art

Nicole Maymat Seuil, 2 0 0 4

7 3 p. 8 €

2 0 2 0 6 3 9 7 3 4

Mots clés France XVIII' siècle

Valérie Mréjen Allia, 2 0 0 4

9 6 p. 6,10€

2 8 4 4 8 5 136 3

Genre Autobiographie

Mots clés Relation père-fille Communication

Page 104: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Coup de cœur

Chaïm Potok Trad. de l ' a n g l a i s

par Jérôme Lambert

L'école des loisirs, 2 0 0 4

(Médium)

7 9 p .

8 , 5 0 €

2 211 0 6 5 3 9 2

Genre

Nouve l l e

Mots c lés

Shoah

D e s s i n

C o m m u n a u t é ju ive

Emma Richler Trad. de l'allemand

par Agnès Desarthe

L'Olivier, 2 0 0 4

283 p .

20 € 2 8 7 9 2 9 3 8 2 0

Mots c lés

Enfance

Imaginaire

de manière ludique. Ce récit attirera des adolescents assez mûrs et qui

aiment être déconcertés par une écriture novatrice. Il serait judicieux de le

proposer pour une lecture à haute voix ou un exercice de jeu théâtral.

• Cécile Robin-Lapeyre

124 I KArche de Noah

New-York, été 1947. Davita, dix-huit ans, se propose d'enseigner l'anglais

à Noah qui arrive d'Europe. Lors de leur première rencontre, elle apprend

que Noah, qui a seize ans, est l'unique survivant des quatre mille Juifs de

Kralov, près de Cracovie. Davita relate ici un été qui a marqué sa vie.

Avec réserve et intelligence elle va aider Noah à sortir de son monde

intérieur. Mais c'est Rachel, la petite sœur de Davita, qui par sa

spontanéité, va entamer cette libération, en lui demandant de dessiner sa

maison. Or, Noah a un véritable don pour le dessin. Ses dessins

deviennent paroles et Davita devient la confidente des jours inoubliables

de sa onzième année.

Récit sensible, sans artifices, il prend de la hauteur lorsque Noah raconte

comment son frère jumeau et lui ont participé à la décoration de l'arche

de la petite synagogue de Kralov afin d'aider le vieux Reb Binyomin. Ce

fut le temps de l'amitié et de la ferveur religieuse pour leur communauté

avant l'apocalypse. Magnifique. Très imprégné de culture juive, l'ouvrage

comporte un lexique en fin d'ouvrage.

• Brigitte de Bergh

125 I Sœur folie

Jemina vit heureuse dans son monde : un monde habité par ses trois frères

et sœur qu'elle adore, un monde peuplé de petits soldats, de westerns, de

Chevaliers de la Table Ronde, un monde envahi par tout cet imaginaire

qui fait de l'enfance un âge si privilégié. Mais les années passent, les

autres font leur vie, et elle ne parvient toujours pas à tourner cette page de

la sienne.

C'est d'abord avec un amusement attendri que l'on regarde cette petite

jeune fille évoluer avec beaucoup d'esprit dans son univers de fiction, au

sein de la complicité familiale. Mais on est vite aussi un peu mal à l'aise,

soucieux de voir qu'elle ne peut pas sortir de sa chrysalide où elle se débat

en vain, de plus en plus seule.

Sortir de l'enfance : la grande question, traitée ici de façon drôle et

mordante, avec un flot de paroles, parfois étourdissantes, au travers

desquelles on voit le sourire de «Jem» se changer subrepticement en

masque de souffrance. Les deux niveaux de lecture de ce roman le font

plutôt conseiller à de bons lecteurs.

• Christine Nouai

Page 105: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

125 I Le Fusil de mon père : récit

Azad Sharo Selim est un gamin comme tous les autres : il savoure ses ¡eux d'enfant, veut tout apprendre et avoir un avenir dont son père pourrait être fier. Sauf qu'il est kurde et l'Irak des années 70 dans lequel il grandit réprime sévèrement sa communauté. La résistance s'organise autour du général Barzani, mais l'espoir s'étiole au gré des combats aux rapports de force inégaux et de l'abandon des nations étrangères. Adolescent, Azad fuit l'Irak, déterminé à poursuivre la lutte de son peuple, autrement. C'est le récit largement autobiographique de la perte de l'innocence d'un garçon dans le contexte d'une guerre qui ne devait pas durer et qui s'éternise. Azad, le narrateur, transmet son attachement pour son peuple et sa culture, bafoués par les irakiens, oubliés par l'occident. Le portrait du père est superbe. Son vieux fusil rouillé est le symbole de cette résistance qui apparaît dérisoire et obsolète à l'adolescent, face aux moyens écrasants des oppresseurs. Critique vis^>vis des kurdes eux-mêmes, éternelles «perdrix» de l'Histoire, Azad reprend le flambeau de la lutte dans l'exil avec pour mission de «donner une voix» à son peuple.

Hiner Saleem compose, avec une écriture belle et sobre, un magnifique morceau d'enfance et d'adolescence. Drôle, émouvant, il transmet son histoire avec l'ironie du désespoir, un peu comme Kusturica dans ses films. Les adolescents y découvriront un moyen de comprendre par l'humain un problème d'actualité qui peut sembler abstrait avec le seul écho de la presse.

• Isabelle Debouvère

Info Hiner Saleem vit maintenant en France où il est devenu réalisateur de cinéma. Son troisième long métrage, Vodka lemon, a obtenu le prix San Marco à Venise en 2003. Le Fusil de mon père est son premier roman.

127 I Passage du désir

Une jeune fille est retrouvée morte, étranglée et les deux pieds sectionnés, dans l'appartement qu'elle partageait avec deux amies. Lola Jost, l'ex-commissaire et Ingrid Diesel, la masseuse américaine bourlingueuse, qui n'ont en commun que leur force de caractère, se sentent interpelées par le destin tragique de cette jeune fille. Leur énergie sans limite va leur permettre d'aller chercher au-delà de la simple vengeance sentimentale que les premiers indices laissaient envisager. Une enquête fouillée, alimentée par les réflexions et états d'âme des deux principales protagonistes, un rythme soutenu jamais démenti, des personnages attachants font de ce roman policier un récit particulièrement réussi : on est autant captivé par l'enquête que par les deux héroïnes. On a hâte de connaître d'autres aventures de ce binôme d'enfer dont les débuts sont décidément prometteurs. Dominique Sylvain a déjà publié huit titres chez Viviane Hamy.

• Valérie de Saint Laurent

Coup de cœur

Hiner Saleem Seuil, 2 0 0 4

176 p.

14 €

2 0 2 0 6 3 1 0 6 7

Genre Récit autobiographique

Mots clés Kurdes Résistance

Dominique Sylvain Viviane Hamy, 2 0 0 4

(Chemins nocturnes)

2 8 2 p.

16 € 2 8 7 8 5 8 188 1

Genre Policier

Page 106: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

104 i

Andrzej Szczypiorski Trad. du polonais

par Gérard Conio

Liana Levi, 2 0 0 4

(Piccolo, n° 26)

3 0 9 p.

1 1 € 2 8 6 7 4 6 3 6 3 7

Réédition

Mots clés Ghetto de Varsovie

Seconde Guerre Mondiale

Junichiro Tanizaki Trad. du japonais

par Daniel Struve

Gall imard, 2 0 0 3

(Folio, n° 3969)

1 19 p.

2 €

2 0 7 0 3 0 4 0 7 8

Réédition

Jean Teulé Julliard, 2 0 0 4

3 7 2 p.

22 €

2 2 6 0 0 1 6 3 2 4

Genre Récit biographique

Mots clés

Poésie

Paris XIX' siècle

128 I La Jolie Madame Seidenman

Ghetto de Varsovie, 1943. A travers de nombreux portraits et la mise en scène de destinées diverses, l'auteur exprime l'absurdité du monde, la vie qui change entièrement pour un détail ou un hasard. Grâce à des rapprochements d'épisodes de l'Histoire et une analyse incisive des faits, Szczypiorski pousse le lecteur à la réflexion et maintient un intérêt constant dans la lecture. Un très bon livre pour apprendre la vie. Pour les plus grands mais reste facile d'accès.

• Agnès Donon

1291 Le Coupeur de roseaux

Dans ce court roman, un vieil homme évoque au narrateur la légende d'une femme perverse et raffinée qui a vécu au XIIIe siècle. A-t-il rêvé ou vraiment entendu ce récit scabreux et délicat ? A chaque lecteur de le lire comme un conte, un pastiche, une étude psychologique d'une femme perverse, ou même, comme un simple amusement littéraire. Tout en subtilité, évocation, rêverie et humour discret, il passionnera les lecteurs sensibles à la peinture et à la littérature japonaises.

• Gilberte Mantoux

1301Ô Verlaine !

A travers le personnage d'un jeune provincial, Henri-Albert Cornuty, venu de Béziers pour rencontrer Verlaine, Jean Teulé nous livre davantage un roman passionné qu'une simple biographie du poète. Le héros adolescent, qui voue une admiration sans bornes à Verlaine, le suit durant l'année 1 895 jusqu'à ses derniers jours. A cinquante ans à peine, Verlaine est miné par la pneumonie, la syphilis, la cirrhose du foie et autres maladies. Verlaine hante les cabarets et tous les lieux de perdition, s'étourdit à l'absinthe, la «fée verte», partage son temps entre sa compagne et une jeune prostituée qui vendent ses poèmes à l'éditeur Léon Vanier. Il s'entoure d'un cercle fervent d'admirateurs, des étudiants du Quartier Latin au préfet Lépine ! Quel personnage paradoxal qu'un poète qui meurt dans la misère, adulé par la foule !

Passionnante biographie d'un génie qui pouvait être odieux, l'ouvrage établit aussi une description remarquable de Paris fin de siècle, avec la saleté, les odeurs, les petites gens... Le style poétique et le registre du vocabulaire réservent le livre à des lecteurs aguerris.

• Cécile Robin-Lapeyre

Page 107: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

131 I Comme si c'était moi : récit

Philippe Torreton est comédien, ou théâtre et au cinéma, où il s'est illustré dans le rôle-titre du Capitaine Conan de Bertrand Tavernier. Il s'essaie ici à l'écriture pour retracer son parcours, celui d'un working class hero peu sûr de lui et qui pourtant accède à la maîtrise de l'art dramatique. Le récit est assez complexe, fait d'allers-retours dans le temps, se référant à des contextes que le lecteur est supposé connaître (le bouillon de culture de la Comédie-Française, le tournage de Capitaine Conan...) et parsemé de textes poétiques écrits à diverses périodes par l'auteur. Ce dernier, toujours peu sûr de lui, cherche à en rajouter dans l'émotion grâce à force points d'exclamation et de suspension. Mais sa sincérité et sa liberté de pensée parviennent à conquérir le lecteur. Il trace un portrait sans complaisance et parfois humoristique des grandeurs et misères du métier de comédien. A recommander à des lecteurs déjà un peu au fait des réalités du monde théâtral.

• Caroline Rives

132 l Le Cahier noir

Céline Poulin, serveuse dans un restaurant de Montréal dans les années 60, a un gros problème avec son corps. Il faudra attendre la page 66 pour savoir de quoi il s'agit. Céline aime l'écriture, a une famille compliquée, porte sur elle-même et les autres un regard d'une lumineuse intelligence. Quand une cliente en mal de devenir comédienne lui propose de lui donner la réplique pour une audition, Céline a enfin l'occasion de démêler ses contradictions et de trouver une voie inattendue. Le roman est passionnant de bout en bout, tour à tour tragique et comique. Michel Tremblay tient son lecteur en haleine comme s'il s'agissait d'un polar. On y retrouve des éléments de son monde rencontrés dans d'autres livres, l'univers de la nuit ou la réflexion sur la lecture. Il est à recommander chaudement à de bons lecteurs qui y trouveront une excellente histoire et des échos à leurs interrogations. Michel Tremblay est l'écrivain contemporain québécois le plus connu en France aujourd'hui. Son œuvre de romancier et de dramaturge est considérable. Un ange cornu avec de ailes de tôle (Babel, Actes Sud, 1996), son autobiographie de lecteur enfant et adolescent est particulièrement intéressant.

• Caroline Rives

Philippe Torreton Seuil, 2 0 0 4

2 5 0 p.

17 €

2 0 2 0 6 3 9 7 5 0

Genre Récit autobiographique

Mots clés Flash backs

Monde du théâtre et du ciné-ma

Michel Tremblay Leméoc-Actes Sud, 2 0 0 3

2 5 7 p.

19 ,50 €

2 7 4 2 7 4 7 2 0 6

Mots clés Rapport au corps Théâtre

Page 108: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

de lecture

Lecteurs confirmés BD

Hideki Arai Trad. Tamako Kageyama

Delcourt, 2 0 0 3 , 2 0 0 3 et 2 0 0 4

(Mangas)

189, 181 et 2 0 4 p.

2 8 4 7 8 9 1 35 8

2 8 4 7 8 9 2 1 1 7

2 8 4 7 8 9 2 6 6 4

7 , 2 5 € chacun

Genre

Manga

Mots clés

Violence

Japon contemporain

Dessins et scénario d'Edmond Beaudouin

el Céline Wagner Dupuis, 2 0 0 3 (Aire Libre)

5 6 p.

1 2 , 9 4 €

2 8 0 0 1 3 2 9 5 7

Mots clés

Quest ions existentiel les

Création artistique

133 I Ki-itchi, 1, 2 et 3

A trois ans, Ki-itchi possède une personnalité d'enfant précoce. Dès son entrée à la maternelle, ses agressions répétées envers ses camarades et son mutisme posent problème à ses parents et aux éducatrices. Malgré son allure de petit bonhomme, il semble plus proche d'un adolescent en pleine rébellion. En arrière-plan, c'est le devenir de la société japonaise qui est mis en question : le cadre urbain est oppressant, les individus sont soumis à une forte pression sociale et à la menace du chômage. Dans le deuxième volume, l'enfant affronte la mort de ses parents, poignardés sous ses yeux par un détraqué. Alors que ses grands-parents se disputent sa garde, Ki-itchi s'enfuit dans la ville, partageant la vie des sans-abri. Une postface intéressante explique les problèmes de l'économie du Japon et des «oubliés» de la croissance. Dans le troisième volume, Ki-ltchi est séquestré par deux S.D.F. dans un abri au bord du fleuve. Les deux larrons l'emmènent à une course hippique, l'enfant trouve la combinaison gagnante... et découvre la valeur de l'argent pour les adultes.

Un manga passionnant, qui fait réfléchir sur la violence générée par une société conflictuelle, à faire découvrir aux lecteurs qui ne recherchent pas le manga d'action et de combat. Le scénario du tome 3 est moins réussi, confus, avec une multitude de personnages et d'actions, mais on attend avec impatience le dénouement.

• Cécile Robin-Lapeyre

134 I Les Yeux dans le mur

Un homme et une femme, un peintre et son modèle. Deux personnes qui se cherchent, s'aiment et s'interrogent. Un couple qui s'attire et se repousse. Chacun se retrouve ou se projette dans l'autre, mais peut-on le découvrir, l'atteindre et fusionner avec lui ? Pour crever la surface, aller au plus profond de soi et de l'autre, la réponse est-elle de s'enfoncer dans l'océan infini ?

Le lecteur reçoit cette BD comme un coup de poing par la force et la violence des dialogues et du dessin. Un gros trait noir entoure les personnages difficiles à connaître, tandis que quelques paysages à la Seurat essaient de capter tous les reflets de la lumière, comme si c'était la personnalité multiple de l'autre. Une œuvre dure et belle, de peintre plus que de dessinateur. Pour les plus grands.

• Agnès Donon

Page 109: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

1351 Chute de vélo

Une grand-mère malade qui ne reconnaît pas sa maison, une fille fâchée avec son frère, un couple et leurs trois enfants vident une vieille maison de famille pour la vendre. De l'autre coté de la rue, un maçon aigri forme un apprenti un peu tête de mule. Une très forte dispute les sépare pendant que la grand-mère disparaît. Heureusement Toussaint est là, toujours là. Il retrouve la vieille dame et calme le maçon. Qui est Toussaint ? Un gars qui n'a jamais de chance et aide la famille pour ne pas sombrer dans la misère. Est-il vraiment cela ? Ne cache-t-il pas un secret ? Telle est la franche de vie que dépeint avec beaucoup de talent Etienne Davodeau. Ce quotidien apparemment ordinaire mêle le grave aux rires et aux plaisanteries. Le passé caché de chacun refait surface expliquant la souffrance et la légèreté des personnages. Le dessin clair et soigné, presque naturaliste, les couleurs s'assombrissant avec nuance et finesse aux instants de peur ou de désespoir expriment avec beaucoup d'émotion la vie d'une famille ayant l'air sans histoires. Pour les bons lecteurs, c'est un vrai roman graphique.

• Agnès Donon

1361 Nuits éternelles : Sandman, 11

Ce deuxième volume met de nouveau en scène les sept personnages (les Eternels) découverts dans le tome 4. L'intérêt de l'ouvrage consiste ici à développer une histoire pour chacun, illustrée par un dessinateur différent. L'entrée dans le récit est encore plus déroutante que pour le volume précédent : à chaque histoire, il faut non seulement s'adapter à un nouvel univers narratif, mais aussi à un environnement pictural. Et si les planches de Manara ou de Prado évoluent en terrain connu, il n'en est pas de même pour celles de Storey (accompagné de Me Kean) ou de Sienkiewicz. Néanmoins, le talent de Gaiman fonctionne toujours et il arrive à entraîner le lecteur dans chaque univers. On pourra adhérer ou pas selon ses goûts, il n'en reste pas moins que la plupart de ces histoires relèvent de l'expérience. Entre collages, peintures, montages photographiques et autres essais graphiques, il ne faudrait pas se priver de la tenter. Info ce deuxième volume paru est en fait le tome 11 de la série Sandman. Le précédent était le tome 4 (voir chronique page 33, L J n° 109), le suivant est le tome 1. On a du mal à expliquer ce choix de parution de Delcourt, même si les albums peuvent tous être lus indépendamment. Pourquoi alors continuer à décliner la tomaison ?

• Tony Di Mascio

Etienne Davodeau Dupuis, 2 0 0 4 (Aire Libre)

8 0 p.

1 2 , 9 4 €

2 8 0 0 1 3 5 3 9 5

Mots clés Famille

Neil Gaiman ill. de Fabry, Manara, Prado et al. Trod, de l'anglais

par Anne Capuron

Delcourt, 2 0 0 4 (Contrebande)

150 p.

1 7 , 5 0 €

2 8 4 7 8 9 3 9 8 9

Mots clés Récits légendaires Questions métaphysiques

Page 110: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Hergé Casterman, 2 0 0 4

6 2 p.

8 , 9 4 €

2 2 0 3 0 0 1 3 2 1

Hashimoto Izo, Akio Tanaka

Trad. du ¡aponais

par Elodie Lepelletier

Delcourt, 2 0 0 3 et 2 0 0 4 (Akata)

2 0 4 p. et 2 2 2 p.

7 , 2 5

2 8 4 7 8 9 2 0 7 9

2 8 4 7 8 9 0 2 3 8

Genre Manga

Mots clés

Karaté

137 I Tintin et l'Alph'art :

Les Aventures de Tintin, 24 Le capitaine Haddock fait un horrible cauchemar : la Castafiore, la célèbre cantatrice, s'est transformée en oiseau effrayant. A son réveil, horreur ! La Castafiore l'appelle au téléphone. Pour lui échapper, il visite une exposition d'Alph-Art [transmutation artistique des lettres de l'alphabet. NDLR], Mais bientôt, le galiériste se fait assassiner. Tintin commence son enquête... Cet album est la dernière bande dessinée que préparait Hergé et porte sur la peinture contemporaine et le monde des faussaires. Le synopsis se lit comme une pièce de théâtre, tandis que les croquis préparatoires sont reproduits tels quels avec certains agrandissements d'esquisses. Quelques pages retrouvées ultérieurement terminent l'album et montrent les pistes de clôture de scénario qu'explorait Hergé, comme celle de la drogue, par exemple. La présentation de l'album fait a priori croire à une nouvelle aventure de Tintin, alors qu'il s'agit plutôt de découvrir les méthodes de travail d'Hergé, laissant l'histoire inachevée. Cet album sera apprécié surtout par les tintinophiles et créateurs.

• Odile Mestrallet

138 I Coq de combat, 5 et 6 Ryo Narushima reprend l'entraînement de karaté. Il envisage de participer au championnat national de manière à pouvoir défier Naoto Sugawara, le grand champion du lethal fight. Il est pris en main par une drôle d'équipe au sein de laquelle Ossan Kurokawa, le maître du karaté qui a enseigné à Ryo, tire les ficelles d'une drôle de vengeance... Cette série qui rencontre déjà un grand succès auprès des jeunes est vraiment de bonne qualité. Le graphisme est époustouflant et les personnages prennent une belle dimension. Le scénario semble ouvrir de nouvelles portes derrière l'omniprésence de la violence et des duels. Ceux-ci sont d'un réalisme extrême, tout est expliqué comme dans un véritable combat télévisé. A recommander néanmoins aux lecteurs sachant faire la distinction entre fiction et réalité.

• Jean-François Fontayne

Page 111: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

139 I Née quelque part

Née à Taïwan, Nadja a quitté l'île à trois ans. Elle y revient à la trentaine, habitée par les souvenirs de sa petite enfance et les récits de son père, un ethnologue devenu prêtre taoïste. Les lieux, les rites et les dieux lui semblent familiers. C'est aussi l'occasion de démêler ses souvenirs de famille sur lesquels un secret semble peser. Découpé en cases régulières, le dessin, magnifique et sensible, évoque avec une grande poésie le monde ancien qui revit, souvenirs et actualité confondus. Les réminiscences de son enfance dans cette ville la hantent, attachée qu'elle est à la culture religieuse, sa sagesse, l'harmonie des gestes, et consciente de l'effort d'intégration accompli par ses parents. Ce récit vivant, en grande partie autobiographique, est plein de respect pour une culture mise en valeur avec admiration. Beaucoup de talent et un bonheur de lecture. Johanna a déjà publié les Phosfées, cinq histoires d'une petite fille nommée Nana, pour la collection jeunesse de Delcourt. Née quelque part inaugure la collection Mirages, qui invite les auteurs à illustrer des récits très personnels [voir Eva aux mains bleues, d'Isabelle Dethan, critique n° 72],

• Majo Loth

1401 fogari, Tépée de justice, 8

Dernier tome. Après être entré à l'intérieur de Togari, Tobé est plus que jamais troublé par sa mission de récupérer cent huit crimes en cent huit jours. Pris en tenaille entre maître Ema, l'obscurité blanche, Amy et la police qui poursuit son enquête, le jeune homme s'interroge. Dans ce dernier épisode, la lutte entre le Bien et le Mal, qui habite chacun d'entre nous, est singulièrement au centre de l'aventure. Le rythme ralentit, les combats s'arrêtent et les questions se posent. Evidemment, les apparences sont souvent trompeuses et c'est le mérite de cette série que de nous le montrer. La violence du héros a su se transformer en réflexion car il a dû apprendre à se maîtriser. Retour sur la série : Ce manga est une forme de quête pleine d'espoir dans le dépassement de soi. En huit volumes, on suit avec intérêt l'évolution du personnage, plutôt détestable au début et franchement attachant à la fin. Son parcours propose une sortie à la spirale de la violence et permet de se poser des questions importantes sur le don de soi et le regard des autres dans une société qui se fie trop souvent aux apparences. Pour son premier essai, Natsume Yoshinori nous offre une série passionnante même si son graphisme n'est pas encore d'une maîtrise absolu et son scénario parfois un peu confus. Pourtant, il réussit à nous emmener sur le chemin tortueux et difficile emprunté par ses héros et nous captive sans temps mort, même si la fin est un petit peu bâclée, ou comme si une suite était déjà en préparation. A conseiller néanmoins à tous les amateurs.

• Jean-François Fontayne

Coup de cœur

Johanna Delcourt, 2 0 0 4 (Mirages)

112 p.

14 ,95 €

Genre Récit autobiographique Carnet de voyage

Mots clés Taiwan contemporain Secret

Natsume Yoshinori Delcourt, 2 0 0 3 (Akata)

181 p.

5 , 2 5 €

2 8 4 7 8 9 1 10 2

Genre Manga

Page 112: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Steve Ni les ¡11. de Ben Templesmith

Trad de l'américain

par Anne Capuron

Delcourt 2 0 0 4 (Contrebande)

83 p.

1 2 , 5 0 €

2 8 4 7 8 9 2 5 7 5

Genre Horreur

Mots clés Vampires

Sylvain Ricard ¡11. de Christophe Gaultier

Soleil, 2 0 0 3

8 0 p.

19 ,50 €

2 8 4 5 6 5 4 7 7 4

Mots clés Etats-Unis contemporains

Ku-Kux-Klan

1411 30 jours de nuit

Barrow, Alaska. Une ville oubliée du monde où se retrouvent les derniers aventuriers pour travailler à la seule richesse du coin, le pipeline. Barrow, sans alcool, sans filles, sans endroit pour se défouler après un travail pénible ; un paysage où les températures sont extrêmes et où, surtout, la nuit dure jusqu'à trente jours. Bref, un endroit dont on aurait tendance à penser qu'il ne se passe rien, et pourtant... Une telle ville ne serait-elle pas un paradis pour les vampires ?

Bienvenue dans la bande dessinée d'horreur I Le scénario, simple, est servi par un dessin minimaliste basé sur l'ambiance où les couleurs répondent aux sentiments des personnages. N'hésitant pas à casser les codes du genre pour se rapprocher au maximum du cinéma d'horreur des années 70, cet album apparaît comme un OVNI dans la production actuelle. A lire absolument si l'on aime se faire peur !

• Arnaud Altier

142 I Kuklos

Jackson fait partie d'une riche famille du sud des Etats-Unis de tradition klaniste. Très vite, le jeune homme veut intégrer le Ku-Klux-Klan. Adoubé par son père, il va faire ses premières armes avec Hummond, un jeune chef de section ambitieux. Avec le temps, Jackson va se démarquer des actions follement meurtrières de celui-ci. Il tentera de prendre la succession de la brigade locale à la mort de son père. Mais la bêtise humaine, même adoucie, ne peut que conduire dans le mur. Les deux compères avaient été largement félicités à la sortie de cette terrible histoire, retraçant l'évolution d'un jeune homme jusqu'à l'âge adulte au sein du Ku-Klux-Klan. Le scénario, sans concession, brosse le portrait effrayant d'une société raciste et absurde. On sent que les deux jeunes auteurs se sont imprégnés de connaissances pour nous délivrer une aventure vue de l'intérieur et crédible. Le graphisme de Gaultier nous offre des tableaux de personnages déformés par la haine, comme s'ils étaient des mort-vivants. Le trait, particulier, rappelle les univers du professeur Bell de Sfar mais aussi ceux «début de siècle» de Blutch. Bref un petit bijou à recommander à des lecteurs ayant déjà un certain recul mais aussi à tout curieux de l'histoire trouble de cette organisation secrète raciste. [Voir des mêmes auteurs Private Jauques, critique n° 76].

• Jean-François Fontayne

Page 113: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

143 l Les Enfants

Un pays d'Afrique en guerre. Une O.N.G. dirigée par une jeune et belle suédoise s'occupe d'enfants orphelins. Vannerie, football et bombardements lointains rythment leur quotidien. Pourtant les enfants aspirent à autre chose.

Jean-Philippe Stassen poursuit après Deogratias son exploration des traumatismes subis par les enfants au cours des conflits africains. L'errance des quatre jeunes qu'il croque dans son aventure est terrifiante, violente, réaliste. Son graphisme proche de la peinture, comme autant de tableaux successifs, renforce la véracité de son histoire. Les nuits tropicales sont particulièrement réussies et l'on se prend à entendre les bruits de là-bas.

Même si ce récit est un ton en-dessous du précédent, on ne peut que s'incliner devant cet ouvrage d'une force documentaire comparable aux œuvres de Joe Sacco (Palestine & Gorazde). A recommander à des lecteurs ayant un certain recul.

• Jean-François Fontayne

144 I Avako, 3

Dans ce troisième et dernier épisode, Ayako, après avoir fugué et quitté son village, va se retrouver entre les mains de son frère Jiro, devenu Tomio Yutenji. Celui-ci dirige une organisation mafieuse et semble pris de remords à son égard.

Rciour sur l.i ser : Au travers des aventures de la famille Tengé, Tesuka nous fait découvrir les événements troubles du Japon d'après guerre, jusque dans les années 70. Les luttes d'influence, l'omniprésence des américains et la déchéance de familles puissantes sont au cœur de cette saga. L'histoire et la politique font passer au second plan le drame vécu par Ayako car c'est tout le Japon qui souffre sur la voie de la démocratisation. Ces trois volumes nous font pénétrer de plain-pied dans la culture japonaise, torturée, qui se cherchait et se cherche toujours au contact de l'Occident.

Tesuka est un maître. Tout est réussi, le graphisme parfait (précurseur du manga actuel) et un scénario solide et passionnant font de cette œuvre en trois tomes une référence absolue à recommander à des non-lecteurs de mangas ainsi qu'aux amateurs désirant sortir des sentiers battus.

• Jean-François Fontayne

Coup de cœur

Jean-Philippe Stassen Dupuis, 2 0 0 4 (Aire Libre).

8 0 p.

1 2 , 9 4 €

2 8 0 0 1 3 1 6 9 1

Mots clés Afrique contemporaine Enfants perdus

Osamu Tezuka Trad. Jacques Lalloz

Delcourt, 2 0 0 4 (Akata)

2 4 6 p.

7 , 9 5 €

2 8 4 7 8 9 3 7 7 6

Genre Manga

Mots clés Japon d'après-guerre Famille

Page 114: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

de lecture

Lecteurs confirmés Documentaire

Roland Brasseur Castor astral, 2 0 0 3

3 5 9 p.

20 €

2 8 5 9 2 0 5 4 4 6

Genre Dictionnaire humoristique

Mots clés Littérature

Histoire des années 50

Jean-Paul Brighelli Gall imard, 2 0 0 4

[Découvertes, n°452)

127 p.

1 1,60 € 2 0 7 0 3 1 4 1 3 8

Mots clés Corse. Histoire

1451 Je me souviens encore mieux

de Je me souviens : notes pour Je me

souviens de Georges Perec à l'usage

des générations oublieuses et de

celles qui n'ont jamais su

L'américain Joe Brainard a publié en 1975 une suite de souvenirs personnels commençant tous par «Je me souviens». Paru en 1 978, et devenu un classique de la littérature le Je me souviens de Perec a une démarche différente. Il veut saisir «des petits morceaux de quotidiens, des choses que, telle ou telle année, tous les gens d'un même âge (...) ont partagées». En 1989, lors du spectacle de Sami Frey tiré du livre, Roland Brasseur constate que, si aujourd'hui pléthore d'auteurs aiment à jouer avec cette forme de narration, la plupart des «souvenirs» inventoriés par Perec ne disent plus rien à personne. A partir de ce moment, il n'a de cesse de traquer le sens derrière chaque souvenir. Le résultat est fascinant. D'abord par la masse d'informations contenues dans l'ouvrage. Chaque notice replace le contexte de la phrase perecquienne, explicite tel ou tel détail, corrige les erreurs. La plupart d'entre elles sont agrémentées de citations faisant écho à d'autres œuvres, en particulier celles de Perec. Le lecteur découvre alors la cohérence d'un univers, ses résonances et obsessions. De surcroît, Brasseur ne manque pas d'humour dans la rédaction de ses notices. Références, réseaux de lectures et citations sont aussi là pour dire que ce qui tenait du souvenir pour Perec fait désormais partie de l'Histoire.

• Tony Di Mascio

146 1 La Corse, île de beauté,

terre de liberté

En dehors de la période toscane des XIe et XIIe siècles, l'histoire de la Corse est jalonnée de guerres et de révoltes. Ses maîtres successifs - y compris la France du XIXe siècle - ne se sont guère souciés du développement de l'île, ce qui a favorisé la naissance et la persistance jusqu'à nos jours du système des clans, plus absorbés par leurs luttes pour le pouvoir que par le souci du bien commun. La situation actuelle est le

Page 115: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

reflet de ce passé. La Corse s'achemine vers une autonomie plus ou moins étendue : est-ce pour elle une chance de développement ou faut-il craindre une dérive mafieuse ? D'une présentation soignée avec une iconographie de qualité, cet ouvrage se lit facilement. Il est complété par une section «Témoignages et documents» , avec notamment des textes intéressants sur l'évolution des lois applicables à la Corse et sur le système des clans. On y trouve enfin un petit lexique relatif aux mouvements autonomistes et une bibliographie. Pour tous.

• Jean Ratier

1471 Tibet otage de la Chine : brève

chronique de la sinisation accélérée

Depuis 1984, Claude Levenson recueille des informations, des moments de vie, des impressions de route et des photographies lors de ses nombreux séjours en Asie. Ce documentaire-récit de voyage démonte avec retenue et précision le processus inexorable d'élimination du peuple tibétain par le gouvernement chinois.

Avec une étonnante clarté, sans jamais entrer dans la polémique ou le militantisme démonstratif, Claude Levenson, biographe du dalaï-lama et auteure d'une dizaine d'ouvrages sur le Tibet, informe le lecteur sur ce génocide tacitement toléré par l'opinion internationale. Le lecteur découvre par des faits en quoi l'assimilation est architecturale, culturelle, religieuse, les photographies répondant pertinemment au texte. En annexe, se trouvent les cartes du Tibet (un peu ardues), la Déclaration d'indépendance de 1913, le testament du treizième dalaï-lama, l'appel de l'actuel dalaï-lama aux Nations-Unies (1950), un glossaire et une bibliographie (comprenant des textes présentant le point de vue chinois). Indispensable pour toute personne s'interrogeant sur cette région, ce document allie rigueur d'informations et qualité d'écriture, emmenant le lecteur dans un voyage dont l'issue pour le peuple tibétain est véritablement inquiétante. Le silence sur la question dans la production éditoriale consacrée à la Chine cette année étant révélateur, on saluera d'autant plus l'initiative de Picquier de rééditer cet excellent titre.

• Isabelle Debouvère

148 1 Mythologies personnelles :

l'art contemporain et l'intime

En 1994, paraissait dans la même collection L'Art contemporain au Musée National d'Art Moderne de Christophe Domino, parcours guidé du Centre Pompidou. Cet ouvrage vient le compléter et l'actualiser par une histoire de l'art depuis 1960 à travers les œuvres de douze artistes.

Claude B. Levenson Picquier, 2 0 0 4

(Picquier poche, n° 225)

3 2 0 p.

9 €

2 8 7 7 3 0 7 1 8 2

Réédition

Mots clés Tibet Oppression politique

Isabelle de Maison Rouge Scala, 2 0 0 4

125 p.

15 €

2 8 6 6 5 6 345 X

Mots clés Art contemporain Autofiction

Page 116: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

1 14 I

Il explique le rôle du Fonds National d'Art Contemporain et des FRAC. Outre les musées, la création est encouragée par le mécénat, les fondations privées ainsi que les galeries influentes. L ' a r t contemporain s'exhibe dans des performances corporelles ou sur Internet ; au public de s'adapter aux nouvelles pratiques et aux médias contemporains : photo, vidéo, images de synthèse. Les artistes répertoriés ont la démarche commune d'associer l'art à leur vie dans l'expression de l'intime, de Boltanski à Jean Pierre Raynaud. Entre autobiographie et fiction, l'artiste se montre et se raconte, offre son intimité au regard de tous, comme Nan Goldin. De nouveaux langages se créent associant récits visuel et textuel. L'artiste invente un cérémonial, un jeu dont il fixe les règles. Sophie Calle, experte en la matière, devient le personnage d'un roman de Paul Auster. Avec le Body Art qu'Orlan a rendu célèbre, le corps devient un matériau en mutation. Par une démarche narcissique poussée quelquefois à l'extrême, l'artiste bâtit ainsi sa mythologie personnelle. Ce documentaire sur un sujet difficile a le mérite d'offrir un panorama clair de la création contemporaine aux lycéens qui s'orientent vers une carrière artistique ou culturelle, et aux autres.

• Cécile Robin-Lapeyre

Prime Research Institute for the Middle East

Trad. de l 'arabe par Rachid Akel,

trad. de l'hébreu

par Rosie Pinhas-Delpuech

Préf. de Pierre Vidal-Naquet

Liana Levi, 2 0 0 4

9 5 p.

10 € 2 8 6 7 4 6 3 5 8 0

Mots clés

Israël

Palestine

Histoire

149 I LHistoire de l'autre Rompant avec la lecture unilatérale de l'Histoire des deux peuples israélien et palestinien, cet ouvrage est à faire connaître très largement. Six chercheurs israéliens et six palestiniens travaillant ensemble au PRIME ont rédigé parallèlement l'Histoire de chacun de leur peuple à partir de trois événements «fondateurs» du conflit : la déclaration Balfour de 191 7 ; la guerre de 1 948 et l'Intifada de 1 987. A lire sur chaque demi-page en face à face, l'analyse des uns et des autres est instructive : le regard de l'autre met en exergue les points d'achoppements, sans haine et avec le plus de sincérité possible. Mettre en lumière de part et d'autre les causes du problème est un pas sur le long et difficile chemin de la paix. Ce travail est utilisé depuis 2002 dans les lycées d'Israël et de Palestine. Nul doute qu'il puisse être utile dans les établissements en France. Pour tous.

• Armelle Hervé

1501 Les Découvreurs du Pacifique :

Bougainville, Cook, Lapérouse

Les premières expéditions dans le Pacifique, à commencer par celle de Magellan en 1520, visaient avant tout l'ouverture de nouvelles routes

Page 117: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

commerciales. Avec des techniques encore rudimentaires, les observations étaient peu fiables et le souci de se protéger de la concurrence entravait la diffusion des connaissances. C'est au milieu du XVIIIe siècle, sous l'impulsion des sociétés savantes, que les gouvernements commencèrent à organiser des voyages proprement scientifiques, dont la publication systématique des résultats accéléra grandement le rythme des découvertes. Mais cela n'aurait pu se faire sans les progrès de la construction navale et des techniques de navigation. L'ouvrage était paru en 1987 sous le titre Sous des mers inconnues. Bien écrit, il se lit comme un roman d'aventures. Les nombreuses reproductions de documents anciens et de tableaux du XIXe siècle reconstituent l'ambiance exotique de ces contrées lointaines à l'époque de leur découverte ; elles sont d'excellente qualité. Une annexe «Témoignages et documents» regroupe des fragments de textes émanant d'explorateurs, de philosophes (à propos du mythe du «bon sauvage»), de romanciers voyageurs. Suivent notices biographiques, bibliographie, chronologie avec cartes à l'appui et index. Pour tous lecteurs.

• Jean Ratier

1511 Nous n'irons pas à Pitchipoï :

le tunnel du camp de Drancy

Ce récit remarquable, où s'allient rigueur et empathie, analyse les événements sur trois plans : le déroulement des faits, leur perception et oubli dans l'immédiat après-guerre, et leur restauration actuelle. C'est une histoire peu connue : en 1 943, à Drancy où la Gestapo rassemblait résistants et juifs promis à la déportation, une quarantaine d'hommes décident de creuser un tunnel pour faire s'évader collectivement les deux mille six cent prisonniers. Ils échouent de peu. Quatorze d'entre eux sont découverts, torturés et embarqués le 20 novembre 1943. Durant le trajet, douze hommes trouvent la force de sauter du train et de s'échapper, ceci grâce à une incroyable solidarité, la leur et celle des Lorrains. Les uns et les autres reprendront le chemin de la Résistance. Janet Thorpe réussit une présentation des hommes et des événements lucide, sans fioritures, ni parti-pris. L'émotion et le suspense sont délibérément contenus. La lâcheté et la cruauté de certains, français ou nazis, font ressortir le courage d'autres, gendarmes, chauffeurs, cheminots ou lorrains anonymes. Le sobre récit au jour le jour des activités de chaque participant nous fait réaliser les qualités exceptionnelles de résistance de ces hommes décidés avant tout à ne pas se soumettre. Une bonne connaissance des années de guerre est nécessaire.

• Michelle Brillatz

Etienne Taillemite Gall imard, 2 0 0 4

(Découvertes Histoire, n° 21)

176 p.

1 3 €

2 0 7 0 7 6 3 3 3 1

Nouvelle édition

Mots clés

Géographie du Pacifique Grandes découvertes

Janet Thorpe Trad, de l'anglais par Pascale

Michon

De Fallois, 2 0 0 4

2 5 0 p.

1 8 , 5 0 €

2 8 7 7 0 6 5 0 1 4

Mots clés Seconde Guerre Mondiale Camps de prisonniers en France

Page 118: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Parcours de lecture Ouvrages de référence

152 l La Science-fiction à l'usage

de ceux qui ne l'aiment pas

Christian Grenier Le Sorbier, 2 0 0 3 (La littérature

jeunesse, pour qui, pour quoi ? |

159 p.

1 1 € 2 7 3 2 0 3 7 7 3 7

Mots clés Littérature

Science Fiction

Françoise Hecquart, Marielle de Mir ibel

Éditions du Cercle de la Librairie,

2 0 0 3 (collection bibliothèques)

3 8 0 p.

4 0 €

2 7 6 5 4 0 8 7 3 4

Mots clés Bibliothèque

Formation

Christian Grenier, auteur reconnu de SF pour les jeunes, entend par cet ouvrage continuer «sa défense et illustration» de la science-fiction à destination de ce public. Dans cet ouvrage, il s'adresse principalement à tous les adultes qui rejettent ce genre ou simplement l'ignorent, alors qu'il est plébiscité par de nombreux adolescents. Après un nécessaire travail de définition où il distingue avec précision la SF du merveilleux et du fantastique, il en décrit les grandes thématiques (autres lieux, autres temps, autres êtres, autres sociétés). Il donne des exemples précis et propose un bref historique. Il la présente comme un genre ludique, pédagogique car propice à l'écriture, contestataire, stimulant la réflexion et auquel on refuse injustement une place dans la «Littérature». Une bibliographie assez complète clôt utilement l'ouvrage. Celui-ci répond aux questions que se posent nombre d'adultes et de prescripteurs démunis face à la demande et donne des pistes pour des acquisitions cohérentes.

• Marie-Françoise Brihaye

153 I Devenir bibliothécaire-formateur :

organiser, animer, évaluer

Bien entendu, tout bibliothécaire ou documentaliste ne souhaite pas forcément devenir formateur. Si l'ouvrage se destine plus particulièrement à ceux qui souhaiteraient en faire un «deuxième métier», il serait dommage que les autres passent à côté des informations précieuses qu'il contient. De plus en plus, le rôle du bibliothécaire évolue et il se trouve souvent en situation (plus ou moins désirée) de formateur. On lui demande par exemple de former les membres de son équipe ou les partenaires potentiels de sa collectivité. Il s'agit alors de se poser les bonnes questions et d'y trouver les réponses appropriées. De manière très structurée et didactique, l'ouvrage de Françoise Hecquart et Marielle de Miribel liste et expose les difficultés rencontrées par le formateur, les différents types de stagiaires, les choses essentielles à ne pas oublier. Approches psychologiques de la formation, théories sur le passage du savoir mais aussi fiches pratiques pour monter une séquence et l'évaluer : rien n'est oublié. Le lecteur puisera au gré des chapitres ou

Page 119: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

pourra faire une lecture continue. Les pistes de réflexion données et la bibliographie fournie permettront à chacun de creuser le domaine qui l'intéresse, sociologie, communication ou pédagogie. Et si l'ouvrage ne générera pas forcément des vocation de formateurs, il aidera certainement plus d'un bibliothécaire et pourrait même modifier leur regard quand ils seront en position de stagiaire.

• Tony Di Mascio

1541 Le Roman policier :

bonne ou mauvaise lecture ?

Si le titre est général, c'est principalement du roman pour la jeunesse qu'il s'agit. Le propos de Nicodème se veut militant : «Non, le roman policier ne doit faire peur ni aux parents ni aux enseignants», affirme-t-elle. Mais cette défense du mauvais genre semble un peu vaine, tant le polar a acquis ces lettres de noblesse, y compris auprès des médiateurs. D'ailleurs, tout l'ouvrage multiplie les exemples qui le prouvent. Il comporte malheureusement beaucoup d'approximations, qu'un vrai travail d'édition aurait évité. Par exemple, Joseph Périgot, le créateur de la collection Souris Noire, se voit affublé deux fois du prénom de Jacques. Si Béatrice Nicodème aime à citer pléthore d'auteurs et de titres, elle n'hésite pas à faire référence abondamment à ses propres œuvres. Construit comme une première approche (et défense) du genre, le livre n'évite pas les redites ni les avis à l'emporte-pièce. Bref, le lecteur n'apprend pas grand-chose s'il a déjà parcouru l'ouvrage coordonné par Françoise Ballanger Le Roman policier pour la jeunesse, édité par Paris Bibliothèques et la Joie Par les Livres, (voir L J n°109 p. 2), et s'est intéressé aux références proposées dans la bibliographie assez complète. On peut se demander alors à qui s'adresse le livre de Nicodème.

• Tony Di Mascio

1551 Génération Manga, petit guide

du manga et de l'animation japonaise

L'ouvrage s'organise en deux parties. La première explique l'historique du manga et son importance dans la société japonaise. La seconde présente les auteurs clés et les séries cultes. Ce petit ouvrage présente l'avantage de nous montrer encore une fois pourquoi le manga fait de plus en plus d'adeptes et notamment chez les adolescents. Bien sûr, il n'y a rien de très nouveau, et l'on regrette quelques manques sur les nouveaux mangaka ou sur l'influence sur les autres styles de BD. Mais

Béatrice Nicodème Le Sorbier, 2 0 0 3

(La littérature jeunesse, pour qui,

pour quoi ? )

143 p.

10 .

2 7 3 2 0 3 8 1 2 1

Mots clés Littérature Policier

Jérôme Schmidt Librio, 2 0 0 4 (Repères, n° 6 1 9 ]

9 2 p.

2 € 2 2 9 0 3 3 3 1 5 8

Mots clés Bande dessinée Manga

Page 120: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Ouvraqes de références 1 1 8 °

ce petit ouvrage peut aider à la compréhension d'un genre qu'il n'est plus possible de mépriser et qui nous propose de nombreuses pistes de réflexion sur nos rapports avec les jeunes.

• Jean-François Fontayne

Autre avis : Ce petit guide permet une découverte du monde des mangas et de l'animation japonaise. L'un se présente comme le prolongement de l'autre. Un historique clair explique son développement au Japon, puis en France. On comprend qu'après avoir été l'expression d'une opposition et même d'un rejet de la culture traditionnelle du Japon, le monde des mangas et du «japanime» devient un énorme enjeu commercial.

• Agnès Donon

Bertrand Solet Le Sorbier, 2 0 0 3

143 p.

10 €

2 7 3 2 0 3 7 7 4 5

Mots clés Littérature

Roman historique

156 l Le Roman historique :

invention ou vérité ?

Auteur reconnu et prolixe depuis plus de trois décennies de romans historiques jeunesse, ou RHJ, Bernard Solet s'attache à nous présenter ce genre littéraire. Son essai peut être découpé en deux parties principales : dans la première, il observe la diversité du genre (roman d'aventures, policier, biographie, etc.). Il s'interroge d'abord sur sa spécificité et ses contraintes. En effet, souligne-t-il, les termes «roman» et «Histoire» semblent à première vue inconciliables, le premier reposant sur une fiction imaginée par un auteur, tandis que le second implique une étude fidèle et objective de la réalité du passé. Citant des auteurs reconnus, tels E.Brisou-Pellen ou J. Mirande, il s'attache à démontrer que le RJH, outre le plaisir de la lecture qu'il apporte, éclaire le présent et l'avenir du jeune lecteur en donnant à mieux connaître le passé. Il conclut cette partie en dressant un état des lieux du RJH aujourd'hui : quelles maisons d'édition ? quelles utilisations à l'école ? y a-t-il des périodes censurées ? Dans une seconde partie, l'auteur propose une bibliographie très complète, classée par époques historiques. Il conclut ce panorama, en dressant un bref historique du RJH en France, apparu au XVII8 siècle, mais qui ne connaîtra un véritable essor qu'au XIXe siècle, tandis qu'on peut observer depuis la fin du XXe siècle un véritable boum éditorial. L'ouvrage sera utile aux prescripteurs qui s'intéressent à ce genre littéraire en plein essor (professeurs, documentalistes...) et qui souhaitent conseiller les jeunes amateurs d'Histoire dans leurs lectures. Notons aussi que la bibliographie proposée par l'auteur pourra fournir de nombreuses pistes à tous les bons lecteurs eux-mêmes.

• Nathalie Le Cleï

Page 121: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

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page 122

Formations

Page 122: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

- •

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mm

___

Prix Littéraires

La sélection d u Prix Tam-Tam 2 0 0 4

(catégor ieJe bouquine, 11 -15 ans) est :

Stargirl, Jerry Spinelli (Flammarion) ; Vol, envol,

Monika Feth (Thierry Magnier) ; Le Jour des oies

sauvages, Adeline Yzac (Le Rouergue) ; Sur le

fleuve, Hermann Schullz (L'école des loisirs).

Il sera remis le 2 5 novembre dans le cadre du

Salon du livre jeunesse à Montreuil, avec les autres

prix (Baobab et le Prix Presse des jeunes).

Le Prix Presse des jeunes a pour thème cette

année «faire comprendre le monde aujourd'hui».

Informations : [email protected].

Le Prix des Incorruptibles 2 0 0 3 - 2 0 0 4 ,

catégorie 4è-3è a été décerné à Fabrice Colin pour

son titre Projet Oxatan (Mango).

Les Prix Chronos d e littérature 2 0 0 4 ,

sur le thème «Grandir, c'est vieillir ; Vieillir,

c'est grandir» ont été attribués dans la catégorie

6" - 5" à L'Intruse, de Gudule (Magnard jeunesse) ;

catégorie A'-3' à LAbsente, de C. Mazard (Syros) ;

lycéens, 2 0 ans et + à Oscar et la dame rose,

d'É.-E. Schmitt (Albin Michel).

Le Prix Sorcières 2 0 0 4 a été attribué, dans la

catégorie Romans jeunes, à II faut sauver Saïd

de Brigitte Smadja (L'école des loisirs) et, dans la

catégorie roman adolescent à Les Lannes

de l'assassin, d'Anne-Laure Bondoux (Bayard

jeunesse). Les romans adolescents soutenus étaient :

La Mémoire de l'eau, de S. Gandolfi (L'école des

loisirs) : Le Jeu de la mort de D. Almond

(Gallimard jeunesse) ; Sobibor, de j . Mol la

(Gallimard jeunesse) ; Un de Winram, de

G.Thorau (L'école des loisirs).

Serge Quadruppani a reçu le Prix inter lycées

professionnels de Nantes 2 0 0 4 pour La Nuit de

la dinde (Métailié).

Les Prix Plaisirs d e lire 2 0 0 4 , décernés par

l'ensemble des collégiens de l'Yonne, et organisé

par l'association Plaisirs de lire, ont récompensés,

pour les 4 - 3 Oscar et la dame rose, d'E.-E.

Schmitt (Albin Michel) ; Les Lannes de l'assassin

d'Anne-Laure Bondoux (Bayard jeunesse) ;

Sa majesté des clones, deJ.-R Hubert (Mango).

Pourl es 6è - 5è, D'un monde à l'autre (La Quête

d'Ewilan, tome 1 ), de P. Bottero (Rageot) ;

L'Oracle d'Egypte, d'Eric Simard (Mango) ;

Défense de lire ce livre, de Pat Monn (Flammarion).

A l'occasion du festival du Polar La Cambuse du

Noir de Valence (26), le second coup de cœur

Le Polar derrière les murs a été décerné à

La Femme patiente, d'Alain Gagnol (Cherche

Midi). Cette initiative a permis à des détenus de la

région RhôneAlpes de voter pour élire leur polar de

l'année, parmi une sélection de 10 titres.

Pour tout renseignement : Odile Cramard (Arald) :

04 78 39 58 87 ou [email protected]

A l'occasion de la à édition du Prix des col lèges

du Territoire d e Belfort, les élèves de 5"ont

plébiscité Privée de Bonbecs, de Susie Morgenstern

et Mayah Gauthier (L'école des loisirs) ; les élèves

de 4 ont choisi Frères de sang de Mikaël Ollivier

(J'ai lu).

Le 9ème Prix des col légiens d e la ville d e

Vannes a décerné son premier prix à J'ai pensé à

vous tous les jouis de Virgine Lou et Joseph

Périgot (Gallimard jeunesse). Le second prix a été

attribué à LEspionne du Roi Soleil d'Anne Piétri

(Bayard jeunesse).

Page 123: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Revues

Parole, la revue de l'institut suisse Jeunesse

et Médias, change de maquette. On y trouve

par ailleurs un compterendu des 13̂ ™* journées

d'Arole consacrées à l'éloge de la lecture,

où étaient présents, entre autres, Michèle Petit

et Alberto Manguel.

Informations : [email protected]

M u z e est le nouveau magazine féminin de Boyard

pour les 16-25 ans qui laisse une large part

à la littérature. Résolu à concilier coquetterie

et esprit, Muze décline son contenu autour

de trois mailres-mots : allure, culture et littérature.

La maquette, soignée, intègre une partie

de «bonnes feuilles» comportant des extraits longs

de livres. Parution du n° l prévue en septembre.

Salons

Le Salon de la petite édition et de la jeune illustration se déroulera à SaintfYiest (69)

les 6 et 7 novembre.

Informations : Marie Paquet

ou Marie Hirigoyen au 04 78 21 79 14.

Site : www.pctiteedition-jeuncillustration.org

Le Salon International du livre gourmand

se déroulera du 19 au 21 novembre 2 0 0 4 à

Périgueux. Le Prix de la Nouvelle gourmande

(concours ouvert à tous, sans catégorie d'âge et de

nationalité) qui vise à favoriser la création littéraire

dans le cadre des arts culinaires et gastronomiques

y sera décerné.

Pour toute information, contactez le 05 53 05 04

55 ; par mail : [email protected]

Le 16' Salon du livre d'Histoire d e Senlis (60)

aura lieu du 25 au 28 novembre.

Deux grands thèmes seront présentés : «Les

femmes dans l'Histoire autour de l'année Colette

et George Sand», «Les métiers, musique et poésie

du Moyen Age». Des auteurs de BD historiques

sont invités. Entrée libre.

Renseignements : Anne Beurdeley (attachée de

presse) tél. : 03 44 54 43 44, courriel :

pascaline. [email protected]

Sélections

Le n° 1 / 2 0 0 4 d 'Opal ivres, la sélection

semestrielle du Nord-Pas-deCalais pour enfants

et adolescents, est disponible gratuitement sur

demande.

Contact : Karinejay : 03 21 87 73 21.

La Sélection Jeunesse 2 0 0 4 de b Ville de Paris

présente un choix de 2 7 9 titres destinés aux enfants

de 0 à 15 ans. Environ 8 0 titres pour

préadolescents et adolescents sont analysés.

Elle est disponible sur simple demande à la mairie

de Paris.

Contact : Colette Lebonjax. : 01 47 00 92 12 ou

Colette, [email protected]

La nouvelle sélection de titres pour ados

de Valmédia 9 4 (association des bibliothèques

du Val de Marne) sera disponible en octobre.

Tarifs : 0 , 8 4 € pour les adhérents de Valmédia 9 4

et 1 ,60 € pour les non-adhérents.

Pour la commander; s'adresser à Bibliothèque

d'Alfortville 3, me Jules Guesde s

94 140 Alfortville. Tél. : 01 43 75 10 01.

Page 124: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

En savoir plus... / Evénement et Formations

Evénement

Lecture Jeunesse et La Joie par les Livres organisent une journée d'étude :

Quelle place pour les adolescents en bibliothèque ?

Lundi 2 0 sep tembre 2 0 0 4

Elî Matinée

Les pratiques culturelles des adolescents Intervenant : Christine Detrez, maître de

conférences à Lyon 2

Usages des adolescents en bibliothèque Intervenant : Nassira Hedjerassi,

maître de conférences à Strasbourg, ESCOL

Accueil et pratiques professionnelles à l'égard du public jeune : état des lieux Intervenant : Bernadette Seibel, sociologue et pré-

sidente de Lecture Jeunesse

V Après-midi

L'éloge du non spécifique Intervenant : Jean-François Jacques, secrétaire

général du Conseil Supérieur des Bibliothèques.

La place des autres • Un projet d'établissement fédérateur Intervenant : Christine Péclard, chargée

de mission pour les bibliothèques jeunesse

à La Ville de Paris

• Le cas d'Issy-les-Moulineaux Intervenant : Bruno Jarry, directeur des services

sociaux de la ville

Synthèse : Et le bibliothécaire dans tout çà I Intervenant : Nie Diament, directrice de la Joie

par Les Livres

Tarif : 55 € (collectivité], 2 0 € (individuel)

Renseignements et inscriptions : Lecture Jeunesse - Tél. : 01 44 72 81 50

Fax : 01 44 72 05 47 - Courriel : [email protected]

Inscription dans la limite des places disponibles

Page 125: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Les formations de Lecture Jeunesse

Nos formations se déroulent à Paris. Nous concevons à la demande des interventions

et accompagnements de projets sur site.

La littérature pour préadolescents Définir l 'offre destinée aux 10-13 ans,

analyser les différentes stratégies éditoriales,

dégager des critères de sélection.

Intervenants : Tony Di Mascio, directeur de

Lecture Jeunesse ; Soazig Le Bail, directrice

de collection chez Thierry Magnier

Dates : 23 et 24 septembre

Tarifs : 275 € / 2 0 0 €

Bandes dessinées pour adolescents Analyser les spécificités et les techniques

de la narration en BD, connaître la production

de BD pour les adolescents.

Intervenants .'Johanna Schipper, auteure

et formatrice ; Jean-Paul Jennequin, traducteur

et spécialiste de la bande dessinée

Dates : 29, 30 septembre et 1" octobre

Tarifs : 4 0 2 € / 305 €

Les séries pour adolescents Analyser les mécanismes mis en œuvre dans les

séries. Définir les critères de sélection et d'acqui-

sition pour répondre aux attentes du public ado-

lescent.

Intervenant : Stéphane Manfrédo, formateur

Dates : 6, 7 et 8 octobre

Tarifs : 4 0 2 € / 305 €

La littérature pour adolescents Connaître et analyser la production de fiction

pour adolescents.

Intervenants : Tony Di Mascio, directeur de

Lecture Jeunesse ; Cécile Fourquier, responsable édi-

toriale chez Flammarion

Dates : 3, 4 et 5 novembre

Tarifs : 4 0 2 € / 305 €

La presse pour adolescents Connaître et analyser les périodiques pour

les jeunes. Concevoir des animations autour

de ce support.

Intervenants : Pierre Bruno, sociologue ;

Francis Vernhes, membre du Syndicat National

de la Presse des Jeunes

Dates : 1 8 et 19 novembre

Tarifs : 275 € / 2 0 0 €

La science-fiction : une fenêtre sur l'avenir ? Découvrir les spécificités du genre et la

production de science-fiction.

Intervenants : Stéphane Nicot, rédacteur en

chef de la revue Galaxie ;

Sandrine Brugot-Maillard, bibliothécaire

Dates : 25 et 26 novembre

Tarifs : 275 € / 2 0 0 €

Se documenter avec Internet Connaître et analyser les outils de recherche.

Réfléchir à la mise en place d'un service internet

pour les jeunes.

Intervenants : Marie-Christine Jacquinet,

bibliothécaire

Dates : 2 et 3 décembre

Tarifs: 3 1 7 € / 2 6 0 €

La place des adolescents en bibliothèque Réfléchir à l'accueil des adolescents dans les biblio-

thèques. Comprendre les pratiques des publics

adolescents et leurs attentes. Se donner des pistes

de travail pour les animations et les partenariats.

Intervenants : Tony Di Mascio, directeur de

Lecture Jeunesse ; Christophe Evans, chargé d'étu-

des en sociologie à la B.P.I. ; Sylvie Fournioux,

bibliothécaire

Dates : 9 et 10 décembre

Tarifs : 275 € / 2 0 0 €

Page 126: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma
Page 127: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Index

Auteurs

Titres

Genres et mots clés

Page 128: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

126 Index Auteurs

;, « j» f,1 . , • 1

w m m

Aguilera, Juan Migue l 9 3 A I M a l i k , A b d 9 4 Ammi, Kebir 9 5 Ange 2 9 Arai. Hideki 133 Armstrong, Charlotte 3 0 Asensi, Mat i lde 9 6 Aubert, Brigitte 2 Audouin-Mamikonian, Sophie 3 Ayerdhal 9 7

B Bailly, Sandrine 9 8 Balzac, Honoré de 9 9 Banks, Kate 31 Baudoin, Edmond 1 3 4 Bauer, Josef Mart in 1 0 0 Baussier, Sylvie 8 1 Bechard, Margaret 3 2 Benson, Stéphanie 3 3 Bondoux, Anne-Laure 3 4 Bottero, Pierre 3 5 Boulaakov, Mikhaï l 3 6 Bradley, Mar ion Zimmer 3 7 Bradbury, Ray 4 Brasseur, Roland 145 Brighelli, Jean-Paul 1 4 6 Brisou-Pellen, Evelyne 5

Cantin, M a r c 6 , 2 6 Cathrine, Arnaud 1 0 1 , 1 0 2 Cendrars, Biaise 3 8 Chabas, Jean-François 3 9 Cohen-Scali, Sarah 4 0 Cordurié, Sylvain 71 Cormier, Robert 103 Cortazar, Julio 1 0 4 Créty, Stéphane 71 Crossley-Holland, Kevin 4 1

Davodeau, Etienne 1 3 5 Delobbe, Georges 8 2 Delval, Jacques 4 2 Delval, Marie-Hélène 7 Demeyère-Fogelgesang, Céci le 8 Denis, Sylvie 105 Desplechin, Ma r i e 1 0 6 Detnan, Isabelle 7 2 Dieter 2 2

E El-Haji, Saïd Ewing, Lynne

F Feist, Raymond Elias Feth, Mon ika Fois, Marcel lo Fujita, Kazuhiro

G Gaiman, Ne i l Ga lea , Claudine Gaultier, Christophe Geffroy, Marie-Thérèse

Genefort, Laurent Goda rd , Philippe Grenier, Christian Grimm, Wi lhe lm et Jacob Guo, Xiaolu

H Haddon, Mark Haro, Sarah de Hart, Carolyn G . Hartmann, Mar ie-Odi le Hassan, Yaël Hecquard, Françoise Hergé HoÊb, Robin Homéric Hughes, Yves

I Ibbotson, Eva Izo, Hashimoto

J Jimenes, Guy Joffo, Joseph Johanna Juszezak, Erik

K Kazumi, Yumoto Keyes, Daniel Keyes, Greg Kochka Konaré, Birama

L Lanchon, Anne La porte, Michel Leader, Al ice Le Gendre, Nathal ie Le Marchand , Véronique Lepage, Emmanuel Le Roux Etienne Leruth, Luc Le Treut, Hervé Levenson, Claude B, Levi ne, Ga i l Carson L'Homme, Erik Lindholm, M e g a n Lindquist, Hakan Loevenbruck, Henri

M

111 2 7

152 10

112

4 4

Nosako, Akiyuki Nozière, Jean-Paul

Peace Research Institute In The M idd le East Pongrasic, Zoran Potok, Chaim

113 P

8 5 153 1 3 7

5 3 1 14

4 5

4 6 138

12 4 7

1 3 9 7 4

115 4 8

116 13 4 9

28 15 5 0

5 1 , 1 1 7 86 7 5 22

118 8 7

1 4 7 5 2 14 5 3

1 1 9 16

Prime Research Institute In The M idd le East Pongrasic, Zoran Potok, Chai'm

Renault, Christophe Ricard, Sylvain Richler, Emma Rosinski

Sachar, Louis Saleem, Hiner Sautereau, François Schmidt, Jérôme Schipper, Johanna Simsolo, Noë l Solet, Bertrand Stassen, Jean-Philippe Stevenson, Robert Louis Supervielle, Jules Sylvain, Dominique Szczypiorski, Andrzej

Taillemite, Etienne Taiyou, Matsumoto Tanizaki, Junichiro Tardieu, Jean Templesmith, Ben Teulé, Jean Tezuka, Osamu Thorpe, Janet Torreton, Philippe Tourne, Key Toutain, Carol ine Tremblay, Michel Tusseau, Jean Pierre

Van Hamme, Jean

5 8 5 9 , 6 0

1 4 9 17

124

1 4 9 17

1 2 4

61 7 6 , 142

1 2 5 2 3

62 126

6 3 155 1 3 9

3, 19 1 5 6 143

6 4 6 5

1 2 7 128

1 5 0 7 7

1 2 9 66

141 1 3 0 144 151 131

2 4 9 0

132

2 3 6 7

Maison Rouge, Isabelle de 148 1 0 7 Mai lman, M a x 1 2 0 W

9 Moloney, Shane Marcadé , Isabelle

121 8 8

Wagner, Cél ine Wei l , Sylvie

134 6 8

Mattotti, Lorenzo 8 9 West, Amu 2 5 108 Maymat , N ico le 1 2 2 Wol f , Gita 2 0 4 3 Maza rd , Claire 5 4 W o o d i n g , Chris 21

1 0 9 Merrien, Jean 5 5 Wr ight , Richard 6 9 7 3 Mréjen, Valérie 123

Wr ight , Richard

Murai l , Marie-Aude 5 6 Y Myers, Wal ter Dean 5 7 Yazawa, Aï 7 8

1 3 6 Myers, Wal ter Dean

Yoshinori, Natsume 1 4 0 1 1 0 N Yzac, Adel ine 7 0

7 6 , 142 N icodème, Béatrice 1 5 4 Yzac, Adel ine

8 3 Niles, Steve 141

Page 129: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

I 1 2 7

~es .. - ; - . . . . .

Index

Accroche-toi Sam ! 3 2 L'Accusé 3 0 Les Amants du métro 6 6 Amenophis IV, 3 : Europe 2 2 Les Amis 1 15 Angkor 8 9 Antigone 2 0 L'Arche de Noah 1 2 4 Ariane contre le Minotaure 1 1 Arthur, 3 : Un croisé à Venise 41 Aubes pourpres 7 4 Aussi loin que mes pas me portent 100 Ayako, 3 144

B Le Bizarre incident du chien pendant la nuit 4 4

Le Cahier jaune 6 3 Le Cahier noir 1 3 2 Ça fait moche dans le tableau 1 21 Ce que tu m'as dit de dire 109 Chevauchées 1 14 Chien-de-la-lune 14 La Chine, du XIX' siècle à nos jours 2 7 Choix de poèmes : Cendrars 3 8 Choix de poèmes : Supervielle 6 5 Chute de vélo 1 35 Ciel ¡aune Ci-gît pour l'éternité 5 9 Les Clés du citoyen 2 0 0 4 7 9 Les Clés du monde 2 0 0 4 8 0 Le Cœur plus gros que le ventre 61 La Corse 146 Comme si c'était moi 1 31 Contes de Grimm, 1 et 2 10 Contes de guerre 5 8 C o q de combat, 5 et 6 138 Le Coupeur de roseaux 1 2 9 Les Crimes de la momie 19 Le Cirque aléatoire, 1 : Private Jauques 7 6 Le Cycle de Q â 2 3

Dans les larmes de Gaïa De collectionner les timbres Les Découvreurs du Pacifique : Bougainville, Cook, Lapérouse Déesse de la nuit Le Dernier homme Le Dernier magicien Les Deux princesses de Bamarre Des fleurs pour Algernon Devenir bibliothécaire-formateur Le Diadème des âmes Douée pour le silence

Les Crimes de la momie Elvina et la fille du roi Salomon 6 8 En finir avec vos complexes Endiablade 3 6 Les Enfants 143 Entre eux, la rivière 1 2 2 Les Epidémies : des pestes au sida 82 Etienne et Nicolas Etre juif aujourd'hui 85 Europe 2 2 Eva aux mains bleues Exercices de deuil 101

La Faille entre les mondes Faits d'hiver 102 Feuille de verre 9 5 La Fille aux cheveux courts 1 3 Fille de l'empire 108 Les Filles de la Lune, 1 ; Déesse de la nuit La Flamme d'Harabec 2 9 La Folie de Dieu 9 3 Le Fusil de mon père 126

G Gall ica, 1 : Le Louvetier 16 Génération manga 155 Goumi, goumi 17

H Harlem blues Harrison et Holmes, I : L'Œil de ter 25 Haute-Ecole 105 L'Histoire de l'autre 1 4 9 Histoires de dinosaures L'Homme qui vivait sous terre 6 9 Huit plus une

I lacobus 9 6 L'Illettrisme 83 L'Intégrale de Thorgal 2 0 0 3 23 Italie, mai 4 4 : Le Ciel déchiré 12

J 51 Je me souviens encore mieux 19 de Je me souviens 145

La Jolie M m e Seidenman 128 5 0 Le Jour des oies sauvages 7 0

9 Les Jours de Shaytan 107 9 2 Jusqu'aux os 1 10 5 3

Jusqu'aux os

5 2 K 4 8 Karakuri circus, 3 et 4 7 3 5 3 Ki-ltchi I, 1, 2 et 3 133 71 Koulouba, la colline sur la tête 4 9 4 0 Kuklost 142

Eau sauvage L'Eau : source de vie, source de conflits 8 6 L'Effet de serre 8 7 Edgar Flanders, I : Les Vampires de Gand 1 8 Edgar Flanders, 2 :

L 123 Le Louvetier

15

14

6 62 5 0

1 1 1 15

7 4 113

2 9 117

7 5 148

7 8 31

139 151

M La Machine magique Mais pourquoi tant d'interdits ? Maïté Coiffure Maître W e n , 5 :

16

118 26 5 6

Menace sur l'Empire Song Les Maîtres des Brisants, 1 : Chien-de-îa-lune Les Maléfices d 'Ha lequ in l , : L'Œil de Bézoard Manuel de survie de Stanley Yelnats Marcus et les Brigantes La Mécanique du talion Menace sur l ' e m p i r e Song Le Méridien des brumes, 1: Aubes pourpres Meurtre en librairie La Mort d'Ayesha Mosa Wosa Muchacho, 1 Mythologies personnelles

N Nana, 7 et 8 N e fais pas de bruit Née quelque part Nous n'irons pas à Pitchipoï Le nouveau-né de Georges de La Tour 88 Nouvelles 9 9 Nouvelles pour la liberté 91 La Nuit des brutes 6 7 Nuits éternelles 1 3 6

L'Œil de Bézoard 6 L'Œil de fer 25 L'Oiseau de mort du cap Horn 55 Ô Verlaine ! 1 3 0 O n s'était dit : pour la vie 5 4

Panique aux urgences 2 Passage du Désir 1 2 7 Petite histoire des écritures 81 Le Peuple turquoise 2 9 La Pierre de Mort-Levée 71 Ping-pong, 1 et 2 7 7 Polar bear 4 5 Les Pouvoirs perdus, 2 : La Faille entre les mondes 3 7 Prévenir les catastrophes écologiques ? : les marées noires 9 0 Private Jauques, 1 :

Le Cirque aléatoire 7 6

Q Qu'Allah bénisse la France 9 4 Quand ¡'aurai 2 0 ans 4 2 Qui veut tuer Alaizabel Cray ? 21

Reine du fleuve 4 6 Le Roi de bruyère 116 Le Roman de Mélusine 1 Le Roman historique 156 Le Roman policier 154 Les Royaumes d'épine et d'os, 1 : Le Roi de bruyère 1 16

Salem la noire. 1, La Pierre de Mort-Levée 71

Page 130: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Index Titres

Salem la noire.2, Le Diadème des âmes 71 Salut et liberté 6 7 Sandman. 11, Nuits éternelles 1 3 6 Satin grenadine 1 0 6 La Serre 9 8 La science-fiction à l'usage de ceux qui ne l'aiment pas 152 Le Sida en Afrique 8 4 Simon et l'enfant 4 7 Sing Yesterday for me, 1,2 et 3 2 4 Sœur Folie 1 2 5 Le Syndrome de la chimère 1 2 0

u Un croisé à Venise 4 1 Un mort encombrant 6 4 Un piège pour Iphigénie 5

V Les Vampires de G a n d 1 8 La Vie comme elle vient 3 4 La Ville de Pierre 1 1 2 Vol, envol 4 3 Les Voyages d ' Ino 3 9

Y

Les Yeux dans le mur 1 3 4

Z Zouck 3 5

Page 131: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Index Genres et mots clés

Genres A Absurde 3 6 , 1 2 0 Autobiographie 123 Aventure 4 6 , 5 0 , 1 0 0

Carnet de voyage Contes traditionnels

Dictionnaire humoristique

F Fable Fable philosophique Fantastique Fantastique historique Fantasy 6 , 1 6 , 2 1 , 5 2 , Fantasy humoristique Fantasy politique

H Horreur

8 9 , 1 3 9 10

145

7 9, 105

9 3 5 3 , 1 16

3, 7 1 108

141

M M a n g a

Science fiction

Shojo manga Space opera Steampunk

Mots clés A Adolescence 2 6 , 2 8 , 3 1 , 3 3 ,

34 , 4 0 , 4 2 , 6 1 , 109 Afrique contemporaine 4 9 , 143 Afrique francophone contemporaine 8 4 Amazonie 4 6 Amitié 4 7 , 5 4 , 5 7 Amour 7 8 , 1 1 2 , 1 1 8 Angkor 8 9 Angleterre (XIIle siècle) 41 Angleterre victorienne 7 4 Anorexie 35 , 1 1 0 Art 8 9 Art contemporain 148 Atrides 5 Autisme 4 4 Autofiction 148 Avortement 1 1 2

B Bande dessinée 155 Banlieue Bibliothèque 153 Bouc émissaire 3 0

7 3 , 133 , 138, 140, 144 C

N tolice Nouvelles 4 , 5 8 , 6 7 , 9 1 , 9 2 , 9 9

101, 103, 104 , 1 14, 1 2 4

Pastiche policier 2 5 Poésie 38 , 6 5 Policier 2 , 1 5 , 3 0 , 3 3 , 4 5 , 5 9 , 6 7

76 , 9 7 , 121, 1 2 7 Policier atypique 4 4 Policier fantastique 18, 19 Policier historique 9 6 Policier maritime 5 5 Policier parodique 1 1 3 Produit dérivé 6 2

Récit autobiographique 4 9 , 9 4 , 1 2 6 128, 131, 1 3 9

Récit b iographique 100 , 1 3 0 Récit initiatique 4 1 , 9 5 Récit intimiste 9 8 , 102 Roman d'apprentissage 3 9 Roman historique 12, 5 0 , 6 8 , 1 0 6

14, 22 , 29 , 37 , 4 8 5 1 , 5 3 , 9 2 , 1 1 7

24 , 7 8 I 1 1

7 6

Camps de prisonniers en France 151 Cheval 1 1 4 Chine ( XI* siècle) 15 Chine | XIX' et XX' siècle) 2 7 Chine contemporaine 112 Cirque 7 6 Cl imatologie 8 7 Clonage 1 17 Communauté juive 4 7 , 124 Communicat ion 123 Corse, Histoire 1 4 6 Création artistique 1 3 4 Croisade 4 1

D Danse 3 5 Dessin 1 2 4 Deuil 3 1 , 3 4 , 9 8 , 1 0 1 , 1 0 2 Différents modes de narration 1 2 5 133 Dinosaures Disparition

E Ecologie 3 9 , 5 1 , 8 6 , Écoute psychologique Écritures Histoire

102

T Témoignage de commande 4 0 , 5 4 , 6 0 Texte illustré 2 0 Théâtre 6 6

Enfance Enfants perdus Engagement religieux Enurésie Etats-Unis contemporains Expériences médicales

F Famille Fées Flash backs Formation France (années 60)

8 7 , 9 0 7 0 8 1 19

1 2 5 143

5 4 60

142

135, 1 4 4 1

119, 131 153 60

France (XIXe siècle) France (XVIIh siècle)

1 0 6 122

G Géograph ie contemporaine Géograph ie du Pacifique Géopol i t ique contemporaine Ghetto de Varsovie Grandes découvertes Guéril la Guerre d'Algérie Guerre du Liban

' 8 0 1 5 0

8 0 128 1 5 0

7 5 4 2 13

H Histoire d'amour Histoire des années 5 0 Homosexualité masculine Humour

13, 2 4 145 1 19

2 5

i Illettrisme Imaginaire Inde XVIIIe siècle Inventions langagières Islam Israël, Histoire

8 3 125 118

6 1 0 7 1 4 9

J Japon (XX siècle) Japon contemporain Japon d'après-guerre Judaïsme

5 8 133 144

6 8 , 8 5

K Karaté Ku-Kux-Klan Kurdes

7 3 , 138 142 1 2 6

L Légende Légende grecque Leucémie Littérature 145 , 152 ,

„««i 5

17 154 , 1 5 6

M »ne. M a g i e 18, 19 M a n g a 155 Manipulat ion psychologique 1 0 9 Ma r i age 6 8 Marionettes 7 3 Maroc contemporain 9 5 Maternité 3 4 M o n d e du théâtre et du cinéma 131 Moyen Age 16 Multinationales 111 Musique 7 8 Mythologie grecque 1 1

0 Oppression politique Orphel in

1 4 7 9 5

P Palestine, Histoire Paris (XIXe sièclel Paris (XXe siècle) Paternité Pays-Bas contemporains

nolice

1 4 9 1 3 0

6 3 32 , 103

1 0 7

Page 132: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

index I... Genres et mots clés

Peinture (XVIIe siècle) 8 8 Personnage récurrent 4 5 Poésie 1 3 0 Politique France contemporaine 7 9 Premier amour 3 5 1 1 0 Psychologie 2 8 Puberté 7 2 , 7 4

Q Questions existentielles 115 , 1 3 4 Questions métaphysiques 29 , 6 9 , 1 3 6 Quête initiatique 4 3

R Rap Rapport au corps 6 1 , Rébellion armée Récits légendaires Réflexions sur la condit ion humaine Relation mère-fille Relation mère-fils Relation père-fille Relotion père-fils Résistance Roman historique Rome Antique

9 8 ,

56 ,

9 4 132

7 5 1 3 6

4 8 1 1 0

1 0 2 , 123 1 0 7 126 1 5 6

5 0

Santé Histoire Science fiction Sciences Seconde Guerre Mond ia le

Secret Secte Sherlock Holmes Shoah Sida Soufisme Suicide

2, 47 , 128 1 19

7 6

31

82 152 118

5 8 151 1 3 9 1 1 1

2 5 124

8 4 9 4

, 9 8

Taïwan contemporain 1 3 9 Télépathie 3 7 Théâtre 4 0 , 6 1 , 1 3 2 Tibet 1 4 7 Trafic d'art 121 Tragédie 2 9 Tragédie grecque 2 0 Trisomie 21 8

U Uchronie 7 4 URSS 3 6 Utopie 5 1

V Vampires 18, 141 Venise XIII* siècle 4 1 Vie en société 2 6 Violence 133 Violence familiale 7 0

Page 133: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

Abonnement

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Page 134: Variations autour de l'adaptation littératures et cinéma

132

Ours

Lecture Jeune

190, rue du Faubourg Saint-Denis - 7 5 0 1 0 Paris

Tél. : 01 4 4 72 81 5 0 - Fax : 01 4 4 72 0 5 4 7

Courriel : [email protected]

Directeur de publication

Tony Di Mascio

Rédactrice en chef

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Administration

Chantai Viotte

Conception et Realisation

Lilicampanule - [email protected] - Tél. : 01 42 52 8 7 34

Ont collaboré à ce numéro :

Arnaud Altier, Béatrice Boucherai, Marie-Françoise. Brihaye, Michelle Brillatz,

Sandrine Brugot Maillard, Isabelle Debouvère, Tony Di Mascio, Agnès Donon,

Jean-François Fontayne, Isabelle Hébert, Armelle Hervé, Edith Hironde,

Nathalie Le Cleï, Marie-Françoise Lemasson, Anne Lévy, Ma jo Loth, Stéphane

Manfrédo, Gilberte Mantoux, Geneviève Mazel, Odile Mestrallet, Véronique

Montandon, Christine Nouai, Sylvia Payock-Monthé, Sylvie Perrier, Jean Ratier,

Sophie Rénaud, Caroline Rives, Cécile Robin-Lapeyre, Valérie de Saint-Laurent,

Michel Serceau, Anne Thonus, Mathilde Valognes, Chantai Viotte.

Imprimé en France

Europe Media Duplication, N ° 1 2 4 2 7

Tél. : 0 2 4 3 3 0 17 17

I.S.S.N 1163-4987

C.P.P.P. n° 1 1 0 4 G 7 9 3 2 9

Revue éditée par l'association Lecture Jeunesse

Association de loi 1901 déclarée le 4 janvier 1974. Agréée par le

Secrétariat d'État Jeunesse et Sport le 2 7 / 0 1 / 1 9 7 7 - N° 9 4 . 1 5 5

Cette revue est publiée avec le concours de la Mairie de Paris

Lecture Jeune - Septembre 2004