Vantard Juin Juil Aout2012 V3

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Quand elle vient se détendre de son travail intense, elle se tient toujours au bar, pas loin de son "Ritchie", celui qui a une belle gueule dans la rubrique " Le pain du mois". Zoë est un peu mystérieuse, curieuse du bruissement du monde. Il y a du Portugal, de la bienveillance, du voyage, de la chasse au trésor, de la science-fiction, de la distance, un peu d'Orléans, de la sollicitude, de l'inattendu, des Antilles, de la protection, de la science politique, de l'al- truisme, de la procrastination, de l'errance, de l'humani- taire, de la sociologie, de la méfiance, de l'horizon ONG et une grande bonté dans son regard. Comme toutes les femmes de son âge, elle essaie de conjuguer performance et vulnérabilité dans un monde précaire et incertain où la rivalité et l'envie sont érigées en système. Zoë n'en a cure, elle poursuit un fil, une ligne, un che- min : le sien, à l'abri des regards inquisiteurs et des fausses valeurs. Elle a fabriqué un personnage, une sorte de leurre semi-gothique qui occupe les gens pendant qu'elle les observe à loisir. Elle se nourrit de rencontres et ses jours la dirigent vers ce moment tant attendu, celui du départ. Elle ne vit que pour ça : commencer un vie, loin des études et du train-train quotidien. Sa première appréhension que l'existence pouvait offrir plusieurs vies a eu lieu en Inde lors d'un échange uni- versitaire. Au lieu même de la métempsychose, elle va rejoindre une ONG spécialisée dans le micro-crédit pour permettre aux paysans écrasés par les dettes de commen- cer une activité qui va les nourrir. L'état de l'Andhra Pra- desh, dont le seul nom suffit à évoquer tous les mystères de la magie et les secrets de la planète, l'attend. Elle parle avec passion de la résurgence des mouvements régionalistes, des deux entités politiques qui se sont op- posées après l'indépendance de l'Inde, de ce prince qui voulait faire sécession. Les sept Nizams d'Hyderabad ont régné pendant deux siècles, jusqu'à l'indépendance de l'Inde en 1947 et leur annexion en 1948. Ils furent de grands défenseurs de la culture, des arts, de la littérature, de la joaillerie et même de la gastronomie. Partir dans cette région qui a connu tant de tensions, de conflits, où les créanciers locaux se sont enrichis sur la misère des paysans pauvres, relève du sacerdoce. L'ac- tion humanitaire dans ces régions n'est pas chose aisée et Zoë l'explique de sa voix grave, parfois à peine audible, comme si elle ne voulait pas troubler l'ordre du monde. Mais une chose la fait agir : l'injustice. Si les petits crédits changent la vie des gens et les rendent plus heureux, ils possèdent également des effets pervers : l'argent reste parfois dans les grandes villes, alors que les villageois des zones reculées, souvent plus indigents, ne voient rien venir. Certains bénéficiaires s'initient à la cavalerie pour rembourser des emprunts de plus en plus nombreux. Si l'on prête volontiers aux femmes, parce qu'elles remboursent mieux, cela détruit parfois l'équi- libre au sein de la famille... Des problèmes que Zoë connaît par cœur et qu'elle va devoir affronter. Ce qui compte pour elle, au-delà de tout, c'est de ne jamais abandonner ses projets, de naviguer entre curiosité et prudence pour devenir quelqu'un de bien sans se compromettre. ÉCRIVEZ NOUS ENVOYEZ VOS INFOS Pour le mois de septembre 2012 par e-mail : [email protected] ATTENTION : Prochain bouclage autour du 22 août N° 27 Juin Juillet Août 2012 Édition Mouffetardienne du "Vantard du Faubourg " Tiré à 1000 exemplaires Bon d'accord, dans notre circonscription Axel Kahn a perdu, mais avec les honneurs. Opposé à l'ex Premier ministre Fillon (C'est quoi son prénom déjà ?) bénéficiant d'un découpage haute couture, sur mesure, il avait peu de chances. Mais nous avons eu le plaisir de voir que dans le cinquième proprement dit, il était en tête. Courage, le Vantard est avec vous (piètre consolation!) LES FRANÇAIS DANS LEUR SAGESSE PROFONDE ... Contrairement à ce que pensaient les stratèges de la droite (sur- tout les transfuges de l'extrême droite inféodés au sarkozysme), les Français ne sont tombés ni dans le piège de la xénophobie et de l'exclusion ni dans le "ni-ni". Nini peau de balle ! Au pro- chain congrès de l'UMP, ça va saigner, le darwinisme politique compétitif a toutes les chances de s'exprimer pleinement. C'est dans la nature profonde des scorpions de vouloir piquer, quitte à faire couler le bateau sur lequel ils sont tous embarqués. Ils n'ont rien perdu de leur morgue et de leur mépris, ils reconnaissent la défaite soit, mais on sent l'amertume des sièges perdus, on sent le ressentiment, loin de l'examen de conscience. Les clans se for- ment, l'affrontement est proche. Tous aux abris ! Numéro financé par Yonas du Godjo 8 rue de l'École Polytechnique, et nous l'en remercions infiniment. ÇA Y EST, LA GAUCHE EST PASSÉE, LE COMBAT DES CHEFS COMMENCE À DROITE ÇA SUFFIT ! Mensuel satirique, alterlocaliste, libre, indépendant, gratuit et sans pube. ZOË : "UNE ONG À ELLE TOUTE SEULE" par Prince Roro LE NIZAM D'HYDERABAD Mouffe Maube Montagne LE PAIN DU MOIS AU PIANO VACHE, 8 rue Laplace, Richard fait la politique de l'éponge... Tous les lundis de juin et juillet, RODOLPHE RAFFALLI reprend sa guitare jazz manouche et fait vibrer la foule des amoureux transis de mu- sique. Tout y est : la modestie surréa- liste, l'humour à froid et le talent des musiciens qui l'entourent et le suivent dans des improvisations endiablées. Chaque soir sa musique avec des DJ DIFFÉRENTS aux ma- nettes. Le patron du lieu, La Vieille pour les intimes nous parle souvent d'un pe- tit village tranquille perdu dans les Maures, un endroit où il ne se passe jamais rien, où Paris vient chercher la quiétude du Midi et jouer aux boules en dégustant des plats locaux au bord de la rivière chez Lionel, etc. Il n'en est rien, c'est bien chez lui, à Collo- brières que le tueur fou a assassiné deux femmes gendarmes... AUX PIPOS 2 rue de l'Ecole Polytechnique 75005, chez Alain Gangneux pour les amou- reux du vin authentique. Patrice est parti pour une nouvelle aventure pous- sé par Christelle qui a su s'imposer comme la nouvelle chef des serveuses. C'est Dallas aux Pipos. José Tous les vendredis soirs aux Pipos, José enflamment les cœurs des belles touristes avec son regard de braise, son jeu de sourcils et sa voix de sten- tor qu'il sait rendre douce. LE COUP DE CŒUR DU VANTARD LE ROYAL SAINT-JACQUES 263 Rue Saint-Jacques 75005 Paris. Un bistro de quartier comme on n'en fait plus. Une ambiance d'habitués, des visages avenants, une tête de veau à pleurer, quand il y en a, et des vins délicieux. Le patron, dit la Vénus de Mino, vous accueille avec un enthousiasme discret et puis quand il voit à qui il a affaire, il se détend ET SOURIT. Mireille, la serveuse pleine d'humour, s'occupe avec tendresse des mauvais garçons, ses célibataires qu'elle soigne particulièrement. SPECTACLES et CONCERTS (suite...) CAFÉ LE VERRE À PIED, 118 bis rue Mouffetard 75005. 01 43 31 15 72 C'est un café un peu particulier : on y croise des gens férus de lettres, de vrais ivrognes, de faux intellos, des étudiants comme s'il en pleuvait, devant et derrière le bar, des écolos, des anars, des chanteurs de rue, des brocanteurs venus se reposer, des bouquinistes de fortune, des photos, des peintures, des Bataves et un professeur de mathématques amé- ricain qui se plaît bien chez nous. Il photographie avec son vieux Leica les scènes de genre, les joueurs de piano sur ordinateur, les figurants de cinéma qui viennent parler de leurs plus belles scènes, le slameur de Nietszche venu du Rif. Sur les tables, des plaques en cuivre rappellent les places favorites des clients régu- liers, les dinosaures y croisent les perruches. C'est là que le Vantard traîne ses guêtres. Zoë L'Ami Bridenne du Faubourg SPECTACLES et CONCERTS Qui va devenir le "maître des phynances de l'UMP"? Qui mangera de l'andouille à profusion? L'Ami Quinsat de la Mouffe MICHEL : LE GABIN DANSEUR DE ST MÉDARD vantard 27 juin JUIL Aout 2012.indd 1 25/06/12 00:09

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Quand elle vient se détendre de son travail intense, elle se tient toujours au bar, pas loin de son "Ritchie", celui qui a une belle gueule dans la rubrique " Le pain du mois". Zoë est un peu mystérieuse, curieuse du bruissement du monde. Il y a du Portugal, de la bienveillance, du voyage, de la chasse au trésor, de la science-fiction, de la distance, un peu d'Orléans, de la sollicitude, de l'inattendu, des Antilles, de la protection, de la science politique, de l'al-truisme, de la procrastination, de l'errance, de l'humani-taire, de la sociologie, de la méfiance, de l'horizon ONG et une grande bonté dans son regard. Comme toutes les femmes de son âge, elle essaie de conjuguer performance et vulnérabilité dans un monde précaire et incertain où la rivalité et l'envie sont érigées en système. Zoë n'en a cure, elle poursuit un fil, une ligne, un che-min : le sien, à l'abri des regards inquisiteurs et des fausses valeurs. Elle a fabriqué un personnage, une sorte de leurre semi-gothique qui occupe les gens pendant qu'elle les observe à loisir. Elle se nourrit de rencontres et ses jours la dirigent vers ce moment tant attendu, celui du départ. Elle ne vit que pour ça : commencer un vie, loin des études et du train-train quotidien.Sa première appréhension que l'existence pouvait offrir plusieurs vies a eu lieu en Inde lors d'un échange uni-versitaire. Au lieu même de la métempsychose, elle va rejoindre une ONG spécialisée dans le micro-crédit pour permettre aux paysans écrasés par les dettes de commen-cer une activité qui va les nourrir. L'état de l'Andhra Pra-desh, dont le seul nom suffit à évoquer tous les mystères de la magie et les secrets de la planète, l'attend.

Elle parle avec passion de la résurgence des mouvements régionalistes, des deux entités politiques qui se sont op-posées après l'indépendance de l'Inde, de ce prince qui voulait faire sécession. Les sept Nizams d'Hyderabad ont régné pendant deux siècles, jusqu'à l'indépendance de l'Inde en 1947 et leur annexion en 1948. Ils furent de grands défenseurs de la culture, des arts, de la littérature, de la joaillerie et même de la gastronomie. Partir dans cette région qui a connu tant de tensions, de conflits, où les créanciers locaux se sont enrichis sur la misère des paysans pauvres, relève du sacerdoce. L'ac-tion humanitaire dans ces régions n'est pas chose aisée et

Zoë l'explique de sa voix grave, parfois à peine audible, comme si elle ne voulait pas troubler l'ordre du monde. Mais une chose la fait agir : l'injustice.Si les petits crédits changent la vie des gens et les rendent plus heureux, ils possèdent également des effets pervers : l'argent reste parfois dans les grandes villes, alors que les villageois des zones reculées, souvent plus indigents, ne voient rien venir. Certains bénéficiaires s'initient à la cavalerie pour rembourser des emprunts de plus en plus nombreux. Si l'on prête volontiers aux femmes, parce qu'elles remboursent mieux, cela détruit parfois l'équi-libre au sein de la famille...Des problèmes que Zoë connaît par cœur et qu'elle va devoir affronter. Ce qui compte pour elle, au-delà de tout, c'est de ne jamais abandonner ses projets, de naviguer entre curiosité et prudence pour devenir quelqu'un de bien sans se compromettre.

ÉCRIVEZ NOUSENVOYEZ VOS INFOS

Pour le mois de septembre 2012

par e-mail :[email protected]

ATTENTION :Prochain bouclage autour du 22 août

N° 27Juin Juillet Août 2012

Édition Mouffetardiennedu "Vantard du Faubourg "Tiré à 1000 exemplaires

Bon d'accord, dans notre circonscription Axel Kahn a perdu, mais avec les honneurs. Opposé à l'ex Premier ministre Fillon (C'est quoi son prénom déjà ?) bénéficiant d'un découpage haute couture, sur mesure, il avait peu de chances. Mais nous avons eu le plaisir de voir que dans le cinquième proprement dit, il était en tête. Courage, le Vantard est avec vous (piètre consolation!)LES FRANÇAIS DANS LEUR SAGESSE PROFONDE ...Contrairement à ce que pensaient les stratèges de la droite (sur-tout les transfuges de l'extrême droite inféodés au sarkozysme), les Français ne sont tombés ni dans le piège de la xénophobie et de l'exclusion ni dans le "ni-ni". Nini peau de balle ! Au pro-chain congrès de l'UMP, ça va saigner, le darwinisme politique compétitif a toutes les chances de s'exprimer pleinement. C'est dans la nature profonde des scorpions de vouloir piquer, quitte à faire couler le bateau sur lequel ils sont tous embarqués. Ils n'ont rien perdu de leur morgue et de leur mépris, ils reconnaissent la défaite soit, mais on sent l'amertume des sièges perdus, on sent le ressentiment, loin de l'examen de conscience. Les clans se for-ment, l'affrontement est proche. Tous aux abris !

Numéro financé par Yonas du Godjo 8 rue de l'École Polytechnique, et nous l'en remercions infiniment.

ÇA Y EST, LA GAUCHE EST PASSÉE, LE COMBAT DES CHEFS COMMENCE À DROITE

ÇA SUFFIT !

Mensuel satirique, alterlocaliste, libre, indépendant, gratuit et sans pube.

ZOË : "UNE ONG À ELLE TOUTE SEULE" par Prince Roro

LE NIZAM D'HYDERABAD

Mouffe Maube Montagne

LE PAIN DU MOIS

AU PIANO VACHE, 8 rue Laplace, Richard fait la politique de l'éponge...Tous les lundis de juin et juillet, RODOLPHE RAFFALLI reprend sa guitare jazz manouche et fait vibrer la foule des amoureux transis de mu-sique. Tout y est : la modestie surréa-liste, l'humour à froid et le talent des musiciens qui l'entourent et le suivent dans des improvisations endiablées.

Chaque soir sa musiqueavec des DJ DIFFÉRENTS aux ma-nettes. Le patron du lieu, La Vieille pour les intimes nous parle souvent d'un pe-tit village tranquille perdu dans les Maures, un endroit où il ne se passe jamais rien, où Paris vient chercher la quiétude du Midi et jouer aux boules en dégustant des plats locaux au bord de la rivière chez Lionel, etc. Il n'en est rien, c'est bien chez lui, à Collo-brières que le tueur fou a assassiné deux femmes gendarmes...AUX PIPOS 2 rue de l'Ecole Polytechnique 75005, chez Alain Gangneux pour les amou-reux du vin authentique. Patrice est parti pour une nouvelle aventure pous-sé par Christelle qui a su s'imposer comme la nouvelle chef des serveuses. C'est Dallas aux Pipos.

José

Tous les vendredis soirs aux Pipos, José enflamment les cœurs des belles touristes avec son regard de braise, son jeu de sourcils et sa voix de sten-tor qu'il sait rendre douce.

LE COUP DE CŒUR DU VANTARDLE ROYAL SAINT-JACQUES263 Rue Saint-Jacques 75005 Paris. Un bistro de quartier comme on n'en fait plus. Une ambiance d'habitués, des visages avenants, une tête de veau à pleurer, quand il y en a, et des vins délicieux. Le patron, dit la Vénus de Mino, vous accueille avec un enthousiasme discret et puis quand il voit à qui il a affaire, il se détend ET SOURIT. Mireille, la serveuse pleine d'humour, s'occupe avec tendresse des mauvais garçons, ses célibataires qu'elle soigne particulièrement.

SPECTACLES et CONCERTS (suite...)

CAFÉ LE VERRE À PIED, 118 bis rue Mouffetard 75005.01 43 31 15 72

C'est un café un peu particulier : on y croise des gens férus de lettres, de vrais ivrognes, de faux intellos, des étudiants comme s'il en pleuvait, devant et derrière le bar, des écolos, des anars, des chanteurs de rue, des brocanteurs venus se reposer, des bouquinistes de fortune, des photos, des peintures, des Bataves et un professeur de mathématques amé-ricain qui se plaît bien chez nous. Il photographie avec son vieux Leica les scènes de genre, les joueurs de piano sur ordinateur, les figurants de cinéma qui viennent parler de leurs plus belles scènes, le slameur de Nietszche venu du Rif. Sur les tables, des plaques en cuivre rappellent les places favorites des clients régu-liers, les dinosaures y croisent les perruches. C'est là que le Vantard traîne ses guêtres.

Zoë

L'Ami Bridenne du Faubourg

SPECTACLES et CONCERTS

Qui va devenir le "maître des phynances de l'UMP"?Qui mangera de l'andouille à profusion?

L'Ami Quinsat de la Mouffe

MICHEL : LE GABIN DANSEUR DE ST MÉDARD

vantard 27 juin JUIL Aout 2012.indd 1 25/06/12 00:09

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GENS DE MOUFFETARD

70. Tapis volantLa fontaine de la place à côté de l’église, l’ombilic du monde pour certains, fait l’objet de rituels secrets quand tout le monde dort. Mon quartier est un jardin, un zoo humain, une nef des fous, une arche de Noé perdue en Seine, défiant la grande cathédrale. Je me suis fait faire un tapis avec le plan de mon quartier. Comme ça, je peux en faire le tour sans quitter ma chambre et parfois je m’envole avec pour chevaucher les rêves des voisins. Je sonne chez les amis, je parle aux gens dans la rue, je fume de gros cigares dans les cafés, bref, je m’entraîne pour le moment de la sortie en réalité augmentée.71. HabitudesDans mon quartier, ceux qui ont des habitudes notent les habitudes des autres. Ils inscrivent dans un petit carnet la litanie des passages des uns, les phrases répétées inlassablement chaque jour par les autres. Sur cette trame de l’immuable s’écrit la vie.72. NotesDans mon quartier, quand le jazz manouche envoie son swing façon Selmer et que d’étranges paroles s’élèvent vers le ciel, reprises par un nuage d’ac-cordéon, le Gadjo en nous gitane un air : un solo de guitare en guise de signature.

73. ChimèresDans mon quartier, certaines femmes dansent en marchant. L’extravagance de leur pas attire les re-gards, comme un courant d’air la fumée dans une chambre d’ado. Elles ont le goût de la délivrance, le mot pour rire, celui qui tue la solitude.74. AttenteDans mon quartier, personne ne pense, nous sommes contaminés par l’éphémère dans l’attente d’une nouvelle histoire. Nous essayons de fixer la gratuité originelle du cosmos en détournant la beauté du temps qui passe.75. Gardiens de l’ennemiDans mon quartier, il y a un petit vieux qui s’in-quiète de voir revenir le temps où tout le monde surveillait et dénonçait tout le monde, le temps où la vie nue était une règle, où ceux qui n’avaient rien à cacher n’avaient rien à se reprocher. Le temps des camps.76. PersonnelDans mon quartier, la révolte commence lorsqu’on se soustrait au monde pour le laisser pourrir. Si l’on se sent d’humeur, on peut l’aider en réduisant la part d’impersonnel.

LE PLI DU MONDE, MON QUARTIER par le Professeur Larue.

ĢA C’EST LE CINQUIÈME

OURS : LE VANTARD™Édité par LES AMIS DU FAUBOURG, Association loi 190137 rue Faidherbe 75011 Paris ISSN 1953-5104Directeur de la publication : Frédérick Rimbert. Comité de rédaction : Obscur et protéiforme, parfois invisible. Rédac’chef : Prince Roro.Rédac' chef adjoint : JiCé Ditroy l'indétrônable fondateur du Vantard.Rédacteurs : Claude Bureaux, Joseph Stokober, Marc Delacourcelle. Chiara SantiniDessins : Gérald Quinsat, l'Ami Bridenne.Photos : Prince Roro.Corrections : La fantastique Agnès Marty qui répond toujours présent quand on a besoin d'elle, même au dernier moment. .Programme : Laissez tomber, on préfère parler des gens.Panda du mois : n'a pas la tête en face des trous en ce momentMaquette, pilotage à distance : Alix Nissen.Imprimé chez G.P.S. 16 rue Faidherbe 11ème

Toutes les contributions sont bénévoles, et généralement tardives, trop tardives...

CONNOLLY'S CORNER12 rue Mirbel avec Oriane, Ian et Neal au bar1er dimanche du moisJOHN G. MATTHEWS 19h. Guitare, violon, chant, Blues, Folk, Blue Grass, country.

2ème dimanche du mois: FAOLAN. Irish Music Le groupe préféré du Professeur La-rue. BÉNÉDICTE LECROART au chant.CÉLINE RIVAUD au violon.PHILIPPE HUNSINGER bouzoukiste souriant (un petit laisser-aller ?)BAPTISTE RIVAUD à la flûte. Que du bonheur sur ta Guiness.

3ème dimanche OLD TIME BLUE-GRASS avec VINCENT BLAINLe groupe préféré de Serge le Belge qui ne veut pas que ça se sache.

4ème dimanche à partir de 19h.EMMANUEL DELAHAYE ( i r ish bouzouki et mandoline), et MICHEL SKIOTAKIS (flute et Uillean pipes) le duo élastique auquel se joignent régulièrement plusieurs comparses aussi talentueux

NICOLAS LE TENDRE

"Mais je vous écoute, je suis là !" Ça l'énerve un peu quand on lui dit qu'il n'est pas tout à fait avec nous. Pourtant, il ne fait que s'adapter au lieu, un lieu de gens pas pressés. Ce dandy du bar fait des petits voyages dans les volutes de poulet grillé, en compagnie des bouchers et de la dame du magasin de surgelés voisin. Ce petit porche est devenu un rendez-vous des fumeurs, c'est là que l'aquarelliste s'installe pour peindre les clients du Verre-à-Pied

"Je vais dévorer... une salade" Cet amoureux des belles lettres et des lé-gumes a toujours l'air émerveillé. Curieux de tout et de tous, il se promène dans l'existence avec une intensité dans le regard, celle qui veut comprendre.

NICOLAS

PACO

PACO LE VOYAGEUR

L'INCONNUE DU PIANO VACHE

Mystérieuse lumière de la beauté

L'ancien com-plice de Ni-

colas, il s'est fait la malle

dans des pays lointains où il ne pleut pas

Le rêveur ironique

en écoute flottante

LE VANTARD ACTUALITÉS

Si j'ouvre souvent cette chronique en illustrant mon propos par quelque bruantesque citation, c'est cette fois-ci le père Aristide lui-même qui sera au cœur du présent article. Il y a quelques décennies, le gars Brassens a exhumé l'une de ses chansons. A la Place Maubert, qu'elle s'appelait.Il va sans dire que l'interprétation du Sétois fut pitoyable. Elle fut pitoyable, car Brassens chante tout comme un Sétois. Avec son allure débonnaire et ses bacchantes fleuries, le bougre est sans doute fort sympathique. Mais on ne chante pas Bruant comme une chanson paillarde du Languedoc. Vous imaginez Loulou Nicollin beuglant La Java bleue ? Eh bien c'est pire.A la grotesque interprétation du gorille de l'Hérault, nous préférerons celle de Marc Ogeret, dont les tremoli et le légendaire sens du mélo tombent à pic.Quelques mots de vocabulaire à connaître pour comprendre la chanson :« Marmite », « choléra sans limace », « gouge » : prostituée (du point de vue de son souteneur ; terme déjà rencontré dans de précédents numéros).« Auber » : l'un des très nombreux termes argotiques pour évoquer l'argent. « Sorguer » : dormir. « Purotin » : misé-reux. « Refiler la cloche » : vagabonder. « Surin » : couteau (déjà évoqué). « Lacromuche » : c'est du louchébem...La chanson a été enregistrée par le maître lui-même. Alors certes, la plaque de cire a un peu vieilli. Mais ça rend foutrement bien. Un superbe hommage du vieux Bruant aux marlous du quartier. Ça cause de tapin, mais aussi et surtout des flétrissure infligées – déjà à l'époque – par les bâtards d'Haussmann à notre vieille Cité... Ainsi les paroles de la rengaine devraient en émouvoir plus d'un, parmi les braves gaillards nostalgiques qui lisent le Vantard. Faute de la trouver chez le disquaire, cherchez-la sur Internet – faut bien que cette roustissure serve à quequ' chose.En attendant, voici un extrait du chef-d’œuvre en avant-goût :

« Je m’ demande à quoi qu’on songeEn prolongeant la rue Monge,À quoi qu’ça nous sertDes esquar’s, des estatues,Quand on démolit nos rues,À la Plac’ Maubert ? »Bon été, les camarluches !

ROUSCAILLONS BIGORNE de Joseph Stokober Leçon N° 17 - "À la Place Maubert"

J'aime beaucoup ce sau-vageon que les botanistes appellent geranium ro-bertianum. Si on le laisse tranquille, il pousse par-tout : sur les murets, sur les bords des trottoirs, dans les rues pavées et dans les terrains vagues "créés" par la soit-

disant rénovation de notre quartier. Il se glisse partout, là où il y a de la place, tout en légèreté. Certaines touffes peuvent quand même mesurer cinquante centimètres en tous sens, comme dans le passage des Postes, où il profite du moindre fragment de terre entre deux pierres pour se loger, épousant le support.Ce géranium, "Herbe à Robert" fait partie de l'im-posante famille des géraniacées. On connaît le géra-nium vivace très apprécié des sujets d'Elizabeth II, le géranium des balcons ou géranium lierre vénéré par les Alsaciens et le géranium des jardins adulé par les concierges. Il est vrai qu'avec de beaux roberts, il y a forcément du monde au balcon mais il n'est pas si sûr aujourd'hui que les syndics et les digicodes aient le même amour pour cette plante, qui est encore aujourd'hui la plus cultivée en France pour le fleuris-sement estival.Il faudrait cependant remettre à l'honneur sur nos balcons et terrasses, pour notre plus grand plaisir visuel et olfactif, les géraniums à parfum dont le plus connu d'entre eux par les nez de l'osmothèque est le pelargonium rosa. Sachez qu'il existe plus d'une cen-taine de variétés de ces géraniums à parfum. Certains peuvent avoir des fragrances de rose, de lilas, de citro-nelle, de menthe, de mandarine verte et de chocolat. D'autres, beaucoup moins appréciés peuvent avoir des odeurs de térébenthine, de chewing-gum, de goudron et même d'eau croupie. Tous ces géraniums à parfum ont aussi d'autres avan-tages : ils sont très vigoureux, résistent à la séche-resse, possèdent une floraison rose parfois abondante et repoussent par leurs effluves les moustiques, les mouches et les taons.

LE GÉRANIUM DE ROBERT De Claude Bureaux dit Ludovicien l’Egalité, Maître jardinier

Nous y sommes. Les terrasses se remplissent, le soleil tape un peu plus et la soif nous gagne. Que boire quand il fait chaud? Le rouge a moins de chance, on peut en prendre un léger et frais mais ce n'est pas désaltérant. Le blanc, bien sûr, le blanc comblera nos envies. Mais

n'oublions pas le rosé. Ce rosé si populaire qui rafraîchit toutes les glottes diverses et variées. Ce rosé international qui se consomme partout et à tout moment. Il fait figure de parent pauvre dans le monde du vin. Tout juste considéré comme. Combien de fois ai-je entendu de la bouche de vignerons, lors de dégustation :" Je ne vous fais pas goûter mon rosé, on le passe, attaquons le blanc ou le rouge", ou bien "Je suppose que de goûter mon rosé ne vous intéresse pas ..." Eh bien si ! Cela m'a toujours intéressé bien au contraire. C'était devenu une valeur étalon car je pouvais en savoir plus sur le vigneron. Un bon vigneron prend soin de tous ses vins, même le rosé, qui a tendance à être la dernière roue du carrosse et se fait souvent à partir des raisins les moins bons. Et pourtant, certains en prennent soin car ils le considèrent comme un blanc ou un rouge. Grand bien leur fasse. En effet, comme les autres, il y a du rosé simple, frais, facile, à boire tout le temps. Mais il y a aussi les rosés de repas car plus complexes comme un bandol, ou un mourvèdre de Languedoc qui vont même jusqu'à bien vieillir. Mais ce soir, sur ma terrasse, avec cette bonne température et ce petit vent, c'est un " corail" que je bois. C'est une cuvée du château de Roquefort. C'est un régal. Merci M. de Villeneuve. Vin issu de biodynamie, ce côtes-de-provence pète de fraîcheur avec des arômes de pêche, de fruits rouges acidulés. On retrouve les agrumes en bouche. La robe est lumineuse, d'un rosé saumoné. quelle fraîcheur ! Ce n'est pas une surprise si l'on sait qu'il provient d'un vignoble situé dans un grand cirque à une altitude de 400 mètres. Assemblage de 5 à 6 cépages, il en a la complexité. Mais, hop, holà, le verre est fini!! Bon, un autre, SVP. Mais laissez la bouteille, on ne sait jamais. Allez TRYNCH mon cher RORO. A ta santé ... même si tu n'es pas avec moi.

Château de RoquefortB P 2913830 Roquefort la Bédouletel: 04 42 73 20 84

L'AMOUR DU VIN Par Marc DelacourcelleLe Pré Verre, 8 rue Thénard 75005 Paris

77. BouteilleDans mon quartier, les seules agences de notation que l’on tolère sont celles du Zagat Routard, ou du Bozeman Bibendum. Pour le vin, nous faisons confiance à l’ambiance des bistros. Ce n’est pas par hasard que certains ont le vin mauvais. On reconnaît ces endroits au caractère plus ou moins trempé du pilier de bar – le surveillant dans le tournant qui regarde les autres consomma-teurs de profil – des bouteilles bien alignées en train de se remplir.78. AllianceDans mon quartier, les peintres et les clodos ont forgé une alliance alcoolique. Un front commun pour supporter les sombres regards de désapprobation.79. SorcièresDans mon quartier, les fumeurs se regroupent devant les établisse-ments et les commerces pour expier collectivement. Ils purgent leurs péchés dans le nuage de fumée qui transforme le quotidien en nuit de Walpurgis.80. Tendre est la luneDans mon quartier, la lune nous nargue régulièrement, à changer si facilement de… quartier. Elle passe de l’inclination à l’indifférence, de l’ennui à la ferveur avec une telle facilité que l’on en demeure un peu con.

Longue dame brune

Brassens a chanté "Les

passantes" ce poème

d'Antoine Pol :" A celle qu'on voit apparaîtreUne seconde à

sa fenêtreEt qui, preste,

s'évanouitMais dont la

svelte silhouette

Est si gracieuse et fluette

Qu'on en de-meure épanoui"

Bonjour, cela fait maintenant 2 ans et demi que ce journal tente d'existeravec plus ou moins de bonheur et de régularité. Nous avons quelques fidèles lecteurs et d'autres grin-cheux qui trouvent que cette feuille de chou est trop ou pas assez... Comme chaque été, nous nous po-sons la question du financement. Notre "commercial" nous a quittés, celui qui était chargé de convaincre les commerçants et les restaurateurs du quartier de contribuer à l'exis-tence du journal a malheureusement préféré mettre un terme à la sienne. Merci Gérard pour tous tes efforts et ta sympathie, tu nous manques. Ce poste est donc vacant, et si quelqu'un a envie de trouver des subsides pour le Vantard, il est le bienvenu et peut nous contacter à l'adresse mail du journal. Sinon, à la rentrée, nous enverrons quelques belles jeunes filles et beaux gar-çons faire une collecte dans tous les lieux où le Vantard est distribué.

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