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    LA CONCEPTUALISATION MTAPHORIQUE EN BIOMDECINE :INDICES DE CONCEPTUALISATION ET RSEAUX LEXICAUX

    Sylvie Vandaele, Sylvie Boudreau, Leslie Lubin, Elizabeth Marshman

    Universit de Montral, Dpartement de linguistique et de traduction

    Analogie n'est pas identit : les cellules, videmment, ne parlent pas, au sens o nousautres, tres humains, dous de langage, nous parlons. (Lecourt, In : Kordon, 1991 : 9)

    De nombreux travaux ont appuy limportance de la conceptualisation mtaphorique (CM)non seulement dans la vie quotidienne (Lakoff, 1980/2003), mais galement en littrature(Lakoff et Turner, 1989), en conomie et dans les affaires (Mirowski, 2001 ; Perlerin et coll.,2002 ; Koller, 2004), ainsi quen sciences, notamment en biologie et en mdecine (van Rijn-vanTongeren, 1997 ; Yu, 1998; Fox Keller, 1999), pour ne citer que quelques auteurs. Lacomprhension de la CM dun domaine nous semble constituer un outil cognitif puissant dans leprocessus de traduction (et de rdaction), bien que les tudes en traductologie soient plutt rares

    et rcentes (Tabakowska, 1993 ; Stambuk, 1998 ; Schaeffner 2004 ; Temmerman, 2002 ;Vandaele, 2000, 2003), la problmatique tant traditionnellement aborde sous langle desthories classiques de la mtaphore comme lment dviant ou rhtorique (Newmark, 1981).

    La plupart des travaux traitant de la mtaphore en sciences sy intressent sous langleterminologique (Gaudin, 1998 ; Bouveret, 1998 ; Dury, 1999 ; Temmerman, 2000, 2006 ;Oliveira, 2003). Nous nous concentrons, pour notre part, sur les aspects phrasologiques, quinous paraissent vhiculer une composante essentielle des modes de conceptualisation. Ce choixnous amne privilgier les units lexicales prdicatives telles que le verbe, assez souvent laisspour compte en mtaphorologie, bien quessentiel (Duvignau, 2002). Notre objectif gnral est decaractriser finement, sous les angles lexical et cognitif, les diffrents modes de conceptualisationspcialiss tels que les textes biomdicaux les rvlent, excluant pour le moment ce qui relve de

    la vulgarisation (voir Duvignau, 2002; Collombat, 2003). Au sein du vaste domaine quest labiomdecine, la biologie cellulaire et molculaire (Vandaele, 2003, 2004, 2005 ; Vandaele etLubin, 2005) et lanatomie (Lubin, 2006) sont plus prcisment cibles. Outre leur importancefondamentale, il se trouve que la biologie cellulaire et molculaire constitue un rservoirextrmement riche dexpressions tmoignant de multiples modes de conceptualisation (Kordon,1991). Quant lanatomie, domaine qui pourrait paratre banal en raison de son objet dtude(quoi de plus familier que le corps humain?), elle recle une quantit insouponne dereprsentations conceptuelles et de variations terminologiques et phrasologiques.

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    Le cadre thorique se rclame essentiellement de la linguistique cognitive, notamment destravaux de Lakoff sur la CM (Lakoff, 1987/2003; 1993), ainsi que ceux de Talmy (2001) pour lesconcepts de factivit et de fictivit. Les travaux de Fauconnier et Turner (1998) seront sollicitspour lintgration conceptuelle (blending). Ltude lexicale fait appel une analyse actantielle(Tesnire, 1965 ; Meluk et coll., 1995) et, lorsque cela est pertinent, aux fonctions lexicales(Meluk et coll., 1995). Bien quil sagisse doutils inspirs par la logique formelle, nous faisonsntre la position de Le Ny (1979 : 13-14) qui affirme que en aucune occasion il ne peut existerdobjet dtude smantique qui ne soit, en dfinitive, de nature psychologique , mais croitpleinement justifie lapplication la smantique dune formalisation emprunte lalogique . Cela ne signifie nullement que le parleur () fonctionne de faon logique , maisque le chercheur essaie de fonctionner de faon logique, cest--dire conformment des rglesquil se donne .

    Enfin, nous insistons sur le fait que lobjet de nos recherches porte, avant tout, sur les modesde conceptualisation plutt que sur la mtaphore au sens large : bien que le mot mtaphoreait vuson sens revisit par Lakoff (projection dun cadre cognitif source sur un cadre cognitif cible auplan de la pense), trop souvent il vhicule encore le sens qui lui est le plus souvent attribu, celuiqui est consign dans les dictionnaires de langue gnrale, savoir une sorte de comparaison(Duvignau, 2002 : 30), ou encore, selon lcole de pense : dviance, figure de style, procdrhtorique. Lobjet dtude nest en aucun cas en rapport avec une quelconque dviance, cest lamanire courante de conceptualiser le monde biologique qui est ici envisage. De plus, aborder laquestion sous langle du mode de conceptualisation ouvre la porte, ultimement, des modesautres que mtaphoriques, par exemple la conceptualisation mtonymique.

    1. Mthodologie : identification et reprage des ICM en corpus

    1.1. Corpus comparables en anglais et en franais

    Comme Lakoff, nous analysons la CM partir dexpressions linguistiques, et comme dautreschercheurs (Perlerin et coll., 2002 ; Charteris-Black, 2004 ; Koller, 2004 ; Deignan, 2005), nousfaisons appel des corpus. Pour la biologie cellulaire, qui est plus spcifiquement aborde dans leprsent article, nous avons construit deux corpus comparables (cest--dire non traduits)constitus de textes spcialiss traitant de biologie cellulaire et molculaire en anglais et enfranais, totalisant environ 300 000 et 500 000 mots respectivement (voir Vandaele, 2005 pour ledtail de leur constitution). Les exemples en anatomie, destines toffer notre propos, sont tirsdu travail de Lubin (2006), qui visait analyser les formes verbales utilises en anatomie pourdcrire le positionnement des artres, des veines, des muscles et des nerfs. Pour ce faire, deuxcorpus, galement en anglais et en franais, ont t constitus par des extraits douvragesspcialiss danatomie descriptive retenus notamment pour leur statut de rfrenceincontournable.

    1.2. Identification des indices de conceptualisation mtaphorique

    La difficult de lidentification des expressions linguistiques mtaphoriques est que la CM est,par essence, un phnomne cognitif. Par consquent, aucune approche formelle ne peut treenvisage. Aucune caractristique syntaxique ne peut permettre didentifier les expressionsmtaphoriques (Tamba, 1981 ; Tamine, 1978 ; Duvignau, 2002), bien que les diffrentescatgories syntaxiques puissent tre concernes (ce que Duvignau (2002 : 36) appelle

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    lclatement syntaxique de la mtaphore ). Par consquent, on ne peut avoir recours qu ceque Deignan nomme informed intuition (2005 : 93), qui correspond, pour nous, aux connaissances linguistiques et extralinguistiques du locuteur assistes par des donnes .

    La polymorphie du phnomne mtaphorique appellerait une discussion dtaille des critresdidentification (voir par ex. Eco, 1988/2006 : 139-189). Pour rsumer, lidentification des ICMoprant en fonction de critres cognitifs, il nest pas pertinent de plaquer les diffrentsmodles appliqus la mtaphore (substitutifs, interactionnels, comparatifs, analogiques), quidailleurs privilgient gnralement la forme canonique de la mtaphore nominale (Duvignau,2002). Lobjet dtude tant les modes de conceptualisation, nous avons adopt une stratgie trsproche de celle dcrite par Talmy (2001). Le critre didentification dune expressionmtaphorique pertinente est la perception dune dissonance cognitive par le sujet, laquellemerge lorsque celui-ci constate que le rfrent dont traite le discours peut tre conceptualis dedeux manires simultanes, ce que Talmy (2001 : 101, 135-137) a dcrit sous le nom de reprsentation fictive (la moins vridique), et de reprsentation factive (la plus vridique).Les deux reprsentations sopposent , elles sont donc dissonnantes. Llment lexical gnrantcette impression a t baptis indice de conceptualisation mtaphorique (ICM ; Vandaele etLubin, 2005).

    Ainsi, dans le titre de paragraphe prsent dans lexemple (1) ci-dessous, lICM passagevoque une reprsentation mentale de dplacement, qui peut susciter limpression que lesrcepteurs se dplacent sept fois en passant travers la membrane.

    (1) Structure des rcepteurs sept passages membranaires (tienne, 1999 : 180)Or, il ny a aucun dplacement57, ainsi quen tmoignent lexplication fournie dans le

    paragraphe qui suit58 ou une illustration59. Selon Talmy, la reprsentation de dplacement fictifcorrespond au sens de passage, tandis que la reprsentation factive correspond ce que noussavons de la situation dcrite (le rcepteur ne se dplace pas). Nous modulons cette interprtationen dcrivant deux sens pour passage, une des lexies correspondant ce que nous avons appel la lexie source (celle qui dnote un dplacement), lautre, la lexie cible (celle qui apparat

    en contexte et qui dnote non pas un dplacement, mais un positionnement spatial, enloccurrence la faon dont la chane protique linaire constituant le rcepteur est dispose ausein de la membrane). Cette modulation nous a ainsi permis de proposer ds 2003 que laconceptualisation mtaphorique procdait dune projection de la structure actantielle de la lexiesource sur celle de la lexie cible (Vandaele, 2004, 2005). Cette hypothse a t adopte pardautres en vue dune application la gntique en espagnol (Vidal et Cabr, 2006). De manireintressante, nous avons constat depuis que Eco (1988/2006 : 173) avait dj propos uneapproche semblable. Il est par ailleurs certain que pour les units terminologiques nayant pasdactant smantique (comme cellule, dnomination dont lanalyse ncessite dailleurs une analysediachronique (Dury, 1999), une analyse par traits smantiques sera plus pertinente (Perlerin etcoll., 2002). Les deux approches sont clairement complmentaires (Le Ny, 2005 : 301-346).

    Soulignons que ltude des indices de conceptualisation mtaphorique prdicatifs, par la mthodeque nous avons adopte, se fait ncessairement en synchronie.

    57Talmy (2001 : 99) illustre le dplacement fictif notamment avec : The fence goes from the plateau to the valley.58 La structure molculaire de ces rcepteurs est dduite de diffrents types de travaux (physiques, chimiques,

    pharmacologiques, etc.). Ils comprennent ():- un domaine transmembranaire, constitu de 7 segments transmembranaires hydrophobes comprenant environ 20 25 aa [acides amins], formant 7 hlices alpha. Ces segments sont relis les uns aux autres par 6 boucleshydrophiles, dont 3 sont intracellulaires et 3 extracellulaires. (tienne, 1999 : 187)59Voir, par ex., http://www.cnsforum.com/imagebank/item/D_struc_level2/default.aspx

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    Le dplacement fictif constitue lune des reprsentations fictives les plus prsentes enanatomie, o les vaisseaux (artres, veines) et les nerfs sont couramment conceptualiss commedes entits mobiles suivant un parcours :

    (3) L'artre mninge moyenne, volumineuse, monteverticalement en dedans du ptrygo dienexterne, traverseune boucle forme par le nerf auriculo-temporal et pntredans le crne par le

    trou petit rond. (Rouvire, 1991 : 208)(4) The medial supraclavicular nerves run inferomedially across the external jugular vein(). (Gray, 1989 : 1128)

    Dans ces diffrents exemples, monte, traverse, pntre en franais, et run en anglaisconstituent les ICM induisant une reprsentation mentale fictive. Ce type de conceptualisation,qui correspond une reprsentation visuelle impliquant un dplacement imaginaire, est assezfacile identifier. Certains modes de conceptualisation sont moins directs, car ils ne font pasintervenir la perception, mais plutt des connaissances extralinguistiques moins immdiates.Ainsi, dans lexemple (5), lidentification de lICM communaut impose de savoir que ce sontdes tres vivants qui forment, de faon prototypique, une communaut, plus prcisment des treshumains, et non pas des cellules.

    (5) Dans un organisme, les cellules forment une communautau sein de laquelle les changessont permanents. (Alfandari, 1999 :1148)

    Le fait que laccent soit dlibrment mis sur la question de la conceptualisation entranecertaines consquences. En premier lieu, lidentification dun ICM implique un certain degr desaillance cognitive des reprsentations prototypiques qui lui sont associes, ce qui est plusfacilement accessible non seulement aux locuteurs natifs quaux non-natifs, mais aussi ceux quiconnaissent le domaine de spcialit envisag. Il sera parfois ncessaire dassister"lintuition" par une recherche complmentaire faisant appel des sources externes au corpustudi (autres corpus de diffrents domaines, dictionnaires, etc.). La systmatisation de tellesrecherches, pour rduire le plus possible le caractre subjectif de lanalyse, est tablir. Unconsensus entre diffrentes personnes travaillant sur le mme corpus ainsi quun travail de

    rvision systmatique (Perlerin et coll., 2002) est pour le moment le meilleur moyen de garantirla reproductibilit des rsultats, la variabilit des reprsentations cognitives interindividuellesconstituant le principal obstacle ce type dapproches (Talmy, 2001). Cependant, lexistence dela conceptualisation mtaphorique ntant plus dmontrer, il nous parat essentiel davancer,bien quavec prudence, vers un dmontage de son mcanisme.

    Par ailleurs, la question de la lexicalisation nest pas envisage en tant que critredidentification. Bien entendu, lextension de sens mtaphorique est lun des mcanismes de lapolysmie, mais ce qui nous intresse ici, ce nest pas de savoir si la lexie cible est lexicalise ounon. De fait, nous avons t amenes tendre lhypothse, initialement restreinte auxcomposantes phrasologiques, aux dnominations mtaphoriques prdicatives (mais nousnavons pas trait ce problme dans le prsent article). Parfaitement lexicalises en biologie,

    comme canal, transporteur, ce sont des indices de conceptualisation dont il importera de dcrirele comportement smantique, ainsi que la cohrence avec les autres indices prsents dans lecorpus. Quoiquil en soit, si la lexie cible est frquemment utilise (et contrairement lidereue, les acceptions mtaphoriques sont souvent plus frquentes en corpus que les acceptionsdites premires (Deignan, 2005 : 94), il est probable quelle est ou quelle sera lexicalise do lintrt de travailler partir de corpus afin dapprhender le paramtre de lusage. Laquestion de la lexicalisation est dautant moins pertinente que la reprsentation phrasologiquedes langues de spcialit est encore peu dveloppe. Enfin, puisque la vectorialit de la projection

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    lexie source - lexie cible dcoule de la coexistence des deux reprsentations, fictive et factive,elle na rien voir, a priori, avec un ordre des acceptions dans une entre de dictionnaire bienquil puisse y avoir correspondance.

    1.3. Reprage des indices de conceptualisation mtaphoriques dans le corpus

    Le reprage des ICM consiste annoter les textes convertis en format lectronique laide dulangage XML. La structure informatique et les balises utilises sont dcrites ailleurs (Lubin,2006 ; Vandaele et Boudreau, 2006) et lannotation elle-mme fera ultrieurement lobjet dunguide dtaill. Brivement, pour le corpus de biologie cellulaire, trois balises (ou lments) ontt utilises : , pour annoter lindice de conceptualisation, , pour lesralisations des actants dans la phrase, , pour reprer les collocatifs des ICM et lescaractriser laide de fonctions lexicales. Chacune des balises contient des attributs : lem, pourindiquer la forme lemmatise, id, qui confre llment un numro arbitraire mais unique dansla phrase, actn, pour pointer vers les ralisations des actants de lICM dans la phrase et metn,pour caractriser la projection mtaphorique. Lorsque sapplique, flRef pointe vers lemot-cl de la fonction lexicale, fl indique le nom de la fonction, et val, sa valeur sous forme

    lemmatise.(6) Dans un organisme, les cellules forment une communaut[]. (Alfandari, 1999 : 1148)

    Les balises utilises pour le corpus danatomie sont sensiblement les mmes, hormis certainesparticularits lies au projet.

    laide dun formulaire dinterrogation, il est alors possible dextraire les donnes voulues defaon obtenir des donnes quantitatives ou qualitatives partir des corpus. Le prsent article seconcentre sur des donnes semi-quantitatives en franais, et sur lanalyse de la structuresmantique des indices de conceptualisation.

    2. Caractristiques des indices de conceptualisation mtaphorique

    2.1. Catgories lexicales concernes

    Bien que le volume de texte annot (16 683 mots en franais, 12 146 mots en anglais) soitrelativement modeste en regard de la totalit du corpus (environ 3,5 %), les donnes recueilliesnous paraissent tre reprsentatives des phnomnes observables dans les corpus complets enraison du nombre doccurrences repres, notamment pour les modes de conceptualisation lesplus saillants et la cohrence des rseaux lexicaux. Le fait que diffrents modes deconceptualisation aient t identifis permet de penser que les sujets annotateurs ntaient pas

    influencs par une conceptualisation particulire. Dans les deux langues, les indices deconceptualisation se rpartissent entre les noms, (F :rle, territoire, rgion ;A : communication, family, region), les verbes (F :coloniser, coder ; A :to act, toparticipate) et les adjectifs (F :responsable, capable ; A :responsible, active). Pour lemoment, aucun adverbe na t identifi, bien que les deux corpus en contiennent. En franais,

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    les 721 occurrences60dICM releves se rpartissent en 44 noms (~51 %), 28 verbes (~33 %) et14 adjectifs (~16 %). La rpartition est du mme ordre en anglais, bien que les ICM semblentplus nombreux, mais il est bien entendu que des donnes quantitatives fiables se prtant uneanalyse statistique ne pourront tre obtenues que lorsquune plus grande fraction des corpus seraannote et rvise. Il faut videmment sattendre ce que la liste des ICM identifis sallongedans la suite du travail.

    De par leur nature, les ICM verbaux et adjectivaux sont des units lexicales prdicatives(Tableau 1, pour le franais). Par ailleurs, nous avons relev un certain nombre dICM nominauxprdicatifs (Tableau 2). Enfin, le nombre doccurrences de chacun des ICM varie de 1 (pour 32ICM) 82 (expression). Le tableau 3 prsente les ICM les plus frquemment reprs.

    Adjectifs et adj.participiaux

    Verbes

    actif agir intervenircapable coder librercomptitif coloniser lier

    ancr cooprer migrerenchss dplacer mobiliserinactif diriger mouririncapable donner naissance reconnatreimmature lucider recruterimpliqu exprimer rencontrerjeune fixer se dposerprogramm identifier se fixerresponsable induire se liersevr interagir squestrertraduit interfrer s'exprimer

    Tableau 1 - Indices de conceptualisation adjectivaux et verbaux

    60Les chiffres prsents dans larticle sont obtenus partir de la partie annote du corpus, sauf lorsque cela estprcis.

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    Nom Structure actantielle Nom Structure actantiellearchitectonique61 ~ de X cible ~ X de Yancrage ~ de X dans Y transcription ~ par X de Ycascade ~ de X chane ~ de Xrsistance ~ de X Y expression ~ par X de Y

    candidat ~ de X pour Y identification~ par X de Ycapacit ~ de X pour Y langage ~ de Xcommunaut ~ de X leurre ~ utilis par X pour tromper Ycomptition ~ de X l'gard de Y liaison ~ de X Yexpression ~ par X de Y libration ~ par X de Y

    famille ~ de X machinerie ensemble de X fonctionnant de faoncoordonne pour un but Y

    implication ~ de X dans Y message ~ de X Y envoy par Z au moyen de Winteraction ~ de X avec Y passage ~ de X dans Y/de Y Zintervention ~ de X dans Y porteur ~ X de Ymessager ~ dun message X de Y Z recrutement ~ par X de Y

    parent relation entre les membres X dunefamille

    repos ~ de X

    partenaire ~ X de Y sevrage ~ de X par Y par rapport Zpopulation ~ de X de territoire Y signal ~ de X envoy Y par Zrelais ~ entre X et Y survie ~ de Xrponse ~ de X Y territoire partie de X occupe par Yrle ~ de X en tant que Y dans Z transmission ~ par X de Y Zmigration ~ de X de Y Z voie ~ de Xmort ~ de X voisin ~ X de Y

    Tableau 2 - Indices de conceptualisation nominaux

    ICM Nbredoccurrences

    expression

    82impliqu

    50famille 47

    rle 39interaction 31

    induire 30signal

    29responsable 26

    rponse

    25interagir 25identifier 24

    voie 20Tableau 3 Indices de conceptualisation les plus frquents

    61Dans le domaine, anglicisme ayant un sens proche de architecture ( La mise en place de l'architectonique radiairedpend de Reelin, mais galement de Dab1, VLDLR et ApoER2 qui sont exprims par les cellules de la plaquecorticale (Bar et Goffinet, 1999 : 1284). Le cas des ICM rsultant dinterfrences linguistiques possibles serait tudier de prs.

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    Le fait que les ICM nominaux soient peu prs galit avec les ICM verbaux et adjectivauxpris ensemble est compatible avec dautres travaux qui soulignent limportance des expressionsmtaphoriques autres que nominales, verbales en particulier (par ex., Duvignau 2002). Parailleurs, 12 ICM sur 86 totalisent eux seuls 428 occurrences sur 721, ce qui tmoigne du faitque ces units sont relativement frquentes.

    2.2. Actants sur lesquels opre la conceptualisation mtaphorique

    Dix-neuf ICM sont monoactantiels, soixante et un sont biactantiels, cinq sont triactantiels etun seul a quatre actants (message ; voir Vandaele, 2005 pour une analyse dtaille). Lexamendes ICM monoactantiels permet dj de dgager le mode de conceptualisation prdominant, savoir que les molcules et les cellules sont conceptualises, selon le cas, comme des personnesou des tres vivants, ce que confirme lanalyse des ICM multiactantiels (donnes non prsentes).

    ICM(lemmatis)

    Ralisations desactants de la lexiecible

    Classes desactants de lalexie cible62

    Paraphrase delICM en bio. cell.et molc.

    Classes desactants de lalexie source

    Paraphrasage dela lexie source

    actif63/

    inactifprotine, enzyme,

    kinase, facteurNF-KBrcepteur,

    prcurseur,forme (de molcule),sous-unitcomplexe

    MOLECULE

    PARTIE DE

    MOLECULE,ASSOCIATION DEMOLECULES

    qui peut avoir un

    effet /qui ne peut avoirdeffet

    PERSONNE qui fait une action

    /qui ne fait pas oune peut fairedaction

    agir facteur detranscription,mdicament,

    protine

    MOLECULESUBSTANCE

    avoir un effet PERSONNE faire une action

    chane

    a) ~ peptidique

    b) ~ mtabolique~ respiratoire

    A) MOLECULE(ACIDESAMINES)

    B) EVENEMENTPHYSIOLOGIQUE

    a) ensembledacides aminsrelis les uns auxautres linairementb) suitedvnementsphysiologiques

    ARTEFACT objet constitu demaillons

    communaut

    cellule CELLULE64 ensemble de

    cellules agissant defaon coordonne

    PERSONNE groupe socialpartageantcertainescaractristiques

    62En labsence de ressource fiable, les classes ont t dtermines de faon ad hoc, comme genre prochain pour unedfinition lintrieur du domaine considr, avec le critre supplmentaire que le nom de classe doit tre lunit laplus gnrique qui accepte lICM identifi comme actant. La problmatique des classes remonte lantiquit et laquestion des arbres de Porphyre (Eco, 1988/2006 : 63-137) et constitue toujours un problme de fond.63 On trouve dans le reste du corpus le couple transport actif/transport passif, qui correspond lide dunphnomne rclamant ou non de lnergie. La conceptualisation est alors diffrente.64CELLULEest lexception au deuxime critre explicit en note 8 : il est dj le plus gnrique.

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    ICM(lemmatis)

    Ralisations desactants de la lexiecible

    Classes desactants de lalexie cible62

    Paraphrase delICM en bio. cell.et molc.

    Classes desactants de lalexie source

    Paraphrasage dela lexie source

    comptitif inhibiteur MOLECULE pouvant prendre laplace dun autreligand sur lercepteur

    PRODUIT (?)

    PERSONNE (?)

    qui peut supporterla concurrence (?)qui aime lacomptition (?)65

    famille

    protines G,lipide-kinases,

    protine-kinases,aquaporines,

    glycoprotines, etc.

    MOLECULE ensemble demolculespossdant unestructureapparente

    PERSONNE ensemble depersonnesapparentes

    immature protineneuronecervelet*

    MOLECULECELLULEORGANE

    qui na pas atteintla maturitfonctionnelle

    ETRE VIVANT qui na pas atteintla maturitphysiologique oupsychologique

    jeune

    cellule CELLULE qui est apparue

    depuis peu detemps

    ETRE VIVANT peu g

    langage cellule CELLULE fonction decommunication aumoyen de signauxlectriques ou demolcules

    HUMAIN fonctiondexpression de lapense au moyende signes

    mort cellule66 CELLULE arrt dufonctionnement

    ETRE VIVANT arrt des fonctionsvitales

    repos(au repos)

    cellulemembrane cellulaire

    CELLULEPARTIE DECELLULE

    sans activit HUMAIN/ANIMAL qui se repose

    survie celluleembryon*organisme*

    CELLULE fait dchapper larrt dufonctionnement

    ETRE VIVANT fait dchapper lamort

    * autres occurrences releves dans lensemble du corpus Tableau 4 Indices de conceptualisation monoactantiels

    En ce qui concerne les ICM biactantiels, cest, selon le cas, le premier actant (7, 8) ou ledeuxime (9) qui subit la conceptualisation, ou les deux (10, 11). Toutefois, le schma le pluscourant est celui dans lequel le premier actant est conceptualis.

    - capable (12 occurrences) : Xest ~ de faire Y

    (7) En se fixant sur leurs rcepteurs, certains types de ligandssont capablesde dclencher uneaction dans la cellule. (tienne, 1999 : 180)

    - rle (39 occurrences) : ~ de Xdans Y

    (8) La protine ADAM1O, initialement purifie chez le boeuf pour sa capacit de dgrader la

    protine basique de la myline, joue aussi un rledans la dtermination des cellules neurales. (Alfandari, 1999 : 1149)

    65Cette acception, occasionnelle en franais, est emprunte langlais competitive . Il est probable que comptitif,dans ce domaine de spcialit, rsulte lui aussi dun emprunt langlais. Il se pourrait que la CM soit transfre delanglais au franais, avec plus ou moins de saillance selon lusage des lexies empruntes.66Exprim par un adjectif relationnel : cellulaire.

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    - lucider (3 occurrences) : Yest ~ (par X)67

    (9) Rcemment, le mcan isme de cl ivage du TNF- a t lucid: il implique l'activitprotolytique de la protine ADAM17 (TACE) [3]. (Alfandari, 1999 : 1149)

    - interaction (31 occurrences) : X~ avec Y(10) ADAM2 intervient dans l'interaction spermatozode-ovule, le rle d'ADAM1 n'est pas

    encore clairement dfini. (Alfandari, 1999 : 1149)- cooprer (3 occurrences) : X~ avec Y

    (11) Le complexe, suivant la reconnaissance spcifique d'un motif XRE, exerce unetransactivation gnique durant laquelle AHRcoopreavec Sp1et Arntavec CBP/p300 et/ouSp1. (Lesca, 1999 : 1383)

    2.3. Modes de conceptualisation

    2.3.1. Conceptualisation des entits biologiques comme des personnes

    Le mode de conceptualisation mtaphorique le plus gnral est celui qui attribue aux molcules biologiques et aux lments cellulaires une volont, comme des personnes. Lemploi

    de verbes daction et de la voix active y contribue, de mme quun grand nombre doccurrencesdICM tels que rleen franais et roleen anglais68ou responsable69.

    Le cas de responsable est particulirement intressant, car il transgresse la norme gnrale dufranais, et ce probablement sous linfluence de langlais. La plupart du temps, le premier actantde responsable est exprim par un terme dnotant une partie de molcule, une molcule, unecellule ou un organisme, cest--dire une entit. Dans ce cas, il permet dexprimer une fonction :(12) Ces canaux sont tous constitus d'une sous-unit principale responsabledes transfertsioniques spcifiques. (Alliet 1997 : 479)(13) La rhodopsine est la molcule responsablede la capture des photons incidents. (Alliet1997 : 490)

    Cet usage est habituel en biologie, bien que selon les normes gnrales de la langue franaise,il soit peru comme erron, responsable nest pas cens semployer pour les choses , maisuniquement pour les personnes70. Responsable provoque ainsi la dissonance cognitive qui faitde lui un ICM dans le domaine de la biologie cellulaire et molculaire, et ce de faon cohrenteavec les autres ICM tmoignant de la conceptualisation des molcules et des cellules en tant quepersonnes ou tres vivants. (Nous discuterons plus loin dun facteur videmment crucial, qui estla frquence avec laquelle un phnomne se produit, ce qui signifie quun mode deconceptualisation donn, pour tre gnralis dans un domaine, doit tre corrl un rseaulexical la fois diversifi et se manifestant frquemment.)

    67X (le chercheur) est rarement exprim, en raison de lemploi de la voix passive dans les textes scientifiques li leffacement du sujet. Cest pourquoi nous exprimons la structure actancielle de cette faon, ce qui nest pascanonique.68Environ 850 occurrences de rledans tout le corpus franais; environ 260 occurrences de roledans tout le corpusanglais.69Environ 320 occurrences de responsable dans lensemble du corpus franais; une centaine doccurrences deresponsibledans lensemble du corpus anglais.70 Ce mot ne se dit que dune personne; une chose ne peut tre la cause dun fait fcheux (elle ne peut treresponsable).La chausse glissante a caus (et non *est responsable) de nombreux accidents. (De Villers, 1997 :1267).

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    Par ailleurs, dans un certain nombre de cas, le premier actant dnote un fait, et responsableexprime plutt un rapport de causalit :(14) L'entre du calcium serait responsable d'une potentialisation synaptique pendant unelongue priode.(Alliet 1997 : 476)

    Ici aussi, pour certains14, cet usage sloigne de la norme de la langue franaise. Il est fort

    possible que lextension de lusage de responsable se soit opre sous linfluence de langlais, carresponsible ne subit pas la mme restriction71. De fait, ce type dusage semble tre de plus enplus frquent et pourrait mme sinstaller pour longtemps, peut-tre grce la conceptualisationmtaphorique. Un type dextension de sens, la fois sous linfluence dun mode deconceptualisation particulier et dune autre langue, avait dj t dcrit pour tre impliqu dans,qui voquait la mtaphore de lenqute dans le domaine mdical (Vandaele, 2003).

    Dans le cas de rle et de responsable, la CM opre relativement simplement, par la projectionde la classe dactants de la lexie source sur la classe dactants de la lexie cible.

    2.3.1. Autres modes de conceptualisationLa mtaphore du langage et du texte applique au fonctionnement des gnes (transcription,

    traduction, code, expression) a dj t abondamment souligne (par ex. Temmerman, 2000) etnous avons dj voqu celle de la transmission des signaux et des messages (Vandaele 2004,2005). Certains ICM tmoignent de modes de conceptualisation particuliers, mais de faonbeaucoup plus disperse (la liste nest videmment pas exhaustive) :

    - machinerie (cellulaire) : ensemble de X fonctionnant de faon coordonne pour un but Y.Ici, ce sont les composants de la cellule qui sont conceptualiss comme les lments constituantune machinerie (X) et qui cooprent pour faire fonctionner le tout et assurer la fonction de lacellule (Y). Cellulaire est un adjectif relationnel mis pour un circonstant (et non un actant) demachinerie.

    - ancrage de X dans Y (ancrage des protines dans la membrane) : la conceptualisationvoque ici est celle du bateau (X) ancr dans le fond de la mer (Y).

    - chanedacides amins: les protines sont conceptualises comme des chanes dont lesmaillons sont constitus par des acides amins.Certaines formulations mettent en vidence un dplacement fictif. Nous avons vu, avec

    lexemple 1 :(15) Structure des rcepteurs sept passagesmembranaires (tienne, 1999 : 180)

    La structure actantielle de la lexie cible passage est la suivante, X tant exprim par rcepteur,et Y par membranaire (dans la membrane) : ~ de X dans Y. Dans le cas de la lexie source, Xest une entit capable de dplacement (le passage des voitures sur le pont est toujours difficile).Par consquent, la coexistence des reprsentations fictive et factive mobilise les deux structuresactantielles, la classe des actants X de la lexie source se projetant sur la classe des actants de lalexie cible. Il nest cependant pas ncessaire que les structures actantielles des lexies source et

    cible soient identiques : en fait, linverse semble frquent.On remarquera que, dans ces diffrents exemples, les classes dactants se projetant les unes surles autres restent dans la catgorie des entits, mais ce nest pas toujours le cas (voir plus loin).Mais il est intressant de remarquer que pour les ICM eux-mmes, le rapport entre la lexie source

    71 If someone or something is responsiblefor a particular event or situation, they are the cause or they can beblamed for it. (Collins Cobuild English Dictionary, 1999 : 1416) (soulign par nous)

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    et la lexie cible peut se traduire par un changement de classe : ainsi, pour passage, la classe de lalexie source est DEPLACEMENT, tandis que pour la lexie cible, elle est plutt FORME.

    Enfin, il est clair que les projections oprent par lintermdiaire des classes dactant, plutt quepar lintermdiaire des instances actantielles elles-mmes. Cest ce qui permet, pour un locuteur,de prvoir lusage dun ICM avec diffrentes instances. Nos classes dactants correspondent ainsiaux cadres conceptuels source et cible (source domain, target domain) de Lakoff (1993). Le plusintressant de cette stratgie danalyse, aussi imparfaite quelle puisse tre encore, est quelleconstitue un pas vers la systmatisation de la formation des noms de mtaphore conceptuelleque Lakoff (1987/2003 ; 1993) nonce sous une forme propositionnelle, du type LES MOLECULESSONT DES PERSONNES.

    2.3.2. Conceptualisation des processus biologiques

    Deux cas assez complexes sont reprsents par les ICM voie et cascade, qui sont assezfrquents tous les deux (plus de 100 occurrences de cascadeet plus de 300 occurrences de voiedans la totalit du corpus franais).

    Ces ICM dnotent tous deux une suite dvnements biologiques, mais sous des modes deconceptualisation lgrement diffrents :

    (16) Les signaux induits par les facteurs de croissance et les molcules d'adhrence sonttransmis au noyau par des relais intracellulaires dont le principal est constitu d'une cascade depr otine-kinasesnomme voie de signali sation des MAP-ki nases (). (Charron, 1999 :1155)

    Cascade se retrouve dans des expressions du type :~ de phosphorylations, ~ dactivations (vnements X)

    ~ denzymes (enzymatique), ~ de protases, ~ de caspases, ~ de kinases (molcules Y)

    ~ de signalisation, apoptotique (processus)

    La lexie cible cascadepeut tre ainsi dfinie :

    succession : dvnements X de mme type ou faisant intervenir des molcules X demme type

    Le processus ralis (signalisation, apoptose [apoptotique]) ne fait pas partie de la dfinition.La lexie-source la plus proche a pour sens succession : ~ dvnements X. La plus loigne

    est celle dont le sens est succession de chutes deau. Par consquent, les vnements, ici lesvnements biologiques, qui se suivent dans le temps sont conceptualiss comme des entits quise suivent dans lespace.

    Voieapparat dans des expressions du type :~ de transmission, ~ de diffrenciation, ~ de signalisation, ~ de transduction,

    ~ dactivation, ~ de transformation (but Y)

    ~ des MAP-kinases, ~ de lIP3, ~ des seconds messagers, ~ de ladnyl cyclase

    La lexie cible voiepeut tre ainsi dfinie :succession : dvnements X ayant un but Y

    La lexie source voie la plus proche a pour sens suite dactes X ayant un but Y (par exemple,~ du salut, ~ de perdition, ~ de la connaissance), et la plus loigne a pour sens espace allantde X Y servant Z(~ de circulation, ~ de service, ~ de communication).

    Dans ce cas, MAP-kinases, IP3, seconds messagers, adnyl cyclaseservent plutt de nom lavoie. Ce qui est conceptualis ici, cest surtout lensemble des vnements biologiques qui se

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    succdent. La projection entre actants est plus complexe tablir. Ce qui est le plus saillant, cestune projection qui opre entre espace et succession dvnements, et qui revient, comme pourcascade, conceptualiser une suite dvnements comme un chemin, le temps tantconceptualis comme un espace. En ce qui concerne le modle qui peut rendre compte de la CM,cest la mise en rapport des classes de la lexie source et de la lexie cible qui est la plus vidente,les structures actantielles se prtant plus ou moins bien lexercice.

    Ainsi quen tmoignent les exemples (17) (19), le rseau lexical est compatible avec laconceptualisation des processus comme des chemins : on relve aboutir (qui peut tre employaussi bien dans le cas dun espace qui se termine [la route aboutit la mer] que pour un fait [leraisonnement aboutit la solution]), emprunter (les voies)(emprunter un chemin, une route), eten aval, qui serait, lui, plus compatible avec lide de cours deau (ou de cascade), ce qui orientela conceptualisation, localement, vers les voies fluviales plutt que les voies terrestres.(17) On distingue trois voies de signalisation faisant intervenir les MAP-kinases: la voieimpliquant les Jun kinases, celle de la p38 kinase, et celle qui aboutit la phosphorylation deskinases ERK (extracellular regulated kinase) par une MAP kinase kinase, nomme MEK (mitogenextracellular signal kinase), situe en aval de Raf et de Ras. (Charron, 1999 : 1155)

    (18) La transmission du signal engendr par diverses cytokines, lorsqu'elles se fixent sur leurrcepteur, empruntegalement ce type de voiedirecte. (tienne, 1999 : 187)

    (19) Dans ce cas le mdicament emprunte les voies de transformation chimique. (Bourin,1994 : 56)

    Du point de vue de lanalyse des ICM, on remarquera quil est plus facile de percevoir lemode de conceptualisation partir de aboutir, emprunter et en aval, car on retombe dans unesituation o il est plus ais de mettre en correspondance des classes dactants prototypiques (lesactants prototypiques de en aval dnotent des cours deau, ceux de aboutir des chemins ou desactions). On peut aussi, partir de ces exemples, apprhender la complexit des interrelationssmantiques qui finissent par mener une sorte de jeu de miroirs linfini.

    2.3.3. Reprsentations fictives semblables et conceptualisation rciproqueConsidrons les exemples suivants :

    (21) L'artre circonflexe humrale postrieure () irr iguele delto de, le chef long du triceps etle chef latral. (Chevallier 1998 : phr 38)

    (22) [la veine basilique] () se jette soit dans les veines brachiales, soit dans la veineaxillaire. (Chevallier, 1998 : phr 80)(23) Le confluent veineux suboccipital donne naissance la veine vertbrale et la veinejugulaire postrieure. (Chevallier 11998 : phr 103)

    (24) Ce confluent est drainpar trois voies : la veine jugulaire externe; la communicanteintraparotidienne, qui, aprs un trajetintraglandulaire, sort de la parotide prs du digastrique,

    traversela cloison interparotidomaxillaire, longele ple postrieur de la sous-maxillaire et vasejeterdans la veine faciale; la veine carotide externe, toujours irrgulire et peu nette, qui suitexactement le trajetde l'artre carotide externe et se jettedans la jugulaire interne au voisinagedu tronc thyro-linguo-facial. (Grgoire 1991 : phr 718)

    Le rseau lexical mis en vidence dans les exemples (21) (24) sapplique la fois auxvaisseaux sanguins et aux cours deau, ce qui induit, dans les deux cas, une reprsentationmentale de dplacement fictif. Ce type de conceptualisation sapplique de faon gnrale aux

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    chemins, terrestres ou fluviaux. Inversement, les grandes rues des villes sont appeles artres ,auxquelles sapplique galement le dplacement fictif :(25) Principale ar tre du Plateau Mont-Royal, lavenue du Mont-Royal traverse, de louestvers lest, ce clbre quartier appel simplement le Plateau. (Sguin 2001, sp)

    Ce qui permet de proposer le modle suivant (Figure 1) :

    ENTITE MOBILEdplacement fictif

    ENTITE IMMOBILEVAISSEAUX

    SANGUINSCHEMINS

    TERRESTRESCOURS DEAU

    Figure 1 Projections rciproques entre classes dentits reprsentes de faon analogue

    Les conceptualisations ne sont cependant pas parfaitement bijectives, car elles sont contraintespar la cible ( Target domain overrides (Lakoff, 1993 : 216)) : par exemple,*la rue irrigue laville est invalide, tandis que lartre irrigue le muscle et le fleuve irrigue la plaine sontparfaitement admissibles. La restriction provient de la fonction de lartre et du fleuve, qui estdamener le sang ou leau dans des territoires anatomiques ou gographiques, rciproquement.Un autre de type de restriction peut venir du deuxime actant, comme dans le cas de se jeter:ainsi *le fleuve se jette sur la place, *la veine se jette dans le muscle sont invalides72, maislefleuve se jette dans le lac, la veine X se jette dans la veine Y, sont admissibles : la conditionimpose par la structure actantielle de se jeter est que le deuxime actant dnote un espacecontenant un liquide, de leau (mer, fleuve) ou du sang (veine). Cette condition est sans doute

    hrite de la lexie source de se jeter exprimant le saut dune personne X dans quelque chose Ycontenant un liquide (piscine, cours deau, lac, mer). Cest cette restriction qui validelinterfrence cognitive entre les vaisseaux sanguins et les cours deau. Par contre, lorsquun ICMsapplique aussi bien aux vaisseaux, aux chemins quaux cours deau sans restriction, aucuneinterfrence particulire nest saillante, hormis le dplacement fictif qui sapplique aux troissituations : la rue traverse la ville, lartre traverse le muscle, la rivire traverse la plaine.

    3. Saillance des conceptualisations mtaphoriques et rseaux lexicaux

    Un mode de conceptualisation ne devient conventionnel que sil est appuy par un rseaulexical suffisamment riche partag par les locuteurs. Identifier le moment partir duquel ceci se

    produit relve de la psychologie cognitive, mais le nombre des ICM, ainsi que leur frquence etleur rpartition dans diffrents textes sont autant de paramtres permettant dvaluer loriginalitou la banalit dun mode de conceptualisation particulier. Le renforcement mutuel des ICM dansun texte ou un domaine fait merger, au plan cognitif, le mode de conceptualisation. On constateainsi dans le tableau 4 que les actants typiques des lexies sources relvent le plus souvent de laclasse des tres vivants et dans certains cas, de celle des tres humains, et que les lexies cibles,

    72La formulation correcte est la veine draine le muscle.

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    elles, relvent essentiellement de la classe des molcules ou des cellules. Le mme phnomneest observ dans le cas des ICM multiactantiels. Si un ICM est isol, il sera peru comme unhapax, une expression mtaphorique dviante , au mieux une figure style, au pire uneincongruit. Deux paramtres sont envisags : la diversit et la cohrence lexicales.

    3.1. Diversit des ICM et organisation hirarchique des classes dactants des lexies sources

    Un des paramtres du renforcement dune CM rsulte, au plan cognitif, de la diversit dICMcohrents. Le degr de saillance dun mode de conceptualisation donn est en rapport avec lerseau lexical exprim. Ainsi, un certain nombre dICM voquent une conceptualisation desmolcules comme des tres humains :

    communaut, coloniser, mort, suicide, parent, partenaire, famille, populationmigrer, cooprer, agir, intervenir

    Toutefois, certains ICM peuvent aussi sappliquer la classe des ANIMAUX(2)73: cooprer,

    migrer, population Par consquent, la projection mtaphorique opre aussi depuis le niveauANIMAL(1) . Enfin, la conceptualisation peut procder dun niveau plus lev, celui des tresvivants : mort, coloniser, jeune, immature

    La conceptualisation peut ainsi devenir relativement floue, lorsque les classes dactantsprototypiques des lexies sources relvent de catgories organises hirarchiquement (Figure 2).Selon Lakoff (1993 : 211), les projections mtaphoriques oprent partir des catgories

    superordonnes : il se pourrait que les projections se produisent plutt partir de diffrentsniveaux pour aboutir une intgration conceptuelle, laquelle devient plus saillante un niveaudonn. La faon dont le niveau le plus saillant se dtermine reste dterminer : ce pourrait tresoit le plus bas, soit celui auquel sappliquent le plus dICM.

    Les projections mtaphoriques sont partielles : on peut dire jeune cellule, cellule immature,molcule immature, mais pas jeune molcule. Les notions auxquelles renvoient jeune celluleetcellule immature sont dailleurs diffrentes, la premire concernant lge de la cellule, ledeuxime, son tat fonctionnel. Comme les deux notions sont corrles (les cellules immatures

    sont gnralement jeunes), elles pourraient tre confondues tort. Par ailleurs, le fait que jeunemolcule ne se dise pas nimplique pas ncessairement une diffrence de conceptualisation : peut-tre que la question de lge dune molcule nest tout simplement pas pertinente. La rponse cette question nest plus dordre linguistique ou cognitif, mais de nature scientifique.

    Enfin, la projection nopre pas ncessairement des classes les plus leves dans la hirarchievers les plus basses. Une famille est ensemble de personnes apparentes biologiquement, tandisquune famille de molcules est un ensemble de molcules apparentes par leur structurechimique, et une famille dtres vivants (dans les taxonomies) est un ensemble dtres vivants apparents en raison de certaines caractristiques biologiques partages (morphologiques ou,dans les nouvelles nomenclatures, gntiques). Par consquent, il est probable que la projectionopre depuis la classe HUMAINsur la classe ETRE VIVANT, et non linverse.

    73ANIMAL (1) soppose VEGETAL, tandis que ANIMAL(2) soppose ETRE HUMAIN.

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    ETRE VIVANTjeune

    immaturemort

    coloniser74famille

    ANIMAL(1) VEGETALpopulationcooprermigrer11

    ANIMAL(2) HUMAIN(PERSONNE)actif/inactif

    agircomptitiffamille

    intervenirparentcommunaut

    suicideCELLULE MOLECULE

    Figure 2 Conceptualisation mtaphorique des cellules et des molcules

    3.2. Cohrence lexicale

    La cohrence lexicale peut tre dcrite sur deux axes : paradigmatique et syntagmatique.

    3.2.1. Cohrence lexicale paradigmatique

    Dans lexemple (26), les ICM sont cohrents avec la conceptualisation des cellules comme despersonnes ou des animaux(2) se dplaant dans une rgion gographique : rgion, territoire,migrer, coloniser.

    (26) Les cellules des crtes neurales cphaliques sont issues de l'pithlium neural, et migrentvers la rgionventrale de l'embryon o elles colonisentdiffrents territoirespour former, entreautres, les structures de la face (muscles et cartilages). (Alfandari 1999, 1151)

    Or, rgionet territoire reprsentent des noms dactants typiques des lexies sources migreretcoloniser. Par consquent, le lien smantique existant entre ces ICM renforce deux modes deconceptualisation complmentaires et cohrents, lun, des cellules conceptualises comme despersonnes ou des animaux, lautre, lorganisme comme un espace gographique.

    3.2.2. Cohrence lexicale syntagmatique : collocationsUn phnomne particulirement intressant, notamment au plan de lidiomaticit, concerne le

    transfert de collocatifs. Ainsi, les collocations emprunter un chemin, une route, une voie decirculationse trouvent transposes pour lICM voieen biologie cellulaire :

    74Voir plus bas exemple (26).

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    (27) Les squences de tri, d'adressage et de rtention des protines empruntant la voie debiosynthse/scrtion et d' endocytoseinteragissent avec les protines de manteau des vsiculesde transport (vsicules recouvertes de clathrine, vsicules COP... ) (Goud, 14, 1338)

    (28) Une ide trs sduisante pour amliorer cette tape consiste utiliser les proprits despeptides NLS afin d'emprunter les voies cell ul air es physiologiquesdu transport nuclaire.

    (Behr et Belguise-Valladier, 1999 : 757)Le mme phnomne est observ avec le collocatif membre, qui est accompagn par la basefamille dans quasiment tous les cas sur une centaine de collocations releves :

    (29) La -arrestine-1 est un des membres de la famille des arrestines, dcouvertes pour leurcapacit d'interagir avec les RCPG sous leur forme phosphoryle par des protine-kinasesspcifiques, les kinases des RCPG ou GRK. (Bouvier et Angers, 1999 : 741).

    3.3. Intgration conceptuelle

    Lorsquun ICM est exprim en contexte, la simultanit des reprsentations fictives et factivesinduites amne la perception de dissonance cognitive , qui se rsoud cependant en uneintgration conceptuelle (Fauconnier et Turner, 1998) menant la comprhension de lnonc.

    Lorsque lintgration conceptuelle ne se fait pas, ou se fait mal, le rsultat peut tre, selon le cas,un nonc trange, absurde (pouvant tre la source deffets humoristiques) ou incomprhensible(pouvant tre lorigine derreurs de sens en traduction).

    Dans quelques cas, assez rares, la cohrence syntagmatique nest pas respecte :(30) Les colonocytes expriment des rcepteurs apicaux et basolatraux pour le transport desacides amins, mais les mcanismes de la signalisation intracellulaire emprunts par laglutamine n'ont pas encore t dfinis. (Ruemmele, 1999 : 52)(31) Les membres de la f amil le de Bcl-2 et une cascade de protases activit cystinenommes caspases sont des effecteur s pri ncipaux de la machinerie apoptotique, prsente danstoutes les cellules. () Akt phosphoryle de faon directe deux membres de la machinerie

    apoptotique : la caspase 9 et BAD, une protine de la famille de Bcl-2. (Brunet 1999 : 897)Un cas intressant dincohrence paradigmatique a t relev, dans lequel la structureactantielle de empruntera t inverse :

    (32) La deuxime voie de transmission du signal n'empruntepasdemolcules messagers mais implique des cascades de phosphorylation mises en route par l'activation de rcepteurs quine traversent qu'une fois la membrane. (Pecker, 1998 : 1010)

    Toutefois, la rgle gnrale est que plusieurs modes de coexistent harmonieusement (au pointo lon ne sen rend plus ncessairement compte, si le domaine est familier !) :

    (33) Les membres de la f amil le de Bcl-2 et une cascade de protases activitcystinenommes caspases sont des effecteurs principaux de la machinerieapoptotique, prsente danstoutes les cellules. (Brunet 1999 : 897)

    Nous faisons lhypothse que cette intgration conceptuelle se construit et se remodle au furet mesure de lacquisition des connaissances, que ce soit au cours de lapprentissage ou de lasurvenue des dcouvertes, et que cela a des consquences non seulement sur des apprentissagescomplexes tels que celui des langues et de la traduction, mais aussi sur lactivit scientifique elle-mme (nous pensons notamment la difficult avec laquelle les chercheurs eux-mmes ont admisle concept de suicide cellulaire , tant lide de vie est lie au dveloppement et lamultiplication des cellules (Almeisein, 2003)).

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    Conclusion

    Le prsent travail fait tat dune mthode danalyse et dun ensemble de rsultats quipermettent de cerner certains lments cls de la conceptualisation mtaphorique en sciences.Outre la coexistence de plusieurs modes de conceptualisation, diffrents lments ont t

    identifis : le rle des actants et des classes dactants, linteraction rciproque entre diffrentscadres conceptuels, limportance des rseaux lexicaux et de la cohrence lexicale paradigmatiqueet syntagmatique, lorganisation hirarchique des classes dactants des lexies sources et cible,lintgration conceptuelle. Le caractre indispensable de la conceptualisation mtaphorique(mme si on peut le regretter (Gaudin, 1998)) se traduit par le fait que dans nombre de cas, avoirrecours une expression induisant demble une reprsentation factive est pratiquementimpossible. La conceptualisation mtaphorique est en fait un procd conomique dontlintelligence saccommode parfaitement. Par ailleurs, les donnes recueillies plaident contre undcoupage strict entre une langue de spcialit et la langue commune et/ou dautres langues despcialit. En effet, dans nombre de cas, les ICM sont indispensables pour lidiomaticit en raisonde leur implication conceptuelle, mais ils nont pas de sens spcialis exclusif (par exemple lesverbes induisant une reprsentation de dplacement fictif).

    Il faut maintenant approfondir ltude des diffrences entre langlais et le franais, ce qui servlera crucial pour les applications en traduction. Dans cette perspective, il sera intressant derevisiter la question des interfrences linguistiques et de lquivalence, laquelle devrait prendreen compte les reprsentations conceptuelles dans les langues en prsence, avec les rseauxlexicaux correspondants. Il se pourrait quune des diffrences majeures entre traducteursdbutants et expriments soit lacquisition (plus ou moins conscientise) des modes deconceptualisation, se traduisant par une idiomaticit accrue. Nous pensons de plus que ce typedapproche a de nombreuses applications : reprsentation des connaissances, dictionnairique,rdaction, apprentissage des langues et acquisition des connaissances spcialises.

    Dans les recherches futures, il sera galement important daborder la conceptualisationmtonymique. On peut de plus se poser la question de savoir comment concilier lesreprsentations terminologiques, lexicales et cognitives dans des ouvrages ad hoc, et dailleursles mthodes dannotation permettraient de gnrer des dictionnaires dynamiques facilitant lereprage de solutions de traduction. Enfin, la mthode dannotation applique en diachroniepourrait permettre dtudier lvolution des reprsentations cognitives dans un domaineparticulier.

    Remerciements

    Nous remercions le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et le Fondsqubcois de la recherche sur la socit et la culture pour leur soutien financier.

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