Valorisation Des Roles Sociaux

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Valorisation des Rôles Sociaux octobre 2007 La Valor isa tion des Rôles Sociaux, Comité Européen pour le Développement de l'Intégration Sociale ( CEDIS) « Attribuer un rôle reconnu pour sa va leur sociale, c'est placer la personne dans les meilleures conditions de développement de ses potentialités» J. Feragus L'intervention en Valorisation des Rôles Sociaux vise à amener les structures à mettre en place un projet centre sur fa personne à partir de valeurs claires, affirmées, porteuses de sens dans le secteur social et médica-social, et de l'évaluer. EUe prend racine sur un questionnement simple: Que faisons-nous en réalité pour les personnes? Elle s'acte sur un principe fort: « Dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit» La valorisation du rôle social ne se décrète pas, elle se construit et peut se décomposer en 3 niveaux: « La valorisation de la personne elle-même: • Considérer la personne avant sa déficience ou ses difficultés " Considérer la personne comme ayant des capacités â capacité à évoluer, quel que soit l'âge, la gravité des développer: Capacité à remplir les taches de vie quotidienne deficiences ou difficultés pourvu que l'on veuille l'aider en développant des adaptations pour elle. Pour qu'elle puisse en faire usage par elle-même et gagner ainsi son autonomie. Capacité à faire des choix pourvu qu'on lui propose un éventail de possibilités de vie promotionnelles, exercer sa responsabilité pourvu qu'on la considère comme citoyenne à part entière. La valorisation de ses conditions de vie. Lui assurer de vivre dans un monde S<lns ségrégation liée au sexe, à l'âge ou aux origines de naissance " Respecter so n intimité et son droit à une vie affective et sexuelle Valoriser son environnement, son habitat Valoriser son emploi du temps, c'est-a-dire ses activités, qu'elles appartiennent eu temps contraint (scolaire ou professi onnel) ou au temps libre (activités rési dentielles, sport, loisirs). Les droits et les devoirs garantis par le législateur ( so i ns, éducation, formation professionnelle, empl oi, gJrantie de ressources, Jccès au logement, aux lieux publics, transports) doivent s'enraciner dans le quotidien et avoir un impact réel sur la qUillité de la vie. Cette amélioration des conditions de vie ne peut se faire sans l'appui et l'implication morale et fillancière de l'Etat et de la communauté. La valorisation de son rôle socia l:

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Valorisation des Rôles Sociaux

octobre 2007

La Valorisat ion des Rôles Sociaux, Comité Européen pour le Développement de l'Intégration Sociale (CEDIS)

« Attribuer un rôle reconnu pour sa valeur sociale, c'est placer la personne dans les meilleures conditions de développement de ses potentialités» J. Feragus

L'intervention en Valorisation des Rôles Sociaux vise à amener les structures à mettre en place un projet centre sur fa personne à partir de valeurs claires, affirmées, porteuses de sens dans le secteur social et médica-social, et de l'évaluer.

EUe prend racine sur un questionnement simple: Que faisons-nous en réalité pour les personnes?

Elle s'acte sur un principe fort: « Dire ce qu'on fait et faire ce qu'on dit»

La valorisation du rôle social ne se décrète pas, elle se construit et peut se décomposer en 3 niveaux:

« La valorisation de la personne elle-même:

• Considérer la personne avant sa déficience ou ses difficultés " Considérer la personne comme ayant des capacités â capacité à évoluer, quel que soit l'âge, la gravité des développer: Capacité à remplir les taches de vie quotidienne deficiences ou difficultés pourvu que l'on veuille l'aider en développant des adaptations pour elle. Pour qu'elle puisse en faire usage par elle-même et gagner ainsi son autonomie. Capacité à faire des choix pourvu qu'on lui propose un éventail de possibilités de vie promotionnelles, exercer sa responsabilité pourvu qu'on la considère comme citoyenne à part entière.

La valorisation de ses conditions de vie.

• Lui assurer de vivre dans un monde S<lns ségrégat ion liée au sexe, à l'âge ou aux origines de naissance " Respecter son intimité et son droit à une vie affective et sexuelle ~ Valoriser son environnement, son habitat • Valoriser son emploi du temps, c'est-a-dire ses activités, qu'elles appartiennent eu temps contraint (scolaire ou professionnel) ou au temps libre (activités résidentielles, sport, loisirs). Les droits et les devoirs garantis par le législateur (soins, éducation, formation professionnelle, emploi, gJrantie de ressources, Jccès au logement, aux lieux publics, transports) doivent s'enraciner dans le quotidien et avoir un impact réel sur la qUillité de la vie. • Cette amélioration des conditions de vie ne peut se faire sans l'appui et l'implication morale et fillancière de l'Etat et de la communauté.

La valorisation de son rôle social:

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Développer ses capacités à apporter sa collaboration au sein d'un groupe social, qu'il soit scolaire, professionnel, associatif, sportif, culturel, syndical, politique ...

Cette collaboration ne peut se faire que si la personne est intégrée physiquement, fonctionnellement et socialement. Sa présence doit servir à l'évolution et au projet du groupe qui l'accueille. En d'autres termes, elle doit être un partenaire de qualité. La Valorisation du Rôle Social implique également qu'elle participe à l'élaboration de son projet individuel, qu'elle, ou ses représentants puissent donner leur avis sur les décisions qui la concernent, voire qu'elle les conteste, pour que ce projet, souvent construit et mis en œuvre par d'autres, devienne son projet personnel de vie.

Les personnes qui vivent avec des déficiences ou qui sont en difficultés d'adaptation sociale ne veulent pas être seulement des objets de mesures d'assistance ou de compensation. Elles veulent et doivent être des sujets et des partenaires de l'action sociale. Leur demande rejoint sur ce point les déclarations du Président du Conseil de l'Europe: « l'objectif de l'action sociale est de rechercher à provoquer un progrès de la société grâce au concours actif des intéressés eux· mêmes » . »

« H ' » louis Vanet, CEOlS.

La VRS intervient sur deux fronts :

" La société

• l'individu

la VRS a deux buts :

~ l'amélioration de l'image sociale

~ l'amélioration des compétences personnelles

En utilisant des moyens culturellement valorisés

La Valorisation des Rôles Sociaux c'est J'ensemble des éléments qui nous conduisent à la conclusion suivante:

Il est nécessaire d'atteindre et de présenter des rôles sociaux valorisés afin d'être et de devenir valorisé sur le plan social.

l a VRS c'est: le développement, la mise en valeur, le maintien et/ pour la défense de rôles sociaux valorisés pour les personnes. Plus particulièrement pour celles présentant un risque de dévalorisation sociale en utilisant le plus pOSSible des moyens « culturellement valorisés ».

Elle s'effectue essentie!lement selon deux grands axes en interaction: L'amélioration des imilges et le développemen t des capacités des personnes.

Sept grands principes de la VRS :

1/ le rôle du conscient et du non conscient

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2/ la pertinence des attentes et la circularité des rôles

3/ la compensation positive

4/ le modèle développemental et l'amélioration des compétences personnelles

S/ l a force de l'imitation

61 la dynamique et la pertinence des images sociales

II l 'importance de l'intégration

Le principe de la valorisation des rôles sociaux (article)

E':" JT ~A~ .'\:./\JN C,jPCj\IT LI:: ~9 '-'1-200 5 (LU VS\) FOrS)

LE PRINCIP E DE LA VALOR ISATION DES ROLES SOCIAUX

Introduction

Malgré les dispositions législatives , le hand icap reste une cause

d'exclusion, en termes d'éducation, d'accès au patrimoine commun,

d'intég ration professionnelle, mais aussi d'acceptation sociale.

L'objectif, pour les personnes handicapées et leurs proches, demeure

le même: participer pleinement à la vie de la cité.

Les interactions humaines sont des phénomènes complexes qui son t

régis entre autres pa r les perceptions d'autrui. Ces perceptions

peu vent faire en sorte que des personnes soient valorisées

socialement et que d'autres soient dévalorisées, avec comme

conséquences, que certaines personnes pourront jouir plus faci lement

de la vie et d'autres moins, ou pas du tout.

La Valorisation des Rôles Sociaux (VRS) est un principe d 'o rgan isation

de services soci au x et médica-sociaux qui prend en com pte cette

réali té.

Il permet aux personnes en risque de déva lorisation sociale, par

exemple les personnes qui présentent des déficiences sévères, de

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vivre des conditions et des rythmes de vie, semblables à ceux de la

moyenne des personnes de leur âge.

C'est la volonté aussi de changer le regard des autres sur le handicap

et c'est, comme le dit Pasca l Bruckner, donner aux personnes

handica pées accès pleinement au droit : c'est-à -dire la possibilité pour

toutes les catégories de personnes d'accéder un jour au privilège de la

ci toyenneté ordina ire, en retrouvant à la fo is la parole et la visibili té .

Origines

La VRS est apparue dans le domaine des services aux personnes handicapées en Amérique du Nord et en Europe dans les années 1980.

Elle fut précédée par un autre principe, celui de la normalisation, qui

apparut comme un des concepts des services humains vers la fi n des

années 1960 en Scand inavie et en Amérique du Nord.

Il a depuis lors été élaboré et systématisé, plus particulièrement, par Wolfensberger en Amérique du Nord, qui en a fait un principe directeur

un iversel pour concevoir et diriger toutes sortes de services.

Bien que les professionnels des services sociaux et médico-sociaux,

lesbureaucrates, les gestionnaires et les politiciens utilisent maintenant beaucoup les termes « valorisation des rôles sociaux» 1 ils le font

souvent de façon imprécise, incohérente, superficielle ou mal à propos.

De fait, bea ucoup de gens utilisent ces termes sans en posséder ni en

proposer une définition réelle et des actions en lien avec le concept.

La formulation de Wolfensberger en 1982 fut la première que nous

conna issons et qui soit systématique et globa le:

• "Dans la mesure du possible, dit-il, l'utilisation de moyens

culturellement valorisés afin de permettre, d'établir et/ou de

maintenir des rôles sociaux valorisés pour les personnes et de

vivre des vÎes culturellement valorisées. "

La définit ion con temporaine de la VRS est la suivante

La valo risation des rôles sociaux (VRS) est un ensemble de

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connaissances qui explique deux types de phénomènes reliés:

• les phénomènes de perception et d'évaluation et leurs liens avec

la construction des rôles sociaux et, • l'effet des rôles sociaux sur la façon dont des individus, des

groupes ou des classes sociales seront perçus et traités.

Cet ensemble de connaissances trouve ses origines dans plusieurs

sciences humaines, notamment la psychologie sociale, la psychosociologie, la sociologie, la psychologie et la philosophie . ( Ce

concept est par ailleurs essentiellement empirique. )

La VRS s'intéresse en particulier à l'interaction de trois phénomènes

psychosociaux :

• les dynamiques liés à la perception des personnes risquant la

dévalorisation sociale,

• comment ces perceptions influencent leur intégration sociale et

leur fonctionnement dans la collectivité, et • comment l' intégration de ces personnes modifient le

fonctionnement et les normes sociales de la collectivité.

Applications

La VRS peut s'appliquer à une multitude de domaines liés aux rapports humains. Nous l'avons surtout utilisée pour développer des stratégies d'intervention afin de soutenir l'intégration sociale de populations

spécifiques, l'éva luation de la qualité de structures de services soci aux,

le marketing social et les stratég ies de communication, le

développement organisationnel et la conception de lieux publics.

En appliquant les princi pes de la VRS auprès des popu la tions qui sont

habituellement prises en ch arge ou accom pagnées par des structures

de services, on peut faire l'hypothèse que plus une personne risquant

d'être exclue et dévalor isée socialement est en mesure de se percevoir

et se faire percevoi r positivement dans sa collectivité , moins elle aura

de cha nces d'être exclue ou déva lorisée socialement et plus elle sera

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apte à être incluse et valorisée ou tout le moins acceptée.

Une personne sévèrement handicapée, qui v it en permanence à l'écart

de la société, n'a pas beaucoup de chances d'être perçue positivement

puisque d'une part, elle n'est pas présente dans la communauté, et

que d'autre part, le fait qu 'elle vive cachée ne fait que renforcer les

idées que la population se fait à son propos: si on ne la voit pas c'est

qu'elle est trop laide, trop hand icapée, trop quelque chose ...

Ceci nous amène à une deuxième hypothèse selon laquelle une

personne en risque de dévalorisation sociale sera davantage apte à apprendre, acquérir et jouer des rôles sociaux valorisés si son

entourage la perçoit positivement, comme étant apte à pouvoir jouer

des rôles sociaux valorisés et comme étant socialement compétente.

Mais comment peut-on influencer positivement la perception de personnes qui sont perçues comme « différentes » ou « marginales » ,

« singulières »7

Une personne est en risque de dévalorisation sociale dans un groupe,

une société, une collectivité, lorsqu'une caractéristique personnelle

significative (différence) sera jugée négativement (dévalorisée) par les autres. La différence ne devient source de marginalité que lorsqu'elle

est suffisamment empreinte de valeurs négatives aux yeux des

observateurs. :;,... 'k \ 1 l( ['W' ~ ( _ [;) 1,

Donc les causes profondes de la dévalorisation sociale sont dans les (c.(J'" -CV; Yt.:(~J-j)~-

yeux du témoin: elles sont culturelles. ;:tt'1-L ' ~z Le postulat est en soi relativement simple : si on peut réduire les

aspects d'une différence, d'une singularité qui agresse des valeurs collectives et si on peut modifier un ta nt soit peu les va leurs culture lles

en question, on peut diminuer ou éliminer une déviance socia le ou au

moins diminuer la marginalisation qui peut en résulter.

Faisons un peu de f iction pour illustrer ce qu i précède .

Une personne qui, présente des déficiences physiques et mentales,

intègre une collecti vité qui n'a j ama is vu d'individus aussi gravement

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handicapés. En plus de ses différences physiques et intellectu el les,

cette personne semble avoir une autre grande différence avec les

habitants du coin, une différence qui agace les gens: elle se déplace

en fauteuil roulant électrique dans la rue, en pleine circulation

automobile, et non sur les trottoirs, alors que les trottoirs sont adaptés

au x fauteu ils roulants. Cette différence, qui s'ajoute aux autres, sera jugée négativement par la population en général et les autorités. Notre

personne risque de se retrouver dans une situation de marginalisation,

voir d'exclusion (empêchement de se déplacer à certaines heures,

enfermement, hospitalisation suite à un accident, etc.).

A partir de la situation qui vient d'être décrite, si on veut favoriser

l' intégration de cette personne dans ladite collectivité, on travaillera à diminuer ou éliminer les aspects de cette différence qui choquent en

lui apprenant, notamment, comment se déplacer en vil le sans créer

des bouchons, sans risquer de se faire tuer ou de provoquer des

accidents.

Parallèlement, en tant que collectivité, on peut aussi se donner les

moyens de redonner la rue aux piétons, aux cyclistes, aux rollers et aux fauteuils roulants à certains moments (on fe rme les rues du

centre-ville le dimanche par exemple). Ceci permettrait à notre

personne de se déplacer dans la rue à certa ins moments et permettrait

à la collectivité de modifier un peu ses valeurs, de poser un acte

écolologique et de favoriser le développement des contacts humains, etc.

Dans cette fiction, on aura réussi à restituer ou à offrir à la personne

une comp étence et à améliorer son image auprès des autres. Mais on aura aussi modifié de vieilles habitudes. La norme soda le ou la valeur

cultu relle en jeu au po int de départ aura été quelque peu modifiée. Qui

sait, un jour, certaines rues seront peut-êt re ferm ées à la circu lation

au tomobi le en permanence ... et si tout le monde se met à marcher dans la rue, la donne culturelle aura suffisamment cha ngé pour que not re personne ne soi t plus du tou t perçue négati vement lorsqu'e lle se

déplace en fauteu il dans certaines rues.

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Nous tendons, ainsi, vers un modèle social du handicap qui ne néglige

plus la prise en compte des facteurs environnementaux, et la relation

de cause à effet entre les déficiences individuelles et les désavantages

sociaux, qui prennent en compte l'ensemble des barrières physiques

ou socioculturelles.

Voilà une façon de concevoir la VRS. Evidemment, cette théo rie

s'applique à bien des personnes dans nos sociétés. On peut penser aux personnes handicapées, aux personnes âgées, aux minorités ethniques

et religieuses, aux réfugiés et aux imm igrants, aux personnes

souffrant de maladies mentales, du SIDA, aux SDF, aux toxicomanes,

aux personnes sans emploi et chômeurs, aux personnes pauvres. Dans

nos sociétés occidentales, nous estimons à 30% la proportion de la

population qui est marginalisée ou à haut risque de marginalisation. Nous ne serions nullement surpris d'apprendre que notre estimé est

conservateur ...

Vous aurez aussi compris que nous avons pris un exemple facile avec

notre personne handicapée qui se déplace dans la rue. Dans la vraie vie, les perceptions négatives des personnes sévèrement handicapées et la dévalorisation sociale, soit l'exclusion et la marginalisation qui en

découlent, sont des phénomènes complexes qui sont difficiles à

changer.

La personne qui présente une déficience intellectuelle et aussi une

maladie mentale et qui, par exemple, crie dans la rue, fait peur aux

gens.

Elle fait peur parce que ses cris amplifient la peur de la maladie

mentale et les préjugés à propos de sa déficience. Ses comportements

la dévalorisent aux yeux du public et elle risque de se voir

marginalisée, internée, exclue.

Si on l'aide à diminuer ses cris et si on l'aide à se trouver du travail ou

une occupation, elle sera un peu mieux perçue.

Et si elle demeure dans le quartier pour quelques années, les gens

s'habitueront graduellement à sa présence. Les gens qui la croisent ne

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feront plus grand cas (ne seront plus scandalisés) de l'entendre et la

voi r se parler à elle -même. Les nouveaux arrivés dans le quartier la

prendront peut-être pour une artiste, une originale ... On aura modifié

un peu son image, on l'aura aidée à développer quelques

compétences. On ne pourra pas la « guérir» ou la rendre aussi

intelligente que la moyenne des gens, mais on peut travailler à diminuer certaines caractéristiques qui la dévalorisent et en même

temps progressivement changer l'opt ique sociale, ou la valeur culturelle.

On pourrait illustrer ces stratégies d'application de la VRS avec des milliers d 'autres exemples similaires.

Modifier les perceptions

Comment peut-on rendre positive la perception de personnes en risque de dévalorisation sociate, qui sont aux prises avec les à priori 1

avec les préjugés qui accablent les personnes perçues comme

« singulières» quand elles sont comparées à « nous », les personnes qui vivent dans des milieux qui les prennent en charge totalement et

les institutionnalisent, ce qui les rend encore plus « différentes " et donc plus vulnérables à la dévalorisation?

Premièrement nous croyons qu'il est essentiel qu'elles soient visibles,

qu'elles soient présentes dans la collectivité et qu'elles participent à leur façon à la vie sociale.

Plus on vit dans un monde artificiel, notamment les grandes

institutions ségrégées, loin de la réalité sociale, plus on est traité

différemment, plus les probabil ités sont grandes pour que les

difficultés, telles que les troubles du comportement soient amplifiées.

La différence, même quand elle est extrême, est déjà moindre à partir

du moment où, grâce à sa visibilité, elle aide à redéfinir le sens du « nous », la « normalité »,

Lo première fois que l'on rencontre une personne polyhand ica pée dans

une grande surface, sa présence sera remarquée et il est possible

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qu'elle en choque plus d'un. Mais on finit par s'habituer, si on la

rencontre régulièrement, dans des endroits publics, à faire des choses ordinaires.

On s'habituera encore plus, et on sera porté à lui adresser la parole si

elle est bien mise, correctement vêtue, propre. On commencera à la

prendre pour une de nous si en plus elle occupe une fonction jugée utile, ou importante.

Parfois, les personnes handicapées sont rendues vulnérables par leurs

conditions, mais plus souvent parce que les personnes qui les

soutiennent ne sont pas conscientes de l'importance de l'imagerie sociale et de l'impact que peut avoir l'exercice de compétences aux

yeux de la société.

Présentes et potentiellement actives « parmi nous », ces personnes en

risque de dévalorisation doivent donc aussi, être soutenues pour que

leur image de soi et l'image qu'elles projettent d'elles-mêmes soient la

plus positive possible.

Bien sûr, nous sommes tous différents les uns des autres. Nous

sommes tous des êtres à part entière. C'est ce qui sauve l'humanité,

nous en sommes convaincus.

Mais au -delà des différences humaines essentielles, il y a les

caractéristiques qui nuisent à l'image des personnes, surtout quand

elles sont déjà en risque d'être dévalorisées dans une collectivité. Qu'il

s'agisse de leurs comportements en public, de leurs attitudes, du vocabulaire utilisé pour les décrire ou pour leur parler, de leur

habi llement, de leur image co rporelle, de leurs occupations, des

symboles et des mots que les struct ures de services ut ilisent pour

décrire leur action sociale auprès de ces personnes, tous ces éléments

vont influencer, positivement ou négativement, l'image des personnes

et la manière dont elles seront perçues.

Par ailleurs, améliorer l'image des personnes doit aussi passer pa r

l'amélioration de leu rs compétences.

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Perceptions et rôles sociaux

La perception des autres à notre égard et l'évaluation qu'ils font de

nous, ont un impact capital sur les rôles sociaux que nous sommes

appelés à jouer. C'est un phénomène que nous connaissons tous sous

une forme ou une autre. Si nos parents nous ont perçus en bas âge

comme de « bons enfants », « capables » et « intelligents », il est

probable que cela a eu un effet positif et dynamisant sur nos rôles de fils, de fille, de frère, de sœur, de cousin, de voisine, d'aîné, de cadet,

de benjamine, de parrain , de gardiennes d'enfants, de copains, pour ne nommer que ces quelques rôles, et sur notre façon de les jouer, de

se les approprier lorsque nous étions enfants, et encore quand nous

sommes devenus adultes.

Il en est de même, pour nos instituteurs, nos enseignantes, nos

professeurs : si leurs perceptions et leurs évaluation de nous, pour quelque ra ison que ce soit, étaient positives, ils étaient intéressés à nous enseigner, à ce qu'on réussisse et nous en donnaient les

moyens ... Les rôles sociaux que l'on s'approprie sont en grande partie liés aux perceptions des autres et à leur éva luation.

Nous savons également que les rôles sociaux que nous jouons

influeront sur la manière dont nous serons perçus et traités. Par

exemple, si nous sommes perçus et reconnus comme étant « utiles» à la société en général, à notre collectivité ou à notre employeur, il est probable que nous serons traités avec plus d'égard que si nous

sommes perçus comme « inutiles »,

L'immigrant qui est perçu comme un exploiteur du système de sécurité

sociale de son pays d'adoption ou qui est perçu comme un danger, au ra moins de chance de travailler dans un emploi bien rémunéré et prestigieux dans cette collectivité ou pays. Ceci le forcera peut-être à dépendre du système de sécurité sociale, ou même à devoir s'adonner

à des activités qui le marginalisent davantage, ne serait-ce que pour

survivre, ce qui renforcera les préjugés il son égard de même que celui

d'autres personnes dans sa situation.

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Ces jugements le cantonneront vraisemblablement dans des rôles moins importants et souvent marginaux, soit des rôles sociaux

dévalorisés.

Le principe de la VRS trouve vraiment sa raison d'être avec des

personnes ou des groupes qui sont en risque de dévalorisation sociale,

de marginalisation, d'exclusion, de discrimination.

Parmi les personnes les plus vulnérables, notons les personnes qu i

présentent des déficiences physiques, intellectuelles ou sensorielles,

les personnes ayant des difficultés sévères de santé mentale, les personnes atteintes de maladies mentales chroniques, tel que la

schizophrénie, les personnes atteintes de maladies neurodégénératives (démences) telles que la maladie d'Alzheimer, les personnes atteintes

de troubles envahissants du développement, tel que l 'autisme, les

personnes qui ont des troubles de la personnalité, les personnes qui ont des troubles du comportement, les personnes qui rejettent

l'affection, les minorités ethniques ou religieuses, les personnes dont les styles de vie ou les états remettent en cause les valeurs sociales,

les personnes chroniquement pauvres, les personnes âgées ou en fin

de vie.

La liste pourrait s'allonger.

Pour toutes sortes de raisons, ces personnes sont en risque de dévalorisation sociale. Le jeune adulte qui présente une déficience

mentale sévère, accompagnée par des déficiences neurologiques, qui ne communique pas verba lement et qui a tendance à ne pas contrôler

sa salivation, r isque d 'être perçu comme quelqu'un qui doit être assisté et soigné et non comme quelqu'un qui peut aussi participer,

communiquer, accomplir, aimer, être utile.

Et, si tel est le ca s, il aura tendance à assumer les rôl es de malade,

d'usager, de bénéficia ire, plutôt que les rô les de fils, de voisin , de frère, de parrain, de travai lleur, de citoyen . Qu i plus est, dans ce type

de rôle, il a de fortès chances de vivre excl u, isolé, ségrégué avec

d'aut res personnes qui présentent des caractér ist iques semblables ;

Page 13: Valorisation Des Roles Sociaux

donc, une situation qui fera obstacle à une perception valorisée de qui

il est.

Plus les personnes en risque de dévalorisation sociale sont vulnérables

et incapables de bien se défendre elles-mêmes, plus le principe de la

VRS prend de l' importance, du sens.

La VRS se veut un principe d'organisation des services sociaux et médico-sociaux qui puisse aider à prévenir, diminuer ou éliminer les

pratiques courantes qui, inconsciemment, conduisent à la

dévalorisation sociale telle que décrite précédemment.

Conséquences

Le fait que certaines personnes soient dévalorisées par leur société

implique trois points importants:

• Les personnes dévalorisées seront mal traitées. Elles auront

généralement moins d'estime et de statut que les personnes

valorisées. Les personnes dévalorisées sont susceptibles d'être rejetées, persécutées et traitées de façon à diminuer leur

dignité, leur adaptation, leur développement, leur santé, leurs

possessions, leurs compétences, leur espérance de vie, pour ne

nommer que ceux-là.

Par exemple, en 2003, lors de la can icule en Europe, parmi les quelque

15,000 personnes âgées décédées, plusieurs d'entre-elles sont mortes

parce que personne ne se préoccupait de leur sort. Elles v ivaient

souvent seules, abandonnées par les membres de leurs famill es. Même

mortes, certa ines personnes n'ont jamais été réclamées par leurs

familles. Cette forme de mauvais trai tement montre que la maltraitance peut aussi être passive. L'abandon, j'isolement et la

solitude qui en résu ltent, sont des form es de maltraitance tout aussi

dévastatrices que les coups, ou les abus psychologiques.

• Le trai tement accordé aux personnes déva lorisées prendra des

fo rmes qui expriment la perception des rôles sociaux de la

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personne ou du groupe dévalorisé.

Si les personnes âgées en fin de v ie sont essentiellement perçues

comme des mourants, elles seront contraintes de vivre les dernières

années de leur vie dans des mouroirs ... si elles sont perçues comme

nos aînées qui nécessitent des soins et de l'accompagnement pour

mieux vivre leurs dernières années, elles seront hébergées dans des

lieu x qui feront en sorte qu 'elles v ivent chez-elles.

• La façon dont une personne est perçue et traitée par les autres

déterm inera fortement à son tour comment elle agira

subséquemment.

Par conséquent, plus une personne est perçue et t raitée de façon

dévalorisée, plus elle se conformera à cette attente et agira de la façon socia lement attendue ou qui n'est pas socialement va lor isée .

Si l'adulte handicapé est perçu par son entourage comme un éternel

enfant il se comportera en enfant, ce qui renforcera notre perception,

et renforcera son rôle dévalorisé.

Si l'adulte handicapé est perçu comme une personne de son âge, elle

se comportera en adulte .

Intégrat ion, participation sociale et citoyenneté: assurer unc vraie vic pour nos

proches ayaut des incapacités

La façon traditionnelle de concevoir la déficience et /'incapacité dans notre société produit de nombreuses conditions dites

« incapacitantes » , des conditions qui, notamment, soustra ient les

personnes ayant une incapacité de leurs obligations civiques.

Histor iquement, l'incapacité a été perçue comme étant située à rintérieur des personnes, ce qui crée une impression qu'elles sont « défectueuses », ne pouvant vraisemblablement pas contribuer à la

société .

Les personnes ayant une incapacité ne sont pas reconnues comme des

ressources sociales et économiques, ou comme des individus qui

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peuvent offrir une contribution à leur communauté ou à la société.

L'isolement et la solitude qui résultent de ces perceptions sont

probablement les conditions les plus incapacitantes qui soient car elles

créent des barrières autour des personnes ayant une incapacité .

Les statistiques tendent à démontrer ce fait: "Les personnes

handicapées sont cinq fois plus aptes à affirmer qu'elles sont

insatisfaites de leur vie (24% vs. 5 %, parmi les répondants adultes du

sondage Harris de 1994 au Canada). L'isolement est une raison

majeure citée pour expliquer ce triste état de fait. Plus de la moitié

(51 % ) des personnes handicapées qui furent sondées et qui pouvaient s'exprimer disent que l'absence d'une vie sociale remplie constitue un

problème pour elles." (1)

Nous avons tous besoin d'apparten ir, de contribuer, de donner un sens

à nos vies. Pour la plupart d'entre-nous, ce type de besoin est comblé

par le biais de nos relations avec les membres de nos familles, nos voisins, nos amis. Nous donnons, nous recevons et ainsi nous donnons

un sens à notre vie en compagnie des autres. Pour les personnes

handicapées, ce type de besoin n'est souvent pas comblé parce

qu 'elles ont peu ou pas de relations sig nificatives . En fait pour

plusieurs personnes handicapées, les seules relations sociales dont elles jouissent sont avec des personnes qui sont payées pour en

prendre soin.

Plusieurs personnes handicapées sont prises en charge par des

systèmes de services et entourées par des professionnels des services

de santé et sociaux. L'isolement et les à priori sociaux sont des barr ières à l'acqu isit ion de la pleine citoyenneté des personnes ayant

une incapacité .

La pleine citoyenneté n'est pas un attribut accordé par une autorité

gouvernementale. Il s'agit d'un statut qui nous est conféré par nos

concitoyens quand ceux-ci prennent conscience de nos contributions.

L'iso lement des personnes ayant une incapacité fait que leurs

contributions ne sont pas reconn ues, ce qui les empêche de

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s'approprier leur citoyenneté. Qui plus est, de nombreuses personnes

considèrent qu'un individu qui présente une déficience intellectuelle ou

physique est" incapable ". Ce préjugé les amène à conclure que cette

personne ne peut donc pas se responsabiliser et contribuer à la

société, ce qui augmente l'isolement et empêche encore plus

l'appropriation de la citoyenneté.

L'antidote à l'isolement et la solitude est la relation humaine.

Relations = Contribution

Contribution = Citoyenneté

Donc,' Relations = Citoyenneté

Quels rôles sociaux valorisés pour des personnes sévèrement déficientes

Un des principaux obstacles à la formation de relations est sans doute la perception que les personnes handicapées ne contribuent pas.

Il existe deux types de contribution: être et faire. Habituellement, on

accorde une plus grande valeur aux contributions de type faire qu'aux

contributions de type être. Par exemple, le travail, les sports et la performance ont tendance à être hautement valorisés dans notre société. Parler est plus valorisé qu'écouter; accomplir plus que

réfléchir. Notre société accorde plus de valeur au courage, au sacrifice

et à l'attachement qu'à l'hospitalité, la préoccupation de l'autre et la

loyauté. Dans ce contexte de valorisation de faire par rapport être, les personnes ayant une incapacité qui sont isolées sont désavantagées.

Les personnes sévèrement handicapées ont beaucoup à apporter à la

société et à nos vies en général du simple fait qu'elles existent,

qu'elles sant là, qu'elles prennent plus de temps pour faire des choses,

qu'elles communiquent parfois de façon non ora le, qu'elles sont

capables de transmettre une grande affection, qu'elles voient la vie différemment que les personnes dites « bien portantes» mais ô combien stressées .. " Les rôles sociaux qu'elles peuvent jouer, et dont

on se prive et prive la communauté, sont des rôles que nous devons

explorer davantage, en commençant par se poser des questions à

Page 17: Valorisation Des Roles Sociaux

propos des contributions liées davantage à être qu'à faire.

Voil;) dOlic un beau ~I'and principe, mais comment peut-oll l'appliquer

concrètement avec des perso nnes sévèl-cmcnt handicapées "

Voici, peut être, quelques façons concrètes d'appliquer le principe de la

Valor isati on des Rôles Sociaux avec des personnes qui manifestent des

déficiences mentales et des troubles du comportement.

o Traitez-les comme des personnes de leur âge, si ce son t des adultes, ils ne seront pas infantilisés

o Protégez et faites la promot ion de leur statut social .. elles

ne sont pas que des usagers ... elles sont des filles, des fils,

des frères, des sœurs, des amis, des collègues, des

Suisses, des Genevois, des citoyens ...

o Améliorez et défendez leur image ( l'image qu'elles

projettent sur elles-mêmes et vers l'extér ieur) : apparence

personnelle, routin es et rythmes de vie, vocabulaire, noms

des services et programmes

o Offrez-leur des milieux de vie typiques, confortables,

beaux, conformes à leurs fonctions et rappelez-vous que

les troubles du comportement sont souvent la réponse à des environnements physiques et sociaux inadéquats

o Utilisez des équipements adaptés à leurs capacités et non

seulement à leurs incapacités

o Incluez-les dans les rites et pratiques (religieux, politiques,

culturels etc.)

o Aidez-les à se socialiser dans des rôles sociaux positifs

o Aidez-les à acquérir des biens et à en prendre soin

., Offrez-leur une continuité physique et sociale : quand les

Page 18: Valorisation Des Roles Sociaux

personnes qui nous sont significatives changent

constamment, ce qui est le cas dans bien des milieux

institutionnels, nos comportements en seront influencés et

très souvent ils seront décrits comme « trou blants »

o Aidez-les à développer des rela tions significatives et

interdépenda ntes avec d'autres personnes que les seules

personnes qui leur fou rnissent des so ins

o Compensez positivement leurs déficiences, ou au moins,

n'en ajoutez pas

o Développez leurs compétences et leurs capacités

o Aidez à développer leur résilience

o Rendez-les visibles, soutenez leur intégration sociale

o Offrez-leur l'accès aux activités courantes de leurs

collectivités

o Offrez- leur l'a lternative la moins restrictive possible

o Servez de modèles positifs

o Donnez-leur l'occasion de vivre des expériences de vie

valorisa ntes

o Favorisez le développement de leur identité

o Aidez-les à développer leur individualité

o Donnez-leur les moyens d'avoi r des projets personnels et

de les réa liser

o Donnez-leur la possibilité de contrôler le plus possible leur

vie (une des meilleures façons de dim inuer les troubles du

Page 19: Valorisation Des Roles Sociaux

comportement)

o Donnez-leur l'occasion de contribuer

En résumé

La VRS compte donc faire évoluer les regards portés sur les personnes

en situation de hand icap et à réduire les frontières entre les personnes

handicapées et la communauté.

La VRS fonde ainsi son action sur une éthique d'écologie

biopsychosociale et une compréhension intégrée des processus

naturels du développement de la vie, elle souscrit au respect de la vie

et en particulier à celle de l'être humain. Elle a une vision de l'homme

et de la société qui replace la personne dans sa dignité et qui redonne

sens à sa dimension existentielle, communautaire et spirituelle.

Considérant les personnes comme des sujets-citoyens, elle vise avant

tout une valorisation de leurs capacités et de leurs ressources

individuelles et environnementales.

La VRS défend l'accès aux personnes handicapées et à leur proche à l'information et à la formation et leur droit à des activités valorisantes

et socialement reconnues. Elle ambitionne une amélioration du statut

et de la participation des personnes concernées par le handicap.

Et comme le dit Albert Jacquard

« Nous sommes ce que le regard des autres fait de 110 us j <Iuand le regard des autres

nous méprise, nous devenons méprisables ct quand le regard des autres nous feud

merveilleux, ch bien ! ~ous sommes merveilleux. L'important, c'est de sc voir

merveilleux daus le regard des autres ) ~

Ainsi, la VRS nous donne la possibil ité de cho isir d 'accue il lir et

d'apprivoiser les singularités, les di fférences qui nous font peu r et de

permettre ainsi de contr ibuer à la construction d'une société plus

ouverte et plus sereine .

La VRS est l'affa ire de tous , de tout en chacun, c'est une histo ire de

Page 20: Valorisation Des Roles Sociaux

bon sens.

Alain Dupont

J uill et 2005

1) National Organization on Disability/Harris Survey on Community

Participation, 2000

.. La valorisation des rôles sociaux

La valorisation des rôles sociaux se définit par « l'utilisation de moyens culturellement valorisés pour établir ou maintenir aulant que possible des expériences. des apparences, des perceptions et des rôles sociaux qui soient valorisés sur les plans culturel et social », Elle se traduit par:

• le développement des capacités et des habiletés personnelles: • l'amélioration de l'image sociale de la personne.

Le développement des capacités et habiletés personnelles suppose la présomption de compétence chez la personne ayant une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant du développement (TED) et l'adoption de modes d'intervention orientés en fonction de la croissance de la personne.

L'amélioration de l'image sociale implique que des rôles sociaux valorisants, correspondant à l'âge, au sexe et à la culture, sont accessibles aux personnes ayant une déficience intellectuelle. Elle suppose également la mise en place de tout ce qui contribue à améliorer l'image socia le de ces personnes en répondant à leurs besoins spécifiques.

Dans la classification québécoise processus de production du handicap, la notion de rôle social est une dimension centrale des habitudes de vic. Elle est également à la base d'un principe soutenant un vaste mouvement en faveur de l'intégration sociale des personnes ayant des incapacités, connu sous le nom de Valorisation des rô les sociaux (VRS). L'm1 icJc rëdigë par Robert J .Flynn dresse un portrait de tout le développement de cc courant de pensée. Le second article de Patrick Fougcyrollas et de Kathia Roy brosse un portait assez complet de la notion de rùle social aux plans théorique ct conceptuel cn plus de la situer dans la perspective du processus de production du handicap.

Page 21: Valorisation Des Roles Sociaux

De la Normalisation à la Valorisation des Rôles Sociaux:

évolution et impact entre 1982 et 1992*

Celte communication a deux objectifs majeurs . Le premier est de retracer rapidement l'évolution du principe de normalisation au cours des 10 dern ières années, en notant surtout pourquoi Wolfensberger a choisi de reconceptualiser la normalisation ct de la renommer la "Valorisation des Rôles Sociaux" (VRS). Entre parenthèse, nous signalerons des parallèles intéressants entre la VRS ct le modèle "déficicnce-incapacité-handicap" de l'Organisation mondiale de la Santé. Le second objectif est d'examiner l'impact international dc la normalisation / VRS, moyennant un survol rapide de la littérature pertinente. Bien entendu, notre discussion sera nécessairement extrêmement sélective.

Évolution: de la Normalisation à la Valorisation des Rôles Sociaux

Wolfcnsberger (1991, p. 13) déclare que la théorie de la VRS a pour origine le principe de normalisation, qu'elle est censée englober ct remplacer. Il ajoute qu'il a développé les principaux aspects de l'histoire du principe de la normalisation dans d'autres textes (i.e., Wolfensberger, 1972, 1980 a, 1980b), dont il nous sera donc utile ici de faire un bref rappel.

La Normalisation

Le livre de Wolfensberger, The Principle of Normalization in Human Servicc~ (1972), a été voté par 178 experts en éducation spécialisée des personnes ayant une déficience intellectuelle comme l'oeuvre classique la plus importante jamais publiée dans le domaine de la déficience intellectuelle (Helier, Spooncr, Enright, Haney, & Schillit, 1991). Wolfcnsbergcr y définit la normalisation comme "l'utili sation de moyens aussi culturellemcnt nonnatifs que possible afin d'établir ct/ou de maintenir des comportements ct des caractéristiques personnels qui soient aussi culturellemcnt nonnatjfs que possible" (p.28). Il ajoute que la normalisation affecte l'environnement d'une personne (potenticlk'1l1ent) "déviante" ou dévalorisée moyennant deux dimensions, les interactions ct les interprétations, qui agissent sur trois niveaux diftërenls, ceux de l'individu. des systèmes sociaux primaires ct intennédiaires, ct de la sociétl::. Par ailleurs, il insiste sur l'intégrat ion physique el surtout sociale comme le corollaire par excellence de la nonnalisntion. et articule d'autres implications du principe sur le plan de la programmation. de l'architecture. du travail , des besoins socio-scxuels. du contrôle de sa propre vie. dc la dignité du ri sque, du parrainage civique, cl de l'évaluation de la qualité des services. Dans un chapitre ultérieur, Wolfcnsbergcr (1980 a) a décrit le

Page 22: Valorisation Des Roles Sociaux

développement historique des formulations majeures de la normalisation en Scandinavie ct en Amérique de Nord. Il a également répondu à ee qu'il considérait comme les principaux malentendus, critiques, distorsions, voire perversions de la normalisation. Dans un autre chapitre (Wolfensberger, 1980b), il discute des rapports entre les valeurs et la recherche empirique et essaie de montrer que beaucoup de recherches empiriques s'accordent avec la nonnalisation.

La Valorisation des Rôles Sociaux

Dans un article publié en 1983, Wolfensbcrger a proposé que le nouveau tenne, "valorisation des rôles sociaux", remplace l'ancien, "normalisation". (Les 178 juges étudiés par HelIer ct al. , 1991, ont d'ailleurs accordé à cet article le 17ième rang sur leur liste de 25 œuvres classiques en déficience intellectuelle.) 11 a justifié cc changement pour les raisons suivantes. Premièrement, beaucoup de gens ne distinguaient pas les différents sens du tenne "nonnalisation", ou bien croyaient (souvent à tort) en avoir compris immédiatement la signification précise. Deuxièmement, Wolfensberger a saisi au début des années 1980 que l'objectif le plus important de la normalisation devait être la création, le soutien, et la défense de rôles sociaux valorisés pour les personnes risquant d'être dévalorisées. Il était persuadé que la société accorderait des choses souhaitables aux personnes si elles occupaient des rôles sociaux valorisés (ct les dévaloriseraient si clics avaient des rôles peu estimés). Deux grandes stratégies sont à suivre pour atteindre l'objcctifultime de rôles sociaux valorisés (et par conséquent des conditions de vie valorisées): l'amélioration de l'image sociale des personnes (qui sont au moins potentiellcment dévalorisées) aux yeux d'autrui, et l'amélioration de leurs compétences. (PASSINH {Wolfensberger & Thomas, 1983, 1988) est un instrument d'évaluation qui opérationnalise la VRS et qui consacre 27 de ses 42 mesures ou "items" à l'amélioration de l'image sociale ct les autres 15 à l'amélioration des compétences.)

Dans la monographie qu'il a publiée en 1991, Wolfensbcrger définit la VRS comme,

"Ic développement, la mise en valeur, le maintient ct/ou la défense de rlJies sociaux valorisés pour les personnes et particulièremcnt pour celles présentant un risque de dêvalorisation sociale en utilisant le plus poss ible des moyens 'culturellement valorisés'" (p . 53).

Wolfl:l1sbcrger explique que la VRS prend tout son sens pour deux &'Toupes de persollnes: celles qui sont déjà déva lorisées par la société, ct celles qui ont toujours étê va lorisées

Page 23: Valorisation Des Roles Sociaux

mais qui courent un risque d'être projetées dans une identité dévalorisée à cause d'un événement quelconque. Des exemples de rôles sociaux valorisés seraient les suivants: dans le monde de l'éducation, les rôles de professeur, enseignant, étudiant, ou élève; au travail , les rôles d'employeur, travai lleur, salarié, membre d'un syndicat, apprenti , etc.; dans le domaine des loisirs, les rôles d'athlète ou d'entraîneur. Les rôles sociaux valorisés qui ont un rapport avec la participation à la vie de la communauté incluent ceux de propriétaire, locataire, contribuable, fonctionnaire, citoyen, électeur, membre d'un club sportifou culturel, membre du conseil d'admin istration d'une organisation, etc. Dans le domaine relationnel, les rôles d'épouse ou de mari, de parent, de fille ou de fils , de grand­parent, de neveu ou dc nièce, etc. , sont socialement valorisés.

Finalement, Wolfensberger (1991) articule sept thèmes qui font partie de la VRS et qui aident à comprendre la dévalorisation et à identifier des mesures de prévention ou d'amélioration: la nécessité de rendre consciente la dynamique souvent inconsciente de la dévalorisation, afin de la confronter et de la maîtri ser; la pertinence des attentes et de la circularité des rôles dans la création ct la suppression de la dévalorisation; le besoin de chercher une compensation positive (i .e., un statut aussi positif que possible) du statut dévalorisé; la place du modèle développemental dans l'amélioration des compétences personnelles; l'utilisation positive et efficace de l'imitation comme mécanisme d'apprentissage; l'importance de la mise en valeur de J'image sociale; et la centralité de l'intégration sociale personnelle ct de la participation socÎale valori sée.

Étant donné le contexte de ces remarques, i.e., un atelier consacré au développement des modèles conceptuels, je voudrait conclure cette partie sur l'évolution récente de la nonnali sation et de la VRS en signalant, sans plus d'élaboration, quelques parallèles qui me paraissent intéressants entre ce cadre de pensée et celui de la Classification international des déficiences, incapacités ct handicaps (CIDIH; World Health Organization, 1980). D'abord les deux approches, la VRS et la CIDIH, se servent de la notion-clef de rôle social, du coup introduisant un discours et une vision "socio­eentriqucs", axés sur la vie interpersonnelle et sociale, dans un domaine ou des cadres de pensée médicaux, psychologiques, cliniques, et, dans l'ensemble, passablement a-­sociaux , ont été dominants depuis longtemps. Bien sût, les deux approches diffèrent quant au poids qu'elles semblent accorder aux rôles sociaux: la VRS vise de façon centra le l'acquisition ou le maintien de rôles les plus 'valorisés" poss ible, tandis que la CID rH (dans le manuel de 1980 au moins) parle plutôt de rôles de "survie" ("survival roll.!s") dans le domaine du handicap, cc qui me parait quelque peu limitatif ct même limitant. Deuxièmement, les deux approches parlent explicitement de l'intégration sociale, bien que celle-ci me semble conccptm:lIcmcnt plus centrale pour la VRS que pour la C IDIH. Troisièmement ct surtout depu is les travaux de la Soci0té canadienne d

du Comité québécois. pour la C IDIH (Bolduc. 1992) les deux approches I>rennent très au sérieux l'intluence de l'el1v ironllement--i .e. , les politiques gouvernementales, les services sociaux, sani taires, éducati fs, profess ionnels, ctc., ct les valeurs ct les atti tudes dans la production ct dans l'élimination d'obstacles à l'intégrat ion ct la participation sociale des personnes vivant avec une incapacité.

Page 24: Valorisation Des Roles Sociaux

Impact International de la Normalisation et de la VRS

Le plus grand impact de la normalisation ct de la VRS a certainement été dans le domaine de la déficience mentale, bien que son influence ait également été considérable dans celui de la santé mentale (e.g., Ramon 1991; Jacobson, Buschard, & Carl ing, 1992). Les affi nnations de la centralité de la normalisation, et de son influence sur l'importance accordée à l'intégration sociale comme objectif primordial des politiques sociales, abondent. Lakin et Bruininks (1985), par exemple, déclarent que la normalisation a exercé la plus grande influence dans les changements récents qui se sont produits dans les services pour des personnes ayant des handicaps. Et Heal (1988) souligne que la nonnalisation "domine" les chapitres de son livre, qui fournit une synthèse les recherches faites sur l'intégration des personnes ayant une incapacité développementale.

Dans le domaine de la déficience intellectuelle aux États-Unis, durant la période 1977-1988, Braddock et Fujiura (1991) ont trouvé que les ressources consacrées aux services communautaires ont progressé très rapidement, de $ 879 millions en 1977 à $5.6 milliards en 1988, une augmentation de 73% en 12 ans (compte tenu de l'inflation). Cependant, en 1988, seulement 21 des 51 systèmes sur le plan des États américains dépensaient autant ou plus sur leurs services communautaires que sur leurs institutions. Donc, il est clair qu'aux États-Unis (comme dans beaucoup de pays), nous sommes encore dans une période de transition. Braddock et Fujiura (1991) ont découvert que deux variables, à elles seules, expliquaient presque toute la variance dans les dépenses en faveur des services communautaires: des politiques progressistes, sur le plan de l'État, vis·à-vis de la promotion de l'égalité raciale, ct l'existence d'organismes de promotion forts (i .e., State Associations for Retarded Citizcns (ARC». Donc, il cst tout à fait plausible que la normalisation ct, plus tard , la VRS, ont exercé une partie de leur impact durant 1977-88 grâce aux ctforts des ARC.

Scion Ashman (1989), la nonnal isat ion a eu une influence majeure en Australie depuis les années 1970 et surtout pendant les années 1980, dans les secteurs des services communautaires, de l'éducation, ct des programmes de transition entre l'école ct le marché du travail. Par contre, dans le domaine du travail les services restent plutôt traditionnels, dominés par le modèle de l'atelier protégé. Et, malgré les progrès rcalisés, le système Australien dt;: services reposent toujours sur les institutions résiclt::ntiellcs, d'après Ashman (1989).

En Suède, une loi de 1986 a abol i toute institution pour personnes ayant une déficience intellectuelle ct a exigé que cel les-ci repoivent des services dans la communauté (Pedlar, [990). Un élément intéressant de la nouvelle loi est qu'elle encourage des contacts

Page 25: Valorisation Des Roles Sociaux

informels entre les citoyens ordinaires et les personnes ayant une déficience. Pedlar suggère que la qualité des services de soutien en Suède est excellente et que l'intégration physique et l'intégration fonctionnelle sont à la hauteur. Par contre, en Suède comme cn Amérique du Nord, l'intégration sociale reste un défi important à relever.

Miron ct Katoda (1991) ont comparé le Japon, les États-Unis, et la Suède, quant à la normalisation et l'intégration scolaire des enfants avec des incapacités. Il s étaient de l'avis qu'au Japon, le débat philosophique se poursuit actuellement, tandis les États-Unis et la Suède ont adopté une politique de normalisation et d'intégration et s'occupent à l'heure actuelle de sa mise en pratique. En Finlande, d'après Kivirauma ( 1991), l'objectif d'intégration scolaire remonte aux années 1960 et 1970, dû à l'influence des autres pays Nordiques, surtout celle de la Suède. Il semble que l'intégration reste incomplète, appuyée sur le plan national mais souvent rencontrant des résistances sur le plan local.

Dans le domaine des services professionnels, Gaylord-Ross (1987) a comparé la situation dans cinq pays en Europe occidentale: le Danemark, la Grande Bretagne, l'Italie, la Suisse, et l'Allemagne (de l'Ouest, à l'époque). Il a conclu que l'emploi en milieu non­protégé pour les personnes avec une déficience intellectuelle allait continuer à prendre de l'ampleur en Italie et en Grande Bretagne, comme aux États-Unis. Il était moins clair, par contre, que le virage du travail intégré se fasse dans les pays le Danemark, l'Allemagne, ct la Suisse où" des systèmes de travail protégé étaient très ancrés. Scion Gaylord-Ross, il est possible que l'intégration scolai re dans ces pays introduise un changement important avec le temps.

Finalement, la normalisation ct la VRS ont eu une autre sorte d'impact international considérable, avec l'uti li sation de PASS (Wolfensberger & Glenn, 1975, 1989) ct PASS ING (

wolfensberger & Thomas, 1983, 1988), deux outils d'évaluation de la qualité des services. On sert de PASS et de PASSING dans plusieurs pays, y compris le Canada, les États-Unis, l'Angleterre, l'Écosse, l'ircland,l'Austra lic, la France, ct la Suisse. Dans un échanti llon de 519 programmes communautaires ct institutionnels américains ct canadiens évalués avec PASS 3. Flynn (1985) a trouvé que la moyenne sur l'éche lle totale était 42% du score maximal possible, en-dessous du niveau (50%) que les auteurs de l'outi l considèrent comme le seuil de la qualité de service "tout juste acceptable". Ccci s'explique cn partie par le fait qu'il y avait peu d'intégration sociale dans l'échantillon de programmes. Plus récemment , Flynn, LaPointe, Wolfensbcrger. ct Thomas (1991) ont fa it une analyse semblable d'un échantillon de 2 13 programmes communautaires ct institutionnels américains. canadiens, ct britnnniques qui ava ient été évalué~ avec PASS ING. Encore une fois , il y avait peu de programmes socialement intégrés. La moyenne pour l'ensemble des programmes était 32% du score maximal possib le, bien en­dessous du seuil de la qualité "tout juste acceptables". Dans les deux échantillons. i.e., sur

Page 26: Valorisation Des Roles Sociaux

les deux échelles PASS et PASSING, la qualité des services communautaires était :.ignificativement plus élevée que celle des services institutionnels, et les services résidentiels communautaires etaient de meilleure qualité que les services vocationncls. Donc, la traduction de la normalisation et de la VRS cn termes concrets de programmes qui sont socialement intégrés et de haute qualité, est un défi de taille en Amérique du Nord, comme en Europe, à long terme.

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