Vade-mecum pour l'étude de l'histoire au gymnase

Vade-mecum pour l�étude de l�histoire au gymnase

VADE-MECUM POUR L�ETUDE DE L�HISTOIRE AU GYMNASE 2

© Amiguet Jean-Daniel, Butikofer Roland: Gymnase cantonal du Bugnon, version 97

3 VADE-MECUM POUR L�ETUDE DE L�HISTOIRE AU GYMNASE

Première partie: Documentation a) Où chercher? Il s�agit essentiellement de la bibliothèque du gymnase. Une paroi entière est consacrée à l�histoire à l�étage (tout au fond). Le classement va des sources et ouvrages généraux (dictionnaires, manuels scolaires) aux histoires nationales et régionales (Allemagne, Chine, canton de Vaud) en passant par les grandes périodes (Moyen Age, Renaissance). Pour compléter l�information, il est souhaitable et parfois nécessaire de se rendre à la bibliothèque universitaire (BCU) qui se trouve au Palais de Rumine, Place de la Riponne. Un terminal vous permet de faire une recherche sur écran et d�entrer en relation avec le réseau des bibliothèques romandes. Le nombre d�ouvrages conservés à Lausanne est très considérable, notamment en histoire. Un classement par matière et par auteur rend la recherche très aisée. N�hésitez pas à demander une démonstration de fonctionnement à la personne chargée de l�information. Vous devez remplir une fiche, la mettre dans une enveloppe en plastique, puis la glisser dans un fente. Le livre est accessible après quinze ou trente minutes. L�inscription à la BCU est gratuite mais pensez à prendre avec vous une photo passeport la première fois que vous vous y rendez. Attention, tous les livres ne se trouvent pas au Palais de Rumine. Ils doivent souvent être commandés à Dorigny où se situe le siège principal de la bibliothèque. Il faudra passer le lendemain pour réceptionner le ou les ouvrages commandés. Songez aussi à la bibliothèque familiale. En revanche, les bibliothèques municipales sont généralement d�un faible secours dans la mesure où elles privilégient la littérature de divertissement et de vulgarisation. Il n�est cependant pas impossible de trouver dans l�une ou l�autre (par exemple celle de Lausanne, Chauderon) un ouvrage utile et utilisable. b) Les ouvrages utiles La règle de base est la suivante pour toute recherche Aller du plus simple au plus complexe


Dictionnaires/Atlas

Manuels scolaires

Ouvrages généraux

Articles (revues)

Les dictionnaires Les dictionnaires permettent une première approche. On peut utiliser les dictionnaires et les Encyclopédies les plus simples (Larousse, Robert), les plus complets (Larousse en 10 volumes, Encyclopaedia universalis�) ou les plus spécialisés pour l�histoire. En ce domaine la référence suprême est le Dictionnaire historique Mourre chez Bordas. Mais, suivant votre sujet, songez aussi à des ouvrages plus ciblés: Histoire des idées politiques, Dictionnaire d�histoire économique, Atlas géostratégique etc. Les manuels scolaires Un ouvrage très général vous offre souvent une synthèse et permet une première approche. On peut aussi rapidement cerner le sujet ou définir des objectifs. Les manuels scolaires fournissent des informations de base, des réflexions, des documents susceptibles de nourrir un exposé. Ils peuvent renseigner sur les structures, sur les tendances profondes inscrites dans la longue durée. Les anciens manuels de secondaire peuvent rendre d�inestimables services. E. BADOUX, R. DEGLON, Histoire générale des origines au XIIIe siècle, Lausanne: Payot, nombreuses rééditions E. GIDDEY, Histoire générale du XIVe au XVIIIe siècle, Lausanne, Payot, 1984 nombreuses rééditions G.-A. CHEVALLAZ, Histoire générale de 1789 à nos jours, Lausanne, Payot, nombreuses rééditions Histoire 1, Histoire 2, Histoire 3, Fribourg, Fragnière, publiés entre 1991 et 1993 Histoire générale. Le Moyen Age. Les Temps modernes (manuel du collège) Histoire générale. L’Époque contemporaine 1770-1990 (manuel du collège) Pour l�histoire suisse, un manuel indispensable demeure Histoire de la Suisse, Fribourg, Fragnière, 1984. Les manuels français, souvent plus riches en sources documentaires, sont forcément aussi très utiles. Différents éditeurs en proposent: Bordas, Hatier, Nathan, Bélin etc. Les ouvrages généraux


Face à une production pléthorique, il convient de pouvoir s�orienter pour ne pas se perdre dans une littérature trop spécialisée ou particulièrement ardue. On peut ainsi clairement distinguer les ouvrages destinés à des spécialistes, généralement des ouvrages qui traitent d�une période très étroitement délimitée ou qui développent une problématique très particulière, des ouvrages de synthèse ou de vulgarisation. Trois règles de base pour éviter de perdre du temps - ne considérer que les livres récents (après 1945), ou récemment republiés. Un ouvrage de 1936 régulièrement réimprimé jusqu�à aujourd�hui est un classique incontournable qui, d�une certaine manière, n�a pas été dépassé par des recherches postérieures. Cela signifie aussi qu�il faut le lire et l�utiliser avec un regard critique particulier. - privilégier les titres publiés dans de grandes maisons d�édition - être attentif à l�auteur et aux indications quant à ses qualités (directeur d�études dans une Haute École, professeur dans une Université etc.) La manière la plus judicieuse pour trouver l�ouvrage adéquat consiste souvent à prendre d�abord en compte la collection. Collections extrêmement synthétiques et denses Collections Éditeur Histoire-Université Hachette-Supérieur Carré-Histoire Hachette Bélin SUP Histoire Bélin La Vie quotidienne Hachette Cursus Armand-Colin Les Grandes Civilisations Arthaud Histoire contemporaine générale Masson U et U2 Armand-Colin Nouvelle Clio Presses Universitaires de France Cette liste n�est pas exhaustive. On peut encore songer à des collections plus thématiques comme Histoire de la vie privée (Seuil), Nations d’Europe (Hatier). Diversité des collections de poche historique On peut en réalité distinguer les collections spécifiquement consacrées à l�histoire et celles qui, parmi des titres très divers, proposent quelques ouvrages historiques. Dans cette dernière catégorie, il faut citer la collection Que Sais-je?. On y trouve une multitude de petits précis d�histoire spécialisée, tous de 112 pages. Les titres


sont inégaux mais, dans l�ensemble, ils sont irremplaçables pour défricher une question. Champs Flammarion et Pluriel (Hachette) proposent en poche des ouvrages qui ont marqué l�historiographie récente, surtout en histoire moderne. La collection Découverte Gallimard propose une série de livres réunis sous «Invention du monde et histoire». Il s�agit de petits formats très illustrés qui proposent aussi un certain nombre de sources. L�histoire en poche Collection Éditeur Points Histoire Seuil Folio Histoire Gallimard La Mémoire des siècles Complexe Questions au XXe siècle Complexe Historiques Complexe La Mémoire du siècle* Complexe Mémo Histoire** Seuil XXe siècle*** Castermann/Giunti Collection Archives**** Gallimard * Une collection thématique qui recouvre toute l�histoire du vingtième siècle. ** De petites brochures de soixante pages pour réviser la matière du Bac. *** Une collection consacrée au XXe siècle, très illustrée. **** Recueils de sources introduites et commentées. Les articles De nombreuses revues d�histoire existent mais elles sont souvent très spécialisées et contiennent des articles très pointus. Tel ou tel article peut être utile pour une étude une peu fouillée. Les articles importants sont cités dans les bibliographies qui se trouvent en fin d�ouvrages généraux. La revue la plus pratique reste L�Histoire, d�un très bon niveau, idéale pour les gymnasiens. Régulièrement, des numéros spéciaux (Guerre de 14/18, Israël, Guerre froide etc.) ou des dossiers spéciaux offrent une documentation abondante. Le Gymnase du Bugnon y est abonné. Vous pouvez donc consulter une partie des numéros à la bibliothèque. L�Histoire publie régulièrement un Index qui permet de trouver très facilement un article à l�aide de mots-clés. Les références de base pour l�histoire suisse Ouvrages généraux


BERGIER Jean-François, Histoire économique de la Suisse, Lausanne, Payot, 1984. L’Aventure suisse de siècle en siècles, Lausanne, I.R.L., 1991 (Fédération des coopératives Migros)* BOUQUET Jean-Jacques, Histoire de la Suisse, Paris, P.U.F., 1995. Dictionnaire historique et biographique de la Suisse. En préparation. Les premiers tomes sortiront à partir de 1998. Nouvelle Histoire de la Suisse et des Suisses, Lausanne, Payot, 1982-1983, 3 tomes.* RUFFIEUX Roland, La Suisse de l’entre-deux-guerres, Lausanne, Payot, 1974.* *en collection de classe au Bugnon Articles Revue suisse d’Histoire Quatre livraisons par année. Tous les articles ne sont pas en français. Tous les aspects de l�histoire suisse sont traités au moins une fois dans cette revue qui existe depuis presque cinquante ans. Pour une recherche bibliographique pointue on peut se référer à L’Histoire en Suisse. Bilan et perspectives -1991, Bâle, Schwabe Verlag, 1992. c) Comment présenter une bibliographie? La bibliographie n�est pas un élément anecdotique d�un travail. Souvent, il s�agit de la première partie appréciée par un lecteur attentif. Elle permet de juger la qualité d�une étude. Une mauvaise bibliographie ne fera jamais un bon travail. Deux principes fondamentaux pour la bibliographie - Ne citer que les ouvrages effectivement consultés - Avoir un système de notation cohérent et s�y tenir Une bibliographie doit être présentée selon un certain nombre de règles. -> organiser l�ensemble en rubriques. Par exemple: Ouvrages généraux, Études particulières, etc. -> au sein de chaque rubrique, classer les titres par ordre alphabétique. Notice pour les livres

NOM DE L�AUTEUR, Prénom, Titre souligné ou en italique, Lieu d�édition,

Éditeur, Année de parution (Collection). Exemple:


RIOUX, Jean-Pierre, La Révolution industrielle 1780-1880, Paris, Seuil, 1971 (Points Histoire). ◊ Lorsque le prénom manque ou que seule l�initiale apparaît, il faut chercher le prénom complet dans les catalogues des grandes bibliothèques. Pour signaler que le prénom ne figurait pas entièrement dans l�ouvrage, on utilise les crochets carrés P[aul]. ◊ Pour les ouvrages anonymes, vous indiquez le titre. C�est du reste sous le titre que vous le trouverez au fichier de la bibliothèque. On peut aussi remplacer par trois *** le nom absent. ◊ Notez toujours le titre complet et les sous-titres d�après la page intérieure et non pas d�après la couverture. ◊ Si la page de titre mentionne plusieurs lieux d�édition, ne les notez que s�ils sont au maximum trois. S�ils sont plus nombreux, n�indiquez que les trois premiers. ◊ Quand le lieu d�édition n�est pas mentionné et qu�il ne figure nulle part dans le livre, mettez s.l. (sans lieu) ◊ Quand l�éditeur n�est pas mentionné vous pouvez éventuellement noter le nom de l�imprimeur. ◊ Année de parution. S�il existe plusieurs éditions, citez la plus récente et mentionnez entre parenthèse la date de la première édition. Si vous ne parvenez pas à dater un ouvrage, écrivez s.d. (sans date). Plusieurs auteurs: Jusqu�à trois auteurs compris, vous indiquez leurs noms. S�ils sont plus de trois, l�ouvrage est considéré comme anonyme. Il figure au fichier sous son titre. Vous pouvez, s�il y a lieu, indiquer le nom du ou des directeurs. Exemples: BAIROCH, P[aul]., BATOU, J[ean], CHEVRE, P[ierre]., La population des villes européennes de 800 à 1850. Banque de données et analyse sommaire des résultats, Genève, Droz, 1988 (Centre d�Histoire Économique Internationale). Les chemins de fer suisses après un siècle 1847-1947, sous la direction de THIESSING, R[ené] et PASCHOUD, M[aurice], Neuchâtel/Paris, Delachaux et Niestlé, 1949-1965, 5 volumes (Ouvrage commémoratif du Département fédéral des postes et des chemins de fer). Notice pour les articles

NOM DE L�AUTEUR, Prénom, Titre de l�article entre guillemets, Titre du

périodique en italique, numéro, Année de parution, pages. Exemple: BAIROCH Paul, �Les spécificité des chemins de fer suisses des origines à nos jours�, Revue suisse d’Histoire, n°1, 1989, pp. 35-57.


Deuxième partie: Explication ou Commentaire de document a) Qu�est-ce qu�un document ? Tous les vestiges du passé peuvent apparaître comme des documents, des sources de l�histoire. La variété des documents, des textes en particulier, est considérable. Plus l�époque étudiée est récente, plus les sources sont nombreuses. La diversité des textes qui vous seront proposés reflète aussi l�élargissement de l�intérêt des historiens contemporains, ce que l�on appelle le �territoire de l�historien�. De l�histoire politique classique, l�histoire s�est étendue à l�économie, à la vie des sociétés. L�histoire étudie aussi les mentalités collectives, la culture matérielle, la vie quotidienne. L�intérêt, qui se focalisait sur les puissants, ceux qui détenaient la puissance politique ou militaire, s�est étendu aux humbles (paysans, soldats, ouvriers, domestiques). La conséquence de ce renouvellement de l�histoire conduit à étudier aujourd�hui des documents qui ont été pendant longtemps négligés et à interroger de façon plus large les documents déjà connus. Les documents qui vous seront soumis seront le plus souvent des textes, aménagés le moins possible, traduits s�ils sont en langue étrangère, en grec ou latin, transcrits en caractères d�imprimerie s�ils sont à l�origine des manuscrits. Plus le document proposé se rapprochera de sa forme originelle, plus vous vous retrouverez dans la situation de l�historien face à une source. Le cas des documents autres que des textes, à savoir des images (peintures, fresques, gravures, photographie ou films), des tableaux de chiffres, des graphiques ne seront pas abordé dans cette présentation mais pourront faire l�objet ultérieurement d�un complément à ce vade-mecum. Nature du travail Exercice le plus fréquemment pratiqué, le commentaire de document est un devoir rédigé de longueur variable qui s�efforce d�éclairer et d�analyser de façon critique un document proposé en s�appuyant sur une lecture approfondie et intelligente et sur les apports extérieurs d�une documentation adéquate. On distinguera naturellement deux cadres de travail fort différents: d�une part, le travail écrit effectué en classe, d�une durée donc fixe, et qui doit s�effectuer sans documentation ou avec une documentation très limitée; d�autre part le travail accompli à domicile ou en bibliothèque, sans limitation de temps et permettant librement le recours à la documentation. C�est ce dernier cadre de travail qui retiendra notre attention. On ajoutera qu�un commentaire peut faire l�objet d�une


présentation orale aussi bien qu�écrite, d�une durée variable, généralement de 15 à 45 minutes, selon qu�on se trouve en situation d�examen ou dans le cadre habituel des activités de la classe. B) Les étapes du travail

1. Réunir les matériaux d�un commentaire de document 1.1. aborder un document; 1.2. identifier le document; 1.3. analyser le document; 1.4. le contexte historique; 1.5. le contenu du document ou travail sur le texte; 1.6. l�apport de la documentation extérieure 2. Rédiger un commentaire de document 2.1. organiser les matériaux et structurer la rédaction; 2.2. la présentation du document ou introduction; 2.3. la rédaction des parties; 2.4. la conclusion 3. Exemple 3.1. Les matériaux du commentaire 3.2. Conseils pour la rédaction 1.1. Aborder un document On s�attachera avant même de procéder à une première lecture à repérer les éléments d�identification du texte: le titre que porte ou qui a été donné au document, la mention d�un auteur, d�un destinataire, d�une référence indiquant l�oeuvre dont il est extrait, la date de rédaction, de publication du texte, la forme de ce dernier (paragraphes, division en articles, etc.). Il s�agit de dégager les éléments les plus visibles de l�analyse de contextualité, donc des éléments qui n�appartiennent pas explicitement au document. Il ne s�agit pas de délaisser le document mais de favoriser par ces observations préalables une bonne première lecture. On prendra soin, si cela n�a pas été fait de numéroter les lignes de cinq en cinq ou au moins de dix en dix en ne comptabilisant que ce qui appartient au texte et non ce qu�un commentateur peut avoir ajouté.


On sera attentif à la présence de points de suspension et à leur place. Si les points de suspension figurent au début et à la fin, il s�agit d�un extrait non coupé. La présence de points de suspension à l�intérieur du texte suggère des coupures de l�éditeur. Tout cela peut avoir de l�importance. Une première lecture permettra d�avoir une vue d�ensemble et de coucher sur papier quelques impressions de lecture.


1.2. Identifier le document Une deuxième lecture va permettre d�aborder l�identification du document. Nous allons en décrire les principaux aspects: Si le document porte un titre, on cherchera à établir si le titre est celui du document lui-même ou s�il a été donné par l�éditeur, voire le maître. On sera attentif au caractère de ce titre: est-il purement informatif ou engage-t-il à tort ou à raison dans une voie d�analyse ? La nature du document doit être précisée d�emblée et avec toute la rigueur possible: texte de loi, article de journal, extrait de mémoires, discours, testament etc. Dégager la nature du document sert à orienter de façon claire l�explication ultérieure. Ainsi une correspondance privée livre une pensée plus libre qu�un discours public. La nature du document peut être identifiée par la lecture du texte ou à partir des indications données par l�éditeur, parfois l�identification est problématique et on se contentera d�hypothèses. Un texte peut avoir un auteur nettement individualisé et il importe de donner à son sujet les précisions nécessaires à la compréhension du texte. On évitera la notice biographique recopiée d�un dictionnaire ou d�une encyclopédie. On se placera dans l�optique du document à expliquer en privilégiant la situation présente. Si l�auteur est très connu, on évitera de longs développements sur sa vie, son oeuvre et son action en général. Si l�auteur est peu connu, on recherchera son âge, sa fonction, sa carrière antérieure. Parfois l�émetteur est une collectivité ou alors un auteur sans notoriété particulière, un inconnu de l�histoire. Le ou les auteurs peuvent aussi être anonymes. La variété de situation est grande et on fera appel au bon sens pour déterminer ce qu�il convient de dégager. On procédera de la même manière pour le destinataire. Ce dernier peut avoir une grande importance. L�identité du destinataire surtout s�il est plus connu que l�auteur peut revêtir une grande signification qu�il s�agit de mettre en évidence (lettre ouverte d�un citoyen à un magistrat). Le destinataire n�est pas toujours identifiable. Se poser la question est toujours utile: est-ce le lectorat d�un journal, l�opinion publique ? La datation la plus précise possible d�un document est nécessaire à l�intelligence de sa signification. Souvent les documents proposés comportent une date que ce soit à l�intérieur du texte ou grâce à l�indication de l�éditeur. La référence de la source, quant à elle, fournit la date de publication ou d�édition qu�on prendra soin de distinguer de la date de rédaction du texte. Parfois la datation pose problème et on ne peut que l�approcher à travers les allusions du texte, les événement et les personnages cités. On tiendra compte du décalage entre les événements évoqués et le moment de la rédaction du témoignage. Ainsi les extraits de mémoires sont des


textes souvent rédigés au crépuscule d�une vie et évoquant des événement lointains. On tiendra compte de ces deux temps très différents. Le lieu ou l�espace concerné par le document peut avoir son importance. Une loi s�applique à tout un pays, une charte de franchise libère un seul village. On sera donc attentif s�il y a lieu à la portée géographique du document. Les circonstances ou conditions de la rédaction du document peuvent fournir des éléments précieux. Celles-ci peuvent s�éclairer en fonction de la date. Un événement sera vu différemment selon qu�il s�agit d�une rédaction à chaud ou qu�au contraire il s�agit d�une reconstitution par la mémoires plusieurs années après. L�identification du document dépend naturellement des connaissances que vous avez et des instruments de travail qui sont à votre disposition. Vous adapterez vos efforts en fonction des exigences fixées. 1.3. Analyser le document Cette partie du commentaire qui ne doit pas dépasser dix à quinze lignes a pour but de présenter au lecteur la substance du document sans même avoir à le lire. L�analyse dégage d�une façon neutre les principaux éléments d�information historique dont le document est porteur et sur lesquels on reviendra dans l�analyse de contenu. Au fond il s�agit de résumer fidèlement le document et de prolonger par là les indications concernant la nature du document. Le plus souvent l�analyse du document sera intégrée à la présentation, partie qui ouvre le travail, et précédera l�évocation du contexte historique. 1.4. Le contexte historique Le document à commenter s�inscrit naturellement dans un contexte historique qu�il s�agit de présenter. Opération délicate car il faut éviter de faire trop long, un côté de page devrait suffire le plus souvent, et choisir les éléments de contexte qui se rattachent directement au texte. Un document se rapportant au règlement de la première guerre mondiale ne requiert évidemment pas un laborieux exposé résumant tout le conflit. Il est inutile de revenir sur des événements trop anciens. Un contexte pertinent est tout autre chose qu�une introduction historique de caractère général. Ce contexte est tout entier au service du document à éclairer. En ce sens on ne peut l�élaborer avant d�avoir travaillé le texte de façon relativement approfondie même s�il prend place dans la partie initiale de présentation du document dans la rédaction définitive. 1.5. Le contenu du document ou travail sur le texte


Identification, analyse et contexte ne sont que les étapes préliminaires d�un travail où l�étape essentielle est celle du décorticage du document. Une troisième lecture du texte s�impose, crayon en main, de façon à repérer tous les éléments du texte qui mériteront commentaire. On soulignera naturellement les noms propres, les mots étrangers conservés dans leur langue originale, des noms communs ou expressions qui dans le contexte du document prennent une signification particulière. On soulignera cependant avec modération, il s�agit de mettre en évidence un certains nombre de points choisis avec soin. Une quatrième lecture permettra de repérer des éléments plus diffus, des notions, des idées qui courent à travers tout un paragraphe ou un passage. On cochera en marge ces éléments avec une mention de façon à pouvoir y revenir dans le commentaire. Dans des textes denses où pratiquement tous les éléments seront commentés, on se contentera d�une note en marge, ébauchant les éléments qui seront développés. Il y enfin des éléments implicites ou globaux qui ne figurent pas matériellement dans le texte ou qui s�y rencontrent partout. De façon à ne pas les oublier on prendra quelques notes sur une feuille annexe ou au bas du texte s�il y a un espace à disposition. L�expression du texte, le ton, peuvent avoir une grande importance, en particulier dans des discours ou des proclamations, mais également dans la correspondance. On sera attentif aux figures de style, au registre de langue. De même le vocabulaire général ou usuel, par exemple les occurrences ou emplois répétés de même termes peuvent offrir de fructueuses pistes d�analyse 1.6. L�apport de la documentation extérieure Le travail sur le texte a abouti à des repérages qui sont autant de questions qu�il s�agit de résoudre. Il faut maintenant élucider les allusions, éclaircir les situations, identifier les lieux, institutions ou personnages. Un travail de recherches ou simplement de vérification est maintenant nécessaire. L�étudiant dispose naturellement de connaissances, mais c�est dans les usuels, dans les manuels et dans les ouvrages plus spécialisés qu�il trouvera des éléments de réponse à ces questions. Ce travail de recherche ne peut naturellement être fructueux que dans la mesure où les bons outils sont à disposition d�où l�importance de la documentation. Il faut le limiter strictement au terrain de ce qui doit être commenté et expliqué et ne pas se perdre dans la lecture d�ouvrages. Des notes serviront à la phase de rédaction définitive. 2.1. Organiser les matériaux et structurer la rédaction


Le travail de préparation ayant été mené à son terme, il est temps de passer à la rédaction du devoir et donc à l�organisation et à l�exploitation des matériaux réunis. Comme pour la composition ou dissertation historique se pose le problème du plan. Le plus souvent le document n�est pas porteur d�un plan qu�il suffit de dégager et de suivre. La question à se poser est celle des apports fondamentaux du texte, ceux autour desquels s�organisera la matière explicative. L�étudiant constituera quelques �paquets� correspondant aux pôles de signification du document, aux thèmes majeurs qu�il suggère et fournit. On tiendra compte également des matériaux réunis et de la capacité de nourrir ces thèmes par le commentaire, inutile d�ouvrir des rubriques que l�on n�est pas en mesure de développer. Le devoir s�organisera ainsi autour de quelques thèmes qui seront analysés en recourant à des citations du texte. L�ordre dans lequel ces thèmes seront abordés reste libre. On évitera le commentaire �linéaire� ou �ligne à ligne� souvent bien lourd, en étant attentif à ne pas oublier certains éléments. On regroupera ceux-ci autour des thèmes choisis de préférence à une subdivision artificielle du texte en parties. On s�efforcera de rester près du texte sans pour autant tomber dans l�écueil de la paraphrase stérile. � Reste alors à identifier chacun des passages dont le commentaire trouvera place

dans telle ou telle des parties. On numérotera chacune des parties envisagées et on reportera le numéro correspondant en chacun des endroits du texte qu�on a souligné ou coché et qui appellera un commentaire. Un seul coup d�oeil permet de retrouver les passages à utiliser. Une autre variante consiste à prendre autant de feuilles de papier que de parties, de structurer par quelques courtes phrases au brouillon la démarche de chacune d�elles et de repérer par un numéro porté dans le document et reporté dans la partie adéquate les passages qu�on compte utiliser. L�essentiel est de structurer le propos sur la base des apports du texte et de rester proche de celui-ci. Une démarche plus synthétique conviendra à des textes à faible densité d�information.

2.2. La présentation du document ou introduction La présentation du document comprendra les éléments majeurs d�identification, l�analyse au sens où elle est définie plus haut, enfin l�évocation du contexte. Les éléments d�identification seront présentés dans un ordre qu�il conviendra de définir. Il n�y a pas de règle universelle; d�un document à l�autre, tel élément est présent ou pas, important ou négligeable. On évitera à ce stade de citer abondamment le texte si ce n�est sur les points qui ont servi à l�identification. On peut donc imaginer une présentation en trois sous-parties. L�important est de distinguer cette partie initiale


du travail des autres qui portent exclusivement sur les contenus du texte. On ménagera un espace. Alors que la composition historique doit se traiter comme une réponse à un problème posé en introduction, l�analyse ou le commentaire de document part d�un matériau qu�il s�agit d�exploiter et ce n�est qu�en conclusion qu�on fera état des problèmes posés. En ce sens il n�y a pas à définir une problématique mais à remonter des connaissances et informations offertes par le texte aux questions qu�il permet en partie de résoudre. 2.3. Rédiger les parties � La structure du devoir ayant été arrêtée, on abordera la rédaction sur la base des

passages portant le même numéro et sur la base de notes concernant les éléments de caractère général de la partie correspondante. On veillera à ne pas donner une tournure sèchement énumérative à une rédaction proposant une suite d�explications de détail, on alternera explication de mots et d�expressions avec des commentaires plus globaux concernant tel thème, partie ou séquence. On n�omettra pas les éléments plus diffus qui auront fait l�objet d�une annotation sur le texte ou sur vos feuilles de préparation ainsi que les silences du texte sur tel ou tel point qui peuvent être aussi importants que ce qui est dit.

On citera en usant des guillemets, en respectant fidèlement le texte et en précisant le ou les numéros des lignes. On intégrera au texte les citations courtes et on réservera un paragraphe particulier pour les citations de plusieurs lignes. 2.4. La conclusion La conclusion a une double fonction: tout d�abord elle permet de ramasser en quelques lignes les apports essentiels du document, petit bilan de l�explication proposée; d�autre part elle doit permettre de prendre un peu de distance et de replacer les apports du document dans le cadre plus large du sujet dans lequel il s�insère. On s�attachera à montrer si le document confirme la vision habituelle du sujet ou si au contraire le document infirme cette vision, la corrige ou la nuance. Enfin, seule la conclusion autorise à évoquer l�avenir et à quitter le présent du texte et du contexte. On le fera avec prudence et concision. Il ne s�agit pas de relancer analyse et commentaire mais bien de conclure. Un pont avec le présent peut parfaitement se défendre si le sujet s�y prête. Un jugement personnel est également possible, que ce soit pour évoquer la pertinence d�une opinion donnée par l�auteur du document ou au contraire pour mettre en cause le point de vue affiché par celui-ci. Comme on le voit c�est dans la conclusion que l�on peut remonter au problème


dont le document constitue un élément de réponse, ceci à l�inverse de la composition historique traitée plus loin.


3. Exemple


3.1. Les matériaux du commentaire 3.1.1. Aborder le document On peut relever un titre de caractère informatif qui n�appartient pas au texte original. Les points de suspension nous indiquent qu�il s�agit d�un extrait non coupé. Auteur et destinataires sont clairement désignés dans la référence au bas du texte, de même que la date où le texte a été lu ou déclamé puisqu�il s�agit d�un discours. Une première lecture nous renseigne relativement bien sur les aspects essentiels du texte: un plaidoyer pour engager la Suisse dans l�aventure du rail grâce aux institutions nouvelles du pays qui doivent permettre de donner l�impulsion initiale. 3.1.2. Identifier le document Il s�agit d�un discours du président du conseil national adressé à ses collègues, reproduit dans la Feuille fédérale, organe officiel de la Confédération, une dizaine de jours plus tard. On recherchera des renseignements sur l�auteur en partant d�une notice de dictionnaire. Sa fonction présidentielle d�une année à la tête d�une des deux chambres fédérales n�est qu�un aspect d�une carrière non seulement politique mais aussi et surtout consacrée à la finance et à l�industrie. Cet aspect nous explique assez bien la préoccupation ferroviaire. L�écho du propos dépend naturellement de la réceptivité des autres conseillers nationaux à ses thèses, la recherche est plus délicate mais une information sur le développement des chemins de fer peu après 1849 peut constituer une réponse. Comme le discours est publié, que la presse parlementaire l�a certainement évoqué, on peut à bon droit se demander quelle est la position de l�opinion publique sur une telle question. � La date à laquelle le discours a été prononcé, soit l�automne 1849, laisse à penser

qu�il s�agit peut-être d�un discours inaugural lors de la session d�automne des chambres fédérales.

� On sera attentif au fait que dans l�hypothèse d�une législation sur le rail, le pays entier sera engagé, il s�agit bien d�une oeuvre nationale. Quel est l�état du pays en 1849, l�unité politique est-elle grande ? Quelles sont les forces qui dominent le pays ?

Comme on le voit ce travail d�identification au même titre que l�étude du contexte historique suppose une documentation relativement fouillée qui pourra être réunie en partant d�ouvrages généraux récents, Nouvelle histoire de la Suisse et des Suisses, Tome III (1983) ou d�ouvrages consacrés à la Suisse autour de 1848, W.E. Rappard, La constitution fédérale de la Suisse, Neuchâtel, La Baconnière (1948). 3.1.3 L� analyse du document


Le propos d�Escher est d�une grande simplicité. La naissance de l�Etat fédéral et l�adoption d�une constitution nouvelle permet de mieux faire face aux besoins de l�époque. Le chemin de fer est l�un de ces besoins urgents. La Suisse a pris du retard à l�époque du pacte fédéral (1815-1848) parce que la confédération n�avait aucun moyen de promouvoir le rail en lui donnant une base légale. Les cantons, souvent divisés, sont incapables de prendre des initiatives et une telle réalisation ne peut s�envisager qu� à l�échelle du pays tout entier. Le retard de la Suisse représente une menace, le danger d�isolement du pays est grand: des projets de contournement de la Suisse par le rail voient le jour. La Suisse est en paix dans une Europe chahutée par les conflits: comment dès lors ne pas s�atteler à cette oeuvre pacifique qu�est la construction d�un réseau de chemins de fer. Les députés doivent mesurer les responsabilités qu�ils ont vis-à-vis des générations futures et s�engager activement dans ce dossier prioritaire pour lequel la constitution a prévu une base constitutionnelle. 3.1.4 Le contexte historique Un rappel bref des transformations politiques de la Suisse s�impose. On partira de la guerre civile de 1847 pour rapidement s�attacher à une brève description du nouvel ordre politique imposé par les radicaux. On opposera l�état fédéral de 48 au système ultra-fédéraliste du pacte de 1815. La dimension économique sera privilégiée en conformité avec la préoccupation du discours d�Escher. L�élaboration de la constitution aura sa place évidemment, surtout en ce qui concerne les instruments nouveaux aux mains des autorités centrales. Le contexte européen sera envisagé de deux manières: tout d�abord au plan économique, on cherchera à montrer où en sont les états voisins de la Suisse, plus particulièrement dans le domaine des transports et du rail; on évoquera aussi les révolutions de 48 en Europe et plus particulièrement la situation en 1849. 3.1.5. Le contenu du document ou travail sur le texte � Cette étape requiert une documentation relativement étendue, constituée aussi

bien d�usuels (Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, Dictionnaire historique de la Suisse, à paraître, les ouvrages de Gruner sur l�Assemblée fédérale), que d� études particulières sur l�auteur, sur les chemins de fer. On aura a disposition le texte de la constitution de 1848 et le pacte de 1815. Une carte du réseau ferroviaire européen vers 1850 est indispensable.

Eléments du texte à expliciter Le travail consiste à élucider dans un premier temps la terminologie, les notions, les allusions du texte. Se référer au texte annoté (termes ou éléments du texte entourés)


pour avoir une idée de la matière à traiter. La relative simplicité du texte permet d�accomplir assez rapidement cette étape. Le mouvement du texte La thématique est assez simple et on peut sans difficulté suivre le texte. Les premières lignes mettent en parallèle l�ordre politique nouveau avec la �modernité� des chemins de fer. Le retard de la Suisse en la matière fait l�objet de la partie suivante du texte. Le danger d�isolement évoqué ensuite par Escher mérite d�être discuté et analysé. L�orateur invite ses collègues dans la partie finale à agir promptement en profitant de la paix helvétique retrouvée. Se référer aux passages cochés en marge du texte. Les éléments diffus ou implicites Le texte n�aborde pas de façon claire le rôle de l�état dans l�aventure du rail: bases légales seulement ou intervention plus directe dans la réalisation. Quid de l�octroi de concessions, quid du financement, quid de la compétence respective des cantons et de la confédération ou état central? Le vigoureux plaidoyer d�Escher peut-il s�expliquer? Quels milieux représente-t-il? On songera à camper un peu à travers lui le monde des entrepreneurs. Qui sont les députés destinataires du message? La composition du conseil national peut bien sûr avoir un intérêt. L�écho du message d�Escher est essentiel. Certes le travail doit s�en tenir principalement au texte mais celui-ci a-t-il été l�impulsion nécessaire à l�ouverture du dossier chemin de fer? Quelles étaient les résistances à surmonter dans le pays? 3.1.6. L�apport de la documentation extérieure Dans le paragraphe précédent nous avons inventorié les éléments du texte qui méritent analyse et commentaires. Le plus souvent il s�agissait de questions ou de recherches à faire dans la documentation à disposition. L�établissement de la bibliographie est donc indispensable. Elle se constituera petit à petit au fur et à mesure des besoins des différentes étapes du travail. Sa portée dépendra évidemment de l�ampleur du travail. Pour tout ce qui touche à la bibliographie se reporter à la première partie de ce guide méthodologique. Pour le cas qui nous occupe, la bibliographie comprendra un certain nombre d�usuels dont il a déjà été question, des ouvrages d�histoire suisse centrés sur le XIXe siècle, portant aussi bien sur l�histoire économique du pays que des ouvrages portant sur la politique et les institutions fédérales. Enfin des études particulières sur l�auteur et sur le début des chemins de fer complèteront la documentation générale. L�important est de constituer une documentation progressant du général au particulier et de ne pas


multiplier les références qui apportent très sensiblement les mêmes renseignements généraux. 3.2. Conseils pour la rédaction La présentation et l�analyse du document reprendront les éléments recensés plus haut. Il s�agira d�éviter d�entrer en matière et de ne pas empiéter sur le travail d�analyse du texte. Ainsi la présentation de l�auteur sera sobre et se contentera de quelques indications relatives à sa fonction et à sa carrière. Il ne faut en aucun cas développer tel ou tel aspect de la personnalité d�Escher. Cet aspect doit logiquement prendre place dans le commentaire du texte lui-même, à propos de l�un ou l�autre des thèmes choisis. Escher est un pionnier de l�économie et de la finance en Suisse et son rôle de grand patron explique bien son souci de voir la Suisse se lancer dans l�aventure ferroviaire. L�analyse se limitera comme plus haut à un inventaire des thèmes du texte sans souci autre que de les énumérer et de cerner l�argument principal du document. � L�organisation de la matière peut se faire autour des quelques thèmes suivants: la

nouvelle unité des Suisses et la possibilité ainsi d�avoir une politique nationale. On montrera à quel point l�état central sert en premier lieu les intérêts économiques. La Suisse de 48 devient en premier lieu un espace économique libéré des entraves des frontières cantonales, des multiples péages qui paralysaient le commerce intérieur. En outre l�enjeu d�une Suisse carrefour est présent chez Escher. Combattre l�isolement, l�insularité, c�est un thème qui revient souvent dans son propos. La question du retard de la Suisse sera naturellement traitée, vérifiée, mesurée. Un deuxième thème s�occupera plus particulièrement de la dimension politique: la question des chemins de fer avant 48.

Le retard helvétique s�explique-t-il uniquement par des structures décentralisées inadéquates ? Le conservatisme, la crainte du financement, l�absence de fer et de charbon, tous ces élément peuvent compléter l�explication institutionnelle. Un troisième thème pourrait aborder l�esprit de la constitution de 48 et plus précisément les instruments ou la base constitutionnelle nécessaire à la construction d�un réseau (art. 21 sur les travaux publics et la possibilité d�exproprier). La conclusion, outre le bilan qu�elle apportera de l�analyse du texte, pourrait aborder l�avenir sur des temps de longueurs variables. Tout d�abord un survol de la période 48 à 52 jusqu�à l�élaboration de la 1ère loi fédérale sur les chemins de fer. Ces indications prouveront a posteriori l�importance du dossier chemin de fer et donc de l�intervention d�Escher. Faisabilité d�un réseau suisse, problème de financement, rôle respectivement du privé et de l�Etat, on se contentera de quelques informations. L�échelle du demi-siècle permettra d�esquisser l�époque des chemins de fer privés jusqu�au rachat voté par le peuple en 1898. Enfin un pont avec le


présent est possible, judicieux même. Les chemins de fer fêtent leur 150e anniversaire dans un contexte de difficultés financières et le débat public-privé rebondit. La Suisse de 1997 est enfin pour certains à nouveau menacée d�isolement: transversales alpines, rapprochement avec l�Europe communautaire, autant de thèmes qu�une conclusion pourrait suggérer. Veiller à ne pas relancer le commentaire dans la direction d�une dissertaion. Le propos doit rester en relation avec l�analyse du texte d�Escher.


Troisième partie: Composition La composition historique est un devoir correctement rédigé, qui consiste à organiser avec méthode des connaissances sur un sujet donné. Il est prudent de procéder par étapes. N.B. La plupart des remarques qui suivent sont également utiles pour la préparation d�un exposé ou pour comprendre une question posée dans la cadre d�un travail écrit et y répondre le plus correctement possible. Les étapes 1. Lire et comprendre le sujet 2. Mobiliser ses connaissances 3. Dégager une problématique 4. Construire un plan 5. Rédiger 1. Lire et comprendre le sujet Quand? Où? Comment? Pourquoi? Ce questionnement permet généralement de déterminer correctement les limites du sujet. Lisez et relisez le libellé. Réfléchissez à chaque terme. Repérez les mots clés. Identifiez les notions utilisées et l�orientation du sujet, c�est-à-dire son sens général. ◊ Tenez le plus grand compte des noms communs qui précisent le champ de l�analyse des noms propres. Des mots tels que «causes», «caractères», «conséquences», «conditions», «bilan» etc. posent une question implicite et précisent l�orientation de la dissertation. Ces mots banals du langage peuvent être essentiels. ◊ Les verbes ne sont pas à confondre avec les substantifs correspondants. Le sujet «Mourir au XIVe siècle» doit se comprendre «dans quelles conditions matérielles, religieuses et morales meurt-on, que l�on soit seigneur ou misérable? Le sujet «La mort au XIVe siècle» doit donner la priorité à l�analyse démographique de la mortalité, à l�explication de ses causes (disette, guerres, épidémies) et à l�étude des représentations de la mort. ◊ Il faut être attentif au pluriel et au singulier des mots. Le sujet «Le socialisme français avant 1914» ne peut être conçu comme celui libellé «Les socialismes français avant 1914». Le premier met l�accent sur la tendance à l�unification; le second privilégie la diversité des écoles. ◊ Soyez très attentifs à l�ordre des mots. Le sujet «La Révolution française et les paysans» se comprend très différemment que «Les paysans et la Révolution française». Ce dernier sujet implique l�étude des revendications paysanne à la veille de la révolution, puis celle des


soulèvements d�après 1789. Le premier sujet oriente l�étude dans le sens de la gestion politique de la question paysanne par les gouvernements révolutionnaires. ◊ Comment interpréter un et de coordination? C�est la nature des termes et non la conjonction qui donne un sens au sujet. Et peut signifier une relation. A ce moment-là les termes sont de même nature. La France et l�Allemagne à la veille de la Première Guerre mondiale. Mais la conjonction peut aussi avoir un sens différent «Napoléon III et l�Unité italienne» doit se comprendre comme «attitude face à, rôle de l�Empereur dans». ◊ Soyez très attentif à ne pas dépasser les limites chronologiques et géographiques d�un sujet. Attention! Le choix des dates aval et amont d�un sujet n�est jamais indifférent. Il s�agit d�analyser les raisons de ce choix. «Le fascisme italien (1919-1927)» est un sujet qui doit être appréhender très différemment de «Le fascisme italien (1919-1943). Ne sortez jamais du cadre chronologique fixé sauf au gré de quelques rappels de références! 2. Mobiliser les connaissances Comment viennent les idées? Dans le plus grand désordre! Raison pour laquelle un brouillon (ou feuille de recherche d�idées) est indispensable. N�hésitez pas à jeter sur le papier «comme ça vient» tout ce qui vous «passe par la tête». Attention, au cours de cette étape, relisez constamment le sujet afin de ne pas le perdre de vue et vous en éloigner. Un exemple vaut mieux que tous les discours. Pour le sujet «Les spécificités des chemins de fer suisses au XIXe siècle», cela pourrait donner ceci:


Une page de recherche d�idées doit aboutir à la formulation de la problématique, autrement dit à la rédaction de la question principale (fil directeur de votre propos) ainsi qu�aux principales articulations ou questions secondaires. ◊ Ne consacrez pas plus d�un tiers de votre temps global à la recherche d�idées. ◊ Essayez de tout mettre sur une page A4 pour ensuite mieux visualiser ce qui sera votre plan. ◊ Cette étape doit vous permettre de dégager la problématique et le plan. 3. Dégager une problématique Il s�agit d�exposer le problème contenu dans le sujet. Elle consiste à transformer, si possible, l�ensemble des questions déjà notées en une seule interrogation. ◊ Tout sujet, même le plus simple, doit être problématisé par la formulation d�une question centrale. ◊ Il est rare qu�un sujet soit rédigé sous forme de question. Mais tout libellé est en fait une interrogation. ◊ Tout sujet est une interrogation et une invitation à discussion plus qu�un simple test de connaissances. Un bon questionnement démontre donc que la matière n�a pas seulement été apprise mais surtout comprise. Trois exemples de problématiques. 1. «Napoléon III et l�Unité italienne» -> les contradictions de la politique de l�Empereur vis-à-vis du problème national italien -> montrer comment Napoléon III a été à la fois une aide et un obstacle à l�Unité italienne; montrer comment cette politique est aussi motivée par des considérations intérieures et comment sa politique à l�égard de l�Allemagne a entraîné sa chute. 2. «La chasse aux sorcières et la construction de l�Etat moderne» -> la chasse aux sorcière au XVIe et XVe siècles est une conséquence de la construction des Etats modernes en Europe mais elle s�appuie aussi sur les réalités particulières des communautés villageoises -> si l�Etat moderne veut imposer son autorité en s�opposant aux contre-pouvoirs dans les campagnes, la recomposition sociale des communautés villageoises suscite aussi les boucs-émissaires. 3. «Napoléon et la France» -> en quoi Napoléon a-t-il pu consolider et défendre le bilan politique et social de la Révolution française, tout en prolongeant des tendances latentes sous l�Ancien Régime, et créer l�Etat moderne français par la dictature et la guerre? 4. Construire un plan Il faut traiter la problématique en construisant une réponse argumentée. Le plan en est l�ossature. Il comporte en principe un nombre illimité de parties (de deux à quatre) et doit être équilibré.


Pour chaque sujet, il n�y a pas un seul plan possible, mais il existe des types de plans plus ou moins adaptés. Trois types de plan peuvent cependant être dégagés -> plan chronologique (décrire une évolution et expliquer les facteurs des changements historiques) -> plan thématique (analyse de différentes composantes d�une réalité; explication de l�unité et de la cohésion) -> plan dialectique (saisir le mouvement contradictoire de la réalité historique en étudiant les rapports entre ses différentes composantes) Exemples «Qu�est-ce que le nazisme?» Plan chronologique Plan thématique Plan dialectique 1) Naissance et affirmation du nazisme (1919-1932); son programme, son parti

1) Le nazisme comme idéologie: de Mein Kampf à la �solution finale�

1) Le nazisme est-il seulement un �hitlérisme�: quelle est la véritable responsabilité de Hitler?

2) Le nazisme au pouvoir (1933-1939); l�Etat SS, la mise au pas de l�Allemagne, la politique économique et sociale

2) Le nazisme comme politique: de la conquête du pouvoir à la mise au pas de l�Allemagne et de l�Europe

2) Le nazisme est-il un �totalitarisme�: quelles sont les méthodes de conditionnement idéologique et social?

3) Le nazisme et la guerre (1939-1945); la domination de l�Europe nazie, la �solution finale�, l�effondrement

3) Le nazisme comme impérialisme: expansionnisme militaire et volonté de domination européenne

3) Le nazisme est-il une dictature � des classes dirigeantes: quelles sont les responsabilités des élites allemandes? 4) Quel est le poids des héritages historiques pour le nazisme, ce �fascisme de grande puissance�?

Danger de ce type de plan: vouloir tout dire pour chaque période et se perdre. Un récit ne convient pas à un sujet définition. (Qu�est-ce que�)

Danger de ce type de plan: être trop descriptif et réducteur. Le nazisme risque d�être par exemple réduit à un racisme et à un militarisme.

Plan plus adapté Par approfondissements historiographiques successifs, le nazisme est replacé dans son rapport à l�histoire et à la société allemande.

5. Rédiger La composition historique, indépendamment du plan choisi mais en relation avec lui, doit comporter trois parties.


Une introduction Un développement Une conclusion

Introduction Elle comprend trois éléments: 1. L�entrée en matière ou préambule qui indique les bornes spatiales et chronologiques du sujet. 2. L�analyse du sujet (qui fait apparaître quelques-unes des questions que suscite le sujet et dégage la problématique). 3. L�annonce du plan (qui présente les thèmes principaux du devoir). Introduire c�est d�abord problématiser Développement Il est organisé en parties séparées: 1. présenter dans le premier paragraphe de chaque partie l�idée principale. 2. terminer chacune d�entre elles par une transition: conclusion partielle annonçant la partie suivante. 3. Laisser un espace entre l�introduction et le développement, entre deux parties et enfin entre le développement et la conclusion. Un très net retrait de ligne peut faire l�affaire. Des parties clairement reliées Conclusion Elle est l�aboutissement du raisonnement. Elle n�est pas un résumé de la composition mais un bilan qui apporte une réponse à la problématique définie dans l�introduction. Elle peut aussi ouvrir des perspectives: c�est «l�élargissement du sujet». Ne bâclez pas le contenu de la conclusion Méditez à l�avance son contenu! Conseils généraux pour bien rédiger Choisissez les mots ◊ Sachez résister au vocabulaire relâché. Bannissez les mots familiers. Les guillemets n�effacent rien mais placent en évidence un mot maladroit.


◊ Sachez résister au vocabulaire trop savant. La démagogie verbale n�est pas rentable! ◊ Soyez très prudent avec les mots connotés et évitez toute terminologie péjorative! gauchistes, rouges etc. ◊ Évitez l�anthropomorphisation. Les faits sociaux ne sont pas des choses et encore moins des êtres humains. Ne dites pas L�Allemagne est humiliée mais Certains secteurs de la population allemande ressentent une humiliation. Ne dites pas Le régime nazi décida mais Le gouvernement de Hitler décida. ◊ Soyez le plus précis possible dans l�utilisation du vocabulaire historique spécialisé. Majuscules/ minuscules ◊ Peuples = majuscules -> Les Allemands ◊ Langues = minuscules -> l�allemand ◊ Groupes de fidèles d�une religion = minuscules -> les catholiques. Cela engendre une incertitude lorsque il y a interférence entre peuple et religion: juif renvoie à une religion; Juif à un peuple. Idem Israéliens mais israélites. La difficulté est moindre pour les groupes linguistiques perçus comme peuples : par exemple on écrit les Arabes. ◊ Les points cardinaux sont des noms communs lorsqu�ils désignent des directions (minuscule) mais des noms propres lorsqu�ils désignent des régions. ◊ Les époques historiques, dont le nom est consacré par un long usage, portent une majuscule. Exemples: le Second Empire, l�Ancien Régime, la Réforme. Citations ◊ Si vous citez un auteur faites-le avec exactitude, et entre guillemets. Exemple: comme l�a dit Montaigne «Mieux vaut laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez». ◊ Évitez les trop longues citations. ◊ Évitez les citations «bidon» pour proférer des banalités du type, comme l�a fait remarquer Untel « Hitler était un tyran». Conseils généraux Aérez votre texte en faisant des paragraphes Soignez l�orthographe Rédigez des phrases courtes, toujours plus élégantes Veillez à la présentation matérielle: feuilles solides, marges pour les remarques du correcteur

Vade-mecum pour l'étude de l'histoire au gymnase

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