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l’Art Musulman Interdiction des images On est surpris de constater qu’il n’existe aucune interdiction concernant les images, peintures ou statues d’êtres vivants dans le Coran. Pour Abû 'Alî al-Fârisi (901-979), linguiste, l' interdiction concernait uniquement Dieu sous une forme corporelle : « Celui qui façonne un veau, soit en matière précieuse, soit en bois, ou qui le fabrique d'une manière quelconque, n'encourt ni la fureur divine ni les menaces des musulmans. Si l'on objecte que la Tradition rapporte cette parole du Prophète : « les faiseurs d'images seront châtiés le jour du jugement dernier », il sera répondu : ces mots s'appliquent à ceux qui représentent Dieu sous une forme corporelle. Toute addition à cela appartient à des versions individuelles, qui n'entraînent pas la certitude. » Allah seul existe vraiment pour le musulman. Il n’est pas concevable pour l’esprit humain. Il serait sacrilège et absurde de le représenter sous une forme que l’on puiserait totalement dans la nature créée, par exemple la forme d’un homme barbu comme faisaient les chrétiens. Interdiction des images dans les mosquées Par contre, il n’y a pas de représentations d’êtres vivants dans les mosquées. L’interdiction était donc uniquement dans les lieux de culte. Car, les représentations d’êtres vivants dans les lieux de culte devenant images religieuses, elles risquaient de devenir objets de vénération et de prière, comme l’étaient les icônes et les images chrétiennes.

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l’Art Musulman

Interdiction des imagesOn est surpris de constater qu’il n’existe aucune interdiction concernant les images, peintures ou statues d’êtres vivants dans le Coran. Pour Abû 'Alî al-Fârisi (901-979), linguiste, l'interdiction concernait uniquement Dieu sous une forme corporelle :« Celui qui façonne un veau, soit en matière précieuse, soit en bois, ou qui le fabrique d'une manière quelconque, n'encourt ni la fureur divine ni les menaces des musulmans. Si l'on objecte que la Tradition rapporte cette parole du Prophète : « les faiseurs d'images seront châtiés le jour du jugement dernier », il sera répondu : ces mots s'appliquent à ceux qui représentent Dieu sous une forme corporelle. Toute addition à cela appartient à des versions individuelles, qui n'entraînent pas la certitude. »Allah seul existe vraiment pour le musulman. Il n’est pas concevable pour l’esprit humain. Il serait sacrilège et absurde de le représenter sous une forme que l’on puiserait totalement dans la nature créée, par exemple la forme d’un homme barbu comme faisaient les chrétiens.Interdiction des images dans les mosquéesPar contre, il n’y a pas de représentations d’êtres vivants dans les mosquées. L’interdiction était donc uniquement dans les lieux de culte.Car, les représentations d’êtres vivants dans les lieux de culte devenant images religieuses, elles risquaient de devenir objets de vénération et de prière, comme l’étaient les icônes et les images chrétiennes.

Les décors murauxPar contre, pour ce qui est des autres figurations en d’autres lieux que les mosquées, les Arabes des premiers siècles ne paraissent pas avoir senti un interdit particulier.

On peut donc en conclure que l’opposition aux images n’apparaît pas dans l’Islam primitif.La tradition montre d’ailleurs le Prophète vivant dans un milieu où les images d’êtres vivants sont nombreuses (tapisseries, coussins, tapis, peintures murales).Durant la période Omeyyade et sous les premiers Abbassides, des mosaïques, de nombreuses peintures murales recouvrent les murs et les planchers de nombreux édifices omeyyades, mosquées ou châteaux, élevés entre 685 et 750.Cette habitude d’orner les murs va se poursuivre au cours des siècles.

Cet art figuratif mural dans l’art musulman peut se diviser en deux périodes :

Première période  : Continuation de l’esthétique byzantine sans aucun effort

pour la rendre licite dans le sens musulman. On se contente de ne pas représenter d’êtres animés dans les mosquées. Dans les palais, on réserve généralement ces figurations aux salles d’audience, des bains ou des harems.

Deuxième période  : La peinture cherche à s’adapter par son esthétique aux interdits.

Les mosaïquesLes mosaïques appartiennent toutes à la première période. Elles seront les premiers décors muraux.

Les mosaïques byzantines de Ravenne Mosquée de Damas 706-715

Ces mosaïques sont de style typiquement byzantin. Comparaison avec les fresques de Ravenne (Art Byzantin)

Les compositions byzantines s’articulaient autour de personnages, alors qu’à présent le paysage est assumé comme seul centre d’intérêt.

Mosquée de DamasCe qui permet de voir toute la beauté de ces architectures et de ces plantes stylisées ou inventées, dont l’ensemble prend une valeur toute nouvelle. (XIXème : révolution en Occident : le paysage simple fond ou cadre, devient élément principal du tableau). Les architectures, le monde végétal sont développés et composés pour eux-mêmes et non en fonction de scènes à personnages.D’autre part, souvent dans les mosaïques, les grands arbres jouent, par rapport aux paysages du fond, le rôle des saints et des martyrs dans les églises byzantines.

Pavements de Madaba

Les artistes byzantins déployaient déjà depuis des siècles de grands paysages composés de maisons, de palais, de temples, d’arbres et de plantes.Dans ces mosaïques murales pas plus que dans ces pavements, il n’y a lieu de chercher un quelconque symbolisme musulman qui aurait pu être imposé.

Pavement de Khirbat al-MafdjarMême dans ce « Lion attaquant une gazelle » dans lequel certains ont voulu reconnaître le symbole de la puissance invincible de l’Islam.

Mosaïque du lion et de l’onyxCar c’est l’un des thèmes les plus classiques des mosaïques byzantines.En se replaçant dans la mentalité de l’époque, s’il fallait chercher un symbolisme caché dans les mosaïques omeyyades, ce serait plutôt un symbolisme chrétien que les artistes ont pu y glisser sans que les princes arabes s’en soient même aperçus. Pour ces artistes ce symbolisme caché était l’équivalent d’actes de résistance et leur procurait le plaisir subtil d’affirmer secrètement leur foi dans les œuvres mêmes qui ornaient les mosquées.

Mosaïque vase 1. Mosquée de DamasLa bordure est composée d’octogones étoilés inscrits dans un cercle. Or, l’octogone composé de deux carrés inscrits dans un cercle représente une des formules symboliques de l’ésotérisme chrétien.L’octogone étoilé, dont c’est probablement la première manifestation dans l’art musulman, y connaîtra une fortune immense, puisque les polygones seront la base de tout l’art abstrait rectiligne.

Mosaïque vase 2. Mosquée de DamasOn remarque des cœurs, simplement inversés ou dans le bon sens. Or, le cœur symbolise le cœur du Christ et son sang, promesse d’immortalité.Dans la fleur de lotus, douze losanges (les douze apôtres). La fleur a la forme d’un ciboire. Deux grappes de raisin symbolisant le vin.Une composition symbolique claire et précise sous les apparences d’une simple décoration.

Mosaïque 3. Mosquée de DamasDans la volute de droite, un cœur inversé avec trois glands symbolisant la Trinité.Pourtant, les mosaïques vont disparaître très rapidement en 30 ou 40 ans.Pourquoi ?

Les historiens arabes assurent qu’elles étaient l’œuvre d’artistes byzantins, envoyés par l’empereur de Constantinople et que les mosaïques utilisées étaient expédiées en même temps que les ouvriers, il est facile de comprendre leur disparition.

Il n’y aura plus d’autres mosaïques figuratives musulmanes après cette période.

Il ne faudrait surtout pas y voir le triomphe de l’interdiction des images d’êtres vivants, mais seulement l’absence d’artistes locaux capables de les exécuter en mosaïques.Les figurations continueront longtemps à orner les murs en peinture. En outre elles étaient spécialement permises si on les foulait aux pieds.

La peinture muraleLa plupart des peintures murales des premiers siècles de l’Islam ont disparu, hélas, avec l’enduit des murs qui les supportaient ou par suite d’incendies. Il nous en reste cependant quelques unes des VIIIème, IXème et Xème siècles pour nous donner une idée de ce que pouvait être cet art.C’est dans ces petits châteaux que l’on a appelé : « Les châteaux du Désert » que nous trouvons les peintures les plus représentatives.On appelle châteaux du désert un groupe de constructions proche-orientales datant des VIIᵉ et VIIIᵉ siècles (soit environ entre 660 et 750) pendant le règne de la dynastie omeyyade après son installation à Damas. 

Qsar Amra ; Al Azraq ; Al Kharana (Jordanie) ; Al Hayr (Syrie) Qsar Amra la coupole : signes du Zodiaque Qsar Amra Vue de l’intérieur 1 Qsar Amra Vue de l’intérieur 2 Qsar Amra Personnage sur un trône

Le personnage est assis dans un fauteuil, sur un socle, sous un arc posé sur deux colonnes torses, entouré de deux pages ou anges, l’un le désignant, l’autre l’éventant. Sous le socle du fauteuil, la mer s’étendait avec quatre personnes nues dans une barque, des monstres marins et un oiseau aquatique.

Qsar Amra Les deux piliers Qsar Amra Détail d’un pilier Qsar Amra Le plafond : les métiers Qsar Amra Les métiers : détail Qsar Amra Le mur : les animaux Qsar Amra L’ours musicien

Science de la perspective dans le dessin animalier. Excellent raccourci dans le museau, les bras, la jambe droite de l’ours.

Qsar Amra Le danseur Qsar Amra Une princesse Qsar Amra Les figures

Figuration de six rois se tenant en un groupe respectueux. Qsar Amra Les figures : détail Qsar Amra Le bain Qsar Amra La femme et l’enfant Qsar Amra La femme et l’enfant : deuxième détail Qsar Amra L’ange Qsar Amra Quatre scènes de chasse Qsar Amra Figure Christique

La composition, la facture sont purement byzantines. L’esthétique ne possède aucun caractère musulman.

Alors que s’est-il passé pour que l’art musulman s’oriente vers les interdictions ?

Interprétation des mots Vers 750Dans les mots, la seule référence au sujet de l’interdiction concerne donc uniquement et très nettement les idoles utilisées par les païens comme objets de culte (et encore, trois passages seulement s’y réfèrent).Pourtant, pour arriver à l’interdiction « générale » des images, il a suffit d’interpréter des mots différemment. Le terme « timthal » est un mot assez rare qui signifie « statue » ou « figure » dans le contexte d’un temple donc « idole ». Alors certains traditionnistes vont remplacer tout bonnement le mot « timthal » par le terme normal pour les images en général : « soura ».La phrase obtenue n’est plus : « Les anges n’entrent pas dans une maison où il y a des idoles (timthal) »mais : « Les anges n’entrent pas dans une maison où il y a des images

(soura) ».

Condamnation du luxeD’autre part, les théologiens condamnaient l’excès de luxe et de gaspillage dont faisaient preuve les califes et les princes dans leurs palais et leurs châteaux. Les peintures murales, les mosaïques, les riches étoffes, la vaisselle ou les objets de métal ornés de figures, tout cela coûtait très cher et apparaissaient comme totalement opposé aux habitudes simples du Prophète et des califes de Médine.

Les théologiens et les traditionnistes ont cru bien faire, dans les circonstances culturelles et sociales de l’époque, en élargissant une phrase qu’aurait prononcée le Prophète, mais qui ne se trouve pas dans le Coran.

On a donc décidé que l'artiste ne doit pas apparaître comme « une sorte de rival de Dieu », et que sa prétention à imiter le créateur sera condamnée.Les peintres musulmans doivent donc montrer clairement qu’ils n’entendent pas imiter le réel donc rivaliser avec le Créateur.Les artistes vont donc dépouiller leurs œuvres de tout ce qui pourrait permettre que la figure qu’ils ont représentée soit « reconnue ».

C’est pourquoi, dans les fresques des pavements d’un autre château du Désert, Qasr al-Gharbi, nous sommes en présence des premiers signes d’une évolution qui va caractériser la peinture musulmane.

Pavement de Qasr al-Gharbi Les musiciens sont habillés à la mode arabe et ils sont situés dans une architecture aux arcs en plein cintre byzantins. Les visages ne sont guère individualisés, le modelé est léger et le relief des personnages essentiellement communiqué par le dessin. La représentation est plate, non corporelle, sans ombre. Le cavalier n’est pas un cavalier en particulier mais « l’idée » d’un cavalier. On est plutôt là face à un « concept ».Il s’agit bien là d’une transformation pleinement consciente répondant au problème posé aux peintres par les Hadith sur l’interdiction de figurer des êtres animés. [Un Hadith  est une communication orale du prophète de l'islam Mahomet et par extension un recueil qui comprend l'ensemble des traditions relatives aux actes et aux paroles de Mahomet et de ses compagnons, précédées chacune d'une chaîne de transmetteurs remontant jusqu'à Mahomet. Considérées comme des principes de gouvernance personnelle et collective pour les musulmans, on les désigne généralement sous le nom de « tradition du Prophète ». Les hadiths auraient été rapportés par près de 50 000 compagnons.]On reconnaît là les premiers pas du mouvement qui vise à transformer la peinture pour la rendre licite et donc musulmane.Et pourtant, « C'est peut-être dans ces condamnations réitérées que fut la chance des images dans l'islam, note Jean-François Clément, car dès lors que la règle est énoncée, elle fournit les moyens de la contourner ». La règle de l'interdit de la représentation des êtres animés a été le stimulant le plus grand de l'art musulman, permettant le développement d'une esthétique propre aux arts de l'Islam.Les artistes du monde islamique vont donc fréquemment jouer sur les limites entre art figuratif et art aniconique, en évitant l'imitation sans se priver de motifs figuratifs. Plusieurs techniques ont été utilisées en ce sens. Mais celle qui va être la plus employée sera la stylisation.

Pour éviter que le personnage ou l’animal ne s’apparente à une représentation du réel, l’artiste va faire en sorte que ce personnage ou cet animal devienne un signe codifié, sans volume ni modelé, en faire donc une « caricature ».Cette conception semble largement imprégner l'art islamique tout entier, tant dans la peinture que dans les objets.

Une œuvre marque une étape importante dans l’évolution de la peinture murale musulmane.

Danseuses palais Djawsaq al-Khaqani à Samarra 836/839La facture, assez maladroite, n’a plus rien à voir avec l’art byzantin. Les visages n’ont plus de modelé, bien que les robes conservent des plis fortement accentués. Si les danseuses voulaient évoquer le côté plus ou moins frivole du harem, elles seraient d’une maladresse et d’une lourdeur peu compatibles avec la qualité d’un artiste choisi pour décorer un palais califal. Mais il s’agit ici de peindre le concept de « danseuses ». Cette esthétique du concept contribuera de manière essentielle à rendre l’art licite.D’ailleurs ces danseuses pourraient tout aussi bien symboliser des constellations, leurs robes sont d’ailleurs parsemées d’étoiles.Le petit monticule à l’arrière plan frappe par son étrangeté. Or il reproduit exactement l’image de montagnes dans les peintures murales de Mari au 18ème siècle avant Jésus Christ.

Peintures de Mari 1800 avant Jésus ChristLe site archéologique de Mari est situé à l'extrême sud-est de la Syrie. C’est un trait essentiel de toutes les civilisations « traditionnelles », pour qui il est impérieux de continuer indéfiniment les techniques, les thèmes artistiques afin de ne pas laisser perdre ce qui a été une fois inventé. C’est dans un esprit analogue que pour le musulman toute « innovation » est péché.

Comparaison entre les peintures Peinture Abbasside 838/839

Pour appliquer l’esthétique licite que nous avons définie, il fallait abandonner la perspective qui organise les êtres en profondeur.

Jeune seigneur une coupe à la main Le Caire Xème siècleOn remarque la poursuite de l’évolution vers une absence complète de modelé, d’ombres et de lumières, vers une peinture dite « plate », c'est-à-dire vers une figuration qui soit licite. Ce qui

est figuré c’est le concept du « jeune beau » tel qu’il est conçu dans la poésie arabe.Le peintre musulman fait preuve de sa bonne foi en montrant qu’il ne cherche nullement à imiter la création de Dieu pour lui faire concurrence.On est bien devant les œuvres d’une esthétique musulmane.

Nous arrivons donc à l’art non figuratif

L’art non figuratifLe domaine de l’art non figuratif musulman peut se diviser en trois « provinces » bien précises :

La calligraphie Le décor géométrique à base de droites Le décor géométrique à base de courbes (décor végétal ou floral)

Ces différents éléments de l’art abstrait musulmans seront associés entre eux, donnant des œuvres d’une remarquable richesse.

La calligraphieSi nous commençons par la calligraphie, c’est parce qu’il s’agit du seul art proprement arabe de l’Islam.

Les raisons de l’importance de cet artPremière raison :

Son motif de base, c’est la forme des lettres de l’alphabet arabe. Alphabet arabe. Quelques mots. (Christophe ; Julien ; Stéphanie)Certes la calligraphie a été considérée comme un grand art dans d’autres civilisations, notamment en Chine. Mais, constituée d’idéogrammes, elle ne permet pas la liaison en ligne possédant un mouvement continu. Son idéal artistique est naturellement le « caractère de sceau » formant une entité de signification.Dans l’écriture arabe, les hampes verticales qui s’opposent à la direction horizontale et ponctuent les boucles, la possibilité de varier la hauteur des hampes et celles des boucles, de jouer aussi sur la largeur de celle-ci et la

longueur des lignes horizontales fournissent des variables riches en potentialités plastiques.Deuxième raison :Selon la tradition, (enseigné à Adam).

L'arabe est la langue du message de Dieu transmis aux hommes par Mahomet

Depuis toute éternité, le texte coranique est écrit sur une tablette céleste que seuls les anges peuvent contempler. L'écriture est donc un don divin. Dès lors, écrire c'est entrer en contact avec le divin. Recopier le Coran c'est comme effleurer la parole du Dieu.

Exemples d’illustration du CoranIl y avait, lors de l’avènement de l’Islam au VIIe siècle, 17 personnes qui savaient écrire. Ils furent les ancêtres des premiers calligraphes comme Khalid Ibn Abi’Heyyade qui calligraphia entièrement des exemplaires du Coran. Dans les premiers temps de la révélation coranique, l’écriture s’est imposée comme un moyen de conservation et de préservation de l’intégrité originelle de la langue du Coran.

Ainsi codifiée, la calligraphie aller passer, de simple moyen de transmission et de communication, au stade d’un art majeur d’une exceptionnelle richesse.L’écriture dans les édifices islamiques a une fonction décorative, mais aussi iconographique, comparable à la fonction qu’ont les images dans le monde chrétien. Les versets coraniques, ornant la mosquée, enveloppent littéralement les fidèles.

Emploi de la calligraphie dans la décorationSon emploi comme décor dans les mosquées prend par là une dimension et une réalité monumentales qu’elle n’a possédées dans aucune autre religion ou civilisation.Sur le plan matériel, elle est employée habituellement pour structurer des superficies, en séparant par exemple, en frise, l’alicatado (revêtement d’un mur ou d’un plancher avec des carreaux) de sa partie supérieure revêtue de stuc.

Medersa Bou Inania Meknès MarocEcole (medersa ou madrassa)Pour encadrer une fenêtre, la courbe d’un arc, un portique ou un mihrab.

Mosquée au Qatar

Science des proportions et art du geste, cette conception de l'art se démarque de la tradition occidentale. Le calligraphe ne produit pas une œuvre indépendante et autonome, il ajoute la valeur de la beauté à des objets qui préexistent, il ornemente un

support, il décore la réalité. Bref, il est l'artisan qui pare l'enveloppe des choses.

L’écriture sera : reproduite en peinture ou en mosaïque,

Décoration épigraphique du Dôme du Rocher Décoration épigraphique de la mosquée de Médine Décoration épigraphique de la mosquée de Meknès

taillée dans la pierre, Diapo

assemblée avec des carreaux de céramique, Diapo

sculptée dans le bois, Le Caire, Meknès

gravée dans le cuivre ou le bronze Diapo

tissée dans la soie. Diapo Décoration avec calligraphie Décoration avec calligraphie en miroir

On peut diviser en trois grands genres les modèles qui inspirent la calligraphie arabe : Hîjâzî : Ecriture HîjâzîIl semble que le style le plus ancien, et dans lequel sont réalisés les plus anciens manuscrits du Coran (Bibliothèque Nationale de France et British Library de Londres) est le style hijâzî (de "Hedjaz", région d'Arabie Saoudite). Ce style se caractérise par une écriture dont les verticales sont inclinées vers la droite.Coufique : Ecriture CoufiqueCette écriture (anciennement appelé "Hiri" et issu de l'écriture syriaque) se caractérise par son aspect rectiligne et angulaire, et provient de la ville de Kufa en Irak, et c’est elle qui apparait en premier dans la décoration architectonique. C’est une écriture soutenue, que seuls savaient lire les érudits et les imams (prêtres musulmans). Cette écriture  évoque l’immuabilité de Dieu. Les parties verticales des lettres évoquent l’immanence de Dieu, les parties horizontales, sa présence dans le monde.Cette écriture illustre certains très beaux corans du Xème siècle. Coufique Variantes 1 Coufique Variantes 2Le coufique connu ensuite plusieurs variantes : coufique fleuri, coufique géométrique.

Nashki (italique) : Ecriture NashkiLe Naskhi, dont les origines remontent au VIIIe siècle, est apparue dans sa forme systématisée au IXe siècle. Il s’agit d’un type d’écriture aux caractères liés, de forme quasiment circulaire et flexible. Considérée comme peu élégante, elle était surtout utilisée pour la correspondance ordinaire ou les écrits officiels et administratifs. Elle finit par se généraliser, pour devenir celle que le grand public allait connaître le mieux parmi ceux qui savaient lire et écrire. Avec l’arrivée du papier, qui remplaça le parchemin, ce style gagna ses lettres de noblesse.noblesse et servit d’écriture principale de Corans. À ce jour d’ailleurs, il y Elle est presque toujours formée de courts traits horizontaux et de verticales d’égale hauteur au-dessus et au-dessous de la ligne médiane. Les courbes sont pleines et profondes, les jambages droits et verticaux, les mots bien espacés en général. Elle apparait dans l’ornementation architectonique à partir du XIIème siècle.Le nashki, plus coulant, suggère la vie inépuisable de Dieu. Comparaison entre Coufique et NashkiL'écriture va s'étendre à toutes sortes de surface (papier, parchemin, bois, céramique, textiles...) et les graphies se multiplient.

Différentes graphiesLe farsi :Style perse. Ce style cursif met en valeur les courbes de la lettre arabe en réduisant les figures angulaires, lui conférant une élégance toute particulière.Le Thuluth (un tiers) :Le Tholoth, apparu au VIIe siècle, est une écriture statique et monumentale, essentiellement utilisée à des fins décoratives dans les manuscrits et les inscriptions. Elle a également été utilisée pour la copie des Corans, surtout pour les têtes de chapitre. On la considère comme la plus importante des écritures ornementales. Le RiqaaL'écriture Riqaa (petite feuille) provient à la fois du Naskhi et du Tholoth. Le centre des boucles des lettres est invariablement

rempli, les lignes horizontales sont très courtes. Son emploi fut réservé au courrier personnel et pour les livres profanes de moyen format. C'est aujourd'hui l'écriture manuscrite la plus employée dans le monde arabe.Le Mohaqqaq: Le Mohaqqaq était originellement une écriture dont les lettres étaient moins angulaires que le Coufique. L’ensemble était « produit avec méticulosité » comme son nom l’indique. Avec la découverte du papier autour de 750, l’écriture acquit une certaine rondeur qui la rendit plus facile à tracer et devint l’écriture favorite des scribes et pour la copie des Corans de grand format.Le TawaqiLe Tawaqi (signature) est issu de l'écriture Riyasi,  que les califes abbassides utilisèrent pour signer leur nom et leur titre. C’est une grande écriture élégante, ce qui en fera une écriture utilisée pour les occasions importantes. Le Tomar: Il est possible d’ajouter à ces six écritures principales,  l’écriture Tomar qui aurait été conçue sous le premier calife omeyyade Moawiya (661-680). Ce dernier en fit une écriture royale et elle est à ce titre une des plus anciennes écritures arabes. L’AndaluzCe n’est pas seulement son rôle religieux privilégié et le refus d’utiliser l’art figuratif qui explique le succès immense de la calligraphie arabe.La calligraphie arabe possède des caractères esthétiques indépendants du sens. Elle a donc pu être utilisée à titre purement décoratif dans des œuvres byzantines, chez les primitifs italiens et même sur les façades d’églises françaises du Moyen Âge. Porte de la chapelle Saint Gilles Le Puy en VelayL’écriture qui n’est qu’un moyen de communication par un système de signes sans importance par eux-mêmes, dès qu’elle devient art autonome, cesse d’être ce moyen et par conséquent cesse d’être un signe pour devenir une forme pure. Dôme du Rocher Mausolée de Mevlana Konya TurquiePoète et père des derviches tourneurs.La calligraphie arabe, comme tout art véritable a cessé d’être un moyen pour devenir une fin en soi.

Décor géométrique à base de droitesDès lors, pour que l’espace de l’œuvre soit fortement structuré, puisqu’il ne pouvait plus l’être par la perspective et par la vraisemblance du « monde représenté », il fallait l’organiser de manière autonome, indépendante du sujet et de l’anecdote.

Cette structure de l’espace autonome de l’œuvre convenait tout particulièrement à des artistes placés en situation par les fameux interdits d’imiter des êtres vivants.Puisqu’il fallait organiser ce monde autonome des formes, il a fallu mettre en œuvre un système de composition savant qu’utilisera plus tard toute la miniature musulmane. Esthétique de « l’horreur du vide ».

Coupole du Dôme de JérusalemDes formes récurrentes vont donc prendre leur place dans cette esthétique. Des formes géométriques particulières qui vont alors peupler l’art musulman.

Le plus caractéristique est l’octogone étoilé. Octogone Voici le destin surprenant d’un motif décoratif omniprésent dans l’ornementation islamique : l’étoile à huit branches ou octogone, formée de deux carrés concentriques superposés et décalés de 45°. Octogone et Coran (2 diapos)Dans la tradition coranique, il s’agit d’un symbole typographique utilisé pour marquer des divisions en parties égales au sein du texte et qui permet de rythmer la récitation du Coran, découpé en 30 sections (une par jour du mois). Ce symbole indique donc le quart d’une récitation quotidienne. Sa connotation religieuse est fondamentale : c’est en quelque sorte une forme géométrique parfaitement régulière qui renvoie à la perfection de la parole divine.De tous les polygones, l’octogone sera l’un des plus fréquents à travers tous les milieux dans l’art musulman. Si on le désirait, on pouvait ainsi inscrire trois, quatre, cinq carrés et on obtenait alors des étoiles à douze, seize pointes…. Octogone étoiléPuis, on va prolonger chacun des côtés du polygone central, qui dessinent les côtés d’un nouveau polygone semblable et ainsi de suite jusqu’aux limites de l’espace disponible.

Au début, les polygones se touchent par leurs côtés ou par leurs pointes. Carrelage sans entrelacs

Puis les côtés vont se prolonger en entrelacs. Exemple d’entrelacsD’autant plus perceptibles que les côtés des polygones seront figurés par un galon plat continu qui passera alternativement au dessus et au dessous des autres galons. Décoration « coupée »A la limite de l’espace disponible, la série est coupée brusquement. Non pas parce qu’on « ne sait pas faire autrement » mais parce que, cet entrelacs brusquement interrompu, donne le sentiment que cette trame de l’univers continue en réalité indéfiniment, qu’elle forme la texture de la nature selon la théologie musulmane. Le cadre du panneau est comme une fenêtre ou un microscope éclairant une portion arbitraire prise sur des séries qui se prolongent « d’un bout à l’autre » de l’univers.

Une autre forme utilisée : l’hexagoneLes hexagones étaient construits de la même manière, comme deux triangles sécants opposés, souvent inscrits dans un cercle. La pointe de l’un désigne le Ciel, l’autre la Terre. C’est le fameux emblème juif de « l’étoile de David » que les Arabes appelaient « le sceau de Salomon » et qu’ils respectaient et vénéraient. Salomon était pour eux un prophète mais aussi la personnification des connaissances. Exemples de décoration avec « sceau de Salomon »L’art musulman atteint, dans l’utilisation de ces motifs géométriques, un niveau de complexité et de développement jusqu’alors inconnu, convertissant ainsi la décoration géométrique en une forme artistique de premier ordre. Décoration (2 diapos)La géométrie de la décoration aide à obtenir des perceptions très diverses. La répétition de motifs élargit l’espace à l’infini. La symétrie des formes peut être perçue comme l’ordre et l’harmonieLes différentes manières de percevoir les configurations des figures nous invitent à regarder et regarder encore. Il est intéressant d’observer la symbolique liée aux différentes couleurs : pour les musulmans, le vert est la couleur du prophète. Les drapeaux de tous les pays musulmans en contiennent. Le jaune est la couleur du soleil, le bleu la couleur du ciel, du Paradis. Le rouge est la couleur du sang, l’ardeur guerrière ou érotique.

La complexité de certains des motifs, et la petite taille des pièces, exigeaient une grande habileté de la part de l’artisan qui réalisait l’assemblage.

Une autre forme apparaît aussi fréquemment : c’est l’étoile. EtoileOn la retrouve dans une multitude de combinaisons, et elle trouve son origine dans la rotation de carrés. L’impression finale donnée et celle d’un labyrinthe sans fin, composé par de multiples formes colorées, qui, vues ensemble, expriment une autre perspective du paysage géométrique. Décoration avec « étoiles » (2 diapos) Décor géométrique à base de courbes

Autre présence récurrente dans la décoration musulmane : l’arabesque.

Pour organiser l’espace de manière autonome et indépendante, n’était-il pas évident d’utiliser une courbe, considérée comme la plus belle ?« Arabesque » vient du mot « arabe » mais les Arabes n'ont probablement pas inventé les éléments constitutifs de cet ornement. Il faut en effet remonter à l'Antiquité tardive et à l'art byzantin pour découvrir l'origine de l'arabesque.

Arabesques byzantinesL’arabesque est un motif ornemental. Son caractère ornemental provient d'effets de symétries ou de jeux de courbes qui évoquent des formes végétales, souvent entrelacées.L’art musulman va d’abord se servir des spirales et arabesques byzantines.

Arabesques Mosquée de Damas On peut classer l’ornement végétal en deux grands groupes ; le premier est attribué à l’intégration d’éléments pouvant être qualifiés d’un « naturalisme plus pur ». Pour les hommes du désert à qui le Coran propose le paradis comme " un jardin sublime dont les fruits à cueillir seront à portée de la main ", l’arabesque végétale est une promesse d'infini.

Mihrab de la Mosquée de CordouePuis, les formes végétales se convertissent en un motif répétitif et géométrique. La symétrie et l’harmonie avec lesquelles l’arabesque couvre les espaces sont basées sur les mêmes principes mathématiques qui régissent la décoration géométrique pure.

Coupole Mosquée de KairouanL'ornement à " la manière arabe " est un rythme ininterrompu, une végétation irréaliste, un mouvement sans fin, une variation inlassable...

Arbre aux arabesques Entrelacs et motifs végétaux Mosquée de Kairouan

L’importance de l’arabesque se manifestera jusque dans la peinture. Danseuses avec arabesques

Les yeux et les mains des danseuses se trouvent sur une arabesque parfaite. Du point de vue musulman, l’important était que les yeux qui symbolisent l’âme humaine et éventuellement les mains qui écrivent le Livre, se trouvent sur la courbe mathématique, spirale ou arabesque qui organise le monde des formes de l’œuvre. En l’homme ce qui est essentiel c’est le regard et les mains. Ce sont d’ailleurs les deux seuls éléments prêtés à Dieu par le Coran. Il suffisait de disposer les visages et éventuellement les mains sur la courbe que l’on ne représentait pas mais qui assurait la structure maîtresse et secrète des œuvres.

Bataille

Dans une variante du hadith de Muslim, Ibn Abbas, le compagnon du Prophète, répond à un peintre qu'il peut « tâcher que les animaux ressemblent à des fleurs » On peut rapprocher de cette phrase toute une série d'œuvres où mondes animal et végétal semblent se mêler.

Panneau à l’oiseau Le LouvreSur ce fragment de panneau apparaît un motif stylisé mi-végétal mi-animal : un oiseau à tête de profil dont les extrémités se muent en volutes. La technique fait appel à une taille profonde et en biseau, faisant jouer le contraste entre ombre et lumière. La sculpture ici est particulièrement soignée avec ses angles adoucis, et sa composition sophistiquée qui fait glisser imperceptiblement l’animal dans le monde végétal.     La transformation d’une forme en une autre, l’ambiguïté de lecture du motif sont souvent présentées comme une tendance de l’art islamique et peuvent être interprétées comme un jeu visuel, une recherche esthétique ou encore une manière de rendre licite le motif sculpté.Plus tard, les protomés (Figure peinte à mi-corps, buste. Buste humain ou partie antérieure d'un animal, employé comme motif décoratif) de chevaux participent de cette même « esthétique de la métamorphose », leurs têtes émergeant d'un réseau de rinceaux végétaux.

Chevaux à protomés

On voit ici un rectangle fortement marqué par un axe de symétrie vertical, d’où émergent des entrelacs végétaux complexes. Sculpté sur plusieurs plans, depuis le très profond relief jusqu’à la gravure, ce panneau est par sa technique typique de l’art du bois du XIe siècle.Malgré leur grande stylisation, on peut remarquer que les harnachements et l’anatomie des chevaux sont traités avec beaucoup de précision : l’œil, la bouche et le naseau sont indiqués par la gravure. Ces détails marquent peut-être une volonté de réalisme….Les deux protomés de chevaux ne sont pas posés sur les rinceaux végétaux, mais semblent s’y intégrer. Leur encolure en émerge, et leurs oreilles se transforment en enroulements. Cette esthétique de la métamorphose n’est pas nouvelle dans les arts de l’Islam. En Europe, l’idée de la transformation d’un animal ou d’un personnage en végétal est également ancienne. Les légendes des Métamorphoses d’Ovide, écrites au début de l’ère chrétienne ont donné lieu à pléthore de représentations artistiques. La nymphe Daphné est ainsi couramment représentée lors de sa mutation en olivier, tant sur une mosaïque romaine du IIe siècle comme dans une célèbre sculpture du Bernin. Dans les marges de manuscrits médiévaux, les lettrines ou les motifs décoratifs se transformant en animaux sont également fréquents.

Les arts mineursOn appelle en Europe « arts mineurs » des domaines qui font partie des arts décoratifs. Sur le plan esthétique, les arts mineurs de l’Islam, bien que réalisant souvent des objets magnifiques, n’apportent rien de nouveau à ce que nous savons de l’art figuratif et de l’art « abstrait » musulmans.Cependant, en terres d'Islam (comme dans de nombreuses civilisations extra-européennes ou anciennes), ces arts décoratifs ont été portés à un point de perfection qui interdit de les classer comme artisanat. Ainsi, si les artistes islamiques ne s'intéressent pas à la sculpture pour des raisons principalement religieuses, ils font preuve, selon les époques et les régions, d'une inventivité et d'une maîtrise remarquables dans les arts du métal, de la céramique, du verre, de la

pierre taillée (cristal de roche notamment mais également pierres dures comme la sardoine), du bois sculpté et de la marqueterie, de l'ivoire, ...

La céramique L'art de la céramique connaît quant à lui deux innovations majeures : l'invention de la faïence et celle du lustre métallique qui se retrouveront longtemps dans l’art musulman.

L’invention de la faïence (3diapos)Dans les arts de l'Islam, on nomme « faïence » une céramique à pâte argileuse, couverte d'une glaçure opacifiée à l'oxyde d'étain, et décorée sur glaçure. Le répertoire de motifs reste assez restreint : motifs végétaux, épigraphie.La faïence fut le plus souvent utilisée pour faire des décors bleu et blanc (que l’on retrouvera plus tard en Chine, puis en Europe). On utilise pour cela le cobalt.

Le   lustre métallique , Le lustre métallique serait né au IX e siècle, peut-être par transposition en céramique d'un produit déjà existant dans le verre.

Coupe lustre métalliqueCe type de décor typiquement islamique consiste en une coloration plus ou moins prononcée par pénétration d’atomes d’argent ou de cuivre dans une glaçure déjà cuite. On peut trouver deux types de décors lustrés. →L’un polychrome, le plus ancien (et pourtant plus difficile à obtenir), où l’on trouve plusieurs couleurs de lustres et un décor principalement composé d’éléments géométriques ou végétaux (médaillons, palmettes, arbre de vie, bouquet noué… ).

Coupe aux bouquets stylisés IXème siècle Musée du Louvre Coupe rouge

→Ces lustres polychromes sont rapidement remplacés par des lustres monochromes. Avec eux réapparaît l’iconographie figurative (personnages stylisés, animaux divers ou fantastiques).

Coupe en faïence bleue et blanche Coupe décor bleu et blanc

Contrairement à la faïence qui n’a été utilisée que sur des pièces en forme, les lustres métalliques ont été utilisés autant sur des objets que sur des carreaux.

Mihrab de la Mosquée de Kairouan (2 diapos)Si la faïence semble avoir été utilisée uniquement sur des pièces de forme, le lustre métallique au IX e et au X e siècle est attesté aussi bien sur des objets que sur des carreaux de revêtement : l'un des plus remarquables exemples connus est le décor du mihrab de la Grande Mosquée de Kairouan (Tunisie), constitué de cent trente neuf carreaux lustrés.

Le verre

Transparent ou opaque, il est produit, décoré par soufflage dans un moule, ou ajouts d'éléments. On connaît plusieurs exemples de verres taillés, dont le plus célèbre est sans doute le bol aux lièvres, conservé au trésor de Saint-Marc de Venise, et des décors architecturaux dans ce matériau ont été mis au jour à Samarra.

Flacon en verre soufflé Aiguière Les métaux

Les artisans travaillent déjà le métal en virtuoses, créant toutes sortes de vaisselles.

Aiguière de Marwan II Le CaireL'aiguière de Marwān  II , du musée islamique du Caire, en est un des plus impressionnants exemples. Composée d'une panse globulaire, d'un haut col finement ajouré, d'une embouchure en forme de coq, elle est un des chefs-d’œuvre de la période omeyyade. Elle est d'ailleurs créée pour l'un des souverains de cette dynastie.

Aiguière en métal Lustre Le bois sculpté

Le décor est d’abord dérivé des spirales et des arabesques mais il devient rapidement géométrique.

Décor de bois sculpté et marqueté Décor de plafond en bois Minbar en bois sculpté Les ivoires

La mode des ivoires ne paraît pas avoir duré longtemps.Un procédé plus simple a consisté à incruster des boîtes.

Coffret incrusté d’ivoire

Les tissus Présent dans tout le monde musulman, le tapis est un d'abord un objet du quotidien pour les peuples arabes ou turcs initialement nomades mais aussi un symbole religieux puisqu'il isole le croyant des impuretés du sol.

Tapis (2)Au fil des siècles et suivant les régions, il adopte une variété de matières, de motifs et de couleurs au point de devenir un élément de décoration de grand luxe.Que ce soit la calligraphie et l’enluminure d’un Coran, que ce soit le décor sculpté d’une mosquée, que ce soit un minbar en bois ou en marbre, des lampes de mosquée en verre émaillé ou de la vaisselle en céramique, toujours et partout on retrouvera exactement les mêmes motifs essentiels et la même esthétique.Il n’y a pas en art musulman de séparation des genres.

Les apports de l’art musulmanLes différents apports de l’art musulman

Les claustrasL’entrelacs de galon rectiligne ou curviligne est généralement conçu comme un décor de grille, de cloison découpée dans la pierre, le marbre ou le bois. Les claustras de marbre du Dôme du Rocher et des mosquées de Damas, Médine ou al-Aqsa obéissent à cette technique de l’entrelacs.

Types de claustras Mosquée de Damas Types de claustras

Le stuc Ce sont les réalisations les plus spectaculaires.

Palais de la Aljaferia Saragosse Palais de l’Alhambra Grenade

A l’Alhambra, le stuc éblouit partout. Il s’agit sûrement de la ressource décorative la plus largement exploitée dans le monde islamique ; ceci est dû à son coût modéré, sa facilité de mise en œuvre, et sa capacité à être modelée ou taillée, il est également

capable de s’adapter à tout support architectonique : murs, poteaux, voûtes… Les muqarnas (mocarabes).

Muqarnas Les muqarnas – ou mocarabes en espagnol – sont des prismes ou polyèdres, en bois ou en stuc, coupés de manière concave en leur partie inférieure. La grande particularité des compositions géométriques à base de mocarabes est que l’on peut en couvrir n’importe quel type de surface et volume inversé ; cela permet son utilisation pour la décoration de consoles, d’arcs, de coupoles.Mais son application la plus surprenante reste la décoration des plafonds, comme ceux de la Sala de Dos Hermanas y Abencerrajes, un authentique prodige de cette spécialité décorative.

Alhambra Salle des deux sœurs Les plafonds de muqarnas sont une allégorie des stalactites de la grotte où, selon la tradition islamique, se réfugia le prophète Mohamed, dans sa fuite de La Mecque à Medina. Elles peuvent aussi symboliser le ciel ou des ruches d’abeilles.Il existe 7 formes prismatiques basiques, susceptibles d’être assemblées selon de multiples combinaisons, souvent complexes. Ces plafonds de muqarnas sont de réels prodiges mathématiques, puisque sur la base de la combinaison de corps géométriques, on parvient à remplir complètement un espace sans qu’il reste du vide.

Alhambra Décoration de la mosquée du Sheikh Lotfollah Dôme du rocher

Les arcs outrepassésL'arc outrepassé (ou arc en fer à cheval) est un arc qui dessine un arc de cercle plus grand que le demi-cercle. Cette variante de l'arc en plein cintre est apparue au V e siècle dans le Bas-Empire romain et fut abondamment utilisée dans l'architecture wisigothique et hispano-mauresque. 

Différence avec l’arc en plein cintre Arc outrepassé VIIIème au Xème siècle

Les arcs outrepassés brisésL'arc outrepassé brisé est une variante de l'arc outrepassé apparue au XI e siècle en Al-Andalus à l'époque des royaumes de taïfa.On le trouve un peu partout dans les monuments du Maghreb et de l’Espagne Musulmane.

Différence avec l’arc outrepassé simple

Arc outrepassé brisé

Les influences de l’art musulmanLes sociologues considèrent qu’un transfert culturel est consommé lorsqu’il donne naissance à de nouvelles formes hybrides, dans la sphère des idées, en politique, dans la vie religieuse, et bien sûr dans les arts.

L’art MozarabeMozarabe est le nom donné aux chrétiens vivant sur le territoire espagnol conquis à partir de l'an 711 par les armées musulmanes et connu à l'époque comme Al-Andalus , sur le sud de la péninsule ibérique. Les mozarabes avaient dans la société arabe le statut de dhimmi, statut d'infériorité qu’ils partageaient avec les juifs, en tant que non-croyants à l’Islam. C'est seulement dans la pratique, et non dans la loi, que leur culture, leur organisation politique et leur pratique religieuse étaient tolérées. Elles étaient assorties d’un contrôle strict. Après une longue rébellion chrétienne (entre 852 et 886), la répression fut brutale et l'émir Mohammed Ier (852 - 886) ne laissa d'alternative à ses sujets rebelles que la conversion à l'islam, la mort ou la fuite.À la suite de ce régime de terreur, des villes durent être repeuplées par des mozarabes venus de Tolède qui exercèrent une influence certaine sur leurs suzerains.

L’art mozarabe témoigna de cette époque, avec un style islamique mais des thèmes qui restèrent chrétiens.L'Art mozarabe est la continuation en terre d'Islam de l'Art wisigoth.

Clocher de Santo Tomé Tolède Puerta del sol Tolède

Il reste aujourd'hui très peu d'édifices de pur style mozarabe, excepté quelques églises, disséminées sur le territoire espagnol..

Eglise de Santa Maria de Melque VIIème VIIIème siècleL'église Santa María de Melque se trouve dans la commune de San Martín de Montalbán, à 30 km au sud de Tolède.

Eglise de San Miguel de Escalada XIème siècleEn arrivant, on est tout de suite frappé par les douze belles arcades en fer à cheval du portique. Au XIe siècle, deux constructions furent ajoutées: la tour et la chapelle Saint-Fructueux.

L’art MudéjarMudéjar désigne, à l'opposé, le musulman pratiquant librement sa religion sous la domination chrétienne. L'art mudéjar, spécifique à l'architecture ibérique, provient ainsi des architectes et artisans musulmans employés par les souverains chrétiens pour construire leurs palais et autres monuments. L’Art islamique a suscité une véritable fascination chez les conquérants chrétiens. Fascination qui se reflètera essentiellement dans leur art de vivre.Les plus grands centres de l'art mudéjar furent Séville et Grenade.

Patio de las doncellas Alcazar de Séville XIIIème siècle Salon des Ambassadeurs Alhambra Grenade Cour des Lions Alhambra Grenade Jardins du Generalife Alhambra Grenade

Dans l’Art Musulman, ce qui compte ce n’est pas l’imitation de la nature ni même la vraisemblance, mais bien l’espace même de l’œuvre avec ses formes et ses couleurs « dans un certain ordre assemblées ». Dès lors, tous les soins des peintres iront vers l’organisation de ce monde autonome. Il n’y aura pas de référence au sujet, à « l’anecdote » ou à la vraisemblance.Il y aura un désordre apparent, diverses formes sans liens. Mais pour l’initié, toutes ces formes en apparence « libres » font partie d’un univers mathématique rigoureux. Elles s’expliquent par une nécessité, la nécessité de l’intelligence, celle du Vrai qui ne fait qu’un avec le Beau.Et l’on retrouve, dans le microcosme de l’œuvre d’art, un reflet exact des conceptions musulmanes de l’Univers : le monde, tel qu’il apparaît à nos sens, discontinu, fait d’atomes et régi par le hasard, est sous-tendu par une trame secrète et l’ordre mathématique des lois.

Quelques définitions

Les « azulejos »- Azulejo vient du mot arabe «az-zulayan» et signifie brique vernie- Alicatado vient de l’arabe «al-qat’a’a» et signifie pièce ou azulejo découpé, taillé. Les alicatados sont donc des assemblages de morceaux d’azulejos taillés.Progressivement, les pièces d’azulejos allaient prendre une ample  place, la diversité des couleurs devenant elle-même de plus en plus importante, surtout dans les pays du nord de l’Afrique et en Espagne ; notamment en Andalousie (Alhambra), où cette technique décorative devint une authentique spécialité, atteignant des niveaux de finition et de perfection géométrique impressionnants. Habituellement, la céramique

occupait la partie basse des murs, combinée au stuc qui en décorait la partie supérieure.Cette technique décorative implique un long processus, de la fabrication des pièces, jusqu’au placement de celles-ci sur la paroi. Ce processus débute par l’élaboration d’une pâte composée d’argile et d’eau, pétrie à l’aide d’un rouleau, afin d’obtenir un mélange humide et plastique. Vient ensuite le moulage des pièces standard, nécessaires à la réalisation du motif déterminé. Ce moulage peut être réalisé lorsque la pièce est encore tendre, avant de la cuire, en appliquant la pâte à des moules qui lui donnent la forme souhaitée, ou bien en découpant les pièces une fois qu’elles sont cuites et sèches. On passe ensuite au vernissage.On obtient les couleurs par des oxydes de différents métaux : le cobalt pour le bleu, le dioxyde de cuivre pour le saphir, le cuivre ou l’oxyde de chrome pour le vert… Chaque couleur, en fonction de son éclat ou de sa finition, exige une cuisson spécifique.Le stucLe stuc permettait aux artisans de recouvrir une surface pauvre ou grossièrement terminée, en lui donnant une apparence riche, proche de la perfection et de la virtuosité.  Le stuc est constitué avant tout de gypse, mélangé normalement avec d’autres matériaux, telle la poudre de marbre ou d’albâtre, qui lui apportent consistance et solidité. D’ abord, on réalise une pâte, mélange d’eau et de ces matériaux. Lorsque cette pâte acquiert la consistance désirée, on l’applique sur la surface à`couvrir, en la laissant préparée de manière à y pouvoir sculpter ou modeler des dessins décoratifs.La sculpture peut être réalisée directement à même la surface badigeonnée de stuc ; mais le plus courant est de dessiner sur la superficie à sculpter, par exemple avec de la poudre de charbon. On utilise aussi une dalle, sur laquelle apparaît le motif décoratif que l’on superpose au mur ; cette dalle est recouverte de poudre de charbon, et en la retirant, la surface se révèle dessinée. Il ne reste plus au maître artisan qu’à découper patiemment les zones dessinées à l’aide d’un petit ciseau.Cette technique, totalement manuelle, était lente et laborieuse. Par la suite, d’abord en Perse, en Irak puis en Espagne – notamment en Andalousie avec l’Alhambra -, on utilisa la technique du moulage, rapide, précise, et qui nécessitait moins de main d’œuvre. Avec cette technique, le mélange de gypse, encore tendre, était appliqué à des moules en bois qui contenait les motifs. Lorsque le mélange avait séché, on l’extrayait du moule.Dans les deux cas, la dernière étape était la finition, par laquelle on donnait une meilleure apparence, de l’éclat et de la qualité à`la surface ; elle était patinée au lait de chaux ou à d’autres substances, en fonction de l’aspect final que l’on souhaitait obtenir et des usages et coutumes de chaque zone géographique. Par ailleurs, souvent, la surface finie était peinte de différentes couleurs, différenciant ainsi davantage le fond et les reliefs des motifs.« La Alhambra est comme un palais de plâtre façonné, dans lequel le stuc ne s’utilise pas seulement pour recouvrir la paroi, mais aussi pour la substituer. Un exemple clair en est le Patio de los Leones ; les cent trente

colonnes et quelque qui l’entourent n’ont pas la fonction de reprendre les charges transmises par les arcs, mais celle de soutenir les réseaux raffinés de stuc taillé allant de l’une à l’autre. » (Dominique Clévenot et Gérard Degeorge, Ornementation de l’Islam, p.88)Le stuc : les Nasrides (Espagne – 1230-1492)Depuis l'année 711, l'Espagne méridionale vit sous domination musulmane. Les Omeyyades y font construire la grande mosquée de Cordoue avant de céder la place aux Almoravides puis aux Almohades au XIIe siècle.Ces derniers érigent la mosquée de Séville et sa célèbre Giralda, minaret en briques à section carrée inspiré de l’architecture sahélienne, copie conforme de la Koutoubia de Marrakech. Tous les minarets du Maroc se conforment depuis lors à ce style, qui les différencie des minarets fuselés du monde ottoman.Au XIIIe s., l’Andalousie musulmane éclate en multiples dynasties rivales, dont les Nasrides, établis à Grenade. Ces roitelets épris d’art et de luxe se lancent dans des constructions à la fois simples et prestigieuses dont l’aboutissement est l’Alhambra («la Rouge» en arabe). Cet ensemble palatial qui domine leur capitale fait figure de joyau grâce aux délicats décors en stuc.Les MuqarnasBien que ces formes s’appliquent également au bois, le plus courant, comme on peut le constater à l’Alhambra, est qu’elles soient appliquées au stuc (gypse). Pour sa réalisation on utilisait des moules en bois. Les artisans commençaient l’œuvre par le bas en plaçant les moules qui se remplissaient avec la pâte de plâtre. Une fois le stuc sec, on extrayait le moule et on procédait à la taille et au polissage pour parfaire le travail.Les voûtes de ces plafonds sont d’habitude en forme d’étoile octogonale.Nous rencontrons à l’Alhambra d’excellents exemples de muqarnas ; ainsi dans la Sala de la Barca ou la Sala de los Reyes.Le boisUne autre technique dans laquelle les musulmans excellaient, très présente à l’Alhambra, était celle de la menuiserie appliquée à l’architecture. Auvents de toits, jalousies, portes et fenêtres… Mais là où l’art d’utiliser le bois comme élément décoratif est le plus remarquable, c’est lorsqu’il s’agit des plafonds. Ils étaient habituellement en bois de cèdre, souple et résistant, ne craignant pas les attaques des vers à bois.A l’Alhambra, Ces travaux pouvaient être réalisés de 2 manières :-En taillant ou sculptant le bois de motifs géométriques- Par des techniques de marqueterie ou d’incrustation : cela consistait à créer les dessins sur le bois, en emboîtant des morceaux plus petits d’autres bois, tels que l’ébène, le citronnier, le sycomore, des bois teints ou d’autres matériaux comme des coquillages, des os, de l’ivoire, de la nacre, de l’argent ou d’autres métaux nobles. Le rendu final est un jeu de formes, couleurs et textures surprenants.On rencontre de nombreux exemples de ce savoir-faire à l’ Alhambra ; ainsi des reproductions de plafonds originaux que l’on pouvait admirer à

l’époque. Le plus important de ces exemples se trouve dans le Salón de Embajadores (le Salon des Ambassadeurs).

Quelques lieuxLa Mosquée de MédineAl-Masjid Al-Nabawi (arabe :  النبوي (المسجد ou mosquée du Prophète, à Médine en Arabie saoudite, est la deuxième mosquée la plus sainte de l'islam après Masjid al-Haram à La Mecque et avant la mosquée d'Al-Aqsa (à côté du Dôme du Rocher) à Jérusalem.La mosquée originale a été construite par Mahomet. Les califes suivants l'ont agrandie et amélioré sa décoration. Le premier édifice n'était pas grand et ne représentait qu'une petite partie de superficie du bâtiment actuel. La taille de la mosquée a été considérablement augmentée depuis la formation du royaume saoudien. La dernière rénovation a eu lieu sous le roi Fahd.À l'époque omeyyadeEn 685, à son accession au califat de l'État omeyyade, Al Walid Ibn Abdel Malek ordonna l'agrandissement et la reconstruction de la mosquée. Les caractéristiques les plus importantes de cet agrandissement résident dans l'introduction de nouveaux éléments architecturaux tels que les terrasses, les minarets et le mihrab creux dans le mur de la quibla. C'était également le premier agrandissement à annexer les sépultures des mères des croyants à la mosquée. La superficie de cette extension était d'environ 2 369 m2.À l'époque abbassideSous le règne du calife abbasside Al Mahdi, durant la seconde moitié du VIII e siècle, la mosquée fut étendue et reconstruite. Cependant, la plus importante rénovation de la mosquée fut accomplie sous le règne des Mamelouks, lorsque le sultan Qaitbay ordonna la reconstruction de plusieurs parties durant la seconde moitié du XV e siècle.

L’Alcazar de Séville L'Alcazar de Séville (en espagnol : Real Alcázar de Sevilla) est un palais fortifié (alcázar) construit à Séville par les Omeyyades d'Espagne à partir de 844 sous le règne de l'émir Abd al-Rahman II. Ce monument fut modifié à plusieurs reprises durant la période musulmane, notamment sous les Almohades. Au XIII e siècle, Alphonse X entreprit la construction d'un premier palais, de style gothique sur le site de l'alcazar musulman. Au siècle suivant, Pierre Ier, suite au tremblement de terre de 1356 qui détruisit une grande partie de Séville, y ajouta un splendide palais de style mudéjar. L'ensemble, qui ne conserve que peu de vestiges de l'époque d'Al-Andalus, fut modifié une nouvelle fois par Charles Quint au XVI e siècle. L'alcazar de Séville est depuis plus de sept siècles une résidence royale ; la famille royale d'Espagne utilise aujourd'hui l'étage.

L’Alhambra de Grenade L'Alhambra (en arabe : الَْحْمَراء, Al-Ḥamrā' , « la rouge ») de Grenade est un ensemble palatial, et un des monuments majeurs de l'architecture islamique et l'acropole médiévale la plus majestueuse du monde méditerranéen.C'est avec la Grande mosquée de Cordoue le plus prestigieux témoin de la présence musulmane en Espagne du VIIIe au XVe siècle. Leurs caractères sont d'ailleurs opposés : à la sobriété grandiose du monument religieux représentatif de la première architecture islamique, s'oppose l'exubérance de la dernière manière hispano-mauresque : celle-ci s'exprime en effet dans les palais des derniers souverains nasrides, alors en pleine décadence, et qui disparaîtront bientôt lors des derniers assauts de la Reconquista.La Mosquée cathédrale de Cordoue La mosquée-cathédrale de Cordoue, également connue sous son ancien nom de grande mosquée de Cordoue (Mezquita de Córdoba), est un ancien temple romain qui devint église puis mosquée, et dans laquelle fut ensuite érigée une cathédrale. C'est un monument majeur de l'architecture islamique, témoin de la présence musulmane en Espagne du VIIIe au XVe siècle. Elle est connue dans le monde entier pour être le monument le plus accompli de l'art des Omeyyades de Cordoue. Convertie en église au XIIIe siècle après la Reconquista par le roi Ferdinand III de Castille, elle est depuis lors l'église cathédrale du diocèse de Cordoue en Espagne.La mosquée-cathédrale de Cordoue a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1984.