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 ACTIVITES ANTIOXYDANTES ET ANTIBACTERIENNES DES POLYPHENOLS EXTRAITS DE PLANTES MEDICINALES DE LA PHARMACOPEE TRADITIONNELLE DU BURKINA FASO Damintoti Karou1*, Mamoudou H. Dicko1, Jacques Simporé, 2 Saydou Yameogo1, Souleym ane Sanon1, Alfred S. Traoré1 Université de Ouagadougou, Centre de Recherche en Sciences Biologiques, Alimentair es et Nutritionnelles (CRSBAN), Laboratoire de Biochimie, 03 BP 7021 Ouagadougou 03, Burkina Faso ; 2 : Laboratoire de Biologie Médicale Saint Camille de Ouagadou gou, 01 BP 364 Ouagadougou 01, Burkina Faso *Auteur correspondant: [email protected] Mots Clés : antioxydants ; polyphénols ; antimicrobiens ; plantes médicinales. 1. RESUME Ce travail a eu pour objectif d’évaluer les activités antioxydantes et antibactériennes des polyphénols extraits de quatre plantes médicinales de la pharmacopée traditionnell e du Burkina Faso. Il s’est agit des plantes suivantes : Combretum micranthum, Kha ya senegalensis, Pterocarpus erinaceus et Sida acuta. Les activités antioxydantes ont été évaluées en utilisant deux méthodes : la réduction du phosphomolybdate et la décol ion du radical cation ABTS (acide 2’2, azino-bis-(3-éthylebenzothiazoline)-6-sulfoni que). Les résultats avec les deux méthodes ont révélé d’une part une excellente corrélatio tre les deux méthodes (r = 0,92) et d’autre part de très bonnes activités antioxydantes des écorces de troncs de K. senegalensis et de P. erinaceus et des feuilles de C. micranthum, de plus ces activités sont fortement corrélées avec les teneurs en phénols t otaux exprimées en équivalent d’acide gallique (r = 0,94 par la réduction du molybdate e t r = 0,91 par la décoloration de l’ABTS). Les tests antimicrobiens ont été réalisés sur d souches pathogènes de référence et sur des souches sauvages isolées des produits pathol ogiques. Les tests de susceptibilité ont été effectués sur milieu solide en utilisant la méthode des puits. Les CMI et les CMB ont été déterminées par la méthode microdilution du CCLS en milieu liquide. Certains microorganismes ont été sensibles aux extraits avec des valeurs CMB comprises entre 20 et 2000 µg/ml. A l’issue de ce travail il ressor t que l’activité antibactérienne des extraits serait influencée par le degré d’oxydation d composés phénoliques. 2. INTRODUCTION L’utilisation des plantes pour se soigner date de la préhistoire et tous les peuples sur tous les continents ont cette vieille tradition. Malgré les efforts des chimi stes synthèse de nouvelles molécules, plus de 25 % des médicaments prescrits dans les pays développés dérivent directement ou indirectement des plantes [1]. Cependant, en t ant que sources de médicaments, les plantes restent encore sous exploitées surtout d ans le domaine de la microbiologie médicale [2]. Il est certain que la plupart des antibiotiques prescrits dérivent des microorganismes et que, un à trois antibiotiqu es sont mis sur le marché chaque année [3], mais il est aussi évident que les agents a ntimicrobiens d’origine végétale ont leur place dans l’arsenal de médicaments prescrits pa r les cliniciens et à juste titre [4]. Chaque antibiotique a une durée de vie effect ive limitée au bout de laquelle les microorganismes développent des résistances, de pl us, dans les pays en développement, ces produits ne sont pas toujours disponibles, ou, lorsqu’ils le sont, ils coûtent trop cher pour les populations, ainsi plus de 8 0 % de ces populations ont recours exclusif aux plantes pour se soigner [2,5]. D ans les pays développés, on assiste à une prescription abusive de certains médicaments, dans le souci d’avoir une certaine autonomie dans la prise en charge médicale pour l es problèmes de santé primaires, certaines populations pratiquent une auto médication, le plus souvent à base de tisane de plantes [6]. Dans le but de trouver de nouvel les activités antimicrobiennes, les polyphénols de quatre plantes de la médecine tradi tionnelle du Burkina Faso, précédemment décrites pour leurs activités antiplasmodiales [ 7], ont été extraits et testés dans un premier temps sur les souches bactériennes de référ ce et sur des souches hospitalières isolées des produits pathologiques. Dans un deux ième temps l’activité antioxydante des extraits a été évaluées à travers leur capacité à c

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ACTIVITES ANTIOXYDANTES ET ANTIBACTERIENNES DES POLYPHENOLS EXTRAITS DE PLANTESMEDICINALES DE LA PHARMACOPEE TRADITIONNELLE DU BURKINA FASO

Damintoti Karou1*, Mamoudou H. Dicko1, Jacques Simporé, 2 Saydou Yameogo1, Souleymane Sanon1, Alfred S. Traoré1

Université de Ouagadougou, Centre de Recherche en Sciences Biologiques, Alimentair

es et Nutritionnelles (CRSBAN), Laboratoire de Biochimie, 03 BP 7021 Ouagadougou03, Burkina Faso ; 2 : Laboratoire de Biologie Médicale Saint Camille de Ouagadougou, 01 BP 364 Ouagadougou 01, Burkina Faso*Auteur correspondant: [email protected]

Mots Clés : antioxydants ; polyphénols ; antimicrobiens ; plantes médicinales.

1. RESUME

Ce travail a eu pour objectif d’évaluer les activités antioxydantes et antibactériennesdes polyphénols extraits de quatre plantes médicinales de la pharmacopée traditionnelle du Burkina Faso. Il s’est agit des plantes suivantes : Combretum micranthum, Kha

ya senegalensis, Pterocarpus erinaceus et Sida acuta. Les activités antioxydantesont été évaluées en utilisant deux méthodes : la réduction du phosphomolybdate et la décolion du radical cation ABTS (acide 2’2, azino-bis-(3-éthylebenzothiazoline)-6-sulfonique). Les résultats avec les deux méthodes ont révélé d’une part une excellente corrélatiotre les deux méthodes (r = 0,92) et d’autre part de très bonnes activités antioxydantesdes écorces de troncs de K. senegalensis et de P. erinaceus et des feuilles de C.micranthum, de plus ces activités sont fortement corrélées avec les teneurs en phénols totaux exprimées en équivalent d’acide gallique (r = 0,94 par la réduction du molybdate et r = 0,91 par la décoloration de l’ABTS). Les tests antimicrobiens ont été réalisés sur dsouches pathogènes de référence et sur des souches sauvages isolées des produits pathologiques. Les tests de susceptibilité ont été effectués sur milieu solide en utilisant laméthode des puits. Les CMI et les CMB ont été déterminées par la méthode microdilution duCCLS en milieu liquide. Certains microorganismes ont été sensibles aux extraits avec

des valeurs CMB comprises entre 20 et 2000 µg/ml. A l’issue de ce travail il ressort que l’activité antibactérienne des extraits serait influencée par le degré d’oxydation dcomposés phénoliques.

2. INTRODUCTIONL’utilisation des plantes pour se soigner date de la préhistoire et tous les peuplessur tous les continents ont cette vieille tradition. Malgré les efforts des chimistes synthèse de nouvelles molécules, plus de 25 % des médicaments prescrits dans lespays développés dérivent directement ou indirectement des plantes [1]. Cependant, en tant que sources de médicaments, les plantes restent encore sous exploitées surtout dans le domaine de la microbiologie médicale [2]. Il est certain que la plupart desantibiotiques prescrits dérivent des microorganismes et que, un à trois antibiotiqu

es sont mis sur le marché chaque année [3], mais il est aussi évident que les agents antimicrobiens d’origine végétale ont leur place dans l’arsenal de médicaments prescrits par les cliniciens et à juste titre [4]. Chaque antibiotique a une durée de vie effective limitée au bout de laquelle les microorganismes développent des résistances, de plus, dans les pays en développement, ces produits ne sont pas toujours disponibles,ou, lorsqu’ils le sont, ils coûtent trop cher pour les populations, ainsi plus de 80 % de ces populations ont recours exclusif aux plantes pour se soigner [2,5]. Dans les pays développés, on assiste à une prescription abusive de certains médicaments,dans le souci d’avoir une certaine autonomie dans la prise en charge médicale pour les problèmes de santé primaires, certaines populations pratiquent une auto médication,le plus souvent à base de tisane de plantes [6]. Dans le but de trouver de nouvelles activités antimicrobiennes, les polyphénols de quatre plantes de la médecine traditionnelle du Burkina Faso, précédemment décrites pour leurs activités antiplasmodiales [

7], ont été extraits et testés dans un premier temps sur les souches bactériennes de référce et sur des souches hospitalières isolées des produits pathologiques. Dans un deuxième temps l’activité antioxydante des extraits a été évaluées à travers leur capacité à c

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radicaux libres.

3. MATRIEL ET METHODES

Matériel végétalLes échantillons de plantes suivants ont été récoltés aux alentours de Ouagadougou entrejuillet et août 2002 :

• Rameaux feuillés de Combretum micranthum G. Don (Combretaceae)• Feuilles et écorces de tronc de Khaya senegalensis A Juiss (Meliaceae)• Feuilles et écorces de tronc de Pterocarpus erinaceus Poir (Fabaceae)• Plante entière de Sida acuta Burm f. (Malvaceae)

MéthodesLes polyphénols ont été extraits à l’acétone 70 % [8]. La teneur en phénols totaux a été éles extraits lyophilisés [9] miniaturisée dans les plaques de microtitration de 96 puits [10].Les activités antioxydantes ont été évaluées par la méthode du phophomolybdate [11] et para décoloration de l’ABTS [12].Les tests de susceptibilité ont été effectués sur milieu muller hinton solides en utilisant la méthode des puits [13]. L’activité microbicide a été évaluée en milieu liquide tel

le recommande le NCCLS [14].

4. RESULTATS ET DISCUSSION

Les résultats des activités antioxydantes enregistrés avec l’ABTS et ceux enregistrés avec le phosphomolybdate sont similaires à l’exception que dans cette deuxième méthode l’activité des écorces de P. erinaceus est nettement supérieure à celle des autres extraits (tableau 1). Néanmoins il y a une excellente corrélation entre les deux méthodes (coefficient de corrélation r = 0,92). Par ailleurs on obtient aussi une bonne corrélationentre les teneurs en composés phénoliques et les activités antioxydantes (r = 0,91 par la décoloration de l’ABTS et r = 0,94 par la méthode du phosphomolybdate). Des résultats similaires ont été trouvés par d’autres auteurs qui ont montré qu’il y une bonne corréln entre le profil en phénols totaux et l’activité antioxydante des extraits de plantes

suggérant ainsi que les composés phénoliques sont bien responsables de l’activité antioxydante de ces extraits [15, 16].

Tableau 1. Teneur en phénols totaux et activités antioxydantes des extraits

 ________________________________________________________________________________  __________ 

Teneurs en phénols Activités antioxydantes

Totaux %Extraits 1Trolox (mol/ g)2ABTS (nmol/g) ________________________________________________________________________________  __________C. micranthum 37.80 ± 1.04 2.08 103 ± 0.02 10316.37 ± 0.01K. senegalensis écorces 47.19 ± 0.13 2.21 103 ± 0.04 10321.97 ± 0.46K. senegalensis feuilles 34.91 ± 1.88 1.50 103 ± 0.03 10315.47 ± 2.65P. erinaceus écorces 40.80 ± 1.75 1.89 103 ± 0.08 10322.20 ± 0.29P. erinaceus feuilles 28.42 ± 0.75 1.88 103 ± 0.03 103

8.08 ± 0.06S. acuata 10.11 ± 0.29 1.20 103 ± 0.04 1026.12 ± 1.18

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 ________________________________________________________________________________  _______ Les donn ées sont exprimées avec les déviations standard. 2Activité antioxydante mesurée par la méthodeau phosphpmolybdate. 2Activité antioxydante mesurée par la décoloration de l’ABTS

Les tests de susceptibilité ont été effectués deux fois par semaines depuis la dissoluti

on des extraits et les activités antimicrobiennes ont été estimées en fonction des diamètres d’inhibition autour des puits. Les résultats ont montré que les diamètres d’inhibitionont varié en fonction du temps de conservation jusqu’au bout de la troisième semaine soit 21 jours où les diamètres variaient très peu. Les valeurs des diamètres d’inhibition enregistrés se trouvent consignées dans le tableau 2. Les concentrations minimales inhibitrices déterminées avec les.

Tableau 2. Activités bactéricides des polyphénols.

Microorganismes Cbm Kse Ksf Pee Pef SacT0 T21 T0 T21 T0 T21 T0 T21

T0 T21 T0 T21

S. dysenteriae 25 21 13 15 10 - - -- - 15 25S. dysenteriae CIP 504051 - - - - - -- - - - - -S. flexneri 20 14 15 11 12 11 - -- - - -S. boydii 17 - - - - - - -- - - -S. thyphi 15 13 11 - - - - -- - - -S. parathyphi B 12 29 11 22 - 16 - 22- 12 - 16S. parathyphi C 12 11 - - - - - -

- - - -K. pneumoniae 15 - 11 - - - - -- - - -K. ozenae 20 12 - 15 - 15 - 11- - - 18K .oxytoca - - - - - - - -- - - -S. aureus 15 22 12 18 - 18 - -- - - 15S. aureus ATCC 25923 12 15 12 16 - 15 -12 - - - -E. coli 12 - - - - - - - -

- - -E. coli CIP 105182 - - - - - - -- - - - -

Cbm : C. micranthum, Kse : K. senegalensis écorces, Ksf : K. senegalensis feuilles, Pee : P. erinaceus écorces, Pef : P. erinaceus feuilles, Sac : S. acuta T0 : pour les extraits nouvellement solubilisés, T21 : pour les extraits conservés pendant 21 jours, (-): pour les souches résistantes.

extraits dans leurs conditions optimales d’activité ont varié de 20 à 2000µg/ml. Travaillant sur les extraits hydroalcooliques d’Acacia aroma Gill ex Hook et Arn, Arias etal. [17] n’ont enregistré aucune différence d’activité entre extrait fraîchement préparé eait conservé

Dans notre cas l’activité des extraits est due aux polyphénols et elle pourrait de cefait être liée au degré d’oxydation de ces composés. En effet, les polyphénols sont des coosés très susceptibles d’autooxydation en présence de l’oxygène de l’air. Cette oxydation

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raduit parune polymérisation des monomères tels les monomères de flavonoïdes pour donner des polymères de poids moléculaires élevés. Il a été démontré que le mécanisme de toxicité vis-à-visrganismes se fait soit par la privation des ions métalliques tels que le fer soitpar des interactions non spécifiques telles que l’établissement des pont hydrogènes avecles protéines des parois cellulaires (les adhésines) ou les enzymes [18,4]. Cependant un important facteur qui régit l’activité antimicrobienne des polyphénols est leur po

ids moléculaire, les monomères sont trop petits pour établir assez de pont hydrogènes tandis que les polymères de haut poids moléculaire sont trop grands pour traverser laparoi bactérienne, le poids moléculaire idéal serait donc celui des oligomères [19].

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