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Histoires des prophètes La Sira du Prophète 1 H H H i i i s s s t t t o o o i i i r r r e e e s s s d d d e e e s s s P P P r r r o o o p p p h h h è è è t t t e e e s s s U U U n n n e e e s s s é é é r r r i i i e e e d d d e e e A A A m m m r r r K K K h h h a a a l l l e e e d d d B B B i i i o o o g g g r r r a a a p p p h h h i i i e e e d d d u u u P P P r r r o o o p p p h h h è è è t t t e e e (Bénédiction et Paix sur lui) Louange à Allah ! Nous Le louons, et nous en implorons le secours et le pardon. Nous nous réfugions auprès de Lui contre les vices de nos âmes et les vilenies de nos actes. Celui que Allah guide, nul ne peut l'égarer. Et quiconque Il égare, ne trouvera aucun allié pour le mettre sur la bonne voie. Certes, l'attachement au Prophète est l'une des ultimes fins recherchées par le musulman pendant sa vie. Tout musulman saurait s'attacher au Prophète (BP sur lui) et avoir la nostalgie de lui. Le musulman dirait : "En fait, les Compagnons avec qui le Prophète (BP sur lui) s'est assis, pour qui il a invoqué Allah, à qui il a creusé leurs tombes et à qui il a donné de ses habits en guise de linceul : ces compagnons sont certes bienheureux !" Arrives-tu à te figurer un sort aussi honorable ? Je plains des jeunes hommes et filles qui ne connaissent rien de leur Prophète. Et partant, nous consacrerons au Prophète cet épisode même et celui qui suit ; puis une série sur "Le Prophète" devra ultérieurement servir d'étendue. Partie1 Jetons un regard sur ceux qui célèbrent l'anniversaire du Prophète : les friandises du Mawlid, une chanson religieuse et le film Ach- Chaymâ' !! Point … C'est tout ?! Je ne tends pas à déprécier ces manifestations, mais il s'agit vraiment de grande chose ! Il s'agit de sentir, au bout de l'anniversaire du Prophète, que tu aimes vraiment cet homme et que tu brûles d'envie de le voir … Ces jours-ci, nous allons vivre avec le Prophète (BP sur lui). Allah le Très-Haut dit – ce qui peut être traduit comme - : "En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle (à suivre), pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment." (TSC 1 , Al-'Ahzâb les Coalisés : 21) Voyez le modèle du Prophète est conçu pour qui ?!! Pour "quiconque espère en Allah et au Jour Dernier et invoque Allah fréquemment". Et lorsque Allah dit qu'Il nous gratifie d'une faveur … Voyez de quelle faveur a-t-Il parlé : il n'était ni question de la santé, ni de la raison, ni autre. Mais plutôt : "Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu'Il a envoyé chez eux un messager de parmi eux-mêmes, qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu'ils fussent auparavant dans un égarement évident." (TSC, 'Âl `Imrân La Famille de `Imrân : 164) Voici la faveur dont Allah nous a gratifié ! Allah (Exalté soit-Il) dit – ce qui peut être traduit comme - : "Certes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui 1 TSC : Traduction des Sens du Coran. Cette traduction est celle du sens courant le plus connu jusqu'à présent de la sourate sus mentionnée. Lire la TSC ne remplace nullement sa lecture en arabe, la langue de révélation du noble Coran.

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Histoires des prophètes La Sira du Prophète 1

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(Bénédiction et Paix sur lui)

Louange à Allah ! Nous Le louons, et nous en implorons le secours et le pardon. Nous nous réfugions auprès de Lui contre les vices de nos âmes et les vilenies de nos actes. Celui que Allah guide, nul ne peut l'égarer. Et quiconque Il égare, ne trouvera aucun allié pour le mettre sur la bonne voie. Certes, l'attachement au Prophète est l'une des ultimes fins recherchées par le musulman pendant sa vie. Tout musulman saurait s'attacher au Prophète (BP sur lui) et avoir la nostalgie de lui. Le musulman dirait : "En fait, les Compagnons avec qui le Prophète (BP sur lui) s'est assis, pour qui il a invoqué Allah, à qui il a creusé leurs tombes et à qui il a donné de ses habits en guise de linceul : ces compagnons sont certes bienheureux !" Arrives-tu à te figurer un sort aussi honorable ? Je plains des jeunes hommes et filles qui ne connaissent rien de leur Prophète. Et partant, nous consacrerons au Prophète cet épisode même et celui qui suit ; puis une série sur "Le Prophète" devra ultérieurement servir d'étendue.

Partie1

Jetons un regard sur ceux qui célèbrent l'anniversaire du Prophète : les friandises du Mawlid, une chanson religieuse et le film Ach-Chaymâ' !! Point … C'est tout ?! Je ne tends pas à déprécier ces manifestations, mais il s'agit vraiment de grande chose ! Il s'agit de sentir, au bout de

l'anniversaire du Prophète, que tu aimes vraiment cet homme et que tu brûles d'envie de le voir … Ces jours-ci, nous allons vivre avec le Prophète (BP sur lui). Allah le Très-Haut dit – ce qui peut être traduit comme - : "En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle (à suivre), pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment." (TSC1, Al-'Ahzâb les Coalisés : 21) Voyez le modèle du Prophète est conçu pour qui ?!! Pour "quiconque espère en Allah et au Jour Dernier et invoque Allah fréquemment". Et lorsque Allah dit qu'Il nous gratifie d'une faveur … Voyez de quelle faveur a-t-Il parlé : il n'était ni question de la santé, ni de la raison, ni autre. Mais plutôt : "Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu'Il a envoyé chez eux un messager de parmi eux-mêmes, qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu'ils fussent auparavant dans un égarement évident." (TSC, 'Âl `Imrân La Famille de `Imrân : 164) Voici la faveur dont Allah nous a gratifié ! Allah (Exalté soit-Il) dit – ce qui peut être traduit comme - : "Certes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui

1 TSC : Traduction des Sens du Coran. Cette traduction est celle

du sens courant le plus connu jusqu'à présent de la sourate sus

mentionnée. Lire la TSC ne remplace nullement sa lecture en

arabe, la langue de révélation du noble Coran.

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est compatissant et miséricordieux envers les croyants." (TSC, At-Tawbah Le Repentir : 128) De toute évidence, nous voulons recevoir l'anniversaire du Prophète autrement, un accueil où l'amour du Prophète anime nos esprits ! Commençons par ces deux cours : Le premier – celui d'aujourd'hui – a pour titre : "Connaître ton Prophète" Et pour objectif de vous renseigner sur le Prophète : son portait physique et moral ainsi que son éthique. Nous enchaînons avec des exemples de l'amour qu'éprouvaient ses Compagnons pour lui. Je parle maintenant, avec en tête tant de jeunes hommes et jeunes filles … Si je demande à l'un (l'une) d'entre eux (d'elles) : "Quelle personne tu aimes le plus dans le monde ?" "Il" répondra : "Ma petite amie !" Et "Elle" répondra : "Mon petit ami !" Même commentaire à la traînée : "Je sais que c'est illicite !" A un tel degré la parole du Prophète vous est-elle peu considérée ? Et si tu lui demandes : "Et qui est ton exemple ?" "Il" répondra : "Ronaldo !" Et "elle" répondra : "Miss. Univers de cette année : je l'imite, même dans sa coiffure !" Et vous, qui est votre exemple ? Qui est l'être le plus aimé pour vous ? Si nous descendons dans la rue juste maintenant, et nous surprenons les gens, un par un, de cette

question : "Qui est l'être le plus aimé pour toi en ce monde ?" Combien diront "le Prophète" ? Peu … "Et qui est ton exemple ?" J'estime à 10 % ceux qui sauront répondre : "Le Prophète, Bénédiction et Paix sur lui" Aussi désirons-nous, non seulement l'aimer, mais le faire aimer d'autant. Moi, je sais qu'il y en a beaucoup qui l'aiment ; mais je tends à ce que cet amour soit tellement grand que tu te mobilises pour le communiquer à tout le monde. Connaître ton Prophète : Allah – Gloire et Pureté à Lui – dit – ce qui peut être traduit comme - : "Ceux à qui Nous avons donné le Livre, le reconnaissent comme ils reconnaissent leurs enfants. Or une partie d'entre eux cache la vérité, alors qu'ils la savent!" (TSC, Al-Baqarah La Vache : 146) Les juifs connaissent donc notre prophète plus qu'ils ne connaissent leurs enfants ; et ses traits caractéristiques sont brossés chez eux dans la Torah en toute précision. C'est pourquoi à la révélation du verset ci-dessus, ‘Obayy ibn Ka`b, alors juif, se fit musulman. A ceci, maître ‘Omar lui demanda : "O ‘Obayy ! Vous le connaissez comme vous connaissez vos enfants ?" Et ‘Obayy répondit : "Par Allah ! Nous le connaissons mieux que nos enfants : nous apprenons sa généalogie et son portrait de la Torah

; alors que pour nos enfants, nous ne savons pas d'où ils sont venus!" N'est-ce pas une honte qu'ils connaissent ton Prophète et que tu l'ignores ?!! Hoyayy ibn 'Akhtab est l'une des grands chefs juifs de Médine. Lorsque le Prophète y immigra en provenance de La Mecque, Hoyayy alla scruter les traits de caractère de cet homme qui se dit Prophète. Il se mit à poser quelques questions au Prophète tout en le parcourant du regard. A son retour, son frère le questionna : "Tu l'a reconnu ? Est-ce lui ?"

- "Oui !" répondit Hoyayy. - Tu es sûr ? - Oui ! - Et alors qu'est-ce que tu entends faire ? - Lui rester hostile, aussi longtemps que je

vis … Voyez-vous quelle haine les anime ? Ils reconnaissaient donc le Prophète … Et toi, n'éprouves-tu pas quelque jalousie ? Ne veux-tu pas le connaître, et savoir tout sur lui ? Son nom : Il s'appelle : Maître Mohammed ibn2 `Abdillâh ibn `Abd Al-Mottalib ibn Hâchdm ibn Qosayy ibn Kilâb, ibn Morrah ibn Ka`b ibn Lo'ayy ibn Ghâlib ibn Fihr ibn `Adnân ibn 'Ismâ`îl ibn 'Ibrâhîm (que la paix soit sur lui).

2 Fils de

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Mais le nom "Mohammed" n'est pas le seul du Prophète (BP sur lui), comme précise le hadith rapporté par Al-Boukhârî et Mouslim dans leurs recueils Sahîh : Le Prophète dit : "Je suis Mohammed; je suis 'Ahmad; je suis Al-Mâhî: (celui qui dissipe) par qui Allah efface l’incrédulité; je suis Al-Hâchir: (celui qui rassemble) après qui les hommes seront rassemblés (au Jour de la Résurrection); je suis Al-`Aqib (Al-`Aqib c'est-à-dire le Prophète après qui aucun homme ne lui sera accordé la prophétie)". Explorons ces attributs un par un : "Je suis Mohammed …" Et que veut dire Mohammed ? ! Mohammed (= le très louable) est qualificatif du Hamd (louange). Il désigne celui qui est toujours loué pour ses bons actes. Ceux-ci réitèrent, lui valant les louanges des fois et des fois encore. Saisis-tu la portée du nom en le prononçant ? "Et je suis 'Ahmad …" 'Ahmad est un comparatif … Que veut-il dire ? C'est "celui qui loue plus". 'Ahmad al-hâmidîn (le plus grand en louanges) comme 'Akbar al-hâdirîn (le plus grand de l'auditoire). Qui donc a fait le plus de louanges, dans cet univers ? C'est 'Ahmad ; il est ainsi appelé puisque personne n'a célébré les louanges de Allah, comme il l'a fait, lui. Et c'est vrai ! N'est-ce pas que le Messager de Allah viendra, au Jour de la résurrection, et au moment de

son intercession en faveur des hommes, pour dire : "Je me prosternerai, et je louerai Allah pour des mérites jamais évoquées par un homme qui L'a loué avant cela …" Nos cœurs s'agitent ou pas encore ? Lorsque l'une de nos filles entend le suivant enseignement du Prophète : "O 'Asmâ' ! Lorsque la femme atteint l'âge de la puberté, il lui est seulement acceptable de faire apparaître ces deux : le visage et les mains." Notre fille ne saura jamais filer dans la rue, insensible à la parole de son Prophète bien aimé. "je suis Al-Mâhî" Al-Mâhî (celui qui dissipe) c'est l'homme par qui Allah efface l’incrédulité. Quiconque suit le Prophète se verra dépêtré, et des péchés et de l'association, une fois qu'il décide de le suivre. Ceci dit, à chaque fois qu'un prophète vienne à l'humanité puis meure, les hommes reculent après sa disparition vers l'idolâtrie. Mais un seul prophète a, par son avènement, éclipsé définitivement l'idolâtrie : c'est le nôtre, que la bénédiction et la paix de Allah soient sur lui. Ainsi s'explique le hadith : "Le Diable a perdu tout espoir d'être adoré en Arabie par ceux qui pratiquent la prière. Seul espoir à les monter les uns contre les autres." Ca va pour les troubles. Mais "infidélité" ? Non … Evidemment, l'amour de l'Islam est l'un des grâces divines pour nos pays et pour notre Nation, de même le fait que les gens soient croyants, dans leur for intérieur. Au sein de la Nation de Mohammed,

tu ne trouves qu'une minorité loin de la docilité à Allah ; dans le sens du scepticisme religieux. "je suis Al-Hâchir" Et que signifie Al-Hâchir (celui qui rassemble) ? C'est celui après qui les hommes seront rassemblés (au Jour de la Résurrection); A l'avant-garde des humains se positionnera donc le Prophète (BP sur lui) ; le premier à intercéder sera lui, et la première intercession à être exaucée sera la sienne. C'est lui le premier homme pour qui les portes du Paradis seront ouvertes … Et c'est lui le premier reçu au Paradis. "je suis Al-`Âqib" Al-`Âqib est un mot dérivé de `aqib (après) : on dit "un tel `aqib un tel". Pourtant, Al-`Âqib s'emploie lorsqu'il n'y a plus "après" … Ce qui veut dire : Je suis le Prophète après qui aucun homme ne lui sera accordé la prophétie. Date de Naissance : Lundi, le 12 du mois arabe rabî` al-'awwal. Ce qui correspond dans le calendrier romain au mois d'août de l'année 570. Il est à noter que le Prophète est né cinquante jours après l'attentat contre la Ka`ba, connu par "l'accident de l'Eléphant".

ème

Aussi, le Prophète jeûnait-il pendant les lundis. Lorsqu'on s'en eut enquis, il répondit : "C'est le jour quand je suis né." Voici une célébration …Qui donc ose dire que la célébration des anniversaires est une nouveauté

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hérétique ? Ce n'est pas vrai ! Voilà que le Prophète fête son jour de naissance. Le point c'est : Comment célébrons-nous ? Ton jour de naissance est le jour où Allah t'a honoré et apporté au monde. Voilà un jour fort important ! Mais comment les gens le fêtent-ils ? Ils désobéissent à Allah, tournant le jour où l'on est gratifié en un jour d'ingratitude envers Allah. Notre Prophète, quel rapport le lie aux égyptiens ? En fait, deux liens existent entre lui et nous, les égyptiens : Un lien de parenté et un lien conjugal. Le Prophète (BP sur lui) dit : "Soyez pleins d'égard envers les gens de l'Egypte, car ils disposent d'un lien de parenté et d'un lien conjugal." Quel lien de parenté et quel lien conjugal ? Pour la parenté, il s'agit de l'origine égyptienne de Agar (Hâjar), la femme du Prophète Abraham ('Ibrâhîm), et mère d'Ismaël (Ismâ`îl), l'aïeul du Prophète Mohammed (BP sur lui) … Et pour le lien conjugal, il s'agit de Marie (Mâriyyah), l'égyptienne, que le Prophète a épousé. Quelle honte de l'entendre s'exprimer ainsi à notre égard sans vraiment l'aimer ! Rentre chez toi maintenant et sème l'amour du Prophète au sein de ta famille … Nous avons encore douze mois, avant le prochain anniversaire du Prophète, pour œuvrer à faire partager l'amour de cet homme par tous les cœurs. Puis à la venue du jour de son anniversaire, les gens sauront reconnaître la lumière qui a commencé à rejaillir sur le genre humain en ce jour-là.

D'autre part, le Prophète (BP sur lui) dit : "Si vous entrez en Egypte, adoptez-en beaucoup de soldats ; puisqu'ils en sont les meilleurs sur terre, et qu'ils sont toujours sur la brèche jusqu'au Jour de la Résurrection." A vrai dire, le lien familial entre nous et le Prophète amplifie notre devoir envers lui… `Â'icha (RA) dit : "Le Prophète aimait la compagnie de Mâriyyah l'Egyptienne, vu cette douceur de parole qu'elle empruntait aux siens." Regardez encore la magnanimité du Prophète et son respect des sentiments d'autrui : Lorsqu'il a épousé Mâriyyah, le Prophète lui a procuré un foyer dans la région de `Awâlî, loin de sa Mosquée et du reste de ses épouses : Mâriyyah venait de l'Egypte, le pays du Nil et de la verdure ; il ne convient pas de la loger dans un désert ... Sa physionomie … Nous disposons déjà d'un hadith célèbre que nombreux d'entre nous retiennent par cœur : Le Prophète (BP sur lui) dit : "Celui qui me voit en songe me voit véritablement, car le diable ne se montre jamais sous mes traits". Mais les gens se trompent sur le sens du hadith !! Ils comprennent que si l'on voit quelqu'un en songe et qu'il nous dit "Je suis l'Envoyé de Allah" alors il devra véritablement l'être. Non … Ce n'est pas ça le sens ! Le hadith veut plutôt dire que si tu vois le Prophète – à son portrait exact - en songe, alors il devra être lui. Il n'y a pas lieu à se tromper, puisque le Diable ne peut pas se montrer sous les traits du Prophète. Le Diable peut seulement se présenter sous n'importe quelle autre

figure humaine et te dire "Je suis l'Envoyé de Allah !". Et partant, la connaissance du physique du Prophète est fort importante. Les seuls inaccessibles aux travestissements du diable sont les Compagnons, puisqu'ils connaissaient bien comment était le Prophète. Pour notre cas, c'est une question de "connaître" ou "ne pas connaître" le Prophète. Lorsque tu connais ses traits caractéristiques, donc tu l'as vu. Et lorsque tu les méconnais, donc ce ne serait pas lui, l'homme que tu as vu en songe. Et toi ? Le Prophète te reconnaîtra-t-il en te voyant, au Jour Dernier ? Et qu'est-ce que tu as fait pour le rendre heureux ? Tu es censé œuvrer et te fatiguer un peu, afin qu'il se réjouisse à ta rencontre ! Voici les propos de 'Omm Ma`bid, cette femme qui a brossé, avec le plus de précision, le portrait du Prophète, quoiqu'elle ne l'ait vu qu'une seule fois : Les cheveux étaient ni hirsutes, ni lisses - comparables à ceux des Egyptiens – de couleur noire foncée. Le Prophète ne connut la poussée de cheveux blancs qu'à ses soixante ans, peu avant le décès, lorsque douze cheveux blancs apparurent sur sa tête. Mais comment le sut-on ? Maître `Abdullâh ibn Mas`oûd, en personne, dit : "J'ai compté les cheveux blancs sur la tête du Prophète (BP sur lui) alors qu'il était endormi ; je les ai trouvés douze. J'ai vu de même trois cheveux blancs sur sa poitrine."

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La barbe du Prophète fut touffue, large, noire, allant jusqu'à la poitrine, s'allégeant vers les côtés. La moustache fut fine, légère sous le bout du nez, et séparée de la barbe aux extrémités. De sa poitrine poilue descendit un léger fil de poils, jusqu'au nombril. Abdomen glabre … Le sceau de la prophétie se trouvait par dessous le crâne, à la première vertèbre dorsale … Le sceau de la prophétie ? Oui, chaque prophète avait un signe pareil, prouvant qu'il est prophète. Sa forme est comparable à une verrue - quelque chose au volume d'un grain de raisin ou d'olive noire - dont sort trois poils noirs. Les sourcils furent ni trop drus, ni trop fins ; traversés au milieu par une veine qui n'apparut qu'en cas de colère. Son éthique : Allah la décrit ainsi – ce qui peut être traduit comme - : "Et tu es certes, d'une moralité imminente" (TSC1, Al-Qalam La Plume : 4) Or, Allah parle ainsi du Prophète Moïse – ce qui peut être traduit comme - : "C'était vraiment un élu, et c'était un Messager et un prophète" (TSC, Maryam Marie : 51) Et d'Abraham – ce qui peut être traduit comme - : "et celles d'Abraham qui a tenu parfaitement (sa promesse de transmettre)" (TSC, An-Najm L'Etoile : 37) Aussi, veux-tu connaître les moralités d'un homme ? Ne t'en enquis pas chez ses copains, mais chez lui ! Il y en a des gens dont les paroles ne correspondent

pas aux actes. Si tu désires vraiment savoir si cet homme est d'un caractère bon ou mauvais, demande-le à sa famille, demande-le plutôt à son épouse, et vois ce qu'elle va dire de lui …Sois sûr par là que tu a vu l'homme de dedans : sa femme est avec lui jour et nuit. Le croyez-vous mes frères ! Un orientaliste Américain a embrassé l'Islam justement grâce à ce point : l'éthique !! Il dit : "A l'étude de la biographie de Mohammed, je me lançais à la lecture, puis je me suis arrêté sur les récits concernant sa femme, Khadîdja lorsqu'elle le rassurait en lui disant : 'Certes jamais Allah ne te plongera dans l'ignominie ; car tu maintiens tes liens de parenté, tu ne dis que la vérité, tu soutiens les faibles, tu donnes aux indigents, tu héberges les hôtes, et tu viens en aide aux éprouvés ! ' Je me suis dit : 'Une femme dans son foyer dit cela à son époux ? Cet homme ne peut jamais être menteur ! J'atteste qu'il n'y a nulle divinité à part Allah, et que cet homme, Mohammed est l'Envoyé de Allah !" … Gloire et pureté à Allah ! Il est devenu musulman grâce au témoignage d'une épouse en faveur de son mari … Gloire et pureté à Allah ! Regarde la concordance ! La concordance des paroles du Prophète à l'intérieur et à l'extérieur de sa maison … Il dit (BP sur lui) : "Le meilleur d'entre vous, c'est le meilleur pour sa famille (sa femme). Or, je suis le meilleur pour la mienne."

Les bonnes moralités du Prophète (BP sur lui) : Nous allons citer tout d'abord de quelle bonne moralité il s'agit, puis nous allons en découvrir les détails dans un ou deux incidents de la vie du Prophète (BP sur lui). L'altruisme L'altruisme, c'est lorsque tu préfères les autres à toi-même. Une fois, lorsqu'il faisait froid à Médine, une femme des ‘Ançâr réalisa quel impact ce mauvais temps put avoir. Alors elle se mit à filer une cape en velours qu'elle offrit ensuite au Messager de Allah. Celui-ci se réjouit du cadeau et le porta. Il sortit à la rencontre de ses Compagnons en mettant cette cape pour la première fois. Un homme des ‘Ançâr le vit et lui dit : "Quelle belle cape ! Veux-tu me la faire porter, Ô Messager de Allah ?" Le Prophète ne fit que se lever et ôter le vêtement, en disant : "Oui, je te la fais porter ! Viens à moi !" L'homme alla au Prophète (BP sur lui) qui l'habilla de la cape. Lorsqu'on demanda plus tard à cet homme la raison pour laquelle il avait agi ainsi, il répondit : "Je voulus qu'elle soit mon linceul !" Quelle aurait pu être ta réaction, à la place du Prophète ? Peut-être tu aurais dit à l'homme : "Vous n'êtes qu'un impoli !" Mais Voyez-vous le Prophète ?! Voyez-vous jusqu'où allait son abnégation ?

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Autre incident : Ce fut le jour de la bataille du Fossé. Les Compagnons avaient faim lorsque le fossé qu'ils étaient en train de creuser devrait s'étendre sur trois kilomètres, avec une profondeur de 2 ou 3 mètres, dans un sol rocheux, et avec peu de nourriture. Pour défier la faim, chaque Compagnon mettait une pierre sur le ventre et bandait le tout ! A vrai dire, ces hommes furent si humbles, mais, reliés à Allah ! Aujourd'hui nous nous vautrons dans les grâces, sans jamais être satisfait … Chaque Compagnon allait donc se plaindre auprès du Prophète. Ils lui disaient : "Ô Messager de Allah ! Nous allons mourir de faim !! Regarde, chaque homme parmi nous rattache une pierre à son ventre !" - "Pour moi, … regardez …", dit le Prophète en levant son vêtement pour découvrir un ventre déjà consolidé contre la faim par "deux" pierres ! "A ceci, raconta Jâbir ibn `Abdillâh, je me hâtai à rentrer chez moi. Je demandai à ma femme :

- Tu as quelque chose pour manger ? - Oui ! - Quoi ? - Une poule et une poignée d'orge - Pour combien de personnes ? - Une seule … - Par Allah, je ne mange qu'après le

Messager de Allah ! Jâbir alla aussitôt rejoindre le Prophète. Il lui souffla à l'oreille : "Ô Messager de Allah ! Nous

avons une poule et une poignée d'orge à la maison. Viens et mange avec moi !" Le Prophète le regarda et lui dit : Tu me veux tout seul ?

- Oui … - Tout seul ? Jâbir ? - Bon, Messager de Allah … avec encore un

ou deux hommes … (il veut dire : si tu désires amener 'Aboû Bakr et ‘Omar, qu'ils te rejoignent !)

- Ô Jâbir ! Ce n'est pas moi qui mange tout seul ! Puis le Prophète reprit :

- Quelle est la quantité du mets, Jâbir ? - Un poulet et une poignée d'orge ! - C'est déjà bon et beaucoup ! Ô Emigrés

(Mouhâjirîn) et Auxiliaires (‘Ançâr) ! Notre repas aujourd'hui sera chez Jâbir ibn `Abdillâh !

- Ô Messager de Allah ! Un poulet et une poignée d'orge !

- Ô Jâbir, vas-y tout d'abord à ta maison jusqu'à ce que je te rejoigne ! Je courrai, raconta Jâbir, vers ma maison et dit à ma femme : "Au secours ! Le Messager de Allah viens, avec l'armée en compagnie!" Regardez la réaction de cette femme croyante : elle a d'abord demandé à son époux : "As-tu avisé le Messager de Allah de quelle quantité nous disposons ?" – "Oui!" rétorqua Jâbir. Et la femme de rassurer son époux : "Ne t'en fais pas ! Le Messager de Allah sait bien ce qu'il fait…" Le Prophète – Bénédictions et Paix sur lui – vint plus tard, avec un gros sourire. Il me dit :

"Jâbir ! Tu es notre huissier aujourd'hui …" Le Prophète entra et m'ordonna : "Fais entrer les gens à moi dix par dix !" Je demandais, relata Jâbir, à chaque groupe sortant : "Etes-vous rassasiés ?" Et reçus toujours la même réponse : "Louange à Allah !" Et ainsi de suite, jusqu'aux derniers hommes de l'armée. Là le Prophète (BP sur lui) sortit en me disant : "Ô Jabir ! Entre et mange avec ta famille ! Que Allah répande Sa bénédiction sur votre nourriture !" Un autre exemple de l'altruisme du Prophète se dessine à l'issue de la bataille de Honayn. Le Prophète reçut un butin, grand à remplir l'espace entre deux montagnes. Un homme du camp infidèle vint lui dire : "Qu'est ce que c'est ?"

- Il te plaît ? - Oui ! - C'est à toi … Prends-le ! - Ô Mohammed ! Tu es sérieux ? - Il te plaît ?? - Mais oui ! - Je t'ai dit : Prends-le !

L'homme emporta le don généreux, tout en regardant derrière, dans l'expectative d'une volte face de la part du Prophète. Lorsqu'il se rendit aux siens, il leur fit la bonne annonce : "Ô gens de ma tribu ! Embrassez l'Islam ! J'arrive à vous, venant d'auprès le meilleur des hommes : Mohammed prodigue ses dons comme prodigue celui qui ne craint jamais la pauvreté …" Il faut le dire : l'altruisme du Prophète (BP sur lui) est incomparable !

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Histoires des prophètes La Sira du Prophète 7

La gratitude : Vous connaissez l'histoire de 'Aboû Al-Boukhturî ibn Hichâm ? Cet homme incroyant se rallia à la cause des musulmans bloqués pour trois ans dans les cols montagneux des Banoû Hachem, à l'issue de l'embargo commercial frappé à leur encontre par les Qoraïchites. Ce fut à La Mecque au début de l'appel à l'Islam, lorsque les Qoraïchites décidèrent de bloquer le Prophète et ses disciples, de ne rien leur acheter, ni rien leur vendre. Ils en rédigèrent un pacte et accrochèrent le feuillet au mur de la Ka`ba. 'Aboû Al-Boukhturî vint, trois ans après la conclusion du pacte, arracher le feuillet en déclarant : "Je suis contre cet écrit !" Et il fit sortir les musulmans pour qu'ils trouvent à manger. Les jours passèrent, et le Prophète émigra à Médine. Justement dix ans séparèrent cette anecdote de la bataille de Badr où 'Aboû Al-Boukhturî se rangea dans les rangs infidèles face aux musulmans. Au cœur de la mêlée, le reconnaissant, le Prophète appela ses Compagnons : "Quiconque rencontre 'Aboû Al-Boukhturî ibn Hichâm, qu'il renonce à le tuer, en témoignage de gratitude pour ce qu'il a fait le jour du Feuillet !" Or, l'un des Compagnons fit face à deux infidèles, dont 'Aboû Al-Boukhturî. Alors il l'ignora, croisant le fer avec l'autre homme. Etonné, 'Aboû Al-Bukhturî s'enquit : "Et pourquoi ne pas me combattre ?"

- Le Messager de Allah nous a enjoint de ne point le faire.

- Pourquoi ? (En fait, l'homme a oublié, mais le Prophète, non)

- En témoignage de gratitude pour ce que tu as fait le jour du Feuillet !

- Quoi si je te combat ? - Donc, je m'enfuis …

Et Al-Boukhturî donna la chasse au Compagnon qui tenait à l'éviter pour rester fidèle à l'injonction du Prophète. Mais à deux doigts de tomber en proie, le Compagnon se tourna vers son traqueur et le tua. Les larmes aux yeux, ce Compagnon alla trouver la Prophète en s'excusant : "Par Allah ! Ô Messager de Allah ! Je n'ai pas voulu le tuer !" Et le Prophète de répondre : Que Allah te le pardonne ! Seulement, nous avons voulu rester reconnaissants !" La gratitude envers l'épouse : Aujourd'hui, six mois – voire deux semaines – après la disparition de son épouse, l'homme saurait se débarrasser des photos et de tout ce qui la concerne, à la recherche d'une nouvelle femme, et d'une nouvelle vie ! Ce ne serait pas le cas du Prophète (BP sur lui), qui restait fidèle à Khadîdja, même à douze ans du décès de cette noble épouse : Une fois, le Prophète était en compagnie de `Â'icha lorsqu'une femme frappa à la porte en disant : "Permettez-moi d'entrer …" Le Prophète se mit aussitôt debout : "Allah est plus Grand ! C'est comme si j'avais entendu la voix de Khadîdja ! C'est peut-être Hâla, la sœur de Khadîdja ! Seigneur, fais qu'elle soit Hâla …" Notre tendre Prophète se souvient de la voix de Khadîdja, en dépit des douze ans !

`Â'icha, bien sûr jalouse, lui dit : "Tu te souviens encore de cette vieille, quoique Allah te l'aie remplacée par une meilleure femme ?". Au lieu d'approuver les paroles de sa présente femme, le Prophète ne put qu'afficher la gratitude envers Khadîdja. Il dit : "Par Allah, non ! Allah ne me l'a pas remplacée par une meilleure femme ! C'était elle qui m'a consolé lorsque les gens me chassaient, m'a cru lorsque les gens me démentaient, m'a donné lorsque les gens me privaient …" N'est-ce pas là un modèle du caractère le plus sublime ! La noblesse : Avant de prétendre à une noblesse, allons à la découverte de la véritable noblesse, celle du Prophète (BP sur lui) : Il est d'abord à noter que 'Aboû Jahl était le persécuteur le plus acharné du Prophète et des musulmans à La Mecque. Persécution continue, jour et nuit. En outre, il raillait le Prophète et tentait de le tuer. Une fois, un bédouin fut spolié par 'Aboû Jahl. Pour récupérer ses biens, il dut solliciter certaines gens pour intercéder auprès du spoliateur. Mais, en vain. Le bédouin recourut ensuite aux chefs Qoraïchites : "Qui peut me rendre mon argent de chez 'Aboû Jahl ?" demanda l'homme. Voulant se jouer de lui, ils se firent des clins d'œil et lui dirent : "Veux-tu récupérer ton argent ?" – "Oui !" répondit le bédouin. "Tu vois cet homme en train de prier auprès de la Ka`ba (le Prophète – BP sur lui) ? Personne, sinon cet homme, ne pourra te rendre ton argent : il est le plus aimé par 'Aboû Jahl !"

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Le bédouin crut en ces paroles et alla s'asseoir à côté du Prophète jusqu'à ce qu'il eût terminé sa prière. Après quoi il lui dit : "Ces gens m'ont prévenu que tu pourrais me rendre mon argent, de 'Aboû Jahl qui, à présent, se refuse à me les restituer !" A la place du Prophète, qu'aurais-tu dire ? Ta réponse serait peut-être : "Au fait, ces gens se moquent de toi ! Entre 'Aboû Jahl et moi, il y a un grand problème. Effectivement, je suis le dernier homme qui saura te rendre ton argent !"… N'est-ce pas ? Mais le Prophète agit autrement : il le rassura en disant : "Oui, je peux te rendre ton argent. Viens avec moi !" Le Prophète se leva, et devant la maison de 'Aboû Jahl, il frappa à la porte qui s'ouvrit aussitôt. "T'es-tu emparé de quelque argent de cet homme ?" demanda le Prophète à 'Aboû Jahl.

- Oui, répliqua 'Aboû Jahl - Restitue-lui sa somme !

'Aboû Jahl ne fit que se précipiter à l'intérieur de sa maison pour apporter l'argent et le remettre au bédouin. "Vas-y, homme ! Fais ce que tu veux !" dit le Prophète (BP sur lui) au bédouin soulagé. Plus tard, quelques Qoraïchites demandèrent à 'Aboû Jahl : "Qu'est ce que tu as fait ? Tu te refuses à restituer la somme, à la demande des Qoraïchites, puis tu acceptes devant Mohammed ?" – "Lorsque j'ai ouvert la porte à Mohammed, j'ai vu derrière lui un chameau vigoureux à la gueule grand ouverte… Si j'avais refusé, il m'aurait dévoré !" répondit Aboû Jahl.

Une question se pose : Pourquoi le chameau vigoureux est-il apparu ici, et non pas lorsque 'Aboû Jahl lésait le Prophète ? Réponse : Que le Prophète soit lésé, c'est un message à nous tous pour comprendre à quel point l'Islam est-il précieux, et à quels torts doit-on s'attendre pour notre engagement à l'Islam. Mais dans un parti pris de noblesse, nous verrons la Providence nous assister ! La modestie : Je me demande si, à ces jalons dans sa vie, l'amour du Prophète croîtra dans nos cœurs ou qu'il restera encore lettre morte ! Ces jalons ne sont pas de simples histoires, mais des repères d'amour … Comme il allait le voir pour la première fois, un homme se rendit au Prophète, en tremblant, comme s'il allait pénétrer dans la cour d'un majestueux souverain. Or, le Prophète se leva et rassura l'homme en lui disant : "Ne t'en fais pas ! Je ne suis pas un roi. Je suis seulement un Serviteur : je mange comme mange le serviteur, marche comme marche le serviteur. A La Mecque, ma mère mangeait de la viande coupée en lanières et séchée ! (Le pire genre de viande)" Autre anecdote jalon de modestie : Une humble femme vint trouver le Messager de Allah (BP sur lui), et lui dit : "J'ai besoin d'aller au marché, et je voudrais que tu viennes avec moi !" Et le Prophète de dire : "Et par quel chemin voudrais-tu que je vienne ?" La véracité :

A l'ordre divin de faire l'appel à l'Islam en public, le Prophète (BP sur lui) se tint sur le mont As-Safâ au cœur de La Mecque, et s'adressa aux gens tout haut : - "Ô gens de La Mecque ! Sauriez-vous me croire, si je vous avertissais de quelque troupe derrière ce mont, désirant de vous attaquer ?" - "Nous ne t'avons jamais vu mentir …" répliqua-t-on. - "Bon, je ne suis pour vous qu'un avertisseur, de peur qu'un dur châtiment vous touche !" L'honnêteté : C'était avant que le Message de l'Islam ne soit confié à Mohammed (BP sur lui), lorsqu'une dispute éclata entre les clans Qoraïchites reconstruisant la Ka`ba : "Quel clan aurait l'honneur de mettre le Pierre Noire à sa place ?" Peu s'en fallut à la dispute de tourner en un véritable combat, jusqu'à ce qu'ils se mirent d'accord à accepter le jugement de la première personne à entrer par la porte du temple de la Ka`ba. Or, cette personne ne fut que le Prophète (BP sur lui). Et alors ils l'acclamèrent : "L'honnête, nous l'admettons! L'honnête, nous l'admettons!" Le pardon : Le jour de la conquête de La Mecque illustre par excellence la qualité du pardon chez le Prophète, Bénédictions et Paix sur lui. La ville de La Mecque, d'où il fut chassé… La Mecque qui abrite ceux qui avaient assassiné un groupe de ses Compagnons, spolié ses propres biens ainsi que ceux d'un autre groupe, et exposé à la torture un

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troisième groupe de Compagnons. La Mecque dont les musulmans étaient éloignés tout au long de vingt ans … Et pourtant, lorsqu'il prit cette Mecque, le Prophète demanda aux habitants : "Que ferais-je de vous ? Qu'est-ce que vous pensez ?" – "Rien que du bien, répondit-on, tu es un frère généreux, fils d'un frère généreux !" – "Allez-y, dit le Prophète, vous êtes libérés !" Là, un certain "Foudhâla" s'approcha et, le poignard caché sous son cape, décida de tuer le Prophète (qui vint tout juste de déclarer la grâce pour les mecquois ! Quelle audace !) Petit à petit, il avança vers la Prophète, jusqu'à ce que celui-ci sente sa présence. Le Prophète se tourna vers lui et dit : "Qu'est-ce que tu entends faire Fudhâla ?" – "Rien ! Seulement, j'invoque Allah !" riposta Foudhâla. Souriant, le Prophète lui dit : "Crains Allah, Foudhâla !" Foudhâla relate ainsi la situation : Le Prophète leva la main … Je crus alors qu'il allait me frapper, mais trouvai aussitôt sa main contre mon cœur : il la fit passer plusieurs fois en répétant : "Demande pardon à Allah, Foudhâla ! Crains Allah ..!" A force de ses touchers, je l'aimai. Avant de placer sa main contre mon cœur, il m'était l'homme le plus détestable ; mais en la déplaçant, il m'était devenu l'homme le plus chéri du monde …" Voyez : par un sourire, des gestes tendres et le mot : "Crains Allah" on réagit ! La miséricorde :

Un enfant nommé `Omayr avait un petit oiseau qu'il aimait beaucoup et avec lequel il jouait. Chaque fois que le Prophète voyait le petit, il lui demandait des nouvelles de son oiseau : "Ô `Omayr, que fait Noghayr ?" (un nom bien choisi à l'oiseau pour rimer avec "`Omayr"). Mais une fois, le Prophète vit `Omayr pleurer : "Qu'est ce qui fait pleurer `Omayr ?" demanda le Prophète – "Noghayr est mort, Ô Messager de Allah !!" répondit le garçonnet. A cette nouvelle, le Prophète resta à ses côtés pour un moment, jouant avec lui. Quelques compagnons passaient tout près, virent le Prophète et s'adressèrent à lui : "Qu'est-ce que tu fais, Ô Messager de Allah ?" Et le Prophète de répondre : "Noghayr est mort … Alors j'aime amuser un peu `Omayr… !" Voyons également cet incident de la bataille de Khaybar lorsque les femmes réclamèrent au Prophète de leur permettre de participer au combat. A son consentement, les femmes sortirent, dont une fillette de 13 ans que le Prophète repéra. Par pitié envers une combattante aussi jeune, il lui proposa de monter en croupe, et elle accepta. "Je fus montée, raconta-t-elle, en croupe derrière le Prophète. A chaque fois que je désirais descendre, il me disait : 'Donne-moi ta main !'. Puis après une pause de repos, il s'assurait : "Tu t'es reposée ?" avant de me faire remonter. La bataille terminée, le Prophète se mit à distribuer le butin, puis commença à chercher quelqu'un. Ce fut moi qu'il cherchait, je le sus : 'Viens' dit-il lorsqu'il me vit. Je m'approchai, et alors il fit sortir un collier et me dit : 'Porte-le !" Lorsque je tendis la

main pour le prendre, le Prophète s'exclama : 'Non, c'est moi qui dois te le placer autour du cou !' Et il me le fit porter. Par Allah ! Ce collier n'a point quitté mon cou depuis lors ! En plus, j'eus enjoint qu'il soit placé avec moi dans ma tombe, pour le présenter au Prophète à sa rencontre, le Jour de la Résurrection, en lui disant : "Le voilà ton collier ! Ô Messager de Allah !" Le Prophète et l'humour : On se trompe souvent sur l'image du pratiquant. Celle-ci serait particulièrement dominée par un visage renfrogné, et par une tendance à juger tabou tout ce qui nous entoure. "Il ne sied pas de rire, parce que je suis posé" et "Il ne faut pas rigoler avec les autres parce que je suis pratiquant !" Mais regardez l'exemple du Prophète, que les Bénédictions et la Paix soient sur lui : Le Prophète était, comme dit `Â'icha, le plus souriant des hommes, et il avait la plus gracieuse des âmes. Le Prophète fut allègre dans sa maison ; il riait et faisait rire sa famille ! Comparons un peu, avec ce que sont les hommes aujourd'hui chez eux ! Une vieille femme dit au Prophète (BP sur lui) : "Ô Messager de Allah ! Invoque Allah pour qu'Il me fasse agréée au Paradis !" Or, elle reçut de lui la réponse : "Mais les vieillards n'entrent pas au Paradis…". A ceci, la femme s'en alla, en pleurant. "Faîtes-la revenir !" demanda le Prophète à son entourage. On ramena vite la femme et le Prophète lui expliqua : "Sache que tu n'entreras au Paradis dans le statut d'une vieille : tout d'abord, tu seras

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rendue jeune, avant d'entrer. Seulement, j'ai voulu plaisanter avec toi !" Quel paradoxe entre la réaction de la femme à l'idée d'être rejetée du Paradis, et l'attitude d'un nombre de nos jeunes gens qui faisaient de l'esprit en disant : "Nous sommes tous voués à l'Enfer !" Je me demande si le Prophète (BP sur lui) est satisfait de nous - autrement dit, de nos actes - ! Si l'on meurt aujourd'hui même, sera-t-on digne de la compagnie du Prophète au Paradis ? Y a-t-il des uns parmi nous qui sont occupés par cette question ? Il ne s'agit pas seulement d'accession au Paradis, mais surtout de la compagnie paradisiaque du noble Prophète. Quelle envie à avoir une place auprès de lui ! Puisse Allah - le Très Haut - nous unir avec lui dans le bien. Gloire et Pureté à Allah ! La volonté divine nous prédestine à une relation ininterrompue avec le Prophète. Dans les hadiths : "Chaque fois qu'un homme appelle sur moi les bénédictions et la paix, Allah me rende mon âme afin de lui rendre le salut." "A Allah appartiennent des Anges errants qui, trouvant des gens qui appellent sur moi paix et bénédictions, me transmettent le salut de ces gens pour que je le leur rende." "La veille des vendredis, vos œuvres me sont présentées : je loue Allah, le Très-Haut, pour les bonnes ; et je Lui demande pardon pour vous, pour les mauvaises."

Multiplions donc nos sollicitations de bénédictions et de paix pour le Prophète (BP sur lui). La magnanimité et la tendresse : Zâhir fut un bédouin au physique un peu laid et au caractère un peu rude, pour autant, les Compagnons l'évitaient. Une fois qu'il était dans le marché, un homme vint se tenir juste derrière lui, l'embrassa de ses bras en posant ses mains sur les yeux. Mais les touches de tendresse étaient tout à fait imprévues pour le rustre. Alors il s'écria : "Qui est-ce ? Lâche-moi !" Zâhir fut lâché, puis il se tourna pour retrouver le Prophète debout derrière lui, les bras ouverts. "Je ne m'étais jamais réjoui, raconta Zâhir, comme je l'étais, mon corps contre celui du Prophète". Ensuite le Prophète prit la main de Zâhir et la leva haut au milieu du marché en plaisantant : "Qui veut acheter cet esclave ?" – "Alors tu me trouverais de faible débit, Ô Messager de Allah !" commenta le bédouin. "Mais pour Allah, le rassura notre Prophète, tu es très cher !" De quel amalgame entre les cœurs s'agit-il ? Il est vrai que nous avons manqué d'accompagner le Prophète, d'emporter ses sandales, d'écouter ses paroles en toute docilité, mais son patrimoine de Sounna reste avec nous. Et un jour viendra - celui de la Résurrection - où nous devons le rencontrer : qu'allons-nous lui dire de nous-mêmes ? Que va dire celui qui ne fait pas la prière, celle qui ne porte pas le voile, celui qui flirte avec les jeunes filles, celui qui regarde les sites licencieux ? Savez-vous qu'il y en aura des gens de sa Nation vers lesquels il courra, en vue de les embrasser et leur donner à

boire de son bassin … Mais là les Anges avertiront le Prophète : "Non Mohammed, laisse-les ! Tu ne sais pas ce qu'ils ont fait après ton départ !" Et le Prophète s'exclamera : "Restez loin ! Restez loin !" N'êtes-vous pas appréhendés d'entendre le Prophète s'adresser ainsi à votre égard ! Que pensez-vous d'une bonne annonce comme celle faite à 'Aboû Bakr et ‘Omar ? Une fois, le Prophète entra à la mosquée alors que le deux hommes étaient assis. "Viens 'Aboû Bakr ! Viens ‘Omar !" le Prophète appela ses Compagnons, prit leurs mains dans les siens et éleva celles-ci tout haut en disant : "C'est ainsi que nous serons ressuscités au Jour Dernier !" Soit qu'il prendra ta main, tout satisfait ; soit qu'il ne te regardera point ! Pour quel genre de relation optons-nous, mes frères ? Quel besoin de puiser à la grâce de cet homme : ‘Omar ibn Al-Khattâb vit son fils `Abdullâh lui demander un jour : "Ô mon père ! Quelle attitude du Prophète tu n'oublieras jamais ?" – "Ô fils ! Si j'oublie tout, il me sera impossible d'oublier ce jour où j'étais allé le trouver pour avoir sa permission d'accomplir la `Omra (petit pèlerinage). Alors, le Prophète me regarda et dit : 'Ne m'oublie pas, mon frère, dans tes bonnes invocations !' A cette tendre requête, les larmes m'envahirent et je m'exclamai : "Moi ! Est-ce moi qui invoquerais Allah pour toi, Messager de Allah ?!" Explorons dans la suite jusqu'où allait l'amour des Compagnons pour le Prophète… Des exemples

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repères pour conclure cet épisode consacré au Prophète (BP sur lui) :

• 'Aboû Qohâfa, père de maître 'Aboû Bakr, embrassa l'Islam au crépuscule de ses jours, lorsqu'il devint un vieillard aveugle. Le jour où il prêta serment d'allégeance au Prophète, on vit 'Aboû Bakr pleurer, lui qui aurait dû se réjouir à la conversion de son père. "Qu'est-ce qui te fait pleurer ! N'est-ce pas une heureuse nouvelle ?" demanda-t-on. Et 'Aboû Bakr de répondre : "Je pleure parce que j'aimerais voir une autre main prêtant serment d'allégeance au Messager de Allah, plutôt que celle de mon père. J'aimerais voir la main de 'Aboû Tâlib, l'oncle du Prophète. Le renoncement à la foi par cet homme tenait au Prophète à cœur !"

• Pendant leur émigration à Médine, le Prophète (BP sur lui) était assoiffé, tout comme son compagnon de voyage, 'Aboû Bakr. Or, ce dernier alla à la recherche du lait. En trouvant un peu avec un berger, 'Aboû Bakr emporta le lait au Prophète et lui dit : "Bois, Ô Messager de Allah !" Plus tard, 'Aboû Bakr relata l'incident, enchaînant en ces termes : "Et le Messager de Allah but, jusqu'à ce que je me suis désaltéré !" Une question se pose : Aimons-nous le Prophète autant ? Saurons-nous donner à boire au Prophète jusqu'à ce que "nous" soyons désaltérés ? Ou l'amour du Prophète ne serait-il - pour nous - plus qu'un simple zèle, se dissipant à notre sortie de la mosquée ? Cet homme est évidemment digne d'être intronisé dans nos cœurs !

• Au cours de la bataille de 'Ohod, une femme perdit son père, son mari et son fils. Cette femme participait aux services hospitaliers militaires, lorsqu'elle entendit des rumeurs sur l'assassinat du Prophète. Elle s'élança en courant, rencontra l'un des Compagnons et lui demanda : "Qu'a-t-on fait du Messager de Allah ?"

- Certes nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerons ! Ton père est mort !

- Mais je te demande : Qu'a-t-on fait du Messager de Allah ?

- Il va bien … ! - Non, par Allah ! Je dois s'en assurer de mes

propres yeux ! Et elle reprit sa route … Croisant un autre

Compagnon, elle s'enquit : - Qu'a-t-on fait du Messager de Allah ? - Ton mari est mort ! - Mais je te demande : Qu'a-t-on fait du

Messager de Allah ? - Il va bien … ! - Non, par Allah ! Je dois s'en assurer de mes

propres yeux ! Même question à la rencontre d'un troisième Compagnon qui lui annonça la mort de son fils. Et même empressement à se rassurer sur l'état du Messager.

- Il va bien … ! - Non, par Allah ! Je dois s'en assurer de mes

propres yeux ! A la vue du Prophète, la femme endeuillée alla s'accrocher à son habit en disant : "Toute calamité se minimise devant celle de te perdre, Ô Messager de Allah !"

• Lisez ces vers composés par Hassân ibn

Thâbit : Mon père, mère et honneur se tiennent … Pour l'honneur de Mohammed comme rempart

• Au cœur de la mêlée le jour de la bataille de 'Ohod, lorsque les musulmans furent traqués par les tirs d'archers de toute part, la voix de Talha ibn `Obaydillâh retentit : "Baisse ta tête, Ô Messager de Allah ! Mon cou pour le tien, Ô Messager de Allah !" Voyez ! Nos têtes … contre la protection de la Sounna du Prophète (BP sur lui) !

• Sur ce même champ de ‘Ohod, à la vue des flèches déferlant sur l'endroit où se tenait le Prophète, 'Aboû Dojâna se hâta de prendre celui-ci dans ses bras, s'allongea au-dessus de lui sur le sol et reçut ainsi les flèches dans le dos. "J'ai trouvé, témoigne 'Aboû Bakr, 'Aboû Dojâna comme un hérisson, pour les nombreuses flèches qui le criblaient !"

• Regardez la persévérance de 'Omm `Imâra dans son amour : Elle trouva le Prophète seul chez lui lorsqu'un homme le surprit voulant le tuer. 'Omm `Imâra brandit alors une épée et se tint devant le Prophète. A noter qu'un homme ne tue pas une femme, selon l'éthique chevaleresque des arabes. Pour l'écarter de son chemin, l'agresseur fit voler l'épée de sa main, par un coup. "Je faillis m'en aller, dit 'Omm `Imâra, mais comme le Prophète était encore seul, je restai, barrant la route

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à l'agresseur." Celui-ci commença donc à lui donner des coups de son épée sur l'épaule, jusqu'en venir aux os ! Et la femme tomba dans son sang. Le fils de 'Omm `Imâra vint ensuite l'aider. "Mais laisse-moi te défendre, Messager de Allah !" dit-elle.

- Et qui supportera ce que tu endures, 'Omm `Imâra ?

- J'endure et endure encore … Seulement je désire t'accompagner dans le Paradis !

- Non seulement toi ! Mais toi et ta famille … Seigneur, faîtes qu'ils soient tous mes compagnons dans le Paradis !" Invoqua le Prophète, levant la main. D'ailleurs, 'Omm `Imâra ne succomba pas à cet accident, mais survécut de vingt ans au Prophète!

• ‘Omar ibn Al-Khattâb, agonisant, chargea son fils de solliciter la permission de `Â'icha, pour être enterré à côté du Prophète. Au consentement de celle-ci, ‘Omar s'exprima, soulagé : "Seigneur, à Toi les louanges ! Par Allah, je ne me souciais de quelque chose comme mon souci d'être enterré à son côté !"

• 'Anas ibn Mâlik, serviteur du Prophète, qui lui survécut de quatre vingt ans, agonisait lorsqu'on lui demanda : "Ô 'Anas ! Fais un vœu !" - "J'espère que ces deux yeux se ferment maintenant par la mort, pour qu'ils ne soient ouverts que sur le Messager de Allah devant moi, le Jour de la Résurrection. Et alors je lui dirais : Voici ton serviteur 'Anas ! Ô Messager de Allah !"

• Voici encore les propos de Bilâl ibn Rabâh à son agonie : "Demain, je rencontre les bien aimés … Mohammed et ses Compagnons !" Il se réjouit à la mort qui le ferait rejoindre ses chéris … Qui d'entre nous aime autant Mohammed et ses Compagnons ?

• Regardons l'attitude de ce Compagnon, Sawâd, le jour de la bataille de Badr. Le Prophète organisait les rangs des combattants. Et chaque fois qu'il passait près de Sawâd, qui fut un homme très gros, le Prophète lui dit : "Range-toi bien Sawâd !" Et Sawâd répondit : "Oui, Messager de Allah !" Mais enfin en passant, et le trouvant encore en dehors du rang, le Prophète prit son bâtonnet de siwâk et en piqua légèrement Sawâd dans le ventre. "Ah, tu me fais mal, Messager de Allah !" A cette interjection de l'homme, le Prophète se découvrit le ventre en disant : "Rends-moi la pareille, Sawâd !". Alors, Sawâd ne fit qu'embrasser le ventre du Messager de Allah : "C'est ce que voulais ! C'est ce que je voulais !" répéta-t-il. - Et pourquoi alors, Sawâd ? s'enquit le Prophète (BP sur lui). - Ô Messager de Allah ! C'est un jour de martyre, je crois. J'ai voulu que la dernière chose à éprouver en ce monde soit de toucher ton corps !"

• Selon `Orwa ibn Mas`oûd (témoignage rapporté avant sa conversion à l'Islam) : "Je me suis rendu à Chosroês dans sa cour, au Tsar dans sa cour, au Négus dans sa cour ; or, je n'en ai trouvé

aucun plus cher à son entourage que ne l'est Mohammed à ses Compagnons. Je n'ai vu aucun amour plus grand que l'amour que vouent ses Compagnons à Mohammed : s'il fait ses ablutions (wudû'), ils se battent sur l'eau de son ablution ; s'il parle, ils gardent un silence de morts ; s'il les regarde, ils baissent les têtes par révérence. Deux seulement regardaient le Prophète ; et le Prophète les regardait et leur souriait : 'Aboû Bakr et ‘Omar …" Nous vaquons trop à ce monde ! Que voulons-nous de la vie, mes frères ? Quels horizons, et quels desseins concevons-nous ? La compagnie du Prophète (BP sur lui), ne serait-ce un dessein envisageable ? L'envie de le rencontrer, ne nous obséderait-elle pas ? Pour autant, la crainte de Allah dans ce bas monde doit réguler nos actions … Nos filles qui ne portent pas de voile … nos femmes qui maltraitent leurs voisins et leurs maris ! Par Allah ! Ces mots ne quitteront les lignes que s'ils s'incarnent dans nos actions. Incarnation impossible sans se conformer au modèle du Prophète (BP sur lui) dans son éthique et dans son culte, impossible de même sans déborder d'amour pour lui. Veux-tu vraiment l'aimer ? Lis sa biographie dans : Ar-Rahîq Al-Makhtûm (Le Nectar Estampille) ou Fiqh As-Sîra (Comprendre la Biographie) ou Mukhtasar Sîrat Ibn Hichâm (Sommaire de la Biographie, Par Ibn Hichâm).

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Partie 2 Allah (Exalté soit-Il) dit – ce qui peut être traduit comme - : "En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle (à suivre), pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment." (TSC1, Al-'Ahzâb Les Coalisés : 21) Et partant, notre Messager (BP sur lui) est regardé comme le modèle unique de tout musulman, le seul exemple que nous sommes tenus de suivre. La biographie du Prophète, dans ce sens, couvre "tout" : autrement dit, toute valeur dont l'homme aurait besoin pour mener la barque de sa vie, jusqu'au Jour de la Résurrection, est rencontrée dans la vie du Prophète Mohammed (notamment pendant les 23 années de sa Mission prophétique). Allah a voulu privilégier cet homme (BP sur lui) d'une expérience tellement riche et universelle que tout autre humain saurait y puiser pour trouver ses repères et se tracer sa conduite, jusqu'à la fin du temps. Riche surtout en rapports : avec épouses, amis, ennemis, … etc. ; mais aussi en qualités : célibataire et marié, gouverneur et gouverné, père et grand-père, riche et pauvre, persécuté, combattant ou engagé à un pacte. Si l'on veut prendre en exemple le Prophète Jésus, lesquelles de ses qualités pourraient nous inspirer ? Jeune, célibataire, ascète, résistant aux tentations, relié à Allah, pieux ? Mais peut-on suivre son exemple lorsqu'on devient un père, ou un grand-père ? Comment, si le Prophète Jésus ne s'était point marié ? … Pour le Prophète Salomon de même, nous pouvons seulement nous inspirer de l'exemple d'un

souverain riche et juste, reconnaissant envers son Seigneur. Mais en cas de pauvreté, ou de subordination, le modèle de ce prophète nous faussera compagnie ! Condition introuvable … Le fait que Mohammed soit le modèle par excellence à l'humanité entière implique un portrait biographique aussi exhaustif que possible, et aussi détaillé qu'il nous plonge dans sa vie la plus intime, comme celle de ses relations conjugales (par ex. lors du jeûne, ou lors des menstruations de l'épouse). Dans quelle mesure avons-nous besoin du Prophète (BP sur lui) ? Premièrement, pour notre bonheur dans ce monde : Suivre la tradition du Prophète (la Sounna) nous appelle le bonheur ici-bas. Ce bonheur qui ne cesse de s'évaporer de notre vie moderne, si accablante. Cet amour perdu dans les foyers ! Une simple prière nocturne en commun, comme faisait le Prophète avec sa famille, saurait accroître le bonheur conjugal et par suite, familial. Le Messager de Allah (BP sur lui) dit : "Lorsqu'un homme réveille son épouse pendant la nuit, et qu'ils font ensemble une prière de deux rak`a, ils seront comptés - tous deux - parmi les invocateurs et invocatrices de Allah." (Rapporté par 'Aboû Dâwoûd) Un simple sourire – suivant l'exemple éthique, comme l'exemple cultuel du Prophète – défierait la morosité et la dépression qui règnent sur notre vie.

Le Prophète (BP sur lui) dit : "Sourire à ton frère est une aumône" Bien sûr que notre existence sera meilleure en suivant l'exemple du Prophète ! Deuxièmement, pour trouver assistance dans l'autre monde :

1- Son intercession pour le rendement des comptes : Tout homme, musulman ou incroyant, aura besoin de l'intercession du Prophète pour le commencement à rendre compte auprès du Seigneur. Au bout de 50 mille ans d'attente après être ressuscités, les hommes seront tellement lassés qu'ils solliciteront l'intercession des prophètes pour que l'On commence à trancher sur leur sort. Mais les prophètes ne s'occuperont alors que de leur salut, émettant, un par un la réponse : "(Je ne m'occupe que de) moi-même ! Moi-même !! Mon Seigneur est aujourd'hui en colère, comme Il ne l'avait jamais été avant ce jour-ci !" Venant au Prophète (BP sur lui), celui-ci acceptera la requête des humains. "Je m'en chargerai !" dira-t-il. Le Prophète se prosternera alors sous le trône, et louera Allah pour des mérites jamais évoqués par un homme avant cela. Là, Allah dira : "Lève la tête, Mohammed ! Demande, et tu seras exaucé ! Intercède et ton intercession sera acceptée !" Et le Prophète intercédera pour que soit commencé le jugement du genre humain.

2- Son intercession pour faire accéder au Paradis plus de Croyants sans rendre compte: Allah demandera au Prophète d'élire 70 mille personnes de sa Nation, pour entrer au Paradis sans

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compte à rendre ni châtiment à subir. Puis à la demande prophétique d'élargir cette tranche, Allah rajoutera, à chaque mille Croyants, 70 mille autres.

3- Son Bassin étanchera notre soif : Une station dans un jour aussi long – le Jour de la Résurrection -, et sous un soleil aussi proche de nos têtes fera couler tant de sueur. Rendez-vous alors aux Croyants autour du Bassin du Prophète. Celui-ci nous accueillera en disant : "Voici les miens ! Voici ma Nation !" Rappelons que l'eau du bassin a pour source le fleuve de l'Abondance (Al-Kawthar). Une eau plus blanche que le lait et au goût plus doux que le miel. Quiconque en boit dans la paume du Prophète (BP sur lui) ne sera plus jamais assoiffé. Les carafes du Bassin seront comme les étoiles du ciel.

4- Son intervention pour nous faire accéder au Paradis : Après avoir traversé le pont sirât, les Croyants se rendront aux portes du Paradis, encore closes. Qui intercédera auprès du Seigneur pour les faire ouvrir ? Le Prophète Mohammed (BP sur lui) cédera à la requête des Croyants en disant : "Je m'en charge !" Il ira donc agiter l'anneau de la porte. "Qui est-ce ?" demandera le gardien – "Mohammed ibn `Abdillâh !" – "Allah m'a ordonné de n'ouvrir que pour toi …" Et alors les portes s'ouvriront.

5- Son amour nous élèvera aux hauts jardins de Firdaws : Un homme interrogea le Prophète (BP sur lui) au sujet de l'Heure Suprême et lui demanda quand elle aurait lieu. "Et qu'as-tu préparé pour ce moment là ?" lui demanda le Prophète – "Ni tant de prières, ni tant de jours de jeûne … Mais seulement, l'amour

que j'ai pour Allah et Son Envoyé !" – "Eh bien, reprit le Prophète, tout homme sera avec ceux qu'il a aimés." Marchant un jour avec le Prophète (BP sur lui), maître ‘Omar ibn Al-Khattâb lui dit : "Par Allah, je t'aime ! Ô Messager de Allah !" "Plus que ton enfant, ‘Omar ?" demanda le Prophète. - Oui ! - Plus que ta femme? - Oui ! - Plus que tes biens ? - Oui ! - Plus que toi-même ? - Non! - Non ‘Omar ! dit alors le Prophète ; Ta foi ne sera complète que lorsque tu m'aimeras plus que ton enfant, ta femme, tes biens, et plus que toi-même !" Lorsque nous nous séparâmes, raconta ‘Omar, je réfléchis (à ce qu'il m'avait dit) et je revins le voir en répétant à haute voix : Par Allah ! Je t'aime plus que moi-même ! Le Prophète répondit : "C'est maintenant ‘Omar, que ta foi est complète !" Plus tard, `Abdullâh, le fils de ‘Omar lui demanda comment avait-il fait pour en arriver à cette conclusion ? ‘Omar dit : "Ô fils ! En quittant, je me suis rappelé que j'étais dans les ténèbres, et que Allah m'avait sauvé par cet homme (BP sur lui). Je me suis rappelé aussi que j’aurai plus besoin de lui que de moi-même le jour du Jugement Dernier : Ainsi devrais-je plutôt le préférer à moi-même !"

6- Son intercession en faveur des musulmans pécheurs : Le Prophète intercédera en faveur des musulmans pécheurs punis en Enfer. Il se prosternera sous le Trône divin en disant : "Seigneur ! Grâce pour les pécheurs de ma Nation ! Les pécheurs de ma Nation !" Et le Très-Haut l'autorisera à les faire sortir. Le Prophète ira donc les faire sortir, borné par une limite d'accès. Il lui en serait fallu quatre prosternations sous le Trône avant que ne soit sorti le dernier homme ayant attesté que "Point de divinité à part Allah. Mohammed est Son Envoyé". Les événements phares dans la vie du Prophète – Bénédictions et Paix sur lui - : Le début de la Mission : Ce fut un début aussi fort que pénible, plutôt un message d'alarme – tant au Prophète qu'à nous-mêmes - de la part de Allah. C'est comme si Allah voulait nous dire "Ce qui s'annonce est assez imposant. Prenez-le donc au sérieux !" Mohammed se retirait dans la caverne désertée de Hirâ', où il se livrait à méditer sur l'univers et à vouer le culte à son Créateur. Une nuit, la vérité lui fut enfin révélée. Il raconta l'événement en ces termes : "L'archange me saisit aussitôt, me pressa contre lui au point de me faire perdre toute force, puis me lâcha enfin en répétant: "Lis!" - "Je ne suis point de ceux qui lisent", répliquai-je. Cette scène se répéta à deux autres reprises. A la troisième fois, je demandai : "Et que dois-je lire ?!" L'archange me dit alors :

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"Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, Qui a créé l'homme d'une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, Qui a enseigné par la plume (le calame) A enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas." (TSC, Al-`Alaq L'Adhésion : 1-5) Gabriel quitta. Après avoir entendu ces versets, le Prophète (BP sur lui), tremblant et palpitant, rentra chez son épouse Khadîdja et s'écria: "Enveloppez-moi! Enveloppez-moi!". Les versets révélés dans la suite furent ceux de la sourate Al-Muzzammil (L'Enveloppé) : "Ô toi, l'enveloppé (dans tes vêtements)! Lève-toi (pour prier), toute la nuit, excepté une petite partie;" (TSC, Al-Muzzammil L'Enveloppé : 1 – 2) Puis ceux de la sourate Al-Muddaththir (Le Revêtu) : "O, toi (Mohammed)! Le revêtu d'un manteau! Lève-toi et avertis." (TSC, Al-Muddaththir Le Revêtu : 1 – 2) Dès les prémices de la Révélation, nous sommes alertés de la lourde tâche qui attend ceux qui assumeront la transmission d'une religion aussi grande. Le Prophète consacrait le jour à l'appel des gens à l'Islam, et la nuit aux pratiques de culte, au point d'en exciter la pitié de sa femme, notre dame Khadîdja : "Je ne te vois point dormir, Messager de Allah !" Et le Prophète de répondre : "Le temps de dormir est révolu, Khadîdja !" L'ordre de la prédication publique : L'appel à l'Islam se faisait, pour trois ans, de façon discrète. A peine une quarantaine de personnes embrassaient le Message. Au bout de ces trois ans, le Messager reçut la suivante Révélation coranique :

"Expose donc clairement ce qu'on t'a commandé et détourne-toi des associateurs." (TSC1, Al-Hijr : 94) Le Prophète (BP sur lui) alla donc se tenir sur le mont As-Safâ, le plus haut de La Mecque, et s'adressa aux tribus solennellement : - "Sauriez-vous me croire, si je vous avertissais de quelque troupe derrière ce mont, désirant vous attaquer ?" - "Nous ne t'avons jamais vu mentir …" répliqua-t-on. - "Bon, je ne suis pour vous qu'un avertisseur, de peur qu'un dur châtiment vous touche !" Avec le lancement de l'appel, éclata la persécution, pour dix ans d'affilée. Des exemples de la persécution contre le Prophète :

1- Ce fut à l'âge de quarante-trois ans. Le Prophète faisait la prière à l'enceinte de la Ka`ba, lorsque `Oqba ibn 'Abî Ma`ît, l'un des infidèles Qoraïchites, s'approcha, ôta sa cape et l'enroula violemment autour du cou du Prophète (BP sur lui). Suffoquant, celui-ci tomba sur les genoux, à bout de force.

2- Ce même infidèle `Oqba ibn 'Abî Ma`ît saisit une autre occasion lorsque le Prophète (BP sur lui) était en prière auprès de la Ka`ba : il déversa, sur le vénérable homme prosterné, les intestins d'un chameau. Alors le Prophète demeura en prosternation jusqu'à ce que sa fille, Fâtima, vînt enlever les ordures et nettoyer son dos, en pleurant. "Ne pleure pas ma petite, la rassura le Prophète, certes Allah fera triompher ton père !"

3- Des poignées de poussière lancées par quelques Qoraïchites contre le visage du Prophète, alors qu'il circulait dans les routes de La Mecque, touchèrent vivement ses yeux et remplirent sa tête et son corps de poussière. Rentrant chez lui, la pitoyable mine du Prophète excita les larmes de ses filles. Mais le père endurant s'exclama : "Ne pleurez pas ! Certes Allah fera triompher Sa religion et donnera la puissance à Son prophète!"

4- Le Prophète (BP sur lui) passait non loin de la Ka`ba lorsqu'une bande d'infidèles mecquois le traqua et, tirant par les habits et poussant, commença à le battre. "Nous restions assis, raconta `Alî ibn 'Abî Tâlib, sans oser nous interférer jusqu'à ce que vînt 'Aboû Bakr : celui-ci les poussa loin du Prophète en s'écriant "Tuez-vous un homme parce qu'il dit: Mon Seigneur est Allah ?" Alors les agresseurs tournèrent vers 'Aboû Bakr : `Oqba ibn 'Abî Ma`ît le poussa férocement, ôta son soulier et accabla le Compagnon de coups sur le visage au point de lui faire perdre connaissance. 'Aboû Bakr fut ensuite emporté vers sa maison, le visage boursouflé. A peine venait-il de reprendre conscience, qu'il demanda de voir le Prophète (BP sur lui) en s'assurant : "Qu'a-t-on fait du Messager de Allah ?" – "Laisse-le tranquille !" rétorqua la mère du Compagnon. – "Par Allah, insista 'Aboû Bakr, je ne goûterai à aucun aliment avant de voir le Messager de mes propres yeux !" Ainsi, la sœur de ‘Omar ibn Al-Khattâb et sa mère l'amenèrent-elles vers la maison du Prophète qui, à sa vue, s'apitoya sur son état. Mais le Compagnon intime voulut rendre les choses simples : "Par Allah, Ô

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Messager de Allah ! Rien ne m'est arrivé, sauf que le pervers avait attaqué mon visage …"

5- Les incroyants de Qoraïche le baptisaient de Modhammam (le très dénigré), alors que son nom, Mohammed, signifie en arabe : le très louable. A leur outrage, notre Prophète (BP sur lui) calmait ses Compagnons en disant : "Laissez-les faire ! Ils ne font qu'insulter Modhammam … Mais moi, je suis Mohammed !"

6- Les deux fils de 'Aboû Lahab, `Otba et `Otayba, divorcèrent d'avec leurs jeunes mariées, les deux filles du Prophète : Roqayya et 'Om Koulthoûm.

7- Le Prophète se fut rendu chez l'une des tribus pour appeler les gens à l'Islam. A son invitation rejetée, il montait sur sa chamelle pour quitter, lorsque celle-ci reçut dans le ventre un coup si violent qu'il l'affola. Et le Prophète, sous l'effet des agitations de la chamelle, en tomba par terre sur le dos, exposé à la risée des offenseurs incrédules. Les négociations avec les Qoraïchites : A l'échec des moyens de persécution à dévier Mohammed et ses disciples de prêcher la nouvelle religion, les Qoraïchites recoururent à la voie de négociation. Leur porte parole à cette tâche fut 'Aboû Al-Walîd. "Dites ce que vous avez, 'Aboû Al-Walîd ! J'écoute…" s'adressa ainsi le Prophète à son interlocuteur. Celui-ci fit alterner ses offres alléchantes : une énorme somme d'argent, intronisation comme roi des Qoraïchites, une femme des plus belles comme épouse, …

Enfin, le Prophète conclut : "As-tu fini, 'Aboû Al-Walîd ?" – "Oui !" reprit l'homme – "Alors, écoute moi …" et le Prophète commença la récitation de la sourate Foussilat : [1] Hâ, Mîm. [2] (C'est) une Révélation descendue de la part du Tout MiséricorAllahx, du Très MiséricorAllahx. [3] Un Livre dont les versets sont détaillés (et clairement exposés), un Coran (lecture) arabe pour des gens qui savent, [4] annonciateur (d'une bonne nouvelle) et avertisseur. Mais la plupart d'entre eux se détournent; c'est qu'ils n'entendent pas. [5] Et ils dirent: "Nos cœurs sont voilés contre ce à quoi tu nous appelles, nos oreilles sont sourdes. Et entre nous et toi, il y a une cloison. Agis donc de ton côté; nous agissons du nôtre." [6] Dis: "Je ne suis qu'un homme comme vous. Il m'a été révélé que votre Allah est un Allah unique. Cherchez le droit chemin vers Lui et implorez son pardon". Et malheur aux Associateurs [7] qui n'acquittent pas la Zakâ et ne croient pas en l'au-delà! [8] Ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres auront une énorme récompense jamais interrompue. [9] Dis: "Renierez-vous (l'existence) de celui qui a créé la terre en deux jours et Lui donnerez-vous des égaux? Tel est le Seigneur de l'univers, [10] c'est Lui qui a fermement fixé des montagnes au-dessus d'elle, l'a bénie et lui assigna ses ressources alimentaires en quatre jours d'égale durée. (Telle est la réponse) à ceux qui t'interrogent. [11] Il S'est ensuite adressé au ciel qui était alors fumée et lui dit, ainsi qu'à la terre: "Venez tous deux, bon gré, mal gré". Tous deux dirent: "Nous venons obéissants". [12] Il

décréta d'en faire sept cieux en deux jours et révéla à chaque ciel sa fonction. Et Nous avons décoré le ciel le plus proche de lampes (étoiles) et l'avons protégé. Tel est l'Ordre établi par le Puissant, l'Omniscient. [13] S'ils s'en détournent, alors dis-leur; "Je vous ai avertis d'une foudre semblable à celle qui frappa les `Ad et les Thamoûd". (TSC, Foussilat Les Versets Détaillés : 1-13) Effaré, Al-Walîd mit aussitôt la main sur la bouche du Prophète en le suppliant : "Par notre parenté ! Je te prie de cesser !" et il s'en alla… Les Qoraïchites résolurent enfin à faire intercéder 'Aboû Tâlib, l'oncle du Prophète et grand chef de Qoraïche, pour persuader son neveu de renoncer à l'appel à l'Islam, agitant l'arme de tuer le Prophète. ‘Aboû Tâlib alla expliquer à Mohammed qu'il n'était plus en mesure de le protéger. Et le Prophète, pleurant, dit : « Par Allah, mon oncle, s’ils mettaient le soleil dans ma droite, et la lune dans ma gauche pour que j’abandonne cette affaire, je ne l’abandonnerai pas jusqu’à ce que Allah lui donne victoire ou que je périsse en essayant. » Le blocus dans les cols de Bani Hachem : Les Qoraïchites mirent au ban le Prophète et les musulmans vers les "cols montagneux de Bani Hachem", une région sans eau ni vivres, tout au long de trois ans. Les bloqués y finirent par la consommation des feuilles des arbres, au point que leurs déjections ressemblèrent à celles des bêtes ! Le Compagnon Sa`d ibn 'Abî Waqqâs, plus tard

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grand conquéreur, se souvenait ainsi du temps du blocus : "En faisant mes toilettes, j'entendis un claquement qui n'était autre qu'un morceau d'une peau de chèvre par terre. Alors je l'ai mis au feu jusqu'à le carboniser, puis je l'ai mâché. En voici une provision pour trois jours !" L'oncle du Prophète, tout comme son épouse Khadîdja, décédèrent au cours d'une même année. Le seul soutien, le vrai, s'avère celui du Seigneur, à Lui la puissance et la gloire. Pourtant, la disparition de ses deux chéris n'attenta point à l'engagement du Prophète à sa mission ; tout au contraire, elle l'accrût. Ainsi, le Prophète prit-il à pied la route impraticable de Tâ'if, une ville loin de 100 km. Là-bas, il fit la rencontre des trois grands chefs de la ville, desquels il ne reçut que les plus dures réponses : La première fut : "Et Allah n'avait-il pas trouvé quelqu'un de mieux pour lui accorder une mission ? La deuxième, "Même si je te vois accroché aux rideaux de la Ka`ba, jurant d'être prophète, je ne te croirai point !" Et la troisième réponse : "Tu es sois vraiment prophète, donc trop grand pour te parler ; sois un imposteur, donc trop mesquin pour te parler !" Qui plus est, le Prophète leur demanda de ne pas rendre compte aux Qoraïchites de sa visite. Mais cette demande ne fit qu'obstiner les chefs de Tâ'if à informer les Qoraïchites : ils leur envoyèrent aussitôt un messager, rapportant une certaine tentative de Mohammed pour obtenir le soutien des chefs de Tâ'if contre ceux de Qoraïche. Pour comble de malheur, les chefs de Tâ'if incitèrent les

sots, les mineurs et les esclaves de la ville à se rassembler pour cribler le Prophète autant de pierres que d'injures à sa sortie. Le Compagnon du Prophète au cours de ce voyage, Zayd ibn Thâbit, se vit la tête couverte de sang, en essayant de protéger le Prophète. Quand il s'était un peu éloigné, le Prophète s'assis dans un verger à l'ombre d'un arbre, tendit les mains vers le ciel et invoqua : "Seigneur ! Je me plains à Toi de ma faiblesse, de mon peu de pouvoir et du peu de considération que les gens ont pour moi … Ô Toi le Plus Miséricordieux des miséricordieux, tu es mon Seigneur et Celui des faibles. A qui m'abandonnes-tu ? A un étranger qui m'attaque ou à un ennemi de qui Tu m'as fait dépendre ? Si Tu n'es pas en colère contre moi, cela m'est égal. Ta clémence est plus généreuse envers moi. Je me réfugie en Ton visage - pour lequel les ombres se sont dissipées et qui a ajusté tout ce qui concerne ce monde ici-bas et celui de l'au-delà – de faire tomber sur moi ta colère ou de ma faire parvenir Ton désagrément. Je supporterai tout reproche jusqu'à ce que tu sois satisfait et il n'y a de pouvoir ni de puissance qu'en Toi." L'Ange des montagnes vint dans la suite proposer au Prophète Mohammed de presser les deux montagnes 'Akhchab bordant la ville de La Mecque contre ses habitants "Non, patience envers eux …, répliqua le Prophète, Puisse Allah faire sortir de leur progéniture quelqu'un qui L'adorera sans point Lui donner d'associés."

Les consolateurs succédèrent à la déception de Tâ'if, rassurant le Prophète de l'agrément divin ; de la conversion à l'Islam d'un enfant rencontré dans le verger, à celle de quelques Djinns lors de la prière nocturne du Prophète. La consolation divine culmina par : le Voyage Nocturne (vers Jérusalem) et l'Ascension (vers les cieux). Tout au long de deux ans, le Prophète se dévoua inlassablement à appeler à Allah, jusqu'à ce qu'il rencontrât six jeunes hommes venus de Médine. Ceux-ci réagirent positivement à la prédication de l'Islam en disant : "Voici le Prophète dont les juifs nous menaçaient !" Puis un an après, ils furent douze hommes, au lieu de six, qui revinrent au Prophète pour s'engager devant lui à ne rien associer à Allah Unique, à s'abstenir de la fornication et à se conformer aux enseignements divins. L'année suivante, le serment d'allégeance fut prêté par soixante-douze hommes et deux femmes venus de Médine. L'émigration à Médine : Au bout de treize ans de harcèlement à La Mecque, Allah autorisa Son Prophète à émigrer. Or, l'instauration de l'Etat Islamique à Médine entraîna une série de batailles dans l'espace de treize ans. A commencer par la bataille de Badr où les musulmans, faute d'assez de montures, se relayaient sur les dos des bêtes. Notons qu'à ce stade, `Alî ibn 'Abî Tâlib et Marthad ibn 'Abil-Marthad assurèrent avec le Prophète le trio sur une monture, en route vers le puits de Badr. Lorsque les deux Compagnons se mirent d'accord à laisser le

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Prophète en croupe, allant eux à pied, le Prophète rougit de colère et s'exclama : "Non, par Allah ! Je suis, comme vous, capable de marcher. Et comme vous, je ne me passe pas de la rétribution !" La bataille de ‘Ohod eut lieu un an après, faisant 70 martyrs côté musulman, dont Hamza, l'oncle du Messager de Allah. Les musulmans battirent en retraite, et seuls vingt combattants résistèrent aux côtés de leur chef (BP sur lui). Il tomba en plein combat, alors âgé de 56 ans, dans une fosse creusée par l'infidèle Ibn Qamî'ah. Le visage du Prophète se heurta contre un rocher au fond de la fosse, son incisive fut brisée remplissant de sang sa bouche et son visage. S'efforçant de sortir, le Messager reçut de Ibn Qamî'ah un coup sur le casque qui s'enfonça dans son crâne. Les Compagnons essayèrent, l'un après l'autre, d'arracher le métal à son noble visage. Après 'Aboû Bakr, 'Aboû `Obaydah Ibnul-Jarrâh tenta sa chance : il prit la tête du Prophète entre ses mains et tira le métal avec ses dents. Le métal fut enfin dégagé, coûtant ses dents au Compagnon et une blessure dans sa tête au Prophète qui disait, levant les mains : "Seigneur ! Guide les miens … puisqu'ils ne savent pas !" L'approche de la mort : Sa vie durant, le Prophète (BP sur lui) avait beaucoup donné ! Il avait traversé tellement d'épreuves: il avait été orphelin, il avait perdu son père, sa mère, son grand-père, son oncle, 7 de ses enfants étaient morts (4 filles et 3 garçons) à diverses périodes de sa vie. Il avait été frappé, insulté de tous les noms, rejeté par 26 tribus

auxquelles il avait proposé de l'accueillir, la femme qui avait partagé 25 ans de sa vie et avait été pour lui un soutien considérable était morte, son honneur était entaché pendant un mois avec les rumeurs sur `Â'icha, il avait mené près de 29 batailles en 8 ans, à 55 ans passés, dans des conditions d'extrême dureté à cause de l'environnement hostile, la chaleur et les longs trajets dans le désert d'Arabie ! Il avait été blessé à la tête d'un coup d'épée qui avait cassé son casque faisant pénétrer son bout métallique dans son visage ... [Tout cela pour que tu deviennes musulman(e)] Pourtant, on ne le voyait que rayonnant de sourire ! A 63 ans, l'âge pesait sur l'état physique du Prophète qui ne pouvait plus accomplir les prières surérogatoires qu'en étant assis. Les cheveux blancs commencèrent à envahir sa chevelure. "La sourate Hoûd m'a rendu affaibli !" disait-il. Il entendait par là notamment le verset 112 – pouvant être traduit comme - : "Demeure sur le droit chemin comme il t'est commandé, ainsi que ceux qui sont revenus (à Allah) avec toi. Et ne commettez pas d'excès. Car vraiment Il observe ce que vous faites." C'était alors que le Prophète accomplit son grand pèlerinage à La Mecque (le Pèlerinage d’Adieu) où il reçut les derniers versets de la Révélation coranique : [1] Ô les croyants! Remplissez fidèlement vos engagements. Vous est permise la bête du cheptel, sauf ce qui sera énoncé (comme étant interdit). Ne vous permettez point la chasse alors que vous êtes en état d'ihrâm. Allah en vérité, décide ce qu'Il veut. [2] Ô les croyants! Ne profanez ni les rites

du pèlerinage (dans les endroits sacrés) d'Allah, ni le mois sacré, ni les animaux de sacrifice, ni les guirlandes, ni ceux qui se dirigent vers la Maison sacrée cherchant de leur Seigneur grâce et agrément. Une fois désacralisés, vous êtes libres de chasser. Et ne laissez pas la haine pour un peuple qui vous a obstrué la route vers la Mosquée sacrée vous inciter à transgresser. Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et craignez Allah, car Allah est, certes, dur en punition! [3] Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d'Allah, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d'une chute ou morte d'un coup de corne, et celle qu'une bête féroce a dévorée - sauf celle que vous égorgez avant qu'elle ne soit morte -. (Vous sont interdits aussi la bête) qu'on a immolée sur les pierres dressées, ainsi que de procéder au partage par tirage au sort au moyen de flèches. Car cela est perversité. Aujourd'hui, les mécréants désespèrent (de vous détourner) de votre religion: ne les craignez donc pas et craignez-Moi. Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J'agrée l'Islam comme religion pour vous. Si quelqu'un est contraint par la faim, sans inclination vers le péché... alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (TSC, Al-Mâ'idah La Table Servie : 1-3) A l'écoute de ses versets, 'Aboû Bakr ne put retenir ses larmes : "Voici l'annonce de la mort du

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Prophète !" Un autre indice de la fin de la Mission fut toujours noté alors que le Prophète faisait son sermon en pèlerinage : "Apprenez vos rites de ce que je fais ! Peut-être ne vous rencontrerais-je plus après cette année !" Rentré du Pèlerinage, le Prophète tomba malade et sa maladie s'aggrava. Neuf jours avant de rendre l'âme, ce verset lui fut révélé : "Et craignez le jour où vous serez ramenés vers Allah. Alors chaque âme sera pleinement rétribuée de ce qu'elle aura acquis. Et ils ne seront point lésés." (TSC, Al-Baqarah La Vache : 281) Alors le Prophète réunit toutes ses épouses pour leur demander l'autorisation de se faire soigner chez `Â'icha. A leur consentement, le Prophète fut ensuite emporté par `Alî ibn 'Abî Tâlib et Al-Fadl ibn Al-`Abbâs jusque chez son épouse la plus chérie. Les Compagnons présents à la mosquée furent abasourdis, à la vue du Prophète passant de l'appartement de Maymûna à celui de `Â'icha, transporté dans les bras. Là-bas, il s'exclama : "Point de divinité à part Allah. Vraiment, la mort a ses moments d'agonie …" Au plus fort de la fièvre, `Â'icha tenait la main du Prophète et en effaçait la sueur inondant son front. "La main du Prophète, disait-elle émue, est certes plus noble et meilleure que la mienne !" Et voilà que le Prophète lui confessa qu'il éprouvait le goût de la chair empoisonnée dans sa bouche. (Allusion à cet accident où le Prophète avait mangé d'une chair empoisonnée offerte à lui par des juifs. Attentat dont il fut sauvé).

Encore deux jours le séparèrent du décès. Le Messager de Allah alla visiter le cimetière des martyrs de la bataille de ‘Ohod. "Que la paix soit sur vous, Ô martyrs de ‘Ohod ! Vous êtes les premiers (à disparaître) ; et nous sommes – si Allah le veut – vos suivants." Au terme de sa visite, le Prophète (BP sur lui) faisait la route, en pleurant, pour rentrer chez lui. Lorsque ses Compagnons lui demandèrent la cause de ses larmes, il dit : "Mes frères me manquent." – "Ne sommes-nous pas tes frères, Messager de Allah?" reprit-on. Et le Prophète de répondre : "Vous êtes mes compagnons. Par "mes frères" j'entends des gens qui viendront après moi ; des gens qui croiront en moi sans pourtant me voir !" L'état du fiévreux bien aimé empira et ses Compagnons s'assemblèrent dans la mosquée pour se rassurer sur sa santé. Leurs voix se haussèrent au point de parvenir au Prophète. Celui-ci demanda qu'on l'emportât pour sortir voir les gens. Le voilà sur son minbar, adressant aux fidèles rassemblés ses derniers mots : "Ô gens ! Mon rendez-vous avec vous, ce n'est pas ici-bas, mais aux abords du Bassin. Par Allah, c'est comme si je le voyais de là où je suis ! Ô gens ! Par Allah, ce n'est pas la pauvreté que je crains pour vous, mais seulement (les mondanités de) la vie ici-bas : Je crains que vous vous la disputiez comme l'ont fait ceux qui vous ont précédés, et qu'elle vous fasse périr comme elle les a fait périr.

Ô gens ! Allah a fait un Serviteur choisir entre la vie ici-bas et la rencontre de Allah. Et le Serviteur a choisi la rencontre de Allah." Seul 'Aboû Bakr comprit que le Serviteur en question devrait être le Prophète même (BP sur lui). Par suite, il fondit en larmes et ses gémissements furent entendus : "Nous sacrifions nos enfants pour toi ! Nous sacrifions nos biens pour toi ! Nous sacrifions nos pères pour toi ! Nous sacrifions nos mères pour toi !" Au malaise de la foule à cause de l'interruption de 'Aboû Bakr, le Prophète (BP sur lui) réagit fermement : "Ô gens ! Laissez 'Aboû Bakr (sans le réprimander) ! Par Allah, aucun d'entre vous ne nous a rendu service sans qu'on l'ait récompensé … Sauf 'Aboû Bakr. Je n'ai pas pu le récompenser, alors j'ai laissé sa récompense à Allah, à Lui la Majesté et la Gloire." Puis, il reprit : "Ô gens! Je vous recommande de prendre soin de vos femmes! Je vous recommande de prendre soin de vos femmes!! Ô gens! Tenez à la prière … Tenez à la prière ! Qu'Allah vous mette à l'abri! Qu’Allah vous assiste! Qu’Allah vous honore! Qu’Allah vous préserve! Qu’Allah vous consolide ! Ô gens! Passez mon salut à quiconque me suivra de ma Nation jusqu'au jour du Jugement dernier!" Enfin, le Prophète regagna son lit. A la veille de son décès, le Prophète (BP sur lui) sentit une montée de douleur. De son chevet, il vit dans la bouche de son beau-frère, `Abdur-Rahmân ibn 'Aboû Bakr, un bâtonnet de "siwak" mais il fut incapable de le lui demander. `Â'icha, avec sa

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bienveillance, vit sur quoi le regard du Prophète était tombé, alors elle retira le siwak de la bouche de son frère et le mit dans la bouche du Prophète (par l'autre bout), mais il fut incapable de se frotter les dents avec, car celui-ci était dur et le Prophète agonisait. Donc `Â'icha reprit le siwak et le mit dans sa bouche, à elle, pour le mouiller et le rendre moins dur, puis elle le remit dans la bouche du prophète. [Elle s'en souviendrait et dirait : ce fut un honneur pour moi que ce soit ma salive qui entre en dernier dans la bouche du Prophète (BP sur lui) juste avant sa mort]. La fille du Prophète, Fâtima, ne put retenir ses larmes en le voyant défaillant sur son lit ; elle avait l'habitude d'être chaleureusement accueillie par son père et d'en recevoir un baiser sur le front. "Ah père ! Quel chagrin te dévore !", s'exclama-t-elle. Et le Prophète répondit : "Plus de chagrin pour ton père, après ce jour là !" Puis il lui demanda de s'approcher, et lui parla en secret. Fâtima pleura. Mais un autre secret s'en suivit, faisant Fâtima rayonner de joie. Plus tard Fâtima expliqua ses réactions aux deux secrets : "D'abord, il m'avait dit : 'Je serai mort pendant cette nuit.' Donc j'ai pleuré. Ensuite, 'Et tu seras la première des miens à me rejoindre.' Donc je me suis réjouie." [Sommes-nous vraiment conscients de la petitesse de notre vie séculière devant la grande joie de rejoindre le noble Messager dans l'autre monde !] Sa mort :

A l'aube du 12ème jour du mois rabî`al-'awwal en l'an 11 de l'Hégire, les musulmans faisaient la prière à la mosquée de Médine : la toute ultime prière vue par le Prophète Mohammed (BP sur lui). Ne pouvant plus sortir, le Prophète écarta le rideau séparant sa chambre du reste de la mosquée, regarda les fidèles et sourit. Se faisant remarquer, le Prophète fit pourtant geste aux prieurs de rester en place. Il les regardait puis fit tomber le rideau. A l'article de la mort, le Prophète posa sa tête sur la poitrine de sa femme `Â'icha. Le prophète de l'humanité mourut dans les bras de sa femme ? Oui ! Il ne mourut pas l'épée à la main en martyr, ni en lisant le Coran, ni en priant : et Allah sait que ces morts sont belles ! Non ! Il mourut dans les bras de sa femme ! Tout un symbole ! Un honneur pour la femme musulmane et un hommage à l'amour conjugal. Voici un message auquel nous avons été très peu attentifs malheureusement ! Puis, il leva le doigt et dit: « Plutôt la compagnie du Très Haut ! Plutôt la compagnie du Très Haut ! » En fait, ce qui se passa, c'est que l'archange Gabriel entra et salua le Prophète : "Que la paix soit sur toi, Ô Messager de Allah !" Et le Prophète répondit: « Que la paix soit sur toi, Gabriel !» Puis, Gabriel dit au Prophète (BP sur lui): « L'Ange de la mort est à la porte, il demande l'autorisation d'entrer et il ne la demandera à personne après toi.» Le Prophète lui dit: « Autorise-le à entrer, Gabriel !» (`Â'icha entendit le

Prophète répondre et comprit que Gabriel et l'Ange de la mort étaient présents). L'Ange de la mort entra et dit: « Que la paix soit sur toi, Ô Messager de Allah ! Allah m'a envoyé te proposer de choisir entre la vie ici-bas et la rencontre avec Lui. » Malgré l'agonie, le Prophète leva la main et dit : « Plutôt la compagnie du Très Haut ! Plutôt la compagnie du Très Haut ! » L’Ange de la mort se tint alors auprès de la tête du Prophète (BP sur lui) et dit: « Ô toi, bon esprit - esprit de Mohammed ibn `Abdillâh - ! Sors vers l'agrément et les bonnes grâces d'un Allah satisfait non fâché (contre toi) ! » La main du Prophète (BP sur lui) tomba ! Et sa tête devint lourde dans les bras de `Â'icha. Elle raconta: « Je sus qu'il était mort mais je ne savais pas quoi faire ! Alors j'écartai le rideau qui séparait ma maison de la mosquée3, j’entrai chez les hommes réunis à la mosquée et je criai : Le Prophète est mort ! Le Prophète est mort !" Réaction des Compagnons : Toute la mosquée éclata en sanglots. `Alî ibn 'Abî Tâlib ne trouva point la force de se lever de sa place … `Othmân ibn `Affân resta muet, on

3 Seul le Prophète empruntait cette issue qui donnait sur

la mosquée. A chaque fois que le rideau était écarté les

gens voyaient apparaître le Prophète mais pas cette fois-

ci.

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l'amenait par ici et par là comme un enfant …. Quant à ‘Omar ibn Al-Khattâb, il brandit son épée, ne voulant plus croire à cette nouvelle. Il s'écria : "Hypocrites sont ceux qui prétendent que le Messager est mort ! Certes, il est allé à la rencontre de son Seigneur, comme l'avait fait Moïse, et il reviendra parmi nous !" Fâtima dit : "Ah père ! Tu as répondu à l'appel du Seigneur !! … Ah père ! Le Paradis de Firdaws sera ton abri !! … Ah père ! A Gabriel nous annonçons ta mort !" ‘Aboû Bakr, lui, eut la réaction la plus pondérée : il entra dans la chambre de `Â'icha, prit le défunt vénéré dans ses bras, l'embrassa sur le front en disant : "Comme tu sentais bon en étant vivant, et comme tu sens bon en étant mort ! … Oh cher ami ! Oh notre chéri ! Oh notre bien-aimé ! Oh notre prophète !" Ensuite, il sortit sermonner les fidèles traumatisés au sein de la mosquée : "Ô gens ! Quiconque adorait Mohammed, voici que Mohammed est mort ! Et quiconque adorait Allah, certes Allah est vivant et ne meurt pas !" Et il récita ce verset : "Mohammed n'est qu'un messager - des messagers avant lui sont passés -. S'il mourait, donc, ou s'il était tué, retourneriez-vous sur vos talons? Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah; et Allah récompensera bientôt les reconnaissants." (TSC, 'Âl `Imrân La Famille de `Imrân : 144) Là, l'épée tomba de la main de ‘Omar ibn Al-Khattâb qui quitta aussitôt la mosquée, à la recherche d'un lieu retranché pour y pleurer. Plus

tard, il déclarait : "A tout malheur qui m'a ensuite touché, je me souviens de mon malheur à la perte du Prophète : à côté de ce malheur, tout autre malheur s'amenuise." 'Anas ibn Mâlik avait une vue un peu panoramique : "Le Prophète est entré à Médine le lundi, faisant rayonner toute chose dans la ville. Et il s'y est éteint le lundi, laissant assombrir toute chose dans la ville." De la toilette mortuaire, se chargeaient Al-`Abbâs, `Alî ibn 'Abî Tâlib, 'Osâma ibn Zayd et Al-Fadl, l'oncle du Prophète, qui lavaient le Prophète avec ses vêtements. Ensuite les musulmans rentraient, dix par dix, faire la prière funéraire sur leur prophète qui fut ensuite enseveli dans la chambre de `Â'icha. "Comment avez-vous fait pour, de bon cœur, couvrir de terre le visage du Messager ?!" s'exclama Fâtima. Ce même jour à midi, Bilâl souleva l'appel à la prière de Ad-Dhuhr : "Allah est plus Grand… Allah est plus Grand… J'atteste qu'il n'y a point de divinité à part Allah" Arrivé à le formule : "J'atteste que Mohammed est le Messager de Allah", Bilâl vit sa voix s'étouffer et ses yeux fondre en larmes … les gémissements retentirent alors partout dans la mosquée. Comme tout homme, le Prophète –Bénédiction et Paix sur lui - est mort. Il a été couvert de terre. Notre devoir envers lui se résume en quatre points. Un devoir qui tient comme une manifestation d'amour pour lui :

1- Multiplier nos moments célébrant son hommage. Répétons : "Seigneur ! Répand Ta bénédiction et Ta Paix sur le Prophète Mohammed"

2- Etudier sa biographie 3- Suivre ses traditions Sounna (éthique et

cultes) 4- Visiter la cité du Prophète, Médine

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