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Cahier du « Monde » No21741 daté Jeudi 11 décembre 2014 Ne peut être vendu séparément
&grandes écolesuniversités
Poursauverl’économie, l’Etatsetourneverslesécolesd’ingénieursetleurpotentielenmatièredecréationd’entreprises
L es écoles d’ingénieurs n’ontplus le choix. L’Etat, aux prisesavec une économie exsangueet confronté à la déroute del’industrie, leur demande deprendre toute leur part dans leredressement économique du pays.L’appel aux ingénieurs n’est pas nou
veau. C’est par le savoir et l’innovation quela France a surmonté la défaite de 1870.Gustave Eiffel en est un symbole éclatant.CommeHenri Perrier, qui adonnédes ailesau Concorde, et François Lacôte, qui a misle TGV sur les rails, sont des symboles del’aprèsseconde guerremondiale.Pourtant, parmi les 35 000 diplômés que
forment aujourd’hui ces établissements,pour la plupart publics et peu chers, combien de Gustave Eiffel ? En 2011, un rapportde l’Institut Montaigne rappelait que seuls5 % des ingénieurs français montent leurentreprise durant leur vie professionnelle,qu’il se crée trois fois moins de startup enFrance qu’aux EtatsUnis et que, propor
tionnellement, nous déposons deux foismoins de brevets ici que làbas… « Maisalors, que font nos ingénieurs?», s’interrogeaient les auteurs.
Prise de conscienceDepuis quelques années, une prise de
conscience s’est produite. Des formationsspécifiques sont proposées, des incubateurs ouvrent leurs portes, des entreprisesnaissent. Jacques Biot, président de Polytechnique, amis l’entrepreneuriat au coeurde la stratégie de l’école de Palaiseau.Aujourd’hui, il est vrai, 2 % seulement despolytechniciens créent leur entreprise à lasortie des études, contre 15 % àHEC.Certains chercheursmettent toutefois en
garde contre une logique de courtterme.« Attention à ne pas se contenter de la recherche immédiatement exploitable. Il fautinvestir aussi sur des sujets de plus longterme qui seront les innovations d’après demain », prévient Olivier Simonin, président de l’Institut national polytechnique
de Toulouse, l’un des établissements lesplus innovants selon le classement d’Industrie & Technologies.Deuxième bémol : toute la bonne vo
lonté créatrice du pays n’y suffira peutêtrepas. Le progrès technique génèremoins decroissance aujourd’hui qu’hier, met en évidence la recherche. Les travaux de GilbertCette, professeur à l’université d’AixMarseille, notamment,montre que les gains deproductivité associés au cycle des vingtcinq dernières années, celui de la diffusiondes technologies de l’information et de lacommunication, « ont été assez faibles encomparaison de ceux liés à la deuxième révolution industrielle, celle de l’électricité, dumoteur à explosion, dudéveloppementde lachimie, qui a duré soixantequinze ans» (LeMonde du 2 septembre).Cela vatil continuer ? Les économistes
en débattent. « Nous sousestimons la portée potentielle des innovations technologiques à venir », estimeM. Cette. p
benoit floc’h
la déferlante del’entrepreneuriatDe plus en plus d’établissementssemobilisent pour intégrer lacréation d’entreprise dans leurcursus. PAGE 2
les atouts des meilleuresécoles Le palmarès des écolesles plus dynamiques qui ontchoisi un «vrai changementdementalité». PAGE 3
jeunes poussesPortraits d’ingénieurs tout justesortis de leurs étudeset déjà fondateurs de startup.PAGE 8
ILLUSTRATIONS JEANNE MACAIGNE
Lesingénieursaudéfidel’innovation
Sceaux I Troyes I Montpellier
Ingénieur-e généraliste EPF,un avenir ouvert sur le monde
eeep
6 JOURNÉES PORTES OUVERTESÀ Sceaux, Troyes et Montpellier
Dates, horaires et inscription sur :
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2 | U N I V E R S I T É S& G R A N D E S É C O L E S | Ingénieurs Jeudi 11 décembre 20140123
Mobilisationgénérale
aunomdelacroissance
L’entrepreneuriatetl’innovationsontdésormaisdespréoccupationsmajeurespourlesécoles.Aupointdedevenirparfois
desélémentsclésdeleurstratégie
C’ est une vague qui enfle, année après année. D’abord quelquescas isolés, puis desexemples plus nombreux, et maintenantune vraie déferlante. Un peu partout,dans les écoles d’ingénieurs, l’heure est àl’entrepreneuriat. Les élèves planchentsur des projets, des startup se montent,parfois avant le diplôme, les formationsdédiées se multiplient… Un mouvementqui va de pair avec l’essor de l’innovationautour du numérique, des énergies nouvelles ou des biotechnologies. Autant desujets sur lesquels les ingénieurs sont enpremière ligne.Le contexte, il est vrai, s’y prête. Les pou
voirs publics prennent conscience que lasortie de crise et le redémarrage de l’emploipassentpar l’innovationet la créationd’entreprise. Et qu’il existe sur les campus–notammentdans lesécolesd’ingénieurs– un énorme gisement de talents, capablede redonner confiance et tonus à une société en pleine déprime.De leur côté, les futurs ingénieurs sont
moins attirés par les grands groupes.
« Beaucoup ont envie de s’exprimer par lacréation d’entreprise, souvent dès leur formation, note Brigitte Plateau, administratrice générale du groupe Grenoble INP.C’est un changement culturel qui prendforme.»Mais si le mouvement s’amplifie,il reste difficile à quantifier. Combiensontils à se lancer ? A Centrale Paris, prèsde80entreprises ont éclos enunedizained’années, soit quelque600emplois. AMi
nes ParisTech, on table sur une dizaine decréations par an, pour des promotions de140 étudiants. Championne de la recherche partenariale, l’école dispose d’un portefeuille de 50 brevets, et a engrangé quelque 28millions d’euros de contratsen 2013. A l’Epitech, école d’informatiquenon agréée par la Commission des titresd’ingénieur (CTI), 17 % des élèves ont une
«Nosdiplôméspeuventcontribuer à créer
denombreuxemplois »BrunoGoubet
directeur desMines d’Alès
« expérience entrepreneuriale » durantleur cursus, et 11%desdiplômés créentourejoignent une jeune pousse. La Conférence des grandes écoles (CGE) estime à1% le taux d’ingénieurs créateurs justeaprès le diplôme. Mais beaucoup attendront un, trois ou dix ans. « Sans oublierceux qui innoveront au sein de grandsgroupes ou de firmes de taille intermédiaire, ajoute Jacques Biot, président del’Ecole polytechnique. Là aussi, l’action del’école aura porté ses fruits. »Les écoles d’ingénieurs, en tout cas, se
mobilisent. Aux Mines d’Alès, l’innovation et l’entrepreneuriat irriguent l’ensemble du cursus – avec un temps fort : le« challenge créativité », qui fait travaillerles étudiants sur des projets proposés pardes sociétés comme Legrand, Décathlonou Sopra. L’école propose même à desPME un accompagnement par un grouped’élèves sur des projets innovants.Polytechnique aussi met les bouchées
doubles : « L’X a toujours misé sur l’entrepreneuriat, insiste Jacques Biot. Mais depuis dixhuit mois, c’est devenu l’un des piliers de notre stratégie. Nous incitons nosélèves à aborder leur carrière en entrepre
neurs, même si tous ne sont pas de futurscréateurs. » De son côté, Centrale Pariss’est dotée d’un Institut d’Open innovation (innovation fondée sur la coopération des entreprises), visant à aidergrands groupes et jeunes pousses à coopérer. Plusieurs écoles créent même unposte de directeur de l’innovation – àl’instar des entreprises. L’entrepreneuriatdevient un atoutclé dans la compétitionentre établissements.Reste que la démarche constitue un
défi. En termes de pédagogie, d’abord. Ilfaut croiser les disciplines (numérique etmécanique, biotechs et données massives…) et faire collaborer les départements. De quoi secouer les habitudes debien des enseignants. Il faut intégrer lesaspects marketing, design ou droit – d’oùl’intérêt de tisser des liens entre écoles.CentraleSupélec coopère ainsi avec l’Essec, l’X avec HEC, Centrale Lyon avec EMLyon… Fini le fonctionnement en vaseclos : les écoles doivent travailler avec desentreprises, des collectivités locales, desspécialistes du capitalrisque… et devenirdes acteurs du développement économique. « Nos diplômés peuvent produire un
effet de levier énorme dans des entreprisesexistantes, et contribuer à créer de nombreux emplois », confirme Bruno Goubet,directeur desMines d’Alès.Sur les campus aussi, l’ambiance a
changé du tout au tout. L’émulation règne. Les élèves ne se contentent plus de«suivre» : ils peaufinent leurs projets, leweekend ou la nuit… Aux écoles des’adapter. L’Ecole pour l’informatique etles techniques avancées (Epita), par exemple, ouvre désormais vingtquatre heuressur vingtquatre, et sept jours sur sept.« Un détail qui compte quand on travaillesur un projet », remarque Joël Courtois, ledirecteur général.Bousculées, les écoles trouventpourtant
leur compte à cette évolution. En intervenant sur les grands sujets du moment(emploi, relance de l’industrie, boom destechnologies), elles acquièrent une nouvelle légitimité et renforcent leur attractivité. Seule ombre au tableau : nombre dejeunes pousses créées par des ingénieursvoient le jour à l’étranger – auxEtatsUnis,notamment. Ou se font racheter très vitepar des groupes américains… p
jeanclaude lewandowski
EMLyon
MS« Entreprendre »Les six premiersmois sontconsacrés à des cours thématiques: « fondamentaux dumanagement », « étude de faisabilité », « amorçage de l’activité et gestion de la croissance », « relève ». Dans lemême temps, les étudiantsmènent un projet de création
Grenoble écoledemanagementMastère spécialisé (MS)« Entrepreneurs »La formation se déroule en alternance : une semaine àl’école, avec des cours dispensés à 80%par des professionnels, et trois semaines en entreprise. L’étudiant a troistypes demissions : en entreprise, en groupe (« fil rouge »)et un stage de 4 à 6mois enfin de cursus (« bras droit »),clos par la rédaction d’unethèse professionnelle.AdmissionBac + 5 ou + 4 avec3 ans d’expérience professionnelle. Dossier puis épreuves.Durée 15mois.Coût 14 900 euros.
EPFTroyes,ESCTroyesMaster of science« Innovation, créationet entrepreneuriat »Deux semestres de cours(tous en anglais) sur le plande développement,l’entrepreneuriat ou la finance,puis un projet de fin d’étudesen entreprise ou au sein del’incubateur de l’EPF. Un partenariat avec l’ESC Troyespermet d’obtenir un doublediplôme, ingénieurécolede commerce.Admission Bac +4.Dossier et entretien en anglais.Durée 14mois.Coût 8 900 euros.
CentraleLille,ENSAIT,MinesdeDouaiMS« Création d’entrepriseet entrepreneuriat »Trois demijournées de courspar semaine («managementdu projet dans son environnement », « analyse du projet », «méthode », « dimension personnelle et relationshumaines »), et des réunionsde tutorat hebdomadaires. Lereste du temps est réservé autravail personnel (projet etthèse professionnelle). CeMSfait l’objet d’un partenariatavec lesMines deDouai etl’ENSAIT.AdmissionBac + 5 ou + 4avec 3 ans d’expérienceprofessionnelle. Dossier.Durée 12mois.Coût 7 630 euros.
Lesprogrammesspécialisésont lacoteDeplusenplusd’écolesmettentenplacedesprogrammesconsacrésà lacréationd’entrepriseouaudéveloppementd’activité.Exemples
d’entreprise. En janvier, a lieuun voyage à Shanghaï (Chine).D’avril à septembre, outrela rédaction d’une thèse professionnelle, les étudiantssont en stage en entrepriseou suivent un parcours alternatif (stage de 3mois enChine, suivi de 4 à 6mois enentreprise).AdmissionBac + 5 ou + 4 avec3 ans d’expérience professionnelle. Concours.Durée 12mois.Coût 18 000 euros.
PolytechOrléansMS« Création d’entreprisesinnovantes et socialementresponsables »La formation alterne entre périodes de cours et périodes detravail sur leur projet personnel. Il y a six jours de cours parmois sur les thèmes de la ges
HECParisMS«HECentrepreneurs »Une formation en quatre périodes, chacune correspondant à une «mission » desix semaines (« création d’entreprise », « redressement»,« reprise », « développement »). Autour de cesmissions en équipes, des cours(finance entrepreneuriale,créativité…) et des séminaires. La dernière partie du cursus est un programme à lacarte, choisi entre cinq parcourstypes.Niveaud’admission Bac + 5ou + 4 et 3 ans d’expérienceprofessionnelle. Dossieret entretien.Durée 10moisCoût 19 900 euros p
erwin canard
tion, la finance, la comptabilité, le droit,mais aussidesmodules en innovationou en gestion de projet.Les étudiants peuvent également bénéficier de séancesde coaching.Admission Bac + 5 ou + 3et expérience professionnelled’aumoins 5 ans. Dossier.Durée 12mois.Coût 5 000 euros.
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Reconnue par l’État et habilitéepar la Commission des Titres d’Ingénieur
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0123Jeudi 11 décembre 2014 Ingénieurs | U N I V E R S I T É S& G R A N D E S É C O L E S | 3
Q uelles sont les écoles les plus innovantes ? Pour en avoir uneidée, la revue Industrie & Technologies du groupe de presseUsine nouvelle a défini trois cri
tères : nombredebrevets déposés, nombrede doctorants et de thèses soutenues etmontant des contrats de recherche.Les résultats bousculent l’ordre établi des
écoles les plus prestigieuses, dont certainesontmis l’accent sur lemanagement et la financeplutôtquesur l’innovationtechnologique, pourtant l’âme dumétier. Les directeurs d’école engagés dans cette dynamique sont optimistes : « Il y a une nouvellegénération de jeunes et d’enseignantschercheurs prêts à renoncer à une carrière dansungrandgroupepourmener leur projet personnel. Cela crée une véritable émulation»,se réjouit Olivier Simonin, président del’Institut national polytechnique (INP) deToulouse. Quels sont les secrets des écolesles plus innovantes ?
1er Institut polytechnique de Grenoble(Grenoble INP) : unécosystème localGrenoble INP est en tête grâce, notam
ment, aunombrede sesdoctorants, prèsde1 000 sur un effectif de 5 500 étudiants, etde ses contrats de recherche. Avec unmontant global de 24 millions d’euros en 2013,ils sont largement financéspar les entreprises. « Cela fait plus de cent ans queGrenobleINP travaille avec les entreprises grenobloises, explique Brigitte Plateau, son administratrice générale.Grenoble, classée 5e ville laplus innovante au monde par le magazineForbes en 2013, bénéficie d’un triangle vertueux constitué de collectivités locales impli
Lessecretsdesécoles lesplusinnovantesLemagazine«Industrie&Technologies»acrééunclassementdesécolesd’ingénieurs.Leurstratégielocale,unepolitiqueactive
dedépôtsdebrevets, lepartaged’outilsetleursbataillonsdedoctorantsleurpermettentdesortirdulot
Lepalmarès
1 Grenoble INP
2 Ecole polytechnique
3 INSALyon
4 INPToulouse
5 MinesParisTech
6 ESPCI ParisTech
7 UTC
8 IPBBordeaux
9 TélécomParisTech
10 ISAEToulouse
11 Ecole des Ponts ParisTech
12 CPELyon
13 Arts etMétiers ParisTech
14 MinesNancy
15 Centrale Lyon
quées, de grandes sociétés souvent nées avecnos laboratoires, comme Schneider Electric,Soitec, CapGemini, et d’une recherchequi répond à leurs enjeux technologiques. Depuisvingt ans, nous suscitons la formation destartup issuesde la recherche, grâceàune filiale qui prend des participations dans cesjeunes pousses, nées sur le campus à raisonde cinq ou six par an. »
2e Ecole polytechnique : unvirage récentvers l’entrepreneuriatSous l’impulsion de son directeur, Jac
ques Biot, la prestigieuse Ecole polytechniquemise sur l’innovation et l’entrepreneuriat. Objectifs : valoriser la recherche appliquée, la création de startup et inciter lesétudiants à soutenir une thèse (désormais28%, contre 20% en 2009). «Nousmenonsune politique active de brevets : nous en déposons une vingtaine par an, et 24 déclarationsd’inventionpourdes logiciels,expliquePatrick Le Quéré, directeur adjoint de l’enseignement et de la recherche. Nous avonscréé des masters d’innovation et de recherche, ce qui pousse les étudiants à réaliser desprojets et à les présenter dans des concoursinternationaux, avec un certain succès. »Unnouveaubâtiment sera consacré à l’incubateur. Par ailleurs, « alors qu’autrefois, les patrons ne voyaient pas l’intérêt d’étudiantsayant soutenu des thèses, ils réclamentaujourd’hui des docteurs et sont prêts à financer leurs recherches »,noteM. LeQuéré.
3e Institut national des sciences appliquées (INSA) de Lyon : le partage d’outilsLa recette de l’INSA Lyon ? Le partage
d’outils et de platesformes technologiques
avec des industriels et d’autres écoles d’ingénieurs. C’est ainsi que l’école a reçu mission de l’Equateur de dépolluer un bras demer et que ses chercheurs ont rapportévingt tonnes de déchets à analyser et à traiter. «Nous avons commencé par les eaux duRhône, puis une mine d’or à Carcassonne.Aujourd’hui l’Equateur, et demain la Chine,très intéressée par cette activité », raconteEricMaurincomme,sondirecteur.«Unedesclés denotre succès, c’est notre filiale chargéede valoriser les découvertes,poursuitil. C’estaussi un fonds d’investissement, PertinenceInvest, créé avec six autres institutions. Il dispose d’un capital de 3 millions d’euros pourprendredesparticipationsdansdenouvellesentreprises. » Et de souligner: « Nous avonsde très belles réussites, comme la startupNovaNano, lancéepardeuxdenos étudiantsqui ont mis au point des nanosatellites etont reçu le prix MIT Technology Review Innovateurs demoins de 35 ans. »
4e Institut national polytechnique deToulouse (INP Toulouse) : un bataillonde 600 doctorantsL’INP Toulouse réunit trois écoles et en
associe quatre autres, partageant des laboratoires avec l’université PaulSabatier et leCNRS. Il peut ainsi aligner un bataillon deprès de 600doctorants. Il s’est converti, depuis janvier, à la créationd’entreprises, avecdes cursus spécifiques. « Il y a un vrai changement dementalité », assureOlivier Simonin, son président. Avant de prévenir : « Attention à ne pas se contenter de la rechercheimmédiatement exploitable. Il faut investiraussi surdes sujets deplus long termequi seront les innovations d’aprèsdemain. »
5e Mines ParisTech : championne descontrats de recherche avec l’industrie« Ilne fautpasoublierque l’écoleestdepuis
l’origine sous la tutelle du ministère de l’industrie, ce qui donne à notre recherche soncaractère appliqué, avec des contrats confiéspar des entreprises à notre association interne, Armines, créée en 1967, explique Damien Goetz, directeur de la recherche àMines ParisTech. Nous engrangeons ainsi30 millions d’euros de contrats de recherchepar an, soit 120 000 euros par chercheur :c’est considérable. »
6e ESPCI ParisTech : l’école des NobelLa 133e promotion de l’Ecole supérieure
de physique et de chimie industrielles (ESPCI), qui dépendde laVille deParis, ne s’estpas choisi comme parrain un grand capitaine d’industrie. Elle a préféré le créateurde plusieurs startup, Eric Carreel, un ancien élève. « Son itinéraire résume ce quenous voulons faire, et son succès correspond bien à l’état d’esprit de notre école, assez unique en France », analyse JeanFrançois Joanny, le directeur général.« L’école des Prix Nobel », comme elle se
surnomme ellemême, en référence àPierreGilles de Gennes, Georges Charpaket quatre autres lauréats, est championnetoutes catégories du dépôt de brevets :plus de 251 depuis 2009. « Un par semaine ! », aime à préciser JeanFrançoisJoanny. Elle a contribué à créer une trentaine de startup, ces quinze dernières années, cumulant un chiffre d’affaires de1,5 milliard d’euros, soit cent fois plus queCentrale. p
isabelle reylefebvre
Terminales S2 750 places
TerminalesSTI2D-STL350 places
AgroSup et ESIREM à Dijon | EEIGM, ENSGSI et ESSTIN à NancyENIT Tarbes | ENSIM et ESGT au Mans | Esisar Valence | ISAT NeversISEL Le Havre | ISTIA Angers | ISTY Vélizy-Mantes | SupGalilée ParisTélécom Lille | Télécom Saint-Étienne | Les 13 écoles du Réseau Polytech :Annecy-Chambéry, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille,Montpellier, Nantes, Nice Sophia, Orléans, Paris-Sud, Paris-UPMC, Tours
www.geipi-polytech.org
Concours commun à29 Écoles d’Ingénieurspubliques post bac
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aéronaut ique
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Diplômeshabilités par laCommission desTitres d’Ingénieur
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ApprendreàentreprendreNon,onnenaîtpasentrepreneur.Créersonentreprise,
celas’apprend.Etc’estaujourd’huiaumenudelaplupartdesécoles
E nseigner l’entrepreneuriat ?Former à l’innovation et à lacréativité ? L’idée pourra paraître saugrenue à certains :n’eston pas entrepreneur«de naissance », « par tempérament » ?L’acted’innoverneprocèdetilpas d’une alchimie étrange – quelques individus étant en outre plus « doués » queles autres ? « Pourtant, ces thèmes fontl’objet d’un véritable enseignement, souligne Philippe Mustar, professeur à MinesParisTech.On a longtemps cru que l’entrepreneuriat reposait sur une prédispositiongénétique. Or il n’a rien de mystérieux. Depuis les années 1980, c’est même une discipline académique à part entière – avec sesrevues, ses associations professionnelles,ses activités de recherche… Aux EtatsUnis,on dénombre quelque 4 600 cours sur laquestion, dans 1 700universités.»En France aussi, les choses ont changé.
La formationà l’innovationetà l’entrepreneuriat figure désormais au menu de laplupart des écoles d’ingénieurs. Mais pasquestion de recourir à des cours magistrauxou à desméthodes traditionnelles.Tout commence, en général, par une
« sensibilisation », en début de cursus. Il
Lestimidesdébutsdustatutd’étudiantentrepreneurEnmars, legouvernementa lancé lacréationd’unstatut
pour inciter lesétudiantsàentreprendre
«I l y a cinq ans, je conseillais à mes élèvesd’acquérir un peud’expérience avant decréer leurboîte.Maintenant, je leurdis de foncer », indique JeanPierreBoissin. Professeur d’université,M. Boissin est aussi coordinateurnational des Pôles étudiants pourl’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (Pépite). Ces étudiants créateurs d’entreprise, legouvernement veut enmultiplierle nombre. En mars, un statut amême été spécialement créé àleur intention.Ouvert aux étudiants et aux
jeunes diplômés, il offre de nombreux atouts : prolongation aprèsles études d’avantages liés au statut d’étudiant, reconnaissance duprojet d’entreprise dans les études (par l’attribution de créditsEuropean Credit Transfer System,ECTS), aménagement du cursus,accompagnement au sein d’unePépite et accès à des espaces detravail collaboratifs.C’est grâce à lui que Michaël La
frasse s’est lancé. «Mon projetremplace les six mois que dure lestagede find’études etmonemploidu temps est aménagé», détaille
l’étudiant en 3e année à l’Institutpolytechnique de Grenoble. Chaque semaine, le jeune entrepreneur de 22 ans a quatre heures decours en moins que ses camarades. De quoi peaufiner son application mobile dans le tourisme.Auprès de deux tuteurs qu’il achoisis, un professeur et un entrepreneur, il se réjouit de pouvoir«apprendre les rudiments du management et de l’entrepreneuriat ».
Pour Laurent Allias, 29ans, cofondateur de l’agence publicitaireJosiane et de l’association Cercledes jeunes entreprises (4 000 adhérents), l’école est le bon momentpourentreprendre, échouer,se remettre en question et recommencer. «Les étudiants, ditil, disposent de temps, d’amis et de professeurs pour les aider. Ils n’ont pasd’enfants ni de crédits sur le dos.Alors je les encourage à profiter dela formidable rampe de lancement
que constitue ce statut.» Lui a attendu de finir ses études à Centrale Lyon pour créer sa premièreentreprise. « J’avais la tête dans leséquations. Aucun professeur nem’a expliqué comment fonctionnait une entreprise avant mes 22ou 23 ans », regrette til.A ce stade, l’initiative gouverne
mentale monte encore très lentement enpuissance. Les académiesqui se sont lancées ont délivré entre 10 et 20 statuts enmoyenne. AGrenoble, par exemple, sur60 000 étudiants, onze en ont bénéficié. Et beaucoup d’entre ellesen sont encore à étudier les demandes (comme à AixMarseille,où 25 dossiers ont été déposéspour 85 000 étudiants). D’autresn’en sont même pas à ce stade.JeanPierre Boissin s’est fixécomme objectif 400 statuts délivrés d’ici à la fin de l’année. On estdonc très loin du compte. «Il fautavouer qu’on part de loin, tempèreMarie DecroixTaffet, coordinatrice du pôle Pépite PACA Ouest. Ily a encore six mois, l’entrepreneuriat était encore un gros mot pourcertains professeurs de lettres oud’ingénierie. » p
martin rhodes
L’école est lemomentpour entreprendre,
échouer, se remettre enquestion et recommencer
tout surpris que l’on s’intéresse à cela.»Mais l’élémentclé de l’enseignement
est le travail sur des projets : création destartup, plan de développement, de produit innovant, de lancement d’activiténouvelle… De quoi permettre aux élèvesdemesurer les enjeux et les difficultés, etde trouver par euxmêmes des solutions.Cet « apprentissage par l’action » est plusmotivantqu’uncoursouuneétudedecasclassique. «Inutile de lire des livres pourapprendre à faire du vélo, assène Eric Langrognet, professeur d’entrepreneuriat àCentrale Paris. Il faut se mettre en situation. Pour les créateurs potentiels, rien neremplace le travail sur le projet, avec le retour de référents expérimentés.»Al’Ecoled’ingénieursengéniedessystè
mes industriels (Eigsi) de La Rochelle, lesélèves de quatrième année planchentainsi dix mois sur un projet complet decréation, à partir d’un nouveau produit.«Cela permet à nos diplômés de se présenter sur le marché de l’emploi avec un profilde créateurs d’activité nouvelle », indiqueDominique Breuil, qui supervise la démarche. Pas question pour autant de délaisser les disciplines fondamentales.« Notre enseignement reste fondé sur une
base technologique forte », insiste JacquesBiot, président de l’Ecole polytechnique.Certains établissements poussent la
« démarche projet » encore plus loin –parfois au détriment de la théorie. A l’Epitech, la pièce maîtresse du cursus estconstituée par les « Innovative Projects »(EIP), menés en groupe et directementutilisables dans le monde professionnel.«Dans le numérique, on ne peut pas secontenter d’enseigner de façon traditionnelle, affirme Emmanuel Carli, directeurgénéral de cette école d’informatique. Il
faut une dimension professionnelle trèsforte, et une grande capacité à faire. Maisce modèle fondé sur le projet ne convientpas à toutes les disciplines.»A l’Ecole pourl’informatique et les techniques avancées(Epita), dès la 2e année, les élèves conçoivent un projet qui pourra être porté toutau long de la scolarité, et même déboucher sur une création d’entreprise. Résultat, l’école compte un taux très élevé decréateurs – entre 6%et 8%.«Mais si leprojet constitue lepointdedé
partde la formation, il nedoitpas enêtre le
s’agit de faire comprendre, même à ceuxqui visent une carrière dans un grandgroupe, que l’entrepreneuriat constitueuneoptionenvisageable, avecdes formesvariées (y compris au sein de grandes entreprises), et qu’ils pourront s’y épanouirmême s’ils ne se sentent pas attirés audépart. Au programme, rencontres avecdes créateurs, conférences, mises en si
tuation… «Nous identifions avec les élèvesles ressorts mis en œuvre sur des projetspersonnels,mêmeminimes, qu’ils ontmenés à bien, explique Brigitte Caudroy, enseignante à Télécom Lille. Les élèves sont
«Inutile de lire deslivres pour apprendreà faire du vélo! Il fautsemettre en situation.Rienne remplace
le travail sur le projet»Eric Langrognet
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0123Jeudi 11 décembre 2014 Ingénieurs | U N I V E R S I T É S& G R A N D E S É C O L E S | 5
L’universitéenbonneplace
Lesécolesd’ingénieursuniversitairesmisent
ellesaussisurl’innovationetsur
lacréationd’entreprise
seul élément, souligne Christophe Midler,professeur à Polytechnique et directeurdumaster Projet, innovation, conception(PIC). L’enseignement de l’innovation implique une approche transversale. Outreun bagage scientifique et technique solide,il doit comporter des cours sur le management (méthodologies, pilotage économique, gestion de projet…) et des mises en situation. Et cellesci doivent bénéficier d’untutorat assuré par des enseignants.»Ladémarchevadoncdepair avec l’inter
disciplinarité. Tout projet doit en effetêtre traité dans sa globalité – en incluantles aspects techniques, le financement, lemarketing, le design… Pour Hervé Baculard, président de Syntec Management,cette approche «multidisciplinaire» estprimordiale pour apprendre à innover.Comment les écoles procèdentelles ? Le
plus souvent, en proposant un « programme » complet, avec des activités variées. A Centrale Paris, Eric Langrognetévoque ainsi un « écosystème » consacré à
l’entrepreneuriat – avec coursde sensibilisation, montage de projets, incubateur,possibilité d’effectuer son stage en travaillant sur son plan de développementou de passer l’année de césure au seind’une startup… « Ce dispositif évolueconstamment, en fonction des attentes etdes besoins, ajoute l’enseignant. Nous venons ainsi de créer un institut d’innovationouverte » [fondée sur la coopération desentreprises]. Parcours complet aussi àl’Institut supérieur de l’électronique et dunumérique (ISEN), avec, sur trois ans, visitesd’entreprises, rencontresavecdescréateurs, séminaires… Le tout débouchant,en 5eannée, sur l’élaborationd’unconceptd’entreprise, de l’idée jusqu’au prototype.Toutefois, à l’exception de la sensibilisa
tion, ces dispositifs s’adressent engénéralauxélèves lesplusmotivés, etprennent laforme d’options ou de programmes despécialité. Polytechnique offre ainsi troismasters traitant d’innovation ou d’entre
preneuriat, qui attirent en tout 130 étudiants. Souvent aussi, le créateur enherbebénéficie d’un parcours aménagé, qui luipermet d’effectuer son stage au sein de sapropre structure.Depuis peu, certaines écoles ont choisi
de regrouper en unmême lieu leurs activités de création ou d’innovation. A Palaiseau, l’X construit unbâtiment qui hébergera incubateur, dispositif d’accélérationpour les jeunes pousses et outils d’expérimentation, comme un « fab lab » [pourfabrication laboratory ou laboratoire defabrication], paillasses… Les élèves pourront y suivre des enseignements spécifiques, participer à des événementscomme des « startup weekends », ourencontrer des spécialistes du capitalrisque. Même démarche à l’université detechnologie deCompiègne (UTC), qui a investi 12millionsd’eurosdansuncentredel’innovation, regroupant laboratoires, incubateur et fab lab. Samission ? «Aider lesidées à jaillir.»Reste un dernier outil, plus inattendu et
pourtant très efficace : les compétitionsétudiantes. Télécom Lille organise ainsiun challenge « projet d’entreprendre »,avec l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Lille, Mines Douai et l’université LilleI. Bilan : 250 élèves mobilisésune semaine sur une quarantaine de projets innovants, avec la participation de firmescommeThalesouOrange.Quantauxcompétitions interécoles, elles connaissent un succès croissant, tels « Go Greenin the City », organisé par Schneider Electric, ou d’Ecotrophélia, un concours d’innovation alimentaire. De son côté, SyntecManagement lance un « challenge créativité », qui réunira plus de 220 équipesd’élèves ingénieurs et managers, les 30meilleures bénéficiant ensuite d’un accompagnement.« Tout cela change radicalement le rôle
de l’enseignant, observe Philippe Mustar.Il n’est plus làpourdélivrerunsavoirouapporter la solution, mais pour accompagner, stimuler, encourager les élèves.Ceuxci deviennent “coconstructeurs” deleur formation. C’est un nouveau modèlequi se développe. » Un modèle que certains enseignants ont du mal à adopter :« La plupart des profs des disciplines fondamentales sont d’anciens bons élèves, quin’ont jamais connu l’industrie, remarqueHervé Riou, président de l’Union des professeurs en sciences et techniques industrielles (Upsti). Ils ont tendance à raisonner sur les connaissances, pas sur les compétences. Et certains répugnent à changerde logiciel… » p
jeanclaude lewandowski
A l’université ParisDiderot,« toutes les formations sontcomposées d’un tronc communen management et créationd’entreprise, et c’est essentiel », exposeGiuseppe Leo, directeur de l’école d’ingénieurs universitaire. Des jeunes pousses yont déjà été créées par d’anciens étudiants, comme TeraCascade dans le domaine des systèmes photoniques.« Environ un quart des ingénieurs se for
ment aujourd’hui à l’université », noteLaurent Mahieu, président de la Commission des titres d’ingénieur (CTI). Pourrépondre à la concurrence du privé, lesécoles d’ingénieurs universitaires tissentun réseau, construisent des ponts avecles entreprises et participent à la relanceéconomique par l’innovation et la création d’entreprises.
«Etre près des entreprises »Pour Laurent Mahieu, l’Institut supé
rieur d’ingénieurs de FrancheComté(ISIFC) rattaché à l’université de FrancheComté est « un exemple d’innovation parla création ». Biotika, entreprise universitaire virtuelle, permet ainsi aux étudiants d’être en contact avec l’entrepreneuriat. « L’encadrement pousse les étudiants à développer de la créativité »,détailletil. Mais l’entreprise fictive permet aussi aux futurs ingénieurs de semettre dans des situations professionnelles proches de la réalité. Lors de simulations d’entretiens d’embauche, parexemple.« Pour encourager l’innovation, il faut
être près des entreprises.Ma formationmepermet de réaliser de la gestion de projetau contact de pépinières d’entreprises trèsactives », se réjouit Xavier Langouet, étudiant en alternance enmaster 1 électronique et informatique industriel à Polytech’Paris (université PierreetMarieCurie). Une formation « à moindre coût,puisque l’employeur paye la quasitotalitédes frais universitaires ». « L’idéal », estimeXavierLangouet,qui travailledéjàsur l’entreprise qu’il va créer avec des camaradesde promotion après son master 2. « Lesformations poussent les étudiants à se poser des questions, insiste M. Mahieu. Lelien avec la création d’entreprise les confronte à des situations de contraintes. Cequi les incite au dialogue, à la créativité etdébouche souvent sur de l’innovation. »L’hyperspécialisation de certaines for
mations leur permet d’être clairementidentifiées par les entreprises. C’est le casde « l’Institut supérieur de l’automobile etdes transports, rattaché à l’université deBourgogne, et très bien identifié par les entreprises qui reconnaissent la qualité deson enseignement », relève le président dela CTI. Le regroupement est un autremoyen d’être repéré. Le « réseau Polytech » rassemble ainsi treize écoles d’ingénieurs universitaires.Celle de l’université de Nantes (Polyte
ch’Nantes) promeut, quant à elle, un« club entreprises » pour « étoffer ses relations partenariales et industrielles ». L’idéeest de « développer les interfaces entre entreprises et laboratoires de recherche », explique Hervé Mourton, responsable despartenariats. Polytech’Nantes est aussi associéeàAtlanpole,un incubateurdesPaysde la Loire qui pilote plusieurs pôles decompétitivité dans la région. p
andré sultan
«L’enseignant n’est pluslà pour délivrer
un savoir ou apporterla solution,mais pouraccompagner, stimuler,encourager les élèves.C’est unnouveau
modèle »PhilippeMustar
professeur àMines Paris Tech
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6 | U N I V E R S I T É S& G R A N D E S É C O L E S | Ingénieurs Jeudi 11 décembre 20140123
LacourseauxincubateursDenombreusesécolesd’ingénieurss’ouvrentauxentreprises
etfavorisentl’innovationentreleursmurs
L es grands groupes font régulièrement le tour des écoles d’ingénieurs pour présenter leurs métiers et courtiser les futursdiplômés. Devant leurs offresprometteuses, le choix de créerune entreprise peut sembler bien complexeet aventureux.Mais en intégrant des incubateurs sur leurs campus, les établissementsmettent cetteperspective à laportéedes étudiants. « Certains avaient des projets mais nevoyaient pas comment les faire éclore. La présence d’un incubateur leur montre que nouspouvons les accompagner tout au long de leurdémarche », explique Laurent Champaney,directeur général adjoint de la formation del’Ecole nationale supérieure des arts et métiers (Ensam).Lancée en 2011 sur le site parisien, la struc
ture offre aux créateurs en herbe l’appui deslaboratoires de l’école et de réseaux d’experts pour réaliser des tests techniques, définir leur modèle économique, chercher desfinancements ou s’informer des dernièresévolutions réglementaires. Pour ceux dontla candidature est retenue, c’est l’assuranced’un suivi personnalisé audelà du diplôme.
Eveiller des vocationsLe lancement d’une activité s’inscrit de
manière d’autant plus claire dans les débouchés de l’école que des modules y sontconsacrés au fil du cursus. Avec son parcours en «valorisation de projets », l’ECEParis (anciennement Ecole centrale d’électronique) dessine un fil conducteur de laformation à l’incubateur et entend bienéveiller des vocations. « Il s’agit de dépasserle simple objectif pédagogique, pour orienter la créativité vers des enjeux de société.Pressentant le potentiel économique de leuridée, certains optent pour une startup »,explique DavidOlivier Bouchez, responsable du programme. Ils montent alors unplan de développement qu’ils pourrontprésenter au comité de sélection de l’incubateur. « La dynamique du cursus alimenteun vivier de projets, et les étudiants qui rêvent d’entreprendre peuvent anticiper lesdifférentes étapes », poursuit M. Bouchez.Dans certains cas, ils se lancent même en
parallèle de leur formation, par exemple auxMines d’Alès, école qui a fait de l’esprit d’entreprise son leitmotiv. « Nous pouvons aménager leur scolarité, trois ou quatre élèves paran sont concernés », indiqueMichel Ferlut, directeur dudéveloppement économique.Pour les étudiants qui souhaitent monter
leur entreprise, un incubateur, s’il est bien
conçu et actif, peut donc se révéler très utile. Ill’est aussi pour les autres étudiants, ceux quin’ont pas de tels projets. Car ils peuvent, parexemple, réaliser leurs missions de terraindans l’une de ces PME émergentes. L’intérêt
est d’autant plus grand si l’incubateur,comme c’est le cas à Alès, n’est pas réservéaux anciens. Ils y rencontrent des ingénieursdiplômés d’autres écoles, avec des niveauxd’expérience variés. «Lors de leurs premièresrecherches d’emploi, les promotions aurontaffaire à de grands groupes comme à desstartup, relève Pierre Trémenbert, responsable de l’innovation à TélécomBretagne.Noussollicitons donc les entrepreneurs de l’incubateur pour la préparation aux entretiens. »Le développement de l’esprit d’initiative
peut encore s’avérer utile de multiples manières. « Les étudiants formés aux rouages dela création d’entreprise seront capables delancer des filiales dans la structure qui les emploie », remarque Xavier Bouvier, référententrepreneuriat de l’Ecole d’ingénieur généraliste en informatique et technologies dunumérique (qui a conservé son sigle d’antan,Efrei). Ouvert aux anciens de l’établissementou d’écoles de commerce partenaires, l’incubateur accueille huit à douze équipes quipeuvent prendre en charge certains travauxdirigés dans le cycle ingénieur, ou témoignerde leur expérience. « Quand nous organisonsdes conférences sur l’entrepreneuriat, tous lesétudiants sont conviés, ce qui leur donne unautre regard sur les dirigeants et les actionnaires. Globalement, nous leur apprenons àraisonner en fonction des besoins du marché », poursuit le référent de l’Efrei. « Avantdem’expliquer comment çamarche, ditesmoià quoi ça sert », aimetil à répéter aux étudiants.La présence d’un incubateur impulsetelle
toujours un élan ? Tout dépend de ses ambitions, de l’ampleur de son réseau et des liensavec la pédagogie. M.Bouvier met en gardecontre l’effet de mode : « Certaines écolesparlent d’incubateurs alors qu’elles se contentent de mettre des locaux à disposition, sansaucun suivi. Il faut faire la différence entre celles qui investissent vraiment dans l’entrepreneuriat et celles qui ne visent qu’un effet cosmétique. » Quelles entreprises y sont nées ?Quelles formations sont proposées, quelsévénements organisés ?… Bref, déjà une démarche d’entrepreneur avisé. p
aurélie djavadi
L’incubateur est à la fois un lieud’échange privilégié entre les acteurs dela création d’entreprise et un outil deformation pour les futurs ingénieurs,estime Anne Beauval, directrice del’Ecole desmines de Nantes depuis 2012.Entretien.
L’Ecole des mines de Nantes a crééun incubateur en 2011. Pour quelleraison ?Les incubateurs sont encore peu ré
pandus dans les écoles d’ingénieurs. Ils’agit pourtant d’un outil fondamental.Il permet aux porteurs de projet de serencontrer, mais aussi d’être en contactavec des entreprises plusmatures, desfinanciers, des responsables de laboratoire et des enseignantschercheurs,sans oublier les élèves et les doctorants.Ce brassage des populations est très important, à la fois pour faire éclore denouvelles idées et pour stimuler le processus de création. C’est pourquoi nouscherchons à le favoriser. Le développement économique fait partie desmissions d’une école comme la nôtre.
En quoi les élèves sontils concernéspar la présence d’un incubateur,et que peuventils y apporter ?L’incubateur est totalement intégré à
l’école et installé dans un bâtiment adjacent. Les élèves qui suivent desmodulesde formation à l’innovation et à l’entrepreneuriat y ont accès. Ils peuvent y effectuer des stages ou travailler sur desmissions confiées par les porteurs deprojet. Ils apportent leur regard, leurscompétences techniques, leur expérience de la recherche. Ils vivent le travail de création au quotidien et cela lesincite à se lancer eux aussi. Certainschoisissent aussi de réaliser leur projetde fin d’études au sein de l’incubateur,dans une startup.
Combien d’entreprises sont hébergées, et quels sont vos objectifs ?Nous avons actuellement une dou
zaine d’entreprises incubées. L’objectifest de doubler ce chiffre rapidement.Déjà, un certain nombre de nos ancienspassés par l’incubateur sont en train deréussir. Mais, plus qu’une « étoile filante » qui connaîtrait une réussite exceptionnelle, nous visons un flux régulier de startup qui prennent leur essor.
Les élèves se tournentilsdavantage vers les petites structuresinnovantes ?Plus on les expose à des startup, plus
ils réalisent qu’ils peuvent s’y épanouir.L’entrepreneuriat est de plus en plusperçu comme une perspective attractive. Ce n’est pas encore unmouvementdemasse, mais cela progresse. Déjà,44 % de nos diplômés travaillent dansde très petites structures ou des entreprises de taille intermédiaire. Mais leurparcours n’est pas toujours rectiligne : ily a des passerelles entre les grands groupes et les PME ou la création de startup.
Cet essor de l’entrepreneuriatvous conduitil à bouleverserl’enseignement à l’école ?Nous ne cherchons pas à révolutionner
l’enseignement. Mais la pédagogie accorde une place importante à l’innovation, à l’apprentissage par projet, à l’interdisciplinarité, à des expériences enentreprise… Nous laissons à nos étudiants du temps (et des espaces) pourmener à bien des projets de toute nature. C’est un vrai changement. En réalité, notre rôle consiste surtout à allumerla flamme chez certains élèves et à lesaccompagner quand ils sont tentés parla création. J’ajoute que plusieurs projetsincubés sont portés par des docteurs del’école et des enseignantschercheurs.L’incubateur souligne ainsi le lien entrecréation ou innovation et recherche. Ilnous permet de rendre plus « concrets »les travaux de nos chercheurs. p
propos recueillis parjeanclaude lewandowski
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0123Jeudi 11 décembre 2014 Ingénieurs | U N I V E R S I T É S& G R A N D E S É C O L E S | 7
Desconcoursoùtoutlemondegagne
Audelàdel’intérêtdeleursprix, lesconcoursd’entrepreneuriatsontl’occasiond’obtenirunaccompagnementetdesecréerunréseau
C e sont des concours où toutlemonde gagne. Les compétitions qui opposent descréateurs d’entreprise, quecette dernière soit déjà créée ou enpréparation, départagent les projetsen fonction de leur caractère innovant, de leur capacité à créer de l’emploi, de leur qualité environnementale… «Quand un étudiant gagne untel concours, c’est prestigieux pour sonécole. Et pour lui, c’est très formateur »,constate JeanMarie Chesneaux, président intérimaire de la Conférencedes directeurs des écoles françaisesd’ingénieurs (CDEFI). Pas étonnant,dans ces conditions, que de tels concours semultiplient.Le choix est varié. Prix Pépite trem
plinentrepreneuriat étudiant, concours Petit Poucet, compétitionEnactus… Certaines entreprises, àl’instar du défi Cisco, organisentmême leur propre concours. En tout,l’Agence pour la création d’entreprises (APCE) en adénombréprès de 80,qui sont ouverts aux étudiants. « Engénéral, tout le monde peut y participer. Mais il est vrai que certains concours, notamment parce qu’ils sonttrès techniques, sont pensés pour desprofils qui correspondent aux étudiants ingénieurs », explique NeïlaTabli, responsable de l’observatoiredes pratiques pédagogiques en entrepreneuriat à l’APCE.A la clef, le lauréat peut obtenir des
financements. Sonprojet gagne aussien notoriété : « La communicationfaite autour du concours le fait rayonner, apporte de la crédibilité. Mais ceque cherchent la plupart du temps lesparticipants, c’est un accompagnement », expliqueMme Tabli. Selon elle,les « porteurs de projet ont peurd’aborder certains aspects de la création, l’aspect juridique par exemple ».Les concours sont l’occasion d’obtenir des conseils d’entrepreneurs, dechefs d’entreprise. Qu’ils soientmembres de jury ou parrains encadrant le processusde création, ils permettent au candidat de se confronterà la réalité.C’estnotamment le caspour les étu
diants qui participent aux Entrepreneuriales, un dispositif « d’entraîne
ment terrain à la création d’entreprises », né il y a dix ans. Ouvert à tousles étudiants, il est plébiscité par ceuxdes écoles d’ingénieurs, selon sa conceptrice, Catherine Derousseaux. Denovembre à mars, des équipes transdisciplinaires (unétudiantenécoledecommerce et, par exemple, un étudiant en école d’ingénieurs) peaufinent leur projet avec l’aide d’un accompagnateur, d’un chef d’entreprise,d’experts…A la fin, lesmeilleursreçoivent unprix.Une perspective qui a convaincu
CheikhAnta Ndongo, Juliette Quinteau et Marie Lenglet, élèves à l’Ecolesupérieure d’ingénieurs des travauxde la construction (ESITC) de Caen. Ilsont décidé de participer aux Entrepreneuriales de BasseNormandie.Leur objectif : « Se faire un réseau »,
maisaussi« acquérirdes compétencescomplémentaires en marketing, enéconomie ». C’est l’un des avantagesde ces dispositifs. Les étudiants conçoivent un plan de développement,recherchent des fournisseurs… Ils apprennent en faisant. Autant de nouvelles compétences à valoriser sur lemarché du travail.Créateur de richesse et d’emploi
dans une économie ralentie, l’entrepreneuriat ne bénéficie pas seulement étudiants. L’Etat ne s’y trompepas. Il veut « faciliter le passage àl’acte »et« développer la cultureentrepreneuriale des jeunes Français », explique JeanPierre Boissin, coordonnateur national d’un plan spécifiquelancéenmarspar la secrétaired’Etat à
l’enseignement supérieur, GenevièveFioraso. Résultat, le ministère a lancéle prix Pépitetremplinentrepreneuriat étudiant, ouvert à tous les étudiants portant un projet d’entrepriseinnovante. Les dix premiers lauréatsau niveau national remportent lasommede 10 000 euros.Au niveau local aussi, le développe
ment des concours d’entrepreneuriat est un enjeu économique,comme l’explique Stéphanie Morinde l’Ecole nationale supérieure d’artset métiers (Ensam), référente pourl’entrepreneuriat sur le campus deCluny (SaôneetLoire). Ses étudiantsont tendance à se tourner vers la région RhôneAlpes, limitrophe, aumoment d’envisager leur avenir professionnel. En participant à des concours, ils rencontrent des chefs d’entreprise bourguignons, découvrentun nouveau bassin d’emploi… « C’estune façon de dynamiser la région »,justifieMmeMorin.Les écoles, elles,mettent en lumière
la qualité de leur enseignement.« Quand un porteur de projet est récompensé par unprix, il y une certainesatisfaction de notre école, même si cequi est récompensé est surtout le travail de l’entrepreneur, explique Matthieu Somekh, responsable du pôleentrepreneuriat et innovation del’Ecole polytechnique. Cela étant dit,un tel succès est un argument en termes d’image pour nous. »Mais parmi une offre abondante,
les écoles ont parfois dumal à s’y retrouver. « Pour faire le bon choix, ilfaut aller sur le site de l’APCE. Il y aplusieurs rubriques spécialisées », explique M. Boissin. Etudiants et établissements peuvent aussi se tourner vers les 29 pôles étudiants pourl’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (Pépite), répartis danstoute la France, « de ParisSaclay jusqu’à Corte, en Corse ». Délivrant lestatut national d’étudiantentrepreneur, ce sont des lieux de diffusiond’outils pédagogiques pour les enseignants. Ils peuvent aussi aiguiller lesétablissements et leurs élèves versles bons concours, pour ceux quisouhaiteraient y participer. p
maxence kagni
«La communicationfaite autourdu
concours apporte de lacrédibilité.Mais ce quecherchent la plupartdes participants, c’estunaccompagnement»
Neïla Tabliresponsable de l’Observatoiredes pratiques pédagogiquesen entrepreneuriat à l’APCE
L’entrepriseàl’èredel’imprévisible
Polyvalents,créatifs,réactifs…Lesentreprisesattendentunnouveauprofild’ingénieurs
P our l’ingénieur de demain, « créativité et innovationne sont plus desoptions,mais des compétences de survie », estime l’InstitutMinesTélécom, dans son Portrait de l’ingénieur 2030, publié enligne en novembre 2014. Un environnement de travail en pleinemutation les attend : les évolutions technologiques s’accélèrent, tandis que le « rapport ausavoir » change. « Les anciensmodèles, hérités de l’ère industrielle,privilégiaient la performance. Lesnouveaux modèles, nés de l’ère ducomplexe et de l’imprévisible, privilégient la résilience et l’adaptabilité », souligne l’étude.Les attentes des entreprises vis
àvis des ingénieurs évoluent.« Nous recherchons des profils quisoient forces de proposition dansles technologiesmaisaussi dans lesprocessus d’organisation et demanagement », précise ainsi IsabelleNéri, directrice du recrutementchez GFI informatique, une entreprise qui a embauché près de500 jeunes diplômés, stagiaires etalternants en 2014.
«Plus opérationnels»Les écoles sontelles à la hau
teur de ces défis ? Pour Guy MamouMani, président de Syntecnumérique, qui représente leséditeurs de logiciel, les sociétésd’Internet et du conseil en technologie, la réponse est affirmative : « Ces dix dernières années,les écoles ont accompli des effortsconsidérables pour se rapprocherdes entreprises et les associer àleurs comités d’orientation. Enplus de délivrer une formationthéorique très reconnue, elles permettent désormais à leurs élèvesde travailler sur des sujets beaucoup plus opérationnels. »M. MamouMani évoque des
écoles comme Epita ou Epitech,qui développent un nouveautype de pédagogie fondé sur l’initiative, incitant leurs étudiants àla création d’entreprises.Dans une enquête éditée par le
magazine L’Usine nouvelle enmars, 96 % des 700 responsables
industriels interrogés jugent lesécoles d’ingénieurs efficaces, et69,2 % estiment qu’elles formentà l’innovation.« La plupart des écoles ont pris le
virage de l’innovation, mais à desrythmes différents. Certaines fonttravailler les étudiants en “modeprojet”, ou en leur donnant accès àdes outils techniques innovants »,confirme MarieFrance Delgado.Responsable du recrutement etde la mobilité chez Keolis, opérateur de transports publics, ellecite les exemples de Centrale, desArts et métiers, de l’INSA Lyon etdes mastères spécialisés destinésaux ingénieurs à Grenoble Ecoledemanagement.« Il est intéressant que les diplô
més aient été initiés à des outils decréativité ou au management deprojet, estime Sylvie DuboisDecool, directrice du développement commercial et de l’innovation chez Vallourec. Cela leur permet de mieux mettre en œuvreleurs capacités d’innovation.»Mais ce n’est pas un critère de recrutement : « Ils pourront apprendre ces méthodes une fois en entreprise », justifietelle.Viviers pour leur recherche de
candidats, les écoles d’ingénieurssont aussi considérées par les entreprises comme des alliées pourl’émergence d’idées nouvelles.Des partenariats sont ainsi nouésen amont des diplômes.Vinci Park s’est ainsi engagé
auprès de l’Ecole des ingénieursde la Ville de Paris (EIVP) dans lecadre de projets d’études. Pendant six mois, les étudiants travaillent sous le tutorat d’un professionnel du groupe sur des sujets comme « la gestion desdonnées » ou « la voirie connectée ». « Ils ont suivi des enseignements dans des domaines quinous touchent, par exemple lamobilité urbaine ou l’intermodalité, et nous apportent un regardneuf face à l’évolution de la demande », explique EmmanuelleCliment, directrice Hommes, organisations métiers, de VinciPark. p
aurélie djavadi
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8 | U N I V E R S I T É S& G R A N D E S É C O L E S | Ingénieurs Jeudi 11 décembre 20140123
«Etretenace,persévérant,croireencequ’onfait»Ilsontsutirerprofitaumieuxdesrencontres,dessynergiesetdesformationsproposéesparleurécoled’ingénieurs.
Portraitsdejeunesdiplômésaujourd’huiàlatêtedestartuppromisesàunbelavenir
I ls ont 23, 26 ou 31 ans, sont àpeine sortis de leurs études,mais déjà patrons. Nousavons suivi plusieurs jeunesingénieurs qui, plutôt que de travailler dans un grand groupe, ontdécidéde se lancerdans l’aventurede la création d’entreprise.
«Onaeuenvied’allerplus loin »Connecter toute l’humanité à
Internet pour 100 millions dedollars – quand Google compteinvestir entre 1 et 3 milliards dedollars –, c’est le pari qu’espèrentrelever la société lyonnaise NovaNano et son directeur général,Spas Balinov, grâce à des satellitesgros comme…une valise cabine.Agé de 31ans, Spas Balinov,
quitte son pays natal, la Bulgarie,en 2002. A l’Institut national dessciences appliquées (INSA) deLyon, il rencontre Stanislaw Ostoja, l’autre ingénieur à l’originedeNovaNano.« Onétaitmembresd’un clubde fusées expérimentalesà l’INSA. C’était de petites fusées.On a eu envie d’aller plus loin », sesouvientil. En 2008, durant leurdernière année à l’INSA, ils intègrent Crealys, l’incubateur del’école. «On voyait émerger le concept de petits satellites. On s’estalors demandé : ne peuton combiner notre passion et des opportunités de marché ? » En 2009,
NovaNano voit le jour et se lancedans la production de satellitesdix fois plus petits, dix fois pluslégers (dix kilogrammes) etdix foismoins chers que les satellites classiques.En 2013, le premier satellite de
fabrication NovaNano est lancé.Un aboutissement après quatreans de travail et d’épreuves. «Rienn’a été facile, concède Spas Balinov. Il faut être tenace, persévérant, croire en ce qu’on fait.» Etrebasé en France a été un avantage,estimetil. «Le système est trèsbien adapté quand vous créez uneboîte. Il y a les incubateurs où l’onstructure la démarche, beaucoupd’aides publiques… Il n’y a pasbeaucoup de pays où l’on trouvede tels outils. »Après avoir remporté plusieurs
prix internationaux récompensant les sociétés innovantes, NovaNano cherche des fonds pours’agrandir. L’objectif, d’ici troisans : créer une constellation depetits satellites. En attendant, ilfaut convaincre les investisseurs.sourit Spas Balinov.Les perspectives sont exception
nelles.«Des entreprises commeFacebook ou Google s’intéressent àl’Internet pour tout le monde et investissent dans ce secteur. La technologie qu’on a brevetée peut permettre, à terme,de lesaideràyparvenir àmoindre coût…»Spas Balinov espère vivre encore
de nombreuses fois le lancementde l’undesesnanosatellites.«C’estune expérience unique. Celui quin’a jamais lancé de fusée, toutcomme celui qui n’a jamais montéson entreprise, ne sait pas ce quec’est ! »
Gardemeubledeparticulier àparticulierL’idéeagerméquandilsétaientà
l’école. «Pendant ses études, Simona souvent déménagé, raconteNeville Ricour. Il ne savait pasquoi faire de sesmeubles. Il bradaittout, et en rachetait quelques semaines plus tard au prix fort. D’oùl’idée de stocker. » C’est ainsi queNeville Ricour et Simon Ryckembusch, 26 et 27 ans, diplômés en2013 d’HEI (Hautes études d’ingénieur), ont fondé à Lille Ouistock.En cinq clics, le propriétaire pro
pose une cave ou un garage inutilisés. Cet espace peut être investiparunautre internautequi déménage, fait des travaux oumanquesimplement de place chez lui.Moyennant un « loyer » très minime, il a la possibilité de venir yentreposer ses affaires.La spécialisation en entrepre
neuriat que les deux jeunes hommes ont suivie en dernière annéedemaster a été unmoteur. Ils ontpu travailler leur idée, créer desplans de développement et présenter le tout à des profession
nels. Depuis la créationde cette filière en 2007, seuls cinq étudiantsont cependant créé leur entreprise. Ouistock emploieaujourd’hui six salariés et 2 000propriétairesontmisen ligne leurannonce. Fin 2015, les deux entrepreneurs espèrent étendre leurtoiledans les cinquanteplusgrandes villes de France.
Deschambresau justeprixQuandunprofesseur américain
venu faire cours à Polytechniquea demandé aux 400 étudiantsprésents s’ils voulaient monterleur entreprise à la sortie del’école, seuls quatre ou cinq ontlevé la main. Parmi eux, RaphaëlThéron. « J’ai fait plusieurs stagesdans de grosses entreprises en tantque consultant. C’était assez rébarbatif et j’avais peu de marge demanœuvre, expliquetil. Je préférais faire mes preuves par moimême, ditil, et pas forcément suivre le chemin tracé par mon futurdiplôme. » Aujourd’hui, à 24ans,c’est chose faite. PriceMatch, lastartup qu’il a cofondée avec cinqautres jeunes hommes, emploie35 personnes, dont deux à Romeet une à San Francisco.L’idée est, grâce à plusieurs algo
rithmes, d’aider des hôtels à optimiser leprixde leurs chambresenfonction de différents paramètres
(météo ou événements prévusdans la ville à une date donnée).Peu à peu, une équipe se forme,composée de trois anciens de Polytechnique et de trois de SciencesPo. Très vite, PriceMatch entredans l’incubateur de Sciences Po.Raphaël, lui, travaille plutôt sur
la partie technique.Mais au débutde l’aventure, il a dû toucher àtout. « Les choses les plus difficiles,ce sont les aspects légauxet lesproblèmes de recrutement. Au début,on n’avait pas non plus les moyensde se payer un comptable. On étaitobligés de tout faire », racontetil.Les six cofondateursontmoinsde25 ans,mais cela n’a guère posé deproblèmes. «En France, la reconnaissance des grandes écoles estassez forte, on n’a pas eu de soucipour avoir des rendezvous… »,constate Raphaël.
Petits comptesentreamis«Plus d’excuses pour ne pas
rembourser ses amis, que ce soitpour l’addition au bar ou pour lescadeaux groupés », prévient Victor Lennel. A 23 ans, il a rejointConstantin Wolfrom et HugoSallé de Chou, 24 et 26 ans, pourdévelopper Pumpkin, un portemonnaie virtuel utilisable surtéléphone. Les trois entrepreneurs lillois visent les 1835 ans àla vie sociale active. L’applica
tion a déjà séduit 3 000personnes. « Nous prévoyons 15 000utilisateurs d’ici la fin du mois,assure Constantin. Et dix foisplus l’année prochaine. Il ne fautpas avoir peur d’être ambitieux. »Les trois hommes se complè
tent. Constantin et Hugo sont diplômés de l’Ecole des hautes études commerciales (Edhec Business School). Le premier estspécialisé en finance et le secondenmarketing digital. Victor, lui, aachevé son cursus à Infocom.« Ses compétences d’ingénieursont essentielles, assure Hugo. Ilgère notamment les soucis de programmation et de sécurité en ligne. » Victor est le seul de sa promotion à s’être tourné vers lacréation d’entreprise. Sans regret.Il juge l’aventure Pumpkin passionnante : « C’est un défi permanent, ditil, le développement surmobile évolue constamment. J’apprends tous les jours. »Les premiers mois ont été diffi
ciles, sans rentrée d’argent. Maisles trois associés ne se sont paslaissé abattre et ont fait mûrirleur projet. Victor est optimiste :« Pumpkin veut dire “citrouille” enanglais, expliquetil. Apple, Blackberry, Orange… Il faut se rendre àl’évidence : les fruits et les légumesont la cote ! » p
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