Université du Québec en Outaouais Département de psychoéducation et de psychologie
description
Transcript of Université du Québec en Outaouais Département de psychoéducation et de psychologie
Line LeBlanc, Ph.D. et Marie Robert, Ph.D.,en collaboration avec Thierry Boyer
8 janvier 2014
Conférence midi au Pavillon du Parc
L’intimidation et la violence envers les personnes ayant des besoins particuliers : les conséquences sur le concept de soi et les besoins de services.
Université du Québec en OutaouaisDépartement de psychoéducation et de psychologie
Plan
1. Contexte de la recherche
2. Méthodologie
3. Ce que nous avons appris sur l’expérience des adolescents et des adultes ayant une DI ou un TSA?
4. Implications pour la pratique
Contexte de la recherche
POINT DE DÉPARTL’intérêt des membres du CA à examiner l’expérience
au contact des services plutôt que d’établir des taux de satisfaction.
JUSTIFICATION La réalité subjective ou émotionnelle dépasse
largement la mesure objective de la satisfaction à un service (National Heath Services , 2005).
Méthodologie
QUESTION DE RECHERCHE
Sur quoi repose l’expérience au contact avec des servicesdes adolescents et adultes ayant une déficienceintellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme?
PROCÉDURE ET PARTICIPANTS
analyse qualitative du discours;identification des cas exemplaires par la méthode par choix raisonné:
rencontres avec des équipes d’intervenants pour identifier les cas traduisant des expériences difficiles, positives et plus ou plus positives
entrevues individuelles auprès d’adultes (n=14)
Questions d’entrevue
Quand avez-vous remarqué que vous étiez différent des autres?
Quelle est votre histoire en tant que personne qui reçoit des services?
Résultats préliminaires
Q 1 Conscience de leurs différences
• Une trame commune, 3 profils et des stratégies
Q2 Expérience au contact des services • Besoins de services
Ils prennent conscience de leurs différences lorsqu’ils sont confrontés à la
moquerie et l’agressivité…
Une trame de fond commune à la plupart des adolescents et adultes DI-TED:
Violence
Extraits« Écoute ben quand il y en a un qui me traite de débile, çame fait mal ». « Les autres qui sont comme moi je prends leur défense, je n’ai pas le choix…».« Ils disaient : « regarde c’est elle qui a les yeux croches ». Pas correct de leur part ».« Il y a des gens qui riaient de moi » « Et moi, ben je voulais donner un coup de poing ben, pas le donner, mais… » « Je ne pouvais pas, il faut que je reste polie ».« C’était toujours les autres élèves des autres classes qui m’écœuraient » « Je m’en suis occupé d’eux. » « les battre ». « Si quelqu’un est méchant avec moi, je le serai avec lui». « Aussitôt que tu entrais là (au secondaire), tu te faisais écœurer ».
Concept de soi
Étant donné que
les gestes de violence surviennent tôt dans la vie;le concept de soi se développe à partir des expériences de la personne et de l’influence de son environnement, son statut social, ses divers rôles…(voir L’Écuyer, 1990); l’impact du concept de soi sur les objectifs de réadaptation tels que l’autodétermination et la qualité de vie subjective…
Nous avons examiné comment les personnes DI-TSA se perçoivent…
L’analyse du discours révèle 3 profils distincts
Je suis violent:Gérer la colère
Fallait que je me batte pour leur montrer le
respect.
Je suis capable: se donner le
temps d’apprendre
je suis capable mais on veut
pas que je fasse rien.
Je suis qui je suis:reconnaître sa
valeur
moi j’avais eu une proposition et ils l’ont pris ma suggestion
Littérature scientifique
Expériences sociales difficiles (voir Li et al., 2006):perçoivent l’écart intellectuel, font face à la stigmatisation sociale et à la discrimination;sont plus à risque d’intimidation en milieu scolaire…
Peut avoir un impact négatif sur le concept de soi … Paradoxalement, les études auprès des enfants ayant une Di
démontrent le contraire, une perception positive de soi (Huck et al., 2010). Toutefois, il semble y avoir un écart
entre leur perception de soi et celle des autres….
Leurs stratégies …
Nous voir comme étant des personnes imparfaites
Vouloir mener une vie normale
Stratégies de comparaison sociale
Extraits« …gagner ma vie et rentrer à la maison, comme n'importe quel gens là ». « je n’aime pas être mêlé avec du monde comme moi, cela me fait de la peine ».« je voulais connaître d’autres mondes pas juste ma sorte à moi, je voulais sortir de ça ». « Car on a des bonnes discussions avec des personnes normales, car des fois là on voit que les personnes normales aussi ont du trouble ».« moi je me dis qu’il n’y a pas personne de parfait ». « Et puis on a toutes des difficultés ».« tu sais nous autres on est différents, mais notre différence n’est pas grande avec la vôtre, car pour nous autres ont est normal».
Littérature scientifique
La comparaison sociale vise à minimiser les différences entre soi et les autres;Il s’agit d’une stratégie qui peut aider à développer un concept de soi positif.
Cette stratégie individuelle bien que pouvant être efficace ne permet pas de répondre au problème préoccupant de la violence à l’égard des personnes DI-TSA….
Comment adresser la question de la violence tant auprès des personnes DI-TSA que des membres de la
communauté?
Implications pour la pratique
S’intéresser à leurs expériences sociales et à leur perception d’eux-mêmes;
Être attentif à la question de la violence et ce dès l’entrée en milieu scolaire;
Examiner avec les personnes DI-TSA les stratégies pour faire face à l’intimidation et à la violence;
Diminuer l’inconfort face à la différence dans la communauté (Clegg, et al., 2008).
Question 2 : expérience au contact des services
Des besoins de services axés sur la reconnaissance humaine et sociale
Besoins de services : reconnaissance
Extraits
« Quand elle dit des affaires, c’est intelligent, elle ne dit pas arrête ». « J’aime sa manière d’expliquer les choses ».
«Elle prenait le temps d’expliquer » « pas comme les autres professeurs qui disaient tu fais ça et va t’asseoir».
Les besoins versus le soutien reçu
Le soutien reçu est apprécié et se rapporte essentiellement à l’écoute et au développement d’habilités pour le fonctionnement social;
Le soutien face à la violence vécue est peu présent dans le discours.
Ce qu’ils pensent du soutien reçu…
Extraits
« J’avoue que si eux étaient pas là, je n’aurais pas de jobs»;
« Ils ne m’ont jamais dit que je n’étais pas bon, c’est jamais arrivé»; « J’ai appris à dire mes émotions»;
« J’ai eu de l’aide du Pavillon pour contrôler ma colère»;
« J’ai aimé leur services, donnait de bons services, il venait chez moi me visiter et oui ça m’a aidé beaucoup»;
« Je rencontrais un intervenant j’étais content et ça changeait tout le temps et j’aimais pas ça».
Implications pour la pratique
Faire appel aux capacités de comprendre et de gérer les situations des personnes DI-TSA (apprécient se faire expliquer les choses);
Poursuivre le travail amorcé pour accroître les opportunités dans la communauté, tout en étant attentif aux risques d’intimidation, de violence, de discrimination…
Promouvoir la reconnaissance de leur contribution à la société.
Remerciements
Aux personnes qui ont accepté de raconter leur histoire dans le cadre de cette recherche;Aux équipes d’intervenants qui ont contribué à identifier les participants à l’étude;Aux intervenants qui ont facilité l’organisation des rencontres avec les participants sélectionnés;Aux membres du Conseil d’administration et à la direction du Pavillon du Parc pour s’intéresser à l’expérience au contact des services.
Références
Clegg, J., & Lansdall-Welfare, R. (2010). From autonomy to relationships: Productive engagement with uncertainty. Journal of Intellectual Disability Research, 54(Suppl 1), 66-72.
Department of health (2005). ‘Now I feel tall’ What a patient-led NHS fells like. London : N.H.S.
Huck, S., Kemp, C., & Carter, M. (2010). Self-concept of children with intellectual disability in mainstream settings. Journal of Intellectual and Developmental Disability, 35(3), 141-154.
L’écuyer, R. (1990). Méthodologie de l’analyse développementale de contenu. Méthode GPS et Concept de soi. Sillery: Presses de l’Université du Québec.
Li, E. P.-Y., Tam, A. S.-F., & Man, D. W.-K. (2006). Exploring the self-concepts of persons with intellectual disabilities. Journal of Intellectual Disabilities, 10(1), 19-34.