UNIVERSITE DE DAKAR FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES … · -4-duct10n du livre en Afr.1que et qui...

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UNIVERSITE DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

LE LIVRE ET LA LECTURE PUBLIQUE

A DAKAR

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Mémoire de Maîtrise présenté par

Henri SENE

sous la direction de Monsieur

Boubacar LY

Maître-Assistant de Sociologie

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Je tiens à. remeroier Monsieur Boubacar ]X,. ma:ttre-assistant de

sociologie au département de philosophie de la faculté des lettres et

sciences humaines de l'Université de Dakar, qui mla encouragé dans la

voie de la reaharche et a bien voulu aecepter de patrormer ce mémoire de

ma.!trlse.

Ma profonde gratitude èl Madame Francine KANE, sociologue et

professeur Ù 11 Institut de Béveloppement :Joonomique et de P1.anii'icatian

des Nations-Unies deDaJœ.r qui par ses remarques pertinentes et ses con­

seils judic1eux::, m'a guidé dans la l'édaeotion de ce mémoire en acceptant

de -lire--'].e .manusor1.t de ce travail.

Enfin que le personnel et les -J.-esponsables des bibliothèques où

s'est déroulée l'enqu@te et ceux de l'EloIe des Bibliothécaires, Archivis­

tes et Doc'lmlentalistes de l'Univers1té de Dakar veuillent bien trouver

ici l'expression de ma sincère reoonoa..i.Seance pour toute l'aide matérielle

et morale qu'ils m'ont apportée.

. . -- ~ 17

DAKAR, 1m

~-_ ..~ ............~--

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Panni. les moyens d t1n:t'ormation, d'étude, d'appréhension de la pensée

humaine et dtacc~s à la connaissanoe en général, le livre a occupé et occupe

encore de nos jouxs 'lme place de oho1.x aussi bien dans les d1fj;érents prooessus

de cO!'t":un1cation et d'échanges que dans le domaine de l'éducation et de la forma­

tion. L'objet lu1...m~me (le livre) et l'aote qui est sa finalité (la lecture) sont

au centre dlun cirouit oomplexe, qui va d'un émetteur, dans le cas d''tUl écrivain,

par exemple, jusqu'à un récepteur qui peut 3tre un lecteur, en passant par

l'éditeur, le libraire, le bibliothécaire qui chaO'lD'l en ce qui le ooncerne, dans

son domaine propre, a plus ou moins d'ini'J.uenoe sur l'objet-livre et sux celui

qui l'utilise, le lecteur. Ce média, au sens modexne du terme, dépasse donc sa

propre finalité, la lecture,qu'elle soit studieuse ou simplement oisive, pour

rev'êtir des aspects culturels, économ.1quea et soc1ologiques.

Il est oet objet que l'on vend, simple marchandise soumise à la 10& de

l'offre et de la demande, que l'on trouve aussi bien dans lee libxair1es et sur

l~s rayons des sup~que dans les éta1Bges des bouquinistes au coin des

"':'U~s. Il est aussi, cet amas de feuD.les reliées les unes aux: autres "et dont le

contenu peut 3tre à la source du savoir d'un individu. Il est encore oet objet

qUe l'on est fier d'avoir dans sa salle de séjour et qUi est le signe ~térieu.r

d'appartenance à la classe des lettrés mtme si ori ne l'a jamais ouvert. C'est dirü

combien le :t!vre est oomplexe et mult1.tozme, et combien "ftOmplexes lail motivatiol:s

qUi poussent les individus à emprunter, à acheter ou à s'approprter un livre.

Né avec l' écrit U a connu des formes multiples J' les -mblettes d f al"-

gile des Grecs et des Romains, en passant par les rouleaux:: de parchemin qui ser-

vi:ê'€Ilt de support à l'éor1.ture jusqu'au nllè siècle, et enfin le livre tel quer

~ nous le connaissons actuellement. Son utilisati.on néoessi ta:1 t et néoess1t~ encore

de nos jours de pouvoir déch1:ff'rer le message contenu dans, ses PBgQS, aussi.

r;::sta-t-il longtemps l'apanage d1lm.e minorité d1alphabét1.sés. avant que l'impri-

me~ie, à partir du XIVè siècle ne permette par une teohn:1que de reproduction

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rapide et permettant de grands tirages, de toucher un public plus large, saCl8

pour autant atteindre toutes le8 couches sociales.

Jusqu'à la naissance du journal et de la presse, au XVllè siècle, le

/l'un des livre reste, en dehors de la oommunioation oI'ale,/moYElr.Spar lequel les hornJOes

pewent accéder au savoir. Cependant socialement et économiquement 11 restEra

encore longtemps sous le contr8le et l'influence de ceux qui détenant les mo;;re~lS

de le produire monopolisaient et monopolisent encore les circuits d'édition et

de diffusion et qui influenceront jusqu'aux messages contenus dans leB~livres.

L'apparition d'autres moyens d'information à partir du XIXè siècle,

communément appelés les mass-média tels que la :radio, le cinéma, la télévisiŒ1

et l'expansion de la presse écrite créa des concurrents sérieux au livre, mais

ne parvint ja.maj.s à entamer son audienoe. C'est a1nei "qu'entre 1950 et 1966 le.

radiodiffusion a triplé ses points d1impact dans le monde, mais, dans le rr.Êk:lc

temps le 1i~ a doublé sa production par titres et triplé ea production par

exemplaires" (1).

I.e. création des collections du "livre de poche ll chez les principaux

éditeurs à partir des armées 1950, se traduisit par une augmentation des tira:c~'-

lUle baisse du pr:l.x de revient du livre et la parution dans le livre de poche,

d'auteurs les plus divers depuis les textes des philosophes les plus connus,

jusqu1aux romans policiers. Le livre slétait popularisé. Ce fut après la décou-

verte de l'impr:i..merie, -')a deuxième révolution.

Dans le contexte historiQue et oulturel de l'Europe, la lecture est,

à l'origine, en étroite liaison avec le système scolaire et éducationnel, l'2.1ph".­

bétisation se faisant avec les livres, de m'@me que la dif.fUsion et l' acquisition

des connaissanoes se fait par et à travers les livres. Avec le développement de

•••

(-1.) ESC.A.IŒIT (Robert).- Le littéraire et le sooial : Eléments pour une sociologie

de la littérature._ Paris r Flamnarion, 1970.- p. 24

,,

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la soci~té industrielle, les fonctions du livre se diversifient et parallèlement

à son rele didactique et docunentaire, il devient un moyen dl évasion et de dé-

tente. Comme tout moyen d'information, le livre est aussi un puissant vecteur

d'idées, de valeurs, d'idéologiES et de croyances. A ce titre le contact entre

l:Europe et l'Afrique, durant la colonisation, a eu pout" effet majeur, l'intro-

ductlon des modèles de la civilisation occidentale par le biais de l'enseigne-

ment notamment, et le livre a joué un rele non négligeable. Les anciennes colo­

nies dépendaient non seulement de la métropole du point de vue a.dmin1atratif,

mais constltuaient aussi une lIextension de leur marché culturel" (1) tant du

point de vue économique que du point de vue culturel.

EJ:. Afrique, le livre a été introduit par les colonisateurs arabes

d!abord, Européens ensuite. la mission civil1sattice dont slétaient i:rrvesti

ceux-ci, en abordant le continent africain, se traduis1..'t conorè'tement par la

négation systèmatique et organisée des valeurs de civilisation des peuples noiT'...

et en même temps par 11aftiEmat10n déclarée et imposée de la supériorité aG

l'occident chrétien sur les peuples colonisés, considérés jusqu1alors comme

ajrant été hors de 11~toire.

LI introduction des modèles de la civilisation occidentale se fit soit

d'une manîère coercitive soit par des moyens plus pac11'1ques., mais qui nten

€taient pas mo:1ns insidieux: du point de vue de leur finalité.

Ce fut le cas de l'enseignement. L1implantation progressive dans les

colonies, d'un système éducatif de type occidental, rentre dans le oadre de cet":;c

mission. Le développement de la scolax1satfu qui s'en suivit a oontribué à pro-

pager l'usage du livre dans un contexte culturel et social d1:fférent de celui

dans lequel il. était né. Cela ne devait pas se faire sans oonséquences sur le

plan culturel, social et psychologique, pour la simple raison que les livres

utilisés fUrent longtemps sans aucune relation avec l'univers mental et la vision

du monde de l'Africain. Tels furent les antécédents qui présidèrent à llintro_

•••

(1) ROBll'JE (Nicole).- :ra. lecture.- in : le littéraire et le sooial séléments pourune sociologie de la llttérature.- Paris 1 F1ammar1on, 1970.- p.326.

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duct10n du livre en Afr.1que et qui devaient en fausser pour longtemps, l'utili-

satian et la oonoeption.

Aotuellement une des caro.ctéri.st1quee du problème de la lecture et c1u

livre en Afrtque en général repose sur le fait que, llapprentissage et I f babitu

de la lecture, ne peuvent 3tre dissociés du travail scolaire. loi, comme ai11eu

llacquisition des oonnaissanoes tant théoriques que p:rn.t1ques, le besoin irrLp4­

rieux de formation et d1information pour tout dire, passent par la capacité de

pouvoir déoh1:ttrer les signes oontenus dans les livres. Savoir tiret Cl est non

seulement posséder une des clefs de la " cultu.re",.m:iD auas1 pouvoir améliorer

son statut social.

Alors que "dans un oontexte culturel différent c 1 est le développeo.ent

des lo:i.e1rs qui. a pennis et permet le développement de la lecture, dans les

masses, le soir, pendant le wee]o..end ou en vacances", (1) en Afrique, la situa-

tian est actuellement différente et la leoture reste largement tr:l.butaire des

préoccupations essentîellement didactiques des individus qui relèguent au seconl

plan la lecture faite dans un but de loisir et de délassement. Cependar::.t s 1 il

était bon de noter cette primauté de la lecture intéressée sur la lecture oisiv

il faut Boul:lgner que "dans un pays comme le Sénégal, qui effectue un passage

de liancienne société traditionnelle à une sooiété moderne en voie de ~OInk~tior

il ne faut pas slattendre à trouver d'une manière générale, des activités de

loisirs analogues à celles des sociétés d l occident, nî mthe un ensemble d'acti

vités de loi.sirs rigoureusement spéci.:fïées ll (2). Et ceci pour des ra1sona h1s1

tiques et sociales évidentes, le processus historique de la formation de ces

sociétés n'ayant pas été les robes et la colonisation ayant eu des conséquenc

que l'on ne retrouve; pas ailleurs, et dont la principale ma.n1.:t'estation est à

l'heure actuelle 1me situation de dépendance poli tique, économique et cultUX\"

~es ex-eolonies vis-à-vis de l'ancienne métropole. ...,UUlIiAZEDIEll (Joffre) lIASSmFORllER (Jean).- Eléments pour una sociologie ç

':'ée de la produotion, de :la di:ffu.sion et de l'utillsation du l1vre.- in1tbl1ographie de la France, nO 24, juin 1962.- p. 5.

VGEYROLIAS (I?1.erre).- Modemisation des hommes 1 l'exemple du Sénég~,I~s 1 Flammarion, 1969.- p. 6.

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Les faoteU1'6 qui ont oontribué au développement de la lecture au

Sénégal sont multiples et sont les résultats plus ou moins direots du ~évelop-

pement de lléducation. En premier lieu l'alphabétisation progressive de la

population a créé che. les individus un besoin cro1.ssant d l intonnation, non

seulement pour améliorer et renouveler les oonnaiesanoes aoquises à l'école ou

à llUn1ve1'Sit~, clest le oas des professeurs, instituteurs et membres des pro-

fessions libérales fréquentant les bibliothèques, mais encore souvent pour

permettre de répondre à des exigenoes bien précises. Gomme ces étudiants, ces

élèves ou ces trava1.l1eUl"B qui s'inscrivent à une bibliothèque pour bénéficier

gratuitement du pr~t de livres "au programme" qui leur permettent de préparer

un examen ou un concours professioIUlel. la bibliothèque devenant ainsi le

prolongement de l'Eoole. Sur le piBn.eocial, l'urbanisation croissante, la

diversité des moyens d l1nf'ormation et de formation personnelles ont stimulé ce

besoin latent de lectures. Dnns des villes champignons oomme Dakar, qui à

l'instar des capitales de la plupart des pays sous-développés possèdent ln

majorité des infmetruotures socio-éducatives et drainent vers elles les oito-

yens en qu@te de promotion sooia1e, les mass-média jouent un re1e détermin~~t,

qu'ils soient contrelés par les autorités locales ou par des institutions

étrangè~s. Ln création de bibliothèque ou de centres d'information par presque

toutes les ambassades accréditées au Sénégal sont k'l preuve que l.e livre et .l'OB

autres médias audi~v1sue1s jouent un re1e plus pré,,1s que celui dont on parle

dans les programmes d 1 éOÎltln8es culturels. Il s'agit en effet dans certains cns

de continuer à d1:ffUser et de maintenir intact, par le biais de moyens d 1i.lJ.f0r~

mation, tels que : livres, ~ournaux:, radio, télévision, des schémas étrangers à

l'univvID culture~ de llAfricain et introduit durant 10. colonisation.

Nous abordons là un problème crucial, celui des incidences culturclles~

'''~ sociales , politiques et idéologiques du livre et des conséquences que la lcctur-J

~ut avoir sur les lectlrUI'S. Car un Uvre en 1u1....llme n'est jamais totalement

<':, ~. Cette sU1te de mots et de phrases qui conetituent un ouvrage sont la

-(2) FÛt, ..Pafrun auteur, qui 1ui-.e est en situation historiquement, soc~e.1emeJ.'lt

logiquement et qui suggère à travers son oeuvra consciemment ou incons-

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c1emment une Vision du monde ou une intention particulière. Fondamentalement

le livre est un projet auquel le lecteur, par l'acte de lecture qulil acooillpli~

est appelé à adhérer. "L'oeuvre littéraire, le livre, l'imprimé sont ce qU'e:cl

font le lecteur. Lire c'est oonstruirelt (1). Le livre n'atteint donc sa réelL

signification que lorsqu'il y a acte de leoture, lorsque le lecteur partant ch...

signit'iant pour découvrir le signifié partioipe au projet de l'auteur ou le

rejette par une démarche consciente, réfléchie et personnelle. Il arrive aussi

que llappareil idéologique et économique qui sous-tend la production et la

diffusion de l'oeuvre soit suffisamment fort pour détruire ou anihiler toutes

velleités de réflexion chez If1ndividu et imposer ainei tout tm système de

valeurs surtout dans les pays dont les structures éd1toriales sont peu dévelo1~­

pées et qui dans le domaine de 11information en général sont tributaires de

l'étranger. L'exemple de la colleotion "NoUV'eaux Horizons" en provenance des

Etats-Unis d'Amérique, qui dans les années 70, anvD-..hit les kiosques, les biblio­

thèques et les nwons des supe:rmachés dakarois sous f'onne de livres brochés et

essentiellement axés SUI" l'A.merican way of life, est le cas typique de la

littérature de propagande, a bon marohé, d'autant plus dangereuse qu'elle se

présente sous f'ome d'ouvrages d'actualité et faciles à lire.

Or, 11 est \.ID fait que dans les pays en voie de développement, et phD

précisément dans le cas qui nous intéresse, à savoir le Sénégal, nous nous

trouvons en situation de pénurie, tant au niveau de la conception que de ln

production du llv:re. Ici comme dans nombre de pays sous-développés, la quasi

totalité des ouvrages qu'ils soient scolaires ou de culture générale, sont

importés. C'est autant'.d1idées, de comportement, d'idéologies et de valeurs,

étrangères au leoteur atr.1.oain. D'où une certa1ne situation de dépendance

culturelle. On invoque le manque d'infrastructure 1 maison d1édition, libraires,.

impriml::lries, et aussi l'inexistence d'une littérature véritablement national,"

du point de vue des textes et aussi de la langue. S'il est vrai que toutes 18s•••-'-'-------------------

(1) ROBINE (N1cole).- op. C1t.- p. 227

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conditions ne sont pas encore réunies pour créer une littérature et un circuit

littéraire réellement national, il reste "qu1en réalité cette "occultation"

du marché africain par l'ensemble des éditeurs français, témoigne d'un refus

de considérer le lecteur africain dans sa ,pécif1cité puisque la plus grande

partie des exportations consiste en livres destinés au public européenn (1).

Il ne s'agit évidemment pas pour nous d1enfermer le leoteur sénég8.l.uis

uniquement dans l'univers des contes d'Amadou Koumbn, ni de le couper des

grandes oeuvres de la littérature universelle, mais nous pensons que "l'essül1-

tie! de la nourriture intellectuelle d'un peuple doit a.voir été élaboré dans Sr'.

propre cOnBc1enoe tl (2), pour éviter le piège des l1vres-pro~ande et des

bibliothèques africaines transformées en centre d'information des ambassades

étrangères, par l'intemédiaire de généreuses dotations en livres, sous couvert

d'échanges culturele.

Il Y a donc, à l'heure actuelle, une véritable problèmatique du livre

et de la lecture en At'r:l..que. L'objet de ce présent tra.va.11 présente le cus du

Sénégal, à travers une enqu~te ef'fectuée dans les trois plus importantes biblio-

thèques de lecture publique de 1.a oapitale sénégalaise. Est-oe qu'on lit à

Dakar ? Qui est-ce qui :lit ? Que lit-on ? Que oherche-t-on en lisent 1 Que

trouve-t-on réellement en Usant ? Que pourrait-on lire, l.11Ed.s qu i on ne lit pus?

sont autant de questions que soulève llinsertion récente du livre dans l'univers

quotidien du citadin sénégalais à l'heure actuelle.

Question d'autant plus importantes, que le livre, comme les autreS

moyens audievlsuel.s, qu'ils soient d1in:fonnation ou de divertissement, peuvent

~tre source d'épanouissement, d'ouverture d'esprit, de culture mais aussi

d'aliénation et de déperaonalisation.

L'objet de oette présente étude n'est pas d'apporter des solutions

aux problèmes inhérent à 1'introduction du livre et de la lecture publique dallS

la société sénégalaise. Ce travail soulevera oertainement plus de problèmes

...(1) L'édition en Afrique.- in, le bulletin du livre, nO 230, nov. 1973.- p. 25

(2) ]BCARPIT (Robert).- 14ttéroture et développement.- in, le littéroire et lesooial : éléments pour une sociologie de la littérature.- Paris : F1aŒmariG~,

1970.- p. 248.

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qu'il n'en résoudra .. Il veut ~tre plus simplement qu'une contribution, modeste

il est vrai, à l'étude des sciences de l'information, très peu développées en

Afrique et qui par leur importance, aussi bien c'IUturelle, économique que

sociale occupent l.me place de choiX dans le processus global du développer:lent.

Aussi cette étude se divise-t-elle en trois grandes parties ; dEJ.IJ.S

la première, j'ai essayé de voir quelle était la place du livre, de la lecture

et des bibliothèques au Sén~al du point de vue historique en essayant de mon­

trer la place de ces trois éléments dans l'éducation au Sénégal depuis 11époque

coloniale. J 1ai ensuite exposé la situation des bibliothèques à Dakar. En lX:C1't~,:rd,

de la situation privilégiée de la région du Cap-Vert par rapport aua autres

régions du Sénégal du point de vue éducatif, économique et politique, j'8.i

montré qu'elle était la situation exaote du réseau de bibliothèques à Dakar,

leur importance et leur place actuelle dans les prévisions des planificateurs

sénégalais dans le domaine socio-éducatif. Cette première partie se terminerr.

pnr la présentation des trois bibliothèques enqu'êtées et de leur importance

dans le développement de la lecture dans le Cap-Vert. Le second chaJ>-!tre aborc',c

Itenqu~te elle-mtme, à tmvers les résultats obtenus après le dépoU111ement arc

lIeurs typologie des lecteurs, leurs lIlilieux 80C1.o- culturels,/types de lecture etc •••

nous permettront d'avoir une vue synoptique du lecteur dakaro1.s, sans pour

autant avoir la prétention de présenter à travers cett~ étude, dont nous SOhW18S

conscients de lacunes et des insuffisances, le prototype du lecteur daknrois,

qu!il soit afI'1cain ou européen. ra réalité étant plus complexe. J'achevemi

eni'in ce travail par 1'étude des conceptions que leB lecteurs sénégalais se

t'ont du livre et de la lecture. Qu'est-oe qU'un livre? pourquoi s'adonne-t-on

à la lecture? Quelles sont les finalités de l'acte de lecture? etc••• sont

autant de questions qui nous pezmettront de traiter de la problèmatique du l.iwre

et de la leoture chez les e4négalais dont nous parlions précédemment. Plus

précisément il s'agira dans ce chapitre de dépasser les donn~es brutes des

résultats de l'enqu~te, pour essayer de saisir la signification du livre et :;0

la lecture dans llunivers social, psychologique et culturel des lecteurs qui "~l!t

répondu à nos questionS.• ••

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LES BIBLIOT~TJ.E5 ET LA. LECTURE AU SENmAL

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fleur

-9-CHAPITRE l _ BIBLIOTHEQllES ET LECTURE PUllLIQUE AU S~lmAL

l - HISTORIQUE

Pour aborder l'étude du livre et de la lecture, c'est-à-dire de leuJ'

diffusion, de leur impact et de leur finalité, il semble qulil faudrai les

replaoer dans le contexte plus général de l'éduoation et de la fonration. toute

collectiTité, quelque soit son degré de développement, utilise des moyerw

techniques ou oulturels pour assurer l'éducation de ses membres. Dans le systèL:1€

scolaire et éducatif de type occidental, tel que nous le connaissons aujourd'hui

le livre et la leoture sont un des moyens privilégiés d'aocès au savoir.

Cependant il ni en fut pas toujours ainsi dans les sociétés af'ricaines

et le livxe n'est jamais réellement inte.r.venu jusqu1à une période relativement

récente dans 1 système éducationnel et ceci pour des raisons aussi bien m.s­

tor:l..ques que sociales.

Néanmo1ns, il contient tout de mfune de mentionner le rele joué par le

Ooran, en tant que véhicule de ]a pensée et de la civilisation musul.ma.nes en

A:fr1que en général et plus parti.oul:1.èrement dans les sociétés 1Blamisées de

l'ouest africain.

Id.vre de référence de tout Musulman, il ne manqua. pas dl~tre lu,

étudié et transcrit par des savants et des religieux. Ll'arrivée des Ambes et

l'introduction de 11Islam en Urique Noire à partir du Xlè siècle devait voir

le dévelo.ppement d ' une civilisation florissante durant le moyen-âge africain,

comparable à celle de l'Europe à la m~me époque et dont l1un des moteurs essen­

tiels fut llIslam et par voie de oonséquence, l'étude du livre saint.. Une des

meilleures illuat:œtions du développement de lléducation et de l l enseignement

à cet époque a été la. fameuse université de Tombouotou, où homme)de science

et clergé qu1ils soient Arabes ou autoohtones prodiguaient un enseignement fondé

sur les préceptes du Coran.

En oe sena, les "éorits de Khadima Diakhaté (savant de la cour de

,..

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Iat-Dior vers 1858) d'Amadou Bamba, d'EI Hadji Malick Sy et Moussa Ka etc ••

ne sont que la continaation à notre époque de ce puissant mouvement intellcc-

tuel des siècles préoédents" (1).

On peut aff'1nner sans :r:1.sque d1erreur que llIslam a found la

première écriture aux: Sénégalais. To.utefois, si le Coran fut à 11 origine dl"Lll~_

enseignement et d'une éducation en Arabe, 11 ne le fut et, dans une certain",

mesure le reste encore de nos jours, que dans une perspective essentiello.rllœt

religieuse.

Certes le Coran a donné naissance à d'autres écrits lus et étudiés

par des lecteurs arabophones, et 11 existait dans l'Afrique Noire pré-coloLi~'_J.'-::

quelques bibliothèques, notamment à Tombouctou mais eelles-ci n'étaient réelL·

ment fréquentées que par une m1norité de lettrés, versés dans lfétude exég6tLlèlC

du livre samt. En ce sens, il y au.:.r:'t\it oertainement des recherches intéres-

santes à entreprendre sux la dif'fusion et l'ut1l:Lsat10n du livre arabe e.u

Sénégal. L'enseignement oomnique traditionnel n'a. pas _1l8Wtat.o1.s créer

des habitudes de leoture au niveau des enfants ou adolesoents et pour deux

raisons noua semble-"\-il. D'une part à oause de ses méthodes, oar 11 n'y 8.

pas réellement alphabétisation en Arabe, oe qui aooutit alors à un "arabisu,

sans arabisation" (2) et d1autre part à oause de ses finalités purement reli··

gieuses : la oonnaissanoe du livre suint.

On peut donc affinner que lié à l'écrit, le livre au niveau populc.i:. ..;

était quasiment inconnu dans des sooiétés oÙ la tranam1ss1on de l'expérience;

humaine se faisait uniquement par le biais de l'oralité. Ainsi) et toute 111:'J-'

portion gardée, on peut affinner que dans l'Afrique Noire pré-coloniale "du

fait de la quasi inexistence de l'écriture (en dehors de lfécr1ture arabe

monopolieée par les seuls marabouts) auoun autre moyen de transmission de

-----------------------_.~.,'-

(1) jD~IiOP~(~cijh~ejikhë~An~t~a~)~.i-;L~'A~f~r:l.3q~u~e~N~O~i~ree~pr~é-c:o~l~otlJ.~·ia~l;et.~ep.t~u~d~e~co~m~p~ar~é~e~d:e8~systèmes politiques et sociaux de ltEurope et de l'Afrique Noire del'Antiquité à la fonnation des Etas modernes.- Paris 1 Présence Africaine,1960.- 220 p. ; p. 1~5.

(2) SIIJA (Ousmane)... Lee Arabes et le Sénégal; arabisme sans arabiaation.­.in notee afrioaines, nO 121, 1969.- p. 25

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11 expér::l.enoe hmnaine (individuelle, sociale J technique, scientifique) ni exisrr'ci-t

(document écrit en particulier) en dehors de ceux utilisés ~ar lléducation

africaine trad1t1onnellell (1). On peut donc affimer, mutatis mutandi, que

l'histoire du livre en Afrique est très jeune et ctue son apparition panni 1e3

moyens utilisés pour l'éducation en général ne date que de la colonisation.

En effet dans l'Afrique pré-coloniale, l'éducation et llenseignema:,t,

des hommes sont le fait de la société toute entière considérée dans sa toix'"lli"cé:':.

L f ind1vidu n'ayant d1 e%istence réelle que par rapport à celle-oi. Il n'y n y[~

de formation individuelle telle que les structures de l'école moderne le par-

mettent actuellement. Les anciens, gardiens de la tradition et aussi du saycü'

et de 11 expérience, qu'ils soient d'ordre pratique ou ésotérique, sont les lJOilltc

de références vera lesquels se tourne tout individu désireux de se former. Ir.

comparaison en Afrique d'un "vieillard 'lui meurt" à une lIbibliothèque qui br-'\L If

e3t bien connue.

Dans le oontexte économique et social de l'Afrique Noire pré-colGnL~2,la formation en général et l'aoquisition de eonnaissances pratiques se f8.is[èi:....::~-':;

d t1.me façon harmonieuse et dans des structures sooiales bien détenninées et

a}"fLYlt chacune un r81e bien précis t clan, famille, classe d'fige etc ••• et

l\école telle que nous la oonnaissons actuellement c'est-à-dire un organisD2

d'utilité publique mise en place par une autor:l.té publique ou privée, parall"J.c

c·~ parfois en marge de la vie sociale, n'existe pas. Education et société t'or.: ~jl-t

un tout indivisible. "L'Education a:fr1ca1ne traditionnelle ne séparait jCJ11"1ü,:;

l'éducation (au sens large et actuel du mot) de l'instruction ou de llenseitç18~'

r.::ent (au sens préois et restreint) : ces deux aspects de toute entreprise d8

for:mtion humaine sont consta.m:nent et intimement liés" (2).

Ainsi donc le oaractère oral de la société africaine traditionnelle,

l;:LYlexistence sur le plan social d'institutions permettant aUII 1ndividus d'no-•••

(1) MOUMOUNI (Abdou)._ ]..11lkiueation en Afrigue.- Paris, Maspero, 1964.- 4001) ;p. 37.

(2) llIOUMOUllI (Abdou).- op. oit. P. 23

,\

\

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quérir une formation et une éducation dlune manière pemormelle et autonome, 10

stade enfin du développement technique de ces sooiétés excluaient bien sOr

I t ut11isation des médias au aetlS moderne du terme.

S1 l'on fait abstraction du Coran et des ouvrages auxquels il a donné

naissance g~e à l'expansion de ltIslam en Ai'rique Noire et dont llu:tilisntion

en milieu populaire répondait à des beso:ins très précis, le livre en tant que

média, c'est-à-dire mo~en d'information mais

sens général, ne sera que progressivement

11 enseignement de type occidental.

aussi d'éducation et de culture

répandu en Afrique et/le biais

Histor1queme:nt jusqu'au début du XIXè siècle, les Européens ne pénè-

trent pas profondément dans llintérieur du continent africain. ~:Ueurs oontacts

avec les africains eu lieu essentiellement dans les comptoirs disséminés le lŒ'-,#:

des oStes oÙ S1effectuait la traite, que celle-ci ooncerne les hormnes ou les

marchandises. Pendant deux: siècl~ 11actuel territoire du Sénégal, ne sern

qu'une t'concession rpyale" (1) exploitée depuis la métropole par des compagniGs

comneroiales, comme la Compagnie Normande ou la Compagnie des Ind~s et dont lc.s

établissements principaux se trouvaient à Fort-Saint-Louis du Sénégal, dans

l'Ile de Gorée, au Fort-SaiJlt......Joseph en Galam, à Rufisque, Joal, Portudal et

Albreda pour ne citer que les plus connus. Les marchands Dieppois ou Bordelai:::

de l'époque ne slinqtl.:i2ta1ent guère de lléducation des autochtones et meme lIdo.n.s

les groupements christianisés dès l'occupation portugaise, principalement à GorGe

et à Saint-Louis, il n1y a avait pas de traces dlun enseignement plus ou moins

organ1sé" (2).

A partir de 1800 commence la deuxième phase de la oolonisatian c' ~st-

à-dire oelle de llexpansion et de l'ocoupation progressive et systèmatique de

llintérieur du pays. Celle-ci supposait éviderrment une organisation administra-

tive dans la colonie m@me. Ce qui nl~tait auparavant qu1une tene inexplorée et

•••

(1) DIARRA (Mamadou).- Le Sénégal conceSsion royale, Histoire de la. oolonie.­

Dakar J Nouvelles Editions Africaines, 1973.- 71 p.

(2) GAUCHER (Joseph).- Les débuts de l'enseignement en Afr.l.que francophone: Je[",-"].~~oet l'Ecole mutuelle de Saint-Louis.-Paris,Le 1i~africain, 1960.-199p.....

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liVTée à Q.uelques marins et soldats se

taire dépendant de l'administration métropolitaine et gérée par ses représcnt8.r~ts

officiels. 1I Avec le traité de Paris du 30 Mai 1814, prit fin l'histoire du

Sénégal en tant que conoession royale sous llancien régime. A partir de cette

époque, C 1est une autre phas e des es :relatians avec la Frunce qui c ommencc :

cene pendant hqueIle on va i t se transfonuer très rapidement c e qui n' étti t,

selon Picard, qu'un simple établissen.ent d 1aventuriers , en un centre 1rnportm~t

de commerce et de civ11isationll (1).

la prise en lll,?.in et l'organisation officielle de la oolonie par 1<':1

nétropole s ara à 11 origine de l' instaum.tian à:' un eru3eignement occidental, d'uce

-.r~"""'~1 part au nom de la. prétendue mission civilisatrtce, et d1autre part/drOrdre pure~

ment politique et pratique. En effet, si au début les fonctionnaires e~ agento

coloniaux viennent de la métropole, progressivement la nécessité d'utiliser des

indigènes se fera sentir dans certaim3 domaines, notamment celui de l'ad=ii.rustrr,-

tian des servioes, aussi bien publics que privés.

"Devant la nécsssité d lun encadrement des indigènes par des auxilic.irfJB

autochtones dans les rouages de J.ladEJinistmtion coloniale se pose le prcbll';~:c

de leur formation et par voie de conséquence, celui de le. création d'un enseigno-

ment colonial"(2).

Llécole sénégalaise na!trn de ce besoin d'auxiliaires dans' l'aà.r:J..ilü.s-

tration coloni~e. le première institution scolaire de type occidental sera

ouverte le 7 Mars 1817 à Saint-louis par llinstituteur :français Jean DARD. A

partir de 1841 et jusqul~n 1903, l'::tnatruction publique au Sénégal, précisément\

à Saint-Louis, Gorée, Ru1b.sque et .Daknr sera exclusivement tenue par les frè:lres

et soeurs des congrégations religieuses : Frères de Plogr.mel et Soeurs de SQint-

Joseph de Cluny. Cependant il faudra attendre la mise sur pied et llorganisatic~'_

du Gouvernement Général en 1903 et les réformes de llense~ement qui sien SlU-

virent pour voir le l1vre, ~tre utilisé dans les écoles de la colonie et sor~ir

•••

J •

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,-14-

du cadre strictement confessionnel dans lequel l'avait enfermé les instituteurs

et institutrices congréganistes, moins dans une perspective de f'onnat1on et

d'éducation que par esprit de proselytisme.

"Auparavant, lléoole maternelle bomait ses ambitions à llenseignec;wnt

de la lecture, de l'écriture et des quatre règles; il le faisait sans li'VZ"es et

ne nécessitait que des tableaux de lecture Il (1).

Après 1903 les d1ff'é~e8 réformes stattachèrlint à la'loiser l'er.s(ü-

gnement et les prog:rommes scolaires et ceci dans un esprit républicain. "Les

manuels visés étaient••• surtout des livres de lecture, car les frères slobsti-

naient à employer à cet usage des livres de piétél' (2) ..

On peut raisonnablement e.ff1m.er que c'est à partir de cette date, 1903,

que le livre, en tant que véhicule d'une idée et moyen d'accès à la culture et

\

à ]a réflexion :personnelle pénètre dans le milieu sénégalais, une minorité oerti;;!s,

par l'intermédiaire de la scolarisation. Cependant, nous avons bien souligné

le caractère utilitaire et ponctuel de cette scolarisation, et il serait illu-

so~_re de lui donner une dimension autre que celle que Itri ass1g:na1t ses proLlO-

tGU~. Il s'agissait essentiellement de former au niveau de l'enseignement

p::imaire, des oi'ricains capables de déchiffrer la langue française pour las

besoins de l'administration coloniale dans BBS relations avec 11 Qnsemble dG ses

rulm:!.nistrés. A ses débuts l'enseignement ne formait donc que des inteJlmédiaires,

et non des citoyens, qui gr€ce à l'enseignement auraient eu la possibilité de

s'épanouir intellectuellement. "L'école à ses débuts, alJant au plus pressé,

devait uniquement former des aUXiliaires a:fr1cains auxquels l'on demandait pou

en conséquence : savoir et pouvoir surtout distinguer un imparfait de 11 indic!"'.ti::' ,

dfun imparfait du subjonctif, pour la traduction exacte de la pensée du blanc.H

Une fois les éiiudes achevées, ils rangeaient les livres, que l'école ne leur

avait pas repris. Pas 1me seule oeuvre post-scolBire qui puisse inciter ~ J'

l' éi;ude" (3) •

(1) BOUCHE (Denise) • .,A.ll~.li!eto1s notre pays slappela1t la Gaule :-Rema.rqUcs S'LU'( lIadpatation de l'enseignement au Sénégal de 1817 à 1960. In Cahiers dlétu~~8.s

africaines, nO 29, vol. VIII.- Paris: Mouton et Co., 1968.- p. 110-112

(2) BOUCHE (Denise).- ibid.(3) DADIE(Berna.rd).-"M1sère de llEnseignement en AOF".In Prés..Afr.Déc.56-J2l1v 57,

pp.57-70.

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Le livre n'était donc dans un tel contexte qu'un instrument scolaire

très sommaire conçu pour des populations considérées sans culture et sans passé

et auquel peu d'afriC3i.nS avaient accès. Tout au plus se réduisait-il à des

syllabaires et à des livres de lecture élémentaire, le niveau d'éducation ct dL

formation des quelques rares citadins alphabétisés ne leur permettant pas de

continuer à slinstruire,encore moins de leur donner le gant d'une lecture régu­

lière. Pamllèlement à cet état de fait il faut noter à cette époque 1'1:Q.existerLC6

des auxiliaires sociaux-éducatifs de l'enseignement en particulier et de l'édu­

cation en général tels que 1 bibliothèques, centres culturels, maisons des je1JD8S

etc ••• qù les Africains au sortir de l'école auraient pu développer leur capacité

intellectuelle et continuer à se oultiver. Cette carence était bien dans la

logique de la politique éducationnelle de lr adm1n1stration coloniale, malthusie'- 'C­

et assimilationiste à souhait.. C'est dire que les quelques rares alphabétes n:-':;;_

baient très vite dans l'analphabétisme faute de livres qui leur permissent de

développer et d'enrichir les acquis reçus pendant leur intruct10n élémentaire.

Dans le domaine des bibliothèques la situation générale est identique.

En remontant dans le temps il semble que les premières bibliothèques

organisées et relevant dlune autorité qui furent créées au Sénégal l'ont été rlarn

le cadre de l'année coloniale. Le seul texte officiel que nous ayons retrouvé

et concernant l'organisation et la mise sur pied d'une bibliothèque durant la

colonisation est une instruction ministérielle "sur llorganimttion et le fonotion­

nement des bibliothèques d'officiers aux colonies" qui date du 18 juin 1930 et

qui stipule que "les bibliothèques d'officiers sont instituées pour servir dE

centres d'études aux officiers et assimilés ~ant rang d'officier" (1).

L'année suivante un rapport de Paul Reynaud, m1n1stre des colonies et

André ]{JBgUlOt, m1niatre de la guerre, estime I1 que les résultats déjà obtenus •••

imposent de soutenir et favoriser ces organisations et à cet effet de leur dom~~~-

•••

(1) Bulletin Officiel du ministère des Colonies.- 1930.- p. 957

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un caraotère offioiel en les transformant par arrtté ministériel en cercles

mili taires ou bibliothèques coloniales de garn1son" (1).

Le decret sur "l' organisation des cercles et bibliothèques mili taîres

aux coloniea ll (2) date du 11 septembre 1931 et llarr~té ministériel" portant

création dlun cercle militaire dans les ga:misons de HanoI, SaIgon et Fort-de-.

France et fi.xant la liste des bibliothèques coloniales de garnison aux co loniesJ (3

date du 18 novembre 1SJ2. Saint-wuis, Thiès, Rufisque et Kaolaok en ce qui 00:.--:­

ceIne le Sénégnl figurent sur la liste, comme villes de garnison 8J"ant uni'

bibliothèque coloniale. Les deux premières seront classées comme principales

et les trois autres comme seoondaires.

Bien entendu en tant qulinstitution .militaires, il était exclu que 1,-:,

civils puissent y accéder, mais on notera cependant qu1elles étaient strtcteGG:':',

réservées aux "officiers et ass:l.milés ll ayant rang d.officiera lt et que les sol., .i;>

sénégalais qui formaient le gros des troupes n1avaient donc pas accès au liVE.

Les autres bibliothèques qui furent créées par la suite au Sénégel

furent des annexes dl établissements scientfiquea

tels que 11 Institut Français d llU'rique No~re crée

fondée en 1872 à Saint-Louis (4).

ou de propagande cultur8118~

en 1936 ou l'Alliance Frru:~;;,'.i:_~

Là, point de lecture publique. Ces quelques bibliothèques nravaient

pas . 'té mises sur pied pour servir les besoins de lecture des masses popul~dro~

de la. colonie, muis étaient destinées au personnel expatrié de l' admini.stmti:J':_

coloniale ou aux utilisateurs des centres de reoherche.

Cette carence est Mie non seulement à un système scolaire ne favorie'".:: -L

nullement le got1t de la lecture mais aussi et surtout à l' esprit dans lequel

avai t été institué un enseignement de type occidental au Sénégal r à sa"9oi1'

produire essentiellement du personnel apte à remplir des t~ches prattQ.w.as dBLS

..-Bulletin officiel du ministfaèdes colonies.- 1931.- p. 1645ibid.- 1931.- p. 1647ibid.- 1932ZIIOUEMBA (Dominique Hado).- Répertoire des bibliothèques et organismes (~,'documentation au Sénégal.- Dakar: Unesco, EBAD.- 1973.

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l'adm1n1stxat1on. ''Rassurez-vous, dit le Gouverneur général William Ponty, drulS

son discours d'ouverture du Conseil du gouv-emement, en décembre 1908, 11 n'entre

pas dans ma. pensée de multiplier les établissements donnant autre chose qu'une

instruotion pr:lmaire très simple. Il faut, en effet, prendre nos populations nu

stade où elle en sont de leur évolution. Apprendre à llindigène notre langue, 8,

la lire, à l'écrire, lui inoulquer quelques rudiments de calcul avec quelques

notions de morale, c'est suffisant pour le moment. Ces dOlU1ées, 11 peut les

recevoir dans les éooles dirigées par des ma!tres indigènes. Une fois qu'il les

possède, llenae~ement doit, pour nos jeunes indigènes et en dehors d'une élite

d'tme culture plus élevée qu'il sera de notre devoir d1encournger, devenir et

rester pratiquelt (1). Cette longue citation résume clairement la philosophie qui, '

guida les promoteurs de l'ense1gnement en Afrique Noire en général, qui repos~it

sur un refus systèmatique et organisé de permettre à la majorité des ressortissC-.:.,--;;;::;

des colonies de pouvoir acoéder à Ifensetgnement par l'instauration d'une poli-

tique malthusienne en la ma.tière. En somme jusqu1à une période très récente et

encore postér:l.eure à 111ndépendance, il serait vain de chercher la trace quelcon­

que d'tme politique systèmatique du livre au SéDégal et à plus forte raison d'un

réseau struoturé de bibliothèques.

"Ia situation des bibliothèques est à peu près la. m@me dans les dif-

férents pays. En général, il y a dans chacun d'eux une"grande bibliothèquell

territoriale qui était à llor:igine la bibliothèque administrative du gouvememe..'1t

local de la puissance coloniale. la gestion de ces bibliothèques a été confïée

ensuite à des organismes scientifiques tels que l'Institut Fondamental d'Afriqu8

Noire et Bes centres locaux, pour les pays de l'ouest af'r:1cain (y compris le

•••

(1) Gouvernement Général de IJAOF. Colonie du Sénégal.- Rapport d'ensemble sm lr~situation politique, administrative, f1nancière et économique et sur lefonctionnement des divers services pendant l'année 1905.- Saint-Louis: ir.:.p;.:'.du ~ouvemement, 1906. Cité par Denise Bouché, in Caltlers d'Etudes Afrio<:W".',:E.nO 29, vol. VIII, p. 115. -

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et le Tog~ (1 ). Fn conséquenoe , hors du cadre élénentaire gt éphémère de 1 f éco18 j

où le livre avait un caractère acoessoire, les sénégalais n1eurent jamais les

moyens de parf'a.1re et de développer ses connaissances. On peut donc ai'finner

que s1 la colonisation a introdUit un ense1guanent de type oooidental fondé 8J."1

partie sur le livre, ce dernier par oontre n'a jamais pénétré dans le• .r::d.llGU

af'r1ca1n.

Le développement de 11 €IlBeignement .cra.- o.et.?OEl~-bi:en eth- pQ:a. .u:lC

amélioration progressive de la qualité des livres soolaires, cependant les leo-

tures des élèves resteront tributaires des programmee soolaires. De m3me les

résu1tats des recherohes lingUistiques sur les langues sénégalaises publiées [tu

cours du XIXè sièole sous fonne de traités ou de dictionnaires notamment ceux

de la congrégation des pères du Saint- Esprit à Saint-Joseph de Ngazobil, pour

méritoires et précieux qu'ils soient, en dépit de leur manque d'assise scienti­

fique, n':tnte.l'lJSse:ront jamais qu'un oerole de 8péoialist~ou de ooloniaux désireux

des t 1n1t1er aux: langues afrieaines, non pas pour une étude précise et ob j eot!ve

de ces l...-..uguca. dans une perspeotive de reoheI'<'he scientifique, mais essentielle-

ment pour des mï.SOnB de prosé:Iytisme qtdil soit religieux: ou simplement profu1e,

mais aussi pour servir les ambitions académiques de certains ehe~heUXl" e1ID:)p6ec:.s.

Dans un paye vivant encore presque exolusivement selon l'ancienn~ société traùi-

tiormelle, le livre durant la colonisa"tLon ne concerne essentiellement que les

européens, pour des raisons à la :fois politiques et sociales qui relevent dG l?

poli t1que offioielle d t aaa1milatian des peuples colonisés. Sa pénétratian de!] s

les milieux autoohtoneS sera ruiné par le système éducat10nnel de l répoque mni:J

aussi par l'utilisation d'une J...angue étrangère dans un milieu quasiment a.nc.lp1:lr'.­

béte. lit école des landemaln.a de llindépendance sera l'héri tière de cette situf'.. •• ,

tion •

(1) D.A1lZIE (Ennnanuel W. Kwakuvi).- "Les bibliothèques, la bibliographie et l2sarchives dans le pays d'Afrique dl expression française ll • In : Bulletin d,::l'Unesco à l'intention des bibliothèques.- vol. XV, n05, octobre 1961.- ;.2~5

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Le passage à une soci$1I& de type industriel, oaractérisée par Ituti-

L~.sation de technologies modernes de développem~pourune société dont les

structures socio-économiques internes avaient été fortement bo~eversées durar,-t

la pétiode coloniale au prof!t de la puissance colonisatr1ce, eXigeait, au

lendemain de l'indépendance, de lutter contre les séquelles du colonialiSL1e \ll.t'.::

constituaient, la maladie, la faim et l'ignorance af'in de jeter les bases [lu

développement économique et Bocial. Cteat ainsi que le premier plan sénégalais

rr,-~_;:; l' a o:.c ent suit sur "1.es secteurs direetement produo tifs" soi t "aur la f 0 rr.a-

't~1_on des hommes et la recherche expérimentalell (1).

Cette orientation des premiers planificateurs répondait sans doute

à ':~':1 sa:..:.cl dt assurer un décollage économique rapide du pays, mais il l'es te

C\u l c11e s; :L~2crivait dans un contexte po11t1que, économique et s ooial qui

'R,e;?'.'c:'lait pour 11 essentiel, une politique héritée de la colonisatian, et qui .:.8

t.owt.") f>C'"da:r t FaS aw réalités d11 pays. Part- conséquent dans presque tous les

dŒ:2-lncm, les prévisions des pJ.anificateurs ne seront pas atteint à la fin ùu

En ce qui concerne le seoteur éducationnel par exemple, les orienta-

~. Cl~(r:; générales des dU'férents plans de développement économiques et aoolllux

G;!::-"10:;"~C:T~j :L3. pr-lorité à l'ense1gnement. Le premier plan (1961-1964) prévoyait

, c('r,:',2,.::·J.,sa17ton "de plus de 50 %des enfanta d'âge seolairetl et lien suivaYJ.t

.' 0 =-'3""'vbme ~.qU:.f_S pendant cette première période, il sera possible d'obtenir

.:>< t"L:clJ.e ln. r8ali-~é est en deça des prévisions initiales, puisque à la fin du

'~'~:J:..2 :,:_:.me pla'1, le taux descolarisation était ea timé à 35,2 %(3). Ce ohif'i're

r,,-,:'~~t:<,:C 8~:Ll en était besoin que l'enseignement et l'éducation en général tel

•••-- .-'.__.~----------------------------------

t-1} S1.NE.GAL.. Plan (1er). 1961-1964.- Premier plan quadriennal de développementr~ll~~iod~ 1961-1964.- Dakar, s.d••- p. 19

(~) ::'b::..d., pG 131 et 135

en S:::I1TEGAL. P:!.--9..n et Indu.strie(ministère).- Troisième plan quadriennal dedLvel0 pPp-J:l1ent économique et sooial 1969...1973.- Dakar, ministère du pla..'1. etde ~I mc1lt.3\;ne, 1969.- 346 p.

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q'ct'il a été conçu et appl1qué au lendemain de l.'1ndépendance étaient inadapté

à la réalité sociale du pS\Vs et Be pouva1t donc que débouoher sur des échecs

Dans le domaine éducationnel toujours, en dehors des efforts faits

pour généraliser llenseignement à tous les niveaux, la création de maisons de

jeunes et de centres culturels ~urent jusqufau troisième plan, les principaux

au-xiliairea soc1auxo-o()ulturels de l'éducation en général. C'est ainsi que le

troisième plan prévoyait un investiasement de 52 millions de t'ranoe CFA pour

~!éducation populaire et culturelle (maisons et ~oyers de jeunes, oentres

(',ultul'els) sur un total de 8.665 millions réservés à lléducation en général

c:e3t-à-d1re : enseignement, formation, oulture, sports, infonnat1ons (1).

Certes des bibliothèques furent souvent 1n.13tallées à l'intérieur Ll.e

ces centres de loisir, maie elles ne S€l.'Q11t généralement que des embryons dG

b1blLothèques non organisées scientifiquement et souvent dirigées par un per-

sonnei ignorant les techn14J,uea de gestion des bibliothèques les plus élémen-

ta~_res, cu par;:'ois m&ne par des bénévoles, leur fond étant conati tué la plupert

d~~ temps par des dons venus de Ilétranger.

Ainsi aucune politique ne présida au développementei: à II organisation

de la lecture publique au Sénégal au. lendemain de l'Indépendance. "Les autorites

,'oihégalaises avaient davantage .m:1s l 1accent sur le développement de l'éducation

(j~ l~o:rgan~ationdes bibliothèques à souffert de nfavoir pas été incluse dons

:!02 plan de développement de l'éducation au sein du plan national de dévelop-

pament s0ientitique, éoonomique et social" (2).

En réalité le rele de la bibliothèque oomme moyen d'éduoation n'a

jamaj..s été perçu par les pouvoirs publics. L'importance du livre, en tant que

;"e::. et hors du secteur soolaire, fut toujours ignoré au profit d tautres moyens

d éducation tels qUe le sport, le oinéma et l'infonnation, e,erviita:.qu11..À lui

TTJSENEGAL.Plan et Industrie(ministère).-Troisième plan quadriennal de dévelop...v~t é'XltlOlll,j.que et a()Q.":J.l"Mn,,...ne"rrlll~Stè:t'e-<hL_plan et de l'in­

il\b.~..~llt.)~~..... p. ~ et 262.

(2) BOUSSO (Aroado_u..--AJ.asaane)_ "Les bibliothèques au Sénégal l1 in Séminaire du-- l:1:vre-rs au 24 mare 1972_ supplément au nO 568 du Sole11.- p. 7

•••

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.2",";' total1Bait 276,6 mjJ]i ons de franos CFA d.a.na le troisième pJ.1m, se l'épar'-

".,i.ssant entre la télévision éducative, la presse, la photo, les 1n1'ormatiol1S

:::'égionales, les fi tuaios, le œ:tér1el t eahnique ete... et ,',C 52 millions pour

:'.- ! éducation populaire et culturelle (maisons et t'oyers de jeune - centres

,:ulturels)1I (1). Aux yeux du planif'ioateur, investir le développement de la

lecture nIa jamais été un investissement rentable, du moins à court terme.

D1 autres priorités s'imposaient dont les résultats étaient censés ~tre plus

tangibles économiquement tels que les industries eu le COImnerce.

Quant aux: bibliothèques les établissements d'enseignement secondaire

ou prima.1re, elle n'ont jamais été intégrées dans lléconamie m&1e de 11école,

elles S~ résumaient et Be résœent encore de nos jours, lorsqu1elles existent,

à de simples Itannoire$ à livres" dont la olef est le plus aoUV'ent détenue par le

o-.u.ve:Ula.nt ,général ou l'intendant de l'établissement soucieux avant tout de

les soustra.i:re aux dépmdataure que Bont les élèves. OI' "la bibl10thèque sc<:>ol.&i t"B

paT ses livres, ses :revues, ses activités d 1a:c.1mation, par les moyens audio­

Vi '3Uels , peut @tre l'instrument par axoel1en~a pour 11 éduaation de lladoles-

Le livre S901aire Mnstituera, d 1ailleurs dès apI'ès 1 1indépendanoe

,;:;''1e source de revenus 1mportante pour les éd!teurs français. LI enseignement

1~U.f ~14(,:.~ ,:10 fai.sant en fTançais et les etruetures éditol"iales n1existant pas',le Sénégal

:-:lIDlne 10. plupart ·des pays af.:t:1aains francophones, sera un grand importateur de

(I; ",A .,M.) (3), repréaentant les deux tiers d'a ma.;r.hé 1 ..e s ont dans 11 oIdre de

va.l.~1,.U;' pour 1964 1 la Oete d'Ivoue (18,3 %), le Sénégal (17,1 %), Madagasoar

(15,4 %) et le.lhmeroun (10 %). Les trois~ d'Afrique 1 Cete d.Ivoire,

Sénégal et Cameroun, re~sentent ensemble la. moitié du marché" (4).

Si en 1964 1e Sénégal a importé 625.725 livres scoJ..a1res pour une•••

4

(1; SENIDAL.. Plan et industrie (ministère).- Tl'QiSième plan quadriennal dedéveloppement économique et sooial,- p. 257, 260-261

(z) NDIAY.E (Théodore).- t1Misère des bibliothèques sénégalaises ou le paradoxede l'école sénégalaise" in BLIBAD : bulletin de liaison à l'intention desp.i?lint.héoaires z a.rchivis tes et documental1êtes af'ricains ",- n & 1, j a.nv.76 ,P.4

()·" ..:','_,f:;.l~~r..œ.ins et lJa~aohes 4

"~/,) In diffusion du livre fran 1 Marcomer, 1965.-Tome l : enqu tes auvrÈS des

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population Boolaire de 202.500 cUèves (étudiants non compris) soit une moyer,ne

de 3,9 livres par enfant scolarisé et se plaçant en t~te des E.A.M. (1), ceci

répondait à des besoins bien précis et s'inscrivait dans ce vaste effort de

soolarisation qUi a été l'une des préoccupations majeures des planifioateurs

sénégalais au lendemain de llindép\Ulclance.

Cependant oet effort n'a pas créé des habitudes de leotures chez les

nouveaux scolarisés. Après llir~dépendance, la poUtique éducationnelle du

Sénégal a été centrée sur l'alphabétisation au détriment des autres moyens

d 1éducnt1on. Le livre a donc toujours été oonsidéré dans une perspective

didactique, et les jeunes alphabétisés, ni avaient pas les moyens, hors du ctl'::'re

scolaire, de développer leurs connaissances. Faute d tune véri. table politique

sociale du livre, les bibliothèques publiques et soolaires firent cruelleID81'lt

défaut. Pourtant, sans atteindre tous les Sénégalais, puisqu'en 1963, 35,3 ;~ ~_f:,~

Sé:2égalais seulement étaient sool.arisés, le livre avait déjà un public qui Ee

situait entre 1l110.000 et 150.000 lecteurs potentiels et 16 000 à 23 000 ache-

teurs potentiels pour l'ensemble du pays, dont le tiers se trouvaient dans la

région du Cap-Vert" (2).

L1augmentation de la population dea ~teure poteutt.e1D est dl1c,rlo'JS

semble-t-il,à la conjonction de deu:a: facteurs, le développement de la scolari-

sntion et par contre ooup l'augmentation re18.tive certes, m.ai.s notable.,;cu

nombre de lettrés, ofest-à-dire d t i...'1.dividUS cap.:.'1.bles d l aCcomplir des aotes c'.e

lectura autonam., d'une part, et dfnutre part l'insertion progressive des

:uédia modernes dw..s llenv1xOlUlement du Sénégalais moyen qui. dans le cas du

Ison livre se traduisit par /lntroduation progressive dans les milieux

les plua divers. En 1964...1965 en dehors des librairies cJ.assiques, Pr1ntanin

disposait de 7 suocu:rsales possédant un rayon "librairie", dont 3 à Dakar et 1

•••

((1) :ra d.i.Mll<tdl! du livr. ~o. en· Urtque-No:u.;;,..:Paris llarcomor, 1965.­

fono'! ~tes auprès des éditeurs.- p. 24(2) le. diffusion du livre français an Af'rigue No1re.- Paris : Marcomer, 1965.­

T. II ; Analyses dooumentaires.- p. 82.

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dans ohaoune des villes sui.van:tes : Kaolack, Saint-Louis, Ziguinchor, Thi8S. ~----Il an est de m~e de la sooiété "chaine Avion" qui disposait de 60 points GO

vente de livres répartis sur tout le territaire ruitional (1) sans compter les

étalages des bouquinistes proposant à m0me le, rue, tout une gamme d'ouvrages

tlllant du livre de leoture élémentaire aux romans policiers. Pour les citadins,

le livre était devenu un objet courant, que l'on pouvait trouver aussi bien

dans las librairies que chez les .marchands de jOUIba:UX. Il faut cependant

préoiser que si le livre éta.,1t devenu plus access.ible, il n'atteignit pas

touteS les couohes sociales. stant un produit qui se vend, le nombre d 1aohe-

teurs potentiels était de loin ini'érieur à oelui des lecteurs potentiels. En

1960 sur l'ensemble de la popu.lStion capable de lire, seuls 14,6 %avaient

les moyens de s'acheter un livre pour des raisons éVidentes de pouvoir d'achc.t.

Ce besoin de lecture au niveau d'une oertaine t'range de la popuJ..ation sern

patiellement pris en charge, face à 11 inexistence d'infrastructures nationD.18s,

par certains pe.ys qui entretiennent des relations diplomatiques ou consu1Bi1"œ_

avec le Sénégal, en créant des établissements finanoés, organisés et contrôlés

par leurs gouvernements.

C' est ainsi que très t6t se créa, particullèrement à Daka.r, un résc:'-u

de bibliothèque dans le cndre des services culturels des ambassades installées

au Sénégal. la première a été ouverte er. 1954 pa.r le consulat des Etats-Unis

D'Amérique et, en 1962 la bibliothèque du centN culturel français devait,8110

aussi ouvrir ses portes.

Ces deux bi.bliothèques j les plus anciennes et les Iilieux structurée:z

en oe qui concerne lu leoture publique à Iakar ont précisément fait l'objet

de notre présente enqu@:te.

Elles furent et restent encore de nos jours les seuls établissements

qui g~ce aux moyens matériels et hunlains mis à leur disposition ont pu orga-

•••

(1) I.e. diffusion du livre .:çrançuis --en Afrique Noire.- Puria, I\brooner, 1965.­Tooe II. Analyses docunentaires.- p. 83

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C\1_se~ ~il1J,.ement un-système da leeture publique dM..s la région du Cap-Vert ett

~_rt1culier et dans les autres régions dlune manière/systèmatique. Elles ont

permis dlune certaine manière de pallier l'inexistenoe d1un réseau officiel dû

bibliothèques publiques au lendemain dG l'indépendance, mais leur action rest....

relativement l1mitée pour des raisons que nous verrons plus en ûétail dons le

dépouillement de 11enqu~te. En somme lice quî frappe C:,!? c'est à la fois

l'absence d'une politique d'ensemble ,t la situation privilégiée des intelleQ­

tuels ou des spéoialistes. Seuls les centres culturels, et pas tüujours avec 18

souci q1i.'ils méritent, ont fait quelque effort pour s'adresser à un large

publicl! (1). Du point de vue di l'histoire de la lecture au Sénégal, l'époque

post-coloniale nia pas apporté de changements notoires par rapport à la situcc­

tion antérieure. Le livre nia pas encore réellement pénétré dans tous les

oilleux. De m&1e que l'instruction, le livre ne concerne qutune minorité relO'­

treinte. la lecture publique n1est pas encore une réalité populaire au SénéC':":.!.

Si le liVTe en tant que média a vu son audience s'accroitre il le doit non ras

à U 1 (' ~olit1que nationale systèmatiquc de la lecture à tous les niveaux qui.

serait intégrée dnna le plan général de l'éducation, mais au développement dG

lt 8nsGignement, à la diversifioation des poi.n:ts de diffusion, le livre devQl12..1l.t

ainsi progressivement accessible è un plus grand nombre de lecteurs potentiels,

et enf'in aux irlitiatives de Cluelquea organ1smes privés qui depuis Dakar et L,

région du Cap-Vert tentent d'organiser un réseau de lecture publique au Séno5:ü ..

...

'J.:HOMAS (Loui..s...-Y-inoent).- I1Les fonctione eulturelles" :tu Dakar en dcvenir.-

l'""BS~Mr:l.c., 1968 p. 165.

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II! Les Bibliothèques de .Delœ.r

1) I.e région du Cap.Vert et Dakar

ra régicn du Cap-Vert, située dans la presq':lt!.le du m&1e nom 8St Ul".e

des huit régions adm1n:istratives du Sénégal. Elle constitue la pointe occidcn-

tale la plus avancée du continent a.fri.cain~ .celle à partir de laquelle la

~~vi1isation occidentale dès le XVè siècle pénétra, sur llactael territoiro du

S6négul par l'intermédiaire de la colonisation.

Ce ntest en t'ait qu'en 1857 que les Français S'installèrent sur CG

p:ro:n.ontoir rocheUlC qui. allait devenir la capitale du Sénégal au détr:iJnent de,

Gorée qui lui fut longtemps préférée. par les marins Hollandais, Français,

xor~U[;s'is et .Anglais à cause de sa bonne mde, llGood readn devenu Gorée, .. t (\,1

caractère fzci1ement défensif de son site.

L'histoire de la croissanoe de Dakar va de pair avec le dévelo~pt!:lG-~_'c

progressif de 11appareil politique et administratif de la colonisation. 189G,

OA~~ devient un point d'appui pour L..... marine française et voit son port pr8~lô.rl:

cle plus en plus d l importance. 1903, le siège du G"ouvernement (}énéral de 111..:Crique

o~~identale française est transférée de Gorée à Dakar, qui devient alors la

ç~pitale politique et économique de l'Afrique française dans cette partie du

continent. L'actuelle capitale du Sénégal voit converger vers elle h01IlL1es u"'.;

b~"ons, qui elle redistribue vers son i..ro.mence arrière pays. Capitale dl empire,

D~}rRr voit sa population augmenter S8_~S cesse, et clest ainsi que de 1921 ~

î961 sa population est passée de 32 500 à 374 000 habitants. Véritable "vill:3

c~nmpignonll selon l'expression de AssMe Seck. En 1957 le centre administmtif,

culturel, commercial et industriel de lfex A.O.F. devient ln. capitale du

Sénégal en supplantant Saint-Louis. "1..insi Dakar était devenu la t~te de t'ile t

Jn métropole incontestée, dont dépendait un ensemble régional beaucoup plus

veste que celui de Paris. Cette fonction de métropole qui siest affirmée dès le

construction du port de commerce, a précédé et conditionné à Dakn.r le dévolo:p-

pc.:nent de la ville" (1). • ••

(A) st.~(~.- De.kar.- in : Travaux du dépari;emeni;.cle~"\li!li" 9 ..éj.d. p. 12.- Université de w..kar 1 Facult6 des Lettres et Sciences Hu,.ra:_c;[:.

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19.t1on essentlll.ement oonstituée d'africains,

•••

Le arand-Dakar, au nord-ouest de la Médina, z6ne d'extension relati-

Le Plateau, centre de la. oapitaJ.e, des affaires, du commerce et de

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Le Grand-Dakar constituant la lmite ex:t~e de la ville, la banlieue

et de nombreux espa.ces insalubres est un véritable bidonville, où vit une popu-

déguerpir les indigènes du plateau à la. suite d'une épidémie en 1915. Relative-

de la presqu'lie. C'est un quartier typiquement européen. le Médina, créé pour

mont étendu, 08 quartier par l'absenoe d'infrastructures urbames, l'existence

11adm1.nistrat1on qui siest bl\tie autour du port et occupe toute la pointe sud

Entre ra Médina et Grand-Dakar, se trouvent les quartiers résidentiels

1 J;',]:Jorvés aux haute t'onctiormaires, diplOmates et ministres 1 Fann-Résidenoe, 18

1 Q·,.w..1."'tier de l'Université et le Point El

1

1

d~ltaro1ae est constituée nord-nard-est soit par d1anoiens villages traditiotlllels1

1 d,!Vonus des quartiers: Yoff, Ngor, Cambérène, Thiaroye, Mbao,soit par de nou-

1 vulles agglomérations, véritables bidonvilles, 1aaus des déguexpissemenÏl suc-

1 c!ssi:fs opérée dans la ville m&1e J P11d.ne, Guedie~e, Grand-Yoff, Khar-Yalln,

IG-:ra.nd-Médina. Il Tous ceS quartiers où alentassent des gens aux: revenus faibles

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Vérttab1.e pOle d'attmoti.on,la ville a-étend progressivement dan.s le

IYO::.~ :inexistants, essentiellement tournés vers Dalm.r. t'arment avec Rufisque et

1"'<-ugny-3::[agglomérati.on d.a.1œ.:r'ois e •

Du point de vue structl.U'ella eaP1tale ooncentre la quasi totalité de

IU ':3 :fonctions dans 1.e quartier du plateau, mise à part la zone industrielle ct1

Ile port.

1 ].ê.lS éqUipements oollectit's sont quasi 1ne:ld.stants. Le Grand-Dakar est le cas

1 ty;piqu8 Q'm1e o1té dortoir que ses bnbitants désertent chaque jour pour se

1 ~-endre lien tilleu•

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1 vement récente puisqu1en 1951 la ooromune de !ElJœ.r Bta~tait à la Médina. IE

1 Grand-\Dalœ.:r est constitué par divers quartiers, SICAP, H.L.M., Ouagou-Uiaye,

1 Derklé, Fann Rock, dont les fonctillnS sont essentiellement résidentielles et où

1 .':'ens sud-nord 'par la oréation de nouveaux quartiers.

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Lee fonotions éduoat1ves et cultuJ!'ellos de Dakar nous se:rvirons

/ln ville d'exemple pour illustrer la plaoe prééminente de lQ.»égt.on;:.t&Vpar :rapport au

reste du Sénégal. Quelques chiffres pourront mieux nous aider à si tuer l'impor­

tance de ce domaine d61113 oette partie du Sénégal. "Environ 30 %de la populatior:.

(23 %en 1960) vivent dans les zones urbaines dont les villes les plus impor--

tantes sont Dalœ.r t 570000 habitants••• le taux d l acoroissement démographique

(naturel et migratoire) de Dakar, qui groupe 14 %de la population est estimé

à6%"(1).

En oe qui conerns la struoture des ages, la population dakaroise est

relativement jeune, puisque 40 %de celle-ci a. moins de 15 %.

Sur le plan éduoationnel, De.kar et la région du Cap-Vert Bont le

centre nerreux du Sénégal. IlIe. région du Cap-Vert regroupe à elle seule plus du

tiers des olasses et élèves du Sénégal t 30 %pour les premiers ct 33 %pour les

secondes. Le nombre d'élèves par olasse y est plus élevé que dans les autrGs

régions et il y est m&1e plus important que la moyenne nationale" (2). Clest

ainsi qu'en 1970 1160,6 %des enfants de 6 à 14 ans allaient en classe dans JE.

région du cap-Vert pour tme moyenne nationale de 30,9 %(3).

Si depuis l'indépendance, des écoles, collèges et lJoées se sont ou-

verts dans d1autres régions 11 reste que Dakar est à Ilhel.U'e aotuelle le cGntre

intelleotuel et culturel du pays, par la richesse, comparntlvement au reste du

pays, de ses infrastructures tant du point de vue matériel qu1humain.

Malgré cela l 1augmentation de la population soolaire n'a pas développé,le gotlt de la leoture en milieu alphabétisé. Un sondage effectué parmi les

lycéeœ de Thùœ.r (4), montrent que chez les jeunes les loisirs à dominonte

"culturelletl oocupent une place restreinte. En effet, sur un éventail de lolsi:rs

•••

(1) SENEGAL. Plan et coopération (.min:istère)._ IVè plan de développement écono..­mique et social. 197.3-19'n.- Dakar : Nouvelles Editions Afr.Loaines, 1974.­p. 13.

(2) SENmAL. Finances et Affaires Eoonomiques (ministère). Statistique (direc­tion) .-Situation économîque du Sénégal.1971 ... Dakar 1 m.1nistère des finances~t des affaires ~conam1ques, 1972•• p. 12

(34

) ibid. p. 14( ) FL!S-ZONABEND (Françoise)._ HYcéens de Dakar.- ParislMaspero,1968.-p.84 ~t

113.

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qui leur était propOB~, seuls 9,7 %des sujets interrogés déclaraient pratiquer

la leoture comme loisir, et 3,5 %consacraient \IDe partie de leurs maigres res-

sources à l' aohat de livres. le leoture n'es t donc pas à prenière vue une occupa-

tian qUi tient beauooup de plaoe ohez les jeunes aénégaJ.a1.s. Ceci, pa.rce que

d ' me part le livre est encore resté éo.1nement scolaire et utilitaire et dlautre

part parce que les in:frastructurea doc'UD.lillta1res en généra.l nient pas suivi le

dévelop:pern.ent de la soolar1sation. S111 existe \ID réel besoin de lecture au niveau

de jeunes. c elui-ei n'a pas "besoin d t 8tre réveillé, LIais orienté" (1).

2) Le réseau dooU1l.enta1.re à fukar

En dehors de Saint-Louis, ex..capitale du Sénégal qui a eu quelques

b1bliothèf,lues durant la. 8oloniSation , oome celle de 11 ex-oentre IFAN, devenue

aujourd !hui l'unité de doementat1on du Oentre de Recherches et de Docw.entation

sur le Sénégal, rares sont les vU~es du Sénégal, à part Dakar, possédant aujourd 1

m.rl. une ou plus1eurs bibliothèques dignes de ce non ..

En 1973 il existait au Sénégal 124 organismes de dOCULlentation au sens

large du teme (b1bliothèllues, dépets d1archives et centres de docUI!lentation)

Cl est.à.-d1re des ~tabl1ssements publics ou privés plus ou LlO:ins autonomes et dont

le rOle est de mettre à la dispoe1tion dl un utilisateur dormé lIDe oertaine quan­

tité d'infOImat1ona sous fonne imprimée (ouvrages, péI'1od1ques) ou sous t'orue-

audio-Visuelle (disques, filma, microfiches, miorofilms etc.) et ce pour satisf'aire

soit un besoin de loisir soit ln néeesaité d'une information et dlune fo~t10n

personnelle.

Sur !las 124 établissevents, 13 sont situés hors de Dakar, principalement

à Saint.LoUis et à Thiès, 54 possèdent une bibliothèque plus ou moins organisée

et seulement 20 organismes déclarent se consacrer à la lecture publique, dont

17 à Dakar et seulement 3 à.anS les autres régions du Sénégal: centre social de

.....

•• • • • •

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MBour, foyer culturel de Podor, centre culturel africain de Thiès (1).

On poura.tj; croire, à la lecture de oes chiffres, que Dakar et la

région du Cap-Vert Bont bien dotées en bibliothèques de lecture publique, le

chiffre de 17 établlssements étant relativement important pour une ville du lB

dimension de Da,Jar, comparativement au nombre de personnes sachant lire et au.ss~

I p2U en regard des habitudes de lec~~Cependant il convient d'observer que sur c\..léveloppées

nombre moins de la moitiS peut se prévaloir de cette appelation, c'est-à-dire

d'établissements d'utilité publique dont la fonction principale est d'organis0r

un se:rvice de leoture en direotion du publlc, en mettant à SD. dispositien les

documents les plus divers 1 ouvrages, périodiques, brochures eto. Les biblio­

thèques daJœ.ro1ses répondant réellement à ce critère ne dépassent pas le nombh;

de 3. Il slagit de la bibliothèque du centre culturel français, de celle de

l'Allianoe française et de celle du centre culturel américain.

Pour les autres, elles ne sont la plupart du temps qu'une annexe è;;2S

centres sociaux eu culturels, ne bénéficiant pas de budget ni du personnel

requis, dans lesquelles on a dressé an général quelques rayonnages ou des ar-

moires et que l'on approvis1orme au rythme des dons provenant des servic~s cu]_·-

turelB de telle ou telle ambassade. Comparativement aux autres moyens dont

dispose le public dans le domaine des loisirs : cinémas, dancing, terrains de

sport etc•• , la bibliothèque en tant qui ina ti tution fait figure de parent pa"L..""Vr_~,

IILes services récréatifs publics déclarés sont peu nombre_ à Dakar J il n'y c..

qu'une trentaine d'établissements déclarés se partageant en 2 groupes: les

dancing d'une part, les cinémas dJautre part" (2).

Cependant alil n'existe qu'un nombre très restreint de bibliothèques

publiques off1.ciellea aoient1:f1quement organisées, on peut noter tout un résec.u

de "bibliothèques parallèles" qui se créent et 1'leur.l.ssent dans 1e cadre d'asso-

ciations de jeunes au niveau des quartiers. Faute de moyens financiers et hum,n.L s

ces embzyons de bibliothèques paNi.erment à Si o;qganiser tant bien que mal grâce

,.. .~

(1) ef. Z!D01Jl!MBA (Domin:i.que Hade) .-op. eit.

(2) Les grandes villes d'Afrique Noire: Dakar.- ::Paris: la documentation

française, 1968. 120 p., p. 81

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à 11 aide que leur apporte dans le domaine des acquisi tians les services culturols

des ambassades notaImnent l'ambassade de France, qui a mis au point un système (lu

valises de livres itinérantes qui desservent périodiquement ceS différentes

bibliothèques. Situées généràJ.ement dans les quartiers pér1phériques : Pl1dno,

Guediawaye, Grand-Yoff etc., elles sont tributaires du dyna.n1sme de quelques

individus qUi slint~ressent à la lecture et ne vivent qUe le temps ou existent

les struo"tures qui les ont BUSC!tées tels que les clubs, les amioales ou associo.­

tions de quartier.

Ce réseau " parallèle" démontre, s l 11 en était besoin, qu'il existe un

réel besoin de lecture en milieu populaire, mais qUe faute d lune poli tique générc.l<-_

et officielle en la matière on assiste à un développement éphémère et non planifié

de !tcentres" de leoture. Une réalité s'impose lorsque l'on s'interroge sur le

problème de la lecture au Sénégal. Les quelques oitadins alphabétisés et "les

élèves semblant avi.des diorganiser leurs loisirs selon un mode préois (associn­

tian) ou de diSposer de moyens de développement culturels (livres). Or, ni le

milieu familial ou soci.al, ni le lycée ne leur 'offrent un appui suffi.sant ou un

cadre approprié à leurs besoins ll (1).

Nous l'avons déjà dit précédenunent les bibliothèques soolaires nlont pCG

suivi. le développement de l'enseignement. A Da1œ.r, seuls les grands lycées (Val!.

Vollenhoven, Bla1se D1agne, Kennedy, Delafbsse) déclarent avoir une bibliothèqus

dont le .fond est relativement important, plus de :; 000 volum~s ~t possèdent uni..;

"salle de lecture" (2).

Cependant ces prétendues bibliothèques sont souvent _onfondues avec lu

local oô. Iton entrepose les ouvrages soolaires destinés à ~tre distribués aux

élèves durant llannée pour les besoins de llenseignemsnt et lorsqu1il existb

réellement un fond de lecture pour L~ détente, le loisir ou l'information per80:1-

neIle les premiers destï.nataJ.res ne sont pas toujours les élèves. A titre d'oxeripL j

•••

(1) FLI8-Z(l'IABEND (Françoise).- op. cit.- p. 128

(2) ZIDOUEMBA (Dom1nique lIado).- op. oit.

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le lycée John F. Kennedy possédaient en 1973 dans sa bibliothèque 3862 ouvmgGs

d1v8m, dont 2875 sont réservés ~ lIItO professeurs et 987 nux élèves(1),

Les bibliothèques nr~ant jamais été considérées comme étant l~s

auxiliaires indispensables de li enseignement, leur développement eu à en souf:f:i:'i.::"'

même après l'Indépendance. L1état des bibliothèques scolaires au Sénégal en Gst

tUl exemple éloquent. Dans la logique d'un système éducatif assez sélectif, 18

problème de la lecture est ?ite apparu comme étant 11 apanage dl une petite é11 te.;

et les pouvoirs publics face aux nombreux problèmes, au lendemain de l'indépvn­

dance, se sont attachés à maintenir et parfois à entretenir les infrastructures

léguées par le colonisateur, généralement des bibliothèques de reoherches, SŒlS

se préoccuper de oréer de nouvelles structures pour les masses qui aooèdaient

au savoir.

Cela explique que dans ce domaine l'on ait très peu évolué au Sénégs.l

depuis la oolonisation. Au niveau de Dakar ot du Cap-Vert, la région la plus

fnvor1sée dans oe domaine, au Sénégal, il n'y a pratiquement pas d'espoir de

vair la situation s'améliorer dans l'immédiat. ra lecture ne touche et ne tau"'"

ra qufune mino1'ité de lecteurs, parce cormne nous l'avons déjà dit

cette pénurie de lecture est une des conséquences du système éducatif, ellç­

m~me conséquence du fuit que les planificateurs n'ont pas enoore perçu l'impor­

tance du livre en généraJ. et des bibliothèques en particulier dans le secteur

de l'éducation. Un examen attentif" du IVè plan de développement économique et

social du Sénégal aotuellement en cours d'exécution est révélateur à cet égQrd~

Lorsque lion examine le IVè plan, une constatation saute aux youx.

Le chapitre 1nf'onnation ne oonoer.ne que la presse éorite et parlée. Ol~

actuellement llinformation ne ooncerne pas seulement les nouvelles transmises

par la radio, le8 journaux ou la télévision. Cette notion restrictive d'informa_

tion porte évidemment un coup sérieux à toutes les autres Bources auxquelles lèS

•••

(1) ZIDOUEMB! (DOm1r.ique Rado).- op. oit.

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gens pewrent avoir reoours pour acquérir !es oonnaissances, telles les bibliothè­

ques. Llenqu~te montrera à quel point le8 leoteurs dorment de l'importanoe à le

notion d1a.cqu:lsition de "culturelt dans les lectures qu'ils font tant il est vrai

que "l'hoJmD.€ cultivé est avant tout l.'hoome 1ntorm~, celui qui a pu et SU appre'l"""

qui a pu accumuler des oonnaissances aussi variées que possibles. Presse, radio,

télév1sion, bibliothèques, établ1Bsemsnts scolaires et univere1ta.1ree sont à oet

égard, les instrumente pr::l.vil~1és de la "culture" (1). Or, nous l'avons déjà vu,

1138 bibliothèques sont les parents pauvres de l'éduoa't1.on en général et les pers-

pect1ves au niveau du plan ne sont pas encoumgeantes.

Dana le seoteur de la culture, duquel dépendent les bibliothèques, 10s",­

projets d'investissement du IVè plan se repart1ssent de cette façon.

Culture - Projets d'inves*1ssements ds IVè plan en mlllers de F. CFA (2)

1- _. ,-

i Ordre de Intitulé des projets TotaJ. Observation et1 priorité IVè plan localisation•1i 1 Musée d'art négro africa1n, 1ère t:ranch 400 Dalœ.r/Comichl: Ot.:~,,-

1, -•i 2 Maison des archives et bibliothèque 580 Dalmr,•1 nationale11

Musées régionaux régiŒ1.8.-, 3 28 Capitales,, les,,4 Protections matérielles des sites 2

1 --[ 5 Restauration dea monuments historiques 131

-1 TOT AL 1 023

L1examen du tabJ.eau rü-deBsus montre qu' en matière d':l.nfrestructurea rien

n: eat prévu t'e":":" 1.D. leoture publique dans l'1mmédiat. Si la création de lE.

bibliothèque nationale est une néoesB1té pour tous les p~, en tant que oonser-

vato1re du patrimoine culturel national, 11 reste que ses objeotifs ne tendent...,

(1) THOMAS (Louis Vinoent).- "Les tIlonotions culturell.. et éducatives" in Dakar "'1dev.enir.- Paris 1 Présence Africaine, 1968.- p. 157.

(2) SllNEGAL.-IVè plan quadriennal de dévsloppement économque et social.1973-197' ­Daka.r, Abidjan, Nouvelles Editions Africa1nes,1974.

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pas toujours à une popularisatlon du phénomène de la leoture. Enoore considérées

dans les milieux fnmoophones oomme la bibliothèque d lune oertaine catégori8 d",

lettrés, les bibliothèques ~1onales, parfois par leur localisation et aouvent

par leurs attributions n'ont guère le temps d'organiser une politique de lectur\O

publique. D'ailJ.eurs en ce qui ooncerne cette future bibliothèque nationale séné­

galaise, le8 pJ..erl:f1cateurs ne lui attribuent que des tBch'iils 1i'iil'ihniques. liEn Gffet

celle-ci chargée d'établir la bibliographie nationale, (••• ) peut aussi faire

fonction de pivot de d'organe de planification pour las 'rllts mutuels et les

échanges de doouments à l'échelle natione.le ut internationale lJ (1).

Aucun plan précis dene quant à l'organisation de la lec~ populaire par

l'état sénégaJais, que ce soit danB le Cap-Vert ou dElIls les autres régions ùu

Sénégal.

Dans le domaine des activités de jeunesse et d'éduoation populaire des prévi-

sions permettant de promouvoir ln la lecture en milieu populaire n'appareissunt

pas d'une manière cla:tre. Le plan met l'accent sur la trans;-:'ormation des misor1s

de jeunes en un "ensemble polyvalent" (2) et les programm.es d l:1nvestissements SO:'1t

surtout axés sur la réalisation de oomplexes sportifs au nivQa.u de la capitale et

des régions.

Lfurgence dlune plan1fication à long terme d'un réseau structuré de bibliùthè-·

ques de lecture publique est donc évidente, tant il est vrai qu1une poli ti:.IU~ du

livre doit tendre à atte1ndre l'ensemble de la population suo~b" lire, non

seulement pour développer et entretenir le goUt de la ~Qture ohez ceux-ci, mf'J.s

encore pour permettre une plUS grande démooratisation d" la culture et du savoir

par l'accès au livre hors du cadre scolaire et en pennancnce. Une vraie politiqU8

du livre ne peut simplement concerner une minorité da leoteurs généralement 001:-

fin.ée dans les grandes villes et principalement :la capitale.

En attendant la réalisation :future des infra.6truC~8 nécessaires, la 18ctur"•••

(1) SENEGAL. Plan et coopération (ministère).- op. cit. p. 215

(2) ibid.- p. 217

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publique à Dakar est essentiellement assurée par trois établissements pazmi

d'autres 1 la bibliothèque du centre d'échanges oulturela~de l.a.ngue f:ronçai.s€, 13.

bibliothèque du oentre culturel américain et la bibliothèque du centre culturel

africalll.

Trois bibliothèques de Dakar

Situées toutes trois à ~ville, les bibliothèques des oentres culturels

af'ricnin, amérioain et français, sont les plus importantes et les plus ancienn8s

de ln. capitale s6négoJ,aiBe. Elles turent respecti'Vement oréées en 1968 pour cellE:

de centre culturel a:frtoain, en 1954 pour celle du centre culturel américain 8t ;on

1961 en ce qui conoerne la bibliothèque du oentre culturel ~:t..'. Leur aJ1c1ênll\O'--

té, les moyens mis à leur disposition, leurs fonds respectif's et leur emplacemœt

font que oe sont les bibliiithèques les plus connues et les plus fréquentées :par

les lecteurs dakaro1s.

I.e. biblicithèque du centre culturel africain sise sur l'avenue El Hadj MalicIr

Sy à la l1mite nord de ~ville, est essentiellement tournée vers la Médi.."'1.'\ ",t

les quartiers populaires de la capitale sénégalaise, Rebeusse, Crédit-i'oncier,

Gueule Tapée etc••• ra bibliothèque est installée dans une salle unique de 70

places, à 11 intérieur de laquelle se trouvent quelques rayonnages sur ·'1soquolD es"

disposé tout le fonds de la bibliothèque. Inutile de parler ici de fonctioilllel

.moore moins de oonfort 1 quelques chaises et des tables éparpillées çà et là

autour desquelles les lecteUI'S consultent des périodiques dont llactuallté est

souvent dépassée ou des broohures généreusement distribuées par les ambassades dG

la place et vantant les produita de la teclmologie soviétique, américaine ou frnxl.-

ça1se.

Ces trois bibliothèques ont pour caractère commun, de ne pas ~tre des orga­

nismes autonomes, mais un des mu!.tiples services des différents centres oulturel:" ,

dont elles dépendent. Cela ne va pas évidemm.ent sans inconvénients pour ell8s,

notamment dans le domaine des acquisitions et du budget de :tonotionnement, où 81:,,:3

sont tenues de suivre une politique qui ne vas pas toujours dans le sens des ir~-

térêts de!3 leoteurs et de la lecture en général. la bibliothèque du centre cultur'-,l_

ai"ricain dépend du ministère de la culture du Sénégal. Elle fait partie intégI"2J~t",...

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du centre oulturel. la bibliothèque américaine par 111ntermédia:i.re du centre

culturel américain dépend direotement de l'United State Information Agency à

Washington. Quant à la françai..se J elle dépend du département des services cultu-

rels du ministère :frança.is de ]a ooopération. la prise en charge de ces biblioth(,~.

qU8S par leUl"B gouvernements respectifs, m.algrè des avantages évidente, notamr::t8Tl-:;

du point de vue de llini'rastruoture pose néanmo1ns de sérieux problèmes. IJr>.ns

un cas, celui de la bibliothèque du oentre oulturel africain, faute dlune véri­

table politique oulturel1e du livre au Sénégal l'établissement vivote. Dans les

deux autres 11 y a certaine volonté de propagande culturelle en dépit des St:r-

vices rendus aux: lecteurs. Nous le verrons dw'lB le domaine de l'aoquisition des

ouvrages et périodiques. Le fonds de ces trois bibliothèques est respectivement

de 1900, 4 000 et :30 000 ouvrages pour Ifa1'ricaine, l'amérioaine et la français8~

Ce fonds étant constitué par ; des romans (3/4 des dîfférents t'onds), des OUVffig\o:8

documentaires, scolaires, littéraires, des biographies:, des périodiques et enfL;.

des albums, des bandes dessinées et des livres de contes pour enfants dans le

cas de la bibliothèque du centre oultuxel f'rançais qtti. est la sew.e à avoir mis

sur pied une section enfantine.

En ce qui oonoerne les aoquisitions, seule la bibliothèque du centre cultu-

rel français disposé dlun budget autonome réservé aux aoquisitions et au

catértel et équipement: en 1975 il D19~à 2 950 000 F CFA, dont 2 500 000 pour

les acquisitions. En ce qui concerne l'accroissement du fonds le responsable d",

la bibliothèque ut1~ les trad!tiormels oatalogues d' éditeurs pour le ohoix dee

ses ouvrages et tient compte dans la mesure du possible des suggestions da s~s

lecteurs, 11 a en tout CaB une certaine J.atitude dans ses acquis! tians , ce gm..

confère au fonds de la biblioi:hèque un caructère assez var1~.

Le problème est tout autre BU ce qui concerne les deux: au-tres institutionD.

~1S ce domaine les responsables ne bénéficient pas de budget propre, leurs

acquisitions sont pay~es sur le budget du centre. Ils ne jouissent pas non plus

de la liberté de choix. Dans le cas de la bibliothèque américaine, le responsuùlu

reçoit des listes d10uvrages de lIU.S. inf'onnation Agency, à partir desquelles

•••

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elle choisit les titres qui l'intéressent pour sa bibliothèque, à l'exclusion de

tout autre livre ou périodique. C'est a1ns1 qu'il n'y a à la bibliothèque du

centre culturel américain que des livres d'auteurs américains ou d'o'l.lVre.ges trai­

tant de l'Amérique. On en arriV\7) à la situation paradoxale d'une bibliothèque

dakaro1se, ni o;yant pas dans SeS fonds d'oeuvres dl auteurs africains qui ils soier. t

:f:rancophonee ou anglophones. Les traductions en langue française étant aussi des

traductions d~auteurs amérioains. Cette bibliothèque joue en vérité le r8le dru:

ce::.tre d'in:formatioh sur lee Etats_Unis d'Amérique. QuaJ!lt à la bibliothèque du

centre culturel afr.:l..oain, son budget est théoriquement inclus dans celui du c8:-,_tr

Cependnnt depuis 1974 il nry a pas eU d1acquisitions, la bibliothèque étant recl­

leffiûnt le purent pauvre du centre, presque exclusivement tourné vere les activités

théâtrales. Nf~t pas de vie propre, démuni de Ifessentiel eile vivote nu

rythme des dons qufelle reçoit de part et d'autre et qui pnrfois ne présentent

aucun intérltt réel pour les leote'lU"S qui fréquentent ses looamc. D'où une fuit8

de ceux-ci vers les autres bibliothèques mieux pourvues. Fuite d'autant plus

regrettable, que cette institution aurait pu €!tre un f'oyer de promotion du livre

en milieu réellement af'rioain dans ln mesure d'une part, où son public est

exclusivement a:fr.l.onin et qu'elle est, d'autre part, implantée en plein milieu

populaire.

D'ailleurs oes trois bibliothèques niant pas à prgprement parler dlnotiYit~s

dtnniJnation oulturelle oentré autour du livre. Le bibliothécaire du oentre culturd

africain avait organisé un club de lecture pour aider les lecteurs à s'intéres3ur

à la lecture. Il s'agissait de séanoes pendant lesquelles le bibliothécaire et

êes groupes de lecte'lU"S organisaient des leotures oollectives à haute voix, suivi,:·

d8 débats et de causeri'tJ autour d'un thème choisi et présenté par un lecteur.

Cette expérience intéressante à plus d'un titre, a beaucoup intéressé les lec­

teurs du centre, par son caraotère didaotique surtout, beaucoup de question Sill'

l'intelligence du texte et la. compréhen.sion des mots, selon le bibliothécaire du

centre qui avait Ifoooasion de dépasser ses fonctions teohniques peur devellir

éducateur. Oette expérience a maJ.heureuaem€!Ot dn ~tre 8:cr'@:tée par la direction .~x

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ctmtre, faute de moyens matér.1els.il

Quant.::u publio touohé par ceS bibliothèques, réside en général à &..kar et dans la

région du Cap-Vert. Seule la bibliothèque du centre oulturel français, par un

système dit de Itvalises-bibliothèques ll entretient un réseau de leoture public à

l'intérieur du Sénégal par 111ntennéd1aire d 1associations, de olubs, de fO:l'.;:rs

de jeunes et d1éooles qui ont inolus la lecture dans leurs aativités eociaJ.es e.t-

culturelles. Orest ainsi que ce réseau permet de toucher régulièrement 9000 100-

teurs bora du Cap-Vert par la rotation entre les différents adhérents de 50 livres

pour une période de 2 mois.

Ce circuit qui n'intéresse que le centre culturel :françoie et qui touche rlGS

lecteurs résidant pour la plupart hors de la. région du Cap-Vert, n1entre pas dlli1S

le cadre de la présente étude. Cependant 11 était intéressant dE. noter l'une des

principales aetivités de la bibliothèque du centre hors du Cap-Vert.

Avant d1étudier la population des tro1.B bibliothèques evrant participé à nr}tr""

enquête, il oonvient de préciser que les lecteuxa qui fréquentent ces biblioth8-

Clues et qui ont répondu à nos questions, se répartissent en deux catégories 1 los

udultes - adolescents et les enfants.

Nous avons, da.ru3 1'1nterprètatim des résultats de llenquête, maintenu cettü

distinction, Dlune part I6I"Ce qUe seule la. bibliothèque du oentre c\Ùturel frnn-

çais met à la dispositien des enfants fréquentant le centre, des lectures sous

fonne d10uvrages et d1illustrés pour une utilisation sur place ou à domicile, 8t

'lue d'autre partJ la seotion Ilent'ants tf est nettemec.t distincte de la sectiûll

"adultes-adolesoents ll et possède son propre :fonda, ses propres statistiques,

salle distincte et un membre du personnel de la bibliothèque attaohée à cette

section,

ra cr1tère de distinotion de oes deux: populations repose sur l'fige des

sujets. Jusqu1à 15 ans les leoteurs fréquentent la seotion "enfants" et au delà,

la section "adl.Ùtes-a.dolescents", Au moment de notre enqu~te le public qui t'ré-

quentait les trois bibliothèques se répart1esa.1t comme suit 1

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.. - -,

1

J31.bl.1othèque B1bl1othè;que Bibliothèque Total gênéml !i •oentre oulturel oentre oul- oentre oultu- •a.fr.l.oa1n turel amérl... rel françaiB •,

cain ~. ~ ., -..

Total/pourcentage % % % %

Inscrite 1800 928 16947 19675; --;i1

A:fi'icaina 1800 100 789 85,8 11675 68 14264 72,9

Europ~ens 139 14,2 5272 32 5411 27,1 1

1, Ù!ctaure riguliere 300 16 928 100 4000 23 5228 26,1:

Les oh1f1":r8s 1nd1qués sur oe tableau, sont ttWa deS statistiques éta­

blies par lee responsables des d1ff~rentes b1bl1othèques à pa.rt1r des fiohas

d'1nsor.1pt1.on et de prêts d, leoteurs des trois ~ta.bl:1Bsements. Nous avons

recue1ll1 ces oh1:f'fres à la fin de llenqu.'tte.

En oe qui oanceme les enfants, nous n'avons pas oru devoir établir un

tableau B1m1laire lhant donné qu'il n'aUX'B.1t conoemé que le oentre oulturel -" r,

f:rança1.s et n1aurait donc pas pemis de faire des oompamisons avec les autres

~tab11ssements pour en tirer des oa6Dlusiona 1ntéressantes. N4a::Jmo1na noua étu­

dierons le cas des enfants, avea oelui dae nadultee-adoles-oenta" dans le pa:mgrnph.

suivant.

4) Les lecteurs des :5 b1bl1oth~ques

Que oe soit dans ]a oatégorie des "_enta" ou des "adult.......aO:z..Sè'"

nous n'avons pas pu f'aute de statistiques tr~s préoises au n1'ftau des établl~

menia 1'eSpect1:ts, avoir plus de ohiures précis et déte.11l~ sur la nat1onal1'té

des divers leoteurs. Nous avons dono d~ nous oontenter dans lm prem1er temps pour

apprécier la population des lecteurs fréquentant les bibliothèques, de deux

rubriques assez gtmémles, en repart1ssant les leoteurs entre Af'r.1oains et Eur0­

péens. Cependant d'après les 1nfonnations reaueillles auprès des reeponsables des

Bibliothèques U reste que oh.ez les Atr.1oa.:t.ns, les SénégeJa.1s sont mador.l-œ1res

•••

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dans \Ule proportions allant de 7' %dnns les bibliothèques du oentre otîl1mJ:'tl.

français et smér:loain à 100 %à la bibliothèque du oentre oulturel africain. Chez

les Européens t les Français viennent en tfiHe avec tu1 taux de 65 à 70 %et ne

fréquentent presque exclusivement que la bibliothèque :f'r!m.ça.1ae et acoesso1remaD.t

la bibliothèque américaine. L'étude du dépouillement de Itenquf:)te noue apportera

des renseignements plus précis sur la nationalité des différents lecteurs.

le. bibliothèquE: du centre culturel français est la plus importante C:3S

trois établ.iasementa puisqu t elle regroupe à elle se\Ùe 86,2 %des lecteurs 11::.6­

crita t1adultes-adolescenta" et qu'elle est la seule comme nous Pavons déjà dit

à avoir une sectionlfenfant8....Ce1a est dn,nous semble-t-11,à l'importance et è. lu

variété de ses oollections, 30 000 volumes qUi constamment renouvelées perme~

IJJ..Y usagers d'avoir à leur disposition un fond de lecture relativement large. In

bibliothèque américaine est la moins fréquentée de toutes les trois moins de

1 000 lecteurs :1nacr:lts, pour l'la raison bien simple qu'étant easentillement axée

sur les Etats-Unis, les leoteurs nty trottV'ent que de la littérature angle-

saxonne ou t'Tança,1se d'origine anglo-saxonne. On constate d1ailleurs une fuite

des lecteurs vers ln bibliothèque du oentre culturel français notamment, lors­

qu'ils ve\.Ùent,par exemple, lire des ouvrages d l éoriva:i.ns a:frloaina. Ces deux

établissements sont fréquentés aussi bien par des Européens que par des Afric(Lins,

contrai:bement à la bibliothèque du oentre c\.Ùturel Africain qui nia que des

lecteurs africains 1800 inscr1ts, et essentiellement Sénégalais. Cela résulte

dlune part de son implantation en plein quartier populaire, peu fréquenté par les

Européens de la oapitale sénégalaise et dlautre part du fait que les Européens

préfèrent les services rendus par les bibliothèques étrangères, notamment la

française et llaméricaine.

Pour toutes ces "t:IrrJdShibliothèques, il Y a un écart très important ei'jtru

les lecteurs insorits, c'est-à-dire oeux qui, ayant des velleités de lecture,o~t

versé des droits d!:tnsoription et les lecteurs réguliers, à savoir ceux qui

empruntent des liV:l"ea périodiquement et qui lisent effectiVement. Seuls 26,1 ;le

des leoteurs régulièrement 1nscrits empruntent de6 livres dans ces trois biblio­

thèques. Â part la bibliothèque du oentre culturel amér:loa.1n où le nombre de

."

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lecteuxs réguliers oorrespond aux: norobres de leoteurs :inscrits. Situation tout :.'.

fait exoeptionnelle qui tranche aveo les pourcentages des usagers qui lisent

réellement da.na les deux autres bibliothèques, 16 %à Ja bibliothèque du centre

c\Ùturel africain et 23 %dans son hC!!lologue française, la faiblesse de la propor-·

tian des lecteurs réels par rapport aux lecteurs insorits est dn p plusieurs

facteurs qui seront IDis en en lum1ère dans le dépo\Ùl1ement de l l enquete et qJiÙ

tiennent essentiellement à l'éloignement des bibliothèques du lieu de résidence

de la majorité des lecteurs, d'où un SUl'Croit d'efforts que doivent déployer cer­

tains d'entre eux habitant la périphérie pour arriver au llvre, à llinsuf'fisai1ce

des habitudes de lecture surtout en milieu africain, à la plaoe reJativemEtlt

restreinte qu'oooupe la ~ecture dans les loisirs à Dakar, et aussi à certaines

interférences d'ordre psychologique ou humain qUi font que oerta1ns lecteurs

hésitent à fréquenter oertaines bibliothèques.

On peut atfinner que les bibliothèques qui font llobjat de la présont,.,;

étude Bont loin dl$tre "populairesll , dlune part, pour deux d'entre elles, à caus,,]

essentiellement de leur lieu d'implantation, le Plateau, et d'autre part faute

de moyens métériels les plus élémentaires, dans le cas de la bibliothèque du

centre culturel af'rieain, ce qui est un :fJ1e1n non seulement pour son déveloPPCID'2é"t

mais aussi pour une réelle pénétattion du livre en milieu afr.i.oain.

Or une bibliothèque ne saurait a::lmplement ~tre un dépot d'ouvrages, un

simple réaelYoir à livres, elle devrait avoir une t'onction plus dynamique. Elle

nia de sens et n'a.tteint Bea objeotif's que lorsque les lecteurs la .fréquentent

régulièrement et utilisent ses services. Elle peut et doit dépasser le cadre étroi.t

de la distribution du livre pour déboucher sur des actions de promotion culturelli:.:

par et travers le livre 1 conférences, clubs de leoture, alphabétiaation,et autres

activités cultuPelles.

Pour avoir une idée de ce que lisent précisément, les lecteurs réguliers.

nous avons choisi de voir à titre d'exemple, en attendant d'entrer dans le détail

de llenqu~te, la répartition des pr0ts consentis aux adultes à la bibliothèque du

oentre cuJ.turel ·"::"3nça1s, au 1er trimestre de 1973. Le travail d 10ù est tiré cattG

, .. . , 0J

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information slil nlest pas Noent, (1) permet de voir cependant dans quels domaines

les lecteurs, adultes, ohoisissent leur lecture. Notons que les ouvrages sont

répartis selon les olassee dé la olassif'ication déoimale universelle en usagt:! darlE

les bibliothèquee.

~ts oonsentis aux Adultes

1er trimestre 1973

Afr:l.oains Européens Tota.ux

Ouvrages généreux 2 1 3Phîlosophie 559 82 641

Religion 87 43 130

Sciences sooiales 692 124 816

langues 47 11 58Sciences pures 160 89 249Soiences appliquées 174 84 258Beaux-Arts ; Sporte 113 93 206

Littérature 886 472 1358Littéra:ture africaine 1028 121 1149Histoire-géographie 838 1005 1843Romans 2833 7875 10708Biographie 95 217 312Colleotions 62 28 90

7576 10245 17821

Ce tableau appelle quelques remarques intéressantes. En premier lieu,

08 qui frappe d1emblée, o'est llimportanoe du ohoix porté sur les romans dans

l'ensemble de la littérature proposée des usagers de la bibliothèque. 60,2 %des

•••

(1) llAVDlSOlI (Délix)._ BaPport de stM_ à la bibliothèque du oentre dl éobanges

culturels de langue française._ Dakar, EBAD, 1973.- 1néd.- 23 p.

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-42-•

18cteurs qu'ils Boient Africains ou Européens ont emprunté des ranans, contre

14,9 %des ouvrages de littérature générale, que ce Boit des classiques africains

ou européens. Toujours en 013 qui concerne les ouvrages de 11ttérature, on peut

noter que la littérature africaine tient relativement peu de place dans le choix

des lecteurs africains 13,4 %des choix et est insignifiante chez les Europé~~,

moins de 2 %des choix de lecture.

Dés:l.ntér0t, ignorance, où dédain envers lUte llttérature trop 'eune

historiquement et qUi n'a pas acquis see "lettres de noblesse ll, la littéra.ture:

africaine, à quelques auteurs près comme, Sembène, Senghor, Césaire, Eirago Diop,

Cheick Amidou Kane, pour ne citer que les plus connus sou:ffre incontestablem8nt

de ]a concurrenoe de la littérature classique européenne, qui a été pour plUSii.Ou:;,'

générations d'africains et le reste encore partiellement de nos jours, l'unique

source d'accès à la littémture.

longtemps eI1f'ermée dans lE-s cerclee ét»o1ts dtune minorité d ' 1ntc.ù18c-

tuels afr:i.ca1nB expatriés ou d'africanistes européens, la littérature africeil'-0

ne fut vulgarisée que vers les années 70 grltce à la conjonction de deux év~nesent.~

Le premier relève de lléd1tion. Qlest en effet à pertir de 1968 que Présence

Af'r1caine prinoipal éditeur des écrivains africains francophones, crée une 001-

leotion de livres de poche où ont paru la plupart des écrivains africains, ce qu:

pennis de vulgariser toute une série d'auteurs qui étaient lldevenus classiques,

sana avoir été lue" (1). Le deuxième évènement, l'introduction progressive d1au-

teurs africains dans les programmes scolaires en Afrique, a permis aux élèves i:Ot

aux étudiants de se familiariser et. Bouvent de découvrir une littérature longta-.jJ2

réservée à une petite élite d'initiés. Ainsi que noua le verrons d'ailleurs dm1s

le dépouillement de 1'enqu'lhe, ceux qui fréqmmtent le plus les bibliothèques sun-t

les étudiants et les élèves. Cet état de fait se reflète évidemment d~JS les

choix des lectures des intéressés.

(1) HAUSSER (M.)._ L'enseignement de la littérature négro-africaine de languefrançaise en Afr1.QUfl.- in 1 .les littératures d'expression française : Négritt'.-~.

africaine et négritude caxaIbe.- Paris: oentre d'études francophones, 1973.-158 p. <>

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-43-

C'est ainsi que, toujours en ce qui concerne le tableau précédent, les

ouvrages didaotiques r philosophie, sociologie, aciences pures et appliquées,

histoire et géographie··ret1ennent près de ]a moitié des choix des lecteurs

africains, 46 %contre 37,3 %pour les romans, contrairement aux Européens qui

n'empruntent pratiquement que de la littérature d'imagination; 76,8 %pour les

romans et moins de 10 %pour les ouvrages didactiques.

L1intérat des lecteurs africains en général pour des ouvrages qui relè­

vent surtout de 11 enseignement et des programmes scolaires plut8t que de la

fiction, tels que les romans qu'ils Boient policiers ou non, utilisés dar~ une

perspective de détente et de loisir, est manifesté. Cet intér@t est fonction des

préoccupations profess101rnelles et didactiques des lecteurs et relègue au second

plan toute utilisation du livre non fonctionnelle. Celui-ci semble être consiûéré

avant tout comme un outil de travail.

Comme noua ]}avons dit, la plupart des lecteurs sont des élèves, des

étudiants ou des professeurs t ils ont donc tendance à axer leurs lectures sur " _""

ouvragea qui peuvent leur permettre d'augmenter leur capital de connaissances

théoriques et p:mtiques. Le livre n'est pas encore considéré, par beaucoup de

lecteurs africains, comme un moyen de détente et d'évasion, dont l'utilisation

serait purement gratui te. Par voie de conséquence, pratiquer l'acte de lecture,

c'est avoir un moyen d1accèder à la "culture l! et au savair. Par delà, son rBL,

principal qui est de véhiculer la pensée d'autrui, le livre devient dès lors

pour ses utilisateurs un moyen de promotion sociale et culturelle.Ceci se retrouvu

bien sOr chez tous les leoteurs interrogés, mais plus partioulièrement chez l'-.os

l!énégalaiB, pnur qui la lecture est avant tout 1nformation et les bibliothèqu<.os

des lieux de formation qui prolongent l'école. Ce qui ~l1que combien l'asDect

utilitaire et pratique du livre est prirooXÙial à leur niveau. D'où la relativù

importan$e des ouvrages didactiques, et des. documentaires dans le fonds des trois

bibliothèques où siest déroulée notre enquête. Dans l'étude du dépouill~~nt ddS

réponses des lecteurs, GC,t.-oopcqt pédagogique des servioes de lB. bibliothèque

...

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appara1tre nettement, celle-ci n1est plus considérée DanIDe un teo.ple- polm oiDito,

.Qais se Ditue bien dans ~e prolongementd.t. \,I.t.o\~

L'enqu~te dont les résul-tats ont fait l'objet de la présente étude, a

pennis de mettre en exergue, à travers les trois plus importantes bibliothèques

Je Dakar, le rele inportant que ces dernières eurent à jouer dans le processus

de l'éduoation en général et dans ln fonnat1on persormelle des individus, OUÜ::

aussi d'appréhender les attitudes ot l.es réactions des leo~Jqu'ils soient

Afrioains ou Européens, face au livre et par delà ce demier, l'influence qu'il

peut avoir sur leur v:Lsion de la société.tant il est vraillqu'il est donc de ltl.

plus haute importance de définir à chaque étape de l'évolution d'une société,

le rele que jouent certains instruments par lesquels cette société se transforme

et sans nulle doute faudra-t-il priviJ.égier ceux qu1. sont directement liés ù la

ooou::nm1oat1on, à la transmission et à la diffUsion, car c'est par eux que pro....

gresse toute société" (1). Nous ajouterons que c'est par eux aussi que peut

regresser toute société, tant 11 est vrai qUe les moyens de communication

sooiale, communément appelés médias, sont de puissants vecteurs d'idées, d'idéo_

logies, de comportements, de références et ~u'une société ou une nation qui ne

ma!:trise pas ou ne contrale pas ses propres circuits de d1str:lbution dl infoma-

tian oourt à long teme, un danger sérieux, de se trolNer en état de dépendance

vis-à-vis de peuples ou de systèmes oulturelkl mieux: pourvus en la matière et de

déboucher a1nsi sur une situation d1aliénation culturelle, économique et sooiale.

(1) NDIAYE (Théodore).- op. oit. p. 3

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ENQTJE:rE SUR IA LEXJTURE PUBLIQUE A DAKAR

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-45-

CllAl'ITRE II - IA LECTURE PUBLIQUE A llAKAR

r) L'enqu3te et Bes résultats

A) Le questionnaire

Ce fut le moyen par lequel nous avons pu inteIToger 1e3 lecteurs des

trois bibliothèques dans lesquelles s'est déroulée l'enqu'ète, la mise au point

du questionnaire a été réalisée à partir d'une série de questions élaborées par

le personnel de ;ta bibliothèque du centre d'Echanges Culturels de langue ];'ran­

çaise, pour effectuer un sondage à usage interne. Nous y avons apporté quelques

amendcmentf!l, soit pour parfaire la fo:rmula.t1on d'une question soit éliminer 0"..., ~'.

Ica qui qui nous ~emblait mutile ou en tout ca&!manqua1t de pertinBnce du point de vue

des réponses que lion souha11r.it obtenir.

Le questionnaire, oomporte premièrement des questions de type n:fermé!!,

portant sur la typologie des lecteurs : -âge, sexe, lieu de résidence, national!t8,

profession, temps de déplacement entre le domicile et la bibliothèque fréqu~htée,

rythme de fréquentation. Les réponses obtenues à ces questions nous ont penrds

d'lavoir 'lm profil assez précis des lecteurs des trois bibliothèques.

Deuxièmement, une série de questions de type "olWen", ayant trai t

au go-ù.t des lecteUI'S en matière de lecture, à la place de la leoture dans leurs

loisirs, à leur oonception du livre, à la finalité des actes de lectures qui ils

accomplissent, à l'importance qu'ils accordent au livre parmi les a~res moye~s

d'information. En d'autre terme cette seoonde série de questions tentaient

d'engager la personnalité m~e du lecteur dans sea rapports avev le livre •

.En schématisant on peut résumer ainsi l'objectif qti a guidé la Elise

au point de ce questionnaire. Il slagissait plus précisément de mettre en évid,L,CU

les rapporte des lecteurs avec la bibliothèque en tant qu'institution dlune part

et d'autre part de relever les diverses attitudes de ceux-ci faoe au documents

imprimés mis à leur disposition, essentiellement les livres et les périodiques.

Il conVient de préeiser e:niï.n que 11 enqu~te st est déroulée dans les

bibliothèques, elle ne concerne de ce fait que des lecteurs réels.

•••

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-46-

En outre on nID. pas choisi une population bien préoise de leoteurs en

so fondant par exemple sur des ori tèrbs discriminatoires te\ que l'hge, 10 88::\:<,

ou la race. L'Gl1qu~te a été proposée à tous les leoteurs,qui pendant le mOB811t

oû. elle a eu lieu, quinze jours, sont venus dans l'une des bibliothèques pOUT illld

raison ou pour lW.e autre. Ceci a pennis de d1munuer les risques d'avoir plll.si0Urf:;

réponses par personne, et nous avons profiter d'un la.ps· de temps pendant 10qu01

llols lecteurs venaient rendre ou emprunter des oU'VI'ages, le durée du pr~t étroit d."

quinze jours dm1.s toutes les trois bibliothèques où s' t:st :léroulée 1 f enqu~t0.

Au niveau de l'enqu~te ell",-mbe oependant noua avoru3 introduit WlG

distindltion entre adultes et enfants. Alors que les questions de type femé Olit

été proposées aussi bien aux adultes qu'aux enfants, le questionnaire de t,E},o;

ouvert nia ~té distribué qui aux aduJ.teS. Ceci pour une raison qid 'semblait Si iQ­

poser d'elle-m@me, puisqu'il slagissait dans oe cas, dfaborder des problèlli08 Q'~

di:;imandait de la part de l' enqu~t6 des prises de positions et éventuellement C!.(;S

avis personnel sur le livre et la l.Jcture.

B) Le Publio

Le dépouillement a révélé que 1756 lecteurs ont participé à ll0n~utt0

et ceci poUX' l'ensemble des trois bibliothèques dont 1122 a.dultes et 634 el:cen~'~tS.

Cependant après étude du dépouillement nous nous sommes rendu compt",

que trois groupes, du point de vue de la nationalité des individus avaient pree ti­

cipé mass1vem~t à llenqu0te, il s'agit par ordre d ' importance t des Sénégn13is,

des Français et des Mbanais, suivi dG très loin par les Guinéens, l",s IY1aliens 1

les Marocains et Portugais, au sens où on l'entend à Dakar, c'est à dire les 'p0r­

sonnes lusophones d f or1gine cap-verdienne ou guinéenne (Bissau), l;lnt'in d'un

ensemble assez hétérogène de leoteurs de diverses nationaJ.ités, 20 exacteme..'lt,

dont le pourcentage par rapport au nombre total de lecteurs ayant répondu f'.UX

questions s'élève à 1,1 %et dont la répartition entre adulteS et en:fants nu ::'tit,c;

paraissait pas signifioative. Il en est de m&1e du deuxième groupe de l<J.cteurs

qui ne représente que 3 %du total des leoteurs.

/f'.vec Pour t:raV'ailler/un corpus assez homogène. dans les deux catégori8s,

•••

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adultes et entants, et USem intéressant quant1ta:t1vement, nous avons ohoisi de

fonder oette étude sur les réponses fournies par les Smégalaia, les Français. ct 2.(;,_

Libanais, Notons que oe8 trou groupes soo:t .. '''éga1 et dans l'ordre les

communautés les plus importantes.

Ceoi ~~e donc le nombre de lecte~ayant partioipé à l'enquete à

1649 personnes Ele rt:Spariasant ainei ,1 1031 ndultes et 618 eni'ants.

Tableau nO 1 f Répart1t1on des leoteurs par nationalité

NATIONALITE A.lJUIœES ENFANTS TeY.eAL Gl!NEPAL-

Nombre % Nombre % Nombre %I-i SENEGAUIS 763 74 483 78,9 1 246 75,3

Î---;~~~;------ ---- --- ------ --- ----20~;-T254 24,6 80 12,6 334

.~-------- ---- . , -1----- -- ---~----r,i LIBANAIS 14 1,4 55 8,5 69

~~:'~-----~"--------- --~---- ------- ----..r-------TOTAL GENJiEAL 1 031 100 618 100 1 649

_.. -" 1

D'une .mœ:dère géné:œJ.e, les Sénégalais Bont donc les plus nombreux:

aussi bien ohez les adultes que ohez les enfants .. COImnB nous l'avons vu dans le

cho.p::tre précédent, les Afr1ca:i.ns étrult les lecteurs qui fréquentent le plus ces

trois b1bl1othèques, il est nonnal qu1ils soient les plus nombreux à participer

à une enqu3te de oe genre, en vertu de la loi du grand nombre. Les Libanais pœ

contre sont nettement les moins nombreux, 1,4 %chez les adultes et 8,5 %chez

les enfanta.

Il serait faux à partir des cb:1.f:f'rea ci...deasUB dl en conolure par exemple

que lee lién~alais fréquentent .massivement les bibliothèques, les Français moyen­

nement et les Id..bana:1s presque pas. L'étude plus approfondie des réponses fournies

par les intéressés pennettra seulement d l interprèter 0&6 ch1f:t'rea. En ce 'lui

conoerne le saxe des leoteurs ayant partioipé à l' enquCte 76 %chez les adultes

et 57 %ohez les enfants sont de sexe masClÜ.in contre 24 %et 43 %pour le sexe

féminin.

• ••

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1 - ENFANTS

Notons tout d'abord qu'en ce qui concerne les réponses obtenues, le

pourcentage de ceux qui n'ont pas répondu est très faible, plus de 89 %des

enf'ants ont répondu à toutes les questions, et les autres ont dormé des réponses

incomplètes ou n'ont pas du tout répondu à certa1nes questions qui leur étaient

posées.

L'Age étant le oritère pour distinguer les adultes des enfants ,nous

avons respeoté la division en vigueur dans les bibliothèques, à savoir que jus­

qu'à: ,15 ans, les leoteurs fréquentent la seotion des enfante et au delà, celle

des adultes. En oe qui oonceme l'ftge des enfants, ayant part101pé à l'enquthe,

nous avons la répartitlon Suivante.

Tableau nO 2 - Répartition des Ages

-

- 12 - 12 - 15 ans

SENmAIAIS 98 20 % 308 63,4 ,fi

"-------- ----------------------- f-------- -- ---------1~ FRANCAIS 79 -99,~_~--t, ---------- ----1---------------------------------- -------,

100 %, LIBANAIS 551,

On constate finalement que la major1.té des enfants qui ont répondu sont

des adolesoents ayant entre 12 et 15 ans et que les plus Seunes, moins de 12 ans

sont tous de nationalité sénégalaise. Si lt on considère qUe tous ont déclaré ~tre

des élèves, on peut a1'1'1nner que, la plupart des leoteurs ont d6passé le stade

de llécole pr1ma.1re et sont dono des élèves des lyoées et oollèges. Seuls 20 %

sont encore dans le oyo~e primaire et peu1i-~tre à lréoo~e maternelle. Cela pe:rmet

de situer à peu près leur besoin en leoture.

A oe titre llétude des motivations des enfants est intéressante à maints

égards. A la question: "pourquoi ~teB-VOUS venu à la bibliothèque'" un oUvage

très net s'instaure entre Français d1une IJ3.rt et Sénégala1s et Id.ba.nais d'autre

part. Lee premiers just1.1'1ent leur fréquentation par lihab1tude de lecture aoqlÙse...

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relativement tltt, ou par la O'ontrainte ou l'1nfluence des parents qui les obligent

à lire, mais rares sont ceux qui évoquent des néoessités d'ordre soolaire. Voici

quelques réponses sgnificatives J

- "ma mère mly a insori.t" (Français 12 ans)

_limes parents m'obligent" (França1ae 11 ans)

_ "papa. Oannait quelqu1un qui lui en a parléll(Françaia 12 ans)

- Ilhabitude prise depuis longtempsl1 (Français 12 anal

_"je oonnaissais déjà le oentre ouJ.tu.rel .frança1.a au Camerounll (Fronçc.2.,3

13 ans)

- I1j 1aime lire, je voulais lirell

_"je sais qu'il y avait une bibliothèque et j'en oherchais une" (Frmlç2.i­se 12 ans).

Chez les jeunes Français, llintluence des parents semble assez forte

pour oréer chez l'enfant une oertaine habime. Les bibliothèques sont donc fré-

quentées dès le plus jeune Age, et leur fréquentation peut se faire parfois

pa:mllèlement â dfautres occupations soit de loisir I1je .sore du cinéma" (FraJ.1­

çaise 13 ans) soit studieuses. L'utilisation des servioes des bibliothèques ne ae

sitUe dono p)S en marge des activités habitueJJ.esdes enfants et le livre existe

pour eux aussi bien dans le cadre scolaire que hors de l'éoole. Cependant I t l1:-:.l:i-

tude et le g~t de la lecture acquis, nlé1im1n~pas complètement !laspeot didacti­

que et documentaire dans les lectures des jeunes Français m8me slil ne llexpDJn8

pas dlune manière explicite.

"je suis :faible en français" (Libanais 11 ans)

"la. lecture développe mon vooabulaire" (Sénégalais 15 ans)

"je veux: mieux oonnattre mon français ll (Sénégalais 13 ans)

"j'ai voulu approi'ond:tr mon esprit" (Sénégalais 15 ana).

Parfois aussi il y a un certain mimétisme où la joie et la satisfaot1o~

de se retrouver dans une bibliothèque, où le livre est vu hors du cadre contrni-

gnant de llécole.

lion m1a raoonté beaucoup d1histoire intéressantes ici" (Sénégalais 15 e:'

"j'ai grand plaisir à venir" (Sénégalais 14 ans) ...

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lobez

i

Yrésultc

1

i

-50-

11 j •avais vu que mon frère prenait des 11vres intéressants Il (Sénégalais

15 ans)

"je eu;ls très content de venir" (Sénégalais 12 ans).

Cependant jamaia à cause des parents (un seul cas rencontré) le rele

des parents et de la famille dans la lecture chez les jeunes est donc quasi

inexistant. Cela. peut a J exp11quer par le fait que les adultes Sénégalais sfadon-

nent trèa peu à la leoture par simple gant, nous le verrons plus loin, et par

conséquent 1noitent très peu leurs enfanta à lire ho:rs du cadre soolaire. On lit

diabord et avant tout pour s' irul truire. Habituellement les parents Bchètent des

livres neufs ou d1occasions lors des rentrties acolaires, 1 1en:fant possède alors

ses propres livres, ceux dont il aurD. besoin à l'éoole. Le livre en somme suit

le cyo1e scolaire. Jamais ou rarement des achats pour une bibliothèque persoJJ11IJ11e

qui sortiraient de la liste au programme. DI OÙ la 1Jemi::w.c~ / certains jeunes

considérer ]a bibliothèque oomme un monde du livre eans contraintes. Les causes

qui motivent les déplaoements dans les bibliothèques sont de trois ordres 1 la

leoture ... de livres sur place, la lecture des journaux et eni'in llempnmt.

Alors qUe Français et Id.bana1a ne lisent pra tiquem.ent pas sur pluc 8 ,

4 %pour les premiers et gfo pour les seoonds, que ce soi.t pour les livres ou les

journaux, une forte proportion de jeunes Sénégalais, 52,1 %déclarent venir à 18­

bibliothèque pour lire des livres sur place, 35,9 %Be dép1aoent à la bibliothôque

pour enprunter et 6,1 %pour lire des jounmux et éventuellement emprunter des

livres. Cette d1fi'érenoe de comportement entre jeune Français et Idbanai.s d'une

part et Sénégalais d'autre part/du fait que ces jeunes ne vivent pas dans des

contextes sociaux et familiaux indentiques. L1étude des lieux de résidence noue

le montrera plus loin.

Cependant nous avons déjà dit que le milieu familial européen, favori­

sait l'usage du livre par divers moyens : incitation des ent'ants à la lecture,

bibliothèques personnelles, achats de liVl'esnon scola1.res, don de livres en guise

de cadeau à l'oooasion de oertains évènements. Tout cela conoourt à placer le

livre dans l'environnement quotidien du jelCle Français.

• lOlO

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dans cc

-51-

On peut ajouter à cela les canditians de vie 1 noyau familial rédul.. t

aux parents et aux en1'ants en généml peu nc:mbreux, niveau de vie dépassant

pour beaucoup le minimun vital, 06 qui pemet donc de bénéficier de conditians

matérielles de Vie satisfaisante,,qUi peuvent favoriser la leoture à donUcile.

Pour les jeunes Sénégalais issus en général des couches moyennes de la populntio:r~1

le décor si l'on peut s'expr1mer ainsi est tout autre. l'lIJ'El.'''~énéralement

qui l'est convenu d1appeler la fa.m:i.lle étendue,dana conditions matérielles

qui ne pennettent à l'entant ni d1imaginer que le livre puisse ~tre quelque chos~,

pouvant faire l'objet dtétre:rmes, si tant est que celles-ci existent en milieu

africain, ni de lUi donner l'oooasion de pouvoir s'isoler po1%[' lire, car la

lecture néoessite parfois un oertain isolement, une certaine oonoentration.

le bibliothèque devient donc l' endroit i'déal pour ceux dœt les corLti-

tians familiales ne per.m.ettent pas l'utilisation du livre à la maison. On va à le_

bibliothèque pe.roe que c'est calme et que l'on peut y lire sans ~tre déI'8.!1bé, e--:;

en plus on y est à 1.'aise dans 1.es locaux modemes spécialement aménagés à cet

e:ffet. Psychologiquement, 1'errv1ronnement matériel et familial pousse les jeill~es

S~négala1s à oonsid~rer la. bibliothèque comme une sorte de re.fuge où ils peUV8l1t

satisfaire librement leur besoin de lecture, et par.faire leure oonnaissances

soolaires.

C'est ainsi qu1à la question : ll~tes-vous venu à la. bibliothèque, spé­

cialement? en rentrant de lléoole ? ou en vous promenant ?", 31,3 %des Sén.égn­

lais déclarent aller à ]a bibliothèque en rentrant de l'école contre 8 %chez 1<...>,8

Français et 4 %chez les Libanais. 23,,2 %des Sénégala1s se déplacent spéoialetlcll-;

pour se rendre à la bibliothèque, pour 56,2 %et 12 %respectivement pour les

Français et les Libanais. Ceci oonfirme encore qUe la bibliothèque est pour les

Sénégalais le prolongement de llécole, que le cadre familial et scolaire !l'est

pas toujours propices aux activités studieuses et personnelles, tlontrairen18nt au:::

jeunes tranQa-is et dans une moi.ndre mesure, les jeunes Libanais qui n1éprouvent

pas le besoin de passer par 1.a bibliothèque en quittant II éoole.

...

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-52-

Le lieu de résidence des intéressés Si étend sur toute 11 étendue de la

région du Cap-Vert et se répartit selon le tableau ci-après 1

Tableau n O 3 1 En:tants-lleu de résidenoe

Plateau + Médina Sicap,Grand Yo:f:f,Oua- P:iJd.ne, Thia~'

Quartiers Da.lœ.r-Gorée lœ.m, Patte roye, Guedia-résidentiels d'Oie, wnye,

Gmnd Yof:t' MbaoNgor Rufisqu

SENIDAWS 43,2 % 18,3 % 20,4 % 4,2 % 10,1 ~----...._---.....- ----------- -.....- .....--.~ ---......-----_...... ------- -------_.

FRANCAIS 86,2 % 8,6 %-----~ ......-~,-. ---- --- ------_..... -- ----------

LIBANAIS 89,5 % 5,2 % 3,3 %-...... -

En oanplément de oe tableau montrant les distances que doivent parcovlli':i.r

les lecteurs pour atteindre le livre, voici selon les réponses de ceux-ci le

tempe qu'ils mettent pour aller de leurs lieux de résidenoe à la. bibliothèque. A

la question lIpour venir à la bibliothèque voua avez m1B 1 un quart d' heure ? une

1.'!';!!tt6-heure ? une heure ou plus? voici les ~pa.rtitions des réponses.

Tableau nO 4 1 Er1f'ants - Temps de déplacement

1/4 heure 1/2 heure 1 heure ou plus

SENEULAlS 39,4 % 24,3 % 22,2 %----- _. -- 1.........- -.....- ......_---- .-...._.. .. . -

FRANCAIS 90 % 7,4 %-----~- -- _-......_-....

~-------- --~-

LIBANAIS 41,4 % 23,3 % 7,1 %

L'étude de oes deux tableaux montre tout d1abord que les ~énéga1ais qui

fréquentent les bibliothèques vieIlllent de tous les quartiers du Cap-Vert 1 du

plateau aux zones d' habitation de II agglomémti-Jn dakaroise. Pour ceux qui habitent

au delà de la Médina 34,9 %, 0'est-à-d1re à partir du Gmnd...Dakar en remontant

vers le nord ou en desoendant vers le sud-est de la presqultle du Cap-Vert, celc"l

Bign1t'ie qulils doivent paroourir aee distances supérieures à 7 ou 8 laD. et parfois

plus pour pouvoir emp1"lmter un l1vre. Cl est ainsi que les lecteurs les plus éloi­

gnés, sont à 25 kms de l'une des trois bibliothèques qui rappelons-le se t:zmUV'ent•••

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-53-situées à De.kaI'-ville mê!me. 22,2 %des lecteurs Sénégalais déclarent mettre u..'1G

he1U'e ou plus pour parvenir à la bibliothèque. Notons cependant qu'une bonne pro-

portion de Sénégalais, 43,2 %, habitent le plateau et les quartiers résidentiels

(Fann résidence, Point E) et de ce fait soit à cause de la proximité, soit à oa1138

de certaines facilités du point de vue du transport, ùéclarent mettre 1..U1 quart

(,,'heure pour ~tre sur place et par rapport à leurs compatriotes, fréquentent par

conséquent plus souvent la bibliothèque.

Si l'on considère que logiquement ct est le livre qui doit aller au 1eo-

teur et non le contraire, il y a ici un renversement de si tuat1on, puisque la

najorité des lecteurs SénégalaiS doit paa:mrir une moyenne de 8 kms, pour pouvoir

bénéficier des services de ces différentes bibliothèques. C'est aire combien ces

dernières sont mal placées par rapport à la masSe des lecteurs potentj.els et

Les Français et les Libana:i.s par contre habitent essentiellement le

quartier du plateau (86,2 %et 89,5 %respectivement) et une m..1norité la prochü

banlieue r SICA:P, Grand-Daknr, Médina... Aucun d'entre eux ne demeuxant dans les

'iuartiers périphériques ou dans les zones situées hors dG l'agglomération dakaro1se.

C'est dire qu'ils éprouvent très peu de difficulté pour aller à la bibliothèque.

90 %des Français déclarent ~tre à un quart d 'heure de la bibliothèque et 64-,7 5;

des jeunes Libanais à une demie-heure ou moins.

Il existe donc une nette différence entre les jeunes lecteurs SénégnlniG

d'une part et leurs homologues F~~çais et libanais d'autre part en ce qui concerne

les facilités d'aocès au livre. Cette situation n'est pas sans recouper une cer-

taille réalité socio-économique. A savoir que les lecteurs du plateau et des quar-

tiers résidentiels, souvent issus de milieux a.isés, niant aucune diffioulté pour

avoir accès au livre et de ce fait éprouvent moins de contraintes pour en bénéficier,

Le livre est dans leur quartier, pour ne pas dire à leur portée, alors que lo. plu-

part des jeunes leoteurs sénégalaiS, doivent aller le chercher en ville, souvent

au prix de grandes diffioultés = distance à parcoUI'ir, temps de déplacement, dé-

penses supplémentaires occasionnées par le déplaceaent eet••••• J. titre d'exer-iplG

un éoolier de la SICM, utilisant les transports publios, doit néeessai­

renent payer 100 F CFA pour pouvoir se rendre à la bibliothèque du centre

•••

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-54-

culturel français. nt y emprunter un livre, sans parler de ceux qui babiter..t

Pikine, Guediawnye ou Rufisque, Tous ces obstacles sont évidemment autant de

;freins au développement de la lecture ,ohez les lecteurs issus des couohes moyenn8s

de la population.

Cela peut pem.ettre sane doute dl expliquer que certains éoolifil."S Sé.Y!.0ge-+

lais aient tendance à transiter par la bibliothèque aprèa l'éoole, soit pour

rondre un livre soit pour en emprunter un autre. Ceux qUi vont en class~ lien

ville" prof!tent des moments où iJ.a sont sur place pour pouvoir contounler J.~s

difficultés inhérentes à 1lélo~ement de leur lieu de résidence de la bib1iothLc~ü

et satisfaire ai.nBi leurs besoins de lectures. Cette situation n'est pas sans Lvoir

des conséquenoes sur la fréquentation des bibliothèques et par oontre-coup sur 1""

volume de leoture de jeunes. Les l~oteura qui vivent dans les zones surburb,d.21uS

et éprouvent des dU'f'1cultés à se rendre dans les bibliothèques, ont naturol1eJ.!l'2~'~

tendance à ne les fréquenter qui irrégulièrement où alors à se. couper totalemGnt

du livre. C'est ainsi 8,2 %des jeunes Sénégalais dé.~rent qu'au moment d0 1 1 ,,;:­

qu~te il y avait un an qu t i1.s n'étaient pas venus à la bibliothèque, 11,4 1t ..::ntJ.'0

un mois et deux mois, ce qui fait une proportion notable de jeunes qui n'ont dl.<

contact avec le livre que dlune manière épisodique, mrme si 6,5,6 %delleurs C2.r,l['.··

des d~clarent aller à la bibliothèque toutes les semaines ou tOM les quinze jOlJ.T8.,

Leurs cama.:mdes :français ou Id.banais au contraire semble ~tre plus favoriéés du

1'&1 t de la pro:x:Lm1té des bibliothèques et les fréquentent régulièrement toutes L8

semaines ou tous les liuinze jO'lU'S dans une proportion de 80 à 85 %. On constate

donc chez les jeunes en générn.l un besoin .manif'este de lecture et un intér~t réel

pour celle-ci. Oependant les moyens qui leur permettent de fréquenter les biblio­

thèques différent selon' qUe lion a à faire aux Sén~lai.s, aux: Français où aux

jeunes L1banais. Notons cependant que cette différence qui relève de phénomèn8i.J

étrangers aux livres en tant qua 'tel., inf1.ue.. _ némlUloins sur l'attitudo des jet':.- __ .·

leoteurs faoe à celui-ci.

Pour le jeune Sénégalais, le rele de la bibliothèque est surtout diJrcc­

tique. C'est l'endroit où il peut améliorer BeS canna1esances, au sortir de l'8c8~__

par .exemple. Pour oeux qui ne bénéi'1oient pas des oo.nd:t tions matér:i.elles et ùe

...

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l'environnement sooial pennettant une lecture personnelle, cl est l' endreit idéal

où lion se réfugie pour 6'adonner 'tranquillement à la lecture, dl où oette forto

proportion de lecteurs sur place, oe qui n1emptche évidemment pas ces mtmes l~c­

teure de lire à domioile. Noua retrouverons chez les adultes Sénégalais, ln mt'-rnu

conception de la bibliothèque ct la m~e attitude face au livre. Un comportement

que nous pourrions qual.1fier dtéminement ~onctionnel et pragmatique. Les jeun>;)s

F~- et les IdbanaiB dans l.U1e certaine mEMll'e, ont par rapport au livre, UL0

attitude moins intéressée, mo1ns pratique. Certes la rechlJrche d'1.n:t'o.nnation6 et

de connaissances supplémentaires à leur ~onnation nt est pas totalement exemptç dd

leur démarche, oependant ils semblent mo1nB vouloir pmtiquer la lecture pllur des

besoins expressement didactiques. Tout au moins ne le délllarent-ils pas. Noua

l'avons dit plus haut, alors que les Sénégalais ~ont de leur fréquentation d85

bibliothèques une démarche pemo:nnelle, les jeunes Français au oontraire subiSsent

I;plus beaucoup/J.linf'luenoe de leur milieu sooial où le livre ait implanté depuis des

générations.

Cependant le dépotillement des réponses a montré que du point de vue j0

la fréquentation de oes bibliothèques et de llutilisation du livre, que ce 60i t

à des fins pratiques ou simplement de loisir, les conditions sooiales peuvent

jouer en faveur de la lecture, mais aussi peuvent e-tre parfois une entrave séri8u::;;:;

à son bon déroulement. Cela est dO: non seulement à l'inexistenoe d'habitude àe

lecture régulière et non didactique dès le plus jeune age tant au niveau du grou~>2

familial qu'à celui de l'école, mais enoore au fa1.t que l'acte de lecture qui est

éminément ,erso:nnel demande srovant de la part du lecteur un ccmportement indivi-

dualiste et solitaire qui ne vas pas parfois dans le sens de la oonception cornnu-

nautoire des lo::tsire en m111eu afrioain.

Il semble en:f1n que pour nombre dt antanta, Sénégal.a1s surtout, la bibli:J-

thèque et le livre, sont toujours vus à travers le prisme de l'éoole. Cette attit~C~

;'8' il n'est pas sans oonséqu.ences ,/réduit la lecture à une accumulation de co:nnai.ssDJ:lCœ

purement livresques destinées à satisfaire des besoins eco1a1res immédiats et que

lion oublie une t'ois la scolarité texm1née. Or llhabitude de la. leoture au 0021-

....

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traire, devrait augmenter non seulement le savoir de ll~ant mais aussi satisfaire

sa curiosité, ouvrir Bon tntelligenoe en un mot développer toutes ses ~aoultés

créatr.:l.ces.

On peut donc retenir qUe dès eon jeune tige llenfant a 'lm6 position rela-

tivement fausse ~vis du livre. Il ne sera pas étonnant de retrouver chez 1,"s

adultss, oette oonoeption utilitaire du llvreJvéhicule du oult'ur&-chose qui la

plupart du temps justifie leur présenoe dans les bibliothèque.

2 - Adultes

Parmi les leoteurs et leotrioes ayant plus de 15 ans,1031 ont répondu aux

questions qui leur avaient été posées. Les Sénégalais représentent 74 96 du total,

suivi des Français, 24,6 %et des Id..banais 1,4 %. Il slagit ici d1entendre sous 1..

tenne adultes à l&.;~ois les hcmnes et les femmes. la répartition par sexe et par

nationalité donne le tableau suivant :

Tableau nO 5 ,Adultes 1 Sexe et nationalité

Hommes % Fenmes %1

% 33,3 %,

SJJIDru.IAIS 680 87 83 1---- -------- ------- , ---- ----1FRANCAIS 95 12,1 % 159 64 %

r--- --- -------- --- --- r-.------ ------10,9 % 2,7 % 1

LIBANAIS 7 7,!--- ----- -------- ------- ~------ --------j,

TOTAL GENERAL 782 100 % 249 100 % ,

Comme ohez les en:f'ants, les lecteurs du sexe masculin sout les plus non­

breux lorsque l'on considère la totalité de ceux qui ont partioipé à llenqugt0.

Par ailleurs il oorrvient de noter que dlune part la partioipation libanaise et

presque insignifiante moinB de 4 %du total général et que d'autre part ohez les

Français la partioipation des fenm6s est nettement supérieure à celles des horrlmes,

puisque 64 %des f'emnea 8Jrant participé à Ilenqu0til sont de . 'nationalité françnisb

Ce nombre élevé de frança.:1ses tient surtout à des ~ons d'ordre professionnel CllJ.'"

nous verrons par la suite.

Inversement le nombre de SénégalaiB adultes dépasse de loin oelui de l~'T-

homologues Sénégala.1ses. Il a.ppa.:œ!t que, si lIon s'en refère aux: chi1tres conNor-.. /

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nant les enfanta, les Sénégal.a1s lisent plus que les S4n~a.la1ses ou tout au

moins fréquentent plus souvent les bibliothèques. Pour de multiples raisons dont

L.'1. principale est sans doute le nombre plus restreint de filles eoolarisées pnr

mpport aux: garçons, et aussi pour des raisons d'ordre social venant du i'ait que

les filles rencontrent beaucoup plus de di:rf1cuJ.tés que les garçons à se libérer

de leur emprise familiale et du poids de la traditian qui ne pennettent pas tou­

jours aux: intéressées, hors du oadre de l'école, lorsqu'elles sont scolarisées,

d'avoir des activités culturelles ou intelleotuelles. Dans beaucoup de familles

sénégalaises en effet, la fréquentation des écoles par les jeunss filles, va

toujours de pair aveo l.lél.pprentissage à domicile, des ttlohes domestiques qui

incomberont à la future femme au foyer. Sans remettre totalement en cause cette

conception de lléduolll.tion, 11 contient oependant de dire, qu'elle l&:lsse: peu de

temps aux: élèves et étudi.ant.oO,pour s'enrichir i.ntelleotuelJ.emcnt par le biais c',",

la lecture personnelle notammant, qui requ:1ert de l'indi.Vidu un minimum de temps

libre et parfois d'isolement.

En ce qui concerne l'age de ceux qui ont participé à l'enqu~te, nous

avons réparti les lecteurs par tranches d'~e qUi nous semblaient correspondre

chez les int~ressés à des mentalités, des occupations, et des préoccuIJation.sbien

précises. Oeux qui ont entre 15 et 20 ans sont des adol.escents, souvent élèves G-ei:

lycées et collèges ou jeunes ch6meurs ~ant des préoccupations d'ordre scolaire dE

poi..'1t de YUe de :la lecture, oeux: qui ont entre 20 et 25 ans sortent de l'adoles­

cence et entrent dans 11~e adulte, étudiants pour la plupart, les adultes ayaEt

entre 25 et 35 ans, jeunes travailleurs ou fonotionnaires en quthe de "culture ll

enf'in les plus de 35 ans assez peu nombreux. Le dépouillement de l'enqu~te a donn€

J.a répartition suivante:

•••

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i 15 - 20 ans 20 - 25 ans 25 - 30 ans + 35 ans

i1

% % %;

iSENEGAIAIS 237 32 379 49 112 14 10 1 c.F

l----~_____~____ ------...Il ----...-- t------- 1-------1-------1'----- .....--....------- -_._-~-

,IFRANCAIS 50 19 % 30 12 % 63 25 % 106 42 If;0

---------------- ----- ----_. ------- r------.. r---- ....- .....-- r-"'-'--- --------- --~._--

LIBANAIS 12 85 % 2 15 %

1

1

1

1

1

1

1 ~,1

1 i1

Il

1 !1

-SB-

Tableau nO 6 1 Adultes - Répartition des Ages

Ce qui :frappe· à la lecture de cc tableau c'est la différence très n8tts

qu'il y a entre la répartition des actes de lecture à travers learâgcs chez L;~s

Sénégalais et le8 Français. Alors qUe chez les premiers on :fréquente beaucoup plus

les bibliothèques entre 15 et 25 ans, chez les seconds il semble que l'on lisG ut

~réquente les bibliothèques à tous les ~es et plus particulièrement à partir dG

35 ana. Le cas des lecteurs Libanais ne nous semble paS icl très intéressant (lC2',3

la mesure où auoun adulte de plus de 25 n.ns nt a participé à l' enqu~te et que IL

quasi totalité des autres ont entre 15 et 20 ans.

Si nous revenons au cas des Sénégalais il est intéressant de noter que

la plupart des lecteurs, 81 %, on"t entre 15 et 25 ans-. Nous verrons plus loin qu\:

ce Sont pratiquement pour la plupart des élèves et des étudiants, ayant donc dl:S

lectures qui relèvent de leurs programmes scola1r~s. D'autre part ils sont sn~s

doute plus disponibles, matériellement parlan:t, que leurs a!nés. A partir de 25 C~·.,S

la proportion des lecteuxa Sénégalais baisse progressivement pour n'atteindre ~u~

1% à partir de plus de 35 ans.

Il semblerait qUe plus les Sénéga1aia vieillissent moins ils lisent ;ot

qu1après avoir sat:Lsfa1t leur besoin de lecture pendant leur jeunnesse ou leur

SQolarité ils cessent de fréquenter l.es b1bliothèques:i' Scolarisation trop réc'6utc:

qui exclue une frange importante de~population ? eonception pratîque et utili ta;ft"E,.

du livre ? :lnex:1.stence d 'habituds de lecture • déeintér~t pour la lecture ? él(ji·~

gnement~;des bibliothèques de leur lieu de résidence ou de travail? manque de ~,..S

toutes oes raisons peuvent expliquer que les adult(ôls progressivement désertent .1..e.s

~ ..

, .

r

: 1

: 1

;' 1

1

.1il: 1

, 1

: 1

,1

: 1

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-59-

les bibliothèques. Il. reste en tout cas que la lecture est une activité qui inté-

rosse surtout les jeunes Sénégalais.

Chez les adultes ~ran9ais la proportion des lecteurs par Age est relativement

homogène jusqu'à 35 ana. Au delà elle augmente sensiblement. Tout se passe comme

si le temps consacré à la lecture augmentait avec l'âge puisque près de la moitié

dos lecteurs et leotrices de nationalité française ont ptua de 35 ana. lIous

retrouvons encore ici une attitude fondamentalement différente des SénégaJais et

SénégaJ.aises 1 d1l sans doute à lme utilisation beaucoup plus t6t et nettement plus

diversifiée du llv1'e et aussi à un milieu social et culturel différent. Leur cam-

portement corrobore et prolonge celui des enfants.

Schèmat1quement, les Sénégalais ont surtout besoin du livre à un mOl!l8nt

dG leur existence qui correspond sensiblement à celui ou 11s sont en fonnation ou

en apprentissage, au delà, le livre et la lecture dev1eIU1ent une oOOllpation subsi-

diaire voir€ accidentelle, qui ni occupe que très peu de place chez les individus,

I:J.~I;10 pendant les loisirs. Les Français au contraire utilise le livre de manièr~

continuelle, et oeci à tous les âges. Cela ne signifie pas nécessairement que to~

186 Français soient de grands lecteurs, mais qu'au niveau des actes de leotur" il

n'y a pas solution de continuité très nette à partir dlun certain ~e co.mrn.e on l"

constate chez les Sénégalais par exemple.

En ce qui concerne le lieu de résidence des edultes, le dépouillement

montre qu'ils proviennent, comme les enfants, de toute la région du Cap-Vert avec

pour les lecteurs Français J une extensi m vers les quartiers situés hors de la

banlieue de 1Jalœ.r,à cause sana doute des lieux de travail, du domicile des parents

qui ne sont pas forcément au centre de la capitale.

Tableau nO 7 1 Adultes - Lieux de résidence

'.: PlateauiQuar- Médina Sicap-Grand- Yoff-Grand- Pikine-Thi3.-1;

tiers résiden- Ga1œ..I'-Gorée Yoff-Patte roye-Gucdic.-, tiels d'Oie-Ngor- M\V~:Mbao-1

, Rufisque

! S!lT:PX;AIAIS 19 % 29 % 30 % 2% 18 %FR/ùTCAIS 73 % 1 % 13 % 11 %

LIBANAIS 71 % 0,7 %1

•••

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_60-

Comme pour les enfants, les adultes Sénégalais viennent d," tout~

Jh. tr{0"1011 du Cap-Vert.59 %habitent Gé.ns les quartiers de Médina, Sicap et Grand-~

Dakar. Il s'agit dtun secteur en majorité peuplé de Sénégalais et géographiquement

plus proche de l'endroit où sont situées les bibliothèques. En outre les adultes

Sénégalais qui habitent le plateau, sont nettement moins nombreux que les enf,antst'~

du marne quartier, 1910 pour 43,2 %. Ce qui tend à prouver encore une échelle plus

r0streinte, que les adultes lisent moins que les enfants ou tout au moins fréquvu-

tent moins les bibliothèques. Il est intéressant de noter enfin que dans les

quartiers flottants tel que Grand-Yoff, ou dans les villages traditionnels comme

Yoff ou Ngor, la proportion des adultes lecteurs est dérisoire : 2 %. ~euplés

essentiellement d'artisans, de p~cheurs, d'ouvrters, ces populations qui forment

le prolétarlat de la oapitale sont quasiment analphabètes, d'Où le peu d'adultes

s'adonnant à la lecture dans ces milieux. Cela ne vas pas d'ailleurs sans avoir

des répercussions chez les enfants provenant du même milieu, p1iisque seulement

4,2 %des lecteurs enf'ants déclarent habiter ces quartiers. Il ya sans doute chê.'z

cette population une grande proportion d'enfants non scolarisés ou ayant quitté

très t8t les bancs de llécole, qui peut expliquer que certains d'entre eux n1utili-

sent pas les services des bibliothèques. Cependant même chez ceux qUi sont scolarisés j

les conditions matérielles, économiques et sociales souvent précaires ne leur p8r-

l!lGttent Surem.ent pas de pouvoir intégrer le livre dans leurs loisirs ou leurs occu-

pations studieuses. Cependant le problème fondamental réSide dans le .fait qUe 1.,

circui t du livre, à Dakar n'intéresse réellement que le quartier du plateau et 80S

environs immédiats et qUe les lecteurs potentiels ou réels des zones éloignées du

centre, sont en fait exclus des services rendus par les bibliothèques dakaroises.

Ne bénéf'iciant pas des équipGlllents collectifs les plus élémentaires, ils sont dans

les domaines cultureL, éoonomique et social, les paren1:s pauvres de'.la population

de la capitale.

Si la majorité des leoteurs adultes lTançais se concentre toujours au

rlateau on assiste à une extension de leur habitat vers des zones situées hors d8

la ville mb.e : Mbao, Ruf'isque entre autres ,dans les zones industrielles avec une

concentration relativement élevée de oadres européens en poste dans les us:ines et

!' ••

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8t manufactures de la b8Alieue da1œroise, qui vienn~nt à Da1œ.r pour s'approvi.eiür.Jl(;r

8r. lec~, essçntiellement au centre culturel français.

Les Libanais quant à f;lUX, on r::r.o.jorité des élèves et des étudiants, rest..::nt

comme pour les enfants, confinés dans le plateau avec une très faible minorité

vivant dans la Médina. Hors de ces deux g,uartiers, 11 n'y a pas de lect~urs Libanais

venant d'ailleurs et ayant participé à l'enquête. La situation privilégiée des

ressortissants libanais par rapport à llümplacement des bibliothèques explique qu~

94 %d' entre eux déolarent mettre un quart d 'heure pour paI"Vem.r à la bibliothl~qu8,

(lontre 16 %qui doiVent sc déplacer pendant une demie-heure.

Il n'ya donc pas de différenc8s notoireS à relYVBr par rapport aux en­

fants .. Il en est dQ m@me d'ailleurs pour les Français et h:8 Sénégalais. Les ~)rQrJic!:'B

habitant en grand(;') majorité au Plateau, avec quand m~e pour quelques uns UX10 zonv

de résidence dans la banlieue si tuée hors de Dakar, ni éprouvant pas de grandes

diffioultés pour atteindre les bibliothèqu88 de leur choix, prinoipalement ccllus

du plateau.

Q.uant aux Sénégalais leurs lieux de résidenc~, comme nous l'avons YU, S0

situant hors de Dalau:-vil1e en général, il est tout naturel que 65 %d 1entre eux

lL.8ttent entre illie demîe-heure et une neur(O ou plus pour pouvoir 0mprilllter un livr0

ou lir<: des journaux dans une bibliothèque. C'est d'ailleurs, dans of:'tte rubriqu\.:

et chez les Sénégalais que lion a obtenu llun des plus :fort pourcentage dtabstontion,

près de 10 %des sujets interrogés n1ayant pas indiqué leur lieu de résidencc:.

Selon les réponses ~ournies par les lecteurs dans le cadre de oette e.nquête,

ln m.jorité des adultes se recrutent pannis les étudiants, les élèves des J3Gées ou

d8s fonctionnaires tels que les professeurs et instituteurs. Il s'agit de ceux qui

sont en contact permanent avec le livre soit par nécessité, soit pour des re1S0!1S

pro:fessionnelles. En dehors de ce groupe assez homogène, les autres lecteurs eXercen"t

des métiers aussi divers qu'inattendus t des professions libérales: notD.ires,,,wocC',ts

au cnpitaine de marine marchande,en passant par la oartomancienne. En SODll!l.e llil0 popu­

ln.ticn dont le niveau de vie et dl étude leur permettent d'intégrer le livre ~ lEmrs

occupations professionnelles ou leurs loisirs.

•••

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homologues sénégalaises ou libanaises. Seules celles qui travaillant et plus

ce chiffre pour deux: raisons. D'lune part parce qu'il n'intéresse que des lectrices

bibliothèques, oela confirme q1il en était besoin, que pour celles-ci le livr2

•••

consoillèresl

"dames" désoeuvrées,le

le besoin de se déplacer 1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

Sénégalai,que ohez les

sociales, psychologues,

-62-

Chez les fenmes nous avons pu relever deux fnits notables. D'abord

Ensui. te le pourcentage des :P:rnnçaises qui ont déBlaré ~tre sans profos-

Chez les hommes par contre 2 %d'entre eux aff1Dnent ~tre sans travail

En ce qui concerne ['ailleurs les raisons qui poussent les aduJ.tes à 80

jusque dans une bibliothèque, alors que le phénomène ne se retrouve pas chez leurs

pédagogiques, réédncatrices, sont surtout celles qui fréquentent les bibliothèques.

qui ont participé à l' enqu~te. Oependant il nous a semblé intéressant de relever

livre est un, Qes passe-temps fa.vori, puisqu\a].es éprouvent

de nationalité française et d'autre part parce que pour ces

instutrioes, jardinières d'enfants, assistantes

l'importance des pédagogues aussi bien chez les

sions, 12 %. Ce ohi.f:fre est faible certbs par rapport au nombre total de ]'rnnçrdses

et 37 %ne préoisent pas leurs professions. Lea ch8meurs sont exclusivement Séné-

conférences ou la lecture oocupent peu de place.

starrê'te au seUil de Fécole et que dans le désoeuvrement les activités culturellès

utilisant ou ayant des rapports avec les médias modernes tels que le théatre, les

g3lnis, et fréquentent surtout la bibliothèque du centre culturel africain. Si leur

nombre est relativement restrGint par rapport à la masse des lecteurs, 11 est 8.

1

L

ILes moti.:fa de déplacement évoqués sont d'ailleurs identiques à ceux des enfa"1.ts.

Illon è. faire aux Sénégalais d'une part et aux Français et Libanais d'autre part.

Idép~\cer dans les bibliothèques, les répons8s sont nettement différentes selon qu~

Iles services des bibliothèques.

1 noter que oontrairement aux femmes, ils éprouvent le besoin de lin et d'utiliser

1

1

1

1

1

1

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1 particulièrement celles dont le métier relève de l'éducation, slintéressent au1 ne

livre .. En réallté, les Sénégalaises soolarisées sans travail fréquentent pas les

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- 6,3-

Tableau nO 8 1 Adultes , motifs de déplacement

Lecture sur Bnprunt Lecture deplace journaux

SENmiJAIS 21 % 55 % 19 %

FRANCAIS 8 % 82 % 3 %

LJJlANAIS 99 % 0,5 %

Si la presque totalité des lecteurs français viennent pour empTQDt0r des

ouvrages et lire ohez eux, les Libanais, tous t'les élèves et étudiants, se déplacent

à la bibliothèque pour Se docuocuter sur plac~ semblç-t-il. En effet aucun dG ceux

qui ont participé à lrenqu~te ne dé.larent venir à la bibliothèque pour empXUl1têr

d08 livres. Les raisons deS Sénégalais sont plus diverses par contre. La majorité

d'entre eux empruntent pour lire chez eux ou tout au moins hors des bibliothèques.

Cependant il exist"" une bonne proportion d'entre eux qui viennent pour lire sur

pL'lce que ce soit des livres ou des journaux. Certaines des considérations cl 'ordr0

social, économique qui nous ont permis d\:l comprendre ll a ttitudE: d1d6 enfants restent

valables pour les adult"JS.

~e pour certains adultes qui ont perdu cont.:'lct aVec le monde du l'écolG,

IR bibliothèquü rüste encore un lieu dlapprentissage, un 8Udroit où l'on peut

acquérir d(> nouvelles connaissancQs, et puisqu'en général les conditions dü vi.:J

no sont pas favorables à la lecture, ils ont tendance à venir lirü sur plaCe

lorsqu'ils cn ont le temps.

D1ailleurs les justifications apportées par les adultes à leur fréquG~t8-

tian des bibliothèques sont révélatrices (le ces deux comportements vis-à-vis de 11;1.

biblio thèque et du livre. Panni les réponses reçues à la question IIpourquoi ('j:t0S-

vous venu à la bibliothèque" ? nous en avons choisi quelques unes qtÙ nous parr-~i3-

saiant signifioatives :

Ilhabitude dû fréquenter par besoin et par plaisix les bibliothèqu8:J u

(Fmnçais + 35 ans)

"par envie de lirell (Français," 29 ans)•••

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"j'ai besoin de documentation pour mes coure et j'aime les livres etla lecture" (Français 30 ans)

"lorsque ;)8 m'installe dans une ville je recherche les bibliothèques"(Français 24 ans)

"spontanément ll (Français 35 ans)

'pour la culture et l'instruction" (Français 20 ans)

"cela fait partie de mon métier et de ID<:1S distractions" (Français 25 ans)

"j'aime beaucoup la lecture et à l'école le livre clest 25 Fil (Sénéga­laise 15 ans)

"paroe quo je veux amélior"r mon niveau d'anglais (SénégaJB1Be 24 nns)

"je veux m'instruire de plus" (Libanais 19 ans)

l'pour améliorer mon pagage littéraii:'e" (Libanais 22 ans)

"je crois y trouver Iles livres de droit de 1ère année" (Sénégalaise19 ans)

"j'avais trouvé que ce centre est un lieu de culture (Sénégalais 23 ru:s)

"Il y a des livres que je ne: peux pas acheterl! (Sénégalaise 20 ans)

Chez les Français llaspect utilitaire n'exclut nullement lIut1lisatiOJ:

('..u livre à des fins de distraction ou de loisir. L'habitude des livres, acquise

semble-i;...il très t8t dans la jeunesse, donne le gollt de la lecture et entretient

ohez llindividu le besoin de fréqu~nt8r régulièrement les bibliothèques.

Les misons invoquées par 108 Sénégalais sont nettement utilitaires et

pratiques. Nous retrouvons ic1 les m~mes motivations que chez les enfants. Il

s'agit essentielloment d'aocumuler un savoir, en utilisant les livres de la biblio-

ti'...èque. Rarement des références à des notions de goilt, d'habitude, dfévasion ou

de distraction. La bibliothèque est essentiellement le lieu où lion peut acquérir

une certaine Itculture", qui est à la fois ouverture d'esprit, cur.1osité int",llec-

tuelle, mais aussi synonyme dfune quantité de connaissances qui correspond souv~nt

à des programmes scolaires. Pour certains lecteurs par contre les motifs qui les

l'0ussent à fréquenter les bibliothèques sont d'ordre purement économique. EtE'nt

de.J.l.s 111mpossibilité d'acheter des livres eux-mfunes 1 OU étant obligé d.o ~er Ul1

prix forfaitaire lorsqu1ils empruntent un livre dans les bibliothèques scolaires,

certains lecteurs utilisent les services des bibliothèques de lecture publique où

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11 obtention de livres est gratuite ou alors revient moins cher. Nous sommes donc,

d<:J m~me qUe ohez les enfants, devant deux attitudeS qui sont cles oonséquences plus

ou moins directes de faits 60010 '.-oulturels qui parfois n'ont rien à voir avec 1",

livre lui-m~e. Vivant dans un~ sooiété qUi cmmbat encore llanalphabétisme, le

lecteur Sénégalais qui a la chanoe de pouvoir utiliser le livre, le fait en général

dans' uneperspeotive de promotion sociale et culturelle.

A Dakar oependant, si la lecture est un fait ~portant, bien qu'elle sci~

l'aPc~age d'une petite m1nor:i.té par rapport à la totalité de la population c~u 1'':'.2(8,

11 reste qu'elle est prisonnière dlun certain oircuit, qui. d'une part Qonditiof'...rw

plus ou moins les lectures des usagers des bibliothèques et d'autre part entr~t1unt

un clivage sensible entre les di.fférGIlts lecteurs à cause de 11 emplacement des

bibliothèques. Nous allons essayer de voir à travers les résultats de Ifenqu~te

comment se distribue le livre à partir des trois bibliothèques que nous avons

étudiées,autrement dit, si les bibliothèques arrivent à atteindre les lecteurs

cl_lune manière égale quelque soit leurs lieux d'habitation, leurs nationalités et

leurs milieux socio -culturels.

II - I.€ circuit du livre et de la lecture à Dakar

Nous ll avons vu dans les chapitr02s précédents, alors que les trois

bibliothèques Se situent à Dakar-vil18, les lecteurs qui fréquentent ces établiss8­

ments viennent de toute la région du Cap-Vert. Autrement dit le rayon d1action d8

CGS trois inst1tutions El 1étend sur vi.r>..gt cinq 1d.lomètres, jusqu1à Rufisque très

exactement. Le public touché est non seuleoent étendu numériquement mais aussi

sl1ntialement. Cependant tous ne pro1'1 tent pas également des sGrVices :rendus pc.r

les biblj.o thèques.

Par rapport à la· tote'1.li té des usagers, les lecteurs du plateau ne sont

;as les plus nombreux, puisqu1ils nt.; représentent que 39,1 %des lecteurs réels

d~s trois bibliothèques. Etant pour la plupart d~s Français et des Libanais, ils

constituent cependant ce qUe Ilon pourrait appeler le Ilcirouit aisé" et bénéi'icient

du l'avantage d1avoir les bibliothèques dans leur quartier, tout au moins ll:ls d\3ux

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1 des Européens, elles sont :fermées au publio pour n 1 0uvrir de nouveau qu'au mois

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A Dakar le circuit du livre ntatteint pas la masee des lecteurs. Or pour

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procurer la matière première, c'est;...à-dir", le livra. Ayant géliéral0lIlent un niVI2UU

plus importantes. Ils éprouvent donc très peu de difficultés matérielles à se

plupart ne fréquentent les bibliothèques que pour emprunter des livres. I.e l<.;cture

Les bibliothèques, tout au moins O.UtlB situées sut' le plateau, tOlm1",~:..t

d", vic supéri t:ur à la moyerme du pays, b énéficiant dG oonditians matérielles cl e

sur place des ouvrages i::t dus périodiques ne les intéressent pratiquement pas. Cl:

èl. leur zytbme, puisque pendant llhivQ~"Igc qui oorrespond en général aux: VaC3l1CGS

vi~ aSSeZ conforiables, ils peuvent donc pratiquer la lec~ à damdcile et pour l~

sont eux surtout qui utilisent le livru comme moyen de distraotion.

1 d'octobre aU moment de leur retour. Autrement dit, le reste des lecteurs est privé

1 des services des bibliothèques pendant au moins trois mois chaque année. Ce que

1 l'on peut oonstater :finalement au niveau du Cap-Vert, c'est que dans le domnine

1 de JE. lecture et de l,lutilisation du livre, les services des bibliothèques profi­

l tent à une minorité, constituée en majorité d'expatriés, au détriment de l~ ~~see

1 des lecteurs et oe à cause de leur implantation, de leur origine et de"leur cono(:[;··

1 tian étrangères.

1 Le;'autres lecteurs en majorité des Sénégalais qui constituent ce que

1 nous pourrions appeler "le oircuit populai.re" sont dépendants de ces trois biblio­

1 thèques. Ils sont tenus pour satis:faire leur besoin de lecture, d1aller vexs 10

1 livre et ceci au priX d'efforts matériels et financiers, qui parlais ne sont llO,s

1

en rapport avec leur niveau de vie réel. Les bibliothèques et par voie de causa-

Iquenee les livres, ne faisant pas partie de leur envirormement cultuxel, ils ne S lé:

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SG déplacent que dans un. but très préois, la plupart du temps !lour des motifs qui

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n' 011t rien à voir avec la di8tractian ou l' évasion. Rabitant presque tous d.ms d \3S

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quartiers populaires ou dans des zones d'habitation sans équipements eollectirs,l 'issus des classes moyennes ou pauvres ils sont tributaires de la ville aussi bien

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pour leurs actiVités économiques que pour leurs activités culturelles na~~ent

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dans le domaine du livre.1

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créer des habitudes de lecture et éviter le caractère striotaaent ponotuel et

utilitaire qu'en font la majorité des lecteurs Sénégalais, 11 ~audrait que ce soit

le livre qUi aille au lecteur et non le contraire.

En réalité le circuit du livre à Dakar est semblable aux autres cirotdts

qui ils soient économiques, éduoatifs ou sociaux. Tributaire de 10. "ville", gui

concentre en sein toutes les 1.n.f:rostructures, il ne dessert efficacement qu1une

toute petite minorité. Or 11Dalœr ne méritera l'lemement le titre de capitahJ culk:-

relIe du Sénégal et ne pourra esoompter un glorieux avenir, que 1e dour où n t iL....l)Ort8

quel enfant de la Médina, de Colobane, Oualœm ou Camb'rène pourra accéder snr.s

réscI'\I"e à l'esprit de la culture" (1), en ayant les moyens humains et matériels

<le pouvoir les développer dans son environnement social et géographique.

Or la s1tu.9.tion présente des bibliothèques et par oonséquent de la 180-

ture, augurent mal de cet avenir et perpétueront encoR pendant longtemps l'id88

q').", la culture est uniquement une somme de connaissances livresques emmagaa1.il.ées

par la g:r€ce de la lecture et à des moments bien précis de l'ei:1stence -ks 18cteurs~

Or "si li effort dû cléch:i..f':frer un livre ne se transfo:rme pas en une f~te de 11 espri t

nous savons qu1elle a de grandes chances de ne pas survivre au travail scoJ.z.ire l1 (2\

puisque paèsées_les obligations des :programmes scolaires ou UliI1v~rsita:ires, l'uti-

lisation du livre et la pratique de la lecture nlapparaissent plus comme nécessaires

au progrès de l'individu et de la société.

Nous allons tenter de vou pour termint'lr à trave:œ les réponses dGS

lecteurs Sénégalais, quelles sont les misons d'ordre social, économique, culturc.!l

.... t psychologique, qui maintiennent le livr8 et la lecturo, dans l'orbito:.; dL< 1'éoo1",

et l'Gllp@che de se dégager de ce que nous pourrions appeler "l l impasse scolaire".

Nous partirons pour ce faire des réponses fournies par les looteurs Sénégalais ,,\

une série de questions portant sur la signification du livre, sur le cont~mu ;li::

leurs lectures, sur la place du livre par rapport aux autres loisirs~ lin d leutres

termes, il s'agit~de voir au niveau du lecteur Sénégalais, quelle conception ib Be.±',CIlt du livre et de la leoture, et les conséquences qui en déooulent.

(1) THOMAS (Louis Vincent).- "Les fonotions culturelles de fu1œ.r" in Da.lœ.r en~Gvenir.- Paris: Prés. Afric., 1968.- p. 195

(2) DlllWEDIER (Joffre) llASSEl'IFORDER (Jean).- op. oit. p. 87

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1.

LES SENEGALAIS ET :rA LECTURE

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CHAPITRE III _ LES SENIDAIAIS Rr lA LECTURE

Ce dernier ohapitre ne concerne que les lecteurs Sénégalais. Le questio_,-,·

naire qui leur était proposé et qui portait essentiellement sur des problèmes dG

I.'I.otivations, ne leur a été distribué que 10 dernier jour de llenqulhe. Deux raisor,-s

ont guidié cee ohoix. D'une part, les Sénégalais qui constituent la majorité d8S

lecteurs ayant participé à Itenqu~te,. ont fait preuve d'une attitude aSsez origi­

nele par rapport au livre, qui méritait dl~tre app:rrofond1, d'autre part nous avOY"_s

0ssayé de saisir sur le vi.f et dans un laps de temps assez court, les réactions '" 8

lecteurs sur des questions engageant la personnalité des intéressés. Nous nvons

pu toucher ainsi 50 lecteurs dans les trois bibliothèques. Dans ce groupe d1adulbs.

les élèvEs et les étudiants sont les plus nombreux (37) suivi des pédagoguGS :

professeurs, instituteurs et institutrices.

Tous les leoteurs qui ont répondu &ce questionnaire déclarent aiffi0r ls

lecture et la majorité ajoutent qu'ils lisent büaucoup. CepBndant parmi leurs

loisirs préférés, la lecture ne vient qu'en 4è position avec 33 %des choix, avec

dans l'ordre d1importance : le cinéma : 57 %des chou

le sport : 55 % 11

la radio : 45 % Il

la lec ture : 33 % Il

la télévision : 24 % "

le thé~tre : 22,4 % 11

Toutefois pour les deux dernières rubriques, on peut émettre des réscrvc3

q'lk'U'ld à leur caractère populaire, si lion considère que la télévision est encaru

au Sénégal lU1 média relativement neuf, uniquement implantée dans la région du

Cap-Vert, dont llutilisatî. on requiert des moyens financiers qUi ne sont pas en

rapport avec le pouvoir d'aohat de la masse des Sénégalais, que le thé~tre (~st

loin dl avo ir atteint une dimension populaire non seulement par manque dl irtfrciJ­

tructures dans les quartiers suburbains mais aussi et surtout par 11 inexist",nc",

duna l~s milieux populaires, d 'nctirttés théa.trales régulières. Les salles dlil

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théâtre réellement fonctionnelles à Dakar, situées dans le quartier du plateau ~v

sont fréquentées que par une minorité, soit à cause des prix. prohibitifs des repAÎ.

ftAta~nnt soit à cause des prog~~s qui ne répondent pas toujours a~~ Gaj~s

et aux besoins du grand public.

Si lion exclue donc la télévision et le théâtre, qui sont encore cu stc.è. .

embryonnaire du point de vue des loisirs à Dakar, la lecture occupe la derniènJ

place dans les loisirs des intéressés, comparativement au cinéma et au sport ct È.\

la radio. Ces derniers d'ailleurs bénéficient d 1inf'rastructures assez nombr0uses

aussi bien en ville que dans les quarti&rs périphériques. Il existe des 8a1188 dt

cinéma et des terrains de sport dans toute 11agglomératian dakaroise, les biblio­

thèques et les salles de lecture publique ne fleurissent pas aussi vite que ces

dernières, E:t en dehors de celles qui font 11 0bjet de la présente étude, il nl(O)dsl:c..

qUIJ des embryons de bibliothèques non organisées. Les lecteurs potentiels Qui

l1'habitent pas le plateau sont donc réduits, pendant leurs moments de loisir"

utiliser les moyens de divertissem~nt qu1ils ont a porté de main. De ce fcit 18

livre comme nous l'avons dit précédemnent n'existant pas en permanence de.ns 11 0:n­

vironnement culturel et social des Sénégalais. Il n'l::Jst qu'un objet marginal 0t __ ,'

surcroit réservé à une minorité qui en détient la clef principale, c'est-à-dire

cell€:, de pouvoir déchiffrer un livI'l!', pe.r l'acte de lecture. Ce qui. n'est pc.s 1",~

du cL"'1éma. ou du sport, qui n'exigent pas de l'amateur qui sfadorme à ces loisirS­

d'avoiràproduire un effort pour déchiffrer un code précis, afin d'accéder à un

message ou satisfaire un besoin de délassement.

Ce caractère marginal du livre, ohez les Sénégalais se traduit per

une utilisation purement pratique du livre au détriment, corw:tle nous l'avons déjà

dit, de la distraction. A la question: pourquoi lisez-vous? les choix se sont

portés sur les rubriques sUivantes :

pour me cultiver 83,7 %des choix

pour m1in1'onner 61,2 % Il

pour me distraire 30,6 % Il

pour apprendre QeS cours 28,6 %des choix.

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L'accent mis sur le c6té infonmat1on et acquisition de culture, corrobor~

08 que nous d1s~précédemment, à savoir que le livre fait généralement l'objet

d'une utilisation studieuse, que ce soit dlun point de vue scolaire (apprendre ses

cours, améliorer son niveau scolaire g~ce à des lect'Ul"Eit3 d'auteurs au progtt:;JJ1...D02

~tc ••• ) soit pour augmenter son capital de connaissances théoriques personn011~s

(ce que les lecteurs désignent par l 1 expression Il as cultiver"). La distraction,

l'évasion et le loisir par le livre ne venant que de façon subsidiaire, après qu~

lion ait satisfait la nécessité de s'informer sérieusement. L'idée de culture

acquise par le biais de la lecture est d'ailleurs une conséquence directe dlun

système socio-éducatif qui privilégie, ceux qui étant passé, par llécole, le lyCé8;

puis l 'université ont accumulé un oapital de savoir relativement important pour

8.ssurer leur promotion sur le plan social. Le liv:f'e n'est donc pas sorti du carcaL

scolaire, et il apparatt souvent comme un des moyens privilégié pour accèder à

cette culture gage de toute émancipation.

Or le livre ne peut seulement fitre considéré sur le plan de l'ini'oImP,tL,;'c

\lu'il peut apporter. La culture ntétant pas simplement la. somme d'oeuvres qu'ell""s

sotent littéraires ou techniques, qu1un individu aura accumulé au cours de SeS

différents stades d'apprentissage. Elle \Jst aussi ce moyen qui, hors de toutes

contraintes d'ordre scolaire peut pormottre à l'individu de dépasser son savoir

pratique et utilisable à court te:nue, en développamt son owerture d' esprit, sa·

capacité de réflexion, son sens or1t1qu~ ct toutes les facultés par lesquelles

l'homme réfléchi sur ses propres continglolIlO68 pour parvenir à la liberté.

A CI;;: titre les motivations qui poussent les lecteurs Sénégalais à lino,

se Jf'éf'lètent sur les genres de documents qu1ils lisent. A la question que "lise~

vous ll ? nous avons obtenu la répartition suivante r

livres de culture générale 75,5 %des réponses

revues-journaUX-IDag881nes 71,4 %

romana-littéraires 64,4 %

livres techniques de documentation 40,8 %

bandes dessinées .30,5 %

romans policiers 22,4 %. ...

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photoromnns 20,4 %des réponses.

Ce qui frappe tout d 1abo1"d dans les lectures des Sénégalais c'est lrL~~)or··

t&llce de oe que l'on appelle co~-ment les concurrents du livres, clest-à-dir~,

les périodiques en général: revues, journaux, mo.gazines. Plus répandu que le livr_

àans tous les milieux, génémlement moins cher et d'une lectu.:l:\: plus aisée; li",

néoessitant pas de s'isoler pour une éventu~lle concentration ou féflexion, l~

journal est assurément plus maniable que le livra.

De plus son contenu informatif et d'actualité lui donne aux yeux du 1&0-

teuI1 désireux ù'8tre au courant de ce qui se passe, un caractère prioritaire, 'dt

attlX'.yant de par sa présentation. Cependant il ne supplante pas complètement le

livre, puisque les oUV'rages de oultu.rc générale et les romans littéraires vierJll(üt

en bonne position dans les choix des lectures des Sénégalais. Il y a, pourrc.it-(J~l

dir0, une _t2'1sation importante certes, mais parallèle des périOdiques. A part

quelques lecteurs Qui déclarent venir dans les bibliothèques pour lire des jOUXTU;~

la majorité de ceux qUi les f'réquentent y vont pour empnmter des livreS. ffi It:ctul~',

des joUInaUlC venant après. Il t'aut noter qu~ dans les bibliothèqut::s, les jounlauJ:

sont en lib"n: aocès et ne font pas llobjet de pr~t personnel comme dans lu cas dGS

livres.

Nous noterons la place ~lativcment importante des ouvrages didactiquos

tels que les livres de cours et les livres teclmiquds de documentation. Cela. réponè.

aux préoccupations de nos lecteure qui Bont en majorité des lycéens ou des étudis..-''lts,

Q",pendant slil8 conservent encore une curta1ne préém1nence, le caractère didactique

de leur contenu, n{; peut que réduire leur importance par rapport à l'ensemble d88

g~nres littéraires qui constituent ordinairement les lecturûs des Sénégalais.

Reste enf'in un troisième groupe qui cousti tue un ensemble ne représc--'"lta.nt

pas plus de 30 %des choix d86 lecteurs Sénégalais. Il s'agit de la littératurt!

généralement quali.fiée de "genre mineur" ~ const1 tuéG essentiellement par les bnnc:.2s

dt!SSll1ées, romana policiers et photoromans. D'après IGS réponses des lecteurs, il

86nble que ce soit les documents les moins lus dans les bibliothè'lues. Les romans

policiers, 'lui sont les plus faciles à acquérir, tant par l.-9. modicité relative d", IGUl.'

prix par rapport aux autrGs livres, que par le fait qu'ils sont largement acccssibl~~

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au publD hors des librairies tradi tionnclle6, occupent quand m&1e une pl2.c,-,

r01ativement importante, 22,4 %d0S choix des lecteurs f meme, si dans la classifi­

cation des genres, ils sont toujours oités en dernier ]eu.

Snobisme qui se traduit par une propens:i.on à ne lire que des livres de

culture générale ou des romans littéraires? DésintérlH pour une littérature trr.:.di­

tionnellement oonsidérée comme m1neuxc '? le roman policier, de même que lèS bt:.nd0s

dessinées et It.-'S photoramans relèvent seill.bl~de la litté.rnture de divortissV.L:-0:rrc

qUli l'on éprouve le besoin de lire après les lectures sérieuses, pour se délc,ssl.;r.

D'où le raIe marginal qu'il po.rait jouer chez les Sénégalais par rapport aux ::'~ix:;rec

livres.

D'ailleurs, cettû tendonoe à he lire pratiquement que des auteurs c1DGsi­

qUt:s, qu'ils soient Africains ou Européerts, s'affirme nettement lorsque les lectecT(j

interrogés, citent leurs auteurs préférés. En réponse à la question "quels sont ves

nut8UI'S préféréa ll ? nous retrouvons presqu(> tous les noms con.firmés de la littérr,­

ture afr.1caine ",n général et sénégalaise <:n particmlier, damênw que chez les

Européens des auteurs classiques en majorité Français.

Chez les Af'ricains les écrivains les plus ci tés sont dans l'ordr", décroiii­

sant t Ousmane Sembène, Cheick Hamidou Kane, Birn.go Diop, Léopold Sédar Senghor,

CQll1.;'1.ID laye, Aimé Césaire, Ferdinand Oyono, David Diop, Frantz Fanon,Chinua Achéb0~

Abdoulaye Sadji puis toute une série de romanciers et de théoriciens africains t01;

que Nkrurr1c'lh.

Chez les Européens, les auteurs les plus lus sont les classiques do ln

littémture française ou étrangère: Victor Hugo, Emile Zola, Albert Camus, Joan

Peul Sartre, René Dumont, Emest Hem1nghwuy, Ricmrd Wright, SiI?ndhal, Gustav",

Flo.ubi::rt, Henri. Troyat, Jean Jacques Rousseau. la liste des auteurs européens cites

et nettement plus longue que celle des africains et plus variée. A cOté deS OGuvrl.:s

(~Iirnagination pure, on y trouve des philosophes comme Bachelard et Karl M3.r.x:, des

éconorrû.4tes comme Pierre Jalec, Samir Amin ou Gurumr Myrdal, 8ll passant par 1<;8

dX?4nutar8es tel que Shakespeare. Tant chez les A~r1cains que chez les Europée~Œ, si

lIon fait exception de G'l.\Y des Cars, dont la littérature s'apparente plus au rom""2l

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1 retrncent parfois la propre expérience des lecteurs et "parl ent des rétdi tés ai'ri­

1 cr::Îlws a1.DCquelles nous somme con:frontés et apportent des solutions adéquates à ces

1 problèmes ll •

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policierl, mais que l'on retrouve néanmoins parmi les auteurs les plus lus.

Chez los Afrioains, ln major1té des éorivains oités sont des romanc10rs,

très peu de poètes et quelques rares theoriciens colJllJle Frantz F'unon ou Nkrumah. 1i::)s

auteurs de la génération dite de la Négritude et leurs suco~sseurs viennent Cl'~ tet.:::.

Il s'e.git généralement de ceux que la or:l..tique a mis au :rang de classiques d8 ln

li ttérature afrioaine et pour la plupart des écrivains Sénégalais t Ousmane Sembèn0,

Léopold Sédar Senghor, Birogo Diop, David Diop, Cheick Hamidou Kane, Ousmano Socé

Diop etc••• Icrsque l'on derwmde dtailleurs aux lecteurs Sénégalais, les raisons

qui les poussent à lire ces écrivn.ins, leurs justifications varient du sentim,,;lc,lis-

me aux raisons objectives.

Les romanoiers Africains sont lus parce qu'on a consoience d1avatr affaire

à des compatriotes ou simplement paroe qu'on ép10uve 18 sentiment dif'fus dlapP8.r"t~-

nir Èt une vaste oommunauté raciale. Clest ainsi que Ou.amane Sembène "fascinL:<!1 t81

lecteur à cause de son "style sénégalaisll et qUe tel autre lit Eldridge Cleavur

et William Dubois t1parce que ceux-là traitent de sujets qui (m t ) intéressent: 186

problèmes des noirs aux USA, la disorimation raciale, le terrorisme di;> lloncle Sare.

dallS les prisons", ou Malcom X f1parce qUe (ce.luî-oi) décrit dn..~ ses bouquins le

r81c du Noir et il démystifie les Blancs ll•

Ete.nt issus du m~e milieu social, culturel et parfois géographiquG quo:;

les lecteurs, les écrivains choisis, plaisent parce qu'ils relatent des évèn8IiJ.<~.1ts

qu~ les lecteurs connaissent ou ont déjà vécu. le. connaissance du cadre et du

milieu donnent à leutS éorits un certain réalisme qu'apprécient les lecteurs qui ~~

sant donc pas dépaysés en lisant leurs oeuvres. Les distances psychologiques, sa...

ciales et culturelles sont éliminées, puisque ces écrivains traitent de sujets qui

Le penchant pdur certains éor1.va:i..ns afrioains peut parfois prendrB des

IÙllŒênSiOns sentimentales, qui n'ont rien à yoir aY~c le livro ou la lecture GD tant1

qUG tel, quand par exemple les auteurs Sénégalais sont appréciés "parce que ce sont1

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des écrivains de mon pays et aussi ils traitent toujoura de sujets qui sont très

,intéressants l1 • Les écrivains Européens, et surtout Français, sont lus pour des

misons tout à fait différentes et qui sont encore fortG.lIlent marquées par ll"p,!-

preinte de l'école. Tout d 1abord certains lecteurs avouent que n ce sont les plus

connus ll • Entendons par là. ceux dont on leur a parlé et exIp1iqué les textes duRc1lt

Ces éorivains qu'on leur a toujours présenté comme les meilleurs ùe lours

générations et de leurs pays, apparUssent donc comme des modèles dons l'utilisation

I/justifi.-- de la lo.ngue française. D'où îles / en général purement scolaires .. il, .cations

s'agit en lisont de découvrir le benu lungage, d'avoir du style tout d'abord [Lvan.t

de considérer le contenu de l'oeuvre "J;lo.roe qu'ils pnrl(1nt bien et aussi ils Bryent

suggérer ce qu'ils pensent aux gens ll • lIous retrouvons ici sous une autre fome,

ce désir d'aoquéri.r de lu 4ulturet qui f:lotivent beauooup de lecteurs. Les o.utcUT3

Français, sont appréciés par "ln. richesse de leur vocabul.aireu et par "leur siJ.flc

remarquable". Le message contenu df'..Ils If oeuvre, ne semble P~Q primordial. On aime

Victor Hugo "parce qu'il écrit bienl! et non pas fondamentalement pour ce qu'il dit.

Le livre et par voie de conséquence, la lecture t sont toujours tribu-

taires des schèmas dichotomiques inculqués à l'école : le fond et la forme. Le

lecteur a ici tendance à priviligier la forme au détriment du fond, et ses notes

de lecture sont lIf'onction d'un certain type de rapport avec 18 culture, notnmment

1.:.'l. culture occldenta1e, les modèles ocoidentaux qui existent en Af'rique et qui Bont

propagés par le système scolairell (1).

En étudiant la signii'ication du livre et de la lecture chez les lecteurs

Sénégalais on se retrouve en face de deux attitudes qUe lion pourrait formuler

80msi en shèmatisant:d'une part des aotes de leoture intéressés t qui recoupent

plus ou moins leur ilnaginaire et par lesques ils se sentent ooncernés, il sl8git

essentiellement des oe1.IV':r'es des écrivains africains et d'autre part des actes de•••

(1) FRANCE. Affaires Etrangères (secréta.riat d'état). Affaires culturelles ettechniques (dtTcction).- Journées d'études sur le développement de la lectur~dnns les états dIAf'rig.ue Noire d'express.ion française et à Madagoscar.- Vaucres­son, 1960.- p. 15.

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Il se dégage dono ici toute une problèmatique de la leoture en milieu

de lecture plus fonneIs, plus super.ficiels des auteurs français. Un des lectours

engngés et décrivent par conséquent les personnages et les choses sous leur véri-

retrouve dans oette définition du lecteur, les catéeories de l'analyse de texte

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contexte 1

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En réalité, cette<ooception dichotomique de la leoture est superfioi811e 1

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A ce titre, il faudrait dono replacer le livre dans Bon véritable

tmditi':mne11e 1 1e fond et 1.a fonne.

et erronée, oor 11 n'y .a pas d'un cthé des auteu:rs qui écrivent bien et de l'autre

table aspect, tandis que les autres sont bons stylistes et bons Ila:ITateuzs ll •

l..nterrogé sur les misons de Bes lectures, résune bien oes deux comportements

différents, faoe aux éorivains afrioains et européens en général". "Les tI.'1.8 sont

l'agenoement des mots qui permet d'y accéder foment un tout. Il semble que l'on

raisons historiques a dO. les subir plus qu'elle ne les a véritablement aocueillis.

à lIheure actuelle au Sénégal. Comme tous les produits de l'occident, le livre c.

teurs face au livre en tant qu'objet de communication.

des auteurs qui déorivent bien la réall té. Le message contenu dans un livre et

contribué à l'introduction des modèles occidentaux en Afrique. Celle-Ci pour des

Il ne s'agit pas dans ce travail de traiter du sytème culturel et éduca­

Itiormel au S4n4sal. Cependant on pourra noter oOl:O.bien, les attitudes des lecteurs

1 gnement fut un des chevaux de bataUle de sa politique d ' ass1.m1lat1on sociale. Pour

1 tout individu originaire de la colome, il i'alla1t, pour €!tre recoIUlU par le sys-

1 tème en place, lhre instrutt, c'est-à-dire posséder la langue française ou 1'1118-

1 toire de ses institutions. L'enseignement et le livre,son principal out1l,devinre:r:t

prtr conséquent les moyens privilég1ée~ pour rétu38ir socialement et accédfilr Q la

1

culture. Le mftme processus se perpétuera après l 1indépendance à peu de choses près,

Iltéducation et lIenseignement restant l'apanage d'une ndnorité, ie livre Sera

ItoujOUIE perçu comme étant le moyen par lequel l'on parvient à se hisser intellec­

Ituellement puis socialement au niveau de cette élite.

1 A une époque où le colonisateur cherohnit à imposer ses propres modèles, l'ensei-

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1 a:fricain dont les OOlllposantes relèvent à la fois d'aspeots culturels, intellectuels, 1

scolaires et sociaux qUi influencent fortement les motivations profondes des 1eo-1

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Sénégalais en face du livre,' slinsèrent dans les schémas hérités de l'école colo­

niale et d'un s,ystème éducationnel élaboré pour une petite élite et dans lequel

l'échelle des valeurs sociales, culturelles et intelleotuelles à. laquelle Be ref&­

rent les indiVidus, relève de catégories souvent étrangères à leur propre sooiété

et introduites par le système éducationnel du colonisateur. Noua l'avons dit dans

le chapitre l, l'école des indépendances est l'héritière, du point de vue des

structures et des programmes de l'école coloniale dont la finalité était de créer

et d' entreterd.r une élite au détriment de la masse.

Or, le livre est 11.1nstrument par exoellence de ce système scolaire.

C'est "l'instrument d'un rite de passage: l'acquisition d'une somme donnée de

connaissances, peur accéder d'abord au travail, pUis à la réussite économique et

sociale" (1). Finalement, ceux: qui ont les moyens ou la chance de disposer de

bibliothèques, en généra.l les oitadins, mi choisissent pas de lire ou de ne pus

lire, mais Y sont presque contraints, pour sortir de leur propre condition et

acoéder à une sorte de pIUEl-~tre. Dl oÙ, semble-t-il, chez les lecteurs Sénégalc.io,

le caractère mzrginal de la lecture gratuite, pour le plaisir de se détendre. ':l'oute

lecture ne peut qu '3tre sérieuse et utilitaire.

Or, si lion pense qu'actuellement, les trois quarts des lectures propo­

sées au lecteur Sénégalais, c'est-à-dire celles qui relatent des expériences,

t:rn.itent des problèmes ou simplement décrivent un imaginaire, sont étrangères ô.

l'univers culturel du lecteur, on peut aff'inner que livre peut ~tre, au m&1e titr8

que d'autres méd1Baculturels, un facteur supplémentaLre d'aliénation et d l 1.ruldapta­

tian sociale. Il est vrai cependant que la lecture ne do:i. t pas ~tre rédUite à. le

connaissance dlune seule expérience humaine aussi or1ginale so:lt-ell.e et rejeter

celle des autres, et que les lecteurs Sénégalais doivent évidemment s'ouvrir aux

chef-d'oeuvres des littératures étrangères. Cependant nous pensons avec Robert

...

(1) Panorama sur le serv1.ce de bibli.othèque aux jeunes adultes.- Montréal, 1968.­p. 6

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Escurp1t que "llessentiel de ln nourriture intellectuelle a'un peuple doit avoir

été élaboré dans sa propre oonscienoe" (1), faute de quoi, le lecteur Sénégalais

tentem toujours d'atteindre, à travers ln lecture une "culture" qUi ne 8err:~ pas

toujour's en aooord avec ses propres valeurs.

Il nous reste maîntenant à voir, à travers les définitions données par

les lecteuxs, ce qu'est réellement pour eux, cet aBsemblage de feuilles imprimci€s

et reliées que l'on appelle livre et dont nous avons tout au 10ng de ce travail

étudié l'histoire et la d1.ffus1on au Sénégal et l'impaot sur les lecteurs de

Dakar. Qu'est-il pour un lecteur Sénégalais, l'utilisant plus ou moins régulière­

ment? C'est la question que noua avons posée à nos enqu~tés en dernier lieu.

DIRprès l'étude de leurs réponses, nous aYOns pu élaborer une classification des

c1ifférents éléments d1indentifioation du livre, qui s'articule autour de deux

idées ma!"tressea, qui rev:l.ennent conatarmnent dans lem' défirdtion. D'une part le

livre est considéré comme un outil, un objet dont on se sert pour satisfaire un

besoin ou atteindre un objectif bien précis. Dans ce oaB la caraotéristique prin­

cipale du livre, est la mono-:fonctionnali té dans 1.m perspect1.ve didactique, avec

des variantes dans II énoncé des éléments de caxa.ctérisation.

D'autre part le livre est vu à travers son auteur et devient donc la

voix ou la pltmLe dlun individu qUi s'adresse à quelqu'un d'autre. C'est ce que

nous poUITions appeler le livre-sujet, aUX caractéristiques mult1-fonctionnelles

et dont les éléments de caractérisation sont plus divera et plus subjectii's.

Pour les SénégalaiS, qu'est-dono qu'un livre?

•••

(1) ESCARPIT (Robert).- ldttérature et développement.- op. oit.- p. 248.

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Id.vre-objet livre-sujet

Moyen d léduoation Compagnon, ami

de formation inter1.oouteur - oommunication - ~

d':l..n1'onnation logue

promotion socia~e engagement - prise de conscience

culture règles de morale - savoir vivre

détente - distraction - évasion

oonsoience d'un auteur

oivilisation

culture

moyen d'aotion - d'épanouissement

Dans la formulation de leurs réponses, les leoteurs n'établissent

évidemment pas une cloison étanche entre ces deux rubriques. De m&Le qu'il n'y a

pas d'me part des leoteurs ayant uniquement une canceptionllsubjective" du livre

et diautre part une oatégorie llutillsant dlune manière"objectiveflstrictematlt. :2.n

réalité, leur oonoeption du livre tient, en général, des deux à :la ':fois, avec

cependant une certaine prédominence pour le livre objet. Il t'aut aussi noter qUe

les dii'férentes rubriques de notre classif'icntion ne sont pas irréductibles et

sont souvent complément:tlres. Que par exemple, Ifil1:to:rma.tion par la lecture peut

déboucher sur une prise de conscience et un ellgaeJeIDent et qu'inversement ceux-ci

peuvent naitre d'une fonnation acquise à travers les livres. Quelques exer:lples de

défini tians données par les leoteurs pourront mieux penuetb de voir le caractère

multifonne du livre aux yeux du lecteur Sénégalaie.

- "pour moi le livre est la olef de la culture, un instrument de com:!luriccr

tion des idées à travers le temps. C'est auss~ un outil de txavail pour celui qui

veut se per.fectionner dans son domaine. Et le livre eét a.ussi un moyen de vulgari-

sation des différentes civilisations au delà de leurs frontières",

- "ctest un compagnon, un ami avec qui on passe les moments difficiles.

C'est aussi une source complémentaire de connaissanoes".

• ••

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_ 1Ile livre nous dévoile le monde et les hommes. Il permet à l'holIlIIl.€ de

sortir de la sphère restreinte dans 189.Ue11e il. a été oontraint de vivre par sa

condition sociale qui détermine son éduoation".

_1Iill'l livre, c'est llexpérienoe d'une vie humaine divtùguée à la maB8ell~

~~un livre) c'est tout sim.plement la conscience d'un auteur qui cherche

un interlocuteur; tme sorte Q.lobjet magique, un talismanu ,

-"un livre c'est le complément de l'homne seul, l'outil (théorique) de

l'homme qui veut ~tre un homme; c'est le remède de l'homme fatigué (bandes des-

Binées), GrAce à un livre un homme petit peut devenir lU1 honune grand".

~pour moi le livre est l'ambassadeur de l 1 inStruction, il nous permet

d'éviter certaines choses et il nous pennet aussi de conn.a1tre la vie et Ifactua-

lité dans d'autres pays sana jamais y avoir été. Il nous pennet aussi de parler

correëtement du Français, de l'Anglais et d'autres langues étrangères sans t'aire

de fautes ll ,

-"çà sert beaucoup à comprendre les réactions des divers types de carnc-

tères incarnés par différents personnages, suscités par le thème du livre. gà nous

montre souvent aussi oomment l'indifidu est formé par sa sooiété. Clest le moyen

de s'identifier à un personnage et de se voir peint objectivement. C'est le moyen

le plus complet pour vous de se situer dans l'ensemble de Ilhumanitéll •

_" c l es t quelqulun qui nous parlep qui nous fait découvrir des choses de

notre époque qUe lion ignore, c 1est quelqu'un qui nous fait r0ver, qui nous

éveille, nous distrait en nous racontant des histoires vraies ou de fiction, , C1est

un compagnon de toujours, il est là depuis des siècles et il ne fait que -

progresser'•

-"le livre est un message que son auteur veut délivrer, Veut faire sentir

'\ son lecteur. Pour partager les sentiments dont ll auteur nous fait part il faut

pénétrer dans le livre, pour éprouver le m&1e sent:lrnent qui a motivé l'fniw.~-\

traduire sa pensée, ses sentiments, dans quelques lignes qui sont à votre portée".

Ces dix dlfif'1nitions proposées par oertains leoteurs, à propos du livre,

ont été transcrites oomme nous les avons reçues. Nous avons simplement corrigé

purf'o1s quelques fauteS d'orthographe ou des maladresses de style qui auraient pu

•••

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-so-

g/';iner la compréhension des textes tout en évitant d'altérer le fond de la pens,je

des lecteurs. Les réponses ayant été nombreuses, beaucoup se recoupaient. Nous

avons donc préféré choisir celles qui nous semblaient être les plus caractéristiques

et les plus :intéressantes pamti toutes celles que nous avons recueillies.

On peut tout d'abord oonstater à travers ceS définitions que le livre en

tant qu'objet n'est jamais considéré en lUi~~e. Il est toujours défini et situé

par référenoe à quelque chose (enseignement, information, éducation, savoir etc••• )

ou à quelqu'un (l'auteur, l'écrivain, l'homme eet.. ). Le livre pourrait-on dire es~

par déf'.1nition en situation, da.na l'esprit du lecteur SénégalaiS. M&1e lorsque l'Ui:~

d'eux part de la matière première pour définir le livre, il complète se dét'in1tiœl

par une référence d'ordre intellectuel: "un livre ctest du papier oultivéll•

Nous avons déoelé chez les lecteurs deux peles avons-nous dit .. Le PXBmirJJ:'

so refère au livre comme moyen dtétude, conune objet didactique. Presque tous les

J.ecteurs quî ont donné une défini. tian du livre y ont vu cet aspect. Nous avons

déjà parlé des conditions historiques, sociales et cultu~u1. maintiennent

encore le livre dans le giron de lrécole .. Objet essentielJ.ement scola1re et docu­

mentaire, dont se sert le leoteur, son ut.11isatlon ne nécessite pas un enga.:;Œl9l1t

ou des prises de position intellectuelles de la part de celui-ci, ce Qui n'exclue

péLs éviden:m.ent qUe celUi-ci doive :faire preuve de ca.pacités de l'éf'lexion et d'a...'1a-

lySG, nécessaires à lB bOIllle compréhension de la lecture. Cependant cette lecture

se situe au niveau de la oonnaissanoe de 11 idée contenue da.'1s le texte et elle

dépasse rarement Ce stade .. Les livres teclmiquea de documentation, les manuels

scolaires et dans une oertaine mesure les revues, journaux et magazines relèvent de

ceG actes de leoture. "Il ne a1agit pas d'aboIÙ de savoir .s'ils plaistint ou déplai-

sent en eux:-m&1es, mais s'ila :indiquent oorrectement une oertaine chose du mondB ou

une notion" (1). "POUl" moi, d:1t un leoteur, le livre est l1ambassadeUl" de l'instruc-

tion, il nous pennet d' éviter certaines choses et il nous pennet aussi de col1lliÛtxe

1..1, vie et l'actualité dans d'autres pays sans jamais y avoir étéll • Dans les dét'ini-

tians de ce genre, le 'OU les auteurs du livre sont rarement pr:i.s en oonsid~ration.

Et le oontenu des ouvrages, le message en quelque sorte na pennet pas d'envisager

" .

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un dia.logue entre le leoteur et l'auteur par le biais de la lecture. L'utilisation

du livre comne moyen d'aocès à la connaissance telle que nous avons essayé de le

définir, s'explique pour des raisons d'ordre social, historique, ctù.turel, écono-

mique et intellectuel que nous avons essayé de montrer à travers le dépouillem.ent

de 11 enqu~te. Cependant si la leoture utilitaire .t :tonctionnelle occupe une pIao\;'

relativement importante dans les lectures des Sénégalais, elle n'en constitue qu f u.'1.

aspect et n'est pas: -chez eux: la seule façon d'aborder le livre.

En effet, dans la olassifïcation des éléments qui oaxactéri.se la lecture

chez les Sénégalais, nous avons dégagé une deuxième d:lJnension du livre que nous

avons désigné sous l'expression de "livre-sujettl • Il s'agit essentiellement ici

d'une utilisation du livre plus perso!ll1elle et plus subjeotive. Ici 11 s'agit moi.ns

du livre que de 11 auteur et de ses idées. Oelui-ci est personnalisé et nommé et

devient le "compagnontl,"1'ami", le livre n'est plus cet objet neutre et t'raid, !~lais~

représente "la conscience d'un auteurll , qui par le "dialogue et la communication"

traduit tme "expérience humaine ll • Au niveau du lecteur 11 acte de leoture devient lL'1

"engagement pour 11avenir" , une "prise de conscience" ,lIun moyen d'aotion et d'âpe.

nouissement" assortis de "règles de morale et de s8voi:r-viv:rcJJ •

Les livres de oulture générale, les :romans littéraires, les romans poli-

ci.ers sont les principatrx: genres littéraires qui permettent au leoteur de dépasser

le livre en tant que véhicule d'une idée, pour participer à liaotion décrite p8.r

11 auteur en acceptant ou en rejetant le massage contenu dans l'oemrre. C'est véritü-

blement une leoture active qui engage la liberté de l'individu, qui par son udhésion

ou par son refus du message de l'auteur, répond à l'appel de celui-ci, tant il est

vrai que toute " oeuvre littéraire est un appel" (2) qui ne trouve sa réalisation

complète que par l'acte de lecture.

Pour les lecteurs Sénégalais il semble tout d J abord que la lectut-e à Q6

niveau soit une expérience constamment renouvelée de libération et d'émancipation

•••

(1) SARTRE (Jean PalÙ).- Qu'est-ce Que la littérature ?- Paris: GaJ.J.:i.Inf>.rù, 1967.p. 26

(2) SARTRE (Jean Paul).- ibid. p.

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personnelles". IlLe livre permet à l'homme de sortir de la sphère restreinte

dans laquelle il a été contraint de vivre par sa condition sociale qui détermine

son éducat1onll • En vivant par la lecture, une expérience dllférente de la

sienne, le lecteur transcende les contingences culturelles et sociales qui

pèsent sur lui pour mieux appréhender le monde et les hommes.

En outre, par rapport aux situations sociales dont ils prennent

connaissance à travers leurs lectures, certains lecteurs Sénégalais déclareni

que le livre "montre souvent œmmment l'individu est formé par sa société". Par

référence et par opposition à la situation sociale de celui qui le lit ,le .livr~

devient un révélateur. Cela n'est pas sana conséquence sur le plan individ.uel

et social, puisque fondamentalement, l'oeuvre littéraire est sollicitation ct

mise en question et pour certains lecteurs, la lecture pezmet de Ils 1identL'i,::I'

à un perso:tlllage et de se voir peint objectivement". Si cette approche de l' oeu-

vre littéraire peut effectivement ~tre un moyen de libération et d'éIDe:"UlcipQtio:1,

il peut aussi prendre des aspects néfastes et peut t3:tre motif dl alilhmtiŒl ,de

refus ou m&1e de rejet de 11 univers culturel et social d'origine pour une

société, un genre de vie, une vision du monde que l'on n'appréhende pas tota­

lement et qui reste étrangère, car en tant que technique moderne, "il (le livre)

crée de nouveaux rapports entre les membres d'une société, entre l'homme et la

nature, en m~e temps qu'il transfonne la langue et suscite de nouvelles va­

leurs, une nouvelle vision du monde".(1).

Nous touchons là à ce que les lecteurs interrogés désignent SOttS les

tû1!.l8D de "culturelletllcivilisationll. Il semble en effet que pour certains

lecteurs, avoir de la culture, c'est connaitre, posséder et pouvoir imiter

pŒr.f'ois des sohèmas propres à une autre civilisation et particulièrement 10.

civilisation ocoidentale. Schèmas. 'répandus et entretenus par tous les mo~r8ns

dl~BdBat1an 1 radio, presse, cinéma, télévision et livres. Or comme aes médias

sont en général contr81és par 1'étranger, il y a à craindre que l' éoancipatiœ,-

et la libération recherchées à travers ces moyens d'infomation en générol,...(1) NDIAYE (Théodore).- Le rale du livre dans les civilisations orales, LY!.

"le Soleil", supplément au nO 568.- p. 1

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culturelle..

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Car pouvoir déchif'frer un livre, Cl est-à-dire ~tre l;lapable de le

affiner leur jugement et développer leur sens critique .. Dans cette rechClJche

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en lisant le livre on s lapprop"rL.e' un certain pouvoir, et ce pouvoirlecture

D'où des défirûtians du livre assez innattendu : le livre devenant un "ob jù t

tirés du livre saint dans la confection de talisnans et gris-gris protecteurs.

nagique" un "to.lisman". Ces définitione sont sans doute à rapprocher du co.rac t 2-

part des p3.Y8 is1.an'iséa au sud du Sahara, réside non seulement dans le fo.i t

L1un des pouvoirs charisœtiques du Coran, au Sénégal et dans 12. p1u-

en sérère (2).

et la lecture au partioulier, ne se transfonnent inconsciemment en aliéna":;ion

re polysémique des termes qui désignent le livre dans certaines langues sénécu-

lire, ne sui'f'i t pas. Jmoore faut-il que la. lecture au delà des oonnaisssnces et

qu 1il Y a à 11 intérieur du livre se prend simplement en lisant le livrell (1).

COMpose possède de ce fait une certaine puissance. D'où l'utilisation des versets

laises • En wolof teere signifie à la fois, livre et gris-gris, de ofulle que séli'c

de la Oulture, il y a chez le. leotew Sénégalais un certain "fétichisn.e de le..

de l'expérienoe qu r elle peut apporter aux individus puisse fonner leur gaüt,

Ici l'efficacité temporelle et matérielle de l'écrit, telle qu'elle est conçue

en Occident, dans l' expression latine, verba vol (l1 t, scripta IllE.Ilent, devient

<w- 1il est le livre de la révélation, mais aussi que le texte matériel qui 112

un don efficace conf'éré par la grâce du texte et doué d'une certaine pui.s::;ancG.

Il Y a eu historiquement, seoble-t-11, une relation de cause à effet entre

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l'intraduction en Afrique d run enseignement religieux fondé sur la croyanc (: ep

un message transmis par le biais d 'ml texte écr:1.t et à la foi. toute nouvelle

des néophytes issus à 11 origine de société sans éontures et qui a.6si.milèrent la

puissance de ln lll.ouvelle religion à ce nouveau moyen de transmission d'une id80

que conatitulût 11 éonture. Il su:ff1sait donc de porter sur 80i des vers ets clu

livre saint pour ~tre avec Dieu.1 •••

, (1) FRANCE (~-ôt:rnn[)lret3 (S~~'rt ct ~ étuL.};4t..f;e~..-Lror~ -(X;l~ !Pt Teà::r1 niques (Direction) .. Journées dl études surJ.e dweloppement de ln lecture clona les1 états d'Afrique Noire d!expression franQaise et à Maùagascar.-Vaucresson,1Sl6S.p.1C.,(2) cf. NDI/l.YE (Théodore).- op .. oit. p. 5.

1

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Cependant ln comparaison par les lecteurs d'un livre à un talisman ne

relève pas selÙement de considérations religieUBes. Dans un domaine plus praI' ;ne,

le livre a été, à un moment donné de son histoire en Af'r.ique, une des cIers d8

la réussite sociale, de là ce pouvoir magique qui lui est attribué par certains

leoteurs, puisqu'il aufi'isai t de le posséder que ce soit intellectuelleI'lent ou

matériellement, pour changer sa candi ti.an d 'hollJDe.

S'11 était bon de noter cette conception assez singulière du livre,

il faut néanmoins préciser qutelle n' est le fait que de très peu de lecteurs. le

plupart en effet, le replace.t/anB sa finalité normale et naturelle, celle de le.

communication. Car le livre et llacte de lecture qui est son prolongement non,<::.l

ne se réalise réellement que dans le circuit auteur-lectelU'. Certes les canditiens

sociales, oulturelles et économiques influent aussi bien sur l'émetteur que le

récepteur, et l'auteur comme le lecteur ne sont jamais totalement libres de leUT3

pensées et de leurs aationa, mais il reste qu~elà ~es bruits pour reprendre

un terme de la sociologie de la lecture, qui entourent le Bessage littéraire j

celui-ci doit 0tre reçu et réinterprèté selon des propres sahèmas.

A oe propos il nous sem.ble que le lecteur Sénégalais éprouve des dif-

ficlÙtés à ce niveau. Non pes,qu'il ne soit pas oapable de réinterprèter les

messages contenus dans ses lectures, mais des facteurs socio-eulturels tro~i

longtemps accumlÙés oblitèrent quelque peu sa vision du livre. la colonisation,

et par la suite, l'introduction de la civilisation occidentale aves ses .Godèùes

et ses mythes, leur perpétuation par le système soolaire, llinBuf'fisance et b.

mauvaise répartition des bibliothèques, sont parmi les freina les plus ioportrl11tc

au dét'eloppement de la lecture en milieu sénégalais, tant il est vrai que le

livre, la lecture et les bibllot..lJ.èques, s'inscrivent au Sénégal dans un lontexte

bien particuJier qui n'est pa.s sans inf'luer sur leur utilisation. Il reste

cependant que, dans le processus de développement économique ct sooial du pays,

l'utilisation des moyens d'information soientifique et technique est indispensa-

ble. Que l'on ne saurait se passer du livre en tant que tel, aussi bien dons le

domaine de l'éducation qUe dans celui de l'infonnation en général, mais qulUl.'ID

rédéf1nition de la notion du livre s'impose tant au niveau ses structures de

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production (édition) de distribution (bibliothèques, librairies) qu1à celui dcs

leoteurs, pour une meilleure utilisation de l'objet littéraire.

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CON a LUS ION-:-1-1-1-1-1-:-1-1-1-

·,

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Au tentl€ de cette étude sur le livre et la lecture publique à Dakar,

notre conclusion s'articulera sur quelques faits qui caractérisent le problène

de la lecture à Iakar. Ici comme dans toutes les grandes villes, le livre se

vulgarise de plus en plus en sortant de ses circuits traditiormels de dis tribu-

tien telles que les librairies, les bibliothèques et dans une certaine mesure

l'école et devient de ce fait plus familier et plus accessible à ceux qUi peuvent

lfutiliser, c'est .. 'tre les lecteurs potentiels. Or malgré ce phénomène qui ira

en se développant on oonstate que la lecture ne concerne réellement qu'une toute

petite ~orité concentrée essentiellement dans le quartier du plateau et ceci

pour des raisons sociales, politiques et économiques au détriment de la masse Les

lecteurs, dont les besoins en lecture Bont réels et évidents aussi bien chez les

o..dultes que chez les adolescents.

En outre nous avons constaté tout au long du dépouillement de l'enqu@te

que le livre était engagé, chez les Sénégalais notamment dans ce que nous avons

appelé "l'impasse scolaire". A savoir que les lecteurs dakarois ont tendance ,\

utiliser le livre dans une perspective scolaire et utilitaire, et ne lisent en

réali té que pendant la période de leur vie qui correspond sensiblement 0. celle

où ils vont en classe ou pendant laquelle ils ont besoin d'information pratique

et ponctuell~ en rapport avec des préoccupations professionnelles ou personnel~

les. Ce besoin de lecture s 1éteint au fur et à mesure que les lecteurs vieillis-

sent et sléloignent du monde scolaire. Un autre fait qui est notoire dans les

motivations des leotures des Sénégalais est cette espèce de mythe qui entoure

encore le livre :"i parfois inconsciemment et qui en fait un objet réservé :',- une

élite et que l'on doit nécessairement posséder, au sens propre comme au sens figurrL

pour faire partie de la minorité des privilégiés qui possèdent cette "culture"

dont les lecteurs ont si souvent parlé. Cette notion de culture G acquérir nous

ne l'avons retrouvée tout au long de l'enqu13te que dans les réponses fOu:r:T'..ies

...

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par les lecteurs Sénégalais. Cr est l'une des différences fondamentales entre

ceux-ci et les lecteurs Français et Libanais. Si ces derniers font preuve de

•pragmatisme à l'égard du livre, il convient de retenir toutefois que les justi

:fications qu'ils apportent à leurs lectures s'arr@tent généralement à des consi-

dérations purement scolaires, les Français faisant pluttlt référence à dos

notions de goftt, d'habitude ou de plaisir personnel.

Pour les uns il n'y a pas de rupture entre le livre et leur proprG

réal1té sociale et cultu.relle. Ils peuvent donc par le biais de lectures Qui

retracent leur propre univers mental et intellectuel, participer à travers le

oontenu d'un texte, à une expérience qui ne leur est pas fondame.."1talement Str'C'_n-

gère. Nous avons awi constaté dans le dépouillement de llenqutte, le pw de,

place qu'occupait chez les Français, la lecture des oeuvres de la littér.2.turc

a:frioaine qtù appara!t en définitive comme étant pour eux une littératurl2 !"JarGi-

nale voie exotique.

Eour les autres par contre, lire c'est acquérir des idées, des valeurs,

dE:S comportements qui appartiennent à une autre civilisation qui dans d'autres

contextes : techonologique, éoonomique et social sont valorisés par rapport ~ux

valeurs de leur propre société. Savoir lire et pratiquer la lecture e' est :.l0uvoir

appréhender par le biais du livre cette autre situation qui. appara1t COr:iLle

l'idéal. Cela se tradUit concrètement pa,r un penchant très marqué pour tous 1· 'C.'

ouvrages qtù peuvent apporter une certaine promotion sociale (livres scolnires

ou documentaires) ou culturelle (livre classique de culture générale).

Cependant nous n'en concluerons pas que les lecteurs Sénégalais SOEt

tous aliénés. Leur attitude face au livre n'est, nous semble-t-il, qu'un aspuct

d'une situation sociale et culturelle plus générale où les individus subissent

quotidiennement les valeurs de l'Occident par l'entremise notamment des moyens

de "lommunication sooiale dont le livre. Par contre une fois qu'n.a retrouvent

dans leurs lec-tlires un monde, des préoooupations, des idées et des valeurs gui..

lem- sont propres, les juati.ficat1ons de leurs leat1u'es au nom de la "culture",

ne s'imposent plus, n'apparaissent plus explicitement dans leurs déclarations•

• ••

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-sa,..

Llengouement des Sénégalais, pour la littérature afrioaine dl expression frnn-

çaise, relève moins d'un désir de découvrir une littérature, somme toute rela-

tivement neuve, que d'une communion avec des écrivains qui leur décrivent Wi.0

vision du monde à laquelle ils participent. A partir de ce moment, la lecture

n'exige pas dr~tre justifiée, elle devient le prolongement naturel de l'expé­

rience quotidienne du lecteur. Et puisque cette littérature est composée "dloeu_

vres qui organisent I l tmaginaire selon des structures homologiques aux structures

sociales de la s1tua.~on historique" (1), il n'y a plus rupture entre le lecteur

et le monde décrit dans ses leotures, Nou.s retiendrons donc chez les lecteurs

Sénégalais llambiValence de leur comportement vis-à-vis du livre et de la leoture.

Certes, tout acta de lecture oomporte un aspect à la fois didactique et culturel,

mais 11 reste que par rapport à leurs homologues Français et Libanais, les Sén~-

galais sont les seuls à :faire une distinction très nette entre la lecture utili-

taire dans une perspeotive dlappnmt:issage dhme part et d1autre part des 100-

tures de culture générale en fondant cette distinction sU!' des types de lectur8.

Cette étude a permis aussi de mettre en évidence l'insuffisance des infraetl~c-

tures en matière de bibliothèques à Dakar d'une part et d1autre part leur r:"!.aU-

vaise localisation par rapport à la tlasse des lecte'UJ::'S. Le circuit du livre ~t

Dakar recoupe à peu de choses près d'autres circuits culturels, économ1.quuf] et

sociaux. Les lecteurs dakaro:i.s, de m'&1e que la plupart des travailleurs de 1."1

région du Cap-Vert,sont tributaires de la "Ville".

Nous retrouvons dans le domaine de l'1nfonnat1on en général une

situation caractéristique des p~s sous développés, où une nllo, 1a oapitale

en général, concentre en Bon sein la presque totalité des rouages 600io-

économiques au détriment du reste du pays. La distance qui existe entre le livre

et la majorité des lecteurs, pour la plupart africains, ne favorise en rien le

aéveloppement de la lecture; 11utilisation du livre restant de oe fait

ponctuelle, marginale vorre m&1e acc:i.dentelle"

(1) DUMAZEDIER (Joffre) HASSENl10RDER (Jean).- Eléments pour une sooiologie de le.production de la diffusion et de l'utilisation du livre.- in Bibliograp:u.ede la France, nO 24, juin 1962.- p. 60.

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Or instaurer un circuit inverse de celui qui existe actuellement, en

organisant des structures de leoture en milieu populaire, c'est non seulement

créer les habitudes de leoture non fonctionnelles, mais aussi répondre aux

besoins spécifiques des lecteurs en matière de lecture. Nous avons constaté au

cours de lf'enqu~te que le rattachement de la plupart des bibliothèques de lecture

publique de Dakar, à des organismes étrangers, dont ils ne sont parfoiB que des

oentres de propagande culturelle, influe non seulement sur le choix des leotures

des usagers de oes bibliothèques, mais encore sur le oontenu de la littér'clture

qui leur est proposée.

Il Y a certes des comportements différents face aux livres entre les

lecteurs d'origine culturelle et sooiale différente, mais une démocratisation b:;

service des bibliothèques peut, aemble-t-il, diminuer considérablement ces dis­

parités et leurs conséquences, en mettant le livre à la porté4 des lecteurs dans

les endroits où il vit habituellement. Car la bibliothèque nlest pas simplement

un ensemble d'annoires à livres ou de l'a\Y"0nnages richement garnie et régulière-

ment approvisionnés, elle doit fttre aussi et surtout cette institution dynnnique

qui par ses activités éducatives culturelles et de loisir, dépasse le cadre

étroit dlune minorité de privilégiés, pour Êltre au service du plus grand nor;br8.

A ce titre, les bibliothèques de lecture publique par leur organisntio~,

leur structure et leur t'iœlité doivent promouvoir le livre dana les masses

populaires. "6i elles veulent contribuer à résoudre au ma.x:1mum, l'écart qui

sépare la culture du grand public, des spécialistes et des créateurs, si elles

veulent @tre les agents dlune réelle démocratisation de la culture, elles doive~t

être animées d'un espr.tt social" (1).

Tel n l est pas le oos, pour ltheure, à Dakar. Le développement des bi-

bliothèques nl~t pae suiVi les progrès de llenaeignement, les infrastructures

léguées par le colonisateur n'ayant pas été renouvelées ou remplacées, les qmü-

ques rares instit1rt1ons organisées, sont de fait essentielle.ment tournées vers

•••

(,) DUMAZEIllJ;:R (Joffre). lIASSE'lFORDER (Jean).- Elémenta pour une sociologie clela production de la di:ffusion et de 1 1utilisation du livre.- in bib1iogr[;,-.

phie de la France, nO 24, juin 1961. p. 60

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ce que nous avons appelé le circuit aisé du détriment de la masse des lecteurs.

Clest une des caraotéristiques des bibliothèques publiques de la capitale séné­

galaise, que dl~tre, malgré elles peut-@tre nu service d'une minorité privil.é6'iG~

en dépit des efforts que déploient certaines d'entre elles pour dépasser leur

cadre géographique et atteindre d'autres lecteurs moins favorisés.

Cette discrimination de fuit qUi slinstaure entre les différents

lecteurs risque de subsister pendant un bon moment encore, faute de prévisions

à long tenne, au niveau des pouvoirs publics. Et les lecteurs de la Médina, r1u

Grand-Dakar et autres quartiers périphériques qui fonnent la majorité des lec­

teurs potentiels et réels faute d'infrastructures au niveau de leurs zones

d'habitation seront toujours en situation de pénur:le en ce qui conceITl€ la

lecture. Cette situation, à notre seen, contribue à entretenir chez certains

lecteurs une v:ï.sion erronée du livre et de la lecttu'e, dans la mesure où ils sont

considérés connne subsidiaires, ma:rginaux et n i apparaissent pas comme facteurs

d'enrichissement intellectuel et culturel des individus et partant des sociétés

dans lesquelles ils v:f.vent et ag1.ssent, maiS simplement comme des moyens pemet­

tant dtacquérir des connaissanoes pratiques à un moment précis de leur existence,

pour pouvoir accéder à une autre situation.

Cette utilisation partielle du livre, nia pas cependant éliminé conplè­

tement chez les lecteurs un besoin latent de lecture et les efforts que déploient

les lecteurs pour sten procurer en est une preuve. IVàlgré le développement è.'au­

tres ROYans d1infonnation ou de distraction, tels que le cinéma, la presse et la

mdio, le livre conserve une place assez ir.lportante comme moyen dl acquisi tion des

cor..na1ssances et dlaooès à ~9. culture. Le problème est surtout celui du développe­

l!tent de l'1nf:œstructure de sa décentI"dlisation et de sa prise en charge par les

pouvoirs publics, pour une meilleure popular1eation du livre et de la lecture.

Cam aurait pour princ1püe conséquence de démysti:fier 11 objet-livre, apannge

d'une petite élite, en créant des habitudes de lecture dans tous les milieux.

Par delà, le livre se trouve donc poser le problème de l'introduction

de l'écrit et des moyensmodemes de transmission de l'ini'onnat1on dans des sociétés

encore largement dominées pax l'oralité. Parallèlement au développement des

.~

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médias moderr!es, le oaractère oral de l'information au niveau des structures

traditionnelles afrioaines continue dl exister. Il y a doua ooexistence de deux

modes d f 1nf'ormation et parfois m@me utilisation de l'un par l'autre, dans le cu.,

par exemple de médias comme la radio ou la télévision.

Face aux moyens dont bénéficient les médias modernes, le oircuit de

llini'ormation risque dt€!tre unilatéral. Dana le cas des bibliothèques qUe nous

avons étudiées, il ressort qui elles sont les répliques exactes de celles qui

existent en Europe, tant du point de vue de leur conception technique que de le.

façon dont elles assurent le t.ronsfert de l'infoI'D.la.tion. Dans une perspective

plus nationale, les bibliothèques a:fricainea devmient 0tre pensées et créées

en fonction du milieu spéci:fique dans lequel elles sont implantées. Il s'agit

non seulement de démooratiser la. lecture en touchant le .maz:t.mum de lecteurs, ",o.ic

aussi par des actions faites à partir du livre: club de leoture, alphabétisa­

tion et autres activités culturelles, de donner à l.'1nstitution bibliothèque "L'1'1

caractère plus social et plus engagé au service du développement de la nation.

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BIBLIOGRAPHIE-:-:-:-:-:-:-1-:-:-:-:-:-

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L1A~r:l..9.ue manque de livres. De longues perspectives slouvrent à une industrie pape­tière naissante.Tin : Maniteur A:fJ:icain du oommeroe et de ltindustrie. 366, 3-10!

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:ra librairte-papeteri.e en Afrique 1 un marché d'importation en expansion easentiel­lement dom.:1né par les européens.

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Le livre et~tf...:trJ.gle. '.-(Supplémetl."t spécial à Jeune Af'r1que nO 625, du 36 décembre 1972, pp. 59-65)

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Premier mai • journée m.ondia1e des moyens de communioation sociale. I. Bilan de lapresse écrite en A:fri.que. ll. Le cinéma africain réclame sa place. III. Succès dG lc~

radio en Af'rique. T'V. 400.000 télespectateurs en Afrique francophone.("Afrique nouvelle", nO 1030, du 4 au 10-5-67)

.la Production, ~ .... de liv:res en Afi'1que est beaucoup trop faible.ilLe Mandeil 2~2-68)

Promotion 'du livre en Afrique : problèmes et perspectives (rapport de la réur.dond'experts sur ]a promotion du livre en Afrique. Accra, 13-19 f'évrier 1968. Etude deoertains aspects économiques de la promotion du livre en Afrique, réd. par le secre­tariat de la commission éoonomique des Nations Unies pour l'Af'Z'ique.- Paris, Unesco·1969.- 27 om, 41 P.) (Etudes et documents d'information 56).

Sityqtion de la presse dans les états de l'union africaine et malgache, en GuirLée,au JlnU, au Togo.- :Paris, la documentation t'rança:1sEl, 1963.- 27 cm 176 p.(Travaux et rechercnes ·n~· 17).

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Textes o:fficiel.e oonoernant le livre au Sénégal.*

- Bureau sénégalais du dra1 t dl auteur 1

J.O.R.S.

J .O.R.S.

4228 du 3-VI-1972 p. 913

4263 du 2~II-1972 p. 1993

- Conseil sUEérieur du livre :

J.O.R.S. 4260 du ~-1972 p. 1910

•••

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_ Prix de vente des liVTeS 1

J.a.R.S. 4223 du 6-V-1972 p. 734

- Pr1X de revient :

J.a.R.S. du l-VIII-1961 p. 473-474

,

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TABLE DES lIlATIERES-:-1-1-1-1-'-1-:-'-:-1-

INTRODUCTION ••••• o •••••••••••••••••••••••• o.' ••••••••••••••••• o ••••••• Page 1

Prem1ère Partie l 'Les Bibliothèques et la. lecture au Sénégal

a) Historique du livre et de la lecture au Sénégal•••••••••••• Page 9

b) Le. bibliothèque. de fulœ.r

La Région du Cap-Vert et Dakar•••••••••••••••••••••••

Le réseau documentaire à Dakar•••••••••••••••••••••••

Trois bibliothèques à Dakar •••••••••••••••••••••••••

- Lea leoteurs de oes trois bibliothèques ••••••••••••••

Deud.ème Partie 1 Enqu'lhe sur la Lecture Publique à Dakar

Page

"""

25

28

34

38

a) ItEnqu@te et ses résultats ••••••••••••••••••••••••••••••••

- le questionnaire ••••••••••••••••••••••••••••••••••••

les leoteurs enfants ••••••••••••••••••••••••••••••••

-les lecteurs adultes •••••••••••••••••••••••••••••••••••

b) le cirouit du livre .t de la l.cture à Dakar

T!oj.a1èm.e Partie 1 Les SénégalaiB et la leoture

Page 45

" 45

" 48

" 56

" 65

a) Pourquoi lisent-11s ? Page 6B

fonnation personnelle èt pe:rmanente " " ' ~ ~ ..

besoin d rinfonnations et de culture

1nB1gnif'ianoe de la lecture - loisir

place de la lecture dans les loisirs à Dakar

b) Que l1sent-ils Page 7~

les concurrents du livre 1 jounumx:, magazine

les litt~raturee "au programme"

les romans

les auteurs af'rioains et européens

c) Qu'es1J-oe qu'tm livre Page 77

définition des lecteurs

livre objet ; 11~ sujet

muJ.tifonct1onal1té du livre

COHCLUSreN •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• Page 86

BIBLIOGRAPHIE•••••••••••••••••••••••••• '••••••••••••••••••••••••••••••• Page 92

ANNEXES •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• Page 99

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FEE:l18 '7:)

Livre et Lecture publique à Dakar

Vous êtes Sénégalais

Vous êtes Homme

Vous êtes ~e

Vous êtes âgé de f;"ioins de 15 ans

25 à 35 ans

Vous êtes Venu à la bibliothèque :

parce qu'un ami vous en a

-~Françeâ,iil •••••••~ ~.<'; ~.r ziilillé •••••••••••11~ ••••.

'~~""'I-Etu di an t •••••••• Pro f e s si 0 n. •• M\1x,\..l:.-

15 à 19 ane 2 '

Plus de 35 ans

N:parlé •••••••••••••• Ç:rf••••••••.•••••••

parce qui un ~e vosi~rofesse):s. VOU,s en a parl~ •• ,y\~....... . .

perce qua •• 'èç •• .v.w.'t.. ,~"Q.~~c.e, .. ~i\. ..~ ..••\Afkfu. (\tI~i'u: CCU\I

La dernisre fois que vous êtes venu à la b~liothèque c'était il y a en-

viron : Une semaine ou moins J rG'1J::, -(eUt ~ semainei

IJ.R "'oi S Plwe QS liIelsll( IltfOlis

Aujourd1hui vous êtes venu h la bibliothèque:

rentrert de l' cale DU du travail. .1:-..{ ..Rt. .En vous promenant •••••~••••••••• Spôcialement •••••~.: ••••

Vous êtes venu pour :

Lire les reVues. ~i\,.~ '~'lIle'~r..Lire ur livre sur place .

Emp ru nter un livr e •••••••••••••0l.A... •.• J.J. .fréquentez-vous d 1 autres bibliothèques de Dakar?

Si oui 1 les~uell~ ? •• ~O'll. •• ,c. ••~••~.Cr"..~M àe ~~~~~~ . ..Pourquoi i s..u.r.v..V~ ti. .. .·~....~\Nr f'.~~t\...

Pour venir ô la biblioth8que vous avez mis

\:In qldar'b e:I'lteuz8

Vous habitez

Le Plateau

Une demie baltra

La [Ilédina

Une heure ou plus

Grand Dakar

Pikine Thiaroye 5icap .F~\L.

Nous vous romercions d1avoir bien voulu répondre à nos questions qui

ren~r8nt dans le cadre d1une ~tude sur la lecture publiquo à Dakar.

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.......,

hal Outor : La Qodification

~i Lopès ~ Triba1iqucs

'mpe Bh~ly-Uuenum : Le Chant du Lec

liok Fall : La Plaie ~ ~(Ù ~ .ùiJ-.zN"'Ih:Jlf\' t:k -l..ru... u..1.J..JCL-

, Pou r va us qu 1 es t-ca qu 1 un 1 i vra ? _.~ liVi.i.._ ..W_J.lJT\ •k.CA-),"~ f-..1} t-~! A~f~~\~;~01·J,)A~~.~.,~~~~.~[lj-..u~~~m~\\~;,;'~~~~. __aU.~'tA'I\~ . .k."-~~.r:~;n4J.~~~~.c;@.l'7<W~"~.~.\U-~~.•~~ ..u~. ~~1-~ • •d~.lJll.~Y(l.~I:~. ff.M.~.~ - -_ - .';)J IIo .

fous vous remercions d1avoir bien voulu répondre à nos questions qui rentrent

ilns la cadre d'une étude sur la lecture publique à Dakar.

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Voua êtes.

Ll\1ra~ s:t. Lectu-ra Pubiiqua.::à Dakar.

-Sén~galais(, Fra~is ou •••••••••••••••••••.

::::~~.ement ~~;::i~~.lè~·~'~1.~'V-'~..~.~.~~Age-. :.ri1oi~yvtle 15.an8. 15 è;r9 ans 20 à 24 ans

25 ~5. ans Plus ~Y35. ans

l Aimez-vous lira ? ... Oui ... ').P1Î ....~ 'b~ouP

1/ Pourquoi lisez-vous? me d~aira

- apprendre mes cours

.... m'informer

.. me cultiver.

,\

1/· QUe- 1!8ez~vous ? ... ,Romans ~raires

-. Livre~ cours

.. Rom~oliciar6

-. Revues.,' journ~uxr, mag~~lnes

Livres techniques da documentation.

Livres de culture générale

Ban~Bssinées

Pho~oman6

II Avez-vous une bibliothèque

à· 11 éc.ale '" '0" .~ ' _ + '. '•.• '" 0_'-' .' .

~.;u: i v~:;eP~~:~Zd:~::a~a:~:::~~~::::: :~~:~~~':Jk: ~~~f~~a::W'Mi8 "b J.i.~" ..G.>"LW.",,~,.,r ..:JI.""''''.... y"U••••••••••••

2°1 si non souhaiteriez vous en avoir

oui ... non

Pourquoi •••••••••••••••••••••••••••••••••••••• ~...•.•.•••• 0, ••••••• 0-".' o', •

• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • ~'., ' .'.,. ;,:-••_•••' _••• 0" '•••• " -•• ,'.

o ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• '-.:'0•• _••'.c.••• 0'0 ••••••••.•••

III Achetez-umus des livres

1°1."~'" combian en avaz vous acheté depuis un- 'mois •••••••• ~ ••••••• ~- ~ •2'/ non (J," ,Pourquoi' ...\?""'(ji, .~<;>. J."" M>lt~. ~e... 't'"'À~ .;<b.~jlok

~><&. .1Wl~'<-w.l.w. fl'>-u.~~....,.,'ç.k~ ",....................................................................Depuis quel âge lisez-vous ? •• jl.{.·.~M.................•....... ,

•• •f •. . '