UNE VILLE FOUGERES

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UNE VILLE...

FOUGERES ... UN PAYS

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REMERCIEMENTS PARTICULIERS A

Hélène Bonnin, Émile Rebillon,

Pierre Cameau, Louis Feuvrier,

Jean-François Froger, Marc Petitjean et Chantal Désile.

SILOË

LIBRAIRE-ÉDITEUR

22, rue du Jeu-de-Paume F-53003 LAVAL Cedex

© SILOË 1989 ISBN : 2-905259-70-1

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UNE VILLE...

F O U G E R E S ... UN PAYS

JACQUES BONNET

I l é t a i t u n e fois, Fougères e n s o n P a y s

SILOË

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Le Pays de Fougères, appellation de plus en plus utilisée, c'est l'arrondisse- ment administratif découpé autour de la ville de Fougères: 57 communes réparties en six cantons. La ville, où vivent 25 000 personnes, appartient pour 60 % environ de sa surface au canton de Fougères-nord ; le reste allant à Fougères-sud. Les autres chefs-lieux de canton ont pour nom Louvigné-du-Désert, Saint-Brice-en- Coglès, Saint-Aubin-du-Cormier et Antrain-sur-Couesnon.

77 000 personnes habitent ce Pays qui correspond, en gros, à ce que fut au Moyen Age la baronnie de Fou- gères taillée dans l'ancienne Armo- rique gallo-franque. Situé au nord-est de l'Ille-et-Vilaine, et donc de la Bre- tagne, le Pays sépare cette région de la Normandie et du Maine (aujour- d'hui les Pays de la Loire). Ce rôle de frontière, active ou passive, selon les époques, explique tout ou partie de son histoire.

Le Pays n'apparaît pas très étendu : 46 km d'ouest en est, et 32 du nord au sud. Mais la figure géométrique n'est pas régulière, la région d'An-

train semblant greffée sur le reste. Ce qui n'est pas totalement dû au hasard.

Les schistes sont les roches préexis- tantes de la région, elles étaient là les premières. Elles habitent le sous-sol de la moitié sud traversées par les val- lées du Couesnon, de la Loysance et de la Minette. Après s'être donné une composition au sein de l'écorce ter- restre, le granit a fait irruption il y a 5 à 600 millions d'années. Depuis, c'est le roi du Pays, même s'il n'a pris possession que de la moitié nord, qu'il affleure le sol ou qu'il émerge, en buttes remarquables : rocher de Monthault, sites de Mellé, de Louvi- gné, du Châtellier, de Saint-Marc-le- Blanc. Mais c'est en profondeur que le granit (qu'il est de bon ton de pro- noncer grani) donne le matériau le plus résistant. D'où ces impression- nantes carrières. Hors les schistes et le

granit, on note aussi la présence plus récente (300 millions d'années) d'une barrière de grès à la limite sud, de Saint-Aubin à Combourtillé. On

mentionnera aussi quelques particu- larités : des sables et des graviers vers Saint-Sauveur, du sable encore dans

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l'argile de la vallée de Nançon, de Landéan à Parigné ; et même des tourbes. La tourbière de la Lande-

Marais à Parigné, presque asséchée, a été rachetée par le Département qui en tend y faire revivre une faune et une flore uniques en Bretagne.

De tout cela s'est dégagé un relief don t les lignes directrices est-ouest suivent celles de la Bretagne. Un pay- sage ni vraiment plat ni réellement montagneux où se manifestent de nombreuses velléités de collines et où

quantité d'accidents de relief, ou de petites vallées encadrant les ruis- seaux, fournissent autant de sites pit- toresques relevés par l 'omniprésence de ces blocs de roches (le Saut-

Roland à Dompier re est le plus spectaculaire).

Les hauteurs culminantes sont au nord-est, à la frontière du Maine: la

Fonta ine-aux-Loups (249 m), le Mont-Romain (245 m) au Loroux, ou encore la Templerie (238 m) à la Chapellejanson, là même où arrivant de Paris, on prend contact avec le Pays, embrassant tout Fougères du regard. Vers le sud, le relief est plus calme et plus ouvert, même si les collines de Châtillon ou de Saint-

Aubin s'élèvent pour former la région fougeraise.

Mais le Pays, c'est aussi le Couesnon qui baigne, directement ou non, 45 des 57 communes. Il prend sa source à une altitude de 200 m, sur la com- mune de Saint-Pierre-des-Landes, en

Mayenne. Il décrit une large boucle, découpe sa vallée, reçoit les eaux de

Nançon, de la Minette et de la Loy- sance. Puis, va se jeter en baie de Can- cale où, « dans sa folie », il met le Mont (Saint-Michel) en Normandie, le coupant de la Bretagne. Jusqu'à la fin du XVIII siècle, le Couesnon était navigable jusqu'à Antrain. Au port de l'Angle, on débarquait le vin pour les Fougerais... L'autre bassin versant de la région est celui, au nord, du Beu- vron et de l'Airon, dont les eaux rejoi- gnent la Sélune normande.

Aujourd'hui, les voies de communi- cation sont routières. Le train qui vient de Vitré ne débarque plus de voyageurs depuis 1972. La RN 12 est l'épine dorsale de ce Pays qui se consi- dère comme enclavé. Elle vient de

Paris et s'en va à Brest, par Rennes. A la belle saison, c'est un grand axe tou- ristique, tout comme la RD 155 qui va de Fougères à Saint-Malo. L'une et l'autre souffrent d'une conception assez ancienne qu'on essaie de corri- ger. Une nouvelle route, plus pra- tique, mène désormais de Fougères à Vitré. Et on ne saurait oublier la

RN 175 qui conduit les Rennais vers Pontorson et le Mont-Saint-Michel

par Tremblay et Antrain. Si tout va bien, à l'aube du prochain siècle, une « route des estuaires » joindra Saint- James à Rennes par Romagné, frôlant Fougères: quatre voies pour se mêler au concert européen.

Le Pays de Fougères, breton mais pas bretonnant, n'ignore pas, à défaut de la revendiquer, son appartenance à la France dite profonde. Ici, les lieux d'habitation en campagne sont

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L'habitat ancien est encore très présent aujourd'hui. Dans un seul canton de l'ar- rondissement, les spécialistes recensaient il y a une dizaine d'années encore plus de deux cents maisons présentant un ensemble ou des détails d'architecture dignes d'in- térêt Ces photos de Marc Petitjean, architecte-conseil en Ille-et-Vilaine, présentent l'évolution de l'habitat depuis que l'on construit en pierres.

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nombreux et la densité rurale est plus forte que la moyenne nationale. Cet habitat « de type dispersé et semi- dispersé » est une conséquence du défrichement relativement tardif des terres.

Jusqu'au milieu du Moyen Age, la forêt couvrait tout. De cette frontière

naturelle qui fermait l'Armorique nous restent les belles futaies de Haute-Sève à Saint-Aubin (840 hec- tares), de Villecartier à Bazouges-la- Pérouse (1 100 ha) et de Fougères (1 580 ha). On n'a plus aujourd'hui cette impression d'un Pays boisé à l'in- fini dont parlaient encore les observa- teurs du siècle dernier, tant les haies semblaient proches. L'urbanisation, le remembrement sont passés par là.

Mais la région reste verte et les pay- sages reposants. En maints endroits, les pièces de la mosaïque rurale demeurent exiguës. Et le devenir incertain de l'agriculture empêchera sans doute la disparition de ces champs étroits et de ces prés étirés. Même si, déjà, sur de nombreuses communes s'étendent les surfaces

agricoles utiles traversées par quel- ques haies coupe-vent, par de gros tracteurs ronronnants ou par d'insis- tantes odeurs d'ensilage ou de lisier... La campagne est devenue une machi- ne à faire du lait, encore du lait, avec un peu de viande bovine autour.

Les fermes et les bâtiments ruraux

ont un type bien particulier, enrichi par les siècles et la technique de géné- rations d'artisans : schistes et pierres diverses (le granit quand on a eu les

moyens) pour les murs, et les ardoises pour les toits pentus. La terre (pour les murs) et la tuile, le chaume ou

l'essente de châtaignier (pour les toits) o n t p r a t i q u e m e n t disparu. Nombre de ces constructions sont

fort anciennes et ont traversé les trois,

voire quatre derniers siècles. Les e n c a d r e m e n t s de p o r t e s et de fenêtres, l 'ornement des cheminées

permettent de juger du rang de l'ha- bitat. Cette harmonie est désormais

troublée par les crépis clairs du pavillonnaire universel.

La ville elle-même est bien distincte

de cette campagne. Fougères a gardé de son passé chaussonnier un carac- tère industriel et ouvrier qu'elle n'a pas cherché à gommer. Même si elle est en train de s'inventer un nou- veau cadre de vie où le château

médiéval, les maisons à colombages du XVI siècle, les hôtels particu- liers du XVIII siècle, les usines du

XIX siècle et les rues piétonnes d'aujourd'hui ont un rôle à jouer à l 'ombre du Beffroi, qui lui est éternel...

Ici comme ailleurs, mais peut-être un peu plus, l'histoire est passée. Ses acteurs, ses spectateurs en ont laissé témoignage. Consciemment ou in- consciemment, les habitants du Pays de Fougères suivent les traces de ceux qui les ont précédés dans des décors qui ont changé, mais sous un ciel qui est resté le même.

Il est souvent nuageux et nous dis- tille environ 850 mm d'une pluie très irrégulière, plutôt portée sur l'est

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(plus haut et plus forestier) et se répartit sur 140 à 150 jours. La tempé- rature, généralement douce, subit la proche influence maritime. L'ampli- tude est faible : 12,8°, avec une

moyenne de 17,7° en juillet (25° et plus pendant une quinzaine de jours) et de 4,9° en janvier (- 5° pendant une semaine, et un peu plus d'un mois de gelées matinales). Si l'été, effective- ment, n'est pas toujours radieux - mais aimons-nous la grande chaleur ? - l'hiver humide, certes, est doux. Et

il a souvent été précédé par une belle arrière-saison : en ce Pays d'arbres et

de pierres, l'automne est beau. Quant au printemps, bien sûr, il fait son tra- vail sur la nature et les gens, mais, de plus en plus, il bâcle...

L'essentiel quand même, après plus de vingt siècles d'habitat permanent, c'est bien que la vie continue. Dure sûrement, belle quand même, encore très proche du milieu naturel originel et, malgré tout, pleine de confiance en demain. Ce que les publicistes ont traduit par une formule désormais célèbre: «Au Pays de Fougères, on est comme ça. »

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LE PAYS AVANT FOUGÈRES

De l'Age de Bronze à l'an 1000

Les premiers habitants du Pays y vivent en tribus, dans les clairiè- res des forêts qu'ils défrichent. Ces agriculteurs élèvent bœufs et mou- tons, et cultivent le blé. La poterie aussi leur est familière. Leur habitat

est rudimentaire. Leur religion fait référence aux grands phénomènes naturels et ils ont le culte des morts ; les dolmens édifiés à cette époque (2000 avant Jésus-Christ et au-delà) sont des monuments funéraires.

Les menhirs, qui leur sont contem- porains, ont une origine beaucoup plus discutée et toujours pas élucidée. On reconnaît généralement que leur implantation obéit notamment à des repères astronomiques.

La région reste encore assez riche de ces « souvenirs », même si un bon nombre a disparu sous les ans ou sous la pression des évangélisateurs sou- cieux d'éliminer les symboles de cultes mystérieux venus du fond des âges. Nous gardons quand même le cordon des druides, la pierre cour- coulée, la pierre du trésor en forêt de Fougères, les alignements de Haute- Sève à Saint-Aubin-du-Cormier, le

rocher de Monthaut, la pierre Lon- gue de Bazouges-la-Pérouse, etc.

De cette ère qui est la première à voir la région habitée de façon régu- lière, date également une certaine prospérité tirée d'une industrie métal- lurgique maîtrisée : c'est le bel âge du bronze. Le bronze, c'est du cuivre et de l'étain. Le cuivre, il y en a: on a re- trouvé à Montbelleux (entre Luitré et Dompierre) les traces d'une exploita- tion minière. Et le cuivre, on l'im- porte car le « commerce extérieur » est déjà une réalité. Il existe alors, en divers endroits, des ateliers de fon- deurs protégés par des fortifications de bois et de terre : le Mont-Baron entre Saint-Germain et Parigné, le Plessis en Saint-Marc-le-Blanc, Livré- sur-Changeon, Antrain, etc.

Vers 500 avant Jésus-Christ, des dizai- nes d'années après leur passage du Rhin, les Celtes arrivent jusqu'ici : ca- valiers nobles, fantassins, familles et troupeaux se suivent. Cette invasion, bien que très diluée dans le temps, n'est pas tout à fait pacifique. De là, dateraient un certain nombre de forti- fications (forêt de Fougères, Vieux-Vy-

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Le rocher des Couardes, à Saint-Germain-en-Coglès, près de Marigny, est une des pierres légendaires du Pays. Malgré le temps, malgré les efforts des propagateurs de la foi chrétienne, sont parvenus jusqu'à nous les souvenirs des cultes et des légendes remontant à la nuit des temps. Les unes et les autres ont été naturellement défor- mées par les générations. Beaucoup de pierres, de rochers, de menhirs ont disparu aussi. Mais il nous reste quand même une jolie collection de pierres à bassin, pierres à sacrifice, pierres écriantes. Le rocher des Couardes, décrit par Balzac dans « Les Chouans:), c'est un énorme bloc reposant sur trois autres. Un faux dolmen en sorte... Et la légende dit qu'à minuit, la nuit de Noël, la plus grosse pierre descend boire au ruisseau. Mais malheur à qui la voit... !

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