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Une ola pas très standard C a y est, l’essai a été transformé avec succès ! J e me suis démené comme un bon petit diable et j’ai pris la balle au bond, en pleine tête : je suis mort. J’ai marqué mon but. Je suis pour toujours un ailier rouge et noir : le démon de la cuvette infernale, celui qui, face au dieu jaloux, engrange les points et met le feu aux stades, en un mot : Lucifer. Je suis le Prince des hooligans, des mauvais garçons, des âmes fauteuses de troubles. Je suis le Diable rouge qu’on craint. J’enflamme les foules et entretiens leurs ins- tincts barbares. Jeux de mains, jeux de vilains ; jeux de pieds, jeux d’ini- mitié dit le proverbe. Moi présent, il faut s’attendre au pire sur fond d’ola du démon. Je suis un macchabée en action, roi ès combines menant à la passe décisive ou au but. Je contrôle le ballon en ailes de pigeons em- brasées. Je fais rendre à mes adver- saires leur dernier souffle et les ré- duits au silence sépulcral. Je les prive de leur libre arbitre. Ils en bouffent leur feuille de match. Mes challenges sont une question de vie ou de mort. Je tire à boulets rouge. J’envoie des missiles. Je sème la désolation. Mes balles font des moribonds en anti- jeu caractérisé. Mes adversaires sont fâchés, frappés, blessés à mort. Ils m’en veulent à mort. Mais c’est pas grave ; c’est pas la mort ! J’aime les fautes, la transgres- sion des règles de match, les coups et les blessures. J’aime commettre des attentats sur le terrain, faucher un adversaire. Aucun arbitre n’ose me lancer un avertissement de peur de rôtir en enfer. C’est le carton rouge que je préfère. Normal, je suis Belzé- buth qui marque des buts fantômes en torpillant l’adversaire. J’aime la boucherie, l’hécatombe, le massacre, la tuerie, la guerre qui déciment l’ad- versaire en une tactique efficace et sans bavures. Pauvres mortels, je leur inflige nonante minutes précaires. Parfois... Michel Bailleux, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

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Une ola pas très standard

Ca y est, l’essai a été transformé avec succès !

Je me suis démené comme un bon petit diable et j’ai pris la balle au bond, en pleine tête : je suis mort. J’ai marqué mon but. Je suis pour toujours un ailier rouge et noir : le démon de la cuvette infernale, celui qui, face au dieu jaloux, engrange les points et met le feu aux stades, en un mot : Lucifer. Je suis le Prince des hooligans, des mauvais garçons, des âmes fauteuses de troubles. Je suis le Diable rouge qu’on craint. J’enflamme les foules et entretiens leurs ins-tincts barbares. Jeux de mains, jeux de vilains ; jeux de pieds, jeux d’ini-mitié dit le proverbe. Moi présent, il faut s’attendre au pire sur fond d’ola du démon. Je suis un macchabée en action, roi ès combines menant à la passe décisive ou au but. Je contrôle le ballon en ailes de pigeons em-brasées. Je fais rendre à mes adver-saires leur dernier souffle et les ré-duits au silence sépulcral. Je les prive

de leur libre arbitre. Ils en bouffent leur feuille de match. Mes challenges sont une question de vie ou de mort. Je tire à boulets rouge. J’envoie des missiles. Je sème la désolation. Mes balles font des moribonds en anti-jeu caractérisé. Mes adversaires sont fâchés, frappés, blessés à mort. Ils m’en veulent à mort.Mais c’est pas grave ; c’est pas la mort ! J’aime les fautes, la transgres-sion des règles de match, les coups et les blessures. J’aime commettre des attentats sur le terrain, faucher un adversaire. Aucun arbitre n’ose me lancer un avertissement de peur de rôtir en enfer. C’est le carton rouge que je préfère. Normal, je suis Belzé-buth qui marque des buts fantômes en torpillant l’adversaire. J’aime la boucherie, l’hécatombe, le massacre, la tuerie, la guerre qui déciment l’ad-versaire en une tactique efficace et sans bavures. Pauvres mortels, je leur inflige nonante minutes précaires. Parfois...

Michel Bailleux, atelier de Luc Baba,

Chiroux, le 12/08/2014

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Une ola pas très standard partie 2

... Parfois, je fais durer le plaisir de la torture : il leur faut attendre le but en or ou en argent. Parfois, je les crucifie en leur infligeant un score de forfait. Je les contre, les charge de façon en-diablée en enchaînant les corners, les coups francs et ceux de réparation.

Je suis nécro-logique, la mort ne me fait pas peur. J’aime le fatal, le funeste, le létal. Thanatos est mon maître. Constamment hors-jeu, je m’en fous : à mort l’arbitre ! Mort aux vaches ! Je suis un maestro, un meneur de jeu et aime les pressings et les raids soli-taires. Je suis le fin renard des surfaces de jeu. Je mets la semelle pour estro-pier l’adversaire. Je lui casse les reins en dribblant comme un beau diable. J’opère des obstructions, des tacles assassins, rugueux et saignants, des sorties kamikazes. Parfois mes adver-saires en mangent les pissenlits par la racine ou en sucrent les fraises. En équipe nationale, ils connaissent alors la gloire des combattants morts au champ d’honneur sportif. Je n’y vais pas de main morte mais aime ce qui est cassé, fichu. J’aime mettre le feu sur et en dehors du terrain sans poids, points et temps morts. J’aime humi-lier, froisser, vexer, châtier, mater,

mortifier et tant pis si les hommes morflent. Je n’ai pas le mot rose mais enflammé. Je suis Satan et mène l’équipe qui a recours à mes diabo-liques services et sévices à coups de petits ou grands ponts foireux. C’est la lutte puis la victoire finale, tarata-ta !

Je trafique tous les pronostics pour emporter le jackpot qui me permet d’acheter toutes les âmes pourries que je veux au titre de manager de l’enfer. Entretenir le feu de l’enfer né-cessite quantité de cœurs corrompus, tarés, taris et la mafia du foot pro est une mine d’or dont je suis le parrain. J’aime la ola du démon exécutée par des hooligans sans foi, ni loi. Face aux dieux du stade, c’est pas encore très standard, mais le triomphe de l’en-fer, de l’Apocalypse, des cataclysmes, c’est pour bientôt ! Allez, allez, allez, je suis champion du monde que je croque à belles dents et mets à feu et à sang ! Dupés par le pain et le jeu du tyran disaient les ancêtres. Néron, Néron petit patachon !

Michel Bailleux, atelier de Luc Baba,

Chiroux, le 12/08/2014 Pour en rire jusqu’au bout, visitez

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Michel Bailleux, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

L’humour en corollaire

Arthur est dans le chaos en creux de vie. Un lourd magma englue

son existence éclatée en rochers qui ne se joignent pas. Il formait avec son épouse Agathe une plaine irriguée d’amour, une ri-vière agitée de rares torrentsA présent, sa compagne l’écrase et il songe souvent à la quitter. Derrière la façade convenue du quotidien, le dialogue profond est rompu. A force de fusion, les deux êtres du couple ne savent plus qui ils sont, se perdent et se cherchent. De nombreux couples, lors de la dé-fusion, divorcent. Faut-il pourtant se séparer parce que le corps et l’âme ne vibrent plus à l’unisson ?Arthur et Agathe espèrent que non. La dé-fusion venue, le moyen de re-créer le couple doit bien exister. Au-delà des découragements, Arthur et sa femme sont créatifs et en mesure

de briser les écueils menaçants.

Et s’ils signaient un pacte d’humour face au grave qui envahit leur vie ? S’ils s’engageaient à faire de l’humour, pas la guerre ? Si l’humour reconstituait l’amour (avec ou sans majuscule, là n’est pas la question).L’heure n’est plus à la fusion mais la vie seule ou en couple ne doit pas s’arrêter là.A chacun de créer ses ilots d’humour ressourçant d’une part et de construire un tronc commun d’humour d’autre part. Ainsi la vie sera embullée de res-pirations comme une joyeuse bande dessinée où Arthur- tel un Olivier Ra-meau partagera des moments avec sa Colombe qui, parfois, se tirera d’ailes dans sa fantaisie et ses rêves. Les com-parses humeraient l’humour de leurs voiliers séparés qui navigueraient les hunes libres. Les yeux complices, rieurs et francs, vogueraient en leurs soucoupes débridées…

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Michel Bailleux, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Le fil amant

Au cours d’électricité, j’ai appris qu’il ne fallait pas « toucher

aux filles dénudées ou tombées par terre »1. L’autre jour, ma prof a glissé et est tombée dans les hommes. Je ne l’ai donc pas touchée : ça m’aurait fait un choc électrique et je serais devenu agité et raide, dur de la feuille et du reste.L’autre jour, j’ai été promener avec Li-son dans les bois. Elle a voulu jouer au petit docteur. Je lui ai répondu que je n’étais pas malade. Elle m’a dit alors qu’elle avait chaud et s’est déshabil-lée. En vertu de la loi électrique énon-cée par ma prof, comme elle était dénudée, je ne l’ai pas touchée. On aurait été électrocuté, sauté de tout côté et poussé des gémissements de plus en plus forts.

Je l’ai simple-ment regardée. Elle avait des étoiles électriques dans les yeux ; la lune ne devait pas être loin. Lison n’était pas comme moi au milieu du corps. Je le lui ai dit. Elle m’a de-mandé de me déshabiller pour voir ma différence. J’ai affiché mon diffé-rentiel. Quelle grosse maladie ; il va falloir opérer ! m’a-t-elle dit. J’ai pris ses (non : mes) affaires au cou et en mains. Je me suis rhabillé sous la col-line.Elle n’est jamais revenue. Tous les jours, je cueille des fleurs et l’attends.Je m’appelle Joe D.

1 Jean-Charles : « La Foire aux cancres » Paris : Calmann-Lévy, 1962

Offres d’emploi :Cherche volontaire mort pour servir de cobaye à des apprentis croque-morts.Abandonné par mon conjoint, cherche tueur à gages fidèle, respectant ses

contrats sans faillir.Cherche malades pour tests chirurgicaux sans garanties de résultat. Travail

au noir, sans contrat. Primes pour survivants zélés. Ambulance de fonction pour se rendre à l’hôpital sans encombre.

Cherche personnes abandonnées dans leur coin pour arrondir les angles et les fins de mois.

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Claudine Molinghen, atelier de Laurent Demoulin, Chiroux, le 29/07/2014

La vie, pour commencer, se termine toujours mal.

J’avais pris une femme de ménage.Ca ne raiera pas spécialement mes

meubles, m’étais-je dis. Et ça ne tue-rait pas l’enfant que je n’avais pas fait à Constance. Parce que c’est à cause de Constance tout ça.Si Constance n’était pas partie je n’au-rais pas pris de femme de ménage. Et si Constance n’était pas partie je lui aurai peut-être fait un enfant.Mais si je lui avais fait un enfant, il aurait rayé mes meubles. Donc, c’est à cause de Constance que j’ai pris une femme de ménage.Constance faisait très attention à mes meubles. Elle savait que j’y étais très attaché. Ils me venaient de mes parents; de ma mère exactement qui avait amené dans la famille les meubles de sa mère.

Ma mère, comme de juste, était une femme très at-tachante et j’y suis resté

attaché, comme de juste.Les meubles de ma

mère avaient été très bien entre-

tenus et n’avaient jamais été rayés

malgré les nombreuses aventures dans lesquelles ils avaient joué un rôle. Constance faisait très atten-tion à mes meubles. Elle connaissait les histoires de ma famille mais ne connaissait pas ma mère. Je n’avais pas pu, je n’avais jamais pu la lui pré-senter.Je lui avais bien raconté qu’un jour ma mère avait disparu on ne savait où; mais je n’avais pas donné trop de détails.Effectivement, Constance était arri-vée dans ma vie après la disparition de ma mère. C’est pourquoi je n’avais pas pu la lui présenter mais je lui en avais beaucoup parlé et donc, elle sa-vait que je lui étais très attaché.J’avais longuement vécu seul avec ma mère suite à la disparition mys-térieuse de mon père.Mon père, un homme respectable en société avait néanmoins des atti-tudes fortement irrespectueuses à la maison. ...

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Claudine Molinghen, atelier de Laurent Demoulin, Chiroux, le 29/07/2014

La vie, pour commencer, se termine toujours mal. partie 2

... Il faut bien le dire: il se vautrait dans les fauteuils de ma mère sans faire attention et posait ses pieds sur les chaises, sur les merveilleuses ta-pisseries recouvrant les chaises que sa propre mère avait brodées au prix de ses yeux.En d’autres termes, il essuyait ses pieds sur les yeux de ma grand-mère. Et ça, ma mère ne le supportait pas. C’est compréhensible.Quand ma mère a disparu, j’ai pris une femme.Et quand Constance est arrivée dans ma vie, elle a trouvé mon apparte-ment dans un grand désordre.Il faut bien le dire, j’avais utilisé mon matériel de petit chimiste dans de nombreuses circonstances et à cette époque il m’avait beaucoup servi. Je n’ai pas donné de détails à Constance sur mes activités mais elle a bien compris qu’il ne fallait pas poser de questions.J’ai montré à Constance comment entretenir les meubles de maman et Constance n’a jamais posé de ques-tions.J’avais pris une femme pour rempla-cer Maman mais ça n’a jamais vrai-ment fait l’affaire.Maman était une femme brillante, impérieuse, bruyante et très impo-sante.

Elle créait autour de moi un halo d’attentions toujours renouvelées et satisfaisait le moindre de mes désirs. J’étais sa raison de vivre; elle disait souvent que je la ferais mourir… Constance était muette. Constance voulait un enfant.Je n’avais jamais pensé à deman-der à maman pourquoi les armoires étaient toujours fermées à clef. Constance voulait ouvrir les armoires de Maman. Elle cherchait partout les clefs. Je savais où elles étaient bien sûr, mais je ne les lui ai jamais don-nées.Juste avant la disparition mystérieuse de papa, Maman m’avait offert un labo de petit chimiste. Il contenait des produits très dangereux. Maman les avait enfermés dans son armoire ; mais j’ai trouvé les clefs.Et Constance est partie ; enfin disons plutôt qu’elle a disparu.Papa, Maman, Constance, disparus.Et comme mon matériel de petit chimiste encombrait de nouveau l’appartement, j’ai pris une femme de ménage.Je ne veux pas qu’elle soit trop cu-rieuse et qu’elle essaie d’ouvrir les armoires….Tout ça c’est à cause de Constance.La vie, pour finir ça se termine tou-jours mal.

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Marie-Françoise Villers Jeangette, atelier de Laurent Demoulin, Chiroux, le 29/07/2014

Entre conte et nouvelle humoristique…Texte extrait du roman de Joël EGLOFF (Edmond Ganglion et fils).‘’Saint-Jean était un de ces villages où les chiens s’appelaient Rex et les chats Minou, où l’église se trouvait « Place de l’Eglise » et la mairie,« Place de la Mairie ». Il n’y avait plus grand-chose, ici, plus grand monde. Rue Principale - ancienne-ment rue Centrale - des bancs attendaient devant les maisons, qu’il fasse moins chaud, qu’il fassemoins froid, qu’on les repeigne ou qu’on les brûle, mais qu’on en finisse d’attendre. Les deux derniers commerces agonisaient lentement : le « Café du Soleil » et ses trois joueurs de cartes somnolents, et juste en face, une petite boutique à la devan-ture sombre, « Edmond Ganglion & fils - Pompes funèbres ».L’entreprise avait connu des années fastes à l’époque où Saint-Jean était encore un village flo-rissant au cœur d’un pays oublié par les fossoyeurs. Dans toute la région, lorsqu’il était question de funérailles, Ganglion et ses « inhumations sans douleur », comme il les garantissait, étaient incon-tournables. Débordé par la tâche, il lui était même arrivé de prier le ciel pour que Dieu en épargne cer-tains. En ces temps bénis, chez « Ganglion & fils », le dernier des grouillots mangeait du tournedos tous les jours de la semaine et même entre le repas. C’était l’époque prospère.’’

Suite imaginée …

L’orage tant attendu s’incruste. Les éclairs remplissent l’air. Les

trombes d’eau s’abattent sur Saint-Jean. Avec une ambiance de fin du monde. Le ciel et la terre ne font qu’un. Les avaloirs, forcément sous- dimensionnés pour ce déluge du siècle, contribuent à l’ennoiement

de la Place de la Mairie, jumelée pour l’occasion à la Place de l’Eglise.Pas âme qui vive, les volets turquoise ont été rabattus quand le ciel s’est assombri.Tout est resté précis dans sa tête : il y a tout de même 40 ans que sa vie a pris un tournant quand la Mini de sa fraîche belle-mère a fait un tout-droit expéditif vers la base inébran-lable d’un platane centenaire.Il se souvient des énormes gerbes d’eau produites par le véhicule surfeur en perdition. La violence du choc dis-paraît dans le déchaînement des élé-ments naturels. Seule reste l’image incongrue de l’auto bicolore (côtés blancs, toit violet) littéralement en-roulée autour du tronc à peine des-quamé.Et là, dans son imaginaire libre… de tout sentiment positif envers la conductrice imprudente, il a une révélation : lui, le fils Ganglion, il va donner de la couleur à la mort. ...

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Marie-Françoise Villers Jeangette, atelier de Laurent Demoulin, Chiroux, le 29/07/2014

Entre conte et nouvelle humoristique… partie 2

...mort. Exit les cercueils vieux-jeu en chêne lourd, fades, empesés aux poi-gnées plaquées faux or. Ganglion 2.0 est né !Les slogans publicitaires racoleurs af-fluent déjà dans sa tête :

« De la dernière caisse à la nouvelle boîte »

« Comme on vit, on meurt »

« Vous allez en voir de toutes les couleurs »

C’est vrai quoi, celui qui choisit de rou-ler à tombeau ouvert en décapotable n’a pas forcément envie d’être enfer-mé indéfiniment dans un caveau gris et hermétique…

Bien sûr, cette idée révolutionnaire, voire saugrenue, est rejetée dans un premier temps par une grande partie des villageois conservateurs. Mais, progressivement, il apparaît normal de fabriquer un cercueil deux-tons (côtes blancs, dessus violet), poignées escamotables, pour accompagner la défunte originale dans sa dernière de-meure.

Il a presqu’envie de lui dire « Merci », car elle lui a permis de voir la vie, et la mort, sous un autre angle.

En tout cas, aujourd’hui, on vient de loin pour assister aux enterrements et tenter de deviner la personnalité de la dernière personne alitée au cimetière.

Les couleurs « dernier cri » - si on peut dire - ravivent les fichus des veuves et les chapeaux des notables. Il a l’im-pression d’avoir rendu la mort plus fréquentable, quand les villageois le saluent en souriant.

Durant ses rares temps morts, il em-brasse l’ensemble des caveaux, se remémore les « emballages » fournis pour le dernier voyage de ses clients désormais silencieux et laisse son es-prit concevoir son ultime enveloppe…

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Michel Bailleux, « Chronique », atelier de Véronique Gallo, Chiroux, le 08/07/2014

Cher Supporter,

Je t’invite à un match incroyable sur un modeste terrain de quartier.

Laisse tes bibines et tes hamburgers bien gras chez toi et viens jouer avec nous le vrai football : celui des copains d’abord, celui que tu jouais jadis à la récré.Cher Fan, quitte tes étoiles coûtant trente-six millions de balles sponso-risées par les multinationales qui en veulent à ton capital au prix de mil-liers d’emplois sacrifiés.Cher Tifosi, sois toi et pas un autre de carnaval au grand bal du pognon-roi. Mon terrain de quartier ne paie pas de mine, ne vaut pas mille tunes mais il t’est offert pour que tu t’y livres corps et âme au grand festival de la vie.Ici, le respect du corps et de l’autre triomphe, t’as l’impression que l’es-poir fleurit aux quatre coins du ter-ritoire. Tu n’es pas pauvre poire illu-soire dans l’histoire des stars. Là, les médias boulimiques t’emballent dans des sensations polémiques em-preintes de violence et t’es perdu en clique aux jeux du cirque. Ici, on se tape sur l’épaule et on joue

avec notre cœur. Tu t’amuses vraiment, pro-fondément.

Ici, loin des dieux du stade, ce n’est pas le foot samba à grand spectacle. C’est le sport incarné dans ton corps. Ailier, tu te sens des ailes ; défenseur tu t’enracines avec force dans ton aire de jeu. Au goal, t’as la Gaule, la Germanie et plus si t’es bien affûté (non, si t’as bien flûté). Tu apprends à trouver la pa-rade à de nombreuses situations em-barrassantes et à jauger l’adversaire. Tu fais la nique à Inbev, Coca-Cola et autres sponsors. Tu es conquérant, tu vis la vie vraie et non dans le mirage bling-bling, poudre aux yeux et cache-misère. Tu ne seras plus l’esclave d’un bref plaisir grégaire au nom du pèse, du fric et du simple d’esprit, bêtement scotché à un écran - fût-il géant -. Tu t’acceptes avec tes limites, plus larges qu’un terrain de foot. Tu es l’arbre avec la forêt, profondément enraciné en toi et ton entourage. Tu es le foo-teux nec ou mec plus ultra, celui qui a les muscles, la tête, la combativité et l’esprit pour le sport à bon escient. Ici, t’es un homme, un vrai, selon saint Ki-pling ou saint Baden Powell, mais sur-tout, à tes propres yeux.

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Kart Sim, « Chronique humoristique », atelier de Véronique Gallo, Chiroux, le 08/07/2014

Cher Proximus,

Je t’écris finalement car j’en ai marre d’essayer de te joindre par télé-

phone. Un comble pour le spécialiste de la téléphonie que tu es, non ?

Ta musique d’attente, je la connais par cœur, et attendre, je l’ai fait assez. Je suis maintenant abonnée à ton ser-vice « clients ». Note que ma patience a quand même tenu 58 minutes et 7 secondes pendant lesquelles j’ai en-tendu au moins 10 fois ton « dou dou dou dou » en ligne. Ligne fixe ou mo-bile, me demanderas-tu ? Plutôt fixée à mon appareil.

Alors oui, mes nerfs en ont pris un coup… Et ma fille aussi s’en est pris un, quand elle m’a demandé qui jouait au piano. Ma main, celle qui ne s’agrip-pait pas au combiné, est partie toute seule, renversant au passage, et c’est vraiment malencontreusement, le vase en faux cristal aux reflets roses jaunis offert par ma belle-mère, vase qui s’est fracassé en mille morceaux autour de mes pieds nus !

C’est précisément au moment où j’ai hurlé « MERDE ! », je crois, que ta mu-sique s’est enfin arrêtée et qu’un pré-posé a dit « Allo, puis-je vous aider ? ».

A force d’avoir attendu et entendu tes notes infernales, ce qui a complète-ment désactivé mon réseau cérébral, je ne me suis plus souvenue de la rai-son de mon appel. De toute façon, mes batteries étaient à plat et non re-chargeables dans l’immédiat. La com-munication s’est donc brutalement coupée.

J’étais figée au milieu des débris de verres, quand ma fille a eu cette riche idée : t’envoyer un mail. Clopinant jusqu’à l’ordi, les pieds ensanglantés, laissant des traces rouges indélébiles sur le tapis blanc, comme dans les pires films d’horreur, j’ai réussi à trou-ver ton adresse, simple, en cliquant sur CON-TACT.

« Passez à la vitesse supérieure avec la 4G » me signalait le site en grand.

4G comme 4 Gin, c’est ce dont j’ai eu besoin et je les ai engloutis, secs. ...

Alors, cher Proximus, maintenant que ma belle-mère ne me parle plus, que j’ai un orteil sectionné, que je me suis mise à boire, que les services sociaux m’ont contactée au sujet de ma fille et que j’ai oublié pourquoi je t’ai contac-té, peux-tu juste me dire si tes clients bénéficient d’une assurance «  dom-mages corporels et matériels » ?

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Docteur H.W. FOLDINGUE, Gagatologue diplômé atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Malgré tout. Cher confrère,

J’ai examiné ce jour votre patiente, Madame Z.O.

Cette dame, âgée de 99 ans, pèse 33 ki-los et ne présente aucune plainte par-ticulière.

Malgré sa fatigue, elle fait encore du sport (patins à roulette, aïkido, tennis de table...)

A votre demande, j’ai effectué un enté-ro-scanner. L’intestin grêle semble abri-ter quelques corps étrangers insolites, mais bénins (une éponge naturelle, un ou deux appareils acoustiques, une cuillère à thé en argent...)

Le colon ascendant droit présente un gonflement scrofuleux qui doit être investigué par coloscopie ; il révèle la présence d’algues marines bicéphales, de strombolis variqueux atypiques et d’autres intempéries municipales.

Outre qu’elle abrite quelques polypes gastéropodes hystérico-patholo-giques, la vésicule biliaire est irrémé-diablement atrophiée. J’en conseille donc l’ablation immédiate.L’estomac, distendu, trigonométrique, rétrograde, schizophrène et bosselé sur la face Nord, me paraît pouvoir être conservé en l’état bien qu’il aie large-

ment outrepassé la date de péremp-tion prévue par la loi.

Quant au foie, il est décoloré, volatile et sénilisé par osmose. Il est par ail-leurs atteint de perforations isocèles de 5 millimètres chacune.

Il peut avantageusement être rempla-cé par un foie en vinyle 33 tours qui conviendra bien à l’âge de la patiente.

J’ai rassuré celle-ci quant à son état. Je l’ai encouragée à absorber 3 collations par jour, sous forme de granulés lipo-solubles, lyophilisés, pasteurisés et ho-mogénéisés, à diluer dans un peu d’eau débilitée et à boire à la paille.

La patiente ayant avalé au moins un de ses 2 appareils acoustiques ne m’aura sans doute guère entendu. Je lui fais donc parvenir ce protocole en espérant qu’elle pourra le lire à tête reposée si toutefois elle n’a pas avalé ses lunettes d’ici-là.

Je conseille son hospitalisation immé-diate à la clinique « Malgré tout » où elle sera prise en charge par notre équipe pluriséculaire de gériatres, gérontolo-gues et gérontophiles désagrégés.

Confraternellement

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Christiane BOURS, vieille rombière liégeoise, atelier de Béatrice Libert, Chiroux, le 15/07/2014

Marie-sexysatinant ou bronzant

anti-âge ou anti-oxydantversion hâlée ou version dorée

haut de gamme pour super-femmeprévention, court-bouillon,

réparationhyper-méga-protection,

je l’ai lu dans Marie-Sexy,aux algues ou au propolis,

au beurre de karité ou au navet ratatiné,

agrume, bombance, souplesseet peau des fesses,

cosmétique, aquatique et tectonique,

le produit suprême s’adresse à la crème,

s’adresse à vous oui à vous-même

mesdames, dénoyautez vos capitonsdépecez vos taches de rousseur

rangez au vestiaire vos désordres pigmentaires

et vos mines patibulairespassez au tamis ces rides

et ces faux plis

aux armes, citoyennes !elle est à vos portes, la vieillesse,

l’ennemie

bombardez ces bourrelets insidieux,arrachez ces poils disgracieux

bulldozez ces replis monstrueuxbronzez, maigrissez, jeûnez,

musclez, maquillez,poils, rides, plis, c’est parti !fignolez, affinez, peaufinez,

polissez, tonifiez

femmes folles ou faibles,fortes ou fragiles,

femmes versatiles ou futiles,fanatiques ou hérétiques,

vous, les greluches et les nénettes,les jouvencelles et les pisseuses,

les poulettes, les souris, les vamps et les minettes,

n’avouez jamais,vous, les bobonnes et vous,

les pin-upet vous surtout

les décaties, les grisonnantes, les caduques et les croulantes,

les mémés et les rombières,les vieilles peaux et les vieilles

chouettes, surtout n’avouez jamais que vous

vieillissez !

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Christiane Bours, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Pertes et profits

Aujourd’hui, cher journal intime, j’ai perdu mon emploi.

Pas égaré, perdu...Bien sûr, je pourrais parcourir dans l’autre sens le chemin qui mène du bureau à mon domicile, chercher l’emploi caché derrière les arbres, soulever soigneusement un à un les cailloux et appeler mon emploi, l’ap-peler pour qu’il me revienne..Qu’il me revienne

flanqué de la fiche salaire qu’il porte autour du couaccompagné de la sainte hié-rarchie des petits et des grands chefsjumelé avec le passage obligé à la pointeuse après le thé matinalparé du sens des responsabilités et de l’esprit de sérieux assortidécoré du statut qui m’a convain-cue que j’étais Madame Quelq’un

Qu’il me revienne avec l’ordinateur de sévices, le café d’institution, le bureau en métal gris-kaki et les col-lègues qui chaque matin détaillent ma tenue vestimentaire d’un air aus-si entendu que consterné.Je pourrais une fois de plus adresser des prières désespérées à Saint-Dicat, patron des causes dés-employées, éplucher les petites annonces qui cherchent des personnes jeunes .. et aussi pleines d’expérience, réé-

crire un « ridiculum vitae » gonflé à l’hélium et dépourvu d’oxygène, me faire relooker par des magiciennes de la métamorphose miraculeuse et m’acheter -enfin ! -ce tailleur Chanel que maman aurait toujours voulu que je m’achète.J’aurais dû écrire 350 épîtres à 350 chefs d’entreprise blasés et les assu-rer que j’ai toujours été, que je suis encore et que je serai jusqu’à 80 ans la seule, la vraie, la plus motivée, la mieux adaptée, celle qui y a cru, qui y croit encore et qui le leur fera croire.J’aurais pu, j’aurais dû, j’aurais voulu,

maisil a suffi d’un bon petit diable et d’un vent léger, d’un goût d’ailleurs et un air de rien, un coup de lune et un chemin de traverse, un mauvais pli et une goutte qui a bien voulu dé-border du vase, un brin d’herbe folle, une pelure de banane, un ver dans le fruit, une araignée dans la botte de foin, un cheveu au plafond et une ai-guille sur la langue... et me voici rentière et retraitée comme disait joliment les gens, livrée à moi-même et à la mère de tous les vices pour mon plus grand profit.J’aurai donc cher journal l’occasion de me tourner vers vous très souvent !A demain donc

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Isabelle Collette , atelier de Laurent Demoulin, Chiroux, le 29/07/2014

Et donc, ce prince beau comme le jour et fortuné (car on a beau être

beau, si on n’a rien à se mettre sous la dent, on risque de ne pas le rester longtemps), décida, ignorant quelle mouche l’avait piqué, de tout quitter sur le champ. Château avec eau et gaz à tous les étages, domestiques et j’en passe, excusez du peu.

Les purs romantiques n’auront pas une once d’hésitation pour se rallier à sa cause et l’empathie les saisira aus-sitôt aux tripes.

Mais les autres ! La cohue de brutes malodorantes, ignorant les affres de la passion (platonique ou pas, en te-nant compte du résultat de certaines combinaisons génétiques produites par l’heureux ou malheureux hasard de la rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovule).

Je disais donc, cette cohue de brutes, bipèdes béotiens tout juste ca-

pables d’éructer sa bestialité, se montrera totalement hermétique au noble élan de ce prince beau

comme le jour qu’il nous fau-dra bien nommer pour plus de commodités et te rallier, toi, cher lecteur, à l’univer-

selle cause d’Enguéran. J’aurais pu dire Siddharta, mais à ma connaissance, il ne partait pas chercher du sucre pour fuir la solitude, de plus, ce prestigieux patronyme aurait risqué de semer la confusion dans nos esprits quand aux causes du départ inopiné de notre hé-ros que je nomme décidément, après courte réflexion précédée de longues heures d’hésitation, Enguéran (je m’y habituerai, tout comme vous).

La question de fond étant : pourquoi Enguéran décida-t’il, par une nouvelle aube prometteuse nimbée de rosée, bercée par le délicieux chant des ros-signols et de celui quelque plus irré-vérencieux des merles, de se casser, si vous me permettez l’expression ?

Mais cette question soulève chez moi une autre réflexion : le monde se compose t’il d’une part, d’incurables romantiques et d’autre part de brutes malodorantes ? N’est-ce pas sombrer dans un manichéisme par trop pri-maire que nous départager ainsi...

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Isabelle Collette , atelier de Laurent Demoulin, Chiroux, le 29/07/2014

...ainsi et tenter d’éclairer par ce biais l’étrange décision d’Enguéran (décidé-ment, j’ai du mal à me faire à ce nom…) qui va, on s’en doute, irrémédiable-ment changer le cours de la bourse (pardonnez-moi, j’étais distraite par mes préoccupations personnelles), je voulais dire le cours de sa vie.

Ainsi, notre homme, frais comme une rose, rasé de près, sentant bon le « Cachal » de Glaucôme et son cheval (détail quelque peu curieux : il a pris soin de le parfumer également), s’en-gagent, pleins d’allégresse (le che-val, que je n’ai pas encore pris soin de nommer, et qui a, je me permet de le souligner pour nos amis défenseurs de la cause des animaux, toujours été traité avec la plus grande déférence, le cheval donc, sentant son sémil-lant maître plein d’allégresse est en quelque sorte contaminé par cet état émotionnel, ceci expliquant le pluriel de « pleins »), sur un sentier légère-

ment brumeux si caractéristique de ce que devaient être ces

journées d’été en forêt au moyen -âge où foison-naient certainement les

Enguéran et les mouches quand le soleil va cogner dur.

On imagine aisément de part et d’autre de ce ravissant sentier escar-pé, quelques feuillus (dont je tairai le nom non pas par goût du mystère mais parce qu’il me faudrait entre-prendre de fastidieuses recherches sur la flore de l’époque et que ce n’est ni le moment ni l’endroit), peut-être y verrais-je des myrtilliers, sans par-ler de ces incontournables fougères infestées de tiques (sales bestioles qui peuvent vous refiler la maladie de Lyme ô combien invalidante, mais à l’époque, on ne l’avait pas encore dé-couverte).

Tout ce petit monde végétal coha-bite pacifiquement dans un silence que seules remplissent les vibrations produites par moultes ailes d’abeilles, bourdons, moustiques et autres vé-nérables insectes (qui, il faut bien le dire, peuvent se montrer très agaçants alors que vous ne demandez qu’à pro-fiter de la fraîcheur bienfaisante de la forêt par une chaude journée d’été).

Arrêt sur image : l’atmosphère est des plus agréables, Enguéran, tout à sa nouvelle liberté, d’humeur joyeuse, flatte affectueusement l’encolure de sa bien-aimée monture, Renée (ça y est, je crois que je lui ai trouvé un nom !). Nous pourrions nous arrêter plus longuement sur cet ...

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Isabelle Collette , atelier de Laurent Demoulin, Chiroux, le 29/07/2014

... émouvant moment, néanmoins, nous sommes forcé d’avancer, ce n’est pas encore l’heure de la sieste et il faut bien justifier notre passage ici bas par une noble tâche.

N’oublions pas qu’il a tout quitté pour aller chercher du sucre (les anglais ne disent-ils pas my sweet heart ?) pour fuir la solitude.

Entraîné par une étrange pulsion (j’irais même jusqu’à dire indétermi-née), oublieux des contingences ma-térielles dont dépend toute vie hu-maine, le voici brusquement ramené

à la triviale réalité, tiré de ce songe merveilleux (même si, à proprement parler, il ne s’est encore rien passé d’extraordinaire) par les borborygmes sonores provenant de son estomac vide.

« Quel con (excusez du peu), se la-mente t’il en son for intérieur, j’ai oublié de prendre ma gourde en peau de chèvre, dans ma besace point de quignon de pain, sans parler de ma bourse pleine à craquer que j’ai lais-sée sur ma table de chevet ».

Et le premier doute qui, chacun le sait, est toujours le plus terriblement insidieux, lui effleure l’esprit… Il n’est pas loin de se dire : « pourquoi suis-je parti seul quérir le sucre de l’existence sensé rendre ma vie moins amère ? » (Mais l’était-elle seulement, amère ?).

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Christiane Bours, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Lettre à un hypocritique d’artMonsieur,Vous tenez depuis 25 ans la plume qui rédige les critiques artistiques dans La Mazette de Liège.Incrédule, presque désespérée, c’est en vain que j’en ai arpenté les co-lonnes ces dernières semaines...Vous n’êtes en effet pas sans sa-voir que j’ai récemment exposé des œuvres graphiques au Cercle des Lé-zards de Lige, que j’ai fait parvenir à votre nom, à la Maison de la Presse un dossier concernant cette mani-festation et que je vous ai person-nellement et inutilement convié au vernissage de ladite exposition.J’ai depuis lors scruté régulièrement les rubriques nécrologiques, car, sans nouvelles de votre part, j’ai redouté d’y apprendre la mauvaise nouvelle de votre disparition. Me voici rassu-rée... Vous n’y figurez point !Je ne vous ai donc vu apparaître ni mort dans la presse, ni en chair et en os sur le lieu où mes œuvres s’ac-crochent résolument à leur clou.Il est vrai, je n’en disconviens point, que j’aurais pu faire mieux que de réaliser ces modestes œuvres gra-phiques  : par exemple, j’aurais pu

faire des enfants, comme il sied à une jeune femme de bonne famille, ou avec du sucre, faire des confitures.N’ayant pas été assez irresponsable - ou trop froussarde, je ne sais-pour mettre des nourrissons au monde et étant de celles qui font tourner les confitures et la mayonnaise ; étant aujourd’hui l’auteur, l’autrice ou l’ auteuse d’une oeuvre en attente de célébrité, j’escomptais donc, j’espé-rais même quelqu’ élucubration de votre part, du genre : « Rien ne va plus, Madame B. est de retour, elle se surpasse dans d’ in-fâmes gribouillis » ou, mieux encore : « La déplorable Madame B. se spé-cialise aujourd’hui dans les taches d’encre. Elle nous a cette fois miton-né quelques pâtés de mauvais goût. »Mais non, pas un mot, pas même un allègre sarcasme de votre plume cruelle !Rien ne me va plus droit au cœur que le silence...

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Christiane Bours, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Lettre à un hypocritique d’art partie 2

...silence l’indifférence, le vide sans nuance !

Hier , j’hésitai donc un bref, mais déci-sif instant : allais-je vider les encriers, déchirer les papiers, rendre les armes et les pinceaux, décrocher les cadres et me terrer à jamais au fond de ma tanière ?

Si aujourd’hui mon cœur sauvage s’accroche à la tâche, vous ne verrez là qu’entêtement diabolique de ma

part, obstination insensée, persévé-rance outrageusement délirante et, que vous l’écriviez ou non, vous aurez neuf cent nonante-neuf fois raison !

Folie, poésie et fantaisie resteront donc pendues à leur clou et se visite-ront allègrement de midi à quatorze heures sans que l’on doive les y cher-cher dans un noir d’encre.

Au plaisir donc, Monsieur, de ne pas vous rencontrer..

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Sunitha Mentior, atelier de Line Alexandre, Chiroux, le 22/07/2014

La vie intime du petit cochon de la maison de paille

Il était une fois, le cadet des cochons, Alex, qui vivait paisiblement avec

ses 2 frères dans la maison de briques de l’aîné.Mais cette vie commençait à être pe-sante pour lui à cause de l’arrogance de ses frères. Comment vivre sans cesse en étant considéré comme le petit dernier de la famille, l’insigni-fiant ? Mais notre ami avait un problème...il ne pouvait rester seul la nuit, il avait peur du noir! Malgré tout, il partit, il s’en alla, par monts et par vaux tenter sa chance ailleurs...Il rejoignit la ville, et découvrit la vie en squat, les activités culturelles, les rencontres, la diversité.Mais un beau jour, cette vie commen-ça à lui peser. Dans un espace exigu, les allées et venues d’un nombre in-croyable de personne et les manies de chacun! Pas facile à supporter.Cendrillon qui s’acharnait à nettoyer et ranger, Blanche neige, qui laissait rentrer les pigeons et roucoulait avec eux, Mère grand, qui se lamentait du peu de visite de sa petite fille ( trop

occupée à monter une affaire de gaufres de Liège ) Alors, il partit, s’en alla par monts et par vaux tenter sa chance ailleurs...Il rejoignit la forêt et découvrit la vie avec les animaux sauvages.L’espace, la liberté, la nature, les pro-duits frais et sainsMais cette vie commença à lui pe-ser. Les pleurs de Bambi inconsolable depuis le décès de sa mère, des san-gliers partout… cela lui faisait un ef-fet bizarre...Alors, il partit, s’en alla, par monts et par vaux tenter sa chance ailleurs...Cette fois, il décida de ne plus se rat-tacher à un groupe, oui, il allait af-fronter sa peur du noir, vivre seul.Le voilà prêt à passer sa première nuit dans la petite maison qu’il venait de louer. SEUL, le soir approchait, pe-tit à petit, il faisait de plus en plus sombre...

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Sunitha Mentior, atelier de Line Alexandre, Chiroux, le 22/07/2014

La vie intime du petit cochon de la maison de paille partie 2

sombre... C’est là qu’il entendit grat-ter à la porte ( heureusement celle-ci était épaisse et bien fermée )

Ce qui n’empêcha pas de se hérisser tous les poils de son menton!

Et soudain, l’évidence!

La peur du loup!, ancrée dans sa fa-mille depuis des générations..

Les souvenirs lui revenaient

La paille, dans le ciel bleu, s’éparpil-lant autour de lui, jaune

Le souffle du loup sur sa peau nue

Et son galop effréné vers la maison de son frère, la peur au ventre, et sur-tout, la honte! qu’il ressentait encore maintenant

Que faire? Tout d’abord, s’approcher de cette porte.... miaw... un chat?! Ce n’était qu’un chat, celui qui rôdait de-puis le décès de son maître, le meu-nier voisin! Stupide animal!

Il fallait que notre cochon se prouve qu’il valait plus que de la chair à sau-cisse pour la gente lupine!

Sans plus attendre, il se renseigna sur internet. Et très vite, notre Alex s’en-vola pour le Canada où l’accueillit une équipe de constructeurs de maison de paille!

La paille comme matériel de construc-tion, assurant une parfaite isolation et défiant toute concurrence point de vue économique, était là-bas parfai-tement reconnue.

C’est ainsi qu’il se sentit parfaitement heureux parmi des personnes qui re-connaissaient son talent

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Michel Joris, atelier de Véronique Gallo, Chiroux, le 08/07/2014

Mort d’une chronique (humoristique) annoncéeChère pointe de bic,Je t’en veux.Je t’avais pourtant choisie, neuve, ronde, glissante et précise à la fois.Toi, mon prolongement extrême, mon point de contact avec le papier receleur… Et quand c’est l’heure, c’est l’heure.Tu n’as été que timide et hésitante. Il est vrai que tu n’as pas l’habitude d’écrire en groupe : c’est un de tes traits de … caractère.Tu pouvais me le dire, ou bien me l’écrire, que mon idée n’était qu’une fausse bonne idée ! Plutôt que de te forcer et d’accoucher sur papier un pauvre petit cas drillé.

Je t’en veux … pour preuve les essais-erreurs que ta censure aurait pu re-fuser.« Moi, censeur, sans sœur ?Oui, je suis orpheline, mais peut-on imaginer un stylo avec 2 pointes qui écriraient 2 textes différents simul-tanément ? L’une, un grave ; l’autre, un déjanté…Et d’ailleurs, à qui appartiennent les textes ? Au concepteur, au moyen d’écriture ou au papier final ? »N’essaie pas de changer de sujet.Je t’en veux car faire rire, c’est une af-faire sérieuse et toi, tu te contentes de laisser « mourir » mes idées sur fond de « rire mou ». Tu n’auras pas raison de moi. C’en est fini de toi.Demain, je prends la plume.

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Sébastien Michel, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Abandon et chronique sportive

Avant la grande bataille prévue dans la montagne et alors que

l’on n’attendait rien de cette étape de transition, un jeune coureur encore inconnu faussa compagnie au peloton dès l’entame des 200 km à parcourir. Après avoir creusé un écart suffisant, l’échappé temporisa le temps nécessaire pour que d’autres coureurs viennent le rejoindre et constituer une coalition de circonstance à même de résister à la chasse que le gros du peloton ne manquerait pas de leur donner tôt ou tard. Sur papier, c’était le scénario le plus prévisible.Sur le vélo, averti par son directeur sportif que personne ne semblait vouloir le rejoindre, c’est la boule au ventre et la gorge serrée que le jeune échappé comprit qu’il passerait la journée tout seul, dans l’indifférence générale. Impression très vite renfor-cée par son oreillette où seul un

grésillement de fréquence mal captée se fit encore entendre.

Semblant trouver un regain de courage et une nouvelle source de motiva-

tion dans ce sentiment d’abandon, il appuya d’autant plus sur les pédales bien décidé à trouver auprès des spec-tateurs massés de part et d’autre de nouveaux compagnons de route et d’infortune. Cependant, plus l’écart avec le peloton se creusait moins les vagues d’encouragements vinrent tinter à ses oreilles et le pousser dans son effort. Il dut même jouer les équilibristes pour éviter les crachats et autres invectives ainsi que des voitures de supporters rentrant chez eux au beau milieu de la course dans un concert de klaxons patriotiques.Dans ce décor d’exode, livré à une nature humaine de plus en plus hos-tile et privé de musette, plus d’un auraient songé à abandonner ou du moins à se rendre à l’évidence. L’en-semble du peloton s’était d’ailleurs rendu plus tôt dans la journée, ap-prit-on de Radio Tour... de Londres.Quant à notre fuyard du jour, gagnant ses galons de Roi de la désertion en refusant d’être rattrapé ne fût-ce que par un ordre de mobilisation géné-rale, il gagna la Suisse à défaut de la course.

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Sébastien Michel, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Faire rire sans le vouloir ( : un enfant commentant une photo)« Sur la photo, on voit le dos d’une personne qui doit être vieille parce que ses cheveux sont tout blancs. Elle est de dos, donc on ne sait pas dire si c’est une dame ou un monsieur. De toute façon, on ne pourrait pas le dire non plus même si on voyait son visage car tous les vieux ont de la moustache.On est dans sa cuisine car on voit par terre une assiette et un bol et peut-être même une cuillère. La vieille per-sonne doit être fatiguée parce qu’il fait encore jour et elle est déjà assise avec ses pantoufles dans un fauteuil qui à l’air confortable. En plus, les fauteuils qui ont des grandes roues c’est très bien pour les vieux car ils n’ont plus besoin d’avoir une canne et ils peuvent aller plus vite assis.

On peut aussi dire que c’est une personne âgée qui aime bien le vert sur les murs comme dans les hôpitaux et qui n’aime pas mettre des posters ou des photos aux murs car il n’y a que les jeunes qui aiment bien avoir des posters chez eux.On dirait que la personne qui est sur la photo veut faire coucou avec la main, mais on ne sait pas à qui car on ne voit personne d’autre et peut-être qu’il n’y a personne et qu’elle fait semblant de voir quelqu’un.Derrière la fenêtre, dehors, on voit un peu des barreaux. C’est donc peut-être une méchante personne qui est en prison attachée à son fauteuil et à sa table de cuisine et qui est obli-gée de regarder par la fenêtre toute la journée sans rien faire. Si c’est ça, bien fait ! »

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Sébastien Michel, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

La plaisanterie de vivre ; relater un évènement « personnel » dans son journal intime...

Cela fait maintenant 6 ans que papa est mort…

Dans la catégorie des victimes au-toproclamées de la vie, il y a tout d’abord ceux qui ont l’impression d’être maudits un peu comme si leur vie était construite sur un cimetière indien. Moi c’est différent, j’ai plus l’impression que mon ange gardien ne ressemble pas à un chérubin bien-veillant mais à une espèce de diablo-tin rasé et belliqueux qui devait tran-quillement patienter dans la salle d’attente d’un hôpital militaire le jour de ma naissance. Depuis, il veille sur moi comme une sentinelle ivre veille sur un mât sans drapeau.L’armée m’aura tout fait !Après toute une scolarité passée au sein d’une caserne aussi accueil-lante qu’un taxi parisien, derrière les bancs mous de l’éducation et dans l’enceinte ferme de la défense, j’avais cru pouvoir me démilitariser le plus légalement du monde en profitant

d’un service militaire rendu opportunément obsolète.

Mais non, il a fallu que le cancer du côlon de papa,

qui n’était pourtant que sous-offi-cier, me rappelle de la plus poussive des façons mon ascendance militaire par une exploration digitale annuelle au plus profond de mon intimité. Ce touché rectal, m’assura-t-on, afin de m’apaiser quant à ma qualité d’hé-ritier non porteur de la maladie qui emporta mon adjudant de géniteur. C’est Robert, je veux dire le Colonel Pirotte, le médecin militaire qui a si bien soigné papa, qui me suit depuis tout ce temps.Qu’il me semble loin le temps de mes primes rebuffades devant pareil exer-cice pour signifier avec force et virilité une hétérosexualité contrariée par un corps médical pour le moins intrusif. A vrai dire, je commence même à me troubler quelque peu à l’idée de ce qui m’attend demain quand je passe-rai entre les mains de ce proctologue si amusant qui...

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Sébastien Michel, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

La plaisanterie de vivre ; relater un évènement « personnel » dans son journal intime... partie 2

...qui l’année dernière alors que je lui demandais innocemment s’il était en-core marié, prit l’air consterné de ce-lui qui vient de perdre à l’instant son alliance dans l’exercice de ses fonc-tions.

Je me sens un peu con tout de même de m’être épilé le maillot et d’être allé chez le coiffeur avant ma « visite  » de demain. Encore plus con quand je m’aperçois que je ne sais pas comment m’habiller pour y aller. J’ai l’impres-sion de n’avoir plus rien à me mettre et d’avoir 10 kilos de trop.

Par contre, cette année, fini d’appor-ter des chocolats ! Je l’entends encore me dire de sa voix de stentor potache « mon cher, les ballotins ne font pas partie du proctocole », avant de s’ex-cuser devant mon air contrit face à cette saillie frivole. Sacré Robert.

En tout cas, une chose est sûre, je me sens soulagé d’avoir annulé mon pro-chain rendez-vous chez la psy et d’en finir avec cette thérapie que j’avais entreprise suite aux érections répé-tées que me valaient mes touchés. C’était une erreur. Après tout, qu’est-ce qu’elle y connaît aux histoires de cul ?

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atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Trahison et offre d’emploi

Église mondialement connue cherche personne de confiance pour un emploi de traître. Personne peu sérieuse et de sexe féminin s’abstenir. Les

candidatures seront traitées en toute discrétion. Lettres de recommandations et de dénonciations acceptées.

« Ich bin ein Berliner » Le Soldat inconnu

« Si, comme K. Marx, on considère que la religion est l’opium du peuple, Jésus est avant tout un dealer » Oui Oui

Fausses citations, C’est grave ?... Rions !

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Poème collectif : Michel, Dominique,

Alicia, Marie-Catherine,

Christiane, Michel, Danielle, Claudine,

Perrine, Michèle, Sunitha.

Écrire, c’est Vivre un chemin de parchemin

Chercher à s’échapper sans le vouloir vraimentCourir vers l’inaccessible

S’enfuir dans une maison volante Voyager dans les rêves sur un vélo ailé

Voler de plus en plus haut Pousser l’arbre au plaisir de se boucher les oreilles

Gagner en expression ce qu’on a perdu au jeu Souffler sur le vent afin de l’éteindre

Écouter le chant des baleines en solitaire Éclater de rire !

Pour en rire

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atelier de Béatrice Libert, Chiroux, le 15/07/2014

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atelier de Béatrice Libert, Chiroux, le 15/07/2014

Parodier des siglesB.N.P. Besoin de Nounours en Peluche (Perrine)C.D.H. Cour des Horreurs (Dominique)C.E.C.A. Comité Espiègle des Cornichons Anarchistes (Christiane)C.H.U. Cercle des Humains Ubuesques (Claudine)C.Q.F.D. Centre Qualitatif de Formation Désordonnée (Danielle)Coquille Quinquagénaire aux Fluides Diluviens (Marie-Catherine)Collectif en Quête de Fées Désenchantées (Michèle)M.O.C. Mouvement des Ordres Contrariés (Michel)O.N.G. Les Oubliés de la Nouvelle Génération (Alicia)O.N.U. Organisation des Naïfs Utopistes (Christiane)

O.T.A.N. Orchestre des Tire-au-flanc Agréés de la Nation (Christiane)P.S. Paradis Salé (Sunitha)U.Lg Ultime et Longue Grève (Dominique)N.O.N.N.E. Non à l’Originalité Néfaste, Nuisible pour l’Être (Marie-Line)A.S.I.L.E.Aberration Sensitive des Idiotes Liées par l’École (Claudine)Assurance Suisse des Idiots Lyriques Épuisés (Claudine)Artistes Surveillés Illégalement par des Libres Étiquettes (Alicia)Académie des Survivants Inaptes Légèrement Effondrés (Marie-Line)Amer Sirop Illuminateur de Lointaines Églantines (Michèle)Arrangement Sous Irréelles Litanies Éveillées (Sunitha)Amour Sans Interdit de la Lune Endormie (Perrine)Aile Soluble Infidèle de Libellules Enrhumées (Marie-Catherine)Abri Sans Idée Librement Exprimée (Michel)Association Sulfureuse des Îliens Lilliputiens Extraterrestres (Béatrice)

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atelier de Béatrice Libert, Chiroux, le 15/07/2014

Parodier des proverbesÀ grands pas, la girafe fait sa place.La mort s’enfuit aux petites heures.

(Claudine)Qui parle bien se défend bien.

Qui rit bien vit bien. (Alicia)Qui rêve bien poétise bien. (Perrine)

Qui mange bien conduit bien. (Dominique)

Qui blesse une fois blesse chaque fois.

Qui a écrit écrira. Qui a aimé aimera. (Marie-Line)

Tant va la greluche à l’eau bénite qu’à la fin elle se noie.

Tant va la trash à l’eau-de-vie qu’à la fin elle se crasche. (Michèle)

Tant va le poète au sein de sa tête qu’à la fin il la perd. (Perrine)

Après le rire, le fou rireAprès l’humour, l’humeur.

Après l’histoire, la préhistoire. (Marie-Catherine)

Aviné, verre ou tasse. (Michel)

Comment devenir un coupeur de cheveux en quatre ?Notre objectif est d’entasser.Notre métier nous permet d’exceller dans

la rédaction,la friction,l’accumulation,l’émulsion, la vaporisation,

toutes opérations sans rémission.

Ce succès est le résultat de notre méthode :1. Époussetez ! Tout retourne en

poussière.2. Louvoyez ! Faites entrer le loup

dans la bergerie.3. Molestez ! À coup de clés à

molette.4. Secrétez ! À coups d’indiscrets

sucriers.5. Rompez !

Dominique

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Christiane Bours, atelier de Line Alexandre, Chiroux, le 22/07/2014

Une jeune femme dérangéeElle rangeait sans raison

Une armoire tous les soirs Une pièce toutes les semaines.

Ordre et propretéL’hygiène, c’est la santéJamais elle ne sortait.

Elle rangeait, Puis elle triait, Elle ordonnait,

Puis… elle nettoyait.

Elle en vivaitElle en mourut

On la rangea entre 4 planches Le cercueil dans la quatrième tombe

De la troisième allée du grand cimetièreToujours dérangée !

Moralité :Il faut ranger pour vivre

Et non Vivre pour ranger

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Michéle / Mineige, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Autobiogaphie imaginaire / utilisation du JE

Dans le building de repos, on m’appelle Soeur Souspiroux.

C’est moi la spécialiste de la Décon-fiture Grand-Mère. Ma bouche est en string rouge.Mes yeux d’ex-biche ô mon ex-biche disparaissent sous double masque à rat.On me nourrit de chocaulard. Je bois du Tsétsémel et cacaote à heures ré-gulières.

Le dimanche matin, je m’envoie des chapelets de cerises à l’eau de vie pendant que les autres (à la masse) sont à la messe.Je rêve d’un arbre à pralines, d’un Mon Chérisier.Je passe du rock n’roll à fond pour les voisins. L’immobile home de repos au grand complet m’entendrugir, rougir, et jouer du coquelitoris en solo en attendant l’heure des col-chiques, des chicanes et des chicots, et de la fin des coquelicots.Fantôme aimable, je parchemine en rabâchant mon Cicatriculum Vitae.

Offres d’emploi / ton: mort, maladieCherche rôtisseur expérimenté pour inauguration FUNEROSARIUM flambant

neuf, capable d’orchestrer trois quarts de four au feu rose pour bourgeons tués dans l’oeuf.

Cherche jardinier ayant la main rose pour éradiquer mélancolie buisson-nière, orchidées noires, déprime verte, couperose, roséole, fleurasthénie, maladie de Parkingson, perte de pétales, mésangine rouge, bleue, blanche, belge, nécrose plus ultra, parterrosclérose, overrose.

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Demain est un autre four.C’est le saucisson qui fait le cochon.La nuit toutes les chattes sont roses et les matous ont bon.In venin veritas.Je t’aime donc je truie.Je pionce donc je fuis.Je fonce donc je cuis. (à la plage)Tant va la greluche à l’eau bénite qu’à la fin elle se tasse.Tant va la trash à l’eau de vie qu’à la fin elle se crasche.Un chien vaut mieux que deux chiens qui chient là.Attention, le petit oiseau est sorti!

Michéle / Mineige, atelier de Luc Baba, Chiroux, le 12/08/2014

Détournement de titres, actualisation d’un conteC’est la Princesse à la carotte ( tous ses petits pois sont cuits), une neige plus blanche avec fond de teint, bouche en string rouge, qui aurait sali ses belles mains et paumé ses sept nains.C’est une belle un peu bêbête, une re-belle, une rerebelle.Et c’est toujours la même histoire, la même chanson: il lui faut un bou-clier en or, de l’ail des ours, des types louches, boire à leur source, un calice au pays des malices, du triple rhum dans son baba, des baisers d’Ali Baba sur la soie de son chat, des cascades de Gloubi Boulga dégoulinant tout le long de ses bas, un capitaine à la masse qui la fracasse.

Elle rencontre le vilain petit anar, un encore beau en peau de renard, un gourou roux, un vieux pingouin sans allumettes, qui ne rêve que d’une ci-garette.Il lui fait « Ose Joséphine, file-moi ta cape et tes épines, dis bye bye à ma-chin machine, avale ma neige, ma ro-sée fine, tu seras la reine de mon ma-nège, pour toi je virerai mes babines mes jeux d’échine, mes nuits de Chine et Ah! tu verras tu verras: notre bobi-nette cherra! viens ma chérie entre mes beaux draps! N’ai-je pas la plus belle houpette, vise mon briquet et mes roquettes! ( à suivre)

Nous irons tous tous tous chez la fée Carabosse.Nous irons tous tous tous nous coltiner des bosses.Nous irons tous tous tous nous frotter à Chronos.Nous irons tous tous tous molester le molosse.Nous irons tous tous tous tremper le spéculoos.Nous irons tous tous tous chier au club Chicos.Nous irons tous tous tous dans l’pot d’Blackwell & Cross.Nous irons tous tous tous rattraper notre sauce.Nous irons tous tous tous nous torréfier la cosse.(à vous!)

détournement proverbes sentences...

et chansons

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