Une nuit royale pleine d'étoiles

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SANTÉ Comment gérer sa consommation d’alcool L’apéro en fin de matinée, un verre de rouge pour le repas, une bière à la sortie du travail, la pente est glissante. PAGE 20 JEUDI 26 MAI 2011 LE NOUVELLISTE LE MAG DR 16 THÉÂTRE La troupe de théâtre sédunoise Nova Malacuria présente la Nuit des Rois de Shakespeare. Une nuit royale pleine d’étoiles ALINE CARRUPT Pendant la Nuit des Rois, tout est permis. Le titre original de la pièce «Do what you will» (fais ce que tu veux) a le mérite d’être clair. Un appel lancé par un William Shakespeare audacieux dans cette comédie romantique où le quiproquo règne en maî- tre. On y suit une intrigue à triple- détente où le bon sens est à l’en- vers. Le clown est mélancolique, le méchant fait rire, le fou est sage, le sage est fou, le puritain prend des coups. Mais surtout, le héros, Césario, est une femme. Parcourant les doubles fonds du ressort amoureux et de l’identité sexuelle, Shakespeare (s’)amuse. A l’image de la com- pagnie Nova Malacuria, qui prend ses quartiers d’été sur la Place du Théâtre de Sion. Patchwork de talents Pour les Nova-Malacuriens, la passion théâtrale brûle depuis 1984. Elle ne semble pas prête de s’éteindre. Cette année, nou- veau comité, même envie. «No- tre objectif n’a pas changé», explique son président Pierre- Christian de Roten. «Nous vou- lons proposer un spectacle de qua- lité au cœur de la ville de Sion, et par la même occasion, offrir des conditions professionnelles à des comédiens amateurs». Ainsi les gens changent, mais l’institu- tion reste. Et la relève est assu- rée. De nouvelles forces vives se sont jointes à l’aventure. Parmi elles, le metteur en scène profes- sionnel valaisan Pierre-Pascal Nanchen: «Je suis très attaché au théâtre amateur. J’en viens et je trouve important de partager mon expérience. Personnellement, je m’enrichis aussi de ces contacts.» C’est donc lui qui est chargé de démêler les fils de ce conte ska- kespearien cruel, retors et sédui- sant. Un terrain de jeu excep- tionnel pour les treize comé- diens qui assurent la distribution. Tous du cru, cer- tains ont déjà goûté au théâtre nova-malacurien. Un méli-mélo d’acteurs aux parcours divers et variés. «C’est justement le côté in- téressant», relève Pierre-Pascal Nanchen. «Chacun arrive avec son itinéraire, c’est une richesse.» Shakespeare moderne Ne vous attendez pas à assister à un grand classique. Dans son adaptation, la sédunoise Ingrid Sartoretti a affûté sa plume et ajouté au scénario initial de quoi nous enivrer un peu plus. Ainsi, le personnage d’Amanda de- vient Madame Lear. A la cour du duc Orsino, on s’adonne au hor- nuss. «Ingrid est vraiment restée fidèle à l’esprit de William Shakes- peare», admire Pierre-Pascal Nanchen, «c’est plein d’humour, de finesse, mais aussi de clins d’œil à notre époque.» Au final, on y re- trouve la structure de la pièce originale, les intrigues, le rythme avec un langage tou- jours aussi enjoué et virevoltant. Côté décor, la Place du Théâtre a été confiée au scénographe Adrien Moretti. Un espace res- treint aux multiples contraintes que le décorateur a apprivoisé petit un petit. «L’idée de départ, c’est un épave de bateau rouillée que j’ai photographié pendant mes vacances», annonce-t-il. «Mais depuis, les choses ont évolué, heu- reusement.» Les trois coups seront donnés le 3 août. « Travailler avec des amateurs, c’est mélanger des univers. La rencontre n’en est que plus riche.» La Nuit des Rois, de William Shakespeare Du 3 au 31 août, du mercredi au samedi, et les 2 et 3 septembre à 21 h. Réservations dès le mois de juillet à l’Office du tourisme de Sion et sur www.novamalacuria.ch. INFO+ DU CÔTÉ OBSCUR DE LA FARCE La nuit des rois, une douzième nuit après la Nativité durant laquelle tout peut se passer. On y suit la destinée de la jeune Vio- la. Un bateau fait naufrage. Resca- pée, elle découvre une île qu’elle ne connaît pas et qui n’a rien de mer- veilleux: l’Iskanie. Son frère jumeau, Sébastien, a été englouti par les flots. Elle apprend alors qu’une comtesse des lieux, Olivia, porte, elle aussi, le deuil d’un frère aimé. Elle veut entrer à son service, revêt des habits d’homme semblables à ceux de son frère Sébastien. Mais c’est d’Orsino, un prince amoureux de la comtesse, qu’elle sera le page et messager de son amour auprès d’Olivia. Bien vite, Viola, qui se fait nommer Césario, aime son maître Orsino. Malentendus, quiproquos, méprises s’ensuivent nécessaire- ment. En signant cette comédie romanti- que, drôle et rythmée, Shakespeare ne semble célébrer que la joie et l’amour, faisant aussi couler le vin à flot. Mais le dramaturge reste fidèle à lui-même. Il ne prend pas de gants quand il se moque de la bien- séance à travers la parole de son bouffon. Et il apporte également des allusions personnelles plus gra- ves. Saviez-vous par exemple que l’écrivain était lui-même père de ju- meaux et qu’il avait perdu son fils Hamnet à l’âge de 11 ans? Autant de sujets secondaires qu’il traite entre les lignes avec un savoir-faire et unepudeur remarquables. AC CONCERT La chanteuse Loraine Cotting, concentré d’énergie entre jazz, hip hop et soul, à entendre à la Ferme-Asile samedi soir. «Chanter est pour moi un hommage et une thérapie...» JEAN-FRANÇOIS ALBELDA Depuis l’intrusion dans sa vie, alors qu’elle n’a que cinq ans, d’un enregistreur Fisher Price, Loraine Cotting vit une véritable passion pour la musique. Une passion intense et dévorante qu’elle assouvit pourtant en ca- chette, dans le secret de sa chambre d’enfant puis d’adoles- cente. «J’aimais chanter pour moi, mais je n’envisageais pas de le faire devant des gens. Peut-être par manque de confiance en moi...», explique la chanteuse. Le déclic vient plus tard de son grand frère Gilles qui la sur- prend en pleines vocalises, tan- dis que la musique de ses héros A Tribe Called Quest ou Erykah Badu pulse dans les haut-par- leurs. «Il m’a encouragée à me lancer. Son soutien a été décisif.» Mais triste coup du sort, Gilles disparaît brusquement en 2006 et Loraine doit affronter le deuil et la perte. Refuge et exutoire, c’est à nouveau la musique qui la tient et la porte. «Je me suis mise à composer des chansons pour lui. Chanter est devenu un hommage et une thérapie...» Avec ses «soldats» C’est d’abord accompagnée de ses musiciens, les Toy Soldiers que Loraine Cotting tâte de la scène. Et après une année de clubs dans toute la Suisse, elle entreprend en 2009 la création d’un premier album solo. Qu’un concours remporté lui permet de réaliser en studio. Sorti en oc- tobre 2010, «Eager Beaver» est dédié à son frère. «De près ou de loin, presque tous les titres parlent de lui.» Le disque, entre douceur jazzy acoustique et grooves soul chaloupés, témoigne d’une voix au velours patiné, proche du timbre de Lauryn Hill, l’un de ses modèles de chant. Les arran- gements qui habillent les com- positions de cette autodidacte intuitive sont aériens et dé- pouillés, d’un goût très sûr. «Pour cet album, qu’on a dû ter- miner dans un délai très court, j’ai pu engager des musiciens pros, pour aboutir au plus vite à un bon résultat.» Mais même si «Eager Beaver» commence à faire cir- culer le nom de Loraine Cotting - elle a par exemple été l’un des récents coups de cœur de la RSR La Première -, elle n’en oublie pas ses Toy Soldiers avec qui elle contine de tourner en parallèle. «Ce sont deux projets distincts. les gens font parfois l’amalgame. Avec les Toy Soldiers, les concerts sont plus hip hop et puissants. Et lors- que je joue l’album, le live est plus intime». C’est donc en version «soft» que Loraine Cotting se produira ce samedi à la Ferme- Asile de Sion. Avant d’entamer le processus de création d’un deuxième album. Un maxi trois titres enregistré en Belgique sor- tira d’ailleurs tout prochaine- ment en prélude. Loraine Cotting, nouvelle voix de la scène suisse. DR Samedi 28 mai. Portes 20h30. Réservations sur: www.ferme-asile.ch ou au 027 203 21 11. www.myspace.com/lorainecotting INFO+ En attendant la scène, la troupe de Nova Malacuria peaufine les textes remis au goüt du jour par Ingrid Sartoretti. CARLITO PIERRE-PASCAL NANCHEN METTEUR EN SCÈNE

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Article du Nouvelliste du 25.05.2011 (MAG)

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SANTÉComment gérersa consommation d’alcoolL’apéro en fin de matinée, un verre derouge pour le repas, une bière à la sortiedu travail, la pente est glissante. PAGE 20

JEUDI 26 MAI 2011 LE NOUVELLISTE

LE MAG

DR16

THÉÂTRE La troupe de théâtre sédunoise Nova Malacuria présente la Nuit des Rois de Shakespeare.

Une nuit royale pleine d’étoilesALINE CARRUPT

Pendant la Nuit des Rois, toutest permis. Le titre original de lapièce «Do what you will» (faisce que tu veux) a le mérite d’êtreclair. Un appel lancé par unWilliam Shakespeare audacieuxdans cette comédie romantiqueoù le quiproquo règne en maî-tre.

On y suit une intrigue à triple-détente où le bon sens est à l’en-vers. Le clown est mélancolique,le méchant fait rire, le fou estsage, le sage est fou, le puritainprend des coups. Mais surtout,le héros, Césario, est unefemme. Parcourant les doublesfonds du ressort amoureux et del’identité sexuelle, Shakespeare(s’)amuse. A l’image de la com-pagnie Nova Malacuria, quiprend ses quartiers d’été sur laPlace du Théâtre de Sion.

Patchwork de talentsPour les Nova-Malacuriens, la

passion théâtrale brûle depuis1984. Elle ne semble pas prêtede s’éteindre. Cette année, nou-veau comité, même envie. «No-tre objectif n’a pas changé»,explique son président Pierre-Christian de Roten. «Nous vou-lons proposer un spectacle de qua-lité au cœur de la ville de Sion, etpar la même occasion, offrir desconditions professionnelles à descomédiens amateurs». Ainsi lesgens changent, mais l’institu-tion reste. Et la relève est assu-rée. De nouvelles forces vives sesont jointes à l’aventure. Parmielles, le metteur en scène profes-sionnel valaisan Pierre-PascalNanchen: «Je suis très attaché authéâtre amateur. J’en viens et jetrouve important de partager monexpérience. Personnellement, jem’enrichis aussi de ces contacts.»C’est donc lui qui est chargé dedémêler les fils de ce conte ska-

kespearien cruel, retors et sédui-sant. Un terrain de jeu excep-tionnel pour les treize comé-diens qui assurent ladistribution. Tous du cru, cer-tains ont déjà goûté au théâtrenova-malacurien. Un méli-mélod’acteurs aux parcours divers etvariés. «C’est justement le côté in-

téressant», relève Pierre-PascalNanchen. «Chacun arrive avecson itinéraire, c’est une richesse.»

Shakespeare moderneNe vous attendez pas à assister

à un grand classique. Dans sonadaptation, la sédunoise IngridSartoretti a affûté sa plume et

ajouté au scénario initial de quoinous enivrer un peu plus. Ainsi,le personnage d’Amanda de-vient Madame Lear. A la cour duduc Orsino, on s’adonne au hor-nuss. «Ingrid est vraiment restéefidèle à l’esprit de William Shakes-peare», admire Pierre-PascalNanchen, «c’est plein d’humour,

de finesse, mais aussi de clins d’œilà notre époque.» Au final, on y re-trouve la structure de la pièceoriginale, les intrigues, lerythme avec un langage tou-jours aussi enjoué et virevoltant.

Côté décor, la Place du Théâtrea été confiée au scénographeAdrien Moretti. Un espace res-treint aux multiples contraintesque le décorateur a apprivoisépetit un petit. «L’idée de départ,c’est un épave de bateau rouilléeque j’ai photographié pendant mesvacances», annonce-t-il. «Maisdepuis, les choses ont évolué, heu-reusement.»

Les trois coups seront donnésle 3 août.�

�« Travailler avec des amateurs,c’est mélanger des univers.La rencontre n’en est que plus riche.»

La Nuit des Rois, de WilliamShakespeareDu 3 au 31 août, du mercredi au samedi,et les 2 et 3 septembre à 21 h.Réservations dès le mois de juillet àl’Office du tourisme de Sion et surwww.novamalacuria.ch.

INFO+

DU CÔTÉ OBSCURDE LA FARCE

La nuit des rois, une douzième nuitaprès la Nativité durant laquelle toutpeut se passer.On y suit la destinée de la jeune Vio-la. Un bateau fait naufrage. Resca-pée, elle découvre une île qu’elle neconnaît pas et qui n’a rien de mer-veilleux: l’Iskanie. Son frère jumeau,Sébastien, a été englouti par lesflots. Elle apprend alors qu’unecomtesse des lieux, Olivia, porte,elle aussi, le deuil d’un frère aimé.Elle veut entrer à son service, revêtdes habits d’homme semblables àceux de son frère Sébastien. Maisc’est d’Orsino, un prince amoureuxde la comtesse, qu’elle sera le pageet messager de son amour auprèsd’Olivia. Bien vite, Viola, qui se faitnommer Césario, aime son maîtreOrsino. Malentendus, quiproquos,méprises s’ensuivent nécessaire-ment.En signant cette comédie romanti-que, drôle et rythmée, Shakespearene semble célébrer que la joie etl’amour, faisant aussi couler le vin àflot.Mais le dramaturge reste fidèle àlui-même. Il ne prend pas de gantsquand il se moque de la bien-séance à travers la parole de sonbouffon. Et il apporte égalementdes allusions personnelles plus gra-ves. Saviez-vous par exemple quel’écrivain était lui-même père de ju-meaux et qu’il avait perdu son filsHamnet à l’âge de 11 ans? Autant desujets secondaires qu’il traite entreles lignes avec un savoir-faire etunepudeur remarquables.� AC

CONCERT La chanteuse Loraine Cotting, concentré d’énergie entre jazz, hip hop et soul, à entendre à la Ferme-Asile samedi soir.

«Chanter est pour moi un hommage et une thérapie...»JEAN-FRANÇOIS ALBELDA

Depuis l’intrusion dans sa vie,alors qu’elle n’a que cinq ans,d’un enregistreur Fisher Price,Loraine Cotting vit une véritablepassion pour la musique. Unepassion intense et dévorantequ’elle assouvit pourtant en ca-chette, dans le secret de sachambre d’enfant puis d’adoles-cente. «J’aimais chanter pourmoi, mais je n’envisageais pas de lefaire devant des gens. Peut-êtrepar manque de confiance enmoi...», explique la chanteuse.Le déclic vient plus tard de songrand frère Gilles qui la sur-prend en pleines vocalises, tan-dis que la musique de ses héros ATribe Called Quest ou ErykahBadu pulse dans les haut-par-

leurs. «Il m’a encouragée à melancer. Son soutien a été décisif.»Mais triste coup du sort, Gillesdisparaît brusquement en 2006et Loraine doit affronter le deuilet la perte. Refuge et exutoire,c’est à nouveau la musique qui latient et la porte. «Je me suis miseà composer des chansons pour lui.Chanter est devenu un hommageet une thérapie...»

Avec ses «soldats»C’est d’abord accompagnée de

ses musiciens, les Toy Soldiersque Loraine Cotting tâte de lascène. Et après une année declubs dans toute la Suisse, elleentreprend en 2009 la créationd’un premier album solo. Qu’unconcours remporté lui permetde réaliser en studio. Sorti en oc-

tobre 2010, «Eager Beaver» estdédié à son frère. «De près ou deloin, presque tous les titres parlentde lui.» Le disque, entre douceurjazzy acoustique et grooves soulchaloupés, témoigne d’une voixau velours patiné, proche dutimbre de Lauryn Hill, l’un deses modèles de chant. Les arran-gements qui habillent les com-positions de cette autodidacteintuitive sont aériens et dé-pouillés, d’un goût très sûr.

«Pour cet album, qu’on a dû ter-miner dans un délai très court, j’aipu engager des musiciens pros,pour aboutir au plus vite à un bonrésultat.» Mais même si «EagerBeaver» commence à faire cir-culer le nom de Loraine Cotting- elle a par exemple été l’un desrécents coups de cœur de la RSR

La Première -, elle n’en oubliepas ses Toy Soldiers avec qui ellecontine de tourner en parallèle.«Ce sont deux projets distincts. lesgens font parfois l’amalgame. Avecles Toy Soldiers, les concerts sontplus hip hop et puissants. Et lors-que je joue l’album, le live est plusintime». C’est donc en version«soft» que Loraine Cotting seproduira ce samedi à la Ferme-Asile de Sion. Avant d’entamerle processus de création d’undeuxième album. Un maxi troistitres enregistré en Belgique sor-tira d’ailleurs tout prochaine-ment en prélude.

Loraine Cotting, nouvelle voix de la scène suisse. DR

Samedi 28 mai. Portes 20h30.Réservations sur: www.ferme-asile.chou au 027 203 21 11.www.myspace.com/lorainecotting

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En attendant la scène, la troupe de Nova Malacuria peaufine les textes remis au goüt du jour par Ingrid Sartoretti. CARLITO

PIERRE-PASCAL NANCHEN METTEUR EN SCÈNE