Une nouvelle Europe pour de nouveaux combats

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"Une nouvelle Europe pour de nouveaux combats" texte adopté lors du conseil national des Jeunes Socialistes

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UNE NOUVELLE EUROPE POUR DE NOUVEAUX COM-BATS

De la victoire des socialistes en France et au Da-nemark, à la nomination d’un premier ministre socialiste en Belgique, un nouvel avenir euro-péen se dessine, comme un avertissement lancé à l’Europe de l’austérité. L’heure des choix est main-tenant arrivée, celle qui nous amènera à décider entre néolibéralisme effréné et porteur de nou-velles crises systémiques, et une Europe sociale, politique, démocratique et écologiste tournée vers l’avenir.

La gauche se relève en Europe car elle a pris conscience que l’on ne perd que les combats que l’on ne mène pas. Elle a pris conscience qu’il était temps de rompre avec l’Union Européenne (UE) du compromis avec les conservateurs, une Eu-rope où les sociaux-démocrates en étaient réduits à négocier les termes de la régression sociale avec la droite.

Dans cette alternative politique à construire, notre génération doit prendre toute sa place. Nous, jeunes socialistes, entendons porter cette orien-tation forte au sein d’ECOSY, auprès de nos partis, du PSE, et ainsi entrainer l’ensemble des jeunes qui nous rejoindront pour construire cette nou-velle Europe.

30 ans de néolibéralisme : un défi démo-cratique pour l’Europe

Depuis 30 ans, les crises que nous traversons sont multiples, produites par un modèle de société ar-rivé à bout de souffle. L’Europe connaît depuis une faible croissance soumise aux seuls soubresauts des bulles spéculatives, une rigueur qui accroît la dette, une montée des inégalités, des taux de chô-mage abyssaux touchant les jeunes, les précaires en premier lieu, et les territoires délaissés.

Cette situation sociale grave a pour corollaires la montée de l’extrême droite, de la xénophobie, du racisme, et d’autres formes de discriminations en Europe. En Hongrie, le parti au pouvoir fait dange-reusement pencher son pays sur une pente auto-ritariste, restreignant de plus en plus chaque jour les libertés fondamentales sans que l’Union Euro-péenne ne puisse réagir efficacement. Le natio-

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nalisme progresse aux Pays-Bas, en Belgique, en Grèce et ailleurs en Europe, comme le montre les scores des partis d’extrême droite aux dernières élections, notamment en France.

Alors que des traités sont négociés par la Com-mission européenne et les chefs d’Etat sans ac-cord systématique du Parlement Européen élu par les peuples, et que les marchés financiers et agences de notation semblent avoir plus de poids sur les décisions de la Banque Centrale Européenne (BCE) que cette institution, la tech-nocratie l’emporte sur la démocratie. L’Europe se trouve donc à la croisée des chemins, à l’heure où la question de la permanence de la démocra-tie se pose au peuple européen.

Cette crise démocratique n’est pas le fruit du hasard. Elle est celui de 30 ans de néolibéralisme dans le monde, dont l’un des moteurs n’était autre que l’Union Européenne elle-même, impulsée par les droites populaires européennes. Consensus de Washington, démocratie sociale de marché à l’allemande et thatcherisme ont contribué à ins-crire dans le marbre des politiques économiques et le néolibéralisme, devenu dogme économique incontournable. Loin d’avoir enrayé cette poli-tique, les sociaux-démocrates alors majoritaires en Europe dans les années 1990, ont laissé se conforter ces orientations politiques.

La crise américaine du crédit à la consommation avec l’explosion des subprimes aux Etats-Unis, mais aussi l’explosion des bulles immobilières européennes (Espagne, Irlande) ont poussé les Etats à subventionner, à coups d’emprunts sou-verains, le sauvetage des banques pour minimi-ser les impacts sur leur économies nationales, contraignant les pays européens déjà fortement

endettés à s’affaiblir encore plus sur les marchés financiers. Les cercles récessifs traversés ne pour-ront être rompus autrement que par une trans-formation du système.

Les nombreuses crises que nous traversons sont le symbole du dépassement du pouvoir politique par le pouvoir économique : la crise économique est apparue parce que nous avons été incapable de juguler la fuite en avant vers un capitalisme fi-nancier sans foi ni loi ; la crise sociale est apparue parce que nous avons été incapables de préserver, voire d’amplifier, le champ d’action des services publics et des prestations sociales ; la crise envi-ronnementale est apparue parce que les lobbies industriels ont influencé les décideurs politiques des pays les plus polluants. Ainsi, toutes les crises sont liées à la crise du politique. Face à cela, là où la droite et le modèle libéral prospèrent de cette agonie des pouvoirs publics, nous devons avoir un discours résolument offensif sur la question des outils politiques, sur la question des instru-ments de la puissance publique.

Hier comme aujourd’hui, une crise économique provoquée par ces politiques économiques conservatrices devient un prétexte à un durcis-sement des dogmes néolibéraux. Loin de s’enga-ger vers des politiques d’investissements publics nécessaires au maintien d’une protection sociale indispensable, l’Europe s’est enfoncée dans une rigueur présentée par les droites au pouvoir comme la seule issue possible. La crise grecque était alors arrivée à point nommé, «stratégie du choc» déjà utilisée dans les années 1980 pour servir de laboratoire des nouvelles politiques néolibérales et les faire accepter par tous.

Depuis le traité de Maastricht inscrivant les pre-

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mières pierres du constitutionnalisme écono-mique et liant les mains des Etats aux marchés, depuis l’Acte Unique instituant le marché unique, depuis le traité constitutionnel de 2005, en pas-sant par le Pacte pour l’Euro de 2011, la question de la souveraineté du peuple européen se trouve aujourd’hui posée.

L’échec d’une Europe des “petits pas”

Le problème n’est pas celui de l’ouverture des frontières internes de l’Europe, le problème est que cette ouverture s’est effectuée sans aucune harmonisation des politiques sociales et fiscales. Ce pêché originel du marché unique a encore de très lourdes conséquences : il a mis les Etats en concurrence les uns contre les autres, se com-battant pour attirer les investisseurs à coups de dumping fiscal et social. Ce déséquilibre a affai-bli l’Europe et les Etats et fait le lit de la critique de l’impuissance des pouvoirs publics. L’enjeu de demain est donc de trouver les moyens de cette harmonisation fiscale et sociale. Cela passe par un transfert de souveraineté en ces domaines des Etats vers l’Europe et par une grande réforme des institutions européennes, qui rendra celles-ci plus légitimes.

L’Europe de la norme a supplanté l’Europe des droits et des valeurs communes voulue en 1950. A l’amélioration du sort des peuples européens, à l’harmonisation des droits fondamentaux et libertés individuelles, s’est substitué en Europe le respect de règles économiques et budgétaires uniformes comme seul lien entre Etats.

Ces normes rigides ont été imposées à des pays divers, aux contraintes économiques incompa-rables, aux systèmes politiques particuliers, aux systèmes sociaux inégalement développés, sans pour autant développer les outils nécessaires à la constitution d’un véritable budget européen. Ces normes ne sont pas exemptes de responsabilités dans l’ensemble des crises traversées par l’Europe depuis 30 ans et n’ont pas permis d’autre harmo-nisation que celle du moins-disant social, fiscal, et environnemental.

En matière sociale, la directive Bolkestein (direc-tive instaurant une concurrence déloyale entre les pays Européens) reste l’emblème d’une har-monisation sociale par le bas. Il s’agit là d’un cas d’école pour la volonté de mise en concurrence des systèmes sociaux avec la première étape vers un véritable dumping social, touchant directe-

ment les salaires, les droits des salariés et la pro-tection sociale dont ils bénéficient dans le pays d’accueil. Les dogmes de libre-échange, de libre concurrence, ont servi de prétexte à la destruc-tion des Services publics et grands réseaux par leur privatisation.

La technique reste la même pour les politiques fiscales. Les taux d’imposition sur les bénéfices des entreprises tendent à être alignés sur les taux irlandais très bas. Quand, dans le même temps, les citoyens subissent une harmonisation des TVA à la hausse, au détriment d’une fiscalité pro-gressive.

Enfin, l’environnement n’est pas épargné par la politique libérale du moins-disant. Les accents productivistes de la Politique Agricole Commune (PAC) favorisent les gros exploitants agricoles au détriment du développement d’une agricul-ture paysanne de proximité, fonctionnant en cir-cuit court, respectueuse de l’environnement et du budget des ménages. En matière d’énergie, l’UE préfère développer les hydrocarbures non-conventionnels (gaz de schiste, sables bitumi-neux, hydrocarbures des hauts fonds) plutôt que de promouvoir les énergies renouvelables, fai-sant de l’objectif de réduction de 20% des gaz à effet de serre une pure fiction. Le libre échange

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promu à outrance, y compris hors des frontières de l’Europe, n’a abouti qu’aux délocalisations des industries hors de l’UE, causes aujourd’hui de la production de biens et de leur importation de-puis l’autre bout de la planète.

Renonçant aux objectifs originels d’intégra-tion européenne, l’Union Européenne menée par les conservateurs et sociaux-démocrates de l’époque s’est contentée d’une intégration éco-nomique par les marchés, nous promettant par «petits pas» une intégration sociale européenne qui suivrait le traité de Maastricht. Malgré les belles promesses, celle-ci n’est jamais arrivée. Les socialistes européens doivent rompre avec la croyance selon laquelle il faudrait attendre une forte croissance économique pour obtenir des conquêtes sociales. Le progrès social s’obtient par les combats syndicaux et politiques, qui doivent être menés a l’échelle européenne.

Le retour en force du constitutionnalisme économique au détriment des peuples

MES (Mécanisme européen de Stabilité) et nou-veau Pacte Budgétaire sont les derniers nés de cette idéologie adossant systématiquement aux marchés et aux agences de notation toute pos-sibilité de refinancement des Etats. Le Pacte de stabilité avait déjà démontré ses limites et pointé ses incohérences, notamment en fixant l’objectif de déficit public à 3%, le Pacte budgétaire (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance - TSCG), lui, l’abaisse à 0,5%. Par ailleurs, c’est désormais la Cour de Justice de l’UE qui aura la possibilité de sanctionner juridiquement un Etat, signe d’une défaite du politique face à la techno-cratie, et au gouvernement des juges.

Nous ne pouvons accepter que la BCE reste fixée sur des objectifs d’inflation pouvant nuire à la croissance et accroître ainsi la dette en empê-chant le pouvoir politique d’user de l’outil des politiques monétaires et interdisant de prêter directement aux Etats à faible taux.

Nous sommes aujourd’hui face à un choix, celui de laisser la droite empêcher une vraie construc-tion du droit social européen, ou bien de donner à la gauche le pouvoir de renégocier le traité, ce qui induira notamment la définition d’un nou-veau pacte social européen.

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1 - Mettre au pas la finance pour remettre la démocratie au coeur de l’Europe

Le risque de rupture démocratique dans l’oppo-sition entre technocratie et peuples est réel. Le mouvement des «Indignés», et les récents mou-vements sociaux et autres initiatives citoyennes de contestation en ont été la preuve flagrante. Les instigateurs de cette crise, notamment la banque Goldman Sachs, voient aujourd’hui des anciens collaborateurs gouverner en Europe : Mario Dra-ghi, directeur de la Banque Centrale Européenne, Mario Monti, Premier Ministre italien et Petros Christodoulos, gestionnaire de la dette grecque. Cette confusion délibérée entre techniciens et hommes politiques signe la démission du pou-voir politique face aux forces de la finance inter-nationale.

Le constitutionnalisme économique est l’autre aboutissant du néolibéralisme européen. En ins-crivant des règles économiques dans le marbre constitutionnel, on dépouille les gouvernements élus par les peuples de leur capacité à décider et mettre en oeuvre les politiques économiques qu’ils ont choisies en fonction du contexte éco-nomique. Le constitutionnalisme économique a quatre volets : la politique des taux de change enlevée aux Etats, mais que l’UE se refuse à uti-liser ; un Tarif Extérieur Commun dépouillé de son sens et qu’il reste à activer ; l’absence de politiques fiscales européennes ; une Union sans

budget incapable de lever l’impôt. C’est une dan-gereuse atteinte à la souveraineté du peuple, qui laissera les libéraux démanteler toujours plus l’Etat Providence et répartir les richesses toujours plus vers le capital, toujours moins vers le travail. Voilà la stratégie des néolibéraux, transférer à l’UE des pouvoirs qu’ils empêcheront par la suite de mettre en oeuvre de manière alternative.

Il est au contraire nécessaire de remettre les peuples au coeur des politiques européennes. A l’image des débats de 2005 sur le Traité Consti-tutionnel Européen sur l’avenir de l’Europe, cette crise doit nous permettre de repenser la construc-tion européenne : la participation des peuples, le rôle du Parlement Européen, la question du fédé-ralisme. De même, la renégociation du TSCG doit nous permettre d’imposer plus de solidarité entre les Etats et donc, entre les peuples. Alors que la création d’une monnaie commune devait être un outil au service du progrès économique et social, les Etats ont perdu le contrôle des politiques mo-nétaires depuis la création de l’Euro. Sa reprise en main par le pouvoir politique est essentielle. Au lieu de considérer la maîtrise de l’inflation comme une fin en soi, les politiques monétaires doivent être vues comme un moyen d’atteindre des objectifs définis de manière politique. La Banque Centrale Européenne doit voir son rôle entièrement redéfini. Elle n’est aujourd’hui sou-mise à aucun contrôle démocratique ou poli-tique et refuse de mettre son action au service d’objectifs fixés par le Parlement Européen. Sa réforme doit modifier ses objectifs d’inflation et

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permettre de les adapter et de les élargir en fonc-tion de la situation économique, pour y inclure le plein-emploi et une croissance faiblement émet-trice en carbone et plus respectueuse de l’envi-ronnement. Le rôle de la BCE doit également être redéfini pour lui permettre d’acheter des obliga-tions étatiques sur les marchés, ou directement auprès des Etats, à des taux similaires à ceux pra-tiqués dans les crédits aux banques, pour casser les attaques spéculatives des pouvoirs financiers sur les pays européens. Nous sommes favorables à la prise de contrôle politique des banques dès lors que la puissance publique a procédé à leur recapitalisation. La création d’euro-obligations augmentera la marge de manoeuvre budgétaire de l’Union, qui sera mise au service du finance-ment de grands investissements. Mais si les euro-obligations sont un outil précieux pour contrer la pression des marchés financiers sur les dettes souveraines, ils ne sauraient être la seule et unique solution pour sortir l’Europe de la crise. Seule une politique économique solidaire et coordonnée au niveau européen portée par l’industrie, tour-née vers la construction d’un nouveau modèle de développement et alimenté par la finance au service de l’Europe sociale permettra de mettre fin aux déséquilibres et à la concurrence effrénée entre Etats.

Dans le même temps, la finance devra être remise au pas, pour mettre fin à la démission du politique envers le financier. La taxe sur les transactions financières que les pays européens devront im-poser limitera la spéculation qui est, aujourd’hui, libre de toute contrainte, et assurera une nou-velle source de revenu pour l’Europe. Une par-tie de cette taxe pourra être consacrée à l’aide au développement, nécessaire à la construction d’un monde plus juste. Les banques de dépôt et d’investissement seront séparées de manière étanche, pour protéger l’épargne des citoyens de la spéculation financière. Cela favorisera égale-ment le financement de l’économie réelle, auquel de nombreuses banques ont renoncé vu les pro-fits faramineux engendrés par l’activité purement spéculative. L’Europe devra aussi veiller à la mise en œuvre de l’interdiction des pratiques et outils de spéculation sur les dettes souveraines tels que les CDS.

Grâce à la création d’un impôt européen sur les bénéfices, alors que ces impôts étatiques n’ont jamais été aussi faibles en Europe, nous enta-merons l’harmonisation fiscale, sociale et envi-ronnementale par le haut. L’impôt permettra la mise en place d’un budget commun autonome des dotations des Etats, et assez conséquent pour lancer des politiques en accord avec la volonté des peuples européens.

Enfin, nous ne parviendrons à faire l’Europe des peuples que par la démocratie. Les décisions po-litiques majeures concernant les politiques no-tamment fiscales et sociales devront requérir la majorité des suffrages d’un Parlement Européen renforcé. Il doit désigner la Commission selon la majorité issue des élections européennes, qui doivent se tenir le même jour dans tous les Etats selon un scrutin de liste transnational. Ainsi, la Commission sera politiquement responsable devant le Parlement Européen. Celui-ci et le Conseil doivent être placés sur un pied d’égalité dans la procédure législative ordinaire. Le Parle-ment Européen doit partager avec la Commis-sion le droit d’initiative, alors qu’elle le monopo-lise aujourd’hui. Enfin, l’initiative citoyenne doit être renforcée en rendant l’avis de la Commission consultatif. C’est ainsi que nous construirons l’Europe des valeurs humanistes que nous défen-dons.

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2 - Créer de l’emploi et dessiner une Europe sociale et écologiste

Les questions de l’emploi et d’une plus juste répartition des richesses produites se posent aujourd’hui aux démocraties européennes. La gauche devra proposer de vraies alterna-tives pour remettre en question nos modes de consommation. L’Europe de l’emploi sera celle de la transformation de nos économies, de la réin-dustrialisation du continent, du rapprochement des consommateurs et des lieux de production.

L’Europe de l’emploi répondra ainsi aux objectifs écologiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% dès 2020. Ces engagements pris par l’Union Européenne, mais qui, faute de moyens, alloués et de volonté politique, de res-trictions mises au libre-échange, ne peuvent être atteints en l’état. Nous devons nous réserver les moyens de dépasser les objectifs de réduc-tion afin d’atteindre 30% au niveau de l’Europe. Une politique ambitieuse de développement des transports ferroviaires de personnes et de mar-chandises doit être engagée.

Nous réaffirmons le principe de pollueur-payeur, en taxant les entreprises en fonction de leur em-preinte écologique. Celui-ci passera également par l’introduction d’une contribution climat-énergie aux frontières de l’Europe. Cette parti-cipation des entreprises devra également être corrélée à une politique de recherche industrielle afin d’encourager la découverte et l’utilisation de technologies plus adaptées aux enjeux environ-nementaux.

Au libre-échange, nous opposons le juste-échange, celui d’économies conscientes de leurs atouts ; de la nécessité de les protéger de la

concurrence déloyale exercée par des pays sans normes sociale et environnementale. L’Europe devra dialoguer avec l’ensemble des économies de la planète, afin de permettre la mise en place de normes environnementales communes, tout en participant au développement économique des pays du Sud, essentiel à leur essor social. Quand les Etats-Unis, la Chine et les pays du MER-COSUR ont pris depuis longtemps les mesures protectionnistes indispensables au maintien de leurs emplois et de leurs industries, l’Europe a ouvert son marché commun au reste du monde en 30 ans, refusant toute forme de régulation et obéissant aux doxa néolibérales du consensus de Washington, majoritaires au Fonds Monétaire International et à l’Organisation Mondiale du Commerce. Nous réaffirmons donc la nécessaire activation d’un tarif extérieur commun aux fron-tières de l’Europe, prenant en compte les critères sociaux et environnementaux des pays produc-teurs, pour protéger nos industries, en revenant notamment sur la baisse constante des droits de douane ces dernières décennies, sans consulta-tion aucune du Parlement Européen. Pour créer une Europe de l’emploi, sa réindustrialisation doit être engagée.

Créer de l’emploi passera par un investissement massif de l’Europe dans la transition énergétique en diversifiant nos sources d’approvisionnement électrique par le développement d’unités de pro-duction locale d’énergie. L’indépendance énergé-tique de l’UE doit être atteinte, en mettant la ré-duction de la consommation énergique comme priorité de nos politiques. Les énergies alterna-tives comme le solaire, l’éolien, l’hydraulique, la biomasse et la géothermie existent et ne de-mandent qu’à être développées. De même, nous devrons mettre en réseau à l’échelle européenne nos sources d’électricité pour réduire notre dé-pendance au nucléaire et aux énergies fossiles et engager enfin nos économies vers l’avenir. Il

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faut aller plus loin, en proposant une politique énergétique commune, afin de rationaliser les productions, et en finir avec la vision nationale de la production d’énergie. Une voix commune pourra être mise en place pour les négociations avec les exportateurs. Enfin, investir dans la réno-vation du bâti et la construction de logements basse consommation sera également source de milliers d’emplois. Il s’agit là d’un impératif tant social qu’écologiste.

Nous devons aller vers une Europe du mieux-di-sant en matière d’emplois, une Europe du choix laissé aux consommateurs, y compris en matière agricole. Cela passera par une réforme en profon-deur de la PAC et de la gestion de nos réserves halieutiques, vers une agriculture paysanne, de proximité qui encourage les filières de qualité territorialisées, les circuit-courts et les structures collectives. Il s’agit là d’un impératif d’emplois et de survie pour les paysans européens, d’un impé-ratif de pouvoir d’achat pour les consommateurs, ainsi que d’un impératif de santé environnemen-tale pour les citoyens européens. Cela passe en partie par l’aide à la création et au développe-ment de l’économie sociale, solidaire et environ-nementale.

Enfin, le retour du traité ACTA (Accord commer-cial anti-contrefaçon), anti-démocratique, nous pose violemment la question de la brevetabilité

du vivant et des biens communs. Plus que jamais, l’Europe doit être en pointe de ces combats pour garantir à tous l’accès à l’eau, à la biodiversité, en empêchant leur appropriation au profit de quelques-uns et au détriment de tous.

3 - Vers un nouveau traité social européen pour mieux répartir les richesses

Depuis 30 ans, les inégalités explosent, la préca-rité s’étend et le chômage atteint des niveaux re-cords, touchant en priorité les jeunes. Cette crise de la répartition des richesses rend nos solutions plus que nécessaires. Ces maux sont le fruit des politiques de la droite : baisse tendancielle depuis les années 1980 de la part de la valeur ajoutée qui revient aux travailleurs par le salaire direct et indirect, captation des profits et des gains de pro-ductivité par une classe privilégiée, actionnaires et patrons, au détriment de l’investissement et de la redistribution. Pire encore, cette situation de déséquilibres créée par la droite lui sert de jus-tification pour mener des politiques antisociales : les systèmes de retraites par répartition qui ont été durement attaqués sous prétexte de main-tenir le triple A des pays d’Europe, en sont des exemples.

Face à cela, nous réaffirmons l’urgence pour l’Eu-rope de se doter d’un Traité Social progressiste. Cet engagement des socialistes depuis plusieurs décennies devra être enfin tenu dès 2013, avec la victoire de la gauche en Italie et en Allemagne. Cela doit se traduire concrètement par la défini-tion de droits communs et d’objectifs d’évolution des législations sociales des États-membres. Un salaire minimum européen, calculé en parité de pouvoir d’achat, doit être créé en priorité, ainsi qu’une pension minimum équivalente à 60% du salaire médian du pays tout comme l’égalité sala-riale femme-homme, garantie dans chaque pays de l’Union. Les législations liées au travail doivent être harmonisées pour tendre vers le mieux-di-sant social : temps de travail, repos et congés payés, congés parentaux, protection sociale. Il faut également mettre fin au dumping social par la mise en concurrence déloyale des travailleurs européens et faisant en sorte que ce soit la légis-lation du pays d’accueil qui prévale. Les néolibé-raux usent en effet trop souvent de l’argument de la flexibilité ou de la baisse du coût du travail pour aligner par le bas les droits des travailleurs européens.

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Tout n’appartient pas à la sphère marchande. La santé, la culture et l’éducation, mais aussi la jus-tice, la sécurité et la défense, doivent notamment être préservées dans le domaine public. D’autres services publics, comme l’énergie, les transports, les télécommunications, et grands réseaux de transport de biens, de personnes ou d’énergies ont fait la preuve qu’ils étaient des monopoles naturels. Il n’y a donc qu’une seule solution pos-sible : la prise de contrôle majoritaire des pou-voirs publics européens dans leurs capitaux et leur gestion démocratique à l’échelon territo-rial le plus pertinent. Cela passe par la mise en place de services publics de réseaux à l’échelle du continent et le retour sur la séparation des entre-prises de gestion des réseaux d’exploitation. C’est la première garantie de la qualité du service ren-du aux citoyens, une garantie également de des-serte indispensable à l’implantation d’entreprises sur un territoire.

Enfin, à l’heure où les grandes décisions écono-miques doivent se prendre à l’échelle continen-tale et alors que nous appelons l’Europe à prendre toute sa place dans les questions sociales, il est indispensable de donner une plus grande place

à l’action des syndicats. L’Europe doit permettre d’ouvrir des négociations entre syndicats et pa-tronat pour partager les fruits des gains de pro-ductivité, par un accroissement des salaires ou en renouant avec une politique de partage du temps de travail indispensable à la lutte contre le chômage.

Conclusion

Notre génération a donc la responsabilité de mettre en oeuvre le changement appelé par les victoires de la gauche, en France, au Danemark, et d’oeuvrer aux victoires en Italie, en Allemagne et dans le reste de l’Europe. Une Europe de gauche doit donner la priorité à l’emploi, à l’accès aux biens communs, au développement écologique, au services publics, et oeuvrer à l’émancipation des individus et l’épanouissement individuel et collectif. ll est de notre devoir d’engager une bataille politique volontaire sur ces sujets. Avec tous les jeunes qui voudront nous rejoindre, nous apporterons la preuve qu’une Europe de gauche peut exister et changer la société.