Spécialiste de l’hygiène, et no-tamment de la désinfection parultradiffusion, la société LCBfood safety a choisi voilà quel -ques années «&de s’orienter vers

des produits respectueux de l’environ-nement, des animaux et de l’homme&».Dernièrement, la société a eu l’idéed’utiliser son savoir-faire en ultradif-fusion à d’autres fins que la désinfec-tion de locaux ou bâtiments d’élevage,et d’explorer les vertus de certaineshuiles essentielles aux propriétés an-tiseptiques, expectorantes et calmantesen élevage de volailles. La stratégieétablie est d’intervenir dès l’apparition

des premiers signes de gêne respira-toire et de diffuser des huiles essen-tielles naturelles par ultradiffusion dansl’ensemble du bâtiment, et ainsi d’en-rayer le début d’infection. L’objectifin fine est d’éviter la prescription d’untraitement antibiotique.

Un temps d’exposition d’une heure

Cette technique de diffusion des huilesessentielles offre plusieurs avantagescomme nous l’explique Frédéric Ber-trand (LCB food safety): «&Les parti-cules sont très fines (0,1-5 micromètres)et pénètrent bien dans l’arbre respira-toire. Par ailleurs, l’administra tion vial’aliment ou l’eau de boisson peut avoircertaines limites lorsque l’on a affaireà des animaux qui ne sont pas en formeet vont donc moins se déplacer et s’ali-menter ou s’abreuver. En revanche, aveccette technique, l’animal est obligé derespirer les hui les essentielles&».

Plusieurs essais ont été réalisés surle terrain (poulets, dindes, canards)avant le lancement du produit (Com-fort) en septembre dernier. Depuis, ila été utilisé par différents éleveurs dela filière, et notamment chez des pro-ducteurs de volailles de chair travail-lant avec le fabricant d’aliment Le MenNutrition animale* (Saint Brandan,22). C’est d’ailleurs sur l’élevage del’un d’eux – Alain Le Potier à Merléac(22) que nous avons assisté le 13 dé-cembre à une démonstration d’utilisa-tion du produit. Dans l’un des deux bâ-timents dindes de 1200 m2, cinq boîtesont été suspendues au centre du bâti-ment et réparties sur toute la longueur.Avant d’allumer les mèches en cotonet initier la diffusion du produit à based’huiles essentielles, la ventilation aété arrêtée au préalable. Elle le resterapendant les cinq minutes que va durerl’ultradiffusion et les 45 minutes sui-vantes, afin d’assurer aux animaux unedurée d’exposition au produit d’envi-ron 45 minutes, explique le Dr Claudio ➤

84 Février 2014Filières Avicoles

Santé et bien-être des volailles

Une nouveauté: l’ultradiffusiond’huiles essentiellesDisperser par ultradiffusion des huiles essentielles aux

propriétés expectorantes, calmantes et antiseptiques dans les

élevages de volailles à l’apparition des premiers symptômes de

toux. Une idée développée par la société LCB food safety et testée

par des éleveurs des Côtes d’Armor travaillant en partenariat avec

l’usine d’aliment Le Men. Un concept qui séduit et satisfait● E. Viénot

dossier : Moins d’antibiotiques

Le produit Comfort contient trois huiles essentielles

aux effets synergiques :

– la cajeput aux propriétés expectorante, antiseptiqueet stimulante,

– le litsea cubeba aux propriétés calmante, sédative,anti-inflammatoire et antifongique,

– le tea tree aux propriétés anti-inflammatoire, antibac-térienne, antivirale, antiparasitaire, antifongique et immu-nostimulante.

Entre trois huiles essentielles

Une action synergique

iLors de l’ultradiffusion des huiles essentielles, les dindes sont restées calmes et ont continué à se comporter normalement (bouger, manger, boire). « Avec cette technique d’application, les animaux ne sont pas stressés, l’éleveur n’a pas à circuler

dans le bâtiment comme dans le cas de la nébulisation », fait remarquer Frédéric Bertrand (LCB food safety).

* Fabricant d’aliment dont la production équivaut à250000 t d’aliments (80 % volailles, 20 % bovins etporcs). La société travaille en partenariat avec des éle-veurs de volailles repros et chair.

Chimienti (Réseau Cristal), présent aumoment de l’opération. L’éleveur doitgarder un œil sur la montée en tempé-rature à l’intérieur du poulailler. Dansle bâtiment d’Alain Le Potier, l’écartde température n’a pas excédé 3 °Cavec des dindes alors âgées de six se-maines. Le paramètre de la tempéra-ture nécessite toute l’attention de l’éle-veur car celle-ci varie selon l’âge desanimaux et les conditions extérieures.

En tout, ce sont trois applicationssuccessives à 24 heures d’intervallequi sont préconisées par le fabricant.«&C’est une technique qui est facile àmettre en œuvre par les éleveurs&», sou-ligne Richard Gaudin (technicien LeMen).

Pas de stress pour les animaux

Pendant toute la durée de la diffusion,les dindes sont restées calmes et ontcontinué à se comporter normalement(bouger, manger, boire). «&Avec cettetechnique d’application, les animauxne sont pas stressés, l’éleveur n’a pasà circuler dans le bâtiment comme dansle cas de la nébulisation&», fait remar-quer Frédéric Bertrand.

Le nombre de boîtes à utiliser parapplication varie en fonction du vo-lume d’air propre à chaque poulaillersachant qu’il faut compter une boîtede 250 grammes pour un volume de800 m3. Ainsi dans le cas d’Alain LePotier, les trois applications (soit 15boîtes de Comfort 250 g) lui reviennentà 315€ pour son bâtiment de 1200 m2

(105€ par application). «&C’est sanscommune mesure avec le prix d’untraitement antibiotique si les troublesrespiratoires venaient à s’aggraver&»,déclare l’éleveur. Il a par ailleurs prisconscience de l’enjeu de santé pu-blique qui se cache derrière une utili-sation trop fréquente des antibiotiquesen productions animales et s’efforcede son côté de tout mettre en œuvre enamont pour limiter les problèmes sa-nitaires. «&On prescrit un antibiotiqueuniquement lorsque la situation l’im-pose et après avoir réalisé un antibio-gramme&», précise Claudio Chimienti.

Réagir aux premierssymptômes

Intéressé par les solutions alternativesaux antibiotiques, le vétérinaire a eul’occasion de vérifier à plusieurs occa-sions l’efficacité du mélange d’huilesessentielles du Comfort contre les pro-blèmes de toux pris précocement.

Roland Rio, également producteurde dindes en partenariat avec Le Men

avec quatre bâtiments (4500 m2) im-plantés sur la commune d’Hénon (22),a lui aussi eu recours aux huiles essen-tielles. Le fait est qu’en dépit de sesbonnes pratiques d’hygiène et d’unbon nettoyage-désinfection au vide sa-nitaire, il est systématiquement con -fronté à des problèmes de toux dansl’un de ses poulaillers lorsque son lotdépasse les 56 jours d’âge. Aveccomme conséquences: une mortalitéimportante (jusqu’à 100 dindons) etdes traitements antibiotiques (1000 à1500€/lot). La dernière bande, auxpremiers symptômes de toux sèche, ilest parti acheter le nombre de boîtesnécessaires (3 x 6 boîtes pour 4800 m3)et a aussitôt mis en application la pro-cédure. L’éleveur a laissé les animauxen contact avec le produit pendant une

heure, la température est montéejusqu’à 32 °C mais les animaux sontrestés très calmes. Résultat : «&le len-demain matin, plus aucun bruit detoux, cela s’est arrêté net et tout le restede la bande s’est passé sans encombre.Pas de mortalité et on a pu éviter d’ad-ministrer un traitement antibiotique&».Pour Roland Rio, le calcul est vite fait :«&Le manque à gagner lié à la perted’une centaine de dindons représente10 fois le coût du produit sans parlerdes frais antibiotiques! ».

A priori efficace contre les touxgrasses selon les premiers témoignages,Frédéric Bertrand réfléchit par ailleursà une utilisation en préventif systéma-tique au moment des périodes à risques(transitions alimentaires, interventions,période hivernale). A tester. ●

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dossier : Moins d’antibiotiques

85Février 2014 Filières Avicoles

iLe nombre de boîtesà utiliser parapplication varie enfonction du volumed’air propre à chaque poulaillersachant qu’il fautcompter une boîte de 250 grammes pour 800 m3 d’air.Ainsi dans le casd’Alain Le Potier, les trois applicationslui reviennent à 315€(105€parapplication).

iAlain Le Potier, producteur de dindes à Merléac (22), Richard Gaudin (technicien Le Men), FrédéricBertrand et Adrien Guyot (LCB food safety), le Dr Claudio Chimienti (Réseau Cristal).