UN SYSTEME EDUCATIF LE SCOUTISME,

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LE SCOUTISME, UN SYSTEME EDUCATIF

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World Organizationof the Scout MovementOrganisation Mondialedu Mouvement Scout

S

CE DOCUMENT EST UN

STRATEG I EELEMENT DE MISE ENOEUVRE DE LA STRATEGIE

Bureau Mondial du ScoutismeCase postale 241,1211 Genève 4, Suisse

[email protected]://www.scout.org

© Copyright 1999, Bureau mondial duScoutisme.Les associations scoutes nationalesmembres de l’Organisation Mondialedu Mouvement Scout peuvent traduireet reproduire ce document. Les autresdoivent demander une autorisation.

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TABLE DES MATIERES INTRODUCTION page 1

CE QU'EST LE SCOUTISME page 3

CE QU'IL VEUT FAIRE page 7

SA MANIERE D'ABORDER L'EDUCATION page 13

CE QU'EST LA METHODE SCOUTE page 15

LA LOI ET LA PROMESSE page 17

L'EDUCATION PAR L'ACTION page 23

LE SYSTEME D'EQUIPES page 27

LE CADRE SYMBOLIQUE page 35

LA NATURE page 43

LA PROGRESSION PERSONNELLE page 49

LA RELATION EDUCATIVE page 59

CONCLUSION page 63

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INTRODUCTION lesquelles un groupe chargé de développerou de réviser le programme des jeunes de-vrait porter son attention s’il cherche à fairede la Méthode un outil performant. Ils propo-sent également des outils susceptibles d’aiderles responsables dans leur tâche. Cette partiedu document aborde enfin le passage de lathéorie à la pratique dans l’unité1 pour cha-que élément de méthode.

Pour plus de détails sur la manière d’élabo-rer, étape par étape, un programme des jeu-nes (qu’il s’agisse pour une association de con-cevoir de toute pièce et pour la première foisun programme des jeunes ou de réviser unprogramme déjà existant) le Bureau Mondialdu Scoutisme vous propose “Un Guide pourle développement du programme”. Parailleurs, une autre publication intitulée “DuScoutisme, tout simplement! Idées et pratiquespour les chefs et cheftaines”, présente les élé-ments de base, ce que tout chef désireux defaire du Scoutisme devrait savoir.

1 Tout au long du document, le terme “unité” désigne un groupe dejeunes et ses responsables adultes fonctionnant ensemble au niveau local,par exemple: une meute de louveteaux, une troupe scoute ou un postepionnier. Le mot “équipe” désigne, chaque fois que l’on parle du niveaulocal, un groupe de 6 à 8 jeunes à l’intérieur d’une unité plus large (à labranche scoute, par exemple, on l’appellera “patrouille”).

“Le Scoutisme, un système éducatif” s’adresseà tous ceux qui cherchent à mieux compren-dre comment marche le Scoutisme. Ce livrets’adresse à tous ceux qui sont chargés de faireen sorte que le Scoutisme vécu par les jeunessoit bien l’expérience d’une grande richessequ’il est censé être. Conçu comme un outildestiné aux membres des équipes chargéesdu programme des jeunes et des ressourcesadultes au niveau national, il pourrait aussiêtre utile aux responsables d’autres niveauxdont le rôle consiste à fournir aux chefs d’uni-tés le soutien dont ils ont besoin.

La majeure partie du document est consacréeà la Méthode scoute. C’est, en effet, dans laMéthode que se retrouvent tous les élémentsdu système éducatif tel qu’il est vécu concrè-tement par les jeunes, sur le terrain. Le docu-ment propose une description détaillée dechaque élément de la Méthode afin de mon-trer comment ils sont tous en interaction etcomplémentaires les uns des autres au seind’un système.

Aux chapitres sur la Méthode scoute, on trou-vera une explication sur la manière dont cha-que élément devrait contribuer à stimuler lacroissance et le développement du jeune. Sansque ces chapitres puissent prétendre couvrirentièrement tous les aspects de la notion, ony trouvera aussi un certain nombre d’idées sur

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UN MOUVEMENT D’AUTO-EDUCATIONPOUR LES JEUNES

Le Scoutisme invite les jeunes à prendre eux-mêmes en main leur propre éducation. LeMouvement scout est composé d’organisationsScoutes nationales auxquelles les membressont individuellement affiliés. Ces membres,ce sont d’une part les jeunes qui vivent le Scou-tisme et des adultes qui se sont engagés dansle Mouvement pour apporter leur contributionà l’éducation des jeunes.

C’est l’Organisation Mondiale du MouvementScout, au service des organisations nationalesreconnues, qui est garante de l’unité du Mou-vement.

Un but

Partout dans le monde, les membres de l’Or-ganisation Mondiale du Mouvement Scoutpoursuivent le même but: aider les jeunes àdévelopper au maximum leurs capacités phy-siques, intellectuelles, émotionnelles, socialeset spirituelles - au niveau individuel mais aussien tant que membre d’une société - et contri-buer par là à l’avènement d’un monde meilleur.

Des principes

Où qu’ils se trouvent, les membres partagenttous les mêmes principes. Ils ont en communles valeurs sur lesquelles le Scoutisme est fondéet qui constituent à la fois l’éthique du Mou-vement tout entier et un code de vie person-nel auquel adhère chacun des ses membres.Ces principes portent sur un engagement per-sonnel, actif et constructif, par rapport à desvaleurs spirituelles, sociales et personnelles.

Une méthode

Tous les membres ont également en communleur engagement sur les moyens qu’utilise leScoutisme pour contribuer au développementdes jeunes, sa méthode originale d’auto-édu-cation progressive.

La Méthode scoute offre un cadre éducatifcomplet composé d’une série d’éléments eninteraction les uns avec les autres fonction-nant en système et constituant pour les jeunesun milieu éducatif très riche et très actif. LaMéthode part de la manière dont un jeune sedéveloppe naturellement et prend en comptel’évolution de ses caractéristiques, de ses be-soins et de ses centres d’intérêt aux différen-tes étapes de son développement.

CE QU’EST LE SCOUTISME

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Ce sont le but, les principes et la méthode duScoutisme qui, ensemble, constituent l’essencedu système éducatif, c’est-à-dire la base mêmesur laquelle le Scoutisme est fondé partout dansle monde.

Pour atteindre son but éducatif, le Mouvementdans son ensemble doit en outre répondre àun certain nombre de critères:

Un mouvement pour les jeunes, particulièrementadaptés aux besoins des adolescents

Le Scoutisme est fait pour les jeunes. Le sys-tème répond tout particulièrement aux besoinsdes adolescents mais, bien entendu, la défini-tion d’une limite d’âge est fonction de la no-tion de “jeune” dans une perspective d’éduca-tion et dans un contexte socioculturel donné.De manière générale, la limite d’âge supérieuredevrait correspondre à un degré de maturitéauquel un individu n’aurait plus besoin ducadre éducatif structuré que lui propose leScoutisme et pourrait poursuivre lui-même sapropre éducation.

La limite inférieure, quant à elle, correspond àun minimum de maturité au-dessous duquelles éléments du système éducatif ne pourraientpas fonctionner et apporter quelque chose depositif aux enfants. De toute évidence, il estdifficile de fixer des âges de manière précise

mais on peut dire, sans risque de se tromper,que la tranche d’âge idéale du Scoutismes’étend sur quelques années de part et d’autrede la deuxième décennie.

Un Mouvement dans lequel des adultesaccompagnent les jeunes

Dans le Mouvement, les jeunes sont accom-pagnés par des adultes dont le rôle consiste àfaciliter les choses et à mettre en place lesconditions indispensables au développementeffectif des jeunes. Parce qu’ils appartiennentà un mouvement d’auto-éducation et dans unesprit de partenariat avec des adultes, les jeu-nes sont appelés à participer au processus deprise de décision dans leur association, selondes modalités et dans des limites correspon-dant à leur niveau de maturité, à leurs compé-tences et à leur expérience. Ainsi, ce que leScoutisme leur propose sera adapté à leursbesoins et utile à leur développement.

Ouvert à tous

Quiconque est d’accord avec la propositionéducative du Scoutisme et adhère à son but,ses principes et sa méthode peut devenir Scout.En d’autre termes, on n’y rencontre aucunediscrimination religieuse, raciale, d’origine so-ciale ou de sexe.

Bénévole

Le Scoutisme est un mouvement de bénévo-les. Tous ses membres, qu’il s’agisse des jeu-nes ou des adultes qui les accompagnent, ontchoisi d’en faire partie. Nul n’est obligé d’yentrer ou d’y rester. Le Scoutisme n’est pascomme l’école, en général obligatoire à uncertain âge et pour un certain nombre d’an-nées.

Chaque membre, jeune ou adulte, qui a dé-cidé d’y entrer doit prendre vis-à-vis du Mou-vement un engagement personnel. En toutpremier lieu, chacun s’engage à respecter l’éthi-que qui découle des principes fondamentauxet à y conformer sa vie.

Dans un sens plus large, cet engagement re-couvre également la volonté de réaliser la pro-position éducative de l’association nationale àlaquelle l’individu appartient. Pour les jeunes,il s’agit de leur propre développement et pourles adultes, il s’agit de ce qu’ils feront pourcontribuer au développement des jeunes.

Non-politique

Dire que le Scoutisme est non-politique signi-fie qu’il ne participe pas à la lutte pour le pou-voir, domaine des partis politiques. Toutefois,l’éducation scoute a bien pour but d’aider les

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jeunes à devenir des membres responsableset constructifs de la société. Ceci ne peut passe faire en étant totalement coupé du mondeet de ses réalités sociopolitiques.

Le Scoutisme encourage donc les jeunes àdévelopper leur sens critique et leur jugement,à s’engager activement et de manière cons-tructive dans la cité, d’une manière qui ne soitpas en contradiction avec les valeurs que leMouvement professe.

Indépendant

Bien qu’il soit souvent engagé avec d’autrespartenaires et bénéficie du soutien d’un cer-tain nombre de sympathisants dans le mondeentier, le Scoutisme doit être indépendant. Ilne saurait admettre le contrôle d’une autre ins-titution ou d’une personne quelconque.

Il complète d’autres formes d’éducation

Le Scoutisme est un mouvement d’éducationnon-formelle. En d’autres termes, il n’entre pasdans la catégorie des institutions formelles(comme l’école) ou informelles (comme lesamis, les médias, etc.). De fait, son approcheen matière d’éducation est structurée.

Le Scoutisme ne cherche pas à reproduire ceque l’on peut déjà trouver à l’école, dans la

famille, dans les institutions religieuses, dansles clubs de loisirs. Son ambition est de com-pléter ce que font les autres, pas de se substi-tuer à eux.

Adapté aux besoins des jeunes

Le Scoutisme s’efforce de répondre aux be-soins des jeunes dans leurs divers milieux so-cioculturels, s’adaptant sans cesse à leurs be-soins dans un monde en perpétuelle muta-tion.

Pour le Mouvement, c’est là l’un des défismajeurs auxquels il se trouve confronté: s’adap-ter continuellement et répondre de mieux enmieux aux attentes et aux besoins des jeunessans pour autant perdre de vue le but, les prin-cipes et la Méthode du Scoutisme.

Savoir distinguer ce qui est essentiel et ne doitpas changer de ce qui ne l’est pas et peut chan-ger présente pour de nouvelles associations,confrontées au problème pour la première fois,une difficulté réelle. Ce n’est pas facile nonplus pour des associations créées il y a bienlongtemps (certaines depuis près d’un siècle),fortement enracinées dans leur souvenir “on atoujours fait comme cela”.

“Voici quelques-unes des choses que leScoutisme n’est pas:

• ce n’est pas une oeuvre de bienfai-sance dirigée par les gens du mondepour le bien des enfants pauvres;

• ce n’est pas une école ayant un pland’études et des programmes d’examensdéfinis;

• ce n’est pas une troupe d’officiers etde soldats destinée à donner de lavirilité aux garçons et aux filles àcoups d’exercices militaires;

• ce n’est pas une agence de petitsmessagers pour la commodité dupublic;

• ce n’est pas une exposition où desrésultats superficiels sont obtenus grâceà une distribution d’insignes de mérite,de médailles, etc.

Tout cela vient de l’extérieur, tandisque l’éducation scoute vient tout en-tière du dedans.”

- “Le Guide du Chef éclaireur”, R. Baden-Powell.

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CE QU’IL VEUT FAIRE

“[L’éducation] a pour mission de permet-tre à tous, sans exception, de fairefructifier tous les talents et toutes lespotentialités de création, ce qui impliquepour chacun la capacité de se prendreen charge et de réaliser son projet per-sonnel.”

- “L’Education: Un trésor est caché dedans”, Rapport à l’UNESCOde la Commission internationale sur l’éducation pour le vingt etunième siècle, 1996.

DE L’EDUCATION? MAIS ALORS ON PARLE DEL’ECOLE!

Le Scoutisme est un mouvement d’éducationpour les jeunes. Malheureusement le mot “édu-cation” n’a pas du tout le même sens selonqui l’utilise. Parfois, dans le langage de tousles jours, “éducation” est synonyme de “scola-rité” ou “enseignement”.

Dans le Scoutisme, c’est au sens le plus largeque le terme est utilisé pour désigner le pro-cessus à travers lequel chacun, tout au longde sa vie, développe ses capacités aussi bienau niveau individuel qu’en tant que membred’une communauté.

Dans ce sens-là, le but de l’éducation est decontribuer à l’épanouissement d’une personneautonome et volontaire, responsable et enga-gée2.

2 Le terme “autonomie”, comme celui d’éducation, signifie selon lespersonnes des choses très différentes. Dans un contexte d’éducation, ildésigne la capacité de se faire soi-même une idée (par opposition àl’identification pure et simple, l’imitation de l’allure et du comportementdes jeunes de la même génération, etc.) et de gérer sa vie (par exemple,être capable de gérer son temps). Dans ce sens, autonomie ne veut pasdire indépendance et n’a aucune connotation égoïste ou égocentriste.

UNE DEFINITION DE L’EDUCATION:

L’éducation est un processus établi sur la vie entière et à tra-vers lequel un individu ne cesse de développer ses capacitésen tant que personne, d’une part, et comme membre de lasociété, d’autre part.

LE BUT DE L’EDUCATION, C’EST DE:

Contribuer au plein épanouissement d’un individu autonomeet solidaire, responsable et engagé.

Autonome:

capable de prendre ses propres décisions et de gé-rer sa vie.

Solidaire:

capable de se préoccuper des autres et de partagerleurs préoccupations.

Responsable:

capable d’assumer ses choix, de tenir ses engage-ments et d’aller jusqu’au bout de ce qu’il entreprend.

Engagé:

capable de s’affirmer par rapport à des valeurs, unecause, un idéal et d’agir en conséquence.

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“Le développement a pour objet l’épa-nouissement complet de l’homme danstoute sa richesse et dans la complexité deses expressions et de ses engagements:individu, membre d’une famille et d’unecollectivité, citoyen et producteur, inven-teur de techniques et producteur derêves.”

- “L’Education: Un trésor est caché dedans”, Rapport à l’UNESCO dela Commission internationale sur l’éducation pour le vingt et unièmesiècle, 1996.

LE BUT DU SCOUTISME

Selon ce que l’on pourrait appeler “la philoso-phie éducative du Scoutisme”, chacun de nous,dès sa naissance, est porteur d’un potentielunique et qui peut être développé dans unsens positif. Le passage du potentiel à la réa-lité implique le développement de toutes lescapacités d’une personne - aux plans physi-que, intellectuel, émotionnel, social et spiri-tuel - dans un sens positif, par rapport auxbuts poursuivis.

De toute évidence, si l’éducation est l’affaired’une vie entière, le Scoutisme n’est pas enmesure d’assurer le plein développement detout ce qu’une personne porte en elle danstous les domaines. Toutefois, il peut faire unbout de chemin avec chaque jeune et lui ap-prendre à puiser dans ses propres ressources,pour continuer à se développer quand le Scou-tisme ne sera plus là. Si le Scoutisme n’est riend’autre qu’une béquille sur laquelle on pourras’appuyer toute sa vie, il aura manqué son but.

Le Scoutisme n’a d’autre ambition que de con-tribuer au développement de l’individu aucours des années pendant lesquelles celui-cipeut réellement tirer bénéfice du soutien édu-catif structuré qu’il peut lui apporter. La pé-riode au cours de laquelle le Scoutisme est le

mieux à même de jouer ce rôle se situe plusou moins entre dix et vingt ans.

En amenant les jeunes à faire usage de toutesleurs capacités et à les développer dès main-tenant dans un sens positif, le Scoutisme lesaide à comprendre qu’ils portent en eux toutce dont ils ont besoin pour mieux vivre, entant que personnes, et changer le monde quiles entoure.

Quand ils seront prêts à élargir leurs horizonset à relever de nouveaux défis, le Scoutismeles aide à mieux utiliser leur expérience, àdévelopper encore plus leurs capacités, à vi-vre et à se développer. Ainsi, ils seront desindividus épanouis et des membres responsa-bles et engagés de leur communauté.

Pour développer toutes ses capacités, chacuna besoin, entre autres, d’un environnementstructuré qui l’aide au cours de ses années deformation, un environnement stimulant danslequel chacun devra sortir ce qu’il a de meilleuret développer les aspects positifs de sa per-sonnalité au détriment des aspects négatifs.

C’est cet environnement-là que le Scoutismeveut offrir aux jeunes.

LES PRINCIPES DU SCOUTISME: UNEORIENTATION POSITIVE

Tout mouvement, tout corps constitué, défendun certain nombre de convictions qui consti-tuent sa véritable raison d’être et donnent unsens à ce qu’il fait et à la manière dont il lefait.

Mouvement d’éducation, le Scoutisme a d’évi-dence une fonction sociale: envers les jeunesd’abord, envers les familles qui les lui con-fient et envers le monde en général. Les butsde l’éducation sont clairs. Il s’agit de promou-voir une personne autonome et solidaire, res-ponsable et engagée qui saura prendre sa placedans la société. Toutefois, il faut aussi avoir

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une perception claire des orientations selonlesquelles se fera le développement d’un jeune.

Ces orientations, on les trouve dans les princi-pes du Mouvement (souvent énoncés en ter-mes de “devoirs”): devoir envers soi, devoirenvers les autres et devoir envers Dieu. Lesprincipes constituent la base du système devaleurs qui gouverne le Mouvement tout en-tier et donnent un sens à la politique éduca-tive dans son ensemble, aux approches utili-sées avec les jeunes et à la manière dont tousles éléments de la Méthode sont mis en œu-vre pour orienter de manière positive et cohé-rente le développement de chaque jeune.

Le devoir envers soi

Chacun de nous doit développer sa capacitéd’autonomie personnelle et se prendre encharge. Pour cela, il faut:

• assumer la responsabilité de son propredéveloppement (aux plans physique, intellec-tuel, émotionnel, social et spirituel);

• mener sa vie d’une manière qui soit respec-tueuse de la personne (p.ex.: en prenant soinde sa santé, en défendant ses droits en tantque personne humaine et en prenant les déci-sions qui s’imposent justes et “bonnes pourmoi” en tant que personne).

Pour y parvenir, il faut se connaître, prendreconscience des richesses et de la complexitéde chaque individu avec ses forces, ses fai-blesses, ses besoins, ses espoirs, etc.

Le devoir envers les autres

Le terme englobe tout élément matériel autreque soi-même. Cela suppose:

• que l’on reconnaisse - et que l’on prenneacte du fait - que l’on n’est pas le centre dumonde et que chacun a des droits, des senti-ments, des espoirs et des besoins;

• que l’on reconnaisse que tous les êtres sontinterdépendants: personne ne peut vivre tota-lement isolé des autres. Chacun a besoin d’êtreen relation avec d’autres pour s’épanouir entant que personne et ce que chacun apporteau monde profite à tous.

Ainsi, chacun porte envers les autres un cer-tain nombre de responsabilités:

• respecter la dignité de l’autre;

• jouer un rôle actif et constructif dans la so-ciété et y apporter sa propre contribution;

• venir en aide à ceux qui en ont besoin, dé-fendre les faibles et les opprimés qu’ils soient

à côté de chez nous ou à l’autre bout dumonde;

• reconnaître et prendre en compte dans samanière de vivre, au quotidien, l’intégrité dumonde naturel.

Le devoir envers Dieu

Chacun doit s’efforcer de rechercher, au-delàdu monde matériel, une force qui dépasse l’hu-main. Il s’agit de la quête:

• d’une Réalité Spirituelle qui donne à la vietout son sens (signification et orientation);

• de la signification des valeurs spirituelles etdes moyens de mener une vie conforme à cesvaleurs.

Dans la mesure où ces trois principes simplessont mis en pratique dans la vie de tous lesjours et dans la mesure où la personne y ad-hère pleinement, tout danger d’intégrisme oude fanatisme est écarté.

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UN SENS POUR LE DEVELOPPEMENT DANSCHAQUE DOMAINE

Dans la mesure où ils orientent le développe-ment de chaque jeune, les principes se retrou-vent aussi dans ce que le Scoutisme souhaiteque les jeunes puissent réaliser dans chacundes cinq domaines de développement.

Au plan physique

Développer la capacité:

• de coordonner ses mouvements et le fluxde sa pensée (compétences psychomotrices);

• d’assumer la responsabilité de la croissance,du bon fonctionnement et de la santé physi-que;

• d’accepter ses propres limites.

Au plan intellectuel

Développer la capacité:

• de s’attacher à ses centres d’intérêt, de ré-soudre des problèmes et de s’adapter aux si-tuations en sachant recueillir les informationsutiles, réfléchir de manière créative, utiliser sonintuition;

• percevoir les liens et les relations entre di-vers phénomènes, idées, événements, etc;

• se montrer réceptif à d’autres interprétationsde la réalité (p.ex.: prendre en compte d’autrespoints de vue, d’autres manières de considé-rer les choses en fonction de la culture, de lareligion, de l’âge, du sexe, etc.);

• saisir le sens de ses propres expériences;

• juger par soi-même, envisager les conséquen-ces probables des actes que l’on pose et desdécisions que l’on prend;

• conserver sa liberté de décision.

Au plan émotionnel

Développer la capacité:

• de reconnaître et d’exprimer des sentimentset des émotions et d’assumer la responsabilitéde leur gestion au quotidien.

Au plan social

Développer la capacité:

• d’écouter et de s’exprimer avec clarté;

• d’accepter les autres comme des êtres diffé-rents mais jouissant des mêmes droits;

• de tenir compte de l’interdépendance desêtres humains entre eux et avec le monde na-turel qui les entoure;

• de coopérer avec d’autres pour soutenir oupour mener une action;

• de jouer un rôle actif et constructif dans lasociété et de contribuer à améliorer, pour tous,la qualité de la vie;

• de promouvoir des relations authentiques,une ouverture aux autres cultures pour sur-monter les préjugés et la discrimination;

• d’accepter de son propre chef des règlesvalables pour tous.

Au plan spirituel

Développer la capacité:

• d’admettre l’existence d’une dimension au-delà de l’humain et de l’approfondir;

• d’explorer l’héritage spirituel de sa proprecommunauté;

• de mieux comprendre les croyances, coutu-mes et pratiques propres aux autres religionsdu monde;

• d’intégrer les valeurs spirituelles dans sa viequotidienne et d’orienter son propre dévelop-pement vers un état de conscience mieux uni-fié et plus élevé.

Toutes ces capacités ne sont évidemment pasexhaustives; elles donnent seulement une in-dication de ce qu’une association nationalepourrait faire pour élaborer des objectifs édu-catifs précis qui prennent en compte à la fois

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les besoins des jeunes à des stades de déve-loppement différents, dans des environnementssocioculturels particuliers.

En réalité, dans la mesure où ces domaines dedéveloppement sont le reflet de dimensionsparticulières de la personne dans son intégra-lité, les capacités dont nous avons dressé laliste se retrouvent très souvent reliées dansplusieurs dimensions. C’est le développementéquilibré et harmonieux de toute la personna-lité pour parvenir à une plus grande autono-mie, plus de solidarité et de responsabilité etun engagement plus ferme qui correspond àce que Baden-Powell appelait “le caractère”.

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SA MANIERE D’ABORDERL’EDUCATION

La manière dont le Scoutisme aborde l’éduca-tion ne peut évidemment pas être en contra-diction avec le but qu’il poursuit. Là encore,c’est à partir de ses principes, des convictionsprofondes sur lesquelles il s’appuie, que sedéfinit sa conception de l’éducation. En bref,on pourrait dire de son approche de l’éduca-tion qu’elle est centrée sur la personne, reliéeà la dimension communautaire et orientée versla spiritualité.

Centrée sur la personne

• Le Scoutisme accueille chaque personnecomme elle est, c’est-à-dire comme un êtreunique, avec sa propre histoire, son expé-rience et son vécu, ses besoins spécifiques,ses centres d’intérêt, et un rythme de dévelop-pement qui lui est propre.

Il reconnaît le caractère unique de chaquepersonne:

- en respectant la liberté de chacun d’adhérerou non au Mouvement;

- en proposant un cadre d’auto-éducation (oucomme disait Baden-Powell “une éducation del’intérieur, par opposition à une instruction dudehors”);

- en invitant chaque jeune à se développer aumieux de ses capacités (en faisant “de son

mieux”), sans établir de comparaison entre ceque parviennent à réaliser les uns et les autres;

- à travers la souplesse du système éducatif duScoutisme qui offre à chaque jeune les moyensde se développer de la manière qui lui paraitla plus satisfaisante:

- en définissant, avec l’aide du responsa-ble adulte et à partir des objectifs édu-catifs généraux déterminés pour unetranche d’âge, une série d’objectifs per-sonnalisés;

- en progressant à partir de ses proprescentres d’intérêt et en travaillant sur lesquestions qui le préoccupent;

- en se développant à son propre rythme.La démarche proposée tient compte eneffet de ce que le développement n’obéitpas au même rythme pour toutes les di-mensions et ne suit pas une progressioncontinue. Il n’existe enfin aucuneéchéance fixe.

• La démarche du Scoutisme est aussi centréesur la personne dans la mesure où elle vise àaider chaque individu à développer tous lesaspects de sa personnalité en proposant:

- des objectifs éducatifs prenant en compte unsavoir, un savoir-faire et une manière d’êtrepour chaque dimension de la personnalité;

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- une méthode aux multiples aspects et quimet l’accent sur l’expérience personnelle (sansse limiter, par exemple, à une compréhensionintellectuelle);

- une grande variété d’expériences, sur unecertaine durée, susceptibles de contribuer audéveloppement de la personne.

Reliée à la dimension communautaire

• Le but poursuivi - aider le jeune à vivre et àse développer en tant que personne autonome,solidaire, responsable et engagée - apporteévidemment un plus au développement de lasociété.

• Le Mouvement s’efforce d’aider chaque jeuneà se situer dans un ensemble qui le dépasse:le monde dans lequel il vit. Ceci se fait notam-ment:

- à travers l’accent mis sur la relation harmo-nieuse avec les autres (jeunes ou adultes), re-lation basée sur le respect réciproque;

- à travers l’expérience vécue d’une microso-ciété, fonctionnant de manière démocratiqueet prenant en compte les besoins et les cen-tres d’intérêt de tous ses membres;

- en développant chez les jeunes un sentimentd’appartenance à l’unité scoute, bien sûr, mais

aussi à une communauté locale, nationale etinternationale;

- en proposant de nombreuses occasions d’agiravec d’autres dans le monde dont ils font par-tie et d’apporter leur contribution à son déve-loppement (au plan local, national ou interna-tional et dans le domaine naturel, culturel ouspirituel);

- en aidant les jeunes à faire face de manièrepositive aux changements que connaît toutesociété et à ne pas rester impuissants devantles difficultés qu’ils rencontrent ou sont sus-ceptibles de rencontrer.

Orientée vers la spiritualité

La démarche du Scoutisme a une dimensionspirituelle dans la mesure où elle cherche, àtravers tout ce qu’elle propose aux jeunes:

• à regarder au-delà de la réalité matériellepour découvrir une Réalité Spirituelle;

• à découvrir les valeurs qui donnent un sensà l’existence;

• à intégrer ces valeurs et à les mettre en pra-tique dans la vie de tous les jours.

Bien entendu, un projet aussi ambitieux quecelui du Scoutisme, une démarche éducativeaussi complète, nécessite une série d’outilséducatifs adaptés et c’est ce l’on retrouve dansla Méthode scoute.

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LA METHODE SCOUTE

NATURE

LOI &PROMESSE

CADRESYMBOLIQUE

SYSTEMED’EQUIPES

RELATIONEDUCATIVE

UN SYSTEME COMPOSE D’ELEMENTS EDUCATIFS

La méthode du Scoutisme est généralementappelée Méthode scoute (avec un M majus-cule) parce qu’elle renferme plusieurs outilséducatifs distincts: la loi et la promesse, l’édu-cation par l’action, un système d’équipe, uncadre symbolique, la progression personnelle,la vie dans la nature et la relation éducative.

Pris séparément, la plupart de ces outils sontutilisés ailleurs, dans d’autres systèmes éduca-tifs comme, par exemple, le travail en équipesur un projet. Toutefois, dans le Scoutisme,chaque élément fait partie d’un tout: la Mé-thode. Et c’est cela - une méthode composéede plusieurs éléments indissociables et fonc-tionnant en système - qui fait l’originalité duScoutisme et constitue son caractère unique.

EDUCATIONPAR L’ACTION

PROGRESSIONPERSONNELLE

“Le Scoutisme est un médicamentcomposé de différents ingrédients. Siceux-ci ne sont pas mélangés dans lesproportions voulues selon l’ordon-nance, les usagers ne doivent pasrendre responsable le docteur quandles effets sur le patient ne sont passatisfaisants.”

- R. Baden-Powell, Jamboree, 1922.

CE QU’EST LA METHODESCOUTE

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Au sens où nous l’entendons ici, un systèmeest un ensemble d’éléments dont chacun:

• remplit une fonction particulière;

• est en interaction avec tous les autres etcontribue à leur efficacité;

• est indispensable au fonctionnement de l’en-semble et à la production du résultat escompté.

Autre caractéristique importante d’un système,la synergie qu’il génère et qui fait que le résul-tat produit par l’ensemble dépasse le total deseffets produits par chaque élément, addition-nés les uns aux autres.

Ceci s’applique parfaitement à la Méthodescoute: chaque élément remplit une fonctionéducative particulière et chacun d’entre euxrenforce l’effet des autres. Si l’un des élémentsvient à manquer ou n’est pas utilisé convena-blement, c’est le système tout entier qui n’ar-rive plus à produire ce que l’on attendait delui: le développement progressif et intégral dujeune. On ne peut donc ni choisir d’utilisercertains éléments, laissant toutes les autres, nis’en servir d’une manière non conforme aubut et aux principes du Scoutisme.

La Méthode scoute est conçue pour stimulerle développement du jeune sur plusieurs an-nées. De ce fait, la fonction éducative de cha-cun des éléments, la manière dont ils fonc-

tionnent tous ensemble sous forme de système,s’applique tout autant à la branche des plusjeunes qu’à celle des aînés. Bien entendu, lamise en œuvre des éléments (c’est-à-dire l’uti-lisation concrète des outils pédagogiques pro-posés) variera d’une tranche d’âge à une autre,en fonction du degré de maturité des jeunesconcernés.

Enfin, on aurait tort de s’imaginer que chaqueélément de la Méthode doive être présent àtout moment, dans toutes les activités propo-sées. Des jeunes qui sont en train de présen-ter un spectacle de marionnettes aux enfantsmalades de l’hôpital ne sont pas dans la na-ture! Pourtant, une certaine dimension “nature”pourrait être prise en compte, si l’on traverseun parc pour aller à l’hôpital, ou si l’on a uti-lisé des matériaux recyclés pour fabriquer lesmarionnettes.

UN SYSTEME NATUREL D’AUTO-EDUCATION

La Méthode scoute est un système d’auto-éduca-tion progressive. Son but est d’aider chaque jeuneà se servir de ses capacités et de ses centres d’in-térêt, à les développer à partir de ce qui a déjàété réalisé pour aller plus loin, à trouver des ré-ponses constructives aux besoins ressentis auxdifférents stades de son développement et à s’en-gager sur de nouvelles pistes de développementpersonnel, selon son propre rythme.

Le cadre éducatif de la Méthode scoute a étéconçu à partir du développement naturel dujeune. Il offre un environnement dans lequelles jeunes pourront agir, relever des défis, vi-vre des aventures; dans lequel ils pourront ex-plorer, expérimenter et découvrir; où serontutilisées leur créativité et leur astuce naturel-les ou leur besoin d’être reconnu, apprécié etrespecté en tant que personne sera pris encompte; un lieu où ils pourront créer des rela-tions d’entraide et dans lequel leur idéalismeet leur besoin de comprendre le monde neseront pas ignorés.

Par ailleurs, la Méthode scoute propose aussiune manière de vivre dans laquelle l’énergienaturelle des individus trouvera une utilisationpositive et permettera d’accéder à une auto-nomie plus grande, de faire aujourd’hui mêmel’expérience de la solidarité, de la responsabi-lité et de l’engagement dans les limites descapacités du moment, que l’on continuera àdévelopper pour plus tard d’une manière in-tégrale, équilibrée et gratifiante.

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 17

“Peut-on concevoir une éducation quipermette d’éviter les conflits ou de lesrésoudre de manière pacifique endéveloppant la connaissance desautres, de leurs cultures, de leur spiri-tualité?”

- “L’Education: Un trésor est caché dedans”, Rapport àl’UNESCO de la Commission internationale sur l’éducation pourle vingt et unième siècle, 1996.

LA LOI SCOUTEDE QUOI S’AGIT-IL?

La loi scoute est un code de vie basé sur lesprincipes du Scoutisme. C’est un code de viepersonnel dans la mesure où il sert de réfé-rence pour guider chaque membre du Mou-vement dans sa vie quotidienne et lui indi-quer le sens général de son développementultérieur. C’est aussi un code de vie collectifdans la mesure où il fixe les règles de fonc-tionnement d’une unité. De ce fait la loi est aucoeur même de la Méthode scoute.

A QUOI ÇA SERT?

Code de vie concret, à la fois personnel etcollectif, la loi est un moyen très simple defaire comprendre à un jeune ce que le Mouve-ment peut lui apporter et jusqu’où il peut lesoutenir dans son propre développement. Ellel’aidera aussi à comprendre à travers la prati-que le sens de ce code de vie, individuel etcollectif. La loi sera aussi un élément de réfé-rence quand un jeune développera son pro-pre système de valeurs.

COMMENT ÇA MARCHE?

Un code de vie personnel

En s’efforçant de témoigner de ce code danssa vie quotidienne, et de respecter les valeurssur lesquelles il est fondé dans un nombrecroissant de situations auxquelles la personnese trouve confrontée, le jeune sera à même depoursuivre son développement.

Parce qu’il est basé sur les principes fonda-mentaux du Scoutisme (et donc sur les va-leurs qui les sous-tendent), ce code porte lejeune vers l’exploration, la recherche du sensde ces valeurs. Il a donc un aspect personnel,rattaché au développement personnel de cha-cun.

LA LOI ET LA PROMESSEParce qu’elles sont intimement liées, la loi et lapromesse sont considérées comme un seul élé-ment de méthode. Malgré cela, elles sont trai-tées dans ce chapitre comme deux entités dis-tinctes parce qu’elles n’ont pas la même fonc-tion pédagogique.

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Page 18 - Le Scoutisme, un système éducatif

Un code de vie collectif

Outre son caractère personnel, la loi scouteénonce également des principes de vie collec-tive. Elle est donc la loi d’une mini commu-nauté de jeunes dans laquelle chacun a lesmêmes droits et les mêmes devoirs envers lui-même et envers les autres.

Cette loi sert aussi de base à une petite com-munauté dans laquelle les jeunes vivent avecd’autres de manière démocratique, en respec-tant chaque individu et où le sentiment d’ap-partenance, le sens du partage, la solidarité etla coopération sont sans cesse mis en avant.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LEDEVELOPPEMENT DU PROGRAMME...

D’un point de vue pédagogique, la loi scoute:

• énonce les qualités d’une personne qui suitles principes du Scoutisme3;

• est exprimée en termes de tous les jours,adaptés à la culture dans laquelle se trouveimmergée une association nationale et au de-gré d’évolution des jeunes concernés (des for-mules simples pour les plus jeunes et un de-gré de complexité croissant à chaque tranched’âge);

• est formulée de manière adaptée aux jeu-nes, attrayante et motivante pour eux. C’estpour cela qu’elle est rédigée de manière posi-tive, énonçant: “Le Scout est” et non pas “LeScout n’est pas”;

• est suffisamment brève pour pouvoir êtremémorisée. Elle ne doit pas être une longueliste de tout ce qu’un Scout devrait être.

“Le garçon n’est pas gouverné par desinterdictions, mais guidé par des indica-tions positives.

La Loi scoute est établie comme guide deses actes et non comme instrument derépression de ses défauts.”

- “Le Guide du Chef éclaireur”, R. Baden-Powell.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA DIFFUSIONDU PROGRAMME...

Préparer des adultes à travailler localementavec des jeunes consiste aussi à leur donnerl’occasion de s’interroger sur les valeurs quisous-tendent la loi scoute et sur l’influencequ’aura ce code de vie sur leur travail avecdes jeunes: Quelles implications cela aura-t-ilsur les relations interpersonnelles? Quellesimplications sur le mode de fonctionnementdu groupe? Par exemple: tout acte risquantd’humilier quelqu’un serait en contradictionavec un principe de respect de la dignité del’autre.3 Afin que l’unité du Mouvement soit préservée, les textes de la loi et de

la promesse en usage dans chaque association nationale sont soumis àl’approbation du Comité mondial du Scoutisme. Ceci se fait à travers leComité des Constitutions.

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 19

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA MISE ENŒUVRE DU PROGRAMME...

Bien que sa fonction pédagogique soit com-plexe, la loi ne présente pas de difficulté par-ticulière dans son application avec un groupede jeunes.

Enoncée en termes de tous les jours, elle faitsouvent référence à des “qualités”. Ceci de-vrait permettre à chaque jeune d’en compren-dre le sens, le pousser à s’efforcer de fairepreuve de la même qualité dans sa vie de tousles jours.

Code de vie à la fois personnel et collectif, laloi scoute doit constituer la fondation sur la-quelle l’unité scoute repose et la base à partirde laquelle elle fonctionne. C’est à ce prix queles jeunes pourront en découvrir les valeurs.De manière concrète, c’est selon les principesénoncées dans la loi que seront déterminésles droits et devoirs de chacun, que les res-ponsabilités seront réparties, que les décisionsseront prises et les conflits résolus, etc.

Compte tenu de leur propre niveau de déve-loppement, les jeunes seront associés à l’éta-blissement des règles du groupe. Ainsi, ils com-prendront mieux la loi et, dans la mesure oùils auront eux-mêmes contribué à fixer desrègles, ils seront plus enclins à les respecter.

Bien entendu, le responsable adulte veillera àce que les mesures de sécurité ne soient pasoubliées dans les règles fixées par le groupe.

La loi scoute est aussi un outil d’évaluationpermettant de faire ressortir les liens entre lerespect du code de vie et ce qui s’est passé debien ou de mal dans le groupe, au niveau deses activités, des camps, des projets, de la viecollective, etc., et de tout ce qu’il faudrait amé-liorer. Sur le plan personnel, cette évaluationportera sur le chemin parcouru et les progrèsaccomplis par chacun.

Si quelqu’un ne respecte pas la règle, c’est surles conséquences de son acte qu’il faura l’aiderà réfléchir. Le but n’est pas de lui faire hontemais de l’amener à réfléchir, à comprendre etsi possible à modifier sa façon d’agir.

Le code de vie s’applique aussi bien aux adul-tes qu’aux jeunes. Ce n’est pas un règlementqui s’appliquerait seulement aux jeunes pourleur apprendre à obéir, mais l’expression deprincipes éthiques ou de valeurs dont le Scou-tisme estime qu’ils sont valables dans toute lavie. Si les adultes ne sont pas concernés par larègle, pourquoi les jeunes le seraient-ils da-vantage?

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Page 20 - Le Scoutisme, un système éducatif

LA PROMESSEDE QUOI S’AGIT-IL?

Il s’agit de l’engagement solennel de chaquejeune devant les autres lorsqu’il décide d’en-trer dans le Mouvement. En faisant sa pro-messe, le jeune reconnaît qu’il a découvert laloi scoute et s’engage à faire de son mieuxpour y conformer sa vie.

A QUOI ÇA SERT?

En faisant sa promesse, le jeune accepte l’in-vitation à se développer que lui a faite le Mou-vement. Il choisit d’observer la loi scoute etde faire les efforts qu’il faudra pour assumerles conséquences de ce choix. Faire sa pro-messe, c’est le premier acte symbolique d’unprocessus d’auto-éducation. N’attendons pasde celui qui fait sa promesse qu’il soit un Scout“parfait”. La promesse est un point de départ,pas une ligne d’arrivée.

Promettre de “faire de son mieux”, c’est s’en-gager à faire un effort personnel, dans les li-mites de ses capacités. D’un point de vue édu-catif, l’effort est tout aussi important que lerésultat obtenu. L’effort, qui est personnel, nepeut être évalué que par rapport au point dedépart de la personne.

En faisant sa promesse devant les autres mem-bres du groupe, le jeune s’engage publique-ment. Cela donne à l’engagement un carac-tère “officiel” et, en plus, cela en fait un actesymbolique, social, posé devant d’autres mem-bres qui, de leur côté, montrent par leur pré-sence qu’ils acceptent le nouveau venu.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LEDEVELOPPEMENT DU PROGRAMME...

Chaque fois qu’il entre dans une nouvelle bran-che, le jeune renouvelle sa promesse. De ma-nière symbolique, cela souligne qu’il ou elleentre dans une nouvelle phase de son par-cours de développement et va partager la viescoute et ses règles au sein d’un nouveaugroupe. Dans chaque branche, le texte de laloi et de la promesse doit donc être en rap-port avec la maturité croissante des jeunes.

Pour que la loi et la promesse puissent jouerleur rôle pédagogique, il faut que les jeunesauxquels s’adresse l’association aient atteint undegré de maturité qui leur permette de com-prendre ce qu’ils font et d’adhérer en touteconscience à un code de vie. En d’autres ter-mes, il y a un seuil au-dessous duquel un en-fant n’est pas capable de s’engager de manièreconsciente et volontaire sur un code de vie.Le jeune enfant n’est généralement pas capa-

ble de voir plus loin que la satisfaction de sesbesoins immédiats et de ses désirs. Il a du malà se distinguer des autres et à sentir qu’ils onteux aussi des besoins et des désirs, différentsdes siens.

Le seuil de maturité indispensable pour com-prendre la loi et la promesse (ou tout simple-ment pour que la Méthode scoute puisse fonc-tionner) est un élément à prendre très sérieu-sement en compte quand on s’interroge surl’âge minimum à partir duquel le Mouvementva acueillir les enfants.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA DIFFUSIONDU PROGRAMME...

Dans ce domaine, il faut que les responsablesadultes aient compris l’importance et la fonc-tion éducative de la promesse. L’une des idéesessentielles est certainement celle de “faire deson mieux” avec toutes les conséquences quien découlent. Etant donné que cette idée estliée à la notion de progression personnelle,nous y reviendrons lorsque nous aborderonscet élément de la Méthode.

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 21

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA MISE ENŒUVRE DU PROGRAMME...

Comment s’y prendre pour expliquer la pro-messe aux jeunes? Il faut les aider à saisir tou-tes les implications d’un engagement par le-quel ils donneront leur parole de “faire de leurmieux”. Il faut faire ressortir l’importance decet acte, sans pour autant susciter chez lesjeunes la peur de ne pas tenir leur engage-ment.

Autre élément à prendre en compte, le “bon”moment pour qu’un jeune fasse sa promesse.De toute évidence, il faut que le jeune ait euassez de temps pour se familiariser avec la loiscoute et la manière dont elle est concrète-ment véçue dans le groupe (qu’il ou elle aitsaisi quel effort il faudra faire pour progresseret pour vivre selon les règles du groupe). Ilfaut aussi que le jeune ait eu assez de tempspour décider librement s’il veut ou non s’en-gager dans le Mouvement.

Du point de vue du jeune, la question n’estpas seulement de savoir si le code de vie surlequel il va s’engager lui parait raisonnable oupas. Il s’agit aussi de décider de continuer àvivre et à entreprendre des activités avecd’autres jeunes, ceux-là même qu’il a appris àconnaître dans le groupe. En plus de facteurstout à fait extérieurs comme le travail scolaire

ou d’autres centres d’intérêt, la décision de fairesa promesse dépendra de l’intérêt de ce qui sepasse dans le groupe, des activités réaliséeset, avant tout, du fait que le jeune se sent inté-gré et accepté ou non. On peut donc s’atten-dre à ce que des adolescents mettent un peuplus de temps que des plus jeunes à se déci-der.

En même temps, d’un point de vue purementpédagogique, il faut respecter un certain équi-libre car, s’il est vrai que le jeune a besoind’un certain temps pour se décider, il ne faut

pas non plus repousser indéfiniment le mo-ment où le processus éducatif pourra vraimentcommencer. Jusqu’à ce qu’il s’engage par lapromesse, le jeune est une sorte de “visiteur”ou “d’invité” et ne peut pas vivre une expé-rience scoute intégrale. Par ailleurs, la présenceprolongée de “visiteurs” qui participent auxactivités quand cela leur chante et s’absententquand ils en ont envie est un élément déstabi-lisant pour ceux qui se sont engagés dans leMouvement, sur des projets entrepris ensem-ble et pour une vie partagée au sein du groupe.

Faire sa promesse, c’est poser un acte d’enga-gement personnel. L’adulte a donc pour tâchede soutenir le jeune, de l’accompagner, maispas de faire pression ou de le forcer avantqu’il ou elle ne soit vraiment prêt. Il ne doitpas non plus retarder les choses (utilisant lapromesse comme une carotte!) ni laisser tom-ber cet élément de méthode. Un bon moyend’encourager un jeune consiste à lui laisser unchoix de dates sur une période de plusieursmois pour faire sa promesse. Il appartient éga-lement au responsable adulte de voir commenton marquera l’événement pour qu’il prennetout son sens pour le jeune, par exemple enorganisant la “cérémonie de promesse” à lafin d’un camp.

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Page 22 - Le Scoutisme, un système éducatif

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 23

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IL CROYAIT QUE CE SERAIT COMME CECI...

MAIS C’ETAIT LE CONTRAIRE

“L’auto-éducation, c’est-à-dire ce qu’ungarçon apprend par lui-même, c’est cequi va lui rester et le guider plus tarddans la vie, beaucoup plus que tout cequi lui est imposé par l’instruction don-née par un professeur.”

- “Eclaireurs”, R. Baden-Powell.

“Il convient... d’offrir aux enfantscomme aux jeunes toutes les occasionspossibles de découverte et d’expérimen-tation - esthétique, artistique, sportive,scientifique, culturelle et sociale.”

- “L’Education: Un trésor est caché dedans”, Rapport à l’UNESCOde la Commission internationale sur l’éducation pour le vingt etunième siècle, 1996.

L’EDUCATION PARL’ACTION

DE QUOI S’AGIT-IL?

L’idée est d’apprendre, de se développer, parla pratique, à partir d’une expérience vécue.

L’éducation par l’action:

• reflète la démarche active du Scoutisme enmatière d’éducation. Dans le Scoutisme, lesjeunes apprennent en vivant réellement leschoses et non en écoutant sagement un ex-posé ou en suivant une démonstration;

• s’applique aussi bien à l’acquisition d’unsavoir, ou d’un savoir-faire, qu’au développe-ment d’une attitude ou pour réaliser n’importequel objectif éducatif dans chacun des domai-nes de développement. L’éducation par l’ac-tion va bien au-delà du “faire”, c’est-à-dire del’apprentissage d’un tour de main ou d’unecompétence technique. Par exemple, c’est àtravers les responsabilités que l’on prend dèsmaintenant que l’on fait l’apprentissage de laresponsabilité;

• reflète la démarche concrète du Scoutismeen matière d’éducation qui est basée sur laconfrontation à une expérience de vie à partirde centres d’intérêt particuliers ou dans lequotidien. En d’autres termes, ce n’est pas dansl’abstrait, loin de la réalité, que les Scoutsdéveloppent leurs connaissances, leurs

compétences ou des attitudes. Dans leScoutisme, on n’apprendrait pas à coudre pour

POURQUOI IL A QUITTE LE SCOUTISME

Page 30: UN SYSTEME EDUCATIF LE SCOUTISME,

Page 24 - Le Scoutisme, un système éducatif

savoir coudre mais parce qu’on avait besoinde cette compétence-là pour fabriquer lescostumes de la pièce que l’on allait jouer. Autreexemple, dans le Scoutisme, ce n’est pas enréalisant une activité fictive, spécialementprévue pour cela, que l’on apprend à résoudredes conflits mais en vivant en groupe avecdes difficultés qui seront résolues dans l’espritde la loi scoute.

A QUOI ÇA SERT?

L’éducation par l’action est un excellent moyend’aider les jeunes à se développer en s’ap-puyant sur tous les éléments qui sortent d’uneexpérience vécue.

COMMENT ÇA MARCHE?

Les jeunes ont naturellement besoin d’agir, derelever des défis et de vivre des aventures. LeScoutisme se branche donc sur leur énergie etleur propose un environnement très riche quiles pousse à explorer, essayer, découvrir et, àtravers tout cela, à se développer. L’éducationpar l’action donne envie d’aborder la vie demanière concrète, de prendre à bras le corpsles problèmes auxquels on est confronté. Elleaide à prendre conscience de toutes les capa-cités que l’on possède et à s’en servir quand ilfaut, à se prendre réellement en charge pour

être acteur - et non spectateur - dans la com-munauté.

Quant au “moteur” qui met en mouvement l’ex-périence éducative, il est constitué par les ac-tivités auxquelles les jeunes participent.

En d’autres termes, c’est la combinaison d’uncode de vie vécu, des aspects à la fois diffici-les et gratifiants de l’exercice d’une responsa-bilité, des joies et des problèmes rencontrésdans la vie d’un groupe de jeunes et d’adultes,de l’effort entrepris pour se fixer des objectifséducatifs et les atteindre, le tout à travers des

activités passionnantes, qui est stimulante pourles jeunes et contribue au développement équi-libré et intégral de la personne.

Au fur et à mesure qu’un jeune se développeà travers des expériences variées, il a accès àde nouvelles expériences de plus en plus ri-ches.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LEDEVELOPPEMENT DU PROGRAMME...

Pour aider les jeunes à se développer en tirantde leur vécu ce qui est important pour eux, leScoutisme doit mettre à leur portée des expé-riences significatives.

Pour savoir si l’éducation par l’action est utili-sée à fond, il faudrait partir des objectifs édu-catifs fixés pour une branche donnée (con-naissances, compétences et attitudes dans tousles domaines de développement) pour voirdans quelle mesure des expériences concrè-tes sont vécues par les jeunes et leur permet-tent de progresser vers des objectifs éducatifsà partir de l’expérience.

Ainsi, en prenant pour exemple un objectiféducatif relatif au développement du sentimentd’interdépendance, on pourra se demander:

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 25

- si la manière dont le groupe gère ses activi-tés permet vraiment de partager avec d’autresce que l’on sait faire, de prendre de vraiesresponsabilités et de vérifier l’importance del’entraide;

- si les rapports entre les jeunes et la commu-nauté locale sont vraiment mutuellement enri-chissants.

Approfondir l’éducation par l’action à partirdes objectifs éducatifs peut s’avérer utile si l’oncherche à aider les jeunes à résoudre des pro-blèmes auxquels ils risquent de se trouverconfrontés un jour ou l’autre (chômage, toxi-comanie, etc.). En général, les associationspensent d’abord à informer en proposant desactivités intéressantes afin d’aider les jeunes àmieux connaître le sujet.

Pourtant, le Scoutisme a bien d’autres chosesà offrir pour apporter aux jeunes une aide utileet efficace et les aider à s’en sortir. Par exem-ple: Qui apprend aux jeunes à aborder la vied’une manière positive? A s’adapter à des si-tuations nouvelles? A utiliser les ressources dontils disposent de manière originale? A prendredes initiatives? A nouer avec les autres des con-tacts harmonieux?...

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA DIFFUSIONDU PROGRAMME...

Il faut que les responsables adultes aient biencompris comment la Méthode scoute et lemode de fonctionnement du groupe peuventaider le jeune à se développer et comment lamanière dont on s’en sert conditionne ce qu’unjeune va retirer des activités auxquelles il auraparticipé. En prenant le temps d’y réfléchir,un responsable adulte saura utiliser au mieuxles occasions qui se présentent dans la vie dela communauté, les idées des jeunes sur cequ’ils ont envie de faire, les besoins exprimés,etc. - toutes choses que l’on ne peut prévoirau plan national - et proposer aux jeunes uneexpérience éducative de qualité qui corres-ponde effectivement à ce qu’ils sont à unmoment donné.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA MISE ENŒUVRE DU PROGRAMME...

L’éducation par l’action sous-entend que lesjeunes commencent par entreprendre, par vi-vre quelque chose. Ce n’est que plus tard qu’ilsen tireront des conséquences. De manièreconcrète, cela signifie que:

• Le responsable adulte n’a pas besoin d’ex-pliquer à l’avance les objectifs éducatifs d’uneactivité. Cela risque de ne pas intéresser les

jeunes et, en plus de cela, de tuer leur sponta-néité et de réduire l’expérience à ce qu’ils s’ima-ginent que l’on attend d’eux;

• A l’inverse, verbaliser leurs réactions, leurssentiments après coup les aidera à revenir surl’expérience et à tirer des conclusions. Unmoment de calme, à la fin de la réunion ou ducamp, consacré à une évaluation générale del’activité, aidera les jeunes à s’exprimer. Peut-être leur perception de l’activité sera-t-elle dif-férente de celle des adultes et ce qu’ils enauront tiré n’aura peut-être rien à voir avec ceque les responsables avaient prévu qu’ils entireraient.

L’adulte n’a pas à chercher à obtenir ce qu’il“fallait” trouver, mais tout simplement à soute-nir la réflexion des jeunes. Dans une ambiancepositive, les jeunes s’exprimeront sans crainte.S’il le faut, on reviendra au code de vie pourrappeler aux jeunes que chacun a le droit des’exprimer et que quand on a une critique àformuler, celle-ci doit porter sur ce qui s’estpassé et non prendre une personne pour ci-ble.

• Avec la pratique, un responsable adulte ar-rivera de mieux en mieux à créer, à partir dessituations qui se présentent, une expérienceéducative. Quant aux activités, elles seronttoujours conformes à l’esprit du Mouvement.

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Page 26 - Le Scoutisme, un système éducatif

Par exemple, une activité et la manière dontelle est menée doivent toujours être construc-tives et non entraîner la destruction d’une per-sonne ou d’une chose.

• Parmi les décisions difficiles à prendre setrouvera celle de savoir jusqu’où on peut lais-ser un jeune “faire une expérience” ou se trom-per avant d’intervenir. S’il ne fait aucun douteque l’adulte doive toujours faire en sorte qu’uneactivité soit réussie, cette réussite ne doit pasintervenir au détriment du caractère éducatifde l’expérience. Faire des erreurs fait partiede l’apprentissage. Dans certains cas, l’erreurcommise permettra au jeune de mieux com-prendre pourquoi les choses ont mal marchéet de s’y prendre autrement une autre fois.

Page 33: UN SYSTEME EDUCATIF LE SCOUTISME,

Le Scoutisme, un système éducatif - Page 27

LE SYSTEME D’EQUIPES(OU SYSTEME DES PATROUILLES)

DE QUOI S’AGIT-IL?

Naturellement, des jeunes du même âge oud’un âge assez proche auront tendance à semettre en groupe. Le Scoutisme utilise cettetendance naturelle pour offrir aux jeunes unenvironnement dans lequel ils se sentent àl’aise et orienter dans un sens positif l’influenceindéniable que des jeunes exercent les unssur les autres.

Ce que les jeunes retirent de la vie en groupe,du travail réalisé en respectant un code de viecommun à tous, les relations qui se nouent etse développent au cours d’aventures vécuesensemble, jouent un rôle tout aussi importantque les activités elles-mêmes dans l’éducationdes jeunes.

Dans le Scoutisme, 6 ou 8 jeunes d’âges simi-laires forment un groupe. Chaque petit groupeconstitue une équipe au sein de laquelle lesjeunes s’organisent aussi bien pour vivre en-semble que pour mener des activités spécifi-ques. Chacun exerce une responsabilité pro-pre pour un laps de temps donné, et contri-bue à la vie du groupe et à son bien-être ainsiqu’au succès des activités entreprises.

Dans chaque équipe, l’un des jeunes est le“meneur” reconnu par tous (le “chefd’équipe”). Il assure un rôle de coordination,

réunit les autres, leur donne l’occasion de pren-dre part aux décisions et d’être réellementpartie prenante de la vie d’équipe.

Ensemble, plusieurs équipes (en général 4 à6) constituent une unité, suivie par un respon-sable adulte et ses assistants (des adultes, euxaussi). C’est un conseil composé des chefsd’équipes et des responsables adultes quimènent l’unité.

Bien qu’ils ne soient pas membres des équi-pes, les responsables adultes gardent un con-tact étroit avec chacune d’entre elles et avecchaque jeune.

L’équipe constitue donc le groupe de base danslequel les jeunes vivent et agissent mais ilssont aussi membres de l’unité dans son en-semble. Au cours de l’année scoute, certainesactivités seront menées par l’unité tout entière.Ces activités permettent à chaque équipe dese sentir impliquée et de jouer un rôle dans lavie de l’unité. Elles sont aussi pour les jeunesl’occasion de rencontrer les membres d’autreséquipes.

Tous ces éléments, combinés entre eux, cons-tituent une structure sociale organisée et unsystème démocratique de fonctionnement basésur la loi scoute.

“Le Scoutisme insère les garçons dans debandes fraternelles qui sont leur organi-sation naturelle, que ce soit pour jouerou pour faire le mal ou simplement pourflâner.”

- “Le Guide du Chef éclaireur”, R. Baden-Powell.

Page 34: UN SYSTEME EDUCATIF LE SCOUTISME,

Page 28 - Le Scoutisme, un système éducatif

LE SYSTEME D’EQUIPES, CE N’EST PAS:

UNE STRUCTURE PYRAMIDALE POUR LA TRANSMISSION D’ORDRES

LE SYSTEME D’EQUIPES, C’EST:

UN PARTENARIAT DEMOCRATIQUE

Responsable adulte

Conseil de coordination

EquipeEquipe

EquipeEquipe

Chef d’équipe

“[Le système de patrouilles] conduit cha-que garçon à se rendre compte qu’il a unpeu de responsabilité individuelle pour lebien de sa patrouille. Il conduit chaquepatrouille à se rendre compte qu’elleendosse une responsabilité précise pour lebien de la Troupe.”

- “Le Guide du Chef éclaireur”, R. Baden-Powell.

C’est ce que Baden-Powell appelait “le sys-tème des patrouilles”4. Chacun, jusqu’au pluspetit, participe au “gouvernement” de cettemini-société et est en partie responsable dubien-être de tous.

Malgré son nom, “le système des patrouilles”n’a jamais été conçu pour copier une ligne decommandement militaire dans laquelle un res-ponsable adulte donnerait des ordres que les

A QUOI ÇA SERT?

Le système éducatif s’appuie sur la tendancedes jeunes à s’organiser spontanément en bandeet ajoute un cadre dans lequel ils pourront:

4 Par tradition scoute, on continue d’utiliser dans de nombreux endroitsdu monde les termes “patrouille” et “troupe” surtout à la branche scoute(11-14 ans) mais on utilise souvent d’autres termes dans les autresbranches. Ces termes avaient été choisis par Baden-Powell, à l’origine,parce qu’ils parlaient aux jeunes et les faisaient rêver et aussi parce qu’ilavait souvent remarqué dans l’armée que les gens pouvaient compter lesuns sur les autres et savaient se soutenir mutuellement pour accomplirune mission.

patrouilles devraient ensuite mettre en appli-cation. De fait, un tel fonctionnement ne per-mettrait pas à une unité de remplir son rôleéducatif.

Page 35: UN SYSTEME EDUCATIF LE SCOUTISME,

Le Scoutisme, un système éducatif - Page 29

• développer leurs aptitudes individuelles etcollectives en unissant leurs forces, en utili-sant au mieux les talents, le savoir-faire et l’ex-périence de chacun et en créant un espritd’équipe;

• nouer et faire vivre des relations constructi-ves avec d’autres jeunes et avec des adultes,relations basées sur la confiance réciproquequi devient de plus en plus forte grâce auxaventures que l’on a vécues ensemble;

• apprendre à vivre de manière démocratiqueet en partenariat avec des adultes. Le système

permet aux jeunes de voir concrètement com-ment on arrive à un consensus et comment onrésout les conflits en exprimant ce que l’onressent et en écoutant les autres, comment onprend des décisions en étant prêt à en assu-mer les conséquences. Il leur apprend à par-tager et à coopérer, à prendre des initiatives età diriger, à prendre des responsabilités et à lesassumer. Ainsi, c’est tout ce que les jeunes vi-vent dans l’équipe qui va jouer un rôle et avoirune influence sur leur développement.

COMMENT ÇA MARCHE?

Au début, la seule chose que des jeunes aienten commun, c’est leur envie de participer àdes activités. En participant à des activités bienconçues, chacun peut arriver à comprendreque, dans la plupart des cas, il n’a pu vivreune telle expérience que grâce à l’effort detous et qu’il faut donc s’organiser en groupes(au niveau des équipes et de l’unité scoute).C’est le caractère incontournable de cette coo-pération qui pousse chaque membre du groupeà mettre au service tous ses talents et ses com-pétences, à jouer son rôle pour que l’activitéréussisse et que l’expérience soit positive pourtous.

A travers ce processus, répété plusieurs foisdans le groupe, tous se découvrent et arriventà bien se connaître avec leurs points forts et

leurs points faibles, et à tisser des liens entreeux. Pour plusieurs raisons, ces liens jouentun grand rôle:

• ils contribuent au développement affectif dujeune en créant un sentiment d’appartenanceet le sentiment d’être apprécié et reconnu. Delà naîtront des amitiés que les jeunes auraientsouvent du mal à trouver ailleurs;

• l’ambiance d’un groupe bien soudé poussechaque jeune à faire un effort pour dévelop-per les compétences et acquérir l’expérienceindispensable à la bonne marche des activitéset à la vie en commun. Plus les jeunes pour-ront réunir entre eux de compétences, de ta-lents et d’expérience et plus ils auront de possi-bilités de vivre des expériences passionnanteset enrichissantes pour tous et pour chacun;

“Lorsqu’on travaille ensemble à desprojets motivants qui font sortir del’habitude, les différences, et même lesconflits, entre les individus tendent às’estomper, et disparaissent parfois. Unmode d’identification nouveau naît deces projets qui permettent de dépasserles routines individuelles et valorisentce qui est commun par rapport à cequi est étranger.”

- “L’Education: Un trésor est caché dedans”, Rapport àl’UNESCO de la Commission internationale sur l’éducation pourle vingt et unième siècle, 1996.

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• ces liens aideront également chaque jeune àdévelopper un sens de responsabilité et desolidarité. Au début, le jeune fera ce qu’il a àfaire, viendra au rendez-vous fixé ou appor-tera son aide à quelqu’un d’autre parce quec’est la règle mais, par la suite, son sens desautres se développera et il agira parce qu’ilsait que les autres comptent sur lui et qu’il neveut pas les laisser tomber;

• pour ceux qui ont besoin de l’approbationdes autres, l’effet miroir que procure le groupeest important - en renvoyant la réaction desautres à une attitude ou à un comportement.C’est la conscience de soi qui se développe,entraînant les changements d’attitudes ou decomportements. Par exemple, le timide s’affir-mera davantage et celui qui a tendance à jouerau “petit chef” apprendra à laisser davantagede place aux autres.

QUELQUES IMPLICATIONS POUR LEDEVELOPPEMENT DU PROGRAMME...

En mettant en place un système d’équipes, ilfaudra s’assurer qu’il permet:

Un véritable partenariat entre jeunes et adultes

Le système d’équipes n’a pas pour but de jouerun rôle de courroie de transmission et de fairepasser les ordres de la maîtrise aux exécutants.

Il n’est pas fait pour permettre aux jeunes d’ex-primer leurs idées et d’attendre que les adul-tes répondent à leurs exigences. Il s’agit d’unpartenariat entre jeunes et adultes, un lieu dedialogue et de coopération. Si le chef d’unitéet ses assistants, des adultes, sont bien mem-bres de l’unité au même titre que les autres, ilsne sont pas dans les équipes. S’ils sont mem-bres de l’unité, c’est avec un rôle précis quiconsiste à accompagner les jeunes sur le che-min de leur autonomie, de la solidarité, de laprise de responsabilité et de l’engagement touten aidant chaque jeune, individuellement, àatteindre les objectifs éducatifs qu’il s’est fixé.

Une autogestion progressive

Par principe, la participation des jeunes à lagestion de leur petite société s’applique à cha-que tranche d’âges, dans chaque branche.

De toute évidence, les questions sur lesquel-les les jeunes seront appelés à prendre desdécisions et les responsabilités qui leur serontconfiées dans la marche de l’unité ou del’équipe dépendront dans une large mesure:

• de leur degré de maturité. La participationdes jeunes variera d’un groupe à l’autre (des8-10 ans n’étant pas engagés de la même ma-nière que des 15-18 ans);

• de leur expérience antérieure de ce modede fonctionnement. Une unité de 12-14 ansqui fonctionne de cette manière depuis un anou deux aura plus de facilité à participer auxprises de décision qu’un groupe nouvellementconstitué.

Le plus souvent, dans les tranches d’âges lesplus jeunes, la décision se résume à choisirentre plusieurs activités proposées. Une res-ponsabilité pourrait être, par exemple, d’ap-porter de quoi boire à la prochaine réunion.Dans une autre branche, participer à la prisede décision pourrait inclure le choix d’unthème pour le camp d’été, et les responsabili-tés pourraient être celle de “comptable”, chargéde tenir à jour le budget de l’équipe ou “d’écri-vain” chargé de noter les faits marquants del’équipe, ou “d’intendant” chargé des achats,des menus, etc.

Un système démocratique

Le système d’équipes est un moyen d’aider lesjeunes à faire dans la pratique l’expérience dela démocratie.

Dans une unité scoute, pratiquer la démocra-tie, c’est:

• faire en sorte que les besoins et les centresd’intérêt de tous soient pris en compte. Cela

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 31

implique la recherche d’un consensus car sitoutes les décisions étaient prises à la majo-rité, les droits de la minorité risqueraient d’êtrelaissés pour compte;

• observer des règles admises par tous et fixéesen commun à partir de la loi scoute;

• faire attention à chaque jeune, considérécomme porteur d’une part de responsabilitédans le fonctionnement harmonieux de l’unité,son amélioration constante, et pour le biend’autrui.

Dans l’unité scoute, la démocratie n’est pasun vain mot, c’est vraiment une forme de co-gestion. Elle n’implique nullement qu’il faillecréer de “petits partis” politiques, faire cam-pagne pour remporter des élections, occuperdes places, ni quoi que ce soit de ce genre.

A chacun son rôle et une vraie responsabilité

Dans une unité scoute, c’est dans l’équipe quecommence la démocratie, là où les jeunes ap-prennent le dialogue et la coopération. Le sys-tème doit être conçu de manière à ce que cha-cun ait un rôle précis à jouer et que ces rôlesimpliquent de vraies responsabilités, impor-tantes pour la vie du groupe et pour répon-dent à ses besoins. Il faut aussi que ces rôlessoient intéressants pour les jeunes et repré-

sentent pour eux quelque chose d’important -tout en restant adaptés à leur degré de déve-loppement et d’expérience. Par exemple, ilsseront plus simples s’il s’agit de les confier àdes nouveaux.

Parmi ces rôles, il y a bien entendu celui dechef d’équipe. Il s’agit d’un jeune, comme lesautres, chargé de coordonner le fonctionne-ment de l’équipe, de l’aider à parvenir à unconsensus sur ce qu’elle va entreprendre, desoutenir chaque membre dans l’accomplisse-ment de ses tâches, de représenter l’équipe auconseil d’unité et de coordonner la contribu-tion de l’équipe aux activités organisées auniveau de l’unité, etc. Dans la mesure où cerôle demande une certaine maturité et de l’ex-périence dans le fonctionnement de l’unité, ilsera généralement confié à un jeune un peuplus âgé que les autres.

La nomination des chefs d’équipe fait partiedu processus démocratique. Il s’agit de trou-ver celui ou celle qui, de l’avis des jeunes etdes adultes, sera le plus capable de bien rem-plir ce rôle. Attention toutefois à ne pas fairedu rôle de responsable d’équipe le seul véri-table rôle susceptible d’intéresser les membresun peu plus âgés.

Un conseil pour coordonner

Le système des équipes compte aussi un “Con-seil” qui se réunit régulièrement. Ce conseilest composé des chefs d’équipes et des res-ponsables adultes. Son rôle consiste à pren-dre des décisions, à préparer et à organiser lesactivités, à discuter les difficultés rencontrées,à coordonner ce qui se passe dans l’unitéscoute.

L’assemblée de l’unité

Certaines réunions d’unité seront consacréesà évaluer les activités et la vie du groupe, àdiscuter de ce qu’il faudrait changer et bienentendu à fêter ce que l’on a réalisé. Tous,jeunes et adultes, participent activement à cetteassemblée.

La cohésion entre tous les membres de l’unité

Au-delà de la vie de chaque équipe, il ne fautpas oublier l’unité dans son ensemble. Lescamps, les services communautaires auxquelstous participent, doivent être intégrés à l’en-semble tout en laissant suffisamment de tempset d’espace pour la vie d’équipe.

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Des occasions de travailler avec d’autres, endehors de l’équipe

Sans aucun doute, le besoin d’appartenir à uneéquipe permanente est une réalité mais, à cer-tains moments, les jeunes ont aussi besoind’élargir leurs horizons et de travailler avecd’autres pour s’attaquer avec eux à certainsaspects particuliers d’un projet.

Pour répondre à ce besoin, il s’agit tout sim-plement de prévoir aussi la mise en place depetits groupes temporaires, chargés de mis-sions précises et limitées dans le temps.

L’éventail des âges

Le système des équipes produit les meilleursrésultats quand:

• les équipes fonctionnent avec un degréd’autonomie adapté aux capacités des jeunesqui les composent;

• des relations étroites peuvent se nouer en-tre les membres d’une même équipe.

Ceci implique que certaines normes soientrespectées en ce qui concerne l’âge.

En général, le système marche bien quand ladifférence d’âge entre le plus jeune et le plus

âgé des membres de l’équipe n’excède pastrois à quatre ans.

Dans ces conditions, ceux qui sont un peuplus mûrs stimulent le développement de ceuxqui le sont moins et ceux qui sont un peumoins mûrs renforcent chez leurs ainés unsentiment de responsabilité, le désir d’aiderles plus jeunes à progresser, à intégrer le codede vie du groupe, à développer leurs compé-tences, à travailler en équipe, etc. Par ailleurs,la présence de plus jeunes permettra aussi auxplus âgés de mesurer le chemin parcouru de-puis qu’ils étaient dans la même situation.

Toutefois, dès que la tranche d’âges s’élargitau-delà de ce que nous venons de décrire,l’impact du système éducatif est considérable-ment affecté. Cela vient probablement du faitque, si la différence d’âge est trop grande, lesjeunes n’ont plus grand chose en commun etde nouveaux “sous-groupes” - informels ceux-là - auront tendance à se former entre jeunesdu même âge ou à peu près.

Si une association nationale fait le choix delimiter les différences d’âges à l’intérieur d’unemême branche pour que le système d’équipesfonctionne dans de meilleures conditions, celaaura évidemment des conséquences sur lenombre de branches dans l’association et sur

l’étendue même de l’éventail d’âges auxquelselle s’adresse globalement.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA DIFFUSIONDU PROGRAMME...

En matière de soutien à apporter aux respon-sables adultes, il s’agira essentiellement:

• de les aider à bien comprendre commentun ensemble d’équipes doit constituer un sys-tème démocratique et autogéré. Les responsa-bles adultes doivent être capables de faire évo-luer les équipes de jeunes vers un consensussur ce qu’elles souhaitent faire (en faisant ensorte que les besoins et les centres d’intérêtde tous soient bien pris en compte) et de lesaider à s’organiser;

• de leur montrer comment enrichir les idéesdes jeunes et en faire un moyen de progresserdans la réalisation d’objectifs éducatifs;

• de leur apprendre à observer et compren-dre la dynamique du groupe et à l’orienterdans un sens positif;

• de leur apprendre à estimer les limites de ceque des jeunes sont capables de faire par eux-mêmes. Ceci correspond entre autres aux ques-tions liées à la sécurité (des jeunes et desautres!), au fait de ne pas en faire trop soi-

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 33

même (parce que c’est tellement plus rapide!)et au fait de ne pas pousser les jeunes au-delàdes limites de ce qu’ils peuvent faire (pourleur former le “caractère”);

• de leur apprendre à intervenir au bon mo-ment en cas de conflit ou pour faire prendreconscience d’un obstacle.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA MISE ENŒUVRE DU PROGRAMME...

S’il s’agit d’une unité nouvellement constituée

En général une unité nouvelle ne compte quepeu de membres, venus dans le Scoutisme pourvoir ce que c’était. Dans ce cas, c’est le res-ponsable adulte qui doit prendre la directiondes opérations, proposer des activités intéres-santes pour les jeunes et leur présenter les “rè-gles du jeu”, le code de vie du Scoutisme.

Il se peut qu’au départ les jeunes préfèrentfonctionner en groupe et ne voient pas la né-cessité de former des équipes. Il ne sert alorsà rien de leur forcer la main et de constituerartificiellement des équipes. Avec un peu detemps, ils y viendront d’eux-mêmes. N’oublionspas que le système des équipes part d’abordd’une tendance naturelle des jeunes à se re-grouper en bandes!

Aider les nouveaux à s’intégrer

Si le groupe est formé depuis quelques tempset comporte des équipes déjà bien établies,l’intégration des nouveaux demandera beau-coup de soin et d’attention. Invité à entrer dansune équipe, le nouveau devra d’abord se fa-miliariser avec ceux qui la composent. Pro-gressivement, il se familiarisera aussi avec lesautres. C’est dans l’équipe qu’un nouveaupourra le mieux se familiariser avec les règlesde vie du groupe et prendre une responsabi-lité, devenant ainsi un “équipier” à part en-tière.

La prise en charge des responsabilités dans leséquipes

Face à la quantité de choses à faire pour assu-rer la bonne marche des équipes, le responsa-ble adulte devra orienter chaque jeune en fonc-tion de ses centres d’intérêt, sans perdre devue ses capacités réelles. Une tâche ne doit eneffet pas être si difficile que l’échec sera inévi-table, ni si facile à accomplir qu’elle ne néces-site aucun effort et ne représente pas pour lejeune un certain défi à relever.

Adultes et jeunes devraient s’entendre sur letemps pendant lequel une responsabilité seraconfiée aux mêmes personnes dans le groupe.

Ce temps devra être suffisamment long pourpermettre au jeune de bien maîtriser le travailà accomplir et d’avoir appris quelque chosemais, bien entendu, ce n’est pas un engage-ment à vie! Après un certain temps, la tâchedevra revenir dans le groupe de manière à ceque chacun ait une chance de prendre un nou-veau rôle. S’il est vrai que certains rôles sontplus complexes que d’autres et que les com-pétences ou l’expérience requises pour lesassumer ne sont pas les mêmes, tout rôle doitavoir une valeur reconnue dans le groupe. Siles jeunes font tout ce qu’ils peuvent pouréchapper à une responsabilité donnée ou s’ef-forcent de la refiler systématiquement à unnouveau ou si, à l’inverse, ils se battraient pres-que pour l’avoir, il y a probablement un pro-blème que l’on ne peut ignorer!

Ainsi, par exemple, préparer le repas à la finde la journée, c’est bien plus que d’apprendreà faire la cuisine, c’est contribuer à la vie dugroupe et développer son autonomie person-nelle. C’est aussi une occasion de discuter, demanière informelle, sur les événements de lajournée et de se découvrir les uns les autresdans un moment plus calme. C’est à l’adultede faire en sorte que ces activités soient inté-ressantes. Si, bien souvent, elles ne sont con-sidérées que comme des “corvées”, c’est mal-heureusement parce qu’elles ont été conçueset présentées comme telles!

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Une responsabilité particulière, celle de chefd’équipe

Cette responsabilité peut influencer la dyna-mique de groupe (soit en bien, soit en mal).Etre responsable d’équipe, ce n’est pas impo-ser aux autres ses quatre volontés! C’est d’abordles écouter, leur faire comprendre commentle système fonctionne et coordonner leurs ac-tions dans l’équipe.

Pour jouer ce rôle, il faut une certaine matu-rité et une certaine expérience. Si les respon-sables adultes devront bien déterminer quelsjeunes sont les mieux préparés à remplir unetelle responsabilité, les jeunes dans les équi-pes ont eux aussi leur mot à dire. Il faut eneffet que le chef d’équipe soit bien acceptépar les autres jeunes. Les consulter sur la ques-tion de savoir qui serait le mieux à même deremplir un tel rôle, c’est les faire participer auprocessus de sélection.

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 35

DE QUOI S’AGIT-IL ?

Un “symbole”, cela peut être quelque chosede courant, de familier, qui représente autrechose de plus grand ou de plus abstrait. Parexemple, dans l’emblème scout mondial quenous connaissons tous, le noeud plat est lesymbole de l’unité du Mouvement dans lemonde entier.

On utilise des symboles pour faire compren-dre des idées auxquelles les gens ne sont pashabitués, et les amener à regarder au-delà detout ce qui leur est familier. Les symboles fontdirectement appel à l’imagination ou à l’expé-rience passée, ils n’utilisent pas un langagecompliqué et ne font pas appel à un pouvoirde réflexion très avancé.

Dans le Scoutisme, le cadre symbolique estcomposé d’éléments figurant ce que le Mou-vement s’efforce de promouvoir.

Le terme même de “scoutisme” reflète un ca-dre symbolique inventé par Baden-Powell. Cenom était censé plaire aux adolescents (le Mou-vement, à ses débuts, était essentiellementorienté vers les garçons et cette tranche d’âge-là).

A l’origine, le terme “scout” désignait des sol-dats envoyés en “éclaireurs”, en avant du grosde la troupe, pour voir si les autres allaient

pouvoir passer. Souvent, ces gens ont dû leursalut à leur connaissance de la nature et à leurdébrouillardise.

N’oublions pas, toutefois, que Baden-Powell,en dépit de son passé militaire, se voulait pro-moteur de paix, de tolérance et de bonne vo-lonté.

“Notre ambition, c’est de faire de la pro-chaine génération des artisans de paix, desgens qui auront une vision plus large, et dedévelopper à travers eux dans le mondeentier la paix et la bonne volonté. La cama-raderie et la coopération prendront le pas surla rivalité entre les classes, les croyances et lespays ce qui, dans le passé, a si souventcontribué à plonger les gens dans la guerreou l’insurrection5.”

N’oublions pas non plus que c’est dans uncontexte sociopolitique particulier (celui de laGrande-Bretagne du début du XXe siècle)qu’est né le Scoutisme. Baden-Powell savaitque les «scouts» projetaient une image d’aven-ture, de courage et d’esprit chevaleresque, degroupes soudés, des gens débrouillards, douéspour l’observation et menant en pleine natureune vie saine et passionnante. Ce sont toutesces qualités qu’il souhaitait promouvoir:

LE CADRE SYMBOLIQUE

5 Baden-Powell, Jamboree, 1922.

“Si nous avions appelé le Mouvement‘Société pour la Propagande des Qualitésmorales’ (ce qu’il est en réalité), les gar-çons ne se seraient pas bousculés pour yentrer. Mais l’appeler Scoutisme et propo-ser au garçon la perspective de devenirune sorte d’éclaireur, c’était tout à faitune autre paire de manches!”

- “A l’Ecole de la vie”, R. Baden-Powell.

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néral, ce qui crée un lien entre tous les mem-bres du Mouvement, où qu’ils soient.

Pour mieux répondre aux besoins des jeunesd’âges différents, chaque branche a son pro-pre cadre symbolique qui constitue générale-ment un thème central (souvent puisé dansles contes, la mythologie des héros légendai-res, une période historique... quand il n’a pas,purement et simplement, été inventé de tou-tes pièces). Il illustre une manière de vivre, lesqualités individuelles et collectives que le Scou-tisme met en avant et fait ressortir les besoinséducatifs essentiels que l’on retrouve dans laproposition éducative du Mouvement appli-qué à chaque tranche d’âge. Par exemple: ladécouverte de la vie en commun chez les plusjeunes, l’aventure et la survie pour des jeunesun plus âgés, la découverte de nouveaux ho-rizons, l’engagement dans la cité, l’action enfaveur de l’environnement, etc.

A QUOI ÇA SERT?

Le cadre symbolique utilise la capacité d’ima-gination des enfants, leur goût pour l’aven-ture, leur créativité, leur esprit d’invention pour:

• stimuler leur propre développement;

• les amener à s’identifier avec les orienta-tions du développement que propose le Scou-tisme et les valeurs qui sont les siennes;

• stimuler le développement de leur identitépropre;

• renforcer la cohésion du groupe et la soli-darité entre ses membres.

COMMENT ÇA MARCHE?

Au fur et à mesure de son développement, lavision du monde que peut avoir un jeune et laplace qu’il occupe dans ce monde se modi-fient. Il passe progressivement de la “penséemagique” de l’enfant à la “pensée logique” del’adulte, fondée sur la raison et l’expériencepersonnelle.

Souvent, les jeunes se projettent dans unmonde imaginaire pour repousser les limitesdu monde réel dans lequel ils vivent et pou-voir approfondir et résoudre des difficultésauxquelles ils sont confrontés. Ensuite seule-ment, ils seront prêts à passer à un autre stadede développement. Les situations qu’ils inven-tent, les rôles qu’ils se donnent, changent euxaussi quand ils accèdent à un nouveau stadede développement et se trouvent confrontés àde nouveaux problèmes.

Les jeunes feront de moins en moins appel àleur imagination au fur et à mesure que leuridentité propre se formera et que la confiancedans leur propre capacité à résoudre les pro-

“Quand nous parlons de ‘Scoutisme’, c’est l’ac-tivité et des qualités de l’homme des bois qu’ils’agit, de l’explorateur, du chasseur, du ma-rin, de l’aviateur et du pionnier 6”.

Dès que le Scoutisme a commencé à s’occu-per des jeunes d’autres tranches d’âges, il afallu développer de nouveaux cadres symbo-liques. Le cadre symbolique n’est donc pas lemême dans toutes les branches car il doit cor-respondre au degré de maturité des membresde chaque branche et correspondre aux be-soins particuliers d’une tranche d’âge donnée.

Pourtant, c’est tout le Mouvement qui s’appelle“Scoutisme” et, en anglais, le terme de “Scout”s’applique à tous les jeunes quel que soit leurâge. Quel que soit le terme utilisé dans cha-que langue, c’est le symbole qu’il faut retenir,l’idée originelle de “l’éclaireur” - celui qui“ouvre la voie”.

Dans de nombreux pays, c’est le symbole du“Scout” avec sa “troupe” et sa “patrouille” quireste en honneur au moins pour les pré-ado-lescents et les jeunes adolescents. Quel quesoit le cadre symbolique choisi pour les diffé-rentes tranches, le terme de “Scoutisme” esttoujours utilisé comme cadre symbolique gé-

6 “Le Guide du Chef éclaireur”, R. Baden-Powell.

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blèmes et à gérer leurs émotions ira en s’ac-croissant.

Le cadre symbolique n’est donc pas destiné àmaintenir le jeune dans un monde imaginaire,artificiel. Il s’agit tout simplement d’utiliser unmoyen naturel et spontané d’enrichir la vie detous les jours, de résoudre un certain nombrede problèmes auxquels les jeunes sont con-frontés, puis de passer à d’autres stades dedéveloppement.

Le cadre symbolique doit évoluer au fur et àmesure que les jeunes passent d’un mondeimaginaire à quelque chose de beaucoup plusréel... avec une touche d’imagination en plus.

Le cadre symbolique contribue au développe-ment des jeunes de diverses manières. Dansle domaine intellectuel, on peut penser quel’usage de symboles et d’images facilite l’ac-cès à des notions abstraites. Par ailleurs, dèsl’âge de la scolarité, l’école et la famille onttendance à donner priorité à tout ce qui re-lève du cerveau gauche (capacité d’analyser,de raisonner, de présenter des données de fa-çon structurée), le plus souvent aux dépensde ce qui relève du cerveau droit: la créativité,la capacité d’invention, etc. En stimulant l’ima-gination, le cadre symbolique contribue à pré-server la capacité d’innover et d’inventer. Ainsi,par exemple, il sera plus facile de trouver le

moyen de traverser une rivière, au milieu desbois si l’on est capable à la fois d’analyser lasituation telle qu’elle est et d’imaginer ce qu’unexplorateur aurait fait dans ce cas-là!

En ce qui concerne le développement émo-tionnel, le cadre symbolique offre aux jeunesune occasion de se sentir héroïques, chevale-resques, courageux, etc. Ceci contribue audéveloppement d’une perception positived’eux-mêmes et les décharge du poids desdifficultés affectives que l’on rencontre forcé-ment en grandissant comme, par exemple, lafrustration de se sentir dépendant ou le senti-ment de ne jamais être à la hauteur. Il ne s’agitnullement de s’évader de la réalité mais biende développer les capacités personnelles d’yfaire face. Même les adultes conservent cettecapacité mais, malheureusement, ils ont ten-dance à la dénigrer et à la percevoir commeinfantile. Pourtant il existe des thérapies quiconsistent à demander à des adultes d’imagi-ner comment ils vont s’y prendre pour sur-monter des problèmes insurmontables!

De toute évidence, l’identification d’un sujetaux qualités personnelles et au mode de viecollectif inhérents à un cadre symbolique in-fluencera également son développement phy-sique, social et spirituel. Par exemple, l’enviede ressembler aux personnages du cadre sym-bolique et la meilleure image de soi qui en

sortira aideront le jeune à surmonter son ap-préhension devant un défi physique ou à pren-dre davantage soin de sa santé.

Le cadre symbolique contribue aussi au déve-loppement social quand les jeunes, ensemble,s’identifient au style de vie partagé avecd’autres qui leur est présenté et avec des élé-ments sous-jacents tels que l’entraide, l’atten-tion aux autres, la responsabilité, etc.

Enfin, le cadre symbolique peut ouvrir la voieà un développement spirituel dans la mesureoù il est imprégné des valeurs que reflètentles principes du Mouvement. Il peut pousserles jeunes à approfondir leur réfléxion, às’intérroger sur eux-mêmes, sur leurs relations

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et sur le monde en général, à dépasser le côtématériel du quotidien pour transformer - pourun temps - l’ordinaire en extraordinaire, l’im-possible en possible et ce qui reste invisibleaux yeux en un ressenti intuitif.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LEDEVELOPPEMENT DU PROGRAMME...

Certaines associations, établies de longue date,décident dans le cadre d’une réflexion sur leprogramme de vérifier la valeur éducative deleur cadre symbolique. D’autres abordent pourla première fois le développement d’un cadresymbolique. Il ne suffit évidemment pas dechoisir une histoire, un conte ou une périodede l’histoire et de donner au local où les jeu-nes se réunissent, aux équipes ou aux activi-tés des noms symboliques. Ce n’est pas nonplus en remplaçant “Le livre de la jungle” par“La guerre des étoiles” que l’on “modernise”un programme!

Voici brièvement développés, quelques-unsdes éléments à prendre en compte.

L’accent mis sur un besoin éducatif

Nous l’avons dit, le cadre symbolique facilitele développement personnel dans tous lesdomaines. Toutefois, mettre l’accent sur unbesoin particulier à un âge donné ne peut que

contribuer à rendre la proposition plus at-trayante et à valoriser les résultats éducatifsattendus. Sans doute, y aura-t-il des variantesd’une société ou d’une culture à une autre,mais on peut quand même retenir de grandesconstantes:

• L’enfance: âge de la socialisation

C’est l’âge où l’enfant devient capable de rai-sonner et entre à l’école. Il va passer davan-tage de temps avec d’autres enfants, en de-hors de la famille.

C’est l’âge où l’on apprend à fixer (et à chan-ger fréquemment!) des “règles du jeu” appli-cables à ce que l’on fait et aux relations avecles autres. Au terme d’une période d’essais etd’erreurs, les enfants mettent en place un sys-tème de droits et de devoirs valables pour tousles membres d’un même groupe. N’importeoù dans le monde, on entend des chosescomme “C’est pas juste! C’est mon tour!”.

L’imaginaire n’est jamais très loin de leurs jeux,auxquels il donne un sens faisant des autresjoueurs des “partenaires” attachés à un mêmebut.

A travers tout cela, l’enfant sort d’une phased’égocentrisme - au cours de laquelle il se voitcomme le centre du monde - pour découvrirla coopération, le partage et la vie en groupe.

Au niveau personnel, l’enfant a souvent ten-dance à se projeter dans l’imaginaire, d’abordpour résoudre les problèmes qu’il rencontretous les jours et réagir aux émotions qui endécoulent, mais aussi pour s’adapter à un con-texte social nouveau pour lui: le groupe desautres enfants semblables à lui.

Le cadre symbolique adapté à cet âge mettral’accent sur la socialisation pour faciliterl’intégration, développer le sentiment d’ap-partenance, rendre compréhensibles lesrègles de vie, etc.

• La pré-adolescence: âge de la survie

Pour beaucoup, cet âge-là est marqué par ledébut de la puberté. L’idée de ne plus êtretout à fait un enfant est certes attrayante maisles nombreux changements qui interviennentsont pour le moins déconcertants. Le déve-loppement du corps, l’allongement des mem-bres pose parfois quelques problèmes de coor-dination. Parfois, c’est à un “nouveau visage”qu’il faut s’habituer! Sur le plan affectif, pa-rents et enfants doivent s’adapter au fait quel’enfance appartient déjà au passé mais quel’adulte n’est pas encore vraiment là. Il n’estpas rare de se sentir stupide et incapable dequoi que ce soit, de douter de soi, en faisanttout pour que les autres ne voient rien, parpeur de paraître ridicule!

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l’accent sur la survie - de l’individu et dugroupe - et sur la débrouillardise.

• L’adolescence: l’âge des émotions fortes

C’est un âge où les jeunes sont très souventen quête d’émotions et de sensations fortes,souvent en prenant des risques physiques. C’estégalement l’âge de l’éveil spirituel, de l’intérêtpour des valeurs universelles, de l’adhésion àde grandes causes, etc. Ils s’interrogent et at-tachent beaucoup d’importance aux autres.

Beaucoup estiment qu’ils ne sont pas pris ausérieux. Certains cherchent à prouver leurscapacités en prenant un rôle actif dans la com-munauté, en assumant une vraie responsabi-lité ou sentent le besoin d’élargir leur hori-zons: de rencontrer des gens nouveaux, d’al-ler là où ils ne sont jamais allés. D’autres, aucontraire, se replient sur eux-mêmes et sem-blent traverser une phase de totale apathie.Pour beaucoup, c’est la période des activités àrisque, source de sensations fortes et moyende tester leurs propres limites ou de s’évaderdu quotidien et de leurs problèmes.

Les relations à l’intérieur du groupe prennentune place importante avec des amitiés trèsfortes et des conflits violents. Les situations etles rôles inventés à cette phase (sans parlerdes histoires d’amour) sont un moyen d’ex-

plorer des horizons nouveaux, d’être pris ausérieux par les adultes, de montrer que l’onsait aussi bien s’organiser que des adultes, etc.

Répondant à un besoin d’identification à desrôles qui correspondent à une plus grandematurité, le cadre symbolique proposé à cetâge-là met souvent en scène des “héros”, despersonnages historiques qui, surmontanttoutes les difficultés, ont réussi quelque chosed’extraordinaire, des gens qui ont contribuéde manière significative au bien-être de leursconcitoyens, etc.

• La fin de l’adolescence: l’âge du voyage

Dans la plupart des cas, l’intérêt pour le socialqui avait fait son apparition à la phase précé-dente est toujours là mais, pour beaucoup dejeunes, le moment est venu de reprendre con-tact - parfois durement - avec la réalité.

Ce désir de se séparer des parents, d’accéderà “l’indépendance”, s’accompagne d’une cer-taine appréhension: “Et si je n’en étais pas ca-pable?” Le souci des études, du choix d’un mé-tier, du travail à trouver, la crainte de se re-trouver seul dans le vaste monde, les joies etles peines des relations amoureuses sont autantd’éléments caractéristiques de cette période.

Les jeunes de cet âge ont besoin de se prou-ver toute sorte de choses à eux-mêmes. Ils ontabsolument besoin d’acquérir des compéten-ces, d’apprendre à survivre et à gérer leur vieau quotidien pour se montrer et montrer auxautres qu’ils développent leur capacité d’auto-nomie.

Un certain sens des responsabilités apparaîtvis-à-vis des autres et les rôles, les situationsinventés, sont souvent liés à l’exploit physi-que, à l’héroïsme et au courage.

Le cadre symbolique proposé à cet âge-làdevra être un peu plus réaliste et mettre

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Beaucoup quittent le Mouvement à ce moment-là mais d’autres se sentent toujours à l’aise avecl’idée d’entreprendre quelque chose avecd’autres; d’organiser une expédition, unvoyage; de découvrir d’autres manières de vi-vre et de s’initier à la vie professionnelle; derencontrer des gens nouveaux et de participerà des projets au service de la communauté...mais, de préférence, aussi loin que possiblede la maison!

Même quand les moyens financiers dont ondispose ne permettent pas de voyager à l’étran-ger, il existe partout des endroits à visiter, desoccasions de voyager et de découvrir quelquechose.

Le cadre symbolique proposé à cet âge s’arti-cule souvent autour de l’idée du voyage et dela découverte - découverte de soi - avec desarrêts qui permettront de rencontrer d’autresgens et de leur donner un coup de main.

La mise en place du “cadre”

Avant de commencer à chercher un thème,posez-vous la question: “Quels éléments édu-catifs voulons-nous faire ressortir à travers lessymboles proposés?” Pour y répondre, il fautd’abord revenir à la proposition éducative faiteà un âge donné, aux valeurs sous-jacentes, auxbesoins des jeunes à un âge donné, etc., et de

voir comment tout cela pourrait être symbo-lisé dans la structure et le fonctionnement dugroupe, à travers l’application de la Méthodescoute - en d’autres termes dans tout ce qui vaconstituer l’expérience vécue par les jeunes.

Ceci fait, interrogez-vous sur la cohérence dela liste à laquelle vous êtes arrivés et voyez sitous les éléments sont de même importanceou si certains, moins importants que d’autres,pourraient être laissés de côté. Avec le cadresymbolique, on cherche à enrichir l’expériencedu Scoutisme, pas à la surcharger!

Les thèmes possibles ou déjà existants

S’il faut réfléchir au cadre symbolique en fonc-tion du passage progressif de l’imaginaire auréel en mettant l’accent sur un élément éduca-tif particulier, il faut aussi prendre en compteun certain nombre de choses. En voici quel-ques unes:

• Va-t-on choisir un thème dans l’héritage culturelde la communauté ou un thème sans lien avec laculture?

Un thème tiré de la culture (héros légendaire,histoire, etc.) permettra aux jeunes de s’iden-tifier à cet héritage culturel. C’est certainementun élément important à prendre en comptequand on s’adresse à des jeunes qui ont un

problème d’identité culturelle, problème quipeut avoir des tas d’explications sociologiques.C’est aussi un choix logique lorsque l’on vitdans une société dont le fonds culturel est trèshomogène.

Pourtant, il en irait tout autrement dans uneassociation scoute dont les membres seraientoriginaires de communautés différentes, dansune société pluri-ethnique par exemple.

Dans ce cas-là, quel héritage culturel va-t-onretenir? Ne vaudrait-il pas mieux s’en tenir àdes thèmes neutres culturellement en s’inspi-rant, par exemple, de la nature ou de la my-thologie? Dans tous les cas des thèmes tropéphémères ou trop commerciaux sont à évi-ter.

• Le thème est-il réellement attrayant?Certaines périodes “glorieuses” de l’histoired’un pays, son expansion économique, ontsouvent influencé le choix de thèmes liés àl’héroïsme, au courage, à l’esprit chevaleres-que, etc. Certains thèmes propres à stimulerune certaine fierté envers le pays, le peupledont on est issu, valent certainement la peined’être considérés, surtout dans un pays qui atraversé des périodes difficiles. Attention tou-tefois à ne pas renforcer le réflexe nationa-liste, les tensions raciales ou les conflits terri-toriaux.

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Dans la pratique, ce qu’il faut se demander àpropos d’un thème destiné à attirer les jeunesn’est pas très différent des questions relativesà sa valeur éducative:

a) Trouve-t-on dans ce thème le bon rapportimaginaire/réalité, compte tenu de la tranched’âges à laquelle on s’adresse? (Il serait sur-prenant que des 14/16 ans s’intéressent à despersonnages tirés de fables pour enfants!)

b) Est-ce que les éléments caractéristiques duthème correspondent au degré de maturité desjeunes auxquels il est destiné? (Un thème serad’autant plus attirant qu’il répondra aux be-soins ressentis au stade de développementdans lequel on s’apprête à entrer et non à ce-lui dont on sort!)

• Le thème est-il dans la ligne de la propositionéducative du Scoutisme?

Quel que soit le thème retenu, il doit de touteévidence correspondre au but, principes et mé-thode du Scoutisme et non se trouver en contra-diction avec eux. Un cadre symbolique qui im-pliquerait une quelconque discrimination, ou unmépris pour la nature et l’environnement, seraitincompatible avec “la promotion de la paix etde la compréhension” ou “le respect du mondenaturel et de son intégrité”, même s’il ne s’agitque d’une situation imaginaire!

Tirer le meilleur parti possible du cadresymbolique dans le programme des jeunes

Le cadre symbolique fait plus que d’ajouterun peu de couleur au programme des jeunes(bien qu’il y contribue également, c’est bienévident). D’une certaine manière, il constitueun fil rouge traversant tout le tissu, la totalitéde ce qui est offert aux jeunes.

Bien entendu, il va permettre de donner desnoms symboliques au lieu de réunion, auxéquipes, de trouver un thème pour le camp,mais c’est encore bien plus que cela. Com-ment, par exemple, le mode de fonctionne-ment et la structure même du groupe reflè-tent-ils le cadre symbolique - et le besoin édu-catif auquel il est sensé répondre? Si, par exem-ple, le cadre symbolique met l’accent sur laparticipation à la vie de la cité, est-ce que lesjeunes ont vraiment la possibilité de participerau processus de prise de décision et de pren-dre de vraies responsabilités? Si le camp estcentré sur la débrouillardise et la survie, est-illogique que les équipes s’installent avec destables et des bancs préfabriqués?

En étudiant avec soin les thèmes utilisés dansl’association, on découvrira peut-être qu’ils sontenvore valides et adaptés mais qu’ils ne sontpas toujours utilisés au mieux pour produiretout ce que l’on pourrait en attendre.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA DIFFUSIONDU PROGRAMME...

Il est indispensable que les responsables adul-tes aient bien compris ce qu’est un cadre sym-bolique et à quoi ça sert. Il faut aussi que lecadre symbolique de la branche dans laquelleils travaillent et le besoin éducatif auquel ilrépond n’aient aucun secret pour eux.

On retrouvera le cadre symbolique dans lespublications destinées aux jeunes. Le thèmesera repris comme un leitmotiv pour donnerde la couleur à tout ce que l’on fait (préparerun camp, expliquer la progression personnelleou tout autre chose).

On le retrouvera dans les histoires, les récits,les illustrations. Il est important de faire ensorte que le thème soit présenté de manièreattrayante et corresponde au degré de matu-rité des jeunes pour que ceux-ci se sententvraiment “explorateurs” ou “pionniers” parexemple.

L’usage dominant d’une couleur (bleu ou rougepar exemple) pourrait symboliser le thèmed’une branche et contribuer à renforcer chezles jeunes le sentiment d’appartenance.

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QUELQUES CONSEQUENCES POUR LA MISE ENŒUVRE DU PROGRAMME...

Il existe toute sorte de manières de faire vivreun cadre symbolique dans un groupe. Il fautque le responsable adulte soit lui-même à l’aiseavec la symbolique pour que le thème res-sorte bien comme une caractéristique normaledu Scoutisme vécu dans la branche. Il est aussiindispensable que les responsables sachentprésenter et utiliser le thème de manière réa-liste et avec une certaine maturité. Quant auxjeunes eux-mêmes, il faut qu’ils se sentent vrai-ment dans la peau d’un “explorateur” ou d’un“éclaireur”, sans quoi tout cela ne servira àrien.

De temps en temps, le responsable adulte pren-dra l’initiative d’établir des liens entre l’actionet le symbole, par exemple dans la manièrede proposer ou de mener une activité, en pré-sentant un camp au service de la communauté,etc. Progressivement, ce sont les jeunes eux-mêmes qui proposeront des idées: Commentappeler les équipes? Comment transformer lelocal en camp de base d’explorateurs? Etc.

Le fait d’avoir un thème propre à la branchen’empêche nullement d’en adopter d’autrespour des projets, à l’occasion d’un camp oud’une activité particulière, pour ajouter de l’in-

térêt ou une nouvelle piste d’apprentissage.Pour cela, il faut toujours en revenir aux ob-jectifs éducatifs fixés pour l’événement en ques-tion, ce que les jeunes vont effectivement faire,et voir de quelle manière on fera vivre cethème: décoration du local, costumes, activi-tés particulières, préparation d’un repas spé-cial, voilà autant de moyens de rendre toutcela plus vivant!

Bien entendu, il faut aussi que le responsable,dans son comportement, sa manière d’animerl’unité et d’être en relation avec chaque jeune,n’agisse pas en contradiction avec l’esprit duthème choisi pour l’activité et le besoin édu-catif auquel il s’adresse.

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LA NATURE DE QUOI S’AGIT-IL?

Quand nous parlons de Nature, c’est de lapleine nature que nous voulons parler - lesbois, les plaines, la mer, la montagne, le dé-sert - et non d’un environnement artificielcomme la cour d’école, un “camp” en bétonou des villes surpeuplées. La nature, c’est aussice que Baden-Powell appelait “le tout harmo-nieux formé de l’infini, de l’historique et dumicroscopique” y compris, bien sûr, la placequ’occupe l’humanité dans ce tout.

En tant qu’élément de la Méthode scoute, “laNature” c’est toute la masse de possibilités of-fertes - dans un environnement naturel - pourcontribuer au développement d’un jeune.

A QUOI ÇA SERT?

La vie dans la nature:

• apporte un plus au développement holistiquede la personne;

• est le milieu idéal pour appliquer la Mé-thode scoute.

COMMENT ÇA MARCHE?

La nature contribue au développement de lapersonne de toutes sortes de manières. Voiciquelques exemples simples par rapport à cha-que domaine de développement personnel.

• Développement physique:

En pleine nature, on trouve de l’air pur, nonpollué, un espace pour courir et se dépenser,un milieu qui se prête bien à toutes sortes d’ac-tivités physiques peu coûteuses d’où on pourratirer des sensations fortes, un milieu où l’ontrouvera toutes les occasions de tester sonendurance, la rapidité de ses réflexes, etc.

• Développement intellectuel:

Aux jeunes Scouts (et parfois même aux plusâgés), la nature apporte d’innombrables pos-sibilités de développer l’acuité de leur sens.On y apprend à observer et on y acquiertd’autres savoir-faire tels que distinguer les cou-leurs, la taille, la forme, les mouvements et lessons, distinguer les odeurs, toucher des objetsde formes différentes, etc.

La nature peut aider le jeune à analyser unesituation, lui apprendre à se servir de son ima-gination et de son pouvoir de réflexion pourtrouver des moyens nouveaux et originaux desurmonter une difficulté, en n’utilisant qu’unminimum de ressources et bien d’autre chosesencore.

Dans la nature, les jeunes sont mieux placéspour saisir ce que veut dire “interdépendance”(parce qu’ils doivent collaborer pendant le

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camp, par exemple), percevoir des réseaux derelation, comprendre le fonctionnement d’unsystème (en observant la faune par exemple),etc.

• Développement émotionnel:

Dans la nature, les occasions d’explorer senti-ments et émotions ne manquent pas. Le calme,la tranquillité de la nature permettent de pren-dre du recul par rapport à l’agitation et auxcontraintes du quotidien. Le soir, sous la tente,il faut faire face à ses craintes, souvent irra-tionnelles, et les surmonter.

• Développement social:

C’est au camp, loin de chez eux et des piègesde la “civilisation” que les jeunes arrivent lemieux à se découvrir les uns les autres, avecleurs forces et leurs faiblesses. Les activitéstoutes simples de la vie quotidienne (préparerle repas, organiser l’espace de vie) ramènentau tout premier plan la notion d’interdépen-dance. L’entraide est incontournable car tousse trouvent confrontés à de vrais problèmes.Il faut bien résoudre les conflits, quand on nepeut pas s’en aller et rentrer chez soi. Unedescente de rivière, une course en montagne,la pluie qui vous douche après la chaleur et lapoussière de la journée, se serrer pour avoirchaud, partager une boisson chaude, voilà des

Voilà, j’ai planté une tente au bord du torrent, au milieu des collines boisées.

Le paradis, ce n’est pas quelque chose de vague, perché là-haut dans les cieux. Ilest dans ce monde, au fond de ton coeur et dans tout ce qui t’entoure.

Au feu de camp, l’esprit s’ouvre aux grandes idées, aux pensées élevées.

L’observation de la nature place dans un même contexte d’harmonie, l’infini-ment grand, ce qui appartient à l’Histoire, et l’infiniment petit, tout ce qui com-pose la Création.

Ne te contente pas de ce qui est, cherche aussi à découvrir le pourquoi et lecomment des choses.

S’il t’arrive de te sentir démuni et incapable de réussir dans la vie en partant detrois fois rien, pense au chêne: cet arbre majestueux, solide, est sorti d’un glandtombé sur le sol.

La réussite, c’est une question de patience bien plus que de n’importe quoid’autre.

De la mare aux canards, l’enfant fera un océan d’aventure. Sans l’aventure,l’existence serait bien monotone.

Au fur et à mesure que nous avançons en âge, il nous arrive d’oublier que nousavons été jeunes.

Dieu nous a donné un monde plein de belles choses et de merveilles, et il nous adonné non seulement des yeux pour les voir mais un esprit pour les comprendre,si nous savons les regarder comme il faut.

- Citations de diverses oeuvres de R. Baden-Powell

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“Celui qui est en harmonie avec lanature comprend l’essentiel sans effortet trouve la vérité sans même y pen-ser.”

- Confucius

expériences qui rapprochent et font naître unsentiment de solidarité que l’on ne trouve quetrès rarement en ville.

• Développement spirituel:

Une prise de conscience spirituelle peut sortird’un moment de calme où l’on aura pris letemps de découvrir et contempler les mer-veilles de la nature. Ainsi on va prendre letemps de regarder vivre des insectes, d’obser-ver comment ils ignorent les géants humains,le temps de guetter les étoiles filantes dans lanuit d’été, de se sentir tout petit face à l’im-mensité de l’univers, le temps de sentir lamajesté et la permanence d’un paysage.

Dans la nature, ces occasions de se poser desquestions sont nombreuses. Dès que l’esprits’ouvre, le jeune est bien mieux placé pourexplorer une religion et s’y engager de sonplein gré.

Retourner à l’essentiel

Dans une conception holistique de l’éduca-tion, le contact avec la nature permet au jeunede retourner à l’essentiel de l’existence.Aujourd’hui - peut-être plus que jamais - lesjeunes grandissent dans un monde où l’on ade plus en plus de mal à distinguer l’essentieldu superflu, à faire la différence entre ce quiest urgent et ce qui peut attendre, entre ce qui

paraît quand le vent se lève. Les plaisirs sim-ples de la vie - sentir la chaleur du soleil dumatin, observer les étoiles le soir, se baignerdans la rivière - font disparaître le jeu électro-nique le plus sophistiqué.

“A travers les couleurs du matin et lesimages du soir qui donnent au soleil unvisage, j’ai découvert le paradis même.”

- “La Comédie divine”, Dante.

“Camper en pleine nature, j’aime bien,ça me donne l’impression que je suisplus libre... Il faut partir un peu de toutle confort habituel... on a moins deconfort, on doit se débrouiller... On s’enrend vraiment compte après...”

- “L’Impact éducatif du Scoutisme: Trois études de cas surl’adolescence”, OMMS, 1995.

est vrai et ce qui n’est qu’illusion - en bref, àdistinguer le réel.

En pleine nature, à des kilomètres de la routela plus proche, loin du téléphone, on est obligéde faire face à la réalité. La mode, la classesociale, la nécessité d’être “cool”, tout cela dis-

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Vivre en harmonie avec la nature

Quand, de cette manière, les jeunes parvien-nent à goûter les plaisirs d’une vie simple dansla nature et à laisser tomber leurs habitudesde jeunes consommateurs, ils n’ont aucunepeine à comprendre la nécessité de vivre enharmonie avec la nature et de la protéger.

Acquérir un sens de l’histoire

Quand on frotte deux bouts de bois pour allu-mer du feu, quand on trouve une source pourse désaltérer, quand on cueille des baies co-mestibles pour se nourrir, quand on tombe enadmiration devant un arbre plusieurs fois cen-tenaire, on comprend la dimension historiquede l’humanité, d’où vient l’homme et où il va.

Saisir la valeur d’un code de vie

Au camp, dans la nature, on trouvera à la foisla simplicité et l’intensité d’une expérience.C’est en rentrant du camp que les jeunes sen-tent combien les relations sont devenues plusfortes et comment les règles de vie communesont pris tout leur sens.

L’usage que fait le Scoutisme de la nature n’estévidemment pas destiné à couper les jeunesdu monde dans lequel ils vivent. Il s’agit seu-lement de leur faire découvrir un monde àcôté duquel ils auraient pu passer sans le voir,de les faire regarder au-delà des valeurs maté-rielles, d’enrichir de manière significative leurexpérience de vie pour que, dans la vie detous les jours, ils apprennent à distinguer l’es-sentiel du superflu, à voir ce qui est réelle-ment important.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LEDEVELOPPEMENT DU PROGRAMME...

Bien qu’il soit impossible d’organiser toutesles activités scoutes en pleine nature, le con-tact avec la nature demeure un élément es-sentiel du Mouvement. Parce qu’il joue un rôleaussi déterminant dans le développement d’unjeune, ce contact est de première importanceaussi bien pour le jeune qui grandit au milieudu béton et du plastique dans une grande ville

que pour celui qui grandit sous un toit de tôledans un bidonville.

Eduquer à travers la nature

La nature est un cadre idéal pour toutes sortesd’activités même si l’objectif premier d’uneactivité n’a rien à voir avec la nature. Dans cecas et quel que soit l’objectif principal, il y ena un autre, secondaire celui-là, qui est de faireen sorte que les jeunes se sentent bien dans lanature (ce qui, pour beaucoup, est déjà quel-que chose).

A un autre niveau, on peut toujours utiliser uncadre naturel pour y mener des activités quireprésentent un certain défi physique commela course d’orientation, les techniques de sur-vie, l’apprentissage des techniques de base ducampisme, un raid de 24 heures, etc. La na-ture devient alors une aide qui permet auxjeunes de prendre conscience de leurs capaci-tés réelles, de leur besoin de progresser enmettant à l’épreuve leur force physique, leurdébrouillardise, leur aptitude à éviter le dan-ger et à affronter les difficultés, à travailler enéquipe, etc. Le moment du repas au bord dela rivière, après l’effort, permettra aux jeunesde faire l’expérience d’un sentiment de calmeet de paix.

“La vie humaine est enracinée dansla nature et les êtres humains sontpartie intégrante de la nature. Cha-que fois que l’on agit sans s’en tenircompte, c’est la nature qui en souffreet la survie de l’humanité qui estremise en question.”

- “Global Teacher, Global Learner”, Graham Pike et DavidSelby, Ed. Hodder et Stoughton, 1989.

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Découverte de la nature

La plupart des jeunes ont suivi des cours degéographie ou de biologie à l’école. Les acti-vités scoutes qui ont pour but de faire décou-vrir ou mieux comprendre la nature ne visentpas à répéter ce qui a été fait à l’école. Ce nesont pas non plus des exercices d’applicationpratique de ce que l’on a appris dans les li-vres.

Dans le Scoutisme, on n’amasse pas un savoirpour lui-même! Les activités “nature” mêlent àla fois le savoir et les compétences - en par-tant des centres d’intérêt des jeunes - et con-tribuent aussi au développement des attitudes.

Au camp, l’observation de l’organisation so-ciale d’une fourmilière peut contribuer à ouvrirles jeunes à une réalité qu’ils n’auraient peut-être pas vue - ou qu’ils auraient piétinée! Sa-voir faire la différence entre l’emprunte d’unlapin et celle d’un ours peut s’avérer utilequand on campe près d’une forêt! Apprendreà imiter le cri d’un oiseau, à construire ce qu’ilfaut pour mener une expérience, apprendre àjardiner et à cultiver, à fabriquer des outils,voici une foule de possibilités de progresservers des objectifs de développement.

Agir en faveur de la nature et de l’environnement

De toute évidence, les activités liées à la pro-tection de l’environnement trouveront parfai-tement leur place dans un programme scoutet, bien sûr, beaucoup de ces activités peu-vent être organisées au cœur des villes. Dansle Mouvement, le premier contact d’un jeuneavec ce qui touche à la défense de l’environ-nement se fera tout naturellement, dans lamesure où il saura respecter son code de vieau cours des activités, en respectant la nature,la flore, la faune en ne laissant pas de dé-chets, en s’assurant que le feu est éteint, enévitant de gaspiller les ressources naturelles,en entretenant les outils et l’équipement pourne pas toujours racheter du neuf, etc.

Toutefois, n’allons pas nous imaginer qu’il suf-fise d’organiser une activité de protection del’environnement pour éveiller la conscience desjeunes aux problèmes d’environnement. Celaviendra plutôt quand ils auront pu véritable-ment découvrir certains aspects du mondenaturel, s’investir affectivement dans leur dé-couverte et dans ce pour quoi ils ont choisi des’engager. Quand des Scouts, même parmi lesplus jeunes, ont pris un réel plaisir à courirsur une belle plage de sable, malheur à celuiqu’ils trouveront en train d’y abandonner desordures!

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«Il est passé où le LAPIN, d’après toi?»

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QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA DIFFUSIONDU PROGRAMME...

Pour que l’expérience vécue dans le Scoutismesoit significative, il faut que le responsableadulte ait lui-même envie de vivre en pleinenature, de s’en servir pour enrichir son actionéducative. Il n’est pas indispensable que leresponsable ait lui-même toutes les compé-tences techniques requises pour mener n’im-porte quelle activité. Il faut qu’il soit capablede faire appel à d’autres, compétents dans cesdomaines-là.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA MISE ENŒUVRE DU PROGRAMME...

Dans le cas d’un groupe nouvellement consti-tué, dans lequel les jeunes ne sont pas habi-tués à vivre au contact de la nature, le respon-sable adulte devra faire attention à ce que leurpremière expérience se passe bien et leur pro-cure du plaisir. Si les jeunes ont plutôt enviede réaliser un exploit physique dans la nature,c’est évidemment de là qu’il faudra partir pourles familiariser avec l’environnement naturel,et non d’une activité de protection de la na-ture.

Le camp en pleine nature facilitera grandementl’intégration des nouveaux dans le groupe. Il

faut donc le préparer bien à l’avance, dès lespremiers mois de l’année.

Le responsable adulte s’efforcera de stimulerla curiosité des jeunes, leur sens de l’explora-tion et de la découverte et de mettre de l’am-biance. Il ne manquera aucune occasion derenvoyer les jeunes à leur code de vie. Si lecamping sauvage n’est pas possible - interditou trop dangereux - le lieu de camp choisidevra quand même être suffisamment isolé,loin des lieux fréquentés.

Le contact d’un groupe avec la nature ne seréduit pas à l’organisation d’activités spécifi-ques. Il s’agit aussi de promouvoir un style devie simple et le respect élémentaire de toutêtre vivant.

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“ ‘S’il vous plait... par où faut-il passermaintenant?’

‘Eh bien, cela dépend d’où vous voulezaller,’ répondit le Chat.”

- “Alice au pays des merveilles”, Lewis Carroll.

LA PROGRESSIONPERSONNELLE

DE QUOI S’AGIT-IL?

Il s’agit, d’abord, d’aider chaque jeune à seprendre en charge et à faire de lui-même oud’elle-même tout ce qu’il faut pour assurer sonpropre développement.

Le schéma de progression est un outil à utili-ser dans le cadre de la mise en œuvre de cetélément de la Méthode scoute. Il est conçu àpartir d’une série d’objectifs éducatifs fixés parl’association nationale, pour chaque branche,en fonction du niveau de connaissances, com-pétences et attitudes que chaque jeune devraitatteindre, dans chaque domaine de dévelop-pement, au terme de son séjour dans une bran-che donnée.

Présenté de manière dynamique et attrayante,il constitue pour le jeune un outil grâce auquel,avec l’aide des adultes, il ou elle pourra:

• déterminer ses propres objectifs de déve-loppement;

• déterminer les moyens à utiliser pour lesatteindre;

• mener toutes les actions nécessaires, à sonpropre rythme;

• évaluer, prendre conscience du chemin par-couru et célébrer sa progression.

A QUOI ÇA SERT?

En termes simples, il s’agit d’aider les jeunes àrassembler leurs énergies, de stimuler leurmotivation, à prendre en charge leur propredéveloppement, à se mettre en marche et àprogresser à leur propre rythme et à leur ma-nière, vers les objectifs éducatifs d’une bran-che donnée, puis à évaluer les progrès réali-sés.

COMMENT ÇA MARCHE?

Partout dans le monde, les écoles sont soumi-ses à une forte pression pour que leurs élèvesatteignent et dépassent un niveau minimumdans les matières scolaires ou la formationprofessionnelle.

Dès qu’ils atteignent l’adolescence, les jeunes,quant à eux, sont directement soumis à unetrès forte pression. Les sujets leur sont impo-sés et, le plus souvent, le rythme de chacunne peut pas être pris en compte dans la me-sure où les examens constituent des échéan-ces incontournables. Sans doute, le succès àun examen procure-t-il un sentiment de réus-site. Cependant, cette réussite est relative carelle dépend aussi du nombre de personnesqui ont mieux - ou moins bien - réussi.

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Pour certains, il n’y a pas de problèmes et ilspassent sans effort apparent à travers les obs-tacles. Pour d’autres, il s’agit d’une véritablelutte. Beaucoup sont enfermés dans un cerclevicieux dans lequel le manque de motivationet la crainte de ne pas réussir se combinentpour créer un sentiment que tout effort estinutile, ce qui réduit encore les chances desuccès.

Pouvoir poursuivre ses centres d’intérêt, dé-couvrir ses talents et le sentiment que procurela réussite dans un milieu non compétitif cons-titue pour le jeune une expérience capitale.Malheureusement, et cela ne manque pas desel, la réaction spontanée de la plupart desparents en cas d’échec scolaire revient le plussouvent à interdire purement et simplementles activités n’ayant pas de rapport direct avecl’école pour que tout le temps disponible soitconsacré à l’étude!

Bien entendu, le Scoutisme ne s’adresse pasen priorité aux jeunes qui ont des problèmesscolaires! Il offre pourtant à tous les moyensd’élargir leurs horizons, de se développer dansdes domaines que l’école prend rarement encompte et de faire leurs preuves, chacun à samanière, en poursuivant ses propres centresd’intérêt et ses propres objectifs éducatifs.

Le schéma de progression

• Les étapes de progression

Dans chacune des branches on retrouve uncertain nombre d’étapes.

La première est celle au cours de laquelle lejeune s’engage personnellement dans le Scou-tisme en faisant sa promesse. Il ne s’agit pasde passer un examen mais, pour qu’un jeunes’engage en connaissance de cause, il faut qu’ilou elle ait pu vivre une expérience directe duScoutisme, soit disposé à partager la vie dugroupe, ait compris la proposition du Mouve-ment pour une tranche d’âge donnée, ait com-pris la loi scoute et comment elle constitue uncode de vie, la “règle du jeu”.

S’il se peut que des parents, des enseignants,des copains ou d’autres cherchent à pousserle jeune à essayer le Scoutisme, c’est chaquejeune en fin de compte qui, librement, choisitde s’engager personnellement dans le Scou-tisme et décide du moment où il veut s’en al-ler.

Le jeune, en effet, ne peut réellement progres-ser que dans la mesure où la motivation quil’anime vient de l’intérieur. Il est rare que quel-qu’un consente à faire un effort quand il n’avraiment pas envie d’être là.

C’est à partir du moment où un jeune a décidéde s’engager que la motivation interne quipousse au développement personnel pourragrandir. Par ailleurs le fait que des jeunes seretrouvent en groupe pour entreprendre en-semble quelque chose qu’ils ont envie de fairecontribue à créer un climat dans lequel les gensse stimulent les uns les autres.

Dans le Scoutisme, on attend de chacun qu’il“fasse de son mieux”, et ceci est au coeur mêmedu système de progression personnelle. Il n’estpas question de compétition ni de faire mieuxque les autres. Il n’y a de compétition qu’avecsoi-même et ceci contribue non seulement àréduire le stress qu’entrainerait une comparai-son ou un échec, mais ceci contribue grande-ment à la création au sein du groupe de rela-tions plus profondes et plus authentiques dansla mesure où il n’existe aucun courant sous-jacent de tension ou de concurrence.

Dans un groupe soudé, la tolérance, la solida-rité, la responsabilité et l’engagement enversle groupe sont renforcés et celui-ci apporteégalement un soutien affectif. Par ailleurs, plusle groupe est soudé et mieux il est capabled’entreprendre, de réussir et d’offrir aux jeu-nes des occasions de progression personnelle.

Ensuite, le nombre d’étapes dépend essentiel-lement de l’étendue de la tranche d’âge cou-

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verte par la branche. En général, une étape nedure pas plus d’un an. A chaque étape, onretrouve une série d’objectifs éducatifs géné-raux couvrant un ensemble de connaissances,compétences et attitudes dans tous les domai-nes de développement. En général, on y re-trouve également des activités spécifiques, liéesà la proposition éducative de la branche etfournissant aux jeunes des moyens concretsde progression vers les objectifs fixés. Il ap-partient à chaque jeune, avec l’aide d’un res-ponsable adulte de personnaliser, pour lui-même, ces objectifs.

Prenons comme exemple un objectif éducatifgénéral lié au développement de la capacitéde prendre une responsabilité et de contribuerà la vie du groupe. Dans l’éventail des res-ponsabilités à assumer pour que le groupepuisse fonctionner on pourrait choisir de cul-tiver des légumes pour nourrir le groupe, gé-rer le budget, assurer la direction de l’équipeetc. Avec un responsable adulte, le jeune peutpréciser ses centres d’intérêt, la responsabilitéqu’il va prendre et le temps qu’il faudra pourréaliser ce qu’il entreprend.

Au terme d’une période donnée, le jeune seraprêt à prendre d’autres responsabilités et àacquérir des compétences nouvelles. Il pourra,par exemple, initier quelqu’un aux techniquesagricoles et, en même temps, prendre un autre

rôle nécessitant d’autres compétences etd’autres responsabilités.

Dans cet exemple, les connaissances, compé-tences et attitudes forment un tout et concer-nent à la fois le développement de chaquejeune en tant que personne et en tant quemembre actif de la communauté à laquelle ilappartient - dans ce cas, l’unité scoute.

La responsabilité s’accroît et change de natureau fur et à mesure que le jeune se développe.Pour apprendre à quelqu’un d’autre dansl’équipe, il faut avoir un certain nombre decompétences d’animation comme, par exem-ple, la patience, l’empathie etc. En mêmetemps, c’est pour le “plus grand” un moyende mesurer le chemin qu’il a lui-même par-couru. Pour le “plus jeune”, le savoir-faire duplus grand agit comme un stimulant.

Dans ces contacts se nouent des relations plusétroites et se développent des groupes plussoudés. Chaque groupe gagne en autonomiechaque fois qu’un individu devient plus auto-nome, plus solidaire, plus engagé et plus res-ponsable.

Ce qu’un jeune peut tirer du Scoutisme n’arien d’abstrait: il s’agit toujours, pour chaquejeune, d’enrichir sa vie dès aujourd’hui. A cha-que étape de sa progression, la manière dont

un jeune développe ses connaissances, ses com-pétences et ses attitudes dans tous les domainesde développement n’est pas neutre par rapportà tout ce qu’il faut pour vivre à plein le Scou-tisme. Pour le jeune Scout apprendre à faire sonsac, sans rien oublier, est utile. Techniquement,on pourrait faire entrer cela dans le domaine dudéveloppement intellectuel (dans la mesure oùil aura fallu faire appel à la mémoire et à la capa-cité d’analyse), mais on peut aussi considérerqu’il s’agit d’un progrès en matière d’autonomiequi évitera au jeune de dépendre des autres oud’être une charge pour eux.

• Compétences dans des centres d’intérêtpersonnels

Outre les étapes de progression, le schémaoffre toute possibilité de poursuivre ses pro-pres centres d’intérêt. En règle générale, ontrouvera un très grand choix dans toutes lescatégories et en fonction des objectifs éduca-tifs (compétences manuelles, compétencesd’organisation, expression artistique, service dela communauté, comptabilité, etc.). Chaquejeune est invité à choisir parmi toutes les op-tions possibles et tout au long de son séjourdans une branche donnée. Ceci devrait luipermettre d’élargir son horizon, de se décou-vrir de nouveaux centres d’intérêt, de nou-velles compétences.

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Ces centres d’intérêt ne viennent pas “en plus”des activités du groupe, elles en font partieintégrante. Les “centres d’intérêt” seront choi-sis en fonction des compétences ou des con-naissances indispensables au groupe pourmener à bien ses projets. Après avoir fait sonchoix, chaque jeune se met au travail pouratteindre un certain niveau de compétence.

Ces compétences, le jeune aura la possibilitéde les développer au cours des réunions del’unité ou en dehors, seul ou avec d’autres.Toutefois, s’il le fait, c’est aussi pour les parta-ger et s’en servir dans le cadre du projet com-mun.

Les critères de compétence seront formulés entermes assez souples pour pouvoir être adap-tés aux objectifs personnels de chaque indi-vidu.

• Le processus d’évaluation

C’est en terme de progrès accomplis vers laréalisation des objectifs éducatifs personnelsd’un jeune que sa progression sera évaluée.Ces objectifs personnels auront été définis dansle cadre des objectifs généraux fixés pour unebranche donnée. Cette progression sera éva-luée:

• par le jeune lui-même en mesurant le che-min parcouru depuis le moment où ces objec-tifs personnels avaient été fixés et en voyantdans quelle mesure il ou elle a fait “de sonmieux”;

• à partir du feedback des autres jeunes et duresponsable adulte sur les changements ob-servés dans le comportement du jeune au quo-tidien et sur les efforts consentis.

Une fois les critères remplis, le jeune passeraà l’étape suivante.

En ce qui concerne les centres d’intérêt parti-culiers, le progrès accompli sera mesuré sur labase de l’effort consenti, du degré de compé-tence acquis et de l’usage qui en aura été faitpour contribuer à la vie quotidienne du groupeou au succès de ses entreprises. Ainsi, la ma-nière d’être - les attitudes - est intégrée auxcritères d’évaluation, en termes d’aptitudes etde compétences acquises. Celui ou celle qui aappris à réparer un vélo et se met en colèrechaque fois que le jeune à qui il ou elle essaied’apprendre comment faire se trompe a en-core beaucoup à apprendre.

• Signifier les progrès accomplis

Les progrès accomplis doivent être reconnus.Il est normal qu’un jeune soit amené à se ren-dre compte des progrès accomplis et à en ti-rer une certaine fierté. Le jeune doit aussi sa-voir que les autres en ont pris conscience etles reconnaissent.

Quelques mots d’appréciation prononcés, pourreconnaître de manière informelle le progrèsaccompli, contribueront certainement à ren-dre plus forte la motivation interne d’un jeune.Mais une reconnaissance plus formelle revêtaussi une certaine importance. Ainsi, une pe-tite cérémonie à l’issue d’une séance d’évalua-tion offre une bonne occasion au groupe dereconnaître publiquement les progrès accom-plis par chacun. Pour signifier ce qui a étéréalisé, un badge, un brevet, une photo ou undessin donnera à la personne concernée lapreuve tangible que tout le monde a remar-qué ce qu’elle avait fait de spécial. Ce senti-ment de réussite contribue à renforcer sa mo-tivation pour aller de l’avant.

Bien sûr, les badges ou autres brevets de com-pétences ne sont pas destinés à couvrir lesuniformes ou à être exposés sur un mur pouren mettre plein la vue! Montrer que l’on a at-teint un certain niveau de compétence dans

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un domaine donné, c’est dire aux autres surqui ils peuvent compter s’ils ont besoin d’aide.

Mettre son savoir-faire au service du groupe,c’est une manière de prendre appui sur lesprogrès déjà accomplis, de mettre en pratiquece que l’on a appris et de faire en sorte qu’ilne soit pas seulement reconnu et apprécié dansl’action. Pour un membre de la branche aînée,passer son permis de conduire est un momentimportant, mais quelle joie pour celui qui saitque cela va lui permettre d’emmener tout lemonde en sortie.

La progression personnelle, élément intégral de laMéthode scoute

Comme nous l’avons vu, la progression per-sonnelle passe par le développement de con-naissances, de compétences et d’attitudes danstous les domaines et le développement inté-gral et équilibré de la personne en tant qu’in-dividu et que membre de la société. De cepoint de vue, le schéma de progression peutêtre particulièrement utile dans ce domaine.Pourtant, l’outil en lui-même n’a que peu d’uti-lité, tout dépend en fait de la manière dont ons’en sert. Dans le cas présent, c’est la Méthodescoute qui va faire marcher cet outil.

La conception ou l’enrichissement d’activitésdestinées à aider un jeune à développer ses

connaissances ou ses compétences est relati-vement facile. Toutefois, le fait que l’on re-tienne ce que l’on apprend ou que cela entrepar une oreille et ressorte par l’autre dépendessentiellement des centres d’intérêt que l’ona, du défi que cela représente, de l’utilité quel’on prête à ce que l’on entreprend, c’est-à-dire la mesure selon laquelle on pourra utili-ser ce que l’on a acquis.

Pour ce qui est des attitudes à développer, desactivités spécifiques sur la coopération, l’em-pathie (capacité de se mettre à la place del’autre), la paix, la compréhension, etc., peu-vent avoir une certaine utilité, essentiellementpour faciliter la prise de conscience d’un pro-blème.

Un changement durable dans ces domainesviendra moins d’activités spécifiques que dela manière dont les connaissances et les com-pétences seront mises en commun pour bé-néficier à l’ensemble du groupe, d’une expé-rience de vie en groupe en pleine nature, dusens que l’on donne au code de vie, des ha-sards de la vie en commun, d’une ambiancedans laquelle chacun soutient les autres, etc.

Dans ce sens, les activités de la vie quotidien-nes jouent un rôle tout aussi important quedes activités spécifiques pour stimuler le pro-grès individuel. Peut-être, par exemple ne

verra-t-on pas immédiatement le lien entre lapréparation du souper, une marche en équipeet le développement affectif de la personne. Ildevient pourtant bien réel dès que quelqu’unsouhaite discuter avec d’autres d’un problèmepersonnel.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LEDEVELOPPEMENT DU PROGRAMME...

Le schéma de progression doit:

• avoir été conçu en ayant à l’esprit la Mé-thode scoute dans son ensemble;

• être d’une grande simplicité et comporterdes points de repère faciles à identifier pourjalonner la progression;

• être attrayant pour les jeunes;

• permettre de motiver les jeunes et les aiderà progresser;

• être facile à comprendre et à utiliser par desjeunes, avec l’aide de responsables adulte;

• s’inscrire dans le cadre symbolique de latranche d’âge concernée;

• être adapté à l’âge des jeunes concernés;

• offrir un choix aux jeunes;

• être assez souple, tout en couvrant tous lesdomaines de développement, pour permettre

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aux jeunes d’y intégrer leurs objectifs person-nels en tenant compte de leurs centres d’inté-rêt, de leurs capacités et du contexte sociocul-turel dans lequel ils se trouvent.

En même temps, partie intégrante de la Mé-thode, la progression personnelle dépasse lecadre limité du schéma de progression. Il fautaussi que soit prise en compte la manière donttous les éléments de la Méthode contribue-ront à créer un environnement qui stimule lamotivation interne, procure encouragement etsoutien et contribue au développement inté-gral et équilibré de la personne.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA DIFFUSIONDU PROGRAMME...

Le schéma de progression doit être présentéde façon très claire aussi bien aux adultesqu’aux jeunes et il faudra prévoir des manuelsou fiches techniques à l’intention des jeunesdans chaque branche. Ces manuels ou fichesseront conçus pour:

• présenter le Mouvement et la branche con-cernée;

• développer l’application de la Méthode dansla branche (système d’équipes, cadre symbo-lique, etc.);

• présenter le schéma de progression (domai-nes de développement personnel et objectifséducatifs de branches);

• expliquer la manière dont les objectifs édu-catifs personnels seront déterminés au coursd’un échange entre le jeune et le responsableadulte; comment on les réalise à travers desactivités et la vie du groupe; la manière dontla progression sera évaluée et signifiée; dé-crire les domaines de compétences spécifiqueset les critères de qualification.

Il faudra aussi prévoir des outils équivalents àl’intention des responsables adultes.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA MISE ENŒUVRE DU PROGRAMME...

Introduction d’un nouveau dans le Scoutisme

S’il veut vraiment aider un jeune à prendre enmain son propre développement, le respon-sable adulte doit d’abord l’amener à s’intéres-ser au Scoutisme. Aussi passionnante quepuisse être la littérature scoute et même si toutce qui est décrit correspond bien aux centresd’intérêt des jeunes, ce qui compte, c’est laréalité qui doit absolument répondre aux at-tentes des jeunes.

Pour un nouveau, l’ambiance dans le groupe,ce qu’il perçoit de la relation des jeunes entreeux et avec leur responsable adulte, la ma-nière dont il se sent accueilli, jouent un rôledéterminant dans la décision de revenir ou nonaprès ce premier contact.

Développer la confiance en soi

Il appartient au responsable adulte de décou-vrir les talents et les savoir-faire de chacun etde fournir l’occasion de les utiliser. Il ne s’agitpas de pousser le jeune à se mettre en avantmais tout simplement lui permettre de ressen-tir le plaisir d’avoir pu “faire quelque chose”.

Quand un jeune “fait quelque chose” dans uneactivité, c’est aussi pour apporter quelquechose aux autres, ne serait-ce qu’un momentde détente, une distraction. C’est à travers celaque le nouveau se fera accepter par les autres,pourra sentir qu’ils l’apprécient et se sentirautile. En général, les jeunes sont sensibles àcela. Toutefois, si la situation est par trop arti-ficielle, ou visiblement utilisée de manière exa-gérée par le responsable adulte, cela pourraitdevenir extrêmement gênant pour le jeune lui-même et avoir l’effet contraire au but recher-ché.

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 55

De même, il appartient au responsable adultede découvrir les difficultés particulières d’unnouveau venu. Ainsi, il pourra éviter les situa-tions qui risqueraient de le mettre mal à l’aiseou de l’humilier. Pour l’adulte, ces difficultésseront évidemment autant de points sur les-quels il faudra travailler pour aider le jeune àles dépasser, en particulier quand il s’agira dedéfinir avec lui des objectifs personnels.

Aider le jeune à se fixer des objectifs personnels

Dès qu’un jeune a décidé de rester dans leMouvement, le moment est venu pour le res-ponsable adulte de l’aider à se fixer des objec-tifs personnels. Ceci peut se faire dans un dia-logue avec le jeune en question ou dansl’équipe si les jeunes s’y sentent suffisammentà l’aise.

Sans sortir du cadre général que constituentles objectifs de branche, l’adulte va:

• aider le jeune à voir en quoi ils correspon-dent à sa propre situation;

• évaluer avec lui le niveau qu’il a déjà atteintet ce qui reste à faire pour atteindre les objec-tifs fixés (sans oublier, si nécessaire, les diffi-cultés ou “problèmes” particuliers du jeune enquestion);

• élaborer avec lui un itinéraire pour progres-ser vers ces objectifs de manière très concrètecompte tenu des centres d’intérêt du jeune etavec des échéances clairement définies.

Ainsi, c’est chaque jeune qui élabore son plande développement personnel. Invitez-le àmettre ce plan par écrit, en utilisant des motsà lui, cela sera utile pour lui rappeler les enga-gements pris et, plus tard, évaluer le cheminparcouru.

Le responsable adulte, quant à lui, ne pourravéritablement apporter au jeune une aide utileque dans la mesure où il aura été capable d’es-timer si les objectifs retenus et les moyenschoisis pour les atteindre sont réellement à laportée de l’individu en question. Si la barreest placée trop bas, l’adulte pourra inviter lejeune à la remonter un peu. Si elle est placéetrop haut, le jeune risque de se découragertrès vite. En fin de compte, c’est au jeune lui-même qu’il appartient de se lancer un défi.Défini par quelqu’un d’autre, ce défi n’a plusde sens!

Accompagner le jeune dans sa progression

Voilà un vrai défi pour le responsable adulte:accompagner le jeune dans sa progression,l’aider à atteindre les objectifs de croissance

qu’il s’est lui-même fixés. En général, on trou-vera dans le schéma de progression proposépar l’association des idées d’activités suscepti-bles de concrétiser cette démarche. Cela nedispense pas le responsable adulte de réflé-chir lui-même sur chaque activité proposée etd’y ajouter quelque chose pour que chacunpuisse y trouver de quoi l’aider à progresservers ses propres objectifs tout en participant àla vie et aux activités du groupe et en appor-tant sa contribution personnelle à la réussitecollective!

Très souvent, le responsable devra prendre unpeu de recul, voir si tous les éléments de laMéthode scoute sont bien utilisés dans legroupe et les modifications éventuelles à ap-porter au fonctionnement.

Entretenir la motivation et aider à surmonter lesdifficultés

De la même manière que chaque personneprogresse à son propre rythme dans chaquedomaine du développement, son degré demotivation, son envie d’agir, passe par deshauts et des bas. Quand des jeunes commen-cent à réaliser qu’il n’est pas aussi facile qu’ilsle croyaient de prévoir les menus pour tout legroupe et pour la durée du camp d’été ouquand la construction du décor d’un spectacle

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prend du retard parce que l’auteur est lui-mêmebloqué sur son texte, le découragement n’estpas loin et les jeunes risquent de tout laissertomber!

La réaction du responsable adulte dépendraévidemment de la situation. Parfois, il suffirade laisser aux jeunes un moment de détente,le temps de s’amuser un bon coup mais,d’autres fois, cela ne suffira pas et l’adulte de-vra montrer qu’il n’est pas d’accord, qu’il estdéçu par le manque d’effort et de suite dansles idées.

Quand un jeune se heurte à une difficulté, lerôle de l’adulte est de l’aider à trouver lesmoyens de la surmonter et de mener à bience qu’il a entrepris. Se mettre à la place dujeune pour résoudre le problème ou lui don-ner la solution toute faite ne l’aide pas à pro-gresser et ne lui donne pas le sentiment d’avoirréussi quelque chose par lui-même. Estimerce qu’un jeune sera capable ou non de réali-ser, c’est quelque chose qu’un adulte doit faireà l’avance, pas dans le feu de l’action.

Faire en sorte que ce que chacun a appris serve augroupe tout entier

L’adulte a aussi pour rôle de faire en sorte quetous les talents, les savoir-faire et les connais-sance de chacun soient mis au service dugroupe tout entier. Pour y arriver, il faudra fairepreuve d’ingéniosité, enrichir toute activité outout projet de manière naturelle. Toutefois, lefait que quelqu’un ait décidé d’apprendre àanimer une réunion ne condamne pas cettepersonne à animer toutes les réunions, cha-que fois que l’occasion se présente, aussi long-temps qu’elle restera dans le Mouvement! Dansl’idéal, cette personne dirigera quelques réu-

nions pour se perfectionner puis apprendra àd’autres à le faire et restera disponible en casde besoin, si quelqu’un est malade par exem-ple.

Evaluer et signifier les progrès accomplis

Un jeune ne va pas se préoccuper de suivre saprogression à chaque instant. En fait, dans lefeu de l’action, chacun sera d’abord concentrésur la réussite de l’action entreprise.

C’est la raison pour laquelle, quand une acti-vité est terminée, le responsable doit consa-crer du temps, avec les jeunes, pour l’évaluer(dans le cas d’une activité menée en équipe,c’est l’équipe qui évalue mais s’il s’agit d’uneactivité de l’unité, c’est l’unité tout entière quien fait l’évaluation).

Bien sûr, il faudra relever ce qui a plu et ceque l’on n’a pas aimé, ce qui a marché et cequi n’a pas marché, les difficultés rencontréeset la manière dont on les a surmontées. C’estaussi le moment où chacun pourra exprimerce qu’il a tiré - ou ce qu’il avait espéré tirer -de l’expérience et ce qu’il essayera de faireautrement une autre fois.

Il existe des tas de manières de mener uneréunion d’évaluation mais, en tous les cas, ilne s’agit pas de donner à un jeune l’envie de

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Le Scoutisme, un système éducatif - Page 57

disparaître dans un trou de souris! Pour entre-tenir la motivation interne de quelqu’un il fautlui donner l’occasion de réaliser les progrèsqu’il a fait et de sentir qu’il a réussi quelquechose. Par ailleurs, chacun doit prendre cons-cience des points faibles sur lesquels il faudraencore travailler.

Dans ce domaine, une démarche collectivepeut s’avérer très utile. Chacun donnera sonpoint de vue et le responsable adulte deman-dera aux autres de réagir, de donner unfeedback. Cette démarche suppose que mêmeles critiques soient formulées en termes posi-tifs et il est important d’énumérer d’abord lescôtés positifs. A son tour, l’adulte donnera aujeune son feedback de la même manière. Ilpeut bien sûr prendre part directement à l’éva-luation, expliquer ce qui lui a particulièrementplu, ce qu’il a trouvé difficile, enrichissant pourlui, etc.

Si quelqu’un a fait un effort particulier, dansun domaine ou dans un autre, cet effort doitêtre reconnu et signifié quel qu’ait pu être lerésultat final obtenu. Après tout, chacun s’estengagé à faire de son mieux. Il n’est pas ques-tion d’introduire une comparaison quelconqueentre les uns et les autres à partir de ce qu’ilsont fait. Au terme de la séance d’évaluation,on reconnaîtra publiquement ce qui a été fait

dans le cadre du schéma de progression. Il yaura peut-être des applaudissements, mais, enplus, il faudrait remettre à chacun quelquechose de concret qui symbolise le résultatobtenu. Jusque vers 15 ans, un badge ou uncertificat semble convenir, au delà, il faudragénéralement prévoir autre chose comme, parexemple, un objet souvenir fabriqué par lesautres membres du groupe.

Célébrer ce que l’on a fait

Quand le projet se termine, quand le camps’achève et que l’on a mené la séance d’éva-luation, le moment est venu de célébrer, defaire la fête, pour refermer dignement ce cha-pitre avant de passer à autre chose. C’est aussile moment de s’élever, de rendre grâce pource qui a été réalisé. C’est enfin le moment, parexemple, d’associer les parents et les amis à lafête finale, en images et en musique, pourpartager ce que l’on a fait.

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“Tu peux leur transmettre ton amourmais pas tes pensées. En effet, ils ontleurs propres pensées.

Tu peux être hôte de leur corps mais pasde leur âme car leur âme habite lamaison des lendemains, celle que tu nepourras jamais visiter même en rêve.

Ne cherche pas à les façonner à tonimage car la vie ne remonte pas lecourant et ne s’éteint pas avec la fin dujour.”

- “Le Prophète”, Kalil Gibran.

“Il nous aide à devenir ce que nousvoulons être.”

- “L’Impact éducatif du Scoutisme: trois études de cas surl’adolescence”, OMMS, 1995.

LA RELATIONEDUCATIVE

DE QUOI S’AGIT-IL?

Dans le Scoutisme, la relation éducative passepar un partenariat jeune-adulte tant au niveauindividuel qu’au niveau collectif. Dans cetterelation de partenariat, le rôle de l’adulte con-siste à accompagner un processus d’auto-édu-cation en mettant en œuvre de manière adé-quate la proposition du Scoutisme et notam-ment ses but, principes et méthode.

Parce que, dans le Scoutisme, il s’agit d’ac-compagner un processus d’auto-éducation, larelation éducative n’est pas de même natureque la relation parent-enfant ou la relationenseignant-élève. Cette relation éducative, éta-blie entre jeunes et adultes, est un “partenariatéducatif”.

A QUOI CA SERT?

Partie intégrante de la Méthode, la relationéducative est destinée à stimuler le dévelop-pement du jeune. Pour cela:

• il établit entre jeunes et adultes un partena-riat basé sur le respect réciproque et l’accep-tation de l’autre comme personne à part en-tière;

• dans le cadre de ce partenariat, chacun estengagé, investit son temps et son énergie, par-

ticipe à la prise de décision, prend sa part deresponsabilité et contribue à créer un climatconstructif dont tous tireront profit;

• l’adulte est membre du groupe à part en-tière, il participe à ses aventures, partage sesdifficultés tout en s’efforçant à chaque instantde faire en sorte que toutes les conditionssoient réunies pour permettre le développe-ment continu des jeunes, dans le sens de laproposition éducative du Mouvement.

COMMENT ÇA MARCHE?

Un partenariat

Dans le Scoutisme, le partenariat s’établit li-brement. Jeunes et adultes sont ensembleparce qu’ils l’ont choisi et tous s’intéressentà ce que le Scoutisme leur propose.

D’un côté, les jeunes ont envie de participerà des activités intéressantes que, pour l’ins-tant, ils ne seraient pas en mesure d’organi-ser et de réaliser tout seuls. De l’autre, l’adultese retrouve parfaitement dans la propositionéducative du Scoutisme, s’intéresse au dé-veloppement des jeunes et trouve dans sonrôle d’accompagnement un enrichissementpersonnel. Ni l’un ni l’autre des deux parte-naires n’est un récipient vide, aucun des deuxne sait tout sur tout! Dans le Scoutisme cha-

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“Le Chef ne doit être ni un maître d’école,ni un officier commandant, ni un prêtre,ni un instructeur.

Il faut qu’il se mette dans la position d’ungrand frère, c’est-à-dire qu’il voie leschoses du point de vue des garçons, qu’illes dirige, les guide, les enthousiasme dansla bonne direction.”

- “Guide du Chef éclaireur”, R. Baden-Powell.

“Il y a des chefs que les gens CRAIGNENT.

Il y a des chefs que les gens HAISSENT.

Il y a des chefs que les gens AIMENT.

Mais lorsque les meilleurs des chefs ontterminé leur travail, les gens disent: ‘Cela,nous l’avons accompli tout seuls’ “.

- Lao Tzu, philosophe chinois.

que partenaire peut apprendre de l’autre, cha-cun complète l’autre.

Le rôle du responsable adulte

Ce rôle consiste à accompagner chaque jeunedans son développement:

• en présentant ce que le Scoutisme propose,en expliquant comment ça marche et en indi-quant ce qui est attendu en retour, de la partdu jeune;

• en aidant chaque jeune à se familiariser avecles éléments de la Méthode et en faisant en

sorte qu’elle soit utilisée à plein. Cela va ducode de vie du groupe à la progression per-sonnelle, en passant par le fonctionnement del’unité (un regroupement d’équipes), le par-tage des responsabilités, ce que le responsa-ble adulte prendra en charge et ce que lesjeunes devront faire eux-mêmes, etc.;

• en étant bien conscient de la dynamique dugroupe et en y réagissant correctement demanière à entretenir une ambiance d’ouver-ture et d’accueil, constructive et motivante;

aussi responsable de la sécurité physique etaffective de tous les jeunes et du progrès dechacun dans la ligne fixée par la propositiondu Scoutisme. Il ne saurait donc abdiquer deson rôle de responsable. L’équilibre à mainte-nir entre amitié et autorité dépend largementdu degré de maturité du groupe de jeunes àun moment donné dans une situation don-née. A l’adulte de trouver lui-même le meilleuréquilibre;

• en aidant à la fois chaque jeune et le groupe.Le responsable adulte doit savoir s’appuyersur sa connaissance de chaque jeune pour trou-ver avec lui les meilleures pistes de progres-sion tout en se souciant de faire entrer les cen-tres d’intérêt du jeune et les objectifs éducatifsdans le projet du groupe et dans ses activités.Plus le groupe sera capable de réussir et plus

• en adoptant un style d’animation équilibréentre une attitude amicale (destinée à encou-rager les jeunes) et d’autorité (pour remettreles jeunes dans la bonne direction). Le res-ponsable n’est pas un général ou un chef d’en-treprise auquel il faut obéir sans restriction. Ilest là pour stimuler les idées, les initiatives etla participation à la prise de décision. Il est

“Les principes du Scoutisme sont tousorientés dans la bonne direction. Lesuccès dans leur application dépend duChef et de la manière dont il s’y prend.”

- “Guide du Chef éclaireur”, R. Baden-Powell.

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chaque jeune tirera quelque chose de sa pré-sence dans le groupe.

QUELQUES CONSEQUENCES POUR LEDEVELOPPEMENT DU PROGRAMME...

Bien que la préparation des adultes à remplirleur rôle soit en général l’affaire de l’équipechargée des ressources adultes, le groupechargé du développement ou de la révisiondu programme des jeunes est lui aussi con-cerné.

Par exemple, est-ce que les outils pédagogi-ques que les jeunes et les adultes ont à leurdisposition leur permettent d’agir en partenai-res? Laissent-ils aux jeunes une place assezgrande pour faire des choix et exercer des res-ponsabilités? Jusqu’à quel point et commentfaut-il faire évoluer le rôle tenu par les adultes- y compris leur relation avec les jeunes - pourl’adapter au degré de maturité des jeunes?

Ceci souligne l’importance d’une collaborationtrès étroite entre responsables du programmedes jeunes et responsables des ressources adul-tes.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA DIFFUSIONDU PROGRAMME DES JEUNES...

Le responsable adulte a reçu de son associa-tion la charge de diffuser, promouvoir et met-tre en œuvre la proposition éducative du Scou-tisme. Pour cela, il lui faut avoir une bonneconnaissance - et une bonne compréhension- des valeurs qui sous-tendent le but, les prin-cipes du Mouvement, ainsi que de sa méthode,pour pouvoir s’y identifier. Il lui faut aussi con-naître les phases de développement du jeuneet les objectifs éducatifs généraux.

En même temps, l’adulte travaille avec ungroupe de jeunes en chair et en os et il lui fautun certain degré de maturité personnelle pourpouvoir leur offrir par le Scoutisme quelquechose de plus que des activités. Le Scoutisme,système éducatif, ne sera qu’une pure théorietant qu’il n’est pas vécu dans un groupe dejeunes.

Il faut donc se poser quelques questions:

• Est-ce que les responsables adultes ont biencompris la proposition éducative du Mouve-ment sous tous ses aspects?

• Sont-ils capables de passer de la théorie à lapratique et de proposer aux jeunes une expé-

rience à travers laquelle ils apprendront quel-que chose?

• Comment aider ces adultes à faire d’une si-tuation difficile une expérience enrichissantepour les jeunes?

• Comment les aider à passer de la reproduc-tion d’activités toutes faites à la conceptiond’activités originales en partant des idées émi-ses par les jeunes eux-mêmes?

• Comment les aider à animer un groupe endonnant aux jeunes de plus en plus de place,la possibilité de prendre l’initiative et d’assu-mer des responsabilités?

• Comment leur apprendre à faire, de toutesles activités de la vie quotidienne du groupe,des occasions d’enrichissement et d’appren-tissage pour tous les membres du groupe?

Bien entendu, cette liste n’est pas limitative,ce ne sont là que quelques-unes des ques-tions que l’on pourrait se poser.

QUELQUES CONSEQUENCES SUR LA MISE ENŒUVRE DU PROGRAMME...

La mise en place du genre de soutien et deprésence adulte que suppose la pratique duScoutisme est un élément essentiel de la dé-

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marche éducative proposée. Les jeunes ontbesoin d’établir une relation constructive avecdes adultes, une relation différente de cellequi peut exister à la maison ou à l’école. Ilsn’ont pas besoin de substituts de parents oud’enseignants.

L’adulte, de son côté, ne doit pas considérerles jeunes comme des adultes en réduction(ce qu’ils ne sont pas) mais comme des per-sonnes à part entière. Quel que soit leur âge,les jeunes ont besoin d’être respectés et desentir que leurs soucis, leurs craintes ou leursespoirs sont pris au sérieux. Ceci ne signifiepas que l’adulte doive approuver tout ce qu’ilsfont, bien au contraire. Il doit cependant re-garder au-delà des apparences, chercher àcomprendre ce qui se passe et réagir de ma-nière constructive. Qu’il n’oublie jamais quelui aussi est un être humain, avec ses forces etses faiblesses. Les jeunes n’attendent pas d’unadulte qu’il soit parfait, ils attendent de lui qu’ilsoit vrai.

Au bout du compte et quelle que soit la qua-lité des outils produits au niveau national, lavaleur de l’expérience éducative dépendd’abord et avant tout de l’aptitude du respon-sable adulte à comprendre les jeunes avec les-quels il travaille, à s’adapter à leurs centresd’intérêt et à leurs besoins, sans perdre de vue

les objectifs éducatifs poursuivis. De ce pointde vue-là, plusieurs facteurs interviennent pourdonner à l’expérience vécue un réel impactéducatif.

Citons notamment: les objectifs éducatifs pour-suivis, les activités auxquelles les jeunes parti-cipent, la dynamique qui s’instaure dans legroupe et son mode de fonctionnement. Enfin de compte, c’est du savoir-faire éducatifdu responsable adulte que dépend le fonc-tionnement harmonieux et coordonné de tousces éléments. Ainsi, une activité de simulationne suffit pas pour apprendre aux jeunes à pren-dre des décisions et à en assumer les consé-quences. Il faut aussi des situations réelles oùils auront l’occasion d’exprimer leurs idées,leurs opinions, ce qu’ils préfèrent, de négo-cier pour arriver à un accord et de s’aperce-voir que les choses ne sont pas aussi facilesqu’ils ne les imaginaient. Il faut passer parl’exercice de vraies responsabilités.

Dans une groupe nouvellement constitué, ilne faudrait pas que le responsable adulte s’ima-gine que tous les éléments de la Méthode vontfonctionner de manière quasi automatique.Pour former de vraies équipes, par exemple,il faut un certain temps! L’adulte aura besoinde temps et de patience mais quelle satisfac-tion quand tout se mettra en place.

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CONCLUSION Nous espérons que cette brochure vous auraaidé à réfléchir à toutes les richesses que com-porte le système éducatif scout. En utilisant cesystème sous tous ses aspects au niveau localet en faisant jouer tous les éléments de la Mé-thode scoute dans tout ce qui est proposé auxjeunes, on pratique un Scoutisme d’une trèsgrande richesse.

Nous n’avons pas abordé les activités dans unchapitre spécial. Bien que les activités consti-tuent un élément essentiel du Scoutisme, cen’est pas la nature même d’une activité (parexemple un raid dans la nature ou un serviceà la communauté) qui fait d’elle une “activitéscoute” ou non. Ce n’est pas non plus l’objec-tif éducatif qu’elle est sensée permettre d’at-teindre qui lui confère cette qualité. Si l’onconsidère le Scoutisme comme un “systèmeéducatif” (c’est-à-dire comme incluant la tota-lité de ce que les jeunes font dans le Mouve-ment, y compris tout ce qui constitue la viequotidienne d’un groupe, comme par exem-ple s’installer au camp ou faire son sac), lesactivités ne sont qu’un moyen de mettre laMéthode scoute en application. Ainsi, c’est àtravers les activités pratiquées que les jeunesréalisent les objectifs éducatifs fixés, appren-nent à vivre ensemble, etc. Les activités sontdonc un élément indispensable à la pratiquedu Scoutisme et au fonctionnement du sys-

tème éducatif. Toutefois, en elles-mêmes, el-les ne sont qu’un vecteur.

Système d’éducation holistique de la personne,le Scoutisme est forcément complexe. Commeun diamant, il a de multiples facettes. En enregardant une, nous devrions y voir le refletde toutes les autres. Pourtant, complexe neveut pas dire compliqué et Baden-Powelln’était pas un professionnel de l’éducation.Mais il avait un esprit créatif, il comprenait lesjeunes et s’intéressait à eux. Il avait beaucoupde bon sens et de l’humour.

Ces qualités-là, et une bonne compréhensionde ce que le Scoutisme essaie de faire et desmoyens qu’il propose seront nos meilleursoutils pour réussir.

“...L’éducation holistique doit prendreen compte les multiples facettes... de lapersonnalité humaine, et tendre ainsi àla réalisation de ce rêve éternel: un êtrehumain parfaitement accompli vivantdans un monde où règne l’harmonie.”

- “L’Education: un trésor est caché dedans”, Rapport à l’UNESCOde la Commission internationale sur l’éducation pour le vingt etunième siècle, 1996.

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