UN SELLIER HORS DU COMMUN Olivier de Mestral ou l’amour du … · 2018-02-28 · on commence...

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- En quoi consiste votre travail? - Le sellier fabrique un objet en cuir cou- su à la main, en opposition au maroquinier qui a généralement recours à la machine. Ce travail manuel – qui utilise le fameux «point sellier» - est particulièrement long et fastidieux. Mais le résultat est une couture très résistante, ce qui est important pour les selles d’équitation notamment. Par ailleurs, la couture à la main est très belle et per- met d’utiliser des fils en lin ou en chanvre. Des spécialisations existent, comme le sel- lier-bourrelier et harnacheur, qui s’occupe de l’attelage et de l’équipement des chevaux (selles, harnais, brides, courroies, etc.). Le sellier- maroquinier, quant à lui, fabrique une diversité d’articles haut de gamme, tou- jours cousus à la main. - La Suisse a une tradition ancienne de sellerie. A quand remonte-t-elle? - A la fin du XIX e siècle, avec une apogée dans les années 1950-1960, quand l’armée com- UN SELLIER HORS DU COMMUN Olivier de Mestral ou l’amour du cuir C’est un métier en voie de disparition: on ne trouve plus que 40 selliers en Suisse. Parmi eux, Olivier de Mestral, ancien banquier reconverti aux métiers du cuir, nous a reçu dans son atelier niché au cœur de Nyon. Interview. 20 ARTISANAT TOUT L’IMMOBILIER • N O 861 • 19 JUIN 2017 au cambriolage Portes blindées Spheris E130 Blocs-Portes Serrures multipoints Coffres-forts Coffres-forts Anti-feu Portes pour villas Anti-feu COFFRECLÉS SERVICE 11, rue Dizerens – 1205 Genève Tél.: 022 809 56 36 www.coffreclesfavre.ch la nouvelle serrure fichet qui révolutionne la sécurité Olivier de Mestral dans son atelier.

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Page 1: UN SELLIER HORS DU COMMUN Olivier de Mestral ou l’amour du … · 2018-02-28 · on commence toujours par dessiner la selle, pour se mettre d’accord sur les dimensions et les

- En quoi consiste votre travail? - Le sellier fabrique un objet en cuir cou-su à la main, en opposition au maroquinier qui a généralement recours à la machine. Ce travail manuel – qui utilise le fameux «point sellier» - est particulièrement long et fastidieux. Mais le résultat est une couture très résistante, ce qui est important pour les selles d’équitation notamment. Par ailleurs, la couture à la main est très belle et per-met d’utiliser des fi ls en lin ou en chanvre. Des spécialisations existent, comme le sel-lier-bourrelier et harnacheur, qui s’occupe de l’attelage et de l’équipement des chevaux (selles, harnais, brides, courroies, etc.). Le sellier- maroquinier, quant à lui, fabrique une diversité d’articles haut de gamme, tou-jours cousus à la main.

- La Suisse a une tradition ancienne de sellerie. A quand remonte-t-elle? - A la fi n du XIXe siècle, avec une apogée dans les années 1950-1960, quand l’armée com-

■ UN SELLIER HORS DU COMMUN

Olivier de Mestral ou l’amour du cuirC’est un métier en voie de disparition: on ne trouve plus que 40 selliers en Suisse. Parmi eux, Olivier de Mestral, ancien banquier reconverti aux métiers du cuir, nous a reçu dans son atelier niché au cœur de Nyon. Interview.

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T O U T L ’ I M M O B I L I E R • N O 8 6 1 • 1 9 J U I N 2 0 1 7

au cambriolage• Portes blindées Spheris E130• Blocs-Portes• Serrures multipoints• Coffres-forts• Coffres-forts Anti-feu• Portes pour villas• Anti-feu

au cambriolage

COFFRECLÉS SERVICE11, rue Dizerens – 1205 GenèveTél.: 022 809 56 36www.coffreclesfavre.ch

• Coffres-forts Anti-feu• Portes pour villas• Anti-feu

la nouvelle serrure fichet qui

révolutionne la sécurité

Olivier de Mestral dans son atelier.

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mandait beaucoup de matériel en cuir cou-su main: une qualité d’objets enviée partout dans le monde. La sellerie est donc tradition-nellement liée à l’armée. La plupart de mes amis selliers ont d’ailleurs un attachement émotionnel particulier à un ceinturon ou un étui en cuir qu’ils ont utilisé du haut de leurs 18 ans à l’Ecole de recrues.

- Comment apprend-on le métier?- Les apprentis-selliers doivent suivre un CFC d’artisan du cuir et du textile. J’engage parfois des jeunes en formation, la diffi cul-té étant que ceux-ci viennent souvent avec de faux espoirs: ils imaginent qu’ils verront tout le temps des chevaux, ce qui n’est pas le cas. De mon côté, je me suis formé chez Jean Müller, un artisan-sellier qui avait son atelier à Genève. En tant que banquier, je me ren-dais régulièrement chez lui par plaisir, pour qu’il m’enseigne son art. Le jour où il a pris

sa retraite, j’ai continué à faire des stages çà et là. Après 10 ans de banque, j’ai passé mon CFC de sellier, en candidat libre.

- Quels sont vos principaux domaines d’activité?- Le cheval m’occupe une bonne partie de l’année, de février à la fi n de l’été environ. Les selliers connaissent généralement bien le monde du cheval; ce sont des cavaliers ou des passionnés de sport équestre. Je fa-brique aussi beaucoup d’objets liés à la chasse: cela va du tabouret pour la battue à la cartouchière, en passant par la sangle ou la housse de fusil. Et enfi n, la maroquine-rie, avec des commandes de pièces uniques de luxe (sacs et serviettes, ceintures, étuis, porte-documents, etc.). Mon associée, an-ciennement avocate, est tapissière. C’est un métier cousin du sellier, car il nécessite les mêmes techniques et outils. Et les clients

sont identiques: en effet, celui qui vient re-faire son crapaud Louis XVI aura les moyens de s’offrir une ceinture ou une sacoche sur mesure, et réciproquement…

- Comment procédez-vous pour concevoir une selle d’équitation?- On va tout d’abord prendre les mesures du cheval: garrot, épaules, longueur du dos. Puis on fabrique un arçon, une pièce en bois et métal sur laquelle seront tendues, agrafées et cousues toutes les parties en cuir. Ces selles sur mesure et cousues à la main conviennent bien aux chevaux qui ont des défauts ou des sensibilités particulières. Elles sont aussi de-mandées par des cavaliers de compétition, qui recherchent une précision extrême avec leur monture. Comme pour les autres objets, on commence toujours par dessiner la selle, pour se mettre d’accord sur les dimensions et les détails. Ce «dessin-devis» permet de se rendre compte de la diffi culté de l’objet à réaliser et de tout le protocole de montage. Le plan doit en effet être réglé de A à Z, car le cuir est trop diffi cile, trop rare et trop cher pour qu’on s’autorise à faire des essais.

- Quelles sont vos perspectives d’avenir?- Ce qui m’intéresserait un jour serait d’avoir un atelier élargi, regroupant toutes les spé-cialités ou sous-métiers du cuir, de manière à créer un véritable centre de compétences. Car pour les artisans, il est souvent diffi cile d’être de bons commerciaux, d’avoir des réseaux, de communiquer et de vendre leurs talents… Ce serait une bonne chose de sélectionner les meilleurs d’entre eux et de les faire travailler, à l’image des gérants de fortune, selon leur va-leur ajoutée. On pourrait transposer le modèle de la banque à l’artisanat…un exercice entre-preneurial intéressant! ■

Propos recueillis par Véronique Stein

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