Un professionnel au service du son - APHRODITES MELODY

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L’histoire de la marque Etudiant en physique à Lausanne, Stefan Kudelski construit son premier enregistreur portatif autonome en 1951. Le nom Nagra signifie fort opportunément « ça enregistre » en polonais. Ce prototype est suivi de quelques modèles Nagra I assemblés avec les meilleurs composants alors disponibles. Deux Nagra I achetés par Radio Genève sont emmenés en expédition sur l’Everest par Raymond Lambert. La renommée de qualité, mais surtout d’extrême fiabilité de la marque naît à cette période. En 1957, le Nagra III rivalise avec les meilleurs magnétophones de studio non portables sur le terrain de la qualité sonore. C’est une première pour un modèle de seulement cinq kilos. Conçu intégralement avec des transistors, le III possède un contrôle électronique de la vitesse. Pour couvrir les jeux Olympiques de Rome en 1960, la RAI passe commande d’une centaine de Nagra III. C’est aussi à cette période que sont lancés les magnétophones d’instrumentation, utilisés pour le développement industriel. Avec cette branche, Nagra renforce son expertise aussi en matière de métrologie. En 1964, la société fait l’acquisition d’un grand terrain à Cheseaux-sur-Lausanne destiné à recevoir la nouvelle usine, qui sera achevée et totalement opérationnelle trois ans plus tard. Durant les années 1970, Nagra élargit son offre avec des modèles spécifiques pour le cinéma, les industries du disque, un usage en instrumentation acoustique, les reporters de terrain, les utilisateurs professionnels à budget limité et les applications de sécurité. En 1980, le groupe Kudelski SA (désormais le nom de la société) fait ses premiers pas dans le domaine de la vidéo, avec un enregistreur portable 1 pouce. Un accord est signé avec Ampex pour la distribution de l’Ampex/Nagra VPR-5. C’est en 1989 que Canal+ décide de remplacer tous ses décodeurs par le système Decodex, développé par NAGRAVision, la division de Kudelski SA créée pour développer toutes les activités de télévision à péage. André, fils de Stefan, remplace son père à la tête de Kudelski SA en 1991. Le millionième décodeur fabriqué sous licence NAGRAVision quitte l’usine. L’équipe de développement de l’enregistreur numérique Nagra-D livre son premier prototype. En 1996, le groupe Kudelski reçoit un Emmy Award de la « National Academy of Television Arts and Sciences » en reconnaissance de ses efforts dans le développement de la télévision payante aux Etats-Unis. Enfin, en 1997, Nagra fait ses débuts sur le marché des produits audiophiles. Les produits phare En 1960, alors en plein essor, Nagra lance le SN, un modèle de magnétophone pas plus grand qu’un portefeuille. Il déclenche l’enthousiasme des preneurs de son et devient célèbre par sa présence au générique de la série télévisée américaine Mission impossible. Le Nagra IV sort en 1969. Il est équipé de transistors au silicium. Ce sera assurément l’un des modèles les plus représentatifs de la marque et il sera décliné dans un grand nombre de versions pour différentes applications. Il conservera un record de longévité. En 1992, l’enregistreur numérique professionnel Nagra D est officiellement lancé à l’AES de Vienne. Sa genèse a duré plus de dix ans, mais les résultats sont éloquents. Avec le préamplificateur PL-P présenté en 1997, Nagra décide de se lancer sur le marché des produits audio haut de gamme pour les mélomanes. Il s’agit d’un préampli à tubes alimenté par batteries autonomes. Il est en outre équipé d’une entrée phono universelle. Et malgré cela il se présente dans le coffret hypercompact des enregistreurs professionnels. L’année suivante, le constructeur suisse propose deux amplificateurs de puissance bien différents. Le MPA est un modèle stéréophonique à transistors MosFet développant 250 W par canal sous 8 ohms et doté d’une alimentation à découpage brevetée. Le MPA est bridgeable en mono et peut recevoir un module de pré-amplification optionnel qui le transforme en intégré. Les VPA, quant à eux, sont des blocs mono à tubes triodes 845 en push-pull. Le seul point commun de ces deux références est le châssis en aluminium. En 2003 apparaissent des blocs de puissance de forme pyramidale, les PMA (mono) et PSA (stéréo), suivis de peu par une version « simplifiée » du PL-P, le PL-L. Il s’agit d’un préampli ligne avec alimentation séparée classique. C’est en 2005 que Nagra sort sa gamme de lecteurs, composée de trois références. Le CDT est un simple transport, le CDP un lecteur intégré et le CDC un lecteur intégré équipé d’un étage de pré-amplification. Ce dernier est donc doté du fameux galvanomètre rond emblématique de la marque et d’un potentiomètre motorisé. Inutile de dire que c’est la version qui se vend le mieux ! HISTORIQUE 70 NAGRA DANS LE MONDE DE L’AUDIO PROFESSIONNEL, NAGRA EST UN MYTHE DONT LA PUISSANCE EST DIRECTEMENT LIEE A LA SOUVERAINETE DE SES PRODUITS ET A LEUR EXCEPTIONNEL POTENTIEL. AVEC UNE TELLE AURA, IL ETAIT QUA- SIMENT IMPOSSIBLE AU CONSTRUCTEUR SUISSE DE NE PAS RAYONNER AVEC AUTANT DE LUSTRE SUR LE TERRAIN DE LA HI-FI D’EXCEPTION. Un professionnel au service du son

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L’histoire de la marqueEtudiant en physique à Lausanne, Stefan Kudelski construit son premierenregistreur portatif autonome en 1951.Le nom Nagra signifie fortopportunément «ça enregistre» enpolonais. Ce prototype est suivi dequelques modèles Nagra I assemblésavec les meilleurs composants alorsdisponibles. Deux Nagra I achetés parRadio Genève sont emmenés enexpédition sur l’Everest par RaymondLambert. La renommée de qualité, mais surtout d’extrême fiabilité de lamarque naît à cette période. En 1957, leNagra III rivalise avec les meilleursmagnétophones de studio non portablessur le terrain de la qualité sonore. C’estune première pour un modèle deseulement cinq kilos. Conçuintégralement avec des transistors, le IIIpossède un contrôle électronique de lavitesse. Pour couvrir les jeux Olympiquesde Rome en 1960, la RAI passecommande d’une centaine de Nagra III.C’est aussi à cette période que sontlancés les magnétophonesd’instrumentation, utilisés pour ledéveloppement industriel. Avec cettebranche, Nagra renforce son expertiseaussi en matière de métrologie. En 1964,la société fait l’acquisition d’un grandterrain à Cheseaux-sur-Lausanne destinéà recevoir la nouvelle usine, qui sera

achevée et totalement opérationnelle trois ans plus tard. Durant les années1970, Nagra élargit son offre avec desmodèles spécifiques pour le cinéma, lesindustries du disque, un usage eninstrumentation acoustique, les reportersde terrain, les utilisateurs professionnelsà budget limité et les applications desécurité. En 1980, le groupe Kudelski SA(désormais le nom de la société) fait ses premiers pas dans le domaine de la vidéo, avec un enregistreur portable 1 pouce. Un accord est signé avec Ampexpour la distribution de l’Ampex/NagraVPR-5. C’est en 1989 que Canal+ décidede remplacer tous ses décodeurs par le système Decodex, développé parNAGRAVision, la division de Kudelski SAcréée pour développer toutes les activitésde télévision à péage. André, fils deStefan, remplace son père à la tête deKudelski SA en 1991. Le millionièmedécodeur fabriqué sous licenceNAGRAVision quitte l’usine. L’équipe dedéveloppement de l’enregistreurnumérique Nagra-D livre son premierprototype. En 1996, le groupe Kudelskireçoit un Emmy Award de la «NationalAcademy of Television Arts andSciences» en reconnaissance de sesefforts dans le développement de latélévision payante aux Etats-Unis. Enfin, en 1997, Nagra fait ses débuts surle marché des produits audiophiles.

Les produits phareEn 1960, alors en plein essor, Nagra lancele SN, un modèle de magnétophone pasplus grand qu’un portefeuille. Ildéclenche l’enthousiasme des preneursde son et devient célèbre par sa présenceau générique de la série téléviséeaméricaine Mission impossible. Le Nagra

IV sort en 1969. Il est équipé detransistors au silicium. Ce seraassurément l’un des modèles les plusreprésentatifs de la marque et il seradécliné dans un grand nombre deversions pour différentes applications. Il conservera un record de longévité. En1992, l’enregistreur numériqueprofessionnel Nagra D est officiellementlancé à l’AES de Vienne. Sa genèse aduré plus de dix ans, mais les résultatssont éloquents. Avec le préamplificateurPL-P présenté en 1997, Nagra décide dese lancer sur le marché des produitsaudio haut de gamme pour lesmélomanes. Il s’agit d’un préampli àtubes alimenté par batteries autonomes. Il est en outre équipé d’une entrée phonouniverselle. Et malgré cela il se présentedans le coffret hypercompact desenregistreurs professionnels. L’annéesuivante, le constructeur suisse proposedeux amplificateurs de puissance biendifférents. Le MPA est un modèlestéréophonique à transistors MosFetdéveloppant 250 W par canal sous 8 ohms et doté d’une alimentation à découpage brevetée. Le MPA estbridgeable en mono et peut recevoir unmodule de pré-amplification optionnel quile transforme en intégré. Les VPA, quantà eux, sont des blocs mono à tubestriodes 845 en push-pull. Le seul pointcommun de ces deux références est le châssis en aluminium. En 2003apparaissent des blocs de puissance deforme pyramidale, les PMA (mono) et PSA(stéréo), suivis de peu par une version«simplifiée» du PL-P, le PL-L. Il s’agitd’un préampli ligne avec alimentationséparée classique. C’est en 2005 queNagra sort sa gamme de lecteurs,composée de trois références. Le CDT est un simple transport, le CDP un lecteurintégré et le CDC un lecteur intégrééquipé d’un étage de pré-amplification. Ce dernier est donc doté du fameuxgalvanomètre rond emblématique de lamarque et d’un potentiomètre motorisé.Inutile de dire que c’est la version qui se vend le mieux!

HISTORIQUE

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NAGRA

DANS LE MONDE DE L’AUDIO PROFESSIONNEL, NAGRA EST UN MYTHE DONTLA PUISSANCE EST DIRECTEMENT LIEE A LA SOUVERAINETE DE SES PRODUITSET A LEUR EXCEPTIONNEL POTENTIEL. AVEC UNE TELLE AURA, IL ETAIT QUA-SIMENT IMPOSSIBLE AU CONSTRUCTEUR SUISSE DE NE PAS RAYONNER AVECAUTANT DE LUSTRE SUR LE TERRAIN DE LA HI-FI D’EXCEPTION.

Un professionnelau service du son

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Fidèle à l’esthétique haut degamme et au design ultra-com-pact propre à la marque, le

CDC comporte une section pré-amplificatrice analogique qui auto-rise la connexion directe à unamplificateur de puissance. Lemécanisme de lecture est constituéd’un tiroir motorisé qui facilite le char-gement du disque en sortant entière-ment de l’appareil. Le tiroir dumécanisme de lecture comporte, enfaçade, un afficheur très lisible etréglable en luminosité sur cinqniveaux. Certes, son mouvementgagnerait à être plus rapide et plussilencieux, mais l’extrême finessedes assemblages et des mouve-ments garantit un fonctionnementidéal lors de la lecture par la méca-nique montée sur silent-blocs etd’origine Philips car dérivée de lafameuse CD Pro 2. La qualitéd’usinage du système de translationlinéaire est telle qu’il est tout à faitpossible de soulever l’ensemble del’appareil en le prenant par le tiroirsorti. Un palet presseur usiné dans lamasse complète le dispositif de lec-ture. Les étages de conversion béné-ficient d’un blindage qui les immunisecontre tout rayonnement et interfé-

rence électromagnétique. La cartede conversion est équipée d’unconvertisseur deux canaux 24 bits44,1 kHz, ce qui correspond aux spé-cifications du CD suréchantillonné 8fois. A l’issue de la conversion, lesignal est traité par des amplis opé-rationnels haut de gamme AnalogDevice OP284, Burr Brown DRV134pour la symétrisation et OPA 551.Sous la carte de conversion setrouve l’horloge qui fonctionne à33,86 MHz, soit 768 fois la fréquenced’échantillonnage, ce qui a un impactsur la réduction du jitter.Vu de l’extérieur, la face avant très«Nagra» comporte un modulomètreaffichant l’enveloppe du signal, uncontrôle de volume et un sélecteurde fonction, tous en aluminium taillédans la masse. L’ensemble est com-plété par trois petits interrupteurschromés qui permettent le saut deplage, l’ouverture et la fermeture dutiroir de chargement et le choix de lasortie entre symétrique XLR, asymé-trique RCA ou casque. Enfin un der-nier réglage permet d’intervenir sur labalance. Il faut en fait s’habituer àune interface utilisateur inhabituelle.En face arrière, outre les sorties ana-logiques, se trouvent les sorties

numériques symétriques AES/EBU,coaxiale S/PDIF, optique Toslinkpour utiliser le CDC en transportavec un DAC externe de haute voléeet le faire encore progresser en qua-lité de restitution. La face arrièrecomporte aussi le connecteur à ver-rouillage qui relie le CDC à son ali-mentation externe. Celle-ci seprésente sous la forme d’un boîtiermétallique séparé relié au secteur.

ECOUTELes moyens mis en œuvre et en par-ticulier l’étage pré-amplificateur inté-gré ont permis d’obtenir desrésultats d’écoute simplementexceptionnels. Nous avons écouté leCDC en le connectant directement àune paire de blocs de puissancemonophoniques Nagra PMA etavons apprécié une écoute très ana-logique, très fluide et particulière-ment musicale. La neutralité tonaleest de mise, les timbres sont de trèsgrande qualité avec une sensationmarquée d’ouverture et de transpa-rence. Le CDC est capable de nousfaire ressentir l’intention des inter-prètes et l’émotion de l’œuvre. Enoutre, la scène sonore bénéficied’une image 3D impressionnante de

vérité. Chaque instrument est à saplace et l’image n’est pas projetée,évitant ainsi la caricature. Lesenceintes s’effacent alors que la pré-sence des interprètes et des instru-ments est frappante. La voix deRichard Bona ou le doudouk deDidier Malherbe en sont de vibrantstémoignages. De son côté, la dyna-mique n’est pas en retrait et permetune excellente lisibilité tout en auto-risant une énergie sans retenuecomme sur la bande-son de Gladia-tor. En fait, l ’ensemble de ces qualités permet au CDC d’être extrê-mement musical et de nous faireoublier la technique et l’analysesonore. Avec son préamplificateurintégré, le lecteur de CD CDC Nagrase destine aux audiophiles à larecherche de l’excellence en matièrede restitution musicale. Nagra a maî-trisé sa conception et sa fabricationde telle façon que toute la musicalitédes œuvres se trouve restituée avecprécision et naturel. La prestigieusemarque suisse a abouti avec le CDCun lecteur remarquable qui lui faithonneur. La qualité de la fabricationest de très grande classe et le CDCse hisse au plus niveau en devenantune référence dans sa catégorie.

BANC D’ESSAI NAGRA

Origine : Suisse – Prix : 13 450 eurosDimensions : 310 x 254 x 75 mmRéponse en fréquence : 20 Hz (0 dB) à 20 kHz (- 1 dB)

LECTEUR CD CDC

La marque suisse réputée pour la qualité hors pair deses enregistreurs professionnels s’est diversifiée maisn’a jamais abandonné l’audio et s’est dotée d’une gam-me haute-fidélité destinée aux audiophiles les plus exi-geants. Le lecteur CD CDC en est l’un des fleurons.

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En 1951, Stefan Kudelski, d’origine polo-naise, fonde en suisse la société Nagra etcrée son petit magnétophone portable à

bande – le Nagra 1 – qui va marquer de sonempreinte le monde de l’audio professionnel. Enpolonais, Nagra veut dire « on enregistre ».Aujourd’hui, l’entreprise Kudelski Group SAemploie plus de 2 000 personnes dans ledomaine du son et de l’image. La divisionAudio représente une trentaine desalariés dont le cœur de métier est ledéveloppement de produits parmilesquels les produits haute-fidélité.Pour Nagra, la création d’un amplifi-cateur à tubes n’est pas une nou-veauté. Elle a déjà réalisé despré-amplificateurs à tubes ECC81 etECC83 et surtout un amplif icateur àtriodes 845. Une des particularités évi-dentes de l’intégré 300i est son extrêmecompacité car, si les amplificateurs 300B sontloin d’être nouveaux, la création d’un push-pull de300B aussi compact relève de l’exploit. Bien sûr,pour Nagra, s’attaquer à la star des triodes, celleque Western Electric a popularisé avec ses ampli-ficateurs de public Address WE91A et WE92A, nepouvait se faire que dans le cadre d’une réalisa-tion et d’une conception hors norme qui, aprèsdeux ans d’étude, en ferait un moment fort del’histoire de la haute-fidélité. Le châssis respectela ligne et la signature visuelle des autres produitshaute-fidélité de la marque. Les plaquesd’aluminium qui le constituent reçoivent un bros-sage fin et leurs arêtes sont adoucies. L’ensemblerepose sur des plaques de découplage VFS. Lafaçade a un air de famille marqué avec le lecteurCDP et l’association des différents produits de lamarque ne créera aucune rupture esthétique. Laface avant reçoit un modulomètre qui, selon laposition du commutateur rotatif qui l’accompagne,permet de lire le courant de repos des tubes dechaque branche du push-pull, leur équilibre et leniveau d’écoute. Au centre de la façade, le boutonde contrôle de volume est suivi à sa droite de celuide la balance puis du sélecteur de source et enfindu commutateur rotatif de mise en fonction et deMute. La face arrière comporte une entrée symé-trique sur XLR d’origine Neutrik et trois entrées

asymétriques surRCA dorées d’origineWBT. Les sorties pour enceintes4, 8 et 16 ohms sont également desWBT, elles sont situées au dos du bloc trans-formateur. Ce bloc est livré séparé du châssisprincipal et mis en place lors de l’installation. Eneffet, les transformateurs de sortie sont montésdans un boîtier en aluminium qui constitue undemi-cylindre et qui vient, grâce à des pions decentrage, se positionner de telle façon que leconnecteur multibroche de liaison avec le châssisprincipal soit parfaitement aligné. Ce bloc trans-formateur vient prendre place entre les deuxcylindres abritant les condensateurs de filtrage dela haute tension. Chaque tube se voit refroidi parconvection, un usinage ayant été ménagé à ceteffet autour du support céramique. Le respect desnormes CE se traduit par la présence d’uncylindre de protection en verre autour de chaquetube. Lors du remplacement de tube, un réglagede polarisation devra être effectué, le potentio-mètre correspondant se situe sur la face supé-rieure à proximité des tubes eux-mêmes. Nagra a

su sortirdes sentiers

battus en met-tant en œuvre

les techniques lon-guement éprouvées

dans ses produits pro-fessionnels en lieu et place du classique montageen l’air effectué manuellement. Les six circuitsimprimés disposés autour de l’énorme transfor-mateur torique maison comportent huit couches àpistes dorées et ils accueillent la plupart du tempsdes composants discrets dont une grande partieest montée en surface. Le contrôle de volume estconfié à des potentiomètres motorisés Alps, lessélecteurs sont d’origine Elma et la commutationdes sources s’effectue par des relais situés auplus près des entrées. Les sorties passent par destransformateurs toriques maison empilés dans leboîtier déjà évoqué rempli d’un amortissant à lasilicone. Ce sont des transistors bipolaires quigèrent les étages drivers attaquant les grilles des300B montées en push-pull. Le schéma sans

INTEGRE 300iOrigine : Suisse – Prix : 17 750 euros (300i) 14 750 euros (300p) bloc stéréo seul.Dimensions : 280 x 225 x 230 mm – Puissance : 2 x 20 watts sous 8 ohms

Le tout nouvel amplificateur intégré Nagra, le 300i, a été présenté au CES de Las Vegas.Cette réalisation hors norme meten œuvre la mythique triode 300Bsous la forme d’un push-pull mis au point et construit avec la rigueur et l’exigence habituelle à la marque helvète.

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contre-réaction intègre des protections dans lecas d’un tube manquant ou défectueux,d’absence des transformateurs de sortie ou si leniveau de courant est trop important.

ECOUTENous avons privilégié l’écoute en liaison symé-trique avec le lecteur, celle-ci s’étant révéléebénéfique par un apport de matière, en particulierdans le registre grave et par un meilleur équilibretonal. Avec notre jeu de câbles de référence, larestitution était très légèrement montante en liai-son asymétrique. La restitution met l’accent sur lenaturel et le réalisme : une fois de plus, si lescourbes et autres mesures des tubes 300B nesont pas parfaites, l’écoute, elle, est simplementmagique. Le 300i joue extrêmement juste etdélivre un message riche en harmoniques.L’écoute nous a semblé évidente, comme fami-lière. A l’inverse d’un très bon amplificateur à tran-sistors ou numérique, le 300i ne fait pas dans ledémonstratif. Il ne manque pourtant ni de vivacité,ni d’énergie et offre une certaine souplesse dansl’extinction des notes et dans leur développement,ce qui favorise une grande expressivité du tissumusical. A l’écoute du « Dies Irae » du Requiemde Mozart par Harnoncourt, cet intégré nous aprouvé qu’il respecte parfaitement les plus finsécarts de modulation et le séquencement dechaque note (attaque, maintien et retombée) :aucun détail ne manquait, chaque note étantreproduite avec une grande richesse harmoniqueet une très grande justesse. Sur la piste « LikeJT» du CD Companion de Patricia Barber, le bat-teur nous fait profiter de la frappe de sesbaguettes sur les peaux qui claquent avec fran-chise. Les cuivres génèrent un bouquetd’harmoniques tout en déployant une énergie

remarquable. Le 300i nous gratifie d’un surcroîtde définition et de subtilité qui se traduit par ungain en réalisme. Il excelle dans la création d’uneimage en relief avec une très grande précisiondans le positionnement des interprètes qui accroîtl’impression de réalisme et de présence. Il n’estpas nécessaire de fermer les yeux ou de se plon-ger dans l’obscurité pour bénéficier d’une scènesonore en 3D tant celle-ci s’impose à l’auditeur.

Ces caractéristiques sont très rares même avecdes produits beaucoup plus onéreux, toutes tech-nologies confondues. Bien que ne connaissantpas la polarisation des tubes, il semble plausibleque le fonctionnement du 300i reste en classe Ajusqu’à environ 15 W, ce qui, allié au principe dedriver les 300B par des transistors, peut conduireà cette sensation unique et à la restitution trèsaérienne du Nagra même à très fort niveaud’écoute. L’analyse de la transparence nous apermis de constater que les enceintes sont parfai-tement contrôlées y compris dans le grave. Ceregistre bénéficie d’une belle extension et d’unréel aplomb, ce qui prouve que lorsque le schémaest performant la 300B n’est pas aussi limitée enbas que ce que l’on veut bien croire. Le médium est typiquement naturel, fruité etcharnu, toujours avec cette présence et cettemusicalité qui n’attirent que des éloges. L’aigu, lui,est filé, délicat, fluide et sans brillance ni agressi-vité. En conclusion, nous avons apprécié unequalité exceptionnelle de fabrication perceptibleaussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. La puissance disponible reste modeste mais,même si le 300i apprécie les enceintes à hautesensibilité, il a prouvé qu’il maîtrisait aussi celles àrendement moyen. Le prix du watt Nagra ne faitpas du 300i un produit de diffusion de masse,mais il est parfaitement justifié tant cet intégréconstitue un produit d’exception. Les exploitsmusicaux dont il est capable témoignent de laqualité du schéma mis au point par Nagra qui réa-lise un compromis remarquable entre rigueur ducomportement dynamique des circuits et musica-lité envoûtante de la triode 300B. L’écoute adépassé nos espérances, la restitution étant rienmoins que somptueuse.

BANC D’ESSAI NAGRA

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De par ses dimensions iden-tiques à celles d’autres élé-ments haute-fidélité Nagra

tels que les pré-amplificateurs ou leslecteurs de CD, l’amplificateur depuissance stéréo MSA peut êtresuperposé à ceux-ci, d’autant plusqu’i l est en parfaite cohérenceesthétique. En revanche, le trèsmassif dissipateur thermique sur-plombant le MSA impose qu’il soitdisposé en position supérieure. Cet élégant radiateur permet auxtransistors de débiter leur puissancesans crainte la moindre montée entempérature de façon anormale. En façade, sur la droite, se trouve ledésormais traditionnel sélecteurrotatif de mise en et hors fonction quicomporte en outre les fonctions Auto et Mute. Sur la gauche, lemodulomètre à aiguilles affiche lapuissance distribuée en sortie del’amplificateur. La face arrière com-porte en entrée deux connecteursXLR symétriques et, en sortie, lesbornes HP. Une prise dorée de miseà la masse du boîtier est disponibleainsi que deux prises banane per-mettent le pontage des étages depuissance pour convertir le MSA enbloc mono. Dans cette configuration,la capacité en courant ainsi que la

puissance sont doublées, ce qui per-met une grande évolutivité puisquede bloc stéréo 2 x 60 W il devientbloc mono 1 x 120 W. La puissancedu MSA a été calibrée de façon àpouvoir conserver un design com-pact et pouvoir être utilisé avec laplupart des enceintes. En effet, augmenter encore la puis-sance conduit à des concessionsliées à la stabilité des bancs de tran-sistors, à la dissipation thermique età l’encombrement. Au-delà du ren-dement, une caractéristique impor-tante des enceintes acoustiques estleur courbe d’impédance. En fonc-tion de la fréquence, l’amplificateurvoit l’impédance de l’enceinte varierparfois brutalement, ce qui met la stabil i té des circuits à rudeépreuve. Face à cet enjeu, Nagra adéveloppé son alimentation PFC(Power Factor Correction). Cette alimentation se comporte pourle réseau comme une résistancepure : il y a d’une certaine façondécouplage entre l’alimentation et leréseau. L’alimentation PFC est trèsefficace et génère très peu de perteénergétique, parfaitement régulée ;elle reste stable lorsque la chargeaugmente et sait répondre quasi ins-tantanément à la demande des

étages de puissance. La structurede l’alimentation PFC la différenciedes alimentations à découpagehabituelles, l’absence de transfor-mateur « fly-back » et de circuit« snubber » supprime les pointschauds correspondant. C’est un transformateur torique de200 VA qui abaisse la tension à lavaleur requise par les étages depuissance (± 35 V) et c’est à partir decette tension que seront obtenuesles autres valeurs nécessaires auxdifférents circuits.

ÉCOUTELe MSA s’est révélé extrêmementsubtil et de couleurs tonales trèsvariées. La richesse harmonique estexceptionnelle et l’équilibre spectralparfait. Du grave profond à l’aigu à lafois sobre et frais, tout est à sa place,et la musique coule avec élégance etpureté. Le MSA joue la musique sansaucun stress, certes il ne procure pasdes impacts foudroyants, mais ilassure une lisibilité hors pair même àfort volume et sans aucun tassementde dynamique ni la moindre agressi-vité. Profonde, large et tridimension-nelle, la scène sonore proposée par leMSA respire. Les plans sonores sontbien différenciés, comme sur le der-nier opus du trio E.S.T. où les musi-ciens sont facilement situés dansl’espace et l’ambiance du studio par-faitement ressentie. Lumineux sur lescuivres, ciselé sur les cymbales, fin etraffiné, le MSA offre une écoute trèsdétaillée et de haut niveau. L’écouteest très réaliste et parfaitement modu-lée. Issu d’une longue réflexion, trèscompact et très abouti, le Nagra MSAfera à n’en pas douter partie des classiques de la haute-fidélité. Pro-fondément musical, parfaitementhomogène, évolutif et polyvalent, il sedestine à l’audiophile mélomane à larecherche de la plus grande qualité etd’une absolue fiabilité.

BANC D’ESSAI NAGRA

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Origine : Suisse – Prix : 8 500 eurosDimensions : 270 x 110 x 230 mm – Poids 10 kgPuissance : 2 x 60 watts RMS stéréo 8 ohms

AMPLI MSA

Fidèle à sa charte esthétique et à son design, Nagra,avec le MSA, a créé un amplificateur compact prenantainsi à contre-pied la tendance générale. Cette électro-nique devrait pouvoir piloter la plus grande majorité desenceintes du marché.