UN PIONNIER DU BATAILLON DE CPhilippe Collemant

Avant tout, je voudraisrendre hommageà tous les hommes

ayant combattu au sein dubataillon français de l'ONUen Corée de 1950 à 1953.Ils se sont couverts de gloireet ont fait l'admiration deleurs frères d'armes du23rd Infantry Régiment dela 2e division américaine,auquel ils furent rattachés.

Le Bataillon français recevra en Corée quatrecitations à l'ordre de l'armée, trois citations présiden-tielles américaines et deux citations présidentiellescoréennes.

Philippe Collemant, mon frère, est né le 24 no-vembre 1926. A 26 ans, il se porte volontaire pour laCorée. C'est un ardent patriote, comme le démontrentses états de service et ses nombreuses décorations.

Au moment où d'autres poursuivaient leurs occupa-tions quotidiennes sous le joug allemand, il participaitaux côtés de son père aux taches obscures, rudes etdangereuses d'un réseau de résistance.

En septembre 1944, engagé volontaire pour la duréede la guerre, il rejoint le Régiment d'Infanterie Colonialedu Maroc. Il n'a pas encore 18 ans et participe auxcampagnes d'Alsace et d'Allemagne dans l'Armée DeLattre de Tassigny, avant de partir pour l'Indochineavec la 9e DIC.

Il en reviendra rapatrié sanitaire, frappé commebeaucoup à l'époque de dysenterie, ce qui lui vaut desmois d'hôpital et de sanatorium.

Plaque d'identité françaisede P. Collemant. Comme sesautres effets personnels, ellefut renvoyée à ses parents.

Ci-contre.Portrait souvenir du 1er juin

1945, avec le RICM del'armée De Lattre.

Ci-dessus.Porte-monnaie personnel.

A gauche.Passage au camp de Fréjus,le 5 mars 1952.

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A droite.À bord de La Marseillaise,

mars 1952. La tenue estencore française: chemise

et short, avec cependant lebéret et et les insignes du

bataillon au col.

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Dominique COLLEMANTen collaboration avec l'association Crèvecœur

La CoréeMais la guerre s'allume en Corée. À force de persé-

vérance, il réussit à être de nouveau apte au serviceet passe les tests de recrutement au camp d'Auvoursprès du Mans, où se présentaient les volontaires pourle bataillon français.

Il embarque sur le paquebot des MessageriesMaritimes La Marseillaise le 7 mars 1952 avec le DR8(détachement de renfort n° 8) du Bataillon.

À cette époque, le voyage vers le Japon durait unmois, par le canal de Suez, Djibouti, Colombo, Sin-gapour, Saïgon, Manille, Hong-Kong et Yokohama.

Après quelques jours au centre de transit du CampDrake, près de Tokyo, Philippe traversa le Japon entrain à destination du port de Sasebo pour rejoindrePusan, en Corée du sud.

De là, voyage en train jusqu'à Séoul puis en camionvers le front où il arriva avec ses camarades le 12 avril1952 dans le secteur de Kumhwa au-dessus du 38e

parallèle. Le chef du Bataillon français de l'ONU étaitalors le colonel François Borreil.

Militaria Magazine 354

ORÉECarte postaledu Caire, envoyée lorsde l'escale à Port Saïd

POST G A R D

P. Collemant est versé en compagnie derenfort et participe à ses premiers combats.Pendant une période de repos au camp deKapyong, il se porte alors volontaire pour lasection des pionniers d'assaut, comman- n • . idée par le lieutenant Jean Roger, décoré dela Silver Star américaine.

Cette section est toujours affectée en avant-poste,participe à des opérations de renseignements en ter-ritoire ennemi et à des actions de sabotage. Commeme l'a dit le colonel Jean Roger: « De toute ma carrière,la section des pionniers fut la plus belle unité que j'aicommandé, et où régnait un esprit sensationnel decamaraderie. »

T-Bone et Arrow-headPhilippe Collemant participe à la bataille du T-Bone

(juillet-août 1952) et il écrit alors à son père: « Je suistellement fier de me battre pour une si grande causeet d'être dans un bataillon qui force toute l'estime desAméricains. » (juillet 1952)

« Mon devoir de soldat est pour moi mon seul idéalque je m'efforce de remplir le plus honorablementpossible. « (août 1952)

En octobre, le lieutenant François Perron, para-chutiste de la Légion, prend le commandement de lasection. Il se rend avec quatre groupes sur le terrain

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Insigne du béret,fabrication Drago.

Bracelet en argentacheté au Japon.

Ci-contre.En opérations, 1952.

Collemant pose enarrière des lignes avec un

hélicoptère Bell H-13, ici munide paniers pour évacuation

sanitaire.

Ci-contre.En escale vers la Corée.

En bas à droite.Au dos de la photo estinscrite la légende: « Ceci estl'insigne de mon régiment. »

Porté sur une chaînetteautour du cou, un ouvre-boîtes de rations américain,et une breloque souvenir d'unpassage dans l'île de Beauté.

devant la position d'Arrow-Head où se trouve la 1re

compagnie.Les pionniers sont en position avancée. Ce sera

l'une des plus terribles batailles de la guerre de Corée.Dès le 5 octobre, c'est un déluge d'artillerie, de mor-tiers et d'orgues de Staline qui s'abat sur Arrow-Head.25000 obus seront tirés sur le Bataillon. La sectiondes pionniers (49 hommes) se sacrifiera le lendemainface à un régiment chinois constitué de plus de 2000hommes...

« Dès qu'il a appris l'assaut mené contre les pion-niers, ces garçons qu'il avait commandé depuis près

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ECOND TO «OHE75

Mlltarta Magazlm 354

Un pionnier de la section d'assaut du Bataillon français de l'ONU

Ci-contre.Au repos au camp deKapyong, 1952. Collemant,qui porte la barbetraditionnelle de la sectionde pionniers, est habilléd'un maillot de corps etd'un pantalon de treillis HBTépoque seconde guerremondiale, complété d'unlarge ceinturon fantaisieacheté au Japon, avec unegrosse plaque en laiton.

A gauche.Autre cliché à Kapyong.

A droite.Diplôme de la médaillecommémorative française.

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(...',.„ ,/'Gf,./,.

/?„.«,.,. le soldat de 2'el.

COLLEMANT Philippe

B.F O.N.U

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12 MSI 1953

Ci-dessous.Tableau des médailles etinsignes de P. Collemant.

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d'un an et dont il avait cédé le commandement àPerron il y a seulement trois jours, le lieutenant Rogera tenu à se porter sur Arrow-Head. Contre tout espoir,il espère, il ne veut pas croire que tout est fini. Unrapide examen des lieux l'a mis en face de la réalité.Sa section n'existe plus... »1

Sur les 49 hommes de la section, 18 sont mortsau champ d'honneur, trois seront portés disparus, 16seront blessés, dont deux faits prisonniers.

« À gauche, quelques pionniers continuent d'arriver.L'un d'eux, Collemant, a eu le bras arraché. Dans leravin, au pied de la colline, il dit à son copain Leva-vasseur: "Le terrain est miné, alors laisse-moi passerdevant..." // mourra dans la nuit. » 1

Voici ce qu'écrira le lieutenant Roger à mes parents:« J'ai écrit que votre fils avait poussé l'amitié jusqu 'ausacrifice suprême, car c'est en assurant le repli d'uncamarade blessé qu'il a trouvé la mort du soldat, dumagnifique soldat qu 'il était. »

Philippe Collemant, déjà titulaire de la Croix de

EXTRAIT

du DÉCRET an date du . Avril I .publié au J. O. du • ;rli I .'

de Iji "éi^l-lo "i-lta.ira

AKTICU !• .aille rcilitaira, lesdont les nocia suivent i

A TIT-. ____

___

guerre 39-45 avec étoile de vermeil, a reçu égalementen Corée pour faits de guerre la médaille militaire

et la croix de guerre avec palme. n

1. Erwan Bergot, Bataillon de Corée.

Ci-contre.Béret noir du Bataillon français, ayantappartenu à Philippe Collemant.

COLLEIAJTT ïhllUpe, "ûrlej, Paul - 1° - Bitalllon Tança

luttant de tout jjenier ordre.

"dents combate menés par ion«Dans la nul-

. • ' ' r,Se), xet"bleeoô au cours d'un 3c»tat ^u scr.is J corps. n"eL"poursuivi la lutte. .. tretnré une nort -lorieuae en

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C/-dessous.Diplôme de la Médaille Militaire.

Citation pour l'attribution dela médaille militaire à titreposthume.

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L'ASSOCIATION CREVECŒUR

« Étant le seul groupe en France à représenter les sol-dats français du bataillon de l'ONU en Corée (1950-1953),notre thème reste inchangé depuis huit ans maintenant.

Forts d'une quinzaine de membres, c'est par le biaisde la reconstitution historique et des expositions quenous organisons, que nous essayons au mieux de rendrehommage aux volontaires du bataillon ainsi qu'aux vété-rans avec qui nous sommes régulièrement en contact.

Notre association a aussi pour but de faire découvrirau grand public l'histoire de ces 3421 hommes et leurparticipation à la guerre de Corée, une « guerre oubliée ».

Notre rencontre avec Dominique Collemant s'est faiteil y a quelques années maintenant par le biais de notre

Ci-contre.Ce volontaire de la section despionniers, ancien de la Coloniale,prend la pose en tenue de sortie,afin d'envoyer ce cliché à safamille. Le foulard noir est portéà la section en souvenir de leurscamarades tombés lors de labataille de Putchaetul, en mai 1951,surnommée •< le massacre demai. » La fourragère est auxcouleurs de la croix de guerre desTOE, pour deux à trois citations.Un des ferrets est retenu parle Combat Infantryman Badgeaméricain (cf. Militaria 355). Côtédroit, on observe un brevet deparachutiste américain, ainsi queles rubans encadrés de la citationprésidentielle coréenne et de lacitation présidentielle américaine,deux récompenses collectives.Au collet sont épingles l'écussondu bataillon et l'insigne du 23rdInfantry.(Reconstitution, photo Crèvecœur)

Sergent de la section de pionniers,notez le port de l'insigne sur le

béret et d'un insigne métallique dela 2d Infantry Division au col de lachemise. Le sous-officier a enfiléune Parka M-1951 sans doublure

pour se protéger du vent.(Reconstitution, photo Crèvecœur)

forum. Il y administre un magnifique sujet sur son frère,où photos et documents l'agrémentent quotidiennement,mais aussi un travail remarquable de recherche sur lasection des pionniers, ce qui lui a permis de retrouverde nombreux camarades de son frère.

Ce post reste aujourd'hui le plus conséquent (34pages), et le plus visité (près de 29000 vues).

Par la suite, c'est lors d'une de nos expositions sur leBF-ONU que nous avons enfin rencontré Dominique etson épouse. Une partie de cette expo était dédiée à sonfrère, ce qui l'a beaucoup ému.

Depuis maintenant six ans. Dominique continue deposter sur nos lignes et à nous rendre régulièrement visitesur nos différentes manifestations. Il a sa place entièredans la grande famille qu'est Crèvecœur.

Mail: Asscrevecoeur@gmail.comForum: http://bf.onu.en.coree.vraiforum.comPage Facebook: CREVECOEUR Bf-Onu en Corée

Ci-dessous.Quelques pionniers accompagnés d'un médecinaspirant. Au premier plan, agenouillé à gauche,ce volontaire porte un blouson américain ornéd'un passant de permissionnaire bleu à l'épaulegauche. Différentes subdivisions d'arme sontreprésentées par le port de l'écusson 1945français sur la manche gauche: Légion, Coloniale,infanterie métro. Tous sont chaussés des bottesaméricaines M-1949 ou des Rangers.La devise des pionniers du BF-ONU était: « Lasueur épargne le sang », leur surnom:les rabouins.(Reconstitution, photo Crèvecœur)

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COLLECTION ET DE L'HISTOIRE VIVANTE

MARS 2015

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