Un petit degré de plus. Quo vadis, la Terre

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MENS: een indringende en educatieve visie op het leefmilieu Dossiers en rubrieken didactisch gewikt en gewogen door eminente specialisten M ilieu- E ducation, N ature & S ociété MENS : une vision incisive et éducative sur l’environnement Approche didactique et scientifique 36 Juil-Août-Sept 07 Revue scientifique populaire trimestrielle Un petit degré de plus. Quo vadis, la Terre ?

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MENS:een indringendeen educatievevisie op hetleefmilieu

Dossiers en rubriekendidactisch gewikten gewogen dooreminente specialisten

M i l i eu-Educat ion,Nature &Société

MENS :une vision incisiveet éducative sur l’environnement

Approche didactiqueet scientifique

36 Juil-Août-Sept 07 Revue scientifique populaire trimestrielle

Un petit degré de plus. Quo vadis, la Terre ?

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Le réchauffement : un électrochoc planétairepar Hugo Verlomme

Le processus est toujours le même au seuil d’un grand bouleversement : vient d’abord lapeur. Au secours, notre planète est menacée ! Plus personne ne peut l’ignorer aujourd’hui,car la Terre se manifeste de la façon la plus visible : les dérèglements climatiques. C’estcomme un patient qui apprend qu’il a un cancer : vient d’abord un sentiment de chutelibre, de fatalité, puis une période de réflexion ; on veut alors tout savoir, tout comprendre,sur le mal qui nous ronge. Comment et pourquoi se produit-il et surtout : quels sont lesmoyens de guérir ? Certains malades ont ainsi effectué un tel travail sur eux-mêmes(hygiène et cadre de vie, paix spirituelle, alimentation saine, exercice, etc.) qu’une foisguéris, après des années de lutte acharnée, ils se sont retrouvés en meilleure formequ’avant de tomber malades.De la même façon, le réchauffement climatique constitue à lui seul un fantastique électro-choc planétaire. Voilà pourtant des décennies que les uns et les autres tirent la sonnetted’alarme sur la santé de notre biosphère, cette planète qui est aussi un être vivant — « Gaïa ». Mais les hommes ne croient que ce qu’ils voient, aussi fallait-il des événementsspectaculaires, planétaires, visibles du ciel, pour mobiliser l’opinion mondiale sur autrechose que des guerres. Ce n’est pas un hasard si le Prix Nobel de la Paix n’a pas étédécerné cette année à un « anti-guerre », mais plutôt à ceux qui nous font prendre cons-cience des conséquences de ces dérèglements climatiques (Al Gore et le GIEC, expertstravaillant sur l’évolution du climat). Cela montre bien l’urgence de la situation.Ces dérèglements ne sont que la partie visible de l’iceberg (qui fond). Et leur cause évidente contient en elle la façon de guérir : améliorer notre mode de vie en le rendantmoins polluant. Tout le monde y gagne. Désormais nos activités ne doivent plus se mesurer en taux de croissance mais en termes d’émissions de gaz à effet de serre et d’analyse du cycle de vie et doivent s’inscrire dans un authentique développement durable.Convaincus de l’urgence, des millions de gens se mettent à faire attention à leur façon devivre, de consommer et de produire. Dans cette course de vitesse, chaque geste compte :une maison écologique, des courses bio, des matériaux sains, des transports qui ne polluentplus, des objets qu’on réutilise ou qu’on recycle, toutes ces initiatives et bien d’autres,vont dans le bon sens. Ce qui est bon pour nous l’est aussi pour la planète. Finalement,ces terribles bouleversements climatiques qui nous bousculent pourraient bien servir derévélateurs et nous pousser à agir rapidement dans le bon sens.Le monde est en pleine mutation, des îles sont rayées de la carte, inondations, crues, sub-mersions et érosion redessinent nos côtes et nos frontières. L’une des conséquences

majeures du réchauffement — trop sous-estimée — est la montéedes eaux. Au moment où la population mondiale explose, les terresrétrécissent. Ce qui s’annonce n’est peut-être donc pas seulementune conversion à un mode de vie plus écologique, mais un véritableretour des humains vers leur élément d’origine, l’Océan.

Hugo Verlomme est écrivain et journaliste, auteur de nombreux romans etlivres sur l’environnement et la mer. Derniers ouvrages parus : La Guerre dupochon, Paradoxes pour un écocitoyen (Éditions Yago) et Le Fantôme desplages (Gallimard Jeunesse).

Table des matières

Avant-propos© Tous droits réservés Bio-MENS 2007

‘MENS’ est une édition de l'asbl Bio-MENSA la lumière du modèle de société actuel, elle perçoit une éducation scientifique objective comme un de ses objectifs de base.

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Rédacteur en chef et rédaction finale :Dr. Geert [email protected]

Rédaction centrale :Lic. Karel BruggemansProf. Dr. Roland CaubergsDr. Guido FrançoisLic. Liesbeth HensLic. Lieve MaeseeleLic. Els GrietenLic. Chris ThoenDr. Sonja De Nollin

Infos, abonnements, promotions et relations extérieures :Corry De BuysscherTe Boelaarlei 23, 2140 AntwerpenTél.: 03 312 56 56 – Fax: 03 309 95 [email protected]

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Editeur responsable :Prof. Dr. Roland ValckeReimenhof 30, 3530 [email protected]

Chère planète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Le climat évolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Un groupe international d’experts du climat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Le rapport Stern . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Existe-t-il un consensus sur le climat ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Pour en savoir plus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Une course à obstacles difficile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Adaptation et atténuation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Horribile (?) dictu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Économiser n’est pas une tâche désagréable. C’est une stratégie intéressante. . . . . . . . 15Économiser l’énergie à la maison : une mine d’or . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Une percée : la maison à trois litres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Étape suivante : la maison à deux litres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19Encore mieux : la maison à un litre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Encore plus fort : la maison passive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Quelque chose de plus ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Solvay et Solvin soutiennent l'information scientifiqueindépendante, ainsi que le périodique MENS, pourguider les jeunes de manière nuancée au travers desquestions scientifiques et sociétales complexes.

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Ce dossier a été réalisé par Dr Guido François, UER Epidémiologie et Médecine sociale, Universiteit Antwerpenavec la collaboration de Prof. Oscar van der Borght, Universiteit Antwerpen Frank van den Heuvel, Delta n.v., Middelburg, Pays BasXavier van Kesteren, SolVin s.a.

Un petit degré de plus.Quo vadis, la Terre ??

Chère planèteLa pensée dominante impose que le gâteau économique nesoit pas obligatoirement réparti de manière équitable entretous les habitants de la Terre. Comme si cela ne suffisait pas, cegâteau doit aussi continuer à grandir, de préférence sans limiteet jusqu’à la fin des temps. N’est-ce pas merveilleux ? Thesky is the limit !

Que faisons-nous ? La planète Terre est petite et sur-peuplée. Ses ressources sont limitées et nombre deses systèmes sont fragiles par nature. La raisonveut donc qu’on soit prudent dans leur gestion etque l’on se comporte avec le sens des responsabi-lités. Et que nous montre la pratique ? Il est parfoisdifficile de contrôler les hommes et ils souffrent sou-vent d’un insatiable besoin d’agir. C’est leur nature,vous le savez bien. Paving paradise to put up a parking lot, comme le chantait déjà Joni Mitchell.

Heureusement, nous sommes aussi les heureuxpossesseurs d’une intelligence (relativement)développée et d’une certaine consciencemorale. Dès lors, nombreux sont ceux quiestiment aujourd’hui qu’une réflexion sur lesort de la Terre et le bien-être des générations

futures n’est pas trop demander. Cela n’a pas toujours été lecas. À l’époque, nous étions moins nombreux et nos activitésne possédaient pas une envergure suffisante pour influencerfondamentalement la planète. Depuis, la population terrestre aatteint plus de six milliards – et bientôt beaucoup plus, sansmême nous en rendre compte – et nous avons colonisé la

planète jusque dans ses recoins les plus reculés. De plus,notre activité économique a pris un envol remar-

quable en quelques siècles.

Les nombreux effets secondaires de ces phé-nomènes ont depuis longtemps dépassé leniveau local et se manifestent progressive-ment pour tous. Le problème devient donc

l’affaire de tous. Le sens des responsabilitésvis-à-vis de l’avenir de cette extraordinaire

Terre n’est plus seulement fondé sur des con-sidérations morales mais aussi pratiques.

Nous empruntons la planète, elle ne nous appar-tient pas. Cette pensée peut se révéler motivante ;nous pouvons tenter de modérer notre tendanceà l’avidité et à la surconsommation. L’une desprincipales raisons qui devrait nous amener àmodifier notre façon de vivre est le changement

climatique.

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Le climat évolueLe climat change, voilà qui est clair com-me de l’eau de roche. Il y a quelquesannées, notre magazine a déjà consacréun numéro passionnant à ce thème (« Leclimat dans l’embarras », MENS n° 43,2001). Vous trouverez dans cette éditionune multitude d’informations essentiellessur les événements climatiques. Pour ensavoir plus, lisez aussi un résumé dans lesrubriques « Par quoi le climat est-il inf-luencé ? » et « L’atmosphère terrestreet le climat » sur le site de MENS

(www.magazinemens.eu).

Sur le terrain, la situation poursuit sonévolution et le monde scientifique ne serepose pas non plus sur ses lauriers. Lesmodèles sont affinés et les hypothèsestestées. C’est ainsi que croît la connais-sance de l’évolution du climat et que

l’on sait qui est responsable dequoi. Et surtout, que l’on sait

s’il est possible d’agir et sioui, comment ? Il est évi-dent qu’on ne peut

pas rester sans rien faire. Il faut agir, carnous voulons que la Terre reste vivableencore très longtemps. Le présent numé-ro de Mens est principalement consacréaux données et analyses les plus récentes.

Ce qui suit porte sur notre époque et surles attentes que nous avons pour le siècleou les siècles à venir. Il est vraisemblableque la Terre connaîtra une nouvelle èreglaciaire dans 10.000 à 40.000 ans etc’est une information très intéressante,mais concrètement, nous pouvons diffici-

lement imaginer ce qu’il se passerait.

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Encadré 1. Changement climatique et biodiversité

Nombreuses sont les plantes et les animaux qui prospèrent dans des condi-tions climatologiques assez dures. Si leschangements se produisent lentement,ils ont peut-être le temps de s’adapterou, en cas de nécessité, d’émigrer versdes habitats plus adéquats. Si ces changements se produisentrapidement, les conséquences peuvent être très néfastes. Si laTerre se réchauffe, des problèmes surviendront dans les zonesmédionales de l’aire de répartition de nombreuses espèces,dans l’hémisphère Nord. Il y fait déjà trop souvent tropchaud et trop sec. Cela pourrait entraîner la disparition denombreuses espèces. Ce n’est évidemment pas le cas dansles parties septentrionales plus froides de l’aire de répartition,car les conditions deviennent plus favorables grâce auxtempératures en hausse.

L’invasion de migrants dans des habitats évolutifs peut avoirun impact sur les espèces indigènes et provoquer une con-currence directe, sur terre, dans l’air ou dans la mer. Mais lalutte n’est pas obligatoire. Le sphinx colibri, par exemple,n’était présent qu’en Europe méridionale il y a quelquesannées, mais depuis on le trouve également chez nous, à lasuite du réchauffement climatique. Il ne menace pas les espè-ces qui sont ici depuis beaucoup plus longtemps.

Par le passé, la Terre a connu cinq épisodes de disparitionmassive de la vie, avec à chaque fois l’extinction de 50 à 90% de toutes les espèces. À chaque fois une catastrophe d’uneampleur incommensurable. Sommes-nous sur le point deconnaître un sixième épisode ? Personne ne peut le savoiravec certitude, mais la sensibilité de nombreuses espèces etécosystèmes est telle qu’on peut en tous les cas s’en inquié-ter.

Nous ne devons pas non plus oublier que la diversité de lavie sur Terre n’est pas seulement menacée par les change-

ments climatiques, mais aussi par nom-bre d’autres facteurs dont l’homme estresponsable. Nous entendons par là ladestruction des habitats – pensez auxforêts tropicales humides où la biodiver-sité est vraiment importante – et leurmorcellement, la pollution de l’environ-nement, le dépeuplement par suited’une chasse excessive, la surpêche et

l’abus d’engrais. Ces problèmes sont tout aussi énormes.Dans la mer du Nord, par exemple, la quantité d’individus denombreuses espèces ne représente plus que 10 % de cequ’elle était il y a environ 50 ans. La surpêche en est la cause.

Quelques études ont proposé des estimations relatives aunombre d’espèces courant le risque de disparaître à causedes changements climatiques. En 2004, par exemple, la pro-portion d’animaux terrestres concernés a été estimée àenviron 18 %. C’est beaucoup, surtout si l’on sait qu’on s’estfondé sur un scénario de changement optimiste pour ce cal-cul. Si on se fonde sur le pire scénario de l’IPCC poureffectuer un calcul analogue, on obtient un chiffre de 37 %.Dans tous les cas, ces chiffres sous-estiment probablement laréalité, puisqu’il existe un phénomène nommé la « co-extinc-tion ». Il signifie que lorsqu’une espèce disparaît, d’autresespèces sont également mises en danger. Ce principe renfor-ce l’effet d’origine mesuré.

Une étude récente a calculé ce qu’il advenait des végétauxdans un scénario climatique modéré. Lesrésultats étaient effrayants. Sur toutes lesvariétés étudiées, il est apparu que plus de lamoitié serait en danger ou vulnérables d’ici2080.

A ce sujet, vous pouvez vous reporter à «La biodiversité : l’homme comme fauteurde troubles » (MENS n° 45).

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La priorité des générations actuelles et sui-vantes s’oriente nécessairement vers unmonde un peu moins éloigné d’elles,qu’elles peuvent influencer directementpar leurs actions et leurs comportements.

Un groupe internationald’experts du climatLe phénomène complexe du climat etdu changement climatique, les connais-sances évolutives que nous en avons etle nombre important d’études qui y sontconsacrées génèrent une situation où ilest très ardu d’obtenir une vision globaledu problème. De plus, les conclusions deces études ne sont pas toujours parfaite-ment concordantes. Heureusement, il y ade nombreuses années, le United NationsEnvironment Programme (UNEP) et laWorld Meteorological Organization (WMO)ont créé un organisme dont la missionest de collecter toutes les informationsdisponibles et de s’efforcer de parvenir àun consensus scientifique. Cet organisme

porte le nom d’Intergovernmental Panel onClimate Change (IPCC, Groupe d’expertsintergouvernemental sur l’évolution duclimat). Y siègent aussi bien des scientifi-ques que les autorités. Depuis 1992, il sepenche sur trois questions cruciales :

1.Comment le changement climatiquefonctionne-t-il ?

2.Quels en sont les conséquences pourla nature et l’homme ?

3. Comment réduire les émissions degaz à effet de serre ?

Avec le temps, on s’inquiète de plus enplus de l’avenir, partout dans le monde,et surtout des conséquences potentiellesde l’augmentation de la températuremoyenne et de l’élévation du niveau dela mer. C’est pourquoi plus de cent paysont signé le protocole de Kyoto dès1997, visant un premier pas vers laréduction des émissions de gaz à effet deserre. Vous trouverez plus d’informationssur ce thème dans le numéro « Le pleind’énergie » (MENS n° 63, 2007).

L’IPCC a publié son quatrième rapporten 2007. Il traite des connaissances lesplus récentes acquises à ce sujet. Com-parativement au rapport de 2001, il sepenche davantage sur l’intégration duchangement climatique et de la politi-que de développement durable et sur lelien entre la modération des effets clima-tiques et l’adaptation. Il traite aussiparticulièrement des problèmes locaux,de l’insécurité et des risques, ainsi quedu changement climatique et l’eau.

Pour le groupe de travail de l’IPCC chargédes répercussions pour la nature etl’homme, il est évident quel’impact du changement cli-matique sur la biodiversité estréellement effrayant. Pour ensavoir plus, lire l’Encadré 1.L’Encadré 2 porte sur leseffets du changement climatique sur la santé publique.

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Encadré 2. Quid de notre santé ?

Les changements climatiques et leurs conséquences influen-ceront probablement la santé de millions de personnes, autravers d’une augmentation de la malnutrition et des affec-tions qu’elle engendre, et de la hausse du nombre de morts,malades et blessés dus aux vagues de chaleur, inondations,orages, incendies et sécheresses. On observera aussi unecroissance des cas de diarrhée ainsi qu’une hausse du nom-bre de maladies cardio-respiratoires à la suite desconcentrations d’ozone supérieures au niveau du sol. L’airede répartition des vecteurs (porteurs) de certains germes demaladies infectieuses se modifiera.

En ce qui concerne ce dernier point, il est possible que danscertains cas on observe des effets contraires. Par exemple, lepotentiel de transmission de l’anophèle peut augmenter oudiminuer.

Des études réalisées dans des régions tempérées indiquentque les changements climatiques auront aussi des effets posi-tifs, comme la baisse du nombre de décès dus au froid. Al’échelle mondiale, ces effets sont plus que compensés par leseffets négatifs des températures en hausse, surtout dans lespays en voie de développement.

Un pronostic concret a été formulé aux Pays-Bas concernantla santé publique de la population nationale ; on peut appli-quer ces chiffres sans trop de réserve à la Belgique :

• Très probable : augmentation du nombre de décès en étéet augmentation du stress par des inondations et des diffi-cultés causées par l’eau plus fréquentes.

• Probable : augmentation du smog (ozone et poussièrefine) en été et des allergies au pollen.

• Cinquante-cinquante : réduction des décès en hiver, aug-mentation des décès dus aux orages, augmentation de lamaladie de Lyme (infection bactérienne transmise par lestiques), réduction du smog (poussière fine) en hiver, aug-mentation des maladies liées à l’eau et augmentation del’exposition aux maladies liées aux rayonnements UV.

• Improbable : augmentation des décès dus aux inondationset aux difficultés causées par l’eau, augmentation de lamalaria et augmentation des maladies liées aux aliments.

Si vous souhaitez restituer ce pronostic dans un cadre plusréaliste, vous ne devez pas perdre de vue que nombre de fac-teurs supplémentaires exercent déjà une influence bien plusgrande sur la santé publique. Par exemple les habitudes ali-mentaires et le mode de vie, les maladies infectieuses, laqualité de l’environnement de l’habitation et la multiplicationdes voyages qui facilitent beaucoup la diffusion de toutes sor-tes de maladies.

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Le rapport SternÀ la fin de l’année 2006, toute l’atten-tion s’est portée sur un rapportvolumineux consacré aux aspects écono-miques du changement climatique. Enfait, il couvrait plus de domaines que sontitre ne le laissait supposer : outre l’éco-nomie, il traitait aussi de la science, del’éthique et de la politique. Il a été écritpar Sir Nicholas Stern, sur commande dugouvernement britannique. Sir Nicholasn’est pas n’importe qui. Il a été écono-miste en chef de la Banque mondiale etremplit actuellement ses journéeschargées en tant que conseiller du gou-vernement de sa Majesté. On ne semoque pas de l’opinion d’un tel homme.Le rapport Stern n’est évidemment pas leseul ouvrage qui mérite l’attention, maisil décrit l’impact économique de l’évolu-tion climatique d’une manière particu-lièrement approfondie. Il propose quel-ques idées pour un changement ducomportement individuel et social etsuggère des pistes d’action pour les gou-vernements.

Du point de vue économique, la situ-ation est la suivante. Des conditionsclimatiques extrêmes peuvent provoquerune chute de 1 % du produit nationalbrut (PNB) de tous les pays. Si la tempé-rature monte de 2-3°C, la productionéconomique mondiale pourrait baisserde 3 %. Si l’augmentation moyenneatteint 5°C, la baisse pourrait atteindre10 %. Cette réduction sera plus impor-tante dans les pays les plus pauvres.

Dans le pire des cas (worst-case scena-rio), la consommation mondiale parpersonne pourrait baisser de 20 %. Afinde maintenir la situation dans des limitesmaîtrisables, les émissions doivent êtrestabilisées dans les 20 prochainesannées. Dans la période suivante, ellesdoivent se réduire de 1-3 %. Cela coûte-ra 1 % du PNB, ni plus ni moins.

Quelles sont les possibilités de change-ment ? Il faut réduire la demande debiens et de services générant de fortesémissions. S’assurer que l’approvisionne-ment mondial en énergie se déroule demanière plus efficace. Envisager des mes-ures qui n’ont pas un rapport direct avecl’énergie ; la lutte contre la déforestationest une étape importante. Promouvoirdes technologies contribuant à des éner-gies et un transport plus propres. Lessources énergétiques non fossiles doiventreprésenter 60 % de l’approvisionne-ment énergétique total d’ici 2050.

Stern conseille aux autorités d’agir dansles domaines suivants :

• Créer un marché mondial pour le prixdu carbone. Les émissions de CO2 doi-vent devenir onéreuses.

• Élargir le système qui permet le com-merce des droits d’émission et qui estdéjà en application en Europe dans lecontexte du Protocole de Kyoto – voir« Le plein d’énergie » (MENS n° 63,2007). Inciter des pays comme lesÉtats-Unis (US), l’Inde et la Chine àparticiper à une version élargie duEuropean Emissions Trading Scheme(EETS).

• Formuler des objectifs plus exigeantspour l’EETS afin d’atteindre une réduc-tion de 30 % des émissions de carbonepour 2020 et 60 % pour 2050.

• Voter une loi bloquant les objectifs deréduction des émissions. Créer uneinstitution indépendante assurant uncontrôle rigoureux des progrès réa-lisés.

Il fait par ailleurs quelques propositionsaxées sur le marché britannique qui peu-vent être appliquées mutatis mutandis àla situation d’autres pays industrialisés.

• Créer une commission accompagnantles investissements des milieux d’affai-res britanniques dans les technologies

vertes. Cela créera 100.000 nouveauxemplois.

• L’ancien vice-président des États-Unis,Al Gore, – connu pour son film AnInconvenient Truth (Une vérité quidérange), qui a beaucoup contribué àstimuler la conscientisation mondialevis-à-vis de l’effet de serre et ses consé-quences – conseillera le gouvernementbritannique dans ces matières.

• Collaborer avec la Banque mondiale etd’autres institutions financières afind’approvisionner un fonds de 20 mil-liards de dollars. Ce fonds doit aiderles pays les plus pauvres à s’adapteraux changements climatiques.

• Collaborer avec des pays comme leBrésil, la Papouasie-Nouvelle-Guinée etle Costa Rica pour promouvoir la sylvi-culture durable et lutter contre ladéforestation.

Au sens le plus strict, le niveau actuel deCO2 dans l’atmosphère se situe environà 380 parties par million de parties d’air(parts per million ou ppm). Sir Nicholas etde nombreux autres experts utilisent unevaleur de 430 ppm. Pourquoi ? Parceque cette valeur plus élevée intègre aussil’effet de serre d’autres gaz tels que leCH4, présents dans des concentrationsplus faibles que le CO2, mais tout demême très actifs proportionnellement.Par conséquent, on calcule combien deCO2 il faudrait pour obtenir le mêmeeffet et on ajoute cette valeur à celle dela « véritable » concentration en CO2. Lavaleur supérieure – actuellement environ430 ppm – est donc en réalité un équi-valent CO2 ou CO2-eq, bien que cela nesoit pas toujours clairement mentionné.

Une réaction intéressante au rapportStern : « C’est une formule magique. Sterndit : consacrez-y 1 % du PNB mondial etvous serez 20 % plus riche que si vousn’aviez pas fait cette dépense. Pas la peined’y réfléchir à deux fois, n’est-ce pas ? »(Robert Peston, Business Editor, BBC News).

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Existe-t-il un consensussur le climat ?La Terre a déjà subi plusieurs bouleverse-ments climatiques par le passé. Nepeut-elle en supporter un de plus ? Quese passe-t-il exactement ? Est-il vraimentnécessaire de nous inquiéter ? Desquestions très importantes qui exigentune réponse si nous voulons aborder lesujet en connaissance de cause, et a for-tiori si nous voulons prendre desmesures.

Individuellement, il devient très difficilede dégager un semblant de vérité del’écheveau compliqué d’informations,mais l’IPCC est justement là pour ça. Onpeut vraiment faire confiance à cet orga-nisme lorsqu’il s’exprime sur lesconnaissances actuelles, car ces affirma-tions sont précédées de plusieurs annéesd’évaluation et de débat au plus hautniveau pour parvenir à un consensus. Lesprincipales conclusions du rapport de2007 – le précédent date de 2001 – peu-vent être résumées comme suit.

• Que savons-nous des facteurs influençant le changement climatique ?

Les concentrations des gaz à effet de ser-re CO2, CH4 et de protoxyde d'azote ougaz hilarant (N2O) dans l’atmosphèreterrestre ont augmenté de manière sur-prenante depuis 1750. C’est le résultatde l’activité humaine. Par exemple, laconcentration en CO2 s’élevait à 280ppm en 1750 et à 379 ppm en 2005. Laconcentration en CH4 a augmenté pourla même période de 715 ppb (parts perbillion, parties par milliard) à 1774 ppb.La progression de la concentration enN2O est moins forte, de 270 ppb à 319ppb. Ces valeurs dépassent fortement ceque l’on appelle les valeurs préindustriel-les, mesurées sur des milliers d’années.On connaît ces valeurs passées grâce àdes forages dans la glace.

L’augmentation de la concentrationatmosphérique en CO2 découle principa-lement de l’utilisation à grande échellede carburants fossiles et de l’évolution del’exploitation de la terre. La progressiondes concentrations de CH4 et de N2Os’explique principalement par l’agriculture.

Il est absolument indiscutable que le résul-tat net de toute l’activité humaine depuis1750 est un réchauffement de la Terre.

• Peut-on observer directement ceschangements ?

En effet, c’est possible. Il est manifesteque les températures moyennes de l’airet des océans croissent. La moyennemondiale a progressé de 0,56-0,92°C auvingtième siècle, ce qui est beaucoup.De plus, il saute aux yeux que la neige etla glace ont fondu à grande échelle. Lesglaciers et les petites et grandes calottesglaciaires se réduisent à vue d’œil. Lasituation de la glace du pôle Nord estalarmante : la surface glacée se réduit de2-3 % par décennie depuis 1978. Lesexplorateurs Dixie Dansercoer et AlainHubert ont pu s’en rendre compterécemment.

Le niveau moyen de la mer monte. Sur latotalité du vingtième siècle, il est montéde 17 cm. Et l’évolution est toujours plusrapide : entre 1993 et 2003, cetteprogression a été deux fois plus impor-tante que dans la décennie précédente.

On observe de nombreux changementsau niveau des continents et océans : deschangements au pôle Nord, des change-ments dans les modèles de précipitationset de vent, ainsi que dans la teneur ensel des mers du monde. Il y a aussi unetendance vers des conditions climatiquesplus extrêmes, se traduisant par dessécheresses accrues ou des précipitationsplus intenses, des périodes de chaleurplus forte et des orages tropicaux plusintenses.

• Comparaison avec le passé

Le climat qui régnait par le passé porte lenom de paléoclimat. Depuis la parutiondu précédent rapport de l’IPCC en 2001,les résultats d’un certain nombre d’étu-des remontant plus loin dans le temps(1000-2000 ans) ont été diffusés : ilsoffrent une nouvelle vision paléoclimato-logique. 7

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Le caractère inhabituel du réchauffementde l’hémisphère Nord dans la deuxièmemoitié du vingtième siècle a été con-firmé. L’augmentation de la températuremoyenne a été très probablement plusimportante qu’au cours de toute autrepériode de 50 ans dans les 500 dernièresannées et probablement plus importantequ’au cours de toute autre période de 50ans dans les 1300 dernières années.

Selon une étude récente, les variationsde température reproduites pour les 700dernières années s’expliquent très proba-blement par des éruptions de volcans etpar des variations dans l’intensité du sol-eil. Selon cette même étude, l’activitéhumaine a probablement contribué auréchauffement de l’atmosphère terrestredepuis le début du vingtième siècle.

Il y a environ 125.000 ans, les zonespolaires avaient une température moyen-ne supérieure à la température actuelle.La fonte des glaces polaires a alors pro-

voqué une hausse moyenne du niveaude la mer de 4 à 6 mètres.

• À quel point les conclusions sont-elles fiables ?

L’IPCC s’est également penché sur cettequestion avec la plus grande attention eta donc introduit les catégories « proba-blement » et « très probablement » pournuancer le niveau de fiabilité. Dans cesens, la clarté des conclusions s’est forte-ment améliorée en comparaison avec lerapport de 2001.

En 2001, l’IPCC affirmait encore que lamajorité de la hausse moyenne de latempérature des 50 dernières annéesétait « probablement » due à une haussedes concentrations de gaz à effet de ser-re. Aujourd’hui, elle fait un grand pas enavant : elle affirme que la hausse de latempérature moyenne depuis la moitiédu vingtième siècle est « très probable-ment » la conséquence de la hausse des

concentrations de gaz à effet de serreprovoquée par l’homme.

Dans le rapport 2007, l’IPCC n’hésite pasnon plus à établir que l’homme est éga-lement la cause du changement d’autresparamètres, tels que les températuresmoyennes des continents, les températu-res extrêmes et la structure des vents.

C’est également la première fois que l’ondétermine la sensibilité du système cli-matique ainsi que sa portée, encombinant des modèles climatiques etdes observations. On peut maintenantavoir confiance dans les connaissancesrassemblées.

• Que nous réserve le futur ?

Imaginez que les émissions de gaz à effetde serre se stabilisent au niveau de l’an2000 : la température mondiale moyen-ne continuera à augmenter d’environ0,1°C par décennie.

Encadré 3. Les sceptiques du climat

Certains refusent de croire que d’importants changements climatiques se produi-sent. Il ne s’agit pas toujours d’ignorants ou de personnes qui croient encore quela Terre est plate. Parfois, elles assument de hautes responsabilités et exercent unelourde influence sur la formation de l’opinion d’un grand nombre par la fonctionqu’elles occupent.

Le président actuel de la Tchéquie, Vaclav Klaus, fait partie de ces sceptiques.Nous le citons littéralement : « Il n’est pas honnête de se référer au groupe climatdes Nations Unies. L’IPCC n’est pas un institut scientifique : c’est un organe politi-que, une ONG verte. Ce n’est pas un forum de scientifiques neutres et ce n’estpas non plus un groupe de scientifiques composé de manière équilibrée. Ils sonttous politisés et ont une opinion et une mission unilatérale. » Il n’estime pas nonplus que l’homme ait un impact négatif sur la Terre : « Al Gore est peut-être leseul qui peut affirmer ce genre de chose, une personne sensée en serait bien inca-pable. Je n’ai jamais rien remarqué et je ne pense pas qu’une personneintelligente et sérieuse puisse affirmer ce genre de chose. »

Et oui, je n’ai jamais rien remarqué donc ce n’est pas vrai. S’il en est ainsi, il estgrand temps de débarrasser la science de bien d’autres exagérations. Selon nous,un cas de psychonévrose.

Quelques scientifiques expriment des doutes nuancés quant aux modèlesemployés, facteurs d’influence, rapports, conclusions et consensus. Le statisticiendanois Bjørn Lomborg (The sceptical environmentalist : measuring the real state ofthe world, 2001) et le géologue néerlandais Salomon Kroonenberg (De menselijkemaat : de aarde over 10.000 jaar, 2006) figurent dans cette catégorie. Ceux quiont des objections générales et fondamentales sont très minoritaires.

Et enfin, il y a monsieur tout-le-monde, qui préfère ne pas être confronté à unénième problème mondial, qui l’ignore donc plus ou moins et qui, par consé-quent, préfère ne pas être informé du c?ur du problème. On l’entend facilementdire des choses comme : « Est-ce que le fait qu’il y aura peut-être quelques degrésde plus ici devrait m’empêcher de dormir ? On pourra s’installer plus souvent surla terrasse, justement. Je ne vois pas où il y aurait un problème. » Ainsi parlaitl’autruche.

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Si les émissions poursuivent leur progres-sion au rythme actuel ou même plusvite, le réchauffement sera égalementplus rapide et tout le système climatiquesubira de nombreux changements aucours du siècle qui vient de débuter. Ceschangements seront probablement plusdrastiques que ceux que nous avonsobservés au vingtième siècle.

De nombreux systèmes importants secaractérisent par une lenteur inhérenteet il existe aussi des effets de réactiondont il faut tenir compte. Comparez celaà un énorme tanker que l’on veut brus-quement arrêter : c’est tout simplementimpossible. Même si vous réussissiezbrusquement à stopper la progressiondes concentrations de gaz à effet de ser-re, le réchauffement mondial et la haussedu niveau moyen de la mer se poursui-vront pendant des siècles.

Pour en savoir plusTout le monde accepte-t-il sans réagir lesdires de l’IPCC ? Non. Vous trouverezdes informations sur les sceptiques dansl’Encadré 3. A quelles structures de pré-cipitations peut-on s’attendre dans

l’hémisphère Nord et comment a-t-onmontré pour la première fois ce qu’impli-quait le changement climatique àl’échelle de la Belgique ? Vous trouverezles réponses dans les Encadrés 4 et 5. Ilexiste aussi une pléthore de mythes surle changement climatique. L’Encadré 6vous explique comment les réfuter. Enf-in, nous tentons de savoir si le mondeentier se trouve logé à la même enseig-ne. Vous en apprendrez davantage à cesujet en lisant l’Encadré 7.

Le site web de MENS (www.magazine-mens.eu) offre bien sûr une multituded’informations intéressantes. Par exem-ple, vous pouvez en apprendredavantage sur la façon dont la connais-sance poursuit son évolution dans larubrique « Et maintenant les donnéesles plus récentes ». Nous décrivons éga-lement un phénomène qui peut exercerune influence supplémentaire sur leréchauffement sous le titre « Affaiblisse-ment ». Comment envisager les chosesd’une manière ludique ? Sommes-nousbeaucoup plus heureux en vivant sur ungrand pied ? Les réponses dans les arti-cles « Amusant aussi » et « Don’tworry, be happy ».

Encadré 4. Une danse de lapluie pour l’hémisphèreNord

En juillet 2007, une équipe de clima-tologues du Canada, du Japon, duRoyaume-Uni et des États-Unis apublié les résultats d’une étude sur lesprécipitations dans l’hémisphèreNord pour la période 1925-1999. Lesanciens chiffres ont été comparés auxnouveaux chiffres, ce pourquoi unesérie de modèles climatologiques ontété utilisés.

Huit modèles ont montré de façonunivoque qu’il est tombé environ 6cm supplémentaires de pluie surl’hémisphère Nord au siècle dernier etque 50 à 85 % de cette hausse s’expli-que par l’activité humaine. Cela n’estpas valable pour les régions tropicaleset subtropicales de l’hémisphère Nord: il y est tombé jusqu’à 10 cm de pluieen moins par siècle.

Ces résultats correspondent grossomodo à ce qu’affirme l’IPCC à ce sujet,mais ils démontrent pour la premièrefois clairement que l’homme est leprincipal responsable de ce qui arrive.

Dans le futur, les chercheurs s’atten-dent à ce que les régions septentrio-nales telles que le Canada, le Nord del’Europe et la Russie deviennent deplus en plus humides. À l’inverse, lesrégions tropicales de l’hémisphèreNord deviendront de plus en plussèches.

Encadré 5… et entre-temps dans notre patrie bien-aimée

Notre propre Institut météorologique royal (IMR) était resté assez neutre jusqu’àprésent dans le débat actuel sur le réchauffement mondial, affirme le climatolo-gue Luc Debontridder. Mais la situation évolue. Une étude à grande échelleréalisée par l’IMR et publiée en septembre 2007 décrit le climat de ces 20 derniè-res années en Belgique. Généralement, les études internationales d’envergure nedécrivent pas en détail ce qu’il se passe dans un petit pays comme le nôtre ; c’estpourquoi cette étude spécifique était indispensable.

Les données de l’IPCC ont constitué le point de départ. Les résultats permettentde formuler des conclusions d’une clarté surprenante et réfutent par la mêmeoccasion quelques opinions erronées. La température moyenne a également aug-menté dans notre pays et il y a plus de jours chauds, ce qui correspond ausentiment général. Il est absolument faux – et ce contrairement aux impressionsde beaucoup – de dire qu’il tombe plus de pluie et qu’il fait plus souvent mauvaisen Belgique. Ce type d’étude s’avère donc bien utile pour mettre les points surles i.

Eckhart Kuijken, l’ancien directeur de l’Institut flamand de l’Étude de la Nature etde la Forêt, a traité en 2007 des effets visibles du changement climatique sur lanature de notre pays. Il avance deux exemples remarquables. D’abord, il ressortdes données des quarante dernières années que le printemps a commencé deuxsemaines plus tôt au cours de cette période et que de nombreuses oies rieuses etpetites oies des moissons débutent dès lors plus tôt que d’habitude leur migra-tion annuelle vers la Sibérie et le Spitzberg. Ensuite, un certain nombre d’espècesd’oiseaux et d’insectes de la région méditerranéenne tentent leur chance à la sui-te du réchauffement climatique. Ils colonisent actuellement les régions plusseptentrionales et certaines sont déjà tellement dominantes qu’elles chassent lafaune locale. Voir aussi Encadré 1.

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Encadré 6. Chassons le mythe une fois pourtoutes

Les opinions erronées sur le climat et les changements encours apparaissent avec la régularité d’une horloge. Il est trèsimportant de continuer à distinguer la vérité de la fantaisie etde pouvoir répondre lorsque vous êtes confrontés à ce typede confusion. Ci-dessous quelques-unes des affirmations lesplus fréquentes.

1. Depuis la naissance de la Terre, le climat a toujoursété soumis à des changementsC’est vrai mais cela ne justifie pas la passivité devant lesévénements actuels. Par le passé, les changements clima-tiques naturels ont provoqué dans les cas extrêmes uneextinction massive des espèces. Pour la première fois,nous sommes maintenant confrontés à un grand change-ment potentiel causé par l’homme. Les gaz à effet deserre dans l’atmosphère se trouvent maintenant à leurniveau le plus élevé des 800.000 dernières années. Cen’est pas littéralement la fin du monde, mais si la tendan-ce actuelle se poursuivait fortement, la planète pourraitévoluer vers une situation qui serait très menaçante pourla vie.

2. Le changement climatique n’a pas de fondementscientifiqueC’est totalement faux. Pour répondre, il suffit de s’enréférer au consensus clair du monde scientifique et auxrécents rapports qui font autorité, comme ceux de Nico-las Stern en 2006 et de l’PCC en 2007.

3. Le changement climatique n’est pas provoqué parl’activité humaineCette affirmation ne tient pas non plus et le contraire estprouvé par des arguments scientifiques fiables. Si à l’aidede modèles on compare par exemple l’effet des change-ments naturels de température ces 150 dernières annéesavec les effets observés, on ne trouve aucune corrélation.Par contre, si l’on ajoute les effets causés par l’homme àceux causés par la nature, on obtient une corrélation avecles effets observés.

4. Il est trop tard pour agirEn effet, des changements irréversibles se sont produits.Mais il n’est pas trop tard pour prendre le taureau par lescornes et s’assurer que la situation ne dégénère pas. Enveillant à éviter des changements plus importants, nous

œuvrons dans l’intérêt des générations futures. C’est unvaste défi, mais il est possible de le relever.

5. C’est absolument inutile que je contribue activementToute contribution à la réduction des émissions de gaz àeffet de serre, aussi individuelle et limitée soit-elle, estimportante et aide à diminuer le risque. Tout commencepar la conscientisation, l’action individuelle et l’adapta-tion de notre comportement. Par exemple, jetezdirectement un coup d’?il à la dernière partie de cenuméro et voyez ce qui est envisageable si vous pensezconstruire, transformer ou rénover. Par ailleurs, les pou-voirs publics doivent évidemment prendre des décisionset les gouvernements doivent appliquer une politiqued’encouragement et de soutien. Au niveau national, onpeut agir comme au niveau individuel : agir et comptersur le fait que les autres suivent le bon exemple.

6. Des températures un peu plus élevées dans notre par-tie du monde rendraient la vie plus agréable, non ?La température augmentera de quelques degrés dans noscontrées, mais le climat deviendra plus capricieux etextrême. La plupart des gens n’apprécieront pas. Leshivers deviendront en effet plus chauds, mais aussi plushumides. En été, les températures très élevées poserontdes problèmes aux personnes âgées, affaiblies ou très jeu-nes. Il sera aussi difficile de trouver plaisantes desconditions climatiques extrêmes comme les orages et lesinondations. Tout bien considéré, mieux vaut vivre dansune région où le climat reste stable.

7. Lutter contre le changement climatique exige des(trop de) sacrificesAgir aura un coût – 1 % du PNB, selon les calculs de M.Stern – mais cela ne devrait pas avoir des conséquencesgraves pour l’économie. Au contraire, l’introduction denouvelles technologies et de nouvelles possibilités degénérer de l’énergie pourrait justement avoir un effetmoteur. De plus, une consommation d’énergie plus faiblepermet aux ménages et aux entreprises de réaliser deséconomies. Enfin et surtout : ne rien faire coûtera beau-coup plus cher. Pour en donner un simple exemple, laréparation des dommages causés par des tempêtes oudes inondations est souvent une affaire onéreuse. Le sec-teur des assurances sent déjà la différence. Et ce qui nousattend n’est qu’une bagatelle en comparaison avec ceque d’autres régions devront subir. Pensez d’abord àl’Afrique et aux pays situés sur des îles.

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Une course à obstaclesdifficilePour tous ceux qui se préoccupent del’avenir de la Terre et du bien-être desgénérations futures, il semble évidentqu’une telle quantité d’arguments con-vaincants incite à agir immédiatement.Petit à petit, la conscience que le tempspresse et qu’en principe, il ne reste plusbeaucoup de possibilités - le temps desjoutes oratoires les plus violentes entre« croyants » et « incroyants » est révolu -fait son chemin dans des cercles de plusen plus larges. Il n’empêche qu’il fautencore franchir quelques obstacles diffi-ciles. Difficiles car on allègue de cesobstacles lorsqu’il s’agit de traduire lesconclusions et recommandations durapport Stern (2006) et du rapport IPCC(2007) en accords et mesures politiques ;ces mêmes obstacles ont déjà causé desproblèmes au moment des difficiles négociations autour du Protocole deKyoto (1997). Du point de vue interna-tional, il faut contourner au mimimumquatre caps d’envergure.

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Encadré 7. Tout le monde sera-t-il logé à la même enseigne ?

La nature est aveugle et elle ne se fonde en aucun cas sur un principe de justice.Donc non. Ce qui arrivera dans chaque continent et région dépend de nombreuxfacteurs, et entre autres du climat actuel. Il n’est pas encore possible d’établir desprévisions très locales, mais dans les grandes lignes les conséquences des change-ments peuvent se décrire comme suit :

• Afrique : graves problèmes liés aux approvisionnements de nourriture et d’eau• Australie et Nouvelle-Zélande : rareté de l’eau• Asie : danger accru d’inondation par la mer ou par les fleuves dans les még-

adeltas très peuplés• Europe : différences croissantes entre le nord et le sud, avec un impact impor-

tant sur l’agriculture• Amérique Latine : conditions climatiques continuellement extrêmes• Amérique du Nord : conséquences dans le domaine de l’approvisionnement en

eau malgré un pouvoir d’adaptation important

Des projections spécifiques ont été réalisées pour la plupart des continents, quenous ne pouvons pas approfondir ici. En guise d’exemple, les changements sui-vants devraient survenir en Europe. La température moyenne peut augmenter de5,5°C, selon le scénario utilisé. Dans le nord, les précipitations moyennes sont enhausse et dans le sud, le contraire se produit – les effets seront très dépendantsdes saisons. Les conséquences négatives les plus graves se feront sentir dans lesud. Il y aura plus souvent des vagues de chaleur, qui augmenteront le risque dedécès. Les feux de forêts seront également plus fréquents. Étant donné la disponi-bilité plus limitée de l’eau, les rendements agricoles se réduiront et les possibilitésde génération d’hydroélectricité seront plus limitées. À première vue, l’Europeseptentrionale s’en tire à bon compte. Les périodes de froid se réduisent et l’agri-culture, la sylviculture et la pêche peuvent s’attendre à de meilleurs rendements.Les possibilités de génération d’hydroélectricité s’améliorent.

Pour l’Europe entière, le risque d’inondation augmente sérieusement à partir de2020. Il concerne aussi bien les fleuves que les zones côtières, à la suite de la haus-se du niveau de la mer. Dans certains scénarios, on s’attend à ce que 2,5 millionsd’Européens soient confrontés à une inondation d’ici 2080. Les systèmes naturelsimportants tels que les glaciers, les littoraux, les Alpes et les zones de permafrostpâtiront beaucoup des changements. La biodiversité se réduit : selon certains scé-narios, jusqu’à 60 % dans certaines régions d’ici 2080.

D’autres parties du monde souffrent bien plus que l’Europe. L’Afrique est, une foisde plus, le continent le plus vulnérable.

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The land of the free

Dans les hautes sphères de l’administra-tion politique américaine, on observeune forte résistance contre le consensusscientifique en vigueur sur le climat. Elleimplique un gigantesque frein à tous lesaccords internationaux d’envergure.Deux remarques à ce propos. D’abord, laremarque ci-dessus ne signifie pas que l’« Amérique » partage cette convictioncomme un bloc monolithique. La grandemajorité de la communauté scientifiqueaméricaine par exemple se trouve sur lamême longueur d’onde que les scientifi-ques européens. En outre, de nombreuxétats ne soutiennent pas forcément legouvernement actuel en la matière etprogressent dans la bonne direction.Secundo, il est probable qu'une partie del'arrière-ban direct de l'actuel gouverne-ment estime que des limitations, dequelque nature que ce soit, sont indési-rables à court terme, sur la base deconsidérations économiques. On peuts’attendre à une amélioration à ce pointde vue. Pour en savoir plus, lire « Bushcomme président » sur le site web deMENS (www.magazinemens.eu).

Nouveaux tigres

Des pays importants et en plein essoréconomique, tels que l’Inde et la Chine,se montrent plutôt récalcitrants devantdes mesures qui pourraient mettre unfrein à leur futur développement. Ils veu-lent continuer sur le mode tumultueuxactuel. Leurs économies présentent unbesoin énorme et croissant en perma-nence de carburants fossiles, qu’ilsrecherchent fiévreusement. Par exemple,ce n’est pas un hasard si la Chine s’inté-resse beaucoup à certains pays africainsdont les ressources sont importantes etqu’elle ferme donc les yeux, au besoin,sur certains manquements aux droits del’homme dans ces pays. A ce niveau, ellene diffère guère des pays occidentaux.Mais quoi qu’il en soit, ces géants éco-nomiques en devenir génèrent toujoursplus de gaz à effet de serre. Ils estiment

d’ailleurs, à raison, que les quantités tou-jours croissantes de CO2 rejetées depuisdeux siècles dans l’atmosphère, avec deseffets à long terme, doivent être attri-buées pour la plus grande part aux paysoccidentaux et que cette considérationdoit peser lourd dans la balance aumoment d’envisager des accords futurs.

On peut appliquer le même raisonne-ment dans le cas des pays pauvres envoie de développement. Il serait injusted’imposer des dépenses supplémentaireset des limitations économiques qui serai-ent proportionnelles à ce que lesOccidentaux doivent consentir à despays dont les autres problèmes sont déjàimmenses. Au-delà de tous les autresaspects, un accord mondial – car seul cetype d’accord serait vraiment efficace –devra aussi faire montre de fair-play vis-à-vis de ces pays. Le résultat final :l’occident sera confronté à ses responsa-bilités historiques à divers niveaux et ildevra assumer la majeure partie de lacharge sur ses larges épaules. Notreconscience ne sera pas la seule à jouerun rôle dans ce processus ; les autrespays n’accepteront tout simplementaucune autre solution.

Concrètement, cela aura des conséquen-ces importantes. Si l’on envisage parexemple une réduction moyenne desémissions de 60 % à l’échelle mondiale,l’Occident devra peut-être aller jusqu’à90 % compte tenu des proportionsmesurées. Devons-nous nous en plaindre? Non. A la guerre comme à la guerre.Très probablement, la nouvelle écono-mie qui naîtra de cet état de fait offrirade grands avantages. Par exemple, ellecréera une multitude de nouveaux emp-lois. Évidemment, la tâche sera difficile etle monde politique préfère éviter le sujet.Le ministre fédéral de l’Environnement etdes Pensions Bruno Tobback l’a biendémontré récemment, en déclarant avecune honnêteté désarmante que chaqueministre de l’environnement ou du cli-mat sait très précisément ce qu’il a àfaire, mais qu’il souhaite quand même

être réélu… La population n’a donc pasencore été informée du véritable messa-ge. Pouvoir s’exprimer ainsi sans lamoindre gêne prouve bien que nosesprits doivent encore fortement évoluer.

De vieilles soupes dans denouvelles marmites ?

On dit qu’aucun moteur n’agit actuelle-ment au niveau mondial pour orienterles économies dans le sens des « techno-logies propres ». Prenons le charbon.Technologiquement, la combustion ducharbon – le carburant fossile le plus pol-luant en termes d’émissions de CO2 –dans les centrales électriques pourraits’effectuer de manière beaucoup pluspropre. Mais, cela exige d’importantsinvestissements. D’une part, on pourraitestimer qu’on fait une erreur de juge-ment car (a) les stocks de carburantsfossiles sont limités, alors à quoi celapeut-il encore servir et (b) nous voulonsde toute façon arrêter cette production àcause de la menace des émissions de gazà effet de serre et de la forte réductionde ces dernières à laquelle nous devronsnous astreindre.

D’autre part, c’est fou, nous vivons actu-ellement une explosion de la demandede charbon pour la production d’énergie(voir « Le plein d’énergie », MENS n° 63,2007). Les stocks ne sont pas tout à faitépuisés et certaines mines peuvent enco-re être exploitées quelques dizainesd’années. On en recherche d’ailleurs denouvelles. Tout cela ne s’applique pasforcément à notre partie du monde,mais dans des pays comme la Chine, parexemple, cela revêt une importance éco-nomique primordiale. La Chine souhaitesans aucun doute continuer son exploi-tation aussi longtemps que possible,nous ne pouvons plus rien y faire de not-re côté. Propre si possible, polluant s’il lefaut. Qui peut payer pour ces centralespropres ? Qui le fera et qui veut le faire ?Un dilemme supplémentaire, à résoudreégalement à la table de négociationinternationale.

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Avantages et inconvénientspour la démocratie

Les faits ont démontré que, dans les paysdémocratiques, les partis politiques quiont mis le doigt sur le problème du cli-mat et se sont déclarés en faveur demesures énergiques n’ont guère eu desuccès aux élections. Les causes sontmultiples. Par le passé, ils prêchaientsouvent dans le désert et on les taxaittrop facilement d’oiseaux de mauvaisaugure. Par prudence, les partis plus tra-ditionnels évitaient ces sujets délicats quine pouvaient leur apporter aucun bénéfi-ce du point de vue électoral. Leproblème est également lié à la naturemême du système démocratique. Lesélus ont rarement la garantie de conser-ver leur siège pendant très longtemps. Ilspensent et agissent donc plutôt en fonc-tion de termes de quatre ans, parexemple, et rarement beaucoup plus.Après ce délai, ils doivent à nouveau seprésenter à leur électorat, de préférenceavec un palmarès exempt de messagesdésagréables (voir les propos de Tobbackjr.). Cette situation est néfaste pour touteplanification à long terme, qui est pré-cisément souhaitable en matière declimat.

Ces derniers temps, on observe heureus-ement une certaine évolution des esprits.Les partis bien en place ont enfin comp-ris et intégré des considérationsécologiques dans leur propre program-me. Quelques initiatives externes – merciM. Gore, que vous ayez des arrière-pensées ou non – y ont contribué. Cette

nouvelle prise de conscience semanifeste par l’intérêt qu’ontéveillé les rapports concluantsrécents. Il ne reste plus qu’àréunir tous les partenairesinternationaux et convenird’accords solides à long ter-me.

Adaptation et atténuationGénéralement, on peut adopter deuxpositions vis-à-vis des changements. Lapremière possibilité consiste à accepterleur survenue et les anticiper en prenantdes mesures. C’est ce l’on appellel’Adaptation. Dans le cas des change-ments climatiques, cela peut signifierque vous agissez en tenant compte de lamontée du niveau de la mer et que vouscommencez à rehausser les digues ou àconstruire d’autres ouvrages de protec-tion. Pour prévenir les débordements desfleuves, vous pourriez déjà leur offrir plusd’espace et drainer les lacs glaciaires afind’éviter les inondations qu’ils pourraientcauser. Vous pourriez, par exemple enEurope, prendre des mesures gouverne-mentales pour réduire la recrudescencede décès dans les villes due aux vaguesde chaleur. En général, on considère queles possibilités d’adaptation sont limitées.La capacité d’adaptation aux conséquen-ces du changement climatique n’est paségale dans la société et dans le monde.

Atténuation signifie adoucissement oumodération des effets les plus graves. Ilexiste un rapport clair entre adaptationet atténuation. Des mesures d’atténu-ation sont urgentes afin de réduire lahausse moyenne de la température, pourfaciliter l’adaptation. Quasi par défini-tion, l’adaptation n’est possible qu’àl’échelle locale, alors qu’une action mon-diale est souhaitable en matièred’atténuation. Le meilleur exempled’atténuation est la réduction des émis-sions de gaz à effet de serre.

L’adaptation se déroule au niveau del’agriculture, la santé publique, l’approvi-sionnement en eau potable, la protectiondes littoraux, l’urbanisme, le tourisme etla gestion des paysages naturels. L’atté-nuation concerne les secteurs suivants :l’énergie, le transport, l’industrie, les

ménages, l’agriculture et la sylvi-culture. L'Union européenne souhaite,via l'atténuation à long terme, limiterl'augmentation moyenne de la tempéra-ture mondiale à 2°C au dessus du niveaupréindustriel (avec 1750 comme annéede référence). Pour atteindre cet objectif,une concentration maximale en gaz àeffet de serre de 450 ppm est indiquéeselon l'UE. Etant donné que cette concen-tration s'élève d'ores et déjà à plus de 400ppm et continue d'augmenter en moyen-ne de 0,5% par an, la réalisation del'objectif de 2°C au niveau mondial requi-ert une diminution sensible des émissions.Les principales mesures que l’on peutprendre à l’échelle mondiale sont :

• économie d’énergie dans les bâtimentset les habitations

• économie d’énergie dans d’autres sec-teurs

• introduction des énergies renouvela-bles ou durables

• promotion de moyens de transportalternatifs

• mise en œuvre de l’énergie nucléaire• collecte du CO2• stockage du CO2 dans les couches plus

profondes de la Terre

Certaines de ces propositions, commel’introduction ou la poursuite de l’exploi-tation de l’énergie nucléaire et le stockagedu CO2, sont controversées. Vous trouver-ez des informations à ce sujet et à proposdes sources d’énergie durables dans leprochain numéro de MENS.

Pour atteindre l’objectif, de nombreusestechnologies sont nécessaires. Il estremarquable de constater que la premiè-re mesure, l’économie d’énergie dans lesbâtiments et les habitations, présente lemeilleur potentiel d’atténuation àl’échelle mondiale pour les coûts lesmoins élevés. Nous nous concentreronsdonc sur cette mesure dans la dernièrepartie de ce numéro.

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Horribile (?) dictuUne perspective mondiale

Selon de nombreuses personnes, l’hom-me se trouve à un tournant. Il est grandtemps de prendre des mesures pournous protéger, et protéger la Terre, desituations encore plus prononcées, voilàqui ne peut plus être sujet à discussion.Attendre est uniquement synonyme deproblèmes plus graves et de mesuresplus onéreuses. Seulement… quedevons-nous faire et comment devons-nous nous comporter ?

Nous pouvons situer ces questions dansle contexte plus large de la problémati-que des matières premières, de lapolitique de développement et de la jus-tice internationale. Les pays industrialisésse trouvent pour la plupart dans uneposition beaucoup plus confortable queles pays en voie de développement. Ilsont déjà construit une certaine prospé-rité, possèdent des appareils étatiquesqui fonctionnent bien, s’enrichissentencore aujourd’hui et bénéficient unegrande capacité d’adaptation dans descirconstances en évolution rapide.

Exemple : les Pays-Bas et les Maldives setrouvent pour la plus grande partie endessous du niveau de la mer. Les deuxpays ont beaucoup à perdre en cas dehausse importante du niveau de la mer.Aux Pays-Bas, par exemple, 70 % duPNB est produit sous le niveau de la mer.Les Maldives vivent principalement dutourisme et comme chacun sait, les tou-ristes ne sont pas très intéressés par unparadis inondé. Lequel des deux pourras’adapter le plus facilement et investir leplus de moyen dans la lutte contre lamontée des eaux ? Les Pays-Bas ont unrevenu par habitant équivalant à plus de32.000 dollars US et les Maldives environ4000 dollars US.

Il y a une pléthore d’exemples tout aussiconvaincants. La Belgique (0,16 % de lapopulation mondiale et un PNB parhabitant de 33.000 dollars US) a contri-bué pour la période 1955-2000 à 0,51% de l’augmentation de l’effet de serre.C’est beaucoup pour un si petit pays. LeBangladesh (2,17 % de la populationmondiale et un PNB par habitant de2300 dollars US) a contribué pour sapart à 0,01 % du renforcement de l’effetde serre pour la même période. C’esttrès peu. Le Bangladesh est aussi un paysqui risque gros en cas de poursuite de lahausse du niveau de la mer. À cause dece type de contradiction, le problème duclimat deviendra le principal problèmesocial du 21e siècle.

Le chercheur Wolfgang Sachs de l’Institutfür Klima, Umwelt und Energie allemand(Wuppertal) et d’autres experts envis-agent le contexte mondial de la manièresuivante. Le Sud a le droit de continuer àse développer, ce qui implique l’utilisa-tion de matières premières et laconsommation d’énergie, car sans cesdernières il est impossible de satisfaire lesbesoins de base dans le monde actuel.Le Sud doit donc connaître un essor éco-nomique, mais pas à n’importe quelprix. La courbe de croissance peutd’abord évoluer de manière exponentiel-le, mais à un certain moment, elle doitprendre la forme d’une ligne droiteascendante. En parallèle, le Nord doit sereplier dans une certaine mesure. Leniveau auquel les deux courbes se ren-contrent est considéré comme durable.

Une répartition équitable descharges

Pour ceux qui hésitent encore à croire auprincipe que les épaules les plus largesdoivent supporter la charge la plus lour-de, voici encore quelques donnéesbrutes. Presque 50 % de la populationmondiale doit survivre avec moins dedeux euros par jour. Sur les 6,5 milliardsd’humains sur la Terre, 1 milliard ne dis-pose pas d’eau potable et environ 800millions souffrent de la faim de manièrechronique. Un enfant sur cinq n’a pasaccès à l’enseignement élémentaire. Denotre côté, nous considérons évidem-ment tous ces avantages comme coulantde source. En outre, ceux qui représen-tent le plus une charge pourl’environnement et la Terre vivent pourla plupart dans l’environnement le plusbeau et le plus sain. Le fossé est telle-ment large qu’il nous est moralement etmatériellement impossible d’imposer descharges supplémentaires aux pays lesplus pauvres.

Les pays riches, y compris le nôtre, doi-vent donc évoluer vers une civilisationpeu gourmande en matières premières.Ils doivent limiter la surconsommation etréduire leurs émissions de CO2 de 80 à90 % (à l’échelle mondiale, 60 % d’ici2050). A cet effet, ils peuvent s’engagersur trois voies qui portent les doux nomsd’efficience, consistance et suffisance.

• L’Efficience implique une réduction desmoyens et de l’énergie utilisés parunité de biens et de services produits.C’est possible en développant de meil-leures technologies et en s’améliorantdu point de vue organisationnel. Vouspouvez aussi recycler et éviter la pro-duction de déchets. Les exemples sontlégion : concevoir des appareils moinsénergivores, investir dans de nouvellessolutions d’habitation, produire desmachines à laver qui consommentmoins d’eau, introduire des généra-teurs énergétiques super-efficaces,…

• La Consistance signifie que l’afflux dematières premières, le transfert desmatériaux et la production de déchetsne peuvent pas perturber le cyclenaturel. On traite donc ici de la com-patibilité de la nature et de latechnologie, qui doivent se compléteret se renforcer l’une l’autre. Les exem-ples caractéristiques de cette stratégiesont la promotion de l’énergie éolien-ne et une architecture inspirée parl’énergie solaire.

• La Suffisance consiste à consommerjuste ce qu’il faut et pas plus. Celas’applique aussi bien à l’individu qu’àla société, car l’excès nuit dans tous lesdomaines. La Terre bénéficiera de cetexercice de maîtrise de soi.

Et soyons honnêtes pour unefois…

L’application cohérente de ces principessera probablement douloureuse ici et là,mais il ne faut pas non plus exagérer la

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situation. Ce ne sera certainement pashorrible, car une réduction des émissionsde CO2 – et de la consommation dematières – d’un facteur 10 (pour parvenirà une réduction de 90 %) ne signifie évi-demment pas que nous aurons dix foismoins à manger dans notre assiette !C’est l’adoption d’une nouvelle mentalitéqui demande des efforts. Est-il vraimentnécessaire de rouler dans ces fameux 4x4qui vomissent le CO2 dans un pays com-me la Belgique, avec son urbanisationpoussée et sa multitude d’autoroutes ?Est-il absolument nécessaire de mangerdes fraises en hiver ? Les émissions deCO2 qu’elles entraînent sont hors propor-tion. Mieux vaut donc s’en gaver en été,lorsqu’elles sont à la portée de la main.Sachs affirme d’ailleurs à ce sujet que cetype de confort ne contribue que faible-ment au véritable bonheur, alors qu’il aun coût très élevé. La question de savoir «combien est suffisant » sera incontourna-ble à un moment donné ; elle estétroitement liée à ce que nous connais-sons depuis la nuit des temps comme « labonne mesure » ou « l’art de vivre ».

Économiser n’est pas unetâche désagréable. C’estune stratégie intéressante.Un pays comme le nôtre dispose d’unpotentiel d’économie gigantesque. Enfaire usage revient à faire un énormecoup double. Non seulement on lutteefficacement contre le problème climati-que, mais les moyens qui sont ainsilibérés peuvent aussi être consacrés à deschoses agréables et utiles, « pour le biende tous ». Le principal principe sous-jacent est simple comme bonjour : il estbeaucoup plus économique d’épargnerles carburants fossiles que de les payer.

La consommation d’énergie resteaujourd’hui une activité particulièrementinefficace, où des quantités invraisembla-bles de chaleur disparaissent dans lanature. Cette constatation est valable àtous les niveaux : combustion des carbu-rants fossiles dans les centralesélectriques, chauffage des maisons et aut-res bâtiments, propulsion des véhicules etutilisation de toutes sortes d’appareilsélectriques. Partout, le gaspillage esténorme. Les appareils électriques restent

pour la plupart en veille et causent 10 à13 % du gaspillage. Si vous utilisez del’électricité produite dans une centrale aucharbon pour allumer vos lampes à lamaison, cette chaîne présente un rende-ment particulièrement faible de 3 %.L’ensemble des familles en Belgiquedépense annuellement environ 10 mil-liards d’euros en chauffage, éclairage ettransport. Une économie de 10 % à peinepourrait donc libérer 1 milliard d’euros.

La chaleur résiduelle gaspillée peut êtrerécupérée, c’est clair. L’application de ceprincipe à la production d’électricité pardes centrales à charbon engendre auxÉtats-Unis un gain énergétique supérieurà l’ensemble des besoins énergétiquesjaponais. Des économies généralesd’énergie peuvent permettre à l’Unioneuropéenne de réaliser un gain de 60milliards d’euros. Cela correspond à lasomme des consommations énergétiquesactuelles de l’Allemagne et de la Finlan-de. Ces chiffres proviennent de laCommission européenne elle-même. Lastratégie idéale consiste à investir cettesomme dans des matières et services peuénergivores, une branche dans laquellenotre vieux continent est leader mondial.Et il y a encore un superbonus : cettestratégie crée 1 million de nouveauxemplois en Europe.

Qui rejette quoi ?

On sait que de nombreuses activitéshumaines, quelle que soit leur nature,contribuent au renforcement de l’effet deserre. Chaque activité ne contribue évi-demment pas dans les mêmesproportions. Le plus grand coupable àl’échelle mondiale, avec 61 % du total,est la consommation d’énergie, qui pro-vient de l’électricité, du chauffage et dutransport. Vient ensuite l’utilisation desterres. Nous entendons par là par exem-ple la déforestation, le reboisement et la

création de nouveaux bois. Il est évidentque les deux dernières activités réduisentles émissions de gaz à effet de serre.L’agriculture est un troisième facteurimportant. Le poids de chaque activitévarie d’un pays à l’autre et on note égale-ment de grandes différences entre lespays industrialisés et les pays en voie dedéveloppement. Dans ces pays, parexemple, les effets de l’agriculture sontprépondérants.

Il s’agit là de tendances générales etmondiales. Si l’on examine la situation àl’échelle de notre petit pays, on obtientles proportions suivantes. Le chauffagedes bâtiments prend la première place,avec 21,8 % de la totalité des émissions.Entre 1990 et 2004, cette proportion aaugmenté de 14,3 %. Tous les types debâtiments sont concernés : maisons,appartements, bureaux, écoles et bâti-ments d’entreprises. Les émissions liéesau chauffage des habitations ont aug-menté dans la même période 1990-2004de 12,4 % et le chauffage des bâtimentsd’entreprises de pas moins de 43,0 %.On voit bien que les possibilités d’écono-mie sont énormes. Dans la partiesuivante, nous traiterons de ce qui estconcrètement possible, par exemple,pour les habitations afin de les rendrebeaucoup plus efficaces du point de vueénergétique.

En Belgique, la consommation d’énergiepar l’industrie occupe la deuxième place,avec 20,1 % des émissions. Une réduc-tion de 10,9 % a déjà été atteinte grâce àune amélioration de l’efficience énergéti-que. Suit le transport, avec 18,5 % de latotalité des émissions – 97 % pour letransport routier – et une croissance de34,0 % dans la période 1990-2004. Lesactivités agricoles contribuent pour 7,7% des émissions de gaz à effet de serredans notre contrée.

Année concentraton CO2 (ppm)1993 357,041994 358,881995 360,881996 362,641997 363,761998 366,631999 368,312000 369,482001 371,022002 373,102003 375,64

Chiffres concrets : la concentration en CO2 dansl’atmosphère continue à croître. Mesures prisesà Mauna Loa, Hawaii, 1993-2003.

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Économiser l’énergie àla maison : une mined’orLe potentiel des bâtiments

Afin de maintenir le niveau des gaz àeffet de serre dans l’atmosphère terrestreau-dessous du seuil de 500 ppm et doncmaintenir le réchauffement dans deslimites acceptables, il est indispensabled’agir simultanément sur de nombreuxfronts. Il y a beaucoup à faire dans lessecteurs de l’énergie, du transport, desbâtiments, de l’industrie, de l’agricultureet de la sylviculture. On commence éga-lement à se rendre compte que notrecomportement personnel et la façondont nous gérons l’énergie à la maisonpeuvent contribuer grandement dansl’approche du problème. On peut réali-ser une réduction de 30 % des émissionsliées aux bâtiments d’ici à 2030. Com-ment ? Surtout en les concevant demanière intelligente et en appliquant destechnologies peu voraces en énergiedans le domaine de l’isolation, de la ven-tilation, de l’éclairage, du chauffage etde l’emploi de l’énergie solaire.

Nombre d’organisations, entreprises etpouvoirs publics – y compris la Commu-nauté flamande – proposent des conseils àce sujet. Tout le monde semble s’accorderpour affirmer que tout commence sur latable de dessin de l’architecte. Un bonconcept, une isolation parfaite et unchauffage à haut rendement en sont lespierres angulaires. On peut encore conseil-ler nombre de mesures supplémentaires.

En résumé, on peut économiser beau-coup d’énergie en :• Construisant de la manière la plus

compacte possible• Étant très attentif à l’isolation• Installant un système de chauffage

bien étudié• Choisissant les bons appareils électri-

ques et en limitant leur consommation• Plaçant des lampes économiques• Optimisant la consommation d’eau

chaude• Luttant contre la consommation

cachée

Vous en saurez beaucoup plus sur cespossibilités et comment en profiter enlisant les Encadrés 8 et 9.

Encadré 8. Votre contribution à la maison : construire, isoler, chauffer

Construire de la manière la plus compacte possibleEn Belgique, on construit en général en occupant beaucoup d’espace. Si le bâti-ment existe déjà, il n’y a plus grand-chose à faire à ce point de vue. Par contre, lespossibilités sont multiples au stade du projet. Une habitation écologique estcompacte. Si l’on construit ainsi – en se rapprochant au maximum de la forme ducube –, la surface des murs extérieurs, par lesquels des pertes thermiques peuventse produire, est réduite au maximum. En outre, cette occupation minimaled’espace peut être considérée comme durable, puisque vous occupez le moinspossible l’espace déjà plutôt rare de la Flandre. Le meilleur endroit où construireselon ce précepte est la ville, avec ses nombreuses maisons en rangée et apparte-ments, où les pertes d’espace sont déjà plus réduites, cela coule de source. Enconstruisant dans la ville, vous contribuez aussi dans de nombreux cas à uneréduction du nombre de mouvements de mobilité. Quelques informations utiles :

• En construisant de manière compacte, vous réduisez les coûts de chauffage de50 %.

• Si vous possédez une habitation avec beaucoup de fenêtres et de piècesorientées vers le sud, vous profitez au maximum de la chaleur solaire et de lalumière. Gain : 5 à 20 % de la facture énergétique.

• Attention aux surfaces vitrées trop importantes du côté sud : vous pourriez avoirtrop chaud en été.

Isolation : un facteur importantL’isolation est le deuxième commandement et si votre habitation existe déjà, c’estde toute façon l’aspect le plus important. Les habitations belges sont en généraldes gaspilleuses thermiques notoires ; elles sont renommées pour la mauvaisequalité de leur isolation. L’équivalent énergétique d’environ 50 % des émissionsde gaz à effet de serre s’envole tout simplement des maisons, en passant par lesfenêtres, les murs, le sol et le toit. Ces chiffres sont impressionnants, mais ils illus-trent aussi les vastes opportunités qu’offre cette situation. Les nouvelleshabitations doivent satisfaire les normes d’isolation les plus strictes. En Belgique,on transforme ou rénove environ 34.000 habitations par an. La politique suiviedoit donc aussi en tenir compte. Quelques points importants à ce sujet :

• Les autorités flamandes imposent des exigences en matière d’isolation et de per-formance énergétique en cas de construction ou de transformation.

• La performance énergétique porte sur l’isolation, les installations de chauffage,la ventilation et l’énergie solaire.

• L’isolation du toit et les vitrages à haut rendement sont le plus souvent faciles àréaliser sans rénovation approfondie.

• Demandez au professionnel de vous conseiller en matière d’isolation.• Des habitations bien isolées exigent une ventilation contrôlée, par exemple via

des grilles que l’on peut ouvrir ou fermer dans les fenêtres.

ChauffageSouvent, les anciennes installations de chauffage des maisons présentent un faiblerendement. De grands progrès ont été réalisés ces dernières années à ce niveau.Les installations sont devenues beaucoup plus économiques. Mieux vaut doncremplacer une ancienne chaudière – de plus de vingt ans par exemple – par unenouvelle. Voici quelques points pratiques à garder en mémoire :

• La plupart des installations de chauffage domestiques sont trop puissantes.Choisissez-en qui correspondent bien à vos besoins spécifiques.

• Il est conseillé de placer un thermostat avec programmateur et des vannes ther-mostatiques sur les radiateurs.

• Avec l’aide d’un capteur extérieur, la température de la chaudière s’adapte autemps.

• Mieux vaut isoler les tuyaux de chauffage dans les espaces non chauffés.• Placez des feuilles réfléchissantes derrière chaque radiateur afin d’éviter les per-

tes thermiques vers les murs extérieurs.• La nuit, le chauffage doit être réglé plus bas, par ex. à 15°C.

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Encadré 9. Votre contribution à la maison : appareils,éclairage, eau chaude et consommation cachée

Appareils électriquesA la maison, chacun peut économiser efficacement de l’énergie au niveau de la cuis-son, du refroidissement et de la congélation, du lavage, du séchage, du repassage,de l’éclairage, de l’obtention d’eau chaude et de la consommation cachée, ainsiqu’en plaçant des panneaux photovoltaïques. Pour cuire, vous avez le choix entre lacuisinière au gaz ou à l’électricité. Le gaz naturel constitue la meilleure option entermes d’utilisation rationnelle de l’énergie et de coûts. Il existe aujourd’hui de nom-breux types de cuisinières électriques. Les plaques à induction obtiennent lesmeilleurs scores, avec le gaz naturel, au niveau de la consommation d’énergie. Il y aensuite, par ordre croissant de consommation : les plaques céramiques avec halogè-ne, les plaques céramiques avec résistance et la cuisinière électrique classique. Lesfours offrent également le choix entre le gaz et l’électricité. Une fois de plus, mieuxvaut opter pour le gaz ; il faut aussi préférer un four avec ventilateur pour faire circu-ler l’air. Un four micro-ondes est environ 50 % plus économique qu’un four ou unecuisinière classiques, excepté pour les grandes quantités.

Le refroidissement et la congélation imposent une consommation d’électricité à lafois diurne et nocturne. Il existe de nombreux types d’appareils, certains plus économiques que d’autres. Tout commence dès l’achat, en choisissant un réfrigé-rateur ou un congélateur avec un label A+ ou A++. Prenez-en un qui correspondbien à vos besoins.

Les lave-vaisselle consomment moins d’eau chaude que la vaisselle manuelle. Ache-tez un appareil avec un label énergétique. Vous pouvez en faire un usage pluséconomique en le reliant au circuit d’eau chaude et en le plaçant près du chauffe-eau. Allumez-le quand il est rempli, pas avant. Vous pouvez aussi agir de manièreresponsable avec vos autres appareils électriques. Ne les laissez pas allumés inutile-ment et détartrez à temps votre machine à café. On utilise de plus en plusfréquemment des systèmes hot-fill pour les lave-linge, avec un double raccorde-ment au robinet d’eau chaude et d’eau froide. Il s’agit d’un système économiquecar la plus grande partie de l’énergie que consomme un lave-linge sert au chauffagede l’eau. Les séchoirs mécaniques sont de véritables dévoreurs d’énergie. Les appa-reils récents au gaz sont moins énergivores que les électriques. La méthode la pluséconomique reste le séchage sur un séchoir ou un fil, dans le jardin ou non. Mieuxvaut repasser avec de la vapeur, car les résultats sont plus rapides, sans difficulté.

Lampes économiquesOn promeut fortement l’utilisation de lampes économiques à la place de lampes àincandescence, et c’est justifié. Une lampe économique n’est en fait rien d’autrequ’un petit tube fluorescent, qui constitue toujours l’éclairage le plus économique.Une lampe à incandescence produit 10 % de lumière et 90 % de chaleur. Une lam-pe économique consomme cinq fois moins d’énergie et se conserve dix fois pluslongtemps. Les prix ont fortement diminué ces derniers temps. Pourquoi hésiter ?

Et maintenant le bainPrendre un bon bain peut être très relaxant. Mais l’obtention d’eau chaude coûteénormément en termes énergétiques et même deux fois plus avec l’électricitéqu’avec le gaz. Pour remplir votre bain, il vous faut en moyenne 130 litres d’eauchaude, soit 13 seaux. Une douche de cinq minutes ne consomme que cinqseaux et si la douche possède un robinet économique – à partir de 12,50 euros –,cette quantité sera même réduite à trois seaux. Vous pouvez aussi installer unchauffe-eau qui fonctionne à l’énergie solaire.

Pertes silencieusesLa consommation cachée naît des nombreux appareils avec fonction de veille quevous avez à la maison. Cette fonction vous permet d’allumer votre télévision, vot-re home cinema, votre lecteur de CD ou votre four micro-ondes d’une simplepression sur le bouton de la commande à distance. Quel est le problème, encore? Il y en a un gros. Cette fonction consomme énormément d’énergie, même pen-dant que vous dormez. Est-ce vraiment nécessaire ? La consommation cachéereprésente souvent environ 10 % de la consommation d’énergie totale d’unehabitation. Vous pouvez l’éviter en acquérant des appareils avec une faible con-sommation cachée, en éteignant complètement vos appareils quand vous ne lesutilisez pas ou en les raccordant à un multiprise avec interrupteur – beaucoupd’appareils n’ont même plus d’interrupteur.

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Comportement à récompenser

Les investissements pour l’économied’énergie bénéficient de primes offertespar les pouvoirs communautaires, provin-ciaux et communaux. Par le gestionnairedu réseau électrique aussi. Au minimumhuit mesures générant une économied’énergie permettent de profiter d’unavantage fiscal. En général, une stratégiefondée sur des stimulants financiers restequoi qu’il en soit un instrument politiqueimportant pour aider notre pays à réali-ser les objectifs de Kyoto.

Une percée : la maison àtrois litresLe projet pilote

La consommation annuelle d’énergied’une ancienne habitation s’élève enmoyenne à 20 à 30 litres de mazout parmètre carré par an. Pour les nouvelleshabitations, elle tombe à 7 litres. Il a étéprouvé par une initiative du secteur privéallemand qu’il est possible de la réduireencore, et même beaucoup plus. Unaccord de coopération entre la firmeBASF, la filiale de BASF WINGAS, dessociétés techniques spécialisées et lessociétés de logement GEWOGE etLUWOGE a permis de réduire la consom-mation d’anciennes habitations à 3 l parm2 par an dans le cadre d’un projet pilo-te. Situées dans le quartier Bunckviertel,dans le district de Friesenheim à Lud-wigshafen, les habitations dataient desannées trente du siècle dernier. Elles ontété adaptées pour devenir des « maisonsà trois litres ». Une isolation très pousséea permis de réduire la consommationd’énergie de 75 % et les émissions degaz à effet de serre de 80 %. Soyonsclairs : les habitants bénéficient toujoursdu même confort. Certains ont mêmeréussi à limiter la consommation à moinsde 3 litres, toujours sans perte de con-fort. Ce sont les habitants qui bénéficientdu projet. Si leur consommation est infé-rieure à 3 litres, on leur verse ladifférence.

Rénovée sous tous les angles

Une habitation économique et conforta-ble fondée sur le concept des trois litresexige des technologies très avancées. Leséléments novateurs d’une maison à troislitres sont les suivants :

• Isolation thermique optimale.De nouveaux matériaux (comme leNeopor®) ont été utilisés ; ils ont étéplacés en couches d’au moins 20 cmd’épaisseur. On évite les « conduits »via lesquels la chaleur peut s’échapperen suivant les éléments structurels deconstruction. Le Neopor® est le précur-seur du Styropor®, développé dès lesannées 1950 et toujours utiliséaujourd’hui, et est doté de propriétésisolantes encore plus élevées. Le maté-riau – un alliage de polystyrèneexpansible – contient de minusculesréflecteurs en graphite qui renvoient etabsorbent le rayonnement thermique.Une tonne de Neopor® dans une mais-on à trois litres permet d’économiser1260 l litres de mazout par an.

• Production d’électricité et de cha-leur grâce à des piles àcombustible respectueuses del’environnement.

Ces piles sont alimentées par du gaznaturel et génèrent de l’électricité parune réaction électrochimique entrel’hydrogène et l’oxygène atmosphéri-que. Ainsi, les habitants de la maison àtrois litres ont installé chez eux unemini-centrale électrique expérimenta-le, beaucoup plus efficace que lesautres technologies et surtout pro-duisant beaucoup moins de gaz à effetde serre. La pile fournit électricité etchaleur – 30 % des besoins du bâti-ment. Le surplus d’électricité estintroduit dans le réseau.

• Utilisation passive de l’énergiesolaire grâce à des surfaces vitréesplus importantes.

• Triple vitrage avec châssis en PVCet gaz inerte entre les panneaux.

Les châssis Vinidur® possèdent un noy-au en polyuréthane isolant. Lesfenêtres avec simple vitrage laissentsept fois plus de chaleur s’échapper.

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• Une température ambiante agréa-ble grâce à l’emploi de PhaseChange Materials (PCM).

Le PCM (matériau à changement dephase) est un accumulateur de chaleurlatente qui stocke la chaleur et la diffu-se, selon la température ambiante. Sila température monte, le PCM devientliquide et stocke la chaleur. Si latempérature baisse, le matériau se soli-difie et diffuse lentement la chaleur.Ainsi, la température ambiante resteconstante avec des écarts limités. Descapsules microscopiques de PCM, unmatériau cireux, sont intégrées dansdes matériaux de construction tels quele plâtre et les matières de charge. Unplâtre mural composé d’un tiers dePCM peut maintenir la chaleur dansune fourchette de température de 22 à26°C aussi efficacement qu’un mur debrique de 20 cm d’épaisseur.

• Aspiration et aération contrôléesavec récupération de chaleur.

Ce système aspire l’air de la cuisine etde la salle de bains et fait passer cet air

dans un échangeur de chaleur quitransfère 85 % de la chaleur dans l’airfrais. L’air frais se diffuse dans les piè-ces de séjour et les chambres. Lamajeure partie de la chaleur reste doncdans le bâtiment, l’atmosphère intéri-eure est renouvelée continuellement etles contaminants en sont éliminés.

Que du bénéfice

En Allemagne, environ 600.000 habita-tions sont rénovées annuellement.Rénové est un bien grand mot car dansla plupart des cas, il s’agit plutôt de mes-ures superficielles. Par exemple, onrepeint la façade avant. Souvent, onn’envisage pas du tout d’améliorer l’iso-lation. Si ces habitations étaientmodernisées conformément aux normesénergétiques en vigueur pour les nouvel-les constructions – en Allemagne,environ 7 litres de mazout par m2 par an–, les émissions de gaz à effet de serreseraient réduites de 14 millions de ton-nes par an, soit environ 30 milliardsd’euros par an. Cette mesure garantiraitégalement 300.000 à 450.000 emploisdans le secteur de la construction.

Étape suivante : la maisonà deux litresLes matériaux et les technologies depointe nécessaires à la construction de lamaison à deux litres ont été développéspar un consortium d’entreprises mem-bres de l’AIPE and PVC Information Center,une asbl qui promeut l’utilisation dupolychlorure de vinyle (PVC) et de lamousse de polystyrène expansé (EPS). Lamaison à deux litres est un exempled’éco-conception principalement souci-euse de la consommation rationnelled’énergie, permettant de consommer dixfois moins d’énergie pour le chauffage etla production d’eau chaude que dansune maison classique. Le confort n’enpâtit pas et il n’est pas nécessaire nonplus de faire des compromis esthétiques.

Ces idées ont été mises en pratique par lesautorités communales d’Ozzano (Bolog-ne) en Italie dans un projet qui adémontré la faisabilité et l’efficacité deshabitations peu énergivores. Elles ont con-struit cinq appartements conformément àun devis imposant une consommation demoins de deux litres de carburants fossilespar mètre carré et par an.

De l’extérieur, il faut vraiment bienregarder pour voir autre chose qu’unehabitation contemporaine dans ce bâti-ment à grandes fenêtres. Et pourtant, ilest le résultat de recherches très pous-sées en matière de réduction deconsommation d’énergie : des fenêtresplacées en fonction de l’orientation duvent, l’énergie solaire pour la productiond’électricité et d’eau chaude, la cogéné-ration, la ventilation mécanique,l’isolation thermique avec EPS et surtoutles châssis de fenêtres et les portes trèsperformants.

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La lumière naturelle joue un rôle fonda-mental dans la sensation de confort etde bien-être que nous souhaitons pour laplupart dans nos habitations. Une habi-tation conçue de manière classique esttrès sensible aux variations de tempéra-tures à cause de ses fenêtres. C’est icique le PVC intervient. Ce matériau a étéutilisé pour les châssis de la maison àdeux litres car sa conductance thermiqueest très faible – environ 1000 fois inféri-eure à celle de l’aluminium. Il obtientdonc des scores particulièrement bonsau niveau de l’efficacité énergétique. Iloffre en outre d’excellentes garanties destabilité à long terme et son prix est trèsraisonnable.

Encore mieux : la maison à un litreAvec le projet à trois litres à Ludwigsha-fen et le projet à deux litres d’Ozzano, ila été démontré clairement qu’il étaitpossible dans la pratique d’appliquer desmesures très poussées d’économied’énergie dans les habitations. Et mainte-nant, il y a le projet à un litre.

La norme des trois litres peut être réa-lisée dès maintenant dans le cadre detransformations et de rénovations. Lamaison à un litre – avec une consomma-tion d’énergie d’un litre de mazout parm® par an – devrait devenir la normepour les transformations d’ici 2020.L’application de ces stratégies d’écono-mie produit des factures de chauffageremarquablement faibles. Pour un appar-tement de 100 m2, la facture annuelleest de :

• Vieux bâtiment non modernisé €1400 • Maison à 7 litres : €500• Maison à 3 litres : €200 • Maison à 1 litre : €70

LUWOGE a construit 46 nouvelles mais-ons à un litre dans le quartier deBunckviertel à Ludwighafen. Ici aussi, leconcept-clé a été une isolation thermi-que très poussée. Des couches de 60 cmde Neopor® ont été posées, ainsi que des

fenêtres triple vitrage avec gaz inerte etun système de ventilation avec récupéra-tion de chaleur. Une centrale électriquethermique compacte répond aux besoinssupplémentaires de chauffage des 46habitations et couvre tous les besoinsd’électricité et d’eau chaude.

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Encore plus fort : la maison passive

Dans une maison passive, la consomma-tion brute pour le chauffage s’élève àmoins de 15 kWh par m2 et par an. Unmeilleur confort de vie s’allie à des pertesd’énergie encore plus faibles. Les pertesthermiques sont limitées à un strict mini-mum par l’isolation, une grandeétanchéité et l’énergie passive telle que lachaleur de fond et l’énergie solaire. Unebonne ventilation avec récupération dechaleur garantit une atmosphère saine àl’intérieur. Des appareils électriques effi-caces à faible consommation font le reste.

Dans notre pays, le concept de la maisonpassive n’est pas encore bien intégré(bien que, selon des estimations, quel-

ques centaines de maisons passives exis-teraient déjà ou seraient en constructionen Flandre), alors que c’est déjà le casdans d’autres pays. En Allemagne et enAutriche, on a déjà construit des milliersde maisons passives depuis le milieu desannées 1990 et beaucoup plus sont pla-nifiées. La Suisse est également àl’avant-garde au niveau des connaissan-ces et de la technologie dans cedomaine. Chez nous, la norme du con-cept de la maison passive devrait êtreréalisable pour de nouvelles construc-tions d’ici 2020.

Quelque chose de plus ?Les premières maisons expérimentalesénergie-plus existent déjà. Elles produi-sent plus d’énergie qu’elles n’enconsomment. Qui dit mieux ?

Citation – Ronnie Jumeau, ministre del’Environnement et des Richesses naturel-les des Seychelles : « Aujourd’hui, noussommes tous liés les uns aux autres, par-tout dans le monde. Si la glace fond dansle Groënland, nous sommes inondés. Si laforêt de l’Amazone est le poumon de laplanète, nous en sommes la conscience. Ilest grand temps de réfléchir à ce que ledéveloppement durable implique pour cha-cun d’entre nous. »

Que fait l’UE ?

Une variété d'initiatives de contrôle du climat ont été mises enplace à l'échelle de l'Union européenne et des États membres.Afin d'atteindre les réductions d'émission fixées par le protocolede Kyoto, la Commission européenne a lancé son programmeeuropéen de lutte contre le changement climatique en mars2000, dans le cadre duquel la Commission travaille avec l'indus-trie, les organisations environnementales et d'autres intervenantsafin d'identifier les mesures rentables permettant de réduire lesémissions. Plus de 30 mesures ont été mises en œuvre.

Le système d'échange des droits d'émission mis en place le 1erjanvier 2005 constitue la pierre angulaire des politiques de l'Union en matière de changement climatique. Les gouverne-ments des États membres ont fixé des limites d'émissions deCO2 annuelles à quelque 10 500 centrales électriques et entre-prises industrielles à forte consommation d'énergie, qui sont àl'origine de la moitié des émissions de CO2 au sein de l'Unioneuropéenne. Les usines dont les émissions de CO2 sont inférieu-res à la limite autorisée peuvent vendre leurs quotas d'émissioninutilisés à d'autres usines qui n'obtiennent pas de si bons résul-tats. Ce système constitue une incitation financière à réduire lesémissions et veille à ce que les quotas d'émission trouventacquéreur – les entreprises qui dépassent leurs limites d'émis-sion et qui choisissent de ne pas compenser par l'achat dequotas d'émission à des tiers devraient s'acquitter d'amendesdissuasives. Le système d'échange des droitsd'émission de l'Union européenne garantit queles émissions sont réduites là où c'est le moinscher et diminue les coûts généraux liés à laréduction des émissions.

Au rang des autres mesures prévues par le PECC, certainesvisent à améliorer le rendement énergétique des voitures etl'efficacité énergétique des bâtiments – une meilleure isolationpermet de diminuer les frais de chauffage de 90 % – à aug-menter l'utilisation des sources d'énergies renouvelables, tellesque le vent, le soleil, les marées, la biomasse (matières organi-ques telles que le bois, les résidus des usines de conversion dubois, les plantes ou les excréments d'animaux) et la géother-mie (chaleur des sources chaudes ou des volcans), et à réduireles émissions de méthane des décharges.

Source:

Une deuxième phase du PECC a été lancée en octobre 2005pour continuer de développer des mesures rentables de réduc-tion des émissions. L'accent est mis sur le développement depropositions destinées à renforcer le système d'échange desdroits d'émission de l'Union européenne, à réduire les émissionsde l'aviation et du transport routier de passagers, à développerla technologie de capture et de stockage du CO2 et à identifierdes mesures d'adaptation aux effets inéluctables du change-ment climatique. Sur la base de ces travaux, la Commission arécemment proposé une législation qui inclut les compagniesaériennes dans le système d'échange des droits d'émission del'Union européenne et vise à réduire les émissions de gaz à effetde serre des carburants de transport. Elle a également annoncéqu'elle proposera un instrument législatif en ce qui concerne lesémissions de CO2 des nouvelles voitures.Les objectifs du protocole de Kyoto ayant été fixés jusqu'en2012, l'Union européenne insiste pour la création d'un nouvelaccord international qui garantisse que le réchauffement cli-matique soit maîtrisé avant que les températures ne dépassentde 2 °C les niveaux antérieurs à l'ère industrielle. Les scientifi-ques fixent la limite à 2 °C, au-delà de laquelle le changementclimatique entraînerait des phénomènes catastrophiques etirréversibles à l'échelle planétaire.

Considérant cette limite de température, la Commissioneuropéenne a proposé une stratégie sur le climat et l'énergieen janvier 2007 définissant une série de mesures et d'objectifs

ambitieux qui ont été approuvés par desdirigeants européens deux mois plus tard.

L'Union européenne s'est engagée à rédui-re ses émissions de gaz à effet de serre d'aumoins 20 % par rapport aux niveaux de

1990 d'ici 2020 et est prête à les réduire de 30 % si les autrespays industrialisés font de même et si les pays en développe-ment prennent également des mesures. Afin d'atteindre cetobjectif de 20 %, les mesures existantes, telles que le systèmed'échange des droits d'émission, seront complétées par de nou-velles mesures qui visent en particulier à améliorer l'efficacitéénergétique de 20 % d'ici 2020, à atteindre une part de sour-ces d'énergies renouvelables de 20 % d'ici 2020 et à équiper denouvelles centrales électriques de systèmes de capture et destockage du CO2.

http://ec.europa.eu/environment/climat/campaign/whatiseudoing_fr.htm

70% de l’énergie consommée par les ménages au sein de l’UE sont affectés au chauffage domestique; 14% servent à chauffer l’eau.

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ConclusionLorsque l’ouragan Katrina s’est attaqué àla Nouvelle Orléans en août 2005 commeun monstre déchaîné et laissé derrière luiune ville fantôme inondée, beaucoup delarmes de crocodiles ont coulé et degrandes promesses ont été faites. Pour-tant, on savait depuis longtemps que laville était très vulnérable et que les diguesdevaient être renforcées. Les autorités ontchoisi de différer les dépenses nécessaireset de continuer à vivre dans la fausse éco-nomie d’une non-dépense illusoire. Lanote est venue plus tard, beaucoup pluschère. Le monde confronté au change-ment climatique et à ses conséquencesattendues pourrait-il en tirer une leçon ?La réponse est connue.

Sources consultées

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newsvote.bbc.co.ukCIA World Factbook. www.cia.govDe Standaard. www.standaard.beEuropese Commissie. europa.eu.intInternational Panel on Climate Change

(IPCC). www.ipcc.chKeytsman E, Jones PT. Het klimaatboek.

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Knack. www.knack.beKoninklijk Nederlands Meteorologisch Insti-

tuut. www.knmi.nlMinisterie van de Vlaamse Gemeenschap.

www.energiesparen.beMO*. Mondiaal nieuws. mo.be

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2006. ISBN 9052106509.Platform Communication on Climate

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Science. www.science.comStern N. Stern Review Report on the Econo-

mics of Climate Change. CambridgeUniversity Press, 2006. ISBN 0-521-70080-9.

Universiteit Antwerpen. Klimaatverande-ring? Inbox 10, 2007.

Vlaams Klimaatbeleidsplan 2006-2012.www.vlaanderen.be/klimaatconferentie

Volkshuisvesting, Ruimtelijke Ordening enMilieubeheer (VROM). www.vrom.nl

World Health Organization. www.who.intWorld Resources Institute. www.wri.org

Un souffle d’adversité

Dans ce numéro de MENS, l’auteur a clairement rassembléune masse de faits, dans le cadre d’une vision tournée versl’avenir et s’accompagnant des directives y relatives indiquantl’attitude et les comportements humains attendus. La rédac-tion, et peut-être vous aussi, lecteur, lui en est trèsreconnaissante.

Concernant les thèses avancées, il existe toutefois des diver-gences de vues, comme l’auteur l’indique également (adepteset non-adeptes). En signe de l’esprit d’ouverture dans lequel la présente revue est éditée, voici quelques points de vue personnels diamétralement opposés au ton de base du plaidoyer de Guido François.

1. L’augmentation globale de la température enregistrée surune période d’une dizaine d’années n’est pas nécessaire-ment attribuable à une augmentation des gaz d’effet deserre. La théorie qui renvoie à une activité solaire accrueentraînant une plus importante libération de CO2 depuisles océans (et cette augmentation est donc une consé-quence du réchauffement, elle n’en est pas la cause) n’ajamais été réfutée de façon convaincante.

2. L’importance du CO2 est systématiquement accentuée,notamment- en exprimant ces émissions en unités de masse absolue

(tonnes) au lieu d’utiliser des quantités relatives plus réa-listes (notre atmosphère contient trente fois plus d’argonque de dioxyde de carbone)

- en indiquant l’apport de méthane, etc. en équivalentsCO2, alors qu’une formulation vraiment relativisanteconcernant la production humaine via la respiration(1,88 gigatonne par an) est ridiculisée.

2bis. La troisième question sur laquelle se penche l’IPCCdepuis 1992 est ‘comment réduirons-nous l’émission degaz d’effet de serre ?’ Il est donc déjà accepté comme pré-misse que cette réduction est nécessaire, alorsqu’eux-mêmes parlent d’une situation ‘très vraisemblable’.

3. La science doit conduire à une action. C’est pour cette rais-on que siègent également des politiciens au sein de l’IPCC.Ces personnes doivent défendre toutes sortes d’intérêts.Ainsi, il est possible que certains militent contre la supré-matie des pays arabes sur le marché de l’énergie.‘Économiser sur le pétrole brut’ est alors une donnée géo-politico-économique, les craintes concernant le climatétant l’alibi. En ce sens, le président de la Tchéquie n’a pastort au sujet de l’IPCC.

4. Jusqu’où peut-on aller dans la promotion de mesures favo-risant l’économie d’énergie ? Un chimiste a un solideargument pour être économe avec le pétrole brut : il con-tient tellement de précieuses liaisons (à la base demédicaments, teintures, matériaux de construction, etc.)qu’il est dommage de ne faire que brûler ces composantes.

Les raisons sont donc nombreuses pour traiter le pétrole brutavec parcimonie et utiliser davantage l’énergie solaire etnucléaire. Une amélioration constante de la technologie devray veiller.

Mais accordez-nous encore le plaisir d’unbain chaud, une fontaine étincelante, unéclairage public haut en couleur, unmusée bien éclairé avec air conditionné,une excursion en voiture …

Karel Bruggemans

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Réaction à un minority report

Karel Bruggemans a tout à fait le droit de ne pas être d’accordavec le contenu de ce texte. Plaide en outre en sa faveur lefait qu’il se présente au sein de la rédaction de MENS commeun défenseur de la liberté d’expression. Cette liberté merevient également et c’est pour cette raison que la rédaction adécidé de publier sa vision et ma réaction à ce sujet ici, justel’une à côté de l’autre. Je ne peux souscrire à la plupart despoints de vue de Karels. Selon moi, ils ne tiennent pas comptede l’état actuel des connaissances scientifiques au sujet deschangements climatiques.

1. L’affirmation que l’activité solaire a augmenté davantage aucours de ces dix dernières années qu’à n’importe quelmoment au cours des 10.000 ans qui viennent de s’écoulern’est pas une théorie, mais un fait. Des facteurs naturelscomme une irradiation solaire accrue contribuent auréchauffement de la terre. La contribution nette est cepen-dant très faible par rapport à l’impact des gaz d’effet deserre (0,12 Wm-2 contre 2,30 Wm-2). Les climatosceptiquesqui pensent que le réchauffement est surtout à imputer àune activité solaire supérieure prennent donc le problèmeà l’envers. Ensuite, ce pic d’activité semble à présentrévolu, de sorte que, s’il y a un lien direct entre l’activitésolaire et la température de la terre, nous devrions pouvoirnous attendre maintenant à des températures légèrementinférieures.

2. L’importance du CO2 – et d’autres gaz d’effet de serre – esten effet systématiquement accentuée, et à juste titre. Lefait que le CO2 dans l’atmosphère fasse augmenter latempérature sur terre est déjà connu depuis la premièremoitié du 19ème siècle. Le fait par ex. qu’il y a plusd’argon dans l’atmosphère que de CO2, n’a aucune perti-nence dans la discussion. Le fait que l’effet de serre duméthane notamment soit exprimé en équivalents CO2n’est rien d’autre qu’un mode de travail pratique. En prin-cipe, on aurait également pu procéder inversement, maisle CO2 joue, il est vrai, un rôle central.

2bis. La signification de la catégorie ‘très probable’ est malévaluée par mon très cher adversaire. Dans le cadre de laterminologie de l’IPCC – et par extension aussi dans la ter-minologie scientifique générale – les termes ‘trèsvraisemblable’ correspondent au plus haut niveau de certi-tude qui puisse être atteint, car, dans le langage scientifique

le plus strict, des catégories telles que ‘certitude totale’ sontconsidérées comme à éviter. Dans un langage courant, onpeut peut-être supposer derrière les termes ‘très vraisem-blable’ une mesure considérable encore d’incertitude, maisdans le contexte présent, c’est plutôt l’inverse.

3. En effet, à côté des scientifiques, des représentants desautorités siègent également au sein de l’IPCC. En vérité, cen’est certainement pas une tâche aisée d’amener un panelde cette nature à un consensus. Chacun défend en effet sespoints de vue ou intérêts. Affirmer que les membres scienti-fiques vont toutefois ainsi se laisser manipuler ou diriger estun vain espoir. Ils seraient très rapidement rappelés à l’ord-re par leurs confrères internationaux. Qui plus est, lamajorité du flux incessant des publications scientifiquesindépendantes relatives au changement climatique sou-tient le consensus de l’IPCC. Et enfin, ce n’est un secretpour personne qu’une partie du panel, fermée aux influen-ces politiques, aurait voulu formuler des points de vueencore plus vigoureux.

4. La consommation d’énergie n’est pas le seul facteur surlequel nous pouvons agir pour réduire l’effet de serre ren-forcé, mais il est cependant le plus important. Continueravec insouciance à brûler des carburants fossiles commen-ce peu à peu à relever d’une ‘pensée fossile’. Les effetsnégatifs de cette attitude et le caractère temporaire desstocks sont décisifs sur ce point. Un changement d’énergieest donc nécessaire. En même temps que nous nous inté-ressons aux sources d’énergie durables – qui serontamplement abordées dans le prochain numéro de MENS –nous devons épargner de l’énergie, car c’est extraordinaire-ment efficace en termes de coûts. Dans le domaine de laconstruction et du logement surtout – mais pas exclusive-ment –, beaucoup de choses sont possibles. Cependant,imaginer que tout devrait se faire au détriment du confortnormal de tous les jours, est tout à fait farfelu. Prenez parexemple la ‘maison de trois litres’ et ses successeurs. La cli-matisation, vous n’en aurez plus besoin, Karel, grâce à uneconstruction astucieuse et desprocédés d’isolation ainsi qu’unerégulation optimale du climat viad’autres méthodes. Prendre un bonbain chaud restera autorisé sanslimitation, même dans votre loge-ment super économe.

Guido François

Testez votre propre consommation d’énergiesur www.energivores.beDésirez-vous avoir une idée de votre consommation d’énergie à lamaison et de celle que vous consommez pour vos déplacements ? Enrépondant à une dizaine de questions simples, vous pourrez estimervotre consommation, le volume de vos émissions de CO2 et les coûtsqui en découlent pour vous.

Vous aurez ainsi l’opportunité de comparer vos propres émissions de CO2 avec celles du Belge moyen, celles d’un Belge qui satisfait aux « objectifs de Kyoto » et celles d’un Belge qui réduit autant quepossible sa consommation domestique d’énergie.

Enfin, ce test vous donnera une idée de la quantité d’énergie quevous pouvez économiser en optant pour des appareils à faible consommation d’énergie et en utilisant ceux-ci de manière économe.

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L’Université de Barcelone, sous la direction du professeur Baldasano, a réaliséune étude comparant les émissions de CO2 et la consommation en énergie dechâssis de divers matériaux, et ce de la production des matières premières jusqu’à la fin de vie du produit. Sources d’énergie: 35% charbon, 30% nucléaire,15 % gaz, 10 % hydraulique, 10% divers. Durée de vie des fenêtres: 50 ans. La période ‘utilisation’ de la fenêtre est bien identifiée comme étant la périodeoù l’impact gain / perte de CO2 et d’énergie est la plus grande. D’où l’intérêtd’une fenêtre bien conçue avec des caractéristiques isolantes les plus perfor-mantes. La fenêtre PVC contenant 30% de PVC recyclé a consommé le moinsd’énergie (1.740 kWh) et provoqué le moins d’émissions de CO2 (730 kg).

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“MENS” en rétrospective10 La Chimie: source de la vie11 La viande, un problème ?12 Mieux vaut prévenir que guérir13 Biocides, une malédiction ou une bénédiction ?14 Manger et bouger pour rester en pleine forme15 Pseudo-hormones : la fertilité en danger16 Développement durable : de la parole aux actes17 La montée en puissance de l’allergie18 Les femmes et la science19 Viande labellisée, viande sûre ! ?20 Le recyclage des plastiques21 La sécurité alimentaire, une histoire complexe.22 Le climat dans l’embarras23 Au-delà des limites de la VUE24 Biodiversité, l’homme fauteur de troubles25 La biomasse : L’or vert du 21ième siècle26 La nourriture des dieux : le chocolat27 Jouer avec les atomes La nanotechnologie28 L’or bleu : un trésor exceptionnelle !29 Animal heureux, homme heureux30 Des souris et des rats, petits soucis et grands tracas31 Illusions à vendre 32 La cigarette (ou) la vie33 La grippe, un tueur aux aguets ?34 Vaccination : bouée de sauvetage ou mirage ?35 De l’énergie à foison

“MENS” à venir :

ÉNERGIE ALTERNATIVEADHD