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DOSSIER FILIÈRES w Maraîchage bio : une demande supérieure à l’offre HOMMES w Domaine Barou : des cuvées qui chantent ! UN PATRIMOINE COMMUN À PRÉSERVER LE SOL LES HOMMES, LES PRODUITS, LES TERRITOIRES DE RHÔNE- ALPES TERRITOIRE w Bio et eau : un partenariat pour la qualité de l’eau AVRIL 2014

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DOSSIER

FILIÈRESw Maraîchage bio : une demandesupérieure à l’offre

HOMMESw Domaine Barou : des cuvées quichantent !

UN PATRIMOINECOMMUN À PRÉSERVER

LE SOL

LES HOMMES, LES PRODUITS,

LES TERRITOIRESDE RHÔNE-

ALPESTERRITOIREw Bio et eau : un partenariat pourla qualité de l’eau

AVRIL 2014

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Contacts

RépertoireDes réseaux de conseillerspour vous accompagner

ISÈRE

Chambre d’agricultureClaire Baguet04 74 45 47 10ADABioDorothée Meyer06 24 54 37 85

Chambre d’agricultureMarie-Jo Dumas04 79 62 86 98ADABioAurélie Herpe06 98 72 11 49

Chambre d’agricultureChristel Nayet04 27 46 47 06AgribiodrômeFleur Moirot04 75 25 99 75

Chambre d’agricultureLaëtitia Masson04 74 83 25 03ADABioDorothée Meyer06 26 54 37 85Chambre d’agriculture

Renaud Pradon04 75 20 28 00Agri Bio ArdècheLéa Droin 04 75 64 82 96

Chambre d’agricultureJean-Pierre Monier04 77 92 12 12ArdabSandrine Malzieu04 72 31 59 99

Chambre d’agricultureSophie Regal04 78 19 61 49ArdabPauline Bonhomme04 72 31 59 99

LOIRE

RHÔNEAIN

SAVOIE& HAUTE-SAVOIE

DRÔME

ARDÈCHE

2607

42 69

01

3873

74Dans chaque département deRhône-Alpes, animateurs et techniciens sont à votre écoute pourvous accompagner dans votreprojet  : n’hésitez pas à les contacterpour toutes questions sur les techniques de l’agriculture biologique, la réflexion sur votreprojet de conversion, les aides spécifiques pour les fermes bio, lesdates à venir des prochaines formations, journées techniques,portes ouvertes, etc.

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Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a officialisé courantfévrier la version finale du Programme Ambition 2017, réaffirmantl’objectif national de doublement des surfaces bio d’ici fin 2017.

Ce programme constitue un train de mesures inédites pour le développement del’agriculture biologique, organisé selon six axes phares  : développement de laproduction, structuration des filières, développement de la consommation bio etdes marchés, renforcement de la recherche, de la formation et adaptation de laréglementation. Le programme Ambition Bio a été publié accompagné d’un recueil de projetsexemplaires identifiés dans les régions de France, parmi lesquels le salon Tech’n’Bioet le Pôle Conversion Bio de Rhône-Alpes, dont ce magazine Terroirs Bio de Rhône-Alpes est l’un des résultats.

Au niveau rhônalpin, nos organisations poursuivent avec les partenaires de l’aval etles financeurs, la définition du Plan de Développement de l’Agriculture Biologique.Déclinaison régionale des objectifs nationaux, ce plan fixera, jusque fin 2017, lesmodalités d’accompagnement du développement de l’agriculture biologique, afinque Rhône-Alpes, première région bio de France en nombre de fermes bio,pérennise son dynamisme en la matière. Souhaitons que les moyens alloués à ceplan soient à la hauteur des ambitions affichées pour la croissance de l’agriculturebiologique.

Si les politiques de développement agricoles sont structurantes et indispensables,le développement de la bio se passe avant tout sur le terrain, dans les exploitationset dans l’échange entre les femmes et les hommes qui font l’agriculture auquotidien. A l’échelle de nos fermes, c’est dans le terreau fertile de pratiquesagronomiques efficaces, rentables et respectueuses de l’environnement que sedéveloppe l’agriculture bio d’aujourd’hui et de demain. Dans cet esprit, ce nouveaunuméro de Terroirs Bio de Rhône-Alpes donne la parole aux acteurs de terrain pournous faire découvrir leurs choix de techniques, de matériels et de modes decommercialisation.

l LUDOVIC DESBRUS, président de Corabio et JEAN-LUC FLAUGÈRE, président de la chambre régionale d’agriculture

SommaireAvril 2014

Terroirs Bio de Rhône-Alpes est édité par la Sept(Société d’édition de presse de nos terroirs) lDirecteur :Éric Thébault l Rédaction : Apasec (Agence de presseagricole du Sud-Est) - Corabio -Les chambres d’agriculturede Rhône-Alpes - Gérant : Jean Pierre Royannez- Directeur : Serge Berra : 04 72 72 49 06 l RéalisationPAO : Apasec (69) l Imprimerie : Rotogaronne - 47310Estillac l Publicité et opérations de partenariat : ARB,Agrapole, 23 rue Jean Baldassini, Lyon Cedex 07 -Contact : Christophe Joret, 04 72 72 49 94 l

Terroirs Bio de Rhône-Alpes est un supplément des journaux suivants...

AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 3

arbPublicitéAgri Rhône-Alpes Bourgogne

23 rue Jean Baldassini / 69364 Lyon Cedex 07

Un nouveau soufflepour le développementde la Bio

DOSSIERLe solw Un patrimoine commun à préserver p.4&5

w Travail du sol / Quelle place pour le labourbio ? p.6&7

w Techniques culturales / Adapter le travaildu sol aux problèmes rencontrés p.8&9

w Cuma de l’Azergues (69) / Bineuse à maïset herse étrille en partage p.10&11

FILIÈRESANIMALES w Filière caprine bio / Les caprins bioprogressent en Rhône-Alpes p.13

w Chèvrerie du Châtelard / Les pieds sur terreet ses produits sur Internet p.12&13

w Circuit long / La fromagerie familiale 100%bio p.14

VÉGÉTALESw Maraîchage bio / Une demande supérieureà l’offre p.17

w La Vie Claire / La proximité une volonté auquotidien p.15

w EARL Mont bio (26) / A la recherche deperformance p.16&17

RÉGLEMENTATIONw Les aides à la bio p.18&19

HOMMESw Des cuvées qui chantent p.20&21

EAUw Partenariat pour la qualité de l’eau p.22&23

EXPERTw Patrice Marchand, Itab p.24

Ce magazine est réalisé avec le soutien de

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Au même titre que l’eau, le sol est une res-source naturelle vitale et un bien communque l’on se doit de préserver et d’entretenir.

Support des activités humaines et notamment de laproduction agricole, les sols cultivés et cultivables necouvrent que 17 % de la surface des continents, soit5,5 % de la surface du globe. Néanmoins, ses fonctionssont multiples et diversifiées. Le sol porte et nourritles plantes qui sont la base de l’alimentation des her-bivores. Presque toutes les productions végétales, no-tamment les prairies, les cultures arables et les arbres,ont besoin du sol pour leur approvisionnement eneau et en éléments nutritifs mais également pour fixerleurs racines. Le sol intervient aussi dans le cycle del’eau, dans celui du carbone et de l’azote… Il stocke ettransforme les minéraux, les matières organiques, l’eauet diverses substances chimiques d’origine naturelleou anthropique. Le sol fonctionne aussi comme unfiltre naturel pour les eaux souterraines, principalesource d'eau potable, et libère du gaz carbonique(CO2), du méthane (CH4) et d'autres gaz dans l'atmo-sphère. Il contribue également à la régulation de l'effetde serre : le sol est, en effet, un important puits decarbone par sa capacité de stockage du  carbone duCO2 atmosphérique.

Le sol, un continent inexploré Le sol est aussi un formidable réservoir de vie, de bio-diversité et d’éléments en constante interaction avecl’eau, l’air, les roches et les êtres vivants. Un grammede sol, par exemple, peut contenir jusqu'à 600 millions

de bactéries appartenant à 15 000 ou 20 000 espècesdifférentes. Selon l’Ademe  : « la diversité des espècesbiologiques des sols ainsi que leurs rôles sont actuel-lement très largement  méconnus  :  certains cher-cheurs considèrent même que le sol que nous foulonstous les jours est encore "un continent inexploré".  »Les organismes du sol jouent un rôle essentiel dansle maintien des propriétés physiques et biochimiquesnécessaires à la fertilité des sols.

Le sol : l’épiderme vivant de la planète La formation des sols résulte d’une évolution lente,pouvant aller jusqu’à des centaines de millénaires. Lesol provient de la décomposition et de l’altérationdes roches par l'action de l'eau, de l'air et des êtres vi-vants. Au cours du temps, le sol s'épaissit et se modi-fie ; il acquiert des constituants (matières organiques,argiles...) et des structures (couleurs, agrégats, hori-zons...) qui lui sont spécifiques. Les proportions desdifférents éléments le constituant (ex :  sable, argile,matières organiques,  eau, air), ainsi que l’agencementde ces éléments, définissent un type de sol. Il n’y apas un sol, mais des sols. Plus de 320 types importantsde sols ont été identifiés en Europe, et l’on constatedes différences notables dans leurs propriétés chi-miques, physiques et biologiques, conditionnant ainsiles paysages et les écosystèmes terrestres. Le sol esttrès mince par rapport au diamètre du globe terrestre :de quelques centimètres à quelques mètres. En France,son épaisseur est de l’ordre du mètre, alors qu’elle

peut atteindre plusieurs dizaines de mètres en condi-tions tropicales.

Le sol, une ressource peu renouvelableRessource très peu renouvelable, le sol met très long-temps à se constituer. Si la formation du sol est unprocessus lent, ses propriétés comme la structure, laporosité, l’activité biologique, les teneurs en certainséléments nutritifs peuvent évoluer rapidement. De-puis 2001, il existe un outil national pour mesurer laqualité des sols suite à la création du Groupementd’intérêt scientifique sols (Gis Sol). Ce groupement apour vocation d’établir un diagnostic précis et un suivide l’évolution des sols grâce à un quadrillage du ter-ritoire national de carrés de 16 km de côté sur plus de2 000 sites. Des observations et des prélèvementsd’échantillons sont réalisés tous les 10 ans dans cha-cun des sites de ce vaste réseau. La première vaguede mesures a été finalisée en 2009 et a permis d’éta-blir un état de référence de la qualité des sols sur leterritoire français (voir encadré). En agriculture biolo-gique, le sol est un élément déterminant dans laconduite des cultures. Nous vous proposons à traversce dossier, des avis d’experts, des retours d’expé-riences et des points de vue d’agriculteurs, desconseils sur le bon entretien et l’usage des sols. l

Un patrimoinecommun

à préserver Milieu vivant et complexe, le sol est le support de la plupart

des écosystèmes et de nombreuses activités humaines,notamment agricoles. Un bon entretien et un bon travail

du sol, particulièrement en agriculture biologique, sont le gage de meilleurs rendements

et de productions de meilleure qualité.

LE SOLDossier

4 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

“ Certains chercheurs considèrent que le sol que nous foulons tous les jours est un continent inexploré ”

Ademe

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AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 5

Autre inquiètude  : la progression de l’artificialisationdes sols qui s’est accélérée durant la dernière décen-nie (elle concerne 8,9 % des sols en 2010), au détri-ment des sols agricoles. L’érosion des sols est égale-ment menaçante car susceptible de remettre en causela durabilité à long terme de certains agro-écosys-tèmes. Elle pourrait en outre s’accélérer sous l’effetdu changement climatique.Si la connaissance de l’état des sols de France a consi-dérablement progressé grâce à ces travaux, de nom-breuses incertitudes et interrogations dues à unmanque de connaissances subsistent encore. Ellesportent par exemple sur le stockage du carbone etson devenir sous l’effet du changement climatique,sur l’évolution de la biodiversité ou celle de l’étatphysique des sols (évolution du tassement des solsagricoles et forestiers par exemple). l

Source Gis Sol

Le bilan du Gis Sol sur l’état des sols de Francereste nuancé. Son rapport fournit les clés pourcomprendre les fonctions des sols, les services

qu’ils rendent et les pressions qu’ils subissent. Il établitun diagnostic de leur état chimique, biologique etphysique. Si le bilan de dix ans de travaux et de milliersde prélèvements souligne les points positifs, il metaussi en évidence les principales inquiétudes.

Les points positifs Malgré l’identification de contaminations avérées(plomb, cadmium), la grande majorité des sols deFrance présente des teneurs en éléments traces mé-talliques plutôt faibles.L’état des réserves minérales dans les sols est un bonindicateur de leur aptitude à fournir les minéraux né-cessaires à la croissance et au développement desplantes. Les sols agricoles ne présentent pas d’évolu-tion mesurable de leur acidité, ce qui indique unebonne gestion à l’échelle nationale. Ils ne montrentpas non plus de baisse mesurable de leurs teneurs enpotassium, malgré une diminution importante des ap-ports minéraux externes. L’analyse réalisée sur l’ADNmicrobien des sols, tant en quantité qu’en biodiver-sité, montre qu’aucun sol ne paraît stérilisé. Ces mi-cro-organismes représentent un potentiel considéra-ble pour une gestion plus écologique des sols et dela production agricole.

Les inquiétudes Certains contaminants sont présents dans les échan-tillons de sols de tous les sites analysés, même dansceux où ils n’ont manifestement jamais été épandus  :les exemples types concernent le DDT et le lindane,deux insecticides interdits en Europe mais fortementrémanents. Au plan de la fertilité chimique, le rapport fait étatde teneurs en phosphore relativement faibles pourde nombreux sols ; à long terme la question de la du-rabilité du système agricole actuel reste donc posée.A l’inverse, l’augmentation des teneurs en phosphoredes sols dans les régions d’élevage concentré, restetrès préoccupante en raison de son impact sur la qua-lité des eaux et sur l’eutrophisation des milieux.

Gis SolUn premier bilan de l’état des sols en FranceAprès dix ans de travaux, le Groupement d’intérêtscientifique sur les sols (Gis Sol) a dressé en 2011 le premier bilan scientifiquement quantifié de l’état des sols de France.

Il n’y a pas un mais des sols. En Europe plus de 320 types importants

de sols ont été identifiés.

Ce qui menace les sols ?

La Commission européenne a identifié les sept

principales menaces qui pèsent sur les sols :

w l’érosion,

w la diminution des teneurs en matières

organiques,

w la contamination des sols,

w l’imperméabilisation des sols,

w la diminution de la biodiversité des sols,

w la salinisation,

w les inondations et glissements de terrain.

w Pour aller plus loin consultez les sites :www.gissol.fr ; www.gessol.fr ; téléchargez La vie cachée des solswww2.ademe.fr

Un gramme de sol peut contenir jusqu'à600 millions de bactéries appartenant à

15 000 ou 20 000 espèces différentes.

LE +

“ Les micro-organismes représentent un potentiel considérable pour une gestionplus écologique des sols et de la production agricole ”, selon le Gis Sol

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LE SOL

Labourer une terre n'est pas anodin. Au milieudes années 90, certains agriculteurs ont essayéde nouveaux itinéraires techniques sans labour

avec les techniques culturales simplifiées (TCS). Enagriculture biologique comme traditionnelle, l'itiné-raire technique classique prévoyait un labour profondd'environ 30 cm. « Le labour est une pratique gour-mande en énergie et en temps, souligne Yvan Gau-tronneau. Il faut compter entre une à deux heures parhectare et ce n'est pas la plus passionnante des activi-tés pour un agriculteur. Il était donc parfaitementcompréhensible que les agriculteurs cherchent des so-lutions pour ne plus y avoir recours. »

ExpérimentationsAinsi, après 1995, plusieurs agriculteurs ont testé desitinéraires techniques sans labour avec les TCS quiconsistent à travailler uniquement la terre sur les dixpremiers centimètres avec des outils à dents. Puis cer-tains se sont essayés au semis direct sous couvert vé-gétal vivant. Aussi, en 1995, l' agronome Yvan Gautron-neau met en place un dispositif expérimental chezClaude Barbet, un céréalier en agriculture biologiqueà Thil (Ain), au nord-est de Lyon.« Nous avons comparé quatre pratiques différentes :le labour profond à 30 cm, le labour agronomique à20 cm, une modalité en TCS à 15 cm et une autre ensemis direct sous couvert, détaille l'agronome. Cettedernière modalité a montré qu'il fallait une parcelletrès propre pour que la culture ne se fasse pas étouf-fer. » Il poursuit : « Avec plus de dix années de résultats,

on sait que la matière organique augmente dans lescouches superficielles quand on est en TCS, ce qui peutêtre une bonne chose pour lutter contre l'érosion dessols. Mais cela est plutôt mitigé d'un point de vue dela fertilité. Concernant la biologie des sols, nous avonsmontré que les populations de vers de terre étaientplus réduites en labour que sur la modalité en TCS.»Après une quinzaine d'années de disgrâce, il sembleque les agriculteurs bio réintroduisent le labour pourson efficacité dans la lutte contre les adventices. « Ily a différentes formes de labour, explique Yvan Gau-tronneau. Le labour profond ou traditionnel à 35 cmn'est plus pratiqué, il a trop d'inconvénients. J'ai pro-posé, il y a déjà un certain nombre d'années, de prati-

Travail du solQuelle place pour le labour en bio ?Depuis le milieu des années 90, le labour traditionnel est tombé en disgrâce. L'agronome YvanGautronneau estime que l'onrentre aujourd'hui dans une nouvelle période où le "labouragronomique" retrouve une place dans la pratique desagriculteurs bio, notamment pourson rôle de lutte contre les adventices.

Dossier

“ Pour être efficace, un labour doit aller au moins à 20 cm de profondeur ”

Yvan Gautronneau, agronome

6 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

quer un labour agronomique à 20-22 cm de profon-deur, sans rasette pour éviter au maximum l'enfouis-sement de la matière organique. Ce labour a l'avan-tage d'être efficace dans la lutte contre les adventicestout en répartissant la matière organique dans les20 premiers centimètres du sol.»

Un labour non-systématiqueEn conventionnel, le désherbage chimique, même siil est de plus en plus encadré par la réglementation,permet de détruire les adventices sans utiliser le la-bour. En bio, les agriculteurs passés aux TCS rencon-trent parfois des difficultés pour maîtriser le salisse-ment de leurs parcelles, d'où l'intérêt d'un labour agro-nomique non-systématique. « Certains agriculteurs quiavaient abandonné le labour y reviennent ponctuel-lement, quand les adventices deviennent trop compli-qués à gérer, souligne Yvan Gautronneau. Ils vont ainsipratiquer un labour tous les deux à trois ans. J'ai bap-tisé cet itinéraire technique, le système mixte.»

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pratique de Patrick Vacher est comparée à une par-celle travaillée en non-labour. « Je n'ai jamais été unadepte du non-labour total. Quand je peux me passerde labour parce que ma parcelle est propre, qu'il n'y apas trop de résidus ou de salissement, je ne labourepas. J'alterne donc les deux techniques. »Pour Patrick Vacher, le labour profond a plusieurs in-convénients. Il bouleverse les horizons du sol, créeune semelle de labour et enfouit la matière organiquetrop profondément sans la répartir. « Je pratique unlabour à 15-20 cm qui a deux gros avantages qui sontimportants en bio. Cela permet d'enfouir les résidusde culture et les graines des adventices. Par exemple,je laboure systématiquement après un maïs pour nepas avoir des résidus de cannes dans la culture sui-vante. Ces résidus me gêneraient lors du binage ou dupassage de la herse étrille en créant des bourrages.»

Difficile d'exclure totalement le labourD'un point de vue agronomique, ce n'est pas l'idéal,mais l'agriculteur n'a pas trouvé d'autres moyens. « Par-fois, on veut économiser un labour en temps et enénergie, mais le gain est contrebalancé par l'augmen-tation des passages avec la herse étrille ou la bineusepour contrôler les adventices. Au final, le bilan éner-gétique et le temps passé ne sont pas forcément bons.Je pense que se passer totalement de labour en agri-culture biologique, c'est quasiment impossible sur monexploitation.»Quand on compare les résultats sur les parcelles del'exploitation de Patrick Vacher suivies par les étu-diants et les agronomes de l'Isara, il n'y a pas de diffé-rences significatives sur le rendement des deux par-celles après huit années. En revanche, il y a plus d'en-herbement et d'adventices sur la parcelle en non-labour. l

w Patrick Vacher fait partie du réseau des fermesde démonstration bio de Rhône-Alpes. Pour visi-ter l’exploitation, retrouvez toute l’informationutile sur www.corabio.org

Patrick Vacher est agriculteur en bio depuisquinze ans. Dans son exploitation de poly-culture élevage, il travaille en attachant une

attention particulière au sol. Il cultive des oléagineuxet des céréales, à côté de son troupeau de vachesallaitantes de race angus. Sur son exploitation, uneparcelle est dédiée à l'expérimentation avec l'écoled'ingénieur agronome de l'Isara depuis huit ans. La

Patrick Vacher" Je laboure quand la parcelle en a besoin "Patrick Vacher est agriculteur en Isère à Brangues.Polyculteur et éleveur, il accueille depuis dix ans sur son exploitation une parcelle d'expérimentation de l'Isara, l'école d'ingénieur agronome de Lyon, afin de comparer sa pratique à un itinéraire en techniques culturales simplifiées.

Patrick Vacher, agriculteur bio en polycultureélevage en Isère, pratique le labour de manière

occasionnelle quand la parcelle a besoin d'être nettoyée des adventices

ou des résidus de cultures.

AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 7

?

Il convient cependant d'alerter sur ce que certainsconstructeurs ont baptisé la charrue agronomique.« Ce sont en fait des déchaumeuses qui font un labourà 10-15 cm de profondeur, regrette Yvan Gautronneau.De mon point de vue, cela n'a pas d'intérêt pour lamaîtrise des adventices, car ce sont les effets de re-tournement et d'enfouissement des graines qui don-nent au labour son efficacité. Pour être efficace, unlabour doit aller au moins à 20 cm de profondeur. »Autre avantage du labour ponctuel, il permet de ré-partir la matière organique dans la couche utile dusol. « Nos études sur les TCS ont montré que les 5 pre-miers centimètres ont de bonnes teneurs en matièreorganique, mais pas les couches inférieures, indiquel'agronome. En termes de fertilité et d'intérêt pour lescultures, ce n'est pas l'optimal. Certes, le labour per-turbe la flore et la faune du sol, mais contrairement àce que l'on entend parfois, un labour ponctuel ne dé-cime pas toute vie. » l

« Certains agriculteurs qui avaientabandonné le labour y reviennent

ponctuellement, quand lesadventices deviennent trop

compliqués à gérer», YvanGautronneau, agronome.

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tout est question d’adaptation aux problèmes rencon-trés. Il faut réfléchir à la meilleure méthode et évolueren fonction du contexte donné. Toutefois, en agricul-ture biologique où les produits phytosanitaires sontprohibés, il me paraît difficile d’éviter totalement touteforme de labour pour lutter contre le salissement dusol par les adventices dont le peuplement va augmen-ter chaque année. Même avec une rotation diversifiée,à un certain moment l’intervention par le labour vadevenir, me semble-t-il, incontournable. Autant il n’estpas nécessaire de labourer après un blé puis un soja,mais après un maïs ou un tournesol, dans la logiquede l’AB, pour passer les outils de désherbage méca-nique et limiter les risques de maladies, le labour estplus nécessaire. »A contrario, le labour constitue un passage supplé-mentaire et, réalisé en mauvaises conditions, il peutengendrer des problèmes sur la structure du sol

LE SOL

Parmi ses principes fondateurs, l’agriculture bio-logique écarte l’application de produits phy-tosanitaires et engrais de synthèse, afin de pré-

server les ressources naturelles des sols  : fertilité bio-logique, biodiversité animale et végétale. Quel quesoit le type de sol, il est vivant sur ses quelques pre-miers centimètres, le retourner perturbe son activitépar une dilution de la matière organique qui aura à sereconstituer au fil du temps. Les effets du labour, dans

ses incidences négatives, sonten corrélation directe avec

la profondeur du labour.En conséquence, onconsidère aujourd’huiqu’il est préférable delimiter le travail dusol pour des raisons

de préservation de sesqualités mais égale-

ment pour lutter contre l’érosion. C’est ainsique sont apparues les techniques culturalessimplifiées (TCS) ou techniques de conser-vation des sols, qui limitent le nombre d’in-terventions pour aller jusqu’au non labour.Tous les gradients sont applicables selon letype d’agriculture pratiqué. Les TCS s’ap-puient sur deux piliers  : l’absence de labouret des rotations culturales performantes. L’autre paramètre décisif en termes d’inter-vention sur le sol et de labour est de bienconnaître sa texture et sa structure. Sur lessols lourds et argileux, se pose le problèmede dilution qui est plus pénalisant que surdes sols sableux. Les sols limoneux sont unintermédiaire entre ces deux types de solsmais plus délicats à travailler. Les pratiquessont aussi à adapter au type de sol et ellesse tournent aujourd’hui vers le labour «  agrono-mique », moins profond qu’un labour classique.

Le labour : avantages et inconvénientsLe labour permet de mieux gérer le désherbage et aune action directe sur les adventices. Il a l’avantageaussi d’enfouir les résidus de récolte qui peuvent ren-dre plus difficile le passage de la herse étrille. «  Si lelabour profond est, pour moi, à exclure, explique JeanChampion, car pénalisant trop la vie du sol, ensuite

Techniques culturales Adapter

le travail du solaux problèmes

rencontrés L’agriculture biologique a-t-elle les moyens de se passer

de toute forme de labour ? Rencontre avec Jean Champion, référent technique régional grandes

cultures bio, de la chambre d’agriculture de la Drôme.

Dossier

Les techniques culturales simplifiées s’appuient sur deux piliers : l’absence de labour

et des rotations culturales performantes.

8 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

Jean Champion, référent technique régionalgrandes cultures bio à la chambre d’agriculturede la Drôme.

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(tassement, semelle de labour). C’est aussi une opéra-tion très consommatrice de carburant. De ce pointde vue, en non labour ou en labour superficiel, lescoûts de travaux sont revus à la baisse. Le semis sans labour requiert également un matérielspécifique strip till ou un semoir adapté, équipementà considérer dans le bilan économique. En AB, les rotations ont un impact sur certaines ad-ventices vivaces qui limitent leur prolifération tels lesliserons ou le chiendent, mais ont peu d’effet, parexemple, sur les chardons. Le datura et le xanthiums’avèrent très difficiles à gérer car ce sont des espècespionnières dont la levée s’effectue jusqu’en juillet etaoût. Aussi le désherbage manuel est-il désormais pra-tiqué, notamment sur le soja. «  En Drôme, je neconnais pas, en agriculture biologique, de conduite deculture réussie sans labour sur un long terme, »conclut Jean Champion. l

La charrue déchaumeuse permet de faire un labour plus superficiel.

contre les adventices. « Je suis en phase expérimentaleet même si je rencontre des difficultés, la piste est in-téressante.  J’ai l’impression de revenir aux fondamen-taux du métier d’agriculteur en réfléchissant à partird’observations. Les plantes sont révélatrices de l’étatdu sol. Il faut se poser les bonnes questions pour évoluer ». Pierre Champliaud travaille à remettre lesol au centre du système, persuadé qu’il ne faut jamaisavoir un sol nu pour en améliorer la structure, recyclerles nutriments et tirer le meilleur parti possible dutravail de la nature et obtenir l’indépendance pro-téique. « Mon objectif est de réussir mes implantationspour démontrer que le chemin est porteur, travaillerdivers axes pour optimiser les rotations, voire redé-couvrir des variétés anciennes qui sont plus appro-priées pour valoriser mon approche globale agroéco-logique ».

Remise en cause permanenteEn 2013, l’objectif d’autonomie complète du troupeaun’est pas atteint car le fourrage récolté est de qualitémoyenne, suite aux pluies de printemps qui ont re-tardé fortement les récoltes (deux coupes en une).« J’aurais du être plus réactif en broyant la premièrecoupe pour obtenir une seconde coupe de qualité. Ilfaut toujours rentrer des fourrages de qualité. Avecma surface je peux faire beaucoup de couverts. Lesaléas climatiques vont être notre quotidien. Sacrifierune culture peut être un investissement car on nourritson sol. Toutefois j’ai repris goût à l’agriculture enn’étant pas dans un système répétitif. C’est un nouveaudéfi, quelque chose qui vit… ». À suivre. l

Le désir de rester éleveur était vivace quandPierre Champliaud s’est installé dans la Dombesaprès avoir quitté, en 1993, la Saône-et-Loire. Il

reprend une exploitation, l’agrandit et compte actuel-lement 140 hectares et une cinquantaine de vacheslaitières. Passant d’une agriculture traditionnelle à lapratique des TCS et à la conversion en AB en mai 2013,son parcours est jalonné d’expérimentations et de ré-flexions pour allier objectifs économiques et pra-tiques agro-environnementales.

Ouverture sur d’autres voiesDès son installation dans l’Ain, Pierre Champliaud atravaillé en lien avec d’autres agriculteurs dans le cadred’une unité de main d’œuvre organisée, afin de gagneren efficacité avec un assolement en blé et maïs. Pouraugmenter son quota laitier, l’exploitation acquiertdes terres et jusqu’en 1999 il travaille dans ce schéma,avec une surcharge de travail quasi-intenable et à la-quelle il souhaite trouver une échappatoire. « J’ai com-mencé à lire de la documentation sur les TCS sansgros investissements à la clé. Bientôt, je me suis re-trouvé seul, et malgré quelques résultats mitigés, j’aipoursuivi dans cette voie en introduisant de nouvellescultures  : colza, soja, triticale et des méteils protéiques(féverole, pois, vesce, et trèfle violet). J’ai ensuite pro-cédé à diverses associations culturales, constatant queles terres avaient gagné en portance. J’ai expérimentéle colza en semis simplifié avec des plantes com-pagnes. Je suis en train d’améliorer le concept en in-troduisant une plante pérenne. »

Adoption de l’ABPeu à peu, Pierre Champliaud se rend à l’évidence quedes cultures «  propres » en AB étaient un non-sens,parce que ça induisait un usage trop fréquent du trac-teur (tassement, impact environnemental). Depuistrois ans, il réalise des semis sous couvert pour lutter

Produire autrement, un engagement dynamiquePierre Champliaud, éleveur laitier bio

“ Les plantes sont révélatrices de l’état du sol. ”Pierre Champliaud, agriculteur

AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 9

Pierre Champliaud, agriculteurbio dans l’Ain, travaille à remettre

le sol au centre du système.

Après avoir expérimentéles techniques culturales

simplifiées (TCS) pendantplus de 10 ans,

Pierre Champliaud est passé récemment

en agriculture biologique.Un nouveau cap.

TÉMOIGNAGE

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LE SOL

Sylvain Odin est le président de la Cuma del’Azergues. Membre du Gaec de l’Espoir (pro-duction laitière bio), il a participé à l’achat de

la herse étrille et de la bineuse à maïs, en Cuma :«  Nous devions renouveler ce matériel que nousavions en propre sur nos exploitations. Des collèguesde la Cuma, non bio, l’utilisaient déjà plus ou moinsrégulièrement. Alors tout naturellement, nous enavons parlé ensemble. C’est devenu un réflexe pourles 19 exploitations que nous rassemblons. Avant d’in-vestir, on voit d’abord ce qu’il est possible de faire avecla Cuma. Pour ce matériel, c’était un peu particuliercar il est vraiment lié à la conduite technique biolo-gique de deux des adhérents de la Cuma, mais 2 autresexploitations étaient intéressées. Nous avons investidans du matériel Einbock, après avoir visité ensembledes exploitations qui utilisaient ce type de matérieldans le Rhône et dans la Loire. Nous l’avons utilisépour la première année au printemps 2013  ! Cela n’apas été simple. 2013 a été très compliquée pour la cul-ture du maïs. Du coup, nous n’avons été que trois ex-ploitations sur quatre à utiliser la nouvelle herse et lanouvelle bineuse. Techniquement, cela n’a pas été

concluant à cause des conditions météomais aussi parce qu’il faut du tempspour prendre correctement en main unoutil pour la première fois. La herseétrille et la bineuse, que nous avons achetées, étaientplus lourdes que nos matériels précédents. Nousn’avions pas le tracteur adapté. Pour 2014, au Gaec,nous avons équipé un tracteur avec des roues étroites,et cela devrait mieux fonctionner. Le tracteur n’est pasdans la Cuma, nous le mettons à disposition des col-lègues via une banque de travail. »

Utiliser un matériel performantPour Sylvain Odin, la Cuma est un vrai plus qui permetà ses adhérents d’utiliser un matériel performant touten maîtrisant les frais de mécanisation  : «  Nous re-nouvelons nos équipements dès qu’ils sont amortis.Nous avons donc un matériel toujours au top techni-quement, cela nous permet de gagner en temps et enconfort de travail. Lorsque nous comparons noscharges avec le guide des coûts de revient des maté-riels en Cuma1, nous sommes dans la moyenne. C’estsûr que sur chaque exploitation, nous ne pourrions

Dossier

10 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

“ La Cuma permet d’utiliser un matériel performant tout en maîtrisant les frais de mécanisation ”

Sylvain Odin, président de la Cuma d’Azergues

Cuma de l’Azergues (69)

Bineuse à maïset herse étrille

en partage4 exploitations dont 2 en agriculture biologique ont

investi dans une herse étrille et une bineuse à maïs,en 2013, au sein de la Cuma de l’Azergues.

Pour les agriculteurs bio, il s’agissait de renouveler un matériel essentiel dans le cadre de leur cahier

des charges. Pour les exploitations en conventionnelle, l’objectif était de développer

une méthode mixte couplant désherbage chimique et désherbage mécanique.

pas investir dans ce type de matériel. »

Echanger sur les pratiquesL’intérêt de la Cuma ne s’arrête pas là pour SylvainOdin  : « Économiquement, la Cuma est une bonne so-lution. Ce qui m’intéresse aussi c’est tout le travail encommun que nous réalisons ensemble et les échangesque cela occasionne. Autour de la vie de la Cuma enelle-même mais aussi pendant les chantiers, commeles ensilages, les foins, l’enrubannage. Notre Gaec estpassé en bio en 2012, bien sûr cela a suscité beaucoupde questions. Notre choix n’est pas partagé par toutle monde. Mais l’important c’est de continuer à échan-ger et travailler ensemble. Sur de nombreux domainestechniques, les agriculteurs bio et conventionnels ontbeaucoup de choses à échanger  ! »Après quelques années consacrées au renouvellementdu matériel existant, les membres de la Cuma ont denouveaux projets en tête. Comme la constructiond’un bâtiment de stockage du matériel et d’un atelier.Pour le moment, pendant l’hivernage, le matériel estréparti chez les adhérents. Autre projet à plus longterme, l’investissement en commun pour un ou plu-sieurs tracteurs. A suivre. l1 Guide des coûts de revient édité par le pôle de coordiantion appui Centre-Est Méditerranée

et diffusé par les FD Cuma.

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nombre de critères positifs par rapport à des itiné-raires classiques effectués avec ou sans labour et untravail plus profond. Le programme SolAB a permisde livrer des conclusions intéressantes de ces essaiscomparatifs. Le rigoureux protocole d’études adoptépour mener ces essais de longue durée, qui se sontdéroulées sur plusieurs années et dans différentscontextes pédo-climatiques, a livré de précieux en-seignements. Il faut en retenir que les planches per-manentes, à la double condition que le facteur«  temps » soit respecté (durée d’adaptation et d’ap-propriation de cette nouvelle technique, temps deréaction du sol à ce nouveau système de gestion) etqu’elles soient réellement bien adaptées à chaque si-tuation (type de sol, cultures pratiquées, outils utiliséspour les planches, itinéraire de référence) sont unealternative possible au labour, donnant des résultatspositifs en termes de rendement et d’activité biolo-gique du sol. « Les planches permanentes ne sont pasune solution universelle, explique ainsi Hélène Védié,ingénieur d’expérimentation au Grab, chargée des pro-grammes sur la gestion de la fertilité et de la santédes sols. Les résultats des essais effectués dans diffé-rentes régions sont disparates mais ils ont été globa-lement plus satisfaisants en Rhône-Alpes où il fautsouligner le bienfait apporté par les formations Ada-bio Autoconstruction dispensées aux producteurs surla construction d’outils spécifiques pour le travail dusol ». Le constat a été fait que l’utilisation d’outils tirésengendre des perturbations moindres du sol qu’avecdes outils à prise de force. D’une manière générale, compte tenu du fait que peude solutions de rattrapage existent en culture biolo-gique, le travail en préventif demeure déterminant.Pour garantir et préserver la fertilité, celui-ci passepar des apports réguliers de matières organiques, unebonne gestion du travail du sol pour ne pas dégraderla structure, l’emploi d’engrais verts pour une bonnecouverture, la rotation des cultures pour stimuler ladiversité biologique et un choix variétal bienadapté. l

Tous les résultats du programme SolAB, avec fiches et films vidéo des outils de diagnostics simplifiés

sont consultables sur le site www.itab.asso.fr

La préservation de la fertilité du sol en produc-tion biologique est un facteur très importantmais encore faut-il être en capacité d’évaluer

cette fertilité, de l’analyser de manière simple et per-tinente. La fertilité d’un sol s’exprime en effet selonplusieurs indicateurs complexes relatifs à ses compo-santes physiques, chimiques et biologiques. En maraî-chage bio, il s’est révélé important de pouvoir com-parer, sur ce paramètre de la fertilité, les techniquesde travail du sol dites classiques à celles existant entant qu’alternatives au labour. Cela a pu être réaliségrâce à deux programmes Casdar et notamment SolAB mené de 2009 à 2011 à l’échelle nationale dansquatre principaux systèmes de production végétale,dont le maraîchage.

Outils de diagnostics simplifiésLes connaissances sur les modes innovants de gestiondu sol ont été approfondies grâce à SolAB. Le pro-gramme a également permis de proposer quatre outilssimplifiés d’évaluation de la fertilité des sols, utilisa-bles par les conseillers et les agriculteurs. Il s’agit dutest de la bêche (diagnostic de l’état de la structuredu sol à partir d’une bêchée de sol), très facilementutilisable et très utile en maraîchage ; du test d’infil-trométrie Beerkan (mesure de la vitesse d’infiltrationde l’eau dans le sol, en condition de sol humide etressuyé) ; du test des vers de terre (prélèvement à labêche des vers de terre et identification des catégo-ries écologiques) ; et du test macropores (comptagedes galeries des vers de terre).En maraîchage diversifié, la succession rapide de plu-sieurs cultures sur l’année peut entraîner des pro-blèmes de structure du sol. L’objectif étant de pré-server un horizon de surface très fin, les passages ré-pétés d’engins mécanisés dans des conditions de res-suyage et de portance parfois inadaptées peuvent en-traîner des problèmes de lissage et de compactionqui sont eux-mêmes facteurs d’une dégradation de lafertilité du sol.

Techniques classiques et planches permanentesEn tant que technique de travail du sol alternative aulabour, les planches permanentes présentent bon

Travail du sol La fertilité du sol, un élément clé en bioEn agriculture biologique, le sol est à considérer comme le pivot du système de production et la préservation de la fertilité du sol est essentielle. Des techniques de travail du sol adaptées et des outils de diagnostics simplifiés contribuent à des conduites de production maraîchère satisfaisantes en AB.

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Cuma de l’AzerguesCarted’identité w Création en 1989,w 27 exploitations d’élevage (lait et/ouallaitant),w 40 agriculteurs et agricultrices,w Une moyenne de 60 ha par UTH,w 7 communes : Claveisolles, Saint-Nizier-d’Azergues, Grandris,Chambost-Allières, Les Ardillats,Lamure-sur-Azergues et Saint-Just-d’Avray et un parcellaire très morcelépour chacune des exploitations,w 48 matériels en commun en 2014 pour l’épandage, l’entretien des prés, le travail du sol, l’entretien des cultures,la récolte, le transport du bétail, et le travail du bois.

Bineuse à maïs utiliséepour le désherbage

mécanique.

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La vente directe exige une adaptation perma-nente aux évolutions de la clientèle.  » CaroleAnsel, co-exploitante avec son mari Christophe

de La chèvrerie du Châtelard, à Méaudre, dans le Ver-cors isérois est catégorique. A son arc, plusieurs cordes. D’abord, la production enagriculture biologique. Lors de son installation en2006, Christophe Ansel, n’avait pas choisi cette op-tion. Sa femme en 2010 pas davantage. «  Mais ici, nous sommes sur le plateau du Vercors etde nombreux habitants sont sensibles à l’origine deleur alimentation. La bio fait partie des attentes. Notremode de production a toujours été proche de la bio,constate Carole Ansel. Nous ne mettons rien sur les17 hectares de prairies de l’exploitation, notre alimenta toujours été sans OGM. Nous-mêmes, en tant quecitoyens, avons toujours été attentifs à cette approche.Le pas a été vite franchi. Nous avons simplementacheté des aliments bio en remplacement. Mais hon-nêtement, nous ne tirons aucune valorisation supplé-mentaire de la certification alors que le coût de pro-duction est supérieur. Surtout qu’aujourd’hui, le com-plément que nous apportons à nos chèvres est hautde gamme, donc bien plus coûteux que celui que nousutilisions au moment de la conversion.» Les deux co-exploitants ne regrettent pas ce choix. C’est un argu-ment de vente quelquefois décisif pour certains mar-chés. « Notre chiffre d’affaires est réalisé à 50 % sur leplateau (notamment par l’intermédiaire de la coopé-rative Vercors Lait), le reste dans l’agglomération gre-

nobloise, indique Carole Ansel, particuliè-rement auprès d’une dizaine d’Amap. Leurintérêt pour la bio est primordial. »Autre moyen de doper les ventes  : détenirune large palette de produits. Fromageslactiques, à pâtes pressées, à pâte molleou bien encore faisselle de chèvre et fro-mage blanc battu, la gamme fabriquée parCarole Ansel ne compte pas moins d’unedouzaine de produits différents. «  Je trouveun grand intérêt à élaborer cette diversité,explique-t-elle. Et puis cela fait augmenterle panier moyen acheté  : de sept euros audébut, à douze euros aujourd’hui. »

Réseaux adaptésLes produits à base de lait de chèvre intéressent plu-tôt une clientèle moyenne ou haut de gamme, pourlaquelle il faut aussi utiliser le bon moyen de com-munication. «  Les Amap en font partie. Les acheteursaiment rencontrer les producteurs. Je reconnais que jepasse un peu vite quelquefois, mais je dois livrer cinqd’entre elles dans la même soirée pour limiter les coûtsde transport. » Alors le couple, féru d’informatique, atrès vite adopté les réseaux sociaux pour prolongercette relation. «  Je m’occupe de Facebook, Christophedu site Internet. Il est plus calé que moi en référence-ment. » Facebook est «  lié à une communication profession-nelle, racontant la vie de la ferme et les différents évè-

nements qui émaillent notre quotidien », commentela jeune femme. Un lien bien utile avec les nombreuxtouristes qui ont leurs habitudes sur le plateau, maisqui habitent loin. «  Nous avons lancé aussi la com-mercialisation sur Internet, mais elle reste modeste »,complète-t-elle. Ces produits frais et fragiles néces-sitent des emballages spéciaux pour garder le froid24 heures. Le couple ne les expédie qu’entre le lundiet le mercredi afin de ne pas risquer un entreposagetrop long pendant le week-end dans les hangars de laPoste. « L’emballage surenchérit le coût unitaire, il fautdonc faire des commandes groupées, c’est un frein. »

Vitrine incontournableLa jeune femme est catégorique pour leur site  : « Ilest aujourd’hui incontournable. Il nous sert de vitrineet de lien facile avec nos clients, même proches. Neserait-ce que parce qu’ils cherchent les horaires d’ou-verture du magasin à la ferme, ou qu’ils veulent savoirs’il y a des nouveautés. Ne pas l’avoir est impensable. »On peut d’ailleurs y voir le lancement cette année dela vente de cabris engraissés. «  Nous essayons cette

Chèvrerie du Châtelard

Les pieds sur terreet ses produits

sur InternetLes réseaux sociaux et une écoute attentive

du consommateur sont les deux outils que cette exploitation caprine du Vercors met en œuvre

pour s’adapter à son public.

“ Internet fait partie de notre quotidien. Ne pas l’avoir est impensable ”

Carole Ansel, agricultrice

Filières

12 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

ANIMALE & VÉGÉTALE

© PNR du Vercors

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formule cette année pour mieux valoriser nos che-vreaux ». Internet offre donc à la fois un service com-plémentaire pour les habitués, prolonge la relationavec eux et développe la notoriété de la ferme et desa production. « On pourrait très bien s’en sortir sans,reconnaît l’exploitante, mais l’outil fait partie désor-mais de notre quotidien. Je ne travaille plus que parcourriels avec mes fournisseurs ou revendeurs, et parces nouvelles technologies avec les consommateurs.C’est dans les mœurs. » Elle ne cherche cependantpas à complètement dématérialiser ses relations. Ellefera toujours ses deux marchés de plein vent à Méau-dre et Autrans, et veut développer la vente à la fermependant les vacances d’hiver, la station de ski familialedu village se trouvant à 500 mètres. Mais il lui faudradévelopper la fabrication d’une tomme de typegruyère afin d’avoir un produit à vendre hors saisonlaitière. Une adaptation pour l’hiver prochain. l

w www.chevrerieduchatelard.com

Selon l’observatoire bio, en Rhône-Alpes, lesfilières qui ont connu le plus fort taux de dé-veloppement de 2012 à 2013 sont les élevages

de brebis laitières (+ 13,5 %) et les chèvres laitièresavec 6,2 % d’augmentation relative du nombre d’ex-ploitations. Parmi les 200 nouvelles exploitationsengagées en bio en 2013, 10 % élèvent des chèvres. Derrières les brebis mères laitières et les poules pon-deuses, c’est en caprin que la part du cheptel bioest la plus importante. En Rhône-Alpes, on recense en 2013, 149 élevagespour un effectif de 7 689 chèvres laitières élevéesen bio. Selon les départements, le nombre des ate-liers caprins bio et plus ou moins important et s’éta-blit à  : 36 dans la Drôme  ; 33 en Ardèche  ; 17 en Isère  ;16 dans la Loire  ; 16 dans le Rhône  ; 15 dans l’Ain  ; 7 enSavoie et 9 en Haute-Savoie.Le lait de chèvre est majoritairement transformé àla ferme en fromages et commercialisé en vente di-recte. Rhône-Alpes se hisse à la première place desrégions productrices de fromages de chèvre bio.

En France Au niveau national, depuis 2007, le nombre d’éle-veurs de chèvres bio est en constante progression,passant de 365 en 2007 à 674 en 2012, pour un effec-tif de chèvres certifiées bio de 19 962 en 2007 et39 236 en 2012. Cette même année, 76 éleveurs fran-çais avec des chèvres sont en cours de conversion.Avec 7 689 chèvres bio, Rhône-Alpes détient 17 %du cheptel de chèvres bio national. En France, 11 éta-blissements ont collecté du lait bio de chèvre pourun volume de 3,1 millions de litres. C’est 0,6 % de lacollecte nationale de lait de chèvre. Les fromagesde chèvre (698 tonnes) représentent 4,2 % des fabri-cations totales de fromages biologiques hors ventedirecte. l

AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 13

Carole Ansel, au contact facile,développe des relations prochesavec ses clients et les entretient

grâce au site Internet ou aux réseaux sociaux.

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Source : Agreste

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* Autres fruits : fruits à noyau, pépins, petits fruits

Filière caprine bioLes caprins bioprogressent en Rhône-Alpes En région Rhône-Alpes, les élevages caprins bio

progressent toujours, passant de 7,7 % à 11 %

des effectifs de 2012 à 2013. Regard sur

la filière caprine bio.

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Répartition desexploitations bio en Rhône-Alpespar production

Répartition géographique deseffectifs de chèvres laitières bio

Le lait de chèvre bio estmajoritairement transformé

à la ferme en fromages.

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ANIMALE & VÉGÉTALE

Que ce soit le lait de vache, de chèvre ou debrebis, à La fromagerie du Val d’Ormèze, enArdèche, tout est collecté et transformé en

agriculture biologique ! Pour Gilles Gamon, gérant dela SARL, le bio a en effet toujours été une évidence.En 1978, lorsqu’il s’installe en élevage ovin viande surla commune de Gilhoc-sur-Ormèze, il est l’un despionniers en la matière. Tous les choix qu’il fera durantsa carrière, passant d’éleveur d’ovins viande à celui debrebis laitières avec transformation seront guidés parce même leitmotiv. En quelques années, il aura mêmeréussi à créer une fromagerie 100 % bio, désormaisouverte à d’autres éleveurs. Son histoire n’est en effetpas banale. C’est en 1984 que Gilles Gamon se tournevers la filière lait, « pour avoir une meilleure plus-va-lue » et intègre ainsi petit à petit des brebis laitières àson troupeau. En parallèle, il construit une petite fro-magerie de 70 m2. Au début des années 90, le trou-peau ne comprend plus que des laitières, 300 environ,qu’il élève avec son épouse. A ce stade, se pose alorsla question de l’agrandissement de la fromagerie, de-venue trop étroite, couplée à la nécessité de se met-tre aux normes européennes. Après réflexion et parceque plusieurs de leurs enfants envisagent de venir tra-vailler « en famille », le projet prend une toute autredimension. Les Gamon font en effet le choix d’ouvrirleur outil de transformation et de commercialisationà d’autres éleveurs. « Au début, ça n’a pas été facile.Bien que nous ayons les circuits de commercialisation,nous manquions de matières premières. Un constatd’autant plus vrai que les éleveurs de brebis laitièressont rares dans notre région », explique Gilles Gamon.De par ses connaissances, il se tourne vers un groupe

d’éleveurs de l’Aveyron.En 2001, il a égalementl’opportunité de travail-ler avec une laiterie dela Drôme qui lui pro-pose de transformer sacollecte de lait de chè-vre bio. Peu de tempsaprès, la même oppor-tunité s’ouvre en lait devache avec une froma-gerie du Vercors  :« Deux belles occasions qui nous ont permis de lancerune gamme de produits en chèvre et en vache », sesouvient-il.

A la recherche de nouveaux apporteursAujourd’hui, ce sont 10 000 litres de lait de brebis par semaine qui sont collectés par la fromagerie :5 000 litres en achat extérieur auprès d’un éleveur del’Aveyron et en contrat avec la société Roquefort et5 000 litres produits par l’exploitation. Ce sont aussi7 000 litres de lait de chèvre par semaine, collectésauprès de quatre éleveurs dans la Drôme et auprèsdu lycée de Saint-Genest-Malifaux dans la Loire.« Nous devrions également accueillir cette année deuxnouveaux éleveurs, un du côté ardéchois et l’autre ducôté drômois », indique-t-il. L’objectif serait d’atteindre10 000 litres de lait par semaine en caprin. « C’estpourquoi nous recherchons activement de nouveauxapporteurs, spécifie Gilles Gamon. Plutôt locale-ment ». Mais attention, le gérant de la SARL est for-

En Ardèche, La fromagerie du Val d’Ormèzetravaille les trois laits biologiques de brebis,

chèvre et vache, qu’elle collecte dansplusieurs départements. Gilles Gamon,

son gérant, nous relate cette aventure familiale.

Filières

“ Nous recherchons de nouveaux éleveurs en bio maisrespectant aussi l’éthique de notre structure ”

Gilles Gamon, gérant de La fromagerie du Val d’Ormèze

14 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

Circuit long

Une fromageriefamiliale

100 % bio

mel : « Nous recherchons de nouveaux éleveurs répon-dant au cahier des charges de l’agriculture biologiquemais respectant aussi l’éthique de notre structure etrépondant à nos critères de qualité. » Une exigenceindispensable qui lui fait avouer : « Le lait est au-jourd’hui collecté par nos propres moyens (camion etchauffeur) dans les différents départements concernés.Forcément, cela engendre des coûts de transport im-portants. Mais nous savons qu’il sera sécurisé. Pournous, la qualité à l’entrée et à la sortie de la fromage-rie est indispensable ! ». La structure embauche ac-tuellement 9 employés dont 6 sont de la famille ! Elleproduit près de 25 références de fromages : blanc,frais, demi-secs, affinés et depuis peu sa nouvellegamme de yaourts à la marque « Kvec du lait ». Unegamme qu’elle commercialise auprès de nombreuxgrossistes en produits biologiques et magasins spé-cialisés bio sur tout le territoire national. Localement,la fromagerie livre aussi des supérettes, des supermar-chés, des transformateurs ainsi que la restauration col-lective et d’entreprise. Les gérants (Gilles Gamon etson épouse) sont aujourd’hui contraints d’agrandir lebâtiment. La fromagerie de 300 m2 actuellement, vadoubler sa surface pour augmenter considérablementsa productivité avec l’installation de lignes de pro-duction et de conditionnement plus performantes.Les perspectives de commercialisation sont en effetprometteuses. l

Gilles Gamon est le gérant dela SARL « La fromagerie du

Val d’Ormèze ».

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Page 15: UN PATRIMOINE COMMUN À PRÉSERVER · 04 74 83 25 03 ADABio Dorothée Meyer Chambre d’agriculture 06 26 54 37 85 Renaud Pradon 04 75 20 28 00 Agri Bio Ardèche Léa Droin 04 75

AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 15

ANIMALE & VÉGÉTALEFilières

provisionnement maraîcher est un véritable atout.«  Cette proximité avec nos fournisseurs nous permetd’être vraiment réactifs au niveau du produit en luimême, des quantités… Les légumes sont des produitssensibles, être réactifs pour répondre aux attentes denos clients ou pour faire face aux aléas est indispen-sable », poursuit le responsable de secteur.

A la rencontre des producteursToutefois, sur les quelque 500 tonnes de fruits et lé-gumes qui transitent par la centrale tous les mois, levolume rhônalpin est encore insuffisant. Tout au longde l’année, Sébastien Bas travaille avec une dizaine demaraîchers régionaux. Poireaux, radis noirs, panais, cé-leris raves, carottes, salades, shiitakes, tomates, auber-gines, courgettes... si les références rhônalpines nemanquent pas, les volumes font parfois défaut. « Cettediversité de produits est une véritable richesse pournous, toutefois il manque des producteurs spécialisésqui puissent répondre à une exigence de volume  ; ainsiil est vrai que pour une référence donnée je fais géné-ralement appel à trois fournisseurs en moyenne  »,commente le responsable qui ne souhaiterait qu’unechose, développer ses approvisionnements régionaux. Pour ce faire, Sébastien Bas compte aller directementà la rencontre des producteurs pour établir un premiercontact et se rendre compte de leurs réalités sur le

Acteur engagé dans la distribution de produitsbiologiques en France depuis 1948, La VieClaire est pionnière du bio en France.

Soixante-six ans après sa création par Henri-CharlesGeffroy, dans les 230 magasins répartis sur l’ensembledu territoire, les clients peuvent trouver jusqu’à6 000 références dont 84 % proviennent de fournis-seurs français. De plus, les 176 magasins franchisés etles 54 espaces de vente propres à la société  s’enga-gent à contractualiser directement avec un ou desproducteurs locaux. Une philosophie de proximité à laquelle est attachéeSébastien Bas, responsable du secteur fruits et lé-gumes à La Vie Claire  : « Nous nous fournissons, dansla mesure du possible, en France. Si nous ne trouvonspas les références dans l’Hexagone, nous nous tour-nons en priorité vers les pays européens. Par ailleurs,à qualité et produit égaux, nous privilégierons un pro-ducteur de légumes qui se trouvera à une trentaine dekilomètres de la centrale qu’un maraîcher dont le sièged’exploitation est à une centaine de kilomètres deMontagny. De plus, les poireaux produits dans lesmonts du Lyonnais seront vendus en priorité dans les«  grands marchés bio  » de la région Lyonnaise. C’estquand même plus logique. » Pour cette société dont le siège social se situe depuis2011 à Montagny dans le Rhône, la proximité de l’ap-

terrain. Ces moments d’échanges seront égalementl’occasion pour le responsable fruits et légumes deprésenter aux maraîchers le réseau de La Vie Claire etde leur expliquer leur manière de travailler. «  Je sou-haite réellement établir avec mes fournisseurs une re-lation de confiance sur le long terme. Nous ne voulonspas du coup par coup. Il est important que les pro-ducteurs viennent ici à Montagny pour que nous puis-sions ensemble discuter de leurs contraintes de pro-duction et de nos exigences. Nous souhaitons mettreen place un véritable échange, que chacun s’y retrouve.Nous essayons de prévoir au maximum les choses àl’avance. Nous avons la volonté d’accompagner nosfournisseurs en leur offrant un soutien fort et delongue durée », commente Sébastien Bas qui reconnaîtque la constitution de groupements de producteurspourrait également faciliter son travail en termes d’ap-provisionnement local. l

La Vie ClaireLa proximité,

une volontéau quotidien

Chaque mois près de 500 tonnes de fruits et légumes bio transitent par la centrale de la société La Vie

Claire située à Montagny dans le Rhône. Mais pas assez de Rhône-

Alpes. Sébastien Bas, responsable du secteur fruits et légumes,

souhaite développer sonapprovisionnement régional.

“ La proximité avec nos fournisseurs nous permet d’êtreréactifs pour répondre aux attentes de nos clients ”

Sébastien Bas, responsable du secteur fruits et légumes de La Vie Claire

En chiffres

w Un réseau de 230 magasins dont 54 en

propre,

w Près de 6 000 références,

w 75 millions d’euros de chiffre d’affaires pour la

société en 2012,

w 118 millions d’euros de chiffre d’affaires pour

l’ensemble du réseau en 2012

w 340 collaborateurs dont 7 pour le secteur des

fruits et légumes à Montagny.

Chaque mois près de 500 tonnes de fruits etlégumes bio transitent par la centrale de la société

La Vie Claire située à Montagny dans le Rhône.

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Après 20 ans de salariat, Bruno Jurrus s’est vuproposer le poste de gérant-associé sur unenouvelle société, spécialisée en maraîchage,

un secteur que Brunoconnaît et apprécie.Bruno Jurrus est convain-cu par les pratiques del’agriculture biologiquedans ses facultés à ne paspolluer et à produire unenourriture saine, avec unemeilleure valorisation à laclé.

Production : entre marché et adaptationL’activité maraîchère aréellement débuté en2012, sur une petite sur-face, même si Pascal Al-boussière produisait dumelon depuis une dizained’années. Asperge blan-che, un des premiers lé-gumes de printemps, etcourgette ont amorcél’activité avec respective-ment un et deux hectares.En 2013, sur un total de10 hectares, la tomate deplein champ a complétéle panel des légumes exis-tants ainsi que des céréales. Avec deux saisons mé-diocres dues à la météo, et beaucoup de pertes entomate notamment, Bruno Jurrus est décidé à faire

évoluer l’assolement tout en se consacrant à un nom-bre très limité de variétés légumières  pour une meil-leure maîtrise : asperge blanche, courgette, tomate

sous tunnels. Quant aumelon, culture très tech-nique mais favorable surce terroir, il occupe troishectares avec plusieursvariétés permettant d’éta-ler l’offre tout en misantsur la qualité gustative. Cedernier a souffert en 2013d’un manque de tempéra-ture mais a relativementbien tiré son épingle dujeu. Par ailleurs, Bruno Jur-rus et ses associés envisa-gent pour l’année pro-chaine, en offre de débutde saison, la culture defraise sous tunnel, ce quireprésente un investisse-ment sans retour cette année. 

Qualité et fraîcheur«  La conduite de la pro-duction maraîchère en bion’est pas toujours évi-dente. Il faut être plus at-tentif et surveiller les cul-tures pour être réactif dès

les premiers symptômes de maladies le cas échéant,le principe étant plutôt de privilégier le préventif quele curatif. Nous essayons de choisir des variétés résis-

“ Nous espérons que la recherche et les fabricants nous permettront d’évoluer et d’améliorer

nos conduites de production ”Brunos Jurrus, un des gérants de Monts bio

16 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

ANIMALE & VÉGÉTALEFilières

EARL Mont bio (26)À la recherche

de la performanceCréée en 2012, avec une surface de dix hectares

en cultures d’asperge blanche, tomate et courgetteprincipalement, l’EARL Mont bio est gérée par trois

associés : Pascal Alboussière, Bruno Jurrus et StéphaneBlard. Regards sur cette jeune structure.

tantes mais rien de vraiment spécifique n’existe pourl’AB en maraîchage. Nous espérons que la rechercheet les fabricants nous permettront d’évoluer et d’amé-liorer nos conduites de production, tant en termes detraitements que de variétés. La qualité doit être im-peccable et l’aspect irréprochable, ce sont les exi-gences de nos clients qui servent la grande distribution,de plus leurs souhaits se portent sur les petits calibres,tout est très normé.  » Pour répondre au mieux à lademande et aux objectifs de Mont bio, des investis-sement ont été réalisés  : chambre froide  ; salle deconditionnement pour l’asperge  ; remorque spécifiquepour le ramassage des courgettes qui sont ainsi cali-brées et pesées au champ. Une heure trente après leramassage elles sont au frais et livrées l’après-midimême. Un gage de fraîcheur, de bonne tenue et d’or-ganisation performante qui s’est chiffré par un inves-tissement de quelque 60 000 euros.

En 2013, sur un total de 10 hectares, trois hectares

étaient consacrés à l’asperge.

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AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 17

Commercialisation à plusieurs niveauxLes productions sont principalement commercialiséespar des grossistes bio, dont Agrobiodrom, qui travail-lent sur des volumes, et sont expédiées à Carpentrasou Cavaillon. « Pour l’asperge, nous faisons quelquesmarchés en direct qui représentent environ 5 % du vo-lume, dont celui de Valence. Nous livrons aussi endemi-gros des magasins bio ainsi que quelques maga-sins de producteurs qui peuvent commercialiser les lé-gumes aux calibres plus importants que les standardsdes GMS. Nous essayons, bien sûr, d’étaler les produc-tions tout au long de la saison en choisissant des va-riétés adaptées pour avoir une offre correspondantau marché. Il faut arriver à modifier l’image que leconsommateur a trop souvent des légumes bio en dé-montrant que ce sont des produits de qualité (sains etgustatifs) et accessibles à tous les revenus, si chacunjoue bien son rôle », conclut Bruno Jurrus. l

Maraîchage bio Une demandesupérieure à l’offreSi Rhône-Alpes est la première région maraî-chère bio en nombre d’exploitations, avec 640structures recensées, la diversification fait loi.En effet, seules 160 entreprises agricolesrhônalpines labellisées agriculture biologiquesont spécialisées en maraîchage, 159 possèdentégalement un atelier d’élevage et 321 sontdiversifiées en productions végétales.Par ailleurs, les surfaces cultivées sontmoindres. Selon l’édition 2014 des repères del’agriculture bio en Rhône-Alpes éditée parCorabio et Bioconvergence, 65 % des exploita-tions cultivent moins de deux hectares delégumes labellisés agriculture biologique. Larégion Rhône-Alpes se place ainsi en cinquièmeposition en termes de surfaces cultivées enlégumes bio avec 1 206 hectares dont85 hectares sous abri. Les légumes rhônalpinssont essentiellement cultivés dans la Drôme eten Isère. Ces deux départements représententrespectivement 32 et 18 % des surfaces delégumes bio dans la région. En matière decommercialisation, les légumes bio rhônalpinsse vendent pour la majorité en direct. « Rhône-Alpes jouit de bassins de consommationimportants », explique Dominique Berry, techni-cien-conseiller maraîchage bio à la chambred’agriculture du Rhône en lien avec le bureautechnique des maraîchers du Rhône et référenttechnique régional en légumes bio.

Structurer la filièreToutefois, aujourd’hui la demande en légumesbio locaux est supérieure à l’offre. « A l’heureactuelle, la production n’est pas du tout organi-sée. Aussi, en l’état actuel des choses, il estdifficile de développer la culture de légumes deplein champ. Pour se positionner sur cesmarchés, il est nécessaire d’avoir du volume àproposer et que la filière soit organisée, poursuit

le référent régional. Pour développer laculture de légumes de plein champ bio en

Rhône-Alpes, il faut aussi adapter lesoutils de production et augmenter lessurfaces spécialisées tout en maintenantune valorisation locale, mais égalementorganiser la filière et mécaniser pourréduire les coûts de production si l’oncible le marché national, voireeuropéen. »

Autre possibilité envisagée par letechnicien-conseiller, organiser

cette filière et développerles légumes de plein

champ grâce aux céréa-liers. « La culture delégumes peut s’intégrerdans les itinérairestechniques céréa-liers », expliqueDominique Berry.

Dominique Berry, référenttechnique régional en

légumes bio et conseillertechnique à la chambred’agriculture du Rhône.

L’EARL Mont bio est géréepar trois associés :

Pascal Alboussière (à gauche), Bruno Jurrus (à

droite) et Stéphane Blard(absent de la photo).

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Aides de la Pac au soutien à l’agriculture biologique : Les règles vont évoluer en 2015, mais cette année lesmodalités de cette aide restent sensiblement iden-tiques à celles de l’année 2013. Votre demande d’aidedoit être déposée dans le cadre de votre déclarationPac (papier ou télé-déclaration) avant le 15 mai 2014.Pour être éligible, vous devez impérativement avoirfait les démarches suivantes avant de déposer votredossier de demande d’aide  :- vous être engagé auprès d’un organisme certificateur(réception de votre contrat et de votre attestationd’engagement),- vous être notifié auprès de l’Agence bio (en ligne sur«agencebio.org» ou par courrier).

Volet conversionDemandeurs concernés : Nouveaux engagements enconversion (avant le 15 mai 2014). L’agriculteur devra

renouveler une demande d’aide à laconversion chaque année pendant 5 ans,via la déclaration Pac en cochant la case :« Soutien à l’AB – Volet Conversion ».Modalités : w Engagement de l’agriculteur sur 5 ans de conserverune activité bio. w Joindre une déclaration de débouchés (pérennité duprojet, débouchés AB) et une attestation de début deconversion mentionnant les éléments suivants  : la sur-face, la culture implantée et la date de début deconversion fournie par l’OC (uniquement pour la 1re demande).- L’accès de l’aide aux prairies permanentes ou tem-poraires de plus de 5 ans est conditionné à la présenced’animaux (bio ou non) et au respect d’un taux dechargement minimal de 0,2 UGB/ha. A partir de la3e année suivant la date d’engagement en AB, les ani-maux servant au calcul de ce taux de chargement de-

vront être en conversion ou convertis à l’AB.

Volet maintienDemandeurs concernés : Les exploitants de par-celles agricoles certifiées AB (qui ne sont plus enconversion et qui ne touchent pas d'aide à la conver-sion). Une case est à cocher chaque année dans la dé-claration Pac : « Soutien à l’AB – Volet Maintien ».Modalités  : Joindre le certificat de conformité encourt de validité fourni par l’organisme certificateur(mentionnant surface, culture implantée) Cumul interdit w Avec les MAE surfaciques (A à E et I) sur les mêmesparcelles.w Avec l’aide « Soutien à l’AB-volet Conversion » surune même parcelle.

Les chiffres (tableau 1) sont des montants (indi-catifs) maximum par ha, sous réserve de non ap-plication du cœfficient stabilisateur.

Le crédit d'impôt agriculturebiologiqueCe crédit d’impôt est un dispositif de soutien aux pro-ducteurs bio proposé jusqu’à 2015 (donc sur l’annéed’activité 2014).Demandeurs concernés : Toutes les entreprises agri-coles qui exploitent des parcelles agricoles certifiéesAB dont le chiffre d’affaires de l’année précédente estissu au moins à 40 % d’une activité certifiée (pas de

Aider à franchiret à maintenir

le cap !Aujourd’hui, les aides aux agriculteurs biologiques

concernent tous les producteurs, quelle que soit leurproduction. La politique agricole commune (Pac), la Région Rhône-Alpes et l’État, soutiennent les

producteurs qui s’engagent en agriculture biologiquependant la période de conversion mais aussi

une fois cette période achevée.

LES AIDES À LA BIORéglementation

18 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

Tableau 1 - Montant maximum des aides Pac

Type de culture Montant SAB C Montant SAB M

(conversion) (maintien)

Prairie permanente et temporaire de + de 5 ans 100 € / Ha / an 80 €/Ha/anCulture annuelle (céréales, oléo-protéagineux) et prairie temporaire de – de 5 ans 200 € / Ha / an 100 € / Ha / anCulture légumière de plein champ, fraises, viticulture (raisin de cuve), PPAM 350 € / Ha / an 150 € / Ha / anMaraîchage, arboriculture (dont châtaigneraies fruitières), raisin de table, petit fruit rouge 900 € / Ha / an 590 € / Ha / anEstive, lande, parcours 50 € / Ha / an 25 € / Ha/ an

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Démarches : Cocher la case « crédit d'impôt bio »dans l'imprimé de déclaration d'impôt supplémentaireet remplir l'imprimé crédit d'impôt bio (téléchargeablesur le site du ministère des finances ou à demander àvotre centre des impôts).

L’aide à la certificationDemandeurs concernés et montant : Afin de ré-duire pour le producteur les coûts liés à la certifica-tion en agriculture biologique, la Région Rhône-Alpesapporte une aide à toutes les entreprises agricolesqui exploitent des parcelles agricoles certifiées (ABou conversion). Montant : 50 % des frais de certifica-tion dans la limite de 450 euros HT/exploitation.Démarches : Demande à faire auprès de Corabio, ac-

ContactsChambre Groupementd’agriculture d’agriculteurs

bio

Ain C.Baguet ADABio

04 74 45 47 10 06 26 54 37 85

Ardèche R. Pradon Agri Bio Ardèche

04 75 20 28 00 04 75 64 82 96

Drôme C. Nayet Agribiodrôme

04 27 46 47 06 04 75 22 04 31

Isère L. Masson ADABio

04 74 83 25 03 06 26 54 37 85

Loire JP. Monier Ardab

04 77 92 12 12 04 72 31 59 99

Rhône S. Regal Ardab

04 78 19 61 49 04 72 31 59 99

Savoie / MJ. Dumas ADABioHaute- 04 79 62 86 98 06 98 72 11 49Savoie

prise en compte des produits animaux en conversionni des végétaux en 1re année de conversion). Attention,pour les personnes morales (EARL, SA, SCEA...) : 1 seulepart de crédit d'impôt, au prorata des parts détenuespar chaque producteur. Seule la transparence Gaec (à3 parts maximum) s’applique.Montant : 2 500 euros de base forfaitaire maximumpar exploitation, dans la limite des règles de mini-mis (pour le CI 2012, 2013, 2014)1. Cumul autoriséavec les aides SAB-C et M si le montant total n’excèdepas 4 000 euros.w Si (SAB-C + SAB-M) ≥ 4 000 euros • CI = 0 eurosw Si (SAB-C + SAB-M) ≤ 1 500 euros • CI = 2 500 eurosw Si 1 500 euros < (SAB-C + SAB-M) < 4 000 euros • CI= 4 000 euros - (SAB-C + SAB-M)

AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 19

Synthèse des aides possibles si vous entrez en conversion entre le 1er janvier et le 15 mai 2014 :

2014 2015 2016 2017 2018 2019

Aide certification région 50 % des frais de certification/anSAB-C De 50 à 900 €/ha/an en conversion (aide versée pendant 5 ans) NonSAB-M Non, sauf si certaines parcelles passent directement en AB De 25 à 590 €/ha/an en bioCrédit d’impôt Non 0 à 2 500 € Le CI n’est

sur les revenus pour l’instant 2014 (si les pas prolongé parcelles sont au-delà passées directement de 2015en bio en 2013)

La politique agricole commune (Pac), laRégion et l’État soutiennent

les producteurs bio.

compagnée de la facture acquittée de l’organisme cer-tificateur. Le dossier est à demander à Corabio, ou au-près d’un conseiller bio de votre département.

Autres aidesIl existe quelques aides spécifiques telles que l'aideaux veaux bio sous la mère, les aides à l’investissementindividuel (Plan végétal environnement) et collectif(pour les Cuma qui comprennent un adhérent bio). l

1 Toutes aides de minimis confondues, leur montant cumulé nepeut dépasser 15 000 euros sur une période de 3 ans.

On entend par aide de minimis : crédit d’impôt remplacement,aides accordées lors de crises conjoncturelles :

FCO, dioxine ; aides à l’installation, hors DJA, etc.La transparence s’applique au plafond des minimis pour les

Gaec regroupements d’exploitations.

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Situé en Ardèche dans la partie septentrionaledes côtes-du-rhône, le Domaine Barou à Picar-del, sur la commune de Charnas, surplombe le

Rhône et offre un somptueux point de vue sur la val-lée. Dans ce cadre ouvert et où il fait bon respirer,Emmanuel et son épouse Marie-Agnès exploitent, se-lon les pratiques de l’agriculture biologique, 11 hec-tares de vignes en appellations AOC saint-joseph,condrieu et en vins de pays des collines rhodaniennes.Pour Emmanuel, l’agriculture bio, c’est une évidence.« L’agriculture bio, je suis né dedans, annonce-t-il dansun large sourire. Je ne connais rien d’autre. Je n’ai ja-mais mis de désherbant. » En effet, Emmanuel n’étaitpas encore né que son père Alexis, précurseur pourson époque, décidait en 1971 de se lancer dans l’agri-culture bio sur sa petite exploitation de polyculture-élevage. « Pour lui, c’était une vraie conviction », ra-conte Emmanuel, digne héritier de cette longue ex-périence et des enseignements paternels.

Une troisième génération en piste En 1997, après des études agricolesen viticulture et œnologie, Emma-nuel prend la tête du Domaine. C’està son tour, comme l’ont fait songrand-père et son père, de tenir lesrênes du Domaine et de jouer sa par-tition. Tout en perpétuant la traditionfamiliale de l’agriculture biologique,il se spécialise en viticulture, rachètequelques parcelles en condrieu etsaint-joseph, modernise l’exploita-tion et réhabilite un bâtiment ancienpour en faire un lieu unique de vini-fication, d'élevage, de stockage duvin et d'accueil de la clientèle. Ma-rie-Agnès, ingénieur de l’Isara, le re-joint en 2006. À la naissance de leurtroisième enfant, elle choisit de quit-ter son poste dans une organisationagricole pour concilier plus facile-ment vie professionnelle et familiale.

Sur le Domaine, c’est elle qui suit la gestionadministrative et comptable, assure lacommercialisation et la promotion desvins... entre autres responsabilités profes-sionnelles et activités bénévoles  !

De la bio à la biodynamie Dans la lignée de son père, Emmanuel tra-vaille ses vignes et élève ses vins selon lesrègles de l’agriculture biologique. «  Ici, nousavons la chance d’avoir des vignes plantéeslarges, adaptées à la mécanisation. En bio,c‘est un sacré avantage pour un bon travailet désherbage mécanique du sol. » expliqueEmmanuel. «  Nous avons aussi la chanced’être dans une zone assez peu sensible auxmaladies. Il y a peu de pression. Certaine-ment grâce à la diversité des productionssur la commune et au vent qui assainit l’at-mosphère et balaye les vignes », rajouteMarie-Agnès. De la bio à la biodynamie, il n’y a qu’unpas, qu’Emmanuel n’a pas eu de mal à franchir. « Depuis

2008, je me suis spécialisé dans des pratiques prochesde l’agriculture biodynamique, explique-t-il. J’applique,par exemple, des préparations à base de plantes

comme la prêle, la fougère, j’utilisedes purins d’orties et diverses autresplantes... Elles ont des propriétés sti-mulantes pour la vigne, elles renfor-cent la vigueur des plantes. Sur mesparcelles, je réalise mes propres es-sais et j’ai constaté des effets posi-tifs sur le sol. Et un sol de qualitésera bon pour les vignes et la qua-lité des vins », affirme-t-il.

Côté cave À la cave comme à la vigne, Emma-nuel conserve sa volonté d’allervers un produit sain et le plus natu-rel possible. « Nous utilisons lemoins possible de SO2, peu de sul-fites et pas de levures », détaille Em-manuel. Logiquement, la vinifica-tion respecte les règles de l’agricul-ture biologique. La vendange ra-

Des cuvées qui chantent !Emmanuel et Marie-Agnès Barou sont à la tête

du Domaine éponyme, situé dans la partie septentrionale de la vallée du Rhône, à Charnas. Pour eux, l’agriculture bio, c’est une histoire de conviction

mais aussi de famille, un héritage. Rencontre.

DOMAINE BAROU (07)Hommes

20 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

Les vignes plantées larges sont désherbéesmécaniquement et conduites en agriculture

bio. Ici semis de trèfle entre les rangs.

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Les cuvéesOn connaît la chanson

Marie-Agnès Barou a eu cettegénéreuse idée de partager sesgoûts musicaux en baptisantchaque cuvée d’un titre dechanson. Si tout le monde n’apas eu la chance de déguster lescuvées du Domaine Barou, toutle monde, en revanche, connaîtla chanson.

Ainsi, pour qualifier la prestigieuse cuvée AOCsaint-joseph, Marie-Agnès a choisi dans lerépertoire du groupe Téléphone, le titre Unautre monde. Peut-être pour faire allusion aumonde meilleur vers lequel vous transporte unegorgée de ce vin généreux, puissant etgourmand ? Mais en fait, « le titre Un autremonde fait référence au fait qu'en tant queproducteur bio, on espère un monde plusrespectueux de l'environnement, et de manièreplus générale, un monde plus équitable »,explique Marie-Agnès.L’AOC condrieu porte le nom de la chansonculte de John Lennon, Imagine. « Cela renvoie àla complexité et la richesse aromatique de cetype de vin, et l'on encourage le consommateurà imaginer ce qu'il va découvrir à la dégusta-tion... », précise la viticultrice.

w Pour la cuvée à base de marsanne, il vautmieux prendre Rendez-vous, comme le dit letitre d’Alain Chamfort, si on veut en acquérirquelques bouteilles.

w La cuvée Rebel Rebel fait quant à elleréférence à une célèbre chanson de DavidBowie, car le chardonnay, cépage dont est issuce vin, est le seul de l’exploitation qui ne soitpas de la région.

w Ma bonne étoile de Mathieu Chédid est lenom porté par le vin de pays des collines rhoda-niennes, une cuvée à base de viognier et qui afait la réputation du Domaine. Une cuvée portebonheur !

w Le vin de pays syrah porte le nom d'unechanson du groupe Dionysos : Petit Colorado,qui signifie rouge en espagnol, et « commec'est notre cuvée entrée de gamme, ce nom luiallait bien. » précise Marie-Agnès.

massée à la main est acheminée jusqu’à la cave oùles raisins sont soigneusement éraflés pour ne garderque le meilleur. A partir de là, l’élaboration des cu-vées peut commencer. « Pour les blancs, je pratiqueune petite macération pelliculaire de 10 à 12 heuresavant la mise en barrique pour que la fermentationalcoolique se réalise. Puis, le vin vieillit environ neufmois en fûts de chêne, révèle le vigneron. Pour lesrouges, je réalise aussi une macération pelliculairemais à froid et plus longue, de 3 à 4 jours. Puis, jelaisse faire la fermentation alcoolique et la macéra-tion pendant une vingtaine de jours à une tempéra-ture au dessus de 30 ° C. Le vin reste en fûts de chênede 10 à 18 mois suivant les cuvées.» En année nor-male, sans grêle ni gel, le Domaine produit quelques45 000 bouteilles d’une large gamme de vins. Unemoitié de la production est commercialisée direc-tement ; 30 % est destinée aux restaurants et ca-vistes  ; 15 % part à l’export (USA, Angleterre, Pays-Bas, Belgique) et 5 % est vendue aux grossistes. l

w Pour en savoir plus : http://www.domaine-barou.com

“ Un sol de qualité sera bon pour la vigne et la qualité des vins ”

Emmanuel Barou, viticulteur

AVRIL 2014 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / 21

Emmanuel et Marie-Agnès sedistinguent chaque année au

célèbre Salon Millésime biode Montpellier en

décrochant médailles d’or oumentions spéciales.

Le Domaine Barou offre une large gamme devins, des fameuses AOC saint-joseph ou

condrieu aux vins de pays des collinesrhodaniennes.

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En Drôme le territoire concerné couvre la plainede Romans et de Valence, secteur de grandescultures avec des ateliers avicoles, principale-

ment. La volonté étant de travailler avec tous les ac-teurs concernés du territoire, un comité de pilotage avu le jour1. L’action « Bio et Eau » a été portée par Agri-biodrôme en partenariat avec la chambre d’agriculturede la Drôme en associant tous les acteurs de l’eau etdu Sage, ainsi que ceux des filières locales  : Bioconver-gence, les coopératives la Drômoise de céréales et laDauphinoise. «  Le projet a pour ambition d’ajouter du lien et de lacohérence aux actions existantes pour leur donner de

l’ampleur, soutient Bricele Maire, animateur d’Agri-biodrôme. J’ai rencontréindividuellement une cen-taine d’agriculteursconventionnels pouréchanger avec eux sur leur perception et leurs connais-sances de l’AB. Tous sont conscients de l’enjeu environ-nemental mais pas toujours du niveau de pollution desnappes. Le lien entre préservation de l’environnementet l’AB est perçu mais ses pratiques apparaissent com-plexes, très techniques, réclamant disponibilité, réacti-vité et investissement. Cependant, les débouchés exis-

tent, les infrastructures de collecte et de transforma-tion sont présentes et les accompagnements tech-niques également ». Les agriculteurs font preuve d’une aptitude certaineau dialogue même si certains schémas et idées reçuesdemeurent. Il faut rassurer et informer (édition d’unguide sur l’AB par Corabio, envoi d’un bulletin men-

22 / TerroirsBioDE RHÔNE-ALPES / AVRIL 2014

BIO ET EAU

Partenariatpour la qualité

de l’eau Les territoires de la Bourbre (38), de la plaine de Valence et de Romans (26), du Beaujolais-

Val de Saône (69) et les bassins versantsReyssouze-Veyle-Chalaronne (01), classées en

zones vulnérables, font l’objet d’un projetpour reconquérir la qualité des eaux decaptage en s’appuyant sur l’agriculture

biologique.

Zoom dans l’Ain

Développer les surfaces enbio sur les bassins versants Reyssouze-Veyle-Chalaronne pour préserverla qualité de l’eau, c’est l’objectif de la conventionBio et eau.

Seulement 2 % de la SAU de ce terri-toire est conduite en agriculturebiologique, soit 22 producteurs pour1 050 ha, alors que la moyenne dépar-tementale est de 4 %. Embauchée par la chambre d’agricul-

ture de l’Ain, Colette Suchel travaillesur ce projet depuis septembre 2012.« Le but de mon travail d’animation estla sensibilisation des agriculteurs enconventionnel à la qualité de l’eau. Ils’agit aussi de cerner leur perception del’agriculture biologique », expliqueColette Suchel. « A ce jour, j'ai rencon-tré 132 producteurs conventionnels. Ilsont été choisis par secteur, en fonctionde leur proximité des points decaptage. On a ensuite contacté tous lesagriculteurs d'une même commune,pour avoir une image la plus représen-tative possible de leur vision del’agriculture biologique. ». En parallèle,Colette Suchel a également rencontréles acteurs des filières : les coopéra-tives d’approvisionnement, lesorganismes de transformation. Cesrencontres ont pour objet de connaîtreleur disposition par rapport à l’agricul-ture biologique pour par la suite

orienter les agriculteurs. « Les opéra-teurs de l’aval montrent une bonneimplication depuis le démarrage del’opération Bio et eau », confie-t-elle.

Dans le vif du sujet Durant l’automne 2013, à l’occasion dela Quinzaine de la bio, les agriculteursdéjà rencontrés ont été invités à desportes ouvertes dans plusieurs exploi-tations.« Cette année, on rentre dans le vif dusujet, précise Colette Suchel. Diffé-rentes actions, avec pour thème laqualité de l’eau, sont mises en place àdestination des agriculteurs, desacteurs économiques et des élus.L’objectif est de les faire rencontrer etd’appréhender les besoins de chacun ». Le premier rendez-vous a eu lieu le20 mars à la Maison de l’eau à Pont deVaux autour du thème : « l’eau, unerichesse à préserver » sur fond d’expo-

sition sur le cycle de l’eau, celui del’azote. L’invitation a été lancée àdestination des agriculteurs en conven-tionnel comme en agriculturebiologique afin de permettre deséchanges d’expériences. D’autresrendez-vous sont en cours de prépara-tion. Une rencontre se tiendra au moisde juin autour du thème « eau etagriculture, préservons leur qualité ».En lien, un voyage d’étude estprogrammé à Lons-le-Saunier (Jura) oùla promotion de l’agriculture bio avecun débouché dans la restaurationcollective a entraîné, sur la zone decaptage prioritaire, le doublement de lasurface et du nombre de producteursbio. Les participants pourront rencon-trer les élus, les acteurs de larestauration collective et les agricul-teurs de la zone de captage pourrecueillir leurs témoignages. l

Qualité de l’eau

Colette Suchel,

chambred’agriculture.

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suel…) mais également échanger par la création d’ungroupe d’agriculteurs mixtes qui a abordé par exem-ple, la lutte contre les adventices les plus prégnantes.Différentes actions en ont découlé, des formationsdiverses  : désherbage mécanique, connaissances dessols, engrais verts, rotations, démonstrations de terrainnotamment de matériels, des informations sur la po-litique de l’eau et sa qualité, son organisation com-plexe… «  Dépolluer l’eau de consommation devenant tropcher, la prévention s’impose avec en finalité une aug-mentation du pourcentage des producteurs bio sur ceterritoire qui est actuellement, d’environ 10 %, expliqueBrice le Maire. Nous essayons de faire passer le mes-sage de façon très conviviale et de mieux comprendreles attentes selon les profils des producteurs plus oumoins sensibles aux approches, et surtout d’accompa-gner le mieux possible les agriculteurs qui envisagentune conversion. Un travail de long terme ». l

Le comité de pilotage réunit : Agribiodrôme, la chambre d’agri-culture 26, les contrats de rivières du territoire, les PSADER du

territoire, Bioconvergence, les coopératives locales, la DDT, leconseil général, l’agence de l’eau, le conseil régional et les

collectivités : Valence agglo, Pays de Romans, canton de Bourg-de-Péage, communauté de communes de la Raye.

© fla

shpi

cs -

Foto

lia.

Brice le Maire,Agribiodrôme :

« Dépolluer l’eau deconsommation

devenant trop cher, laprévention s’impose ».

La Quinzaine de la Bio est organisée par dans lecadre du Pôle Conversion Bio par les GABs etles Chambres en impliquant le plus possible

nos partenaires des filières biologiques rhônapline.L’objectif est d’offrir l’opportunité aux agriculteursconventionnels, jeunes en formation agricoles et por-teurs de projets d’aller à la rencontre des producteursbio dans leurs fermes afin d’échanger autour des tech-niques de productions, des modes commercialisation,de discuter de la rentabilité de leurs outils de pro-ductions et de les questionner sur leur satisfaction àexercer leur métier d'agriculteur bio… Nous sommes en effet convaincu que ces rencontreset discussions concrètes sont effectivement le meil-leur moyen de trouver les réponses aux questions quevous vous posez éventuellement sur l’agriculture bio,

et le cas échéant, de faire murir, à votre rythme, unprojet de conversion ou d’installation en bio.

Rappelons enfin que Chambres d’Agriculture et GABsorganisent tout au long de l’année des portes ou-vertes, des formations aux techniques de l’agriculturebiologique et des groupes d’échanges techniques(tour de plaine, tournée des étables, etc.). Vous pou-vez vous renseigner auprès des animateurs et conseil-lers de votre département dont les coordonnées sontprésentées en page 2 de ce Terroir Bio  ! l

w Le programme détaillé des événements de laQuinzaine seront présenté dès juillet sur les sitesde nos réseaux : www.corabio.org ethttp://rhone-alpes.synagri.com. Cependant,vous pouvez vous inscrire dès à présent à lalettre d’information de la Quinzaine de la Bio ounous poser toute question concernant lesmodalités pratiques via l’adresse mail : [email protected].

Quinzaine de la Bio 15 jours pourdécouvrir l’agriculturebiologique !Pour sa 3e édition, la Quinzaine de la Bio se tiendra du lundi 6 au vendredi 17 octobre dans les huitsdépartements de la région Rhône-Alpes. Les Groupementsd’Agriculteurs Bio et les Chambres d’Agriculture de Rhône-Alpes travaillent dès à présent à l’élaboration d’un programme varié : portes ouvertes dans des fermes bioet en conversion, démonstrations de matériel, visites de coopératives et entreprises de transformation bio, cafés-débat, etc.

Visite au Gaec Morilleauautour du travail du sol enmaraîchage.

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L’Office national de l’eau et des milieuxaquatiques (Onema), établissement publicsous tutelle du ministère de l’Écologie, et

l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab)ont, début 2012, signé une convention dont l’ob-jectif est de faciliter pour les firmes l’élaborationdes dossiers de demande d’autorisation de miseen marché des produits de bio-contrôle. PatriceMarchand, expert en substances naturelles, et JulieCarrière sa collaboratrice, en charge de cette mis-sion à l’Itab, ont élaboré un guidepédagogique sur les procédures ré-glementaires applicables à chaqueproduit de bio-contrôle.

Le bio-contrôle en bioPour être utilisée en bio, la subs-tance active doit être approuvée aurèglement phyto de l’UE. Le produitdoit être assorti d’une autorisation

de mise en marché(AMM) dans les pays qui se divisenten trois zones  : pays du Nord, du

Centre et du Sud (dont la France)et on se dirige vers des AMMpar zone. Les produits de bio-contrôle utilisables en AB doi-

vent être conformes aux règlesde cette production (annexe IIdu Règlement CE n°889/2008),et les conditions d’utilisation

Bio-contrôleUne réglementation qui stagne

Le plan Ecophyto vise à réduire de 50 % l’usage des pesticides. Des solutions alternatives existent etnotamment l’utilisation de produits de bio-contrôle.

Mais ils doivent recevoir l’homologation des autoritéshabilitées tant nationales qu’européennes. Pas simple !

respectées. Cette annexe II comprend uneliste de produits très majoritairement classésparmi les substances naturelles, avec diversestolérances selon les pays. La réglementation applica-ble entre produits classés «  phyto » ou pas, diverge.On s’oriente indubitablement vers un renforcementréglementaire et une révision globale qui, pour l’heure,stagne.

Pas d’accord européen Le nouveau règlement phytocomprend les substances activesclassiques, les substances à faiblesrisques (délai de traitement (DT)50 < 60 j), et enfin, les substancesde base dont certaines sont ali-mentaires (petit lait, lécithine, vi-naigre…), mais il n’y a toujours pasd’approbation en vue. «  Pourl’heure, aucun des dossiers quenous avons constitué n’est encore

voté », déplore Patrice Marchand. Ils vont être remisau vote, mais à ce jour, le réglement n’est pas agréépar tous les pays de l’UE et pas notifié dans sa formedéfinitive, il n’y a toujours pas de définition exacte dece qu’est une substance de base et les débats se pour-suivent sur les préparations naturelles peu préoccu-pantes (PNPP) de types tisanes et purins de plantes…« Les dossiers font de nombreux allers-retours au ni-veau européen, avec des grilles de commentaires deplusieurs dizaines de pages. La complexité du parcourset des sujets engendrent des renoncements car les ré-sultats concrets tardent trop. Bref, un bilan actuel né-gatif avec certes de l’argent public investi, mais pasd’action concertée au niveau de l’Europe », résume Patrice Marchand.

Quatre famillesd’agents de bio-contrôleLes agents de bio-contrôle serépartissent deux catégories eten quatre grandes familles.

Ceux qui ne dépendent pas de la réglementa-tion phyto :- les macro-organismes : ce sont desorganismes vivants, insectes prédateurs etauxiliaires, acariens, nématodes utilisés pourprotéger les cultures contre les attaques debio-agresseurs.

Ceux qui relèvent de la réglementation phyto :- les micro-organismes : ce sont les champi-gnons, bactéries et virus (monde vivant)utilisés contre des ravageurs ou des maladies,ou encore pour stimuler la vitalité des plantes.Ces microorganismes combinent plusieursmodes d’actions (parasitisme, production detoxines, compétition nutritionnelle).

- Les médiateurs chimiques : il s’agit desphéromones d’insectes et les substancesallélochimiques (kairomones et allomones)qui permettent le contrôle des populations deravageurs par la méthode de confusionsexuelle ou le piégeage.

- Les substances naturelles : d’originevégétale (extrait de plantes), minérale(kaolin, argile, talc) ou animale (petit lait,extrait de carapace de crevettes), elles sontprésentes dans le milieu naturel.

Ces quatre types d’agents fonctionnent sur lemode curatif ou préventif et ne sont pastoujours conformes aux exigences de l’agricul-ture biologique. Les organismesgénétiquement modifiés (OGM) ou issus deces derniers sont prohibés.

Définition Comment définir le bio-contrôle ? Selon le ministère de l’Agriculture, il s’agit « de l’ensemble desméthodes de protection des végétaux par l’utilisation de mécanismes naturels. Il vise à la protection desplantes par le recours aux mécanismes et interactions qui régissent les relations entre espèces dans lemilieu naturel. Ainsi, le principe du bio-contrôle est fondé sur la gestion des équilibres des populationsd’agresseurs plutôt que sur leur éradication. »

La prêle, source naturelle de selsminéraux et de silicium. Sous formede purin, en agriculture bio, la prêle

aide les plantes à résisternaturellement contre les agressions

liées à leur environnement.

Le vinaigre fait partie des substances de base qui n’ont toujours pasobtenues d’approbation desautorités habilitées.

paroled’expert[ [

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