Un mystère plus lointain que l’inconscient

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UN MYSTÈREPLUS LOINTAIN

QUE L’INCONSCIENT

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DU MÊME AUTEUR

L’Heure du thé chez les Pendlebury, Arles, Actes Sud, 1992Les Trois Temps de la loi. Le commandement sidérant, l’injonction

du surmoi et l’invocation musicale, Paris, Seuil, 1995þ; rééd.2008

Invocations. Dionysos, Moïse, saint Paul et Freud, Paris, Calmann-Lévy, 1998

Quartier Lacan (avec Emil Weiss et Florence Gravas), Paris,Denoël 2001Þ; rééd. coll. «ÞChampsÞ», 2004

Lila ou la Lumière de Vermeer. La psychanalyse à l’école des artistes,Paris, Denoël, 2003

Mémoires de Satan. Essai sur la manière de bien faire le mal et demal faire le bien, Paris, Flammarion, 2004

Freud et Vienne. Freud aurait-il inventé la psychanalyse s’il n’avaitpas été viennoisÞ? (sous la dir.), Toulouse, Érès, 2004

Vienne 1913, Paris, Elema, 2006Travailler avec Lacan (présenté avec Moustapha Safouan), Paris,

Aubier, 2008Théâtre, Paris, Éditions des crépuscules, 2010

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Alain Didier-Weill

UN MYSTÈREPLUS LOINTAIN

QUE L’INCONSCIENT

AUBIER

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© Paris, Flammarion, département Aubier, 2010ISBNÞ: 978-2-7007-0409-9

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À Axelle

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«þJ’ai essayé d’introduire quelque chosequi va plus loin que l’inconscient.þ»

Jacques Lacan,le 16 novembre 1976

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LA QUESTION LA PLUS ORIGINAIRE

PourquoiÞ? Le regard de l’infanset le «ÞouiÞ» originaire

Il est toujours émouvant d’être témoin de la façon dontle langage commence à parler une fois qu’il s’est emparé decelui qui est destiné, et qui se destine, à devenir un parlant.

Nous-mêmes, adultes supposés, que ressentons-nousquand nous sommes conduits à reconnaître que la voiede la parole passe nécessairement, à un moment ou àun autre, par l’articulation d’un mot clé disposant dupouvoir d’ouvrir ce qui ne l’était pas encoreÞ: ce motclé est le mot «ÞpourquoiÞ»Þ? Pourquoi le ciel est enhautÞ? Pourquoi le coquelicot n’est-il pas bleuÞ? Pour-quoi grand-mère est-elle vieilleÞ?

Cette question renvoie-t-elle à une soif de savoirÞ?Parfois, certaines réponses semblent étancher cette soif,et l’on suppose dès lors que les questions peuvent obte-nir des réponses suffisantes. Mais on ne peut le suppo-ser qu’un instant, car voici aussitôt le pourquoi resurgird’une façon irrépressible, donnant à entendre que laquestion porte en vérité sur un réel qui outrepasse toutce à quoi peut répondre le savoir.

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Nous pouvons nous rapprocher de ce qu’il y a d’irré-pressible dans ce pourquoi originaire en réalisant que lesens de la question ne porte pas sur l’espoir d’uneréponse, mais sur ce qu’il y a d’inespéré dans le faitmême que les ascendants – papa, maman – ne dispo-sent pas de «ÞlaÞ» réponse.

L’inespéré est plus large que l’espéré, car avec lui setransmet la découverte de l’existence d’un sujet, consti-tué comme une question inépuisable, dont nous auronsà dire en quoi elle peut animer un désir d’inespéré, quenous nommerons désirÞx.

Notre attention se déplace et ne se porte plus alors surle contenu de la question, mais sur sa causeÞ: pourquoi ya-t-il une questionÞ? Pourquoi y a-t-il du pourquoiÞ?

Faisons un pas de plus et reconnaissons une nouvelleénigmeÞ: le pourquoi posé par l’enfant n’est pas seule-ment une questionÞ; il est aussi à entendre comme uneréponse à quelque chose qui précède. Mais réponse àquoiÞ?

Ce pourquoi ne serait-il pas, en l’occurrence, à entendrecomme la réponse d’un sujet qui, avant d’être question-nant, adviendrait bien avant qu’il ne parle, commequestionnéÞ?

Picasso et le regard étonné de l’ infans1

Le questionnement n’est-il pas ce qui se lit dans leregard étonné du nouveau-né sur ce nouveau naissantqu’est le monde qu’il regardeÞ? Lorsque Picasso prétendaitqu’il cherchait dans le regard étonné du nouveau-né la clé

1. Terme de Sándor Ferenczi qui désigne l’enfant qui n’a pasencore acquis le langage.

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du mystère qui guidait sa recherche, ne s’interrogeait-ilpas sur ce qui se donne à voir de si mystérieux à ce regardprimordialÞ? Voit-il le monde de façon impressionniste,pointilliste, cubiste…Þ?

À cette question, nulle réponse. Rien ne nousempêche cependant, pour cerner le sens de l’étonne-ment du regard humain primordial, de le différencierd’autres types de regardsÞ; s’il a en commun avec celuidu jeune animal ce que nous reconnaissons et nom-mons «ÞcuriositéÞ», il en diffère toutefois en ceciÞ: parson œil curieux sur le monde, l’animal tend à exprimerqu’il veut explorer ce monde qui se donne à lui, noncomme étranger, mais comme sien. Le regard étonnéintroduit une dimension supplémentaireÞ: il exprimecertes une curiosité envers le monde qui se proposecomme sien, mais cette curiosité est teintée d’un éton-nement, fruit du type de lien qui s’établit entre cemonde et luiÞ; ce monde lui apparaît comme étrangermais, étrangement, il s’avère qu’il n’est pas étranger àcet étranger. Le fait de ne pas être étranger à l’étrangern’induit pas une identité et se traduit donc par unequestion.

Dès que l’enfant dispose de la parole, cette questionest contenue dans le mot pourquoiÞ? Avant qu’il neparle, la parole donne lieu à cette question muettequ’on peut lire dans le regard étonné du nouveau-né ettraduire ainsiÞ: qu’est-ce que c’est que çaÞ? Si nous nousdemandons pour quelle raison le regard du nourrissonautiste semble indifférent au monde, comme si le réelétait pour lui un magma indistinct, nous sommes enclinsà répondre que le réel indistinct auquel il accède est unréel qui ne se donne pas. PourquoiÞ? Parce que c’est unréel qui n’a pas échu au symbolique.

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Que le réel soit une dimension de l’humain susceptibled’être frappé de déchéance nous conduit à considérerque le destin de l’homme est lié à la destinée originairequi sera assignée au réelÞ: ce réel sera-t-il, comme chez lapersonne autiste, frappé d’une déchéance produisantun déchet inintéressant ou bien, inversement, sera-t-iléchu comme un lieu d’existence dont le mystère nesaurait s’éprouver sans les questionsÞ: qu’est-ce que c’estque çaÞ? C’est pour quiþ?

Les présocratiques

N’hésitons pas à dire que le simple fait de pouvoirposer cette question apparente le nouveau-né à l’inter-rogation originaire des présocratiques, ces premierspenseurs occidentaux qui abordèrent la distinctionontologique entre l’être et l’étant. Le simple fait quela question «Þqu’est-ce que c’est que cet étantÞ?Þ»puisse être posée n’implique-t-il pas d’emblée que lenouveau-né ne se contente pas, comme l’animal, d’unmonde apparent, car ce monde est pour lui telle uneapparitionþ?

Que le monde puisse être une apparition et non uneapparence signifie qu’il ne se donne pas comme statique,qu’il n’est pas une identité renvoyant à elle-même, maisqu’il se donne comme surgissant d’un lieu mystérieuxque les présocratiques abordèrent à travers l’inventionde la phusis.

Si, pour Thalès et ses amis, l’aptitude à être étonnépermet de concevoir le dévoilement de l’être dansl’étant, nous osons poser cette questionÞ: l’audace de cespremiers penseurs serait-elle liée au courage qu’il fautpour retrouver, comme Picasso, l’étonnement le plus

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originaire qui se pose à l’humain à l’instant même où– nouveau naissant – il commence à devenir humainÞ?

Aussitôt que nous tournons notre regard vers cettequestion du commencement, nous découvrons, tel lenavigateur qui voit l’horizon reculer au fur et à mesurede son avancée, que nous voyons vertigineusement recu-ler l’horizon de l’originaire alors que nous en appro-chons. Cette ligne d’horizon évoque un trait horizontalqui forme une croix avec la verticalité de l’homme quis’en approcheÞ: cet entrecroisement que l’horizon renvoieau navigateur m’évoque la façon dont Lacan parle du«Þface-à-faceÞ» entre l’homme et le logosÞ: «Þl’homme estnécessaire, dit-il, à l’action du logos dans le monde…nous avons à voir comment il y fait face… comment ille soutient de son réel, c’est-à-dire de ce qu’il lui restetoujours de plus mystérieux…Þ»

Deux actions concomitantes sont ainsi mises enscène par Lacan, comme un «Þface-à-faceÞ» entre l’actiondu langage et celle de l’homme, qui est «Þnécessaire aufait que le langage puisse agirÞ». C’est en ce point queLacan introduit le «Þréel humainÞ» comme cette dimen-sion «ÞmystérieuseÞ» par laquelle le devenant humain«ÞsoutientÞ» sa façon de «Þfaire faceÞ» à l’action du logos.

L’invention du réel par Lacanet le «ÞouiÞ» originaire

Pour entrer dans l’intelligibilité de l’acte mystérieuxpar lequel le devenant humain «Þse soutientÞ» de sonréel, il faut revenir au point à partir duquel Lacanintroduit la notion de commencement d’un «ÞréelÞ»humain qui n’est pas encore l’inconscient, mais qui leprécède et prépare ses conditions de possibilité. Ainsi

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pourra-t-on saisir en quoi le cheminement de la penséede Lacan l’a conduit, selon son propre aveu, à «Þinven-terÞ» le réel. Lacan trouve ce point de départ en lisantcomment Freud introduit la notion d’un «ÞouiÞ» origi-naire – Bejahung – comme acte psychique fondateur del’inconscient.

Poser la question d’un commencement absolu parlequel un surgissement se produirait ex nihilo n’a pasété nécessaire au fondateur de la psychanalyse. QueFreud, contrairement à Lacan, n’ait jamais été appelé àméditer sur l’héritage biblique de la création ex nihilone s’explique pas seulement par l’athéisme nécessaire,selon lui, à l’investigateur scientifiqueÞ: contrairementau goy Lacan, qui va introduire sa lecture de la Bibledans son enseignement, le regard du juif Freud se por-tera sur la conception grecque d’un réel incréé nedevant rien à l’énigme d’une création ex nihilo.

La prise en charge par Lacan de cette énigme de laprocréation d’un au-delà de l’inconscient ne l’a pasconduit à la résoudre, mais à la rendre articulable endistinguant deux types d’actions entremêléesÞ: l’actiondu logos, rendue possible par l’action d’un sujet dont onne sait rien, sinon qu’on lui suppose la capacité d’adve-nir. Advenue ex nihilo, rendue possible parce que cesujet serait tourné vers le langage d’une façon telle qu’ilserait capable de lui dire «ÞouiÞ» (Bejahung). Ce «ÞdireouiÞ» est proprement l’acte de naissance par lequel unsujet se révèle producteur d’un réel humain dont Lacann’hésita pas à accentuer la dimension mystérieuse parl’emploi du terme «ÞrévélationÞ»Þ: cette «ÞBejahungÞ» est,dit Lacan, la condition primordiale pour que du réelvienne s’offrir à la révélation de l’être.

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Cet énoncé est une litote qui concentre en quelquesmots – nous les déploierons progressivement – unegrande partie de la théorie de Lacan. À partir de cettelitote, je me propose d’explorer la façon dont peut êtrepensée la question de ce qui est commençant – de cequi commence à s’offrir à la révélation de l’être.

Les deux jouissancesÞ: ce qui se dévoile,ce qui se révèle

Le fait que Lacan en tant que penseur se situant dansla filiation des Lumières emploie le terme «ÞrévélationÞ»est fondamentalÞ: par ce mot qui introduit une perspec-tive d’ordre mystique étrangère à celle des Lumières,Lacan indique dès le début de son enseignement que lapsychanalyse aura à prendre en charge l’existence d’unréel humain que nul savoir ne saurait s’approprier.Ultérieurement, il substituera au mot «ÞrévélationÞ» lemot «ÞjouissanceÞ», qu’il nommera «Þjouissance autreÞ»,pour l’opposer à la jouissance «Þj’ouïe-sensÞ» propre àl’inconscient.

Ces deux types de jouissance renvoient à deux typesd’expérience dont il nous faut comprendre la diffé-renceÞ: alors que par la «Þj’ouïe-sensÞ» l’inconscient sedévoile, par la «þjouissance autreÞ» le réel se révèlecomme lieu d’existence d’un réel commençant. Cesdeux types de jouissance ont un rapport différent autempsÞ: dans son travail sur le mot d’esprit, Freudenseigne que, si le propre de la «Þj’ouïe-sensÞ» est de sedonner en deux temps (sidération et lumière), il n’enva pas ainsi pour la jouissance de l’existence, qui estune expérience de révélation immédiate ne requérantpas deux temps successifs.

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Pourquoi la «Þj’ouïe-sensÞ» requiert-elle deux tempspour se dévoilerÞ? Parce qu’elle a besoin du tempsnécessaire (le temps de latence de Freud) pour qu’unsignifiant trouve l’autre signifiant équivoquant auprèsduquel il pourra représenter un sujet.

Tout au contraire, l’expérience de révélation n’estpas expérience d’un signifiant renvoyant à un autresignifiantÞ; comme dans la production artistique, elleest expérience d’un signifiant ouvrant à un réel vibra-toire dont l’art nous donne le soupçon. Un tel réel estl’inouï auquel renvoie une note musicale, il est l’invi-sible auquel renvoie une touche picturale.

La rencontre originaire du signifiantet du réel

L’articulation originaire du signifiant et du réel estun fait impensableÞ; Freud a néanmoins tenté de lareprésenter avec son ardoise magiqueÞ: il nous proposecomme modèle la trace active d’un stylet dans une cirepassive, symbolisant le réel humainÞ; mais sa tentativeest hypothéquée par la représentation traditionnelle«Þactif-passifÞ» renvoyant à l’imaginaire d’un fantasmesexuel qui n’est pas de mise.

Pour évoquer un réel humain primordial attendantqu’un signifiant s’incarne en lui, l’idée de la cire sup-portant la flamme de la bougie est propice. Plus pro-pice que la cire de l’ardoise magique, qui tend àévoquer l’imagerie sexuelle d’une cire passive exposée àl’activité d’un stylet phallique.

L’image de la flamme de la bougie nous transmet à cetégard un au-delà du couple actif-passifÞ: la flamme, méta-phore de ce qu’il y a de brûlant dans le commencement

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humain, ne peut advenir qu’avec le concours de la cireÞ:celle-ci ne donne vie à la flamme que parce qu’elle luidit «ÞouiÞ» (Bejahung), qu’elle l’entretient, qu’elle consenten somme à se métamorphoser pour elle depuis qu’uneétincelle de lumière (le signifiant) a mis le feu à lamèche de la bougie.

Dans la rencontre entre l’étincelle de lumière quis’emploie à allumer la flamme humaine et le réel de lacire humaine qui attendait d’être enflammée, qui acommencéÞ? Est-ce la cire de l’ardoise qui attendait lestylet ou bien le stylet qui cherchait la cireÞ? Ce dua-lisme est à l’œuvre lorsque la religion et les Lumièress’opposent sur la question de l’origineÞ: pour la reli-gion, le verbe divin est causeÞ; pour les Lumières, inver-sement, le réel humain (la cire) est au commencement.En renonçant à cette perspective dualiste (transcendanceou immanence), nous serons conduits à concevoir le com-mencement du commencement humain dans l’existenced’un mouvement initiateur venant d’une tierce dimen-sionÞ: le deux cessera dès lors d’être pensé à partir duun, pour être pensé à partir du trois.

La tierce dimension et la résonance

Freud introduit ce point avec la découverte de la cas-tration symboliqueÞ: une conception tierce qui renou-velle, en la complexifiant, la question de l’originaire. Lacastration symbolique est l’opération par laquelle lesignifiant va introduire dans le devenant humain unesoustraction d’être qui sera génératrice de la structure.Lacan a le mérite de distinguer trois aspects dans cettesoustractionÞ:

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•þSoustraction dans le réel, qui correspond à l’entailleoriginaire par laquelle le signifiant s’inscrit comme traitunaire dans le réel du corps à jamais marqué par cettetrace symbolique.

•þCette soustraction que Lacan écrit (– 1) précèdecelle que Freud découvre comme castration et queLacan écrira (– phi) pour marquer sa représentationimaginaire.

•þEnfin, reprenant la découverte freudienne d’unpoint d’ombilic du rêve révélant l’existence d’un troudans la chaîne des signifiants inconscients, Lacannomme ce troisième type de soustraction (A), où appa-raît l’existence d’un trou réel dans le symbolique.

Avec le temps, Lacan va nouer ces trois types detrous (trou dans le réel, trou dans l’imaginaire et troudans le symbolique) selon un nouage dit «Þborro-méenÞ», dont il trouve le principe dans les armoiries dela famille du cardinal Borromée. L’énigme de cenouage tient en celaÞ: en se conjuguant, ces trois trousfont apparaître un trou central. Nous tenterons pro-gressivement de nous en approcher en commentant le«Þfiat trou1Þ!Þ» grâce auquel Lacan propose de récrire letroisième verset de la GenèseÞ: fiat luxÞ!

La question de la résonance

Pour m’approcher du temps mythique originaire parlequel un stylet s’inscrirait dans une cire originaire, jefais appel à l’expérience du sacrifice, et plus particuliè-rement au sacrifice d’AbrahamÞ: le couteau sacrificiel

1. J.ÞLacan, Lettres de l’École freudienne de Paris, 1975, n°Þ18,p.Þ267.

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N° d’éditionÞ: L.01EHVN000118.N001Dépôt légalÞ: avril 2010