Un livre un jour

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PAR JOUR

Semaine du 22 au 28 juin

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PARENTS ET AMIS SONT INVITÉS À Y ASSISTERde Hervé Bouchard

Drame, récit, divers Critique de Lionel GabarrePrix conseillé : 11,00 €

Comme Job sur son tas de fumier

Hervé Bouchard esquisse le portrait d’une famille du Lac Saint-Jean, chamboulée par la mort subite d’un père charismatique. Un deuil qui désorganise un clan à l’origine soudé

et animé de la parole paternelle. Cette œuvre singulière, issue d’aucun genre en particulier, plonge au cœur d’un drame qui se résout alors que chacun trouve la convergence salvatrice. Tâche difficile puisque les enfants sont disper-sés chez des tantes qui ont pris la relève de la mère, sonnée par la disparition de son mari. La communication sert donc de thérapie pour reconstruire les assises de cette famille en manque de filiation. Manque grave à l’origine du suicide du benjamin, désireux de retrouver son père.

En montrant ainsi la face cachée de ce qu’ils sont, ils resserrent la fratrie sur un terreau qui

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LUNDI

leur fait dire qu’ils n’auraient pu vivre ailleurs avec « l’usine au large de leur regard dans un voile de fumée qui sentait, la poussière en gris pâle, l’asphalte conjugué en mou, les poteaux gros de créosote, les murs en brique teintée en trente, les escaliers premiers du nom, des corneilles bleues, des moineaux à motifs... des érables à hélices, des saules en phase brune, des peupliers prêts à neiger, des ormes à bras, des sorbiers portant grappes, des pommetiers en pleurs, des cerisiers à romances... »

Cette parole thérapeutique renvoie à la posses-sion du corps, instrument de connaissance de soi, comme l’avait déjà démontré Élise Turcotte dans La Maison étrangère, roman inspiré de l’esprit du Moyen Âge qui considérait notre enveloppe charnelle comme le chemin vers autrui, et même vers Dieu tel que le prouvent les fresques de la chapelle Sixtine. En revanche, Hervé Bouchard valorise plutôt le corps pour ses fonctions d’évacuation. L’intimité des actes

qui en découlent prend des proportions obses-sionnelles comme dans le film Léolo. Ce volet scatologique stigmatise notre appartenance à une humanité déchue à travers la symbolique des fèces, traduite en termes vulgaires.

Comme Job sur son tas de fumier, l’orphéon des endeuillés clament leurs doléances afin de se réapproprier une famille privée de son âme. Leurs chants, aussi sacrilèges que les Versets sataniques de Salmon Rushdie. Hormis la vul-garité et l’irrévérence, cette œuvre brillante, mais déstabilisante par l’illustration intellec-tuelle de sa thématique, rappelle l’écriture des penseurs du XVIe et du XVIIe siècle.

Ce chef-d’œuvre risque de faire uniquement partie des lectures obligatoires des étudiants ou des lectures des intellectuels.

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DONQUI FOOT…de Hubert Artus

Arts, loisir, vie pratique, divers Critique de Jean-Paul MercièsPrix conseillé : 8,70 €

Le foot par le petit bout de la lorgnette !

Savez-vous que Zinedine Zidane fut le premier joueur français à être exclu lors d’un match de Coupe du monde ? Que le mythique gardien de but italien Dino Zoff échoua aux tests d’entrée à

la Juventus de Turin à cause de sa… petite taille ? Que la chanson « You’ll never walk alone », l’hymne du club anglais de Football de Liverpool (et d’autres grands club européens de football...), est une chanson… américaine ! Qui plus est, venant d’une comédie musi-cale et qu’elle fut entre autres chantée par Renée fleming, Elvis Presley, Franck Sinatra, Barbara Streisand, Nina Simone, Shirley Bassey et… Dick Rivers ? Que malgré le fait qu’il a été champion national dans tous les clubs où il a joué, le joueur suédois Zlatan Ibrahimovic n’a jamais gagné la Champions League ? Qu’en 1991 quand l’entraineur belge

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MARDI

Raymond Goethals (1921-2004) annonça à Eric Cantona qu’il était remplaçant, celui-ci lui lança « On ne met pas Canto sur le banc »… Ce à quoi il répliqua instantanément « Alors, prends une chaise et assieds-toi à côté » ! Ou encore, qu’en 1994 en pleine coupe du monde aux États-Unis, Raymond Domenech tenta de revendre au marché noir des billets pour le match Bolivie-Corée du Sud, billets qu’il n’avait même pas payés !

Voilà, tout cela, et bien sûr, beaucoup, beaucoup d’autres anecdotes toutes plus intéressantes les unes que les autres, sont à retrouver dans ce « Donqui Foot », qui se veut avant tout un dico « rock, historique et politique » du foot-ball, et il est vrai que, suivant un usage très à la mode dans ce genre d’ouvrages ces dernières années, certaines entrées ont de qui sur-prendre… On ne s’étonnera plus de retrouver entre autres des définitions : Cocaïne, Caviar, Zlatan, Femmes, Crampons, Sexe, Qatar…

L’ouvrage est facile d’accès, simple à la consultation comme à la lecture, et se laisse lire même par le plus profane des amateurs de foot, dont je suis. Ce n’est pas un livre qui se prend trop au sérieux, et même tout du contraire, le second degré y est abondamment présent, car c’est avant tout un livre « récréa-tif  ». A noter que l’auteur, consultant Football sur Radio France International, maîtrise très bien son sujet et ce livre si il a un côté très pratique est aussi très bien documenté sur les trois siècles d’histoire du Football et peut, sans problèmes, vous servir à apprendre le « sujet » foot, bien plus intensément que vous pourriez le penser au premier abord !...

Un livre que l’on peut picorer à sa guise, en allant regarder directement ce qui vous inté-resse, ou bien encore se laisser guider par le hasard. Mais dans tous les cas, on passe un très bon moment…

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LE CHAMP DU SANG de Denise MinaTitre original : The field of blood

Policier, Thriller Critique de Jean-Paul MercièsPrix conseillé : 8,70 €

Glasgow glauque

Nous sommes en 1981, dans les débuts de l’ère Thatcher, Patricia Meehan, dite Paddy, vit à Glasgow, où elle étouffe dans l’atmosphère pétrie de conventions et de préjugés

d’une famille catholique irlandaise. C’est une jeune femme avide de liberté, qui refuse la condition des femmes de son milieu. Elle est actuellement « garçon de courses » au journal « Daily news » et elle espère bien faire de cette fonction très subalterne un tremplin pour deve-nir un jour journaliste en titre.

Une terrible affaire vient d’éclater : à Glasgow, deux garçonnets en ont assassiné un troi-sième, plus jeune, presqu’encore un bébé. La police ne doute déjà plus de l’entière culpa-bilité des deux accusés. Pourtant certains éléments incitent Paddy à penser que les deux jeunes meurtriers n’ont pas agi seuls et qu’ils

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MERCREDI

ont peut-être été manipulés par un adulte. La jeune femme, d’autant plus motivée que l’un des enfants tueurs est un cousin de Sean, son fiancé, mène sa propre enquête. Une enquête pleine de rebondissements et de dangers dans un Glasgow aux classes populaires sinistrées par le chômage et la politique libérale. Paddy doit affronter aussi bien une police sûre de ses conclusions que le milieu du journal. Un univers codifié avec son lot d’arrivistes, ses jalousies et coups bas et le mépris de chacun pour cha-cun et surtout pour ceux qui ne font pas encore partie de leur caste.

Ce roman comporte ce qu’il faut de mystère, de drame et de suspense pour captiver le lecteur et les trois contextes dans lesquels se déroule l’histoire sont finement décrits : celui du jour-nal, celui de la famille irlandaise de Paddy et celui des quartiers déglingués de Glasgow de l’ère Thatcher. Paddy est un personnage atta-chant, toute jeune femme (19 ans), ambitieuse

et énergique, ni un sex-symbol (elle se trouve trop grosse), ni une sainte, mais d’autant plus vivante. Et on ne peut que l’approuver dans son désir d’échapper à la vie étroite à laquelle son milieu familial la promet.

Parallèlement à l’intrigue principale, le roman évoque une affaire réelle, authentique celle-là et restée célèbre en Grande-Bretagne, celle d’un autre Paddy Meehan – un homonyme masculin de notre héroïne, et sans doute est-ce en partie pour cela qu’elle s’y intéresse – vic-time d’une erreur judiciaire dans les années 70.

« Le champ du sang » est un excellent roman et pas de ceux qu’on oublie aussitôt après l’avoir lu. Signalons que les deux précédents romans de Denise Mina ont reçu des critiques tout aussi positives. À coup sûr un auteur à suivre !

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L’OMBRE DU VENTde Carlos Riuz ZafonTitre original : La sombra del viento

Récit, roman critique de Roger BansdtePrix conseillé : 8,10 €

Présence irréelle

Ce récit est magnifique, surréaliste et nostalgique, plein de poésie et de violence. C’est l’histoire de Daniel, huit ans, qui se rend avec son père libraire au « Cimetière des Livres

oubliés », une bibliothèque magique. Il s’agit d’un sanctuaire que l’enfant image comme un lieu mystérieux et bien caché que seul un petit nombre de privilégiés peut investir.

Nous sommes en 1945, Daniel s’apprête à « sauver » un ouvrage. Un livre qu’il choisit sera celui qu’il devra, envers et contre tout, préser-ver, parmi les milliers qui se trouvent dans cet endroit fantastique. Daniel porte son dévolu sur « L’ombre du vent » de Julian Carax. Il ne connaît rien de l’histoire ni de son auteur, il sait simplement que Carax est parti vivre à Paris une dizaine d’années plus tôt et que depuis, un étrange bonhomme au visage effroyable passe

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son temps à brûler tous ses écrits. Le temps passe, Daniel n’oublie pas Julian Carax, il se renseigne du mieux qu’il peut avec l’aide de son ami Fermin. Carax serait mort en 1936, Daniel n’y croit pas.

Ses recherches lui révèlent des informations biographiques troublantes, il découvre que Carax était un brillant adolescent élevé par un homme qui n’est pas son père, il avait trois amis inséparables qui ont pourtant pris chacun des chemins radicalement différents. Julian Carax est fils de chapelier, il se lie d’amitié avec un gros client de son père, Jorge Aldaya dont il tombe éperdument amoureux de la soeur, Pénélope. Jorge les surprend, Julian s’exile à Paris pendant que Pénélope meurt en donnant naissance à un enfant mort-né.

Au fur et à mesure de ses investigations, le voile se lève sur la biographie officielle de Carax mais pas sur le mystère de plus en

plus lourd qui entoure sa vie. On y trouve de l’amour, des mensonges, des trahisons, des peurs, beaucoup de tragédies imbriquées les unes dans les autres et qui forment la trame de ce récit. Avec en toile de fond, un personnage diabolique qui promène son ombre dans toute l’histoire et dans Barcelone, une ville présente à chaque page, que l’on entend respirer et sou-pirer. Des phénomènes étranges se produisent, des fleurs qui fanent en quelques minutes ou du lait qui se teinte de rouge…

Zafon décrit les ambiances comme personne : c’est beau et fort, sa bibliothèque fait envie tant elle regorge d’ouvrages rares et mystérieux, Barcelone est vivante sous nos yeux et pour-tant hantée par des fantômes, le cimetière des livres semble palpable...

JEUDI

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LE CONFIDENTde Hélène GrémillonFrance

Catégorie(s) : Drame, récit, autre Critique de Marie-Amélie PirotPrix conseillé : 7,50 €

Premier roman remarquable

Camille vient de perdre sa mère alors qu’elle va devenir mère à son tour. Au milieu des lettres de condoléances, elle découvre une étrange lettre, une lettre qui va être suivie d’autres, qui

dessinent petit à petit l’histoire de deux amours brisées, et d’un secret qui est aussi le sien.

Fort malheureusement, les histoires d’amour brisées sur fond de Seconde Guerre mondiale abondent en littérature, et ne fait pas œuvre de cette période qui veut. Loin de dire que « Le confident » est un roman anodin et sans intérêt, c’est là souligner la difficulté de l’exer-cice et dire aussi, qu’Hélène Grémillon se tire avec un certain talent de l’ornière historique où elle a risqué de faire verser son récit. Ce qui aurait été dommage puisque ce n’est finale-ment que le décor tragique d’une histoire qui est celle de deux amours fous, d’une jalousie

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maladive, et du mal d’enfant qui pousse parfois au pire. Égrenant une parole dont on ne sait très bien de qui elle vient, les lettres répondent à la détresse et au mal-être de Camille, lui dévoilant des destins qui sont intimement liés au sien et le mensonge sur lequel a été bâti sa vie. Et si on devine assez vite, la chute du feuil-leton, si l’on peut regretter un brin de facilité dans la chute, quelques longueurs, reste cette histoire de maternité qui répond à une actua-lité brûlante, celle des mères porteuses, et qui ne verse jamais dans la leçon, se contentant de rappeler que certains choix sont intrinsè-quement tragiques puisque s’y mêle l’amour, l’instinct, la possessivité et le mensonge. Disant que la filiation, les rapports de mère à fille ne sont jamais simples.

Porté par des personnages complexes, atta-chants jusque dans leur actes les plus abjects, « Le confident » est un premier roman au style simple, limpide, dont l’intrigue à tiroir mêle

agréablement grande et petite histoire, ven-geance, jalousie, amour, panel si commun et toujours détonnant de l’éventail des passions humaines, encore et toujours revisitées.

Hélène Grémillon a 32 ans. Après une maîtrise de lettres et un DEA d’Histoire, elle travaille chez Publicis au planning stratégique et devient assistante de programmation (Rive droite Rive gauche, PAF Productions) puis journaliste (Le Figaro, L’Avant-scène cinéma) avant de se consacrer à ce premier roman.

VENDREDI

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DEMAIN EST UN AUTRE JOURde Lori Nelson Spielman

Catégorie(s) : Roman Critique de Amaranthe Kma’anilloPrix conseillé : 7,50 €

Comme une envie irrépressible de réaliser tous nos rêves

A la mort de sa mère, Brett Bohlinger pense qu’elle va hériter de l’empire de cosmétique familial. Toutefois, les choses vont se dérouler tout autre-ment. À sa grande surprise, elle ne

reçoit qu’un vieux papier jauni et chiffonné : la liste des choses qu’elle voulait vivre, rédigée lorsqu’elle avait 14 ans. Pour toucher sa part d’héritage, elle aura un an pour réaliser tous les objectifs de cette « Lifelist »...

Mais la Brett d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la jeune fille de l’époque, et ses rêves d’adulte sont bien différents.

Enseigner ? Elle n’a aucune envie d’abandonner son salaire confortable pour batailler avec des enfants rebelles. Un bébé ? Cela fait longtemps qu’elle y a renoncé, et de toute façon Andrew,

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son petit ami avocat, n’en veut pas. Entamer une vraie relation avec un père trop distant ? Les circonstances ne s’y prêtent guère. Tomber amoureuse ? C’est déjà fait, grâce à Andrew, à moins que... Malgré tout, Brett va devoir quitter sa cage dorée pour tenter de relever le défi. Et elle est bien loin d’imaginer ce qui l’attend.Mais, en hommage à sa mère, elle va faire son possible pour réussir même si les catastrophes s’enchainent. Forcément, quand on veut abso-lument tomber amoureuse, l’homme de nos rêves n’est pas toujours à porter de main, ni là où on l’attend !

Ce récit aborde différents thèmes qui nous invitent à repenser à nos rêves de jeunesse, nos illusions perdues et la possibilité de refaire sa vie. Mais on est aussi confronter à nos émotions intimes, comme lors du décès d’un proche. Elle osculte au travers de son his-toire, notre approche des différences sociales et culturelles, mais aussi la réalisation de nos

rêves, la quête de l’amour avec un grand A, ou tout simplement notre irrépréssible espoir que demain sera un autre jour et beaucoup mieux que le précédent.

Menée tambour battant, cette comédie romantique se lit d’une traite. Publié en avant première en France, c’est le premier roman de

Lori Nelson Spielman, enseignante qui vit à East Lansing, dans le Michigan. Les droits d’adaptation cinématographique ont été ache-tés par la Fox, sera bientôt traduit dans plus

de 25 langues.

Je recommande ce livre pour la fluidité de l’écriture, le style adopté par l’auteur et tout simplement pour l’histoire... Une comédie romantique certes, mais dont la trame est assez originale, l’intrigue bien ficelée avec des personnages tellement attachants...

SAMEDI

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LE JOUEUR D’ÉCHECS de Stefan ZweigTitre original : Lifelist (USA)

Essai, récit, autre Critique de Marie-Amélie PirotPrix conseillé : 7,65 €

Un testament d’humaniste

Et c’est ainsi que Zweig concluait en février 1942, une note expliquant les raisons de son suicide : « Puissent mes amis voir encore l’aube après la longue nuit, moi je ne peux plus attendre, je

pars avant eux ». Le Joueur d’échecs est le dernier écrit de ce voyageur insatiable et grand connaisseur de l’âme humaine.

Sur un paquebot reliant New York à Buenos Aires, le narrateur croise la route du champion du monde d’échecs, Mirko Czentovic, un être froid et secret, un monomaniaque dont la vie semble se résumer au mouvement des pièces sur le carreau de l’échiquier.

Dans ses efforts pour comprendre comment un homme peut ainsi limiter son esprit et sa vie à ce simple jeu, il fait la connaissance d’un autre passager, le Dr B., exilé autrichien qui s’avère

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être capable de battre le champion du monde alors qu’il prétend ne pas avoir joué une seule partie depuis plus de 20 ans.

Cet homme énigmatique raconte alors sa sombre histoire au narrateur, dévoilant com-ment les tortures psychologiques de la Gestapo ont annihilé son être tout entier, et comment la pratique des échecs lui a permis de survivre… À moins que justement, elle ne l’ait fait définiti-vement basculer dans la folie.

A côté de l’histoire plaisante, écrite avec ce style pénétrant que Zweig a aiguisé au fil de ses nouvelles, romans et biographies, il est dif-ficile de rester indifférent au bilan du monde dressé en filigrane par l’auteur. Nous sommes en 1941 et Hitler a depuis longtemps réduit à néant l’idéal humaniste de cet Européen exilé (comme le Dr B.) à Londres puis au Brésil. À Petrópolis, malgré l’accueil chaleureux des Brésiliens, il ne peut oublier que ses livres

sont interdits et brûlés dans sa Vienne natale. Comme le Dr B. aux mains des nazis, le voici reclus, prisonnier d’une cage dorée, lui qui rêve de nouveaux voyages et se languit de ses nombreux amis de par le monde. Comme son héros, il a l’âme déchirée, mais même l’écriture ne lui offrira aucun remède.

Zweig écrivit à propos de cette histoire qu’elle était «  trop longue pour une nouvelle et trop courte pour un roman ». Malgré tout, elle reste-ra en nous comme un testament.

DI MANCHE

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