UN JOUR DANS LA PRESSE DE LA PERESTROÏKA - … · a trois ans encore, les journaux de Moscou...

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UN JOUR DANS LA PRESSE DE LA PERESTROÏKA Gábor T. Rittersporn Gallimard | Le Débat 1989/3 - n° 55 pages 80 à 97 ISSN 0246-2346 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-le-debat-1989-3-page-80.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Rittersporn Gábor T., « Un jour dans la presse de la perestroïka », Le Débat, 1989/3 n° 55, p. 80-97. DOI : 10.3917/deba.055.0080 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Gallimard. © Gallimard. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - Maison des sciences de l'homme - - 193.49.18.51 - 20/03/2013 15h27. © Gallimard Document téléchargé depuis www.cairn.info - Maison des sciences de l'homme - - 193.49.18.51 - 20/03/2013 15h27. © Gallimard

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  • UN JOUR DANS LA PRESSE DE LA PERESTROKA Gbor T. Rittersporn Gallimard | Le Dbat 1989/3 - n 55pages 80 97

    ISSN 0246-2346

    Article disponible en ligne l'adresse:

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-le-debat-1989-3-page-80.htm

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    Pour citer cet article :

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Rittersporn Gbor T., Un jour dans la presse de la perestroka ,

    Le Dbat, 1989/3 n 55, p. 80-97. DOI : 10.3917/deba.055.0080

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  • Gbor T. Rittersporn

    Un jour dans la presse de la perestroka

    Lobservateur de lactualit sovitique doit se rsoudre admettre que son travail devient de plus enplus difficile. Lpoque est rvolue o, forts de la conviction que le systme sovitique est immobile,lge, ltat de sant et la succession des dirigeants de ltat-Parti taient au centre des proccupationsde nombre de kremlinologues . Fini galement le temps o il suffisait de jeter un coup dil sur deuxou trois journaux, porte-parole des sommets, pour se faire une ide des problmes que la direction dupays jugeait digne dtre ports la connaissance du public. Pour suivre ce qui se passe en U.R.S.S.aujourdhui, il est devenu indispensable de dpouiller une multitude de publications qui ont chang lanotion mme de lactualit ou de lvnement pour la confrrie des sovitologues .

    Mais il nest pas facile de procder un survol quotidien de ce que la presse sovitique publie. Il ya trois ans encore, les journaux de Moscou arrivaient le lendemain de leur parution dans les capitaleseuropennes, alors que les retards sont de plus en plus frquents aujourdhui. Il nest pas rare que desnumros se fassent attendre jusquau-del des numros suivants. La situation nest dailleurs pasmeilleure en U.R.S.S. o les abonns sont contraints de patienter un mois ou plus en attendant certainspriodiques, mme parmi ceux qui ne sont pas particulirement demands1. Puisquil ne sagit pas de lacorrespondance avec ltranger qui doit tre rdige, selon les rglements postaux, lisiblement et dans une langue comprhensible ( pour qui ? demande un Sovitique en comparant leur esprit aurgime dun camp de concentration2), lexplication officielle de ces retards nest peut-tre pas tout faitsans fondement. Elle invoque la croissance spectaculaire du tirage des priodiques il a augmentdenviron soixante millions dexemplaires en quatre ans, rien que pour la presse du Centre3 une crois-sance qui signale la popularit de tel ou tel autre titre.

    De Gbor T. Rittersporn, Le Dbat a dj publi Qui lit la Pravda, comment et pourquoi ? (n 2).

    Cet article est paru en mai-aot 1989 dans le n 55 du Dbat (pp. 67 84).

    1. Ogoniok, n 9, 1989, p. 6.2. Ibid., n 4, 1989, pp. 2-3.3. Soit une trentaine de publications sur plus de treize mille journaux et revues qui paraissent en U.R.S.S. (Ezegodnik

    Boloj Sovetskoj Enciklopedii, Moscou, 1987, pp. 90-91).

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    thomas gerbig

  • Si le nombre des abonns des journaux, hebdomadaires et revues de Moscou, a augment d peuprs 43 pour 100 depuis 1985 et de 26 pour 100 par rapport lan dernier, un communiqu du Dparte-ment idologique du Comit central fait apparatre des variations notables, et mme une perte de lecteurspar un certain nombre de publications4. Quotidien des syndicats, le Troud ( Travail ) a gagn plus detrois millions dabonns en quatre ans, ce qui reprsente une croissance de plus de 19 pour 100, celuides Jeunesses communistes (la Komsomolskaja Pravda) a recrut presque cinq millions de nouveauxlecteurs rguliers (plus de 36 pour 100 par rapport 1985), et le journal du gouvernement (les Izvestija, Nouvelles ) a conquis plus de quatre millions de souscriptions, une augmentation de 76 pour 100. Lebihebdomadaire culturel du Comit central (Sovetskaja Kultura) a presque doubl le nombre de sesabonns depuis 1985 : il en a presque sept cent mille aujourdhui. Les revues littraires Druzba Narodov( Amiti des peuples ), Znamia ( Drapeau ), et Novy Mir ( Monde nouveau ) ont respectivementneuf, six et quatre fois plus dabonns quil y a quatre ans (un million et un million cinq cent mille), etles hebdomadaires, Literaturnaja Gazeta ( Gazette littraire ) et Ogoniok ( Petite flamme ou Lumire ), ont deux et cinq fois plus de souscriptions aujourdhui quen 1985 (soit six millions troiscent mille et trois millions). Le record est obtenu par le bulletin hebdomadaire Argumenty i fakty( Arguments et faits ), qui a plus de quatorze fois plus dabonnements en 1989 quil y a quatre ans(vingt millions, plus que le double de ceux de 1988).

    Le plus grand perdant est un mensuel du Comit central pour les propagandistes du Parti, PoliticeskoeObrazovanie ( Instruction politique ) : plus de 28 pour 100 de ses abonns lont dsert depuis 1987,ce qui reprsente presque sept cent quarante mille exemplaires de moins. Il est suivi par le bimensuel duComit central qui est consacr aux questions de la construction du Parti (Partijnaja Zizn, la Viedu Parti ), qui a perdu plus dun quart de ses souscriptions dans les deux dernires annes (presquedeux cent quatre-vingt mille), par un quotidien du Parti qui sadresse aux agriculteurs (Selskaja zizn, Vie rurale ), fui par un peu moins dun quart de son audience (deux millions dabonns), par le quo-tidien de larme, Krasnaja Zvezda ( toile rouge ), abandonn par 17 pour 100 de ses lecteurs depuis1987 (deux cent quatre-vingt mille personnes) et par Kommunist, la revue thorique du Parti, quitte parplus de 13 pour 100 de ses fidles (plus de cent quarante mille). Quotidien du Parti, la Pravda ( Vrit )a gagn plus de six cent soixante mille souscripteurs entre 1985 et 1987 (soit 7 pour 100) pour en perdreplus de cinq cent mille par la suite (une chute de plus de 5 pour 100).

    Un cas intressant est celui de Sovetskaja Rossija ( Russie sovitique ), un quotidien de la directionde la Rpublique russe et du Parti. Le nombre de ses souscripteurs a augment de presque 56 pour 100entre 1985 et 1988 (plus dun million six cent mille recrues) mais cette anne il est abandonn parpresque quatre cent mille abonns (8,5 pour 100). Il est fort probable que la rputation conservatrice dujournal, confirme lan dernier par un article quun ditorial de la Pravda a qualifi de manifeste desadversaires des rformes5, nest pas trangre cette dsertion en masse. Mais il faut observer que lequotidien a encore un million dabonns de plus que Ogoniok qui plaide en faveur de changements radi-caux. Ce sont nanmoins les organes du Parti et de larme qui sont en perte de vitesse et les priodiquesinnovateurs et engags en faveur des rformes qui attirent le plus de nouveaux lecteurs, mme si unerevue des nationalistes russes comme Moskva a presque russi doubler le nombre de ses lecteurs au

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    Gbor T. RitterspornUn jour dans la presse

    4. Izvestija CK KPSS, n 1, 1989, pp. 138-139.5. 5 avr. 1988.

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  • cours de 1988, en passant dun peu plus de quatre cent mille souscriptions sept cent cinquante mille.Il est possible, cependant, que lintrt soudain suscit par cette publication sexplique surtout par le faitquelle donne en feuilleton un classique de lhistoriographie russe jamais republi depuis 1917. Lhypo-thse semble confirme par la stagnation notable du tirage dune autre revue des conservateurs natio-nalistes (Na sovremennik, Notre contemporain : deux cent quarante mille exemplaires) malgr lesefforts dune association notoirement chauvine, xnophobe et raciste pour lui recruter des souscriptions6.

    La chronologie du flux et du reflux des abonns est aussi instructive que la popularit croissante desporte-drapeaux de la rforme. Les publications du Parti et de larme maintiennent ou amliorent leurcote jusquen 1987. Si cest cette date quun nouveau style de journalisme tait en passe de saffirmer,cest galement en 1987 que les lecteurs rguliers de la presse sovitique allaient dcouvrir que leursmthodes habituelles pour analyser linformation taient devenues soit superflues, soit de plus en plusdifficiles appliquer. Les articles rendant inutile leffort de lire entre les lignes devenaient monnaie cou-rante dans certains priodiques, alors que le discours officiel des diverses tendances au sein de ltat-Parti commenait tre de moins en moins facile sparer des vues personnelles de tel journaliste oudignitaire aux allgeances toujours plus incertaines.

    La popularit dun certain nombre de priodiques sexplique moins par leur franc-parler au sujet desproblmes du rgime il est prsent galement dans les journaux que les lecteurs boudent que par lefait quils prennent des positions qui les diffrencient, ne serait-ce que trs lgrement, de la ligne offi-cielle du moment, ou par leur avance sur celle-ci qui peut nanmoins les rattraper. Ces positions nesexpriment pas en gnral dans des programmes ou dans des propositions sans quivoque mis en avantau nom de la rdaction. Elles apparaissent plutt au travers darticles ou dinterviews nengageant queleurs auteurs et souvent, de faon caractristique, non propos de lactualit politique mais de questionsaux enjeux symboliques. Ainsi, par exemple, lhistoire du rgime est-elle devenue lun des sujets lesplus importants de discussion, il y a un an. Son traitement a normment contribu au succs dequelques titres.

    Les dbuts de la rvision critique du pass remontent au printemps 1987 quand Ogoniok, surtout,sest mis publier des matriaux sur les victimes de la terreur stalinienne, y compris sur un militant delopposition trotskiste, de mme que la lettre dun ambassadeur transfuge, membre de la vieille gardebolchevique, Staline7. Cest ce qui la sans doute aid plus que doubler le nombre de ses abonns la fin de lanne. Ce genre darticles est devenu de plus en plus frquent par la suite, et on a pu mmeobserver une certaine concertation dans la dmarche des rdactions qui patronnaient le mouvement :trois articles sur la chute de Bria, ancien chef des organes de scurit, sont parus exactement au mmemoment8. Raction quelque peu tardive du quotidien de larme : une srie de trois reportages sur le rleminent des militaires dans la neutralisation de cet ennemi du peuple 9. Puisquil sagissait dun dfiau monopole de ltat-Parti la vrit historique et, partant, la vrit en tant que telle, les dfenseurs

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    6. Ogoniok, n 9, 1989, p. 29.7. Voir par exemple n 26, 1987, pp. 4-7 ; n 39, 1987, pp. 9-11 ; n 44, 1987, pp. 10-11 ; n 46, 1987, pp. 8, 14-15. Voir

    aussi Lducation par la vrit , Komsomolskaja Pravda, 1er sept. 1987.8. Literaturnaja Gazeta, n 8, 1988, p. 8 ; Nedelja, n 8, 1988, pp. 11-12 ; S. Mikojan, Serviteur , Komsomolskaja

    Pravda, 22 fvr. 1988.9. S. Bystrov, Mission extraordinaire , Krasnaja Zvezda, 18, 19 et 20 mars 1988.

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  • de celui-ci nont pas tard soulever des objections, en rvlant lorientation conservatrice de lorganeo ils sexprimaient. Certaines interventions se sont dguises en essais sur tel ou tel problme histo-rique, comme un article dans le journal de la Rpublique russe sur les checs sovitiques au dbut de laguerre dont seuls Staline et quelques hauts militaires auraient t responsables10. Dautres se sontcontentes de rappels plus ou moins subtils lordre11. Nanmoins, les murs commenaient changer tel point que, trs vite, il est devenu possible de riposter une attaque publie dans la Pravda, et cecijusque dans les propres colonnes de lorgane du Comit central12.

    En gros, les priodiques sovitiques se laissent aujourdhui classer, mme si lopposition est plussubtile, en publications rformistes et conservatrices . Du reste, en parcourant, comme nous allonsle faire, les titres les plus importants de la presse centrale qui sont parus autour du 10 mars, soit aumoment de lenregistrement des candidatures pour les lections au nouveau Congrs, le lecteur occa-sionnel ne se rend pas compte facilement des diffrences entre tel ou tel journal ou des raisons de lapopularit de quelques-uns dentre eux. En fait, les diffrences sont plutt une question de nuances,mme dans le cas des porte-parole conservateurs. Quant au succs, il ne tient pas ncessairement au trai-tement de lactualit au sens propre du terme. Ainsi, les Argumenty i fakty, qui ont connu la russite laplus spectaculaire, nintressent que de faon indirecte les problmes du jour. Bulletin dune associationnationale pour la propagande scientifique et pour la propagande tout court : elle remplace, depuis lafin des annes 1940, lorganisation des athes militants , il est cens fournir des matriaux din-formation gnrale lintention, entre autres, des agitateurs politiques. En dehors de courts articles surdes sujets historiques ou sur des personnalits, comme la fille de Staline ou un premier secrtaire delUkraine limog au dbut des annes 197013, ce sont ses informations sur la politique internationale, surles activits de la police et de la justice et sur des donnes statistiques inaccessibles jusqu ce jour quiont fait la renomme de cette feuille de huit pages. Cest elle, par exemple, qui a commenc porter lesstatistiques criminelles la connaissance du grand public ou qui a fait paratre les estimations de laC.I.A. sur le taux dinflation en U.R.S.S.14. On trouve, dans le numro qui nous intresse, plusieursinterviews de candidats aux lections, dont celui du juge dinstruction dune affaire de corruption dansles alles du pouvoir, des statistiques sur lesprance de vie et sur la disponibilit et les prix des principauxproduits alimentaires, une enqute concernant le vol des biens publics dans les entreprises, un survol desrelations dlicates entre la Roumanie et la Hongrie, et un article sur les gnraux sovitiques qui ontcollabor avec larme nazie15.

    Quant la Gazette littraire , son intrt pour nombre de lecteurs ne rside gure dans les pomesou dans les nouvelles quelle publie, mme sil sagit souvent duvres importantes, controverses ou

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    10. V. Anfilov, Le lendemain, ce fut la guerre... , Sovetskaja Rossija, 19 juin 1988.11. M. Kim, Le lninisme et le destin historique du socialisme , Pravda, 5 fvr. 1988 ; L. Leonova, Lhistorisme

    contre les strotypes , ibid., 19 juin 1988.12. Pravda, 26 juill. 1988, p 3 ; Literaturnaya Rossija, n 29, 1988, pp 8-9, 11.13. N 1, 1989, pp. 6-7 ; n 2, 1989, pp. 5-6.14. N 1, 1989, p. 6, n 2, 1989, p. 7.15. Il sagit du n 9, 1989.

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  • interdites dans le pass. Cet hebdomadaire soccupe beaucoup des questions historiques, politiques,sociales ou morales. La livraison que nous examinons16 contient plusieurs textes sur les lections, dontun qui critique la loi lectorale et un autre relatant lchec de la candidature dun dirigeant azerbadjanais,une discussion avec un crivain nationaliste qui on pose la question de savoir sil attribue la rvolution un complot juif (rponse, malheureusement, dans le prochain numro), un article sur les difficultsdun entrepreneur autrichien de faire de largent en U.R.S.S. et denrichir lconomie sovitique, unessai sur un pisode peu connu, mais peut-tre dcisif, de la bataille de Stalingrad. On peut galementlire cette semaine le point de vue du ministre de lIntrieur quant aux excs que la police a commis aucours de la dispersion dune manifestation pacifique ou les rflexions dun chercheur sur les murs dansldition scientifique. Outre son engagement pour la rvaluation de lhistoire, Ogoniok a gagn sapopularit avec des scoops, comme un entretien sur la vie mouvemente dune princesse russe sous lergime sovitique ou une srie darticles sur la grande affaire de corruption en Ouzbkistan17. Figuredans le numro que nous parcourons18 linterview dun Lningradois, rcemment jug pour avoirenvoy des lettres de menace des personnalits connues faussement signes par lassociation nationa-liste Pamjat ( Mmoire ) le fac-simil de lune de ces missives a mme t publi dans une revuelittraire. Lhomme explique quil voulait mobiliser lopinion contre lagitation antismite que le groupeavait pu conduire sur les places publiques de sa ville pendant des mois, sans tre drang par les auto-rits. On trouve ct de cela une enqute sur les intrigues sovitiques qui avaient empch en 1977 lamise en scne de La Dame de pique de Tchakovski lOpra de Paris par Lioubimov, les vues dunconomiste sur lart du management, un article sur les enfants abandonns et une lettre du poteEvtouchenko. Celui-ci explique quil ne se ressent pas de lchec de sa candidature contre un conomisteet un juriste dans sa circonscription. Il expose son programme lectoral : il rclame, entre autres, la terreaux paysans, la promotion des jeunes et des sans-Parti aux postes de responsabilit, la libert de voyager ltranger sans entraves et le contrle populaire sur toutes les administrations, y compris larme, lapolice et le K.G.B.

    En ce qui concerne les grands quotidiens, ces jours de mars ils publient tous des entretiens avec descandidats aux lections qui parlent des problmes brlants de lconomie et de la socit, mme sils nevont pas aussi loin que la plate-forme du pote. Les Izvestija et le Troud rapportent sur la grve dunecentaine de mineurs qui ont eu gain de cause quand le ministre de lIndustrie houillre a pris en mainles ngociations elles ont eu lieu dans les galeries mmes occupes par les grvistes19. Le quotidiendu gouvernement comporte galement des articles sur le lancement dentreprises coopratives, une longuetude nostalgique sur lconomie du march lpoque de la N.E.P., un commentaire sur une missionde tlvision consacre aux victimes de la terreur stalinienne et il publie contrairement aux usages dupass , sans aucun commentaire hostile, les rflexions du directeur du Centre de recherches russes deHarvard sur les fautes que la politique trangre sovitique et amricaine devraient viter dans le futur.Le journal des syndicats fait paratre un article sur le salaire et sur les conditions de travail des ouvriersfinlandais qui construisent des htels en U.R.S.S. : le journaliste conclut que leurs collgues sovitiquespourraient gagner autant si on leur garantissait les mmes conditions. Quant la Pravda du Komsomol,

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    Gbor T. RitterspornUn jour dans la presse

    16. N 10, 1989.17. N 43, 1987, pp. 26-30 , n 1, 1989, pp. 25-30 , n 2, 1989, pp. 25-29, n 3, 1989, pp. 28-30 , n 4, 1989, pp. 182218. N 9, 1989.19. Il sagit du numro du 10 mars des journaux sous-mentionns.

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  • ses informations les plus intressantes du jour portent sur les handicaps subis par les femmes, thoriquementmancipes, et sur la vie dans une colonie pnitentiaire au Kazakhstan. Mme le journal de larme a prislhabitude de publier dans chaque numro quelque chose qui reflte lesprit du temps : cette fois-ci cestla lettre de vingt-deux cadets que le commandement de lcole militaire menace de sanctions parce quilsprotestent contre le contrle exerc sur leur correspondance. La Vie rurale cherche galement remonterla pente, aujourdhui par exemple avec un interview sur le programme du mouvement nationaliste enLituanie concernant le retour lagriculture cooprative et prive quelle juge nanmoins ncessairedaccompagner dune note de la rdaction pour souligner le caractre discutable de certaines propositions.

    Le quotidien du Comit central occupe une place particulire dans la presse sovitique : cest le seuljournal qui sexprime part entire au nom du sommet du Parti. Les divisions au sein de la direction etla forte reprsentation des conservateurs dans les instances suprmes du rgime font que, ct des textescritiquant les lenteurs de la reconstruction , il doit dnoncer telle ou telle innovation par trop auda-cieuse. En rompant avec une tradition vieille dune soixantaine dannes, la Pravda a cess la publicationpresque quotidienne dditoriaux qui apparaissent de plus en plus rarement la une du journal. Certes,on peut comprendre cela comme un geste : le Comit central ne veut plus imposer son point de vue quantaux questions les plus importantes du jour. Il est nanmoins difficile dcarter lide que cest plutt lemanque dunanimit au sein de la direction qui explique labandon de lditorial rgulier*. Le journaldoit suivre une ligne centriste, pour mnager sa clientle, et cet tat de choses le rend beaucoup moinscombatif que les priodiques qui plaident pour des changements radicaux. Il faut remarquer que leSecrtaire gnral a t le premier slever contre le colportage sensationnel par la presse du passet des fautes du rgime et quil continue condamner, sans les nommer, les journaux qui ne feraient que du bruit 20. Un autre dsavantage de la Pravda est lobligation de sen tenir la pice matresse dudiscours officiel, chre Gorbatchev : dcid et planifi il y a longtemps, le processus des rformesconstituerait une ligne droite, depuis les dbuts de la nouvelle administration21. La tche de militer pourla reconstruction nest donc pas simple pour un quotidien qui doit par exemple dnoncer lincuriede lhyperministre qui soccupait de lagriculture jusqu son abolition rcente, sans rappeler que sacration fut la premire dmarche de lquipe rformatrice22.

    Bulletin officiel lusage des apparatchiki il y a quelques annes encore, la Pravda propage un mes-sage qui est de plus en plus difficile dcoder pour son audience traditionnelle. Ce sont dsormais lescommuniqus officiels qui renseignent le plus efficacement celle-ci quant la ligne momentanmentascendante, comme ce compte rendu sur une runion au Comit central o la presse tait enjointe de traiterdes dfauts de la campagne lectorale23. Aubaine pour lobservateur qui pourra relever les journauxles plus prompts dnoncer les excs des partisans du renouveau : les quotidiens de la Rpubliquerusse et de larme24.

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    * Les ditoriaux sont rapparus depuis que leur rarfaction et la ligne hsitante du Parti ont t critiqus lavant-dernierplnum du Comit central (Pravda, 27 avr. 1989, p. 7). Restauration durable ou temporaire ?

    20. Pravda, 14 fvr. 1987, p. 2 ; ibid., 16 fvr. 1989, p. 3.21. Ibid., 8 janv. 1989, p. 1.22. V. Somov, O mne la Gosagroprom [Administration dtat du complexe agro-alimentaire] ? , ibid., 6 mars 1989.23. Intensifier lappui idologique de la perestrojka , ibid, 8 mars 1989.24. S. Blagodarov, Guerre de tracts , Sovetskaja Rossija, 10 mars 1989 ; A Pilipcuk, Battage au carrefour , Krasnaja

    Zvezda, 11 mars 1989.

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  • En plus de larrive irrgulire des priodiques, le lecteur franais qui veut suivre lactualit sovi-tique est handicap par labsence de collections publiques o il pourrait avoir accs aisment aux titresles plus importants de la presse centrale et rgionale sous le mme toit. Il lui faut recourir au moins trois bibliothques parisiennes sil veut passer en revue les publications sovitiques. Encore le suivi quo-tidien est-il devenu dautant plus difficile que la plupart des journaux rgionaux ne leur parviennentplus : les abonnements ont t rsilis au fil des annes. Mais mme si lon se rsigne se contenter dece qui est disponible, la corve de lecture est telle quil ne peut plus tre question de lassumer tous lesjours. Le temps est venu dadopter de nouvelles mthodes afin de se retrouver dans un dluge dinfor-mations et au milieu dune ralit qui volue quotidiennement.

    Il y a quelques annes encore, lactualit quon pouvait suivre se dgageait, tant bien que mal, dundiscours officiel qui ragissait des problmes socio-politiques que seul ltat-Parti tait cens connatreet rsoudre, ainsi que de lvocation des difficults rencontres par les tentatives de solution. La tchede lobservateur consistait saisir ces problmes, ces tentatives et ces obstacles, et identifier les des-tinataires du message et leurs ractions. Ainsi, par exemple, en sattelant une lecture critique de laPravda qui sadressait avant tout lappareil, le chercheur pouvait entrevoir, ds la fin des annes1970, la crise des secteurs cls de lconomie nationale, les tentatives dy apporter des remdes dont cer-taines prfiguraient les rformes daujourdhui, la rticence des cadres mettre en uvre mme deschangements fort limits, les contours de tensions de plus en plus intenses entre le rgime et le reste dela socit, et le peu de cas que faisaient les officiels des mesures pourtant bien prudentes de ltat-Partipour les attnuer25. La poursuite opinitre defforts pour introduire des retouches doses homopa-thiques et leur chec ne pouvaient pas chapper au lecteur rgulier de la Pravda. Lquipe rformatrice ses dbuts ne parlait au demeurant que de l acclration du dveloppement conomique, et cestsans doute la ncessit de surmonter les obstacles quun programme relativement modeste a rencontrsqui la pousse largir un projet dont lampleur et les consquences politiques navaient pas t anti-cipes il y a quatre ans26.

    Ltat-Parti ntant plus le seul organisme autoris identifier des problmes et proposer dessolutions, le discours officiel nindique aujourdhui que laval ou le rejet de telle ou telle option ou lap-prciation des sommets du rgime quant tel ou tel autre phnomne, vnement ou question. Encorefaut-il parvenir dmler les prises de position revtues de lautorit de ltat-Parti des opinions per-sonnelles, ce qui est de plus en plus difficile. Les divisions au sein de lappareil rendent plus que jamaisincertaine ladhsion des dignitaires dans toutes les institutions et tous les niveaux hirarchiques, ycompris des rsolutions votes en bonne et due forme. Lexprience rcente montre en outre que le dis-cours officiel volue rapidement. Gorbatchev tait davis, au dbut de 1986, que le Parti avait tir de sonhistoire les leons qui simposaient et que seuls les adversaires du systme sovitique utilisaient le terme stalinisme 27. Ds lanne suivante, la leon nen a pas moins t remise en cause et lexpression est

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    25. Le Dbat, n 2, 1980, pp. 83-85, 88-90.26. J. M. Battle, Uskorenie, Glasnost and Perestroika : the Pattern of Reform under Gorbachev , Soviet Studies, n 3,

    1988.27. M. S. Gorbacev, Izbrannye reci i stati, vol. III, Moscou, 1987, pp. 162-163.

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  • devenue courante dans le vocabulaire des apparatchiki. Dans le pass, il suffisait que lobservateurprenne acte de tels changements et relve si les autorits centrales faisaient tat des lenteurs de tellergion ou administration sadapter la nouvelle ligne. Moscou est beaucoup moins prte signaler lessecteurs qui la bravent de nos jours, de sorte quil faudrait scruter toute la presse pour voir les endroitso cest par leur absence que brillent les thmes majeurs des campagnes du Centre et o lon se risque les critiquer.

    Il est clair, par exemple, quun certain nombre de journaux rgionaux se sont vertus propager uneprise de position particulirement hostile au cours nouveau, il y a un an, mais la documentation dispo-nible ne permet toujours pas de savoir sil y en avait vraiment une trentaine, comme un article laaffirm dans la Pravda, affirmation dont la rdaction sest dailleurs dmarque dans une note28. Quoiquil en soit, tout laisse penser que le nombre des dirigeants locaux qui ne cachent gure leur manquedenthousiasme pour les rformes est considrable. Un nouveau secrtaire rgional ou un changementradical des effectifs de lappareil (qui peut toucher jusqu 70 pour 100 des cadres) ne garantit pas nces-sairement que les officiels cessent de protger des collgues corrompus et de rduire la reconstruc-tion des exercices rhtoriques29. La plupart des nouveaux promus viennent de lappareil lui-mmeo ils ont fait un long apprentissage. Ainsi lquipe qui a remplac la direction gangrene dOuzbkistansest-elle assez vite retrouve galement sous les verrous, y compris le premier secrtaire qui avait pour-tant inaugur les rformes dans la Rpublique30. Rien nest moins sr que de voir ces officiels emboterle pas des changements, dautant plus quil y a dans leurs rangs des notables qui russissent se fairerlire la tte des directions locales du Parti, quelques semaines aprs que la Pravda a expos leursmalversations, et mme se dbarrasser de leurs critiques31. Il nest pas simple de reprendre soncompte les leitmotive du discours rformiste dans des endroits o le Comit central doit rpter sesinterventions pour dfendre les journalistes qui sy essaient et o les officiels se font ovationner par uneassemble du gratin rgional quand ils dnoncent la politique tolrante de Moscou vis--vis des media32.

    Cest sur cette toile de fond que se dgage le sens de la nouvelle politique dinformation et, plusgnralement, la raison de lescalade du processus des rformes. Il sest avr, peu aprs le lancementde celui-ci, que lappareil nprouvait aucune difficult pour persvrer dans ses habitudes, tout en secouvrant des slogans de la reconstruction 33, de sorte que la mobilisation de lopinion publique estapparue prfrable au discrdit irrmdiable de toute tentative de changement, mme pour ceux deshauts responsables qui nenvisageaient au dpart que des mesures limites pour redresser la situationconomique. Si les premiers pas de la rforme ont suffi provoquer le retranchement dune partie

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    28. M. Tatu, 19th Party Conference , Problems of Communism, mai-aot 1988, pp. 1-3.29. A. Gracev, Sous la couverture du comit rgional , Pravda, 21 nov 1988 ; V. Loginov, Ils ne pouvaient pas

    se passer de la musique... , ibid, 9 dc. 1988 ; V. Artemenko, Selon lancien scnario , ibid., 15 dc. 1988 ; M. Odinec-I.Tihomirov, En contournant les coins dangereux , ibid., 19 dc. 1988.

    30. G. Ovcarenko, La logique de la loi est inexorable , ibid., 2 nov. 1988.31. N. Demidov-Z. Kazymbekov, Couronne sur les rochers , ibid., 11 nov. 1988 ; N. Demidov, Dans son fief... , ibid.,

    28 janv. 1989.32. B. Kozemjako-N. Utkin, Le poing derrire le dos , ibid., 3 dc. 1988 et 5 fvr. 1989 ; Ju. pakov, Le glasnost

    est sous le feu ? , ibid., 23 dc. 1988.33. Voir par exemple : ditoriaux, ibid., 3 avril et 4 juin 1987 ; V. Vorobev, Selon les vieilles recettes , ibid., 20 juin 1987 ;

    G. Makarjan, Rien que dhonntet ! , ibid., 12 aot 1987.

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  • considrable de lappareil, la mobilisation a renforc en retour la mentalit de forteresse assige dungrand nombre de cadres dont les actions dfensives ont leur tour ncessit que les partisans des trans-formations intensifient la pression. Do une raction en chane incontrlable des dmarches des deuxcamps. Cest cet tat de sige virtuel appuy par une gurilla volatile qui explique le flou du discoursofficiel ainsi que son volution rapide, peine anticipe parfois par les grands dcideurs de ltat-Parti.

    Dans une large mesure, cest le retranchement conservateur dune partie considrable de lappareilterritorial et sectoriel qui est responsable du cheminement tortueux de la rforme dans nombre den-droits et dinstitutions, de mme que des diffrences notables entre ses effets dans diffrentes rgions ouadministrations. Certes, le sous-dveloppement de telle ou telle province peut contribuer au manque dedynamisme rformateur des cadres locaux. Mais en y regardant de prs, on commence souponner unecorrlation entre larriration de ces parages et la faon dont ils sont administrs. Ainsi, par exemple, letaux trs lev de la mortalit infantile en Turkmnie est insparable de la ngligence des autorits localesqui ne se soucient gure de la qualit des soins mdicaux ou de lquipement des maternits, occupesquelles sont plutt des oprations cosmtiques sur les statistiques en la matire quil a fallu relever lahausse de 25 50 pour 10034. Si cest le quotidien mme de la Rpublique qui a le mrite de publier detelles informations, lhabitu de la presse sovitique remarquera que le journal masse sa critique sur uneadministration subalterne et vite de poser des questions sur la responsabilit des organismes dirigeantsdu Turkmnistan. Le procd en dit long sur les progrs de la reconstruction dans cette province, etlobservateur peut bon droit estimer que cest probablement labsence dlan rnovateur quil aurait relever dans les journaux de la rgion sils parvenaient jusqu lui.

    Dautant plus que la Turkmnie est la Rpublique o il y a le moins dentreprises coopratives dansle pays : quatre cents sur plus de soixante-dix-sept mille un chiffre qui indique lesprit dinitiative dela population aussi bien que lattitude des autorits locales vis--vis de linnovation. Les entraves quim-pose la direction turkmne la sous-traitance des terres aux kolkhoziens ou celle de la direction kirghizeau travail des coopratives35 achvent de faire penser que lanalyste ne doit pas regretter outre mesureles difficults quil a pour consulter la presse de ces contres. Oblig de procder un tri pour matriserlavalanche des informations, lobservateur doit se rsoudre concentrer son attention sur un nombrerestreint de thmes majeurs et sur la faon dont ils sont traits (ou dont ils sont passs sous silence). Silchoisit, comme nous, de procder un survol de la presse de ces jours de mars prcdant le plnum duComit central sur lagriculture et marquant la clture de lenregistrement des candidatures pour ladputation au nouveau parlement, cest surtout la campagne lectorale et les transformations envisagesdes rapports socio-conomiques quil sattachera suivre. Puisquil sagit des thmes-pilotes du campdes rformes, on peut lgitimement se demander sil ne serait pas judicieux dessayer de reprer paral-llement quelques sujets de la propagande de leurs adversaires. Mais la vrit est quil nen existe pas :tout le monde parle au nom dun renouveau qui signifie une multitude de choses, souvent peu ou pas dutout compatibles entre elles, et pour les partisans des rformes, et pour les obstructionnistes.

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    34. Chiffres dissimuls , Turkmenskaja iskra, 5 mars 1989. Il sagit de la rgion de Taauz o le taux de la mortalitinfantile tait 65,6 sur 1000 en 1988. La moyenne nationale est 25,5 sur 1000 pour lU.R.S.S. selon le ministre de la Santelle classe le pays la cinquantime place lchelle mondiale, derrire le Barbados (Semja, n 20, 1988, p. 1).

    35. Literaturnaja Gazeta, n 10, 1989, p. 10 ; E. Gonzalez, Le mouvement coopratif vit le boom , Izvestija, 10 mars 1989.

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  • cet gard, le temps mouvement que vit lU.R.S.S. se distingue peine des priodes en apparenceplus calmes de son pass, quand le procd le plus sr pour mettre en avant des propositions et critiquercelles de ses rivaux tait de reprendre son compte les grands thmes du discours dominant tout en entournant quelque peu le sens. Citons, titre dexemple, la dnonciation de la terreur stalinienne qui a cessdtre le monopole des porte-drapeaux dune rforme radicale. On rencontre de plus en plus darticlessur le destin tragique dagents du N.K.V.D. comme celui qui dcrit lexcution de deux tchkistes. Certesinique, elle fut provoque par des doutes un peu tardifs concernant la lgalit des actions de la policesecrte dont lun des deux fut envahi, jusqu crire au Comit central en 1939, et par les dmarches delautre, son pre, pour obtenir sa libration36. Le message de ce genre de littrature est que linjustice delpoque touchait tout le monde et que les souffrances de la population taient partages par les repr-sentants honntes du rgime qui taient prsents jusque dans la police : les manipulations dun petitnombre de criminels haut placs seraient donc lorigine de ces souffrances et non le caractre du sys-tme qui, selon certains intellectuels rformistes, na gure chang depuis les annes 193037.

    Cest le mme type dargument quon retrouve dans un autre contexte, en parcourant le quotidien dela direction ouzbek qui dplore, par exemple, les brimades que quelques cadres font subir la rdactiondune petite feuille dentreprise depuis quelle a os sen prendre leurs malversations. Le journal nencondamne pas moins les rdacteurs de stre attaqus lensemble du comit du Parti (cest--dire auParti en tant que tel) qui pourtant ne semble pas stre empress de les dfendre38. Lobservateur ne doitdonc pas se laisser impressionner par le simple dsaveu public des horreurs du pass ou des agissementsde lappareil : encore lui faut-il regarder la faon dont est situe lorigine de tels phnomnes. Il relveraainsi lextrme prudence dun ditorial de lorgane de la direction gorgienne qui commente la lettredun vtran du Parti slevant contre la pratique de critiquer en bloc les apparatchiki. Sans entrer enpolmique avec le correspondant mais esquivant galement toute remarque dsapprobatrice, larticleremarque quaucun secrtaire de la Rpublique na t critiqu nommment au cours de la rlectionrcente des organismes dirigeants du Parti et quaucun dentre eux na non plus t cit en exemple.Pour comprendre la raison de ce tour de force diplomatique, lanalyste na qu lire la page suivante ole journal rapporte une tape de la campagne du second secrtaire de la Gorgie pour son sige auCongrs des dputs du peuple, une vritable visite princire qui apparemment na mme pas donn lieu lexpos dun programme lectoral39.

    La situation dlicate des journalistes dans de tels parages justifie le familier de la presse des pro-vinces dattacher moins dimportance aux matriaux de la Pravda du Kazakhstan sur le travail mdiocredune multitude de secteurs de lconomie et de ladministration locales quau fait que seule la Pravdadu Comit central lui fournit un renseignement qui en dit long quant ltat des affaires dans les steppeslointaines. Les dix-sept secrtaires rgionaux du Kazakhstan sont candidats uniques au Congrs dans

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    36. G. Jakovlev, Laffaire du pre et du fils , Pravda, 17 fvr. 1989. Il sagit du pre de lacadmicien B. M. Kedrov,M. S. Kedrov, et de son frre qui, si lon en croit les rvlations dun transfuge du N.K.V.D., aurait lui-mme particip latorture des accuss des Grands Procs de Moscou (cf. A. Orlov [L. Feldin], The Secret History of Stalins Crimes,Londres, 1954, pp. 89, 205).

    37. Cf. par exemple G. Popov, Il ny a pas de retour , Sovetskaja Kultura, 7 avr. 1988 ; Ogoniok, n 12, 1988, pp. 4,18-20.

    38. M. Sadvakvasov, Le journal contre le comit du Parti , Pravda Vostoka, 5 mars 1989.39. Le dirigeant du Parti et Dans un climat travailleur , Zarja Vostoka, 7 mars 1989. Notre homme a naturellement

    t lu ( Pour la perestrojka , Pravda, 29 mars 1989).

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  • leurs circonscriptions, grce labandon de la comptition par leurs concurrents, sils en avaient. Et toutporte penser que quelques-uns de ces postulants malheureux ont t soumis aux mmes pressions delappareil que le challenger du secrtaire municipal de la capitale de la Rpublique40. Du reste, il nestpas besoin daller jusquen Asie centrale pour trouver des apparatchiki qui manipulent les lections. Ilen va de mme dans une province situe tout prs de Moscou, Yaroslavl, dont les habitants seront bienaviss lire la presse centrale sils veulent apprendre comment lappareil a russi empcher lenre-gistrement dune candidature fort populaire ou sils veulent savoir pourquoi le secrtaire rgional restesans rival les journaux locaux nen ont souffl mot41.

    Il serait incorrect den conclure prcipitamment que rien ne bouge dans les provinces. Les centainesdlecteurs qui ont tent de braver les officiels de Yaroslavl reprsentent une volont bien relle de sen-gager pour les changements, et le concurrent du secrtaire dAlma-Ata a russi faire appel Moscouet battre le dignitaire42. Mais force est de constater que dans les divers coins du pays les rformes pro-gressent plusieurs vitesses, et quil y a de nombreux endroits o elles navancent gure. Il suffit dejeter un coup dil dans la presse des pays Baltes pour se rendre compte par contraste du dcalage entreles phases de la reconstruction dans les diverses rgions. Loin dtre en mesure de mobiliser seshommes liges, le second secrtaire de la Lituanie doit dployer toute sa force de conviction devant unauditoire do lui parvient un billet anonyme linvitant renoncer sa candidature parce quil est russe.Quelles que soient ses origines, le fonctionnaire embote le pas de lquipe dirigeante de la Rpublique :il plaide pour l autonomie conomique et politique de la Lituanie43. Mais son chef na pas la tchefacile pour expliquer aux tudiants dune facult ce quil convient dentendre par l.

    Cest le quotidien des Jeunesses communistes de Lituanie qui rend compte de la rencontre lectoraleavec le premier secrtaire, et une page intrieure du numro en question symbolise, sa faon, les extrmesque doit rconcilier la propagande du rgime. On y voit, ct dune photo du concours de beaut de laRpublique, une image de la procession qui a ramen les cendres de saint Kazimir la cathdrale deVilnius, rcemment rendue au culte. Quant au chef du Parti, il slve contre la domination de lconomielituanienne par larbitraire de cinquante-six ministres et administrations moscovites en exposant sonprogramme : souverainet relle dans le domaine politique, conomique et culturel pour la Rpu-blique, qui doit rester toutefois partie prenante de lU.R.S.S. . Les questions quon lui pose montrentque ses interlocuteurs ont une vision beaucoup plus radicale de la souverainet nationale, et mme si lesecrtaire fait quelques efforts pour rpter les arguments de Moscou sur limbrication des infrastructureslituaniennes lconomie nationale et pour voquer le spectre de la situation dans le Caucase, il finit paradmettre que son quipe fait trop de compromis dans la question de lautonomie44. Les tudiants sinspi-

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    40. Premiers [secrtaires] et... uniques , Pravda, 21 mars 1989.41. Literaturnaja Rossija, ns 7 et 10, 1989, p. 2.42. En revanche, tous les secrtaires rgionaux sont lus. Le choix du peuple , Pravda, 28 mars 1989.43. La porte du temps de la reconstruction , Sovetskaja Litva, 5 mars 1989. Il ny a pas de terme franais qui cor-

    respondrait au mot russe utilis ; on le traduit par autonomie , ou mme par indpendance , qui dsignent un degrplus lev dmancipation que samostojatelnost. En ralit, il sagit de ce que lallemand appelle Selbstndigkeit.

    44. Collgues [entre eux] lauditorium du O. Z. , Komsomolskaja Pravda (Lituanie), 7 mars 1989. Et lui et son adjointseront lus ( Mandats pour le pouvoir , Pravda, 30 mars 1989).

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  • rent du programme du Front populaire de la Rpublique qui milite pour la reconstruction , quoiquecelle-ci soit passablement loigne de la conception quen a la direction rgionale. Cette dernire estpourtant en dsaccord avec Moscou o lon cherche trouver un quilibre entre centre et priphries quiserait soumis larbitrage des autorits de la capitale45.

    Il est clair que les lites locales ont intrt semparer du contrle du maximum possible de res-sources, et que les sommets du rgime ont de bonnes raisons pour prfrer la mise en place dun partagecodifi des pouvoirs et dun mcanisme rgulier de marchandage, au veto de fait que les appareils ter-ritoriaux et sectoriels ont lhabitude dopposer leurs initiatives. Si le patriotisme local des officiels reconstructeurs ne suffit pas pour se concilier leur audience rformatrice, ses effets sont peine dif-frents pour Moscou de ceux des machinations des apparatchiki qui tiennent aux murs fodales deltat-Parti. Les tentatives dquilibrage du centre ont toutes les chances dtre prises pour des manuvresconservatrices par les officiels rnovateurs, et surtout par leur hinterland, alors que les innovations partrop oses sont autant darguments pour les traditionalistes contre les changements si elles ne leurapparaissent pas comme des complots foments par quelques hauts dignitaires du camp adverse. Lesalliances et les tensions qui se crent au gr de la conjoncture peuvent runir des tendances qui souvent nontpas grand-chose en commun et opposer des courants qui sapparentent plutt : il faudra peut-tre attendredes annes pour mesurer les vritables consquences des faits darmes qui sont en train de se drouler.

    Pour linstant, lobservateur doit relever, par exemple, que lagitation nationaliste se prte aisment des prises de position qui sont assez loin de satisfaire les allis potentiels de ceux qui les avancent,mme si les uns et les autres se situent nettement dans le camp des rformes. Ainsi, la dclaration dunsecrtaire du comit central estonien, pour lequel les allognes qui devraient quitter la Rpubliquesont des gens refusant de reconnatre un statut relativement autonome la rgion, est bien en dedu programme du front pour la reconstruction qui annonce dans la presse locale quil se considreun mouvement de libration nationale , pour ne pas parler des foules qui ont rcemment remplac parles couleurs estoniennes le drapeau rouge au centre de la capitale. Pourtant, la Pravda ne cache pas sacondamnation du dirigeant et ne mche pas ses mots pour dnoncer la participation de militants et dof-ficiels du Parti au mouvement nationaliste. Le journal cite des sorties de la presse locale contre les matres de Moscou ne croyez pas aux rumeurs... [comme quoi] la Fdration russe quittelU.R.S.S. et explique que lorganisation rpublicaine du Parti est menace dappels la scessiondun parti communiste de lEstonie . Si larticle admet que nombre de problmes qui motivent lef-fervescence sparatiste sont bien rels, y compris celui de limmigration, il rappelle que les rformessont justement destines y apporter des solutions46. Cependant, ces rformes sont aussi loignes deschangements souhaits par les nationalistes que lautonomie conomique sans chauvinisme rgional de la Lettonie prconise par un membre ukrainien de la direction rpublicaine du Parti. Candidat ladputation, il trouve utile de signaler dans un entretien lectoral son combat pour une rsolution sur lincompatibilit entre lappartenance au Parti et la participation au prtendu mouvement pour lin-

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    45. Voir par exemple Ju. D. Masljukov, Centre fort - rpubliques fortes , Pravda, 23 mars 1989. Le titre de cetarticle du chef de la planification conomique reprend un thme majeur des discours de Gorbatchev (cf. ibid., 28 nov. 1988et 8 janv. 1989, pp. 1-2).

    46. A. Petruov-V. irokov, Quand les passions mnent le bal , le 22 mars 1989. Pour la condamnation du sparatismepar Gorbatchev voir par exemple la Pravda du 16 fvr. 1989, p. 2.

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  • dpendance nationale [sic] 47. Cela ne signifie aucunement quil risque son sige dans une Rpubliqueo presque la moiti des habitants sont des allognes .

    En plus du fait que les immigrs sont concentrs dans les grandes villes comme la capitale lettonedont il est le secrtaire, cest peut-tre le souci de saligner sur Moscou qui conduit un autre candidat,dont la Pravda traduit les dclarations daprs un quotidien local, dnoncer l extrmisme et la dmagogie du front national. Lhabitu de la presse sovitique trouvera particulirement notable sesremarques sur les staliniens de nos jours : lexacerbation des tensions ethniques fait leur jeu et ils consti-tuent une opposition irrconciliable qui parfois masque son vritable visage, cest pourquoi [elle est]plus dangereuse que lopposition extrieure... de ceux qui ne cachent pas leur credo anticommuniste 48.Si cette dernire affirmation paraphrase presque la caractrisation que Staline avait donne des enne-mis du peuple en 1937, ses rapports subtils avec le danger nationaliste rappellent les articles que laPravda a repris de la presse azerbadjanaise et armnienne sur les conflits ethniques dans le Caucase etqui suggraient que ceux-ci seraient manipuls par les adversaires de la reconstruction 49. Certes, toutest possible en U.R.S.S. o, comme ladjoint du procureur gnral le rvle, il nest pas rare que desfonctionnaires du Parti se trouvent dans le mme bateau... que des parrains de la mafia 50. Maislobservateur est en droit de se demander sil nassiste pas la gestation dune thorie de conspirationquelque peu stalinienne attendons les suites.

    Il ny a pas que les apparatchiki qui sont enclins suspecter des complots. De faon comprhensible,il y a des endroits o les lecteurs flairent les pires machinations derrire le refus denregistrer telle can-didature, quoique ceux dentre eux qui sont prts manifester sous des pancartes voquant le spectre dela dictature militaire, si cest le commandant dune flotte qui lemporte, voient peut-tre les choses unpeu trop en noir51. Les consommateurs attribuent la responsabilit des magasins vides loppositionconservatrice, et Gorbatchev doit protester contre lide quil y aurait des manuvres dans les coulissesdu centre autour des projets de rformer les prix52. Rien sans doute ne caractrise mieux la crise deconfiance et latmosphre quelle cre que la raction de la fine fleur de lintelligentsia rformiste quisindigne de la modration des peines infliges dans un procs de corruption retentissant, la Coursuprme ayant rejet une partie des charges pesant sur les accuss faute de preuves. Elle dnonce lejugement lgal, mais injuste , cest--dire trop clment : entre douze et huit ans de travaux forcs53. Ily a apparemment des gens, mme parmi les partisans les plus clairs de la reconstruction , quiregrettent que les peines naient pas t infliges selon la tradition de la justice sovitique, implacableenvers les dignitaires dchus, parmi lesquels en loccurrence le gendre de Brejnev. Comme quoi il estapparemment difficile, mme pour ceux qui condamnent la terreur stalinienne et ses suites, dadmettre,dans pareil cas, lindpendance de la justice par rapport la conjoncture politique. en juger par lacorrespondance abondante que les journaux ont reue ce sujet, le grand public est du mme avis.

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    47. De la position de louvrier , Socialisticeskaja Industrija, 10 mars 1989.48. Lnergie du calcul , 10 mars 1989.49. Lheure du malheur et lheure de la responsabilit , 17 dc. 1988 ; Servir les vrais intrts du peuple , 26 dc. 1989 ;

    I. V. Stalin, Socinenija, R. McNeal, d., vol. 1 (XIV), Stanford, 1967, pp. 199, 202.50. G. Ovcarenko, Jachte un pistolet , Pravda, 23 mars 1989.51. Blagodarov et Pilipcuk, art. cit note 24.52. Pravda, 8 janv. 1989, pp. 1, 3.53. Literaturnaja Gazeta, 10 mars 1989, p. 13 ; Jugement , Pravda, 31 dc. 1988. La lgislation en vigueur autorise

    la peine capitale pour le dlit conomique de grande envergure que les accuss ont commis.

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  • Comme les intellectuels moscovites, il a lair de souponner que de sombres desseins ont incit lesmagistrats sen tenir pour une fois la lettre des lois54.

    Tout tant possible et prsumable, lobservateur ne peut exclure lventualit du travail de sape dansaucune institution et aucun chelon hirarchique de limmense appareil. Il doit noter, nanmoins, quuninconditionnel du renouveau relve combien lobstruction est rpandue, invisible et insaisissable , demme que pour lopinion elle est quelque chose quon appelait avant lesprit malin 55. linstar des saboteurs et des ennemis du peuple il y a une cinquantaine dannes, les adversaires des rformesapparaissent comme une menace omniprsente mais mystrieusement impossible apprhender : mmesi ltat des affaires du pays atteste que leurs machinations habitent presque tous les milieux, ils sem-blent rsister aux tentatives de les exorciser. En fait, lexception des efforts quelque peu voyants pourempcher lenregistrement de candidatures rivales incommodes pendant la campagne lectorale, lessources ne signalent gure des manifestations notables de lopposition au cours nouveau. Ainsi, parexemple, presque tous les journaux de Moscou se prononcent pour le dveloppement de structures delconomie agraire et industrielle capables de stimuler lesprit dinitiative, de favoriser lvolution den-treprises coopratives et prives, et dmanciper les producteurs de la tutelle et du diktat des adminis-trations territoriales et sectorielles56. Malgr sa rputation conservatrice, mme le quotidien de la Russiepublie un long essai dun crivain populiste qui exprime sa conviction que seuls des leaders capablespeuvent dbloquer la situation actuelle quand peu de kolkhozniki se dcident encore braver la dpen-dance o les tiennent toutes sortes dofficines, locales aussi bien que nationales. Le renouveau du villagerusse, explique-t-il, est insparable de la matrise de lconomie rurale par les paysans eux-mmes, ycompris dans les cadres de lexploitation familiale57.

    Quant aux blocages, ils ne portent pas les cartes de visite des apparatchiki qui en sont responsables.Nanmoins, on apprend que si environ 40 pour 100 des coopratives autorises ne peuvent mme pasdmarrer, cest cause des obstacles dresss par les autorits rgionales qui donnent une interprtationabusive dun dcret du conseil des ministres58. Ce dernier est souvent assez loin de trouver des solutionsheureuses, mme en parrainant des initiatives prometteuses. Ainsi, alors que le gouvernement a donnson aval lmission dactions par les entreprises, il a omis daccorder le droit aux actionnaires de par-ticiper aux dcisions concernant les firmes mettrices, ce qui nencourage gure les investisseurs poten-tiels participer au financement de lindustrie59. Celle-ci aurait pourtant grand besoin dtre renfloue :on sonne dj le signal dalarme quant la situation sur le march de consommation qui, si elle nesamliore pas dici peu, seffondrera, crit un conomiste, comme ce fut le cas en Pologne il y a huit ans.Suivant en cela lavis de nombre dauteurs sovitiques, il ajoute que lindpendance accorde aux entre-prises ne changera pas grand-chose la situation catastrophique de lconomie, aussi longtemps que lesministres dtiendront des pouvoirs exorbitants60. Il y a, certes, damples possibilits de dpister desobstructionnistes dans ces administrations dont le nombre et le personnel ont t fortement rduits

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    54. V. Itkin et alii, Aprs le procs , Pravda, 21 janv. 1989.55. Lintervention du camarade M. A. Uljanov , ibid., 30 juin 1988.56. Pour les arguments typiques des partisans des rformes conomiques et pour quelques exemples de la russite des

    nouvelles formes dentreprise voir Ekonomiceskaja Gazeta, n 10, 1989, pp. 4-9, 11-13.57. I. Vasilev, Le jugement de la terre , Sovetskaja Rossija, 10 mars 1989.58. Gonzalez, art. cit note 35.59. M. Mosatov-B. Fedorov, Revenus sans droits , Socialisticeskaja Industrija, 10 mars 1989.60. Ekonomiceskaja Gazeta, n 10, 1989, p. 15.

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  • depuis 1985, mais pas ltendue de leur champ dintervention. Du reste, il ressort des statistiques que leseffectifs licencis des appareils ministriels sont alls gonfler les cadres des institutions locales et desentreprises, alors que les dernires auraient plutt intrt rduire le nombre des gestionnaires61.

    Lofficiel qui cre une sincure pour un ancien camarade ne conspire pas forcment contre lesrformes il peut mme sengager pour elles. Mais quelles que soient les convictions et les intentionspersonnelles des dizaines de milliers de cadres qui ont recas des centaines de milliers de collgues, leuraction annule leffet envisag du dgraissage du personnel administratif. De mme, sils continuent sattacher au contrat social singulier que le rgime avait conclu avec une main-duvre largementsous-qualifie, en sabstenant dexiger une haute performance en change de la paix sociale, les tra-vailleurs ne feront gure avancer la cause rformiste, quel que soit leur dsir de voir des changements.Loin davoir la moindre volont de comploter contre la reconstruction , la grosse majorit de ces gensne fait quobir la logique du systme, telle quelle sest dveloppe au cours des dcennies.

    Cette logique dpasse les individus : inscrite dans les institutions fondamentales du rgime, elle estinsparable des rapports socio-politiques du systme. De sorte que la question est de savoir si les chan-gements quon peut observer seront capables dapporter une transformation radicale dans ces domaines.Quant lmancipation de linitiative conomique, elle est hypothque par les limites assignes larforme des prix qui, comme le dit Gorbatchev, ne doit pas affecter le niveau de vie62. Malgr lintentiondes rnovateurs douvrir la voie aux entreprises indpendantes et autogres, la structure de lindustriesovitique ne se prte pas facilement la reconstruction . Il est relativement simple dintroduire lasous-traitance dans une compagnie de taxis ou de sparer une petite fabrique auxiliaire dune grandefirme pour la transformer en cooprative63. Mais que faire des usines gantes qui dominent le paysageindustriel ? peu prs 16 pour 100 des entreprises sovitiques emploient entre cinq et dix mille per-sonnes et 20 pour 100 dentre elles ont des effectifs qui dpassent les dix mille64. Et comment garantirles conditions dune mobilit gographique optimale de la main-duvre quon pourrait aisment librerde ces colosses dmesurs, quand cest seulement vers la fin du sicle que les mesures destines rsoudrela crise du logement doivent produire leurs effets ? Il est bien possible que les changements aillent troplentement et en saccommodant par trop aux entraves des infrastructures en place, pour devenir vraimentfondamentaux.

    La reconstruction avance plus rapidement dans le domaine politique, o de telles entraves sontmoins contraignantes. Mais dans cette sphre, cest le projet rformiste en tant que tel qui risque de frei-ner lvolution. Si Gorbatchev se prononce pour un contrle ouvrier total , dans le mme discours ilexhorte les officiels affirmer le rle dirigeant du Parti, tout en admettant la ncessit de trouver de nou-velles mthodes pour slectionner des cadres au sein de lorganisme65. Il ne semble pas plus prs de voirune contradiction entre la direction du processus des rformes par le Parti et les objectifs politiques quilattribue ce processus que cet officiel du Comit central qui affirme que les dmarches des organismes

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    61. Argumenty i fakty, n 10, 1989, p. 7.62. Pravda, le 8 janv. 1989, p. 1.63. Ja. Strugac, Affaire profitable , Leningradskaja Pravda, 10 janv. 1989 ; Ekonomiceskaja Gazeta, n 10, 1989, pp. 6-7.64. Narodnoe hozjajstvo SSSR v 1984 godu, Moscou, 1985, p. 159.65. Pravda, 10 janv. 1989.

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  • dirigeants restent secrtes, mme pour la plupart de leurs membres, et que cest des transactions obscuresde lappareil qui continuent prsider au destin des rsolutions les plus importantes, jusquau sommetdu rgime66. En ce qui concerne la slection des cadres, les procdures habituelles du Parti ne sont cer-tainement pas mme de renouveler le corps des fonctionnaires. Une proportion infime des secrtairesdes organisations de base a t dpose au cours des lections rcentes au sein du Parti : quelque troismille personnes sur un effectif de plus de quatre cent mille67. La difficult davoir des donnes quant auxchelons plus levs de la hirarchie en dit long sur les changements la tte des directions locales etrgionales. Sur plus de quatre mille villes et districts, nous connaissons nanmoins les rsultats pour778 localits o seulement huit premiers secrtaires ont t remplacs68.

    Ce nest donc pas pour rien que Gorbatchev dclare que cest des lections la dputation quon doitattendre la rgnration du corps des cadres locaux69. Certes, les rsultats des campagnes lectorales auniveau national, rgional et local, fournissent damples possibilits pour identifier les officiels discr-dits et pour promouvoir des gens plus populaires leur place. Il reste savoir, cependant, si ce remue-mnage ne sera pas confi aux organismes dirigeants eux-mmes, sil parviendra changer davantagele mode de fonctionnement du Parti que le mouvement sans prcdent des titulaires dans les postesresponsables au cours des dernires annes et sil russira redorer le blason de linstitution que laConstitution exalte comme la force qui dirige et oriente la socit sovitique... le noyau central de sonsystme politique . On a pu relever une rticence croissante devant lentre au Parti ds les annes 1970,avant tout parmi les intellectuels et parmi les cadres techniques70. Aujourdhui, il y a de plus en plus demilitants qui le quittent71. En mme temps, il y a de moins en moins dentrants : en moyenne, leur nombreest tomb denviron 20 pour 100 sur un an, mais il y a des endroits o la chute est plus forte en Estonieelle atteint presque 60 pour 10072.

    Il faudra suivre attentivement tout ce qui se publie au sujet du rle de la force dirigeante du sys-tme dans les mois venir pour voir, par exemple, si lopinion dun cadre du Comit central, qui nexclutpas la possibilit que les organismes du Parti en viennent adopter des notions comme la coopra-tion, le partenariat et mme la conclusion daccords avec des mouvements sociaux73, fera son cheminjusquau discours officiel, pour ne pas parler de la ralit politique. Il faudra galement sattacher lamarche du changement dans les diffrentes rgions, aux ractions des milieux conservateurs, ainsi qulvolution des craintes et des espoirs de la population.

    Mais surtout ce dont cet examen de la presse sovitique nous aura persuad, cest quil ne suffit pasde se vouloir rformateur pour ltre vraiment. Les attitudes et les mentalits formes par le systmerapparaissant inexorablement au travers du mouvement pour les changer, cest cette transformation, sielle est possible la plus dcisive de toutes quil sagira de scruter.

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    66. En restaurant la conception lniniste du Parti , ibid., 2 janv. 1989.67. Cf., ditorial, ibid., le 6 dc. 1989 et Partijnaja zizn, n 15, 1983, p. 27.68. Izvestija CK KPSS, n 1, 1989, pp. 94-95.69. Pravda, 16 fvr. 1989.70. Cf., T. V. Rjabukin et alii, Sovetskaja sociologija, vol. II, Moscou, 1982, p. 49.71. E. Solomenko, Fermer les yeux ou recouvrer la vue , Pravda, 4 mars 1989.72. Izvestija CK KPSS, n 1, 1989, pp. 132-133.73. Le crdit de la confiance , Pravda, 13 fvr. 1989.

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  • POST-SCRIPTUM

    Le plnum du Comit central du 25 avril a t fort intressant de notre point de vue. Tout en affir-mant leur engagement pour la cause des rformes, presque tous les orateurs ont vivement critiqu ladirection. La plupart des intervenants ont t promus leurs postes actuels par le nouveau cours, maisceci ne les a pas empchs de sattaquer, entre autres, sa politique dinformation.

    Un des sujets majeurs des interventions a t, en effet, la perte de crdibilit du Parti et en particulierde ses fonctionnaires, attribue la mise en circulation par les media dun strotype ngatif de loffi-ciel et de lide que le Parti est lorigine des fautes et des crimes du rgime. Les orateurs ont protestcontre le sida idologique qui serait en train dempester la socit et dnonc lincertitude de la poli-tique du sommet quant ce mal qui dcourage les gens de faire carrire dans lappareil. Dirigeantsrgionaux, dont certains candidats malheureux la dputation, ils se sont plaints dtre handicaps parlhritage laiss par les administrations prcdentes, ainsi que par la responsabilit qui leur est attribuedans des affaires dcides en fait, de faon incomptente, Moscou, et dont le centre se ddouane en met-tant en cause les appareils locaux. En redoutant que dans les circonstances actuelles llectorat ne voteautomatiquement contre les officiels, ils ont demand une loi lectorale qui leur garantirait des chancesgales avec les candidats qui ne sont pas dsavantags par leur appartenance lquipe dirigeante.

    Sans nier toute responsabilit et une certaine perte de vitesse du centre, Gorbatchev a dplor ledsarroi de ses camarades et les a invits dialoguer avec les mouvements sociaux. Le malheur veut quesa rponse ait t publie la mme page quune autre allocution o il dclare que la priode desmeetings... est passe pour cder sa place au temps des actes (Pravda, 27 avril 1989, pp. 1-7). Ilrpercutera devant le nouveau congrs les griefs des orateurs du plnum, quant au discrdit de lappareil(Ibid., 26 mai 1989, p. 4).

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