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GEORGES LABROCHE un clairon pas comme les autres 1 Dans ce contexte de guerre Création CCMM Il est appelé sur le champ de bataille à ses 20 ans en 1916, soit 2 ans avant la fin de la guerre. Labroche est clairon et brancardier à la 1 ère Compagnie du 19 ème Bataillon de Chasseurs à pied qui est jumelée au 171 ème Régiment d’Infanterie. Le clairon relaie les ordres militaires grâce à des sonneries facilement reconnaissables. Bataillon et régiment constituent une avant-garde des armées sous les ordres du commandant Ducornez. En 1916, son bataillon est engagé dans la bataille de Verdun puis du 16 septembre au 18 novembre dans la bataille de la Somme. En 1917, le bataillon se forme, garde différents secteurs et ne participe à des attaques qu’à partir de mai. L’alternance front/repos dure jusqu’au 23 janvier 1918. Lors de ses permissions, Georges retrouve sa fiancée Renée. Début 1918, le bataillon connait une période plus calme avec des temps de repos, d’instruction et de travaux, avant d’être de nouveau engagé fin mars dans la 2 ème bataille de Picardie, puis en août dans la 3 ème bataille de Picardie. Georges Labroche est né le 22 avril 1896 à Chaligny, il est le fils de Charles et Marie-Octavie REGNIER. Il grandit dans sa commune natale. Devenu adulte, il exerce le métier de peintre décorateur au sein de l’entreprise créée par son cousin Marius. Dans ce contte de guerre Le 7 au soir, le Bataillon sort de la forêt de Nouvion. Il est 20 h, Georges Labroche raconte : «Il pleuvait plus qu’on en voulait, quand tout à coup, j’entends la sonnerie du cessez-le-feu. Comme clairon, je la connaissais. En un instant, je me suis rappelé les paroles de notre sergent qui nous avait informé du passage possible des parlementaires et j’ai couru sur la route, où j’ai vu les automobiles boches, tous phares allumés, un grand drapeau blanc devant, qui passaient et c’est là où Sellier sonnait avec le clairon allemand.» Le 8 novembre, le commandant de Bourbon-Busset, accompagné des sonneries du clairon Philippe Roux, tente à trois reprises de passer les lignes pour faire parvenir au quartier général allemand les conditions de l’armistice. Les parlementaires attendent de nouvelles instructions sur place. Le général Foch, le 9 novembre au matin, donne l’ordre de passer, coûte que coûte. A partir du 27 août, le bataillon est engagé dans la poussée vers la ligne allemande (position Hindenburg). La bataille débute le 18 septembre et cette offensive avec les troupes canadiennes et britanniques contribue à la fin de la guerre des tranchées. Le bataillon connaît de courtes périodes de repos et ne cesse d’avancer en direction de la frontière belge. L’armée allemande bat en retraite, les troupes françaises avancent à grande vitesse et la guerre prend un autre tournant. Le 31 octobre, les chefs de gouvernement et le colonel Housse, envoyé du président Wilson (États-Unis), ouvrent la première séance plénière du Conseil Supérieur de la guerre à Versailles et examinent les conditions d’un armistice (accord conclu par les autorités militaires marquant la fin des hostilités dans le but de préparer la paix.) Le clairon Pierre Seillier Chaligny Bataille de Verdun - 1916 Signature de l’armistice avec au premier plan le maréchal Foch, encadré par les amiraux britanniques Hope et Rosslyn Wemyss. crédit photo : Charly Labroche La paix officielle définitive n’est effective que le 28 juin 1919 avec le traité de Versailles. Malgré ces démarches le maréchal Foch continue l’offensive et la cavalerie des alliés talonne l’ennemi qui fuit vers la frontière belge. Le 5 novembre, le président Wilson annonce à la chancellerie allemande que le maréchal Foch a les pleins pouvoirs pour lui faire part des conditions de l’armistice. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, le haut commandement allemand nomme les agents diplomatiques parmi lesquels le capitaine Geiger du grand état-major général allemand et le capitaine de cavalerie Wolf-Heinrich von Helldorf qui l’accompagne en qualité d’interprète. Ils viennent pour négocier l’armistice et sont transportés le 8 au matin en forêt de Compiègne où le maréchal Foch les attend avec la délégation alliée dans son train de commandement. 2018 - centenaire de la paix www.cc-mosellemadon.fr

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GEORGES LABROCHEun clairon pas comme les autres

1 Dans ce contexte de guerre

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Il est appelé sur le champ de bataille à ses 20 ans en 1916, soit 2 ans avant la fin de la guerre.Labroche est clairon et brancardier à la 1ère Compagnie du 19ème Bataillon de Chasseurs à pied qui est jumelée au 171ème Régiment d’Infanterie. Le clairon relaie les ordres militaires grâce à des sonneries facilement reconnaissables. Bataillon et régiment constituent une avant-garde des armées sous les ordres du commandant Ducornez.

En 1916, son bataillon est engagé dans la bataille de Verdun puis du 16 septembre au 18 novembre dans la bataille de la Somme. En 1917, le bataillon se forme, garde différents secteurs et ne participe à des attaques qu’à partir de mai. L’alternance front/repos dure jusqu’au 23 janvier 1918.

Lors de ses permissions, Georges retrouve sa fiancée Renée.

Début 1918, le bataillon connait une période plus calme avec des temps de repos, d’instruction et de travaux, avant d’être de nouveau engagé fin mars dans la 2ème bataille de Picardie, puis en août dans la 3ème bataille de Picardie.

Georges Labroche est né le 22 avril 1896 à Chaligny, il est le fils de Charles et Marie-Octavie REGNIER.Il grandit dans sa commune natale. Devenu adulte, il exerce le métier de peintre décorateur au sein de l’entreprise créée par son cousin Marius.

Dans ce contexte de guerre

Le 7 au soir, le Bataillon sort de la forêt de Nouvion. Il est 20 h, Georges Labroche raconte :

«Il pleuvait plus qu’on en voulait, quand tout à coup, j’entends la sonnerie du cessez-le-feu. Comme clairon, je la connaissais. En un instant, je me suis rappelé les paroles de notre sergent qui nous avait informé du passage possible des parlementaires et j’ai couru sur la route, où j’ai vu les automobiles boches, tous phares allumés, un grand drapeau blanc devant, qui passaient et c’est là où Sellier sonnait avec le clairon allemand.»

“Le 8 novembre, le commandant de Bourbon-Busset, accompagné des sonneries du clairon Philippe Roux, tente à trois reprises de passer les lignes pour faire parvenir au quartier général allemand les conditions de l’armistice. Les parlementaires attendent de nouvelles instructions sur place. Le général Foch, le 9 novembre au matin, donne l’ordre de passer, coûte que coûte.

A partir du 27 août, le bataillon est engagé dans la poussée vers la ligne allemande (position Hindenburg). La bataille débute le 18 septembre et cette offensive avec les troupes canadiennes et britanniques contribue à la fin de la guerre des tranchées. Le bataillon connaît de courtes périodes de repos et ne cesse d’avancer en direction de la frontière belge. L’armée allemande bat en retraite, les troupes françaises avancent à grande vitesse et la guerre prend un autre tournant.

Le 31 octobre, les chefs de gouvernement et le colonel Housse, envoyé du président Wilson (États-Unis), ouvrent la première séance plénière du Conseil Supérieur de la guerre à Versailles et examinent les conditions d’un armistice (accord conclu par les autorités militaires marquant la fin des hostilités dans le but de préparer la paix.)

Le clairon Pierre Seillier

Chaligny

Bataille de Verdun - 1916

Signature de l’armistice avec au premier plan le maréchal Foch, encadré par les amiraux britanniques Hope et Rosslyn Wemyss.

crédit photo : Charly Labroche

La paix officielle définitive n’est effective que le 28 juin 1919 avec le traité de Versailles.

Malgré ces démarches le maréchal Foch continue l’offensive et la cavalerie des alliés talonne l’ennemi qui fuit vers la frontière belge. Le 5 novembre, le président Wilson annonce à la chancellerie allemande que le maréchal Foch a les pleins pouvoirs pour lui faire part des conditions de l’armistice.

Dans la nuit du 6 au 7 novembre, le haut commandement allemand nomme les agents diplomatiques parmi lesquels le capitaine Geiger du grand état-major général allemand et le capitaine de cavalerie Wolf-Heinrich von Helldorf qui l’accompagne en qualité d’interprète. Ils viennent pour négocier l’armistice et sont transportés le 8 au matin en forêt de Compiègne où le maréchal Foch les attend avec la délégation alliée dans son train de commandement.

2018 - centenaire de la paixwww.cc-mosellemadon.fr

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La traversée de l’horreur

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Le 9 novembre, le bataillon de Labroche reprend la route. La population lui réserve un accueil délirant, les allemands battent en retraite.

Vers 13h00, après de nombreuses embûches, le bataillon retrouve le convoi des parlementaires parvenu à Fourmies. Georges Labroche conte son aventure : « J’étais le seul clairon en ligne à ce moment-là. Je buvais un coup de jus chez une habitante, heureuse de fêter le retour des Français, quand le fourrier Lhomme vint me chercher. Il m’engueule parce que, précise-t-il, voici un bon quart d’heure qu’il me poursuit vraiment. Mon capitaine m’ordonne alors de laisser mon sac et mon fusil et de prendre place dans la première voiture, celle conduite par l’Allemand ».

« Le chauffeur est à ma droite ; derrière moi, le capitaine von Helldorf et, à sa droite le capitaine de l’état-major français Marcel Le Lay. Je me saisis du drapeau blanc

des parlementaires et de mon clairon ». Puis Labroche, hilare, ajoute : « c’était la première fois que j’allais dans une auto de luxe ». Il poursuit son récit : « Dès la sortie de Fourmies, j’exécutais des sonneries et que nous avancions lentement… Après maintes péripéties, nous atteignons Ohain, puis Trélon…Nous avons dépassé nos premières lignes, mais nous ignorons à combien nous sommes de celles des allemands. La région est propice aux embuscades…

A son retour à Chaligny, une immense joie éclate mais très vite rattrapée par la disparition des autres membres de la famille. La vie reprend et quelques mois après son retour, Georges Labroche épouse Berthe Marie dite Renée REVEMONT, le 21 janvier 1920. Sa femme travaille alors place de la Fontaine (actuelle place de la République) chez Émile Nicolle, horloger et photographe.Labroche est embauché par l’usine de Neuves-Maisons en qualité de peintre.A la déclaration de la seconde guerre, il s’engage dans les FFI où son action sera reconnue.

Il est 14h30, les soldats allemands l’entourent et ont compris que la guerre est finie. Ils lui offrent des cigares, un café et même un bouquet de dahlias entouré d’un ruban tricolore. Il poursuit : « après un arrêt d’une demi-heure, on reprit le chemin du retour dans la voiture de la 166ème Division d’Infanterie. On repasse les lignes allemandes sans un coup de fusil. Je sonne toujours de mon clairon. Ce serait trop bête de recevoir une balle française ! De retour à Fourmies, tous se précipitent sur mon drapeau blanc et je n’ai pu en conserver qu’un petit morceau. »

Etant devant le chauffeur allemand, je suis aux premières loges en cas de coup dur, je redouble les sonneries. Dans les deux villages que nous venons de traverser, les allemands que nous avons précédés de peu ont planté des drapeaux blancs sur toutes les cheminées et les habitants ont sorti aux fenêtres des drapeaux tricolores dissimulés depuis quatre ans !... Nous avançons de plus en plus prudemment sur la route Trélon-Mâcon… A moins de 500 mètres de la frontière belge, la route est coupée par une tranchée volontairement faite. Nous faisons demi-tour et prenons le chemin de Wallers-Trélon. Nous tombons alors sur un poste allemand dont le jeune officier nous menace de son révolver et dont les autres soldats tirent sur des avions de chasse français qui rodent dans les parages. Sur l’injonction du capitaine von Helldorf le feu cesse et nous pénétrons dans Wallers-Trélon où tout un bataillon allemand est massé ».

Le retour de l’enfant de Chaligny

Georges Labroche ne reçoit malheureusement ni reconnaissance, ni médaille pour sa bravoure et son acte historique. Ce n’est qu’en 1938 qu’un article intitulé « Les oubliés de la gloire » est publié dans le journal « L’ancien combattant ». Il a pour but de faire reconnaitre Labroche comme le troisième clairon de l’Armistice tels Sellier et Roux. C’est aussi grâce à cet article que Labroche retrouve son caporal dans une rencontre très émouvante.Sa mémoire est honorée en 1968 par la commune de Chaligny, qui a renommé l’une de ses places « Place Georges Labroche ». Il décède en 1969. Depuis, la commune lui rend régulièrement hommage.De nombreuses demandes de reconnaissance officielle ont été sollicitées mais sans succès encore à ce jour.

Un héros trop peu connu

Itinéraire du convoi

Mariage de Georges et Renée

Morceau du drapeau blanc

Georges dans les années 60

Le convoi des parlementaires

GEORGES LABROCHEun clairon pas comme les autres

2 Un valeureux clairon

crédit photo : Charly Labroche

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