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ETUDE ANALYTIQUE S ul iL L'ARCiIITEGTUIiE RELIGIEUSE 1)E LA PROVENCE U MOYEN AGE. J'ai eu l'iniprudence de m ' e.ngagt1 montrer, dansune petite note, quelques-uns des caractères généraux (le notre archi- tec.i ure du mo en (ige en Provence, et ù prouver la possibilité de tracer certaines zones limitatives de noire style, de manière établir une région monumentale distincte dans celte contrée. .!e me suis apercu trop tard que cette note s'élèverait ù la proportion d'une étude. Les matériaux se pressent devant moi, je vois toute la difficulté de réaliser les conditions nécessai- res dune synthèse, surtout en onnlant et devant abréger. J'hésite donc, et. je n'oserais présenter ce petit travail, impar -fait pour le fond et pour la forme, si je ne savais de quelle immense indulgence la science sait encourager les elhrts, quels qu'ils puissent être. J'entre donc en matière sans autre préambule. Mon point (le départ ne saurait être que la splendeur de la civilisation grecque et romaine en Provence. Notre pa y s est si riche u cet égard que l'Italie même ne pourrait nous fournir de monu- ments plus splendides ni de mieux conservés. il suffit de nommer les arènes d'Ailes et de Mmes, le thé'utre d'orange et son arc de triomphe, la Maison carrée elle pont Flavien, les marbres précieux de (ièie, d'Italie ou d'Afrique, et les Document _I- il il 1^ il il Ili 111111111 Ili illil 0000005618934

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ETUDE ANALYTIQUE

S ul iL

L'ARCiIITEGTUIiE RELIGIEUSE1)E LA PROVENCE

U MOYEN AGE.

J'ai eu l'iniprudence de m ' e.ngagt1 montrer, dansune petitenote, quelques-uns des caractères généraux (le notre archi-tec.i ure du mo en (ige en Provence, et ù prouver la possibilitéde tracer certaines zones limitatives de noire style, de manière

établir une région monumentale distincte dans celte contrée..!e me suis apercu trop tard que cette note s'élèverait ù laproportion d'une étude. Les matériaux se pressent devant moi,

je vois toute la difficulté de réaliser les conditions nécessai-res dune synthèse, surtout en onnlant et devant abréger.J'hésite donc, et. je n'oserais présenter ce petit travail, impar

-fait pour le fond et pour la forme, si je ne savais de quelleimmense indulgence la science sait encourager les elhrts,quels qu'ils puissent être.

J'entre donc en matière sans autre préambule. Mon point(le départ ne saurait être que la splendeur de la civilisationgrecque et romaine en Provence. Notre pa y s est si riche u cetégard que l'Italie même ne pourrait nous fournir de monu-ments plus splendides ni de mieux conservés. il suffit denommer les arènes d'Ailes et de Mmes, le thé'utre d'orangeet son arc de triomphe, la Maison carrée elle pont Flavien,les marbres précieux de (ièie, d'Italie ou d'Afrique, et les

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débi'is divers qui jonchent notre sol. Ulipays qui a pu Pro-duire de tels monuments, les conserver, s ' en servir 111èmeJusques è nos jouis, ne prouve-t-il pas qu'il a il SCS

tra(li lions artistiques ? Tous les marbres taillés, dont nous pou-xons suivre l'histoire pasà pas depuis l'époque I'Oflhaiiie jus-qu'è la nûtre, les oineinenls traditionnels (hiC nous i'etrou Oiis

dans nos anciennes églises romanes, ne le déitioni rent-ils paségalement? Cet ait n'aura pas cii besoin (l'une importation,soit italienne, soit hvzan I ne, soit s y rienne, comme on ne l'a,je le crains, dit que trop souvent. 1n auteur éminent, dont laparole lait I.esluo toujours autorité, s'est servi des rapports(le rcsscrn!daiice de l'appareil et des moulures vernies (le larégion d'.utioHie , pour affirmer l'identité de notre styleaec celui (lit llailrui. Je l'avoue, il

'v a eneffet quantité (le

points (le ressemblance ; mais je ne m'en étonne point. Cesdeux arcliiteetues, filles toutes deux de l'architecture ro-maine, toutes deux modifiées par une infusion grecque, ontpu, ont dû se reliouver semblables, comme deux filles d'unemême mère. Je ne . vois au reste rien dans les plans des mo-numents syriens publiés, dont je retrouve la trace cii Pro-vence ; la ressemblance n'est lue dans les (1étBls puisés è lasource commune.

L'arc,hiteelure byzantine ne paraît pas, non plus, s'êtreimportée chez nous ; car nous ne trouverons aucun de ses ca-ractères. La coimpolé û pendentifs y est inconnue, et remplacéepal celle que nous avons accoutumé d'appeler « dènie »,appu yée, non sur pemidentifs, mais siii t rompes coniques ousur arcs en goussets. qui se relient aux angles (les murs pal'des pierres d'appareil en cul-de-tour. Rien dans notre orne-mentation, et peu dans nos matériaux oit dans la construc-tion, qui rappelle Byzance ou Ravenne. D'ailleurs, l'imitationdirecte (le l'antiquité romaine est trop sensible dans bien (lenos monuments, pour clterchet' au loin une origine étrangèrequi nous redonnerait de seconde main ce (lue nous Pouvionssans peine prendre chez nous.

En effet, ce n'est pas dans le Hauran que se trouve l'arc dotriomphe d'Orange auquel nous (levons plusieurs détailsde l'ornementation de notre cathédrale d'Avignon. Ms musées

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abondent des mêmes motifs qui couronnent les archivoltes del'antique cathédrale (le Carperi I ias.'\aison n'a pit choisirses colonnes, ses chapite;iuux, sus bases, ses frises, ses archi-traves, ses corniches, les uiuus de lierre, les autres (le mar-bre, pour en composer sa catluuulrale, t y pe original, mais nonunique, de l'architecture de Provence ; lorsque cette iuchitec-turc n manqué (le colonnes ou de chapiteaux (le dimension, eller su les sculpter dans le marbre, et il faut ilc l'attention pourdistinguer de l'antiupie le chapiteau qui lui fait. face. Oii doncPei-ne ,, sera-t-il allé chercher son porche et les motifs de sesIrises? Ânes et ipt, les délicates arabesques tic leurs autels,que le ciseau moderne n'a su reproduire, et encore ces rin-ceaux élégants qui couvrent tout le portail de Saint-Tro-plume? Flans quel monument s y rien les a-t-on surpris? A(luette époque la ealluéuliale d'Aix a-t-elle envoyé dans le Hau-ran l'architecte (lui entreprit (le la rehâliu J'estime donc, etle nombre tic nos monuments est assez grand pour le prou-ver, que l'areiiiieclure proveruale est indigène, en ce sensque c'est un ienouvellenuerut, provencai de la vieille architec-ture romaine à son (léclin. Qu'il me soit encore permis demontrer par l'analogie qu'il ii dû en être ainsi. Après ].a

c'est. la Viennoise et la Bourgogne qui renfermaient lesmonuments romains les plus remarquables. Qu'on étudie lesmonuments de ces court rées

`qu'on les con]pa uï';iceux des

autres régions (le la Fiance, et l'on verra si là, comme. rIieznous, l'interprétation de la structure et (le la forme romaine,dans son épanouis sement local, n'a pas été la cause tic l'archi-tecture distincte du moyen âge dans ces pays.

J'en ire maintenant dans les détails, sans ni'arrêterà l'époqueromaine qui nous a laissé quelques chapelles, mono urueiuts (lesoli extrème décadence. Je parle seulement de quelques restesde murs, (leluris échappés au marteau on à la torche des Sarra-zins. Je citerai les murs extérieurs de la cathédrale (le Vai-son, en moellons communs, en partie rustiqués sur la lacademéridionale, et revêtus sur celle dur nord d'un parement detrès petit appareil en cailloux tailles et ététés, liés par (les lits(le mortier romain assez épais il n'vavait point de contre-forts. ni sans doute de voûte. De nombreuses traces d'incen-

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die montrent comment l'église fut ruinée. File s'étendait sen-siblement sur la même surface que l'église actuelle. Des murssemblables distinguent encore le baptistère de Venasque, lacathédrale d'Ailes Iotijours appuyée sur ses murs romains,Saint-Pierre d'Avignon n'est composé que le revêtements quienveloppent les murs anciens de petit appareil, et qui portenttics traces non équivoques d'incendie. J'en ai (lit assez surcette époque, dont quelques autres détins doivent exister cilel là.

Le premier monument que je retrouve après la défaite et('expulsion des Sarrazins, c'est la cathédrale d'Avignon queje. regarde commue t ype. Je commence l'examen de son ardu-lecture par celui de son jiw'clie extérieur. Il ne. ressemble plusaux pronaos antiques, mais pliitét à l'arc de triomphe de Ca-vaillon, ou bien encore au nionumdnt de l'..tigiuille à Vienne,(Rie l'on peut considérer, si l'on veut, comme les t ypes priniitifs (le ce porche, modifié par les arcs de triomphe d'Orange,de Carpentras, de Saint-Remy. C'était primitivement quatrepiliers sur plan carré, supportant autant d'archivoltes. Des ro-lonnes corinthiennes, d'excellentes proportions, s'engagentdans les angles (le ces piliers; mine corniche architravée co-rinthienne couronne les archivoltes, elle est amortie par unfronton sur la face principale. Seulement, le porche, s'appli-quant à l'église, perd une de ces arcades, il n'en reste (luetrois. Tel était notre porche, (jtie des restaurations posté-rieures ont modifié. C'est ainsi que les arcades latérales ontété démolies, et remplacées par un mm' plein ; une voûte enberceau n été jetée d'un mur à l'autre, et o été substituée sansdoute à la charpente priiiiiti% e. Une preuve du fait, c'est quela face principale seule o conservé son appareil régulier:l'appareil devient irrégulier sur les cêtés, dont les jnatéi'iau,sont divers et sans appareil ; on en trouve même empruntésà la première construction, employés pêle-mêle. CependantP, traces évidentes des arcs primitifs peuvent encore se voirparfaitement, malgré les restaurations dont ce porche est pré-sentement l'objet. Si je. m'arrête sur ('e jiorche, c'est qu'ainsimodifié, je le revois à Saint-Gabriel, à Pentes, au Thor, à Ta-rascon, à enasque, à Sa i nte-Criiix-de-Monlmajour, à Saint-

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Paul-trois-Chiteaiix, à Saint-Restilut, à otre-I)ame d'Au-hune, soit identiquement, soit pins simple ; il se diesse, tantôtsui la face occidentale, tantôt sur celle (lu sud. La tradition duporche se perpétue chez nous jusqu'au XI'e siècle, et j'en re-trouve les arracliemeiits à Carotnb cl à Malaucène , il estencore debout il Montfavet. A Carpentras, c'était l'arc detriomphe IUi-mèllW qui servait (le porche septentrional il nes'écarte pas de ce caractère. Cavaillon et Apt eurent aussi leleur.

Le porche provençal, à moins que la simplicité ne le ré-luise à deux murs latéraux supportant une voûte cintrée àberceau, s'ouvre par une archivolte ornée, portant sur im-postes ornés et pieds-droits renfermés entre deux colonnescannelées, de proportions romaines, qui supportent une richecorniche et un fronton. La m'(ine décoration s'attache auxportes principales de cette époque, qu'elles soient ou non pré-cédées d'un porche, comme on le voit ii Avignon, à Saint-Gabriel, au Thot' (pour les deux portes principales), ii Saint-Paul-trois-Châteaux , à Saignon, à la cathédrale (l'Aix etailleurs. Seulement, les pieds-droits sont ordinairement rem-placés par des colonnes de proportions antiques, enclavéesdans un angle rentrant, et supportant à environ un pied au-dessus (le leur chapiteau l'imposte et l'archivolte. Il est rare,avant la tin du x 11 e siècle, de tiotivet- des corbeaux mis poursupporter la plate-bande et le tympan (le ces portes, la plate-bande étant souvent appareillée (Avignon, même quelquefoisen crossettes Beaumes:. La meule raison explique l'absencedu trumeau, qui plus lard divise la porte en deux. On en re-trouve cependant atixiP siècle, si toutefois ce n'est pas (lu XIIIC,

au Thor. à Suini-Gilles, à Arles, mais déjà ces deux dernièressont d'un t y pe différent. Quelques porches renildiu' ent lavoûte en berceau par une voôte d'arètes, qui retombent surquatre colonnettes aux angles, comme au Thor. Ils sont aumoins voisins du XIIIe siècle, s'ils n'en sont tout il fait.

Les portes à plusieurs archivoltes concentriques ne Imtnis-sent pas anciennes chez nous ; tel le est, après celle (les Alis-camps, celle dc Saint-Paul-tiois-Chàteauï qui est encoteromane, chargée de moulures et d'ornements parmi lesquels

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des rinceaux, des feuilles d'eau, des rosettes détachées et destêtes humaines. Je n'en ai point retrouvé de semblable dansnoire province; j'en ai vii, mais seulement quelques-unes ducommencement du xm0 siècle, dans le centre de la Fiance.Je cite encore celle (le Tarascon, si voisine de Saint-Tropliimed'Arles et de Saint-Gifles ; je les crois toutes trois (le mêmeépoque; c'est le dernier effort du roman chez nous. Mais,dans ces portes, il y a déjà loin de i'ii'chitecture romaine, enl'état (les proportions et des nouveaux principes qui surgis-sent comme une importation de Bourgogne. Jusque-là, lesfi'iis dès colonnes portaient leur congé inférieur, elles portentencore parfois l'astragale. Mais (l(jà, le Plus souvent, le congésous l'astragale fait partie du chapiteau, comme l'astragaleelle-même. Enfin, la porte de Puyricard s'écarte encore plusdu type ancien de Provence. Ses colonnes fluettes s'éloignentdu mut' sur deux rangs, et portent une archivolte commecelle (le l'Ile de Franco au XIIIe siècle ; une seule concessiona été faite aux traditions, l'archivolte est cintrée.

Les petites portes, oit bien r eproduisent les grandes commeà Saint-Benezet d'Avignon, on bien sont comme ailleurs foi'-mées de deux pieds-droits , et supportent une plate-banderenforcée souvent dans le milieu avec ou sans corbeau. Lecorbeau devient habituel dans la seconde moitié du xiIec.le. Un arc de décharge plein cintre, ou arc bombé, pro-longe la patte en arrière de la plante-bande.

Les murs de façade sont ordinairement simples; le pignonest formé par une corniche à petits modillons, et n'est pres-que jamais accompagné de modillons à arcades, dont la placeet la forme diffèrent de celles du Nord. Eu effet, chez nous,les arcatures affectionnent (l'être ('Punies deux à deux, entreles corniches latérales hautes et les fenêtres supérieures, ousur la face des contreforts, ou enfin autour de l'abside. Lesplus anciennes sont sans modillons 'château de Villeneuve)lui' moulure retourne d'équerre à chaque paire, à moinsqu'elles ne portent sur un petit pilastre à peine saillant(. Notre-Dame-des-Doms'. Plus laid, (les modillons peu saillantsleur servent de support, et enrin de riches pilastres, comme'cux de l'abside du Thor. Ces arcatures sont toujours (le di-

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ineusions imporlantes et ornées de moulures. Les autres orne-ments des murs sont, on les inarque.s nombreuses de tache-rons, oit simples corniches avec ou sans modillons. Près-que jamais ilescoi!ons ne relient les ferntres et les contreforts,qui demeurent iimiples sur plan carre et wtuiies. Oit peutregarder encore comme ornements les débris sculptés deconstructions iolémieures, ou les essais iles imagiers de 'épo-que, que l'arehilecie n'a pas voulu perdre et fait entier danssa construction.

Qtian t à la faeade oecolert tale, que Ion ne peut guére appe-ler parIait, elle se comilpase ordinairement (III porche ((il (l'uneporte principale, quelquefois d'une galerie ouverte ou aveugleau-dessus de la porte,d'un oculus, et, s'il y a lieu, d'unedernière galerie beaucoup 111115 simple sous le fronton.

La galerie sur la porte est extrêmement taie. J'ose. citercomme en offrant les seuils exemples r 1 Il celle à arcs cintrés ettrilobés en épargne, sur l'archivolte de Saignon 20 celle dusportail latéral de Tarascon, furuiée (le piliers carres et decolonnettes alternes. Plus souvent, deux fenêtres occupent laplace de cette, galerie, comme ait 't'ltor, à Sénanque et ailleurs.L'ocudus manque rarement ; mais rarement aussi, jusqu'auX1lc siècle, est-il (le dimensions imupurlantes. La galerie hautese retrouve à Lérins et à Vaison, où eUe porte arc vii mitrebuté par deux demi-arcs, et au Thor oit elle est remplacéepar deux fenêtres (lui éclairent l'espace compris entre ladouble voûte de cette église singulière.

Le clocher sur porche on sur première travée est rare. Ilexiste tel à Avignon et ami Château (le Beaucaire, 5111' la portelatérale à Notre-Dame d'mibune, sur le porche de la crypte iiSmiiile-Mamthe (le Tarascon. .Je reviendrai plus loin sur les do-

Chers. La rareté (les clochers it l'entrée emporte aussi celle desart/e.c; jepuis citer que celui d'Avignon.Quant à la nef, elle est ordinairement unique, voûtée en

berceau et divisee (,il ses piliers sont sur 1(110 carré,mais singulieretureri F. construits avec des pierres d'appareilmoyen, évitant toute perte (le matériaux. lu surface est, l'or-mimée d'une succession d'angles saillants et d'angles rentrants,invariablement distants de la nième valeur qui n'est jamais

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inférieure à 0,27 cent., ni supérieure à 0,33 cent.; c'est la va-riété (lu pied. L'ordinaire est (le 0,32 à 0,31. Voici la compo-sition de ces piles.

Soit supposée une série tic huit plans l)I'ises (le 0,33 cent.,011 d'un pied de largeur , et se bri3ant cii équerre. Si j'enréunis deux pareils, j'ai la surface tin plier (l ui F1isen! e i.L enavant une face double d'environ 0,0 cent., avec huit anglessaillants. Les quatre angles saillants de devant vont chercherl'rirdoubleau, les autres une double archivolte latérale, dontou n le pins souvent jicolite dans les siècles sni' ants ioiii, ou-vrir sans (langer des chapelles entre les coiilreforts. C'est icile moment d'i utiiil nec sommai renient les proportions que j'airetrouvées daws ces églises romanes. Chaque memhre montantde l'nriliiteclure ayant un pied de hase en carré, et relui quiPorte l'aic-dorihieau avant cieux pieds de lice. nous avonspour face totale dii l(ilic'r Inuit pieds. L'arc-doublea u aura deuxpieds de face, les com plénier uts de l'a rc- lmi I deau un pied.L'épaisseur du mur variera (le trois à quatre pieds; celle ducontrefort de 6 à 8, et sa saillie prendra la même valeur. L'é-cartement (1(S piliers variera entre dix, onze et douze pieds;la hauteur du dessus des impostes sera de 20, 22 et 24. pieds,le double de l'ouverture de l'imposte ; la hauteur du cintre ensera la moitié, soit 3, 3 1 ,,-) ou 6. L'imposte allia im demi-pied do puissance ou les 2,3, et sera ordinairement I1IVISCO endeux ; une de ces parties servira pour la plate-bande, le restepour la domine, et la saillie sera égale à la hauteur de ladoucine. Chaque are de l'arch ivolte sera d'un pied, et la mou-ture qui l'orne d'un tiers de pied ou l'un demi, mais trèsrarement. Le pilier cantonnant celui (liii porte l'arc-doubleaus'interrompra fréquemment à la hauteur de l'imposte, et sera,jusqu'à la hauteur tic l'ex I 'ados de l'archi olte, iemuitlac parune colonnette dans l'angle. À partir (le là, il reprendra et seprolongera, jusque dans les oâtes, en arc. cantonnant l'arc-don I leau. Un i lllervalle (le UH et demi ou deux pieds, quel-quefois de trois, séparera l'archivolte, et, s'il y a lieu, le cha-piteau (les colonnettes susdites , du bandeau qui marque lanaissance des voùles. Fréquemment, cet espace sera remplipar une frise ornée, soit (le roses, soit de i'ince'erx, soit d'arn-

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maux, soit de guirlandes et de génies, comme à Noire-Dame-des-Doms, à Pornos, à Cai'penii'as ; ce bandeau ou cornichen'aura que les deux tiers du pied, il sera orné comme les iia-postes, soit de simples moulures, soit de rinceaux, soit lefeuilles entablées ou d'imbrécaiions, soit de tous autres souve-nirs romains. Les travées de la voûte se trouveront avoir deI 1, 15 à 16 pieds d'étendue, suivant l'écartement des piliers.

De face à Lice des piliers en travers de la nef, on compterale double (le leur écartement, soit 0, 22 et 21 pieds, ce (Luilorineraà la yodie une étendue raiede 2 . , 26 et 28 pieds, soit(le mur à mur 28, 30 et 321 pieds. La moitié tIc cette deiji itievalent' est la hauteur de la voûte, construite presque toujiaitsau moyen du tiers-point proprement dit, qui trace l'arc 1> 11 1 • ladivision en trois (le la base. La hauteur totale sera doue 'le42, 45 ou 48 pieds. Les fcntres cintrées sont concenhli(luesaux archivoltes, et ne s'ouvrent guère tu-i.lelà (l'un pied etdemi ou deux 41e large, sur IuahIo et demi à Cifl (le long.

Telles sont Io.s proportions que j'ai retrouvées iluris leséglises suivait tes Notre-l)arne-des-Donis d'Avignon, Saint-Pierre (le la même ville pont' la P arti e conservée,, Saint-liuf,lionnieux, Cal-01111), Malaucène (ces deux dernières d'unroman avancé et avec quelques altérations dans les propor-tions de hauteur, elles sontde l'époque ogivale, mais romanes),Carpentras, Caumont, Cavaillon, Courthézon, le Thoror (san f lavoûte (111i est ogivale à nerviiresi, Mazan, Pèrnes, Saiguon,La Tour-d'Aigues, Venasque, Montmajour, Saint-'l'ropliimeen parli&, Aix, Saint-Restitiit, la Major de Marseille, Notre-Dante de la Barque, et une infinité d'églises moindres et (lechapelle.

Toutefois, bien que j'aie donné des chiffres, je ne prétendspas conclure à leur emploi rigoureux datis chacun des monu-ments précités ; nous , c'est une règle d'expérience quel'examen trouvera rarement en défaut dans nos pays. L'é-chelle bourguignone est tout autre, quoique fondée toujourssur le pied et ses divisions. Quant à la mesure exacte du pied,elle varie dans chaque monument ; elle est ordinairemententre 32 cenhi inèhi'es et 34 cenLinitres forts.

Ces dimensions sont de tradition. Dans nos carrières, encore

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aujourd'hui, les pierre, ordinaires saut débitées sur deuxpieds (le long, Ull pied de large, et un pied de hauteur; c'est]ù justement l'équarrissage des pierres (le l'appareil (leS fliOflhl-

ments ci-dessus.Le nombre des travées varie (le quatre à cinq. Il est rare,

sauf dans les siècles postérieurs au xii, qu'il y en ait davan-tage. Si Avignon en u six aujourd'hui, c'est que la dernièrea été ajoutée. E'11 effet, les murs de cette dernière travée t'ontpas la inime épaisseur, ses impostes ne sont pas SCUll)IS ilY u absence complète des marques de lâcheron s (pli couvicuttontes les pièces d'appareil dans te reste de l'église les bases(les colonnettes et les chapiteaux des piliers cantouinants sontil'iiii autre k p0, et n'offrent aucun rapport (le silhouette avecles antres. Enfin, la sculpture de la corniche, bien (pie Poitti-nuant celle du reste de la nef, n'est pas de la nième main.

Quelques églises se sont écartées tic cc t y pe, noii5 en ver-rons les raisons. Vaison est irrégulier (jans la larme et l'aligne-ment do tous ses piliers ; il n'a point d'ar'-douuhleuu. Ailes uune nef étroite et 525 collatéraux étroits, q iii l'ohli:e à re-lever la voûte construi le au reste (l'apr(s tes principes ci-dessus. Dans ces deux églises, on s'apereoit. dit que l'ona eu de s'établir sur des murs ou lestes de murs anciens, eton aperoit de phis sans peine l'apport d'un élément étranger,que je crois avoir descendu la Saûne etle.Huuèrte. Je le retrouveû Sénanque, û Silvarane, à Lérins, à Saint-Faul-trois-Cliû-

û Saint-Faut (]il Mausolée. C'est le collatéral butant lesvofites hautes, ail moyen d'un delni-l}erceau continu. Lecotla-téral est étroit. à Siint-Paul du Mausolée; à peine a-t-il 80 ceuiti-unètresenire les piliers.Tantèt ce collatéral a ses aies-doubleauxen plein cintre, tantêt il suit la voûte qui parfois, comme iiSénanque, est formée liai' les trois quarts d'un berceau ogival.Cette disposition est le plus souvent emplo yée avec une voûtehaute, dont le départ est assez élevé in-dessus du collatéralpour (lue tics fenêtres prennent jour au-dessus de ettai-ci.Ainsi, en est-il à Sénanque, à Ailes et à Vaison, lItIS 11011 aLériiis et ailleurs. Des contreforts ont été alors élevés pourcontinuer la butée au droit (les arcs-doubleaux supérieursmais, le plus souvent, ils n'ont fait qu'écraser les voûtes inl'é-

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rieures, en faisant levier par suite de la P0Us5ee. Il y a aureste peu d'églises romanes à bas-Mtés. Je citerai toutefoisApt et Aix. La nef gothique (le Saint-Sauveur d'Aix a été ro-mane, mais c'était une addition à l'église primitive qui estaujourd'hui la nef latérale; les [races en sont très visibles. Jecrois pouvoir aflirnier que cette nef romane insolite, construiteje ne sais quand, d'un st y le tout autre que la primitive, commeon peut le voir par les corniches, et tout à fait au delà (lescontreforts de l'église mère, je crois, dis-je, pouvoir affirmerqu'elle n'était pas voûtée. Je ne retrouve pas les piliers mon-tants, ni les ressauts nécessaires de la corniche ; et l'ampleurde cette nef, 12 mètres LO centimètres, vient à l'appui de monassertion pour laquelle cependant je ne combattrai 1)Oiflt.

Les absides furent souvent simples, toujours en cul-de-fourcintré, s'ouvrant sous un cintre moins élevé que la nef, avecou sans oculus entre le cintre et la voûte. Parfois des colonnesantiques se dressent à l'entrée, comme à Vaucluse et à Sa]-gnon, telle est la majorité des cas. Mais nous trouvons à\aison une abside (lui n'est point liée au reste de l'église et queje crois de construction contemporaine à l'évacuation sarrazine,si même elle n'est antérieure à l'invasion. Pareilles absides,au nombre de quatre, foi-ment par leur réunion le baptistèrede Venasque. Elles offrent les mêmes caractères, elles sont, jele pense, de niême date que les précédentes; deux colonnesde granit, avec leurs hases an I iqiles (le marbre et leurs 4llapi -teaux corinthiens pareillement (le marbre, ouvrent ces absides,qu'entoure une arcature simple et sans art, supportée r»'d'autres colonnes antiques de marbres divers, avec des baseset des chapiteaux antiques. Je n'ose (lire leurs bases ni leursr.hapitaux, les uns étant de modules trop forts, les autres demodules trop faibles. Plusieurs (les colonnes sont prolongéepar des troneons, enlevés à d'autres beaucoup trop longuespour la place, ce qui donne la plus granle irrégularité à laConstructionAinsi en est-il à N.-D.-de-la-Mer. Mais les

(1) Cc curieux baptistère, signalé par M. l'abbé Pougnet, remonteaux premiers temps du christianisme. Au milieu est la piscine enforme ronde, avec des escaliers. Il y a une gouttièreen pierre qui con-duisait l'eau.

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constructeurs romans plus avancés se sont emparés de cemotif, et bon nombre d'absides ont été décorées de colonneset d'arc4ltures, portant sur un bahut plus ou moins élevé, etde matériaux plus ou moins riches. Telles sont celles de Saint-Paul-trois-Chteaux, (le Saint-Quentin, de Puvricard, (leSaint-Benezet, de Saint-Honorat à Arles, (le Cavaillon, de laTour-d'Aigues, de Sorgues, et, avec quelques modifications,celle de Saint-Ruf d'Avignon qui paraît Plus ancienne. AuThor, c'est le nec plus adtrà de cette décoration: les colonnessont de marbre, annelées, à riches chapiteaux ; l'arcature diacorniche sont très riches, et ses nefs s'élancent jusqu'à la clefde la voûte représentant l'Agneau divin. De longues fenêtress'ouvrent dans cette arcature.

A l'extérieur, ces absides ne sont pas circulai r€s, elles pré-fèrent, pour les églises importantes ou soignées, la formepolygonale à cinq ou mieux à sept pans ; elles sont quelque-fois garnies de pilastres ou de colonnes sur les angles, ronuneau Thor et à Cavaillon. Cependant on peut citer presqueautant d'absides en tourtoui' tonde. Quelques-unes offrent uneparticularilé. plus remarquable. Saint-Quenin (le %aisou u sonabside à angle droit sur l'arrière, comme laproue (l'un navire,deux fenêtres s'ouvrent sur les cûtés. Telle était celle (leMazan, telle est encore celle de Saint-Etisèbe de Saignon, maisavec une ornementation spéciale sur le point avancé. Telleaussi, celle (lit Pont-Saiiit-Bénezet à Avignon, établie sur unéperon, plus curieuse encore en ce que le plan (lit sol à l'inté-rieur est en tiers-point, la pointe tournée rets le fenil (lel'abside. (iii suit ce tiers-point jusque dans la voûte en cul-(le-four, représentant exactement une carène renversée.

Le transept est fuit raie : je tic le connais guère que dansles églises u plusieurs nefs. Quelquefois cependant, la der-nière archivolte (le la nef s'ouvre et se dispose en chapelle,comme une sorte (le nef, sur laquelle s'arrondit une absidioleorientée. Tel est le cas de Saint-Pierre (l'Avignon et de Saint-Bu[ de la même ville: Saint-Quenin (le Vaison offre aussi unCas singulier c'est celui d'absidioles disposées sur un mut'diagonal, en as tut de i'at,itle, tour qui supporte une voûteconique en éventail. Cette disposition inagnifbue est insolite,

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elle me rappelle malgré moi le vrai ou faux baptistère de Lé-nus, dit Saint-Sauveur, qui est établi sur plan octogonal avecaT)si(le sur chaque côté. Je serais donc porté à croire que telleétait la forme de ce monument, que j'examinerai au resteplus en détail en temps opportun. Je puis m'arrêter à celleconjecture, attendu que la nef date seulement tic deux siè-cles. J'ai quelque soupçon que ce pourrait être le baptistèrede Vaison.

J'en viens maintenant à la question des (Idmes élevés surtrompes ou sur ares plein-cintre il goussets. Ils sont généra-lement octogones nu circulaires, établis sur corniche octogo-nale, avec des nerfs aplatis, soit dans l'angle, ce qui est rare,soit sur le milieu des faces, ce que'je crois plus ancien, oumême sans nerf, ce qui est plus rare encore. Tels sont ceuxle Marseille, d'Aix, de Cavaillon, (lit d'Avignon oîiil y en a deux sur la nef et un second sous le clocher, deCourtliezon, de Venasque, du Thor, de Vaison, de Saint-Honorat des Alisamps d'Arles, de Carpentras, d'Apt, de laMadeleine (le Bédouin, et de Siuini-Paiul (lu Mausolée à Saint-Remy. Ce que je tiens à faire remarquer, c'est que cesdômes sont éIal)lis sur la dernière travée de la nef; il n'enest luis ainsi à Sénanque, où cet appendice s'est bien com-porté. De plus, plusieurs de ces dômes sont de constructionpostérieure. Enfin hi plupart portaient clocher. Quelques-unssont ajourés par un ou ulusieurs oculus, ce qui est rendu facile.par la position de l'abside (lui touche à la travée du dôme.Un seul iiosseil t' un étage i jour, qui en fait une lanterne, ilest a Avignon.

Marseille, Cavaillon, Avignon, présentent de plus une par-ticularité singulière. Leurs dômes ne sont pas de la premièreconstruction, ils s'appuient sur un système d'arcs jetés d'unarc-doubleau à l'attire, de mallièle à rétrécir l'espace quieut est destiné.. A Avignon, on yoil les testes de la yodle

qu'il u remplacé, et u Cavaillon on s'apercoi t aisément que latravée, qui la porte, fut ajoutée 'ers le xni siècle.

La foi-nie des clochers varie. Elle est carnée dans la toutde la rat héduale d'Avignon, dans celles d'Ailes, rie Saint-Pauldit d'orange, d'Apt, d'Aubune, de Conrthézon, de

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Vaison, de Moustiers, dont le type commun est à Apt ou mieuxencore à Auhune. Ce sont deux ou trois étages percés d'uneou plusieurs baies sur chaque face, avec colonnes qui cii sup-portent le cintre. Ces clochers sont rarement l)Ylmida1lx. Jene connais que celui d'Arles et celui de Moustiers qui s'élè-vent ainsi. Lorsque ces clochers sont surdiine., ils ont un étageaveugle qui l'enveloppe. Celui d'Arles est de plus orné d'arca-tures comme celui d'Avignon l'était autrefois des fenêtres,semblables à des meurtrières, terminent celui d'Arles et celui(le, Saint-Paul du Mausolée. La flèche parait inusitée pour cesclochers. Quant aux clochers carrés, bas, à un étage., à haiesgéminées à colonnettes, terminés par une pyramide obtuse,c'est un t y pe monastique qu'on retrouve à Saint-Riif, à Beau-caire, à Sénanque, et dans quelques églises de moindre im-poi'tance. D'autres clochers sont octogones.., le premier étageenveloppant et laissant parfois apercevoir la calotte du 4%c,comme au Thoi; puis sont un, deux ou plusieurs étages octo-gonaux, avec haie ouverte sur chaque face et colonnes engagéesou pilastres sur les angles, comme à Cavaillon et aux Mis-camps. liii clocher s'écarte (le cette donnée, c'est le magnifiqueclocher d'Uzès, publié par M. Revoil. Il est conoïde, forméd'environ 6 étages superposés. - Encore un mot sur Ifs il)-chers à cheval sur la dernière travée de la nef. An 'l'lioi, leclocher est démoli en partie, et la travée est Fendue du hauten bas. Les étages supérieurs ont été détruits aussi à Cavaillon,ou cette travée s'est séparée (Ili reste de l'église, en poussantl'abside qui u cédé et qu'on a ]à cercler et l'épaler. Celui (lusanctuaire d'Avignon Ost découronné, l'absideau cii , fille (léfflflhiePt remplacée par une travée butante. Celui (les Aliscamps a de

soutenu par une dernière iravée; mais il u écrasé ses piliersqu'on a (là renforcer, il est lieouronn. Celui (le la Madeleinede Bédouin est dans le inênie état, comme celui (le Carpentras(hiC l'on dit menacet' ruine, mais qui doit être dans cet étatdepuis des siècles. Celui d'Apt a perdu sensiblement souaplomb, et la cr y pte est fermée en par les ouvragesde consolidation. C'est la conséquence de la position sur ladernière travée, trop peu ro!I[rebut, pal l'abside circulairele poids dii clocher a di (91 léfoi'nwu les aies e!. pousser au

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vide. Il a fallu sacrifier sans doute la pyramide et les étagessupérieurs, pour éviter des ruines imminentes.

Les chapelles ahsidales romanes me paraissent être presqueineniinues dans la région, attendu qu'il n'y a point de déam-bulatoire, si ce n'est dans les Cryptes supérieures d'Apt etcelle de Mou I majolir. Celle dernière a cinq chapelles encoregarnies d'autels. Je ne connais pas non plus (l'exemple au-thentique de chapelles entre les contreforts (le la nef, si cen'est duran t l'époque ogivale. Les cryptes proprement (litessont rares, il en est cependant quelques-unes. L'inférieured'Apt, celle de Saiiit-Viclor, l'antique de Montmajour, cellesde 'I'arascon, de Saint-Maximin et de Bompas sont pour moiles plus anciennes d'origine. Viennent ensuite celle de Saint-Saturnin il'Apt qui est détruite, celle (le Bollène, la supérieured'Apt, la grande (le Montmajour, celles de Saint-Honorat, deSaint-Gilles. Il en est une il, Venasque dont je n'ai pu re-trouver l'entrée, je l'ai cherchée dans la cathédrale, peut-être eussé-je dû la chercher à Notre-Daine-de-Vie. Ce qui larend reinarq ia hic, c'est qu'elle renferme d'anciennes pein-[tires avec des caractères antiques. J'engagerais le 1 Congrès àfaire là des fouilles, qui donneraient lciitét un résultat sansdou te important ; car Venasque, avant è peu près tout perdudepuis l'invasion sarrazine, n'a pas (lii se (le re-lever et de décorer ses monuments.

Il me reste è faire connaît te quelques autres détails deconstruction ordinaire en Provence. La voûte est fort épaisseet régulièrement couverte en dalles, avec crête en pierredécoupée è jour comme à Avignon, Vaucluse, le Thor. Lesarcs sont toujours extradossés, et les claveaux rarement régu-liers, même lorsqu'ils sont formés de pierres de diverses cou-leurs. comme è Monteux et è Tarascon niais cette dernièrefantaisie est bien rare, je n'en connais pas d'autre exemple. Ilarri e souvent (lue les claveaux sont figurés par un trait dansune pierre de la longueur de deux ou trois claveaux. La cleftombe an hasard. A part les parements, les murs sont formésde blocages en moellons, novés dans le béton de gravier derivière oui de débris de pierre.

Souvent les pierres sont appareillées à la romaine, à joints

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vifs, sans mortier, même lorsque la pierre d'appareil n'estemployée qe pour les membres actifs de la construction, etque les tapisseries sont en moellons bruts, smillés ou piqués.On aperçoit ce soin à la partie inférieure de la façade d'Avi-gnon et à Saignoim en particulier. .Je pourrais citer liend'autres exemples.

Les hases des colonnes rappellent la colonne attique. Lesfûts conservant longtemps les congés, et les colonnes canton-nant les piliers d'ans-doubleaux offrent une particularitéremarquable. Le fu'it fuselé, arrivé a son dernier diamètre,cherche'par toute espèce de procédés, soit p;ii' la pyramidepénétrée, soit par un système d'encorbellement en petit, soitpar tout autre moyen, à passer du plan circulaire au plancarré. Souvent des moulures ou des feuilles amènent cechangement c'est alois seulement que l'astragale parait surplait carré, et que les feuilles lu chapiteau se développentlargement avec on sans volute, et à un seul rang, sous untailleur rudimentaire. On voit ces chapiteaux, sans exempleailleurs, à A ignon, à Carpentras, à Aix, à Cavaillon, à Saint-Restitut. Les ornements des chapiteaux de notre architectureproprement dite ne seront pas les animaux, quoiqu'on lestrouve sur le fàt des colonnes, mais une imitation libre de lafeuille (l'acanthe celte mémo feuille faitpresque tous les fraisde l'ornementation, avec les autres employées dans les der-niers temps de l'époque romaine, qui nous a légué ses oves,ses raies de coeur, ses feuilles d'eau, ses grecques, ses méan-dres, ses imbrécations et autres. Au rebours des autres pro-vinces, je vois dans les billettes, les zigza gs, les dents de scieet autres ornements de ce genre, tin signe d'une antiquitémoins reculée et d'une importation. C'est un milieu enlie levrai s1le provençal et son dernier épanouissement à Ailes età Saint.-Gilles. Les zigzags sont surtout au cloître d'Aix, àPuyricard et aux Aliscamps d'Arles ; les dents de scie à Bol-lène; les billettes à Puyricard, à Amibignan, à Saint-Paul-trois-Châteaux et dans quelques autres lieux.

Quant aux cloîtres, ils peuvent appartenir à des typesdi-vers ceux à simples ouvertures dans le mur du cloître, ceuxà série non interrompue d'arcades, ceux à plusieurs arcs i-en-

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fermés extérieurement sous un plus étendu entre les contre-forts. A la première catégorie appartiennent le cloître deCavaillon, celui (le Lérins, celui de Silvacane et quelquesautres; à la deuxième, le cloître d'Aix; mais, dans cette série,on est obligé de supposer (JIIC jamais ces cloîtres n'ont pusupporter des voûtes, à moins qu'ils ne soient contrebutéscomme à Arles. A la troisième série je rapporte les cloîtres deFrigolet, de Vaison, de Sénanque, de Carpentras, et sans(Joute aussi celui de Notre-Dame-des-Doms. Je leur adjoin-drais celui de Fontfroide, s'il n'était plus moderne, et s'il neportait pas les traces d'une importation tout à fait étrangère.

J'essaierai à loisir de résumer ces divers caractères de notrearchitecture provençale, que j'ai retrouvés spécialement dansLa vallée tin Rline depuis Saint-Restitut, dans celle du Caulondepuis Apt, dans celle de la Durance depuis Mirabeau, et dansles Bonc.lies-du-Rhône; soit, dans toute la Provence occiden-tale. Ce style comprend pour moi plus spécialement les IXe, xet xit siècles. Au xII' siècle, je vois des traces d'importationsfrançaises ou étrangères. Au xiii' siècle, je retrouve encore lemême style, toujours de plus en plus modifié, protestant pourainsi dire contre la réaction gothique qu'il empêche (le SC dé-velopper dans nos contrées, ou il n'est, tout le monde peut enjuger, qu'une importation.

Je connais seulement quatre monuments que j'ose attribuerau xIIIe siècle ou aux premières années du xtve siècle. Le col-latéral nord d'Ap , le réfectoire de Silvacane, l'église Saint-Jean d'Aix, et sa soeur Saint-Jean-de-Rhodes à Avignon.Encore ferai-je remarquer que, sur ces quatre, trois sont tleronsiructions monastiques et par conséquent importées. Lafiliation de Saint-Jean d'Aix et de Saint-Jeami d'Avignon estmanifeste à qui peut seulement les visiter; même portail,même rose, même fenêtre au chevet qui est carré (Jans lesdeux églises, mêmes piliers, mêmes fenêtres, mêmes mou-lures.

Ami xlve siècle, j'aime à placer les cathédrales d'Aix et deCarpentras. Mais alors un nouveau style part de Toulouse. LesDominicains nous J)o1I(uI un IVpe pal1i('illiei d'église, donton ne s'érarteia pas aisément, et qui forme comme un style

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gothique provençal par adoption. Six ou sept travées, avecchapelles entre roniruforis, composent 1 4t nef aussi largee quepossible, de 12 à 16 mires. Un e abside à sept ou à cinqpulls, suivant l'importance de "église, mais dont l'entrée esttoujours restreinte à huit mètres environ, avec oculus oupetite rose au-dessus de l'arc qui ouvre le sanctuaire, enfin leclocher latéral telle est la simplicité du nouveau programme.Le porche, s'il y en a un, sera latéral, il remplacera une cha-pelle. La façade peu ornée acceptera à regret quelques orne-inents auprès de la porte, qu'une petite rose surmontera seule,perdue dans l'immensitéé de la facade : et, pour mieux dire, iln' y aura as de fae;ide. Les moulures éViIet •oflt les déchets depierre et les tailles difliciles, les fenêtres seront petites et àmeneaux ; la sculpture, qu'on ne voit guère qu'au portail, seratellement réduite qu'elle passera inaperçue. Voilà les églises deMonilavet, de Saint-Didier d'Avignon, (les Prêcheurs de Car-pentras, des Auguslins, desCau'mes, des Prêcheurs (l'Avignon,des Prêcheurs d'Arles, de Marseille et de tant d'autres.Saint-Maxiniin tient du même style. La cathédrale (le Car-pentras u cependant des piliers donnant (les moulures déve-loppées. Par opposition au ty pe que j'ai caractérisé, elleoffre de vrais chapiteaux,iorsjue le style auquel elle appar-lient n'en u point ou n'en u qu'à moulures st y le qui n'est paspourtant sans grâce, dont j'aimueraisà redire les proportionsd'une simplicité admirable, toutes extraites d'une gamme har-nionique se composant exclusivement des nombres deux, troiscl cinq et de leurs multiples. Les moulures sont engendrées'clusivement, »r les angles de 90, 15, 60 et 30 degré.s soitls deux triangles rectangles isocèle et équilatéran.

A part ce type qui a plis consistance (Ions le Midi, je croisqu'il est inutile d'étudier les autres que j'ai pu y rencontrer.Ils ont été tous importés d'autres régions de la France, et ilest facile (le retrouver les traces de ces importations.