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U Un optimisme indéfectible semble régner au sein du consortium italien Semenzoo créé il y a tout juste vingt ans. Année magique en Europe, s’il est en : « C’était en 1989 », tient à préciser Andrea Battistotti, directeur général de l’entreprise. Née à l’origine de l’union de Semenitaly et de Elpzoo, sociétés auxquelles se sont joints à par- tir de 1991 les centres de testage d’In- termizoo, de CIZ et de Genetica 2000, Semenzoo sait habilement mener deux batailles commerciales qui pourraient sembler antagonistes. « Toutes les entreprises qui sont à l’origine de Semenzoo sont concurrentes sur le marché intérieur italien. Mais, à l’ex- portation, nous sommes unis comme les doigts de la main », résume Andrea Battistotti. De fait, avec un million de doses de semence de taureaux Hols- tein exportées dans cinquante pays en 2008, Semenzoo défend plutôt bien les intérêts de la génétique laitière ita- lienne. « Nous testons en moyenne 350 tau- reaux Holstein par an, plus une ving- taine de Brown Swiss. Notre premier marché est l’Europe, principalement l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et la France ». La société, basée à Reggio Emilia, en Émilie-Romagne, appuie sa démarche sur des animaux de qualité. « Les deux taureaux Hols- tein les plus importants en Italie sont Mtoto dont la carrière a duré de 1998 à 2003, et Boss Iron qui est mort en 2006. Avant cela, dans les années 90, il y avait eu Skywalker qui a donné de formidables mères de taureaux. On pourrait aussi parler de Shottle, né en Angleterre, de Ford et de Britt ». Aujourd’hui, pour Semenzoo, « Active est sans aucun doute le taureau numé- ro un, même si Scooby-Duu est le plus vendu, suivi par Fibrax, Ralstorm et Prince, qui sont les taureaux les plus demandés à l’étranger. Si tant est que l’on puisse établir un classement ! D’un taureau à un autre, la différence en nombre de doses de semence ven- dues est infime ». Taureaux « fuori linea » Plus certainement, au moment crucial du choix du géniteur par l’éleveur, le critère lait semble devancer celui de la conformation de l’animal. « L’Italie satisfait cette attente, confirme Andrea Battistotti. Dans les années 90, nous avons gagné trois fois les concours européens Holstein prenant en compte la production laitière et la morphologie des animaux. C’est le résultat d’un tra- vail de sélection génétique commencé dès les années 30 avec l’importation des États-Unis, et surtout du Canada, d’animaux vivants. Nous avons repris ce travail à partir de 1960, puis dans les années 70 plus particulièrement avec les Canadiens, parce que nous recherchions du type. Enfin, dans les années 80, où cette fois nous avons fait appel à beaucoup de sang étatsu- nien pour améliorer le paramètre de la production laitière ». La génétique italienne, vue de Semenzoo, se sent pousser des ailes. La crise traversée par la production laitière en Europe n’a pas modifié les plans de l’entreprise. À ceci près qu’elle annonce avoir réduit de 20 % le prix de la dose de semence. « Mais, étant donné que nos ventes augmentent dans la même proportion, rien n’est perdu », commente Andrea Battistotti. Semenzoo a conquis de nouveaux marchés en 2009 : « Nous sommes maintenant présents en Bulga- rie, en Iran et en Chine. Nous sommes en croissance en Égypte et en Tur- quie ». En définitive, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mon- des s’il n’y avait ce sentiment partagé par Semenzoo et d’autres entreprises transalpines, qu’« au plan interna- tional, l’index d’évaluation Interbull continue de défavoriser les taureaux italiens. Pour bien faire comprendre aux éleveurs et à tous ceux qui se pas- 12 TYPEX N°90 DÉC. 2009 - JANV. 2010 PROFESSION Spécial Italie La génétique italienne hors des sentiers battus Amyly (Allen par Progress) a été sacrée championne du 59 e Concours national de la Frisonne italienne aux accents du Nessun dorma, de Giacomo Puccini, chanté par Pavarotti. Grand moment, quasi religieux ! La Foire internationale du bovin laitier de Crémone, en Lombardie, est bien, quatre jours durant en octobre, le lieu sacré de la génétique italienne. La crise laitière, avec un litre à moins de 30 centimes d’euro pour un coût de production de 40 centimes, passerait presque au second plan. Reportage un an avant le concours européen de Crémone. « Toutes les entreprises à l’origine de Semenzoo sont concurrentes sur le marché intérieur italien. Mais, à l’exportation, nous sommes unis comme les doigts de la main », assure Andrea Battistotti, directeur de Semenzoo.

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la génétique italienne hors des sentiers battus

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UUn optimisme indéfectible semble régner au sein du consortium italien Semenzoo créé il y a tout juste vingt ans. Année magique en Europe, s’il est en : « C’était en 1989 », tient à préciser Andrea Battistotti, directeur général de l’entreprise. Née à l’origine de l’union de Semenitaly et de Elpzoo, sociétés auxquelles se sont joints à par-tir de 1991 les centres de testage d’In-termizoo, de CIZ et de Genetica 2000, Semenzoo sait habilement mener deux batailles commerciales qui pourraient sembler antagonistes. « Toutes les entreprises qui sont à l’origine de Semenzoo sont concurrentes sur le marché intérieur italien. Mais, à l’ex-portation, nous sommes unis comme les doigts de la main », résume Andrea Battistotti. De fait, avec un million de doses de semence de taureaux Hols-

tein exportées dans cinquante pays en 2008, Semenzoo défend plutôt bien les intérêts de la génétique laitière ita-lienne. « Nous testons en moyenne 350 tau-reaux Holstein par an, plus une ving-taine de Brown Swiss. Notre premier marché est l’Europe, principalement l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne et la France ». La société, basée à Reggio Emilia, en Émilie-Romagne, appuie sa démarche sur des animaux de qualité. « Les deux taureaux Hols-tein les plus importants en Italie sont Mtoto dont la carrière a duré de 1998 à 2003, et Boss Iron qui est mort en 2006. Avant cela, dans les années 90, il y avait eu Skywalker qui a donné de formidables mères de taureaux. On pourrait aussi parler de Shottle, né en Angleterre, de Ford et de Britt ».

Aujourd’hui, pour Semenzoo, « Active est sans aucun doute le taureau numé-ro un, même si Scooby-Duu est le plus vendu, suivi par Fibrax, Ralstorm et Prince, qui sont les taureaux les plus demandés à l’étranger. Si tant est que l’on puisse établir un classement ! D’un taureau à un autre, la différence en nombre de doses de semence ven-dues est infi me ».

Taureaux « fuori linea »Plus certainement, au moment crucial du choix du géniteur par l’éleveur, le critère lait semble devancer celui de la conformation de l’animal. « L’Italie satisfait cette attente, confi rme Andrea Battistotti. Dans les années 90, nous avons gagné trois fois les concours européens Holstein prenant en compte la production laitière et la morphologie des animaux. C’est le résultat d’un tra-vail de sélection génétique commencé dès les années 30 avec l’importation des États-Unis, et surtout du Canada, d’animaux vivants. Nous avons repris ce travail à partir de 1960, puis dans les années 70 plus particulièrement avec les Canadiens, parce que nous recherchions du type. Enfi n, dans les années 80, où cette fois nous avons fait appel à beaucoup de sang étatsu-nien pour améliorer le paramètre de la production laitière ». La génétique italienne, vue de Semenzoo, se sent pousser des ailes. La crise traversée par la production laitière en Europe n’a pas modifi é les plans de l’entreprise. À ceci près qu’elle annonce avoir réduit de 20 % le prix de la dose de semence. « Mais, étant donné que nos ventes augmentent dans la même proportion, rien n’est perdu », commente Andrea Battistotti. Semenzoo a conquis de nouveaux marchés en 2009 : « Nous sommes maintenant présents en Bulga-rie, en Iran et en Chine. Nous sommes en croissance en Égypte et en Tur-quie ». En défi nitive, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mon-des s’il n’y avait ce sentiment partagé par Semenzoo et d’autres entreprises transalpines, qu’« au plan interna-tional, l’index d’évaluation Interbull continue de défavoriser les taureaux italiens. Pour bien faire comprendre aux éleveurs et à tous ceux qui se pas-

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Spécial Italie

La génétique italienne hors des sentiers battusAmyly (Allen par Progress) a été sacrée championne du 59e Concours national de la Frisonne italienne aux accents du Nessun dorma, de Giacomo Puccini, chanté par Pavarotti. Grand moment, quasi religieux ! La Foire internationale du bovin laitier de Crémone, en Lombardie, est bien, quatre jours durant en octobre, le lieu sacré de la génétique italienne. La crise laitière, avec un litre à moins de 30 centimes d’euro pour un coût de production de 40 centimes, passerait presque au second plan. Reportage un an avant le concours européen de Crémone.

« Toutes les entreprises à l’origine de Semenzoo sont concurrentes sur le marché intérieur italien. Mais, à l’exportation, nous sommes unis comme les doigts de la main », assure Andrea Battistotti, directeur de Semenzoo.

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sionnent pour la génétique que cette organisation fait fausse route, nous montrons les produits de nos taureaux à nos clients. Et là, le verdict en notre faveur tombe très vite ». L’entreprise italienne fait aussi valoir l’« excellente réputation de qualité », établie depuis longtemps, de ses animaux, et que l’un de ses points forts est de savoir éviter toute consanguinité par le recours à des géniteurs fuori linea. Autrement dit, sortis des sentiers battus.

Éliminer les gaspillagesLa crise qui affecte la production lai-tière en Italie n’est pas une affaire à prendre à la légère. Chez Intermizoo – 500 000 doses de semence com-mercialisées par an – 90 % Holstein, 10 % brune –, Domenico Sartore, le directeur général, note que « si les éle-veurs recherchent des croisements qui leur donnent des vaches avec plus de viande, ce n’est pas le fait du hasard. D’autre part, la majorité des éleveurs italiens ne placent pas la morpholo-gie des animaux en tête des critères de sélection. Ils préfèrent miser sur

la santé et la résistance. Pour des rai-sons faciles à comprendre : la quasi-absence de pâtures dans les exploita-tions, une alimentation basée sur le maïs ensilé et manquant de foin, des sols d’étables en ciment à l’origine de pathologies aux pieds des vaches,

des températures ambiantes parfois élevées. Bref, des stress nombreux qui expliquent que la moyenne des vêlages se situe entre deux et deux et demi ». Le secteur de la génétique lai-tière lui-même ne devrait pas passer au travers de la crise. Domenico Sartore

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« Chez Intermizoo, on commercialise 500 000 doses de semence par an – 90 % Holstein, 10 % brune », note Domenico Sartore, le directeur général d’Intermizoo.

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prédit une restructuration des centres d’insémination, aussi parce qu’« il faudra bien éliminer les gaspillages. En Italie, quatre ou cinq centres tes-tent entre 60 et 100 taureaux par an, mais il en existe qui n’ont que 20 à 30 taureaux à l’essai ». Avec 80 à 100 géniteurs dans son centre de San Dona di Piave, à une trentaine de kilo-mètres de Venise, Intermizoo estime être armée pour affronter les temps troublés d’aujourd’hui. L’entreprise dispose d’un réseau de dix partenaires et de vingt agents dans toute l’Italie. Sa part de marché atteint 9 % dans un contexte très concurrentiel. « Il y a les autres sociétés italiennes, mais sur-tout les Américains et les Canadiens qui, depuis 2005, contrôlent 60 % du marché ». La partie est serrée. « Nous avons deux taureaux importants qui peuvent faire la différence : Ford et Iron. Et d’autres qui sont là en sou-

tien, comme Elayo Red, très apprécié en France, Watha et Active ».

Évaluation génomiqueLe poids dominant de la génétique nord-américaine dans les élevages en Italie est, certes, le résultat d’un « mar-keting important. Et il faut dire que ça compte », estime de son côté Dante Parietti, sire analyst de l’Ente Lom-bardo per il Potenziamento Zootecnico (Elpzoo) – offi ce lombard de dévelop-pement zootechnique. Mais pas seule-ment : « Il y a deux ans, l’instabilité des index a défavorisé la génétique italien-ne par rapport à la génétique améri-caine. Ce ne sont pas nos taureaux qui ne sont pas bons, mais la méthode ! ». Elpzoo, connu aussi sous l’appellation de Zorlesco, du nom du village où est installée l’entreprise près de Lodi, en Lombardie, espère bien « récupérer

le marché car la production italienne n’a pas cessé de s’améliorer ». La part de marché de la société atteint 10 %. Zorlesco teste soixante taureaux par an et vend 800 000 doses de semence Holstein (plus de 90 % de l’activité) et Brune. En 2008, elle a passé un accord avec New Generation Gene-tics, dans le Wisconsin, plus important centre américain de génétique Brown Swiss. Zorlesco place Zeling en tête de ses reproducteurs Holstein, « pour sa capacité à produire des vaches faciles à vêler et à la santé robuste ». Derrière, il y a Rubentrop, Gallery, Zerbino. « Nous avons aussi Birman, le seul fi ls d’Integrity aujourd’hui à l’essai en Italie, et Dollar, le premier taureau pour la mamelle ». Dans le but de procéder à une évaluation génomi-que des jeunes reproducteurs et des mères de taureaux, l’entreprise parti-cipe aux programmes Prozoo avec le Parc technologique de Padanie, à Lodi, et Selmol (Selezione molecolare) au plan national. « Dans les deux cas, résume Dante Parietti, il s’agit d’ana-lyser l’ADN de chaque animal afi n de déterminer ses qualités. Selmol est fi nancé depuis 2007 et jusqu’en 2010 par le ministère des Politiques agrico-les et forestières. Prozoo bénéfi cie du soutien fi nancier de la Fondation Cari-plo, qui est notre propriétaire ». Dans son histoire, dont le premier chapitre a été écrit en 1953, Zorlesco présente cette originalité d’avoir été fondée par une banque régionale, la Cariplo – Cassa di Risparmio delle Provincie Lombarde, Caisse d’Épargne des Pro-vinces Lombardes – avant de passer entre les mains de la fondation du même nom, chargée de la gestion du patrimoine de la banque. L’entreprise collabore également avec le Consor-zio Lombardo per le Prove di Progenie

Et la France, dans tout ça ? « La

France reste un grand et bon marché,

car il y a beaucoup de vaches laitières ».

Toutefois, « nous sommes confrontés à

une politique de protection du produit

national assez compréhensible, ajoute

Giuseppe Beltramino, en charge du

marché français, ce à quoi nous répon-

dons qu’une bonne génétique suppose

de puiser à la fois à l’intérieur de son

propre pays et de s’ouvrir sur l’exté-

rieur. » L’exportateur italien reproche

surtout aux Français d’« accorder trop

d’importance à Interbull, qui ne fait rien

d’autre que massacrer l’Italie. Comment

imaginer que des reproducteurs tels

que Scooby Duu, Mtoto, Prince, pères

de taureaux en Italie et ailleurs, ne

soient pas utilisés en France parce que

le système français ne les considère

pas bons ! ». Il faut se rendre à l’évi-

dence : « Les taureaux italiens sont

sous-estimés par les unités de sélec-

tion françaises. Ils sont mis de côté. Ce

qui ne manque pas d’être paradoxal,

poursuit Giuseppe Beltramino, quand

on sait que des éleveurs ont dans leur

troupeau des vaches issues de la géné-

tique italienne ». En réponse à cette

situation, Semenzoo choisit d’adopter

pour ses produits un profi l « marke-

ting » original. « Nous essayons de

faire comprendre à nos clients poten-

tiels qu’un taureau doit d’abord être

choisi en fonction de l’index de son

pays de provenance. Tout le monde

connaît la valeur de notre génétique.

Là, au moins, on est sûr de ne pas se

tromper ! »

Semenzoo et la France

« Il y a deux ans, l’instabilité des index a défavorisé la génétique italienne par rapport à la génétique améri-caine », précise Dante Parietti, sire analyst de l’Ente Lombardo per il Potenziamento Zootecnico (Elpzoo).

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(CLPP) – Syndicat Lombard de Tes-tage des Descendants –, et un groupe d’une dizaine d’éleveurs, à la sélec-tion des meilleurs sujets. La nécessité économique consistant à atteindre un haut niveau de production laitière et la profondeur des animaux fi gurent parmi les critères dominants chez Zorlesco. « Il ne faut pas que l’éleveur cesse de dépenser de l’argent pour féconder artifi ciellement ses vaches », souhaite Dante Parietti, même si la crainte d’un tel renversement de situation ne semble pas pour demain. Dans la plaine du Pô, la restructuration des exploitations se poursuit et les élevages grossissent. Le troupeau moyen est désormais consti-tué de 150 à 200 vaches.

Semence sexéeLe discours consistant à comparer le nombre de vaches laitières et celui des centres de testage de taureaux pour dire que ceux-ci sont trop nombreux est aussi celui que tient le Consorzio per l’Incremento Zootecnico (CIZ), syndicat pour le développement zoo-technique. L’entreprise créée en 1949 à San Miniato, près de Pise, d’abord société de services devenue commer-ciale en 2004, « travaille à travers les associations provinciales d’éleveurs », observe son directeur, Primo Betti, ce qui lui autorise une proximité certaine avec les élevages. La CIZ dispose de deux centres de sélection, en Toscane et en Émilie-Romagne, où elle teste entre 70 et 80 taureaux. Elle peut compter sur 94 points de vente répar-tis dans toute la péninsule pour écouler chaque année un million de doses de

Holstein Québec disposait pour la

première fois d’un stand à la foire

de Crémone. L’association, forte

de 5 300 membres, souhaite ren-

forcer la présence des génétiques

québécoise et canadienne en Italie.

« Nous avons fait le voyage de l’Italie

pour vendre des embryons, domaine

dans lequel nous connaissons un cer-

tain succès, explique Marcel Martin,

président de Holstein Québec. Depuis

2003, nous avons multiplié par trois le

nombre de nos embryons vendus dans

le monde ». En 2008, l’association

québécoise a commercialisé entre

4 000 et 5 000 embryons, propriété de

ses éleveurs, hors des frontières du

Canada. Principalement en Europe

– Belgique, France, Italie, Royaume-

Uni, Scandinavie – et en Chine. Très

appréciée – on estime que 70 % des

animaux canadiens ayant la meilleu-

re valeur génétique se trouvent au

Québec –, la génétique québécoise ne

devrait pas avoir de mal à trouver des

clients en Italie. « Nous ne sommes

pas des inconnus les uns par rapport

aux autres. Dès les années 50, on livrait

des femelles vivantes aux Italiens, rap-

pelle James Peel, directeur général

de Holstein Québec. Les éleveurs ita-

liens adorent la génétique et les vaches

laitières. Ils sont fi ers, plus acheteurs

que vendeurs. S’ils ont une belle vache,

ils la gardent ! » Les Québécois ont

compris qu’à côté des embryons, les

Italiens sont toujours intéressés par

les animaux vivants, « des génisses

de 15 à 17 mois confi rmées gestantes

à 60 jours ». À destination de l’Italie,

l’association a donc en vue un sché-

ma qui associerait animaux vivants

et embryons, la solution des animaux

vivants étant la moins risquée pour

l’éleveur, « parce qu’il peut voir l’ani-

mal », explique James Peel. Côté

prix, « la fourchette, très large, pour

une génisse avec un bon pedigree, peut

aller de 4 000 à 10 000 dollars cana-

diens (1). Entre 30 000 et 50 000 dollars

canadiens pour une génisse exception-

nelle. Un embryon de grande qualité

coûte de 4 000 à 6 000 dollars cana-

diens. Mais l’éleveur devra prendre un

lot de quatre embryons afi n de s’assurer

la naissance d’une femelle », ces prix

étant donnés dans une conjoncture

marquée par une « forte demande,

souligne Marcel Martin, donc suscep-

tible d’augmenter ». Holstein Québec

insiste également sur l’importance

prise par la nutrigénomique. « Elle va

nous permettre d’éliminer les carac-

tères néfastes des animaux. C’est une

étape de plus pour éviter les problèmes

que peut poser la consanguinité ».

Un dollar canadien = 0,63 euro.

Holstein Québec attaque le marché italien

Holstein Québec a fait le déplacement en Italie pour vendre des embryons.

Nous testons entre 450 et 470 taureaux au total, dont 20 % dans les races à viande, explique Fabio Lusetti, directeur général de Semenitaly. Nous avons vingt-huit reproducteurs sélectionnés. »

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semence Holstein et 300 000 doses de semence Brune. Selon Primo Betti, « au moment du choix, l’éleveur veut d’abord des animaux ayant une belle morpholo-gie. La santé vient après. Dans l’ordre, des reproducteurs comme Scooby-Duu, Alimax, Yoriko, Enoc et Edern sont sans doute les meilleurs taureaux que nous ayons. Edern est encore jeune, mais il apporte beaucoup de qualités pour le fi tness, c’est-à-dire la santé de ses des-cendants ». Dans la cour du géant de la génétique italienne Semenitaly, on observe que « l’éleveur tient surtout à baisser ses coûts de production pour améliorer la productivité de son activité ». Cela ne l’empêche pas de se tourner vers la génétique américaine au prix « trois fois

supérieur à la semence italienne », sou-ligne Fabio Lusetti, directeur général de l’entreprise. « Mais c’est ainsi ! Le mythe américain continue de fasciner les éleveurs ». Avant de devenir Seme-nitaly en 1987, l’entreprise de sélection basée à Modène a d’abord vécu dans le giron de l’association des éleveurs de la province de cette ville d’Émilie-Romagne. Puis, au début des années 2000, elle s’est organisée autour de deux centres de fécondation capables de produire un million et demi de doses de semence de taureau : 700 000 doses Holstein et de race à viande à Reggio Emilia, et 800 000 doses Holstein à Modène. « Nous testons entre 450 et 470 taureaux au total, dont 20 % dans les races à viande, explique Fabio

Lusetti. Nous avons vingt-huit repro-ducteurs sélectionnés. » Après avoir pris le contrôle de Genetica 2000 et commencé, en 2005, à représen-ter les intérêts de la société Alta Gene-tics, Semenitaly considère détenir une part de marché de 25 % en Italie. L’en-treprise de sélection de Modène met en avant « trois taureaux particulièrement intéressants : Lecciso pour la produc-tion de lait, Fibrax, en tête pour le chif-fre d’affaires, qui est notre reproducteur le plus complet – pieds, articulations, mamelle, longévité – ; et Turiddu, très complet également. Chez Genetica 2000, il y a Ralstorm pour la longévité, TKO et Teatro pour la morphologie. Chez Alta Italia, Wildman et Baxter qui réunissent production et morphologie, et Outbound. » Pour Fabio Lusetti, le catalogue des trois marques peut répon-dre à toutes les attentes de l’élevage : « La production de lait avec Alta Italia, la morphologie chez Genetica 2000 et l’ensemble des critères avec Semeni-taly ». Cette année, l’entreprise a mis sur le marché la première dose sexée de semence de taureau. À cet effet, elle a créé la marque Fœmina – mot qui signi-fi e “genre féminin” en latin – pour com-mercialiser sa production. « Beaucoup de nos taureaux sont déjà disponibles avec une matière séminale sexée. C’est le cas de nos principaux reproducteurs, à l’exception de Teatro ». Semenitaly a revu l’organisation de la production. La totalité de la semence de taureau, y compris à destination des races à vian-de, est maintenant produite à Modène, soit un million et demi de doses. Tandis que le centre de Reggio Emilia s’est vu attribuer la mission de produire

Claudio Mariani semble un homme

heureux. Genesi Project, créée par un

groupe de vétérinaires en 1997, a plu-

sieurs de ses indicateurs à la haus-

se. « Nous savons nous diversifi er »,

commente celui qui s’occupe de la

semence de taureaux au sein de la

société. Genesi Project, à Castelnovo

Sotto, en Émilie-Romagne, a l’exclu-

sivité de Viking Genetics, qui teste

300 taureaux Holstein au Danemark

et en Suède. L’entreprise vend de la

semence de 120 géniteurs Rouge

suédois et Rouge danois, et de

60 taureaux Jersiais danois. À cela

s’ajoutent dix Red Holstein et dix

Charolais en testage au Danemark.

« Au total, dit Claudio Mariani, nous

devons être à cinq cents taureaux ».

Genesi Project, qui n’a décidément

pas les deux pieds dans le même

sabot, propose aux éleveurs adep-

tes du croisement des races laitiè-

res – Montbéliarde, Holstein, Rouge

suédoise –, le programme rotationnel

Procross imaginé par Viking Genetics

et Coopex Montbéliarde. En paral-

lèle, la société de Castelnuovo Sotto

a aussi la distribution exclusive de

75 taureaux Holstein en testage chez

Xenetica Fontao, centre de sélection

de Galice, en Espagne, de même

que la vente de taureaux Holstein

italiens avec un programme de tes-

tage, et celle de géniteurs français

de Dynam’is. « Nous commerciali-

sons 100 000 doses de semence en

Italie, dont 55 000 Holstein. Mais cette

année, la Holstein et la Montbéliarde

vont augmenter. On offre maintenant

tout le catalogue de Coopex ». En fait,

selon Claudio Mariani, il n’y a rien

d’extraordinaire à cela. « Les éleveurs

retiennent désormais la fertilité et la

longévité comme critères déterminants

de choix. Nous apportons le sang de la

Holstein scandinave aux caractères

plus fonctionnels, dont la sélection a

commencé en 1972. Avec des lignes

très différentes des autres pays. C’est

la raison de notre succès. »

Genesi Project mise sur la Holstein scandinave

Dirigée par Camillo Cannizzaro (à droite), la Cooperativa di servizi e approvvigionamenti agricoltori di Milano (Cosapam) est depuis 1974 le distributeur exclusif pour l’Italie des produits de World Wide Sires (WWS).

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150 000 doses de semence sexée. L’en-treprise italienne annonce son intention d’entrer dans Eurogenomics où elle retrouvera, entre autres, l’UNCEIA et la néerlandaise CRV. Semenitaly veut apporter son expertise à la défi nition d’une population européenne de réfé-rence dans la race Holstein, avec à terme la réalisation d’index génomiques à la précision et à la fi abilité toujours plus élevées.

16 caractères morphologiques par animalLuca Zago, directeur technique de Novagen, risque une de ces images qui parlent aux Italiens et plus encore à l’Émilie-Romagne, région natale de la Scuderia Ferrari : « La génétique, c’est comme une voiture de course en Formule 1. L’évolution technique est permanente. La génomique, l’étude de l’ADN qui débouchent sur la connais-sance des caractères des animaux sont le dernier exemple de pas en avant permis par la science ». L’entreprise établie à Podenzano, près de Plaisance (Émilie-Romagne), ne croit pas une minute que la nouvelle donne écono-mique, conséquence de la crise laitière, puisse en quoi que ce soit conduire les éleveurs à sacrifi er leurs plans de sélec-tion. « La génétique n’est pas menacée. Sur 100 euros dépensés dans le bilan d’un élevage, la génétique ne coûte qu’un euro ! ». Distributeur en Italie de plusieurs entreprises de sélection – CRV (Pays-Bas), CRI (États-Unis), Gènes Diffusion et Amélis –, Nova-gen projette de distribuer ses propres taureaux Holstein. « Nous avons vingt reproducteurs testés », affirme Luca Zago. Chaque année, la société com-mercialise 150 000 doses de semence, la moitié en provenance des États-Unis. « Nous proposons comme service aux éleveurs le plan d’accouplement de CRI. En 2008, nous l’avons appliqué à plus de 50 000 vaches en Italie. Dans la pratique, pour chaque animal, seize caractères morphologiques sont évalués sur une échelle de un à neuf. L’éleveur choisit les taureaux et nous intervenons comme conseil, avant et après, pour examiner les nouvelles génisses et réé-valuer celles qui vêlent pour la seconde fois ».Toystory, reproducteur américain, fi ls de BW Marshall, classé en deuxième posi-tion aux États-Unis, est le taureau de tête de Novagen. « Nous utilisons aussi Super, un fi ls de Boliver, qui deviendra

probablement le premier taureau amé-ricain à partir de janvier 2010. Nous aimons bien le français Rothéneuf, de la famille de Mtoto, père de taureaux aux États-Unis. On fait appel à lui depuis trois ans. » Active dans la santé animale, l’entreprise de Plaisance a présenté à la foire de Crémone le Bio Ozotech, une molécule à base d’ozone avec laquelle elle aimerait bien entrer sur le « marché français. Un marché plutôt diffi cile », selon Luca Zago. Le recours à l’ozone comme désinfectant et produit d’hygiène n’est pas en soi une nouveauté. « Mais personne n’a réussi à stabiliser la molécule et à la rendre apte à des applications zootech-niques, en particulier dans les phases de la reproduction et de la traite ». Dans la gamme de produits utilisant le Bio Ozotech, Novagen met en avant le Riger, un spray pour l’hygiène utérine et vaginale, la cicatrisation des tissus et des blessures, qui ne laisse aucune trace résiduelle dans le lait et la viande.

Le mythe américainL’Amérique continue de faire rêver. Sur le stand de la Cosapam, son directeur général, Camillo Cannizzaro, accueille les visiteurs dans un anglais parfait, poursuit la conversation dans cette lan-gue et ouvre un catalogue dont la cou-verture est occupée par la bannière étoi-lée des États-Unis. La Cooperativa di servizi e approvvigionamenti agricoltori di Milano (Cosapam) est depuis 1974 le distributeur exclusif pour l’Italie des produits de World Wide Sires (WWS). WWS gère la carrière de reproducteur de quinze des vingt-cinq meilleurs tau-reaux américains. « Nous distribuons aussi, à travers WWS, la semence de la société allemande Masterrind », précise Camillo Cannizzaro. En 2008 en Italie, grâce à la Cosapam et à ses deux agents en Émilie-Romagne et dans le Latium, World Wide Sires a commercialisé 260 000 doses de semence de taureaux testés, représentant un chiffre d’affaires de 5,5 millions d’euros. « 99 % de nos ventes concernent la race Holstein ; la Brown Swiss et la Jersiaise se partagent le reste. Notre part de marché pour le nombre de fécondations enregistrées atteint 15 %. Tous nos résultats sont en hausse depuis trois ans », com-mente Camillo Cannizzaro. Nonobs-tant la crise, la coopérative milanaise affi rme avoir réalisé, au terme du pre-mier semestre de cette année, 80 % de ses ventes de 2008 : « La demande de semence des meilleurs taureaux aug-

mente et il y a au moins une raison. Les éleveurs italiens doutent de leur système de sélection depuis qu’à la fi n de 2004 l’Anafi a introduit un schéma où les taureaux de tête changent tout le temps ». Dans les élevages, le nombre de plans d’accouplement mis au point par la coopérative enregistre une crois-sance exponentielle. De 100 en 2004, ils sont passés à 360 en 2008 et devraient dépasser 400 cette année. « À la diffé-rence de nos concurrents sur le marché, nos plans ne sont pas gratuits. Nous les facturons 150 euros par an, plus un euro par vache. L’année suivante, nous accordons une remise d’un euro pour chaque achat de semence de 20 euros effectué l’année précédente. Si l’éleveur le souhaite, nous pouvons introduire dans un plan des reproducteurs qui ne sont pas chez WWS ». Gianluigi Meloni, vice-président de la Cosapam, confi rme que pour la représentante italienne de World Wide Sires, l’« activité est satis-faisante. Dans l’ordre, Million (Out-side et BW Marshall), Planet (Taboo et Amel) et Blitz sont nos principaux taureaux. Mais nous avons en réserve de futurs champions, comme Sanchez (Stormatic et BW Marshall), Bronco (O Man et BW Marshall) et Alexander (Stormatic et Patron) ».

Dominique-J. Lefebvre

Pour Luca Zago, directeur technique de Novagen : « La génétique n’est pas menacée par la crise. Sur 100 euros dépensés dans le bilan d’un éle-vage, la génétique ne coûte qu’un euro ! »

DÉC. 2009 - JANV. 2010 N°90 TYPEX

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1194 animaux, présentés par soixante éleveurs, ont participé le 24 octobre, à Crémone (Lombardie), au 59e concours national de la Frisonne italienne organi-sé par l’Anafi – Associazione Nazionale Allevatori di razza Frisona Italiana. À l’issue du concours, le juge Massimo Capra, directeur de la Coopérative des éleveurs de frisonnes italiennes (Cafri), à Crémone, a estimé avoir été séduit par cinq vaches : les championnes junior et senior, de même que la seconde senior ; la championne des vaches de six ans et sa réserve. « La qualité générale du concours a été supérieure à celle de l’an passé », a observé Massimo Capra, qui s’est dit impressionné par la catégo-rie des vaches de trois ans senior et celle des six ans. Massimo Capra a préféré Toc-Farm Allen Amyly à Bonnyfarm Veronique, comme grande championne du National, pour « le bel équilibre de sa partie antérieure, le fait que son abdomen et son thorax se confondent, donnant l’impression d’une grande harmonie et d’une maturité supérieu-re. J’ai beaucoup hésité », a précisé Massimo Capra, auquel la beauté de la mamelle de Bonnyfarm Veronique n’a pas échappé. Toc-Farm Allen Amyly, âgée de sept ans, remporte donc pour la seconde fois, après sa victoire en 2007,

le titre envié de Campionessa della Mostra de Crémone. Le juge a retenu Zanaboni Goldwyn Chiara ET TL comme championne de réserve des jeunes vaches pour « son équilibre, sa mamelle de très grande qualité, malgré une ossature assez pesante ». Il a désigné All. Mulino Mtoto Fininvest (Mtoto par First) comme championne de réserve chez les vaches adultes parce qu’« à neuf ans, cette vache mérite notre respect. Je ne lui vois aucun défaut, a-t-il souligné. Sa mamelle est belle et bien tenue. Mais sans doute manque-t-elle un peu de grinta » – le mordant ! Quant à la men-tion d’honneur des jeunes vaches, elle est revenue à M.E. Dal Stormatic Ilma ET (Stormatic par Rudolph), un animal auquel l’avenir appartient, selon le juge : « Très complet, avec beaucoup de style. Certes, avec un manque d’ouverture au niveau du thorax, mais avec la quasi-certitude d’une évolution favorable ».

Veronique, la grande classe !Une immense émotion a une nouvelle fois saisi Gianni Chiappini, éleveur à Ghedi, dans la province de Brescia (Lombardie), quand Veronique a été

choisie par le juge comme championne de réserve. Chez les frères Chiappini, des éleveurs descendus de Saviore dell’ Adamello, à 1 200 mètres d’al-titude dans la montagne lombarde, jusqu’à Ghedi dans la plaine, on n’a jamais fait autre chose qu’élever des vaches. « Des Brunes, au tout début, avec lesquelles on transhumait, puis des Holstein, en 1970, parce que nous voulions plus de lait. Alors, nous avons commencé avec 25 vaches du Dane-mark et un taureau ! » Aujourd’hui, chez les Chiappini – Alberto, Mario et Gianni –, cinquième génération d’éle-

Amyly (Allen par Progress) a été sacrée championne du 59e Concours national Holstein aux accents du Nessun dorma, de Giacomo Puccini, chanté par Pavarotti. Grand moment, quasi religieux !

Crémone

Amyly au sommet du temple de la génétique italienne

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Amyly (Allen par Progress) a été sacrée championne du 59e Concours national Holstein Gianni Chiappini avec Veronique, championne réserve de Crémone.

« La qualité générale du concours a été supérieure à celle de l’an passé », a observé Massimo Capra, le juge de Crémone. Il s’est dit impressionné par la catégorie des vaches de trois ans senior et celle des six ans.

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PALMARÈS CRÉMONE

ChampionneToc-Farm Allen Amyly (Allen par Progress) à Filippo, Ilaria et Attilio Tocchi, éleveurs dans la province de Grosseto (Toscane).

Championne de réserveBonnyfarm Veronique (Goldwyn par Leader)

à Alberto, Giovanni et Mario Chiappini, éle-veurs à Ghedi (Lombardie).

Mention d’honneurZanaboni Goldwyn Chiara ET TL (Goldwyn par Lee) à Cecilio Donzelli, éleveur à Chieve, dans la province de Crémone (Lombardie).

Meilleure mamelle jeunes vachesBonnyfarm Veronique.

Meilleure mamelle vaches adultesToc-Farm Allen Amyly.

Palmarès du 59e Concours national

TYPEX N°90 DÉC. 2009 - JANV. 2010

veurs, l’exploitation laitière baptisée Bonnyfarm produit 22 000 quintaux de lait avec 200 vaches. « Nous livrons le lait à la Cooperativa lattiera Sore-sina, à Crémone, pour fabriquer du grana padano. Le lait nous est payé 28 centimes le litre avec un taux protéique de 3,45 et de 3,80 pour la matière gras-se. En fait, déplore Gianni Chiappini, c’est la grande distribution qui achète le fromage qui fi xe le prix du lait ! ». 80 % de ce qui est donné aux vaches sont produits sur la ferme. « Le maïs, le sorgho et le blé sont en rotation. Nous cultivons une trentaine d’hectares de luzerne et du ray-grass. Au total, nous avons 150 hectares de cultures. » La ration des vaches comprend 21 kilos de maïs trinciato, 10 kilos de sorgho ensi-lé, 0,5 kilo de paille, 1,5 kilo de luzerne, 1,5 kilo de farine de soja, 4 kilos de farine de maïs, 3 kilos de maïs humide,

1,5 de graines de coton et 2,5 kilos d’une préparation de vitamines et de minéraux. « J’étais tout gosse quand la passion de la génétique m’a pris. Elle ne m’a jamais quitté, raconte Gianni Chiappini. Même si j’ai vite découvert que dans ce domaine un plus un ne font jamais deux. Dans notre histoire rien n’a été facile. On nous a abattu trente vaches à cause de la brucellose. Je suis aussitôt allé en Allemagne en acheter de nouvelles avec beaucoup de sang canadien. » Entre 1982 et aujourd’hui, l’éleveur a effectué une vingtaine de voyages au Canada et aux États-Unis. Toujours pour la même raison : « Voir de beaux taureaux, des élevages, parler à des éleveurs. Je me disais à chaque fois que si eux y arrivent, pourquoi pas moi ! ». Gianni Chiappini avoue, à tra-vers une phrase mystérieuse « aimer la nouveauté, mais préférer quand même

la certitude ». À Bonnyfarm, Shottle, chez ABS, a la préférence avec Lau-rin, de World Wide Sires. Million, un fi ls de Outside, est également apprécié, comme Goldwyn (par Leader), mort cette année. « Goldwyn était le père de ma championne Veronique. Un taureau fabuleux ! » Gianni Chiappini énumère les qualités de la vice-championne de Crémone, classée septième vache en Italie pour l’indice génétique : « Une vache pour le spectacle, c’est-à-dire le plaisir des yeux, mais aussi une excel-lente productrice de lait. Une mamelle d’artiste qui touche à la perfection. Des pieds et des articulations exceptionnels. Un cou long. Une grande vache de plus d’1,70 mètre, qui peut nous rappeler les vaches d’autrefois, toute la classe des animaux d’aujourd’hui en plus. »

D.-J. L.

Réserve grande championne : Bonnyfarm Veronique (Goldwyn x Leader x Astre) à Chiappini Alberto, Giovanni e Mario S.S. - Ghedi (BS)

Mention honorable : Zanaboni Goldwyn Chiara ET TL (Goldwyn x Lee x Storm) à Donzelli Cecilio - Chieve (CR)

Prix beauté et utilité : Rubens Gaia (Rubens x Lee x Mtoto à l’Azienda Agricola Campo di Merlo Dott. Azelio Marsicola (R.)

Réserve champion-ne adulte : All.mulino Mtoto Fininvest (Mtoto x First x Bellwood) à la Societa’ Agricola AL.BE.RO. S.R.L. - Piacenza (PC)

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AAprès Select Sires, ABS, CRV, Alta, Semex, Accelerated genetics, TWG et Umotest, l’Italien Semen Italy rejoint le club fermé des producteurs de semences sexées qui utilisent la technologie Sexing Technologie. La gamme de semences sexées va por-ter le nom de Foemina, et Semenzoo France va commercialiser une large gamme de géniteurs. « Notre labora-toire sera doté de quatre machines de troisième génération », souligne Cinzia Casali, responsable du laboratoire. Les performances sont au rendez-vous : la semence est traitée à la vitesse

de 90 km/h, l’appareil peut prendre 45 000 décisions par seconde. 7 à 8 doses sont produites chaque heure avec 90 % de pureté, le labo fonction-nant 5 jours par semaine et 24 heures sur 24. La technique, on la connaît : elle utilise des appareils qui portent le nom barbare de cytofl uorimètre à fl ux. Elle repose sur un principe simple : les spermatozoïdes porteurs du chromo-some X (qui va générer une femelle au moment de la fécondation) contien-nent 3,8 % d’ADN en plus. Ensuite, on injecte deux types de colorants : l’un qui se fi xe à l’ADN sans abîmer

la paroi des cellules, l’autre de cou-leur rouge qui pénètre dans les cellu-les mortes. Ensuite, le liquide passe à travers une aiguille où une lumière laser est appliquée, sa forme particu-lière permet à tous les spermatozoïdes d’être exposés à la même intensité lumineuse. En fonction de la quantité de lumière émise, à savoir qu’un sper-matozoïde contenant un chromosome X sera plus lumineux, on ajoutera une charge électrique dans le spermato-zoïde : une charge négative pour les cellules X, une charge positive pour les Y. Au fi nal, un champ électrique permet de faire le tri entre les sperma-tozoïdes porteurs d’un chromosome X et ceux porteurs du Y. Les cellules mortes sont, bien entendu, à part. En règle générale, l’objectif est avant tout de trier les cellules X des autres : « On

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on Semen Italy

Lancement du sexage de la semenceSemen Italy a mis le cap sur le sexage de la semence de taureaux Holstein. La coopérative a investi dans quatre machines situées à Bibbiano près de Crémone. Un pari pour l’avenir.

7 à 8 doses sont produites chaque heure avec 90 % de pureté, le labo fonction-nant 5 jours par semaine et 24 heures sur 24.

Après Select Sires, ABS, CRV, Alta, Semex, Accelerated genetics, TWG et Umotest, l’Italien Semen Italy rejoint le club fermé des producteurs de semences sexées qui utilisent la technologie Sexing Technologie.

Que trouve-t-on dans une dose de semence sexée Foemina ? Elle contient 2,1 millions de sperma-tozoïdes, dont 90 % sont des sperma-tozoïdes X.

Comment reconnaître une paillette Foemina ?Par son format puisque toutes les paillettes sont des mini. La couleur : les paillettes sont rose vif. Enfi n les informations inscrites comportent deux lignes de chiffres et de let-tres. Sur la première, on peut lire

277 STSEX FEM 9.0. Le chiffre 277 correspond au numéro du labora-toire italien, numéro que lui a confi é l’entreprise propriétaire de la tech-nologie. Le reste signifi e semences sexées femelles avec 90 % de pureté. Sur la seconde ligne, on peut lire la date de production, le numéro du laboratoire, le numéro d’identité du taureau et son nom.

Qu’est-ce qui différencie le système italien ?« Notre laboratoire est situé sur le

site même d’une taurellerie et à moins de 40 minutes d’un autre. Nous pou-vons aller vite et travailler sur de la semence fraîche. Ensuite, nous avons choisi de faire travailler les quatre machines en même temps sur la semence d’un taureau. Une fois que l’éjaculat est retraité, on nettoie l’ap-pareil de fond en comble. Ce mode opératoire nous apporte des garanties en matière sanitaire », assure le doc-teur casali. D’autre part, la sélec-tion des taureaux correspond à un cahier des charges précis : à savoir

Questions-réponses sur la semence sexée

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24 TYPEX N°89 ocT. - Nov. 2009

PRoF

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on semeN itAly : lANCemeNt dU sexAge de lA semeNCe

pourrait, en fonction des besoins de tel ou tel marché, trier les spermato-zoïdes Y, mais pour être pleinement efficace, la machine sélectionne l’un ou l’autre des spermatozoïdes. Soit on

conserve les cellules X et le reste est supprimé, soit c’est les Y et le reste est éliminé. Le logiciel tourne à vitesse maximale si l’on sélectionne les sper-matozoïdes X ou Y, pas les deux à la

fois », poursuit la scientifique. Bref, la production de semence sexée est un processus technologique et industriel complexe. « Au final, 20 à 30 % des spermatozoïdes sont conservés, ce qui veut dire qu’entre 70 et 80 % sont éliminés. Le processus de sexage est donc loin d’être anodin, ce qui fait au passage de la paillette de semences sexées un produit différent de celui de semences traditionnelles. La pureté de la paillette est de 90 % ; techniquement on pourrait faire mieux, mais il s’agit du meilleur compromis entre pureté et prix. Les cellules mortes sont élimi-nées », assure-t-elle. Ensuite, le liquide est réfrigéré puis congelé. Bien enten-du, le niveau de qualité des semences est de nouveau contrôlé après congé-lation, où l’on vérifie notamment la mobilité des spermatozoïdes.

E.L.D

Le laboratoire est doté de quatre machines de troisième génération.

que l’éjaculat à la base doit avoir des propriétés physiques particulières. « La qualité des spermes à sexer doit être au-dessus de la normale », pour-suit la scientifique. Au passage, les taureaux candidats au sexage de la semence ont bien entendu réussi la batterie de tests sanitaires néces-saires à un taureau de station. La mobilité, la vitalité, la morphologie des spermatozoïdes sont contrôlées lorsque la semence est fraîche. Une fois qu’elle est congelée, on vérifie la mobilité, la concentration ou l’in-tégrité des spermatozoïdes. Au final, la paillette de semence sexée ne conduit pas à la conception d’embryons avec des anomalies. « D’ailleurs, il y a une traçabilité par-faite. On conserve toutes les données enregistrées ». Si tout ce protocole et ce processus garantissent un produit sain et conforme aux standards de qualité, la technique d’insémination doit être elle aussi exemplaire.

Pourquoi avoir recours à la semence sexée ?Si la semence sexée a largement été mise en avant par les différentes unités de sélection en 2008, cet effet semble retomber. Semen Italy mise beaucoup sur le produit et ses effets positifs pour les éleveurs, mais atten-tion, ce type de paillette ne peut être mis entre toutes les mains, ni être

réservé à toutes les femelles : « Les meilleurs résultats sont concluants dans les élevages qui ont un bon niveau de management général. La qualité de la détection des chaleurs est notam-ment un élément important. Ensuite, si l’on insémine les vaches, il faut impérativement choisir celles qui sont les plus saines et les plus fécondes », poursuit Giovanni Ramella, respon-sable du programme de sélection. Dans les autres pays, les résultats sont sans équivoque : 90 % des veaux nés sont des femelles. Mais attention, il faut aussi s’attendre à une chute du taux de conception de l’ordre de 14 % par rapport à une semence traditionnelle. « Si l’on compare les niveaux de réussite des IA, l’efficacité de la semence sexée est de l’ordre de 80 % par rapport à celle de la semence traditionnelle », assure le responsa-ble. L’intérêt d’avoir des femelles est multiple. Premièrement, il intervient au niveau des vêlages qui sont plus faciles lorsqu’il s’agit de la naissance d’une femelle. Une étude hollandaise l’a montré : seulement 5 % des nais-sances de femelles sont difficiles. Pour la mise bas de mâles, 13,4 % sont réputées difficiles. Une mise bas difficile pénalise ensuite la mise en route de la lactation, avec à la clé des pertes de lait. En utilisant de la semence sexée, il faut s’attendre à une hausse des performances de

production des primipares. « L’avantage de la semence sexée doit aussi permettre de choisir les meilleu-res mères pour concevoir les animaux de renouvellement. Sans semence sexée, un éleveur insémine toutes ses femelles en espérant la naissance de suffisamment de femelles pour renouveler. Avec la semence sexée, il peut les choisir. Il augmente ainsi la pression de sélection sur son trou-peau. En choisissant les femelles et les mâles, les facteurs d’amélioration sont importants », commente pour sa part Lucio obici. Si le gain technique semble plus faci-le à percevoir, qu’en est-il en matiè-re financière ? « Dans la production d’une génisse, les études montrent que le coût de la semence est mar-ginal. Le coût de la semence tradi-tionnelle représente 1,70 % du coût de production d’une génisse (NDLR : lire tableaux). Pour la semence sexée, on arrive à 5 %, ce qui reste marginal. Le coût d’alimentation et les charges fixes sont les postes les plus impor-tants. Sur un troupeau de 50 vaches, le différentiel est de 4 000 euros en faveur du choix de la semence sexée. Cet écart repose sur la valeur du chep-tel obtenu, à savoir qu’un petit mâle n’a pas ou peu de valeur marchande contrairement à une petite génisse », constate le directeur commercial de Semen.

Page 12: Typex magazine gros plan Italie

proFessioN semeN itAly : lANCemeNt dU sexAge de lA semeNCe

25ocT. - Nov. 2009 N°89 TYPEX

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VERONA 4-7FEBRUARY 2010VERONA 4-7FEBRUARY 2010

Fertilité : résultats d’une étude américaine

Réussite en 1re IA Réussite en 2e IA Réussite en 3e IA MoyenneSemence conventionnelle 56 % 53 % 44 % 56 %

Semence sexée 45 % 42 % 36 % 45 %

Comparaison efficacité 80 % 79 % 82 % 80 %

Comparatif du coût de production d’une génisse inséminée avec de la semence sexée et avec de la semence traditionnelle

Génisse inséminée avec de la semence traditionnelle

Génisse inséminée avec de la semence sexée

Valeur génisse 350 € 350 €Alimentation (1,34 € /jour) 980 € 994 €Main-d’œuvre 130 € 122 €Coût fixe 310 € 314 €Frais vétérinaires 100 € 100 €Total 1 870 € 1 890 €

Prix moyen de la dose

Taux de réussite de l’IA

Nombre moyen de doses nécessaires à la fécondation

Semence conventionnelle 22 € 68 % 1,4Semence sexée 55 € 55 % 1,8