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Eine Freiburger Musikgeschichte Trois Romances pour saxophone et piano Rapport de travail Vincent Magnin Collège Saint-Michel, Fribourg Travail de maturité Avril 2014

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Eine Freiburger Musikgeschichte

Trois Romances

pour saxophone et piano

Rapport de travail

Vincent Magnin

Collège Saint-Michel, Fribourg

Travail de maturité

Avril 2014

2

Table des matières

1. Introduction ............................................................................................................ 3

2. Définitions et options formelles ............................................................................. 4

2.1 Le romantisme ............................................................................................................. 4

2.2 La romance .................................................................................................................. 4

2.3 Le saxophone ............................................................................................................... 5

2.4 Options formelles ........................................................................................................ 5

3. Cheminement dans la composition ....................................................................... 6

4. Difficultés rencontrées dans la composition ........................................................ 8

5. Rêverie ................................................................................................................... 10

5.1 Texte .......................................................................................................................... 10

5.2 Document photographique ........................................................................................ 10

5.3 Analyse ...................................................................................................................... 11

6. Eveil ....................................................................................................................... 14

6.1 Texte .......................................................................................................................... 14

6.2 Document photographique ........................................................................................ 14

6.3 Analyse ...................................................................................................................... 15

7. Nostalgie ................................................................................................................ 17

7.1 Texte .......................................................................................................................... 17

7.2 Document photographique ........................................................................................ 17

7.3 Analyse ...................................................................................................................... 18

8. Conclusion ............................................................................................................. 20

9. Remerciements ..................................................................................................... 20

10. Bibliographie ........................................................................................................ 21

11. Source des illustrations ........................................................................................ 23

12. Annexes ................................................................................................................. 23

3

1. Introduction

De nos jours la musique est omniprésente : que ce soit à la radio, à la télévision, dans nos

portables ou dans les commerces et autres espaces publiques.

Bien que cet art soit enseigné dès le plus jeune âge dans les écoles, nous oublions trop souvent

qu’un compositeur est à la source de toute œuvre musicale, de la plus populaire à la plus

élitiste. J’ai ainsi constaté que depuis plusieurs années j’interprétais des œuvres sans jamais

vraiment m’intéresser à leur mode d’écriture.

La composition d’une œuvre originale dans le cadre de mon travail de maturité me donne

l’opportunité de me familiariser avec les outils et les connaissances nécessaires à un

compositeur, qui doit transformer une page blanche en musique. Je pourrai ainsi faire le point

sur mes acquis musicaux, approfondis lors de mes cours en option musique, mais également

lors de mes cours au conservatoire de Fribourg ; des acquis tels que les différentes tonalités,

les intervalles, les cadences, la relation entre les différentes fonctions et l’histoire de la

musique.

Ce travail me permet également d’exprimer mon intérêt pour le graphisme par la création

d’une affiche de récital.

Dans ce rapport, je vais traverser diverses étapes. J’exposerai tout d’abord mes choix pour la

registration et le style, puis je détaillerai mon cheminement dans la composition et les apports

extérieurs. Je ferai également un bilan de mes doutes, de mes difficultés et de mes

acquisitions; sans oublier bien évidemment la partie principale de mon travail : mes

compositions.

4

2. Définitions et options formelles

2.1 Le romantisme

L’ère romantique débute à la fin du XVIIIème siècle et s’étend jusqu’au XIXème siècle1. En

Europe, elle imprègne toutes les formes d’art : aussi bien le courant littéraire que la peinture,

la danse ou la musique.

La musique produite durant cette période exprime la liberté, le goût du mystère, les

sentiments, la passion amoureuse, l’exaltation de la nature et de la nuit2. Elle peut tantôt être

lumineuse et calme, tantôt tourmentée et sombre. Son but est de susciter de l’émotion chez

l’auditeur. L’écriture de la musique romantique est libre et audacieuse. A travers elle,

plusieurs innovations apparaissent dans les rythmes et les sonorités ; un exemple étant la

Symphonie fantastique op.14 d’Hector Berlioz (1803 – 1869)3.

Ce mouvement a généré différentes formes de pièces : la symphonie, le lied, le ballet, le

nocturne, la sonate, le rondo, l’opéra, des suites extraites d’opéras et de ballets.

2.2 La romance

La romance est quant à elle un genre musical né à la fin du XVIIIème siècle. Issue de la

redécouverte du Moyen-Age et des chansons de troubadours, elle est très populaire en France

et en Italie. La romance a un caractère simple et attendrissant. Elle ne suit pas de forme stricte

et laisse ainsi libre cours aux pensées, à l’imagination et aux émotions. Elle correspond plutôt

à une musique de salon et n’a que peu de caractère politique. En France, elle fait la transition

entre la musique de salon et la musique savante. Ainsi, on la retrouve aussi bien dans la

musique chantée qu’instrumentale. Elle finit par disparaître à la fin du XIXème siècle et est

depuis « un genre oublié et rétrospectivement méprisé »4.

1 BERNARDEAU, Thierry, PINEAU, Marcel, 1995, p. 18 2 Consulté le 15 septembre 2013. <http://www.maremurex.net/romantisme.html>

3 Consulté le 22 décembre 2013. <http://patachonf.free.fr/musique/berlioz/fantastiquep.php>

4 LAROUSSE. Consulté le 15 février 2014. <http://www.larousse.fr/encyclopedie/musdico/romance/169900>

5

2.3 Le saxophone

Inventé au milieu du XIXème siècle, le saxophone est trop récent pour profiter du mouvement

romantique. Néanmoins, après avoir breveté son invention à Paris en 1846, Adolph Sax a la

chance de rencontrer Berlioz qui publie un article sur ce nouvel instrument et le fait connaître

aux compositeurs de l’époque : Rossini, Debussy, Bizet (L’arlésienne) et Ravel (Le Boléro)5.

Son intégration dans l’orchestre symphonique soulève diverses polémiques et sa popularité

diminue.

Le saxophone est un instrument à vent, à hanche simple et de construction métallique. Il est

principalement utilisé dans la musique militaire ; il fait partie de la famille des bois.

En 1920, il fait son entrée dans le jazz. Le saxophone traverse ensuite l’Atlantique pour être

adopté par la population afro-américaine qui lui donne une nouvelle dimension avec un son

différent. Il devient ainsi un instrument de soliste.

Grâce à son timbre et à ses grandes variations dans l’expression, du pianissimo au forte, il

traverse la musique dite classique (le néoclassicisme, atonal, expressionnisme, contemporain,

tradition, musique actuelle électrifiée ou non)6.

C’est sa large palette de timbres et ses possibilités expressives qui ont motivé son emploi dans

mon travail. Dans les duos composés pour mon travail, je fais plus précisément usage du

saxophone alto que je trouve très proche de la voix humaine.

2.4 Options formelles

La thématique de mon travail est liée à l’avenir que je projette dans la musique et à ma

passion pour le saxophone classique. De plus, depuis plus d’un an, je travaille avec une amie

pianiste et cela m’a donné envie de créer une composition pour notre duo. Je propose donc

dans ce travail : la composition de trois romances pour saxophone et piano.

5

PROST, Nicolas, 2008, p. 12-30. 6 Consulté le 29 décembre 2013. <http://fr.wikipedia.org/wiki/Saxophone>

6

Dans cet intitulé, je retiens les définitions précitées ; l’esprit poétique selon l’expression du

romantisme et la simplicité (naïveté) narrative propre à la romance.

La musique romantique me touche et me passionne. J’aime l’interpréter mais je dois souvent

me contenter de transcriptions car la courte histoire du saxophone ne lui a pas permis

d’enrichir son répertoire durant cette période. J’ai découvert ce style de musique en étudiant le

piano, mais aussi en assistant à de nombreux concerts de musique de chambre. La

connaissance des trois romances, op. 21 de Clara Schumann a également influencé la

rédaction de mon ouvrage.

3. Cheminement dans la composition

Dès l’annonce de l’acceptation de mon choix pour une composition, je me suis mis à la

recherche d’un programme d’écriture musicale. Après avoir testé les versions d’essais de

Finale7, Pizzicato

8 et Sibelius

9, j’ai finalement choisi ce dernier suite aux recommandations

des professeurs et d’amis. J’ai étudié son fonctionnement avec les tutoriels disponibles sur le

net.

Parallèlement, j’ai réuni des documents sur la composition dont l’abécédaire de la

composition10

et la composition musicale11

d’Yves Ferger. J’ai également consulté différents

sites internet sur le romantisme et la romance.

Pour m’imprégner de cette période, j’ai écouté activement quelques œuvres des compositeurs

suivants :

Robert Schumann 1810-185612

Clara Schumann 1819 – 189613

Hector Berlioz 1803 – 186914

Franz Schubert 1797 – 182815

7 FINALE. Consulté le 19 septembre 2013. < http://finale.fr.malavida.com/>

8 2013. Consulté le 18 septembre 2013. <http://www.arpegemusique.com/manuel36/FR730.htm>

9 Consulté le 23 septembre 2013. <http://www.sibelius.com/cgi-bin/download/get.pl?com=sh&prod=sibdemo&p

age_language=fr> 10

GOYONE, Daniel, 2012. 11

FERGER, Yves, 2000. 12

BARROWS, John, 2005, p. 181 13

BARROWS, John, 2005, p. 175 14

BARROWS, John, 2005, p. 195 15

BARROWS, John, 2005, p. 204

7

A la mi-octobre, j’ai commencé à improviser des mélodies au saxophone, mélodies que j’ai

enregistrées afin de les retranscrire sur une partition. Cette méthode a l’avantage de laisser

libre cours à l’imagination en n’imposant pas directement une tonalité à une mélodie ; mais la

difficulté est survenue plus tard, pour lui assigner une tonalité et l’harmoniser.

J’ai finalement opté pour un autre mode de fonctionnement en effectuant une recherche

d’images qui pourraient m’inspirer une histoire. Elles devaient illustrer de manière

significative ou symbolique les titres que j’avais choisis pour chaque pièce en fonction du

caractère que je souhaitais leur donner. Les termes de : Rêverie – Eveil – Nostalgie ont été

choisis pour leur potentiel de création expressive et libre. Malgré ma jeunesse, je peux déjà

traduire des expériences et du ressenti en rapport avec ces thèmes.

Avant de devenir une pièce musicale, chaque titre est devenu un texte. L’écriture m’a ensuite

permis d’exprimer le cheminement de chaque idée et d’en préciser les contours. Les textes

m’ont servi de scénario lors du passage à la partition.

Le souhait de ne pas produire des pièces d’un style purement descriptif m’a obligé à faire de

nouvelles recherches qui m’ont amené à découvrir la musique à programme. Dans le sens que

lui donnait Franz Liszt, la musique à programme16

est une musique narrative, illustrative, qui

fait référence à un élément extérieur comme un titre, un texte, une image. Je peux citer en

exemple « Danse macabre » de Camille Saint-Saëns17

.

Séduit par cette définition, j’ai séparé mon texte en plusieurs parties, en mettant en évidence

les points essentiels. J’ai ainsi obtenu un plan et un programme sur lesquels j’ai pu me baser

pour définir la forme de mes pièces.

J’ai rédigé mon rapport de travail parallèlement à la création des romances. De cette façon,

j’ai directement pu inclure les réflexions qui nourrissaient mes compositions et reformuler

mes paragraphes en fonction de l’évolution de mes résultats.

16

LAROUSSE. Consulté le 27 décembre 2013. < http://www.larousse.fr/encyclopedie/musdico/

programme/169699> 17

Consulté le 21 décembre 2013. <http://prof.musique.free.fr/3eme/musiqueaprogramme/musique_a_programm

e_document_eleve.pdf>

8

4. Difficultés rencontrées dans la composition

Je n’ai pas encore suffisamment de recul sur mon travail pour évaluer mes difficultés

hiérarchiquement, des plus importantes aux plus anodines. Néanmoins, je les ai compilées,

telles qu’elles me sont apparues dans le processus de création, en y incluant mes impressions

finales.

Le premier obstacle a été de me mettre à distance des œuvres des différents compositeurs que

j’avais écoutées auparavant. Il a fallu de la concentration et du temps pour entendre ma propre

musique et pour que l’inspiration vienne de l’intérieur.

J’ai également dû compléter mes connaissances pour résoudre des problèmes d’harmonisation

et pour maîtriser le logiciel d’écriture musicale.

N’étant pas particulièrement « littéraire », l’écriture des textes, trame de mes compositions, a

été une étape importante qui n’a pas été évidente dans mon parcours.

Un autre point délicat a été la gestion du temps. En effet, le fait de suivre simultanément le

conservatoire en filière préprofessionnelle et le collège a provoqué des situations de stress

dans le courant des premiers mois. Heureusement, dès les vacances d’automne, j’ai réussi à

gérer mon temps en m’obligeant chaque week-end à y consacrer deux à trois heures de travail.

Les vacances de Noël ont aussi été un bon moteur pour moi car elles m’ont évité d’être

toujours interrompu dans la tâche et de devoir à chaque fois me remettre dans l’ambiance.

Dans un premier temps, le fait de commencer une deuxième pièce, parallèlement à la

première, n’a pas été facile car je restais centré sur la mélodie de la première pièce et je ne

parvenais pas à me détacher de mes réflexions en suspens.

En progressant dans la réalisation de mon travail, j’ai été confronté à d’autres difficultés.

Lorsque je me suis mis à relire ou à réécouter une partie considérée comme définitive, le

doute s’est souvent installé, me forçant à retravailler cette partie pour parvenir à un résultat

plus satisfaisant. Un autre problème est survenu lors de l’écriture des partitions, car je savais

quels phrasés je voulais entendre, mais j’avais du mal à choisir les bonnes articulations.

9

J’ai aussi éprouvé de la frustration lorsque mes limites techniques et théoriques ne me

permettaient pas de retranscrire fidèlement mes idées. Naturellement, j’ai fait des recherches

littéraires, car je ne voulais pas avoir trop souvent recours à d’autres personnes, comme mon

professeur de saxophone ou de piano ; ceci afin de ne pas être influencé dans ma composition

et pour qu’elle soit le plus personnelle possible.

Je dirais que l’écriture de ces pièces est une belle aventure. Elle m’a appris à gérer différentes

émotions : la colère quand tout ne fonctionnait pas comme prévu, la surprise lorsque dans un

moment de stress j’oubliais d’enregistrer les modifications de ma partition dans le logiciel

d’écriture, le doute lorsqu’un instant j’ai eu l’impression d’avoir fait du plagiat. Mais j’ai

surtout ressenti de la joie, lorsque j’ai partagé l’évolution de mon travail avec mon tuteur et de

l’enthousiasme lorsque j’ai écouté les premiers résultats avec ma famille.

Un obstacle est finalement apparu dans l’ultime étape de mon travail, au moment où il fallait

se satisfaire de son ouvrage et arrêter l’écriture. J’ai en effet été contrarié par la limite de

temps, car j’aurais sans cesse eu envie d’apporter des améliorations.

10

5. Rêverie

5.1 Texte

C’est l’histoire d’un petit garçon qui, au petit matin, déambule avec tristesse dans les rues

désertes d’une ville. Le quartier est plongé dans un épais brouillard et il fait très froid. Le

bambin semble abattu par des pensées négatives ; plus rien ne semble pouvoir le faire sourire.

Après avoir longé les façades d’immeubles imposants, il arrive sur une place et il découvre un

grand manège, décoré de fresques. Des lumières clignotantes semblent l’appeler.

C’est avec empressement qu’il monte sur un cheval de bois pour faire un tour de manège. Il a

déjà choisi sa monture car elle ressemble aux chevaux qui le font rêver dans une bande

dessinée qu’il a lue plus d’une centaine de fois ; c’est le seul objet qu’il possède.

La cloche sonne quatre fois et le manège se met à tourner. Le petit cavalier éprouve diverses

sensations, puis il esquisse un sourire, sûrement le premier. Il se sent libre et se prend pour un

personnage de son album. Il s’imagine en pleine aventure, dans un monde où plus rien

n’existe autour de lui, si bien qu’il y reste des heures.

Soudain, tout ralentit. Les lumières pâlissent et la musique s’affaiblit. Un flash ; il ouvre les

yeux et se retrouve assis dans une petite ruelle, appuyé dans un coin. Il s’était assoupi.

5.2 Document photographique

Fig. 1 : le manège enchanté

11

5.3 Analyse

Cette pièce prend la forme d’un lied varié, ABA’. Dans la première partie de la pièce, où

l’enfant marche seul dans le froid, j’ai choisi la tonalité de mi mineur. Dans l’ouvrage « Das

Neu-eröffnte Orchester »18

du compositeur allemand Johan Matheson, cette tonalité évoque

des pensées profondes, le trouble et la tristesse, mais de manière à faire naître l’espoir,

l’espoir d’une consolation.

Pour installer l’ambiance, le piano commence seul avec deux mesures de quatre triolets,

jouées de la main gauche. La particularité de cet accompagnement est son deuxième temps

qui est un arpège de septième de do majeur alors que nous sommes dans une tonalité de mi

mineur ; la signature rythmique donnée est de 4/4.

A partir de la troisième mesure, une mélodie binaire vient se greffer à la main droite pour

illustrer pleinement la tristesse et l’accablement du petit garçon. Il est fréquent que durant la

période romantique, des compositeurs tels que Chopin écrivent un rythme binaire pour la

main droite et un rythme ternaire pour la main gauche.

Dans cette partie, des octaves parallèles permettent à la mélodie d’avoir plus d’ampleur et de

poids. Elle contient aussi des suites de croches ou de noires qui, dans un tempo lento, font une

opposition au rythme ternaire de la main gauche ; ceci pour exprimer la démarche lourde et

hésitante du petit garçon dans le cours du temps.

Toute la première partie du piano en solo respecte la carrure de phrases musicales, de 4

mesures en 4 mesures. Celle-ci se finit par un accord complet de tonique.

Le saxophone entre sur le quatrième temps de la dixième mesure, lui aussi avec une mélodie

pesante constituée d’une succession de mouvements ascendants et descendants, évoquant de

grands soupirs.

18

MATHESEN, Johann, 1713, réédité en 1997.

12

La mesure 21, amenée par un crescendo, marque le sommet de la mélodie. Elle est suivie d’un

long mouvement descendant pour arriver sur la sensible de mi mineur, ré dièse. Cette sensible

demande une résolution ; il se crée donc à ce moment une tension qui vise à exprimer

l’éblouissement du petit garçon devant le magnifique manège. Ce passage est suivi d’un

silence qui, en musique, est la plus grande source de tension.

Après ce silence commence la deuxième partie de la pièce. Avec vivacité, une modulation

intervient avec un mi majeur qui est la dominante du relatif majeur par rapport à mi mineur.

Dans le Traité de l’harmonie chapitre 24, livre second, Jean-Philippe Rameau associe le

mode majeur « au chant tendre et gai, ou encore au grand et au magnifique »19

. On passe

d’une mesure binaire dans la première partie à une mesure ternaire 12/8 dans la deuxième

partie, s’apprêtant mieux au mouvement du manège. Le rythme noire – croche – noire –

croche – noire en crescendo représente les quatre coups de cloche annonçant la mise en

mouvement du manège.

A la 26ème

mesure commence un nouveau thème qui débute par trois croches ascendantes liées

qui lancent définitivement le manège. Cette mélodie est accompagnée d’un mouvement de

valse avec une note seule tenue, suivie de deux accords de la main gauche, ce qui représente

le mouvement de la manivelle de l’orgue de barbarie et la rotation du manège. En parallèle, à

la main droite : un contre chant, qui est essentiellement composé de noires pointées ce qui

renforce chaque temps.

La même suite de croches descendantes des mesures 28 et 29, piano puis mezzo forte, illustre

le sourire timide, nouveau pour le petit garçon. La deuxième fois, il est assumé et affirmé.

Les trois premiers temps de la mesure 33 sont les mêmes que ceux de la mesure 32, mais avec

la transposition d’une tierce majeure plus haute. Elle se termine avec un sommet mélodique

pour ensuite redescendre ; cela évoque un moment fort dans les aventures qu’il s’imagine.

A la mesure 34, nous reprenons le même thème qu’au début du moderato, en changeant les

rythmes et en le développant. Le rythme croche – croche pointée – double revient

fréquemment, ce qui donne une mélodie plus sautillante tout en gardant un mouvement fluide

grâce aux trois croches liées en fin de mesure.

19

RAMEAU, Jean-Philippe, 1722, p.157.

13

Le contre chant de la main droite s’arrête à la mesure 36 pour laisser place à de petites

réponses entre le saxophone et le piano. Le piano commence par le même motif que le

saxophone mais simplifié. Ensuite, chaque réponse se rapproche du motif du saxophone pour

enfin être le même.

A la mesure 44, le molto rallentando et les deux bécards du troisième temps retranscrivent le

ralentissement et le clignotement du manège.

Puis, le long decrescendo représente la musique qui s’affaiblit pour arriver à la mesure 46,

avec un tempo primo ; un retour au thème de la première partie en mi mineur au piano, qui

cette fois se joue au saxophone. Pour remplacer la mélodie manquante à la main droite du

piano, j’ai mis des notes tenues qui remplissent l’harmonie. Le premier thème du saxophone

de la partie A est repris mais n’est joué qu’une seule fois.

C’est le retour à la dure réalité du jeune garçon. La pièce se termine avec la tonique à la basse,

ce qui donne tout le poids à l’accord final.

14

6. Eveil

6.1 Texte

Mon corps, encore engourdi de sommeil, peine à s’éveiller aux sensations matinales. La

douce chaleur ressentie sur mon visage et la lueur rouge perçue au travers de mes paupières,

m’indiquent qu’un soleil radieux s’est invité dans ma chambre.

Je tente d’ouvrir mes yeux avec peine. L’éblouissement est tel que je les referme aussitôt pour

me laisser bercer par la rumeur naissante du jour. Mes pensées vagabondent entre un rêve

achevé et les promesses de cette nouvelle journée. Je savoure cet instant où mon corps

m’offre, par le confort de la situation, les meilleures dispositions à la réflexion.

Je finis néanmoins par m’étirer et dans l’élan qui me sort définitivement du sommeil, mon

regard se pose instantanément sur un livre resté ouvert sur mon chevet. Mon esprit saisit, au

milieu d’un chapitre fraîchement lu, un mot souligné d’un trait de plume : Carpe Diem20.

6.2 Document photographique

Fig. 2 : la chambre

20

Carpe Diem : définition, Expression tirée des vers d'Horace, un philosophe romain de l'Antiquité. Elle signifie

"cueille le jour sans te soucier du lendemain".

15

6.3 Analyse

Pour respecter les différents moments ainsi que l’atmosphère du texte retranscrit en musique,

j’ai choisi la forme continue.

J’ai opté pour la tonalité de ré bémol Majeur, pour sa sonorité douce mais aussi pour faciliter

l’armure du saxophone pour qui la tonalité sera si bémol Majeur. J’ai choisi le 3/8 car la

journée commence de façon fluide, ce qui explique la signature rythmique ternaire.

Le piano commence en solo avec une simple basse à la main gauche et des doubles croches à

la main droite ; ce passage représente le corps encore engourdi de sommeil. Un sommet

mélodique sur le premier temps de la quatrième mesure permet d’imager l’éveil des

sensations.

A la 5ème

mesure, il y a une cadence qui annonce l’entrée du saxophone à la mesure 6. Le

premier thème qui est joué au saxophone représente cette douce chaleur qui vient caresser le

visage.

A la mesure 16, l’intervalle d’octave, étant l’intervalle le plus consonnant et brillant,

symbolise le soleil.

A la mesure 22, c’est la seule fois dans la pièce où l’on trouve des triples croches. Ce

mouvement ascendant, suivi aussitôt dans la mesure suivante d’un mouvement descendant,

accompagné d’un crescendo-decrescendo, illustre la tentative d’ouvrir les yeux. Puis, pour

indiquer le bercement du jour, le piano reprend seul le premier thème du saxophone en

changeant la fin pour terminer la phrase musicale sur la mesure 36.

A la mesure 37, il y a un changement de signature rythmique ; on passe en 4/4. J’ai choisi une

mesure 4/4 car selon un commentaire de Gonzales Chilly, saisi au cours d’un concert diffusé

sur Youtube, « il y a quelque chose de satisfaisant pour l’homme dans le chiffre quatre »21

.

Un nouveau thème émane du saxophone. Il est constitué de valeurs longues ainsi que de

triolets pour exprimer les pensées qui vagabondent entre un rêve achevé et les promesses

21 GONZALES, Chilly, Consulté le 10 mai 2013. <https://www.youtube.com/match?v=TU7W2RG.EA>

16

d’une nouvelle journée. Pour renforcer l’effet du vagabondage, j’ai mis un trait avec un point

sur chaque croche composant le triolet dans la voix du saxophone. Tout ceci est accompagné

de valeurs longues à la main gauche ainsi que de triolets à la main droite.

A la mesure 46, un troisième thème prend jour. Il est légèrement inspiré du deuxième mais

n’est constitué que de valeurs longues. Celui-ci est accompagné de vagues en croches à la

main droite, pour signifier le confort de la situation et les meilleures dispositions à la

réflexion.

A la mesure 52, la répétition du mouvement ascendant au saxophone qui arrive sur la note fa

décrit l’étirement. Dans les trois dernières mesures, la note si, répétée à quatre reprises dans le

thème, retranscrit l’esprit saisissant des mots Carpe Diem.

17

7. Nostalgie

7.1 Texte

Je me rappelle de la région, de l’endroit, de la maison. A chaque fois que je m’y rendais, lors

des vacances d’été, je retrouvais le grand jardin dans lequel se rassemblaient quelques voisins,

devenus proches avec les années. Il y avait cette vieille dame, Marcelle, qui chaque année

nous apportait un merveilleux gâteau et de la bonne humeur. Avec mon frère, nous avions pris

l’habitude de lui rendre visite ; sans vous cacher que nous en profitions pour regarder la

télévision car nous n’en avions pas dans notre gîte. Elle était devenue un peu notre grand-

mère du mois d’août.

Les années qui suivirent étaient toutes empreintes du même bonheur jusqu’à ce qu'un été, un

événement vienne tout changer. Après être entré dans le hameau et avoir garé la voiture près

de notre logis, nous avons rejoint la maison de la vieille dame pour une retrouvaille rituelle,

mais cette fois la porte resta close...

7.2 Document photographique

Fig. 3 : la vieille dame

18

7.3 Analyse

La tonalité est en si bémol mineur. C’est une tonalité avec une sonorité très dure et terrible,

qui va bien avec le titre Nostalgie. Dans cette composition, elle est l’expression « d’une

tristesse liée à des choses passées, une amertume »22

.

Le saxophone commence directement avec un premier thème triste, accompagné

volontairement d’accords plaqués sur presque chaque temps, pour accentuer la peine.

Au dernier temps de la mesure 6, il y a une levée, suivie d’un mouvement conjoint descendant

sur la mesure suivante. Le même motif rythmique revient au dernier temps de cette dernière

mesure ; cela exprime une incompréhension.

Après une grande tristesse à la mesure 9, exprimée par des notes suraigües au saxophone, il y

a une détente sur les mesures 11 et 12 pour reprendre le premier thème jusqu’à la mesure 15

qui se termine sur la note fa #, la sensible de la tonalité sol mineur du saxophone ; cette

sensible, n’étant pas une note conclusive, me permet de faire une transition.

A la mesure 16 commence un long mouvement ascendant, avec toujours le même motif

rythmique : noire – croche – croche – blanche. Il aboutit à un sommet sur le troisième temps

de la mesure 18 et est suivi par une détente jusqu’à la mesure 20. C’est un moment qui illustre

le souvenir des relations et des moments de complicité que j’ai vécu avec cette vieille dame.

A la mesure 21 commence un nouveau thème beaucoup plus animé par ces valeurs brèves

telles que les double-croches. L’accompagnement est constitué d’une basse doublée à

l’octave, non changeante, qui se trouve sur le premier et le deuxième temps, ainsi que de

suites de doubles croches avec toujours le même dessin mélodique. La main droite fait des

sauts car elle joue la basse, puis arrive une noire plus aigüe qui se trouve sur la première

portée. Ceci exprime une révolte contre la nature de la vie.

22

Consulté le 15 janvier 2013. <http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/nostalgie/ >

19

A la mesure 28, le saxophone cède le thème à la main droite du piano et apporte son timbre

par des notes plus longues. A la mesure 36, le premier thème est repris au saxophone ; ainsi se

termine la pièce.

20

8. Conclusion

Ce travail de maturité m’a donné les moyens d’acquérir de nouvelles compétences et surtout

d’enrichir ma culture musicale. Dans mes acquisitions, je dois mentionner l’utilisation du

programme informatique Sibelius pour l’écriture de la musique et la découverte de la musique

à programme. J’ai acquis et amélioré mes notions d’harmonisation et de structuration.

L’utilisation du piano pour la création des pièces m’a aussi permis de progresser dans son

apprentissage.

Ce type de travail exige une maîtrise de la gestion du temps, élément dans lequel j’ai évolué

favorablement au cours des mois. Cette démarche a aussi été très constructive car ma vision

du compositeur a changée. Désormais, je me rends mieux compte du travail fourni et des

étapes parcourues, y compris celles de doutes et de remises en question, sans lesquelles un

processus créatif ne serait pas envisageable.

L’autonomie et la liberté, laissées dans le cheminement de cette composition, ont été très

appréciables, comme la possibilité de pouvoir jouer mes pièces devant un public et découvrir

l’émotion qu’elles suscitent, comme le veut la musique romantique.

En tant que musicien, j’interprète et cela ne dure qu’un instant, mais je me suis aperçu que

l’écriture d’une pièce laisse des traces…

9. Remerciements

J’adresse mes remerciements à :

Monsieur David Vonlanthen, pour m’avoir suivi et soutenu tout au long de mon travail

personnel.

Madame Elise Monney, mon accompagnatrice au piano.

Madame Jutta Lampart et Monsieur Alfred Lampart qui m’ont prêté leur piano et leur salle

pour l’enregistrement.

Et toutes les personnes qui m’ont aidé et encouragé pour la réalisation de ce travail de

maturité.

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10. Bibliographie

Ouvrages

BARROWS, John, La musique classique, Edition Gründ, 2005, 319 p.

BERNARDEAU, Thierry, PINEAU, Marcel, La musique : « Repères pratiques », Paris :

Nathan, 1995, 158 p.

FERGER, Yves, La composition musicale : « harmonie Tom I », production Yves Feger, 219

p.

FEGER, Yves, La composition musicale : « composition Tom II », production Yves Feger,

175 p.

GOYONE, Daniel, Abécédaire de la composition, Paris : Outre Mesure, 2012, 159 p.

MATHESEN, Johann, Das Neu-eröffnete Orchestre, Hambourg : B.Schiller, 1713, réédité par

Georg Olms, Hildesheim, 1997, 379 p.

Chapitres

« Les Lieder », in Encyclopédie des grands maîtres de la musique, volume 2. Alpha éditions,

1981, p. 73 – 76.

« Schubert et la voix humaine », in Encyclopédie des grands maîtres de la musique, volume 2.

Alpha éditions, 1981, p. 133 – 136.

PROST, Nicolas, « Naître en France », in Saxophone à la Française. Ed. Sax c’est l’air, 2008,

p. 12-30.

RAMEAU, Jean-Philippe, « De la propriété des modes et des tons », in Traité de l’harmonie,

livre second. Paris : Jean-Baptiste-Christophe Ballard, 1722, p. 157.

REBATET, Lucien, «Les Lieder », in Une histoire de la musique. Paris : Robert Laffont,

1969, p. 368 – 370.

SCHNEIDER Mathieu, « Précisions terminologiques », in Destins croisés. Du rapport entre

musique et littérature dans les œuvres de Gustave Mahler et Richard Strauss. Waldkirch :

édition Gorz, 2004, p. 74 – 84.

Documents web

« Finale 2012 ». Consulté le 19 septembre 2013. <http://finale.fr.malavida.com/>

« La composition musicale », 2013. Consulté le 18 septembre 2013. < http://www.arpege

musique.com/manuel36/FR730.htm>

« Le romantisme ». Consulté le 15 septembre 2013. < http://www.maremurex.net/

romantisme.html>

« Musique à programme : Camille Saint Saëns ». Consulté le 21 décembre 2013.

<http://prof.musique.free.fr/3eme/musiqueaprogramme/musique_a_programme_document_el

eve.pdf>

22

« Nostalgie ». Consulté le 15 janvier 2013. < http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/

definition/nostalgie/>

« Présentation de la symphonie fantastique ». Consulté le 22 décembre 2013. <

http://patachonf.free.fr/musique/berlioz/fantastiquep.php>

« Saxophone ». Consulté le 29 décembre 2013. < http://fr.wikipedia.org/wiki/Saxophone>

EHRHARDT, Damien, « La musique à programme et l’influence allemande en France 1870-

1914», 2004. Consulté le 20 décembre 2013. <http://www.academia.edu/1867681/

La_musique_a_programme_et_linfluence_allemande_en_France_1870-1914>

GONZALES, Chilly, Consulté le 10 mai 2013.

<https://www.youtube.com/match?v=TU7W2RG.EA>

LAROUSSE, « Romance », in Dictionnaire de la musique. Consulté le 15 février 2014. <

http://www.larousse.fr/encyclopedie/musdico/romance/169900>

LAROUSSE, « Musique à programme », in Dictionnaire de la musique. Consulté le 27

décembre 2013. < http://www.larousse.fr/encyclopedie/musdico/programme/169699>

PATRIMOINE DE FRANCE, « Romantisme ». Consulté le 28 septembre 2013.

<http://www.coindumusicien.com/ Lecoin/romantic.htm >

SIBELIUS. Consulté le 23 septembre 2013. <http://www.sibelius.com/cgibin/download/get.pl

?com=sh&prod=sibdemo&page_language=fr>

WIKIPEDIA, « la musique à programme ». Consulté le 16 décembre 2013.

<http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_%C3%A0_programme>

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11. Source des illustrations

(Droits d’auteur demandé)

Page de couverture : Saxophone, photo personnelle, Vincent Magnin, janvier 2012

Fig. 1 YASMINE, DG, « Le manège enchanté », 2011. Téléchargé le 24 octobre 2013.

<www.wiplay. com/user/yasminouboop/album/4006/photo/id/101250>

Fig. 2 BINJAM, « Inside/outside », 2013. Téléchargé le 24 octobre 2013.

<www.wiplay.com/user/binjam/album/6314/photo/id/97731>

Fig. 3 Marcelle et Vincent, Raymond Magnin, août 1998

12. Annexes

Annexe 1 : Déclaration sur l’honneur

Annexe 2 : Partition « Rêverie »

Annexe 3 : Partition « Eveil »

Annexe 4 : Partition « Nostalgie »

Annexe 5 : Contrat location salle Phénix

Annexe 6 : Affiche du récital (création : Vincent Magnin)

Annexe 7 : Support audio, CD