Triple Vie de l'Homme-Jacob Boehm

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  • 8/10/2019 Triple Vie de l'Homme-Jacob Boehm

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    De la triple vie de lhomme

    Selon le mystre des trois principes

    de la manifestation divinecrit daprs une lucication divine

    par Jacob Boehme

    autrement dit le Philosophe teutonique

    en lanne 1620

    Traduction de Louis-Claude de Saint-Martin

    www.Philosophe-inconnu.com

    2006

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    DE LA PRSENTE DITION

    Le 4 janvier 1795, Louis-Claude de Saint-Martin crit son ami Nicolas-Antoine Kirchberger : Je relis prsentma traduction franaise de la Triple vie ; cest pour moicomme un pays tout neuf en comparaison de lallemand,et mme en comparaison de ce que jen retirais en tradui-sant.

    Cest en 1793 que le Philosophe inconnu commena cetravail, demandant parfois son ami suisse de laider traduire certains termes ou expressions difficiles. Ce textene sera pas publi du vivant de Saint-Martin, mais en1809 chez Migneret, grce linitiative de Joseph Gilbertet de Prunelle de Lire.

    Cette dition sera rapidement puise, et il faudra at-tendre 1982, date laquelle les ditions dAujourdhui enpublient un fac-simil dans leur collection Les Introuva-bles , pour quon puisse lire nouveau cette uvre es-

    sentielle de Jacob Boehme. Ce volume nest plusdisponible depuis bien des annes ; cest donc un plaisirpour nous que den offrir une nouvelle dition, en esp-rant quelle comblera lattente des lecteurs.

    Marie FRANTZ

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    TABLE DES MATIRES

    Prcis de cet ouvrage ................................................................ 1

    CHAPITRE I

    De lorigine de la vie ; de lternelle gnration de lEssence divine 2

    CHAPITRE II

    De la base de la divine Engendreuse ....................................... 16

    CHAPITRE III

    De la sixime forme de la nature, et aussi un avertissement tou-chant la connaissance divine .................................................... 37

    De la septime forme de lternelle nature, la porte manifeste deltre des tres. ...................................................................... 43

    CHAPITRE IV

    De la septime forme de la nature, de la substantialit ou de la cor-poralit. En outre, des trois personnes dans la Divinit................. 58

    La trs puissante porte dans le centre, hautement considrer .. 60

    La Porte dans le Ternaire saint ............................................... 69

    CHAPITRE V

    De la chre et trs noble Vierge, la sagesse de Dieu et du mondeanglique. La seconde porte dans le Ternaire saint, hautementconsidrer. ............................................................................ 76

    La chre et profonde porte de lHomme, hautement considrer 84

    La Porte et la diffrence entre la Substantialit et llment, et entrele Paradis et le Ciel ................................................................. 88

    La Porte de ce monde ........................................................... 91

    CHAPITRE VI

    La seconde Porte du Monde, ainsi que du Paradis, hautementconsidrer ........................................................................... 104

    CHAPITRE VII

    Comment nous devons chercher ce que nous avons perdu ....... 123

    La Porte du ciel firmamentique avec les toiles et les lments, et

    de la triple vie de lhomme. La noble pierre des sages mise spirituel-lement en lumire vritable.................................................... 126

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    DE LA TRIPLE VIE Table des matires

    CHAPITRE VIII

    Que outre cette vie terrestre, il y a encore une autre vie en nous137

    La vraie Porte ouverte. Comment un homme peut se chercher et setrouver lui-mme. Do il a eu son commencement, et ce quil ad-viendra la fin. .................................................................... 141

    La Porte trs prcieuse........................................................ 148

    CHAPITRE IX

    De la triple vie, de limpulsion et de tout le rgime de lhommedans ce monde, hautement considrer .................................. 151

    La porte de la base profonde de lhomme............................... 158

    CHAPITRE X

    Plus amplement de la cration de tous les tres, et commentlhomme doit se chercher et se trouver, et comment il peut trouvertous les secrets jusque dans le nombre 9, et pas plus haut ......... 175

    CHAPITRE XI

    De la vraie connaissance de lhomme .................................... 188

    La Porte de la grande douleur et souffrance. Comment limage estdtruite dans le corps dela mre, tandis quelle (limage) est encoreen soufre ; de faon quede plusieurs images selon lesprit, vient unanimal, un crapaud, un serpent qui se fait connatre suffisamment parson tre, sa conversationet sa volont, et si elle ntait pas aide de

    nouveau par Dieu en Christ pour quelle ft derechef rgnre, elleresterait ainsi ternellement dans sa figure. ............................. 198

    La grande Porte ouverte de lAntchrist ................................. 205

    La trs prcieuse Porte ....................................................... 211

    La Porte dEmmanuel.......................................................... 215

    CHAPITRE XII

    De la vie et de la conduite chrtienne ; de que lhomme a fairedans cette valle de misres pour oprer luvre de Dieu, et obtenir

    ainsi par l le bien ternel, et trs lev................................... 225 Une porte de la voie duroyaume de Dieu, au travers de ce monde ;comment nous y devons marcher............................................ 236

    CHAPITRE XIII

    Des importants testaments du Christ ; la belle couronne de perlesde la trs noble pierre du grand mystre et de la pierre des philoso-phes, o les glises antchristiques dansent autour, et la cherchenttoujours, mais non pas par les vrais principes, ni o elle est. ...... 241

    Magie (procdant) des grandes merveilles ............................. 252

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    DE LA TRIPLE VIE Table des matires

    CHAPITRE XIV

    De la voie large de ce monde, qui conduit dans labyme, et ensuitede la voie troite qui conduit au royaume de Dieu. .................... 260

    De la socit des saints anges.............................................. 275

    CHAPITRE XV

    Du monde mixte et de sa mchancet ; comment il existe prsentet comment son rgime sexerce. Un miroir dans lequel chacun peutse considrer et sprouver pour voir de quel esprit il est fils. Du mi-roir des merveilles. ............................................................... 281

    CHAPITRE XVI

    De la prire et du jene, et de la vraie prparation pour le royaumede Dieu ; ce quest la prire, et ce quelle opre ; quelle est sa puis-sance et son utilit finale. Pour linstruction et la consolation de la

    vraie, sincre et simple chrtient, et pour nous tenir constammentveills afin que nous devenions dignes dentendre la voix du noblepoux qui appelle son pouse, et qui veut lamener la maison. . 289

    Ainsi concevez-nous de votre mieux...................................... 292

    La premire prire.............................................................. 301

    La deuxime prire............................................................. 302

    La troisime prire ............................................................. 302

    La quatrime prire ............................................................ 303

    La cinquime prire ............................................................ 305

    La sixime prire................................................................ 306

    La septime prire.............................................................. 307

    De lamen de la conclusion .................................................. 311

    CHAPITRE XVII

    Des bndictions de Dieu dans ce monde. Une trs excellente mani-festation pour les hommes dont la foi est faible......................... 314

    CHAPITRE XVIII De la mort et du mourant. Comment est lhomme quand il meurt etcomment il est dans la mort. Une grande et merveilleuse porte... 320

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    PRCIS DE CET OUVRAGE

    Haute et profonde base de la triple vie de lhomme, ta-blie sur les trois principes,

    Dans laquelle est clairement dmontr ce quil y adternel, et ce quil y a de mortel ;

    Pourquoi Dieu (qui est le suprme bien) a produit touteschoses la lumire ;

    Pourquoi aussi une chose est toujours en opposition aveclautre, et la dtruit,

    Et ainsi ce quil y a de vrai et ce quil y a de faux, etcomment une chose spare de lautre ;

    En quoi consistent particulirement les trois principes, quisont la seule origine et la seule source do les choses d-coulent et sont engendres ;

    O surtout on reconnatra clairement la multiplicit desopinions religieuses ; do a pu natre parmi les enfantsdes homme une si grande diversit dopinions sur

    lessence et la volont de Dieu ; de mme, ce quil estutile et ncessaire que lhomme fasse pour devenir parti-cipant de lternel bien ;

    En outre, de lissue et la fin de toutes choses ; pourquoichaque chose se montre sous telle proprit et sous telleessence,

    Pour le soulagement des malheureuses mes humainesblesses et malades, et pour la rdification de la vraiereligion chrtienne, o lAntchrist est entirement d-

    pouill et mis dcouvert.Rdig pour nous-mme, comme un mmorial et un sou-tien dans ces temps dgarement, de misres et de trou-bles1.

    1Le traducteur croit devoir faire remarquer que ceci a t crit par lauteur dans le dix-

    septime sicle.

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    CHAPITRE I

    De lorigine de la vie ;de lternelle gnration de lEssence divine

    1. Si nous voulons considrer le commencement de notrevie, et le comparer lternelle vie qui nous est promise,nous ne pouvons ni dire ni trouver que dans cette vie ex-trieure nous soyons dans notre demeure, car nousvoyons le commencement et la fin de cette vie extrieure,

    et avec cela lentire dissolution et corruption de notrecorps. En outre, nous ne savons ni ne voyons aucune re-tour dans cette vie, et nous nen avons non plus aucunepromesse de la part du suprme et ternel bien.

    2. Puisquil y a donc en nous une vie qui est ternelle etimprissable, avec laquelle nous nous portons vers le su-prme bien ; de plus, une vie de ce monde laquelle estprissable et finie, et en outre une vie dans laquelle setient la source et loriginal de la vie, (et) o se trouve leplus grand danger de lternelle perdition, il nous est es-sentiel de considrer le commencement de la vie dotoutes ces choses procdent et tirent leur origine.

    3. Et lorsque nous considrons la vie et ce quelle est,nous voyons quelle est un feu brlant qui consume, etlorsquelle na plus rien consum, elle steint comme celase voit dans tous les feux. Car la vie tire sa nourriture ducorps, et le corps la tire des aliments ; car si le corps naplus daliments, il est consum par le feu de la vie, demanire quil se ferme et se sche, comme fait une fleurdes champs qui na point deau.

    4. Mais puisquil y a en outre dans lhomme une vie ter-nelle et imprissable, cest--dire lme qui est aussi unfeu, et doit avoir sa nourriture aussi bien que la vie mor-telle lmentaire ; nous devons galement considrerquelle est sa source et son aliment, ce que cest qui luidonne sa nourriture, de manire quelle ne puisse jamaissteindre.

    5. Et troisimement, nous trouvons que dans la vie de no-tre me il y a encore un apptit plus grand pour une vie

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre I

    plus leve et meilleure ; savoir, pour le plus suprmebien, qui est appel la vie divine, en ce que lme ne secontente pas de sa propre nourriture, mais quelle dsireavec un grand attrait et une grande ardeur, ce bien su-prme et parfait, non seulement pour des dlices, maiscomme presse par le besoin de se nourrir.

    6. Et alors nous apercevons dans une grande science, etdans une vraie connaissance que chaque vie dsire pournourriture sa mre, do la vie est ne. Cest ainsi que lebois est la mre du feu, laquelle le feu dsire, et sil estspar de sa mre il steint. Ainsi la terre est la mre desarbres et des plantes, et ils la dsirent ; ainsi leau avecles autres lments est la mre de la terre, et sans celaelle resterait dans la mort, et il ne crotrait en elle ni m-taux, ni arbres, ni plantes, ni herbes.

    7. Nous voyons particulirement que la vie lmentaireconsiste dans un bouillonnement, quelle est une bulli-tion, et que quand elle ne bout plus elle steint. Nous sa-vons aussi que la constellation allume les lments, queles toiles sont le feu des lments, que le soleil en-flamme les toiles, de faon quil y a un travail et unbouillonnement lun dans lautre ; mais la vie lmentaireprend fin et est prissable, au lieu que la vie de lme est

    ternelle.8. Si donc elle est ternelle, elle doit aussi tenir delternel, comme le cher Mose en a crit avec raison.Dieu a souffl lhomme un souffle vivant, et lhomme estdevenu une me vivante.

    9. Mais nous ne pouvons pas dire, sur ce que lhommeconsiste en une triple vie, que chaque vie existe spar-ment avec une forme particulire ; mais nous trouvonsque ces vies sont les unes dans les autres, et cependantque chacune a son opration dans son rgime, cest--dire dans sa mre. Car comme Dieu le Pre est tout,puisque tout sort de lui, quil est prsent en tout lieu, etest le complment de toute chose, et que la chose ne lecomprend pas, quainsi la chose nest pas Dieu, ni son es-prit, ni sa vraie essence divine, de manire quon ne peutdire daucune chose saisissable : cela est Dieu, ou bienDieu est ici plus prsent quailleurs ; tandis que, cepen-dant, il est rellement prsent, il contient les choses et les

    choses ne le contiennent point ; car il ne demeure pas

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre I

    dans les choses, mais en soi-mme dans un autre prin-cipe.

    10. De mme aussi est lme de lhomme souffle parDieu ; elle demeure dans le corps, elle est environne des

    toiles et de lesprit lmentaire, non pas seulementcomme un vtement couvre le corps, mais elle est impr-gne par les toiles et lesprit lmentaire, comme lapeste o une autre maladie infecte lesprit lmentaire, demanire quelle empoisonne son corps, le fait dcliner etprir. Alors la source des toiles se spare aussi de lme,et se consume elle-mme, puisque la mre lmentairese brise. Alors lesprit des toiles na plus aucune nourri-ture, et cest pour cela quil se consume lui-mme ; maislme demeure dans la nudit, car elle vie dune autrenourriture.

    11. Ainsi concevez-nous de cette manire. Quoique lmesoit emprisonne par les toiles et par lesprit lmen-taire, de faon que leur travail agisse dans lme, cepen-dant lme a une autre nourriture et vit dans un autreprincipe, et est aussi dune autre essence ; car ses essen-ces ne tiennent point de la constellation, mais elles tirentleur origine et leur runion corporelle de lternel lien, delternelle nature, qui est de Dieu le pre, avant la lu-

    mire de son amour, o il entre dans lui-mme et fait lui-mme le second principe dans son amour, do il engen-dre toujours, et dternit en ternit, sa parole ternelleet son cur. Car l, le saint nom de Dieu se produit lui-mme sans cesse, et contient sa nature divine en soi-mme comme un esprit dans le second principe, et nedemeure en rien, mais seulement et purement en lui-mme.

    12. Car quoique le lien de lternelle nature soit en lui,

    cependant le divin esprit nest point assujetti ce lien,puisque cest lesprit qui enflamme ce lien de la nature,afin quelle soit claire et mue par la puissance de la lu-mire dans lamour et dans la vie de la parole du cur deDieu, de manire quelle soit une sainte joie et un paradisde lesprit, qui est appel Dieu.

    13. De mme aussi lme humaine est-elle part du liende lternelle origine, tout en y demeurant ternellement,et elle dsire en soi-mme de pntrer jusqu Dieu dans

    le second principe, et de se rassasier de la puissance deDieu.

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre I

    14. Mais puisque avec tout son tre, avec ses propres es-sences, elle ne peut pas plus entrer dans la lumire et lapuissance de Dieu, que lternelle nature ne peut pntrerdans la lumire de Dieu, de manire se saisir de la lu-mire en proprit et en puissance propre ; mais que lalumire brille hors de lamour dans son propre principe,dans lternelle nature, de faon quainsi la lumire de-meure un matre de lternelle nature, puisque lternellenature ne peut la saisir, mais se rjouit dans la lumire etproduit au dehors ses merveilles dans la puissance etlintelligence de la lumire, o alors elles sont mises enmanifestation.

    15. De mme aussi lme de lhomme ne peut, avec sesessences, pntrer dans la lumire de Dieu pour la domi-ner ; mais elle doit en elle-mme, comme dans un secondprincipe, pntrer en Dieu dans son amour. Car tu dois icientendre une seconde nouvelle naissance dans lme, ence quelle ne doit pas seulement sortir hors de la vie as-trale et lmentaire, mais aussi hors de la source de sapropre vie, et puiser sa volont dans lamour de Dieu sielle y veut tre ; et cette volont puise est reue deDieu, et Dieu demeure dans cette volont. Ainsi la lumireet la vie divine viennent dans lme, et elle est enfant de

    Dieu ; car elle demeure dans sa source et dans sa vie,comme Dieu lui-mme demeure dans la source delternelle nature.

    16. Ici maintenant nous concevons que hors de la lumirede Dieu, (ou) du second principe, il y a dans lternellenature une source angoisseuse. Car le lien de la vie existedans le feu ; mais si ce mme feu est imprgn et enve-lopp par le saint amour divin, la vie en soi-mme seporte dans un autre principe, car un autre principe lui est

    ouvert dans lequel elle vit, et le vivre est en Dieu, demme que Dieu demeure en soi-mme, et est cependantvritablement tout, tout est provenu de sa nature. Mais tune dois pas entendre que tout vienne de lternelle nature(seulement les mes et les esprits angliques) ; mais desa volont cre qui a un commencement, cest--dire delexterne ; cest ce qui fait que tous les tres de ce mondeson prissables.

    17. Et nous trouvons ici au-dedans de notre me, lagrande et terrible chute de nos premiers parents, ce quifait quelle est entre dans lesprit de ce monde dans unedemeure trangre, et a abandonn la lumire divine

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre I

    dans laquelle elle tait un ange et un enfant de Dieu ;cest pour cela quelle doit repasser dans une nouvellenaissance dans la vie de Dieu.

    18. Mais comme cela ntait pas possible lme, la vie

    divine est venue de lamour et de la grce vers nous dansla chair, et a pris de nouveau en soi notre me humainedans la vie divine et dans la puissance de la lumire, afinque nous puissions, en une nouvelle naissance, jusquDieu dans cette mme vie (divine).

    19. Car de mme quavec lme dAdam, nous sommespasss tous hors de la vie divine, et que nous avons tousengendr et hrit le mauvais suc de lme de nos pa-rents comme dune fontaine ; de mme la vie de Dieu en

    Christ nous a engendrs de nouveau, de faon que dansla vie du Christ nous pouvons de nouveau entrer dans lavie de Dieu.

    20. Ainsi maintenant il arrive que notre me est dans lelien de lternel original, infecte par lesprit de ce monde,et emprisonne par la colre de loriginal dans la vie delternel feu ou de lternelle nature. Cest pour cela quenous devons tous, chacun pour son propre compte, nousintroduire avec notre me dans la vie du Christ vers Dieu,dans la nouvelle naissance, dans la vie et lesprit de Dieu.Et ici il ny a rien retirer de lhypocrisie de la saintetextrieure, ni des propres uvres mritoires ; car la pau-vre me ne peut tre soulage, moins que dans soi-mme ou dans une volont nouvellement cre, ellenentre par une ferme rsolution dans la vie du Christ. Lelle est reue par Dieu et ses enfants dans le second prin-cipe avec de grands honneurs, on lui donne le noble etcher trsor, ou la lumire de la vie ternelle qui claire lasource du feu de lme dans le premier principe, o elle

    existe ternellement avec ses essences substantielles ;son angoisse se change en amour, et son lvement etson enflammement, qui sont la vraie proprit du feu, de-vient une humble et aimable joie dans de douces dlices.

    21. Et ainsi lme est la joie dans la vie divine ; ce que jepourrais comparer une lumire allume, lorsque le lu-mignon de la chandelle brle et rpand un doux clat ;dans cet clat il ny a aucun bouillonnement, mais uneclaire joie, et cependant le lumignon enflamm continue

    de brler. Toutefois tu dois concevoir ceci comme nyayant aucune peine dans le lumignon brlant, mais une

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre I

    cause de lclat de la vie, puisquon ne peut comparer au-cun feu au feu divin ; car la nature divine do senflammele feu de la vie divine est imprgne de lamour de Dieu,de faon que la lumire divine fait en soi un second prin-cipe, dans lequel aucune nature nest apercevable, car ilest la fin de la nature.

    22. Cest pourquoi lme dans ses propres essences nepeut saisir la lumire de Dieu pour sen emparer, carlme est un feu dans lternelle nature, et natteint pointla fin de la nature. Car elle demeure dans la naturecomme une crature produite de lternelle nature ; et lcependant il ny a aucune comprhensibilit, mais un es-prit en une forme septnaire ; quoique nanmoins dansloriginal il ny ait pas sept formes de connues, mais seu-lement quatre, lesquelles soutiennent lternel lien, etsont la source en angoisse en quoi consiste ce qui estternel. Et del sont engendres toutes les autres formes,en quoi consiste Dieu et le royaume des cieux ; et dansles quatre formes est langoisse et la peine si elles sontseules et nues, et l nous entendons le feu infernal et lacolre ternelle de Dieu.

    23. Et quoique nous ne connaissions pas loriginal delessence de Dieu, puisquelle nen a point ; cependant

    nous connaissons lternelle gnration qui na jamais eude commencement, elle est encore aujourdhui ce quellea t ds lternit ; cest pourquoi nous pouvons biencomprendre ce que nous voyons aujourdhui, et que nousreconnaissons dans la lumire de Dieu. Et personne nedoit nous juger ignorant, parce que Dieu nous donne connatre sa propre essence, ce que nous ne pouvons nine devons nier, sans exposer notre salut ternel et souspeine de perdre la lumire divine ; car il est impossible

    tout homme de la possder, moins que Dieu, par sagrce, ne la lui donne dans son amour ; et si elle lui estdonne, alors lme demeure dans la connaissance desmerveilles de Dieu ; elle ne parle point de choses tran-gres et loignes delle, mais des choses dans lesquelleselle demeure, et delle-mme ; car elle voit dans la lu-mire de Dieu, de manire quelle peut se connatre elle-mme.

    24. Pour que la chose soit ainsi, pensez que dans loriginalles essences de lme sont dans le premier principe, etque la lumire divine brille en elle-mme et forme le se-cond principe ; ainsi de l ils sont deux ; et lme par la

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    haute connaissance de la lumire du second principe, voitce qui brille en son pays natal dans lequel elle vit ? et toi,monde insens, tu voudrais le lui dfendre ! toi qui, plon-g dans le troisime principe, dans lesprit des toiles etdes lments, es encore aveugle pour Dieu et li danslternelle colre et dans la source de loriginal !

    25. Puisque cela est ainsi, nous voulons poser la base delternel lien, comme un miroir pour celui qui dsire voir ;quoiquil soit certain quil ne puisse pas lapprendre denous, moins quil ne marche lui-mme dans la renais-sance, dans la vie de Jsus-Christ, afin que la lumire di-vine elle-mme brille en lui, sans quoi nous ne seronspour lui quun historien et il ne nous entendra pas.

    26. Mais si nous parlons du bouillonnement du feu et deson enflammement (ce que nous entendons du feu de lavie), nous savons trs certainement, quavantlenflammement du feu et dans loriginal, il ne consistequen deux formes, et na quune seule mre qui estlastringent et attire, et cependant cette mre nest rienen soi quune volont du Pre ternel dans lternelle na-ture, laquelle mre il a plac en lui-mme pour se mani-fester et montrer ses merveilles.

    27. Or cette volont est ternelle, et nest mue par rienque par soi-mme ; et si cela ntait pas ainsi, tout ne se-rait quun nant sans lumire ni tnbres : ainsi donc, sily a quelque chose, il faut que ce soit lternelle volontqui est attractive et dsireuse, savoir particulirement desmerveilles de sa cration. Car, puisquil y a un dsir, cedsir attire en soi, et ce qui est attir dans le dsir, rendla volont pleine, de faon que le dsir est plein ; car lavolont est vide comme un rien, et ce qui est attir dansla volont, rend la volont substantielle et est son tn-

    bre ; alors lternel dsir est dans le tnbre.28. Si maintenant la volont attire soi dans le dsir, cetattrait (ou atract), est un aiguillon de mouvement ; car lavolont est mince comme un rien et tranquille comme unrien. Si donc la volont est un ternel dsir, elle attire ensoi ternellement, et l cependant il ny a rien attirer,mais elle sattire elle-mme et sengrosse elle-mme, demanire que de rien vient un tnbre, et lattract faitlaiguillon de la premire essence, de faon quil y a un

    mouvement et un principe de mobilit.

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    29. Mais alors la volont ne peut supporter la foislaiguillon et lengrossement, car elle voudrait tre libre etelle ne le peut, car elle est dsireuse ; et comme elle nepeut pas tre libre, elle entre en soi avec le dsir, etconoit (compacte) en soi une autre volont de sortir destnbres en soi-mme, et cette seconde volont connueest lternelle me ; elle entre en soi comme un promptclair, et elle dissipe les tnbres : elle sort en soi-mmeet elle demeure en soi-mme et se forme ainsi un autreprincipe dun autre bouillonnement (ou qualit), carlaiguillon du mouvement demeure dans le tnbre.

    30. Maintenant nous devons parler des formes dans la na-ture astringente tnbreuse ; car cest de cette propritet par cette voie que soriginalise la nature, puisque nousconcevons que le tnbrea une tendresse vers la lumirequi est ternellement devant lui, quoique dans un autreprincipe.

    31. Car les deux formes, savoir, lastringent et lamer ai-gu, sont loriginal de tous les tres, et lternelle volontest la mre dans laquelle ils sengendrent ; et il nous fautentendre que lastringent, par la compactionde la volon-t, attire toujours soi, et que lattractest laiguillon dumouvement, ce que lastringent ne peut supporter. Car

    lastringent dsire le fort astringent-enfermement dans lamort, et lamer aigu est louvreur, et cela cependant neserait rien en soi sans sa volont.

    32. Lors donc que lastringent attire si fort quil ne puissesupporter laiguillon, ou le propre attract de lastringent,mais quil se meut violemment, et que lastringent nepeut pas non plus supporter le mouvement, alors il dsirela tranquille mort ; telle est la chane et le lien qui se pro-duit sans cesse lui-mme et qui na aucun producteur.

    33. Or ceci va rapidement de lun lautre comme uneprompte pense ; laiguillon voudrait sortir hors delastringent, mais il ne le peut pas non plus, carlastringent lengendre et le retient ; et comme il ne peutse surmonter lui-mme, il est tournant comme une roue,et lastringent attir sentrouvre, et fait un continuelbrouillement et mlange dans lequel consiste la rupture etla peine, quoiquil ny ait l aucune sensibilit, mais seu-lement les formes de la nature. Et nous entendons ici la

    sensibilit, et cependant il ny en a point, car il ny a au-cune matire ; mais seulement loriginalit de lesprit ou

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    de lternelle nature dans lternelle volont, car le dsirastringent attire et opre en ligne droite et lamertumesentrouvre en roue tournante, de faon quainsi il en r-sulte la multiplicit des essences, et cela est comme unesorte de franchise, ou, ainsi que je pourrais lexprimer parcomparaison, un brouillement de lternelle mobilit, unecause des essences.

    34. Lternelle volont doit prouver cela en soi ; cestpourquoi elle conoit une autre volont de senfuir hors decette roue, et cependant elle ne le peut pas, car cest lsa propre essence et comme elle ne le peut pas, et quecependant elle ne peut pas non plus abandonner sonternel dsir et son attrait, elle retient et attire nanmoins soi, de manire que les essences sont continuellementengendres, et cependant hors le dsir elles sont un rien ;et ainsi toute la forme consiste en son, et se nomme mar.Et comme la volont ne peut pas tre libre, elle tombe enangoisse (pour parler selon lintelligence humaine, afinque le lecteur puisse saisir le sens et la profondeur), carla volont est la conception, et ce qui est connu dans lavolont est son tnbre, et le dsir est lessence, et la vo-lont oppose est la roue de la multiplicit des essences,de faon quon ne peut en dterminer aucunement le

    nombre, mais la multiplicit est dpendante de la mobili-t.

    35. Ces deux formes sont les ternelles essences, etlternel lien qui sopre lui-mme et ne saurait faire au-trement ; car la grande tendue sans fin dsire un resser-rement et une compaction dans laquelle elle puisse semanifester : or, dans lespace et le repos il ny aurait au-cune manifestation, cest pourquoi il faut quil y ait un at-tract et une enclosure dans laquelle la manifestation

    brille.36. Aussi doit-il y avoir une contre-volont, car une vo-lont limpide et tranquille est comme un rien etnengendre rien ; mais si une volont doit engendrer, elledoit tre en quelque chose o elle puisse former et en-gendrer dans cette chose. Car rien nest rien, si ce nestun ternel repos sans mouvement ; l il ny a ni tnbre,ni lumire, ni vie, ni mort.

    37. Mais si nous voyons clairement quil y a lumire et t-

    nbre, et en outre une ternelle mobilit et formation, quinon seulement est dans le lieu de ce monde aussi loin que

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre I

    nos sens peuvent stendre, mais sans fin et sans nombrel o le monde anglique brille clairement, et non pas ce-pendant dans lenclosuredes tnbres, alors nous devonslever nos penses vers le monde anglique, lequel ce-pendant nest point hors de ce lieu ; mais dans un autrebouillonnement et dans lternelle lumire, et cependant ilne pourrait l y avoir aucune lumire, sil ny avait pasune engendreuse (une matrice).

    38. Si donc elle doit briller hors de lengendreuse, elle doitsortir hors de lengendreuse, car lengendreuse est un t-nbre ; et l cependant il ny aurait rien aussi, sil nyavait l la parole ternelle qui opre lternelle volont, etest dans cette opration la naissance de lessence ter-nelle. Cest de l que saint Jean dit : Au commencementtait le Verbe, et le Verbe tait au commencement avecDieu ; et le Verbe tait Dieu. Toutes choses ont t faitespar lui, et sans lui rien na t fait de ce qui a t fait.

    39. Ici, ma chre me, considre do viennent la lumireet les tnbres, ainsi que la joie et la souffrance, lamouret la haine, de mme que le rgne du ciel et de lenfer, lebien et le mal, la vie et lenfermementde la mort.

    40. Tu dis : Dieu a cr ces choses ! Oui, en effet. Pour-quoi cependant es-tu aveugle et ne reconnais-tu pas cela,si tu es la similitude de Dieu ? Pourquoi parles-tu de Dieuplus que tu ne sais, et quil ne ta t manifest ? Pour-quoi fais-tu des lois des volonts de Dieu, ne les sachantnullement, puisque tu ne les connais pas ? ou pourquoirenfermes-tu la vie dans la mort, si tu peux rellementvivre et connatre Dieu qui demeure en toi ? car tu as en-tendu aussi de saint Jean, que toute chose a t faite parle Verbe.

    41. Mais si Dieu est la parole qui a tout fait, il doit tredans toute chose, car un esprit nest pas une essencefaite, mais une essence engendre en soi-mme, qui a ensoi-mme le centre de la gnration, sans quoi elle seraitprissable.

    42. Ds lors le centre doit demeurer dans lternel op-rant, sans quoi il serait passager, et l il ny a rien detoute ternit, que seulement la parole, et la parole a tDieu. Ainsi il doit tre ternellement son propre oprant,et doit se prononcer lui-mme comme une parole de foi,

    comme de son propre oprant : car l o il y a une pa-role, il y a aussi un parleur qui la prononce. Puisque cest

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    son pre qui la prononce, et que la parole est son fils quiest prononc du centre du pre, et que le pre se nommedans son centre un feu dvorant, au lieu que le fils ou laparole est nomm une lumire de lamour, humilit, dou-ceur, puret, saintet, et que le pre de la parole est ainsiappel et connu dans toute lcriture. Cest nous deconsidrer le bouillonnement du feu dans le centre dupre, puisque le pre et la parole sont une seule chose,seulement sous deux formes, et que la colre ainsi quelabyme de lenfer demeure dans le centre du pre ; carsaint Jean dit : De et par lui toutes choses ont t faites,et sans lui rien nest fait.

    43. Car lorsque la parole voulut crer, et le pre par laparole, il ny avait alors aucune matire dont il pt oprer.Car tout tait un rien, ni bon, ni mauvais, ni lumineux, nitnbreux ; mais le centre y tait, et ctait lternelle vo-lont, et le pre est le centre, et la volont est son cur ;son fils, sa parole. Cest l seulement lternel tre, et lelien qui soprait soi-mme ; et l cependant on ne peutpas saisir ainsi la divinit, puisque ltre donne une diff-rence et brille en deux principes ; cest pourquoi nousvoulons vous exposer la base telle quelle nous est certai-nement connue.

    44. Et lobjet et le but de notre crit est, que vous voyezcombien vous tes aveugles et combien vous agissez sanslumire, lorsque vous faites tant de dissertations sur lescrits des saints, au sujet de ltre et de la volont deDieu, et que cependant vous ne le connaissez pas.

    45. Vous vous poursuivez, vous vous injuriez, vous vousoutragez les uns et les autres ; vous faites des guerres etdes insurrections, vous dvastez des pays et des nationspar rapport la vraie connaissance de Dieu et de sa vo-

    lont ; et cependant relativement Dieu, nous tes aussiaveugles que des pierres. Vous ne vous connaissez pasvous-mmes, quoique vous soyez si furieux et que vouscombattiez au sujet de Dieu, qui est le crateur, leconservateur et le soutien de toutes choses, qui dans toutest le centre. Vous combattez au sujet de sa lumire, qui,cependant ne brille jamais dans la colre et la mchance-t, mais qui sort de son centre dans le doux amour etdans lhumilit. Ainsi vous tes insenss et furieux, etvous pensez que vous lavez ainsi sur votre langue dansles

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre I

    les combats de la mchancet ; vous ne lavez pas, maisseulement lhistoire des saints, qui ont eu la lumire bril-lante de son propre centre ; cest pour cela quils ont par-l de lEsprit saint, qui ont eu la lumire brillante de sonpropre centre ; cest pour cela quils ont parl de lEspritsaint qui sort de la lumire. Mais vous prenez leurs paro-les et le centre de votre cur est ferm, il marche etcourt dans les quatre formes de la mchancet.

    46. Je veux donc vous montrer la base des deux ternelsprincipes sortant dun centre, afin que vous puissiez voircomment vous courrez dans le rgne du dmon, pour quepeut-tre vous vous retourniez, que vous abandonniezvotre orgueil, que vous entriez en vous-mmes, etquainsi vous obteniez le suprme et ternel bien.

    47. Je veux vous montrer ce que nous sommes dans lecorps et dans lme, ce que cest que Dieu, le ciel etlenfer ; ne prenez pas ceci pour des bagatelles, car celase confirme (et se prouve) dans toutes choses, et il ny arien de trop petit o ceci se manifeste ; seulement nevous aveuglez pas dans vos tnbres avec votre pitoyableorgueil. Recherchez la base de la nature, prouvez touteschoses et ne marchez pas en insenss daprs les lettresnues de lhistoire, et ne faites point ainsi des lois aveugles

    daprs votre obscurit, avec lesquelles vous vous pour-suivez les uns et les autres ; en cela vous tes plus aveu-gles que les paens.

    48. Recherchez le cur et le sens des critures, de ma-nire quil naisse en vous et que vous sentiez ouvrir envous le centre de lamour divin ; vous pourrez alors re-connatre Dieu et parler de lui avec justesse ; car histori-quement personne ne peut se nommer matre et savantdans ltre divin, mais par lEsprit saint qui brille dans un

    second principe dans le centre de la vie de lhomme, etreluit celui qui cherche srieusement et avec droiture.Comme le Christ nous recommande de frapper et dechercher son pre, cest--dire au centre de la vie avecune humilit franche, sincre et pleine de dsirs, cest parl que nous trouverons.

    49. Car personne ne peut reconnatre Dieu pour son ma-tre, le chercher et le trouver sans le Saint-Esprit qui sortdun cur humble et cherchant, et claire lme afin

    quelle claire les sens, et que le dsir se tourne versDieu. Celui-l seul trouve la chre Vierge de la sagesse de

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre I

    Dieu qui le conduit par le droit sentier, et lamne auxeaux fraches de lternelle vie et ranime son me. Ainsicrot le nouveau corps de lme en Christ, ce dont noustraiterons profondment par la suite.

    50. Nous rappelons au lecteur qui cherche et qui aimeDieu, de reconnatre ceci comme venant de Dieu, afinquil ne se laisse pas drober son me et sa pense, jus-qu chercher la pure divinit seulement au-dessus destoiles, comme demeurant seul dans un ciel do il rgnedans ce monde par son seul esprit et sa puissance, demme que le soleil demeure dans une haute profondeur,et opre par ses rayons en tout lieu et dans tout lemonde. Non.

    51. La pure divinit est partout, entirement prsente entous les lieux et dans toutes les rgions : partout est lanaissance du triangle en un seul tre, et le monde angli-que atteint toutes les rgions o stend ta pense, demme que dans la terre, les pierres et les rochers. Ainsilenfer et le royaume de la colre de Dieu est aussi par-tout.

    52. Car le royaume fougueux, dans la colre des tn-bres, est au centre, et conserve son bouillonnement etson rgime dans les tnbres, et la divinit sort en soi-mme dans le centre, et lui fait une joie en soi-mme quiest impntrable et incomprhensible aux tnbres, carelle ouvre un autre principe.

    53. Car la parole ternelle est lternelle volont, et unecause de lternelle nature ; et lternelle nature estlternel Pre, dans lequel toutes choses sont cres parla parole (entendez dans lternelle nature) ; et silternelle volont ne puisait pas en soi une seconde vo-lont de sortir en soi-mme (comme une lumire brillantebrle hors dune bougie, et ne sloigne pas de la bougie)le pre serait seul, et un profond tnbre, et aussi cemonde, ou le troisime principe, naurait pas pu tre cr.

    54. Mais si le Pre contient en soi dans son essencelternelle nature, et est lternelle volont elle-mme, etengendre de soi une seconde volont qui, dans la pre-mire ternelle volont qui est le Pre, ouvre le principede la lumire dans lequel le Pre avec lternelle essencedevient aimable, joyeux, clair, paisible, dans son ternelle

    volont originelle, alors le Pre nest point dans le bouil-lonnement des tnbres ; car la volont recompacte qui

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    CHAPITRE II

    De la base de la divine Engendreuse

    1. Puisque nous vous avons montr un pareil principe,nous voulons en outre vous montrer la base delengendreuse, car nous voyons cela clairement dans cemonde dans le rgime des lments, et encor bien plusen nous-mme, dans notre me, do rsultent les sens,par le moyen desquels lhomme peut marcher, courir et

    faire toutes ses actions ; nous voyons, dis-je, quil y a uneengendreuse par qui cela est donn. Or, pour quil y aitune engendreuse, il faut quil y ait un centre ou un cerclede vie, dans lequel lengendreuse tient son rgime. Car lerien ne se remue pas ; mais l o il y a un mouvementqui meut toute vie, cela ne doit tre tranger, puisquedans toute chose il y a son esprit et sa vie, soit dans leschoses muettes et vgtales, soit dans les choses vivan-tes.

    2. Ne te laisse pas sduire par les hypocrites, qui nesont que des savants historiques qui sen vont se vantantavec un langage tranger, et veulent se faire honorer parles choses dont ils nont cependant pas la moindre intelli-gence. Ils nentendent pas leur langue maternelle ; par lalangue maternelle on entend la nature ; sils lentendaientrellement, et lesprit de la lettre, alors ils y reconna-traient la nature.

    3. Il y a un orgueil qui tempche de la chercher, afin

    que tu ne la trouves pas, et que cet orgueil au contraire,dans son habitacle couronn, puisse, comme une femmearrogante, flotter au-dessus des merveilles divines ; cestainsi que le veut le diable, afin quil ne soit pas connus. Ils(ces hypocrites) sont plus aveugles que les simples.

    4. Veux-tu chercher ? frappe pour que la vraie porte tesoit ouverte, et cherche dans la crainte et lamour deDieu ; alors tu pourras trouver. Ne te laisse pas tromperpar les mensonges des orgueilleux ; car si la vraie porte

    souvre pour toi, tu verras comme ils sont aveugles : leurorgueil a aveugl le monde, de faon que chacun ne parle

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre II

    cest ce qui fait toutes choses, et cest la seule cause de lamobilit et de la vie.

    9. Car, comme il est dit ci-dessus, lternelle parole oulternelle volont du Pre, est le crateur de toute chose,

    et lternelle nature est lessence des essences do la pa-role a tout cr, et les essences sont ltre qui occasionneles volonts. Car entendez ceci : il y a deux volonts dansun seul tre, et elles occasionnent deux principes ; lunest lamour, lautre est la colre, ou le bouillonnement dela fureur.

    10. La premire volont ne sappelle pas Dieu, mais la na-ture ; la seconde volont sappelle (alpha et omga) A etO, commencement et fin, dternit en ternit ; et dans

    la premire volont la nature ntait pas manifeste, cestla seconde volont qui la manifeste, car elle est la puis-sance dans la force, et lune ne serait rien sans lautre.

    11. Mais comme la volont du Pre est la premire danslternit, elle est aussi la premire personne dans letriangle, cest--dire le centre mme. Or, tel est le proprede la volont ou du centre, cest particulirement de dsi-rer dengendrer la parole ou le cur ; car autrement il nyaurait rien, et aussi rien auparavant ne peut tre nommque le dsir en volont.

    12. Pntrons dans la profondeur des sens de lme, etnous trouverons que le dsir est astringent et attirant, caril est la force serrante le large en troit, non pas particu-lirement en une rgion, mais partout et pour se manifes-ter ; car autrement dans la grande profondeur il ny auraitrien et rien ne paratrait, mais tout serait un ternel re-pos.

    13. Ainsi le dsir attire soi, et l cependant il na rien

    que de lui-mme, et lattir est lempressement du dsir,et le dsir fait plaire, et l cependant il ny a rien quuntnbre ; car lattir est plus pais que la volont, cestpour cela quil est le tnbrede la volont mince, car lavolont est mince comme un rien et entirement tran-quille ; mais le dsir la rend pleine, et cet attir dans ledsir est les essences ou laiguillon de la sensibilit quicombat contre lenfermement, lequel le dsir ne peut passupporter, et attire dautant plus fort soi ; ainsilaiguillon en devient plus grand et semporte contre

    lattir, et ne peut cependant pas en sortir, car le dsir

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    lengendre, et ne peut cependant pas lendurer, car cestune inimiti comme le chaud et le froid.

    14. Car le dsir, qui est aussi en soi un attract, rveillepar son attract un semblable furieux qui pique aussi dans

    la tranquille volont ; alors lattract devient aussi astrin-gent et fortement attirant pour contenir laiguillon, do ildonne la mobilit comme une vie de mouvement ; et danslui lattract reoit la premire secousse du tremblement,do rsulte une angoisse oppose ; car dans langoissede lattract, dans le dur attirant, il slve une forte froi-deur, et ce tir est son aiguillon astringent amer, de faonquil donne une puissance effroyablement forte quelaiguillon ne peut pas souffrir, et il voudrait sen chapperet cependant il ne le peut pas, car il est retenu par sapropre mre qui la engendr ; et comme il ne peut passchapper au-dessus de soi, il devient tournant commeune roue, et disperse lastringent do rsultent les essen-ces de la multiplicit.

    15. Et cela est le vrai centre, car dans la roue nat la na-ture de la mobilit et des essences, et cest un lien delesprit, quoique sans sentiment ou intelligence ; maisdans cette forme il sappelle tous uniment le centre, car ilest le cercle de vie qui a resserr le dsir provenu de la

    tranquille immensit dans un dtroit, et quoiquil ne soitpas saisissable, mais partout ainsi seulement esprit etforme de la nature.

    16. Puisque le tempteur fait aussi une roue piquante etamre dans le froid astringent, le centre alors est terrible,et comme une grande angoisse o la vie est toujours bri-se et rebtie de la mme manire par les essences, etest semblable la vie et la mort.

    17. Les philosophes et les fameux naturalistes criventque la nature consiste en trois choses ; savoir, le soufre,le mercure et le sel. Cela est vrai, mais le simple ny com-prendra rien ; et quoique les sages laient eu souvent encomprhension, cependant ils ne connaissent que la pluspetite partie du centre ; mais ils ne la connaissentquhistoriquement, comme on connat la thologie par labouche des aptres, (ce qui fait que cette thologie) nestautre chose quune histoire sans force, et sans lesprit devie qui lanimait du temps des aptres, comme cela est

    trs manifest par les dissertations de bouche et les dis-putes littrales.

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre II

    18. Si donc par la grce de Dieu nous pouvons atteindrela lumire et reconnatre le centre, qui est la naissance denotre vie, nous avons aussi le pouvoir de manifester, cequi est compris et entendu dans les trois mots, soufre,mercure et sel ; non pas que nous ddaignions par llaveuglement des ignorants, mais comme un chrtiennous voudrions leur transmettre et donner la lumire ; etquoique notre langage paraisse trs simple, cependantnotre sens et notre conception sont trs profonds. Quepersonne ne soffense la simplicit de notre langage,comme si nous navions pas la conception profonde ; quille lise seulement avec attention, et quil le considre s-rieusement dans la crainte de Dieu, il trouvera de quelesprit nous sommes enfants dans nos crits ; nous vou-

    lons franchement le prvenir contre les dtracteurs et leshypocrites.

    19. Comme il a t dit du soufre, le centre peut bien senommerphur ; mais si la lumire est engendre, alors lalumire brillante hors duphurse nomme sul, car elle estson me. Ce que je dis du centre tnbreux, dans lequella lumire divine est engendre, je le dis aussi de la na-ture, quoique cela ne soit quun ; mais je dois parler ainsipour pouvoir parvenir la pense du lecteur, de manire

    quil puisse approprier son me la lumire, et par cemoyen lobtenir.

    20. Car des deux formes, savoir le piquant froid et amer,qui sengendrent par lattract, dans lternelle volont,tiennent le centre et font la roue des essences, do rsul-tent continuellement et ternellement les penses, et lesentiment de la mobilit.

    21. or ces deux formes sont en elles-mmes dans unegrand et terrible angoisse, sans les autres formes qui sont

    nes delles. Car lastringent se compare une pierredure, et laiguillon de lattract est le briseur delastringent ; ainsi cela ressemble une roue, et se peutbien nommer phur, comme le langage de la nature ledonne dans la syllabe.

    22. Quoique les deux formes entrent en soi si terrible-ment dans la volont, et retiennent la volont dans lestnbres, cependant elle ne peut pas tre captive, car savraie proprit est dtre douce et tranquille, et elle ne

    peut pas abandonner cette proprit dans les deux for-mes, car elle est insaisissable, et nanmoins elle doit tre

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    dans les deux formes, et elle demeure dans laiguillon, etest son clair. Car les deux formes sont tnbres en elles-mmes, et non pas la volont, car elle est libre en soi ;mais les deux formes la prennent dans leur proprits,car elle est leur pre et elle saiguise dans leurs propri-ts, de faon quelle brille en soi comme un clair.

    23. Car lastringent fait le tnbre, et laiguillon amerdans la roue dissipe le tnbre. Ainsi la libert de la vo-lont tranquille brille dans la roue, dans le tournoiement,comme un clair de feu ; car elle saiguise ainsi delastringent, de manire quelle devient trs forte, attenduquil en est de mme que si on frottait une pierre et unacier lun contre lautre, de manire en faire sortir dufeu.

    24. Car il faut entendre deux choses dans le feu, la liberthors de la nature, et la force de la nature, comme vous enavez lexemple dans une pierre do on tire du feu ; carplus vous frappez sur la pierre, plus laiguillon amer de lanature saiguise et devient irritable, car la nature est bri-se dans laiguisement, de manire que la libert brillecomme un clair. Et voyez ici combien cela est vrai ; caraussitt que la libert brille, le tnbrese dissipe, et de llaiguisement (ou laigu) de Dieu le Pre, se nomme un

    feu dvorant. Car aussitt que lclair saisit danslaiguisement quelque chose qui soit substantiel, il leconsume linstant, de faon quil ne reste plus l aucunenature.

    25. Et de ce que lclair steint si rapidement, cela r-sulte de ce que laiguisement ne le peut contenir, car parsa nature il est libre, et ne peut tre vu que dans le bri-sement.

    26. Et nous vous donnons entendre que cette liberthors de la nature est Dieu le Pre, et la nature est ainsiengendre en lui, de faon quil est le Tout-Puissant sur lanature, comme lme de lhomme est au-dessus des sens,car tout a le mme original (titre), comme nous vous lemontrerons ci-aprs.

    27. Pour nous tendre plus loin sur la naissance de la na-ture, nous vous donnons ceci entendre, mais commeune similitude ; quand lclair brille ainsi dans langoisseastringente, il se fait un trs grand (effroi) que

    lastringent saisit, et elle seffraye dautant, car sa tn-breuse puissance en mort astringente est tue dans un

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    clin dil, de faon quelle perd sa forte puissance et seprcipite en bas, et ainsi ne peut plus fortement attirer.Aussi lclair va droit au travers de laiguillon du temp-tement de la roue tournante ; car l laiguillon doitscarter de chaque ct, et lclair marche par le milieu.Ainsi de la roue il vient une croix, et elle ne peut se tour-ner ; mais elle demeure tremblante dans la puissance ai-gu de la volont de lternelle libert, qui est Dieu lePre.

    28. Lorsque la forte astringence a resserr lclair de la li-bert, jusqu lui faire perdre sa proprit ; alors est nesla quatrime forme, savoir, lesprit de sel ; car la colri-que duret samollit par le feu et leffroi, et cependantconserve son aigu ; et cette forme est comme un espritdeau aigu, et lclair ou leffroi est la troisime forme1quifait en soi-mme un esprit de soufre dans lastringenteangoisse tue.

    29. Car si la forte astringence perd la premire propritsche, alors elle doit devenir douce, et cependant elle nele peut pas, car elle est terriblement aigu, et ici est leterme de lternelle mort ; car le dsir hors de la libre vo-lont ne peut plus ainsi tenir, puisquil est dans langoissede leffroi et retient cependant sa proprit dans lattirant.

    30. Car chaque angoisse a la volont de sortir du tour-ment, et la tendance naturelle de langoisse est de pous-ser hors soi, et cependant elle ne le peut pas ; mais letourment nen devient par l que plus expressif et plusgrand ; comme on le voit dans une plaie douloureuse etangoisseuse, o le membre travaille dans les essences loigner de soi la douleur, et devient plus grand dans letravail des essences, et le tourment ne fait que se gonfleren esprit de soufre ; plus les essences combattent, plus la

    roue de langoisse devient grande : je donne ceci consi-drer la pense.

    31. Je vous donne ainsi considrer la nature, et ceci nepeut se contredire, si vous lobservez bien ; car cela estdans toutes choses, et a sa naissance justement ainsi, etainsi la nature est dans le centre en quatre formes.

    32. Savoir, premirement dans un fort attractastringentqui sappelle astringent, et fait en soi-mme une fortefroideur.

    1Dans leMenschwerdung, p. 1, ch. 4, n 8, lefeuer blitzest nomm la quatrime forme.

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    33. Et secondement, lattract est son aiguillon qui tem-pte dans lastringence et brise dans la duret, et fait laroue des innombrables essences dans laquelle les mer-veilles sont engendres.

    34. Mais lclair de la libert de lternelle volont quisaiguise dans lastringence et devient un feu dvorant, luibrise sa roue dans laquelle il pntre comme un clairdans un clin dil, et effraye sa mre ; savoir,lastringence qui perd sa proprit froide, et est naturali-se en un aigu semblable au sel, et dans cet aigulaiguillon perd aussi son propre titre et devient amer, caril y a deux formes en soi ; savoir, le temptement etlclair du feu ; elles sassimilent au soufre, et la puis-sance du feu est brlante, car le bouillonnement du feuest dedans.

    35. Ainsi entendez-nous bien, lclair du feu fait la troi-sime forme dans la nature ; car il fait dans lastringenceet hors du tempteur, qui est laiguillon amer danslangoisse astringente, un esprit de soufre dans lequeldemeure lclair, et lme ou lternelle vie est de la qua-trime forme ; car langoisse refait en soi un dsir de sor-tir de langoisse, et l cependant il ny a rien qui puissesen aller. Mais il est ainsi dans le centre, et ne sappelle

    plus ici le centre.36. La quatrime forme est le changement de la dure as-tringence, lorsque leffroi (schrack) de lclair pouvantela tnbreuse astringence, de manire quelle faiblit et estsurmonte comme morte ; l elle tourne en sel, etcontient cependant encore la proprit de lattractastrin-gent.

    37. Ainsi les quatre formes de la nature ne sappellentplus le centre, quoiquelles aient le centre en elles dansleur original ; mais soufre, mercure et sel. Car lesprit desoufre est lme des quatre formes, attendu quil a le feuen soi, de faon que les quatre formes ont en elles-mmes une ternelle volont qui leur est propre. Carcette volont est de senvoler au-dessus de la nature,hors des quatre formes, et de percer la nature dans lefeu, et ainsi dtre une puissance effrayante, comme on lepeut voir dans les diables qui vivent dans cette volont,comme je le montrerai ci-aprs.

    38. Ainsi entendez-nous bien sur ce que les anciens sagesont entendu par les trois mots soufre, mercure et sel.

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    Quoiquils naient pas pu tous en saisir la haute lumire,ils en ont cependant assez compris dans la lumire de cemonde, ou dans le troisime principe, qui tout a le mmesens et la mme signification ; seulement ils nont pascompris les principes, sans quoi ils auraient connu Dieu ;mais ainsi avec leur intelligence ils sont demeurs dans lalumire de ce monde comme les paens. Car ils ont trouvlme des quatre formes dans la lumire de la puissancedu soleil, et le second principe ne leur a pas t plus am-plement manifest.

    39. L, lme demeure dans un ternel lien ; et l, dans lacroix de la nature, du sein de la plus profonde ternellevolont, est engendr lternel Verbe qui est le crateuret loprateur dans la nature. Ceci leur a t cach, etmme lest encore aujourdhui ; mais le temps se dcou-vre o cela doit tre expos un jour, ce dont il sera parlen son lieu.

    40. Ainsi la raison pleine de sens trouve clairement dansun crit ce quest le soufre (sulphur), le mercure, et lesel. Car sulest lme, et mme est lesprit de soufre qui aen soi lclair de feu avec toutes les formes. Mais si lepouvoir et la lumire du soleil oprent dedans, puisquelme demeure dans la chair et le sang ; il fait de

    lastringent esprit de sel, au moyen de ses bienfaisantsrayons, une huile. Cela allume le feu ; ainsi lesprit desoufre brle, et est une lumire dans les essences, et dela volont angoisseuse vient linstinct, et de la roue desessences les penses ; car la puissance du soleil a aussilinstinct qui ne demeure point dans langoisse, mais quise rjouit dans la puissance de la lumire.

    41. Ainsi sulest lme ; dans la plante cest une huile, etaussi dans lhomme selon lesprit de ce monde dans le

    troisime principe qui est toujours engendr de langoissede la volont dans linstinct, et le ver de soufre est lespritqui a le feu et brle. Phur est la roue astringente en soiqui occasionne cela.

    42. Mercure comprend toutes les quatre formes mesureque la vie slve, et na pas cependant son commence-ment dans le centre, tel quephur ; mais aprs lclair defeu, lorsque la forme astringente, dure, tnbreuseseffraye, o la duret se change en un faible aigu, o la

    seconde volont ou la volont de la nature qui sappelleangoisse slve ; l mercure (mercurius) a son original.

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    Car merest la roue tremblante, vraiment effrayante, ai-gu, venimeuse, et hostile, qui se nomme ainsi danslastringence de lclair de feu, de faon que la vie colri-que en rsulte. La syllabe cu est le pressant hors de laforte angoisseuse volont de linstinct de la nature qui vaslevant, et veut sortir par l-haut.Ri est la compressionde lclair de feu, qui donne dans mer un ton clair, unson, car lclair fait le son. Ainsi lesprit de sel devientsonnant, et sa forme est graveleuse comme le sable ; etici naissent les voix, les sons, les bruits, de faon que cusaisit lclair ; ainsi lepressantest comme un vent qui sejette en haut et donne lclair un esprit, de manire quilvit et brle ; ainsi la syllabe usse nomme le feu brlantqui, par lesprit, chasse toujours de soi en avant, et la syl-

    labecu presse toujours lclair.43. Et le troisime mot selest lesprit de sel, puisque lesanciens sages ont vu comment la nature se divisait ainsien plusieurs parties ; l aussi chaque forme de la nature adans ce monde sa matire particulire, comme cela sevoir sur la terre ; et particulirement lesprit de sel est leplus grand dans lessence corporelle, car il prserve lecorps afin quil ne se dissolve pas ; ainsi ils ont bien poscette porte seule : savoir, la mre de la nature, car de

    cette forme est venue dans la cration, la terre, les pier-res, leau et tous les mtaux, cependant avec un mlangedes autres formes, comme on le verra ci-aprs. Ainsi,mon cher lecteur, comprenez-vous selon notre sens etnotre entendement.

    44. Ces quatre formes en soi-mme sont la colre et lafureur de Dieu, dans lternelle nature, et ne sont rien enelles-mmes que seulement un bouillonnement, une pro-prit et une gnration telle quelle existe dans les tn-

    bres, et nest rien de matriel, mais loriginalit delesprit, sans quoi il ny aurait rien. Car ces quatre formessont une cause de toutes choses ; comme vous vous re-prsentez que toute vie est un poison, et que le poisonmme est la vie ; cest pour cela que plusieurs craturessont venimeuses et mauvaises, parce quil y a une origi-nalit venimeuse.

    45. Et il faut vous reprsenter que la nature, quoique celasoit la principale cause de la nature, existe dans un bienplus grand nombre dautres formes. Cest l ce que fait laroue des essences qui opre des formes innombrables, ochaque essence redevient le centre, de faon quainsi une

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    gnration entire peut paratre dune toute autre forme ;cest pour cela que la puissance de Dieu est inscrutable.

    46. Nos crits nont point pour objet en cela de vouloirsonder la Divinit dans sa nature ternelle. Non, cela ne

    peut tre ; mais seulement denseigner laveugle la voiequil doit suivre lui-mme. Nous ne pouvons pas marcheravec ses pieds ; mais comme chrtien nous voulons bienle conduire, et partager avec lui ce que nous avons, nonpas pour notre renomme, mais pour aider planter legrand corps en Christ avec ses membres, et dont nousvous parlerons ci-aprs, et ce pourquoi ces choses trsleves vous ont t traces pour que nous vous mon-trions le vrai point dans loriginal, afin que vous puissiezvous reconnatre vous-mmes, et que vous appreniez comprendre le cours de ce monde ; comment tout est siaveugle sur Dieu, et quelle en est la cause, et quelle enest la fin.

    47. Nous vous ajoutons ceci, afin que vous puissiez vousbien reprsenter que ces quatre formes sont dans touteschoses, mais non comprises dans leurs vritables essen-ces dans ce monde, cest--dire, dans le troisime prin-cipe ; car la puissance du soleil tempre tout dans leslments, de sorte que les essences ne dominent pas ain-

    si dans un bouillonnement colrique, quelles sont unejoie dune vie amicale, de mme que la lumire hors dusecond principe, qui est la lumire hors de la parole et ducur de Dieu le Pre, claire les quatre formes dans lecentre de lesprit anglique, de faon quelles sont, dansleur propre centre, laimable et habitable royaume de joie.

    48. Et vous pouvez bien rflchir sur la chute des dmonsqui ont perdu la lumire du cur de Dieu, et qui mainte-nant doivent rester dans les quatre formes de loriginal,

    dans un tourment angoisseux, tel quil a t dit ci-dessus.49. Ainsi lme de lhomme lui a t aussi souffle delternel lien, et a t claire de la lumire de Dieu ;mais dans la chute dAdam elle a pass de lternelle lu-mire du cur de Dieu dans la lumire de ce monde, etelle doit sattendre maintenant, que si elle ne rentre pasdans la lumire de Dieu, elle demeurera, lorsque la lu-mire de ce monde se brisera pour elle, dans les quatreformes hors de la lumire, dans la premire naissance de

    la vie auprs des dmons.

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    50. Car les quatre formes, sans lternelle lumire, sontlabyme, la colre de Dieu et lenfer ; et le terrible clairde feu dans la roue du brisement, dans lchappementdemercure en esprit de soufre, est leur lumire quils doi-vent veiller en eux-mmes, sans quoi leur esprit restedans un ternel tnbre et est un forme vivante delabyme, un rgime du svre bouillonnement qui slveainsi en clair de feu au-dessus de Dieu et du royaumecleste, et cependant ne peut ni latteindre, ni le voir, nile sentir ; car cest un principe que ne saisit ni ce monde,ni le monde anglique, et cependant nest point dans unlieu et une place spare.

    51. Car nous vous donnons ceci considrer : de mmeque nous hommes, avec nos yeux de ce monde, nous nepouvons voir ni Dieu ni les anges, qui sont cependant tout moment devant nous. Comme la Divinit est aussi ennous, et cependant nous ne pouvons la saisir moins quenous ne mettions notre imagination et notre opinitre vo-lont en Dieu, alors Dieu brille en nous dans la volont etremplit lme, et nous sentons Dieu, et nous le voyonsavec nos yeux.

    52. De mme aussi, si nous tablissons notre imaginationet notre volont dans la mchancet, nous recevons la

    proprit infernale dans la colre : et le dmon dans lacolre de Dieu nous saisit dans le cur, et nous ne levoyons pas avec ces yeux (du corps) ; seulement lespritet la pauvre me dans lternel bouillonnement deloriginal le conoivent et tremblent devant cette colre,de manire que plusieurs mes se dsesprent et se pr-cipitent delles-mmes dans le bouillonnement deloriginal, et poussent le corps la mort par lpe, par lacorde, par leau, afin quelles puissent seulement tre d-

    livres de ce tourment dans cette vie, car elles sont expo-ses la drision entre le royaume du ciel et le royaumede ce monde ; cest pourquoi elles se prcipitent verslabyme.

    53. Aussi nous vous donnons ceci considrer trs s-rieusement : savoir, que Dieu na pas proprement cr unenfer, une ghenne particulire o il voulut tourmenterles cratures, cest--dire les anges et les hommes, puis-quil est un Dieu qui ne peut pas vouloir le mal, quil ledfend lui-mme, et a cet effet laiss son cur devenirhomme, afin quil put retirer lhomme de cet angoisseux

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    et ternel tourment. Cest ainsi que nous devons consid-rer le svre tourment de labyme qui est ternel.

    54. Cest pourquoi aussitt que les dmons se sparrentde la lumire de Dieu, et voulurent dominer dans la puis-

    sance du feu sur la douceur du cur de Dieu, ils furentds linstant et dans un clin dil dans labyme infernalqui les y contint ; car il ne leur fut fait aucun tourmentparticulier, mais ils demeurent hors de Dieu, dans lesquatre formes de lternelle nature.

    55. Il en est ainsi dans lme des hommes, lorsquellenest pas claire de la lumire divine, qui, nanmoins, setient avec un grand dsir devant lme, et est cachedans le centre, et seulement il est de lme de poser de

    nouveau sa volont, comme une vgtation de quatreformes, dans la lumire de Dieu ; alors elle sera rgn-re de nouveau dans la volont et la vie de Dieu.

    56. Nous ajoutons pour le cher lecteur, que les cratures,le dmon, aussi bien que les mes damnes, nont passeulement les quatre formes dans le lien de leur vie ;mais leurs formes sont infinies comme les sens delhomme sont infinis, et elles peuvent se changer dans lesformes de toutes les cratures. Mais il ny en a que quatrequi leur soient manifestes, comme aussi dans labyme delenfer ; mais elles peuvent produire toutes les formeshors de la matrice, except la lumire : le feu est leurvraie vie, et lastringence des tnbres leur nourriture.

    57. Car une essence nourrit lautre, de sorte quil y a ainsiun lien ternel ; et les dmons ainsi que les mes desdamns ne sont que des esprits vivants dans les essencesde lternel original, dont ils sont aussi crs ; car cettematrice est la plus radicale gnratrice qui sengendretoujours de lternelle volont.

    58. Et selon cette forme, Dieu se nomme un Dieu jalouxet colrique, et un feu dvorant : car le feu de cettesource est dvorant, puisquil est au centre de lternellien. Cest pourquoi, sil senflamme dans laigu astringent,il consume tout ce qui se montre de substantiel dans lesquatre formes (ny comprenez pas ce qui est n de leursource, car les dmons sont de cette source, qui ne peutpas les consumer, puisquils sont nus et sans corps),comme on le voit dans les sacrifices de Mose et dIsral,

    que le feu dvorait, aussi bien que dans lie et les deuxcapitaines de cinquante hommes, en ce que le feu de Dieu

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    dvora deux fois les cinquante, lorsque Isral taitconduit par la parole dans la source du Pre.

    59. Je veux maintenant vous montrer plus amplement laforme de la Divinit, afin que vous sondiez labyme de

    lternelle vie, et que vous appreniez comprendrelternel bien, et aussi lternel mal ; de mme que ce quiest mortel en ce monde, et que vous appreniez pntreret connatre la volont du suprme bien, et ce questDieu, le ciel, lenfer, le dmon, et ce monde, et ce quevous avez y faire.

    60. Jean, vangliste, crit justement, profondment etclairement, que dans le commencement tait le Verbe, etque le Verbe tait Dieu, et que toutes choses ont t fai-

    tes par lui ; car la parole manifeste la Divinit et engen-dre le monde anglique, un principe en soi-mme, ce quilsera ais de comprendre.

    61. La premire ternelle volont est Dieu le Pre, (etest) dengendrer son fils ou sa parole, non pas dautrechose que de lui-mme. Or nous vous avons instruits desessences qui sont engendres dans la volont, et com-ment la volont dans les essences est tablie dans les t-nbres, et comment les tnbres dans la roue delangoisse sont brises par lclair de feu, et comment lavolont vient en quatre formes, qui, dans loriginal, nefont toutes les quatre quune seule ; mais dans lclair defeu brillent ainsi en quatre formes, et comme lclair defeu se dclare, en ce que la premire volont saiguisedans lastringence colrique, de faon que la libert de lavolont brille en clair. L nous vous avons aussi donn entendre que la premire volont brille dans lclair defeu, et est consumante cause de laigu angoisseux ; carl la volont brille en aigu et contient en soi la seconde

    volont (entendez dans le centre de laigu), de sortir delaigu, et de demeurer en soi-mme dans lternelle liber-t sans tourment.

    62. Maintenant nous vous donnons entendre que cettemme seconde volont recompacte de sortir de laigu, etde demeurer en soi-mme dans lternelle libert sanstourment, est libre de sa nature, cest--dire de sa ru-desse ; car elle demeure dans le centre en soi-mme etcontient en soi-mme toutes les forces et toutes les for-

    mes du centre hors de toutes les essences, attenduquelle est la force de la premire volont, et est engen-

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    dre dans la premire volont, et fait dans la libert de lapremire volont un centre de gnration des quatre for-mes insaisissables, dans la premire volont. Et cettemme seconde volont, engendre dans la premire vo-lont, est le cur de la premire volont, car elle estlternel centre de la premire volont, et est dans lapremire volont comme une parole qui se meut en soi-mme et demeure ternellement dans la naissance de lapremire volont, car elle est son fils ou son cur, et est cause de cela spare de la premire volont, de faonquelle tient en soi un centre particulier.

    63. Alors le pre ou la premire volont prononce toutechose par cette parole ou par le centre, et ce qui procdehors du Pre par cette parole, est lesprit de la puissancede la parole dans le Pre, qui forme le prononc la ma-nire desprit, de faon quil brille comme un esprit.

    64. Car dans la matrice astringente, ou dans le fiat, toutest comprim, et lesprit de la parole le forme dans lecentre de cette mme essence dans laquelle le Pre semeut, et parle par le Verbe, de faon quil est et demeureen essence. Car ce qui est form dans lternel, est espritet ternel, tel que les anges et les mes des hommes.

    65. Mais comme il se pourrait que nous fussions pourvous comme muets et inintelligibles, puisque la compr-hension nappartient point lesprit de ce monde ; nousallons vous montrer les trois autres formes clestes,comment elles sont engendres, dans lesquelles il fautentendre particulirement Dieu, le royaume du ciel, le pa-radis, et le monde anglique, afin que le lecteur puissetre introduit dans le sens (ou lintelligence).

    66.Il ne faut pas entendre que la Divinit prenne ainsi uncommencement, ni quelle subisse un changement. Non.Mais jcris de quelle manire on doit apprendre com-prendre ltre divin, car nous ne pouvons point employerde mots angliques, et quand mme nous les emploie-rions, cependant cela nen paratrait pas moins craturedans ce monde, et terrestre lintellect terrestre. Carnous ne sommes quun particule du total, et nous ne pou-vons pas parler du total, mais des parties, ce que le lec-teur doit considrer.

    67. Car lesprit divin, dans le cur de lhomme, est seul

    un tout, et hors de l rien ne lest ; car hors de l toutdemeure dans les essences, et Dieu seul est libre, et hors

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    lui, nul autre. Cest pour cela que nous parlons de la par-tie, et nous saisissons le tout dans la pense ; car nousnavons aucune langue pour lexprimer ; donc nous nousprsentons seulement au lecteur comme pour lui servirdchelle.

    68. Si donc nous voulons crire ou parler de Dieu avecjustesse, nous ne le pouvons que par la lumire et laflamme de lamour ; ce nest que l que Dieu se fait en-tendre.

    69. Nous ne pouvons pas dire que le bouillonnement dufeu soit la lumire, seulement nous voyons quelle brillehors du feu : or nous nous avons instruits de loriginal dufeu ; comment il est engendr dans la roue des essences

    dans le dur aigu angoisseux, et prend son clair delternelle libert, l o la libert est pousse dans la na-ture, de faon que de la libert vient un bouillonnementqui est le feu.

    70. Nous vous avons instruits aussi comment lclair partrapidement au travers de la roue des essences, dans ledur aigu angoisseux, et fait une croix : et alors la rouedes essences ne tourne plus, mais demeure tremblantedans le son, et toutes les essences prennent leur force etleur puissance dans lclair de la croix : car lclair percedroit au travers et partage les essences de la roue, et lesessences passent obliquement au travers de lclair ; carlclair est leur esprit, qui fait une forme sulphureuse danslastringent.

    71. Ainsi la gnration est en travers comme une croix, etelle a en dessous le centre pour naissance, et en dessusportion de lclair qui pousse, et toute la gnration estcomme une plante. L le feu pousse en haut, et les es-sences se pressent aprs lesprit de feu, cest--dire aprsleur propre esprit qui les attire et les dsire ; car ellessont son aliment et sa nourriture, et il est leur vie, et lunsans lautre nest rien.

    72. Maintenant entendez-nous concernant leffroi du feuqui est effrayant et destructeur, et subjuguez toutes lesformes de toutes les essences. Car aussitt que lclairpart, toutes les formes des tnbres sont brises, et latnbreuse astringence, ou la mort pre, seffraye de lavie et tombe en arrire comme morte ou subjugue, et de

    dure devient faible et mince ; elle devient plante commetant impuissante et non fine en elle-mme, et de l vient

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    la pesanteur de la nature ; car la matrice astringente de-vient mince et lgre, et un esprit deau, de l leau estengendre.

    73. Et maintenant cet effroi de lastringence dans la mort

    tnbreuse devient un effroi dune grande joie ; car aulieu des tnbres vient la lumire. Et si maintenant lclairsaperoit l dans lastringence de laiguillon, il seffraiebien plus fort que sa mre lastringence, et nest pas aussiun effroi ennemi, mais un effroi de joie, trs riche enjoie ; de faon quil trouve ainsi sa mre mince, faible etdouce, do il perd sa proprit igne, et devient (danslternelle libert de lternelle volont dans le centre)blanc, clair, lumineux, aimable et joyeux, et sort par ldela cinquime forme de la nature, cest--dire la saint

    amour. Car l lclair dsire avec une grand ardeur samre comme une nourriture, et est l le vritable originalde la vie ; car cest l lallumement de la lumire danslastringente matrice, o la svre astringence se changeen douce.

    74. Et vous pouvez bien entendre cela, non pas entire-ment du centre de leur tre, mais, selon que jen penseparler, en similitude, comme si une huile tait engendredans la douceur, do la lumire brille dune manire sta-

    ble, et dure toujours, tandis que lclair perd sa proprit.Ainsi hors de sa forme il y a une lumire, un clat danslequel rside un centre particulier, do slve unroyaume de joie ; et cependant les quatre premires for-mes conservent leur centre pour elle, et le tnbre de-meure comme un tre enferm, et la lumire brille dansles tnbres, et les tnbres ne le comprennent point.

    75. Ce sont comme deux principes, et cela pour raison,puisque la douceur drive de la premire volont ter-

    nelle, qui, par nature, est libre en soi, et est mincecomme un rien, et est tranquille. Ce qui est tranquille etna aucun tre en soi, na point de tnbre en soi, maisest purement une douceur paisible, claire, lumineuse sanstre, et cela est lternit sans quelque chose, et sappelleDieu avant tous les autres ; car il ny a rien de mauvaisdedans, et cela est sans tre.

    76. Ainsi comprenez-nous. Dieu le Pre est en soi, maissans nom, car il est en soi la claire, pure et lumineuse

    ternit, sans tre, autant que nous pouvons parler de lalumire de Dieu.

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    77. Mais comme il ne peut pas tre sans tre, cest pour-quoi nous entendons sa volont quil amasse en soi derien, purement de et en soi-mme, et nous concevonsdans sa volont le dsir, et dans le dsir le centre de lagnratrice dans laquelle ltre est engendr.

    78. Maintenant lternelle gnratrice ne dsire rien quela parole qui cre dans la gnratrice ; car lternel reposet la joie lumineuse ne cre rien, mais elle est purementtranquille et claire ; car l o il ny a point de tnbre, lest une pure lumire sans changement ; car la gnra-trice dans le dsir fait un attract, de faon quil y a aussiun tnbrequi est ternel, dans lequel la nature est en-gendre, comme il est dit ci-dessus.

    79. Maintenant lternelle engendreuse dsire son premierattract la libert, cest--dire Dieu, et non pas les tn-bres en soi, car elle nen veut point ; mais seulement laparole qui a cr dans le dsir de lengendreuse, et aussiil ne peut y avoir aucun engendreuse sans un attract, quisengrosse lui-mme en volont, dans lequel engrosse-ment consiste le centre de la nature, et il ny aurait pointde parole sil ny avait point de nature, car cest dans lanature que la parole puise son original(ou origine).

    80. Et nous vous donnons ainsi ici une haute et profondeconnaissance, comment, dans la nature, il y a deux paro-les qui sont engendres ; lune dans le premier centre dela gnratrice, dans lpre astringence, pour prononcer laforte puissance de la mre de la premire astringente co-lre dans le feu, qui ici sappelle la nature de Dieu le Pre,quil engendre ainsi dans sa paisible joie, dans la compac-tion de sa volont, sans toucher la libert de la lumire.

    81. Et la seconde parole quil engendre de la nature etdela douceur ; entendez dans laquelle lternelle libert dela lumire, qui est appele Dieu, et est hors de la nature,envisage la nature tnbreuse, la vrit dans le feu delaigu, comme il a t dit ci-dessus : mais lastringenceseffraye dans sa propre qualit tnbreuse, et perd saqualit dure.

    82. Car lclair rend mince de nouveau lpre force tn-breuse, et ainsi sort en lui une vgtation dinnombrablesessences, qui est la puissance du second centre ; car dansce jet il y a un dsir damour qui saisit lternelle lumire

    de la libert hors de la nature : de faon quainsi la libert

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    DE LA TRIPLE VIE chapitre II

    connatre Dieu ? il vous faut sortir de Babel, afin que vousatteigniez le centre du fils de Dieu. Alors vous serez en-gendrs dans la douceur et dans lamour, alors vous pour-rez patre le troupeau du Christ ; autrement vous tes sonmeurtrier et un voleur, et vous marchez dans le centre dela colre ; l, vous ne faites que dvorer le troupeau duChrist, et vous soufflez avec le feu infernal. Oh commevous en agissez faussement envers lamour ! Commentparatrez-vous cependant lorsque le soleil se lvera, etquand vous serez dans la lumire ? cela vous sera alorsplac devant les yeux.

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    CHAPITRE III

    De la sixime forme de la nature, et aussiun avertissement touchant la connaissance divine

    1. Si nous voulons maintenant approfondir la saintenaissance de lamour et do elle drive, nous devonssonder le centre intrieurement, et poser devant nous lasixime forme de la nature ; savoir, le mercure dans le-quel le son est engendr, et nous trouverons dans la nais-

    sance de lamour, le ton, lclatement, et le chant ; et parles cinq sens, savoir, le voir, loue, lodorat, le got et letact, dans quoi la vie est aussi entendue, ainsi que lapeine et le tourment, aussi bien que la joie et lamour, ledsir du bien, et aussi le dsir du mal ; quoique dans lanature il ny ait rien en soi rejeter, les deux doivent setrouver, sans quoi Dieu ne serait pas manifeste, et toutne serait quun tranquille rien ; et le tout ensemble estdans le Dieu un. Personne ne lui a jamais rien engendr nifait ; lui seul dans son ternelle volont, qui est lui-mme, fait lengendreuse.

    2. Il est seul lternel commencement et comprime lecentre en engendreuse, lequel fait lternelle mre delengendreuse de ltre de tous les tres. Car Dieu napoint de commencement, et il ny a rien avant lui, quelui ; mais sa parole a un ternel insondable commence-ment en lui, et une ternelle infinissablefin. L cependantelle nest pas appele fin, mais personne, cest--direcur du pre, car ce cur est n de lternel centre, nonpas comme une forme du centre qui appartienne au cen-tre, mais comme le bourgeon dun autre centre, hors dupremier ternel.

    3. Cest pour cela quil est le fils du premier, et il estavec justice la flamme de lamour, et lclat du Pre danslternelle volont ; il est aussi la seconde mre delengendreuse, nommment aussi le monde anglique ; ilest de soi-mme un principe qui est appel la misricordede Dieu, et du centre duquel sort la vierge de lternelle

    sagesse de Dieu, et par lequel Dieu a cr ce monde, sa-

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    voir le troisime principe hors du premier, ensemble tousles tres et toutes les cratures.

    4. Et nous voulons avertir sincrement le lecteur de nepas chercher notre sens dans la sagesse de ce monde,

    mais dans la lumire de lternelle nature o nous vou-drions lavoir conduit, cest--dire dans la nouvelle renais-sance dans la vie de Christ. Autrement nous serons muetspour lui, nous nen serons pas compris, sans cette condi-tion (de la renaissance), il peut laisser l cet crit sans lecensurer, ou bien il mangera de la nourriture du premiercentre, et son mpris le rongera dans le feu de sa proprevie.

    5. Nous voudrions bien le faire jouir de la lumire ; cest

    pour cela que cette main a dpos ainsi les profonds se-crets, non pas pour les profits qui y sont attachs, maispar rapport au lys et cause du monde anglique.

    6. Remarque seulement ici particulirement, tu verras ceque tu nas point vu depuis la terrible chute dAdam ; etpense seulement sur cela ce que cela signifie, et ce quibrille ici. Ne marche point dans les sentiers des orgueil-leux Pharisiens qui ont crucifi Jsus-Christ, et sont de-meurs aveugles la lumire, sans quoi il en sera demme de toi.

    7. Ne considre pas non plus l