Trésors sous-marins

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TRESORS SOUS-MARINS

La difficulte des recherches • Q ,uels tresors ? • Les !resors des Ameriques • L ' o

de l'Tnoincible Armada • Les galions de la baie de Vigo • Le tresor du (( Lau-rentic » • Une ban que flo ttante : l' (( Egypt)) • L ' or des Florida Keys

L a pe rse ver anc e recom-

pensee : le plongeur re-monte un joyau arrachea l ' ocean (ct. R . S te nu it ).

II ne fait aucun doute que le sous-sol des

oceans renferme de precieux gisements auriferes,

mais leur exploitation (a supposer qu'elle soitpossible) poserait des problemes techniques tels

qu'ils greveraient les cents d'extraction au poinque celle-ci ne serait plus rentable.

Les oceans recelent aussi des quantites con

siderables d'or qui se sont perdues avec le

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Ci-contre : nettoyage ettri de d ijferents objets( us te ns il es d e t ab le , p ie c esde m onnaie, pierres pre -cieuses) decouoerts dansu ne e pa ve (ct. R . Dei).

bateaux qui les transportaient d'un continent

a l'autre. Des lingots, des pieces, des bijoux

gisent au fond des mers, pour la plupart d'ailleurs

a faible profondeur, car c'est Ie plus souvent

au voisinage des cotes que se produisent les

naufrages. 11 n'en faut pas plus pour exciter

l'imagination la moins fertile.L'homme, depuis des siecles, a ete attire,

parfois obsede, par ces tresors immerges. Les

eaux des Caraibes offrent sans doute la plus

grande densite de navires enfouis, epaves de

galions espagnols pour la plupart, A I'epoque

ou l'on va sur la Lune et ou l'on accomplit

tant d'autres exploits, localiser ce qui reste

de ces navires et remonter leurs cargaisons,

abandonnees depuis des siecles, peut sembler

chose aisee.

En fait, a part quelques exceptions notables,

il s'est avere presque aussi difficile de recuperer

les tresors sous-marins que d'extraire l'or du

sous-sol oceanique. On peut affirmer, sans

risque d'erreur, que les capitaux investis dans

C i-d es su s : q ue lq ue s-u nsdes bijoux et des p ierresp re cie us es r etr ou oe s a

bord du Mantaceros,

u n galion espa gnol qui seperdit corps et biens surles c otes m eridionales del'tle de Corumel, en mer

des Caraibes (cl. D ei).

T R E S O RS S O U S -M A R IN S 2973

Cependant l'asdic ne fonctionne pas toujours

aussi efficacement que cette description pourrait

le laisser penser. Dans l'eau, les ondes sonores

sont alterees par les variations thermiques,

ce qui se traduit par des erreurs d'evaluation

pour le reperage. On utilise parfois, paralle-

lement a l'asdic, un autre dispositif : I'echo-sondeur*, qui emet des ondes dirigees vertica-

lement vers le fond et permet d'en connaitre

le relief. Quant au transit-sonar, il fonctionne

selon le meme principe mais couvre un plus

vaste champ d'exploration et presente une plus

grande securite,

Avant l'invention du sonar, le dragage etait

dans la pratique le seul moyen de recherche

pour les epaves gisant en eaux profondes. Ce

genre de recherches pouvait durer des annees,

En effet, exception faite de rares occasions ou

un membre de I'equipage avait eu la possibilite

de donner la position de son navire au moment

du naufrage, en se referant a un point precis

de la cote, la situation d'une epave non visible

la recherche des tresors perdus pendant les

trois derniers siecles ont depasse de beaucoup

les benefices tires de l'or, de l'argent et des

pierres precieuses ainsi recuperes,

la difficulte des recherches

La recherche des tresors immerges pose uncertain nombre de problemes, dont les plus

importants sont la localisation et la possibilite

d'acces,

Pour recuperer une epave, iI importe avant

tout d'avoir une idee bien precise de l'endroit

ou elle se trouve, afin de pouvoir limiter le

champ d'exploration. L'invention du sonar*

et son amelioration constante au cours des

trente dernieres annees ont considerablement

facilite ce type de travail. Les ondes sonores

se propagent dans l'eau tres rapidement. Un

dispositif comme l'asdic*, destine a l'origine

a la detection des submersibles, emet des ondes

sonores qui « rebondissent » sur l'obstacle.Les ondes ainsi reflechies, amplifiees et enre-

gistrees, indiquent l'endroit ou se trouve

l'obstacle ainsi que sa distance.

a la surface de l'eau n'a jamais pu etre parfai-

tement localisee.

Lorsque l'eau est relativement peu profonde

et permet a des plongeurs adroits de travaiUer

sur le fond, le reperage d'une epave est plus

aise, meme si l'on ne connait qu'approxima-

tivement sa position. Cependant, merne aux

environs des Florida Keys, ou les eaux sont ex-

trernernent claires, la visibilite sous l'eau de-passe rarement une dizaine de metres.

Aujourd'hui, quand un bateau de recuperation

passe au-dessus de I'epave reperee par echo-

sondeur son emplacement exact peut etre de-

termine grace au systeme DECCA (v. hyper-b o li qu e s [ .r y st eme s ]) . Dans un second temps, le

navire revient sur les lieux et signale cet em-

placemen t par des bouees ; des releves seront

faits pour ne pas « perdre» I'epave, les bouees

etant souvent dispersees par les tempetes,

quels tresors ?

Les epaves sont disseminees dans tous le

.oceans et les mers du globe. Nombre d'entre

I elles (na,vires grecs, romains ou carthaginois

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decouverts en Mediterranee, drakkars renfloues

en Scandinavie) ne sont en rien des « navires-

tresors », malgre l'interet qu'ils representent

pour les archeologues et les historiens. Les

hommes de l'Europe medievale ne risquaient

leurs richesses (en fait, les quantites d'or en

circulation au Moyen Age etaient tres faibles)

sur l'ocean peu sur que lorsqu'ils ne pou-

vaient vraiment pas faire autrement. C'est seu-

lement a I'epoque de la Renaissance que l'on

cornmenca a transporter regulierement par la

voie maritime de grandes quantites de marchan-

dises precieuses,Par « tresor », on entend en general des

objets elabores dans les matieres nobles, qu'un

sejour prolonge dans l'eau n'altere pas; par

exemple, l'or et les pierres precieuses. De nom-breux materiaux se conservent mieux dans

l'eau qu'a l'air, tant qu'ils sont a l'abri des

marees, des courants et du frottement continu

des roches et du sable. Du bois et meme certaines

peaux ont ete remontes dans un etat a peu pres

comparable a leur etat d'origine. Mais, une

fois a l'air libre, chaque fois que l'on n'a pas

pris les precautions necessaires pour assurer leur

conservation, ils se sont toujours desintegres tres

rapidement.Tandis que l'argent se deteriore facilement et

se trouve parfois altere par un long sejour dans

l'eau, l'or garde son aspect apres des siecles

d'immersion (ainsi, un doublon espagnol, frappeau xvr' siecle et perdu lors d'un naufrage,

a ete recupere quatre cents ans plus tard sans

avoir rien perdu de son eclat).

Outre les lingots et les joyaux, beaucoup

d'autres chargements valent la peine d'etre

recuperes. Certains objets en ceramique de

la Renaissance, qui furent repeches quasiment

intacts en mer des Caraibes, des terres cuites

antiques ou certaines ceuvres d'art se sont reve-

les d'une valeur bien superieure a celle de lin-

gots d'or. De meme, des cargaisons de metaux non

precieux, comme le cuivre, peuvent avoir une

valeur qui justifie une operation de recuperation.

Toutefois, lorsqu'on parle de « tresor », on se

refere habituellement a l'or, a l'argent et aux

pierres precieuses, et l'on pense aussi, Ie plus

souvent, aux galions espagnols disparus entre

I'Amerique et l'Espagne.

les tresors des Ameriques

A l'aube du xve siecle, la masse de metal

precieux en circulation diminuait dangereu-

sement, posant de serieux problernes en cette

periode d'expansion economique. En effet, la

masse de metal precieux extraite chaque annee

ne parvenait pas a compenser cellequi setrouvait

retiree de la circulation par thesaurisation

(tresors d'Eglise) ou par simple perte. C'est

ce besoin d'or qui motiva, pendant tout le

xve siecle, les tentatives d'exploration et de

colonisation, depuis Henri Ie Navigateur jus-

qu'a Vasco de Gama en passant, bien sur,

par Christophe Colomb.

Pendant tout le Moyen Age, les hommes

d'affaires - principalement italiens - avaient

La recuperation d'epave et de sa cargae ue ntu elle e xige a u prlable un releue precissite (ct. I st it ut o I nt erz io na le d i S tu di L ig ur

P ag e c i- co nt re : quelquuns des joyaux recupa bord de l'ipave dnavire de Flnoinci

A rm ada, la galeasserona, qui avait som

s ur le s c ot es d 'T rl an de

I588 (ct. R . S tenui

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tourne la difficulte en creant la lettre de change,

qui permettait de traiter des affaires sans deplacer

de fonds et souvent meme sans utiliser d'or.

Les republiques italiennes (Pise, Genes, Venise)

et, a un degre moindre, l' Aragon tirerent le

plus grand profit de ce systeme et accaparerent

le meilleur du commerce medieval.

La fin du Moyen Age vit la montee de nou-

velles puissances, tournees vers l'Atlantique. Por-

tugal, Castille, France, Angleterre ne pouvaient

esperer empieter sur l'aire commerciale medi-

terraneenne, et la faiblesse de leur organisation

econornique leur interdisait d'utiliser les tech-

niques financieres des Italiens. L'unique solu-

tion etait done de « court-circuiter» les grands

monopoles de I'epoque en trouvant une nou-

velle route des epices (qui servaient a l'occa-

sion de monnaie) evitant la Mediterranee, On

atteindra ainsi ces regions mythiques : Cathay

(la Chine) et Cipango (Ie Japon), riches en

denrees precieuses mais aussi en or, veritablepanacee economique.

En 1488, Bartolomeu Dias* doublait Ie cap

de Bonne-Esperance et, en 1497, Vasco de Gama

ouvrait la route maritime des Indes, par l'est,

au profit du Portugal; en 1492, Christophe

Colomb ouvrait, sans le savoir, celle des

Ameriques, et done de l'or, au profit de

l'Espagne.

L'affiux de metal precieux vers cette derniere,resultat de la conquete de l'Amerique du Sud,

devait bouleverser completement les donnees

economiques europeennes. Apres la conquete du

Mexique et du Perou, l'argent comme l'or com-

mencerent a affiuer a Seville dans des propor-tions toujours croissantes. De 1503 a 1660, les im-portations officielles s'eleverent a un peu plus

de 181 t d'or et pres de 17000 t d'argent; cepen-

dant, si l'on tient compte de la fraude, c'est au

moins 300 t d'or et 25 000 t d'argent qui furent

importees, L'or et l'argent continueront d'af-

fluer tout au long du xvne siecle.

Le trafic, controle par la Casa de Contratacion

de las Indias et dont Seville detenait virtuelle-

ment le monopole, etait constitue, a l'aller, par

des produits alimentaires, des tissus et du mer-

cure (necessaire pour l'extraction de l'argent) et,

au retour, par de l'or, de l'argent, mais aussi du

sucre, du bois et des plantes tinctoriales.

De 1504 a 1650, le trafic entre l'Espagne et

l'Amerique fut de « 10635 navires a l'aIler,

7 332 au retour. .. , compte non tenu des expedi-

tions de decouverte» (Pierre Chaunu). 11 serait

evidernment tentant de faire une simple sous-

traction et de conclure que 3 303 vaisseaux ont

sombre avec de precieuses cargaisons. Il faut

cependant tenir compte du fait que Ie nombre des

naufrages etait a peu pres le merne a l'aller qu'au

retour et que beaucoup des bateaux, immobili-

ses pendant pres d'un an dans les mers chaudes,

etaient incapables de repartir vers l'Europe,

leurs coques etant attaquees, La localisation de

l'epave d'un galion espagnol n'implique donc pas

la decouverte d'un tresor, et les chercheurs ont

souvent eu Ia desagreable surprise, en fouillant

les restes d'un bateau, de constater qu'il etait

vide ou bien charge de tissus et de pacotille.

A partir de 1520 .environ, la Casa commenca

a regrouper les navires en flottilles, ce qui per-

mit d'accroitre considerablement la securite de

la navigation, frequemment perturbee par les

pirates et les corsaires,

En regle generale, deux flottes partaient d'Es-

pagne chaque annee. La plus importante se di-

rigeait vers le golfe du Mexique, I'autre vers

Puerto Belo pour embarquer les cargaisons arri-

vant de la cote ouest de l' Amerique du Sud

(Chili, Perou) et qui etaient transportees ados

de mulet a travers l'isthme de Panama. L'annee

suivante, les deux flottes se retrouvaient a Hispa-

niola (Haiti) pour le voyage du retour. Au total,

la rotation des convois durait de quinze a dix-

huit mois.

Independamment de la menace representee

par les pirates, Ie voyage etait toujours dan-

gereux. La preference donnee a des vaisseaux

lourds et importants fut la cause de nombreux

echecs, ces navires etant peu maniables lors desaccostages et surtout lors du passage des bar-

rieres de recifs des Caraibes, Les bons pilotesetaient rares et les qualites nautiques des navires

assez moyennes. De plus, le convoi etait souvent

disperse par Ies ternpetes, voire completement

detruit. L'ampleur des catastrophes devenait

alors considerable.

En 1563, sept navires s'echouerent sur la cote

de Nombre de Dios, tan dis que vingt autres se

perdaient, corps et biens, dans l'Atlantique. En

1590, quinze navires sombrerent a Veracruz.

En 1591, seize disparurent du cote des Acores.

En 1601, quatorze autres a Veracruz.

Dans de nombreux cas, lorsque le naufrageavait lieu dans un port ou dans ses parages, tout

ou partie du chargement pouvait etre rapide-

ment recupere. Quoi qu'il en soit, au milieu du

xvn" siecle, plusieurs tonnes de tresors espagnols

gisaient entre la Floride et l'embouchure de

l'Orenoque, Depuis lors et jusqu'a nos jours nom-

breux furent ceux qui consacrerent leur temps,

leur argent et leurs forces a la recherche de

cet or des mers.

Phips et Ie Bane d'Argent

Sir William Phips est sans doute l'un des

plus connus parmi les chasseurs de tresors

sous-marins.

Benjamin d'une famille de vingt et un enfants

d'un petit village du Maine, aux Etats-Unis,

William Phips appartenait a l'une des premieres

generations de Blancs que l'on puisse qualifier

d'« americaines ». Entre a vingt-deux ans dans

un arsenal, il apprit le metier de la mer et nourrit

alors l'ambition de creer sa propre entreprise de

navigation. Un mariage heureux servit ses des-

seins, et en 1682 William Phips possedait un

bateau a merne de traverser l'Atlantique. C'est

alors qu'il decida de consacrer sa vie non pas

au cabotage ou a la navigation commerciale

intercontinentale mais a la recherche des tre-

sors engloutis.

Pour ce faire, illui fallait de puissants appuis.

Il mit done le cap sur l'Europe et, d'escale en

escale, arriva a Londres enjuin 1682. Apres avoir

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essuye plusieurs refus, il parvint a interesser a son

projet le roi Charles II, qui lui preta un navire

tout equipe, l 'A lg ie rs R o se , en echange de la plus

grande part des tresors retrouves, Au debut de

I684, l'A lgiers R ose arrivait dans les eaux bai-

gnant les cotes nord de Cuba, veritable cimetiere

marin en raison de l'importance des recifs.

Phips avait avec lui trois nageurs indiens du

Maine, et il est probable que la majeure partie

des epaves qu'ils inspecterent la premiere fois,

etait visible de la surface. Tres vite, l'equipage

- excite par la perspective des decouvertes -

se mutina et Phips eut bien du mal a reprendre

la situation en main. IIaborda alors a Hispa-

niola (Haiti), ou il rencontra un vieil Espagnol

qui lui parla d'une riche epave gisant sur le Bane

d'Argent, au nord de I'Ile,

IIs'agissait de l'epave de la Nuestra Senora del a Co ncepc io n, navire arniral d'une flotte de vingt

vaisseaux charges d'argent et disloquee par une

tempete dans les Caraibes en I64I. On racon-

tait que, cette annee-la, la plus grande partie du

tresor avait ete chargee sur deux navires, dont la

N ue str a S en ora . L'objectif etait done tres interes-

sant. Les premieres tentatives de recuperationfaites par les Espagnols avaient echoue a cause

des dangereux recifs sur lesquels s'etait deja abi-

mee la flotte en I64I.

Comme ses predecesseurs, Phips ne put appro-

cher les recifs de trop pres. Sa methode consista

done a mouiller en eaux sures et a envoyer une

chaloupe pour explorer le lieu suppose du nau-

frage (ensuite il utilisera des pirogues). Apres

sept semaines de recherches infructueuses pas-

sees a essayer de reperer I'epave, il dut regagner

l'Angleterre pour y effectuer des reparations et

La principale difficu l

dans la recuperation de pa ve s a lo ng te mp s r es i

dans le manque d'un mteriel approprie . Ici, aXVIII" siecle, « exp

rienc es faites en m er avla m achine hydrosta te

gatique » {m us ee C a rnvalet; cliche C harm et)

OCEAN

i·-

ATLANTIQUE

0---:."~I, ~

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trouver de l'argent. 11y arriva juste apres la mort

de Charles II et le nouveau roi, Jacques II, nefut pas dispose a fournir une nouvelle aide, chose

previsible puisque, apres deux ans d'efforts, Phips

ne pouvait offrir a son commanditaire que quel-

ques poignees de monnaies espagnoles.

Pourtant, l'annee suivante, etait creee lacompagnie des « Gentlemen Adventurers », qui

se proposait de faire du commerce avec les Indes

occidentales et de rechercher les tresors immer-

ges. On invita tout naturellement Phips a diriger

les operations et, a la fin de 1686, il etait de re-tour a Hispaniola a bord du James and Mary,accompagne du H enry of L ondon.Phips reussit a gagner la confiance du gou-

verneur espagnol d'Hispaniola en dissimulant,

sans doute, les veritables buts de son expedition.

Le plus gros navire resta a Puerto Plata, tandis

que le Henry oj London se mettait hors de vue

en allant mouiller au large du Bane d'Argent,

charge de canots. 'Quelques semaines passerent, pendant les-

quelles l'epave echappa aux investigations des

plongeurs indiens. Puis, un jour, l'un d'entre

eux rapporta un morceau de corail aux formes

etranges, En fait, le corail recouvrait un lingot

d'argent. On avait trouve la Nue stra S en ora . LeH en ry of L on do n rentra a Puerto Plata et les deux

navires se rendirent ensemble sur les lieux. En

un peu plus de deux mois, au printemps 1687,les plongeurs rapporterent environ 23 t de butin,

dont la moitie consistait en pieces et le reste

en lingots d'argent.

Phips se dirigea vers l'Angleterre, et fut re<;ua

Londres avec un fol enthousiasme. Non seule-

ment son expedition avait ete un succes au-dela

de toute esperance, mais le fait qu'il rapporte

les 23 t de butin fut considere comme une tres

grande preuve d'honnetete en un temps ou la

tentation de disparaitre avec ses propres decou-

vertes etait tres grande. Le roi le recornpensa

en le faisant chevalier et en le nommant « High

Sheriff» de la colonie du Massachusetts.

Une nouvelle expedition, mieux equipee, fut

alors mise sur pied et, devenu sir William, le

nouveau chevalier repartit pour Hispaniola avec

quatre navires, sur l'un desquels se trouvait le

vieux financier fondateur des « Gentlemen

Adventurers », le due d'Albemarle, qui allait

prendre possession de sa nouvelle charge degouverneur de la Jamaique. Mais au bout de

six mois environ de labeur on ne put retirer que

5 t de marchandises, en majeure partie de

l'argent. En moins de cinquante ans, la coque de

la N uesira S en ora avait ete tellement encroutee

par les coraux que les nageurs de Phips ne purent

se frayer un passage dans les cales inferieures.

On pense done que la majeure partie du tresor

est restee sur le Bane d'Argent, apres la derniere

expedition de sir William.

l'or de l'lnvincible Armada

A la fin de juillet 1588, l'Invincible* Armada

quittait l'Espagne a destination de l'Angleterre.

La flotte se dispersa a la suite de sa defaite sur

laManche. Quelques navires, en contournant

l'Ecosse par le nord, parvinrent a regagner

l'Espagne. D'autres avaient ete detruits lors des

combats, et tous, sans exception, eurent a souffrir

des mauvaises conditions atmospheriques dans

les mers nordiques, Un navire se dirigea vers

la baie de Tobermory, dans l'ile de Mull, l'une

des Hebrides. La tradition veut qu'il s'agisse de

l'A lm iran te d e F lo ren cia, veritable navire-banque

de l'Armada, qui transportait 2 millions de livres

en or et en argent pour payer les soldats.

En fait, les sources espagnoles semblent contre-

dire cette tradition et, a la lurniere des evene-

ments qui suivirent, il semble effectivement

improbable que le mysterieux navire ait ete

l 'Almirante. Quoi qu'il en soit, l'equipage finit

par se trouver mete aux guerres qui opposaient

perpetuellement les clans ecossais, Le « laird »

(la plus haute autorite locale) de Mull, Lachlan

McLean, repute pour sa grande cruaute, etait

oppose au depart des Espagnols (ou des Portu-gais, s'il s'agissait bien de l 'Almirante), qui lui

avaient accorde leur aide en echange de vivres.

Lorsque le navire tenta discretement de s'echap-

L a recup era tion d essors sou s-m arin s v uele Petit Journal

I9I2: «L e sa uv eta gm illion s d e l'Ocean(cliche J.-L . C harm

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per, un otage, pris par les marins, fit sauter le

navire, qui coula dans la baie.

Un derni-siecle plus tard, Charles Ier accor-

dait au comte d'Argyll le droit de propriete sur

toutesles epaves qui gisaient dans les eaux de

son domaine (qui incluait Mull). Les descen-

dants du comte dirigerent plusieurs tentatives derecuperation du butin. Bien que la profondeur

ne depassat pas 20 m, le repechage du tresor

.. s'annoncait difficile, eu egard aux moyens dont

on disposait a l'epoque, ,Un plongeur ecossaisdu nom de James Maude

fut engage pour inspecter I'epave, 11plongea a

bord rl'une cloche .sous-marine lestee de plomb

et remplie d'air par des bouteilles fixees a une

corde. D'autres recherches furent entreprises en

1680 et 1690, mais on ne trouva aucun tresor j-

seuls, quelques canons purent : etre repeches.

Aujourd'hui, on peut .admirer l'un d'entre eux

a Inveraray Castle. Sa presence confirmait

l'existence, . dans la baie de Tobermory, del'epave d'un vaisseau de guerre, qu'il ait ou non

appartenua l'Armada.

Aucune decouverte interessante n'eut lieu dans

.cette region avant que Ie progres technique ne

permit, au xrx=.siecle, d'effectuer des recherchesplus fouillees; mais, entre-temps, l'epave avait

disparu, En 1902-1903, on retrouva cependant

quelques pieces de monnaie (toutes frappees

avant 1588) et, quelques annees plus tard, gracea l'utilisation d'une sorte de pompe hydraulique

a air comprime permettant d'aspirer la vase, on

recupera quelques pieces d'argent et surtout une

grosse plaque d'etain qui portait les armoiries

des Pereira, patronyme, semble-t-il, du com-mandant de l'Almirante.Cette plaque est la seule preuve concrete qui

puisse accrediter la vieille tradition selon laquelle

l'epave de Tobermory est celle de l'Almirante.

En 1910-1912, la Tobermory GalleonSalvage

Company, organisee par Ie colonel K.M. Foss

sous l'egide du due d'Argyll, repecha des armes

et d'autres objets. En 1950, la Navy mit a sa

disposition ses propres scaphandriers, lesquels

reussirent a reperer I'epave et a trouver des

endroits de la coque en bon etat, malgre les

siecles d'immersion. Ils ne decouvrirent aucun

tresor, mais le due ne se decouragea pas et

poursuivit les recherches a son compte, en uti-

lisant une puissante drague de fabrication alle-mande. II repecha quelques fragments de por-

celaine et de verre, quelques morceaux de coqueet un canon. .

Des instruments modernes permirent de detec-

ter la presence, a 7 ou 8 m· sous la vase, de

materiaux tres durs. Un examen approfondi

revela, en 1967, qu'il· s'agissait ... d'un tas de

pierres immergees lors de la construction du quai

de Tobermory. Le tresor, si tresor il y a, est

toujours sous les eaux.

les gal ions de la baie de Vigo

L'accession autrone d'Espagne, en 170I, dudue d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, declencha

une guerre de succession qui mit aux prises

T R E S O R S S O U S - M A R IN S 297

Long. Ouest. 9 Est de Gr.

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~p~Orcac!les~m.

\i'~hDunCanSbY

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C: 0 R D

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l'Espagne, alliee a la France, et l'Angleterre

alliee a la Hollande. C'est dans ce cadre qu

la flotte francaise, commandee par Chateau

Renault, recut pour tache d'escorter, depu

Cuba, un precieux convoi espagnol qui, outr

sa riche cargaison de bois, de coton, de tabac

d'epices, rapportait en Europe de grandes quantites d'or et d'argent destinees a financer l

operations militaires.

Devant initialement aborder a Cadix, la flot

dut finalement se diriger vers Vigo en raison d

la presence d'une escadre ennemie venue pou

l'intercepter. En depit de la rapidite des opera

tions, la flotte franco-espagnole fut surprise e

plein debarquement et ne put s'echapper d

cette souriciere ferrnee par une passe etroit

Cinq galions furent pris, mais nombre d'entr

eux sombrerent, s'etant sabordes sur les ordre

de-ehateau--Renault.

On ne connaitra jamais le montant exact d

cargaisons englouties dans la mer. Aussitapres la bataille, on mit sur pied une operatio

de recuperation, mais la plupart des epav

gisant par plus de 20 m de fond elle ne donn

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2980 T R ES O R S S O U S - M A R IN S

aucun resultat, Le gouvernement espagnol se

resolut a conceder le droit de recherche a qui-conque se proposerait, a condition toutefois que

95 % des biens retrouves lui reviennent.

On s'accorde generalement pour penser que

des recuperations importantes ont eu lieu entre

le xvme et le XIXe siecle, Certaines archives

maritimes francaises tendraient a prouver qu'un

galion, le Tojo, a ete renfloue en 1741- 1742 par

le Francais Alexandre Goubert.

Sa technique, qui devait se perfectionner au

fil des tentatives, s'appuyait sur le mouvement

des marees, Des cables amarres a des pontons

etaient attaches a I'epave de telle sorte qu'a

chaque maree il etait possible de gagner quelques

centimetres. L'apparition de bulles a la surface

de l'eau permit de se rendre compte que le

galion bougeait; apres quelques semaines de

travail, une partie de la coque etait repechee.

Une fois les canons, les munitions et le lest

decharges, on put transporter le reste a terre,

mais, malheureusement, on ne trouva pas un

seul ducat a bordo

Une generation plus tard, un Anglais arrivait

dans la baie de Vigo, muni d'une cloche sous-

marine approvisionnee en air par une pompeo

II ne devait repecher que quelques pieces

d'argent.

En 1825, deux Anglais, William Evans et

Isaac Dickinson, ayant passe un nouveau contrat

avec le gouvernement, qui leur octroyait 20 %de ce qui serait recupere, repecherent patiem-

ment l'ancre et disparurent en la gardant pour

Une petite partie dsor (d'une valeurde IOO 000 doque recelait l' epavWarwick, coule endans les CaraibesP . S tackpo le -Parimag

eux. Apres cet incident, chaque fois que quel-

qu'un engageait des recherches, un navire espa-gnol montait la garde. Quelques annees plus

tard, l'International Submarine Company essuya

un echec total. Elle ne reussit a renflouer un ga-

lion que pour le voir se disloquer en arrivant en

surface sous le poids de la vase et s'enfoncer a

nouveau dans la mer, en morceaux.

En 1870, ce fut le tour d'une expedition

francaise qui, malgre un equipement tres per-

fectionne (elle utilisait notamment une tourelle

d'observation mise au point par le Francais Er-

nest Bazin, dans laquelle il resta lui-meme, au

fond de l'eau, pendant une heure et demie) et

des efforts prolonges, ne put reperer de tresor

interessant, bien que les plongeurs aient rap-

porte les objets les plus divers qu'il soit possible

de trouver a bord d'un navire du xvm'' siecle.

Pour Jules Verne, il etait inutile de poursuivre les

recherches puisque le tresor de la baie de Vigo

avait ete recupere par les hommes du Nau tilu s ...Au debut du XIXe siecle, une autre tentative

serieuse fut entreprise par les Italiens Giuseppe

Pino et Carlo Iberti, qui avaient longuement

etudie le probleme, L'appareil curieux mais

efficace mis au point par Pino, moitie tourelle

d'observation, moitie submersible, repera une

epave que l'on put ensuite rarnener a la surface.

Elle ne contenait, elle non plus, aucun tresor.

Une expedition hollandaise dut suspendre ses

travaux a cause de la Seconde Guerre mondiale,tandis qu'une expedition espagnole y renoncait

apres quelques plongees infructueuses.

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T R ES O R S S O U S -M A R I N S 298

Ie tresor du « Laurentic »

Le Laurentic etait un navire de ligne anglais

de 15 000 t - transforrne en croiseur auxi-

liaire lors de la Premiere Guerre mondiale -

qui fu t coule, en I9I7, par une torpille ou par

une mine allemande, au large de l'Irlande du

Nord. II transportait quelque 40 t de lingotsd'or, qui furent a peu pres completement re-

pechees.Les autorites anglaises pensaient que l'ope-

ration ne presenterait pas de grosses difficultes,Le navire avait coule au large de Lough Swilly,

a moins de 4 km de la cote, a une profondeur

de 35 m (la partie la plus haute de I'epave se

trouvait a mi-chemin environ de la surface).

II n'y avait pas de problerne pour reperer

l'epave et l'on pouvait se servir des equipements

sous-marins traditionnels. De plus, par un heu-

reux hasard, le Laurentic s'etait couche avec une

bande de 60° sur la gauche et, de ce fait, les

portes etanches des charnbres blindees, ainsitournees vers la surface, se trouvaient parfaite-

ment accessibles. II ne restait plus aux plongeurs

qu'a ouvrir les portes pour entrer et recuperer

l'or. L'operation ne devait demander, tout au

plus, que quelques semaines; elIe dura en realite

des annees.

En effet, des risques tout a fait inhabitueIs

devaient rapidement apparaitre. Les submersibles

allemands continuaient a semer leurs mines a

mesure que les dragueurs de mines anglais les

enlevaient. Les dangers d'une explosion sous-

marine etaient tels que les plongeurs devaient

s'eloigner rapidernent chaque fois qu'un dra-

gueur operait dans u n rayon de 8 kilometres.

IIs devaient, en outre, faire tres attention aux

palans qui avaient ete decroches du Laurentic

quand .les chaloupes de sauvetage avaient ete

mises a la mer et qui, pris dans des remous, se

Plongeurs au travail sur

une epave gisant en mer

des Caraibes (cliche Pe-

ter Stackpole-Parimage).

balancaient, constituant une menace perma

nente pour le plongeur imprudent.

Une fois les portes reperees, marquees et fo

cees, on decouvrit une grille de fer que l'on par

vint facilement a deplacer ; on arriva ensuite

l'or. Quatre coffres-forts furent immediaternent

recuperes, mais une ternpete obligea a suspendre

les operations, qui ne reprirent que deux semaineplus tard.

Le Laurentic, en raison des remous, s'etai

completementretourne. Les acces ala chambre

blindee, qui se trouvaient initialement par 20

de fond, netaient plus maintenant qu'a 6 o

7 metres. L'interieur de la coque ri'etait qu'un

chaos de metaux, d'appareils brises et de sable

dans lequel les plongeurs durent se frayer u

chemin avec des explosifs; lorsqu'ils atteignirent

la chambre forte, ils constaterent avec stupe

faction que l'or s'etait volatilise l 11 avait en fa

disparu par un trou dans le plancher et eta

desorrnais enseveli sous l'epave. Deux mois pa

serent avant que l'on put a nouveau le localser avec exactitude; mais quand, en septembre,

on fit de nouveau appel aux plongeurs, on re

monta pour environ I million de livres sterling

La guerre terrninee, on constata avec etonne

ment que I'epave avait peu bouge au cours de

dix-huit derniers mois. Le travail reprit la ou

avait ete abandonne et l'on repecha d'autres

lingots. Toutefois, on s'apercut rapidement qu

l'on ne travaillait que sur une partie du charge

ment et qu'il devait exister un depot plus impor

tant dans une autre partie de l'epave. II fa

lut deplacer a la main de grosses quantites d

pierres et de sable. Les plongeurs travaillaient

dans une demi-obscurite, envoyant le sable sa

par sac aux unites de soutien. Le fastidieux

epuisant dragage a la main se poursuivit tou

au long des etes I920-I92I, pour ne rapporter,

finale me nt, que cinquante lingots.

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2982 T R E S O R S S O U S -M A R I N S

Pendant I'hiver I92I-I922, l'Atlantique se

montra clement avec les plongeurs : au lieu

de combler encore une fois I'epave de sable, il

la deblaya completement, Ainsi, quand ils re-

vinrent au printemps I922, ils virent les der-

niers lingots qui devaient etre recuperes (dix-

neuf en une seule journee}.A la fin de la saison I923, on avait recueilli

3057 lingots et il ne devait donc plus en rester

que I54 sous I'epave disloquee du Laurentic. Laplupart furent rernontes au printemps et a

I'ete I924; il n'en restait plus que vingt-cinq

dans les fonds mouvants de Lough Swilly, vingt-

cinq lingots qui gisent encore par Ie fond comme

pour laisser rever les chercheurs de tresors,

une banque flottante : 1'« Egypt»

Apres la Premiere Guerre mondiale, la firme

italienne SO.RI.MA. se specialisa dans la recupe-

ration des epaves et surtout dans la fouille de

celles qui ne pouvaient etre renflouees. L'un de

ses plus brillants succes fut sans doute la recupe-

ration (I929-I935) des lingots de l'Egypt, qui

avait coule a la pointe du Raz le 20 mai I922.

Outre les pertes en vie humaines, il existait

des motifs bien precis de deplorer la disparition

de ce bateau. L'Egypt etait, en effet, une veri-

table banque flottante, car il transportait des

fonds de la Banque d' Angleterre destines aux

banques de l'lnde : I 089 lingots d'or, I64 979

livres en pieces d'or et environ I 200 lingots

d'argent, soit une valeur totale de plus de

Imillion de livres sterling. Sa cargaison compor-

tait egalement des billets de banque ernis en

Angleterre pour les banques d'Hyderabad mais

qui, ne comportant pas de signature officielle,

etaient de ce fait sans valeur.

Le navire gisait par I20 m de fond, dans une

zone balayee par de forts courants mais nean-

moins localisee avec precision, I'officier radioetant reste courageusement a son poste aussi

longtemps qu'il avait ete necessaire pour signaler

sa position, laquelle avait ete notee par les sta-

tions de radio, celle d'Ouessant entre autres.

En raison de la profondeur ou gisait I'epave, on

jugea impossible toute tentative de recupera-

tion, d'autant que l'on savait la chambre forte

se trouver sous Ie cinquieme pont du navire.

Les assureurs rernbourserent I million de

livres, non sans decider de tout mettre en oeuvre

pour recuperer l'or qui se trouvait dans les cales

de l'Egypt. L'annee suivante, ils passaient unaccord, par I'interrnediaire de la Salvage Associa-

tion, avec un expert de Londres, Peter Sandberg,

qui pensait pouvoir repecher une partie de la

cargaison. On fit appel a une maison suedoise

de recuperation et, apres un mois de plongees,

mis au point par Neufeldt et Kuhnke, mais

bien qu'ayant passe une bonne partie de I'etede I926 en plongees continuelles, elle ne par-

vint pas areperer I'epave. Ce n'est qu'en I928

que Sandberg, toujours convaincu que I'opera-

tion avait des chances de reus sir, s'adressa a

la SO.RI.MA., laquelle, par I'interrnediaire du

commandant Quaglia, fondateur de la compa-

gnie, en accepta la charge et confia les recherches

au navire specialise Artiglio.Le dragage du fond, fait au hasard au moyen

d'un cable relie a deux bateaux (dont l'Artiglio),se revela une technique trop empirique. Quaglia

decida donc de concentrer ses efforts dans Ie

perimetre restreint a I'interieur duquel il pensait

pouvoir trouver I'epave. Au terme de plusieurs

tentatives, on s'apercut que le cable d'une bouee

de signalisation qui s'etait rompu portait des

traces de peinture blanche, mais l'aggravation

des conditions atrnospheriques obligea les ba-

teaux a interrompre les recherches et a rentrer

au port. Quand ils revinrent sur les lieux, la

balise avait disparu. II fallut repartir a zero.

Les tentatives les plus diverses (appel a un

sourcier, a un radiesthesiste) ne donnerent aucun

resultat, quand, le 27 aout I930, alors que les

recherches avaient repris dans le secteur initial,

la sonde metallique heurta une petite grue de

l'Egypt.

L'hiver etant proche, les plongeurs n'eurentque le temps de parcourir I'epave et de se frayer

un passage a travers Ie premier pont. Les tern-peres de l'automne interrornpirent a nouveau

les operations. Cette fois, on prit bien soin de

signaler avec precision la position de I'epave.

Apres une annee de difficiles recherches, fre-quemment arretees en raison du mauvais temps,

les plongeurs finirent par atteindre la chambre

blindee, apres avoir perce quatre ponts successifs,

II fallut laisser passer un nouvel hiver avant de

reprendre les travaux, et I'entreprise, qui avait

engage des sommes considerables, se trouvaitconfrontee a de serieuses difficultes.En mai I932, il fut neanmoins possible de

monter une nouvelle expedition et les plongeurs

penetrerent enfin dans la charnbre forte. Ils

rernonterent dabord a la surface une caisse de

livres, quelques coupons de soie et une sene

complete de cannes de golf. La decouverte de

liasses de billets de banque fut plus encoura-

geante, bien que I'equipage ait ete decu d'ap-

prendre que, sans la signature du ministre des

Finances d'Hyderabad, ils etaient sans valeur.

Pendant des jours, la grue ne deversa sur lepont de l'Artiglio que des dechets. Enfin, au

milieu des morceaux de bois et de ferraille, des

vieux films et de la vase, on decouvrit un res-

plendissan t « souverain ». Ensuite, tout se

passa tres vite et, quand le temps se gata, le

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on put localiser I'epave avec exactitude a l'en- 25 juin, l'Artiglio faisait route vers Plymouth, 

Q ue lques objets retrou-ve s a bord de la Girona.

Bien que ce bateau aitcoule dans des eaux sou-

vent agitees, on a pu re-'cuperer, dans l 'epave, 405pie ce s d 'o r, 756 piecesd ' a rg en t, u ne soi xa nt ai nede bijoux et des piecesd ' o rf eu re ri e, s an s comp te rles canons et les boulets(cliche Roger S tenuit) .

En 1934, un nouvel appareil permit d'activer

les operations: il s'agissait d'un cylindre en acier

de 1,30 m de diametre, dont le fond etait vitre.

On l'introduisait dans la coque et, une fois le

verre brise par une commande a distance, tout

objet se trouvant dans les parages etait aspire

sous l'effet de la pression a I'interieur du cylindre

(Ie fond etait con<;u de telle sorte que les objets

ne puissent plus en sortir).

L' Artiglio fit son dernier voyage vers Plymouth

enjuillet 1935, avec un chargement qui s'elevait

a 45000 livres. Presque tout I'or de l'Egypt

avait ete recupere et ce qu'il en restait ne valaitpas la peine de continuer les recherches. Cette

epopee, compte tenu des mauvaises conditions

de travail et de l'absence d'appareils modernes

T R E S O R S S O US -M A R IN S 298

comme le sonar, reste un des resultats les plu

brillants dans l'histoire des repechages de tresor

sous-marins.

l'or des Florida Keys

Apres l'invention du scaphandre autonome

(1925), la chasse aux tresors sous- marins, surtou

dans les Caraibes, devint autant un sport qu'une

affaire. Dans les Florida Keys, certains en firen

merne leur moyen d'existence. D'autres, comme

le specialiste de plongee sous-marine Edwin

A. Link, se sont interesses a la chose dans u

esprit plus scientifique. Parmi les plus heureux,

on peut citer Kip Wagner et ses collegues d

la Real Eight Corporation, qui recupererent d

nombreux objets immerges le long des cote

orientales de la Floride.

Plus que jamais les epaves des cotes ameri-

caines suscitent la convoitise des chercheurs dtresors, comme en ternoigne l'mteret porte au

vaisseaux de la flotte tresoriere qui s'abima dan

les eaux de Floride en 1715.A la suite de nombreux incidents, celle-c

n'avait appareille de La Havane qu'a la fin d

mois de juillet, s'exposant ainsi a de serieux

risques de ternpete.

En franchissant le detroit de Floride, le

marins les plus experirnentes cornmencerent

s'inquieter. de la brise qui fraichissait de plus e

plus. En quelques heures, l'ouragan les ernporta,

dross ant les vaisseaux sur les recifs, La ternpete

calmee, dix navires avaient coule avec, a leu

bord, mille hommes et un tresor considerable.

Au printemps suivant, on entreprit de le

recuperer. Les nageurs indiens, qui se .lestaient

de grosses pierres pour s'enfoncer plus rapide-

ment, obtinrent de brill ants resultats, et, malgre

les raids incessants des pirates anglais, les Espagnols purent repecher plusieurs milliers de piece

d'argent. Les travaux se poursuivirent pendant

quatre ans et, encore qu'on ne puisse evaluer

avec exactitude ce qui a ete repeche, il es

probable qu'une bonne moitie du tresor a pu

etre recuperee ; il est probable aussi qu'une large

part en a ete dispersee, avec les debris, sur le

recifs, Des evenements recents l'ont d'ailleurs

confirrne.

Les epaves gisent dans des eaux chaudes,

relativement claires ; tres proches du continent,

on peut les atteindre a la .nage. II apparait done

etrange que, dans ces conditions, un tresor puiss

rester inaccessible aux chasseurs specialises d

la moitie du xxe siecle,A la suite de grosses ternpetes ou d'ouragans,

des objets de valeur ont ete rejetes par la me

jusque sur les plages. Ainsi en est-il de cette

splendide chaine en or, dotee d'un fermoir e

forme de dragon, conservee aujourd'hui au

musee de la Real Eight Corporation et qui fu

retrouvee par un jeune homme de dix-neuf ans

Cette trouvaille est, bien sur, l'exception qu

confirme la regle. La Real Eight Corporationa passe plusieurs annees a inspecter huit epaves

de la flotte de 1715 avec les equipements les plu

perfectionnes, beneficiant par surcroit de toutes

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2984 T R E S O R S S O U S -M A R I N S

les recherches et expenences anterieures. Les

recits de chasse aux tresors ont tendance a mettre

en valeur les gros succes, les decouvertes exci-

tantes et spectaculaires, en passant sous silence les

longues annees de travail penible et infructueux.

Les succes de chasseurs isoles et depourvus

de moyens sont extrernernent rares. On peut,certes, citer le cas de Kip Wagner, qui decouvrit

nombre d'objets interessants ayant appartenu a

un galion de la flotte de I7I5, et qui gisaient

par moins de 3 m de fond. Pour obtenir ce

resultat, il lui avait fallu faire de patientes

recherches afin de localiser le champ de recupe-

ration des Espagnols de I7I6.

C'est en I960 qu'une association de chercheurs

se forma pour inspecter serieusernent le site du

naufrage de la flotte de I7I5. La Real Eight

Corporation reunissait alors beaucoup de bonnes

volontes et tres peu de materiel : une vieille

vedette de I2 m, une - drague artisanale et

quelques appareils de recherche de deuxierne

ou troisierne main. Durant un long ete torride,

les hommes n'eurent d'autre resultat que des

courbatures, ayant deplace des tonnes de pierres

a l'endroit ou se trouvait I'epave. On retrouva

des munitions et quelques objets dinteret histo-

rique mais sans grande valeur. A la fin de la

saison, la decouverte de pieces d'argent redonna

du courage aux chasseurs.

L'annee suivante, leur attention fut attiree

par une epave beaucoup moins accessible et qui

avait de bonnes chances de renfermer un tresor.

Ils obtinrent aussitot de bons resultats (en

quelques annees, ils avaient acquis de I'expe-

rience, leur equipernent s'etait perfectionne et

leurs methodes s'etaient ameliorees). S'etant

associes a un autre groupe, ils recupererent en

cinq ans, dans un rayon de 40 km autour de

Sebastian, en Floride, pour 3 millions de dollars

de marchandises, sans compter les etains, les

ceramiques, les epees, les ancres, les armes a

feu et autres objets d'interet purement historique.

La chasse aux tresors sous-marins ne procure

finalement de gros revenus qu'a un tres petit

nombre d'individus. Mais I'activite de milliers

de plongeurs de par le monde, facilitee par un

materiel perfectionne aujourd'hui a la portee

du grand public, pose avec une grande acuite

le problerne du pillage des sites qui inquiete de

plus en plus les arche ologues du monde entier

(v. archeologie mar ine) .

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(cl. ls titu to In te rnnale di Studi Lig

P lo ng eu r re mo nta ntpieces provenantepave du X Vl I " s ie c

pIoT ie p ar la R oya l(cliche Schutke-Rap