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Symptmes transitoires au cours dune psychanalyse

Symptmes transitoires au cours dune psychanalysePour le mdecin comme pour le malade, la conviction du bien-fond de linterprtation analytique des symptmes nvrotiques ne sacquiert que par le transfert. Les interprtations analytiques, mme si elles paraissent saisissantes et remarquables, ne pourront conduire la conviction par le seul moyen du matriel psychique suscit par lassociation libre, mme si le sujet le dsire et sy efforce. Une telle conviction nimplique pas limpression du caractre indiscutable, exclusif de la vrit. Tout se passe comme si la rflexion logique, la comprhension intellectuelle ne permettaient pas, elles seules, daboutir une vritable conviction. Il faut avoir vcu affectivement, prouv dans sa chair, pour atteindre un degr de certitude qui mrite le nom de conviction. Ainsi le mdecin qui na tudi lanalyse que dans les livres, sans stre personnellement soumis une analyse approfondie ni en avoir acquis lexprience pratique auprs des malades, ne peut gure tre convaincu de la justesse des rsultats de lanalyse. Il peut leur prter un certain crdit, au point dapprocher parfois la conviction, mais le doute refoul subsiste larrire-plan.Je voudrais vous parler aujourdhui dune srie de symptmes que jai vus natre sous mes yeux chez mes malades, en cours de traitement, puis disparatre par lanalyse; ils ont contribu asseoir ma conviction quant la ralit des mcanismes psychiques dcrits par Freud, et ont veill ou fortifi la confiance de mes malades.Il est frquent de voir chez les hystriques le travail analytique brusquement interrompu par lapparition inopine dun symptme sensoriel ou moteur. Au premier abord lanalyste pourrait tre tent de ny voir quun simple obstacle et le traiter en consquence. Cependant si lon accorde sa pleine valeur la thse du dterminisme rigoureux de tout vnement psychique, ces symptmes aussi devront tre expliqus et analyss. Soumis lanalyse, ces symptmes se rvlent comme tant lexpression de mouvements affectifs et intellectuels inconscients. Si ces ides ou affects que lanalyse tire de leur quitude et rapproche de la conscience sont empchs dy accder parce quils sont trop pnibles, la quantit dexcitation qui les accompagne et qui ne peut plus tre refoule se manifeste sous forme de symptmes. Mais le symptme ainsi constitu ne traduit pas seulement une certaine quantit dexcitation, il est aussi dtermin qualitativement. Car si nous portons notre attention sur les particularits du symptme, sur le type de paralysie ou dexcitation sensorielle ou motrice, sur lorgane au niveau duquel il se manifeste, enfin les circonstances et les penses qui ont immdiatement prcd son apparition, et si nous tentons den dcouvrir la signification: nous constatons que le symptme organique est lexpression symbolique du mouvement affectif ou intellectuel inconscient rveill par lanalyse. Lorsque nous transposons ce symptme, lintention du malade, du langage symbolique en un langage conceptuel, il arrive que celui-ci, ft-il cent lieues de sattendre un tel effet, nous dclare avec surprise que le symptme dexcitation ou de paralysie sensorielle ou motrice a disparu aussi brutalement quil tait apparu. Tout vient confirmer que le symptme ne disparat que si le malade a non seulement compris linterprtation, mais encore en a admis la justesse. Souvent il trahit quil se sent touch, par des sourires, des rougeurs ou dautres signes dembarras; parfois sempresse-t-il lui-mme de justifier lexactitude de notre hypothse; parfois encore des souvenirs surgissent aussitt pour venir confirmer nos suppositions.Jai t amen interprter le rve dune de mes malades hystriques comme un fantasme de dsir; je lui communique que ce rve trahit son insatisfaction de sa situation; quelle aspire avoir un mari plus aimable, plus cultiv, socialement plus haut plac, et surtout quelle dsire possder de belles robes. ce moment une violente rage de dents vient dtourner lattention de ma patiente de lanalyse; pour lapaiser, elle me demande un calmant, ou du moins un verre deau. Au lieu daccder sa demande, je lui fais remarquer que cette rage de dents est sans doute la traduction image de lexpression hongroise jai la rage aux dents du dsir de possder tous ces biens. Je nai pas parl sur un ton dautorit, et la patiente ignorait de mme que je comptais sur cette interprtation pour faire cesser la douleur; elle dclara cependant aussitt, fort surprise, que la douleur avait cess aussi soudainement quelle tait apparue.Linterrogatoire ultrieur de la malade me permit dtablir quelle sefforait de cacher elle-mme la pnible situation o lavait mise un mariage en dessous de sa condition. Mais linterprtation du rve lui montra si clairement ses dsirs insatisfaits quelle ne put viter entirement den prendre connaissance. Cependant au dernier (ou plus exactement avant-dernier) moment, elle parvint faire jouer la censure, rejetant dans la sphre organique laccord donn mon interprtation, cest--dire la douleur morale, par lintermdiaire de lassociation jen ai la rage aux dents, transformant la douloureuse prise de conscience en douleur dentaire. Cette utilisation inconsciente de la locution banale tait probablement le motif ultime, mais non unique, de la gense du symptme. Car lespace psychique, linstar de lespace physique, comporte plusieurs dimensions et, pour dterminer la position dun point, plusieurs coordonnes sont ncessaires.En langage psychanalytique, cela signifie que tout symptme est surdtermin. Depuis lenfance, cette malade luttait contre un penchant excessif la masturbation; or les dents ont une signification symbolique particulire chez les masturbateurs; il faut galement tenir compte de ltat organique rel des dents, qui peut servir aux tendances psychiques leurs fins propres.Un autre jour, cette mme malade exprime ses fantasmes rotiques infantiles refouls sous forme dune dclaration amoureuse adresse son mdecin qui, en retour au lieu de la rponse espre lclaire sur la nature transfrentielle de cet lan affectueux. Aussitt sinstalle une trange paresthsie de la muqueuse linguale; la patiente scrie brusquement: cest comme si ma langue avait t chaude. Au dbut elle refuse dadmettre linterprtation que le mot chaud illustre sa dception de mon refus; mais la disparition immdiate et surprenante de sa paresthsie lui donne rflchir et elle admet bientt que ma supposition pourrait bien tre exacte. Le choix de la langue comme lieu dapparition du symptme tait ici encore surdtermin par plusieurs facteurs, dont lanalyse ma donn accs aux couches profondes des complexes inconscients.Trs souvent les malades traduisent une souffrance psychique brusquement apparue par des douleurs prcordiales transitoires, leur amertume par une amertume ressentie au niveau de la langue, leurs soucis par une sensation de compression cphalique. Un malade nvros avait lhabitude de me faire part de ses intentions agressives mon gard (ou plutt lgard de son pre) par des sensations douloureuses localises la partie de son corps o inconsciemment il avait lintention de me frapper; la sensation dun coup sur la tte reprsentait le dsir dassommer; une douleur au cur rvlait lide de poignarder. (Au niveau conscient, ce malade est masochiste: ses fantasmes agressifs ne peuvent dpasser le seuil de la conscience que sous la forme dune retaliation1Ce mot semble ne pas exister en Franais. Il signifie en anglais reprsailles (N. d. E.).

subie: il pour il, dent pour dent).Un autre patient prouvait une curieuse sensation de vertige ds que lanalyse abordait des sujets qui mettaient trop rude preuve sa fragile confiance en soi. Lanalyse retrouva des souvenirs denfance o le patient stait senti impuissant et pris de vertige ds quil se trouvait une certaine altitude.Une brusque sensation de froid ou de chaleur chez le malade peut signifier un afflux motionnel caractris par un de ces adjectifs ou bien exprimer, au moyen dune conversion, le dsir ou la prsomption de rencontrer ces sentiments chez le mdecin.Une terrible somnolence envahissait lune de mes malades chaque fois que lanalyse prenait un tour dsagrable; et cela se produisait plutt lorsque les sujets voqus taient de nature susciter la tristesse et linquitude plutt que lennui.Une autre malade exprimait par ce mme moyen les fantasmes inconscients associs au sommeil; elle appartenait cette catgorie de femmes qui, dans leurs fantasmes sexuels, laborent exclusivement des situations o leur responsabilit est dgage, comme par exemple un viol subi aprs une rsistance opinitre ou pendant le sommeil2Un symptme hystrique autrefois trs rpandu, lvanouissement, dont les mobiles taient similaires, a t, semble-t-il, analys par la socit elle-mme, lorsquelle a dcouvert l'intention qui sy dissimulait, et elle en a fait un objet de rise. Depuis lors, lvanouissement est pass de mode, tant dans la vie que sur la scne, ayant perdu tout crdit.

.Ces conversions passagres sobservent aussi sur le plan moteur, quoique beaucoup plus rarement. Je ne pense pas ici aux actes symptomatiques au sens de Freud dans la Psychopathologie de la vie quotidienne, qui sont des activits complexes, bien coordonnes, mais des spasmes musculaires isols, parfois douloureux, ou bien des dfaillances musculaires rappelant les paralysies.Un nvros qui voulait absolument rester homosexuel et dsirait se librer dun rotisme htrosexuel naissant, tait pris de crampes la jambe gauche chaque fois quen cours danalyse il parvenait refouler des fantasmes de nature susciter une rection. Lidentification symbolique jambe = pnis, crampe = rection fut dcouvert par le patient lui-mme. Un autre malade prsentait une rtraction de la paroi abdominale accompagne ou non dune sensation de rtraction du pnis ds quil se permettait vis--vis de son mdecin un peu plus de libert que ne lui en accordait son inconscient purilement timor. Cette rtraction, comme nous lenseigne lanalyse, tait une prcaution contre lhorrible chtiment la castration dont on lavait souvent menac dans sa petite enfance. Il nest pas rare que la crispation du poing trahisse une humeur agressive, la contracture des masticateurs le dsir inconscient ou cach de se taire ou de mordre.La faiblesse passagre de toute la musculature ou de certains groupes musculaires reprsente parfois le symptme dune faiblesse morale ou le refus dagir. La lutte entre deux tendances de force gale peut sexprimer comme dans le rve par linhibition de certains mouvements, le blocage de certains muscles, cest--dire la contraction simultane des agonistes et des antagonistes.Lanalyse de ces symptmes transitoires de conversion rvle le plus souvent lexistence dvnements semblables dans la vie du patient; nous devons rechercher alors dans quelles circonstances le symptme stait manifest autrefois. Il arrive cependant quapparaisse un symptme transitoire de conversion que le malade prtend observer pour la premire fois. La question se pose alors de savoir si le symptme na pas chapp autrefois, par manque dexprience, lauto-observation du malade. Naturellement nous ne pouvons exclure lventualit que lanalyse, en pntrant dans les couches trs douloureuses du psychisme dont elle trouble lapparente quitude, pousse le malade employer des moyens nouveaux de formation de symptmes. Car dans la vie quotidienne, ou dans un traitement non analytique, lenchanement des ides se serait interrompu bonne distance des zones douloureuses.Des manifestations obsessionnelles transitoires peuvent galement apparatre au cours du traitement. En fait, toute ide absurde surgissant en cours danalyse la place dune autre, charge de sens mais refoule, ressemble dans une certaine mesure aux formations obsessionnelles. (Freud les appelle ides substitutives.) Mais lon rencontre parfois des formations typiquement obsessionnelles qui envahissent lesprit du malade et ne cdent qu linterprtation analytique.Par exemple, un nvros obsessionnel interrompt le cours de ses associations libres par la pense soudaine quil ne comprend pas pourquoi le mot fentre dsigne prcisment une fentre; comment les lettres f-e-n--t-r-e, ces sons et bruits dpourvus de signification, peuvent-ils reprsenter un objet concret? Toutes mes tentatives pour lamener poursuivre ses associations restent vaines; cette ide lemplit au point quil ne peut penser rien dautre. Pendant un certain temps, ce malade intelligent parvint me drouter; jentrepris de discuter son ide et lui communiquai certaines thories sur la formation du langage. Mais je compris rapidement que mes explications ne le touchaient gure, lide de la fentre continuait lobsder. Lide me vint alors quil pourrait sagir dune rsistance et je recherchai ce qui avait pu la susciter. Je repris tout ce qui stait pass au cours de lanalyse avant lapparition de lide obsdante. Je venais dinterprter le sens dun symbole au malade qui parut acquiescer par un oui empress.Je fis part alors au patient de mon hypothse quil na probablement pas accept linterprtation, mais quil a refoul son opposition. Lide obsdante pourquoi les lettres f-e-n--t-r-e reprsentaient-elles prcisment une fentre pouvait aussi exprimer, au moyen dun dplacement, lincrdulit refoule. Ainsi comprise, sa question tait donc: pourquoi ce symbole qui vient de mtre interprt signifierait-il prcisment tel objet? la suite de cette explication, le trouble disparut.La contradiction indirecte qui dans notre exemple a pris inconsciemment un aspect obsessionnel, est de mme nature que certaines ractions conscientes des petits enfants, qui, lorsquils veulent sopposer aux adultes, sont souvent rduits faute daudace et dassurance, employer ce langage indirect, figur3Jai dit un jour un petit garon de cinq ans quil navait pas craindre les lions, quil suffisait de regarder fermement le lion dans les yeux pour quil se sauve. Nest-ce pas, demanda ensuite lenfant, un agneau pourrait bien manger un loup? Mon petit, tu nas pas lair davoir cru ce que je tai dit au sujet du lion, lui rpondis-je alors. Non, en effet, je ne lai pas cru, mais il ne faut pas men vouloir, nest-ce pas, rpondit le jeune diplomate.

.Un autre obsessionnel employa un moyen diffrent pour exprimer son incrdulit. Il commena par ne pas comprendre les termes trangers dont je me servais: puis, lorsque je les lui traduisis fidlement pendant un certain temps, il prtendit ne plus comprendre mme le hongrois. Il se comportait comme sil tait compltement idiot. Je lui expliquai que son incomprhension exprimait son scepticisme inconscient. En ralit, cest moi quil dsirait tourner en ridicule (pour mes interprtations), mais il refoulait cette intention, se faisant lui-mme passer pour idiot, comme sil voulait dire: il faut tre fou pour croire ces balivernes. Ds lors, il comprit parfaitement mes explications4Les observations analytiques confirment lhypothse que certains enfants intelligents, avant le processus de refoulement de la priode de latence, avant lapparition de la grande phase de timidit, tiennent les adultes pour des fous dangereux auxquels il est impossible de dire la vrit sans risquer une punition et dont les inconsquences et aberrations doivent tre prises en considration. Ce point de vue des enfants nest peut-tre pas entirement sans fondement.

.Un troisime nvros avait lesprit perptuellement obsd par le mot lekar (le terme slave pour mdecin). Lobsession sexpliquait par lhomonyme allemand du mot, une expression grossire, que le malade, dune moralit svre, ne pouvait voquer que sous cette forme indirecte. Aprs mon interprtation, lobsession disparut peu prs compltement.Dans des cas exceptionnels, de vritables hallucinations peuvent se produire en cours danalyse. (Beaucoup plus frquentes sont naturellement les rminiscences particulirement vives mais que le patient reste capable de considrer avec objectivit.)Une de mes malades possdait une aptitude toute particulire aux hallucinations; elle y recourait chaque fois que lanalyse touchait des points sensibles. Elle rompait brusquement le fil des associations et prsentait des hallucinations terrifiantes: elle se levait dun bond, se rfugiait dans un coin de la pice et, tout en manifestant la plus vive terreur, excutait des mouvements convulsifs de dfense et de protection, puis se calmait progressivement. Ds quelle reprenait ses esprits, elle pouvait me raconter dans le dtail le contenu des hallucinations; il apparut ainsi que ses hallucinations correspondaient la reprsentation dramatise ou symbolise des fantasmes ou penses prcdant immdiatement lhallucination. Il sagissait gnralement de fantasmes symboliques (combat avec des fauves, scnes de viol) dont lanalyse faisait surgir de nouveaux souvenirs, procurant ainsi un vif soulagement la malade. La reprsentation hallucinatoire-symbolique tait donc lultime recours contre certaines prises de conscience. Ce cas ma permis dobserver comment les associations sapprochaient peu peu dune connaissance dsagrable, pour lviter au dernier moment en rejetant la tension affective dans la sphre sensorielle. Lapparition d'illusions transitoires est galement assez frquente (illusions olfactives en particulier). Dans un cas jai pu observer, en cours danalyse, lillusion dune transformation complte du monde sensoriel. Nous parlions avec la patiente de son excs dambition, en rapport avec une fixation narcissique; nous disions quelle serait plus heureuse si elle pouvait le reconnatre, renoncer une partie de ses rves de grandeur et se contenter de succs plus modestes. Au mme moment elle sexclama dun air radieux: cest extraordinaire, brusquement tout me semble si lumineux, si intense; la pice, la bibliothque, tout brille de couleurs vives et naturelles, sordonne plastiquement dans lespace en largeur et en profondeur. En linterrogeant, jappris que depuis des annes elle ne percevait plus aussi intensment, mais voyait le monde terne, plat, dcolor. Lexplication tait la suivante: enfant gte, tous ses vux taient combls par son entourage; mais depuis quelle a atteint lge adulte, le sort cruel ne tenait aucun compte de ses fantasmes de dsirs et depuis lors, le monde ne lui plaisait plus; elle navait pas pris conscience de ce sentiment, mais lavait dplac dans la sphre sensorielle visuelle, et cest pourquoi le monde entier lui apparaissait ainsi dform. Lorsque je lui montrai quen renonant la satisfaction dune partie de ses dsirs, de nouvelles possibilits de bonheur lattendaient, son espoir naissant se projeta galement sur le plan optique, illuminant, transformant en ralit sensorielle le monde qui soffrait elle. Nous pouvons appeler ces variations de lexcitabilit optique, phnomne autosymbolique, suivant le terme de Silberer; cest lauto-observation symbolise du fonctionnement psychique. Dans ce cas il serait dailleurs plus exact de considrer la subite disparition du trouble comme une formation symptomatique transitoire.Un phnomne frquent en analyse pourrait sappeler rgression caractrielle transitoire; il sagit dune dissolution provisoire de la sublimation de certains traits de caractre qui rgressent brusquement au stade primitif infantile de la vie pulsionnelle dont ils proviennent.Il nest pas rare quun imprieux besoin de miction se manifeste chez certains malades en cours de sance. Certains se contiennent jusqu la fin de la sance, dautres sont obligs de se lever et de quitter la pice par peur de ne pouvoir attendre. Dans les cas o toute explication naturelle pouvait tre exclue (ma communication ne concerne que ceux-l), jai pu attribuer ce besoin la cause psychique suivante: il sagissait toujours de patients ambitieux et vaniteux, qui refusaient dadmettre ces traits, une occasion o le matriel psychique suscit par lanalyse offensait profondment cette vanit; de sorte quils se sentaient humilis aux yeux du mdecin sans que leur moi devienne totalement conscient de la blessure, puisse llaborer et la supporter laide de la raison.Chez lun de mes malades le paralllisme tait si frappant entre le contenu plus ou moins offensant de lentretien analytique et lintensit de son besoin de miction, que lon pouvait susciter volont ce besoin en sattardant sur un sujet dsagrable au malade. La discussion analytique du thme critique met fin provisoirement ou dfinitivement cette rgression caractrielle.Dans les cas rapports, le phnomne de la rgression, dcouvert par Freud, est en quelque sorte saisi sur le vif. Ainsi tel trait caractriel sublim peut, par suite dune dception en supposant quexistent les fixations correspondantes dans le dveloppement psychique retomber au niveau infantile o la satisfaction de linstinct non encore sublim ne rencontrait pas dobstacles. (Au lieu de la reconnaissance de la blessure damour-propre cest la compulsion l'nursie qui apparat, voquant ainsi la premire grande humiliation de lenfant.) Lexpression on revient toujours ses premires amours5En franais dans le texte. (N.d.T.).

y trouve sa confirmation psychologique; lindividu bless dans sa vanit retourne aux bases autorotiques de sa passion.Des troubles passagers de la dfcation (diarrhe, constipation) pendant la cure signent souvent la rgression du caractre anal lrotisme anal. Un malade, lorsquen fin de mois il envoyait ses parents laide financire laquelle il stait engag (ce qui dclenchait les protestations de son avarice inconsciente), prsentait gnralement une diarrhe intense. Un autre se ddommageait des honoraires verss par une abondante mission de gaz intestinaux.Un malade qui se sent trait de faon inamicale par son mdecin peut en cas de fixation auto-rotique correspondante passer lonanisme. Ce mode de transfert signe la reconnaissance dune masturbation infantile, qui peut avoir t totalement oublie. Il a pu, autrefois, renoncer lauto-satisfaction dans la mesure o lamour objectal (lamour des parents) lui offrait une compensation. Mais une dception dans ce mode damour provoque une rgression lauto-rotisme. Il arrive mme que des malades qui nont pas le souvenir davoir jamais pratiqu lonanisme, viennent un jour avec laveu quils ont succomb une compulsion irrsistible lauto-satisfaction. ce moment surgit en gnral le souvenir de lonanisme pratiqu dans lenfance, mais compltement oubli.Ces rgressions soudaines lauto-rotisme anal, urtral et gnital expliquent galement pourquoi dans les tats anxieux (la peur des examens par exemple), la tendance recourir ces formes drotisme prend une telle force. Citons encore lexemple du condamn, au moment de la pendaison, qui dans sa terreur atroce relche ses deux sphincters et jacule parfois en mme temps: le fait pourrait sexpliquer, en plus de la stimulation nerveuse directe, par une rgression convulsive ultime aux sources de plaisir de lexistence. Jai eu loccasion dobserver un septuagnaire atteint dune affection rnale, tortur par de violentes cphales et dautres manifestations pnibles, qui dans sa souffrance excutait des mouvement masturbatoires.Chez les nvross masculins si lattitude du mdecin leur semble dnue de chaleur on observe parfois des formations obsessionnelles homosexuelles, souvent centres sur la personne du mdecin. Cest la preuve quasi exprimentale que lune des sources de lamiti est dans lhomosexualit, et quen cas de dception ce mouvement de laffectivit peut rgresser ltat primitif.Transfert. Jai remarqu quun de mes malades billait normment. On dira quil sennuyait sans doute chez moi. Mais le fait remarquable, cest quil prenait en gnral un vif intrt au travail analytique et se mettait biller prcisment lorsque lentretien abordait un contenu pnible mais trs important pour lui, donc aurait d susciter son intrt plutt que son ennui.Cest une autre malade, dont le traitement fut commenc peu aprs, qui me conduisit lexplication de ce curieux phnomne. Elle aussi billait frquemment et apparemment hors de propos; mais parfois ses larmes coulaient en mme temps. Lide me vint que chez ces malades le billement pourrait tre un soupir dguis; dans les deux cas, lanalyse confirma cette hypothse. Chez lun et lautre la censure avait refoul certains affects douloureux veills par lanalyse (chagrin, deuil), sans toutefois y parvenir entirement; elle ne put que dplacer leur mode dexpression, ce qui suffisait nanmoins pour dissimuler leur caractre vritable. la suite de ces observations, jai pris garde aux manifestations expressives de tous mes patients et jai dcouvert dautres formes de dplacement daffects. Un de mes patients par exemple toussait chaque fois quil dsirait me cacher quelque chose: les paroles prvues mais refoules se manifestaient quand mme sous forme de toux.Il apparat donc que le dplacement des affects dun mode dexpression un autre suit la contigut physiologique (billement = soupir, parole = toux). La toux peut dailleurs aussi exprimer une envie de rire rprime, consciente ou inconsciente; mais ici, le mode de manifestation de laffect dplac comme dans le vritable symptme hystrique comporte en mme temps le chtiment du dsir accompli.Souvent les femmes nvroses toussotent au cours dun examen mdical, lauscultation par exemple; on peut y voir le dplacement dune envie de rire due des penses et sentiments rotiques. Aprs ce que je viens de dire, personne ne sera surpris de ce cas o un hoquet passager a remplac des soupirs de dsespoir.Ces symptmes transitoires en cours danalyse peuvent galement clairer les symptmes hystriques chroniques de mme nature (crises de larmes, fous rires). Lorsque je lui fis part de mes observations, le professeur Freud attira mon attention sur un autre mode de dplacement daffects, invraisemblable mais vrai. Certains patients produisent des bruits intestinaux lorsquils veulent dissimuler quelque chose: la parole refoule devient expression ventriloque!Outre son intrt didactique soulign au dbut de mon expos, la formation de symptmes transitoires a galement une certaine porte pratique et thorique. Dune part, ces symptmes peuvent servir de point dattaque contre les rsistances les plus solides dguises en dplacement daffects; ils ont donc un intrt pratique dans la technique analytique. Dautre part, ils nous donnent loccasion de voir se constituer et disparatre sous nos yeux des symptmes pathologiques, ce qui claire le mode de formation et de disparition des phnomnes nvrotiques en gnral. Ils nous permettent donc de nous faire une ide de la dynamique de la pathogense, du moins pour certaines maladies.Freud nous a appris quune nvrose se constitue en trois tapes: la base il y a la fixation infantile (trouble du dveloppement libidinal); la seconde tape est le refoulement, encore asymptomatique, et la troisime est lclosion de la maladie: la formation du symptme.Des observations de formation de symptmes transitoires groups ici, je me propose de dgager lhypothse suivante: dans les grandes nvroses comme dans ces nvroses en miniature, le symptme napparat que si le psychisme est menac par une cause extrieure ou intrieure du danger dtablissement dun lien associatif entre les fragments de complexes refouls et la conscience, cest--dire dune prise de conscience qui troublerait lquilibre assur par un refoulement antrieur.La censure qui soppose au dplaisir, veille la quitude de la conscience; dans ces cas, elle peut arriver, in extremis pour ainsi dire, dtourner lexcitation de son chemin, le chemin de la conscience; mais comme il nest pas possible de rtablir entirement la situation antrieure de refoulement, lexcitation parvient se faire valoir, ft-ce au prix dune dformation, par lentremise du symptme.