Transformation du riz local

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C CERV Centre de Gestion et d’Economie Rurale de la Vallée Bulletin Analyse Economique Filière Riz La transformation du riz local, 2 ième maillon faible de la chaîne de valeur riz Décembre 2013

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CCERV Centre de Gestion et d’Economie Rurale de la Vallée

Bulletin Analyse Economique Filière Riz

La transformation du riz local, 2ième maillon faible de la chaîne de valeur riz

Décembre 2013

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Editorial

Des décortiqueuses artisanales à équiper

“Ndanane”, un label de qualité

La transformation confère au riz paddy produit locale-ment une valeur ajoutée supplémentaire qui augmente son avantage concurrentiel vis à vis du riz importé. Pour rendre cet avantage concurrentiel durable les efforts sont à poursuivre dans la Vallée du Fleuve Sénégal (VFS) pour l’amélioration de sa qualité et pour la maîtrise des coûts.

Les stratégies de commercialisation existantes sont pour la plupart axées sur la différentiation plutôt que sur les coûts et les quantités. Le riz étant un produit de com-modité, il est donc de surcroît dans une situation compé-titive plus sensible aux quantités commercialisées qu’aux gammes de produits proposés.

Le maillon transformateur de la chaîne de valeur riz lo-cal doit être plus que jamais renforcé du fait de la po-sition stratégique occupée par les transformateurs qui sont des détenteurs de stocks de riz par excellence. C’est aussi au niveau de ce maillon que la gestion des coûts parait la plus complexe car elle dépend non seule-ment de la performance des unités de transformation (rizeries, mini-rizeries et décortiqueuses) mais aussi de la technicité des opérateurs. La maîtrise de la chaîne d’approvisionnement en intrant fortement liée à son financement (fonds de commercialisation) est tout aussi importante que le contrôle des circuits de distribution.

La valeur ajoutée dégagée,transversale à toute la chaîne de valeur riz local doit être équitablement partagée entre les acteurs de la chaîne. Cependant les conditions du marché et la présence des acteurs sur plusieurs mail-lons rendent cette répartition difficile malgré les con-certations sur la fixation des prix.

L’autosuffisance en riz prévu pour 2017 nécessiterait l’émergence d’un secteur de la transformation rentable, bien qu’encore peu soutenu. La stabilité des prix du riz sur le marché local, le financement des équipements et celui de l’approvisionnement peuvent grandement y contribuer.

Le conseil de gestion en entreprises agricoles dans la VFS

Si nous partons du fait que les unités industrielles et semi-industrielles n’ont jamais, même par le passé pu transformer la totalité de la production et que l’entrepreunariat privé a montré ses limites, ne doit-on pas envisager l’amélioration des équipements des décortiqueuses artisanales pour un approvisionnemnt régulier en riz de qualité ?

Marcel Matar Diouf Agroéconomiste/FinancierChargé des Analyses Economiques CGERV

Rizerie de Débi-Tiguet: une unité en gestion paysanne

Etat des lieux du secteur de la transformation du riz local

SOMMAIRE

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Evolution de la transformation du paddy par les rizeries industrielles dans la VFS

ETATS DES LIEUX DU SECTEUR DE LA TRANSFORMATION

“La compréhension du passé permet de construire l’avenir.”

L’évolution des unités industrielles de transformation du riz s’est faite au gré de la libéralisation de la filière riz, de l’accroissement de la production, du financement de la production et de la commercialisation et surtout de l’environnement compétitif de la fil-ière.

Le Plan d’Ajustement Structurel de la filière Rizicole (PASR 1994-1996) prévoyait, pour le 6 juin 1994 la libé-ralisation du prix au producteur de riz paddy et le 30 juin celui du désengage-ment de la Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta et de la Falémé (SAED) de la collecte et de la transformation du paddy.

Avant 1994, la SAED_URIC usinait le paddyL’URIC (Unité autonome des Rizeries et de la Commercialisation), un ser-vice annexe de la SAED, était chargé de la collecte et de la transformation du paddy. Le riz blanc produit était re-vendu à la Caisse de Péréquation et de Stabilité des Prix (CPSP).

La SAED-URIC disposait de deux uni-tés industrielles de transformation du paddy: l’une à Ross Béthio (mise en service en 1971) et l’autre à Richard Toll (mise en service en 1983). Les capacités des deux rizeries avoisi-naient les 6 Tonnes/heures soit 40 000 Tonnes/an. Cependant la vétusté des équipements réduisait de moitié la ca-pacité réelle de transformation.

La SAED faisait alors recours à un prestataire privé Delta 2000 (situé à Guia dans le département de Podor) dont la rizerie mise en service en 1986 avait une capacité de transformation de

15 000 à 20 000 Tonnes/an. Ce parte-nariat a débuté dès l’année 85/86.

Les mini-rizeries apparaissent vers les années 90Avec la privatisation de la transforma-tion du paddy réalisée dans les trois rizeries industrielles, la SAED se re-tire de la commercialisation primaire du paddy vers 1994/95. Le paddy est alors directement acheté aux produc-teurs par les mini-riziers privés qui après transformation l’écoulent sur le marché.

Les rizeries semi-industrielles appa-raissent en 1992 à la faveur de la libé-ralisation. Sept (7) mini-rizeries seront financées dans le cadre du PASA par le Fonds de Contrepartie à l’Aide Ali-mentaire (FCAA), en tout 17 rizeries qui ont été financées dans le cadre de PASA en 92-93.La CNCAS a financé sa première mi-ni-rizerie pour le Gie des femmes de Ronkh en 1990. Les autres ont été financés, soit sur les fonds propres d’opérateurs privés, soit sur finance-ment du projet Fonds Européen de Développement pour le financement des Petites et Moyennes Entreprises-F.E.D/P.M.E (1 milliard de Fcfa de prêts d’équipement).

Selon les recensements de la SAED, le Bassin du Fleuve comptait 3 rizer-ies en 1989, 10 en 1992, 29 (dont 21 en fonction) en 1995, 31 (dont 15 en fonction) en 1998 et 35 (dont 12 fonc-tionnelles) en 2000.

L’étude de 2005 réalisée par la JICA fait état de 19 rizeries dont 15 fonc-tionnelles d’une capacité de 75 000 Tonnes extensibles à 120 000 tonnes

en cas de double culture annuelle du riz. Celle de 2008 fait état de 25 rizeries de capacité 80 000 Tonnes ex-tensibles à 130 000 Tonnes

La capacité de transformation des rizeries et mini-rizeries n’a ja-mais dépassé 40% de la production globale de la VFS.En 89/90, les rizeries de la SAED et de Delta 2000 n’ont traité que 45 000 Tonnes de paddy sur une production globale dans la VFS estimée à 117 415 tonnes (M havard,1992).

Pour la campagne 91/92, la SAED a pu collecter 60 433 Tonnes de paddy, soit près de 36% de la production globale de la Vallée, contre 25% en 88/89, 19% en 86/87 et 34% en 85/86. Selon les rapports de la SAED, la ca-pacité théorique de transformation du paddy par les rizeries et mini-rizeries dans le Bassin du Fleuve entre 1994 et 2000, se situait entre 113 000 à 123 000 Tonnes, mais seulement 20 000 à 30 000 Tonnes étaient usinées par ces dernières.

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Quelques étapes du financement de la transformation et de la commer-cialisationDéjà en 1991, la commercialisation avait été financée par un consortium bancaire dont la CNCAS est le chef de file à hauteur de 5,0953 milliards (taux de 13%) pour 60 433 tonnes de paddy.

Pour l’hivernage 94/95, la CNCAS a réussi à financer 12 riziers. 9 parmi les 12 riziers ont bénéficié du finance-ment sous forme d’autorisation de découvert (un taux de 10,5% par an) à hauteur de 1 656 millions de Fcfa pour 21 897 Tonnes de paddy (source SAED).

En février 1996, une ligne de crédit du FCAA a été mise en place au niveau de la CNCAS pour collecter 18 000 Tonnes de paddy, seulement 5 riziers ont pu en bénéficier pour un montant de 441 millions sous forme de décou-vert/revolving à un taux de 10,5% par an (source SAED).

Face aux difficultés récurrentes de la CNCAS de recouvrer ses fonds de commercialisation, elle se retire du fi-nancement de la transformation et de la commercialisation à partir de 1997. Cette situation aura grandement con-tribué à la réduction du taux de trans-formation des rizeries et mini-rizeries à 23% de la production globale.

Il faut un système de commer-cialisation performantPour décortiquer 950 000 Tonnes de paddy dans la VFS à l’horizon 2017,

il va falloir que les pouvoirs publics créent les conditions d’installation de nouvelles unités industrielles de trans-formation.

Le choix des zones d’installation, du type d’équipement ainsi que l’expérience des opérateurs privés sont autant de facteurs qui peuvent influer sur la rentabilité de l’activité d’usinage. Cependant l’instabilité des prix du riz sur le marché mondial et l’environnement compétitif de la fil-ière riz imposent la prudence.

Le triptyque écoulement du riz blanc_financement de la commercialisa-tion_fixation du prix du paddy sera très déterminant pour l’émergence du secteur industriel de la transformation.

Un système de commercialisation per-formant peut garantir un assez bon écoulement du riz blanc, le prix de collecte concerté du paddy serait alors

rémunérateur pour les producteurs et avantageux pour les riziers. La disponi-bilité d’un fonds de commercialisation permettra de sécuriser durablement l’approvisionnement en paddy des rizeries et facilitera la double culture annuelle du riz pour une utilisation à plein potentiel de ces unités.

En attendant que les unités industri-elles augmentent leur taux de trans-formation, les unités artisanales en constante augmentation décortiquent plus de 70% de la production globale.

Ne faut-il pas les équiper pour garantir un approvisionnement régulier en riz de qualité ?

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ETATS DES LIEUX DU SECTEUR DE LA TRANSFORMATION

Un système de commercialisation performant pour l’émergence les unités industrielles de transformation

La résolution de la problématique de l’écoulement du riz blanc local favorisera l’émergence des unités de transformation industrielles. Il y va de même pour celle de la fixation du prix du paddy et du financement de la commercialisation.

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ANALYSE

Equiper les décortiqueuses artisanales pour un approvi-sionnement régulier en riz de qualité

Les décortiqueuses artisanales sont pourvoyeuses d’emplois. Elles partici-pent aussi à la régularité de l’approvisionnement en riz au niveau des marchés urbains. Il s’agit maintenant de gagner le pari de la qualité en les équipant.

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Le rôle premier des décortiqueuses artisanales était le décorticage du riz autoconsommée, dont l’essor visait particulièrement à en réduire les coûts de production. A la faveur de la libé-ralisation de la filière, et au fur et à mesure de l’augmentation de la pro-duction, elles se sont imposées comme une alternative à l’incapacité de la SAED a assurer la transformation de la production.

Les décortiqueuses artisanales consti tuaient aussi une alternative rentable pour la transformation du paddy sur le marché informel par des banas-banas opportunistes (faible coût de transformation, grande mobilité, forte présence dans les zones de produc-tion).

L’évolution du nombre de décorti-queuses dans la VFSEn 1995/96, on dénombre près de 351 décortiqueuses artisanales avec une capacité potentielle de transfor-mation de près de 80 000 Tonnes de paddy (source ISRA). En février 1985, dans le Delta du Fleuve on en comptait déjà 141 décortiqueuses. Une étude de l’ISRA de la même an-

née révélait que les décortiqueuses artisanales traitaient 2,5 fois plus que les 2 rizeries de la SAED en période de pointe.

Le dernier recensement de la SAED en 2008, dénombre 314 décortiqueuses artisanales dont 263 fonctionnels pour une capacité de transformation dépas-sant les 150 000 Tonnes/an.

Les décortiqueuses artisanales transforment près de 70% de la production globale de la VFSElles n’ont jamais été aussi nombreu ses dans la VFS, pourtant elles sont réputées à tort pour fournir un riz de moindre qualité. Pourtant une par-tie très importante du riz commer-cialisée est transformée au niveau de ces unités artisanales, d’autant plus qu’elles disposent par devers eux d’importants stocks de paddy. Ces unités artisanales jouent donc un rôle non négligeable dans la régularité de l’approvisionement du marché séné-galais en riz local.

Il faut organiser ce secteur arti-sanalEn plus d’être pourvoyeuses d’activités

génératrices de revenus, ces petites et moyennes entreprises du monde rural peuvent grandement contribuer à la fourniture régulière d’un riz de qua lité.

Loin des clichés, il va falloir équiper les décortiqueuses artisanales en infra-structures de stockage, et en équipe-ments de calibrage pour qu’elles puis-sent améliorer leurs activités et fournir un riz de qualité. Le financement pour l’achat de paddy pour mieux rentabi-liser leurs unités, sera aussi très impor-tant.

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ETUDE DE CAS

La rizerie de Débi-Tiguet: une unité industrielle en gestion paysanneLa rizerie de Débi-Tiguet joue plus un rôle social qu’économique, mais cela ne l’empêche pas d’être rentable. La rizerie n’usine que 25% du potentiel de produc-tion du périmètre rizicole estimée à plus de 8 000 T de paddy.

d’emplois à travers les activités con-nexes liées au fonctionnement de la rizerie, elle permet aux producteurs d’obtenir une plus-value liée à la vente du riz blanc.Elle permet aussi une très grande flexi-bilité dans la gestion de la trésorerie de l’union.

Elle a un potentiel de décorti-cage qui dépasse les 8 000 T La moyenne de l’intensité culturale (IC) pour les campagnes agricoles al-lant de 2005 à 2011 est de 1,14. Pour les trois années (2008,2009 et 2011) où les producteurs ont eu a pratiquer la double culture du riz au niveau du périmètre, l’IC est de 1,3.

Ainsi avec un rendement de 6 Tonnes à l’hectare, l’unité peut potentiellement décortiquer entre 6 000 Tonnes et 8 000 Tonnes de paddy.

La rizerie de Débi-Tiguet a été ob-tenue grâce aux investissements réali-sés par la coopération japonaise (JICA) en 1996. L’unité de décorticage, d’une capacité de 2 Tonnes/heure soit 2 500 Tonnes/an, est très fonctionnelle. L’Union dispose aussi d’un magasin de stockage de riz blanc d’une capacité de 850 Tonnes.

Pour son fonctionnement la rizerie dis-pose d’un personnel qualifié. Il s’agit:- des 2 superviseurs de la commission rizerie de l’Union;- du gérant qui fait aussi office de poin-teur;- des 2 chefs de quart par unité de dé-corticage;- d’un manoeuvre, d’un gardien et d’une dizaine de journaliers.

La rizerie qui joue aussi un rôle socio-économique La rizerie de Débi-Tiguet joue un rôle très important du point de vue so-cial. En effet, en plus d’être créatrice

Présentation du périmètre rizicole de Débi-Tiguet

Le périmètre agricole de Débi Tiguet fait partie des aménagements dont la gestion a été transférée aux produc-teurs regroupés au sein de l’Union de Débi-Tiguet. Ce périmètre rizicole po-larise les villages de Débi et de Tiguet et est située au Nord –Ouest du Delta à 65 km de Saint-Louis.

L’Union, membre de la Fédération des Périmètres Autogérés (FPA), est com-posée de 09 organisations de base dont 06 Sections Villageoises (SV) et 03 Groupements d’Intérêt Economique (Gie) exploitant dans la cuvette. Ses membres sont attributaires d’une su-perficie de 982,40 ha aménagée pour la culture du riz et qui est répartie comme suit: SV Débi 1 (100,16 ha); SV Débi 2 (95,09 ha); SV Débi 3 (80,15 ha); Gie Débi 1 (93,77 ha); Gie Débi 2 (91,85 ha); Gie Débi 3 (96,08 ha); SV Tiguet 1 (123,55 ha); SV Tiguet 2 (137,70 ha); SV Tiguet 3 (164,04 ha). Débi-Tiguet compte aussi des aménagements privés d’une superficie totale de 1428,07 ha.

Les activités de l’Union tournent aut-our de la gestion des aménagements, de la prestation mécanisée et de la trans-formation de paddy. Pour le compte de ses membres, elle fait aussi dans la commercialisation et dans la multipli-cation de semence.

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La rizerie est rentable en dépit des résultats affichés

ETUDE DE CAS

Fonctionnement de la rizerieLa rizerie de Débi-Tiguet fonctionne principalement en réalisant des presta-tions de décorticage pour ses membres à un prix de 17 Fcfa/kg de paddy, prix qui était de 16 Fcfa jusqu’en 2009 et de 12 Fcfa avant. Il s’agit principalement du stock de remboursement du crédit de campagne des 9 OPB qui fait l’objet de cette prestation.L’Union a aussi expérimenté la fonc-tion collecteur-transformateur en 2006 et 2011 sans beaucoup de suc-cès. Un prix de collecte du paddy trop élevé, un paddy de moindre qualité et des difficultés de commercialisation du riz blanc ont eu raison de ces deux ten-tatives.

La rizerie est très rentable en dépit des résultats affichésL’analyse du compte de résultat issu de la comptabilité assurée par les CGER montre que la rizerie décortique en moyenne entre 2 000 et 3 000T soit seulement 25% du potentiel réel.L’activité rizerie a enregistré un ré-sultat négatif en 2009 et 2010, ceci s’explique en partie par des charges salariales très élevées et des frais as-sez conséquents en entretiens et équi-pements. Il y a lieu de souligner que l’activité rizerie couvre parfois les charges salariales de certains salariés

permanents de l’Union au delà même de sa période de fonctionnement.

Les OPB aussi en profitentLes OPB gagnent aussi en valeur ajou-tée supplémentaire en vendant du riz blanc au lieu du paddy, améliorant du même coup le taux de recouvrement du crédit de campagne de la cuvette.

Simulation: A supposer qu’un étab-lissement financier octroie un crédit de campagne à hauteur de 350 000 Fcfa/ha pour les 982,04 ha de la cuvette, que seulement 30% de cette produc-tion au rendement de 6 T/ha soit des-tinée à l’autoconsommation, qu’on est un rendement à l’usinage de 65% et que le prix de vente du riz blanc soit de 240 Fcfa/kg, la cuvette obtiendrait un taux de marge de l’ordre de 45%.

Le PAPRIZ a permis à la rizerie de s’équiperDans le cadre du Projet d’Amélioration de la Productivité du Riz au Sénégal ( PAPRIZ) qui vise l’augmentation de la production du riz local, l’amélioration de sa qualité et l’augmentation de sa compétitivité, la rizerie de Débi-Tiguet a été fournie en équipements de calibrage (élevateur à godets, cali-breur, tamis rotatif et trieuse).

Tableau: Compte de résultat de la rizerie de Débi Tiguet

En votre qualité de Comptable Conseiller de l’Union de Débi-Tiguet depuis 2005, quel appréciation faîte-vous de la gestion rizerie ?

La rizerie est bien gérée, bien entendu il y a beaucoup d’améliorations à apporter. La séparation de la gestion comptable et finan-cière de la rizerie de celle de l’Union me parait être une priorité.

Concrètement comment la séparer ?

Tout d’abord l’activité rizerie doit se limiter uniquement au rôle de prestataire. L’Union doit aussi laisser aux OPB le soin d’assurer eux-mêmes leur propre commercialisation. Ensuite il va falloir utiliser les documents de gestion (propre à la rizerie) qui ont été mis en place par le CGERW, ceci facilitera l’élaboration d’un budget prévisionnel et permettra une estimation du besoin en fonds de roulement réel pour la rizerie.

Quels sont les besoins supplémentaires en équipements pour augmenter la perfor-mance de la rizerie ?

Il faut que l’Union puisse disposer d’un ma-gasin de stockage d’une capacité minimale de 3 000 Tonnes, d’une bascule automatique et d’un hangar rénové pour les équipements de la rizerie. Des équipements supplémen-taires pour le contrôle de la qualité du paddy (humidimètre, etc.) ne seraient pas superflu.

Malick NdiayeComptable/Conseiller CGER Waloo

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DOSSIER

“La meilleure des publicités, c’est un bon produit” Alain Meyer.C’est ce dont fait montre le Gie de Khar Yalla Gueye de Pont Gendarme de part son label de qualité “Ndanane” et de part la gamme de riz proposé (riz ordinaire, riz parfumé et riz étuvé).

Fonctionnement du Gie Khar YallaLe Gie des femmes de Pont Gendarme est fort de près de 100 membres qui s’activent toutes dans la commer-cialisation du riz. Les activités du Gie sont coordonnés par un bureau con-stitué d’une présidente, d’une vice-présidente, d’une secrétaire et d’une trésorière.

Le riz paddy est acheté pour la plupart au niveau des OPB de Pont Gendarme regroupés au sein de l’Union qui dis-pose de près de 270 hectares exploita-bles, puis il est décortiqué au niveau des unités de décorticage de la zone. Soulignons que l’Union de Pont Gen-darme regroupe 321 exploitants et commercialise près de 800 Tonnes de paddy par campagne.

Après le tamisage manuel et le triage pour le nettoiement et le calibrage, le

riz est conditionné dans des sacs de 5 Kg, de 10 Kg et de 25 Kg.L’approvisionnement en paddy est ré-alisé le plus souvent sur fonds propres car le financement pour l’achat de pad-dy fait défaut.

Les femmes participent à la gestion de la trésorerie du ménageBien que la vente en gros ou en détail du riz blanc soit collective, les revenus tirés de la vente sont individuels. Ainsi les femmes du Gie Khar Yalla joue un rôle très important dans la gestion de la trésorerie de leur ménage. En effet les revenus dégagés de la vente du riz blanc leur permettent de se prendre en charge et de participer aux dépenses quotidiennes du ménage.

Le Gie possède une décortiqueuse et une trieuseLes femmes sont tout de même bien équipées avec une décortiqueuse sur financement de la JICA (en attente de fonctionner), une trieuse et un ma-gasin de stockage acquis à travers le projet Bey Dunde. Elles comptent se positionner sur le riz haut de gamme à travers un produit de qualité et couvrir ainsi toutes les régions du Sénégal.

Le riz “Ndanane” du Gie Khar Yalla Gueye de Pont Gendarme, un label de qualité

“Avant de pouvoir vendre à un groupe de consommateur large, gagnez votre authenticité sur un petit groupe”. Daniel Marinho

Riz Non Parfumé5 kg : 1 750 Fcfa10 kg : 3 500 Fcfa25 kg : 7 500 Fcfa

Riz Parfumé5 Kg : 2 000 Fcfa10 Kg : 4 000 Fcfa25 Kg : 8 000 Fcfa

TCS 105 Kg : 2 250 Fcfa10 Kg : 4 500 Fcfa25 Kg : 12 000 Fcfa

Riz Etuvé 5 Kg : 3 000 Fcfa10 Kg : 6 000 Fcfa25 Kg : 15 000 Fcfa

Prix de détail

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Le processus de professionnalisa-tion des producteurs dans la VFS va conduire forcément vers une évolu-tion des exploitations familiales en entreprises agricoles. Il va aussi fal-loir accompagner cette dynamique d’évolution car de sa réussite dépend la capacité de ces nouveaux entrepre-neurs à tirer profit des facteurs envi-ronnementaux internes et externes.

Le Conseil de gestion à l’Exploitation Familiale (CEF) et maintenant le Conseil de gestion en Entreprise Ag-ricole (CEA), les Centres de Gestion et d’Economie Rurale de la Vallée (CGER) continue d’améliorer leurs offres de service au rythme de la pro-fessionnalisation en cours de la VFS.

Dans ce cadre, le personnel technique des CGER ont eu à bénéficier de ren-forcements de capacités soutenus sur le CEA dispensé par le CER France Lot et Garonne dont l’expertise dans ce domaine n’est plus à démontrer.

Le Conseil de gestion en Entreprise Agricole (CEA)Le CEA, outil d’accompagnement de la modernisation des exploitations ag-ricoles familiales va s’appuyer préfé-rentiellement sur le cycle de la gestion: prévoir, observer, contrôler, analyser, comparer, décider et agir.La mise en place d’un système de ges-tion adapté aux besoins des activités de l’entreprise agricole conduira à un meilleure organisation de la prise de décision.

DOSSIER

Le Conseil de gestion en Entreprise Agricole aussi pour le secteur de la transformation La professionalisation des producteurs nécessite un accompagnement de tous les instants, le CEA est un des outils pour y parvenir. Le secteur de la transformation en aura plus besoin que tout autre.

Amadou M. Sarr Producteur relaiCEF/CGERV

“La démarche participative doit être en principe la locomotive de l’évolution vers la professionnalisation. On doit tout de même changer de mentalité et ne pas être réfractaire au changement. Le Conseil de gestion en Entreprise Agricole va nous faire évoluer du stade de simples exploi-tations agricoles à celui d’entrepreneurs agricoles capable de prendre les bonnes décisions.”

Le CEA pour le secteur de la trans-formationLes objectifs d’autosuffisance en riz pour 2017 vont de pair avec un ac-croissement des unités de transforma-tion industrielles comme artisanales.

Les difficultés d’appréhension de l’environnement économique de la filière riz ainsi que l’inexpérience en matière de gestion des opérateurs privés du secteur de la transformation du riz ont longtemps pénalisé ce sec-teur. Un suivi en matière de gestion économique et financière est néces-saire pour faire émerger ce secteur et ainsi favoriser sa croissance.

ConclusionA la faveur du désengagement de l’Etat de ses fonctions productives et com-merciales, la dynamique de responsabi-lisation des producteurs en amont des filières agricoles s’est naturellement enclenchée et est devenue irréversible.

Le secteur de la transformation dom-iné par des opérateurs privés tarde à prendre ses marques. Les pouvoirs publics doivent prendre les mesures nécessaires pour créer les conditions de l’émergence de ce secteur.

Un appui-conseil sera aussi détermi-nant pour faire face à l’environnement concurrentiel de la filière riz. Gardons à l’esprit qu’on ne pourra atteindre l’autosuffisance en riz sans un secteur de la transformation performant et rentable.

Amadou Diop Conseiller d’Entreprise CGERW

“L’exploitation agricole familiale a ses limites, la taille des surfaces cultiva-bles diminuent avec l’augmentation de la taille du ménage. Des regroupements de producteurs peuvent être intêressants. Des projets individuels ou en groupe-ment peuvent préparer les exploitants à l’entreprenariat. L’agro-business est aussi applicable aux exploitations agricoles familiales.”

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Contribuer à la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance au sein des organisations de producteurs de la Vallée du Fleuve Sénégal

CGERV

Nos objectifs

L’information économique pour les acteurs et décideurs du développement rural

Aujourd’hui, les CGER contribuent à la politique de développement agro-sylvo-pastorale en matière de développement de l’information agricole. Ils apportent aux Pouvoirs Publics et aux acteurs du développement des outils complémentaires d’aide à la décision pour les politiques, stratégies et incitations

Centre de NDIAYE, BP : 913, Saint-Louis Sénégal, Tel: 962 64 02