Trajectoire N°109, Hiver 2014

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9 771662 619008 109 Hiver 2014 N°109 | CHF 6.– IGGY POP Raw power ! WINTER TIME ÇA BUZZ ! Ségo, l’écolo ICÔNES Sexe, drogue & rock’n’roll ! KEVIN SPACEY L’homme aux mille visages JOAILLERIE Maman est de sortie ! MODE Le manteau fait son show ! LE BEVERLY HILLS Les dessous d’un mythe ET AUSSI : Bardot, Weber, Moiré Des rencontres et des opinions

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Trajectoire N°109, Hiver 2014

Transcript of Trajectoire N°109, Hiver 2014

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Hiver 2014N°109 | CHF 6.–

IGGY POPRaw power !

WINTERTIMEÇA BUZZ ! Ségo, l’écolo

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KEVIN SPACEYL’homme auxmille visages

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Bonjour ! L’essence même du raffi nement ne serait-elle pas le respect de l’autre ? Au-delà d’une posture, d’une allure gracieuse, ne serait-ce pas la politesse – ce petit supplément d’âme – la vraie élégance, le comble du luxe ?Je ne sais pas si c'est l'arrivée de l’hiver nous apportant son lot d’humeur plutôt grise, mais j’ai l’impression que nous évoluons de plus en plus dans une indiff érence générale...Observez autour de vous. Les parents pressés qui jettent leurs enfants à l’école sans un mot pour la maîtresse, les gens qui se bousculent en « oubliant » de s'excuser, les ados prostrés sur leur smartphone, écouteurs vissés sur les oreilles, l'image navrante des dîners d'amoureux devenus des concours de celui qui atteindra le meilleur score à Candy Crush... Flippant ! Nous sommes tous devenus des anonymes, des étrangers.La courtoisie – qui nous diff érencie des animaux – semble disparaître au profi t d'une indiff érence générale, symbole d'une société à la dérive et sans repères, où la technologie et l'ultra-connexion sont devenues le tombeau de ce Graal de l'humanité qu'est la liberté. Faire attention à l'autre, sourire ou tout simplement se dire bonjour... chez Trajectoire, nous faisons de ces petits gestes un art de vivre, car la politesse n'est pas un luxe.Profi tons de ces quelques mois au coin du feu pour nous réchauff er à la lecture des anecdotes que nous ont confi ées Iggy Pop et le concierge du Beverly Hills Hotel, réjouissons-nous de la réussite de « nos » patrons horlogers racontant leurs passions, rêvons des plages de l'autre bout du monde et continuons à nous amuser du buzz chez nos voisins français... De quoi passer (un peu) outre cette indiff érence générale. Bonne lecture et très belle nouvelle année à vous, amis, anonymes et fi dèles lecteurs !

Siphra M.

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Winter time

24 OPINION Ségolène mène sa barque.

32 MARIE-CÉLESTINE LUTTE CONTRE L’HIVER Guide de survie.

34 PORTRAIT Adam Driver, jeune Padawan.

42 LITTÉRATURE Nos quatre coups de cœur littéraires.

50 TALENT ÉMÉRITE Alain Deloche, médecin du monde.

52 COVER STORY Iggy, Papy rock.

56 ALBUM ROCK Sur les traces des légendes.

64 PSYCHO Esclaves du Web.

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SOMMAIRE

68 RENCONTRE 7ÈME ART Kevin « the spicy ».

84 RENCONTRES HORLO Une autre conception du temps.

90 SHOOTING HAUTE JOAILLERIE Quand Maman est chez l’amant…

102 AUTOMOBILE So smart !

104 VOUS AIMEZ ? (... NOUS MOINS) Bardot, Moiré et Weber.

112 SHOOTING MODE Sous le manteau.

126 LA SAGA D’UNE LÉGENDE Les scoops du Beverly Hills Hotel.

132 48H Saint-Barth la gourmande.

144 BEAUTÉ Symphonie olfactive.

148 CARNET DE VOYAGE Une escale à Abu Dhabi.

150 DESTINATION Australie, la belle vie.

Gagnant du concours Tunisie :Jacques Dubois, Morges

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ÉDITEURAndré Chevalley

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DIRECTRICE DE LA RÉDACTIONSiphra Moine-Woerlen

COORDINATION GÉNÉRALENicole Degaudenzi

PUBLICITÉ & RELATIONS PUBLIQUESOlivier Jordan | [email protected]

RESPONSABLE ARTISTIQUE Carine Bovey

RÉDACTRICE WEBAndrea Machalova

RÉDACTEURS CONTRIBUTEURSPaul-Henry Bizon, Christine Brumm, Isabelle Campone,

Charles Consigny, Gil Egger, Fabrice Eschmann, Patrick Galan, Annette Hérin, Marliese Huber, Nathalie Koelsch,

Andrea Machalova, Julie Masson, Jean Prodon, Manon Provost, Gaëlle Sinnassamy, Alexis Trevor,

David Trotta, Marie-France Rigataux

RELECTURE & CORRECTIONSAdeline Vanoverbeke

SHOOTINGPhotographe mode : Johann Sauty

Photographe haute joaillerie : Marc Ninghetto Stylisme : Pascale Hug

TIRAGETirage vendu : 23’510 exemplairesCertifi cation REMP 2014Période de relevé : 01.07.2013 – 30.06.2014Abonnés payants : 21’168 exemplaires

TIRAGE IMPRIMÉ24’000 exemplaires

IMPRESSIONKliemo Printing

DIFFUSIONLe magazine Trajectoire est diffusé en Suisse, principalement auprès de ses abonnés payants, représentant plus de 90% du tirage. Il est également vendu dans tous les kiosques Naville et disponible chez les médecins, avocats, notaires, dans les agences immobilières de Suisse et les hôtels 5 étoiles partenaires à Genève, Crans-Montana, Divonne, Lausanne, Montreux, Gstaad, Verbier et Villars.

©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. Les pages « Event » n’engagent pas la rédaction. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de détérioration des textes ou photos adressés pour appréciation.

ABONNEMENTS4 numéros : CHF 25.– (1 an) | 8 numéros : CHF 50.– (2 ans)[email protected] – T. +41 (0)22 827 71 01

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OPINION

On appelle la Marine nationale française la... « Royale ». Comme elle,

la ministre de l'Ecologie, du développement durable et de l'énergie navigue par gros temps sans dévier du chemin qu'elle s'est tracé et fi nit toujours par arriver à bon port. Sa carrière est à l'image de celles de

tous les grands fauves politiques : victoires, défaites, traversées du désert, retours

triomphants. Comme eux, elle est insubmersible.

L'INSUBMERSIBLE Par Charles Consigny

SÉGOLÈNE

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S égolène Royal a ce petit plus indéfi nissable qui la place dans la catégorie des stars. Comme les grandes actrices. A part peut-être Nathalie Kosciusko-Morizet,aucune autre femme politique française ne joue dans

cette catégorie. Ces femmes sont des étoiles. On les trouve aussi bien dans les pages de Vogue, où leurs portraits sont tirés par des photographes de mode et rédigés par des écrivains branchés, que dans celles du Monde, où elles dissertent très sérieusement de sujets techniques. L'affi che de campagne de Ségolène Royal en 2007, par exemple, fut réalisée par Bettina Rheims. Son modèle a un magnétisme, un côté irradiant, solaire. Qu'elle entre dans un restaurant et toutes les têtes se dévissent ; qu'elle donne une inter-view et toute la presse reprend ses propos. Quelle alchimie, quelle magie créent cela ? C'est indéchiffrable. C'est sans doute ce que l'on appelle la grâce. Fille de militaire, Ségolène Royal peut être raide. Elle est connue pour tyranniser ses équipes – parmi lesquelles on trouve des conseillères de la première heure qui se tueraient pour elle –, pour humilier des gens en public, pour exiger beaucoup et rendre peu, pour abandonner les plus fi dèles en route. Dominique Besnehard,

roi du cinéma français qui fut son coach pendant quelques mois (quand on vous dit que c'est une star), fut congédié comme un laquais quand sa dernière actrice en eut assez de lui. Idem pour celui qui fi nançait à grands frais sa petite formation « Désirs d'ave-nir », le tout-puissant Pierre Bergé. On se souvient aussi qu'Eric Besson avait été tellement maltraité en 2007 qu'il était passé chez l'ennemi, jusqu'à devenir ministre de l'Immigration de Nicolas Sarkozy, trahison suprême aux yeux de la gauche. Les « éléphants » du Parti socialiste n'ont pas eu de mots assez durs contre celle qui, non contente de les avoir battus à plate couture, les traita en-suite comme des potiches en les asseyant au premier rang de ses meetings sans leur donner la parole. « Froide », « sèche », « cas-sante » sont des adjectifs qui reviennent souvent pour qualifi er celle qui est aujourd'hui ministre de l'Ecologie du gouvernement Valls. Et pourtant, à l'Elysée comme à Matignon, on l'apprécie beaucoup. Pour son sens politique, sa capacité à éviter les polémiques et à mener des réformes jusqu'au bout. Pour sa puissance de travail, son côté « bûcheuse » qui avale des piles de dossiers parce qu'elle ne laisse rien au hasard. Pour sa force de frappe médiatique, la

L'INSUBMERSIBLE Par Charles Consigny

SÉGOLÈNE

26

OPINION

malgré l'asphyxie. Si l'on parle sans hy-pocrisie, on ne peut pas ne pas voir

comment la France est constam-ment affaiblie par l'équipe qui la dirige, par ce président fantasque qui se veut léger quand les dif-fi cultés sont lourdes, rieur quand le peuple est triste, désinvolte quand la situation demande de la responsabilité. Si l'on ajoute

à ça ses pitoyables frasques sen-timentales, il y a tout de même

quelque chose de gênant dans ce mélange des genres entre vie privée et

vie publique que représente la présence de la mère des enfants du chef de l'Etat à la

table du Conseil des ministres. On peut dire que c'est vieux comme la France, qu'aux tables des rois les

liens ont toujours été ambigus et souterrains, mais, précisément, le monde d'aujourd'hui exige beaucoup plus de probité, de trans-parence, d'obsession de l'intérêt général, de refus absolu de tout comportement de cour.Alors, certes, elle a dilapidé des dizaines de millions d'euros de la Région Poitou-Charentes, qui n'en demandait pas tant, pour soutenir en dépit du bon sens une société de voitures électriques, Heuliez, sans que celle-ci parvienne à se relever. Ségolène Royal ne voit pas pourquoi une collectivité territoriale actionnée par des apparatchiks ne pourrait pas se substituer au secteur privé dans n'importe quel domaine. Comme hélas de très nombreux res-ponsables politiques, elle n'a jamais travaillé dans une entreprise, salariée de l'Etat depuis qu'elle est entrée à l'ENA à l'orée de ses 20 ans. Il y a en France une partie de la population et des élites qui auront toute leur vie été nourries par l'administration, avec force avantages, durée du travail réduite, retraites anticipées, etc., au-tant de charentaises qui n'incitent guère à la réforme ni au courage politique. Par exemple, c'est à cause de Ségolène Royal que l'Etat français verse tous les ans une « allocation de rentrée scolaire », qui représente un coût astronomique pour les fi nances publiques, qui n'a pour effet que d'entraîner une augmentation des prix des cahiers et des stylos et dont les gens ne se servent de toute façon pas pour acheter lesdites fournitures, des études ayant démontré que les ventes d'écrans plats connaissent un pic dans la semaine qui suit le versement de l'allocation. Ségolène Royal – comme ses camarades socialistes – refuse de voir comme ses belles « idées chrétiennes devenues folles » (Ches-terton) se sont traduites par des systèmes ruineux, ineffi caces, détournés, allègrement fraudés, qui ont installé une ambiance de paresse et de jalousie dans un pays qui autrefois faisait la guerre au monde entier. —

fascination qu'elle exerce sur ses pairs comme sur les journalistes et les com-mentateurs. Pour, fi nalement, le lien singulier qu'elle a tissé, depuis quarante ans, avec le peuple. Ma-dame le Ministre a du métier : elle sait manier une majorité plurielle et divisée et sent instinctivement ce que les Français sont prêts, ou non, à accepter dans une époque qui voit la gauche française faire enfi n sa mue, créant une immense désillusion chez ses électeurs. La gauche est depuis longtemps fractu-rée entre les réalistes et les idéalistes. De Michel Rocard contre François Mitterrand au-trefois à Emmanuel Macron contre Martine Aubry et ses « frondeurs » aujourd'hui. Les premiers considèrent les seconds comme des rêveurs, des irresponsables, des incompé-tents. Les seconds voient les premiers comme des traîtres, des ven-dus au capitalisme, aux forces de l'argent. John Fitzgerald Kennedy disait : « Le vrai politique, c'est celui qui sait garder son idéal tout en perdant ses illusions. »Ségolène Royal tire sa force d'avoir un pied dans chaque camp. Elle plaît au peuple de gauche parce qu'elle tient un discours de volontarisme politique, en prétendant ne pas abdiquer devant les bouleversements immenses d'un monde globalisé où la puissance publique ne pourrait plus rien. « L'idée d'une autre société est deve-nue presque impossible à penser, et d'ailleurs, personne n'avance aujourd'hui sur le sujet, l'esquisse d'une idée neuve », écrit l'histo-rien François Furet dans Le Passé d'une illusion. C'est cette idée d'une autre société qu'incarnent des gens comme Ségolène Royal et qui fait chavirer les cœurs de ceux qui voudraient que le monde change, qu'il ne soit pas indéfi niment gouverné par les forts, que les faibles aient voix au chapitre. En se payant récemment les socié-tés d'autoroute et en supprimant une écotaxe que plus personne ne comprenait, la ministre a montré qu'elle voyait en effet l'Etat comme l'arme des désarmés contre les puissants. Historiquement, c'est comme cela qu'il fut bâti par le roi, en réponse aux nobles. Ségolène Royal aurait pu être une reine de France.Hélas, et peut-être faudrait-il que quelqu'un l'en informe, le monde a changé et dans un sens qui n'est pas celui des socialistes. Le monde d'aujourd'hui broierait la France si celle-ci ne comptait pas heureu-sement en son sein des gens qui continuent, malgré l'avalanche fi scale et réglementaire socialiste, de créer, de bâtir, de traverser les frontières, de voir plus loin que le bout de leur Conseil général. Si la gauche au pouvoir peut continuer à jouer avec les milliards d'un Etat impotent d'obésité, c'est parce que des entrepreneurs petits et grands, silencieux et bûcheurs, continuent de se battre

[ Comme hélas de très nom-

breux responsables politiques,

elle n'a jamais travaillé dans une entreprise, sala-

riée de l'Etat depuis qu'elle est

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Par Charles Consigny

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pubs L'Oréal demande au serveur la meilleure viande, avec le meil-leur vin et des entrées pour tout le monde. Si l'on devait lui attribuer un métier rien qu'à son look et à son ton, on hésiterait entre acteur, gangster ou avocat. Il est un peu les trois. Jérémie Assous est un phénomène. Il a la joie et la colère des enfants, le regard des amou-reux, le sourire des séducteurs, la hargne des boxeurs. Cet avocat de 37 ans porte des costumes sur mesure et des chaussures Berluti, traverse Paris sur une Vespa chromée qui le conduit au Palais de justice, où il défend avec acharnement ses clients, parmi lesquels on trouve, notamment, Isabelle Adjani. Pour un gamin parti de rien, la trajectoire est admirable. Au barreau, elle lui vaut autant de fans que d'ennemis. « Jamais un envieux ne pardonne au mérite », écrit Corneille.Pendant ses études, Assous vendait des costumes à ses camarades de fac pour gagner l'argent que ses parents ne pouvaient lui don-ner. Il a fait son premier stage chez le mandarin Jacques Vergès, ce qui était peu ou prou inatteignable sans augustes passe-droits, puis a été formé par celui qui fait et défait les carrières de ses pairs, le pé-naliste François Gibault, commandeur de la Légion d'honneur, bio-graphe de Céline, président de la Fondation Dubuffet, bon écrivain pour ne rien gâcher. De son élève, le maître parle en ces termes : « Il est l'un des enfants les plus prometteurs de ma nombreuse famille, mais il a un défaut qui lui nuira, il a du cœur » (Libera me, Gallimard). L'impétueux a un caractère entier et préfère souvent, au risque de l'incident diplomatique, la sincérité aux bonnes manières (dans un dîner mondain, Jacques Attali refusa de continuer à lui parler après un échange houleux). Sa carrière a vraiment commencé lorsque, à 26 ans, il obtint la re-qualifi cation en contrats de travail des contrats liant les participants à l'émission de téléréalité L'Ile de la tentation à la société de pro-duction Glem. Face à lui, les meilleurs avocats spécialisés en droit du travail. Avec lui, son ami Thierry Lévy, l'un des sphinx du Barreau de Paris. Ils ont gagné, des dizaines de procès victorieux ont suivi et l'affaire a fait jurisprudence – elle est désormais étudiée à l'univer-sité. Il ferrailla ensuite directement avec l'Etat, dans l'affaire dite de Tarnac, histoire d'antiterrorisme et d'extrême-gauche. Désormais à la tête d'un vaste cabinet avec associés et collabora-teurs dans un quartier chic de l'Ouest parisien et propriétaire d’un appartement plus vaste encore – dans le même immeuble, pour n'être jamais loin ni du travail ni de la famille –, Jérémie Assous fera sans doute sa fortune avec le site ActionCivile.com, une plateforme dont il est à l'origine, permettant de saisir la justice par Internet et forçant les portes du droit français sur la « class action » (le recours collectif). A ce jour, le site a recueilli des milliers de plaintes contre plus d'une vingtaine de sociétés, parmi lesquelles on peut lire les noms de grandes banques ou d'opérateurs téléphoniques, mena-cés de procès en rafales s'ils refusent de négocier. Le nom « action civile » correspond bien à son fondateur : manières de hussard, vo-lonté de s'en prendre aux puissants, pari sur la modifi cation du droit. A la manière des anarchistes qu'il apprécie, Jérémie Assous entre à la voiture bélier là où prospèrent les conservatismes. Comme un chevalier d'aujourd'hui, il ferraille avec panache ; de temps à autre, vous apercevez dans son œil l'inquiétude de celui qui doute. En le quittant, je pense à ce mot d'Audiard : « Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière. » —

A l'heure où vous lisez ces lignes, les principales banques françaises se voient réclamer plus de 400 millions d'euros, au nom de plus de 150'000 de leurs clients, par un petit site qui n'existait pas l'année dernière, ActionCivile.com. Derrière cette start-up, on trouve Jérémie Assous, celui qui avait eu la peau judiciaire de TF1 à 26 ans. Portrait.

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ROCK'N'ROLL never dies ! Le 27 octobre, le groupe The Who fêtait ses cinquante ans de carrière au service du rock en sor-tant une compilation de 50 de ses meilleurs titres. Puis, ce qui au départ ne devait être qu’une tournée, histoire de dépoussiérer les vestes en cuir et de raccorder les guitares, s’est transformé en titre inédit, Be Lucky, directement inspiré du Get Lucky des Daft Punk, et en un album qui devrait sortir courant 2015, à en croire les dires du leader Roger Daltrey. Un opus qu’on n’attendait plus !

www.thewho.com

LE RETOUR DU « Hobo »Le plus célèbre des « hobos », le chanteur britannique Charlie Winston, sort le 26 janvier son troisième album, intitulé Curio City. Le premier single, révélé il y a quelques mois, confirme le virage électro-pop que l’artiste désirait prendre. Entièrement écrit, composé et réalisé par ses propres soins, ce nou-veau disque enregistré dans son studio londonien flambant neuf risque de sur-prendre, tout comme les titres Speak to Me ou Dusty Men, son duo avec le Belge Saule.

CURIO CITY Sortie prévue le 26 janvierwww.charliewinston.com

T’AS D’BEAUX YEUX, Tu saisSi vous avez aimé Big Fish, vous aime-rez Big Eyes, le nouveau film de Tim Burton, sauf qu’ici le réalisateur amé-ricain adepte du fantastique s’attaque à une histoire réelle, celle de la peintre Margaret Keane et de son mari Walter, célèbres dans les années 50pour avoir réalisé une série de por-traits d’enfants affublés de gros yeux. Dans la peau des artistes, on retrouve la « Superman’s girlfriend » Amy Adams et l’excellent ChristophWaltz, qu’on ne présente plus. Le biopic s’annonce d’ores et déjà dévorant…

BIG EYES Sortie en salles le 7 janvier

CULTURE Par Alexis Trevor

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Le 2 décembre, les dinosaures du rock ont sorti leur 16ème album et s’apprêtent

désormais à partir sur les routes pour une nouvelle tournée, la dernière peut-

être. Ni les années ni la démence de Malcolm Young ne peuvent les arrêter. L’album porte le nom de Rock or Burst,

à savoir « Rock ou crève » en somme. Un slogan qui leur colle bien à la peau.

ROCK OR BURST Sortie prévue le 2 décembre, www.acdc.com

à Suivre...En cette fin d’année frigorifique, les artistes se font discrets et on les comprend ! Mais, rassurez-vous, ils ont de bonnes raisons. En 2015, ils prévoient

d’inonder nos oreilles en continu et les albums vont carrément pleuvoir : Björk, Black Sabbath, Madonna,

Muse, Selah Sue, Fauve, Adele (enfin !), Noel Gal-lagher, U2 et, si on est particulièrement chanceux,

peut-être même un Beyonce-Jay-Z. A croire qu’ils se sont tous mis d’accord…

Dolan IN DA BOX

Vous avez aimé Mommy ? Un coffret regroupant quatre longs-métrages, J’ai tué ma mère, Les Amours imaginaires, Laurence Anyways et Tom à la ferme, du talentueux réalisateur canadien Xavier Dolan sort cet hiver à un prix très alléchant. Tabernacle, il me le faut !

Le rythme DANS LA PEAU

Depuis la présentation de Whiplash au festival du film de Sundance en début d’année, le long-métrage du jeune réalisateur Damien Chazelle enchaîne les nominations et les prix. Grand Prix du jury et du public au 40ème Festival de Deauville comme au Sundance, il est même pressenti pour se faire une jolie place aux Oscars, mais ne parlons pas trop vite. Whiplash (« coup de fouet », en anglais) est l’histoire d’un jeune musicien (Miles Teller) rêvant de devenir le meilleur batteur de jazz de sa génération. Pour ce faire, il se retrouve sous la coupe d’un professeur tyrannique (J.K. Simmons), qui n’hésitera pas à le pousser dans ses retranchements pour tirer le meilleur de son élève. Rythmé au son du jazz, ici, les armes sont remplacées par les coups de baguettes.

WHIPLASH Sortie le 24 décembre

LA REVANCHE DU Super-héros

Après quatre ans d’absence, le réalisateur de Babel et de Biutiful revient avec un cinquième long-métrage intitulé Birdman. Un film de super-héros, oui, mais pas tout à fait. Alejandro Gonzalez Iñarritu raconte l’histoire d’un ancien acteur ayant connu le succès en incarnant un super-héros au cinéma et qui tente de renouer avec sa gloire passée en produisant une pièce sur Broadway. Dans le rôle de Birdman, on retrouve Michael Keaton qui, tout comme le protagoniste du film, espère un retour sur le devant de la scène après avoir enfilé le costume du sauveur de Gotham dans les années 80. Le tout ficelé avec un casting promet-teur : Zach Galifianakis, Edward Norton, Emma Stone ou encore Naomi Watts.

BIRDMAN Sortie en salles le 25 février

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COVER STORY

PAPY ROCK ! Par David Trotta

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Ed Perlstein, 1977

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Le papy punk est aujourd’hui l’une des plus grandes icônes du rock. Mais l’Iguane a bien failli se fondre dans le décor. Un junky parmi tant d’autres, passager du trip LSD, qu’il a eff ectué encore et encore. Boiteux, il l’est depuis toujours. Ce qui n’empêche guère des milliers de jeunes artistes de lui emboîter le pas aujourd’hui et pour longtemps encore. PAPY ROCK !

Par David Trotta

J e respecte profondément Iggy Pop et Neil Young parce qu’ils n’ont jamais cédé aux compromis et que leur musique a toujours été sauvage», dixit Kurt Cobain. Le légendaire leader de Nirvana avait trouvé les mots justes

pour résumer la personnalité de James Newel Österberg Junior, alias « l’Iguane », alias Iggy Pop. Car le presque septuagé-naire est de ceux que l’on n’enferme pas dans une cage contre leur gré. Il rugit, il secoue sa crinière, il bondit toutes griffes dehors. Exubérant, il l’est sur scène avant tout. Le reste du temps, il est invisible, comme son pseudonyme le suggère. « Quand j’avais 18 ou 20 ans, Iggy a débarqué dans ma vie pour réaliser les choses que j’étais incapable de faire », explique l’artiste dans le documen-taire que lui consacre Jean Boué, simplement appelé Call Me Iggy.

A le voir se tenir devant nous au Radio Festival de Salford, ses traits usés et son regard fougueux, le personnage impressionne. Né le 21 avril 1947 dans le Michigan, Etat du Mid-Ouest américain, Iggy Pop a dès son plus jeune âge appris à rester libre et indépendant pour ne pas se laisser acculer. Si son charisme est de taille à remplir des stades entiers, Iggy se tient pourtant loin des espaces gran-diloquents, préférant occuper sa cabane de Miami plutôt que de se perdre dans son gigantesque royaume. « J’ai grandi dans un mobile home. Un tout petit mobile home. »

L’ESSOR DE L’IGUANEAvant de devenir le chanteur que les fans de rock connaissent aujourd’hui, Iggy Pop commence sa carrière de musicien en tant

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PORTFOLIO

En pleine face Par David Trotta

Série de masques désincarnés et souvent inquiétants, voilà l'idée de cet album de famille rock'n'roll. Gros plan sur ces personnages qui ont fasciné et qui fascinent toujours autant.

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Ozzy Osbourne est autant connu pour être l’un des plus grands chanteurs de heavy metal que pour ses frasques. Sous l'influence de substances, il a entre autres décapité une colombe vivante avec ses dents, renouvelé l’expérience avec une chauve-souris et tenté d’étrangler sa femme Sharon.

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PSYCHO

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TOXICOS 2.0Par Gaëlle Sinnassamy

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O n annonce l’ouverture pour 2017 d’une clinique cinq étoiles à Montreux. Ciblé désintoxication et

destiné à une clientèle fortunée, l’établisse-ment a pour objectif de traiter toute forme de dépendance. Addiction à la bouteille, aux poudres blanches, aux médicaments, au sexe, aux achats compulsifs, mais aus-si… à Internet. Car le toxico 2.0 ne cherche pas désespérément sa dose, l’air hagard, dans les bas quartiers de la ville, mais une connexion Wi-Fi. Sa came ? Son smart-phone, dont il ne se sépare sous aucun prétexte.

Internet, smartphones, tablettes... L’addiction aux nouvelles technologies est LA pathologie civilisationnelle à la mode. Pour vaincre le mal du siècle, cliniques spécialisées et cures de digital detox fl eurissent à tout va.

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RENCONTRE 7ème ART

M oins fou que Bill Murray mais tout aussi énig-matique, Kevin Spacey est un spécimen. Sa voix, son visage, sa présence, tout chez lui est magnétique. Le mec marque les esprits.

Mon premier souvenir remonte à l'été de mes 11 ans. Juin 1996. Je suis allongée dans le jardin, le visage calé entre mes mains, je somnole au-dessus du Mystère de la chambre jaune de Gaston Leroux. L'air est lourd, la chaleur plus prenante que l'intrigue de ce roman policier. Je décide de faire quelques pas sur la terrasse, où se dessine l'ombre de la maison, quand mon frère s'écrie : « Il n'a pas fait ça ! » Je me précipite à l'intérieur et découvre mon aîné les mains agrippées au canapé. Ses ongles ont laissé une marque dans le velours café. Je m'approche timidement. A l'écran, le cadre du réalisateur David Fincher prend en étau la tête rasée d'un homme. Son regard est froid, sa voix d'un calme féroce. « Elle m'a supplié de la laisser vivre, pour elle et le bébé qu'elle portait », sont les

derniers mots prononcés par Kevin Spacey avant qu'une balle transperce la surface lisse de son crâne. Agrippé à l'arme encore fumante, Brad Pitt, rongé par la haine et la vengeance. Comment oublier cette scène de Seven ? Ce serait comme tenter d'effa-cer le regard perçant d'Anthony Hopkins, alias Hannibal Lecter, dans Le Silence des agneaux. Kevin Spacey est de cette veine d'acteurs capables de se glisser dans la peau de personnages sombres, ambiva-lents, malsains. Des personnages char-pentés qui surpassent le simple rôle du « méchant » – on se souvient du mystérieux Keyser Söze dans Usual Suspects. Il le dit lui-même : « Je ne sais pas jouer la méchan-

Kevin Spacey, c'est le genre de mec qu'on adore détester. Psychopathe moralisateur dans Seven, quarantenaire névrosé dans American Beauty, sénateur machiavélique dans la série House of Cards, il possède ce charisme glacial auquel il prend un malin plaisir à accoler tous les vices possibles. Et c'est ce qui le rend délicieusement déroutant.

A VERY SPECIAL MAN

Par Manon Provost

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A VERY SPECIAL MAN

Par Manon Provost

prévue à l'automne 2015. Lui succédera l'auteur Matthew Warchus,remarqué cette année à la Quinzaine des réalisateurs avec son fi lm Pride. Mais, revenons au théâtre et au dernier succès de Spacey, son interprétation de Richard III. Durant deux ans, sous la direction de son ami Sam Mendes, il a manié la comédie, le sarcasme et l'iro-nie avec un plaisir non dissimulé, faisant tourner la pièce shakes-pearienne à travers le monde. Le King Spacey ne profi terait-il pas de cette effervescence pour refaire campagne ? Car, si depuis dix ans il joue au théâtre et remplit son rôle de directeur artistique avec talent, il n'en demeure pas moins médiatiquement absent, ne faisant que quelques rares apparitions au cinéma (Margin Call, Superman Returns). Il s'en défend lors d'une récente interview accordée à Vanity Fair : « Hollywood ne produit quasiment plus de fi lms que j’aimerais tourner. Ai-je vraiment envie de me battre contre les quatre ou cinq acteurs ayant le même profi l que moi pour un semblant de rôle ? Ou vaut-il mieux rejoindre le monde ultra-créatif de la télé, où s’expriment les meilleurs auteurs du moment ? » La télévision, parlons-en. C'est elle qui lui a offert une résurrection médiatique avec la série House of Cards et le person-nage de Frank Underwood, ce sénateur machiavélique briguant le bureau ovale de la Maison-Blanche – une autre version de Richard III, comme si Shakespeare le poursuivait... « To be or not to be », l'aventureux Spacey ne s'est jamais posé la question. Il traverse son époque en fl airant les projets les plus innovants et ceux qui lui laissent la plus grande liberté. Produite par Netfl ix, ce diffuseur de VOD sur Internet qui bouleverse les modes de consommation télévisuels, House of Cards n'est qu'une première étape dans la reconquête du public par l'acteur. La prochaine se nomme Captain of the Gate, un biopic sur Churchill, qu'il incarnera à l'écran. Un titre à sa mesure, isn't it, Mister Spacey ? —

ceté pure et dure, je ne sais pas limiter un personnage à une seule couleur. Je joue les nuances de l’écriture. » Une approche théâtrale et une sensibilité pour la littérature qu’il a développées à la Juilliard School. « Pour mon tout premier rôle, j'étais un garde en collant dans Henri V de William Shakespeare. J’étais affublé d’une lance, d’un col en dentelle et de savates en velours côtelé, et je ne disais pas un mot. Je ne fantasmais pas sur l'avenir. Avec la tête que je me payais, je ne pouvais décemment pas casser la baraque du jour au lende-main. » C'était avant les années 1990, avant Seven, Usual Suspects, L.A. Confi dential, The Negociator ou encore American Beauty, le fi lm de Sam Mendes qui va tout bouleverser. « A l'époque, j’étais très ambitieux, je voulais me bâtir une carrière au cinéma, confi e

Kevin Spacey. Et puis, il y a eu Ame-rican Beauty, qui m’a offert exac-tement ce que je voulais [Il rem-porte l'Oscar du meilleur acteur en

2000]. Du coup, je me suis tourné vers autre chose et j’ai consa-cré plus de temps au théâtre, une activité beaucoup moins indi-vidualiste. […] Les gens m'ont pris pour un fou quand j'ai démé-nagé à Londres pour me lancer », rapporte-t-il à un journaliste du Hollywood Reporter. Une folie bien sentie puisqu'elle lui ouvre les portes de la direction artistique du Old Vic – théâtre mythique de la capitale britannique. Le poste est prestigieux mais Spacey le conquérant ne fanfaronne pas. Ce rôle-là, c'est avec panache et discrétion qu'il l'endosse depuis plus de dix ans. Et c'est avec la même pudeur qu'il a récemment annoncé la fi n de son mandat,

« Je ne sais pas jouer la méchanceté pure et dure, je ne sais pas limiter

un personnage à une seule couleur. Je joue les nuances de l’écriture. »

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RENCONTRE 7ème ART

Le saviez-vous ? Avec son rôle de malfrat dans Usual Suspects, l'acteur atteint la reconnaissance souhaitée en remportant son premier Oscar dans la catégorie meilleur second rôle.

En 2000, c'est avec American Beauty qu'il obtient une deuxième statuette.

Dans Seven, de David Fincher, Kevin Spacey campe le rôle d'un psychopathe, qui lui vaut d'être nominé

aux MTV Awards comme « meilleur méchant ».

Kevin Spacey est aussi producteur et réalisateur. En 1996, il réalise Albino Alligator, dans lequel il

dirige Matt Dillon, Gary Sinise et la sublime Faye Dunaway. Puis, en 2004, il tourne Beyond the Sea, un

biopic sur Bobby Darin, célèbre chanteur américain des années 1950. Le titre du film est d'ailleurs l'un

des tubes du chanteur et l'adaptation anglaise de la chanson La Mer de Charles Trenet.

Kevin Spacey est un amoureux des montres. Dans sa collection de belles toquantes, figure la manufacture

IWC Schaffhausen. Parmi ses favorites, la charis-matique Portugaise qu’il affiche à son poignée dans

quelques scènes de la série House of Cards.

Kevin Spacey n'est pas homme à taire son désir de re-connaissance. En 2013, il offrait au réalisateur Woody Allen, avec lequel il aimerait tourner, un abonnement à Netflix, la plateforme qui produit et diffuse la série House of Cards aux Etats-Unis. Une façon originale

de montrer son travail en jouant cartes sur table.

Kevin Spacey en 5 dates

26 juillet 1959 Naissance dans le New Jersey.

1986 Il joue pour la première fois au cinéma, dans le film La Brûlure, de Mike Nichols, aux côtés de

Jack Nicholson et Meryl Streep.

1995 Il est à l'affiche de deux films, Seven et Usual Suspects, qui vont lancer sa carrière et le propulser

au rang de star. Personne ne peut oublier son rôle de psychopathe, John Doe, l'auteur de sept meurtres

basés sur les sept péchés capitaux.

2003 Il est nommé directeur artistique du Old Vic Theatre, poste qu'il occupera jusqu'à l'automne 2015.

2013 L'acteur revient sur le devant de la scène avec la série House of Cards, dont la troisième saison est

actuellement en préparation.

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RENCONTRE HORLO

Trésors inventifsInterview Fabrice Eschmann | Photos François Wavre > Rezo.ch

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C'est arrivé dans la conversation comme une libé-ration. Oui, Daniel Riedo est né à Genève, y a grandi, y a fait toutes ses études et y vit encore, « mais je suis originaire de Fribourg, lâche-t-il

soudain. Ma famille y est depuis plus de cinq cents ans. Mon père est Fribourgeois, ma mère est Fribourgeoise et j'ai, semblerait-il, quelque 127 cousins et petits-cousins. » Cet attachement aux ra-cines, c'est ce qui caractérise le mieux le personnage. Car Daniel Riedo n'oublie pas d'où il vient : parti de rien, il a gravi tous les éche-lons au fi l des années, n'hésitant pas à se remettre en question à 30 ans passés. Un self-made-man qui, entré dans l'horlogerie grâce à une formidable opportunité chez Rolex, accède en 2013 à la tête de Jaeger-LeCoultre, l'une des marques de haute horlogerie les plus connues au monde.L'abnégation de ce passionné des grands espaces africains et de photographie est hors du commun. Il débute sa carrière par un apprentissage de dessinateur sur machines aux Ateliers Sécheron, à Genève. « J'ai notamment travaillé sur la mythique Re 6/6, la der-nière locomotive sortie des Ateliers », lance-t-il, une pointe de fi erté dans la voix. Puis, pendant cinq ans, le jeune Riedo suit des cours du soir pour devenir ingénieur. Son diplôme en poche, il fera dix ans de thermodynamique dans le bâtiment, avant de retourner sur les bancs de l'école : « A 33 ans, j'ai démarré une licence en droit et fi nance. Je voulais le faire depuis longtemps, mais j'ai dû économi-ser avant de pouvoir me l'offrir. »A 36 ans, un peu trop âgé pour le domaine bancaire, pas motivé pour retourner dans le bâtiment, Daniel Riedo voit alors l'horloge-rie lui tendre les bras. A la fi n des années 1990, il entre ainsi chez Rolex, passant par la logistique, les achats, la production… Après douze ans, au moment de quitter le groupe, il aura atteint le poste de directeur de la production de Rolex Genève et, parallèlement, occupé celui de directeur marketing chez Tudor.

Vous avez été nommé CEO de Jaeger-LeCoultre le 1er juillet 2013, en remplacement de Jérôme Lambert, parti à la tête de Montblanc International. Qu'est-ce qui a changé depuis votre arrivée ?Il n'y a pas véritablement eu de changement, mais une évolution

Discret, attaché aux valeurs, Daniel Riedo occupe le poste de CEO de Jaeger-LeCoultre depuis mi-2013. S'il tient à une certaine continuité, il prévoit cependant de profi ter des innovations de la marque, véritable trésor, pour faire baisser les coûts.

Trésors inventifsInterview Fabrice Eschmann | Photos François Wavre > Rezo.ch

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RENCONTRE HORLO

F rançois-Paul Journe n'est pas un horloger comme les autres. Né à Marseille, arrivé de Paris en 1989, il n'était pas vraiment

prédestiné à devenir un horloger de haut rang. On devine d'ailleurs facilement, dans la description d'homme renfrogné et pré-somptueux que les autres font de lui, com-bien il lui a été diffi cile de se faire une place dans cette horlogerie suisse, traditionnelle bien au-delà de l'établi. Mais celui qui dirige sa propre marque a tenu bon, avec sans au-cun doute l'effronterie du cancre qu'il avoue avoir été. F.P. Journe, c'est aujourd'hui une maison genevoise largement reconnue, maintes fois récompensée au Grand Prix d'Horlogerie de Genève et dernièrement lauréate du Prix Montre de l'Année pour son Elégante, une montre à quartz pour dame hors du commun.

L’élégante attitude de Monsieur Complication !

Interview Fabrice Eschmann | Photo Jake Curtis

François-Paul Journe provoquait l'émoi, en janvier dernier, en présentant l'Elégante. Lui, l'amoureux de la haute horlogerie traditionnelle, osait le quartz sur une pièce féminine. Une démarche revisitant l'usage du mouvement électronique, et qu'il assume totalement.

L’élégante attitude de Monsieur Complication !

Interview Fabrice Eschmann | Photo Jake Curtis

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L’élégante attitude de Monsieur Complication !

Interview Fabrice Eschmann | Photo Jake Curtis

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Les horlogers indépendants sont le sel de la haute horlogerie : ils produisent de quelques dizaines à quelques centaines de montres par an, accordent une grande importance aux détails et aux fi nitions, créent de petits bijoux de garde-temps, rares par défi nition. Un monde à part dans lequel, bien souvent, les horlogers connaissent tous leurs clients par leur nom. Et s’ils avaient une autre conception du temps ?

RENCONTRES HORLO

Une question de temps...Interviews Fabrice Eschmann

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Jean-Marie SchallerPrésident et CEO des Ateliers Louis MoinetProduction annuelle 730 montres

Vivre avec son temps ? En 1848, Louis Moinet disait que le véritable artiste ne pouvait vivre hors de son temps. Aujourd’hui, l’homme est au centre d’un monde électronique, cybernétique, mais apprécie plus que jamais l’hor-logerie mécanique. La moelle humaine se nourrit d’émotions, de rapports humains. Il est important de préserver l’art et de l’enrichir de chefs-d’œuvre modernes.

Si l’éternité m’était offerte... Comme je suis parfaitement heureux, j’en profi terais pour prolonger ce bonheur. Le créateur horloger doit être conscient de son privilège : donner vie à la matière.

Constituer un héritage ? Lorsque j’ai fondé les Ateliers Louis Moinet, l’héri-tage du maître se limitait à une biographie. Mais, avec persévérance, nous avons retrouvé des élé-ments signifi catifs de son œuvre, jusqu’à l’in-croyable: le premier chronographe jamais réalisé. Quel privilège de constituer un héritage qui enrichit l’ensemble de l’horlogerie!

Garde-temps préféréTempograph 20 secondes

Une question de temps...Interviews Fabrice Eschmann

Pierre JacquesCEO de De BethuneProduction annuelle 400 montres

Un passe-temps ?Chausser mes skis dès l'arrivée des premières neiges. Le goût pour ce sport ne m'a jamais quitté et je lui consacre toujours un peu de mon temps libre.

2 temps… 3 mouvements ? Mes déplacements pour De Bethune. Je visite en moyenne trois grandes capitales au cours d'un voyage. Mon travail me conduit aux quatre coins du globe ; un rythme certes intense, mais passionnant.

L’intemporalité ? Les derniers instants d'une journée d'été sur le Léman. De temps à autre, j'aime profi ter du calme offert par le lac à cette période. Je sors donc mon bateau, pour bien terminer la journée.

Garde-temps préféréDB28 Dark Shadows en zirconium anthracite sablé

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RENCONTRES HORLO

Christophe Claret Fondateur de Christophe ClaretProduction annuelle 150 montres

Un passe-temps ?C’est aussi mon autre passion : j’ai acquis en 2006 un châ-teau du XVIème siècle près de Besançon, que je m’attelle à restaurer dans les règles de l’art, avec des artisans sélec-tionnés parmi les meilleurs. De nombreuses recherches historiques ou régionales sont nécessaires, afi n d’établir ce qui est le plus judicieux pour restaurer ou reconstituer des éléments manquants.

Un gain de temps ?Depuis vingt-cinq ans, j’ai tout mis en œuvre pour construire une manufacture regroupant plus de 31 mé-tiers dans le but fi nal de gagner du temps. En effet, les problèmes de qualité, de précision, de délai, voire de prix sont quasiment résolus lorsque l’on réalise tous les éléments d’une montre – qui peut en compter 1'000 ! – de manière autonome.

Du temps perdu ? J’avoue ne pas supporter l’incompétence ainsi que les pertes de temps engendrées par certaines personnes durant les heures de travail, avec des bavardages ou des activités autres que ce pour quoi elles sont payées. Cependant, je pense m’être entouré, avec le temps, d’un personnel effi cace, à tous les niveaux.

Garde-temps préféré Maestoso en or blanc et titane

Felix Baumgartner Cofondateur d’UrwerkProduction annuelle 150 montres

Pour tuer le temps ?Je m’occupe de la pelouse du jardin. Je le fais à l’an-cienne, avec une faux, sous le regard étonné de mes voisins. C’est un exercice salutaire, extrêmement physique, et qui me reconnecte à la terre. Je fi nis la session la chemise nouée autour de la taille, dégou-linant de sueur, mais heureux.

Un gain de temps ? Le vélo électrique, pour me rendre de mon domi-cile au travail ! Il faut trente minutes environ pour avaler les kilomètres qui séparent mon chez-moi de la ville. Je me déconnecte. Pas de téléphone, pas d’ordinateur.

Minuit sonne... Je suis sur ma tablette numérique, plongé dans une rediffusion du premier opus de Star Trek... Les fi lles sont couchées. Tout est calme à la maison. La pen-dule du salon commence à chanter.

Garde-temps préféréEMC Black en titane et acier traité DLC

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Alexis Gouten, David Gouten et Marc Guten Propriétaires de Manufacture RoyaleProduction annuelle 150 montres

Du temps perdu ?Alexis Gouten : Et si le vrai luxe était de s'accorder du temps perdu ? Au-delà de la douce nostalgie proustienne, ce temps pour soi, propice à la rêve-rie et à la création, a permis à de grandes idées de germer dans l'esprit de tant de philosophes et d'in-venteurs. Et, en amour, le moment le plus délicieux n'est-il pas celui où l'on rattrape le temps perdu ?

2 temps… 3 mouvements ? David Gouten : Cela me fait penser à une belle aventure, celle de Manufacture Royale. Mes mou-vements sont dictés par la passion, la rapidité d’action: être présent, surprendre et accompagner mes clients. Foncer, oui, mais toujours à leur propre rythme. Tout est donc une question de temps, du temps qui reste, afi n d’être maître de son temps.

L’intemporalité ?Marc Guten : Pour Voltaire, « le temps est la mesure de l'éternité ». Les hommes se concentrent sur le temps qui passe mais, pour le temps, nous ne fai-sons que passer. J’apprends à profi ter de chaque instant et à vivre chaque moment dans toute sa plé-nitude. Manufacture Royale se nourrit aussi de cette intemporalité.

Garde-temps préféré 1770 en acier

Peter Speake-Marin Fondateur de Speake-MarinProduction annuelle 400 montres

Simple question de temps ?Le temps est la mesure de la vie. Mais, comme elle, il est irremplaçable. Sa valeur surpasse tout ce que nous ne pourrons jamais posséder. Malgré cela, nous ne l’appré-cions à sa juste valeur que le jour où il nous fi le entre les doigts.

Si j’avais 5 minutes…Je les passerais en serrant très fort ma femme et mes en-fants, en écoutant et sentant chaque battement de leur cœur. Vivre chaque instant comme si c’était le dernier, afi n de faire durer ces cinq minutes une éternité.

Constituer un héritage ?Ce que nous créons en horlogerie est à la fois profond, esthétique et extraordinaire. Mais, au fi nal, le plus im-portant n’est pas ce que nous créons, mais ce que nous faisons avec le temps qui nous est accordé. Ce qui est primordial, c’est de faire en sorte de ne pas regretter ce que nous avons vécu lorsque nous regardons en arrière à la fi n de nos jours.

Garde-temps préféré Resilience en acier

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HAUTE JOAILLERIE

PARTY TIME !Collier Adler, bracelet Chopard, bracelet Bucherer, boucles d’oreilles Bucherer, bague de Grisogono Robe Francesca Rosafio, sac Fendi, sous-vêtement Petit Bateau

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Quand mamanest de sortie, le dressing prend des allures festives. Faites vite, Cendrillon(s), avant que les douze coups de minuit ne sonnent…Photographe Marc Ninghetto Réalisation Pascale HugSélection Siphra Moine-Woerlen

PARTY TIME !Collier de Grisogono, bague Bucherer, robe Sophie Theallet, sac Serpui Marie, sous-vêtement Petit Bateau

Collier Chanel, montre Vacheron Constantin, bague PiagetRobe Jenny Packham, sac Lotus, sous-vêtement Petit Bateau

Page de droite :Collier Chopard, bague main droite Chopard, bague main gauche de GrisogonoRobe Ivarson Monte-Carlo, sous-vêtement Petit Bateau

HAUTE JOAILLERIE

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BELLES MÉCANIQUES

F idèle à son architecture tra-ditionnelle, la nouvelle for-two a un petit moteur arrière, laissant un espace généreux

pour deux fauteuils confortables. Le coffre accueille allègrement deux bagages de ca-bine. Pourtant, la smart reste dans la catégo-rie des citadines les plus faciles à garer avec sa longueur de 2,69 m. On ne change pas une formule qui a été autant plébiscitée. Son agilité provient de moteurs mariant le dyna-misme à une tempérance remarquable. Car la caractéristique des déplacements dans nos contrées fait que, immanquablement, nos trajets aboutissent en peu de temps à une zone urbaine. Là où, précisément, la sobriété, gage d'émissions réduites, est nécessaire. Les propulseurs sont nouveaux,

SO SMART ! Par Gil Egger

modernes, parfaitement adaptés à cet usage citadin. Et la nouvelle smart aura aussi sa variante électrique, devenue un choix naturel pour des fl ottes d'entreprises actives dans nos villes.

LE GOÛT DE LA MODEExtérieurement, les formes se distinguent par des rondeurs des-sinant l'image d'une voiture bien assise. Les alliages de couleurs jouent sur les effets de mode et font autant de clins d'œil qu'il y a de variations possibles aux passants, dont la curiosité est stimulée. La fonctionnalité la plus pragmatique ne doit pas se cacher sous des dehors trop sérieux.A l'intérieur, le talent des designers ne manquera pas de provo-quer des commentaires fl atteurs. L'originalité s'est invitée tant dans le dessin des formes que dans celui des matériaux et des mélanges de teintes. Comme il se doit pour une voiture recueillant les faveurs de citadins branchés, la palette des combinaisons s'étend au-delà de ce que l'imagination prévoyait. Une connotation particulière ins-pire la variété de ces choix, celle de la joie de vivre.

LA FORFOUR POUR VOYAGER À PLUSIEURSLa nouvelle forfour se propose de prolonger cet enthousiasme en le partageant à quatre. Cette smart conserve la facilité de se jouer de la ville avec le sourire aux lèvres en gardant une taille raison-nable de 3,49 m de longueur. Elle aussi se permet d'affi cher la cou-leur de son impertinence, résumée dans le slogan « FUNctional ».Les courbes de son habitacle rappellent celles de la carrosserie, avec des audaces remarquables, comme cette planche de bord en forme de vague. Cet assemblage de bon goût et de surprises ferait presque oublier que tous les éléments de sécurité sont en place. Et que votre smart prolongera facilement vos expériences avec votre téléphone de dernière génération. Impossible de se passer des fonctionnalités utiles et ludiques qu'il propose. A ce sujet, la news-letter smart rend service en suggérant quelques trouvailles d'apps pour simplifi er la ville : Park2gether, BringMeBack, Cabrioindex, etc. Les fortwo et forfour vont sans aucun doute devenir les plus amusantes des icônes de nos rues. —

Autos Carouge – André Chevalley SA – T. +41 (0)22 309 38 38Garage de Nyon – A&S Chevalley SA – T. +41 (0)22 365 50 00www.andre-chevalley.com

Regardez le long des trottoirs de Genève et Paris : les smart

sont des stars. Après plus d'un million et demi d'exemplaires

écoulés, l'heure du renouvellement a

sonné. Et plutôt deux fois qu'une : fortwo et forfour se

dévoilent ensemble.

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VOUS AIMEZ ? (... NOUS, MOINS)

En matière d’art contemporain, la créativité ne connaît pas de limite. Pour preuve, le travail de la très médiatisée plasticienne suisse Milo Moiré. Une artiste qui se pique de pondre des chefs-d’œuvre.

D epuis la fameuse Merda d’Artista en 1961, série de boîtes de conserve remplies d’excréments de l’Italien Piero Manzoni, l’art contemporain n’a eu de cesse de se réinventer pour offrir

le meilleur de lui-même. A côté des cochons tatoués de Wim Delvoye, du savon fabriqué par Gianni Motti à base de graisse de Silvio Berlusconi, récupérée de l’une de ses liposuccions, de l’étron XXL gonfl able de l'Américain Paul McCarthy ou encore de la performance remarquée du Sud-Africain Steven Cohen, se pa-vanant en plein jour, place du Trocadéro, le sexe enrubanné tenu en laisse par un coq, l’urinoir de Duchamp, au demeurant considé-ré comme l'une des œuvres les plus controversées du XXème siècle, fait bien pâle fi gure. Dans cette course à l’inventivité, une très jolie Suissesse concourt incontestablement pour une place en pole po-sition. Carrossée comme un top model, l’artiste d’origine hispano-slovaque Milo Moiré se plaît, en effet, à susciter le buzz avec des happenings quelque peu surprenants. La plasticienne, thuriféraire d’un art visant à abolir les normes bourgeoises et à promouvoir la liberté de l’esprit – selon ses propres mots –, cartonne. Sans aucun doute bien davantage qu’un Van Gogh en son temps. Il faut dire que la belle n’hésite pas à payer de sa personne. Parmi ses faits d’armes, la bien nommée performance vidéo The Script System, où elle évolue entièrement dévêtue dans le tramway de Düssel-dorf, des noms de vêtements peints en noir sur les parties corres-pondantes de son corps, ou encore The Split Brain, où, fi lmée par le photographe allemand Peter Palm, elle danse et se déplace en tenue d’Eve dans une rue enneigée de la ville rhénane. Avec un physique à la croisée d’une Megan Fox et d’une Isabelle Adjani dans ses jeunes années, rien d’étonnant à ce que ses prouesses youtubesques, somme toute assez convenues, multiplient les vues. Le véritable exploit de la jeune trentenaire ? Une toile réa-lisée en live sur la Messeplatz lors de la foire d’art contemporain de Cologne, encore chez nos voisins germaniques – décidément, ils sont vernis. Rien que du très banal jusque-là. L’originalité de ce nouveau chef-d’œuvre baptisé PlopEgg réside dans son procédé de création. Comme l’atteste la vidéo qui immortalise la perfor-mance, Milo Moiré insère des œufs remplis de colorant dans son vagin, qu’elle pond, fi ère comme un gallinacé, sur une toile vierge.

Le résultat : une œuvre abstraite produite grâce aux projectiles disséminés çà et là de manière anarchique par pression de l’or-gane tubulaire musculo-muqueux. Bref, sans aucun doute un futur chef-d’œuvre de l’art contemporain. « J’ai utilisé la source origi-nale de la féminité, mon vagin […]. J’ai visualisé l’archétype même de la puissance artistique féminine : la création. La toile exprime le concept de tabula rasa et l’œuf a lui-même, une fois cassé sur la toile, un potentiel artistique », a-t-elle déclaré. Soit. Le Pollock version omelette sera vendu au plus offrant. Milo Moiré, la poule aux œufs d’or ? —

L'œuf oula poule

Par Gaëlle Sinnassamy

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The Fatigue Empire par Cosima von Bonin > Hippies use side door > Mumok, Vienne

« Le plus beau voyage, c'est celui que l'on n'a pas encore fait. »

Loïck Peyron

A retourner à :Trajectoire Magazine | Concours Baume & MercierCh. de la Marbrerie 1 | 1227 Carouge | Suisse

Life is about moments. Baume & Mercier et le magazine Trajectoire célèbrent Noël en vous offrant un garde-temps de la collection « Linea ».

Un tirage au sort départagera les personnes qui ont répondu correctement aux questions posées. Renvoyez le bulletin sous enveloppe avant le 27 janvier 2015. Le règlement du concours peut être obtenu sur simple demande au magazine.

Quelle est la particularité de la collection

Linea de Baume et Mercier ? Sa couronne dévissable Son bracelet interchangeable Ses aiguilles vertes

La marque Baume & Mercier est

principalement liée :

Au monde du sport Aux instants de célébrations de la vie A la musique rock

Quelle lettre grecque est le symbole de la

maison Baume & Mercier ? Delta

Phi Sigma

Nom

Prénom

Adresse

NPA/localité

E-mail

Signature

CONCOURS

Pour Baume & Mercier, le temps est bien plus qu’une suite de secondes, de minutes et d’heures : le temps est ponctué d’instants rares auxquels la marque est associée, comme un témoin vibrant. La vie est faite de ces instants privilégiés, solennels, exceptionnels, de ces moments riches en émotions, qu’on aime célé-brer et dont on se souviendra toujours. Dans l’esprit de Baume & Mercier, Maison d’horlogerie depuis 1830, les montres sont « des cadeaux qui contiennent des sentiments ». Le modèle Linea de 27 mm se révèle un véritable objet de séduction et est immédiatement re-connaissable grâce notamment à sa lunette gravée de chiffres arabes. Proposée en acier, elle est animée par un calibre quartz de facture suisse et arbore un sobre cadran argenté finition satiné-soleil, doté d’un discret guichet date à 6 heures. Polyvalente grâce à l’astucieux système de bracelets interchangeables, la Linea permet aux femmes de personnaliser leur garde-temps préféré, puisque toute une palette de couleurs différentes est disponible sur commande. Féminine et intemporelle, cette référence est proposée sur un bracelet en acier poli-satiné et accompagnée d’un bracelet cuir addition-nel en veau noir, livré dans l’écrin.

www.trajectoire.ch/abonnement-2/

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EN VOGUE

Sous nos manteaux en laine, osons la soie et la dentelle. Quand la jambe fl irte avec la botte, l’hiver n’aura jamais été aussi hot !

Nude is the new blackPhotographe Johann Sauty | Réalisation Siphra Moine-Woerlen | Styliste Pascale Hug

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Chapka Fendi

EN VOGUE

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Page de gauche : Manteau, collier et bottes Chanel, culotte Eres

Manteau Barbara Bui, casquette Maison Michel, sac Fendi, bottes Christian Louboutin

EN VOGUE

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Manteau Vauthier,chemisier Alexander Wang,cravate Prada,culotte La Perla,chapeau Maison Michel,chaussures Prada

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UN HOTEL, UNE LÉGENDE

LA SAGA DU Beverly Hills Reportage et rencontres Isabelle Campone

Designing Woman avec Lauren Bacall et Gregory Peck, 1957

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C haque jour depuis un siècle, les membres du go-tha hollywoodien se retrouvent au Polo Lounge, le cœur du Beverly Hills Hotel. Connu comme la cantine des stars et des grands noms de l’indus-

trie cinématographique, ce restaurant est l’épicentre du « power dining » à Los Angeles. Son cadre iconique, très années 40, ainsi que l’intimité qu’offrent la plupart des tables, isolées les unes des autres, siéent parfaitement aux tractations qui s’y font et s’y dé-font. Pepe de Anda, le « Maître d’ » (à l’américaine), aussi mythique que l’hôtel, soigne les clients du restaurant depuis vingt-neuf ans. Comme lui, de nombreux employés du palace comptent des dé-cennies de fi délité : l’un des cuisiniers, Guillermo Lopez, offi cie au Polo Lounge depuis vingt ans. Sa salade McCarthy est aussi cé-lèbre que les personnalités qui se pressent dans l’établissement depuis les débuts d'Hollywood. Pendant des années, la table une a été réservée quotidiennement pour Charlie Chaplin et restait inoc-cupée si l’acteur ne se montrait pas. Humphrey Bogart ou Frank Sinatra et les autres membres du Rat Pack y ont vidé le bar des nuits entières et Marlene Dietrich a fait changer le code vestimentaire du restaurant pour pouvoir y porter des pantalons. Warren Beatty y déjeunait fréquemment dans les seventies et on l’y voit encore

LA SAGA DU Beverly Hills Reportage et rencontres Isabelle Campone

En un siècle, c'est toute l'histoire d'Hollywood que le palace à la façade rose a vu se dérouler en son sein. Aujourd’hui encore, c'est un lieu idéal pour voir et être vu, où tout le glamour hollywoodien se révèle dans un luxe fi dèle à l’âge d’or du cinéma.

fréquemment aujourd’hui, tout comme Johnny Depp et Leonardo DiCaprio, Reese Witherspoon et Jennifer Aniston, parfois ensemble. Pepe se souvient avec émotion d’un soir où Whitney Houston s’est sponta-nément assise au piano et a enchanté avec sa voix légendaire une audience très agréa-blement surprise.

Pourtant, ce printemps, les clients célèbres se sont fait rares au Beverly Hills Hotel, tout comme les nombreuses « parties » orga-nisées par les studios ou les organisations caritatives. En cause, la charia instaurée en début d’année dans son pays par le sultan de Brunei, propriétaire du groupe Dorches-ter dont le palace de Los Angeles est l’un des fl eurons. De nombreuses personnalités ont appelé au boycott de l’hôtel, défendant la population du Sultanat et la cause des homosexuels, directement visés par cette

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48 H DE SAVEURS

L'évasion des grands chefs... Par Siphra Moine-Woerlen

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I l commençait à pleuvoir sur Genève, je me réjouissais de laisser le crachin brouillar-deux derrière moi et de gagner encore une semaine de beau temps, toujours ça de pris

avant l’hiver ! L’arrivée fut à la hauteur de mes espé-rances. Bleue. Résolument bleue. Cette île est si apai-sante qu’à partir du moment où vous posez les pieds sur le Tarmac, vous oubliez le reste…Riche idée que celle de l’Offi ce de tourisme de Saint-Barth d’organiser un tel événement. Neuf étoiles au Guide Michelin cumulées pour quatre des sept chefs invités, curieux de connaître la cuisine d’autres chefs maintes fois récompensés dans leurs pays ! Quel chal-lenge !Pendant que je me remets du rouge à lèvres, Eric, mon chauffeur… oups (c’est le décalage) le direc-teur des Ilets, m’installe dans un chouette bungalow face à la mer : Les Ilets de la Plage. Je me pince pour être sûre de ne pas rêver : si, si, terrasse et hamac me tendent les bras pour une sieste réparatrice. Le temps d’enfi ler une robe et me voilà prête pour « attaquer » mon premier dîner.

LA PLAGE ET JEAN-JACQUES NOGUIERComme quoi, le monde est très petit : pour ce pre-mier soir, attablée face à la mer, les pieds dans le sable, je savoure la cuisine de Jean-Jacques Noguier, une étoile Michelin depuis quinze ans, qui offi cie en temps normal à Bossey, à deux pas de Genève. Amu-sant de le retrouver avec le jeune chef péruvien Paul Coste pour concocter une langouste rôtie au piment d’Espelette, tout simplement divine…

Durant cinq jours, l’île de Saint-Barthélémy a accueilli sept chefs au talent exceptionnel pour un marathon culinaire de haut vol. Ils ont été reçus dans les plus beaux établissements de l’île, où ils ont cuisiné en duo avec les chefs résidents locaux. Retour sur une folle semaine de grande gastronomie.

L'évasion des grands chefs... Par Siphra Moine-Woerlen

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PEAUX D'HIVERPar Marie-France Rigataux | Photo Rankin

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Le vent, le froid, les changements de température... mis à mal par les variations climatiques, l'épiderme se rebelle. Heureusement, quelques règles simples et le recours à des produits de qualité veillent au grain... de votre peau.

Se gorger d'eauConnu pour être le premier geste de beauté, hydrater sa peau, c'est élémentaire, particulièrement par temps froid. Soumis aux variations importantes de température entre les maisons chauffées et l'extérieur plus hostile, le fi lm hydrolipidique, qui a un effet bar-rière, s'altère. L'eau du corps s'évapore et l'épiderme se fragilise. Le recours à des soins ultra-hydratants s'impose. En tête des actifs, de l'acide hyaluronique dans un poids moléculaire, qui lui garan-tit une absorption rapide par la peau, et des molécules comme la fi laggrine, cette protéine précieuse qui stimule les composants du NMF (Natural Moisturizing Factor), complexe présent dans la couche cornée, au fort pouvoir de rétention d'eau.

Le saviez-vous ? Moins exposées à ces défi cits qu'une peau sèche, les peaux mixtes et grasses, même riches en sébum, peuvent aussi subir une carence en eau. Une peau qui brille n'est pas nécessaire-ment gorgée d'eau.

Adjuvant Hygroscopique, Nescens. Des substances pour piéger l'eau dans les différentes couches cutanées et réorganiser ainsi la barrière lipidique. 30 ml, CHF 149.–Crème Réparatrice Extrême, Radical. 18 principes actifs pour parer aux conditions climatiques extrêmes ! Pour l'hydratation d'abord, mais également pour un effet anti-âge et fermeté. 50 ml, CHF 145.– Hydra Beauty Nutrition, Chanel. Un extrait purifié et une huile de camélia pour relancer la production de facteurs d'hydratation et du gingembre antioxydant. 50 ml, CHF 109.–

Parer à la perte d'éclat« Quelques degrés en moins à la surface suffi sent pour mettre le métabolisme au ralenti, explique Lionel De Benetti, docteur en chimie, expert scientifi que auprès de Radical. S'ensuit une diminu-tion de la circulation sanguine. Les petits capillaires superfi ciels se rétrécissent, il y a moins d'échange et un apport plus faible en eau et en nutrition. Le teint se brouille. » Il est donc conseillé de com-penser tous ces manques à l'aide d'un soin nourrissant et dopé en « capteurs » de lumière.Le saviez-vous ? Contrairement à l'été, où la perte d'éclat se traite à l'aide d'exfoliations régulières, en hiver, procéder à trop de gom-mages, c'est risquer d'entamer le fi lm hydrolipidique et de dimi-nuer l'effet barrière.

Baume Beauté Eclair, Clarins. Des extraits d'olive et d'hamamélis pour lisser la surface de la peau, et du bisabolol pour retrouver l'éclat. 30 ml, CHF 53.–Future Solution LX, Teint Luminosité Totale, Shiseido. Une toute nouvelle technologie de diffusion de la lumière à l'aide de poudres créa-trices d'une véritable aura. 50 ml, CHF 130.–Blue Therapy Lift & Blur, Biotherm. Haute concentration en rétinol bleu et polymères flouteurs, diffuseurs de lumière. 50 ml, CHF 101.–

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DESTINATION

P ar quel bout prendre cette Grande Barrière qui s’étire sur 2'300 km ? Plus grande que l’Italie ou le Royaume-Uni, elle est formée de centaine de récifs coralliens qui délimitent un super-lagon le long de

la côte. Et tout cela, on le doit à des milliards de polypes de corail. Diffi cile de ne pas être impressionné. Le Reef compte 900 îles. La plupart des touristes font une traversée de deux heures sur un bateau d’excursion presque aussi gros qu’un ferry qui traverse la Manche. On jette l’ancre sur une plateforme fi xée au récif Hardy, Reef-world. En pleine mer. Au choix, on peut embarquer dans une sorte de sous-marin pour visiter le récif ou se jeter à l’eau. Et prendre masque, tuba et palmes pour plonger, regarder les coraux et barboter avec les poissons tropicaux. Hardy Reef est cé-lèbre pour ses palourdes géantes dont on faisait les bénitiers, ses napoléons, ses mérous, ses holothuries et autres étoiles de mer. Les snorkelers apprécient Ribbon Reef : ils évoluent parmi les

Au nord-est de l’Australie, le Queensland, surnommé

le « Sunshine State », l’Etat ensoleillé, abrite la

huitième merveille du monde : la

Grande Barrière de corail. Une des grandes

beautés de notre planète.

QUEENSLAND TERRE DE LA REINE Reportage et photos Annette Hérin

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QUEENSLAND TERRE DE LA REINE Reportage et photos Annette Hérin

cœur de la Grande Barrière. Seules Hamilton, Dent, Daydream et Hayman offrent des hébergements. Les autres îles ne sont pas habitées ; ce sont des parcs nationaux.Whitsunday signifi e « Pentecôte ». Ces îles furent baptisées par le célèbre capitaine Cook, qui les découvrit un beau jour de Pente-côte 1770. Hamilton, au sud de la Grande Barrière de corail, est la destination préférée des « Aussies ». C’est un coin de paradis où le seul moyen de transport permis est le buggy (voiturette de golf). Y compris pour les ambulanciers et les pompiers ! C’est aussi la seule des 74 îles des Whitsundays à posséder une piste d’atterrissage. Arriver de Sydney pour passer le week-end au Qualia Resort, c'est fendre les fl ots bleu saphir, se détendre dans la piscine, une coupe de champagne rosé dans la main et mettre au point le programme du lendemain : une journée à Whitehaven. Plus charmeur que ce délicieux hôtel, c’est impensable. Un hydravion nous transporte à faible altitude. Les îles, couronnées de plages de sable blanc,

coraux, gorgones, anémones, éponges et poissons-clowns. Le moindre mouvement de palme fait découvrir un monde enchanté habité de fleurs et de couleurs. Le paysage sous-marin est comme le jardin d’Alice aux pays des merveilles, avec une armée de poissons-perroquets turquoise, étoiles de mer bleues, gorgones rouges, poissons-ballons, poissons-chirur-giens qui vous ignorent ou vous escortent. Poissons-flûtes, poissons-clowns cachés dans les tentacules des anémones, raies manta… Ce gigantesque aquarium a été inscrit au Patri-moine mondial de l’humanité en 1981. Nous glissons dans l’eau translucide frôlés par des éventails de corail.

LES ÎLES WHITSUNDAYDans un matin bleu, on se réveille à Airlie Beach, petite ville bal-néaire jalonnée de plages bordées de palmiers et paradis des backpackers. Elle ouvre la voie aux îles Whitsunday, en plein

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DESTINATION

La Grande Barrière de corail longe la côte est du Queens-land, la Terre de la Reine, nommée ainsi en l’honneur de la reine Victoria. Le premier visiteur européen qui atteignit cette côte fut un pirate romantique, William Dampierre, en 1688. Il répara son bateau et repartit au bout de trois mois. Presque un siècle plus tard, le célèbre capitaine Cook, de retour de Tahiti après avoir mesuré la révolution de Vénus autour du Soleil, regagnait la mère patrie. Suite à la réussite de la première circumnavigation de la Nouvelle-Zé-lande, ses zigzags inlassables lui fi rent découvrir la côte orientale de cette Terra Australis Incognita. Poussé par une tempête, il jeta

fl ottent comme des pierres précieuses dans les eaux tropicales de la mer de Corail. L’avion se penche un peu pour mieux nous faire admirer un cœur bleu-vert dans les eaux turquoise : une magnifi que composition de coraux appelée Heart Reef. L’arrivée se fait les pieds dans l’eau sur une plage déserte de 7 kilomètres de long avec un sable composé à 97% de silice. Un sable tellement blanc et pur qu’il a été utilisé pour réaliser la lentille du télescope Hubble. Ce long ruban blanc, dentelle vierge de toute construction, est un des in-grédients du cocktail magique de Whitehaven. Comme l’alibi d’une insouciance.

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tropicale, ses frangipaniers et ses bou-gainvillées odorants. Rues et avenues sont d’une propreté helvétique. Je m’assieds sur un banc du jardin botanique, devant une rangée de bunias, au bord du fl euve. L’emplacement servit d’abord de pota-ger aux forçats, ces convicts dont se dé-barrassait Londres et qu’on jetait sur les côtes d’une colonie. Le soleil rebondit sur la Brisbane River, dont les berges ont été entièrement réaménagées, accueillant bars et restaurants. On y pratique le jog-ging et l’aviron. Des visiteurs admirent les palétuviers depuis une passerelle en bois. C’est l’Occident retrouvé au bout de la terre, avec également de vieilles maisons de style géorgien, des docks réhabilités. Quelques arpents d’un mélange de Vieille Angleterre. C’est le bout de la route et du monde, on vous parle de l’Outback (l’ar-rière-pays), du bush, d’un pays d’une taille fabuleuse, immense, imprévisible, peuplé par seulement 22 millions d’habitants. Oui, on est bien de l’autre côté du globe et voici une ville lovée dans un méandre de la ri-vière avec des ferries qu’on attrape comme des bus. Le promeneur hardi grimpera au sommet du Story Bridge, le pont qui en-jambe le fl euve et trace dans la ville un sil-lon impérieux. Au terme d’une ascension de deux heures et demie, on la découvre baignée de soleil. Cité nonchalante où se mêlent les bruits du vent et les battements d’ailes des mouettes. Verte aussi, avec des green cabs, vélos-taxis conduits par des étudiants. Ils vous emmènent sur la rive sud aménagée sur le site de l’Exposition

l’ancre le 24 avril 1770 dans une baie bien protégée qu’il baptisa Botany Bay. Il doubla le cap York et lâcha l'ancre une seconde fois après s’être payé un récif de la Grande Barrière. Ce qui lui donna le temps de déclarer la souveraineté britannique sur cette côte est du 38° de latitude sud. Ce voyage, qui fut un succès sur toute la ligne, a donc été à l’origine de la naissance de l’Australie. En 1787, l’Angleterre, ayant perdu ses colonies d’Amérique, envoya 11 vaisseaux avec quelque 1'500 personnes, de pauvres diables pour la plupart qui, au lieu des prairies naturelles mentionnées par Cook, trouvèrent à Botany Bay des marécages et des mouches de sable. Ils en étaient là de leur déception quand deux navires vinrent s’ancrer dans la baie. Ils étaient sous les ordres d’un Fran-çais, le comte de La Pérouse qui, bon prince, reconnut ce timing infortuné. L’Australie serait donc une annexe de l’Angleterre…

Direction maintenant la capitale du Queensland, Brisbane, cité prospère et calme où il fait bon vivre. La troisième ville d’Aus-tralie est réputée pour la douceur de son climat, sa végétation