Traits de personnalité du patient douloureux...

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Traits de personnalité du patient douloureux chronique SMSTO 3/4/15 H. Champagne1, G. Airagnes1, D. Tripodi2. 1U.F. de psychologie médicale et psychiatrie de liaison, Hôpital Européen Georges Pompidou 2Service de Maladies Professionnelles, CHU de Nantes

Transcript of Traits de personnalité du patient douloureux...

Traits de personnalité du patient douloureux chronique

SMSTO 3/4/15

H. Champagne1, G. Airagnes1, D. Tripodi2.

1U.F. de psychologie médicale et psychiatrie de liaison, Hôpital Européen Georges Pompidou

2Service de Maladies Professionnelles, CHU de Nantes

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« Celui qui craint la douleur souffre déjà de ce qu’il craint.» Montaigne

PLAN

• Pathologies associées– Troubles somatoformes– Stress post-traumatique– Dépression

• Profils de personnalité• Aspects psychologiques de la douleur

– Neuropsychologie– Modèle peur évitement

• Possibilités thérapeutiques

Douleur morale et douleur physique

Plan

• Pathologies associées– Troubles somatoformes– Stress post-traumatique– Dépression

• Profils de personnalité• Aspects psychologiques de la douleur

– Neuropsychologie– Modèle peur évitement

• Possibilités thérapeutiques

Trouble somatoformeSomatisation :

Expression d’une souffrance intrapsychique ou psychosociale dans un langage de plaintes

corporelles suivie d’une consultation médicale (Lipowski, 1988)

• Niveau significatif de retentissement du trouble (souffrance psychique, altération du fonctionnement socioprofessionnel)

• Non imputabilité du trouble à un autre trouble mental caractérisé

• Participation psychologique à l’étiopathogénie du trouble (trouble sous-jacent de la personnalité, facteurs de stress, situation conflictuelle repérables)

Trouble somatoforme

• Trouble de conversion• Trouble somatisation• Trouble somatoforme indifférencié• Trouble somatoforme non spécifié• Syndrome de fatigue chronique• Trouble douloureux• Fibromyalgie• Plaintes douloureuses focalisées médicalement

inexpliquées

Trouble de conversion

• Un ou plusieurs symptômes ou déficits touchant la motricité volontaire ou les fonctions sensitives ou sensorielles

• suggérant une affection organique• Facteur de stress déclenchant• Souffrance significative et altération du

fonctionnement social• ≠ trouble factice et simulation

Fibromyalgie• = syndrome polyalgique idiopathique diffus

• Syndrome douloureux musculo-squelettique d’évolution chronique sans explication lésionnelle

• Points douloureux bilatéraux et axiaux, multiples, provoqués par une pression modérée sur divers sites musculaires ou tendineux

• Femme d’âge moyen

• Facteurs de stress quotidiens retrouvésLe plus souvent : stress professionnel (Kivimäki, journal of psychosomatic research 2004)

Fibromyalgie et trauma

• 55 sujets avec PTSD => 49% FM• 20 sujets avec SDM => 5% FM• 49 sujets contrôles => 0% FM

(Amital, Journal of Psychosomatic Research 2006)

•FM ↔ abus sexuel dans l’enfance • Abus sexuel dans l’enfance ↔ dérégulation de la réponse au stress

(Lee, Developmental Review 2010)

Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT)

• Évènement traumatique confrontant au réel de la mort• Temps de latence de durée variable• 1 à 3 mois après le trauma

– Symptômes psychiques : répétition, évitement, hypervigilance (irritabilité, colère), troubles du sommeil, anxiété, troubles cognitifs, dépression

– Réactivité neurovégétative : ↗FC, ↗FR, pâleur, sueurs, contraction algique des viscères abdomino-pelviens

– Troubles corporels : ● Troubles somatoformes : asthénie, algies, paralysies transitoires● Troubles psychosomatiques : blanchiment des mèches de cheveux,

calvitie généralisée, poussée de psoriasis, déclenchement de diabète, dysthyroidie, troubles du rythme

Douleur et dépression

Question de la « dépression masquée » :

Douleurs chroniques = syndrome dépressif occulté par des plaintes somatiques ?

Douleur et dépression

• Patients douloureux chroniques : – prévalence élevée d’insomnie ou d’asthénie– dans la norme pour la tristesse, l’estime de soi et la culpabilité

(Fauchère, 2007)

• 20 à 50% des patients atteints de douleurs chroniques présentent un SDM

(Sharp, 2005)

• 50% des patients avec SDM se plaignent de douleurs chroniques(Demyttenaere, 2006)

• Qui de la poule ou de l’œuf ?

Douleur et dépression

• Plaintes douloureuses plus nombreuses, de plus forte intensité et de plus longue durée chez déprimé (Bair, 2003)

• Un patient déprimé a un RR > 2 de lombalgie (Croft, 1995)

• Le pronostic de la dépression est moins bon lorsqu’elle est associée à des douleurs chroniques (Kroenke, 2008)

• Avec un risque suicidaire doublé (Tang, 2006)

Plan

• Pathologies associées– Troubles somatoformes– Stress post-traumatique– Dépression

• Profils de personnalité• Aspects psychologiques de la douleur

– Neuropsychologie– Modèle peur évitement

• Possibilités thérapeutiques

Alexithymie

• Difficulté à identifier et à distinguer les états émotionnels d’autrui

• Difficulté à verbaliser les états émotionnels à autrui• Vie imaginaire réduite• Modèle de pensée tourné vers les aspects concrets

de l’existence au détriment de leurs aspects affectifs, ou « pensée opératoire »

• N’est pas pathologique en soi

(Taylor, Bagby et Parker, 1997)

Alexithymie ↔ Douleur chronique• 68 femmes FM

• 19% d’ALX

• Associée à :– Faible tolérance à la douleur induite par le froid– Évaluation affective élevée de la douleur– Scores élevés d’anxiété trait et d’hypochondrie

• => lien entre Alexithymie et plaintes hypocondriaques

Rimasson, AMP 2011. Heber et al.

Tests psychologiques et fibromyalgie• MMPI-2. Hc, Hy, D : FM > PR

(Wolfe, Arthritis Rheum 1984. Ahles, Arthritis Rheum 1984.)

• NEO-PIR. ↗ Névrosisme (Epstein, Psychosomatics 1999)

• DSM IV. N= 30 (Rose, Press Med 2009)

– Trouble Axe 1 : ● 46,7% SDM● 36,7% dysthymie● 46,7% risque suicidaire,● 40% anxiété généralisée,● 20% tr panique,● 16,7% agoraphobie,● 13,3% TOC,● 10% phobie sociale,● 3,3% SSPT complet● 3,3% OH

– Au moins un trouble de l’Axe 2 : 46,7%

– 2 à 3 fois plus malades que la population générale, mais pas de profil particulier !

Plan

• Pathologies associées– Troubles somatoformes– Stress post-traumatique– Dépression

• Profils de personnalité

• Aspects psychologiques de la douleur– Neuropsychologie– Modèle peur évitement

• Possibilités thérapeutiques

Psychologie de la douleur dorsale chronique

• N=475 soldats• postes à haut risque de douleurs dorsales

Profil de personnalité de ceux qui ont eu des douleurs dorsales dans les 12 mois :• ↘ Recherche active de solutions• ↗ Impulsivité, négligence de soi• => ↗ retentissement fonctionnel des douleurs dorsales

chroniques

Shaw, Feuerstein et al. Pain 2001.

• Des profils psychologiques différents de la réponse à la douleur

• Nécessité de proposer des stratégies thérapeutiques ciblées qui tiennent compte des différentes stratégies d’ajustement des sujets à la douleur

Love, Pain 1987.

Intégration multidimensionnelle de l’expérience douloureuse

• Somatosensorielle : – Intensité– Localisation– Type

• Affective :– Peur/évitement– Caractère désagréable

• Cognitive :– Attention– Mémoire

• Préparation ou inhibition de la réponse motrice

Plan

• Pathologies associées– Troubles somatoformes– Stress post-traumatique– Dépression

• Profils de personnalité• Aspects psychologiques de la douleur

– Neuropsychologie– Modèle peur évitement

• Possibilités thérapeutiques

PISTES THERAPEUTIQUES

• But : Diminuer le retentissement fonctionnel de la douleur et non l’intensité de la douleur elle-même

• Toujours rechercher des traits psychopathologiques susceptibles d’interagir avec la plainte douloureuse et son retentissement

Pistes thérapeutiques

• Respecter et légitimer la plainte• Elargir la plainte, aborder la souffrance• Offrir des approches spécifiques• Référer sans rejeter• Renforcer le lien Rentsch et al. Douleurs chroniques et dépression: un aller-retour ? Rev Med

Suisse 2009

TCC Utilisation des TCC validée

dans la prise en charge de la douleur chronique(Engel 1996, Mayer and Gatchel 1988)

N=54 (Woby, European Journal of Pain 2003)

Protocole :5 séances de 3h30 : 1x/sem pendant 4 sem et 1 à huit semaines Groupe de 7 patients

Exercices : assouplissement et renforcement musculaireEducation :

● Sur l’importance physique et psychique de l’activité (Vlaeyen)● Sur la description médicale de la douleur et du rôle du

traitement (Waddel, 1987)

Objectifs : reprendre une activité qui avait été abandonnéeRésultats : Pas de changement de l’intensité de la douleur mais

réduction du retentissement fonctionnel

Antidépresseurs

Elévation du seuil de la douleur + action antidépressive

(Bair, 2003)

• Intérêt de switcher les sujets déprimés partiellement et non répondeurs au IRS par des IRSNa

Traitements…?• Psychoéducation avec utilisation du modèle

transactionnel de Lazarus (identification des séquences situation-émotion-cognition)

• Médicamenteux : étifoxine

• Pychothérapeutique : TCC , Mindfullness (Schmidt, Pain

2011), médiation corporelle, psychothérapie analytique ?

• rTMS

En conclusion• Dimension psychologique à prendre en compte

systématiquement • Liens étroits avec la dépression et les pathologies

post-traumatiques• Pas de profil psychologique particulier mais

prévalence élevée de troubles de la personnalité (singularité de chaque patient)

• Peur liée à la douleur peut entraîner un déconditionnement et une désinsertion socio-professionnelle

• Clinique multidisciplinaire

En conclusion

• Intérêt majeur de la médecine personnalisé– Adaptation des programmes de rééducation

suivant le diagnostic et le profil de la douleur (intensité, FABQ)

• Rôle fondamental du retour à l’emploi– Visite de pré-reprise– Reprise de travail = facteur de bon pronostic dans

l’amélioration au long cours