Traditions et Soins

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Traditions et Soins d'aujourd'hui

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Françoise Loux

Traditions et Soins d'aujourd'hui

Anthropologie du corps et professions de santé

2e édition revue et corrigée

InterEditions

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© 1990, InterÉditions, Paris

Tous droits réservés. Aucun extrait de ce livre ne peut être reproduit, sous quelque forme ou quelque procédé que ce soit (machine électronique, mécanique, à photocopier, à enregistrer ou toute autre) sans l'autorisation écrite préalable de l'Editeur.

ISBN 2-7296-0153-8

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A ma fille Claude-Leila à qui ce livre doit tant

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Préface à la seconde édition

Plusieurs années après la première édition de ce livre, la possibilité m'est donnée de le réviser en tenant compte de certaines observations qui m'ont été faites, et de mon expérience accrue de sessions de formation et de conférences sur ces thèmes. En particulier, deux questions me sont souvent posées : qu'en est-il des autres cultures, des autres religions que le professionnel de santé est de plus en plus amené à rencontrer ? Qu'en est-il de notre société actuelle ? Je maintiens le point de vue adopté lors de la rédaction de ce livre et qui, au bout de quelques années d'exercice, s'avère tout à fait incitatif : il est nécessaire de s'impliquer, de réfléchir sur sa propre culture, ses propres traditions avant d'aborder celles des autres. J'ai cependant ajouté ici ou là des notations, des questions, permettant d'initier une réflexion sur ces points. J'ai également réactualisé l'ensemble du livre et complètement refondu la bibliographie.

Pour cette révision, les apports des lecteurs, de mes auditeurs, m'ont été très utiles. Je suis toujours intéressée par les lettres (qui peuvent m'être envoyées chez l'éditeur) qui raconteraient une ex- périence d'enseignement de l'anthropologie, d'enquête avec des élèves, ou me feraient des observations sur tel passage manquant de clarté, telle dimension absente du livre, tel point de désaccord. En effet, si j'ai la chance de pouvoir réactualiser ce livre dans un édition ultérieure, je voudrais qu'il réponde encore plus aux besoins des lecteurs, et témoigne de la diversité des expériences de mise en relation de l'anthropologie et des professions de santé.

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Introduction

Traditions et soins... Jusqu'à une époque assez récente, ces deux termes sont apparus antinomiques dans les écrits savants. Il ne s'agit pas, dans cet ouvrage, de reprendre un discours évolutionniste classique en déclarant que les traditions sont un frein à des soins médicaux rationnels. Il n'est pas non plus question de prôner le recours à un passé idéalisé en rejetant comme inhumaine toute médicalisation ! Ce livre a pour objectif d'interroger sur un recours à la tradition qui ne soit ni rejet, ni exaltation romantique et qui se place à l'intérieur même des soins médicaux les plus spécialisés. Après les vitupérations parfois nécessaires mais toujours excessives des médecins contre les traditions, on commence à rencontrer des propos inverses. La crise économique a profondément ébranlé l'idée d'un progrès continu et infini véhiculé à travers le développement scientifique du XIX siècle. La mise en question qui en résulte a souvent conduit à idéaliser les traditions du « bon vieux temps » sans toutefois les connaître de façon précise, sans surtout les situer dans un contexte économique et social particulier. Cette attitude amène la plus grande confusion. Ainsi prôner le recours à l'accou- chement à domicile en insistant sur l'accueil de l'enfant au sein de la famille, c'est oublier un peu vite les progrès très réels de l'obstétrique et de la périnatalité liés dans bien des cas à une structure hospitalière. Par contre, dans leur lutte nécessaire pour rendre les femmes indépendantes et maîtresses de leurs corps, certains courants féministes ont parfois renié en bloc un passé sur lequel ils auraient pu s'appuyer.

Pour sortir de ces discours idéologiques sur le passé, il convient de se demander avec précision de quelles traditions il s'agit et

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comment elles s'inséraient dans la société qui s'y référait. Pour ce faire, une démarche de type anthropologique s'avère nécessaire. A la fois proche et différente de celle de l'histoire, elle conduit à analyser les traditions dans leurs détails, mais aussi à réfléchir, à partir de leur connaissance, sur la société actuelle.

Tel est le but de ce livre. En partant de mon expérience per- sonnelle, des recherches que j'ai effectuées sur la société française traditionnelle, je m'efforcerai d'apporter des éléments de question- nement sur les soins d'aujourd'hui. C'est délibérément que je ne donnerai pas de conseils : je ne pense pas qu'il revienne au chercheur de jouer à l'expert qui donne des solutions. C'est à chacun : médecin, infirmière, guérisseur, malade, parents, consommateur de soins..., en réfléchissant à partir de sa propre expérience, de se poser le problème des rapports entre traditions et soins dans la société actuelle.

Pourquoi tant insister sur la société française, sur les traditions rurales ? Cette question m'est souvent posée. En effet, les soignants sont de plus en plus désireux - afin de mieux orienter leur action - de connaître les diverses pratiques en usage dans les ethnies de travailleurs et de familles immigrés.

A mon avis, un préalable est nécessaire, si on ne veut pas que les soignants apprennent mécaniquement un certain nombre de recettes, de « trucs », sans essayer de comprendre ce que signifient véritablement ces pratiques pour leur patient. Ce préalable, c'est que le soignant aie lui-même réfléchi sur ses propres traditions. La démarche que je propose dans cet ouvrage est nécessairement im- pliquante. A lui seul, mon texte ne suffit pas ; il ne prendra une signification que prolongé par la réflexion et les observations de chaque lecteur.

A qui s'adresse ce livre ? Disons qu'il répond à une double demande croisée avec des désirs personnels. Demande diffuse de ceux qui, lisant mes travaux sur la société française traditionnelle, m'inter- rogent de plus en plus souvent : « Et alors, que peut-on en dire pour notre propre société, à quoi tout cela peut-il servir ? » Répondre en termes d'intérêt scientifique en soi ne me satisfait pas pleinement. Intervenant souvent dans des sessions de formation continue pour des professionnels de la santé, je suis continuellement amenée à faire ce passage entre les traditions d'autrefois et les soins d'au- jourd'hui. Je me suis d'ailleurs petit à petit convaincue que, pour être efficace, la sensibilisation à l'anthropologie qui figure au pro- gramme des écoles d'infirmières doit être intégrée à l'ensemble des

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autres enseignements et associée aux stages pratiques. C'est Odile Radenac, alors responsable du secteur information/documentation au CEEIEC (Comité d'Entente des Écoles d'Infirmières et Écoles de Cadres) qui m'a suggéré, en 1983, de rédiger ce livre. Il me semble également que cet enseignement doit être assuré par les enseignants habituels, les spécialistes n'intervenant que sur tel ou tel point précis, à titre complémentaire. La nécessité d'un outil de travail s'imposait donc ; mais non pas un manuel théorique visant à transformer les infirmières en chercheurs en anthropologie ; plutôt un guide qui, s'appuyant sur des exemples concrets, les exercerait à la démarche d'esprit particulière à cette discipline et les conduirait à une réflexion sur l'intégration de la dimension anthropologique dans les soins infirmiers. Depuis la première édition de ce livre, de nombreuses expériences d'enseignement de l'anthropologie ont eu lieu dans diverses écoles d'infirmières, et il serait intéressant d'en faire un jour le bilan. Par ailleurs, autour de Marie-Françoise Collière ou parallèlement à ses travaux, toute une réflexion à été menée, par les soignantes elles-mêmes, sur leur identité profession- nelle, notamment dans ses rapports à l'anthropologie. Au Havre, par exemple, après plusieurs années de stages de sensibilisation à l'anthropologie organisés par Jean-Pierre Castelain, anthropologue, et Marie-Claude Niel, infirmière, ce sont les participants au stage qui ont eu l'idée d'organiser des groupes de réflexion, puis un colloque sur leur rapport de professionnels à l'anthropologie. (Castelain et Niel, 1990)

C'est en effet au bout du compte - et Marie-Françoise Collière a raison d'insister sur ce point - aux soignants que s'adressent toutes ces réflexions sur la démarche anthropologique.

Ce livre est également destiné à toutes les autres professions de santé. Ainsi, une demande de même nature se précise de plus en plus chez les puéricultrices. Bien entendu, il s'adresse aussi aux médecins. N'est-il pas, en effet, paradoxal de voir l'anthropologie figurer au programme des écoles d'infirmières alors que les études de médecine n'y font pas allusion ? Pourtant, de plus en plus souvent, des médecins, isolément ou en groupe, mettent l'accent sur la né- cessité de prendre en compte la dimension culturelle. De tels travaux ne pourront se développer et prendre pleinement un sens qu'à partir d'une connaissance de ces traditions qu'encore beaucoup condamnent sans vraiment les connaître.

Enfin, ce livre voudrait s'adresser à tous les consommateurs de

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soins, malades ou non, soignants ou non. Il invite chacun à réfléchir sur son rapport aux traditions, à retrouver ses racines, et, par-delà, son identité. Ces traditions sont souvent repoussées à l'adolescence ou au début de l'âge adulte : la fille, par exemple, choisit d'élever son enfant différemment de la façon dont sa propre mère l'a élevée. C'est là une chose nécessaire. Il convient cependant de ne pas nier l'existence de ce que l'on a appris dans sa jeunesse ; il faut le reconsidérer, non pour y revenir, mais pour mieux connaître le terrain sur lequel on s'est construit, ses faiblesses, mais aussi ses richesses. Il est également essentiel, ainsi que le demande Marie- Françoise Collière, que les usagers participent à la réflexion en cours sur la nature et la spécificité des soins infirmiers. Les mou- vements infirmiers de ces dernières années ont bien montré que les questions posées étaient au cœur même du devenir de notre société.

Ce livre prend donc comme point de départ les traditions relatives au corps et à la santé dans la France rurale du XIX siècle afin qu'à partir de là chacun se pose des questions sur la société actuelle. Pour ce faire, après un chapitre introductif de définitions et d'in- terrogations sur l'anthropologie, il se compose de trois parties : présentation de l'importance du corps dans la société traditionnelle et domaines dans lesquels il intervient ; ses fonctions et significations aux différents âges de la vie et les rituels qui marquent le passage d'un âge à l'autre ; définitions, cohérences et champs des théra- peutiques populaires, réflexion sur leurs relations avec la médecine savante. A la fin de chaque chapitre figurent quelques propositions de recherche personnelle, destinées à faire déboucher cette meilleure connaissance des traditions, soit sur une interrogation du lecteur sur ses propres traditions, soit sur une réflexion concernant la société d'aujourd'hui. A mes yeux - je tiens à insister sur ce point - l'im- plication que devraient conférer ces exercices est nécessaire pour commencer à acquérir une démarche anthropologique.

Enfin, la bibliographie ne prétend pas faire le tour exhaustif du sujet mais permet d'en savoir plus à travers des livres à la fois scientifiquement reconnus et abordables à tous. Au bout du compte, la raison d'être de ce livre n'est pas de dispenser magistralement un enseignement extérieur mais d'aider chacun à mieux situer et classer ses propres connaissances et, surtout peut-être, à s'apercevoir qu'il possède, en lui-même, une source d'informations qu'il avait oubliées.

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Une anthropologie appliquée à la santé ?

Si maintenant le terme « anthropologie » est relativement cou- rant, il n'en est pas moins souvent utilisé de façon assez vague. Il convient donc, en ce premier chapitre, de donner quelques préci- sions : qu'est-ce-que l'anthropologie, qu'entend-on par traditions, par culture, par race ? Comment se situe cette discipline par rapport aux sciences connexes, en premier lieu l'ethnologie et l'anthropologie physique mais aussi la sociologie, l'histoire, la psychanalyse ? Il convient également de s'interroger tant sur la démarche que sur la méthode anthropologique, axée sur l'observation fine, sur l'analyse qualitative plutôt que quantitative. Enfin, comme pour les sciences humaines, peut-être plus encore du fait de l'histoire particulière de la discipline, il n'est pas évident de parler d'utilisation. Quels sont les objectifs visés par une application de l'anthropologie à la médecine et aux soins infirmiers ? Est-il licite d'utiliser cette dis- cipline pour changer des comportements au nom d'un idéal de santé ? Telles sont les questions que nous nous poserons tout au cours de ce chapitre qui occupe, par rapport à l'ensemble du livre, une place particulière. Le lecteur plus attiré par le concret pourra entrer directement dans le vif du sujet en commençant par le chapitre 2 et en revenant, en cours de lecture ou même à la fin, à ces pages plus abstraites.

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Par ailleurs - et j'insiste sur ce point - il n'est pas question dans cet ouvrage d'entrer dans des débats de définition internes à la discipline, dont l'intérêt théorique est certain, mais dont la connais- sance n'est peut-être pas indispensable à ce stade d'approche. Je ne proposerai pas non plus des définitions rigides, semblables à celles qui peuvent être données en médecine ou dans les sciences dites exactes. Dans le cas de l'anthropologie, trop souvent ces dé- finitions stérilisent la pensée en l'enserrant dans un carcan. Mon approche de certains termes sera plutôt, en partant du sens courant tel que le dictionnaire le définit, de montrer les spécificités de leur emploi en anthropologie.

QU'EST-CE QUE L'ANTHROPOLOGIE ? Une science de l'homme total

Les dictionnaires donnent de l'anthropologie des définitions va- riées mais qui insistent toutes sur l'idée de totalité et de globalité ; prenons en exemple celle du Grand Robert :

Étude du groupe humain envisagée dans son ensemble, dans ses détails, et dans ses rapports avec le reste de la nature. La définition scientifique la plus souvent reprise est celle qu'en

a donnée Claude Lévi-Strauss. Tout au cours du présent ouvrage, je me référerai souvent à cet auteur. En effet, tout à la fois il est un des chefs de file de l'anthropologie sociale et culturelle et ses théories sont à la base de l'école de pensée appelée structuraliste. Ses travaux sur la parenté, sa méthode d'analyse des mythes, ses incursions pénétrantes dans des domaines aussi variés que les mas- ques, la musique, les manières de table, les classifications populaires des plantes... ont profondément marqué plusieurs générations de chercheurs tant en France qu'au niveau international. Sa définition doit d'autant plus être prise en considération qu'il a fortement contribué à introduire le terme en France.

L'anthropologie vise à une connaissance globale de l'homme, embrassant son sujet dans toute son extension historique et géographique ; aspirant à une connaissance applicable à l'ensemble du développement humain..., et tendant à des conclusions positives ou négatives, mais valables pour toutes les sociétés humaines, depuis la grande ville moderne jusqu'à la plus petite tribu mélanésienne. (Lévi-Strauss, 1958)

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Cette définition ambitieuse vise à faire de l'anthropologie la science de l'homme par excellence, priorité qui lui est, bien sûr, contestée par les autres disciplines. Sans entrer dans ces débats de frontière, notons plutôt l'insistance sur la globalité. Tout au long de ce livre j'insisterai en effet sur la notion de corps total, non séparé entre ses diverses fonctions.

Ainsi, l'anthropologie ne limite pas son champ à un domaine de l'activité des hommes, qui serait, par exemple, la sphère matérielle ou celle des croyances. Elle ne centre pas non plus son attention exclusivement sur les sociétés non industrielles. Si l'étude des tra- ditions fait partie de l'anthropologie, cette dernière ne s'y limite pas, mais, bien que de plus en plus de chercheurs se mettent à étudier directement notre modernité, un préalable à beaucoup de recherches est que réfléchir sur la société traditionnelle permet de comprendre la société actuelle dans ses transformations.

Anthropologie et traditions Mais que faut-il entendre par traditions ? De nouveau, faisons

appel au dictionnaire. Deux définitions principales sont données : Doctrine ou pratique, religieuse ou morale, transmise de siècle en siècle, originellement par la parole ou l'exemple. Manière ou ensemble de manières, de penser, de faire ou d'agir qui est un héritage du passé.

La seconde est plus large que la première puisqu'elle fait intervenir également le secteur des savoirs et de techniques. Trois notions conjointes retiendront notre attention tout au cours de ce livre : celle d'héritage, de référence au passé, et à la lignée familiale ; celle de transmission par voie orale ou gestuelle, ce qui nous ramène à l'importance du corps dès qu'il est question de tradition ; celle d'ensemble. En effet, les traditions prennent généralement sens et cohérence les unes par rapport aux autres, et examiner une tradition isolément ne peut aboutir qu'à une incompréhension.

Ces définitions ne font intervenir ni l'idée d'immobilisme, ou de repli sur le passé, ni celle d'erreur, de croyance fausse. En effet, on a trop souvent tendance à confondre tradition et traditionalisme d'une part, tradition et superstition d'autre part.

Le traditionalisme est l'attachement scrupuleux, quasi obsession- nel à l'héritage du passé ; il s'accompagne généralement de repli

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sur soi, de refus de voir changer les traditions qui apparaissent le seul garant d'immobilité du monde et de la société. Plusieurs raisons opposées peuvent produire cet effet : soit un attachement à des privilèges et à un pouvoir que l'on sent menacés, soit, au contraire, un déracinement profond qui fait que les traditions, même totalement inadaptées, sont les seules amarres solides auxquelles on pense pou- voir encore se raccrocher.

Il est certain que toute tradition peut mener au traditionalisme ; aussi cette notion a souvent entraîné la méfiance des idéologues ou des hommes insérés dans l'action politique ou sociale. Pourtant, une tradition vivante est, ne peut être, qu'une tradition qui se transforme, qui, aux moments de transmission d'une génération à une autre, intègre des éléments, en abandonne, s'adapte à la réalité économique et sociale. Ce qui reste permanent en elle devient alors la référence au passé, à la continuité des générations qui donne une identité au groupe social. Cependant, dans la mesure où la transmission se fait très souvent de façon non verbale et où tout ne se modifie pas au même rythme, les changements sont généralement peu perçus.

Il arrive souvent qu'une tradition ne puisse être expliquée par ses tenants. Il ne faut pas en conclure qu'elle est morte ou en voie de désuétude. Dans toute société, certains membres ont pour fonction ou plaisir de commenter les coutumes, les croyances, les actes qu'ils font, d'en donner l'explication. D'autres préfèrent les pratiquer sans se poser de questions, la référence à la continuité des générations leur suffisant. L'essentiel, pour parler de la vie d'une tradition, est la fonction qu'elle occupe dans la représentation que l'on a du monde. Y recourir constitue-t-il un refuge paralysant, est-ce un élément moteur de compréhension de l'univers ?

On a, également, trop souvent confondu traditions et superstitions. Qu'est-ce donc qu'une superstition ? Retournons au dictionnaire :

Comportement irrationnel, généralement formaliste et conventionnel, vis-à-vis du sacré. ou encore :

Croyances et pratiques de nature religieuse, considérées comme vaines et contraires à la dignité de la raison humaine. Nous voyons ici un jugement de valeur en deux points : une

superstition est une croyance d'une part erronée, d'autre part ir-

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rationnelle. Mais par rapport à quoi se définit cette irrationnalité ? Aux yeux de la philosophie des lumières, toute religion était su- perstition. De façon générale, ce terme est peu employé par les anthropologues car toujours suspect d'ethnocentrisme : on considère comme superstitieuses des traditions différentes de ses propres croyances et de sa propre rationalité. Au contraire, la tâche du chercheur est de retrouver la cohérence et la logique internes des traditions d'une culture donnée.

Les exemples de ce livre sont pour la plupart relatifs à la France traditionnelle. Sous ce terme un peu vague, mais commode, on entend la société rurale de la fin du XIX siècle, avant la coupure qu'a représentée la guerre de 1914-1918 dans la plupart des régions. Société traditionnelle signifie une société où bon nombre de savoirs sont encore transmis de façon traditionnelle, c'est-à-dire par l'in- termédiaire de la famille. Employer ce terme ne sous-entend ni une stabilité de ces traditions, ni surtout que ce mode de transmission était le seul existant. Bien évidemment, se sont toujours cotoyées, de façon variable selon les domaines, la transmission par l'inter- médiaire de la famille et par d'autres canaux. Par ailleurs, savoirs populaires et savoirs savants se sont sans cesse confrontés et opposés dans cette société. La recherche anthropologique ne peut éviter de se poser le problème de ces affrontements. Certains observateurs de la société rurale, les folkloristes, ont privilégié l'étude des tra- ditions qu'ils sentaient disparaître, des « survivances » comme ils les appelaient. Ma façon d'envisager ces phénomènes est différente. Pour moi, une tradition ne prend son sens et n'est vivante que par rapport à l'ensemble des savoirs, des coutumes et des pratiques dans lesquels elle s'insère, quelle que soit leur origine.

Donc, ce terme « traditionnel », dans le cas de la société française, se rapporte essentiellement à une datation chronologique (la fin du XIX siècle) et à une catégorisation sociale (la société rurale).

Ethnologie, ethnographie, anthropologie sociale et culturelle Pour aller plus avant dans la compréhension de ce qu'est l'an-

thropologie, il convient maintenant de réfléchir sur les différences entre anthropologie, ethnologie et ethnographie.

La plupart des chercheurs suivent Claude Lévi-Strauss pour dé- finir trois stades à la recherche anthropologique.

Le premier stade est celui de l'ethnographie : séjour sur le terrain,

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collecte de données. Apparemment simple, ce travail n'est pas sans poser des problèmes : on a notamment beaucoup discuté à propos de la situation du chercheur sur le terrain. Les travaux récents, à la suite notamment de Jeanne Favret, montrent qu'une part es- sentielle du travail de terrain est d'élucider la position que les enquêtés assignent au chercheur. Il n'y a pas, en effet, de situation d'observateur objectif, en dehors de l'échange social que constitue toute situation d'enquête. Il y a donc nécessairement une plus ou moins grande implication dans tout travail de recherche sur le terrain. L'objectivité provient très largement d'une réflexion sur cette implication. De telles remarques pourraient être appliquées à la situation du soignant inséré dans une relation thérapeutique.

Le second stade de la recherche, c'est l'ethnologie, l'analyse des données recueillies et également la mise en valeur de la spécificité de chaque culture et de sa cohérence interne.

Ce n'est qu'après avoir pratiqué l'ethnographie et l'ethnologie sur un grand nombre de cultures différentes que, pour Lévi-Strauss, le chercheur sera en mesure d'accéder à l'anthropologie, la recherche des « universaux » définie donc comme une ambition finale beaucoup plus que comme une réalisation.

Cependant, maintenant encore, les termes sont employés sans grande précision. Les chercheurs se qualifient tantôt d'ethnologues, tantôt d'anthropologues, selon leurs goûts personnels, l'école théo- rique avec laquelle ils se sentent en affinité, les méthodes qu'ils emploient, ou leur terrain de recherche. Assez souvent, ceux qui travaillent sur leur propre société ou qui se livrent à des recherches comparatives tendant à dégager des traits communs ou universels, se qualifient d'anthropologues, tandis que ceux qui observent une culture différente de la leur et tendent à expliciter ces différences, se définissent comme ethnologues. Mais il s'agit là de tendances plus que de catégories nettement délimitées.

Dans ce livre, j'emploierai plutôt le terme anthropologie pour les raisons signalées plus haut : ce n'est pas pour elle-même que nous aborderons la société traditionnelle mais pour pouvoir mieux réfléchir sur notre propre culture.

A l'intérieur même de la discipline, on distingue parfois l'an- thropologie sociale de l'anthropologie culturelle. Cette distinction correspond surtout à des traditions scientifiques différentes entre les écoles anthropologiques anglaise et américaine. La première met plutôt l'accent sur les phénomènes sociaux (les institutions,

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les hommes, les conflits de pouvoir...) ; la seconde, sur les phénomènes culturels (le contenu d'une tradition, les mots, les objets, les outils...). En fait, comme le dit encore Claude Lévi-Strauss, il s'agit de deux approches complémentaires.

D'une recherche à l'autre, et suivant les phénomènes que l'on étudie, on passe de l'anthropologie culturelle à l'anthropologie sociale ou inversement. Ainsi, travaillant au musée des Arts et Traditions Populaires à Paris, je suis conduite à m'intéresser particulièrement à la place des objets dans la culture traditionnelle, par exemple au rôle des amulettes dans la médecine populaire ; je fais alors de l'anthropologie culturelle. Par contre, quand j'étudie la place des guérisseurs et la signification de la maladie - analyse bien évidem- ment complémentaire de la première - je suis du côté de l'anthro- pologie sociale.

Anthropologie, ethnologie et ethnographie ont en commun de couvrir la quasi-totalité des champs de l'activité humaine : tech- niques comme savoirs et croyances. Cependant tous ces domaines n'ont pas été explorés avec la même profondeur.

A la suite de Claude Lévi-Strauss, beaucoup de chercheurs ont travaillé dans des études parfois un peu formelles, d'une part sur le domaine de la parenté dont il s'agit de définir les structures, d'autre part sur celui du symbolisme. Par ailleurs, une réflexion particulièrement féconde s'est développée en anthropologie éco- nomique, tendant à relativiser l'idée de rationalité, et à montrer que la notion d'échange, centrale à l'économie, a toujours des di- mensions autres (festives, symboliques) dont il faut tenir compte.

Dans le domaine qui nous intéresse ici, tout un courant s'est développé ces dernières années à propos de ce que l'on appelle les « ethnosciences ». Il s'agit là des savoirs populaires sur les plantes, les animaux, la météorologie... et également sur le corps : ethno- médecine ou anthropologie médicale. Ces travaux portent souvent sur des sociétés différentes de la nôtre, en particulier l'Afrique. Beaucoup reste encore à faire sur les sociétés industrialisées, en particulier sur les rapports entre les différents types de médecines et de savoirs dans ces sociétés qu'en raison justement de cette interpénétration des niveaux on appelle « complexes ». Il convient notamment de travailler de façon plus précise sur les relations entre médecines populaires, médecines parallèles et médecine officielle.

Les chercheurs qui travaillent sur le domaine du corps et de la médecine aiment à se réclamer de Marcel Mauss. Il est souvent

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considéré comme le fondateur de l'anthropologie française et beau- coup de travaux de Claude Lévi-Strauss se situent dans le prolon- gement des siens. Son œuvre fourmille de suggestions dans le do- maine de l'anthropologie économique, symbolique ou religieuse. En ce qui nous concerne ici, ses travaux sur le corps, que je citerai souvent, sont d'une importance fondamentale.

L'ANTHROPOLOGIE ET LES AUTRES SCIENCES SOCIALES

Bien évidemment, et surtout dans les sociétés complexes, le travail de l'anthropologue ne peut se concevoir sans la collaboration des autres sciences humaines. Dans ce domaine également les frontières sont floues. J'essaierai cependant de donner quelques repères.

L'histoire et l'évolution Pendant longtemps les historiens ont reproché aux anthropologues

de ne pas tenir compte de la dimension temporelle. Ainsi, quand on analyse la fête de Noël en France à l'époque actuelle, on s'aperçoit rapidement que les divers éléments du rituel (la crèche, le sapin, le père Noël...) se sont agglutinés à des époques différentes. L'his- torien, sensible aux origines diverses des apports, perdra peut-être de vue la cohérence qu'a malgré tout ce puzzle pour les participants à la fête. L'anthropologue aura plutôt tendance à étudier le rôle que jouent ces éléments les uns par rapport aux autres et la signi- fication qu'ils acquièrent ainsi dans notre société actuelle. Le danger est alors que le passé soit, dans son analyse, un temps vague, idéalisé et imaginé comme stable, alors qu'une réflexion sur la tradition et le recours au passé inclut nécessairement des phénomènes temporels.

De nombreux débats ont ainsi concerné les sociétés non indus- trialisées, au rythme de changement très lent : connaissent-elles l'histoire ou sont-elles éternellement immobiles, figées et froides ? Maintenant le problème se pose beaucoup plus en termes d'attitude par rapport à ces changements : acceptation ou repli sur un mythe immuable.

Dans les sociétés industrialisées, il est bien évident que l'an- thropologie ne peut se passer de l'histoire. Ainsi, beaucoup de travaux que je citerai sont écrits par des historiens qui se situent d'ailleurs parfois dans le champ de l'anthropologie en qualifiant

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leur recherche d'ethno-histoire ou d'anthropologie historique. Ce- pendant, on le verra en feuilletant ces ouvrages, ils insistent sur la longue durée, sur les variations et les mutations profondes. L'an- thropologue analyse plus en détail le contenu et la cohérence de la culture traditionnelle. Par ailleurs il raisonne plus que l'historien en termes d'actuel : pour lui le passé est un outil pour comprendre le présent, non une fin d'étude en soi.

Un autre problème est essentiel, surtout en ce qui concerne ce livre : le débat sur la notion d'évolution, de progrès. L'ethnologie analyse des cultures différentes à des moments différents de leur histoire et ne conçoit pas nécessairement le passage d'une culture à l'autre en termes d'évolution univoque. Les changements tech- niques et culturels introduits par la colonisation et l'urbanisation ne sont pas des progrès sur tous les plans. Même s'ils apparaissent incontestables dans un secteur (en matière de protection sanitaire par exemple), cela peut aller de pair avec des régressions dans d'autres domaines (abandon de certains rituels et pertes d'identité).

Le progrès n'est ni nécessaire, ni continu. (...) L'humanité en progrès ne ressemble guère à un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements une marche nouvelle à toutes celles dont la conquête lui est acquise ; elle évoque plutôt le joueur dont la chance est répartie sur plusieurs dés et qui, chaque fois qu'il les jette, les voit s'éparpiller sur le tapis, amenant autant de comptes différents. Ce que l'on gagne sur l'un, on est toujours exposé à le perdre sur l'autre, et c'est seulement de temps à autre que l'histoire est cumulative, c'est-à-dire que les comptes s'additionnent pour former une combinaison favorable. (Lévi-Strauss, 1973)

Ce que dit Claude Lévi-Strauss dans ce texte fondamental vaut aussi bien pour les historiens que pour les ethnologues. Cependant, même si les deux disciplines sont maintenant très voisines, elles n'en ont pas moins des angles d'approche différents. En effet, main- tenant, tant l'ethnologue que l'historien étudiant l'évolution de la médecine se gardent bien de dresser un tableau panégyrique de ses progrès. Toutefois l'anthropologue sera plus attentif aux zones d'om- bre (comme les savoirs féminins ou les rituels) que cette évolution a laissées de côté sans toutefois les faire disparaître. Il fera plus porter son analyse et sa recherche sur les formes de transmission non écrites, et notamment les traditions.

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Sociologie et variations sociales La dimension sociologique est également essentielle. Dans la

mesure où son terrain d'étude préféré a longtemps été les sociétés préindustrielles, l'anthropologie l'a longtemps négligée. La socio- logie, par l'analyse en termes de groupes sociaux et de différenciations sociales, introduit un questionnement sur le caractère monolithique de ces sociétés. En effet, assez souvent l'ethnologue travaillant par exemple sur l'Afrique s'intéresse aux traditions, aux éléments de culture qui lui apparaissent comme les plus purs, et néglige les transformations, les conséquences des chocs entre deux cultures. Dans ce cas, la sociologie, mettant l'accent sur les rapports entre sociétés ayant des cultures différentes, entre sociétés dominantes et sociétés dominées, introduit à une dimension fondamentale de la réalité. Cependant, cette approche a tendance à privilégier les notions de dominance, de culture de la société globale, et à sous- estimer les phénomènes de résistance culturelle - ce que nous avons déjà noté à propos de l'histoire. Lors d'une recherche sur les gué- risseurs, le sociologue aura tendance à mettre en lumière l'institution médicale et à insister sur les freins qu'elle apporte aux activités de soins qu'elle ne reconnaît pas comme légitimes ; l'ethnologue cher- chera à repérer les domaines où, malgré ces freins, l'activité du guérisseur subsiste et même se renforce.

Il s'agit là également d'une différence de méthode. L'anthropo- logue, formé à l'étude de petites sociétés, passe de longs séjours sur le terrain, qui lui permettent d'observer des détails de la vie quotidienne en apparence minimes mais cependant fondamentaux. Le sociologue, habitué à des sociétés complexes, travaillera plus souvent au niveau des institutions et du rapport que les différents groupes sociaux entretiennent avec elles. Par exemple, dans une recherche sur le fonctionnement de l'hôpital, il observera plutôt les rapports entre les différents acteurs de l'institution (médecins, personnel, administration, malades...), l'institution elle-même et la société globale. L'anthropologue, pour sa part, procédera à une observation de ces rapports à travers les menus détails concrets de la vie quotidienne : l'entrée d'un malade, sa sortie, les conflits, les moments forts de la vie du service...

Psychanalyse et recherche de l'universel Quant à la psychanalyse, elle constitue un apport décisif à la

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pratique anthropologique à condition que les chercheurs soient à tout moment conscients de la séparation nécessaire entre les deux modes d'approche. Sinon, les qualités de précision et de minutie qui caractérisent l'ethnologie risquent de disparaître dans un flou confus, qui ne serait profitable à aucune des deux disciplines.

En ce qui concerne l'analyse des mythes, des symboles, tant les méthodes que les concepts élaborés par Freud, Jung, Groddeck, Lacan... sont des instruments indispensables qui ont donné à l'an- thropologie une impulsion fondamentale vers la recherche de la dimension cachée, implicite ou, en deçà de l'explicite, vers la prise en compte de chaque détail en apparence insignifiant. De même, la mise en évidence et en valeur de l'ambivalence est d'un apport certain pour l'explication de comportements en apparence étranges ou « anormaux ». Enfin, les deux disciplines portent un intérêt parallèle à la petite enfance et aux phénomènes de transmission.

Cependant, le premier danger d'une application trop hâtive de la psychanalyse serait de sous-entendre un développement évolu- tionniste de la société qui serait parallèle à celui de l'esprit humain (les « primitifs » et les « enfants » raisonneraient de la même façon). De telles théories sont maintenant abandonnées par la plupart des chercheurs mais peuvent encore être facilement décelées dans le « bon sens » commun.

Par ailleurs, un point de vue trop exclusivement analytique peut conduire à privilégier l'individuel par rapport au social ou à déduire le social de l'individuel en oubliant la dimension spécifique des phénomènes sociaux.

Un autre problème tient au caractère souvent thérapeutique de la psychanalyse et peut conduire - ce qui est d'ailleurs un détour- nement - à mêler jugements de valeur et description d'un phéno- mène social. Par exemple, certains analystes ont tendance à confon- dre tradition et traditionalisme et à considérer toute référence aux traditions comme attachement pathologique au passé.

Enfin, et surtout, une différence doit être soulignée : la psycha- nalyse présume l'existence de composantes fondamentales et uni- verselles de l'esprit humain. L'ambition de l'anthropologie telle que la définit Lévi-Strauss est certes d'aboutir également à des « uni- versaux » mais il s'agit là d'une conclusion, nécessairement précédée par la démarche concrète de l'ethnologue commençant par déter- miner soigneusement des différences mises chaque fois en relation avec l'ensemble de la culture. Ainsi, dans une réflexion sur la mort,

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Ce livre est destiné, en premier lieu, aux professionnels de la santé — infir- mières en particulier — qui ont l'anthropologie au programme de leurs études. Cependant, il ne se présente pas comme un manuel, mais comme une incita- tion à la réflexion sur le rapport de chacun à ses traditions et sur la façon dont la dimension culturelle pourrait être introduite dans tout acte de soin. Une telle réflexion ne peut laisser indifférents tous ceux qui recherchent leurs racines, qui, s'interrogeant sur la trop grande spécialisation des soins actuels, sont à la recherche d'une médecine plus "totale", d'une réconciliation entre tradition et modernité. Enfin, réfléchir sur ses propres traditions, dans la situation de pluralisme culturel qui est celle de notre société, devrait permettre d'aborder de façon plus sereine les questions si brûlantes de l'identité ou de la différence.

Françoise Loux, maître de recherches au CNRS, travaillant au Centre d'Eth- nologie Française (Musée des Arts et Traditions Populaires) est auteur de nombreux livres et articles sur le corps, la petite enfance et la médecine popu- laire dans la société française traditionnelle. Elle intervient régulièrement dans des séances de formation continue destinées à sensibiliser à l'anthropo- logie des professionnels de la santé.

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