Traces d'Homme

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T CCE D'U M O RA O T CCE D'U M O RA O T CCE D'U M O RA O Depuis le “Centro scolastico” on mon- te en suivant le vieux sentier qui passe devant le cimetière. On arrive ensuite sur la route cantonale et on passe devant le lavoir, le cyprès et la vieille Fontana dei Terrieri pour rejoindre la place du village de Castelrotto. Ensuite, on con- tinue sur la route cantonale en passant par Ronco, et au petit pont du ruisseau Fontanöö, on monte au Cantinotto (vieux “grotto”, propriété de la famille Cerutti). En cheminant à travers bois, on arrive au Caseificio (fromagerie). Puis, de là, on monte au Traversee en passant devant la petite Cappelletta (chapelle) pour accéder au bois Mira- bell, lieu privilégié pour contempler la végétation sylvestre, d’origine ou intro- duite. On continue en direction de Nis- ciora, d’où notre regard s’étend sur un ample panorama:. le village de Sessa, la campagne de San Martino, le Lac Ma- jeur et la chaîne du Monte Rosa. On ar- rive d’abord au hameau de Beride et on continue sur Ronco, en suivant la “stra- da verde” (la route verte). Arrivé dans la localité de Silvo, bordée de forêts de châtaigniers et d’arbres séculaires, on peut rejoindre Sessa à travers la vallée de la Lisora. En entrant dans la forêt, à 50 mètres sur la droite, on voit la “Giazze- ra” (sorte d’antique chambre froide) et de là, en quelques minutes, on arrive à Ronco, petit hameau de la commune de Croglio. À son entrée, on peut admirer une petite chapelle votive de la Madon- na Pellegrina (Madonna del Sasso de Locarno), dont la statue a été offerte par les propriétaires terriens de Ronco en 1951, à l’occasion de l’“anno mariano” (l’année de Marie). Le sentier nous em- mène à travers une magnifique zone vi- ticole avec des vignes de Merlot. Avant d’arriver au “Roccolo” (tenderie), on aperçoit un petit étang qui fournissait Ronco en eau par le passé, grâce à un sys- tème de captation par puits. Au “Roc- colo”, on découvre la tour bien conser- Castelrotto doit son nom à la destruc- tion d’un château par les Milanais en 1126, qui se dressait alors où se trou- ve maintenant l’Église. Le centre est compact, médiéval, avec ses petites cours, ses fenêtres qui don- nent sur l’intérieur et ses maisons l’une sur l’autre. On peut dater sa formation à la pério- de du bas Moyen-Âge, à l’époque ro- mane, comme pour les autres villages du Malcantone. L’Oratorio di San Bartolomeo à Cro- glio est un véritable joyau de cette pé- riode. On peut y admirer aussi la fresque de la Sainte Trinité - Couron- nement de la Vierge de 1366. Pendant le XVIème siècle, il y eut de grands bouleversements dans l’histoi- re de notre territoire et “il n’est pas du tout exagéré d’affirmer que Castelrot- to illustre de manière exemplaire cette situation: on trouve des rapports pour le moins intéressants entre la grande Histoire et l’histoire locale dans les vi- cissitudes des hommes de la paroisses. [...] Le 3 août 1580, un mercredi, les habitants des terres de Castelrotto [...] demandaient à l’évêque de Como, Monseigneur Volpi, la permission de se détacher de Sessa et de former une nouvelle paroisse”. Les travaux de l’actuelle église com- mencèrent en 1635, dans un lieu diffi- cile d’accès, selon les instructions de l’époque: en position élevée, avec un grand escalier sur le devant et une illu- mination avantageuse. À cette époque “la population vivait du travail de la terre, dont ils tiraient surtout du blé, du seigle et du millet. [...] L’alimentation était basée avant tout sur les céréales et les châtaignes; quelques légumes venaient compléter ce maigre régime alimentaire dont l’élément le plus riche en calories était... le vin!”. Au XVIIème siècle, on a des informa- tions grâce aux hommes qui émigrent en Lombardie pour y travailler en tant que maçons. Les difficultés du village reflètent celles qui adviennent en Eu- rope: famine, épidémie, crise écono- mique. L’église sera terminée en 1690 seule- ment, plus d’un siècle après la fonda- tion de la paroisse. “Et en 1700, les affaires reprennent: la peste disparaît, le climat s’améliore, l’agriculture refleurit, et la population de Castelrotto elle-même amorce une croissance constante”. Parallèlement à l’agriculture, on entame la culture des vers à soie, activité réalisée princi- palement par les femmes. La plus grande expansion a eu lieu entre 1853 et 1855. À Castelrotto-Croglio, il y avait alors 60 éleveurs pour une récolte de mille kg de cocons. Durant ce siècle, on observa aussi une forte migration vers des pays plus lointains. “Maître Dr. Carlo Pellegri- ni (1864-1906), descendant d’une fa- mille de Croglio, fut président de la République d’Argentine de 1890 à 1892”. Grâce à l’amélioration de la situation économique, Castelrotto se dévelop- pa, s’étendant aussi grâce à la construction de villas: Magna Quies, Orizzonte, et Bello Sguardo. C’est aussi de cette période que date la Fon- tana dei Terrieri. À sa mort en 1927, Giuseppe Rossi, propriétaire de carrières de granit le long de la vallée du Ticino, lègue par testament sa villa Bello Sguardo en tant que futur siège de l’Hôpital du Malcantone, qui fut inauguré en 1928. En 1939, grâce au leg de la villa Magna Quies (aujourd’hui détruite) par les époux Giovanni Rossi et Giuseppina Galeazzi, on inaugura le home pour personnes âgées. Il existe peu de témoignages sur la vi- ticulture tessinoise avant le XIXème. On sait qu’il y avait des vignobles très extensifs, où on pratiquait la culture associée: entre les rangées de vignes, on exploitait d’autres cultures, et l’herbe servait de fourrage pour les animaux. Dans l’histoire de la viticul- ture du Canton du Tessin, on peut dis- tinguer trois périodes: 1. Avant la fin du XIXème, les cépages étaient cultivés de manière extensive sur une superficie de plus de 7000 ha. Le vin, produit de nombreuses varié- tés européennes (du pays et de qualité moindre), se consommait dans les fa- milles de paysans et dans les nom- breuses auberges. 2. Vers 1850, on vit apparaître un petit insecte importé d’Amérique, le phyl- loxéra, qui attaquait les racines des vignes, provoquant la mort des souches. En peu de temps, il détruisit une bonne partie du patrimoine viti- cole européen. Dans notre Canton, le phylloxéra a été vu pour la première fois en 1890 et il se révéla être un véri- table fléau chez nous aussi. Pour re- construire le patrimoine viticole can- tonal, il fallut faire intervenir une commission spéciale qui étudia des re- mèdes, utilisant de nouvelles tech- niques et des cépages de qualité. 3. Au début du siècle, on testa de nou- velles variétés européennes sur des cé- pages résistant au phylloxéra. Le cépa- ge qui donna les meilleurs résultats fut importé de la région de Bordeaux, et ce fut justement le Merlot qui s’adapta le mieux à nos conditions pédoclima- tiques. Aujourd’hui, le Merlot re- couvre au moins le 85% de la superfi- cie dédiée à la culture viticole dans le Canton. Le Merlot vinifié au Tessin est apprécié et estimé dans toute la Suisse ainsi qu’à l’étranger. Le Dr Giovanni Rossi de Castelrotto, Conseiller d’État de 1909 à 1926, contribua de manière tangible à la reconstruction des vi- gnobles et à l’introduction du Merlot dans le Tessin. En tant que membre de la commission cantonale et directeur du journal “L’agricoltore Ticinese” (l’Agriculteur Tessinois), le Dr Rossi publiait en 1908 le livre “La ricostru- zione dei vigneti nel Canton Ticino” (La reconstruction des vignobles dans le Canton du Tessin), dans lequel il fai- sait mention de tous les procédés cul- turaux à suivre pour la constitution d’un vignoble rationnel. En outre, il était propriétaire de l’entreprise vitivi- nicole Vallombrosa. Le vignoble de Ronco, traversé par notre sentier, appartenait pour sa part à Monsieur Riccardo Rossi, lequel possédait éga- lement un “grotto” qu’il approvision- nait avec ses propres vins. Autour du vignoble entouré par la forêt, il y avait aussi un étang et une tenderie créant ainsi une espèce de microcosme natu- rel. À sa mort le 18 mai 1963, Monsieur R. Rossi laissa un curieux testament, qui établissait entre autres “…je laisse tous mes biens immobiliers pour la création d’une cave sociale vinicole dans le district de Lugano, compre- nant uniquement les Communes qui sont inscrites au cadastre viticole”. Ces communes étaient au moins au nombre de 82. Ce testament ne trouva pas suite: le vignoble et les terrains ad- jacents se transformèrent peu à peu en broussailles. Par la suite, avec l’appro- bation du Conseil d’État, on réussit à faire intégrer l’affectation des terrains de la Fondation avec le but suivant: “promotion et intensification de la culture viticole du District”. Le terrain fut donc loué à un vigneron profes- sionnel. En 1986, il reconstruisit un vi- gnoble d’environ 9000m2 avec du Merlot et un petit pourcentage de Ca- bernet Sauvignon. La remise en activi- té de ce vignoble, tout en maintenant intact le territoire environnant, a rap- porté le prix Ford de la Fondation in- ternationale pour la protection de la nature et du paysage. Dans ce vi- gnoble, on y produit le Merlot “Oriz- zonte” (horizon). Durant les 15 der- nières années, d’autres vignerons professionnels ont entrepris ce travail dans notre région, ce qui eut pour conséquence la restauration des vieux vignobles et la reconstruction de nou- veaux, recouvrant de beaux vignobles les collines de la Vallée de la Tresa. Avec ses 17 hectares de vignes, la Commune de Croglio est aujourd’hui la plus grande commune viticole de tout le District de Lugano. Le parcours Castelrotto La viticulture dans le Canton du Tessin, la Commune de Croglio et le vignoble de Ronco “Centro Scolastico Lüsc” Giazzera Fontana dei Terrieri Bois Mirabell Vue sur le Monte Rosa Roccolo Fromagerie vée, et autour, on entrevoit les rangées de charmes utilisés pour tendre les filets lors de la capture des oiseaux. Dans cette magnifique clairiè- re qui domine la vallée de la Tresa, on trouve à notre disposition tout l’équipement nécessaire pour une grillade ou pour des “caldarroste” (marrons grillés). Depuis Ronco on prend le chemin du retour à tra- vers la forêt de châtaigniers en terrasse, et on rejoint à nouveau la rou- te cantonale et le “Centro scolastico”.

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Depuis le “Centro scolastico” on mon-te en suivant le vieux sentier qui passedevant le cimetière. On arrive ensuitesur la route cantonale et on passe devantle lavoir, le cyprès et la vieille Fontanadei Terrieri pour rejoindre la place duvillage de Castelrotto. Ensuite, on con-tinue sur la route cantonale en passantpar Ronco, et au petit pont du ruisseauFontanöö, on monte au Cantinotto(vieux “grotto”, propriété de la familleCerutti). En cheminant à travers bois,on arrive au Caseificio (fromagerie).Puis, de là, on monte au Traversee enpassant devant la petite Cappelletta(chapelle) pour accéder au bois Mira-bell, lieu privilégié pour contempler lavégétation sylvestre, d’origine ou intro-duite. On continue en direction deNis-ciora, d’où notre regard s’étend sur unample panorama:. le village de Sessa, lacampagne de San Martino, le Lac Ma-jeur et la chaîne duMonte Rosa. On ar-rive d’abord au hameau de Beride et oncontinue sur Ronco, en suivant la “stra-da verde” (la route verte). Arrivé dans lalocalité de Silvo, bordée de forêts dechâtaigniers et d’arbres séculaires, onpeut rejoindre Sessa à travers la vallée dela Lisora. En entrant dans la forêt, à 50mètres sur la droite, on voit la “Giazze-ra” (sorte d’antique chambre froide) etde là, en quelques minutes, on arrive àRonco, petit hameau de la commune deCroglio. À son entrée, on peut admirerune petite chapelle votive de laMadon-na Pellegrina (Madonna del Sasso deLocarno), dont la statue a été offerte parles propriétaires terriens de Ronco en1951, à l’occasion de l’“anno mariano”(l’année de Marie). Le sentier nous em-mène à travers une magnifique zone vi-ticole avec des vignes de Merlot. Avantd’arriver au “Roccolo” (tenderie), onaperçoit un petit étang qui fournissaitRonco eneaupar lepassé, grâce àun sys-tème de captation par puits. Au “Roc-colo”, on découvre la tour bien conser-

Castelrotto doit son nom à la destruc-tion d’un château par les Milanais en1126, qui se dressait alors où se trou-ve maintenant l’Église.

Le centre est compact, médiéval, avecses petites cours, ses fenêtres qui don-nent sur l’intérieur et ses maisonsl’une sur l’autre.On peut dater sa formation à la pério-de du bas Moyen-Âge, à l’époque ro-mane, comme pour les autres villagesduMalcantone.L’Oratorio di San Bartolomeo à Cro-glio est un véritable joyau de cette pé-riode. On peut y admirer aussi lafresque de la Sainte Trinité - Couron-nement de la Vierge de 1366.

Pendant le XVIème siècle, il y eut degrands bouleversements dans l’histoi-re de notre territoire et “il n’est pas dutout exagéré d’affirmer queCastelrot-to illustre de manière exemplaire cettesituation: on trouve des rapports pourle moins intéressants entre la grandeHistoire et l’histoire locale dans les vi-cissitudes des hommes de la paroisses.[...] Le 3 août 1580, un mercredi, leshabitants des terres deCastelrotto [...]demandaient à l’évêque de Como,Monseigneur Volpi, la permission dese détacher de Sessa et de former unenouvelle paroisse”.Les travaux de l’actuelle église com-mencèrent en 1635, dans un lieu diffi-cile d’accès, selon les instructions del’époque: en position élevée, avec ungrand escalier sur le devant et une illu-mination avantageuse.

À cette époque “la population vivaitdu travail de la terre, dont ils tiraientsurtout du blé, du seigle et du millet.[...] L’alimentation était basée avanttout sur les céréales et les châtaignes;quelques légumes venaient compléterce maigre régime alimentaire dontl’élément le plus riche en caloriesétait... le vin!”.

AuXVIIème siècle, on a des informa-tions grâce aux hommes qui émigrentenLombardie pour y travailler en tantque maçons. Les difficultés du village

reflètent celles qui adviennent en Eu-rope: famine, épidémie, crise écono-mique.

L’église sera terminée en 1690 seule-ment, plus d’un siècle après la fonda-tion de la paroisse.

“Et en 1700, les affaires reprennent: lapeste disparaît, le climat s’améliore,l’agriculture refleurit, et la populationde Castelrotto elle-même amorce unecroissance constante”. Parallèlementà l’agriculture, on entame la culturedes vers à soie, activité réalisée princi-palement par les femmes.La plus grande expansion a eu lieuentre 1853 et 1855.À Castelrotto-Croglio, il y avait alors60 éleveurs pour une récolte de millekg de cocons.

Durant ce siècle, on observa aussi uneforte migration vers des pays pluslointains. “Maître Dr. Carlo Pellegri-ni (1864-1906), descendant d’une fa-mille de Croglio, fut président de laRépublique d’Argentine de 1890 à1892”.

Grâce à l’amélioration de la situationéconomique, Castelrotto se dévelop-pa, s’étendant aussi grâce à laconstruction de villas: Magna Quies,Orizzonte, et Bello Sguardo. C’estaussi de cette période que date la Fon-tana dei Terrieri.

À sa mort en 1927, Giuseppe Rossi,propriétaire de carrières de granit lelong de la vallée du Ticino, lègue partestament sa villa Bello Sguardo entant que futur siège de l’Hôpital duMalcantone, qui fut inauguré en 1928.En 1939, grâce au leg de la villaMagnaQuies (aujourd’hui détruite) par lesépoux Giovanni Rossi et GiuseppinaGaleazzi, on inaugura le home pourpersonnes âgées.

Il existe peu de témoignages sur la vi-ticulture tessinoise avant le XIXème.On sait qu’il y avait des vignobles trèsextensifs, où on pratiquait la cultureassociée: entre les rangées de vignes,on exploitait d’autres cultures, etl’herbe servait de fourrage pour lesanimaux. Dans l’histoire de la viticul-ture duCanton duTessin, on peut dis-tinguer trois périodes:1. Avant la fin duXIXème, les cépagesétaient cultivés de manière extensivesur une superficie de plus de 7000 ha.Le vin, produit de nombreuses varié-tés européennes (du pays et de qualitémoindre), se consommait dans les fa-milles de paysans et dans les nom-breuses auberges.2. Vers 1850, on vit apparaître un petitinsecte importé d’Amérique, le phyl-loxéra, qui attaquait les racines desvignes, provoquant la mort dessouches. En peu de temps, il détruisitune bonne partie du patrimoine viti-cole européen. Dans notre Canton, lephylloxéra a été vu pour la premièrefois en 1890 et il se révéla être un véri-table fléau chez nous aussi. Pour re-construire le patrimoine viticole can-tonal, il fallut faire intervenir unecommission spéciale qui étudia des re-mèdes, utilisant de nouvelles tech-niques et des cépages de qualité.3. Au début du siècle, on testa de nou-velles variétés européennes sur des cé-pages résistant au phylloxéra. Le cépa-ge qui donna lesmeilleurs résultats futimportéde la régiondeBordeaux, et cefut justement le Merlot qui s’adapta lemieux à nos conditions pédoclima-tiques. Aujourd’hui, le Merlot re-couvre au moins le 85% de la superfi-cie dédiée à la culture viticole dans leCanton.LeMerlot vinifié auTessin estapprécié et estimé dans toute la Suisseainsi qu’à l’étranger. Le Dr GiovanniRossi deCastelrotto,Conseiller d’Étatde 1909 à 1926, contribua de manièretangible à la reconstruction des vi-gnobles et à l’introduction du Merlotdans le Tessin. En tant quemembre dela commission cantonale et directeurdu journal “L’agricoltore Ticinese”(l’Agriculteur Tessinois), le Dr Rossipubliait en 1908 le livre “La ricostru-zione dei vigneti nel Canton Ticino”

(La reconstruction des vignobles dansleCantonduTessin), dans lequel il fai-sait mention de tous les procédés cul-turaux à suivre pour la constitutiond’un vignoble rationnel. En outre, ilétait propriétaire de l’entreprise vitivi-nicole Vallombrosa. Le vignoble deRonco, traversé par notre sentier,appartenait pour sa part à MonsieurRiccardo Rossi, lequel possédait éga-lement un “grotto” qu’il approvision-nait avec ses propres vins. Autour duvignoble entouré par la forêt, il y avaitaussi un étang et une tenderie créantainsi une espèce de microcosme natu-rel.À samort le 18mai 1963,MonsieurR. Rossi laissa un curieux testament,qui établissait entre autres “…je laissetous mes biens immobiliers pour lacréation d’une cave sociale vinicoledans le district de Lugano, compre-nant uniquement les Communes quisont inscrites au cadastre viticole”.Ces communes étaient au moins aunombre de 82. Ce testament ne trouvapas suite: le vignoble et les terrains ad-jacents se transformèrent peu à peu enbroussailles. Par la suite, avec l’appro-bation du Conseil d’État, on réussit àfaire intégrer l’affectation des terrainsde la Fondation avec le but suivant:“promotion et intensification de laculture viticoleduDistrict”.Le terrainfut donc loué à un vigneron profes-sionnel. En 1986, il reconstruisit un vi-gnoble d’environ 9000m2 avec duMerlot et un petit pourcentage de Ca-bernet Sauvignon. La remise en activi-té de ce vignoble, tout en maintenantintact le territoire environnant, a rap-porté le prix Ford de la Fondation in-ternationale pour la protection de lanature et du paysage. Dans ce vi-gnoble, on y produit le Merlot “Oriz-zonte” (horizon). Durant les 15 der-nières années, d’autres vigneronsprofessionnels ont entrepris ce travaildans notre région, ce qui eut pourconséquence la restauration des vieuxvignobles et la reconstruction de nou-veaux, recouvrant de beaux vignoblesles collines de la Vallée de la Tresa.Avec ses 17 hectares de vignes, laCommune de Croglio est aujourd’huila plus grande commune viticole detout le District de Lugano.

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Le “Roccolo” de Ronco appartenait à la famille RiccardoRossi et fut construit vers 1780. Il était entouré de charmesavec à l’intérieur des arbres qui produisaient des baies ser-vant d’aliment (“pastüra”) pour les oiseaux.On peut encore voir une toute petite partie du tunnel for-mé par les cercles de charmes.On y tendait, à 40 cmdu sol,un filet élastique, blanc-marron, long d’environ 30-40m ethaut d’environ 3,80 m.La chasse consistait à attirer de plusieurs manières lesnuées d’oiseaux de passage sur les arbres et sur les haies du“roccolo”: avant tout, des oiseaux servaient d’appâts, pos-tés sur les arbres dans une vingtaine, voire une trentaine decages. De plus, l’oiseleur renfor-çait encore cet appât grâce au richeassortiment de sifflets et d’ap-peaux en tout genre qui pendaientautour de son cou. Les oiseauxlibres, attirés par le joyeuxconcert,venaient alors se joindreau choeur trompeur, d’autantqu’on leur présentait aussid’abondantes poignées de graines.Et finalement, les oiseaux de pas-sage venaient se poser sur cesarbres, promesses de repos et denourriture. L’oiseleur, avec un lé-ger sifflement, lançait alors en l’airpar la fente de l’observatoire unépouvantail, qui pouvait prendrediverses formes, et les oiseaux ter-rorisés descendaient à toute vites-se à travers les ouvertures du pre-mier cercle d’arbres, se retrouvantpiégés dans le filet. L’oiseleur seprécipitait pour capturer ses pe-tites victimes, qui pouvaient êtreune centaine ou... une misérablepetite plume. Lameilleure périodepour la chasse allait de septembre àdécembre.Le rez-de-chaussée du “roccolo”servait à l’aménagement des cages,au premier étage, le “Roccolat”(oiseleur) se reposait, et le deuxième étage servait de postede guet pour ensuite jeter par la fenêtre le “scuàsc” (épou-vantail). Bien que la loi fédérale de 1875 interdise l’utilisa-tion du “roccolo”, celui de Ronco resta en fonction jus-qu’en 1929. Par la suite, il fut utilisé comme “basciott”, àsavoir un lieu de guet pour chasser les oiseaux au fusil. Lesoiseaux capturés étaient ensuite cuisinés dans des four-neaux spéciaux au “Grotto” de Ronco.

Parmi les familles nobles résidant à Ronco au dé-but du siècle, il y avait celle de Domenico Postiz-zi, qui eut six enfants. Le premier-né, Francesco,se consacra tout d’abord à l’activité agricole, puisdevintmenuisier et enfin boucher. Le bétail acquisdans les villages du moyen et haut Malcantoneétait bouchoyé à Ronco et les viandes étaient ven-dues dans les villages duMalcantone, avec livrai-son à domicile. L’activité dans ce secteur était dif-ficile car le manque de locaux d’abattage et deproduction obligeait à travailler en extérieur avecun équipement rudimentaire. Vers 1875, pourpouvoir bénéficier d’une structu-re apte à conserver les viandes,Francesco Postizzi construisitune “giazzera”, mot de dialectedérivé de “giazz” (glace). Laconstruction fut réalisée dans unlieu frais, situé sur le versant sep-tentrional du promontoire boisé(Silvo), dominant l’aggloméra-tion de Ronco.La “giazzera” est une fosse d’en-viron 4 mètres de profondeur,protégée par unmur de forme cy-lindrique émergeant du sol d’en-viron un mètre. Le toit, en formede voûte, est fait de briques, dechaux, et recouvert de terre. Ondescend à l’intérieur au moyend’une échelle de bois appuyée àl’entrée, et on la ferme avec unverrou pour éviter des visites dé-plaisantes de la part des préda-teurs (pas seulement des ani-maux!).Durant les mois d’hiver on em-magasinait la neige récoltée dansles prés environnants et transpor-tée avec des hottes ou avec l’aidedes bêtes de somme.On versait laneige dans la “giazzera” et on lapressait dans un procédé similai-re au foulage du raisin dans les cuves. De cettema-nière, on ralentissait le processus de fonte de laneige, qui se terminait habituellement au début del’été. Vers 1910, on cessa de bouchoyer et la “giaz-zera” fut abandonnée.

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Le parcours s’articule autour du centre de Castelrotto dans laCommune de Croglio. Le paysage tout en collines est typiquede la zone du Moyen-BasMalcantone. Il se parcourt à pied fa-cilement, en environ 2heures sans compter les arrêts à divers en-droits. Le trajet a une longueur de 4 km.

Les accès conseillés au parcours sont signalés au “Centro sco-lastico”Lüsc, où il est possible de stationnermême pour les bus,et dans la zone “Caseificio” (fromagerie). Les clés pour accéderà la “Giazzera” et au “Roccolo” peuvent être demandées au“Centro scolastico di Croglio” (école de Croglio) (tél. 091/60824 75) en période scolaire, ou à la “Cancelleria Comunale diCroglio” (Chancellerie communale deCroglio) (tél. 091/606 1626) durant les heures de bureau. Visite du “Caseificio” (froma-gerie) sur demande (Monica Giandeini, tél. 079/285 55 86).

“Tracce d’uomo” est un itinéraire qui s’insère de façon cohé-rente dans le complexe des autres propositions culturelles duMalcantone: Musée deCurio, PetitMusée de Sessa, Musée de lapêche de Caslano, “Maglio” d’Aranno, Sentier des Merveilles,et Sentier duChâtaignier. Toute la documentation est accessiblefacilement auprès de: Malcantone Turismo tel. 091/606 29 86.

Français

À la fin duXIXème siècle, la zone rurale qui comprend lesterritoires de Bioggio, Beride, Castelrotto et Ronco étaitune des plus peuplées de la région luganaise. La grandeproduction de lait, et son utilisation familiale réduite,poussa à la création d’une laiterie sociale dans le but de:“…utiliser en coopérative le lait superflu à la consomma-tion en famille et transformer les produits en beurre, fro-mage et ricotta, proportionnellement au lait fourni…”(premier statut de la laiterie sociale). En août 1886, une so-ciété privée mit en marche le “Caseificio sociale Biogno-Beride-Castelrotto-Ronco” (fromagerie sociale Biogno-Beride-Castelrotto-Ronco), une parmi les premièresfromageries du Canton duTessin. Au même moment,on construisit d’autres fro-mageries à Curio, Astano etBanco. La fromagerie a étéactive jusqu’en 1942. Le bâ-timent fut construit à l’in-tersection des rues prove-nant des terres respectives,et à équidistance de celles-ci.Il ne faut pas oublier que lesroutes étaient en mauvaisétat et que le lait était sou-vent transporté sur les épaules. La région était particuliè-rement bien adaptée à la conservation, la maturation et letravail du lait. L’eau du ruisseau était exploitée comme for-ce hydraulique pour fairetourner la roue reliée à labaratte et passait ensuite àtravers un ingénieux systè-medevases communicantspour rafraîchir le lieu detransformation et d’écrémage, qui devenait ainsi une sortede frigidaire. Dans le local de production, on obtenait lefromage grâce à la coagulation du lait. On portait ensuitelesmeules, pour une première période dematuration, dansle local contigu pourvu d’ouvertures d’aération intéres-santes et originales. L’affinage quant à lui avait lieu à l’éta-ge du dessus, là où il y avait aussi le logement du fromager.

Schéma de la force hydraulique

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