Tout le monde dehors !...9 Chapitre 1 C’est la faute à la radio Je tournais ma cuillère dans mon...

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Tout le monde dehors !

Les éditions de la courte échelle inc. 160, rue Saint-Viateur Est, bureau 404 Montréal (Québec) H2T 1A8

Dépôt légal, 4e trimestre 2013 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada

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Données de catalogage disponibles sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Marois, André Petit Pat Tout le monde dehors !

ISBN 978-2-89695-675-3 (v. 1) (version imprimée) ISBN 978-2-89695-731-6 (v. 1) (PDF) ISBN 978-2-89695-730-9 (v. 1) (EPUB)

Copyright © 2013 Les éditions de la courte échelle inc.www.courteechelle.com [email protected]

Petit Pat1

Tout le monde dehors !

Texte de

André MaroisIllustrations de

Luc Melanson

Au lait.

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Chapitre 1

C’est la faute à la radio

Je tournais ma cuillère dans mon bol de chocolat chaud en rêvant à tout ce que je ferai quand je serai plus grand, lorsque ma mère me posa une question :

— Petit Pat, t’as entendu ce qu’ils viennent de dire ?

Ma mère écoute tout le temps la radio. Dès qu’elle met un pied dans la maison, elle allume l’appareil, toujours au même poste : Radio-Canada. Elle adore quand les gens discutent de toutes sortes de trucs. Elle commente les nouvelles à voix haute et répond même aux journalistes : « Ben voyons donc, ça n’a pas d’allure ! » ou bien « Mais non, les saucisses, il faut les ébouillanter avant de les griller ! »

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Moi, je n’y fais plus attention. La radio commentée en direct, c’est le fond sonore habituel dans notre maison.

— Petit Pat, tu m’écoutes ?En fait, ma mère

adore parler tout court. Quand

mon père est là, elle lui raconte ce qui s’est dit

pendant qu’il travaillait. Lui, il répond une fois sur deux. À la radio, il préfère les vieilles chansons françaises. Il les connaît par cœur et il chante en même temps qu’elles jouent. Il a une grosse voix, plutôt grave, alors ça couvre le son qui sort du poste. Ainsi, mes parents et la radio créent une sorte de triple stéréo chez nous.

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En plus, mon père a installé des haut-parleurs dans presque toutes les pièces. Radio-Canada nous suit dans la salle de bain, dans l’escalier, dans la cuisine et même dans le placard à balais.

Il n’y a que dans la chambre de mon grand frère, Marcel, qu’on n’entend pas la radio. Lui, il préfère rester enfermé à grat-ter sa guitare, son casque sur les oreilles. Quand nos parents sont sortis, il branche son ampli, met le volume dans le tapis et son heavy metal explose dans la maison. Le voisin cogne contre le mur et, moi, j’aime ça. J’aime la musique de Marcel, je veux dire.

Mais ce jour-là, nous étions juste maman et moi dans la cuisine.

— Petit Pat, t’es encore dans la lune !Je ne suis pas si petit que ça, mais c’est

Marcel qui m’a donné ce surnom. Il m’a

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appelé ainsi parce qu’avant j’étais beaucoup plus petit que mes amis. Aujourd’hui, je les ai presque rattrapés, mais le surnom m’est resté. Mon vrai prénom, c’est Patrice et per-sonne n’a l’air de s’en souvenir.

Maintenant, j’ai neuf ans et un jour je serai le Grand Pat.

— Petit Pat ?— Hein ? Qu’est-ce qui se passe ?Ma mère m’a souri et a désigné la fenêtre.— Ils viennent de dire à la radio que

pour bien apprécier l’hiver, il faut faire des activités extérieures.

J’ai tout de suite compris où elle voulait en venir. Pas besoin d’être très futé pour deviner. À la radio, ils donnent sans cesse des conseils sur tout : ce qu’on doit manger, comment il faut s’habiller, où aller en vacances, pourquoi on devrait parler fran-çais partout…

Le sujet du jour devait être l’hiver, et comme ma mère croit tout ce que racontent les journalistes, elle m’a aussitôt dit :

— Allez, Petit Pat, enfile ton habit de neige, ta tuque et tes mitaines, puis va jouer dans la ruelle.

Parce que Radio-Canada l’avait annoncé, on devait tous sortir de nos maisons pour se

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geler le bout du nez. C’était excellent pour notre santé et notre bonne humeur. En vrai, ce n’était pas tout le monde qui était concerné, car ma mère est restée à l’intérieur, elle.

Moi, je suis sorti, bien obligé, mais ça m’était égal. J’aime jouer dans la neige.

Dehors, il faisait tellement frette ! Un bon moins vingt degrés, sans compter le

facteur vent qui n’arrêtait pas d’exagérer, comme s’il trouvait amusant de nous voir grelotter.

Je devais bouger si je ne voulais pas finir en glaçon. J’ai couru jusqu’à la ruelle, où j’ai escaladé l’immense banc de neige derrière chez nous. Je me suis laissé glisser jusqu’en bas. C’était le fun !

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J’ai recommencé plusieurs fois. Je met-tais deux minutes à monter et cinq secondes à descendre. J’avais presque chaud.

Mais quand on est tout seul à glisser, le fun ne dure pas très longtemps. J’étais tanné, alors j’ai essayé de tracer un chemin de ronde dans la neige, comme sur les remparts qui entourent les châteaux forts. Ça n’allait pas vite, parce que je m’enfonçais jusqu’aux genoux. Peu à peu, j’ai réussi à longer toutes les clôtures des voisins pour former un grand rectangle.

Notre ruelle n’est jamais déneigée, alors au milieu de mon chemin de ronde, il restait des tas de neige qui me dépassaient de plus d’un mètre.

En regardant chez nous, j’ai vu ma mère qui m’observait par la fenêtre. Elle a agité la main. Je lui ai répondu. À la radio, un ani-mateur venait sûrement d’expliquer qu’il

fallait encourager les enfants dans leurs activités.

Après dix minutes à piétiner, j’en ai eu assez.

Je suis retourné chez nous, dans le garage. Là aussi, il y avait un haut-parleur qui diffusait un reportage sur la guerre dans un pays couvert de déserts.

J’ai pris la grande pelle à neige de mon père. Le manche me dépassait d’une tête, mais j’étais assez costaud pour m’en servir.

J’avais décidé de construire un fort. Le plus beau et le plus gros fort qu’un Petit Pat n’avait jamais construit au mois de janvier.

Ils en parleraient peut-être aux nouvelles de six heures.

Table des matières

Chapitre 1 C’est la faute à la radio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Chapitre 2 Je suis trop fort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Chapitre 3 Les mots pour sortir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Chapitre 4 La guerre des tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Chapitre 5 Les guerriers de la ruelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

André MaroisAndré Marois est arrivé au Québec en 1992. Auteur, scénariste et chroniqueur, André se démarque par son ironie grinçante, son imagination débridée et son style incisif.À la courte échelle il a publié des romans noirs pour adultes, des recueils de nouvelles et des romans policiers pour la jeunesse (séries Jérémie et Malie, Les Allergiks ; La main dans le sac), ainsi que des romans de science-fiction : Les voleurs d’espoir, Les voleurs de mémoire.

Luc MelansonLuc Melanson est né à Montréal en 1968. Après un bac-calauréat en design graphique, il décide de se consacrer exclusivement à l’illustration. Ses images lui ont valu plusieurs prix nationaux et internationaux parmi les-quels on retrouve le Prix du Gouverneur général, un prix de Communication Arts, ainsi que ceux de Society of Illustrators et de American Illustration. Depuis une ving-taine d’années maintenant, il illustre des livres et des magazines de toutes sortes avec le même plaisir qu’à ses débuts.

Dans le prochain tome…

Ma mamie Bielle, c’est la plus géniale. Tous mes amis sont d’accord avec moi, sauf Jean-Simon. Il pense que sa mamie Ginette est plus hot que la mienne. Pour régler ça, j’ai décidé d’organiser un concours de grands-mères au parc La Fontaine. Mamie Bielle contre mamie Ginette : je suis sûr qu’on ne va pas s’ennuyer !

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Dans la collection « Premier roman »…

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tome 1 : Le bon sommeil du roitome 2 : Une créature inattenduetome 3 : Le gobe-motstome 4 : Le pépère honni (à paraître)

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