Tourisme Responsable Le Point 8avril2010

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74 AVENUE DU MAINE 75682 PARIS CEDEX 14 - 01 44 10 10 10 08 AVR 10 Hebdomadaire Paris OJD : 418922 Surface approx. (cm²) : 3387 N° de page : 84-94 Page 1/7 ATALANTE3 7068953200505/GFS/ALZ/2 Eléments de recherche : ATALANTE ou AGENCE ATALANTE ou VOYAGES ATALANTE : agence de voyages d'aventure/expéditions, toutes citations lALDEVELOPPEMENT DURABLE Le temps des vacances écolos Conscience. En 2020,1,6 milliard de terriens voya- geront. A quel prix pour la planète? PAR CUIRE NEYNIAL 1 1 fait 2 5 °C, la lune se reflète dans l'eau qui clapote contre les pile tis de la villa. Deux cent dix me tres carrés sur l'océan Indien, une brise légère qui soulève les rideaux en lin ocre et lamoustiquaire autour du lit king size. La nuit, dans ce cinq étoiles des Maldives, est... gratuite. Du moins pour ceux qui plongent pour l'offre de «volontourisme» des resorts Soneva Fushi et Soneva Gili. Pour cinq nuits achetées, cinq sont offertes à condition de donner cinq heures par jour à des projets locaux. Planter des arbres ou aider à faire du compost, le veinard de client choisit. «Quand nous nous sommes installés aux Maldives, le gouvernement nous a demande de construireunhôtel,etnonunemaison. Nous sommes passionnés par l'envi- ronnementetvoulionsavoirunimpact minimal Notre démarche est le Slow Life, Sustainable Local Organic Wholesome Learning Inspiring Fun SOMMAIRE 84. Le temps des vacances écolos 88. Un parc aquati que 100% durable 92. « Le touriste est un acteur décisif» 96. [oindre le mo bile a l'agréable lOO. Le pan d'un chauffage vert 1O2. Greenext, « profileur » environnemental 1O4. Une forêt d'initiatives Expériences», raconte Sonu Shivda- sani. Des expériences durables, locales, bio,entières,pédagogiques, amusantes. Tout un programme. Sa femme Eva et lui, fondateurs du groupe Six Sensés, ont monté des resorts de luxe dans des destinations de rêve à 800 dollars la nuit au moins. Le slogan est «Pas d'infor- mations, pas de chaussures » (même s'il l'on a dû céder aux clients ri- chissimes qui réclamaient Tinter jj] net), les fruits et légumes viennent y des potagers, l'eau minérale en | bouteille a été bannie, les pilotis de I la water villa sont des poteaux télé ° phoniques recyclés. Et 0,5 % des profits va à des projets locaux. ^

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lALDEVELOPPEMENT DURABLE

Le temps des vacances écolosConscience. En2020,1,6 milliardde terriens voya-geront. A quel prixpour la planète?

PAR CUIRE NEYNIAL

11 fait 2 5 °C, la lune se reflète dansl'eau qui clapote contre les piletis de la villa. Deux cent dix me

tres carrés sur l'océan Indien, unebrise légère qui soulève les rideauxen lin ocre et lamoustiquaire autourdu lit king size. La nuit, dans ce cinq

étoiles des Maldives, est... gratuite.Du moins pour ceux qui plongentpour l'offre de «volontourisme»des resorts Soneva Fushi et SonevaGili. Pour cinq nuits achetées, cinqsont offertes à condition de donnercinq heures par jour à des projetslocaux. Planter des arbres ou aiderà faire du compost, le veinard declient choisit. «Quand nous noussommes installés aux Maldives, legouvernement nous a demande deconstruireunhôtel,etnonunemaison.Nous sommes passionnés par l'envi-ronnementetvoulionsavoirunimpactminimal Notre démarche est le SlowLife, Sustainable Local OrganicWholesome Learning Inspiring Fun

SOMMAIRE84. Le temps desvacances écolos88. Un parc aquatique 100% durable92. « Le touriste estun acteur décisif»96. [oindre le mobile a l'agréablelOO. Le pan d'unchauffage vert1O2. Greenext,« profileur »environnemental1O4. Une forêtd'initiatives

Expériences», raconte Sonu Shivda-sani. Des expériences durables,locales, bio,entières,pédagogiques,amusantes. Tout un programme.Sa femme Eva et lui, fondateurs dugroupe Six Sensés, ont monté desresorts de luxe dans des destinationsde rêve à 800 dollars la nuit aumoins. Le slogan est «Pas d'infor-mations, pas de chaussures » (mêmes'il l'on a dû céder aux clients ri-chissimes qui réclamaient Tinter jj]net), les fruits et légumes viennent ydes potagers, l'eau minérale en |bouteille a été bannie, les pilotis de Ila water villa sont des poteaux télé °phoniques recyclés. Et 0,5 % des ™profits va à des projets locaux. ^

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Durable, solidaire, responsable,volontaire, écolo, le tourisme actuel est forcément «différent». Ilétait temps! Selon l'Organisationmondiale du tourisme, le nombrede touristes en 2008 s'est élevé à924 millions. Quèlques exemplesà faire pâlir un aoûtien : en Méditerranée, un vacancier consommejusqu'à 440 litres d'eau par jour, ledouble de la consommation d'uncitadin espagnol. Un trekkeur auNépal peut utiliser jusqu'à 5 kilosde bois par jour. Les bateaux decroisière des Caraïbes sont respon-

| sables à 77 % des 82 ooo tonnes dei5 déchets par an générés dans les; ports. Parmi les rog pays dotés0 d'une barrière de corail, 90 l'ontg vuedisparaîtreàcausedesbaleaux,\ plongeursinsouciantsouvendeurs1 sans scrupules. Les exemples prog lifèrent comme de mauvaises alt gues.etcelanefaitquecommencer.o Car, toujours selonl'OMT, i,6 mil-| Hard de personnes devraient voya-s ger en 2020 ; le tourisme durable

«L'ECOTOURISMEEST TRÈSMARGINALPAR RAPPORTAU TOURISMEDE MASSE.LA TÂCHE ESTTITANESQUE.»UN RESPONSABLEDE L'ONU.

Recyclage. Une villasur pilotis-d'ancienspoteaux téléphoniques-aux Maldives, dansl'océan IndienRavages. (Ci dessous)Les bateaux de croi-siere des Caraïbes sontresponsables a ll %des 82 DOO tonnes dedechets par an produits dans les ports

devient donc une nécessité... et unfilon juteux.

Ici, c'est un hôtel parisien quiutilise des détergents « verts » et unsystème de climatisation réversible ; là, ce sont des séjours dans desecolodgesaM CostaRica, sans comp-ter les guides deresorts écolos chics,de campings verts ou des bonnespratiques et le bourgeonnementdes sites Internet. Tentant, mais àprendre avec des pincettes. «Greenis gold, l'escroquerie écologique existe.Elle consiste à badigeonner de vert despratiques d'économie budgétaire,comme souvent dans les ecolodges, oùles prestations sont réduites au mini-mum», souligne Sylvie Brunel, géographe. Et les initiatives sincèressontrarbrequicachelaforêt.«réc0-tourismeesttrésmargmalparrapportau tourisme de masse, la tâche est ti-tanesque», soupire Arab Hoballah,charge de la production et de laconsommation durables au PNUE(Programme des Nations unies pourl'environnement). Ainsi du labelGîtes Panda, attribué par le WWFaux hébergements dont la construction et l'exploitation respectentl'environnement, qui contribuentà préserver les milieux naturels etsensibilisent les clients. Louable,maisilrïyenaque30osur6500oGÎ-tes de France.

Pourtant, le tourisme durableest devenu la grande affaire de nom-bre d'organismes (PNUE, RainforestAlliance, Afnor pour l'écolabeleuropéen...) et fait l'objet d'une dé-finition précisedepuis 1991.Selonla Société internationale de l'éco-tourisme (TIES), c'est «un voyageresponsable dans des sites naturels quiprotége ['environnement et amélioreles conditions de vie des populationslocales».

Préserver. Lesvoyagistes théma-tiques ont été les premiers à inves-tir Ie créneau, avec des résultatsimmédiatement visibles. «Ils sontplus Imaginatifs, tantdans lafabrica-tion du voyage que dans le choix deszones géographiques et inspirent lesgros faiseurs dè l'industrie touristique,quibougentaussiC'estunemécaniquepositive dans laquelle nous sommesentrés depuis deux ou trois ans », ana-lyse Christophe Leservoisier, co-président du groupe Atalante et àl'origine du label AIR (voir p. 92).Ainsi, le groupe Voyageurs dumonde, sixième voyagiste françaisavec 2 44,8 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2008, est certifiéAIR et prend son engagement trèsausérieux. «L'an demier, nousavonsprélevé doo DOO euros surnos margespour compenser 20 % desémis-

Jai »\

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dons de carbone de nos clients,explique Jean-François Rial, le PDG.De quoi financer des mangroves auSénégal ou planter des arbres au Bré-sil. » Les grands tour-opérateurssavent qu'ils ont tout à gagner àprendre le train du tourisme dura-ble. Chez Kuoni, géant suisse duvoyage qui a réalisé un chiffre d'af-faires de 4,855 milliards de francssuisses en 2008 (3,391 milliardsd'euros),l'engagementest formalisédans un rapport annuel sur le dé-veloppement durable. L'édition2008/2009 détaille trente projetsselon quatre axes : lutte contre letourisme sexuel et le changementclimatique, conditions de travailéquitables, approvisionnement eneau.«Sinousn'aidonspasàpréserverles espaces naturels et les gens qui yvivent, nous mettons gravement endanger notre coeur de mener», écritMatthias Leisinger, à la téte du dé-partement tourisme durable. Ré-sultat, les projets menés tous azimuts (écoles d'hôtellerie en Inde,compost en Egypte ou à Bali, bar-rages auKenya...)contribuentnonseulement à compenser les effetsnégatifs du tourisme, mais aussi àenclencher des conséquences po-sitives pour les populations. Danslefond,est-cesinouveau?0noublie

que le tourisme est la deuxièmeindustrie mondiale, pourvoyeusede 7,4 % des emplois (2 ID millionsen 2009) et à l'origine de 9,3 % duPIB,d'aprèsleWTTC(WorldTraveland Tourism Council, forum desleaders privés du tourisme).

Survie. Un moteur économiqueindispensable à la préservation despatrimoines. « Certains lieux ou po-pulationsreviventgrâceàl'intérêtdestouristes, note Sylvie Brunel. LesAborigènes, en Australie, ont ainsiretrouvé une dignité. Ou les Dogons,au Mali, qui quittaient leursfalaises,milieu difficile, et sont revenus parcequ'elles attiraient les voyageurs. »Pour elle, même la transformationdes coutumes en folklore auraitses vertus : «Ellepermet à des cultu-res mourantes d'en rendre les posses-seurs fiers. Ainsi, les Maori de Nou-velle-Zélande se réapproprient leurhistoire grâce a la "disneylandisation".Cette démarche se conclutsouventparl'inscription au Patrimoine mondialde l'Unesco. » Car la condition sinequanon d'un tourisme durable estque les populations soient associéesau développement. Le PNUE estimeque 70 % dè l'argent dépense parles touristes en Thailande sort dupays, allant aux voyagistes, com-

Renaissance. En haut •un touriste chez lesMasai, au Kenya«Le tourisme permeta des culturesmourantes d'en rendreles possesseurs fiers »,assure Sylvie Brunel(ci-dessus), auteurde « La planetedisneylandiseeChroniques d'un tourdu monde » (EditionsSciences humaines,276 p., 14 €)

pagnies aériennes, ho tels étrangers- une proportion qui peut s'éleverà So % dans les Caraïbes. Graveerreur ! Sans population, la conser-vation de l'environnement est unleurre. «Lespaysages accessibles auxtouristes le sont souvent grâce auxpopulations. Ce sont les troupeaux desMasai qui dégagent les pâturages!Tout espace naturel livré à lui-mêmes'autodétruit parce qu'il est colonisépar des espèces invasives, comme l'élé-phant, qui détruit les parcs auBotswana», ajoute Sylvie Brunel.Intéressé au développement,l'homme préserve son environne-ment quand il comprend que «sesbuffles ou ses lions rapportent plusvivants que morts. La démarche tou-ristique fait de lui ungestionnaire aviséde son patrimoine naturel».

Certains vont plus loin, voyantdans le tourisme durable le seulmoyen de survie des populations. SMaurice Freund, fondateur de la >coopérative Point Afrique, tour- «opérateur spécialisé dans l'Afrique <subsaharienne, pense «utiliser le gtourisme a des fins de développement ideszones lesplus déshéritées». Et s'il <propose à ses clients parisiens vou- 5lani se rendre à Djanet, en Algérie, slde prendre le train jusqu'à Mar-1seille, sa fierté est ailleurs. *.

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«En 1996, d'après le PNUD,k taux de prévalence de la pauvretéétait de 58 % dans le nord de la Mau-ritanie. En 2001, U était descendu à24 %, sachant que la seule activitééconomique était le tourisme», sou-tient-il. Avec, selon lui, une in-fluence directe sur les bidonvillesde Nouakchott.

Responsable. Ces dernières an-nées, ils se sont tant repeuplés queles autorités travaillentàaméliorerla propreté et la sécurité du payspour faire revenir les voyageurs etainsi redonner du travail dans lesvillages. «Pour moi, un tourisme durâble, c'est un tourisme qui aide lespopulations a vivre surplace. Si nousavonsfaitplanter des culturesbio, c'estpour que les locaux puissent en vivre.Ets'ilsdevaientsurvivreauprixd'unedémarche allant contre notre idée dudéveloppement durable, je le ferais»,assume-t-il.

Aujourd'hui, Maurice Freundajoute au tourisme une autre di-mension et en fait une arme de paix.Il en est convaincu: «Chaque foisque nous nous retirons d'un pays, nousprivons les jeunes d'un travail rému-nérateur et le trafic de drogue ou AlQaeda au Maghreb islamique leurtend les bras. » La responsabilité,finalement, repose sur les épaulesdu voyageur, qui façonnera le tou-risme de demain. Et la route estencore longue. Chez Kuoni, le pro-gramme de compensation de car-bone n'est adopté que par i % desclients à peine. «Je suis un militantconvaincu et parfois, à l'hôtel, je suisfatigue, j'oublie un peu mes principes.Alors, vous imaginez, celui qui a éco-nomisé cinq ans pour un voyage enThailande », confesse Arab Hobal-lah. D'autant que le plus importantgisement du tourisme de demain,ce sont les classes moyennes despays émergents, Chine, Inde, Amé-rique latine. « Pourquoi neferaient-ilspas les mêmes erreurs que les Françaisdans les années 60 sur les côtes espa-gnoles ?»interroge Arab Hoballah.La solution, pour lui: insister surles petits gestes, sans culpabilisa-tion. Touristes, encore un effort... •

L'INTÉGRALITÉ DE L'INTERVIEW DE

SYLVIE BRUNEL SUR l6pOJnt.fr

Un parc aquatique 100 % durableExpérience.Visite, au pays deGalles, du premierécovillage vacan-ces d'Europe.

PAR RAPHAËL BALDOS

B luestone a ouvert ses portesen juillet 2008. Situé au cœurdu Parc national du Pembro-

keshire, au sud du pays de Galles,l'écovillage a été imaginé par unagriculteur, William McNamara.Avec la volonté de réaliser un cen-tre de vacances à la hauteur desgrands complexes du genre, sanspour autant renoncer au développement durable. Les 184 chaletset le centre aquatique ont étéconçus pour limiter au maximuml'impact sur l'environnement.Coût: 122 millions d'euros.

Bluestone s'étire sur 200 hec-

Innovation.William McNamara,l'inventeur duconcept.Au-dessus, l'écovillagede Bluestone.Le centre aquatique aeté conçu pour limiterau maximum l'impactsur l'environnement.

tares de prairies et de bois, près duvillage de Narbeth. Ici, pas de voi-tures. On circule à pied, à vélo ouen voiturette électrique. « A la dif-férence de Center Parcs, nous ne blo-quons pas nos visiteurs dans le parc,nous les invitons à découvrir le Pem-brokeshire et notre centre aquatiqueet sportif, Blue Lagoon, est ouvert aupublic extérieur», explique GlennHewer, le manager. Les jeunes desenvirons en profitent. Ils aimentaller piquer une tête dans les va-gues artificielles de l'immensepiscine, construite en ossature debois, avec des essences locales(mélèze et châtaignier).

Pour la chauffer, un centre debioénergie a été construit à quèl-ques mètres. Le bâtiment en bois,recouvert d'une toiture végétal!- m

séc, abrite deux chaudières de800 kilowatts chacune. Elles ava-lent chaque année 6 DOO tonnesde bois déchiqueté : So % de sauleet 20 % de miscanthus, une planteà très fort pouvoir calorifi-

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Modèle. L'écovillcigeet un de ses chalets.Ici, pas de voitures'on circule à pied, avelo ou en voitureélectrique.

que (4 700 kWh par tonne,contre 3 300 pour du bois). «Lesplaquettes proviennent de résidus decoupes forestieres de la région, indi-que Paul Ratcliffe, responsabled'exploitation. Le saule et le mis-canthus sont récoltés sur 2 6 hectaresau sein du parc, et dans 15 exploita-tions agricoles alentour. »

Blue Lagoon serait ainsi le premier complexe aquatique aumonde à utiliser la biomasse pourson eau chaude. Un procédé quiévite l'émission de 3 ooo tonnesde C02 par an. L'équipement, d'uncoût de i million d'euros, a béné-ficié d'une subvention de 40 % dugouvernement gallois. «Bluestoneest un merveilleux exemple de busi-nessdurable, justifie Jane Davidson,ministre de l'Environnement. J'es-père qu'il donnera envie a ses hôtesde changer leurs comportementspourrendre leur mode de vie quotidien plusécologique. »

Recyclage. Quittons BlueLagoon pour Pécovillage. Leschalets, bien intégrés dans le pay-sage, s'étalent à perte de vue.Construits avec des essences loca-les, ils sont équipes de capteurssolaires pour l'eau chaude. Leurarchitecture bioclimatique favo-rise l'efficacité énergétique, avecdu triple vitrage et une isolationde 25 centimètres. Pour réduirel'impact environnemental desmaisons, l'utilisation du béton,fort émetteur de gaz à effet de serre,a été limitée aux fondations,

constituées de plusieurs pilotis.Les résidents sont invités à triersoigneusement leurs déchets. Despoubelles, en évidence dans lacuisine des « lodges », invitent àséparer papier, verre et plastiquedu tout-venant. L'écovillagecompte cinq points de collecte. Lapremière année, Bluestone estparvenu à recycler 50 % de sesdéchets.

Les eaux usées sont traitées parune station d'épuration indépen-dante. «Elles subissent un traitementbiologique dans plusieurs bassinsavant d'être filtrées par une mem-

PratiqueExemples de tarifs:441 e pour un séjourde quatre nuits(lundi vendredi)dans un chalet de6 personnes oupour un séjour detrois nuits avecun week-end (ven-dredi-lundi). Volsdirects pour Cardiffau départ de Parisavec Flybe : à partirdeaooel'aller-retour. Réservations :(44) 1.834.862.400,www.bluestonewales.com, fr.flybe.com.

Le plein d'écoactivitésUn séjour à Bluestone donne accès à un largeéventail d'activités. Près du Blue Lagoon et de sestoboggans aquatiques se trouve l'AdventureCentre. Un immense terrain de jeu intérieur avecdes cabanes en bois, des ponts suspendus et destyroliennes. Juste à côté, Techniques! permet decomprendre les mystères des sciences ettechnologies en s'amusant. A l'extérieur, les plusgrands peuvent participer à des ateliers de tir àl'arc, de construction de radeaux et de cirque.Sans oublier le golf, le tir au pigeon d'argile el lacourse d'orientation. Les parents, pour se relaxer,peuvent laisser leurs enfants à une baby-sitter etse rendre au spa au centre de l'écovillage. Là, ilspourront profiter des différents soins proposés,se laisser aller dans divers bains de vapeurthématiques ou suer sur les appareils de fitness.Et terminer la journée dans l'un des pubs-restaurants de Bluestone. lechyd da!(A. votresanté en gallois.) •

bram, décrit Glenn Hewer. Ce sys-teme nous permet de rejeter dans lemilieu une eau propre. Un dispositifautomatique, contrôle chaque annéepar l'Agence de {'environnement,surveille en permanence son bon fonc-tionnement. »

Pour s'assurer que ses effortsen matière d'écologie soient re-connus, Bluestone s'est engagédans un système de managementenvironnemental (SMF) auprèsde Green Dragon, l'organismecertificateur officiel du pays deGalles. Il a obtenu le standard ISO14001, le niveau 3 du Green Dra-gon, et espère atteindre le niveau5, le plus élevé. «Nous neprétendonspas être parfaits, remarque WilliamMcNamara, le président-fonda-teur. Nous savons qu'ily a toujoursunemarge deproges, mais nous nousefforçons de la réduire. Notre objectif?Devenir un modèle de tourisme du-rable au pays de Galles. »

Excellence. Ilreste d'ailleurs unpoint important sur la liste deschoses à faire pour atteindre Texcellence environnementale : trou-ver un fournisseur d'électricitéutilisant les énergies renouvela-bles (éolien, solaire ou énergiemarine). William McNamara ytravaille et espère signer le contratcette année.

Le développement durableimplique aussi un engagementsocial et économique. Bluestonemène plusieurs projets pour yrépondre: l'insertion profession-nelle des jeunes de la commune,avec la Bluestone Academy, la créa-tion d'une crèche et d'un plan dedéplacement pour ses 350 em-ployés, l'ouverture d'une fondationpour l'entrepreneuriat et l'inno-vation, une politique d'achat local(à 90%)...

Depuis son ouverture, Blue-stone a accueilli près de i oo ooo vi-siteurs par an etinjecté 39 millionsd'euros dans l'économie locale.Un bel atout pour le Pembro-keshire. L'autorité locale, leCouncil, l'a bien compris: il aconverti, en décembre 2009, sonprêtde i,i million d'euros en uneparticipation de 3 % au capital del'écovillage • i

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Eveilleur. Christophe Leservoisier, cofondateur du tour-operateur Atalante (ici, en Mongolie), est a l'origine du label Agir pour un tourisme responsable (AIR)

INTERVIEW CHRISTOPHE LESERVOISIER« LE TOURISTE EST UN ACTEUR DÉCISIF POUR PRÉSERVERUN PATRIMOINE ESSENTIEL À L'HUMANITÉ»

PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE MEYNIAL

C hristophe Leservoisier est coprésidentet cofondateur d'Atalante, tour operateur d'aventure fondé en 1986. Il est

à l'origine de la Charte éthique du voyageuret a contribué à la fondation du label Agirpour un tourisme responsable (AIR), crééen 2004. Seule référence française enmatière de tourisme durable, AIR comprend une vingtaine de critères, contrôlesetvérifiéschaqueannéepar un organismeextérieur, l'Afnor. A ce jour, 19 touropérateurs en sont membres, 12 sontcertifiés et i est en cours de certification.

Le Point : Comment est né AIR ?Christophe Leservoisier: En 1996, nousavons écrit la Charte éthique du voyageur.Nous étions associés à Lonely Planet, TrekMagazine, Grands Reportages, ça a créé une

vaguelette dans le landerneau du tourismed'aventure. Des confrères nous ont demandé de la diffuser. Nous étions d'accord, à condition de travailler à un codede conduite du voyagiste. Puis, en 2002,pour le Sommet mondial de l'écotourismeà Québec, nous avons reçu le soutien duministère du Tourisme, qui a engagé lesacteurs du tourisme et de l'environnement à signer un pacte d'améliorationdes pratiques. Avec les confrères, nousavons monté une association, élaboré unegrille de critères puis élargi le cercle audelà du tourisme d'aventure et créé ATR.L'associationestdevenuerATT.Associationdes tour opérateurs thématiques.En quoi ATR est-il « facteur de progrès »,comme spécifié dans vos documents?ATR, certification attribuée aux tour operateurs qui la demandent et obtiennentun contrôle positif, tient compte des pra-

tiques en matière d'environnement, avecles populations et partenaires locaux, desconditions de travail, de la rémunération,des hébergements... Toute la façon de fabriquer nos voyages est concernée. Or ontravaille dans tous les coins de la terre, oùles cultures et environnements sont différents. L'ossature du référentiel reposedonc sur un engagement de qualité, lesfiches destinations. Elles comprennentdes règles discutées avec les membresd'ATR et sont en révision permanente.Aujourd'hui, on rémunère un porteurTO euros pour le Kilimandjaro, dans dixans ce sera plus. Nous devons être au dessus de ce qui se fait, ça revient à stimulerle progrès. Et le meilleur contrôleur denos pratiques, c'est le client.Justement, le client s'intéresse-t-il àcette démarche ? Ne craint-il pas un effetde pur marketing?

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Nous sommes pionniers de la sen-sibilisation, avec la charte éthique. On n'apas gagné un client dans cette démarche,mais on a contribué à faire changer lesmentalités, c'est notre immense fierté.Quant au green-washing, il existe mais nem'a jamais gêné. Il n'y a aucune honte àfaire du marketing si des actions concrè-tes sontmenées. Par exemple, on ne peutpas parler de compensation de C02 si onprogramme des voyages de cinq jours aubout du monde. II faut proposer d'autressolutions de transport, comme le train,quand c'est faisable. Et puis, l'avantagedu marketing, c'est que, quand on publiedes promesses, on est obligé de les tenir.Sinon, pour l'image, c'est désastreux.La Charte éthique du voyageur estlongue et exigeante. Commentla faire appliquer?Sa vocation n'est pas d'être ap-pliquée mais de sensibiliser. Elleest née en r 995. J'avais organiséune exploration en bateau surla rivière Omo, de l'Ethiopie aulac Turkana, au Kenya, où lespeuples vivent de manière tra-ditionnelle. Lors des reconnais-sances avec un photographe, onavait passé du temps dans lesvillages où les enfants n'avaientjamais vu de Blancs. Nous avionsdonc demande aux voyageursde signer un engagement à ne Curiosité.pas y prendre de photos, on leurdonnait des clichés du photographe.Quèlques clients ont renoncé, nous avonseu deux voyages de dix personnes, qui sesont très mal passés. Certains n'ont pasrespecté l'engagement, les autres étaientfurieux. Au retour, trois voyageuses nousont suggéré d'établir une charte entrenous et nos clients et m'ont aidé. Ça m'apris un mois de boulot, j'ai cherché par-tout ce qui se faisait puis je suis passé à larédaction. J'ai compris que je m'étaistrompé : interdire ne sert à rien, il faut ex-pliquer.Cela veut-il dire qu'un voyageur informéest un voyageur responsable?Ça l'aide. Mais c'est aussi de l'ordre de laresponsabilité individuelle. Par exemple,pour la mendicité infantile, il faut que levoyageur sache dire non. J'ai beaucoupinsisté là-dessus dans la charte éthique.De tout jeunes prennent l'habitude devoiries Blancs comme ceux qui donnent.Danscevillageoùvouspassez.l'un decesenfants deviendra peut-être ministre ouprésident et ce sera une notion ancrée.

La réflexion avance-t-elle? A quoiservent les missions que vous menezpour ('Unesco et le Programme desNations unies pour le développement(PNUD)?Ces organismes sont des éveilleurs. J'aitravaillé sur un projet de stratégie pourun développement durable du tourismeau Sahara. Cela concernait dix pays, nousétions sept experts et j'étais le seul Français.Hy avait un Marocain, un Tunisien, deuxAlgériens, une Egyptienne, un Libyen. Lamission concernait la lutte absolue contrela pauvreté, dans des domaines aussi divers que l'archéologie ou la dignité fémi-nine, rassemblés autour du tourisme.Comment pouvait-il favoriser la protec-tion du patrimoine architectural, humain,

Christophe Leservoisier, a g., en repérage en Tanzanie,

matériel et immatériel ? Il s'agit de trou-ver le nombre de visiteurs acceptable,pour favoriser le développement économique d'une région et protéger le patri-moine. Et l'argent généré doit aller auxplus démunis. Car on sait que le terro-risme se nourrit de la misère.Mais la confrontationavec les touristes impliqueune pollution culturelle...Elle est inéluctable mais ne vient pas destouristes. J'ai le souvenir, au Maroc, despremières paraboles dans les villages del'Atlas, alimentées par des batteries de ca-mions, de l'image en noir et blanc et desgrand-mères berbères qui regardaient« Les feux de l'amour». Qu'est-ce qu'ony voit ? La richesse, la frime, des femmesà moitié à poil... L'impact des touristes estfaible par rapport à ça. Et si nous insistonssur la prévention et la responsabilisation,c'est que leur comportement peut per-mettre de sortir des clichés, être un fac-teur de rencontre des peuples, de curiositéréciproque.

Quels sont les critères AIR les pluscontraignants, pour le tour-opérateur?L'amélioration des conditions de travail.Les messages sont compliqués à faire pas-ser et on estparfois irréaliste. J'ai un exem-ple au Népal. Là-bas, tout est porté à dosd'homme, les poutres, le bois, etc. La mé-thode est restée pour les porteurs de trek.Ils sont payés à la charge, on ne paie nileurnourriturenileurlogement. Certainsse logent et se nourrissent mal, d'autresjouent leur argent et ne rapportent rien àleur famille... Il y a dix ans, nous avonsvoulu payer nos porteurs au-dessus de lanorme, limiter la charge 330 kilos, accep-ter les jeunes jusqu'à 14 ans, avec unecharge aménagée (c'est parfois la seulesource de revenus d'une famille), et pren-

dre en charge leur nourriture etleurlogementsoustente. Zimbale sherpa, qui dirige notre agenceau Népal, m'a regardé avec degrandsyeux,nousbouleversionsun ordre fondé sur des castes ! Etpuis, un joursort un article dansLibération d'un journaliste cho-qué par le portage. J'ai envoyél'article à Zimba le sherpa en di-sant qu'on aurait intérêt à êtreles premiers à faire quelquechose, parce que ça rapporteraitdu business. Il a foncé. On a missix mois à mettre ça en place,chiffre les coûts et demande uneparticipation aux clients. Et beau-

coup nous ont choisis pour ça. D'ailleurs,le porteur qui mange et dort bien portemieux, il souffre moins, il a le sourire, ilinteragit plus facilement avec le voyageur.Qui est plus à l'aise pour aller le voir.Emissions de CO2, choc culturel,déchets, utilisation de l'énergie... ensomme, faut-il continuer à voyager?La réponse est oui ! Il faut se bagarrer pourque les voyageurs soient de plus en plusresponsables, sans les culpabiliser.Pourquoi les pyramides et les templessont-ils encore debout? Parce qu'ils sontune source d'argent. Ces pierres, sinon,auraient servi à construire des maisons.Si elles deviennent un gagne-pain pourles locaux, ils ont intérêt ales protéger. J'aitravaillé à un projet en Afrique centralesur des créations de réserve, l'enjeu étaitde transformer les populations locales engardiens de ce jardin d'Eden. Il suffit qu'ilscomprennent qu'ils gagnent davantage àprotéger qu'à braconner. Le touriste peut £être un acteur décisif en préservant un Ipatrimoine essentiel à l'humanité • <