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Toureille V. (dir.), Guerre et société 1270-1480 1 Toureille V. (dir.), Guerre et société 1270-1480, Paris, 2013 Introduction Nécessité d’appréhension de guerre comme phénomène global. Durant derniers siècles du Moyen Age importance de convocation par guerre d’ensemble des acteurs de vie sociale (princes combattants, hommes d’Eglise, paysans et citadins). Importance de modification et de structuration des institutions politiques, militaires ou judiciaires par guerre. Par ailleurs bouleversement d’économie, mais aussi stimulation de certains secteurs d’activité et encouragement des innovations techniques, notamment artillerie à poudre. Guerre a renouvelé production intellectuelle sur éthique, droit ou modèles culturels des combattants ainsi qu’iconographie. Importance de polémique et propagande autour de guerre. Guerre a sollicité plupart des Etats ou royaumes d’Europe médiévale. Importance qu’entre fin du XIIIème et fin du XVème siècle guerre est devenue chose ordinaire. De même elle revêt plus grande intensité qu’auparavant. Opposition récurrente entre France et Angleterre. Opposition indirecte (guerres de Flandre ou d’Ecosse, de succession de Bretagne ou Espagne etc…) ou frontale (guerre de Cent Ans). Importance de fait que pendant plusieurs générations quotidien est rythmé par guerre. Néanmoins, guerre n’est pas permanente et pas de combat lors des saisons froides, mais possibilité omniprésente de coups de main et sièges continuent en hiver. Importance numérique des trêves, mais souvent ce sont seulement « paix fourrées » pour préparer combats futurs. Par ailleurs problème des trêves puisque pendant ces moments licenciement des hommes de guerre donc ces derniers sont en quête de subsistance. Sujet sur guerre marque retour de guerre dans débats historiographiques. Importance des apports des historiens français et anglo-saxons à étude de guerre. Par ailleurs importance d’apport d’archéologie expérimentale. Historiographie Importance au XIXème siècle de l’« histoire bataille ». Même si décriée durant XXème siècle, elle n’est pas abandonnée, mais profondément renouvellement de lecture d’ « histoire bataille », notamment grâce à apports des sciences auxiliaires ou des sciences sociales. Importance d’apport de Contamine, notamment sa synthèse La guerre au Moyen Age en 1980. Du côté anglo-saxon importance des études de Keen, Prestwitch, Allmand, Vale, Curry notamment. De fait importance de renouveau historiographique autour des nobles, de culture nobiliaire et de culture de guerre. Dépassement de vision de noblesse comme classe sociale désuète pour mettre en évidence cohérence entre modèles et pratiques. De même importance de lecture renouvelée autour de littérature de guerre. Enfin, importance des travaux sur comportements et usages guerriers, que ce soit à partir de considérations économiques (question de rançon) ou anthropologiques (réflexions sur motivations, émotions combattant, courage, peur, attitude face à mort etc… Sources matérielles et archéologiques Importance d’archéologie et d’iconographie comme sources majeures de renouvellement des connaissances sur armes et structures fortifiées. Un intérêt ancien pour les armes : Début d’étude sur armes des derniers siècles du Moyen Age depuis environ milieu du XIXème siècle. Importance des collections des musées publics, notamment pièces issues d’anciennes collections princières. Toutefois, celles-ci ne sont pas réellement représentatives de réalité du plus grand nombre de combattants. Armes conservées antérieures à 1450 sont rares et aux origines souvent controversées puisque souvent armes faites en partie en matériaux périssables, notamment bois ou cuir.

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Toureille V. (dir.), Guerre et société 1270-1480, Paris, 2013 Introduction Nécessité d’appréhension de guerre comme phénomène global. Durant derniers siècles du Moyen Age importance de convocation par guerre d’ensemble des acteurs de vie sociale (princes combattants, hommes d’Eglise, paysans et citadins). Importance de modification et de structuration des institutions politiques, militaires ou judiciaires par guerre. Par ailleurs bouleversement d’économie, mais aussi stimulation de certains secteurs d’activité et encouragement des innovations techniques, notamment artillerie à poudre. Guerre a renouvelé production intellectuelle sur éthique, droit ou modèles culturels des combattants ainsi qu’iconographie. Importance de polémique et propagande autour de guerre. Guerre a sollicité plupart des Etats ou royaumes d’Europe médiévale. Importance qu’entre fin du XIIIème et fin du XVème siècle guerre est devenue chose ordinaire. De même elle revêt plus grande intensité qu’auparavant. Opposition récurrente entre France et Angleterre. Opposition indirecte (guerres de Flandre ou d’Ecosse, de succession de Bretagne ou Espagne etc…) ou frontale (guerre de Cent Ans). Importance de fait que pendant plusieurs générations quotidien est rythmé par guerre. Néanmoins, guerre n’est pas permanente et pas de combat lors des saisons froides, mais possibilité omniprésente de coups de main et sièges continuent en hiver. Importance numérique des trêves, mais souvent ce sont seulement « paix fourrées » pour préparer combats futurs. Par ailleurs problème des trêves puisque pendant ces moments licenciement des hommes de guerre donc ces derniers sont en quête de subsistance. Sujet sur guerre marque retour de guerre dans débats historiographiques. Importance des apports des historiens français et anglo-saxons à étude de guerre. Par ailleurs importance d’apport d’archéologie expérimentale. Historiographie Importance au XIXème siècle de l’« histoire bataille ». Même si décriée durant XXème siècle, elle n’est pas abandonnée, mais profondément renouvellement de lecture d’ « histoire bataille », notamment grâce à apports des sciences auxiliaires ou des sciences sociales. Importance d’apport de Contamine, notamment sa synthèse La guerre au Moyen Age en 1980. Du côté anglo-saxon importance des études de Keen, Prestwitch, Allmand, Vale, Curry notamment. De fait importance de renouveau historiographique autour des nobles, de culture nobiliaire et de culture de guerre. Dépassement de vision de noblesse comme classe sociale désuète pour mettre en évidence cohérence entre modèles et pratiques. De même importance de lecture renouvelée autour de littérature de guerre. Enfin, importance des travaux sur comportements et usages guerriers, que ce soit à partir de considérations économiques (question de rançon) ou anthropologiques (réflexions sur motivations, émotions combattant, courage, peur, attitude face à mort etc… Sources matérielles et archéologiques Importance d’archéologie et d’iconographie comme sources majeures de renouvellement des connaissances sur armes et structures fortifiées. Un intérêt ancien pour les armes : Début d’étude sur armes des derniers siècles du Moyen Age depuis environ milieu du XIXème siècle. Importance des collections des musées publics, notamment pièces issues d’anciennes collections princières. Toutefois, celles-ci ne sont pas réellement représentatives de réalité du plus grand nombre de combattants. Armes conservées antérieures à 1450 sont rares et aux origines souvent controversées puisque souvent armes faites en partie en matériaux périssables, notamment bois ou cuir.

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Archéologie de la bataille et de la fortification : Importance d’archéologie à trois niveaux : analyse en laboratoire des armes, application de méthode stratigraphique à fouille des champs de bataille et renouvellement des connaissances sur fortifications urbaines. Nomenclature et typologie des armes fixées durant XIXème siècle. Importance de découverte de projectiles et cartographie des découvertes a permis de mieux comprendre déroulement des sièges. Importance des fouilles de champs de bataille qui ont livré données pour étude du déroulement des combats et d’archéo-anthropologie des inhumations militaires. Importance des connaissances sur techniques de combat grâce à étude des lésions traumatiques sur les cadavres. De fait désormais on sait que combattants aguerris par multiples combats étaient victimes de blessures répétées, mais beaucoup survivaient. Forte probabilité que combattants aient reçu soins chirurgicaux. Dans même temps fouilles des sites castraux ont permis de faire progresser connaissances sur organisation de chantier et méthodes de construction ainsi que chronologie mise en défense. En ville pendant longtemps difficulté et peu d’intérêt pour étude des remparts. Toutefois, récemment importance fouilles de sauvetage, notamment Lille et Strasbourg, ce qui a permis d’en apprendre plus sur évolution topographique et chronologique des villes. Importance du bois dans architecture militaire de fin du Moyen Age.

Apports et limites des données iconographiques : Durant derniers siècles du Moyen Age, représentations figurées obéissent à conventions donc possibilité d’utiliser iconographie comme source, notamment enluminure et sculpture funéraire, pour étude d’armement individuel et collectif. Toutefois, problème qu’iconographie ne peut pas servir pour datation des armes puisque importance d’écart entre usage et représentation.

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1270-1337 Les guerres anglo-galloises, anglo-écossaises et la situation en Irlande En 1259 Henri III d’Angleterre prête hommage lige à Louis IX de France pour fiefs d’Aquitaine. Cela fait suite à signature de traité de Paris entre France et Angleterre. Dès lors affirmation de roi d’Angleterre comme vassal du roi de France. La guerre au sein des îles britanniques Vers 1290 population de royaume d’Angleterre équivaut à environ 4 millions d’habitants. A même époque Pays de Galles compte 300.000 habitants, Ecosse 800.000 et Irlande environ 1,3 million. La conquête du Pays de Galles par Edouard Ier : Pays de Galles est divisé en deux espaces politiques, Marches (est et sud) dominées par seigneurs anglo-normands et ouest où maintien d’organisation socio-politique galloise. Vers 1250-1260 installation de Llewelyn ap Gruffydd comme prince de Galles.

Toutefois, existence de mécontents suite à arrivée de Llewelyn au pouvoir, notamment frère Dafydd et seigneurs anglo-normands. De ce fait impossibilité pour lui de payer somme due annuellement à Angleterre et ne va pas prêter hommage au roi d’Angleterre. En réponse déclaration de guerre par Edouard Ier d’Angleterre en 1276. Début de guerre en 1277 avec attaques des barons des Marches. Lancement de campagne par Edouard Ier en 1277 avec 3.000 et reçoit renforts de 9.000 hommes. Soumission de Llewelyn avant fin d’année 1277. Obligation d’hommage envers roi d’Angleterre. Toutefois, caractère éphémère de paix puisque déclenchement de révolte générale en 1282. Bataille d’Irfon Bridge le 11 décembre 1282 durant laquelle meurt Llewelyn ap Gruffydd. Continuation de révolte par Dafydd ap Gruffydd, mais capture de ce dernier en 1283. Importance de caractère très inégal du combat entre princes gallois et Angleterre.

Dès 1277 début de construction de plusieurs sites forts par Edouard Ier avec présence de château puissant ainsi que ville neuve pour accueil de colons anglais. En 1283 complément de réseau avec châteaux de Caernarfon ou Conwy. Terres anciennement sous contrôle des princes gallois sont divisées en 4 comtés, confiés à shérifs dépendant de justicier de Galles du Nord. Consignation de nouvelle organisation à travers statut de Rhuddlan en 1284. Importance de fait que souvent noblesse, comme population, rejoint rangs d’armée anglaise. Nouvelles dispositions pour contrôle du Pays de Galles fait des mécontents et révolte d’aristocrate Rhys ap Maredudd en 1287. Capture en 1288 et exécution en 1292. En 1294 importance de révolte de grande ampleur du fait de collecte d’impôt pour faire guerre en France. Victoire anglaise lors de bataille de Maes Moydog le 5 mars 1295. Suite à cela nomination de futur Edouard II comme prince de Galles. Paix sur Pays de Galles durant ensemble du XIVème siècle.

Les guerres anglo-écossaises : Règne d’Alexandre III d’Ecosse (1249-1286) est marqué par relations pacifiques avec Angleterre. De fait mariage avec fille d’Henri III d’Angleterre ainsi qu’hommages en 1251 et 1278 pour possessions anglaises. Toutefois, mort d’Alexandre III en 1286. Reconnaissance de petite-fille d’Alexandre III, Marguerite, comme héritière et durant minorité mise en place d’un collège de 6 « gardiens ». En 1289 accord pour mariage de Marguerite avec fils d’Edouard Ier, mais échec du fait de mort prématurée de Marguerite. De ce fait ouverture large de succession. Choix d’Edouard Ier comme arbitre. Ce dernier oblige prétendants à reconnaissance de suzeraineté d’Angleterre sur Ecosse lorsqu’il deviendrait roi. Au terme de Grande Cause choix de John Balliol comme nouveau roi d’Ecosse en 1292. A partir de ce moment il est traité comme vassal par Edouard Ier avec, notamment, obligation pour lui d’envoyer troupes lors de guerre de Guyenne. Refus de John Balliol et peu après, en 1295, conclusion d’alliance (la Auld Alliance) avec France. Continuation de Auld Alliance jusqu’en 1560.

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Hostilités entre Ecosse et Angleterre commencent en 1296 par raid écossais. Contre-attaque d’Edouard Ier avec prise de Berwick puis entame de siège de Dunbar. Envoi d’armée écossaise au secours du siège. Bataille de Dunbar le 27 avril 1296 et victoire anglaise. Par la suite prise de Roxburgh et Jedburgh par Edouard Ier. Peu après soumission et capture de John Balliol qui reste prisonnier jusqu’en 1299. Au moment où domination d’Edouard Ier sur Ecosse, début de révolte par William Wallace en mai 1297. Ralliement de nombreux barons, notamment William Douglas, James Stewart et Andrew Murray puis siège de Dundee avant de se diriger vers Stirling. Là victoire contre armée lors de bataille de Stirling Bridge, le 11 septembre 1297. Dans foulée il ravage province anglaise de Northumberland. Commandement personnel d’expédition par Edouard Ier avec environ 28.000 hommes. Victoire anglaise à Falkirk, le 22 juillet 1298. Durant bataille importance de fait qu’archers anglais ont réussi à briser formation serrée, les schiltroms, des piquiers écossais. Fuite de Wallace en France avec nombreux nobles. Remplacement en tant que gardiens du royaume par John Comyn et Robert Bruce. Reprise de Caerlaverock et Stirling en 1300. Reconquête de Caerlaverok par Edouard Ier peu après. Peu après conclusion d’une trêve du fait de désertions massives dans les rangs anglais. En 1301 reprise des hostilités avec attaque anglaise contre château de Bothwell et raid d’Edouard prince de Galles (futur Edouard II) dans sud-ouest d’Ecosse. Trêve en 1302. En 1303 siège des château de Brechin et campagne dans centre d’Ecosse avant de faire siège de Stirling en 1304. Toutefois, problème de coût important de campagne du fait de fortes garnisons anglaises dans châteaux écossais. En 1305 capture de William Wallace et organisation d’administration d’Ecosse par Parlement anglais.

Lutte de Robert Bruce contre Edouard Ier entre 1297 et 1302 puis ralliement vers roi anglais, notamment avec participation à siège de Stirling en 1304. Toutefois, en 1306 il se fait couronner roi d’Ecosse sous nom de Robert Ier. Début de règne difficile puisque battu dans escarmouches et se réfugie en Irlande. Importance de mort d’Edouard Ier en 1307. Robert Ier en profite pour attaquer ennemis dans nord d’Ecosse. Réaction d’Edouard II en 1310 avec envoi d’armée, mais échec puisque Robert Ier évite les batailles. Edouard II reste à Berwick jusqu’en 1311 et Ecossais en profite pour lancer raid contre nord d’Angleterre. Contexte anglais favorable du fait des dissensions entre Edouard II et noblesse anglaise. Pendant ce temps obtention de redditions des forteresses anglaises en Ecosses, notamment Dundee, Dumfries, Perth, Roxburgh et Edimbourg. En avril 1314 début de siège de Stirling. Envoi d’armée de secours par Edouard II, mais victoire écossaise lors de bataille de Bannockburn, le 23 juin 1314. Importance de retentissement de bataille. Dans la foulée Robert Ier récupère Stirling et Bothwell.

A partir de 1311 importance de pression écossaise sur comtés de nord d’Angleterre. Exemples avec raids de Robert Ier autour de Lanercost puis dans le Northumberland entre août et septembre 1311. Du fait d’absence de secours de la part d’Edouard II habitants de nord d’Angleterre commencent à acheter des trêves. Suite à Bannockburn Anglais commencent à pénétrer plus profondément en Angleterre grâce à utilisation de cavaliers légers montés sur roncins et haquenées. Ils sont suivis par valets à pied qui s’occupent de pillage. En avril 1318 capture de Berwick par Ecossais grâce à trahison. A ce moment plus de places fortes anglaises en Ecosse. Dans la foulée attaque en Angleterre avec incendie de Boroughbridge. Année suivante attaque du Yorkshire. Défense d’archevêque d’York avec troupe locale lors de bataille de Myton-on-Swale (12 septembre 1319), mais défaite. En 1322 reprise de guerre avec grande intensité puisque incendie d’évêché de Durham. Dans même temps fin de guerre civile en Angleterre avec défaite des rebelles. Robert Ier Bruce en profite pour piller région de Carlisle et incendier le Lancashire. En août 1322 pénétration d’Edouard II en Ecosse avec 20.000 hommes. Le 14 octobre 1322 bataille de l’abbaye de Byland avec défaite anglaise. Dans la foulée pillage d’est du Yorkshire. Suite à cela conclusion de trêve 13 ans en 1323. Renouvellement d’alliance franco-écossaise en 1326.

Dès 1327 Roger Mortimer (assassin d’Edouard II et nouvel homme fort du pouvoir anglais) dirige expédition contre Ecosse, mais échec du fait de refus des Ecossais pour bataille ouverte. Peu après conclusion de traité de Northampton en 1328 avec renonciation des Anglais dans prétentions sur Ecosse et reconnaissance de pouvoir de Robert Ier Bruce. D’autre côté obligation pour Ecossais de payer pour ravages en Angleterre.

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Mort de Robert Ier Bruce en 1329. Edouard III cherche à jouer de nouveau rôle en Ecosse à travers parti des Deshérités, nobles écossais et anglais ayant perdus biens en Ecosse depuis 1314. De fait débarquement d’armée d’Edouard Balliol, allié d’Edouard III, en 1332. Bataille entre Ecossais d’Edouard Balliol et de Robert II Bruce à Dupplin Moor, le 11 août 1332. Défaite d’armée royale écossaise du fait de formation novatrice. De fait hommes d’armes combattent à pied et disposition des archers sur flanc. Peu après couronnement d’Edouard Balliol comme roi d’Ecosse, mais peu après il manque de se faire capturer. Dès lors intervention directe d’Edouard III. En 1333 armées anglaise conduites par Edouard Balliol et Edouard III pénètrent en Ecosse pour prendre Berwick. Arrivée d’armée écossaise de secours et bataille de Halidon Hill le 19 juillet 1333. Importance de victoire d’Edouard III. Edouard Balliol cède 8 comtés de sud d’Ecosse à Angleterre, notamment Roxburgh et Berwick, et fait allégeance à Edouard III.

Importance d’exil de David II, nouveau roi mineur, en France en 1334. Dès été 1334 obligation pour Balliol de se replier à Berwick du fait de révolte. A fin d’année 1334 expédition d’Edouard III, mais retour en Angleterre au début d’année 1335 sans réel gain. Peu après préparation d’expédition importante avec environ 13.000 hommes engagés dont environ 3.000 archers montés. Importance de pillage de pays autour de Glasgow par Edouard III. Toutefois, il demeure que faibles résultats militaires d’expédition. Importance de soutien de Philippe VI de France envers résistance écossaise grâce notamment à envoi d’argent, vivres et armes. Par la suite Edouard III fait 3 incursions en Ecosse avec objectifs limités. De fait plus de volonté de conquérir Ecosse, mais uniquement défendre territoires acquis en 1334 du fait d’ouverture de conflit avec France. L’activité guerrière en Irlande : Entre Jean sans Terre en 1210 et Richard II en 1394 absence de voyage de roi d’Angleterre en Irlande. Seigneurie anglaise repose sur quelques officiers royaux et sur aristocratie anglo-normande. Vers milieu XIIIème siècle environ 2/3 d’île sous domination anglaise. Equilibre menacé uniquement lors d’expédition des frères Bruce entre 1315 et 1318. Même si échec, importance de fragilisation de présence anglaise sur long terme. Importance de phénomène de « résurgence gaélique » dans contexte de guerre endémique.

De fait suite à victoire de Bannockburn, intérêt des frères Bruce pour Irlande, notamment du fait de présence de certains de leurs ennemis écossais. De fait, en 1315 Edouard Bruce, frère de Robert, débarque en Irlande et se déclare comme roi d’Irlande et est reconnu comme tel par plusieurs chefs gaéliques. Bataille de Connor, le 10 septembre 1315, dans laquelle il défait Richard de Burgh. Durant hiver 1315 victoire durant bataille rangée, mais armée écossaise souffre de famine. Retour en Ulster et reddition de Carrickfergus en septembre 1316. Au début d’année 1317 arrivée d’armée de renfort écossaise commandée par Robert Ier Bruce. Menace de Dublin puis expédition jusqu’à Limerick avec à ses côtés armée de justicier d’Irlande Edmund Butler. Retour en Ulster d’armée écossaise. Importance de bataille de Dundalk, le 14 octobre 1318, avec victoire des Anglo-Irlandais et mort d’Edouard Bruce. Dès lors Ecossais sont chassés du pays.

Importance de caractère d’était endémique de guerre en Irlande. A partir de 1272 utilisation d’expression de « terre de guerre » pour désigner zones dominées par « Irlandais sauvages ». Présence de 4 types de conflit dans contexte politique très instable. Importance de pillage comme source de profit indispensable pour tributs gaéliques. Troupes composées de cavaliers nobles montés sur petits chevaux sans selles et équipés d’armure, épée et long javelot. Parmi troupes piétonnes importance des galloglass, mercenaires écossais équipés de haubert et hache actifs en Ulster et Connacht à partir du XIIIème siècle. Outre cela kerns étaient piétons ordinaires pieds nus et sans casque avec juste bouclier, épée, lance ou arc court. Face aux attaques mobilisation en masse des hommes entre 15 et 60 ans. A partir de 1295 importance d’expédition quasi-annuelle menée par justicier d’Irlande. Expéditions courtes (entre 1 et 8 semaines), mais présence de quelques centaines de combattants. Exemple de 1308 où présence d’environ 800 hommes. En Irlande présence beaucoup plus forte des hobelars (cavaliers légers) que des hommes d’armes. Solde des armées était dépense principale d’administration. Possibilité pour que soldats irlandais servent hors d’Irlande. Exemple de Donal MacMurrough qui est élu roi du Leinster en 1328 puis se retrouve dans armée anglaise en Ecosse en 1335. Deuxième type de conflits entre barons anglo-irlandais et chefs gaéliques. De fait mort de Richard de Clare

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lors de bataille de DysertO’Dea contre clan O’Brien et alliés en 1318. Toutefois, oppositions entre barons anglo-irlandais et chefs gaéliques ne sont pas nécessairement frontales. De fait existence de parentés et alliances entre barons anglo-irlandais et chefs gaéliques. Importance de fin de certains lignages anglo-irlandais importants au cours du XIVème siècle. Par ailleurs problème d’absentéisme des barons anglais qui privilégient possessions anglaises. En outre importance de guerre privée entre les barons anglo-irlandais. Exemple en 1294 avec guerre entre John Fitz Thomas et William de Vesci. Par ailleurs fréquence des révoltes contre les officiers royaux. Exemple en 1309 avec révolte de Maurice de Caunteton. Enfin, encore plus de divisions au sein de société gaélique. Existence de partage entre frères et parfois querelles sont attisées par Anglais. Les guerres d’Aquitaine et de Flandre Les rapports complexes des monarchies française et anglaise : Suite à règlement de conflit anglo-français en 1259, rapports entre France et Angleterre tendent à s’apaiser. De fait avec traité de Paris Henri III renonce à droits sur Normandie, Anjou, Touraine etc… en échange de fiefs en Limousin, Quercy et Périgord. Par ailleurs obligation pour roi d’Angleterre de prêter hommage au roi de France. Toutefois, importance des possibles conflits, notamment autour des appels gascons qui font que certaines personnes se soustraient à juridiction de roi d’Angleterre. Par ailleurs, ouverture de nouveaux points de discorde avec mariage d’Edouard Ier et héritière de comté de Ponthieu ainsi que recherche d’alliance entre Angleterre et noblesse flamande et rhinoise.

La guerre en Aquitaine : En 1293 convocation de roi d’Angleterre devant tribunal à Paris du fait de différend en Aquitaine. Peu après décision de Philippe IV de France d’effectuer commise de fief d’Aquitaine en 1294. Dès lors Edouard Ier se sent délié de ses obligations vassaliques envers roi de France et prépare contre-attaque. Volonté de chacun de contracter alliances. Alliances d’Angleterre avec roi des Romains et comte de Flandre alors que France se lie avec comte de Bourgogne et duc de Lorraine. De fait débarquement d’armée anglaise en octobre 1294 et elle remporte plusieurs succès, notamment prises de Castillon, de Boug, Blaye et Bayonne avant fin d’année 1294. Envoi d’armée française et quelques succès, notamment reprise de Podensac et Rions. Du fait de problèmes en Ecosse, reprise d’offensive anglaise en 1296, mais échec lors de siège de Dax. Dès lors Edouard Ier est confronté à problèmes internes autour de financement de guerre et participation de noblesse aux combats sur continent. De fait il obtient argent nécessaire, mais est forcé de recruter troupes locales en Gascogne. Début d’année 1297 bataille de Bonnegarde (2 février 1297) et défaite anglaise ce qui marque fin des opérations militaires en Aquitaine. Signature de trêves à partir de 1297 et ce jusqu’en 1303 et traité de Paris qui ramène paix entre France et Angleterre avec retour au statu quo ante. Pendant intervalle importance d’action diplomatique de Boniface VIII et des mariages royaux entre France et Angleterre. Importance également des hostilités en Flandre et notamment bataille de Courtrai, le 11 juillet 1302. Durant conflit importance des difficultés matérielles et logistiques pour chaque belligérant, notamment autour de recrutement des troupes, paiement et ravitaillement ainsi que communications.

Les guerres de Flandre : A partir de 1297 importance de Flandre comme nouveau champ de bataille entre France et Angleterre. De fait importance de rapprochement entre comte de Flandre, Guy de Dampierre, et Angleterre du fait de mécontentement suite à ingérence de Philippe le Bel dans relations entre comte et villes de Flandre ainsi que des relations économiques fortes entre Flandre et Angleterre. Signature d’alliance entre Guy de Dampierre et roi d’Angleterre en 1297. Philippe le Bel ordonne confiscation du comté. A été 1297 prises de Béthune, Seclin et Orchies par armée française. Siège de Lille et dans même temps troupes françaises terrorisent la région. Victoire française lors de bataille de Furnes le 20 août 1297. Peu après négociation de trêve, renouvelée jusqu’au début d’année 1300. Peu après expiration de trêve prise de Gand et capture de Guy de Dampierre. Toutefois, soulèvement de population de Gand en 1302. Extension peu après à Bruges. Dès lors révoltés entreprennent reconquête de Flandre. Importance de défaite française lors de bataille de Courtrai, le 11 juillet 1302. Campagne française de 1303 ne permet pas de reprendre avantage. Retour de victoire française avec bataille de Mons-en-Pévèle le 18 août 1304. Signature de traité

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d’Athis-sur-Orge en juin 1305 avec obligation pour villes flamandes d’abattre leurs murs et de payer forte somme d’argent. Conservation des châtellenies de Lille, Douai et Béthune par roi de France. En 1314 importance de révolte dans les Flandres avec prise de Courtrai et siège de Lille. Signature de traité en 1316 avec retour au statu quo ante, mais avec aggravation des pénalités financières pour villes flamandes.

La reprise des tensions entre France et Angleterre au début du XIVème siècle : Avec traité de Paris en 1303 et mariages royaux certaine paix entre France et Angleterre, mais tensions demeurent. Avènement de Charles IV en 1322 voit détérioration des relations franco-anglaises, notamment du fait d’influence forte de Philippe de Valois. Importance des questions autour d’hommage d’Edouard II à Charles IV, appels de plus en plus fréquents des Gascons envers Paris. Suite à différend autour de monastère de Saint-Sardos (propriété française située en territoire anglais), proclamation de semonce en 1324 et décision de confiscation de Guyenne et du Ponthieu par Charles IV. Conquête d’Agennais et de Saintonge par Français lors de « guerre de Saint-Sardos ». Paix en 1325, mais situation demeure complexe. Entre ce moment et début de guerre de Cent Ans Aquitaine connaît « guerre froide » avec nombreux sièges, escarmouches, trêves et traités. Dans même temps situation confuse en Flandre du fait d’agitation sociale du fait des difficultés économiques et des rivalités entre villes. De fait plusieurs révoltes en 1322 pour nouveau comte, Louis de Nevers. Il fait appel à roi de France pour mater révoltés, ces derniers traitant en même temps avec Angleterre. Victoire française contre rebelles flamands lors de bataille de Casse, le 23 septembre 1328. Accroissement des tensions suite à arrivée au pouvoir de Philippe VI de Valois puisqu’il veut mettre en place souveraineté sur Aquitaine. Il reçoit hommage d’Edouard III pour Aquitaine en 1329. Contacts d’Edouard III avec noblesse gasconne et Gaston de Foix pour alliances. Importance de montée des tensions en 1336 suite à transfert de flotte française depuis Marseille vers Normandie. Négociations n’aboutissent pas et guerre devient quasiment inévitable. 1337 – 1453 La première phase de la guerre de Cent Ans et la guerre de succession de Bretagne (1337- c. 1396) Mort de Charles IV en 1328 puis élévation de Philippe VI de Va lois, régent, sur trône de France. Malgré possibilité légitime et dynastique de possibilité d’accession au trône d’Edouard III, reconnaissance de Philippe VI par ce dernier. En 1329 Edouard III prête hommage pour possessions en France. Peu à peu accumulation des griefs entre France et Angleterre puisque soutien d’indépendance écossaise par France, travail de sape des Français sur autorité des officiers anglais en Aquitaine et début de raids maritimes. En 1337 décision d’Edouard III de mener guerre contre France. Déclaration de confiscation d’Aquitaine et Ponthieu par France. La première phase de la guerre de Cent Ans (1337-1399) Les manœuvres d’encerclement d’Edouard III (1337-1343) : En 1337 opérations françaises contre Aquitaine sont limitées. Volonté d’Edouard III de former coalition contre France avec appui de comte de Hainaut. Début des opérations terrestres en 1339. De fait décision de neutralité de Flandre, dont comte est allié de France, en 1338 du fait d’embargo anglais sur laine. En 1339 attaque de Cambrai par armée anglaise, 15.000 hommes (anglais et alliés). Echec des assauts, mais ravage de pays alentour. Entrée des Anglais dans royaume de France à fin d’année 1339 puis repli vers Bruxelles. Départ d’Edouard III pour Angleterre. En 1340 lancement d’expédition française contre Hainaut. Importance de bataille de l’Ecluse, 24 juin 1340 avec lourde défaite française. Attaque de Saint-Omer par Robert d’Artois, prince français aux services des Anglais, mais échec. Siège de Tournai par Edouard III. Du fait de difficultés financières départ d’Edouard III grâce à conclusion de trêves.

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A partir de 1341 importance de conflit de succession dans duché de Bretagne. De fait conflit entre Charles de Blois et Jean de Montfort. Ce dernier agit vite et prend contrôle de plusieurs villes et châteaux et part chercher soutien d’Angleterre. Soutien de France à Charles de Blois. Envoi d’armée royale française et prise de Nantes avec capture de Jean de Montfort. Continuation de lutte et soutien d’Edouard III qui envoie quelques troupes puis est à tête d’expédition militaire d’environ 3.500 hommes. Prise de Brest, mais échec devant Vannes et départ de Bretagne en 1343. A cette époque importance de complexité politique de Bretagne avec nombreuses garnisons hostiles entre elles.

Le cycle des victoires anglaises (1345-1352) : Suite à arrivée d’Henry de Grosmont en Guyenne en 1345 changements dans opérations puisque prise de Bergerac. Attaque d’armée française et bataille qui est favorable à Anglais. Poursuite des conquêtes anglaises dans vallée de Garonne où plusieurs localités se rallient à Angleterre. Dans même temps ralliement de localités d’Agenais aux Anglais sauf Agen et Port-Saint-Marie. Chevauchée d’Henry de Grosmont en septembre 1346 avec prise et garnison de Saint-Jean-d’Angély et pillage de Poitiers.

Pendant ce temps débarquement par surprise d’Edouard III en Normandie. Pillage de Saint-Lô, assaut et mise à sac sur Caen. Descente vers Seine puis remonte vers Nord, près de Crécy. Philippe VI accepte bataille, mais très forte défaite lors de bataille de Crécy le 26 août 1346. Siège de Calais peu après. Dans même temps en Ecosse importance de lourde défaite d’armée de David II d’Ecosse à Neville’s Cross le 17 octobre 1346 avec capture du roi d’Ecosse. Au cours d’été 1347 reddition de Calais.

Retour de Jean de Montfort en Bretagne en 1345, mais meurt peu après. Dès lors défense des intérêts de fils de Jean de Montfort par Edouard III, notamment par envoi de soldats. Capitaine anglais, Thomas Dagworth, gagne à deux reprises contre armée de Charles de Blois, notamment à bataille de Roche-Derrien le 9 juin 1346. Par ailleurs victoire des Anglo-Normands lors de bataille de Mauron, le 14 août 1352. Le royaume de France à la merci de ses ennemis (1355-1360) : Après prise de Calais existence de nombreuses trêves et à partir de 1353 négociations pour paix définitive. Toutefois, échec des négociations et reprise de guerre en 1355. De fait dès novembre 1355 conduite d’expédition par Edouard III, mais avance peu. En revanche, importance de grande réussite de chevauchée de son fils, Edouard de Woodstock (le « Prince Noir »). Pillage d’Armagnac, Astarac, Toulousain et incendient de Carcassonne et Narbonne. En 2 mois pillage d’environ 500 localités dont douzaine de villes fortifiées et gros butin. Au début d’année 1356 relance de chevauchées par Anglais notamment à partir de Normandie et Aquitaine. Commandement de cette dernière par Prince Noir. Départ de Bergerac, passage dans Limousin, Marche, Berry puis Touraine. Incapacité de franchir Loire et rattraper par armée française de Jean II le Bon à Poitiers. Bataille de Poitiers le 19 septembre 1356. Importance de victoire anglaise et capture de Jean II le Bon. Dans la foulée Prince Noir prend certaines forteresses et assiège Rennes.

Après bataille de Poitiers formation de plusieurs groupes de gens de guerre, quasi autonomes. Exemple de celle d’Arnaud de Cervole. De fait à demande de Charles, fils de Jean II, il dirige troupe de Gascons à travers Provence durant années 1357. Importance de grande confusion dans régions de Seine à Somme . Vers est, notamment Champagne, importance des raids de gens de guerre venus d’Empire. Exemple avec troupe menée Eustache d’Auberchicourt, vaincue en 1359. Peu après régent Charles et roi de Navarre signent paix de Pontoise qui améliore situation en Ile-de-France.

Début novembre 1359 importance de lancement de dernière grande chevauchée d’Edouard III. Départ de Normandie, siège de Reims (avec volonté de s’y faire couronner) mais échec. Par la suite départ pour Bourgogne où il obtient forte rançon. Départ pour Paris où villages environnants sont pillés. Fin d’expédition au début d’année 1360 et relatif échec ce qui amène Edouard III à vouloir paix.

Négociation et signature de paix à Brétigny au cours d’année 1360. Jean II le Bon doit payer rançon et, en attendant, fournir 80 otages. Renonciation au titre de roi de France par Edouard III, mais gagne Poitou, Saintonge, Limousin,

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Périgord, Agenais, Quercy, Rouergue et Bigorre. Le temps des Grandes Compagnies (1360-1368) Dès été 1360 problème de démobilisation des 120 garnisons anglaises en France. Une fois paiement d’évacuation payée certaines troupes retournent en Angleterre, d’autres partent en Bretagne (où guerre continue), mais plupart restent en France mais à leur propre compte. De fait à automne déjà 12.000 hommes en Bourgogne. Peu après descente d’une partie vers Languedoc à fin d’année 1361. Au début d’année 1362 Grandes Compagnies envahissent région lyonnaise et s’installent à Brignais. Combat entre Grandes Compagnies et noblesse locale alliés aux officiers royaux, mais large défaite. Dès lors autorités s’en remettent à mercenaires espagnols commandés par Henri de Trastamare. Bataille de Montpensier le 5 juin durant laquelle il gagne contre plusieurs compagnies. Peu après plusieurs capitaines de compagnies acceptent, moyennant paiement, de quitter Auvergne pour Espagne. Plusieurs de ces dernières sont recrutés par Gaston Fébus, comte de Foix, et Jean Ier d’Armagnac pour participer à bataille de Launac, le 5 décembre 1362. Importance de victoire de comte de Foix. Au cours d’année 1364 importance de pillage de Berry et Bourbonnais par troupe de John Amory. Au nord de Loire principal danger était garnisons fidèles au roi de Navarre en Normandie, alliés à certaines compagnies. Importance de victoire de Bertrand du Guesclin sur ces dernières lors de bataille de Cocherel, 16 mai 1364. Toutefois, dans même temps mort de Charles de Blois, prétendant allié du roi de France, lors de bataille d’Auray, le 29 septembre 1364. De fait Jean IV de Montfort devient duc de Bretagne.

En mars 1365 conclusion de paix entre France et Navarre ce qui conduit à évacuation de toutes les garnisons navarraises. Pour canaliser gens de guerre, Arnaud de Cervole est mis à la tête de croisade terrestre contre Turcs, mais échec puisque troupes rebroussent chemin sur le Rhin. Toutefois, projet plus porteur de Du Guesclin et Hugh Calverley pour croisade. Regroupement de 10.000 officiellement pour croisade contre Sarrasins en Espagne, mais plutôt pour soutien d’Henri de Trastamare dans lutte contre Pierre le Cruel. En 1366 Henri devient roi de Castille. Dans la foulée Pierre le Cruel va chercher secours en Aquitaine. Départ d’armée du Prince Noir avec Anglais, nobles aquitains et 30 capitaines de compagnies vers Castille. Victoire de ces troupes contre celles d’Henri de Trastamare et Du Guesclin lors de bataille de Najera, 6 avril 1367. Démobilisation des troupes aquitaines et ces dernières pénètrent en Auvergne. Au cours d’année 1368 ils sillonnent Bourgogne, Champagne puis Gâtinais. Par la suite troupes gasconnes partent vers Touraine alors qu’Anglais s’établissent en Normandie et Anjou pour rançonner duc de Bretagne. La reconquête française (1369-1375) Suite à expédition en Castille Prince Noir lève lourd impôt pour rembourser dettes, mais nobles d’Aquitaine refusent de payer et certains font appel à Charles V. Frère du roi, Louis Ier, récupère essentiel de Rourergue et Quercy. Toutefois, offensive des capitaines de Prince Noir, notamment Robert Knoles et John Chandos, qui récupèrent certaines forteresses. Dans nord de France Anglais perdent Ponthieu, mais résistance anglaise autour de région entre Calais et Normandie. Au cours d’année 1370 attaques françaises sur Agenais, Périgord et Limousin. Prise de Limoges par Français, mais reprise et sac par Anglais peu après. A fin d’année 1370 lancement de chevauchée par Robert Knoles depuis Calais. Celle-ci arrive dans Maine et rencontre armée de Du Guesclin. Importance de victoire de Du Guesclin à Pontvallain le 4 décembre 1370. Au cours d’année 1372 attaque Poitou et Saintonge par troupes françaises. Importance bataille navale de La Rochelle, 22-23 juin 1372, au cours de laquelle victoire forces castillanes alliées à France contre Angleterre. Soumission collective du Poitou à fin d'année 1372 et victoire de Du Guesclin contre Anglais lors de bataille, le 21 mars 1373, devant château de Chizé. Par la suite invasion de Bretagne qui conduit à fuite de Jean IV de Montfort. Au cours d’année 1374 dernière offensive française contre Guyenne avec prise de La

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Réole, mais pas Bordeaux. Au cours d’année 1375 signature trêves de Bruges qui mettent fin au conflit. La guerre sans vainqueur (1377-1396) Peu après fin des trêves en juin 1377 lancement de raids franco-castillans sur côtes anglaises avec incendies de Rye, Hastings et Lewes. Lors de seconde attaque ravage d’île de Wight. Dans même temps offensive sur la Guyenne avec prise de 130 localités, dont Bergerac. Toutefois, peu après fronts se figèrent. En septembre 1377 attaque de Calais par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Par ailleurs prises de Ardres et Audruicq. Toutefois, Anglais lèvent siège de Brest. Dans même temps alliance avec Charles II de Navarre. Suite à cela envoi de duc de Bourgogne pour confiscations des possessions normandes de Navarre. Prise de nombreuses forteresses, mais résistance anglaise à Cherbourg.

En décembre 1378 décision de saisie de duché de Bretagne du fait de risque, duc en Angleterre. Toutefois, opposition des nobles bretons et renouèrent liens avec Jean IV. Retour de ce dernier en Bretagne en 1379 et conclusion d’alliance militaire avec Angleterre en 1380. Envoi de comte de Buckingham pour renfort en Bretagne. Campagne anglaise avec siège de Nantes, mais armée frappée par dysentrie. Au début d’année 1381 accord entre Jean IV et France par lequel il prête hommage à France et expulse conseillers anglais.

Importance de révolte de ville de Gand contre comte Louis de Male à partir de septembre 1379. Importance d’écho de révolte puisque déclenchement de révoltes à Rouen puis Paris en 1382 contre rétablissement des impôts abolis par Charles V. Suite à retour d’ordre lancement de campagne contre Aquitaine, mais changement de plan suite à radicalisation de révolte à Gand avec Philippe van Artevelde, pro-anglais. Campagne française en Flandre et victoire de Roosebeke, 27 novembre 1382. Toutefois, début 1383 aide des Anglais d’Henry Despenser. Ce dernier prend forteresses de Bourbourg et Dunkerque. Avec Gantois siège de Ypres, mais résistance de ville. Arrivée d’armée française et dispersion d’expédition anglaise puis trêve.

Importance d’expédition envoyée par Charles VI pour aider Ecossais puisqu’envoi de 15.000 hommes et 1.000 navires. Toutefois, au dernier moment annulation du fait de soucis financiers pour monarchie française. En juillet 1388 attaque et pillage d’Aunis et Saintonge par Anglais. Querelle entre duc de Bourgogne et duc de Gueldre à propos du Brabant fait pause durant conflit franco-anglais. Envoi d’expédition royale française, mais difficultés d’expédition du fait de nombreuses embuscades.

Vers milieu d’année 1389 mise en place de trêve de 3 ans. Paix voulue par France et Angleterre pour s’occuper de problèmes intérieurs, notamment celui des routiers pour Charles VI. Prolongation de trêve jusqu’en 1393. Toutefois, importance de meurtre d’Olivier de Clisson et accusation de Charles VI contre duc de Bretagne. Roi de France monte expédition contre Bretagne. In fine mise en place de trêve de quatre ans en 1394. Un an plus tard décision de mariage entre Richard II et Isabelle de France. Par la suite trêves sont prolongées de 28 ans malgré déposition de Richard II en 1399.

Même si reconquête rapide des territoires donnés aux Anglais à Brétigny, cela laissait de côté nombreux châteaux, dès lors investis par compagnies de routiers. Importance des châteaux de Carlat, La Souterraine, Châlucet et Ventadour, mais présence de nombreuses plus petites garnisons en Quercy ou Auvergne. Pour officiers royaux possibilité de libérer châteaux en paiement somme aux capitaines, mais également possibilité d’attaque des châteaux. Grâce à ces deux méthodes libération du Rouergue et du Gévaudan en 1380 et d’Albigeois en 1384. Elimination progressive, par force ou non, des derniers châteaux aux mains des compagnies de routiers au début des années 1390. La guerre en Irlande et en Ecosse (1337-1402)

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Dès 1341 importance d’intensité dans guerre contre chefs gaéliques. Importance de pacification du Leinster par justicier d’Irlande. De fait au cours des années 1340 et 1350 alliance avec clans O’More et MacMurrough pour victoire contre clans O’Toole, O’Byrne et O’Nolan en 1350. Révolte des O’Byrne en 1353 puis un membre de cal MacMurrough se proclame roi du Leinster en 1354. En 1356-1357 de nouveau révolte des O’Byrne, O’More, O’Brennan et O’Toole. En 1366 édification de statut de Kilkenny pour lutter contre « dégénérescence anglaise » en 1366, mais pas d’inversion de situation sur plan militaire. De fait en 1369 incendie de Limerick. Passage de Richard II en Irlande avec armée entre 1394 et 1395. Il obtient soumission de 80 chefs gaéliques. Toutefois, tout cela ne dure pas longtemps après départ de Richard II.

Du fait de conflit avec France Anglais perdent plupart des forteresses de sud d’Ecosse, notamment Perth (1339), Edimbourgh (1341), Roxburgh et Stirling (1342). Victoire de Neville’s Cross permet d’imposer paix. Importance des négociations pour libération de David II, mais échecs de ces dernières en 1352 et 1355. Reprise de guerre en 1355. Déclenchement de raid contre Northumberland par Ecossais en octobre 1355, raid payé par roi de France. Prise de ville de Berwick par Ecossais, mais pas du château. Intervention d’Edouard III qui reprend Berwick puis va à Roxburgh où Edouard Balliol lui donne couronne de roi d’Ecosse. Par la suite plus d’expédition royale anglaise en Ecosse jusqu’en 1385. Libération de David II en 1357 avec interdiction de guerre pendant que non paiement de rançon. En 1369 mise en place de trêve de 14 ans. Volonté d’empêcher rapprochement entre France et Ecosse. Toutefois, alliance entre France et Ecosse en 1371. A partir de ce moment augmentation de pression des Ecossais sur territoires anglais au nord de Tweed. En 1373 perte de Berwickshire par Anglais, hormis Berwick. En 1377 incendie de Roxburgh par Ecossais. Jusqu’en 1383 multiplication des actes de guerre puis conflit atteint sa plus grande intensité durant années 1384-1389, à avantage des Ecossais. De fait en 1384 prise de château de Lochmaben puis pillage du Cumberland. En représailles occupation d’Edimbourgh par Jean de Gand. Peu après attaque du Northumberland par Ecossais en juin et juillet. En 1385 nouvel assaut contre Northumberland avec participation d’amiral Jean de Vienne. En représailles attaque de Richard II contre Edimbourgh, mais au bout de 15 jours retraite du fait de faim. Suite à cela pillage du Cumberland et Westmoreland par Ecossais et Français. Période de trêves au cours d’années 1386 et 1387 puis reprise des hostilités en 1388. Victoire d’Otterburn le 5 août 1388 puis ravages du Cumberland au début d’année 1389. Conclusion de trêve en août 1389. Trêves sont relativement bien respectées au cours des années 1390. Lors de reprise des combats, brève expédition d’Henri IV en Ecosse en 1400, mais sans grand succès. Toutefois, importance de victoire d’Henry Percy sur Ecossais à Humbledon, le 14 septembre 1402, ce qui calme velléités guerrières. La deuxième phase de la guerre de Cent Ans (1407-1453) La guerre civile : Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons pas uniquement résultat d’affaiblissement de pouvoir royal du fait d’état du roi et montée des grands princes, mais aussi importance de crise liée à évolution d’Etat royal. Dès premières années du XVème siècle importance de volonté de duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, et Louis d’Orléans de contrôler gouvernement et finances royales. Importance de fait que Jean sans Peur fait assassiner Louis d’Orléans en 1407 ce qui lui permet de reprendre la main politiquement. Par ailleurs importance de victoire de Jean sans Peur contre Liégeois révoltés lors de bataille d’Othée, le 23 septembre 1408. En 1409 réconciliation entre maisons d’Orléans et Bourgogne. En 1410 mise en place de ligue de Gien par grands princes (Jean de Berry, Bernard d’Armagnac, Jean de Bretagne etc…) pour lutter contre influence de Jean sans Peur. Par la suite période de mobilisation ravage de campagne parisienne, mais pas d’affrontements directs. Trêve signée à fin d’année 1410. En 1411 hostilités recommencent et combats aux frontières de duché de Bourgogne et sur frontières d’Artois. Orléanais assiègent Paris, mais expulsion par troupes de Jean sans Peur. Au début d’année 1412 siège de Bourges par duc de Bourgogne, mais sans résultat ce qui débouche à conclusion de paix d’Auxerre en août. De fait en moins de deux ans importance des dégâts sur royaume du fait de grands besoins financiers de Jean sans Peur. Finances alimentées par augmentation de pression fiscale ce qui alimente mécontentements. Pour calmer mécontentement convocation des Etats par Jean sans Peur avec mise en place d’efforts de réformes. Toutefois, discrédit des réformes

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du fait d’agitation de révolte cabochienne. Paris échappe au contrôle de Jean sans Peur et il doit fuir en août 1413. Entrée des Orléanais dans Paris et début de répression anti-bourguignonne. En 1414 siège de Paris par Jean sans Peur, mais échec. Dès lors engagement de guerre au sein des territoires de duc de Bourgogne. De fait prises de Compiègne, Soissons, Bapaume et siège d’Arras. Toutefois, signature de paix d’Arras en juillet 1415. C’est à ce moment qu’intervention des Anglais.

Les Anglais dans la guerre civile : Politique d’apaisement de Richard II et Charles VI à fin du XIVème siècle est échec. Déposition de Richard II du fait, notamment, de ligne francophile. Couronnement d’Henri de Lancastre en tant qu’Henri IV. De ce fait renaissance des tensions entre France et Angleterre. De fait entre 1402 et 1406 mise en place de politique agressive contre Angleterre par Louis d’Orléans, notamment à travers campagnes en Guyenne, Saintonge et près de Calais en 1405. Après assassinat de duc d’Orléans, guerre anglaise passe au second plan du fait des difficultés intérieures de royaume, mais aussi du fait d’intérêt à paix de duc de Bourgogne du fait des intérêts économique de la Flandre. Début 1411 Jean sans Peur obtient services de gens d’armes et archers anglais. En 1412 alliance entre Armagnacs et Angleterre, Anglais fournissant 1.000 hommes d’armes et 3.000 archers. Débarquement des Anglais en 1412, mais alliance avec Armagnacs fait long feu suite à paix d’Auxerre. Anglais en profite pour ravager Picardie et Normandie et gouvernement royal doit acheter leur départ. Continuation de politique belliqueuse contre France par Henri V à partir de 1413. Préparation d’invasion anglaise. Déclenchement de cette dernière en 1415 avec prise d’Harfleur. Par la suite importance de victoire anglaise d’Azincourt le 25 octobre 1415 avec décapitation de parti Armagnac. Nouvel échec de Jean sans Peur dans siège de Paris en 1416. Idem devant Harfleur par troupes royales françaises. Jeu diplomatique en vain puis reprise des hostilités en 1417. Importance de victoire navale anglaise de La Hougue le 29 juin 1417. Débarquement et conquête méthodique de Normandie. Dans même temps attaque de Jean sans Peur contre Picardie où il peut prendre plusieurs villes. Reddition de Paris aux Bourguignons en mai 1418. Repli de Dauphin à Bourges où recrutement de troupes pour attaques de possessions bourguignonnes à Azay-le-Rideau ou Tours ainsi que dans Bourbonnais et Languedoc. Achèvement de conquête de Normandie par Henri V en 1418 et avance vers Seine. Prise de Rouen en janvier 1419 puis de Pontoise. Importance de meurtre de Jean sans Peur à Montereau, le 10 septembre 1419.

De Montereau à Arras : Suite à meurtre de Jean sans Peur à Montereau, Philippe le Bon, nouveau duc de Bourgogne, décide de s’allier avec Angleterre. En réponse reprise de guerre par Dauphin avec attaques victorieuses dans Languedoc, mais échecs face aux armées de Bourgogne en Champagne, Picardie et Laonnois. Importance de traité de Troyes en mai 1420 entre Bourgogne et Angleterre. Toutefois, même dans camp bourguignon certains rejettent cette alliance avec Anglais puisque ces derniers sont de plus en plus vus comme ennemis héréditaires. Opérations d’armée royale française dans le Mâconnais, Charolais, Guyenne, mais aussi Picardie, Normandie et Anjou. Importance de victoire française de Baugé, le 22 mars 1421, avec mort de duc de Clarence. Importance de victoire puisque première depuis Azincourt. Toutefois, pas de succès durable puisque peu après défaite de Mons-en-Vimeu le 30 août 1421. Importance de mort d’Henri V et Charles VI au cours d’année 1422 donc, en accord avec traité de Troyes, Henri VI devient roi de France et Angleterre. Par la suite Charles VII cherche à rompre alliance Bourgogne-Angleterre à travers pression militaire et par négociations. Existence de quelques batailles à ce moment là [victoires anglaises à Cravant le 31 juillet 1423 puis à Verneuil-sur-Avre le 17 août 1424], mais elles ne sont pas décisives. Dans même temps affaiblissement d’alliance anglo-bourguignonne. Après 1424 signatures de nombreuses trêves jusqu’en 1428. Vers fin d’année 1428 attaque anglaise contre Orléans. Résistance de ville, mais impossibilité pour Français de desserrer étau anglais, défaite notamment lors de « Journée des harengs » [12 février 1429]. Dans ce contexte apparition de Jeanne d’Arc qui emmène armée française au secours d’Orléans et libère ville. Dans foulée Français reprennent nombreuses places des Anglais sur la Loire et victoire de Patay, 18 juin 1429. Chevauchée de Charles VII jusque vers Reims et couronnement en juillet 1429. Toutefois, échec de prise de Paris en septembre. Capture et mort de Jeanne d’Arc en 1430. Toutefois, importance de victoire française contre Bourgogne lors de bataille d’Anthon, le 11 juin 1430. Dans les mois qui suivent importance de harcèlement des territoires bourguignons

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par capitaines français tels que La Hire, Dunois, Rodrigue de Villandrando ou Robert de Sarrebrück. Toutefois, importance de victoire bourguignonne de Bulgnéville, 2 juillet 1431, contre René d’Anjou. Néanmoins, volonté de Philippe le Bon de finir guerre civile coûteuse en hommes, biens et prestige. En 1435 ouverture de négociations tripartites entre France, Angleterre et Bourgogne à Arras. Anglais quittent conférence et signature de paix séparée entre France et Bourgogne ce qui met fin à guerre civile.

Du traité d’Arras à la bataille de Castillon : Fin d’alliance anglo-bourguignonne rend présence anglaise dans le royaume illégitime. De fait prise de Paris par Charles VII en 1436 puisque bourgeois de ville ouvrent portes. Toutefois, reconquête piétine du fait de faiblesse et désorganisation des moyens militaires de Charles VII. De fait places sont prises et reperdues par capitaines français plus ou moins bien soldés qui se payent sur pays. Impopularité fait que populations appellent certains, notamment Rodrigue de Villandrando ou Robert de Floques, « écorcheurs ». Fin de reconquête d’Ile-de-France uniquement en 1441. Négociation de trêve à Tours en 1444. Celle-ci permet à Charles VII de mener à bien réformes aboutissants à création d’armée permanente. Réouverture des hostilités en 1449 du fait des difficultés internes en Angleterre entre Henri VI et Richard d’York. En juillet début conquête de Normandie et avancées rapides du fait de soutien de population. Importance de victoire française lors de bataille de Formigny le 15 avril 1450 et achèvement de conquête en août avec prise de Cherbourg. Troupes royales, commandées par Dunois, vont ensuite vers Guyenne et prennent Bordeaux en juin 1451. Toutefois, appel des Gascons aux Anglais et reprise de Bordeaux par ces derniers en 1452. Nouvelle offensive française en 1453 et victoire de Castillon, 27 juillet 1453, met fin à présence anglaise en Guyenne. Lors de fin de conflit franco-anglais (fin dans les faits puisque pas de traité), Calais est dernier territoire anglais sur continent.

Les guerres du duc de Bourgogne : Origine de principauté de Bourgogne est lié à mariage de duc de Bourgogne et héritière des comtés de Flandre, d’Artois, de Bourgogne, de Nevers et Rethel. Présence de ces territoires au sein de royaume de France et d’Empire ce qui fait de duc de Bourgogne un prince puissant et affirmations de ses droits passe par usage militaire. Exemple avec aide au comte de Flandre lors de révolte des Gantois en 1379. Consolidation des territoires par alliances matrimoniales ainsi que par extension territoriale au cours de guerre civile, notamment avec adjonction d’Auxerrois et Macônnais. Pour ducs de Bourgogne importance de guerre comment moyen de consolider principauté. Guerre sert également à étendre influence bourguignonne du côté d’Empire, notamment vers Pays-Bas avec guerre de Hollande. Idem avec Luxembourg. Dans cette dernière importance de conflit de succession entre ducs de Bourgogne et Empereur. En 1443 début de conquête de duché, achevée avant fin d’année.

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1453 – 1480 La guerre des deux Roses Caractéristiques des guerres : Importance de forge d’expression « guerre des deux Roses » par Walter Scott au XIXème siècle du fait des emblèmes des deux familles (rose blanche des York et rose rouge des Lancastre). Jusqu’à époque récente idée que rivalités dynastiques sont composante principale des troubles. Durant chaque partie de guerre, importance des luttes entre factions, les unes bien placées en cour et les autres plutôt exclues. Pratique des guerres privée contribue à exacerber violence des guerres. Entre première bataille de Saint-Albans en 1455 et bataille de Wakefield en 1460 importance des règlements de compte privés entre Beaufort et York ainsi qu’entre Percy et Neville.

Les origines de la guerre : Importance de certains pairs possédant pouvoirs politiques, judiciaires, financiers et militaires depuis règne d’Edouard III. Alliance entre certains de ces pairs et famille royale. Début XIVème siècle instauration de ce qu’on appeler le bastard feudalism. Dans sens restreint notion désigne société qui émerge en Angleterre dans laquelle octroi de terres se fait par contrat écrit avec engagements respectifs des parties. Idée que puissants sujets du roi sont censés favoriser ordre royal localement, mais existence de rivalités ce qui peut devenir facteurs d’instabilité.

Vers milieu du XVème siècle importance de forte crise économique en Angleterre. Crise agraire des années 1438-1440 qui diminue fortement revenus seigneuriaux notamment dans nord d’Angleterre. Début de crise commerciale en 1450. Phénomène est européen, mais accentuation en Angleterre du fait des mesures protectionnistes des marchands londoniens et par attaque anglaise contre flotte hanséatique en 1449. De ce fait fermeture des marchés des Etats bourguignons et de Hanse. De fait difficultés économiques accroissent tensions entre puissants pour contrôle de terre et exacerbation de dépendance vis-à-vis de roi. D’autre part crise touche finances royales, ces dernières devant s’endetter pour payer guerre contre France. De fait roi doit s’endetter auprès des grands et ces derniers ont par conséquent encore plus besoin d’appui du roi pour avoir remboursements rapides. Enfin, manque d’argent rend impossible de troupes importantes en France, ce qui explique en partie perte de Normandie.

Perte de Normandie est choc pour opinion anglaise. De fait beaucoup d’Anglais y perdent terres et revenus, notamment Richard d’York. Par ailleurs tensions se nourrissent de faiblesse et caractère influençable d’Henri VI. Ce dernier est roi très pieux, mais peu charismatique qui veut paix au point de commettre erreurs politiques (reddition de Maine à France en 1446 par exemple). Par ailleurs importance de folie définitive d’Henri VI à partir de fin d’année 1455. Folie du roi exacerbe guerres privées et luttes de factions puisque désormais absence totale d’arbitrage royal.

Le déroulement des guerres des Roses : Importance de crise politique au cours d’année 1450. Volonté des Communes de révocation des dons accordés par roi et lancement de procédure d’impeachment contre William de la Pole, duc de Suffolk et principal conseiller d’Henri VI. Au cours d’été importance de révolte de Jack Cade dans sud d’Angleterre, régions très touchées par problème autour de commerce de laine. Ecrasement des révoltés, mais revendications demeurent longtemps dans opinion.

Suite à départ puis mort de Suffolk importance de dispute entre Somerset et Richard d’York pour faveur royale. Somerset a le dessus et échec de tentative de coup d’état par Richard d’York en 1452.

En 1453 première crise de démence donc instauration de régence confiée à Richard d’York. Association de ce dernier avec les Neville, ces derniers s’opposant aux Percy. Jugement et emprisonnement de Somerset par York. Au début d’année 1455 Henri VI recouvre ses esprits. Alliance de Somerset et reine pour défendre intérêts de nouveau-né royal. York et Neville lèvent armée et battent armée royale lors de première bataille de Saint-Albans, le 22 mai 1455. Peu

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après Henri VI retombe dans état de démence définitif. Seconde régence confiée à Richard d’York. Toutefois, il est relevé de ses fonctions en 1456 et remplacé par hommes de la reine.

Au cours de guerre qui commence en 1459 importance de soutien de large partie de noblesse pour reine, mais York, Warwick et Salisbury sont ennemis puissants et fortunés. Victoire de Salisbury au cours de bataille de Blore Heath, le 23 septembre 1459. Peu après York et Neville sont obligés de fuir d’Angleterre et accusation de trahison et leurs terres sont confisquées.

Fin juin 1460 débarquement des Yorkistes dans sud-est d’Angleterre. Warwick défait armée royale à Northampton le 10 juillet 1460 et capture Henri VI. A fin d’année 1460 conclusion d’ « accord de Novembre » qui stipule que Richard d’York doit hériter de trône à mort d’Henri VI à la place d’héritier légitime. Pour renforcer situation volonté de York et Salisbury pour bataille avec armée de reine dans nord du royaume. Bataille de Wakefield le 30 décembre 1460, mais morts de York et Salisbury. Peu après malgré tout victoire des yorkistes lors de bataille de Mortimer’s Cross le 2-3 février 1461 mais défaite lors de deuxième bataille de Saint-Albans le 17 février 1461. Toutefois, début mars 1461 prise de pouvoir d’Edouard d’York sous titre d’Edouard IV. Peu après victoire yorkiste lors de bataille de Twonton, le 29 mars 1461 et fuite de reine et Henri VI vers Ecosse.

Au cours de bataille d’Hexham, le 15 mai 1464, importance de destruction de résistance lancastrienne par troupes d’Edouard IV. En juillet 1465 capture et enfermement d’Henri VI. Toutefois, malgré cela existence de facteurs d’instabilité du nouveau régime. En effet, Edouard IV règne avec petit groupe d’hommes ce qui entretient luttes d’influence. Emergence de nouvelle faction à la cour avec les Pembroke suite à mariage entre Edouard IV et Elizabeth Woodville. Par ailleurs lutte d’influence autour du roi entre Warwick et Pembroke. Alors que Warwick veut alliance avec France, roi et Pembroke choisissent alliance avec Bourgogne à travers alliance matrimoniale en 1468.

Au cours d’année 1469 augmentation des tensions entre Warwick et roi. Alliance entre familles de Warwick et Clarence, frère du roi. Warwick soutient soulèvement de Robin de Redescale dans nord d’Angleterre. Débarquement de Warwick et Clarence en Angleterre et victoire contre armée royale lors de bataille d’Edgecote le 24 juillet 1469. Pembroke est exécuté à issue de bataille et emprisonnement d’Edouard IV. Toutefois, relâchement de roi suite à important soulèvement pro-Lancastre dans nord d’Angleterre. Au cours d’année 1470 Warwick et Clarence prennent à nouveau les armes en soutenant révolte dans le Lincolnshire. Révolte est écrasée lors de bataille de Losecoat Field, le 12 mars 1470. Warwick et Clarence sont contraints de fuir vers France.

Réconciliation entre Warwick et reine en juillet 1470 et idée de rétablissement d’Henri VI. Révolte dans nord d’Angleterre et débarquement de Warwick qui obtient soutien de nombreux nobles ce qui oblige Edouard IV à fuir vers Bourgogne. En octobre 1470 restauration d’Henri VI.

En mars 1471 entame de reconquête d’Angleterre par Edouard IV. Peu d’opposition et en avril il marche vers Londres. Importance de bataille de Barnet, le 14 avril 1471. Bataille à issue indécise, mais au cours de laquelle meurt Warwick. Peu après importance de bataille de Tewkesbury, le 4 mai 1471. A fin de celle-ci morts de Somerset et de prince Edouard, fils d’Henri VI. Le 21 mai Edouard IV fait assassiner Henri VI. De fait York sont venus à bout des Lancastre.

Au cours de second règne, entre 1471 et 1483, Edouard IV semble réussir à imposer autorité, même si résistances lancastriennes jusqu’au cours des années 1470. Echec de projet de relance d’invasion de France avec concours de Bourgogne et Bretagne, mais caractère plus heureux pour campagne en Ecosse. De fait uniquement apparence de stabilité de pouvoir des York puisque remise en cause dès sa mort en 1483.

Déclenchement de troisième guerre du fait des ambitions du frère d’Edouard IV, Richard duc de Gloucester. Il fait assassiner Lord Hastings, grand conseiller de jeune roi Edouard V, et prend possession du roi. Fin juin il dépose Edouard V et prend titre royale sous nom de Richard III.

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Pour Richard III problème que son accession au trône introduit division dans camp yorkiste et limite ses soutiens. De fait soulèvement des comtés du sud par fidèles d’Edouard IV pour remettre en place Edouard V. Toutefois, très vite mort des deux fils d’Edouard IV. Par conséquent, seule alternative restante est Henri Tudor. De fait il possède soutien des Lancastre et recueille soutien des York du fait de promesse de mariage avec Elizabeth d’York. Dès fin d’année 1483 faiblesse des soutiens de Richard III.

Durant cette dernière guerre, opérations militaires se limitent pratiquement à conquête menée par Henri Tudor puisque nombreux meurtres. Recrutement de troupes en France par Henri Tudor puis débarquement en Angleterre le 7 août 1485. Importance de victoire d’Henri Tudor lors de bataille de Bosworth, le 22 août 1485. Peu après Henri Tudor prend pouvoir sous nom d’Henri VII. Malgré mariage avec Elizabeth d’York existence de contestations dynastiques au cours des années 1480. Exemple avec soulèvement de John de la Pole, frère de Richard III, conclut par bataille de Stoke au cours d’année 1487.

Les conséquences des guerres : Traditionnellement historiographie tend à affirmer que Guerre des Roses est période de chaos et bain de sang. Toutefois, récemment historiens ont minimisé impact de guerre. Malgré tout activité militaire semble avoir été soutenue durant les deux premières guerres et forte perturbation de gouvernement du royaume du fait d’implication de large partie de société. Au cours des batailles présence de pas plus de 10.000 combattants de chaque côté. Caractère exceptionnel de bataille de Townton puisque présence d’entre 20 et 25.000 combattants de chaque côté. Importance de garnison de Calais dans invasions successives. Forte implication d’élite politique dans guerres et ils sont suivis par gentry. Populations civiles souffrent peu de conflits puisque peu de campagnes ou de sièges longs, faute de moyens financiers. Enfin, importance de faiblesse de monarchie anglaise lors d’accession des Tudor.

Grande partie des troupes mobilisées dans guerres provient de nord du royaume, région habituée aux heurts avec Ecossais. Importance des comtes du nord dans conflits (Neville, Percy, Warwick, Gloucester) qui y recrutent fidèles. Pays de Galles subit extension des luttes de faction anglaises. Victoire des Tudor aux Pays de Galles notamment grâce à appui sur seigneurs gallois comme Rhys ap Thomas. York est lieutenant d’Irlande au cours des années 1450 et s’allie aux comtes de Kildare et Desmond contre lancastrien James Butler. Anéantissement des Butler au cours des années 1461-1463. En échange de soutien York accorde plus grande autonomie aux seigneurs anglo-irlandais. Par la suite Irlande demeure yorkiste et comte de Kildare soutiens conspirations contre Henri VII.

Guerre des Roses suscitent peu intérêt des autres puissances. Seul Jacques II d’Ecosse cherche à profiter des troubles pour mettre en place alliance internationale contre Angleterre et lance attaques infructueuses en 1455 et 1456. Reprise de combat en 1457 et mort de roi d’Ecosse lors de siège de Roxburgh en 1460. Lors de refuge en Ecosse reine Marguerite d’Anjou promet places fortes pour Ecossais en échange d’alliance avec Lancastre ainsi qu’attaques conjointes en 1463. En réponse Edouard IV s’allie aux dissidents écossais. France et Bourgogne témoigne peu d’empressement pour profiter de troubles en Angleterre. Néanmoins, alliances anglo-bourguignonne et anglo-bretonne de 1468 font que Louis XI soutient complots lancastriens puis rapprochement avec Warwick. A partir de 1471 Charles le Téméraire choisit camp d’Edouard IV. En ce sens guerre des Roses s’insère dans conflit opposant France à Bourgogne. La guerre du Bien Public et la fin du conflit avec la Bourgogne L’affrontement entre Louis XI et Charles le Téméraire : Importance d’historiographie sur sujet, mais pendant longtemps vision réductrice forgée par Commynes et Chastellain, désormais remise en cause. Dans seconde moitié du XVème siècle Louis XI poursuit restauration et réunification lancée sous Charles VII. Importance de crainte de nouvelle alliance anglo-bourguignonne avec possibilité d’ajout de Bretagne.

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Durant règne de Philippe le Bon (1419-1467) importance de véritable expansion territoriale d’Etat bourguignon. Toutefois, c’est surtout durant règne de Charles le Téméraire (1467-1477), notamment après 1474, que caractère crucial de cohérence géographique des Etats bourguignons. Volonté d’assurer liaisons entre principautés bourguignonnes et provinces rhénanes et hollandaises. Tentative se double de processus de centralisation administrative.

Mauvaises relations entre Charles VII et Philippe le Bon. Idem avec Louis XI, alors que ce dernier s’était réfugié à cour de Bourgogne lorsqu’il était dauphin. En 1463 importance d’influence de conseillers proches du roi de France dans cour de Bourgogne et ces derniers convainquent Philippe le Bon de donner villes de Somme, réseau stratégique de forteresses sur cour d’eau à frontière franco-bourguignonne, à France contre 400.000 écus d’or. Par la suite réconciliation entre Philippe le Bon et Charles le Téméraire ainsi qu’alliance avec autres princes français durant guerre du Bien public.

La guerre du Bien public : Importance de heurt entre Louis XI et aristocratie du fait de politique de réduction des principautés, privilèges fiscaux et diminution des pensions. Au cours d’année 1461 Louis XI renvoie plusieurs anciens conseillers de son père et certains de ces derniers deviennent fer de lance de contestation. Réunion des mécontents autour de Charles, duc de Berry. Importance de participation de Charles comte de Charolais (futur Charles le Téméraire), duc de Bourbon et de duc de Bretagne. Pour nombre de grands essentiellement volonté de pouvoir prendre armes pour intérêts particuliers, association plus large au gouvernement et arracher généreuses pensions.

Début de guerre en 1465. Louis XI attaque possessions de duc de Bourbon et pendant ce temps arrivée des troupes bourguignonnes et bretonnes en Ile-de-France. Retour de Louis XI vers Paris et bataille de Montlhéry le 16 juillet 1465. Bataille à issue indécise. Charles le Téméraire rejoint princes français et assiège Paris. Toutefois, échec des négociations et siège traîne en longueur. Peu après traités de Conflans et Saint-Maur, 5 et 29 octobre, mettent fin aux hostilités. Bourgogne récupère villes de Somme. En 1467 Charles le Téméraire succède à son père à tête de Bourgogne. Au même moment révolte des Liégeois, mais elle est matée lors de bataille de Brustem.

Les négociations de Péronne : 13-14 octobre 1468 : Au cours d’été 1468 nouvel affrontement entre Louis XI et Charles le Téméraire. Contentieux autour du traité de Conflans. Progression des négociations, à Péronne, jusqu’à nouvelle de révolte à Liège ce qui affaiblit position de Charles. Soutien de Louis XI à Charles le Téméraire pour répression de révolte. Importance d’inimitié entre Bourgogne et Liège et ce depuis début du XVème siècle. A cette époque parfois appel des Liégeois envers roi de France pour faire arbitre. Depuis ce moment politique de « sauvegarde » de Liège par rois de France. Importance de pillage, mise à sac et incendie de Liège le 30 octobre.

Dès début du mois d’octobre mise en place de trêve de 6 mois. Confirmation des traités d’Arras et Conflans et surtout exemption de Flandre de juridiction du Parlement de Paris. Idée pour Charles le Téméraire de s’affranchir de tutelle du roi de France, notamment à travers hommage à Louis XI uniquement pour terres relevant de la couronne de France. Toutefois, dénonciation des traités antérieurs par Louis XI à fin d’année 1468.

L’hiver 1470-1471 et l’automne 1472 : Au cours des années 1469 et 1470 forte dégradation des relations entre France et Bourgogne donc accélération des préparatifs dans les deux camps au cours d’hiver 1470-1471. Victoire yorkiste de 1471 prive Louis XI d’alliance avec Henri VI de Lancastre et menace d’alliance anglo-bourguignonne.

Fin année 1470 déclaration de guerre de Louis XI envers Bourgogne. Importance de sentiment d’insécurité dans régions côtières des Pays-Bas et mise en place de mesures de renforcement des défenses urbaines. De fait mise en place de grande alliance de féodaux avec Bourgogne, Bretagne, Lorraine et Guyenne. Pour Charles le Téméraire importance de recouvrement des villes de Somme.

Pendant quelques mois importance des raids et escarmouches bourguignonnes dans Somme. Seulement existence d’une opération de grande envergure en Picardie avec prise de Picquigny par Bourgogne. Campagne marquée par

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violence et cruauté déployées par troupes ducales et royales. Après reprise de Roye et Montdidier, duc met siège devant Beauvais, mais sans résultat. Dans premier temps idée que Normandie devait être point de ralliement entre armées bretonnes et bourguignonnes, mais défection de François II, duc de Bretagne. Par conséquent, troupes bourguignonnes ravagent pays de Caux et campagnes entre Somme et Seine. En novembre conclusion de trêve même si contentieux n’est pas réglé.

1473-1474 : les ambitions impériales de C harles le Téméraire : Suite à trêve avec Louis XI, Charles le Téméraire se tourne vers l’est. Rencontre entre Charles le Téméraire et empereur Frédéric III à fin d’année 1473. Charles demeure vassal d’Empereur pour ses territoires d’Empire.

Dans même temps importance des réformes institutionnelles et militaires, celles-ci étant fortement influencées par celles de Louis XI. Après rencontre de Trêves volonté de garder contact avec Empire donc Bourgogne se tourne vers principauté archiépiscopale de Cologne. Dans même temps soutien à allié Robert de Bavière avec siège de Neuss, ville sur le Rhin. Armée ducale est renforcée par cavaliers anglais d’Edouard IV, en tout peut-être 20.000 hommes. Envoi d’armée par Empereur et autres seigneurs. Court, mais sanglant engagement lors de bataille de Nuys, le 24 mai 1475. Siège de Neuss se termine par impasse politique et militaire pour Charles le Téméraire. Même si allié, pas d’intervention de Louis XI auprès de Charles le Téméraire. Même année importance de révolte de princes et villes redoutant essor bourguignon, notamment Confédérés suisses, en Haute-Alsace (bourguignonne depuis 1469).

Les « guerres de Bourgogne » : hiver 1475-1476 : Retour des enjeux de conflit franco-bourguignon refont surface en mai-juin 1475. Importance de nouvelle conspiration doublée de menace d’invasion insulaire avec alliance de Bourgogne, Bretagne et Angleterre. Toutefois, pas de conflit armé puisque menace d’Angleterre suffit à ce que Louis XI signe traité de Picquigny avec roi d’Angleterre en échange de fortes sommes d’argent. Importance de Picquigny comme affermissement de France.

Durant dernières années de Charles le Téméraire, importance de trois grandes défaites. De fait revers matériel se doubla d’échec moral. Affrontement entre Bourguignons et Confédération des cantons suisses était terme de relations complexes dans espace restreint (Pays de Vaud, Savoie, Alsace). Confédération formation deux entités distinctes avec réalités urbaines et féodales diverses, intérêts politiques et économiques différents. D’un côté rurale et forestière, autre côté avec villes commerçantes dotées de conventions communes, notamment Berne et Zurich. Même si appartenance à Empire, importance de début de sentiment d’appartenance national, exacerbées par vues de Bourgogne et ingérences étrangères. Importance de menace d’Autriche pour cantons suisses, notamment après 1469 lorsque duc Sigismond gagea Alsace à Bourgogne. Berne et cantons suisses se sentent menacés et bénéficient d’aide matérielle et morale de Louis XI, ce dernier craignant main-mise de Bourgogne sur Savoie. De fait ralliement des villes d’Alsace (Basse Ligue) en révolte contre autoritarisme bourguignon. Troupes bourguignonnes sont défaites par infanterie suisse dans Alsace en révolte. Durant printemps et été 1475 Bernois et alliés s’emparent de plusieurs châteaux de vassaux bourguignons dans pays de Vaud, désorganisant zone stratégique pour Bourgogne. Au cours d’année 1475 importance de conquête de duché de Lorraine. C’est dans ce contexte qu’importance des défaites bourguignonnes de Grandson, le 2 mars 1476, et Morat, le 22 juin 1476. Lors de cette dernière importance de perte de grande partie d’armée et d’artillerie bourguignonne. Durant intermède duc René II de Lorraine en profite pour reconquérir sa principauté grâce à subsides des alliés alsaciens et suisses.

Par ailleurs importance de soutien de Louis XI envers René II même si pas d’intervention militaire de France. A fin d’année 1476, malgré faiblesse, lancement de siège de Nancy par Charles le Téméraire. Importance de nature militaire d’échec puisque troupes bourguignonnes étaient disparates en inférieures numériquement. Importance de mort de Charles le Téméraire devant Nancy le 5 janvier 1477.

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Cultures de guerre Guerre n’est pas violence brute puisqu’elle est inscrite dans cadre idéologique, politique et institutionnel. De même elle est régie par usages, éventuellement droit et se réfère à éthique appuyée sur valeurs spécifiques. Par conséquent, guerre est phénomène culturel. Penser la guerre Moyen Age a donné naissance à pensée politique et morale, théologique et canonique sur guerre. Idée de comprendre ressorts du phénomène et de les rendre compatible avec éthique chrétienne antagoniste. Pour clercs médiévaux guerre est violence collective dirigée contre ennemis étrangers. Cause première dans péchés des hommes, notamment orgueil et convoitise. S’explique également par lois de nature. Enfin, également idée d’influence de guerre céleste des anges. La guerre et l’éthique chrétienne : Volonté des théologiens de faire coexister guerre avec système de valeurs chrétien. Pendant guerre de Cent Ans guerre est envisagée comme processus nécessaire pour purger société de ses péchés et dissensions qui la tiraillent pour aboutir à paix durable. Traces de pacifisme très rare au Moyen-Age. Même pour Vaudois ou Lollards légitimité de guerre contre païens ou malfaiteurs. Idée que nécessité d’éradication de toute guerre entre chrétiens. Limitation des guerres fratricides, notamment à travers mouvement de paix de Dieu dès milieu du Xème siècle, se double d’exaltation de croisade. Glissement vers concept de guerre sainte : guerre décidée par pape pour bien d’Eglise et de chrétienté.

Pour combattants importance de notion de salut. A partir du XIIème siècle c’est nature de combat, juste ou injuste, qui conditionne salut. Damnation pour ceux tuant chrétiens alors que salut garanti pour ceux tuant au nom du Christ. Par la suite perte d’importance de responsabilité individuelle devant nécessité d’obéissance au prince. Toutefois, importance pour guerriers de salut personnel donc souvent legs et fondations pieuses mentionnées dans testaments.

L’élaboration du concept de guerre juste : Dès XIIème siècle idée que guerre est objet juridique et début de définition de guerre juste. Début du XIIIème siècle fixation de notion autour de cinq conditions : persona, res, causa, animus et auctoritas. Guerre juste est ordonnée pour cause légitime, par prince, après épuisement des autres recours, doit être menée sans participation des clercs et exclusion de toute violence inutile. De fait existence de 4 types de guerre juste : 1/ guerre défensive, guerre contre infidèles, guerre licite ou guerre couverte entre féodaux et surtout guerre publique. Cette dernière est menée sous autorité du prince pour imposer et rétablir ordre. Se signale par déploiement des bannières. Existence également de guerres injustes, notamment guerre présomptueuse par rebelles contre prince.

Hormis droit de se défendre, interdiction pour clercs de pratique de guerre. Présence dans armée se limite aux fonctions spirituelles (célébration de messe, conservation des reliques, inhumation des morts). Toutefois, attestation de présence de séculiers et réguliers sur champs durant ensemble du Moyen Age. Importance de fusion de noblesse et chevalerie au cours des XIIème et XIIIème siècles.

Pour princes nécessité de présenter leur guerre comme légitime et licite. Traités militaires font de réflexion initiale un devoir princier. Avant d’engager forces rois consultent juristes et canonistes et affirment bon droit dans manifestes lus dans tout royaume. A fin du Moyen Age importance d’argument du bien commun comme prétexte de guerre.

Guerre juste ne peut être menée que par pouvoirs souverains, qui ont charge d’arbitrer querelles des pouvoirs subordonnés. Dans visions restrictives seuls pape et empereur jouissent de pleine souveraineté, mais on ajout généralement rois de France et Angleterre ainsi que certaines cités-Etats. Autour de 1300 importance pour saint père

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de pacifier le monde et autoriser princes à mener leurs guerres. Dans les faits papauté joue rôle de conciliatrices. Importance de guerre et justice comme attribut de puissance publique avec même but : maintien de l’ordre. Alors que cela est inconnu en Irlande étant donné qu’état de guerre est perpétuel, depuis XIIIème siècle volonté des monarchies française et anglaise de tenter d’imposer recours à justice royale de d’établir guerre comme monopole royal à travers législation contre guerres particulières, ces dernières dérivant de pratiques nobiliaires comme les guerres privées, tournois et duels. Alors que peu important en Angleterre, hormis sur marches galloises, importance de revendication violences privées par noblesse française. A partir de fin du XIIIème siècle, violences privées sont juridiquement interdites en France et Angleterre puisque font concurrence à guerre du roi.

A fin du Moyen Age moins de réflexion autour de droit de faire la guerre, mais sur comment celle-ci doit être menée. Depuis Saint Augustin idée de mener guerre avec modération guerrière et sans vengeance, cruauté, haine ou cupidité. Sur plan juridique à chaque type de guerre correspond manière de combattre différente. De fait guerre féodale autorise blessures et meurtres, mais ne permet pas d’incendier, piller, rançonner, ces derniers étant privilèges de guerre publique. Guerre mortelle s’applique dans cas de croisade. A inverse guerre loyale, honorable et courtoise respecte codes et usages qui épargnent belligérants dans une certaine mesure. Protection des non-combattants est devoir du roi qui doit contrôler ses troupes grâce à discipline. Dans ordonnances de roi de France importance de ce point, mais auteurs demandent protection plus efficace donc relatif échec. Souvent choix de jours saints pour lancement d’offensive puisque idée d’aide de faveur divine.

La perception de la violence : Perception de violence est largement déterminée par concept de guerre juste. De fait admiration pour actes contre ennemis sur champ de bataille, caractère légitime (même si déplorable) des actes contre non-combattants dans cadre de guerre publique. Idée qu’atteinte aux populations participant à effort de guerre ennemi s’intègre dans entreprise de démoralisation d’ennemi. Refus de place de se rendre à un prince est insulte à majesté royale et justifie guerre mortelle contre rebelles. Importance d’insistance des chroniqueurs sur cruauté des guerres illicites menées par routiers. Du fait de proximité avec noblesse, importance de férocité des chroniqueurs contre violences assorties de part de subversion sociale comme Jacquerie de 1358. Dans iconographie description de guerre publique de façon propre, sans effusion de sang, alors violence illicite est montrée crûment.

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Les valeurs des guerriers Certaines valeurs sont communes à tous les combattants : courage, fidélité au chef, quête de butin. Toutefois, modèle chevaleresque a proposé système de valeurs construit et cohérent, traçant limite entre usages dignes d’éloges et comportements déshonorants. Pour chevaliers guerre est noble vocation, propice à exercice de vertus guerrières et morales. Le modèle chevaleresque : Guerrier à cheval a forte conscience de supériorité militaire et sociale. Du fait d’équipement coûteux et nécessité entraînement régulier c’est souvent membre d’aristocratie. Importance de destrier comme animal de prix et qui participe à splendeur de propriétaire. Création de modèle chevaleresque au XIème siècle en France. Imposition progressive dans Occident médiéval, sauf certaines parties du monde gaélique qui en reçoivent malgré tout certains échos. Au départ importance d’honneur, prouesse, loyauté puis ajout de largesse et courtoisie. Valeurs guident comportement de guerrier aristocratique. Pour combattants nobles de fin du Moyen Age, comme Jean de Bueil ou Geoffroy de Charny, vertus (avec ajout de mode de vie ascétique) dessinent ordre chevaleresque, supérieur à celui des clercs.

Les vertus guerrières : Importance d’honneur puisque fonde valeur d’individu à propres yeux comme à ceux de famille, amis et seigneur. Ensemble de société médiévale comme société d’honneur avec importance d’idée de réparer sa réputation, au besoin par violence. Importance de tolérance envers comportements violents mais jugés légitimes. Pour nobles et chevaliers idée qu’ils ont monopole d’honneur et qu’ils peuvent le défendre publiquement par guerre privée. Chevalier a vocation à entretenir et accroître honneur par la prouesse. Développement de parcours de la prouesse au XIVème siècle, notamment dans ordres chevaleresques, avec hiérarchie des faits d’armes selon dose d’honneur. Prouesse impose au chevalier l’itinérance permanente. Autour de 1400 caractère vivace d’idéal de chevalier errant dans noblesse lettrée comme attesté traité de Merlin de Cordebeuf. Par ailleurs importance de faire connaître ses exploits.

Importance de surnoms de princes comme « Hardi » ou « Sans Peur » ainsi que comparaisons avec animaux symboles de courage comme lion et aigle. Courage est vertu héréditaire typiquement chevaleresque. Courage chevaleresque est physique, impulsif et téméraire. Idée d’exposer son corps en première ligne et de s’enfoncer dans rangs ennemis au mépris de sa vie. Toutefois, chevalier est lourdement protégé par armure complète, degré de protection que ne connaisse pas autres combattants. Par ailleurs chevalier peut aussi être épargné contre rançon en cas de défaite. Pour clercs importance de courage comme proche de force. Force est contrôle de soi appuyé sur confiance dans justice de sa cause. Courage se renforce de sentiment de solidarité des chevaliers et d’attitude du chef. Importance d’éloquence pour nobles puisque harangue aux hommes avant bataille. A fin du Moyen Age valeurs chevaleresques sont largement adoptées par roi.

Le service du prince : Tout guerrier combat au service de puissant dans cadre de contrat aux intérêts réciproques : fidélité contre faveurs et protection. A fin du Moyen Age, construction d’Etat royal, contexte de guerre « nationale » et influence d’auteurs d’Antiquité païenne soulignent importance de service du roi comme souverain seigneur et garant de bien commun. Si au milieu du XIVème siècle guerre du roi est combat parmi d’autres, au milieu du XVème siècle importance de guerre royale comme la plus importante. Fidélité au roi surpasse autres liens et sous autorité de capitaine d’armée royale et non seigneur féodal. Néanmoins, il arrive que soutien princier et seigneurial, sur continent comme en Angleterre, découle d’obligation contractuelle. Au cours de guerre de Cent Ans loyauté due au roi déborde de service actif pour s’étendre à ensemble du royaume.

Importance numérique de changements d’obédience au cours de guerre de Cent Ans et parfois cas de chevaliers estimés. Importance de témoignages des lettres de rémission puisque attestations de service pour Anglais et de retour vers roi de France. Possibilité d’exigence de serment sur Evangiles ainsi que témoignages de bonne foi (contribution à

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libération de prisonniers etc…). Malgré apparente tolérance crime de trahison connaît fort développement. A fin du Moyen Age vassal retirant foi envers son seigneur devient un rebelle insultant majesté royale. Par conséquent, châtiment est exemplaire et en rupture avec justice ordinaire. Exemples de traitements des chefs écossais, assimilés à rebelles, par Edouard Ier et Edouard III. Châtiment de traître est infamant puis dégradation avec retrait de chevalerie, retrait de cottes d’armes, tranchage des éperons, bris d’épée sur tête. Par ailleurs ritualisation de mise à mort par pendaison et écartèlement. Peu d’évocations de mutineries au Moyen Age, hormis par Robert de Balsac qui affirme que chefs des mutins doivent être pendus pour exemple.

Le chevalier chrétien : A partir du Xème siècle importance de conversion des chevaliers comme protecteurs des faibles. Idée qu’ils sont au service de paix et croisade et qu’ils se font fléau de Dieu. Echec final dans processus, mais Eglise réussit à imposer idéal de chevalier chrétien.

Croisés sont par excellence les soldats du christ. A fin du Moyen Age importance de prestige inégalé de combat contre infidèles. Depuis fin du XIIIème siècle existence de trois terrains d’affrontement : péninsule ibérique dans cadre de Reconquista, Terre sainte et nord-est d’Europe. Importance de désaffection relative pour croisade de la part des Français et Anglais. Au cours du XIVème siècle multiplication des expéditions. Exemples avec celles d’Amédée VI, comte de Savoie, en Thrace et Bulgarie en 1366 ou de Louis, duc de Bourbon, en Barbarie en 1390. Malgré cela continuation de recul des chrétiens d’Occident et d’Orient. Importance de croisade chez ducs de Bourgogne, notamment sous Philippe le Bon puisque ce dernier prend la croix en 1454. Littérature entretient imaginaire de croisade. A fin du XIIIème siècle importance qu’ordre des chevaliers Teutoniques a pratiquement achevé conquête de Prusse. Jusqu’à défaite de Tannenberg en 1410, affrontement avec Lituaniens lors d’expédition annuelle dont fréquence est très élevée au cours du troisième quart du XIVème siècle. Ordre requiert aide de volontaires occidentaux. Importance d’éclat de voyage de Prusse dans carrière chevaleresque.

Développement par Eglise de rites propres à investir guerriers des valeurs chrétiennes, notamment à travers bénédiction des épées et bannières. Importance de symbolisme religieux au cœur des rituels d’adoubement. Durant adoubement bénédiction des armes et brandissement d’épée afin de recevoir baiser de paix du pontife. Par la suite nobles présents attachent les éperons dorés et pape remet étendard au nouveau chevalier. Toutefois, adoubements séculiers et collectifs avec vague bénédiction demeurent les plus nombreux. Adoubements ont lieu dans trois occasions : avant bataille dans cadre de guerre publique, lors de pèlerinage au Saint-Sépulcre ou durant grandes fêtes princières. Chevalerie reçue au Saint-Sépulcre connaît faveur au cours du XVème siècle, notamment auprès des pèlerins nobles et patriciens. Dans tous les cas futur chevalier s’est confessé et a communié le matin. Dans adoubement sur champ de bataille chevalier adoubant donne touche à trois reprises adoubé avec son épée. Pour chevalerie reçut au Saint-Sépulcre c’est six touches, 5 pour nombre des plaies du Christ et 1 pour Saint Georges. Lors d’adoubements au cours de fêtes princières, existence de rituel complexe. De fait rois et fils de roi sont adoubés avec autres seigneurs pour garantir cohésion et fidélité. Exemple de 267 jeunes adoubés lors de chevalerie d’Edouard en 1306. Devant nombreuses violences commises par chevaliers possibilité d’interrogation sur influence de modèle éthique d’Eglise, mais certains exemples montrent qu’existence. Exemple d’Arthur de Richemont qui, à Saint-Sever en 1442, risque vie pour empêcher troupes de violer femmes.

Malgré réserves des religieux et juristes, combat et surtout bataille sont vus comme jugements de Dieu. Importance de forte christianisation des temps qui les précèdent et les succèdent. Avant combat, guerre ou tournoi, célébration de messe et possibilité de se confesser. Certains combattants possèdent reliques portées autour du cou ou enchâssées dans pommeau d’épée. Importance de développement de culte des saints militaires, saint Michel, saint Maurice, saint Georges etc…, à partir du XIIème siècle. En cas de victoire célébration de messe d’action de grâce et part du butin est offerte à Eglise. Exemple avec éperons des chevaliers français morts lors de bataille de Courtrai en 1302 sur murs de Notre-Dame de Courtrai.

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Vie et mort du combattant : la réussite par la guerre La guerre, instrument d’ascension sociale : Guerre est expression et quête de puissance. Histoire de chevalerie se confond avec ascension sociale des dépendants et hommes de corps ayant gagné fortune et prestige grâce à guerre. A l’époque importance d’exemple de Bertrand du Guesclin comme exemple de réussite par la guerre.

Importance de nécessité de fortune pour s’acquitter de libéralité imposée par statut. Guerre est source de profits par pillage et rançonnage. Droit de piller terres, prendre armes, chevaux etc… sur les vaincus. Intérêt pour rois dans pratique de pillage et butin car cela permet de pratiquer gages peu élevés. De fait espoirs de butin font que nombreux combattants anglais et gallois partent vers France dès années 1360. Emergence de grandes fortunes parties de rien, notamment John Hawkwood, démontrent capacité d’enrichissement. Toutefois, cela n’est pas exempt de risques puisqu’une ou plusieurs captures mènent vers ventes des biens et parfois déchéance de certains lignages. Guerre sur mer est aussi soumise à quête de butin par course. De fait bateaux, cargaisons, prisonniers sont vendus dans ports. Princes entretiennent pratique par lettres de marque qui autorisent victimes à se rembourser sur navires étrangers.

Importance de recherche de patron puissant dans stratégie d’ascension des combattants. Reconnaissance de service accompli peut avoir lieu avec don d’argent, terres, offices. Combattants anglais reçoivent titres et domaines pris aux Français. Malgré fermeture à partir de fin du XIIIème siècle possibilité d’acquérir noblesse par mariage, enrichissement qui permet de vivre noblement et grâce du prince. Toutefois, pour récompense de service armé on préfère adoubement, qui reconnaît statut social supérieur. Importance de diminution du nombre de chevaliers en France et Angleterre à fin du Moyen Age. De fait importance de crise des revenus seigneuriaux qui rend charges économiques du chevalier trop lourdes pour nombreux chevaliers. Rois cherchent à rendre lustre à chevalerie à travers créations d’ordres comme celui de la Jarretière. Toutefois, résultats sont médiocres. Parallèlement introduction de distinction au sein de chevalerie à travers distinction entre bannerets et bacheliers, bannerets étant plus fortunés. Du fait de réserve à élite, adoubement ne traduit plus passage à âge adulte, mais récompense homme de guerre expérimenté. C’est service du prince qui garantit réussite la plus complète avec fortune, statut social, responsabilités militaires et réputation.

La mort du guerrier : Mort héroïque, comme celle de Geoffroy de Charny, fait beaucoup pour renommée posthume du combattant. Importance d’appréhension autour de mort brutale, ce que traduit développement des Artes moriendi détaillant préparation pour belle mort chrétienne. Importance des rites avant la bataille, mais aussi importance que combattant ait temps de se recommander à dieu et proches avant mort.

Combattants lèguent généralement armes à leur fils. Même démodé équipement militaire fait partie de patrimoine familial, matériel et symbolique. Rôle croissant des hérauts au cours des funérailles des nobles. Importance d’affirmation du rang et statut du défunt, en l’occurrence appartenance à classe chevaleresque. Offrande des armes de guerre et paix (bouclier, bannière, cheval, épée, casque) constitue moment le plus important des funérailles. Sermons et épitaphes rappellent exploits individuels et héraldique signale qualité de sa famille et ses alliances.

Introduction des sépultures des puissants laïcs dans églises au cours des XIIIème et XIVème siècles afin de bénéficier de proximité avec chœur, autel et reliques. Fondation de chapelles et collégiales permet institution de nécropoles familiales. Importance de multiplication des effigies funéraires dans première moitié du XIVème siècle. Possibilité d’établissement de gisants, mais plus coûteux. Effigies peuvent aussi apparaître sur vitraux comme ceux d’abbaye de Tewkesbury. Moindre importance de représentation fidèle du mort que pour inscription dans groupe des milites. De fait défunt est vêtu pour combat, armes à ses côtés ou croisés sur sa poitrine. En France importance de représentations plat dos et mains jointes en prière. En revanche jusque vers 1375 celle des Anglais est plus énergique puisque chevalier semble se relever pour saisir épée. Importance des symboles religieux et des armoiries peintes pour couvrir tombes.

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La société des gens de guerre Le droit d’armes : Classe chevaleresque occidentale respecte usages communs qui règlementent comportements. Coutumes constituent droit d’armes (jus armorum), censé garantir traitement respectueux d’adversaire et déroulement régulier des combats. Absence de compilation de ce droit.

Attitude face à l’ennemi : Tradition chevaleresque prône respect d’adversaire à condition qu’il soit un « autre soi ». Exemple avec port de vêtements de deuil par René II de Lorraine lorsqu’il visite corps de Charles le Téméraire après bataille de Nancy. Toutefois, ce comportement ne s’applique pas aux combattants du commun. Avec guerre de Cent Ans « ennemi » en vient à désigner celui qu’on combat dans guerre étrangère. De fait importance d’émergence de patriotisme qui favorise émergence de stéréotypes xénophobes. Exemples avec Anglais pour qui combattants gaéliques sont cruels et sanguinaires. Caricatures procèdent de volonté politique de noircir adversaire.

Mise à rançon des prisonniers leur garantit en théorie vie sauve. Usage ancien pas remis en question par juristes avec même légitimation dans cadre de guerre publique. Fin du Moyen Age est « âge d’or des rançons privées ». Ritualisation de reddition du vaincu. Reddition plutôt envers chevalier puisque plus respectueux des usages. Vaincu crie « merci » ou « rançon » ainsi que promesse de loyauté envers maître. Remise d’objet symbolisant reddition et garantissant identité (gant, bassinet, sceau). Dès lors maître doit veiller à sécurité du captif. En Angleterre roi se réserve par rachat princes et grands capitaines qui permettent négociations de traités favorables. Existence d’autre marché de transfert des prisonniers avec rachat à but spéculatif. Selon droit d’armes prisonnier doit être convenablement traité et rançon exigée doit être proportionnelle à ses revenus. Toutefois, existence de témoignages de mauvais traitements. A rançon s’ajoute frais d’entretien du prisonnier, parfois élevés. Mise en place de contrat de rançon négocié avec précision de montant de rançon et modalités de paiement. Une fois rançon payée production d’une quittance. Du fait d’immunité importance des hérauts dans procédure de rançon, que ce soit comme messagers, négociateurs et convoyeurs de fonds. Raidissement de conflit engendre modification des comportements chevaleresques avec plus grande propension à exécution des prisonniers.

Importance de lourde sanction pour place qui refuse de se rendre et qui finit par perdre. Nécessité de subir siège effectif, signalé par tir d’artillerie, pour pouvoir se rendre sans déshonneur. Capitulation fait objet d’acte établi en deux exemplaires et remis à chaque partie. Document fixe conditions de reddition, le plus souvent quelques semaines plus tard. Possibilité d’arrivée d’armée de renforts ce qui rend caduc le contrat. Dans attente de reddition livraison d’otages garantit suspension des hostilités. Clauses prévoient libération des prisonniers détenus dans la place et qui sont tenus quittes de rançon. Ritualisation de prise de possession de place avec remise des clés. Existence de rituels de soumission, défenseurs étant forcés d’implorer grâce royale à genoux avec corde autour du cou.

Pour auteurs médiévaux importance d’usage d’espions que ce soit pour surveiller ennemi ou ceux dont fidélité est incertaine. Importance de Calais comme centre de réseau d’espionnage anglais sur continent. Espions qui livrent secrets de leur camp s’exposent aux châtiments des traîtres. Prise de ville par ruse permet d’économiser argent et vies humaines, mais nécessite complicité d’habitants. Assaut est donné de nuit, parfois par eschelleurs qui escaladent remparts.

La solidarité des gens de guerre : Importance de fraternité entre combattants ou de paternalisme du capitaine pour ses hommes comme valeurs fortes des gens de guerre. Combattants contribuent au paiement de rançon de leurs compagnons ou se proposent comme otage. Bon chef risque vie pour ses hommes et paie leur rançon et en retour ces derniers l’assurent de leur soutien. Exemple en 1433 où garnison de Compiègne livre place en échange de vie sauve du capitaine.

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Développement de fraternité d’armes à fin du Moyen Age. Plupart du temps c’est association commerciale provisoire garantit par contrat écrit répartissant risques et profits. Toutefois, possibilité de durer longtemps. Dans cas de princes, comme entre Louis XI et Charles le Téméraire, c’est surtout instrument de pacification.

Lien d’amitié, égalité et secours réciproque qui sous-tend fraternité d’armes se retrouve à plus large échelle, débarrassé de toute dimension mercantile, dans confraternités de chevaliers. Ces dernières sont fondées à fin du XIVème siècle, notamment ordre du Tiercelet. Associations reposent sur serments et engagements écrits d’assistance mutuelle contre tout adversaire, sauf seigneurs naturels des membres. Tenue régulière de chapitres doit garantir règlement des conflits et punition d’infractions aux règles. Par ailleurs existence de confréries d’archers et arbalétriers dans villes de Flandre au XIVème siècle. Ces dernières organisent entraînement et concours avec villes voisines.

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Vivre la guerre : l’expérience du terrain L’héraldique et les officiers d’armes : Intérêt historiographique récent pour officiers d’armes. Apparition au XIIème siècle, mais dès fin du XIIIème siècle ils jouent rôle majeur à la guerre et dans les tournois.

Origines des hérauts est liée à héraldique avec idée de reconnaître combattants. Peu à peu armoiries couvrent boucliers et bannières, cottes armoriées, ailettes protégeant cou, housses des chevaux. Suite à volonté initiale de reconnaissance, rapidement développement de volonté de signifier appartenance à un lignage et détention d’un fief. De fait armoiries deviennent marques de possession et emblèmes héréditaires. Toutefois, possibilité pour qu’armoiries soient données par roi ou prises à ennemi vaincu. Au départ réservées aux puissants, armoiries se diffusent à tous les combattants puis ensemble de société. Néanmoins, apparition de restrictions pour en faire privilège nobiliaire à fin du XVème siècle. Importance de caractère public des armoiries ce qui leur confère grande portée sociale et politique.

Hérauts sont présents sur champs de bataille où ils organisent ost en ordonnant bannières selon ancienneté, ils aident à identifier ennemi, enregistrent prouesses et comportements déshonorants et dressent liste des morts. Ils bénéficient d’immunité, pas toujours respectée, qui en font messagers et informateurs de choix. De fait ils portent défis, sommations de reddition, négociations de rançon. Par ailleurs ils jouent rôle diplomatique majeur. Dans tournois ils sont souvent juges, identifient et annoncent combattants. Au XIVème siècle princes et grands seigneurs les attachent à leur service. Au fur et à mesure mise en place de hiérarchie avec poursuivant, héraut et roi d’armes. Ils reçoivent insignes de fonction, notamment le tabard (court vêtement ample). A fin du Moyen Age armoiries se font plus rares sur champ de bataille et rôle des hérauts s’affirme dans tournois et cérémonials de cour.

Importance d’ « omniprésence de la couleur » sur les champs de bataille avec idée que cela permet aux combattants nobles de se distinguer. Disparition progressive de bouclier et cottes d’armes assure monopole héraldique aux étoffes vexillaires attachées à hampe des lances. Importance de bannière, pièce d’étoffe carrée réservée aux grands seigneurs et hauts officiers ainsi qu’aux chevaliers bannerets accompagnés de leur retenue. Bachelier se contente de pennon triangulaire aux armes de son seigneur. Importance symbolique croissante de bannière puisqu’il se voit et permet rassemblement. Usage est réservé à élite aristocratique et aux capitaines des compagnies d’ordonnance. Il ne figure pas armoiries, mais scènes peintes, images de saints ou emblèmes. A compter du XIVème siècle essor de la devise. Du fait que bannières sont repères visuels, elles constituent cibles. Vénération pour oriflamme décline dès début du XVème siècle.

A fin du Moyen Age bannières seigneuriales disparaissent aux profits des couleurs, devises et armes royales (lis français, lions anglais). Imposition aux individus d’emblématique collective. Princes dotent partisans de signes de reconnaissance spécifiques (croix blanche pour Français, croix rouge de Saint George pour Anglais, croix fourchue de saint André pour Bourguignons). Légendes et miracles dotent emblèmes de symbolique religieuse.

Univers sonore de guerre est confus puisque grondement des combattants, hennissement des chevaux, choc des armes, charge de cavalerie, tir des flèches et artillerie à poudre et gémissements des blessés. Outre cela existence de cris d’armes aristocratiques. Choix d’un cri unique, lancé avant assaut, pour faire trembler. Cri peut être celui de chef d’armée, notamment « Nostre Dame ! Claiekin » pour Du Guesclin, ou celui de royauté, « Saint Georges » pour Anglais ou « Monjoie Saint Denis » pour Français.

Musique militaire, trompette étant principal vecteur, sert à transmettre ordres simples (montée en selle, monter à l’assaut, ralliement vers étendard, retraite etc…). Par ailleurs, elle renforce discipline, notamment dans cas de marche des fantassins suisses, donne courage et impressionne adversaire par domination sonore d’espace. Exemple avec cors et grands tambours qui provoquent « grand effroi et esbahissement » selon Froissart. Possibilité d’existence de chansons de marche et attestations de chansons partisanes lors de siège d’Orléans en 1428.

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Les combats : Défi ou défiance est préalable de tous les combats. Cela induit relation d’égalité qui le distingue de sommation impliquant obéissance. Lié à honneur, défi est pratiqué dans ensemble de société médiévale, mais interdit officiellement aux non-nobles à fin du XVème siècle. Importance de rédaction de lettre de défi, scellée et transmise par héraut aux intéressés, confère à démarche caractère officiel tout en limitant usage à aristocratie et autorité publique. Missives sont utilisées pour déclarer guerre comme pour inviter à combat singulier, à outrance ou à plaisance. Dans ce dernier cas, lettre de défi sert à publier joute, pas ou emprise tenus par un ou plusieurs chevaliers, dont elle précise règles ou chapitres (nature des armes, conditions de participation et victoire, prix etc…). Si relevé par adversaire, défi débouche sur confrontation. Bataille ou journée peut également être assignée quand accord préalable en fixe lieu et jour.

Tournois apparaissent en France du nord à fin du XIème siècle. Mêlées entraînent alors cavaliers à synchronisation nécessaire pour charge. Dès 1130 condamnation par Eglise comme guerre fratricide. Toutefois, pas d’entrave dans développement du phénomène. Interdiction est levée en 1316 par Jean XXII qui fait de tournoi l’entraînement idéal du croisé. Grands rassemblements internationaux permettent aux grands seigneurs de recruter nouveaux combattants, notamment pour croisade. Apparition des joutes au XIIIème siècle et elles supplantent mêlées puisqu’elles mettent davantage en valeur prouesses individuelles.

Complémentarité de guerre et tournois s’affirme durant guerre de Cent Ans. Combats sont organisés durant trêves et hiver et doivent entretenir forme des chevaliers. Joutes de guerre ou à outrance s’insèrent dans affrontements nationaux puisqu’ont lieu durant sièges et sur marches, entre Angleterre et Ecosse ou entre territoires français et anglais par exemple. Exemple de combat des Trente, entre 30 Français et 30 Anglais, durant guerre de Bretagne en mars 1351.

Joutes à plaisance font objet de réglementation poussée et prennent caractère festif marqué par apparition de public aristocratique siégeant dans tribunes. Armes sont généralement émoussées et armures de tournoi sont légères, parfois en cuir bouilli. Apparition d’armures lourdes réservées aux joutes à partir du milieu du XIVème siècle. Espace de combat à cheval et à pied se restreint avec apparition des lices. Comme à guerre, trompette annonce début du combat. Présence de diseurs ou juges-diseurs qui vérifient respect des règles et prince préside les combats. Qualité des participants fait l’objet de contrôle accru. Au XIVème siècle et encore plus au XVème siècle importance de théâtralisation des combats selon mises en scène inspirées des romans qui mêlent courtoisie, idéal d’errance chevaleresque et merveilleux. Scénario complexe mène spectacle. Participation du public, notamment dames. Joutes sont entrecoupées de musique et petites scènes. En raison de coût et d’organisation qu’elles exigent, joutes de fin du Moyen Age sont événements strictement princiers avec charge d’enjeux politiques, lignagers et diplomatiques. Devant noblesse réunie, elles affirment puissance princière, notamment lors de célébrations de mariages, négociations de paix et victoires militaires. Diffusion des tournois aux élites urbaines du nord de France et Flandre dès fin du XIIIème siècle signale fascination de modèle chevaleresque. De fait dans ces cas joutes s’insèrent dans grandes fêtes urbaines, émaillées de banquets et processions et financées par bourgeoisie. Références littéraires des joutes urbaines sont les mêmes que celles des tournois aristocratiques. Toutefois, noblesse se moque des bourgeois qui singent ses usages, mais participe malgré tout aux joutes urbaines à compter du XVème siècle afin de s’allier riches villes marchandes.

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Apprendre et transmettre

Apprendre par le geste : Selon auteurs de traités de guerre, apprentissage de guerre impose longue pratique. Education chevaleresque comporte deux étapes. Adolescent apprend au contact de ses pairs comme écuyer. Au cours de période il est de plus en plus formé comme page à cour de prince auquel il conserve fidélité. Futur chevalier s’entraîne à l’équitation et chasse. Travail également de résistance et agilité par exercices physiques. Apprentissage de maniement des armes en pratiques course à la bague, quintaine et béhourd. Adoubement est célébré vers âge de 18 ans. Une fois adoubé chevalier doit achever formation par voyages. Pédagogues nobles, notamment Hugues de Lannoy dans Enseignement de la vraie noblesse (milieu du XVème siècle), préconisent parcours du royaume, régions voisines et terres lointaines qui entretiennent imaginaire de croisade : Terre sainte, Prusse et Barbarie. Futur chef de guerre se forme en stratégie auprès de ses pairs, discutant avec eux des cas concrets.

La formation par le livre : A fin du Moyen Age livre relaie de plus en plus formation guerrière. Education de noblesse est encouragée par clercs. Sciences et clergie passent pour compléments indispensables et modérateurs de chevalerie et sont nécessaires aux capitaines pour transmettre ordres et rédiger rapports, avis ou instructions. Nobles sont friands de chroniques et romans dont guerre est thème central. Ces écrits permettent première familiarisation avec guerre. Par ailleurs, savoirs pratiques comme guerre et chasse de plus en plus envisagés comme sciences. Autorité suprême d’art militaire est Epitoma de re militari de Végèce composé entre 380 et 450. Miroirs au prince médiévaux qui font de conduite de guerre une des principales fonctions royales. De même importance de Végèce dans traités pédagogiques pour noblesse. Art militaire médiéval a aussi propres références comme Livre des faits d’armes et de chevalerie de Christine de Pisan (1410), synthèse associant Végèce et Honoré Bovet ainsi que dossier sur techniques de siège et artillerie. Importance également du Livre du secret de l’art de l’artillerie et canonnerye (vers milieu du XVème siècle) ou d’Art d’archerie qui témoignent de renouvellement des techniques guerrières. Ecriture de traités par écrivains nobles, notamment Jean de Bueil ou Robert de Balsac, avec interactions entre autorités et expériences personnelles. Attention se porte également sur tournois à travers notamment écrits de René d’Anjou ou Thomas de Woodstock (The Ordenaunce and Forme of Fightying within Listes). Importance d’attestation de lecture des grandes œuvres par officiers. Exemple avec Guichard Dauphin, maître des arbalétriers de France, qui possède en 1413 Tite-Live, vie Alexandre, traité de Théodore Paléologue, Arbre des batailles de Bovet, livres sur tournois, sur armoiries et sur médecine des chevaux.

L’éducation par l’exemple : Exemplarité du passé est ressort fondamental d’éducation médiévale. Romans composés pour aristocratie depuis XIIème siècle ont base historique. Exemples avec épopée carolingienne en France, Antiquité païenne à propos de Rome etc… Importance d’histoire des Neuf Preux issus d’histoire biblique, d’histoire antique et de chrétienté occidentale. Discussions autour de choix d’un dixième preux avec Bertrand du Guesclin pour Français et Robert Bruce pour Ecossais.

La mémoire des batailles : Importance de mémoire du passé dans souci de transmettre exploits accomplis par contemporains. Batailles sont grands moments de prouesse de mémoire guerrière dont on peut tirer des leçons militaires et morales. Victoire est célébrée par défilé des vainqueurs qui arborent bannières prises aux vaincus. Importance de large publicité d’événement à travers bavardages des marchands, hommes d’armes et ambassades qui sillonnent Europe. Exemple avec bataille de Poitiers en 1356 suite à laquelle sujets du roi de France savent dès début du mois d’octobre que bataille désastreuse a eu lieu. Enfin, au cours des batailles enterrement des morts n’est pas toujours effectué, par négligence ou par mépris.

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Crise et réforme Prolongement de guerre de Cent Ans, Grand Schisme, difficultés économiques et épidémies font naître sentiment de décadence irrémédiable. Dans tout cela importance des méfaits des gens de guerre. La fin de la chevalerie ? : Chevalerie a pour vocation défense du royaume, domine hiérarchie militaire et revendique monopole d’éthique guerrière. Pour textes d’époque importance de crise morale et spirituelle de chevalerie pour expliquer défaites répétées au début du XIVème siècle.

Importance d’accusation de lâcheté contre chevalerie. Exemple après Poitiers en 1356 où critique de ceux qui ont enfui alors que louange de courage de Jean II le Bon, capturé lors de bataille. Par ailleurs, importance de critique de sens de prouesse individuelle puisqu’elle conduit à mort inutile et elle met en péril collectivité. De plus réapparition d’accusation de mollesse des chevaliers à cause des plaisirs de cour et de négligence pour entraînement.

Dans ensemble des régions, dénonciation des souffrances des populations, victimes des guerres des puissants. Estompement de frontière entre soldat du roi et brigand avec chevauchées. En France et Angleterre dénonciation de rapacité de chevalerie comme cause de prolongement de guerre. Développement de détestation des nobles en France ce qui aboutit à Jacquerie de 1358.

De la critique aux réformes : Croisade est moyen ancien pour régler conflits car implique paix préalable entre chrétiens. Exemple avec idée d’organisation d’expédition conjointe de France et Angleterre dans dernier quart du XIVème siècle. Derrière cela importance d’idée de reprise en main morale et spirituelle de chevalerie. Cela aboutirait à création d’ordre de la Passion. Projet de croisade jointe connait revers définitif à Nicopolis en 1396.

Problème de lâcheté et fuite illustre évolutions de mentalités guerrières à fin du Moyen Age. Comportements dus à peur sont réalité dans champs de bataille médiévaux. Existence de désertion et phénomène aggravé par habitude de payer gages d’avance. Si importance de condamnation de fuite, mais peines encourues (déshonneur et infamie) sont seulement morales. Ordres chevaleresques créés aux XIVème et XVème siècles proscrivent fuite. Toutefois, contemporains affirment que conservation de soi peut être préférable à sacrifice inutile. Pour chroniqueurs résistance jusqu’à mort est grand fait d’armes, mais aussi acte insensé et orgueilleux. Pour juristes fuite est acceptable si après résistance cela ne change pas cours de bataille, mais signalent aussi que droit romain préconise mise à mort du fuyard. Existence d’ordonnances disciplinaires qui interdisent aux soldats de sortir du rang sans congé du prince. Fuite et désertion sont punies de peines de plus en plus lourdes : bannissement, confiscation des biens, écartèlement. Importance de punition pas de faute morale, mais de désobéissance au roi.

Au XVème siècle importance d’idée de nécessité de mutation profonde d’armée et chevaliers doivent savoir l’accompagner. Importance d’influence des Anciens sur réformes militaires et évolutions idéologiques. Chez Végèce importance de discipline, sélection et entraînement des combattants comme gages d’efficacité. Idée que soldat doit être sobre, obéissant et possédant grande rigueur morale. Qualités du chef sont intellectuels et psychologiques puisqu’il connaît théorie de guerre et doit entretenir unité de ses hommes. Par ailleurs compétence dans sens d’organisation et anticipation des actions ennemies. Pour Anciens soldat est au service d’Etat et bien commun ce qui lui confère une responsabilité publique. Rédaction de traités de combattants nobles témoignent de fusion entre modèle romanesque traditionnel (prouesse individuelle) et modèle antique (discipline et bien commun). Toutefois, Robert de Balsac souligne enjeux nouveaux de guerre, notamment intendance et financement. Entrée d’artillerie à poudre dans culture chevaleresque. Noms donnés aux canons sont inspirés de personnages d’Antiquité (Jason) ou capitaines (La Hire). Pour Balsac nécessité que princes possèdent cartes des territoires qu’ils veulent conquérir. Importance de vitalité de littérature militaire française signale volonté de surmonter crise en apportant

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solutions concrètes. En Angleterre littérature militaire, notamment Boke of noblesse de William Worcester, en réaction à défaite.

Pas réellement d’opposition entre idéal chevaleresque et efficacité de service du roi. De fait pour Christine de Pizan, en 1412, nécessité d’organiser régulièrement tournois dans chaque diocèse pour préparer reprise de guerre. Entre 1325 et 1381 puis entre 1430 et 1469 importance de création de nombreux ordres chevaleresques par princes. Ces derniers sont formés de clientèle de serviteurs, alliés, ambassadeurs, hérauts. Certains ordres tiennent chapitres assez réguliers avec propres locaux. Ils possèdent devise (jarretière, collier, broche) dont port est obligatoire. Création d’ordre découle de contexte de concurrence entre princes. Exemple avec Jarretière fondée par Edouard III en 1349 à laquelle répond ordre de l’Etoile par Jean II en 1351. Par ailleurs Toison d’Or affirme autonomie bourguignonne. Ensemble des ordres mettent accent sur loyauté due au prince fondateur et à ses héritiers. Importance de modèle égalitaire de Table ronde. Enfin, importance de guerre comme mode de vie pour ceux qui en font profession. Idéal chevaleresque est référence connue, mais pas forcément appliquée. Dans faits importance que guerre est moyen de parvenir et réussir sa vie ainsi que gagner salut et renommée éternelle. Guerre s’érige en science, avec long apprentissage, et art, avec rituels élaborés. C’est affaire de professionnels compétents et hommes de terrain expérimentés.

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Faire la guerre L’organisation de l’armée Entre fin du XIIIème siècle et XVème siècle importance de nécessité de longue adaptation des forces militaires dans leur composition, dimensions et esprit. Professionnels de guerre deviennent plus nombreux. Au début de guerre de Cent Ans supériorité anglaise (fondée sur recrutement de soldats de métier liés à monarchie par contrats d’endentures) était réalité. Dans même temps contingents étaient restés d’essence féodale, mais défaites entraînent changement d’hommes et méthodes qui conduisent à recrutement similaire à celui d’armée anglaise. Liens traditionnels de dépendance disparaissent au bénéfice de fidélités contractuelles, moyennant finances et promesses de butin. Cela accompagne tendance qui va converger vers constitution d’armées nationales permanentes. Profil et origine sociale des hommes de guerre : Gens d’armes constituaient ensemble relativement homogène réparti en quatre grandes catégories : chevaliers bannerets (princes, ducs, comtes, barons), chevaliers bacheliers, écuyers bannerets et écuyers. Dans France du XIVème siècle si trois premiers qualificatifs sont attribués à des nobles, dernier terme avait acceptation plus militaire, financière et administrative que sociale. Idéal de recrutement parmi nobles n’est pas toujours respecté. Entre milieu du XIVème siècle et milieu du XVème siècle expression « homme d’armes » devient plus fréquente. Terme de banneret revêtait caractère moins nobiliaire que militaire puisque sert à désigner soit chevalier ou écuyer banneret soit combattant plus élevé socialement et militairement parmi ensemble. Titre de banneret est attribué en France et Angleterre dès XIIIème siècle au seigneur qui avait droit à bannière. Cela pouvait désigner tout seigneur qui possédait « situation féodale et économique supérieure » (sans être comte, duc ou baron) accompagné de quelques dizaines de combattants. Dans hiérarchie militaire viennent ensuite chevaliers « simples » puis « écuyers » et enfin groupe de sergents d’armes du roi. Essentiel des troupes montées étaient muni d’équipement défensif lourd et se servait de lance et épée. Comte, baron ou banneret possédait équipement plus élaboré, cheval plus robuste et suite mieux fournie qu’un simple chevalier. Dans France du milieu du XIVème siècle combattant à cheval était accompagné d’autre homme et deux chevaux. En France et Bourgogne au XVème siècle règle fut de 3 hommes, tous montés. Hommes d’armes étaient accompagnés soit de page soit de valet, ou « gros valet », qui devient coutillier au cours du XVème siècle. Valet n’avait ni valeur ni fonction proprement militaire et devait seulement entretenir chevaux, assurer ravitaillement et veiller à équipement de son maître. Valet est souvent de basse extraction alors que page, à partir de seconde moitié du XVème siècle, est d’assez bonne naissance et confié jeune à homme d’armes pour formation au métier de guerre.

A partir du milieu du XIVème siècle, nouveau groupe de combattants apparaît, les « gens de cheval », qui ne sont pas « hommes d’armes ». Ils se distinguent par équipement, souvent médiocre, possession d’un seul cheval et absence de personnel. Combattants appartenant à cette cavalerie, qualifiée de « légère », reçoivent plusieurs qualificatifs notamment hobelars en Angleterre jusqu’au milieu du XIVème siècle et brigandiniers, vougiers à cheval, chevau-légers, demi-lance ou lance de petite ordonnance en France et Bourgogne au XVème siècle. Importance d’augmentation d’importance militaire durant période puisque gens de trait montés (arbalétriers et archers) deviennent plus nombreux. Ils sont théoriquement pourvus de monture pour faire campagne, mais mettent pied à terre pour se battre. Importance de grande diversité au niveau de leur équipement, depuis protection inexistante jusqu’à armement proche d’un homme d’armes. En Angleterre importance des archers à cheval durant règne d’Edouard III. Importation de modèle par Français à partir du milieu du XIVème siècle et recrutement d’arbalétriers à cheval mercenaires, notamment espagnols et italiens, durant règnes de Charles V et Charles VI. Début XVème siècle proportion était d’1 homme de trait pour 2 hommes d’armes alors que côté anglais c’était 1 homme d’armes pour 3 archers. A suite de défaites comme Azincourt, établissement de rapport à 2 hommes de trait pour 1 homme d’armes. A fin du XVème siècle Etat bourguignon adopte même formule avec prédilection pour archers et arbalétriers.

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Gens de pied, contrairement aux autres, étaient sommairement protégés (cotte de mailles, gamboison ou haubergeon) voire sans protection, faute de moyens, notamment dans cas des contingents urbains. Vers 1330-1340 ils étaient majorité des combattants dans armées. Décroissement d’importance numérique et tactique à partir du milieu du XIVème siècle. Recul est perceptible dans composition des corps expéditionnaires anglais sur continent. De fait lanciers et piquiers disparaissent au profit d’archers. Vers milieu du XVème siècle circonstances évoluent et chefs de guerre redécouvrent intérêt tactique, et surtout économique, d’infanterie. Création de milice des francs-archers est aboutissement de cette logique. Toutefois, tentative est décevante du fait de manque d’homogénéité, encadrement et exercices adaptés. Par conséquent, Louis XI le remplace après échec de Guinegatte par mercenaires suisses. De fait progressivement mise en place d’infanterie de vougiers, guisarmiers et couleuvriniers. A partir de 1470 Charles le Téméraire s’efforce de créer, à exemple de Louis XI, armée permanente plus souple, rapide à mobiliser et moins tributaire de noblesse. Réputation d’infanterie suisse est établie depuis début du XIVème siècle et constituait vivier de mercenaires pour différences puissances européennes. Piétons étaient légèrement armés, mais force tient dans leur mobilité tactique.

Importance des villes comme possibles centres de ressources en hommes et matériel de guerre. Au XIVème siècle milices urbaines accompagnaient souvent expéditions liées à défense d’un territoire. Exemple d’Arras et Saint-Quentin qui envoient auprès du roi des arbalétriers pour combat contre Anglais. Certaines autorités municipales pouvaient compter sur propre organisation en matière de combattants qui relevaient soit de quartier soit d’un métier et s’équipaient à leur frais selon condition et niveau de fortune. Multiplication des Serments d’archers et arbalétriers (confréries de bourgeois ou fils de bourgeois en âge de porter armes), mais absence de politique cohérente de recrutement et formation à inverse d’Angleterre. Même si combativité des milices urbaines est vantée par chroniqueurs, à partir milieu XIVème siècle elles deviennent inadaptées aux contraintes de guerre par manque de discipline et professionnalisme. Mis à part propre défense, villes ne sont plus sollicitées sauf pour fournir argent, vivres et matériel ou des combattants de seconde catégorie (gens de trait, pionniers). Au XIVème et XVème siècles Italie et pays germaniques constituent bassins de recrutement de mercenaires appréciés pour efficacité et spécialisation. Recours au mercenariat s’explique par valeur et réputation de groupe de combattants qui justifiaient rétribution particulière de la part des Etats et seigneurs. Importance pour monarchie française des arbalétriers mercenaires de Gênes. De son côté Charles le Téméraire renforce proportion des mercenaires italiens dans fantassins ou commandement. Une caractéristique majeures du XVème siècle est présence d’étrangers parmi gens d’armes.

Bien que données précises font défaut, estimation que masse des non-combattants doublait, au moins, effectifs armées de campagne. Personnel de manouvriers devient plus nombreux en appui aux techniciens spécialisés pour construction, maintenance et utilisation des machines de siège. Lents progrès d’artillerie à poudre ont conduit dès fin XIVème siècle à modifier physionomie des camps de siège. Nombreuses troupes auxiliaires de pionniers, mineurs et sapeurs furent engagées à l’année pour siège particulier. Exemple de siège de Neuss en 1475 présence de 400 pionniers ordinaires, centaine de charpentiers et cinquantaine de mineurs. Armée qui opérait sur terre ferme se déplaçait à rythme imposé par charroi pour transport des bagages, vivres, tentes et armement, notamment pièces d’artillerie. Dans villes, canonniers étaient avant tout travailleurs du métal et non militaires.

Organisation des troupes : Au début guerre de Cent Ans, organisation des combattants français était une des faiblesses les plus préoccupantes, sensibles notamment aux niveaux territorial et tactique. Conscriptions furent définies à échelle régionale et confiées par roi à lieutenants, capitaines et capitaines généraux qui disposaient pouvoirs étendus sur gens de guerre payés par roi. Ceux-ci sont avant tout responsables d’un territoire avant de l’être sur groupe de combattants. A côté d’organisation régionale du commandement, d’autres structures ont existé. Au sein des « armées » ou « osts », combattants étaient regroupés en unités restreintes ou « batailles ». Conception traditionnelle de rencontre d’une certaine ampleur faisait intervenir trois « batailles » avec éventuellement arrière-garde. Chaque « bataille » était composée de petites unités avec à la tête desquelles « chef de montre », lieutenants du roi ou capitaines pour roi, de qualité et prestige très variables (banneret, chevalier bachelier ou écuyer). Ces groupements

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petits, nombreux et inégaux entraînent manque de cohésion tactique et d’esprit de corps lors de bataille même si combattants avaient origine géographique et féodale commune. Efforts sont entrepris de la part de monarchie française à partir du milieu du XIVème siècle pour instituer échelon intermédiaire, la « retenue » entre formation de base et grande unité. Sous Charles V disparition de « bataille » puisque formation n’a plus de raison d’être avec nouveau style de guerre écartant rencontre frontale de grande ampleur. Troupes étaient constituées de certain nombre d’unités ou « routes » (plus tard compagnies) avec effectif normal d’une centaine d’hommes d’armes. Capitaines sont autonomes dans gestion de leurs troupes et responsables des exactions commises. A partir de 1368 apparition de terme de chambre (subdivision de « retenue »). Plupart des chefs étaient issus de milieux sociaux honorables, mais responsabilités militaires majeures furent confiées à simples chevaliers voire simples écuyers en raison de compétences reconnues.

Nobles étaient familiers du monde de guerre et prenaient part active du commandement. Il n’est pas rare que roi ou princes fassent eux-mêmes campagne. Exemple de Charles le Téméraire. Charles V est quant à lui exception puisqu’il ne fait jamais campagne. Importance des liens féodaux, fondés sur mode de recrutement, dans cohésion tactique. Institutions militaires prévoyaient unités relativement stables, mais hommes ne consentaient pas à servir longtemps. Métier des armes considéré comme activité intermittente. Une des difficultés était de maintenir cohésion des troupes loin de bases en évitant mécontentement, rébellion et désertion. A fin du XVème siècle ordonnances stipulent, outre hiérarchie de commandement, équipement, organisation des troupes, exercices militaires. Incitation à entraînement commun apparaît en même temps que signes et instruments de ralliement (notamment ébauche d’uniforme). Commandement cherche à rendre peines plus sévères à l’encontre de ceux qui rompaient ordonnance à réglementer vie des camps et régir répartition du butin.

Effectifs : Durant période importance d’indéniable supériorité côté français, mais compensation par système militaire anglais du fait d’extrême efficacité. Effectifs mobilisés varient selon intensité d’activité militaire et saisons de l’année. Tendance générale a consisté à entretenir régulièrement effectifs comparables pour soutenir effort de longue haleine. Du temps d’Edouard III plupart du temps armées sur le continent ne dépassaient pas quinzaine de milliers d’hommes, soit 5.000 à 6.000 combattants soldés. En 1340 mobilisation par Philippe VI de jusqu’à 100.000 hommes (combattants et non-combattants). Nécessité d’attendre la fin du XVème siècle pour retrouver tels chiffres. Exemple de Louis XI qui mène campagne avec 25.000 hommes et possibilité d’en mobiliser 80.000. De son côté Charles le Téméraire pouvait opposer armées opérationnelles de 40.000 à 50.000 combattants. En temps de paix garnisons entretenues dans châteaux étaient très réduites. Exemple de Philippe le Hardi en Artois à fin du XIVème siècle avec une dizaine d’hommes par forteresse.

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L’armement et son évolution Equipement et montures : Intervention des autorités militaires en matière d’équipement personnel et montures est marginale. Elle veille au mieux à limiter problèmes d’approvisionnement. De façon générale chaque combattant pourvoit à équipement par ses propres moyens. De manière générale équipement militaire est onéreux, armures et chevaux étant coûts les plus considérables. De fait rétributions versées pour service fourni n’ont jamais compensé capital engagé et l’entretien. Au XVème siècle une grande partie des armes se trouvaient entre mains privées, laissées à initiative des combattants, voire populations assurant elles-mêmes leur défense. Néanmoins, existence de tentative de contrôle et uniformisation pour équiper compagnies d’ordonnance.

Pour guerre emploi de chevaux de qualités diverses du fait de transport des hommes, mais aussi charroi. Palefroi est cheval de selle et parade jusqu’au XIIème siècle. Il se distingue du destrier, cheval de guerre. Roncin est quant à lui cheval de trait utilisé en attelage simple ou double pour transport des vivres et armement. Possibilité d’utilisation comme cheval de selle de qualité médiocre pour écuyers. Destrier est monture de guerre utilisée par hommes d’armes car animal prestigieux. A partir de 1300 terme se fait plus rare au profit de celui de coursier qui restait monture de luxe réservée aux plus aisés. Montures de qualité étaient prisées lors des prises de guerre en raison de prix. Importance de commerce d’importation de chevaux à fin du Moyen Age, conjoncture militaire et demande faisant sensiblement monter les prix. Importance des chevaux en provenance d’Espagne ou des Pouilles. Selon rang, combattant disposait de nombre variable de montures. Au milieu du XIVème siècle norme était 2 chevaux pour 1 homme d’armes ou écuyer, 3 pour 1 chevalier et nombre supérieur pour banneret. Au début de guerre de Cent Ans, combattants les plus fortunés pouvaient offrir au cheval une protection confectionnée de « plates » de maille, cuir ou corne. Toutefois, cela est insuffisant face aux armes de trait. Au milieu du XIVème siècle combat se fait à pied en laissant cheval en arrière.

Fin de période médiévale se caractérise par moyens de défense supérieurs à ceux d’attaque en matière d’équipement. Tradition médiévale donne avantage à homme d’armes à cheval. Armement défensif revêtait double fonction : protéger vie du combattant et conforter assurance sur champ de bataille. Armement défensif n’est jamais vraiment standardisé et connaît certaine évolution entre années 1320 et 1500, variant selon régions et niveaux de fortune des utilisateurs. De façon générale on note alourdissement général et augmentation corrélative de coût. Au début du XIVème siècle cavalier d’élite est équipé de bouclier, heaume emboîtant tête jusqu’aux épaules. Corps est revêtu de cottes de mailles renforcée de plates qui se développent progressivement pour couvrir tronc et membres par-dessus haubert. Pour torse cotte de mailles ou fer (haubert et haubergeon) reste la plus fréquente. Pour amortir chocs combattants plaçaient en dessous justaucorps souple rembourré, « gamboison » ou « jaque ». Soldat lourdement armé est archétype de combattant noble jusqu’aux alentours de 1340. Puis hommes d’armes devient fantassin monté. Armure « classique », en fer plain, articulée, couvrant partie notable du corps n’apparaît qu’au début du XVème siècle. Heaume est remplacé par défenses de tête de plusieurs types : bassinet, salade et barbute. Bouclier n’est plus beaucoup utilisé par cavaliers après milieu du XIVème siècle. Dans même temps troupes recrutées pour mobilité (sergents et valets à cheval, chevau-légers, archers et arbalétriers montés) disposent d’armement et armure sommaires (parfois simple casque ou cotte de mailles). Ceux qui combattaient à pied, même si équipement à leurs frais, optent pour équipement lourd. Gens de trait bénéficient souvent d’une moindre protection.

Epée était arme individuelle la plus courante au Moyen Age, mais typologie a fortement évoluée au cours de période. C’est arme d’estoc et de taille qui, à partir du XIVème siècle, voit abaissement de largeur de lame et accentuation de pointe pour privilégier coup d’estoc et percer équipement défensif de plus en plus performant. Dague est quant à elle destiné à pénétrer par défauts d’armure. Importance des haches, tranchantes, et des masses d’armes, contondantes, comme armes de choc avec manche relativement court. Idée de ces armes était d’assommer adversaire voire les tuer par force de perforation. Armes d’hast se composaient de longue hampe en bois au bout de laquelle présence de fer. Exemples avec lance et pique. Lance est destinée aux cavaliers qui la maintienne à l’arrêt sous l’aisselle pour charger. Pique ressemble à lance, mais exclusivement réservée aux fantassins et mesurait plusieurs mètres et se manœuvrait à

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deux mains. Elle se caractérise par manipulation collective dans mouvement coordonné. Corps de troupes organisées comme milices urbaines s’en servent pour faire échec à cavalerie adverse. Armes de trait, arc et arbalète, jouent rôle majeur dans combats de fin du Moyen Age. Principale force d’Angleterre est emploi massif du long bow. Introduction de grand arc anglais sur champs de bataille est un des phénomènes militaires les plus marquants du XIVème siècle. Néanmoins, ils ne peuvent déterminer à eux seuls issue d’une bataille ou d’un siège. Importance d’arc combiné à innovation tactique de cavalerie démontée. En France utilisation des archers, pratiquement inexistante avant institution des francs-archers, se développe sous Charles VII. En France préférence pour arbalète vis-à-vis d’arc, arbalète connaissant important accroissement de puissance à fin du Moyen Age. Toutefois, effectifs des arbalétriers mobilisés ne sont jamais très nombreux, la plupart du temps une centaine (pas assez pour décider d’issue d’un combat). Même si pénétration de flèche du grand arc anglais est moindre que celle du carreau, défaut majeur d’arbalète est temps de rechargement supérieur ce qui nécessité présence de pavesiers. Principal inconvénient d’arc est nécessité d’entraînement contraignant pour gagner en habileté et force physique. Importance de développement de puissance de feu et mouvement durant deux derniers siècles du Moyen Age dans contexte politique, social et économique particulier. Vulgarisation et adaptation des usages d’arc et de pique ainsi qu’invention d’artillerie à poudre remettent en question suprématie de cavalerie comme corps social constitué.

Le nouveau poids de l’artillerie à poudre : Nouveaux engins à poudre d’abord réservés aux sièges en appui des engins mécaniques et du travail de sape. Artillerie à poudre augmente coût de guerre qui décuple entre quelques décennies en France et Angleterre. Importance de processus d’évolution d’artillerie qui aboutit à ce que nouvelle force de frappe finit par modifier sensiblement tactique et stratégie ainsi qu’architecture militaire.

Importance de controverses autour de concept de « révolution militaire ». De fait même si changement a été profond il n’a pas été rapide puisque bouleversement dans domaine militaire s’étend du XVème au XVIIIème siècle. Possibilité de remplacer terme de « révolution » par celui de « mutation »

Du fait d’encombrement, difficile maniabilité, efficacité discutable (cadence de tir faible, portée médiocre, difficile chargement par la bouche) et coût, artillerie nouvelle ne provoque pas de transformation radicale et n’évince pas engins en bois traditionnels. Il faut attendre 1380 pour voir premières pièces d’artillerie utilisées couramment sur champs de bataille. Au départ utilisation uniquement comme armes de siège, substitution très progressive d’artillerie traditionnelle par artillerie à poudre. Au cours de période importance des progrès pour efficacité. A fin du XVème siècle pièces deviennent moins lourdes et augmentation de cadence de tir. Parallèlement existence de double tendance avec diminution du poids du projectile par rapport à celui du canon et augmentation de quantité de poudre par rapport au projectile. Vers 1450 amélioration d’efficacité par usage d’un affût sur roues sur lequel est assujettie bouche à feu, facilitant transport et mise en batterie. Suite à mise au point du tourillon possibilité de modifier rapidement portée et hauteur de tir, mais il demeure que rotations latérales sont malaisées. Même durant seconde moitié du XVème siècle, intervention d’artillerie uniquement en support des combattants ou lors de duel initial, comme Liégeois et Bourguignons à Brustem en 1467. Importance que supériorité d’artillerie ne suffit pas à assurer victoire, comme le prouve défaites de Charles le Téméraire.

Importance de lenteur dans processus de remplacement d’artillerie traditionnelle par artillerie à poudre. Dès début du XIIIème siècle engins de siège gagnent en diversité, taille, précision et efficacité grâce à nombreux terrains d’expérimentations, notamment croisades. Importance d’artillerie à trébuchet et ses spécialistes sont très recherchés. Outre cela utilisation de « beffrois » (tour de siège mobiles), de pierriers et de mangonneaux. Importance de début de déclin d’artillerie traditionnelle à partir de 1380, même si toujours vitalité au début du XVème siècle. Exemple en 1422 en Picardie où Philippe le Bon utilise engins mécaniques. Dans deuxième quart du XVème siècle mentions d’artillerie mécanique deviennent plus rares. Dans villes comme dans châteaux importance des arbalètes, des arbalètes de position sur châssis et espringale. C’était principale pièce d’armement semi-portative et complétait pierriers. Importance de diffusion réelle d’artillerie à poudre avec débuts de guerre de Cent Ans dans défense de villes comme

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Tournai en 1340. Premiers canons sont de taille modérée ce qui explique usage lors de chevauchées. Ces canons lancent garrots ou plommées, mais sont inutiles contre mur. Principale utilisation est tir à la volée à l’intérieur des villes pour déclencher incendies. A partir des années 1370 certaines villes ou grands féodaux se lancent dans création de pièces de grand diamètre (bombardes) qui tirent boulets de pierre destinés à guerre de siège. Dans premier temps utilisation de ces canons dans couronnements défensifs ou portes à appui des espringales. Dans années 1410 bombardes font partie de tout siège ce qui entraîne problèmes logistiques. Pour remédier à cela importance d’utilisation de chariots, chevaux en nombre ainsi qu’équipes de pionniers pour préparer routes et engins de levage pour décharger les pièces. Une fois déchargées pièces sont affûtées sur pièces en bois à encaisser recul du tir. Du fait de nécessité de préservation d’intégrité des pièces et des servants, utilisation de mantelets ou tranchées de protection. Importance des anciens Pays-Bas bourguignons comme laboratoire avec mise au point de plusieurs armes nouvelles (veuglaires, couleuvrines, crapaudeaux, serpentines etc…). Dans années 1440-1450 développement de mortier, version raccourcie de bombarde, qui permet tirs paraboliques avec petite charge de poudre. A partir de ce moment artillerie traditionnelle devient totalement périmée. A partir des années 1460 en France et Bourgogne production de pièces d’artillerie de taille moyenne coulée en bronze. Canon est monté sur roues et tire boulets métalliques moulés (en plomb ou fonte de fer) destinés à destruction d’organes de défense active. Parc d’artillerie de siège pouvait atteindre centaine de pièces. Vers 1480 grosse bombarde est supplantée par ce dernier canon.

Consommation et demande militaire : Transformations techniques et perfectionnement d’armement sont possibles grâce à création et stabilisation de nouvelles organisations. Dans villes essor d’artisanat plus important et de meilleure qualité. Fabrication des canons et projectiles ainsi que poudre ont répercussion directe sur développement technique et économique de fin du Moyen Age. Importance de très forte demande dans arsenaux. Ce qui a conséquences sur industries d’extraction des matières premières (métaux, salpêtre, soude ou potasse). Importance de caractère stratégique de gestion des forêts pour bois et charbon. A partir de 1360-1370 toutes grandes villes et grandes puissances possèdent arsenal. Exemple de Tour de Londres qui, en 13880, compte 50 canons, 4.000 livres de poudre et 600 livres de salpêtre. Commandes, gestion et distribution des pièces d’artillerie peut être prérogatives du roi ou ses agents. Au XIVème en France importance du maître des artilleries du roi responsable d’arsenal placé au Louvre. Au XVème siècle il obtient fonctions de fabricant et garde-magasin, mais ne possède pas mission d’organiser et utiliser matériel sur terrain, qui revient le plus souvent à des nobles ayant responsabilités militaires directes. Pendant longtemps consommation de poudre reste modérée. Toutefois, importance d’augmentation des quantités au tournant des XIVème et XVème siècles. Augmentation s’explique par usage de plus grand nombre de pièces pour opération militaire donnée et surtout par fabrication de plus gros calibres. Dès lors importance stratégique de révolte du salpêtre. De fait mise en place de personnel permanent stable et bien payé (fondeurs, canonniers, aides-canonniers) parfois d’origine étrangères. Dans même temps réquisition ou recrutement volontaire de pionniers et charretiers. Durant première moitié XVème siècle en France uniquement existence bande d’artillerie des frères Bureau. Durant règne de Louis XI attestation de 5 bandes.

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La conduite de la guerre A fin du Moyen Age pas réellement d’état de « guerre permanente » même si importance de caractère diffus de violence. Pour raisons économiques limitation des opérations militaires dans temps et espace. Fin XIIIème siècle même puissantes monarchies peinaient à réunir grandes armées sur longue durée. Durant guerre de Cent Ans Angleterre est maîtresse de stratégie avec choix des théâtres d’opérations et modalités de combat. Pour Angleterre importance de stratégie de chevauchée et ce jusqu’au XVème siècle. Dans chevauchée importance de part psychologique (démoraliser adversaire) et économique (réduction de potentiel d’effort de guerre ennemi). Par ailleurs idée d’amener ennemi à accepter combat puisqu’idée de victoire potentielle en bataille rangée. Lorsque potentiel militaires des forces en présence était trop similaire guerre d’usure et très vite belligérants négocient. Traités de paix le plus souvent ressemblent à armistice durant hiver ou temps de reconstituer forces. Tactique et stratégie : Stratégie : art de faire évoluer armée sur théâtre d’opérations jusqu’à entrée en contact avec ennemi. Tactique : art de combattre avec moyens militaires en présence et les adapter. Pendant longtemps idée qu’absence de caractère réfléchi dans art militaire médiéval. Toutefois, désormais acquis que chefs de guerre possédaient notions de tactique et stratégie. De façon générale importance de deux principes généraux : refus de bataille rangée et « réflexe obsidional » (idée de parer attaque en s’enfermant dans place forte). De fait importance de progression lente des attaquants, défense acharnée des assiégés, guerre d’usure et recherche de profit immédiat. Au XIVème siècle opérations militaires généralement sous formes de raid, course ou chevauchée pour terroriser populations civiles et affaiblir économie. Pillage pas toujours résultat indiscipline puisque ravage des récoltes est possibilité de désorganiser intendance et ravitaillement ennemi. Grandes chevauchées se distinguaient des courses, opérations de moindre envergure par mise en œuvre tactique. A fin du Moyen Age guerre était encore guerre défensive, d’usure. Toutefois, importance de modification avec artillerie à poudre. A partir de ce moment mutation de guerre d’usure en guerre de mouvement.

Les batailles rangées : Si rares entre 1450 et 1480, batailles sont plus nombreuses entre France et Angleterre au XIVème siècle même si cela reste marginal par rapport aux chevauchées etc… Conséquences des batailles sont essentiellement avantages politiques. Batailles rangées demeurent pari risqué puisque prix démesuré de défaite que ce soit en vies humaines ou argent. De fait refus de bataille est avant tout calcul de risques. C’est pourquoi certains souverains interdisent bataille rangée. Existence bataille rangée nécessite accord des deux parties sur lieu de rendez-vous. Toutefois, parfois possibilité de contraindre ennemi à bataille. Exemple avec Edouard III lorsqu’il assiège villes ou points fortifiés pour obliger roi de France à combattre. Existence de quelques grands principes tactiques dans littérature militaire ancienne, notamment Végèce. Toutefois, difficile de savoir si appliqués et que choix tactiques ne sont pas dus à bon sens et expérience des chefs de guerre. Existence de trois types de dispositifs : 1/ Cavalerie montée (3 ou 4 rangs de cavaliers formant « bataille » regroupant petites unités tactiques telles que « bannières » ou « conrois » autour de famille ou princes) avançait en ligne puis charge près d’ennemi pour disloquer lignes. Une fois cavaliers désarçonnés intervention des valets d’armes pour achever combattants. Fin du XVème siècle armée peut être articulée en 5 corps (2 ailes, 1 avant-garde, 1 « bataille » principale et 1 arrière-garde). 2/ Cavalerie démontée. Idée d’attendre attaque ennemie et sa découverte. Hommes d’armes combattent à pied. Importance d’utilisation par Anglais sur champs de bataille continentaux. 3/ Pour infanterie existence de 3 combinaisons différentes : ligne de front sur quelques rangs (« mur bouclier »), en cercle (notamment chez Suisses, Flamands et Ecossais) et en bloc avec forme de quadrilatère ou triangle. Usage gens de trait et coulevriniers au XVème siècle ainsi qu’artillerie de campagne ajoute à complexité des dispositifs. Au cours des batailles importance de recherche individuelle de profit, mais aussi et surtout elles sont élaborées. Exemple d’ordre de bataille idéale de Charles le Téméraire dans ordonnance de Lausanne. Toutefois, aussi importance d’adaptation à réalité du terrain et à adversaire. Nombreux facteurs peuvent expliquer défaite d’une armée : infériorité numérique, manque de gens de trait pour rompre ordonnancement, manque de discipline ou effet de surprise d’arme nouvelle.

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Les armées en campagne : Importance de ruine économique d’adversaire, mais seule limite était de ne pas trop dévaster terre qu’on voulait s’approprier. Majorité des opérations sont succession de petits affrontements avec multitude de rencontres et escarmouche ainsi qu’harcèlement constant d’adversaire. Importance de tactique de Charles V puisqu’après Crécy et Poitiers il décide de rester dans places fortes et laisser ennemi harceler et s’épuiser. Du fait d’absence de cartes terrestres, nécessité des états-majors de se renseigner sur itinéraires et relief pour pouvoir conduire expéditions de grande ampleur sur champ d’action étendu. Importance de recours à « guides », espions, éclaireurs, voyageurs, marchands etc… Importance des villes comme cibles de choix puisque centres économiques, administratifs et humains ce qui explique prédominance tactique des sièges. Toutefois, sièges sont envisagés par défaut puisque longs et coûteux.

Importance des difficultés de ravitaillement et de leur influence sur la stratégie. Par ailleurs augmentation des effectifs des gens de guerre (notamment avec nombreux non-combattants) au cours de période ce qui complique problèmes de ravitaillement, intendance et logistique. Chaque contingent dans nécessité de s’approvisionner en cours de route au bout de quelques jours. Du fait de difficulté de maintenir ligne de ravitaillement sur base distante, choix d’achats, pillages ou prise de guerre. Même si « vivre sur habitant » est pratique courante, populations refusent souvent de ravitailler troupes par peur de manquer ou pour les affamer. Pour raisons militaires ainsi qu’économiques et politiques début d’effort d’organisation de ravitaillement au début du XIVème siècle. Marchands sont fortement incités à ravitailler troupes en installant marchés près du camp. Existence d’exemptions particulières pour marchands et même que ces derniers se fassent avancer argent pour acheter nourriture en quantité. Exemple de marchand de Paris en 1383 pour « ost de Bourbourg ». Parfois monarchie achète elle-même vivres par intermédiaires d’agents pour couvrir besoins ponctuels.

Camps d’étape lorsque armées en marche sont différents de camps de siège ou de camps diplomatiques. Du fait longueur opérations de siège mise en défense des campements Pour soldats et chevaux existence de pavillons et tentes et maisons de bois démontable pour princes. Toutefois, nombreux hommes d’armes doivent se contenter abris de fortune. Importance de réglementation de conditions de vie et comportement des soldats dans camp. Exemple avec ordonnances de Charles le Téméraire avec souci de contrôle de discipline et entraînement régulier. Pour Contamine existence de concomitance entre émergence d’armée permanente et « civilisation du camp » avec rites particuliers, spectacles, distractions etc…

Les techniques de siège : Durant derniers siècles du Moyen Age importance de rôle central du siège ainsi qu’influences réciproques entre artillerie et fortification. A fin du Moyen Age importance d’attention pour fortification des villes. Ces dernières étaient d’ailleurs plus difficiles à prendre que châteaux, malgré défenses plus faibles du fait de nombreuses ressources matérielles et morales. Devant faiblesse moyens d’attaque début XIVème siècle murailles étaient souvent insurmontables pour assiégeants. Durant XIVème siècle technique de siège était d’utiliser tours d’approche en tentant de dresser échelles contre courtines. Avant émergence forte d’artillerie importance de combinaison entre engins de siège et creusement de plusieurs galeries étayées sous murs. Toutefois, double difficulté puisque nécessité de disposer d’effectif suffisant et bien formé pour investir place et surtout prévenir sortie des assiégés durant lesquels ils peuvent enclouer artillerie. Très tôt intégration de pièces d’artillerie de toutes tailles pour prise des places fortes. Existence de deux tournants : 1370-1380 et début du XVème siècle. A cette dernière époque importance que désormais artillerie a essentiellement rôle de protéger pionniers et sapeurs lorsqu’ils entamaient travaux d’approche. Préférence des armes de trait comme appui par rapport aux armes à feu portatives et ce jusqu’au dernier quart du XVème siècle. Encerclement total de place est souvent impossible faute de moyens humains donc choix de verrouillage des points d’accès. Nécessité de mise en défense de camp de siège avec éléments fortifiés et tours de guet systématiques.

Les progrès de la fortification et de la défense active : Evolution en parallèle de procédés d’attaque et défense des places. Au XIIIème siècle villes et châteaux possèdent organisations défensives très élaborées et capables de faire

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échec à tentatives de sièges durant plusieurs mois. Avec usage artillerie à poudre nécessité d’adaptation du profil des forteresses. Concentration d’artillerie au-dessus et à l’intérieur des portes ou sur terrasses des tours pour défense. Modifications dans art de défense ont obligé canons, essentiel dans sièges à fin du XVème siècle, à gagner en efficacité. Dans même temps importance de renouveau de fortification urbaine. A partir du XIVème siècle importance des adaptations architecturales pour château. Villes bénéficient également de ces avancées. Dans première moitié du XVème siècle modifications sont sensibles en Bretagne, Normandie ou Bourgogne avant de se diffuser ensuite. Du fait d’artillerie plus efficace systématisation de remparement des enceintes ainsi qu’importance nouvelle pour fossés, défilement des ouvrages et flanquement. Peu à peu délaissement des ouvrages en surplomb de fortifications (mâchicoulis, créneaux etc…). De manière générale augmentation de diamètre des tours, réduction de hauteur, épaississement des enceintes avec renforcement des terre-pleins et hérissées de saillants et rentrants pour permettre meilleure défense. Fin du XIVème siècle importance de percement d’ouvertures à base des tours et courtines pour utilisation armes à feu légères (coulevrines à main, hacquebutes). Début XVème siècle importance d’innovation architectural du boulevard. C’est organe de défense avancée conçu pour pouvoir protéger portes et points vulnérables d’enceinte contre tirs de plein fouet d’artillerie. A partir fin XIVème/début XVème siècle enceintes sont quasi systématiquement remparées. Sommet de rempart permet accueil pièces d’artillerie lourde. Services de garde et guet découlèrent de fonction sécuritaire des enceintes urbaines. Importance d’attention sur les portes puisque peur de trahison ou prise de ville par surprise.

La mise en défense des territoires : Pas réellement existence de lignes de front continu, mais en fin de campagne possibilité que certaines zones étaient organisées militairement à travers réseau de garnisons. Importance d’institution et contrôle de mise en défense des territoires par pouvoirs urbains et seigneuriaux puis encouragement de pratique par pouvoir royal. A cette époque château retrouve rôle vital qu’il avait à l’époque féodale. De fait existence de véritables réseaux castraux grâce à encadrement humain par professionnels tels que les capitaines. A cela s’ajoute forteresses, maisons-fortes, cimetières, églises, tours, moulins et villages fortifiés. Idée que maillage dense se veut dissuasif. En outre importance de mise en défense et contrôle des ponts etc… Pour ennemi chaque enceinte est point d’appui pour établir domination de campagne environnante. Dans cas les plus graves importance d’emploi de pratique de « terre brûlée » par défenseur pour faire fuir attaquant. Ordonnance dans ce sens par Charles V avec idée de faire le vide devant avancée des Anglais.

La guerre maritime : Durant hostilités entre France et Angleterre, majorité des combats sur terre ferme, mais rôle joué par mer fut crucial. De fait impossibilité pour Angleterre de mener guerre continentale sans têtes de pont comme Calais. Nécessité pour chacun de protéger côtes et contrôler Manche. Début de création de marine par Philippe le Bel en 1294-1295. Création de chantier et arsenal au Clos des Galées près de Rouen. Fin du XIIIème siècle marine est chargée de protection des côtes, interception de navires anglais et intervention sur côtes ennemies (galloise et écossaise) pour favoriser soulèvement. Importance d’attention autour de côte flamande, notamment pour sécurité des transports maritimes. A époque de Philippe VI organisation, en 1388, de flotte de 200 navires en 3 « batailles ». Toutefois, défaite de l’Ecluse révèle insuffisance de sens tactique et d’expérience de combat sur mer. Suite à cela importance de supériorité anglaise. Outre arbalètes embarquement de quelques canons sur bateaux avant fin du XIVème siècle. Capacité offensive des arbalètes doublée de dispositif défensif des pavesades. Durant ensemble du XVème siècle volonté de construire artillerie la plus légère possible pour l’embarquer sur les bateaux. Par conséquent, comme sur terre importance qu’usage d’artillerie à poudre a provoqué profonds bouleversements. Fin XVème siècle guerre sur mer a rarement connu engagements importants. A fin Moyen Age importance d’absence de véritable stratégie maritime pour Etat français. De fait mélange d’intérêts public et privé et cet affaiblissement d’autorité encourage autonomie des princes côtiers, notamment Provence, Bourgogne et Bretagne qui possèdent propre flotte.

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Les pratiques de guerre Recherche de profit pour combattants (notamment par butins et rançons) fut une des raisons majeures pour participation aux hostilités. Importance de recherche du profit du fait de changement de mode de recrutement des armées à partir du XIVème siècle, notamment avec mercenaires. En théorie combattant est payé par gages, mais souvent insuffisants ou payés en retard. Parfois, autorités organisent opérations militaires sans posséder argent pour financer. Exemple avec expédition d’Edouard III en France en 1375. Existence d droit coutumier militaire qui a pour but de régler litiges entre combattants (notamment partage des butins) et imposer codification des usages entre adversaires. Toutefois, dans réalité trouve ses limites dans impératifs de guerre « moderne » où massacres et exactions font partie intégrante des opérations. Rançon et butin : Mise à rançon est lié à état de guerre. Toutefois, à partir de fin du XIIIème siècle importance d’explosion des rançons, à tel point que possibilité de parler « d’âge d’or des rançons ». Attitude des autorités différent sur sujets entre espace anglais, français, bourguignon. Du fait des risques des batailles, sièges, escarmouches ou guerre de course sont plus profitables en termes de prisonniers ou butin. En principe rançon concernait monde aristocratique au sens large. Seuls hommes d’armes de rang supérieur à chevalier et écuyer étaient concernés. Dans les faits toutes les populations sont concernées. Exemple de Jean II le Bon montre que roi n’est pas à l’abri. Prise des prisonniers généralement lors de fuite. En théorie rançon est affaire privée et individuelle, au moins jusqu’à fin XIVème siècle. Toutefois, attestations que prisonniers sont mis en commun et gains redistribués entre combattants. Cette pratique est rare jusque premier quart du XVème siècle puis se développe dans Normandie anglaise et en Bourgogne. En France il faut attendre 1476 pour qu’ordonnance affirme que tous biens de guerre doivent être mis en commun. Au départ prisonniers appartenaient à ceux qui s’en étaient emparés, mais nombreux captifs changent de main soit réclamation par chef de l’ost soit remis au capitaine par ses soldats. Dans monarchie anglaise et en Bourgogne existence d’établissements de listes de prisonniers. En France attestation uniquement durant seconde moitié XVème siècle, mais possibilité avant. Partage des prisonniers de guerre est enjeu diplomatique importance donc ingérence de plus en plus grande des autorités. Existence de compensation versée selon rang social du captif et santé financière du prince en question. Etablissements de contrats entre les deux parties permettent de définir prix, termes et conditions de paiement, stipuler conditions de captivité ou mise en liberté éventuelle sous conditions (otages, caution, sauf-conduits). De façon générale grands prisonniers sont bien traités, mais possibilité de pression pour qu’il accepte rançon plus élevée. Prisonniers « difficilement monnayables » sont généralement relâchés rapidement. Usage veut que rançon équivaut à un an de revenus du captif, mais en général c’est plus, évaluation de rançon étant sur base du rang, statut et réputation. Fluctuation du montant selon offre et situation économique du moment. Du fait d’implication des marchands possibilité d’envisager que rançons ne concernent plus seulement gens de guerre ou autorités, mais aussi ensemble de société. Au XVème siècle accroissement de contrôle étatique sur rançon et butin au détriment des usages de guerre. Revenus de rançons devaient revenir à couronne au nom du bien public.

Pour plupart des combattants enjeu majeur des campagnes militaires est prise de butin et pillage des biens meubles, mais vente rapportait moins que prisonniers. De façon générale pas d’enrichissement pour simples soldats. Peu de rachats pour armes, mais rachat des armes plus lucratif. Partage de butin ne tenait pas compte d’hiérarchie des soldes ou nature des combattants puisque part égale pour chacun. Autorités se réservent biens immeubles alors que biens meubles reviennent aux combattants. Dans armée roi de France grands officiers militaires revendiquent part des biens pillés et roi s’attribue en général les biens militaires (forteresses, places fortes etc…). Dans armée bourguignonne existence d’ordonnances pour définition de partage du butin. Capitaines de compagnie récupèrent butin et organisation d’enchères avec possibilité de participation des combattants, mais aussi des étrangers. Gains sont redistribués entre hommes de guerre. De son côté Louis XI met en place partage égal entre soldats de son armée. Importance de problème de contrôle des hommes qui souvent abandonnent mêlée pour piller camp ennemi. Exemple lors bataille de Guinegatte.

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Victimes au combat : Importance de forte augmentation de mortalité dans campagnes de fin du Moyen Age par rapport à période XI-XIIIème siècle. Réputation des Flamands et Suisses de ne pas faire quartier. Si chevauchées sont plus meurtrières pour civils que pour soldats et que sièges ne terminent peu souvent par assaut, importance de grande mortalité au cours de certaines batailles. Férocité des combats peut s’expliquer par participation croissante des non-nobles et mercenaires dans armées ce qui change atmosphère générale de guerre alimentant certaine haine de classe favorisant massacres. Raison principale d’augmentation de mortalité est décisions des chefs d’interdire de prendre rançon, comme à Crécy. Toutefois, difficile de comptabiliser pertes humaines. Importance de charge de vainqueur d’offrir sépulture chrétienne aux morts, mais parfois existence de fosses communes, notamment après bataille de Towton. Estimation de proportions des tués sur champ de bataille entre 20 et 50% durant deux derniers siècles du Moyen Age. Fantassins sont premières victimes puisque moins bien protégés et plus sujets aux carnages, rançons sur eux n’étant d’aucun intérêt. Théoriquement plus rang social est élevé moins risque de mort. Toutefois, importance d’exemples de batailles de Courtrai (1302) et Bannockburn (1314) où mort de nombreux chevaliers contre infanterie urbaine. Si usage était de laisser vie sauve aux prisonniers, possibilité d’ordre de mise à mort pour raisons stratégiques comme à Azincourt. De façon générale Anglais font peu de prisonniers. Importance d’existence de soins prodigués aux combattants blessés. Attestation de gages versés à chirurgiens, médecins ou barbiers pour soins accordés aux troupes ce qui nécessite logistique médicale à proximité. Dans traités de chirurgie d’époque importance de souci autour d’extraction des traits. Importance également des plaies à la tête et au cou. Malgré renforcement d’équipement défensif, notamment à jointure des membres, à aucun moment armement défensif n’a offert protection efficace du corps face aux armes offensives de trait puis à poudre portative.

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Les institutions de la guerre Les types de recrutement Le recrutement féodal : Service armé dans ost est une des obligations féodales dues par vassal à seigneur. Convocation par semonce sur base des fiefs. Dès milieu du XIIème siècle limitation du service à 40 jours en Angleterre. Même limitation en France à partir d’environ 1270. Après ce temps participation à armée devient volontaire, mais devient obligatoire si roi verse solde ou défense du royaume est en cause. Ensemble des vassaux sont invités à servir que ce soit villes ou évêques. Ost est service gratuit donc combattants payent tout ce qu’ils ont besoin, ce qui fait dépense importante. A côté service d’ost existence d’autres obligations militaires féodales. De fait certains vassaux ne peuvent être convoqués que pour 5, 10 ou 20 jours ou uniquement dans limite de leur comté. De fait abandon progressif d’exigence d’accomplissement de ces services. Services féodaux attachés à des fiefs-rentes continuent à être exigés. Idée de fiefs-rentes est service armé du vassal pour temps et avec nombre de combattants donné en échange de versement de rente annuelle et viagère. Toutefois, diminution des fiefs-rentes à partir de milieu du XIVème siècle.

En France importance de semonce des nobles, obligation de service armé de tous les nobles et possesseurs de fiefs entre 15 et 60 ans y compris ceux qui ne sont pas directement vassaux du roi sans limite de temps et espace. En cas de non-présentation possesseur de fief voit ses revenus confisqués. Mise en place de semonce des nobles à partir de Philippe le Bel pour défense du royaume. Importance de différence entre semonce des nobles et levée féodale « classique » : dans semonce paiement des combattants depuis premier jour de service. A partir de 1342 possibilité de racheter son service. Au XVème siècle semonce des nobles ne touche plus que seuls possesseurs de fiefs. Semonce des nobles est plus fréquente que levée d’arrière-ban puisque mode de recrutement plus régulier. En 1448 réforme de service des fieffés par Charles VII, ces derniers se limitent désormais à arrière-ban (roturiers faisant partie des francs-archers). Néanmoins, service des nobles continue à être utilisé. En Angleterre volonté de roi d’obtenir service armé de tous les nobles. Pour cela remplacement de writ féodal par writ quanto potentius poteritis qui convoque barons à venir avec autant d’hommes que possible et qui seront soldés dès premier jour. Pour renforcer cela existence de statuts qui prévoient obligation de service en fonction de revenu foncier des propriétaires terriens. Exemple de statut de Winchester qui oblige ceux qui ont plus de 40£ de revenu foncier à être chevalier, ceux qui ont plus de 20£ hommes d’armes. Toutefois, existence de résistance. En 1324 réforme. Désormais shériffs dressent listes de tous chevaliers et hommes d’armes dans les comtés et mise en place de commissions d’array pour recrutement de cavalerie lourde, à l’image de ce qui existe déjà pour infanterie.

A partir de 1302 convocation exceptionnelle d’arrière-ban par roi de France. Arrière-ban est tous les hommes de 18 à 60 ans et ce sans limite de temps. Arrière-ban peut être proclamé pour ensemble du royaume, mais aussi pour certaines régions, mais rare. Ensemble des habitants du royaume sont concernés, y compris clercs que ce soit dans domaine royal mais aussi dans partie des grands fiefs (sauf possessions duc de Guyenne, duché de Bretagne ou comté de Flandre). En cas levée arrière-ban nobles ou possesseurs de fiefs doivent se rendre à l’ost et si incapables obligation de verser contribution financière. Non-nobles doivent verser subvention correspondant à équipement et solde d’un certain nombre de gens de guerre pendant temps donné. Exemple en 1304 où 100 feux « francs » doit payer armures et soldes de 6 sergents pendant 4 mois. Chaque groupe de 100 feux « abonnés » doit équiper et solder 4 sergents. Convocation d’arrière-ban est façon pour roi de lever argent, mais aussi et surtout maximum d’hommes. En dehors d’arrière-ban possibilité que roi exige service de contingents urbains. Jusqu’en 1356 convocation régulière d’arrière-ban puis abandonné. En Angleterre statut de Winchester de 1285 affirme qu’ensemble des hommes entre 15 et 60 ans en état de combat peuvent être convoqués pour service annuel de 40 jours. Modulation en fonction de richesse puisque, par exemple, homme avec 15£ de revenus sert comme cavalier. Révision de statut en 1345 et 1346. A partir de ce moment obligation de fournir homme d’armes à partir de 25£ (et chaque tranche de 25£ supplémentaire oblige à fourniture d’1

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homme d’arme supplémentaire), 20£ égale obligation de fournir 2 hobelars, 5£ égale fourniture d’archer monté et 2£ pour un archer. Roi ordonne recrutement général par commission d’array dans laquelle commissaires rassemblent hommes capables de combattre dans ville ou comté. Essentiel d’infanterie est recruté dans villes et comtés d’Angleterre et Pays de Galles. 2 fois par an commissaires inspectent capacités militaires du territoire. Forte probabilité que communautés locales choisissent elles-mêmes hommes qu’elles envoient. Toutefois, existence également de recrutement forcé, notamment lors des campagnes d’Edouard Ier contre Ecosse. Système perdure jusqu’au règne d’Henri VIII. En Ecosse principal système de recrutement est « service écossais ». C’est levée au nom du roi d’ensemble des hommes âgés de 16 à 60 ans avec service sans paie dans contingents rassemblés au niveau local par comtes, sheriffs ou barons locaux. En Irlande gaélique attestation d’existence de levée générale que roi peut convoquer uniquement si menace sur communauté ou pour « juste » cause. Existence de trois degrés : convocation des seuls propriétaires fonciers, de tous guerriers possédant bouclier et dans cas extrêmes d’ensemble de population. Dans Irlande anglais application de statut de Winchester.

Obligations féodale sont nombreuses et disparates mais aussi limitées dans temps et espace. Importance de décalage entre effectifs attendus et ceux effectivement obtenus, notamment pour ost de Philippe III à Foix en 1272. Semonce des nobles résout en partie problème en uniformisant obligations, mais effectifs procurés sont également variables. Principale faiblesse de recrutement féodal reste manque d’expérience et organisation des contingents. De fait groupements féodaux sont nombreux, petits, inégaux et indisciplinés. Arrière-ban est difficile à manier et peu efficace car utilité militaire des non-nobles est limitée. Suite à Crécy, où contingents urbains fuient, roi ne retient des villes que combattants « utiles », notamment arbalétriers. Enfin, intérêt fiscal d’arrière-ban de moins en moins intéressant au fur et à mesure d’installation d’autres ressources fiscales. Pour Angleterre déplacement de théâtre des opérations en France rend nécessaire volontaires. Difficultés de recrutement expliquent montée progressive de recrutement soldé.

Contractualisation, solde et mercenariat : Présence combattants gagés dans armées n’est pas nouveauté de fin du Moyen Age, mais évolution majeure est apparition d’armées entière stipendiées. Evolution est très graduelle.

A exception d’Ecosse où service dans armée n’est jamais payé, soldes sont versées aux fieffés à partir de fin du XIIIème siècle afin de repousser limites temporelles et spatiales de service féodal. Certains combattants d’ost refusent paiement de gage pour ne pas être dépendant du roi. Exemple de Thomas, comte de Lancastre. Toutefois, du fait d’accroissement de coût de guerre, idée de guerre comme service payé s’impose en Angleterre à partir des guerres écossaises. Néanmoins, pas d’abandon de service féodal pour plusieurs raisons. Souvent capitaines avancent argent dus par roi pour équipement d’ensemble des hommes. Par ailleurs recrutement féodal facilite recrutement de volontaires en s’appuyant sur réseaux locaux de fidélités et maintient encadrement des combattants dans liens féodaux.

Parmi combattants gagés certains sont présents par obligation tandis que d’autres sont volontaires. Au sein des volontaires nécessité de distinguer mercenaires qui sont soldats professionnels. Contingents mêlent différents statuts et modes de recrutement sont divers : lettres royales, agents recruteurs, présentation spontanée vers chefs de guerre. A fin de chaque campagne gens de guerre soudoyés sont licenciés. En Angleterre existence de deux modes de recrutement de volontaires : retenues par capitaines et commissions d’array. Dans premier cas recrutement d’hommes d’armes, sous commandement noble se fait selon réseaux de solidarité locaux. Dans second agents royaux et seigneurs locaux sont chargés d’engager piétons, notamment archers et lanciers. Commissions précisent nombre de soldats requis par lieu, mais chiffres théoriques pas forcément atteints. Intervention des agents royaux au Pays de Galles. Importance de proportion de Gallois dans armées d’Edouard III et du Prince Noir puis diminution au cours du XVème siècle. Compagnies d’archers recrutés sont organisées par groupe de 20 hommes, commandés par « vintenier ». 5 vingtaines sont sous commandement d’un « centenier », souvent homme d’armes. En Irlande gaélique importance de recrutement de mercenaires au cours de période. Soldats les plus communs à partir de fin XIIIème siècle sont les galloglass. Ce sont piétons lourdement armés servant au sein de compagnie de 80 hommes commandée par

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connétable. Galloglass sont retenus pour période de trois mois environ et ce jusqu’au XVème siècle où contrats s’allongent. Galloglass sont préférés aux mercenaires locaux, les kerns.

Solde n’est pas très élevée et gages reflètent hiérarchie d’armée. En France en 1294 bannerets sont payés 20 sous tournois par jour, chevaliers 10 sous tournois, écuyers 5 s.t. et hommes de pied 1 s.t. En 1351 taux sont respectivement de 40 s.t., 20 s.t., 10 s.t. et 2 sous 6 deniers tournois par jour. En Angleterre solde reste quasiment inchangée durant ensemble du XIVème siècle et grande partie du XVème siècle. Gages journaliers sont de 2 sous sterlings pour chevalier, 1 s. st. pour homme de pied, 6 deniers sterlings pour archer monté, 3 deniers sterlings pour archer. Ils sont relativement équivalents aux tarifs français. Dans armée bourguignonne unité comptable est paye d’homme d’armes, 15 francs par mois (10 s.t. par jour). Chevaliers bannerets reçoivent 4 payes, chevaliers bacheliers 2 payes, hommes d’armes 1 paye et hommes de trait ½ paye. Dans ensemble gages restent stables au cours de période. Importance d’évolution dans armées de Charles VII à partir de 1438-1440 puisque ensemble des hommes d’armes sont payés même solde. Cela témoigne d’affaiblissement de chevalerie et professionnalisation d’armée. Au cours des années 1470 abandon d’ancienne hiérarchie des gages par Bourgogne et Angleterre.

Possibilité d’accord d’autres avantages pour combattants. En Angleterre soldats sont protégés de toute sorte d’actions en justice durant temps de service armé. Par ailleurs existence de lettres de rémission par laquelle roi accepte effacement des peines d’un criminel en échange de service armé. De même en France existence de lettres d’état suspendant action judiciaire durant service des soldats. En outre attestation de versement d’indemnités aux chefs de guerre pour « soustenir leur estat ». Dans armées anglaises apparition de prime du regard en 1345. Idée de prime est de permettre financement de coût croissant d’armure et surtout motiver combattants anglais pour aller en France. Prime est 6 deniers sterlings par jour jusqu’en 1370 puis de 12 deniers sterlings. Versement au capitaine qui distribue ensuite aux hommes. Importance de butin comme part de rémunération du combattant. Possibilité que répartition soit fixée dès retenue du combattant, comme en Angleterre. Importance également de pratique du restor. Celle-ci concerne au départ membres de l’hôtel puis étendue à ensemble des gens de guerre. C’est compensation versée par seigneur pour compensation lors de perte de cheval. Importance de restor comme grand poste de dépense puisque grande mortalité des animaux sur champ de bataille. Exemple en 1372 maréchal de Bourgogne déclare perte de 44 chevaux durant service du duc. Compensation peut être versée à homme de guerre montant cheval ou à capitaine employant homme de guerre. Dans royaume de France existence de tarif forfaitaire de 25 livres tournois dès début du XIVème siècle. En Bourgogne remboursement intégral de cheval au prix estimé lors de montre d’armes. Changement sous Philippe le Hardi avec adoption d’usage français. Disparition de restor systématique dans armée anglaise à partir de 1372-1373, dans armée française vers 1375-1380 et dans armées bourguignonnes après 1387. Par la suite dons pour remboursement des chevaux perdus dépendent de libéralité du prince.

Au sein d’ensemble des combattants à gages, nécessité de distinguer grands seigneurs avec lesquels princes passent accords pour qu’ils fournissent troupe dont effectif est fixé à l’avance. Accords mis par écrit sont endenture en Angleterre et lettres de retenue en France. Endenture est contrat passé entre roi et capitaine avec précision de durée du service, nombre et nature des combattants à fournir, date et lieu de passage à montre, lieu du service ainsi que part du butin revenant à chaque partie, solde ou questions disciplinaires. Capitaines peuvent également recrutés une partie de leurs troupes par endenture. Importance d’endenture comme élément clef du bastard feudalism. Premières endentures connues datent de fin du XIIIème siècle pour recrutement de garnisons en Gascogne ou sur frontière écossaise. Mise en place d’endentures pour régler problèmes financiers et administratifs liés à absence du roi durant campagne. Généralisation d’endenture à partir de 1369. A partir de Richard II obligation de mise par écrit des endentures et d’envoi à l’Echiquier pour présentation des comptes par capitaines au moment de retour d’expédition. Au XVème siècle ensemble des armées sont recrutées par endentures. Endenture a nombreux avantages : couronne se décharge de tâche de recrutement d’armée ainsi que de gestion de paiement des gages. Au XVème siècle apparition de contrats d’endenture avec un seul capitaine, celui-ci devant recruter ensemble de corps expéditionnaire. Exemple avec expédition de 1428 recrutée par Thomas Montagu, comte de Salisbury. Emploi de système surtout à partir des années

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1440. Apparition des contrats militaires dès fin du XIIIème siècle. En France ce sont « lettres de retenue » et ce dès première moitié du XIVème siècle. Apparition de lettres de retenue également en Ecosse vers même époque. Principale différence entre endentures et lettres de retenue c’est que ces dernières sont moins précises, notamment autour de durée d’engagement. Existence également d’accords et alliances militaires pour étendre recrutement. Exemple avec accord entre roi de France et Jean de Luxembourg en 1332 pour que roi de France puisse recruter 500 hommes d’armes.

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Le financement de la guerre Importance des dépenses militaires comme charge pour finances des princes, surtout avec développement important de guerre soldée. Pour faire face expérimentations de nombreuses solutions. Le rachat du service féodal : Du fait de coût de matériel volonté de nombreux combattants de payer plutôt qu’aller combattre. En Angleterre attestation ancienne de rachat de service d’ost. En France développement de pratique sous règnes de Philippe III et Philippe IV. Toutefois, ces recettes sont difficiles à lever et peu en rapport avec coût réel de guerre. En Irlande gaélique à partir du XIIIème siècle possibilité pour certaines troupes mercenaires de lever gages sur populations qui doivent les nourrir et loger en temps de paix. C’est coinmheadh ou buannacht et cela remplace en partie service personnel dû par populations.

La fiscalité : Revenus ordinaires de domaine du prince peuvent être pris financement de guerre. Exemple de Bourgogne, Flandre et Artois où à partir de Philippe le Hardi entretien des forteresses domaniales est assuré par divers impôts et amendes. Existence également de réquisitions en nature et exercice de droit de prise. Toutefois, revenus sont nettement insuffisants. Exception d’Ecosse puisque pas de guerre extérieure à financer levée d’impôt uniquement 2 fois durant ensemble du XIVème siècle.

Impôts extraordinaires ne sont pas compris dans obligations féodales et donc soumis à accord des populations mais surtout de leurs représentants avec qui existence de négociations. De fait durant règne d’Edouard Ier tenue de nombreux « parlements » pour consentement à l’impôt. En France négociation entre Philippe le Bel et les Etats. Ducs de Bourgogne négocient avec Membres de Flandre. Importance d’influence de consentement à l’impôt sur conduite de guerre. Exemple avec refus de Parlement anglais de donner subsides aux possessions en France entre 1422 et 1429 ce qui gêne opérations militaires. Impôt peut être direct (fouages, tailles). Importance de lien entre guerre et impôt. En outre importance des contributions indirectes (aides) qui sont source importante de revenus. Exemple d’Angleterre où principalement commerce extérieur et droits de douane. Grâce à taxe d’1£ sur chaque sac de laine à partir de 1336 (puis 2£ en 1342) couronne peut disposer de 2.275.000£ entre 1337 et 1375. En France institution de gabelle en 1341. Pour villes possibilité que monarque autorise levée temporaire de taxe pour entretien fortifications.

Mise en place d’impôts entraîne développement d’administration pour gestion ainsi que réflexion théorique sur usages de produit d’impôt et légitimité de levée. Même si idée que suite à disparition de cause de levée d’impôt, interruption de levée d’impôt, importance d’augmentation et pérennisation de pression fiscale en France notamment pour financement de rançon de Jean II le Bon ou mise en défense de royaume sous Charles V. Habitude progressive de population à idée d’imposition permanente du fait de perception pour intérêt public. Toutefois, processus n’est pas linéaire puisqu’abolition des contributions directes peu avant mort de Charles V ou révoltes antifiscales à fin du XIVème siècle. Peu à peu fixation d’assiette d’impôt et exemption des nobles.

Guerre et expédients financiers : Du fait de manque de liquidités, difficultés pour faire rentrer produit des aides et urgence de paiement des troupes, obligation pour belligérants de recours à emprunt. Du fait de faiblesse de revenu des impôts importance d’emprunt comme principal mode de financement des guerres en France et Angleterre et ce jusqu’aux années 1340. Emprunts peuvent être contractés auprès bailleurs de fonds divers : villes, particuliers (notamment membres de famille et cour princière, certains capitaines ou officiers des finances). Emprunts ne sont pas nécessairement forcés, mais sont une des modalités des relations entre prince et ses hommes.

Du fait de nécessaire endettement de prince pour financement de guerre, ce dernier est obligé de solliciter marchands et banquiers. Rois d’Angleterre font appel aux banquiers italiens (Ricciardi sous Edouard Ier puis Bardi et Peruzzi sous Edouard III). En Bourgogne importance des banquiers Rapondi sous Philippe le Hardi. Dettes sont gagées sur biens meubles ou immeubles ou, pour rois d’Angleterre, sur revenus douaniers.

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En cas d’urgence utilisation de certains expédients financiers notamment vente ou mise en gage de biens précieux. Exemple en 1416 où Bernard VII d’Armagnac fait saisir vaisselle précieuse et joyaux du roi pour convertir en monnaie. Possibilité également de recours aux mutations monétaires afin d’augmenter profit issu de frappe monétaire. Exemple sous Charles VII avec 20 dévaluations sur monnaies d’argent frappées entre mars 1419 et septembre 1422. Utilisation également de mutation monétaire par Philippe IV.

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L’administration et la justice de la guerre Période voit multiplication des offices, militaires, judiciaires afin de mieux contrôler et donc en faire instruments maniables pour réalisation de politique choisie.

Le contrôle du recrutement : Roi ou prince est normalement chef de l’ost et mène donc armée. Possibilité pour membres de famille ou grands seigneurs de recevoir grands commandements, notamment en tant que lieutenants ou comme capitaines généraux de région déterminée. Chef d’ost et lieutenants sont assistés par grands officiers qui forment sorte d’Etat-major. Nécessité de distinguer offices héréditaires, souvent (mais pas toujours) honorifiques, et offices pourvus par désignation dont rôle effectif souvent plus important. En France connétable a charge de coordonner armée royale et diriger opérations, notamment sous aspect matériel et logistique. Il est assisté par deux maréchaux de France dont une des fonctions est recevoir gens d’armes lors de montre. Au départ maître des arbalétriers reçoit aussi gens d’armes puis fonctions sont limitées aux gens de trait, infanterie et artillerie. Amiral commande armée de mer. Ordonnance de 1373 le place au même rang que le connétable. A niveau inférieur baillis et sénéchaux ont rôle militaire, notamment dans encadrement des troupes levées et organisation d’approvisionnement d’ost. Capitaines ou gouverneurs encadrent garnisons et assurent défense au niveau local. Certains grands fiefs, notamment Bourgogne ou Bretagne, disposent de maréchal permanent. Pour armée anglaise existence d’offices supérieurs héréditaires, notamment connétable (constable) et maréchal d’Angleterre (Earl Marshal) avec codification des fonctions au cours du XIVème siècle ainsi qu’existence de maréchaux temporaires normalement nommés dans armées recrutées par contrat. Ceux-ci sont chargés de maintenir discipline et supervisent fonctionnement quotidien d’armée. En dessous existence des postes de capitaines et lieutenants qui sont directement nommés par roi. En plus des grands offices de commandement, existence, que ce soit en France ou Angleterre, de gouverneurs, lieutenants et capitaines généraux pour commander zones frontières ou provinces occupées. Ces officiers ont pouvoir de recruter et passer à montre armées au nom du roi, d’établir garnisons, nommer capitaines. Plupart des officiers supérieurs sont issus d’aristocratie, mais quelques exceptions comme Thomas Dagworth nommé lieutenant de Bretagne. Du fait de durée de guerre et de sa professionnalisation, montée en puissance d’hommes de petite et moyenne noblesse comme Bertrand du Guesclin.

Du fait de recrutement d’abord féodal d’armée, hiérarchie nobiliaire se confond avec hiérarchie des positions au sein de groupe des gens d’armes. Hiérarchie : roi, prince, duc, comte, vicomte, baron, bannerets, bacheliers et enfin écuyers. Armées sont organisées en nombre limité d’unités appelées « batailles » aux effectifs variables et commandées par petits groupes d’hommes d’armes. Exemple de Crécy où armée anglaise se divise en trois « batailles » comportant en tout 48 retenues. Dès XIVème siècle efforts en France et Angleterre, sans succès, pour rationaliser et harmoniser taille des retenues. Attestation de port de symboles ce qui témoigne de volonté d’unifier contingents disparates. Ordonnance anglaise de 1385 ordonne port de croix de Saint Georges pour soldats au service de Richard II. En revanche importance de caractère précoce d’organisation d’infanterie. En Angleterre organisation en groupes de 20 ou 100 hommes depuis XIIème siècle. A partir des campagnes galloises d’Edouard Ier existence de regroupements de 1.000 hommes sous commandement d’un millenar, peut-être chevalier. En Ecosse ce sont sheriffs et barons qui ont charge de vérifier équipement des combattants et de les sélectionner. Ils conduisent contingent à montre et sont échelon intermédiaire de commandement. Officiers les plus importants sont les gardiens (warden) des marches de l’Est et l’Ouest. Ils sont responsables des frontières. Comtes sont à tête d’armées de leur comté et nobles conduisent les retenues.

Lors d’arrivée dans armée combattants sont « reçus à montre » c’est-à-dire recensés et enregistrés et équipement est vérifié. En France, dans cadre ost féodal, recensement est effectué par intermédiaire des baillis et sénéchaux et dans grands fiefs par agents des feudataires. Par la suite tâche dévolue aux maréchaux, de France ou des grands seigneurs. Dans pratique délégation vers commis ou prévôts. Suite à inspection rédaction de « rôles de montres » ou « montres d’armes » qui liste combattants, nombre, parfois armes ou montures. Préconisation de « revues » régulières des

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effectifs (idée de revue mensuelle sous Charles V). Capitaines ont ordre de signaler changements survenus ou absents qui sont rayés des listes. Importance de fonction de contrôle des effectifs de la part des capitaines.

Pour transmission des ordres simples utilisation de trompettes. Existence de système de courriers et messagers pour transmission et diffusion des informations. Aux différents niveaux de commandement exercice d’autorité de commandement au nom du roi ou prince. Importance de renforcement de principe hiérarchique au cours de période.

La comptabilité de la guerre : Importance des documents comptables dans connaissance des armées médiévales. Campagnes militaires donnent parfois lieu à établissement de documents prévisionnels comptable avec volonté d’estimer besoins en hommes, argent et matériel. Exemple d’invasion d’Aquitaine par France en 1327. Prévision de dépense d’environ 800.00 livres tournois sur 14 mois, environ 3 fois plus que revenus annuels de couronne. En outre documents comptables permettent également, à posteriori, de calculer coût total de guerre. Opérations entre 1293 et 1299 font qu’Angleterre dépense 400.000 livres sterling (environ 1.600.000 livres tournois) soit ensemble des revenus de couronne sur période. En Angleterre armées menées par roi lui-même sont directement administrées par service financier de l’hôtel, la Garde-robe. En 1338 et ordonnances de Walton Edouard III cherche à rationaliser et contrôler dépenses militaires avec nomination de trésorier devant auditer comptes. Au XVème siècle avec développement de système d’endenture, paiement des corps expéditionnaires est géré par Echiquier. Il délivre au capitaine, lors de signature d’endenture, moitié des gages dus, autre moitié étant versée à embarquement, après montre des troupes par officiers. Avec conquête de Normandie en 1419 paiement des garnisons revient à chambre des comptes de Rouen. Cette dernière est créée en 1421, supprimée en 1424 au profit de chambre des comptes de Paris puis réinstallée en 1436 jusqu’au départ des Anglais en 1450. Paiement des troupes obéit à système bureaucratique rigoureux et complexe afin de limiter fraudes. Production de 19 documents par garnison et par an : endenture annuelle, montres trimestrielles, divers ordres de paiements et quittances. Solde, payée par trimestre, est versée au capitaine qui doit la répartir entre les hommes. Pour royaume de France sous Philippe le Bel pas encore d’existence d’officier spécialisé dans administration financière de guerre. Ce sont baillis, sénéchaux, clercs du roi ainsi que certains conseillers et trésoriers qui doivent réunir finances et payer soldats. En 1318 ordonnance définit fonctions des trésoriers des guerres et de clerc des arbalétriers, ces derniers (avec assistants) sont chargés des finances de guerre. Nombre des trésoriers des guerres augmente durant période et demeure sous contrôle direct du roi. Au début de campagne ils accordent prêts aux hommes d’armes et une fois totalité de service accomplie et durée calculée (grâce à document écrit résultant de « retenue »), paiement du reste du salaire. En Bourgogne pas d’officiers de finances spécialistes des comptes de guerre puisque ce sont officiers ordinaires qui traitent dépenses soit dans « comptes particuliers » soit dans compte général. Montres d’armes sont pièce essentielle de paiement d’armée puisqu’elles indiquent officiers payeurs date du début de versement des gages et leur montant. Gages sont versés au chef de montre à charge pour lui de répartir. Autres documents comptables peuvent être produits dans cadre de guerre, notamment pour attester répartition du butin et produit de sa vente. Certaines charges peuvent être défalquées du paiement par officiers de finance : absences non autorisées, part du butin revenant au roi pour troupes anglaises au XVème siècle etc… Régularité dans paiement des soldes est condition de loyauté des combattants. Exemple en 1301 où mutinerie de garnison de Berwick du fait de paiement insuffisants. Pour pallier parfois versement de solde d’avance pour plusieurs mois, jusqu’à 6 mois en Angleterre et 1 mois en France. Toutefois, cette pratique est souvent présentée comme facteur de désertion puisque certains combattants partent se mettre au service d’autre capitaine.

Discipline et justice de guerre : Pour chaque campagne production d’ordonnances militaires visant à régler discipline au sein d’armée. Celles-ci comportent éléments communs mais sont aussi tributaires de contexte et d’armée. Ordonnances sont attestées en France dès 1351 et 1374. Pour armée anglaise et franco-écossaise, plus anciennes conservées concernent campagne de Richard II contre Ecosse en 1385. Pour armée bourguignonne première mention disciplinaire sous forme très sommaire avec ordonnance en 1396 d’hôtel du comte de Nevers avant départ pour croisade. Corpus des ordonnances s’accroît au cours de période. En France deuxième moitié du XVème siècle voit série d’ordonnances royales préciser et fixer aspects disciplinaires. En Bourgogne réforme d’armée menée par Charles

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le Téméraire se traduit par nouveaux textes à propos de discipline. De fait prise de plusieurs ordonnances militaires en 1468, 1471, 1472 et 1473. Elles reprennent en hiérarchisant différents délits et peines auxquelles s’exposent soldats tout en ajoutant prescriptions à portée morale. Dernière ordonnance de 1476 renforce mesures répressives avec généralisation peine de mort.

Motifs d’infraction à discipline militaire sont nombreux : non-respect des ordres, prise de prisonniers et partage de rançon, relations avec population civile, allocation de logements et ravitaillement, relations avec autres combattants etc… Pillages, déprédations et violences sont inhérents à présence d’hommes d’armes, notamment lorsque solde ou approvisionnement manquent ou que troupes sont démobilisées. Dès début de période sources montrent souci des gouvernants de contenir et limiter troubles liés à présence d’armée. Mesures préventives mais aussi sanctions sont mises en place. Dans armée anglaise en cas de non-respect ou rupture d’endenture existence de retenues sur solde. Malgré volonté de rigueur, existence d’une certaine indulgence envers crimes des gens de guerre. Attestation à travers nombreuses lettres de rémission. Attitude vis-à-vis des désordres causés par gens d’armes est liée au contexte politique. De fait à partir du traité d’Arras autorités bourguignonnes durcissent position. Dans contexte de rétablissement de paix avec France, Philippe le Bon prend en 1438 une ordonnance à portée générale visant à réprimer délits des gens de guerre avec menace de peine de mort avec confiscation des biens.

Existence de problèmes de désertion en Angleterre dès début du XIVème siècle et en France à partir du milieu du XIVème siècle. Désertion est progressivement assimilée à trahison et dès lors mise en place de systèmes d’autorisation d’absence. Soldat sous contrat doit, pour être relevé, obtenir autorisation de départ de capitaine avec uniquement accord pour motifs sérieux. Lors de siège d’Harfleur en 1415 Henri V accorde aux malades un grand nombre de certificats. En 1439 Parlement vote loi assimilant désertion à rupture d’engagement de servir bien commun pris par soldat. Dans armée bourguignonne après tentative de mise en place de système de congé, Charles le Téméraire choisit, en 1476, voie de répression avec ordre d’exécution immédiate de tous déserteurs.

Distinction entre délits commis par gens de guerre et autres se met en place à rythmes différents selon espaces concernés. Dans intervalle officiers de justice ordinaires connaissent délits commis par militaires, mais parallèlement officiers militaires appliquent forme de justice empirique sur subordonnés. Au sein armée royale de France à l’origine existence de multiplicité des juridictions avec celle du connétable, maréchaux et capitaines. Apparition au cours de période d’officiers chargés spécifiquement de justice militaire, les prévôts des maréchaux. Ce dernier est attesté dans armées royales françaises dès 1337. Mention pour première fois en Bourgogne et Bretagne dans années 1420 d’abord comme office temporaire puis permanent. Prévôt des maréchaux, dont juridiction s’étend à ensemble d’armée, juge au criminel gens de guerres délinquants et s’assure d’exécution des peines. Il est chargé de faire crier ordonnances concernant armée. Reçoit assistance de lieutenants, commis et bourreaux. En Angleterre existence de Court of Chivalry présidée par connétable et Earl Marshal qui juge actes de guerre, désaccords au sujet des prisonniers et rançons, droit de porter armoiries mais également manquements à discipline.

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Vers une armée permanente Une présence armée continuelle : Avant même apparition d’armées permanentes certains combattants sont retenus pour longues périodes, notamment pour service des princes ou en tant que troupes de garnison. Rois et princes s’entourent d’hommes d’armes pour assurer sécurité. Edouard III dispose à compter de 1356 de compagnie permanente de 120 archers montés qui forment garde royale. A partir de 1446 compagnie d’Ecossais assure garde du corps de Charles VII. Celle-ci est complétée sous Louis XI par « gentilshommes de l’hôtel ». D’autres grands seigneurs ou officiers ont également retenues, en France comme Angleterre. Pratique est favorisée par système des endentures et permet à des magnats de se constituer sortes d’armées privées qui jouent rôle dans conflits aristocratiques qui touchent Angleterre dans deuxième moitié du XVème siècle. Troupes de garnison assurent également présence armée continuelle. Exemple avec Calais qui possède, vers milieu du XVème siècle, 450 hommes en garnison en temps de paix. Par ailleurs 45 places sont pourvues de garnisons en Normandie entre 1422 et 1450. Angleterre entretient également garnisons en Irlande et sur frontières écossaises et galloises.

Les compagnies d’ordonnance : En France présence plus ou moins continue d’hommes d’armes au contact des populations a amené évolution des mentalités en faveur de pérennisation de partie des troupes armées. D’une part retenues permanentes permettent d’éviter exactions des hommes d’armes cassés après campagne. D’autre part populations acceptent de payer taille finançant armée en échange de fin de participation effective au combat via convocation d’arrière-ban.

Reconquête du royaume par Charles V à partir de 1369 s’appuie sur structures militaires amendées, sorte de « première esquisse d’armée permanente mobile ». Recrutement de cette dernière est centralisé, capitaines retenus directement par roi ou ses lieutenants et ce plusieurs années durant ce qui permet constitution de noyau stable pour armée permanente et professionnelle. Renforcement d’encadrement puisqu’en 1374 ordonnance royale prescrit qu’homme d’armes soient regroupés en « routes » ou compagnies de 100 hommes et soumis à leur capitaine. Troupes doivent être passées à montre une fois par mois et modification de mode de paiement. De fait auparavant capitaine recevait paye pour compagnie et désormais il la reçoit uniquement pour lui-même. Reste de compagnie est divisée en « chambres » de 10 hommes dont chaque chef reçoivent paye à diviser. Chaque capitaine reçoit également indemnité de commandement. Cette armée est à la fois permanente par pérennité des structures et mobile parce qu’elle se déplace à cheval même si combat à pied.

Crise financière suivis par guerre civile durant règne de Charles VI font que désagrégation d’armée de Charles V. C’est uniquement à partir de 1445, durant règne de Charles VII, qu’entreprise de réforme d’armée royale dont bases sont posées par ordonnance de Louppy-le-Château. Objectif est de réaffirmer autorité d’Etat royal en contrôlant nomination des chefs de guerre et mettant terme aux abus des écorcheurs. Plupart des capitaines retenus sont hommes expérimentés issus de moyenne noblesse. Ils sont ordonnés et révocables par roi et payés à gages. Chacun forme sa compagnie d’ordonnance (15 en 1445 puis 20) constitué de 100 lances, chaque lance comprend 6 hommes (1 homme d’armes, 2 archers montés, 1 page, 1 valet et 1 coutilier) et autant de chevaux. Compagnies « de grande ordonnance » mènent reconquête de Normandie et Guyenne. Par la suite bonne situation financière du royaume permet leur maintien de fait. L’armée est ainsi devenue permanente. En 1450 institution des compagnies de « petite ordonnance » ou « mortes-payes » qui sont troupes de garnison permanentes composées de « lances » de 4 hommes (1 homme d’armes, 1 valet et 2 archers montés) et installés dans régions reprises aux Anglais.

Lors d’accession au pouvoir Charles le Téméraire entame réforme des structures militaires bourguignonnes dans contexte de réforme plus globale « d’Etat bourguignon ». Entre 1468 et 1473 série d’ordonnances militaires réorganise armée. Idée de recenser fieffés et leurs ressources afin de rationaliser et systématiser leur service et d’autre part mettre progressivement en place armée permanente pour faire face au roi de France. Dès années 1460 apparition de gages « ménagers », mais mise au point du système (sur modèle français) par ordonnances de 1471, 1472 et 1473. Chaque

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compagnie d’ordonnance (12 en 1471 puis 22 en 1474) regroupe 100 « lances » composées de 9 combattants (1 homme d’armes et 2 auxiliaires, 3 hommes de trait et 3 fantassins). A partir de 1473 compagnies sont subdivisées en 4 escadres et 20 chambres avec précision de structure hiérarchique (« conducteurs », chefs d’escadre, chefs de chambre). Conducteurs sont appointés pour un an. Armée permanente demeure complétée par mercenaires retenus par contrat.

Vers une infanterie permanente : En France rapidement « mortes-payes » comptent moins en moins de combattants à cheval. Dans les faits c’est donc infanterie permanente de place. Quant à elle infanterie mobile permanente apparaît lentement. Création des francs-archers en 1448 pour organisation de réserve. Idée que chaque paroisse (pour chaque groupe de 80 feux) doit fournir archer équipé qui doit s’exercer régulièrement moyennant avantages fiscaux. 8.000 francs-archers en 1466 et doublement par Louis XI avec intégration de vougiers et piquiers. Toutefois, défaite de Guinegatte en 1479 met en évidence manque de discipline et d’instruction militaire des francs-archers. Abandon de ces derniers après mort de Louis XI. Par ailleurs création d’artillerie royale sous impulsion de maître d’artillerie Gaspard Bureau.

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Guerre et populations Pour fin du Moyen Age chroniques restent importantes mais elles peuvent désormais être complétées par multitude de pièces d’archives qui renseignent sur déploiement de guerre et vécu des citadins et villageois. Les dévastations et les séquelles de la guerre Pillages et destructions : Vol de bétail était activité prédatrice la plus répandue dans tous contextes. En Irlande c’était composante essentielle de vie des clans gaéliques. Exemple en 1274 ou 1275 avec raid contre manoir royal de Saggart où Irlandais prennent 2.600 moutons, 200 bovins etc… De même façon à partir de leur garnison, routiers faisaient courses dans lesquelles captures d’animaux était systématique. Garnisons anglaises de Normandie préfèrent quant à elles razzier chevaux plutôt que bétail.

En pillant maisons gens de guerre recherchaient étoffes, vivres, outils, armes et argent liquide. Butin était soit gardé individuellement par chacun soit mis en commun quand troupes très hiérarchisées. Butiniers étaient chargés de contrôler prises, les vendre aux plus offrants et répartir gains. Pour Angleterre selon coutume roi perçoit tiers des gains et chaque combattant devait remettre tiers de son butin à son supérieur. Depuis Paix de Dieu pillage des églises est sacrilège puni d’excommunication. Dans cas d’armées régulières possibilité de rappel de règle par chefs de guerre comme Edouard III en 1346 lors d’expédition de Normandie. Toutefois, dans les faits existence de beaucoup d’infractions aux ordonnances en ce sens car mobilier ecclésiastique offrait grandes perspectives d’enrichissement. En 1468 Charles le Téméraire interdit pillage des églises de Liège, mais seule cathédrale Saint Lambert est épargnée. Pour troupes irrégulières pillage des églises et monastères était généralisé.

Incendie est moyen par excellence pour dévaster territoire et caractérise la « forte guerre ». Exemple en juillet 1303 où Flamands incendient 70 à 100 villages d’Artois en 5 ou 6 jours. Incendiaires visaient essentiellement maisons seigneuriales, granges, moulins voire églises. Pratique aussi d’incendie des champs pour ruiner habitants. Dans certains cas volonté de destruction totale des terroirs agricoles donc arrachage des vignes, saccages des arbres, coupes des blés en herbe etc… par valets armés d’haches et outils.

Les effets démographiques de la guerre : Batailles rangées ne suivaient pas même scénario. Il arrive qu’issue soit incertaine et pertes assez équilibrées entre deux camps. Toutefois, cas de figure est minoritaire et le plus souvent pertes humaines très inégales entre les deux belligérants. Carnage essentiellement lors de chasse quand vainqueurs pourchassent ennemis débandés. Pour tous les hommes d’armes pratique généralisée des rançons limite risques. De ce fait et étant donnée la relative rareté des batailles rangées, mortalité des chevaliers et écuyers liée aux opérations de guerre semble plutôt faible. Pour archers et autres piétons mortalité nettement plus forte car ils sont exclus des rançons.

Grand nombre d’opérations militaires consistaient en pillages, mais sans volonté de tuer. Quand bannières déployées et « guerre mortelle » déclarée, plus de brides sur violence des hommes d’armes. Raids s’accompagnaient de « pertes collatérales ». Importance de cruauté des routiers, notamment durant période 1439-1445. Toutefois, violences extrêmes ne sont pas propres des routiers. En situation de « ville conquise » coutumes de guerre admettent pires violences. Exemple avec massacre de Caen en 1346 (2.500 à 5.000 morts) ou Poitiers (600 morts). Charles le Téméraire fait massacrer populations de Dinant en 1466 ou Liège en 1468. Ponctuellement, guerre peut avoir effets démographiques majeurs sur ville ou village. Sur longue durée et point de vue global, elle est de peu de rapport avec épidémies de peste.

Guerre est à l’origine de nombreux déplacements de populations. C’est d’abord fuites paniques devant menaces soudaines. Villageois abandonnent maisons et fuyaient dans bois ou lieux difficiles d’accès. Exemple en 1359 où

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habitants de Cergy se réfugient dans île de l’Oise où ils se fortifient. Ces situations de précarité pouvaient durer plusieurs semaines ou mois. De fait apparition de villages de réfugiés dans bois. Malgré tout repli dans lieu fort était le plus courant. Exemple en 1444 où face à approche des Ecorcheurs d’armée française, ville de Strasbourg procède à recensement de population et sur 16.500 habitants environ 10.000 étaient réfugiés venus des campagnes. Certaines zones très exposées sont progressivement désertées. En 1339 sous menace des raids maritimes français certains habitants du Hampshire quittent région et refusent de revenir. Marches entre Ecosse et Angleterre caractérisées par faible population du fait de forte conflictualité localement. Vers milieu du XVème siècle existence de « trois journées de pays désert » entre Ecosse et Angleterre. Hameaux et petits villages sont particulièrement vulnérables et ne se relevaient pas toujours des incendies ou d’occupation par ennemis. En août 1380 chevauchée du comte de Buckingham ravage Vemandois et 4 ans plus tard elles étaient encore désolées. En Comtat Venaissin trentaine de villages sont abandonnés entre 1360 et 1440, de façon définitive ou temporaire. Importance de nombreux critères dans exode rural : site peu propice, régime seigneurial sévère, population devenue trop faible à cause de peste, extension des pâturages par système des « enclosures ».

Les effets économiques de la guerre : Possibilité de quantifier effets de guerre en examinant rentes seigneuriales, revenus de dîme, cotes fiscales, échanges en général… Exemple d’archevêché de Dublin taxé à 2.800£ à fin du XIIIème siècle et qui ne vaut plus que 800£ après guerre des frères Bruce entre 1315 et 1318. Guerre ne peut être que facteur explicatif parmi d’autres (mauvais temps, épidémies etc…). Baisses des cotes fiscales doivent beaucoup à capacité de négociation des localités et seigneurs.

Importance de guerre comme frein considérable aux échanges. De fait présence de gens de guerre rend tout transport très périlleux donc fort ralentissement des échanges économiques. Exemple avec déclin des foires de Chalon-sur-Saône entre 1359 et 1368 du fait des Compagnies. Trafic fluvial également très perturbé puisque gens de guerre choisissent souvent de s’installer dans localité contrôlant un cours d’eau. Guerre aggrave également « marasme commercial ». Importance pour marchands de posséder informations fréquentes et fiables sur menaces sur commerce. A l’inverse importance de profit retiré de retour à paix puisque possibilité de vendre à prix élevés après mois de pénurie. Avec guerre commerce est soumis à des à-coups ainsi que des occasions de spéculation.

A court terme opérations guerrières paralysent activité agricole. Terres ne sont plus ensemencées d’où hausses soudaines des prix. Exemple en juin 1360 à Poitiers où setier de blé vaut 75 sous contre 5/6 en temps normal. A cela s’ajoute difficultés de remise en culture après incendie et dévastation des villages. Guerre crée situations de pénurie accentuées par perturbation du commerce. Répétition des épisodes guerriers et insécurité persistante se traduit par extension des friches. Exemple à Wark-on-Tweed (Northumberland) où 936 acres de terres domaniales ne sont plus cultivées du fait de « peur des Ecossais ».

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L’emprise des gens de guerre L’approvisionnement et le logement des troupes régulières : Rois de France et Angleterre pouvaient réquisitionner vivres (blé, avoine et viandes) et moyens de transport pour approvisionner Hôtel et armées, c’est droit de prise ou pourvoirie. A partir de fin du XIIIème siècle, du fait de nouveau contexte militaire, il est de plus en plus lourd, or officiers dédommageaient mal habitants puisque paiements en retard à prix inférieur au marché voire pas de paiement du tout. En 1336 changement de système en Angleterre. Dès lors shériffs et officiers locaux sont remplacés par commissions spécifiques formées par marchands ou clercs royaux qui avaient auxiliaires et grands pouvoirs de contrainte. Ils peuvent obliger à ventes forcées, faire saisies, ordonner emprisonnements. Situation est pire qu’avant. En 1340 réforme de pourvoirie militaire qui est confiée à simples marchands sans commission royale et pouvoir de contrainte. Plus de plaintes pour approvisionnement des armées mais continuation pour approvisionnement d’Hôtel du roi. En France réforme droit de prise à plusieurs moments puis abolition pour roi et officiers par ordonnances de 1355 et 1357.

Administrations royales et princières sont capables d’approvisionner partie de leurs troupes. Troupes régulières, notamment en territoire ennemi, ponctionnent campagnes en volant bétail. Importance que armées actives chez elles vivent également sur pays. Chroniqueurs regrettent souvent forfaits des troupes amies. Dans cas des garnisons anglaises de Normandie, autorités font efforts pour éviter abus en instaurant contrôles. Toutefois, à partir de 1424 développement de frange de gens de guerre, notamment anglais et gallois, qui ne dépendent pas de garnison et ne touchant pas de solde. Ils sont souvent considérés comme criminels, mais aussi souvent recrutés pour opérations militaires.

Mis à part pour villes de garnison, notamment Calais ou Berwick, hébergement des gens de guerre était hantise des citadins. Quand troupes à proximité, volonté de les faire stationner à extérieur de ville et ne pas les faire entrer en ville, ou petit nombre et sans armes. Aubergistes et marchands font affaires avec soldats, mais soldats laissent souvent impayés. Face aux plaintes Charles le Téméraire ordonne en 1471 que sommes soient déduites des gages des coupables. Importance également des rixes entre soldats ou avec habitants. En juin 1327 séjour d’armée d’Edouard III à York. Rixe entre valets des hommes d’armes du Hainaut et archers anglais qui dégénère en bataille rangée. Résultat : 663 morts pour Hainaut et 241 pour Anglais.

Rançons, patis et traités d’évacuation : Capture de prisonniers civils est activité essentielle des gens de guerre. Se pratique quotidiennement en sillonnant routes. Pour s’en prémunir nécessité d’acheter sauf-conduits (bilettes ou bulettes) propres à chaque garnison. Normalement religieux non armés, pèlerins, femmes et enfants de moins de 14 ans ne devaient pas être rançonnés sauf si appartenance à des familles seigneuriales. De fait troupes irrégulières ne respectent pas vraiment ces usages. Néanmoins, exemple des routiers établis à Lourdes dans seconde moitié du XIVème siècle qui respectent pèlerins partant pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Raids contre villages et villes étaient autres façons de faire prisonniers. Idem avec attaques contre paysans dans champs ou vignes.

Lors attaques ennemies localités pouvaient être soumise à ultimatum avec possibilité de payer (en argent ou vivres) pour échapper à incendie ou pillage. Exemple en mai 1318 de Ripon dans Yorkshire qui est épargnée par Ecossais contre paiement de 1.000 marcs. Troupes hostiles pouvaient aussi recevoir des tributs afin d’épargner certaines régions. Exemple entre 1311 et 1322 avec Ecossais qui vendent trêves aux comtés de Northumberland et Cumberland ainsi qu’évêché de Durham. Quand garnison hostile était enracinée dans pays, rançonnement est organisé dans durée et devenait sorte d’impôt de guerre. Première étape : obtenir suspension d’armes pendant quelques jours permettant ouverture de pourparlers. Possibilité de conclusion d’accord entre les deux parties qu’on appelle patis ou appatis. Accord est assorti de rançon collective en numéraires ou en vivres et parfois fournitures et services. Exemple de Saint-Flour qui, en 1380, négocie pour 140 francs un patis avec garnison de Chaliers pour période du 7 mai au 1er juillet. Suspension d’armes ne dure que quelques mois et engageait les gens de guerre, mais aussi les habitants. Dans faits

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aléas sont fréquents. De fait membre de garnison hostile peut se plaindre d’acte de guerre, perte d’animal, rançon individuelle non payée ou ancienne dette non acquittée. Comme litiges personnels pouvaient justifier bris des patis, autorités préfèrent dédommager plaignant pour préserver trêve. Durant période des moissons et vendanges importance de nécessité de posséder abstinence de guerre. Importance que renouvellement des patis n’est pas automatique. Villes devaient négocier avec chaque garnison dangereuse être épargnées par guerre. Plus garnisons hostiles étaient puissantes, plus elles percevaient de patis. Exemple en Provence en 1395 avec garnisons de Raymond de Turenne qui perçoivent patis d’au moins 196 localités différentes. Au XVème siècle appatissement continue de façon larvée en Guyenne avant de connaître essor à partir de 1417 avec occupation de Normandie par Henri V. Patis et sauf-conduits étaient une des premières sources de revenus d’administration anglaise.

Fin du cycle de rançonnement était départ des ennemis moyennant finance, la vuidange ou vuidement. Sommes en jeu sont souvent importantes pour forteresses qui peuvent sembler secondaires, mais nécessité de considérer qu’outre fin des troubles, argent permettait d’éviter de faire siège du château ennemi, épisode aléatoire et coûteux. Traités d’évacuation pouvaient aussi concerner ensemble de capitaines et forteresses. Exemple en avril 1364 à Montferrand offre de 40.000 florins à Seguin de Badefol, Bérard et Bertrucat d’Albret pour qu’ils abandonnent Brioude et toutes forteresses qu’ils détenaient.

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Le mouvement de fortification Des îles Britanniques au continent : un effort défensif variable : Paysage urbain très varié à fin du XIIIème siècle. Certaines localités possèdent fortifications récentes, notamment Aigues-Mortes, mais ce cas de figure est largement minoritaire. Le plus souvent murailles étaient laissées à l’abandon. Du fait d’essor démographique, des faubourgs dépassent enceinte de muraille. Au début de guerre de Cent Ans brèches étaient nombreuses dans murailles. Dans îles Britanniques nombreuses localités se contentaient de fortifications minimales. En Ecosse absence de muraille de pierre généralement et seules fortifications de pierre bien attestées sont celles de Berwick et Perth, d’époque d’Edouard Ier. Muraille d’Edimbourg est édifiée entre 1427 et 1636 donc lors d’attaques anglaises au XIVème siècle fuite des habitants. En Ecosse climat de guerre n’entraîne pas d’investissement défensif notable. En revanche villes du Nord d’Angleterre (Carlisle, Newcastle-upon-Tyne, Durham) disposent d’enceinte de pierre. Attaques maritimes encouragent travaux comme à Winchelsea, Rye, Sandwich ou Cambridge. Toutefois, effort défensif n’est pas généralisé. En France et dans marges d’Empire, murailles de pierre beaucoup plus fréquentes. Surtout tournant belliqueux de fin du Moyen Age s’exprime par grand investissement défensif pour villes mais même pour villages. Phénomène commence à différentes dates selon régions. Pour nord de France c’est surtout après 1339, année marquée par première attaque d’Edouard III. Pour Languedoc après 1345 (chevauchée du comte de Derby) et surtout après 1355 (chevauchée du Prince Noir). Pour région provençale à partir de 1357 après passage d’Arnaud de Cervole.

Les chantiers de fortifications urbaines : Défaillances d’appareil défensif pouvaient être objet de rapports dressés par commissaires qui détaillaient travaux à accomplir. Exemple de rapport pour ville de Blaye en 1337. A Toulouse à partir de 1345 on remet en étant murailles par dégagement des fossés. Couramment, surtout dans nord de France, villes ne disposaient pas d’enceinte maçonnée, uniquement levées de terre palissadées. Construction en dur se faisait progressivement ou partiellement avec contrainte d’approvisionnement en pierres. Cas de Lille en 1400 où moitié de muraille avait été reconstruite en dur. Caractère composite des fortifications, avec alternances de courtines de pierre et d’autres en terre ou bois, était fréquent dans îles Britanniques. Exemples à Cambridge ou Southampton. Sur continent réfection des enceintes durant ensemble de fin du Moyen Age. Importance d’exigence défensive. A partir de fin du XIVème siècle adaptation aux progrès d’artillerie suscite vague de travaux d’abord dans Pays-Bas bourguignons avant diffusion au sud. Cela se manifeste par nouvelles embrasures de tir, boulevards, remparts etc…

Le plus souvent nouvelles enceintes étaient partielles et protection uniquement d’un faubourg. C’est excroissance d’enceinte principale. Exemple du Mans où plusieurs extensions à partir de 1350 sur muraille du IIIème siècle.

Solution défensive la plus spectaculaire était enceinte en circuit totalement neuve avec englobement d’ancienne enceinte et ses faubourgs. Exemple avec nouvelle muraille d’Avignon, édifiée entre 1357 et 1373. Protection de tous les faubourgs ainsi que nombreux espaces agricoles. Dans Nord seconde enceinte de Bruxelles, édifiée entre 1356 et 1383, appartient au même type de grande enceinte concentrique.

Ampleur de destruction des faubourgs dépendait de solution défensive adoptée, gravité d’alerte étant facteur déterminant. Au moment d’arrivée des troupes ennemies importance de destruction des faubourgs pour compliquer progression d’ennemi. Remploi des matériaux des faubourgs pour muraille de ville. Destructions préventives sont résultat d’arbitrage et si églises et monastères sont parfois épargnés ce n’est pas automatique. Bâtiments religieux conservés hors d’enceinte devaient être défendables, souvent vieilles abbayes bénédictines qu’on peut transformer en forteresses. Il demeure que le plus souvent faubourgs sont conservés. Mais possibilité de grandes destructions. Exemple de Strasbourg qui décide de raser 700 bâtiments en 1475. Résultat des efforts était transformation des abords des villes en « zone militarisée ». Au XIVème siècle on trouve défense des portes par barbacane et barrières et sur pourtour de muraille présence de fossés entretenus et mis en eau (et parfois doublés d’arrière-fossé), d’avant-mur ou de haie. Arbres du bord de route sont coupés pour éviter embuscades.

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La fortification des villages : Murailles ne sont pas monopole des villes. Exemple dans Midi languedocien et provençal où existence de continuum architectural entre villes et villages. Fortification fréquente des villages notamment avec exemple de village de Sarrians qui décide en 1371 de fortifier avec muraille de pierre. En revanche dans nord d’Europe enceintes villageoises en pierre sont beaucoup moins fréquentes, le plus souvent localités se contentant d’ « enceinte champêtre » avec fossé et palissade et porte en dur. Défense des populations rurales reposait essentiellement sur certains points fortifiés servant de refuge.

Château seigneurial pas forcément adapté pour servir de refuge aux populations puisqu’il pouvait se trouver en dehors d’habitat villageois ou être trop exigu. En outre châteaux peuvent être repaire de brigands donc destructions de certains. C’est cas en France par ordonnances royales entre 1358 et 1367. A inverse châteaux avec enceinte et basse-cour sont bons pour accueillir paysans. Du fait de fréquence des alertes il arrive que paysans ont places attitrés dans châteaux.

Dans nord de France églises fortifiées étaient principale protection des habitants. Avec guerre des Cent Ans prise de grande ampleur de rôle défensif des bâtiments religieux. Importance de fortification des églises. Exemple avec bailliage de Melun qui comprend, en 1357, 28 églises fortifiées. Toutefois, églises deviennent cibles pour gens de guerre puisque habitants y entassent vivres.

Forts villageois étaient solution défensive alternative pour villages de moindre taille. C’est enceinte de petite dimension permettant protéger habitants, temporairement ou durablement. Exemple avec village de Douzens qui construit réduit fortifié en 1366 avec motte, chapelle et résidence seigneuriale. Toutefois, il n’est occupé que de façon temporaire. Exemple de Monbéqui, près de Montauban, démontre qu’existence également d’occupation permanente.

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La mobilisation des populations L’effort fiscal : Impôts pour financement des guerres des rois de France et Angleterre est uniquement partie de fiscalité sur habitants. De fait existence de levées en « circuit court » pour répondre à impératif local. Exemple dans comtés de Northumberland ou Cumberland lorsqu’achats de trêves avec Ecossais durant années 1311-1322. Toutefois, processus est marginal dans îles britanniques puisqu’importance centralisatrice des Parlements anglais et irlandais. A inverse importance de développement des assemblées provinciales, les « Etats », en France. Forte décentralisation de fiscalité. En cas de crise officiers royaux convoquent, à échelle du pays, représentants du clergé, nobles et villes pour décider évacuation de garnison ennemie. Dans seconde moitié du XIVème siècle importance d’activité des Etats de Flandre, Artois, Normandie etc… Dans pays correspondant à une principauté, notamment Bourgogne, convocation plus régulière des Etats et pas que pour guerre.

Importance de caractère fluctuant des budgets communaux d’une année à l’autre. Exemple de Marseille où entre 1361 et 1411 variation des budgets entre 849 et 15.628 livres. Importance des dépenses liées aux travaux de fortification. Exemple de Tours où en 1358-1359 allocation de 83% des 10.000 dépensés sur année à construction d’enceinte. Après construction importance de négligence sur entretien. Pour financement des travaux villes étaient parfois contraintes d’emprunter, même si fait rare dans espace français. Utilisation de taille pour travaux courts, mais pour travaux plus longs instauration d’impôt indirect sur marchandises ou sur activité économique. Exemples dans Midi avec le souquet (taxe sur vin) ou en Angleterre avec murage (permission royale de percevoir taxe à entrée des marchandises pendant période donnée). Importance de financement des fortifications dans essor des institutions municipales. En autres postes de dépense importance de salaires des guetteurs et du bombardier, dépenses pour artillerie et armes, missions des espions, gages des soldats recrutés temporairement, paiement des patis etc… En contexte de conflit importance de poids des dépenses militaires dans dépenses municipales. Exemple de Brignoles entre 1385 et 1390 où dépenses militaires sont environ 73% des dépenses totales.

La défense des localités : Importance du renseignement. Chaque ville signale mouvement des troupes ennemies à ses voisines, principalement dans rayon de 50 kilomètres. Par la suite redistribution d’information dans villages des environs. Importance numérique des missives arrivant à Strasbourg pour la prévenir des dangers. Existence de complément avec envoi de lettres de mise en garde diffusées dans circonscription par sénéchaux, baillis etc… En outre importance d’envoi d’espions par villes. Grâce aux informations ajustement d’organisation défensive.

Localement fonctions miliaires étaient exercées par officiers haut placés, que ce soit bailli, châtelain, viguier ou gouverneur. Ont charge de défense du lieu et ont donc pouvoirs de contrainte sur habitants. Du fait d’aggravation de contexte militaire, diffusion d’office spécialisé de capitaine. Multiplication des capitaines dans les villes à partir de 1317 puis dans villages à partir de 1379. Si capitaine peut parfois être bras droit du d’officier principal, existence de cumul des charges. En règle générale désignation du capitaine par conseils municipaux. Le plus souvent c’est noble local qui occupe poste de capitaine ce qui renforçait son statut social. Quand ce sont capitaines extérieurs, ce sont surtout chef des troupes détachées dans localité. Pour faciliter défense est rattaché à quartier, c’est-à-dire circonscription administrative, fiscale et militaire. Existence de 5 quartiers (wards) à Reading, 6 à York ou 24 à Londres. Chaque quartier avait en charge défense de portion de muraille sous ordre d’un ou deux notables. Exemple de Saint-Omer en 1341 qui découpe muraille en 11 wardes défendues par environ 2.000 habitants. En outre existence de confréries ou guildes d’arbalétriers ou archers ce qui permettait aux villes de disposer de gens de trait efficaces.

Plupart des villes disposaient d’un ou deux guetteurs professionnels recrutés selon contrat annuel. En cas de danger emploi de guetteurs spécifiques, postés sur hauteurs proches. Guetteurs permettaient de donner alerte aux gens qui travaillaient dans terroir. Par ailleurs, existence d’une astreinte du guet pour habitants. Astreinte lourde puisqu’obligation de veille sur enceinte, jour et nuit, en plusieurs postes pour couvrir ensemble de pourtour de ville. Ponctuellement maintien de gardes aux portes pendant journée. Dans certains cas de grandes villes existence d’un

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capitaine de guet, dirigeant capitaines attachés à garde des murs, portes, faubourgs. Exemple à Paris avec « chevalier du guet » qui avait autorité sur guet des métiers et guet royal. En théorie astreinte de guet entre 151 et 195 jours par an pour habitants, mais dans réalité probablement moins même si charge demeure contraignante.

Le peuple en armes : En Angleterre armement de chacun réglementé par statut de Winchester de 1285. Application en Irlande à partir de 1308. Obligation pour tout homme de 15 à 60 ans d’avoir chez lui armement proportionnel à richesse foncière. Avec moins de 40 sous de terre exigence de guisarme ou faux ; de 40 à 100 sous exigence d’épée, arc, flèches et couteau ; de 100 à 200 sous exigence d’un pourpoint, chapeau de fer, épée et couteau ; de 200 à 300 sous exigence d’un haubergeon, chapeau de fer, épée et couteau et au-dessus de 300 sous exigence d’un haubergeon, chapeau de fer, épée, couteau et cheval. Arc est recommandé pour tous ceux qui peuvent. Deux fois par an obligation pour connétables d’inspecter armement et de juger contrevenants. Dans royaume de France absence d’une telle loi générale, mais villes pouvaient se préoccuper d’armement des citadins. Exemple d’inventaire de Manosque entre 1359 et 1374. Sur 324 maisons visitées recensement de 1.229 armes offensives ou défensives sans compter couteaux. Toutefois, 74 maisons n’avaient pas d’armes. Exemple également de Troyes en 1474. Sur 2.400 chefs de feux armures sont relativement rares, mais casques sont fréquents. Importance de bonne diffusion des armes puisque présence de 547 couleuvrines contre 287 arbalètes. Tout cela tend à contredire image d’Epinal de peuple armé de fourches.

Plupart des villes se dotèrent d’arsenal municipal. Au XIVème siècle le plus souvent il possède quelques cervelières et cuirasses ainsi que surtout arbalètes et balistes. Pour entretien de ces derniers, contrat avec maître arbalétrier qui touchait salaire annuel et disposait quelques avantages. Très vite villes intègrent dans arsenal l’artillerie à poudre. Exemples avec présence de canons à Cahors en 1346 ou à Gourdon en 1356. Toutefois, à cette époque meilleure efficacité et plus grande puissance des trébuchets. Au XVème siècle importance de progression d’artillerie à poudre. De fait même villes secondaires constituent arsenal d’artillerie non négligeable. Exemple avec Romans en Dauphiné qui en 1392 possédait 1 bombarde et 4 balistes et en 1449 présence de 10 bombardelles, 15 canons en fer, 4 couleuvrines en cuivre, 11 grandes balistes etc… Pour grande ville exemple de Strasbourg puisque présence, en 1476, de 585 bouches à feu de différents calibres.

Dans royaume de France, hormis Flandre, encadrement des contingents communaux par officiers royaux. Le plus souvent troupes communales servent dans cadre local ou régional, notamment pour sièges. Dans plus petits états, notamment Comtat Venaissin, importance de mise à contribution de n’importe quel village. Dans cas de villes de Flandres et de marges occidentales d’Empire, forte indépendance politique s’exprime au niveau du potentiel militaire. Armées communales mobilisent grande partie des hommes valides. Organisation de ces armées sous bannières des différents métiers. Exemple de Strasbourg en 1444. Sur environ 16.000 habitants 4.500 sont mobilisables dont 1.800 pour armée communale, le reste participant à défense de ville. Importance de participation de Strasbourg dans lutte contre Charles le Téméraire, mais à deux reprises, en 1475 et 1476, mutinerie des troupes.

De l’autodéfense à la rébellion : Après bataille de Poitiers, dans nombreux cas populations rurales prennent charge de défense. A époque des Grandes Compagnies attestation que certains agissent de façon indépendante et s’organisent en bande armées pour harceler garnisons de routiers. Exemple autour de La Charité-sur-Loire en 1364. On les dénomme « tuchins ». Phénomène du Tuchinat surtout célèbre pour extension dans Languedoc durant années 1380-1384. Cela se conjuguait à fronde généralisée des villes hostiles au pouvoir du duc de Berry, lieutenant de Charles VI en Languedoc. Importance que tuchins ne sont pas marginaux, mais paysans et artisans bien implantés localement qui harcelaient routiers et gens d’armes au service du duc, notamment en récupérant bétail razzié. Parfois collaboration avec milices communales comme celles de Nîmes ou Toulouse. Fin de révolte des tuchins avec dispersion en Provence et Auvergne puis répression.

Révolte des paysans du Beuvaisis en 1358, pas seulement révolte anti-fiscale, mais participe de mouvement d’autodéfense tout en s’en distinguant par cruautés contre seigneurs dont châteaux furent pillés. Vengeance des gens

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du commun contre nobles décrédibilisés par défaite à Poitiers et inaction face aux bandes anglo-navarraises. Toutefois, rapide répression du mouvement. Révoltes des années 1378-1382 concernent ensemble d’Europe avec importance d’hostilité à l’impôt. Importance de guerre comme à l’arrière-plan d’alourdissement de fardeau fiscal.

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Soutenir la guerre, négocier la paix Comme justification de guerre était essentielle dans société chrétienne, combat par les mots. Importance qu’arguments des juristes, traités des lettrés, sermons des prélats soutiennent guerres des princes et rois. Cela légitime violences à égard de l’extérieur ainsi qu’effort demandé aux populations. Guerre mise en valeur auprès d’opinion publique devient entreprise collective, entreprise « nationale ». Elle reste malgré tout soumise à critique fondamentale puisque répand inutilement sang des chrétiens et contrevenait à idéal de paix prôné par Eglise. Pays et nations Développement du sentiment national est phénomène complexe difficile à interpréter car risques d’anachronisme sont grands. Etude de phénomène est indissociable d’histoire d’imaginaire nationale, mais aussi histoire de pouvoir et de sa sacralité, la « religion royale ». Les îles Britanniques : les Anglais et la « frange celtique » : Singularité du royaume d’Angleterre du fait de centralisation précoce et puissance du pouvoir royal. Conquête de 1066 avait permis mise en place de système féodal uniforme contrôlé par roi, sans principautés « à la française ». Développement de justice royale s’accompagne d’élaboration de « droit commun ». Avec administrations centrales, importance de grande capacité d’action du roi. Principale fragilité dans capacité des barons anglais à s’organiser collectivement pour résister à ses abus. Dès règne d’Edouard Ier, royaume d’Angleterre était « Etat moderne ». Existence deux langues administratives (latin et français) puis anglais s’impose progressivement au XVème siècle. Français d’Angleterre (anglo-normand) est largement parlé au sein d’aristocratie. Héritage francophone pas contradictoire avec développement de fort sentiment national dès avant conflit avec France. Anglais avaient conscience leur supériorité sur Gallois, Irlandais et Ecossais.

Conquête d’Edouard Ier ne met pas fin à culture galloise. Anciens textes en langue galloise sont toujours recopiés et bardes continuent activités. Incarnation d’indépendance galloise à travers deux figures : Owen Langoch (Yvain de Galles en France) et Owen Glendower. Owen Lawgoch est premier chef à menacer domination anglaise après décennies de paix. A partir de 1369 apparition comme mercenaire au service de roi de France Charles V. En 1372 il envahit Pays de Galles. En 1378 il est poignardé. Au départ Owen Glendower sert dans armées anglaises dans années 1380. En 1400 il est déclaré prince par assemblée locale et des fidèles pillent Ruthin, Rhuddlan et Flint. Glendower noue contact avec roi d’Ecosse, chefs irlandais et roi Charles VI, avec qui il fait alliance en 1404 et qui lui envoie troupes en1405. Anglais redressent situation en 1408 et 1409. Révolte continue de façon résiduelle jusqu’en 1415.

Au milieu XIIIème siècle royaume était pleinement autonome. Du point de vue culture fait majeur est coexistence de deux langues : gaélique (parlé sur frange occidentale) et anglais (dans régions riches et urbanisées). Dualité linguistique n’empêche pas affirmation du pouvoir royal qui pouvait s’appuyer sur noblesse « mixte ». Au milieu du XIIIème siècle Ecosse commence à se doter d’histoire propre. Ecossais se donnent passé distinct des Anglais. Au moment des « guerres d’indépendance » imaginaire national est en formation. Importance que dès XIVème siècle Robert Bruce est considéré comme « père de la « nation » écossaise ».

En Irlande importance de résurgence gaélique comme phénomène de fond. En plus de rétraction de Seigneurie anglaise, elle se manifeste par « dégénérescence » des Anglais d’Irlande dont mode de vie se rapproche de plus en plus des Irlandais. Importance de statut de Kilkenny en 1366 qui interdit mariages mixtes ainsi que d’adopter langue, vêtements et droit irlandais. « Repli identitaire » des Anglais d’Irlande ne concerne qu’espace restreint autour de Dublin.

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Le royaume de France : Royaume de France est mosaïque de principautés et pays. Sens du mot « Français » reste ambigu. Le plus souvent il désignait habitants du royaume, mais dans certains contextes il conserve encore sens ancien d’habitants d’Ile-de-France. Instabilité du comté de Flandre dont pouvoir du comte s’appuyait sur noblesse et villes de langue française tandis que cités flamandes cherchent à s’émanciper. Au XIVème siècle révoltes ont allures de « guerres d’indépendance ». En Bretagne importance de partition linguistique. Durant guerre de Succession zones bretonnantes plutôt du côté des Montfort tandis que Bretons de langue française sont plutôt pour Charles de Blois. Importance de réelle réconciliation après bataille d’Auray. En 1379 quand Charles V veut annexer Bretagne ensemble des nobles sont contre projet et font bloc derrière duc exilé, Jean IV de Montfort. Importance de fort attachement des Bretons envers leurs coutumes et leurs principautés. Grande fierté de langue bretonne et leurs anciens rois. Sentiment d’être Bretons et Français et pas uniquement Français. Dynastie des ducs Montfort surent catalyser sentiment national en développant Etat princier et encourageant riche historiographie. Normands tenaient beaucoup à privilèges réunis en 1315 dans « charte aux Normands ». Traditions autonomistes sont exploitées par Charles II de Navarre, comte d’Evreux, jusqu’en 1378 puis par Anglais, qui obtiennent ralliement au sein des élites, entre 1418 et 1450. Réintégration de Normandie au sein de royaume de France est assez simple du fait de forte impopularité d’occupation anglaise. Pour autres « peuples » du royaume affirmation d’identité régionale lors des assemblées provinciales et coexistait avec appartenance au royaume constituant comme « grande patrie ». Par ailleurs terme de « Bourguignons » prend nouveau sens, plus englobant. Il ne sert plus seulement pour désigner identité régionale mais commence à évoquer appartenance à vaste édifice politique. On parle de Bourguignons comme de Français ou Anglais.

Les pays des marges occidentales de l’Empire germanique : Pour tous pays situés à est du Rhône appartenance à Empire était lointaine mais pas négligeable. Dauphiné, acquis définitivement en 1349 par Philippe VI, ne cesse pas d’appartenir à Empire. Au XVème siècle du fait de décennies de pratiques administratives communes avec France, lien avec Empire s’efface. Futur Louis XI (encore Dauphin) cherche en 1444 à acquérir Avignon et Comtat Venaissin en négociant avec pape. Importance de vive protestation des sujets du pape qui affirment attachement à statut particulier. Ils forment en quelque sorte une petite nation. Provençaux font frais d’expansionnisme français. Quand Louis Ier d’Anjou revendique héritage de reine de Naples, comtesse de Provence, majorité des habitants s’opposent au sein d’Union d’Aix. Nécessité de véritable conquête et soutiens de poids (dont pape et Marseille) pour que fils Louis II d’Anjou puisse sortir vainqueur de guerre civile (1382-1388). Au nord de Savoie appartenance flagrante à Empereur, mais importance d’influence française. Principautés francophones comme comté de Bourgogne, Lorraine, comté duché de Bar partagent beaucoup avec France. Princes étaient alliés du roi. A propos des régions de langue germanique, nécessité de souligner poids politique des villes et leur capacité à constituer ligues régionales pour défendre leurs libertés. Notamment cas des villes d’Alsace ou villes comme Bâle et Berne. Identité régionale d’Alsace est tardive et prend vigueur seulement au début du XVIème siècle. Souvent conjugaison de deux identités. Angleterre est cas rare d’unité nationale précoce.

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Littérature et propagande de guerre Guerre est à l’origine de textes variés. Par exemple ceux qui contribuaient à conception de guerre, formation des combattants ou au modèle chevaleresque. Toutefois, aussi existence de « littérature engagée » ou « littérature de propagande » pour justifier guerre auprès des adversaires et la légitimer auprès des populations. Ces textes sont composante de propagande de guerre plus vaste, qui peut se définir comme « toute action psychologique menée par des pouvoirs, formels ou informels, en vue d’accroître médiatement ou immédiatement l’efficacité d’une entreprise guerrière quelconque ». Importance de mise à contribution d’Eglise pour toucher le plus grand nombre.

Poèmes belliqueux et déploratifs : Pour Angleterre existence de chronique en vers français de Pierre de Langtoft qui couvre ensemble d’histoire anglaise jusqu’au règne d’Edouard Ier. Evocation des guerres conduites par roi contre Gallois, Français et surtout Ecossais. Importance d’accent patriotique. Pour époque d’Edouard III importance des 11 poèmes anglais de Laurence Minot concernant années 1333 à 1352. Du côté français poésie de guerre en langue vernaculaire est plus rare. Existence de la Bataille de Liège par Jacquet de La Ruelle qui célèbre victoire d’Othée en 1408 contre Liégeois. Outre chants de victoire, existence de poèmes déploratifs. Importance de complainte anonyme de la bataille de Poitiers au cours de laquelle condamnation de « très grande trahison » de noblesse.

Les libelles et les traités polémiques : Au début de conflit franco-anglais absence de traité rassemblant arguments des deux belligérants. Importance d’ouvrages de Richard Lescot puisqu’expression, pour la première fois, de loi salique qui va devenir loi successorale fondamentale du royaume. Toutefois, c’est seulement à partir de XVème siècle qu’essor de littérature polémique anti-anglaise, notamment à travers personnage de Jean de Montreuil. De fait dans A toute la chevalerie de France, écrit entre 1406 et 1413, il cherche à remotiver ardeur guerrière des chevaliers en convoquant modèle des Gaulois et de Charlemagne, ainsi qu’en démontrant fausseté des prétentions d’Edouard III au trône. Importance de richesse de littérature polémique à partir de fin des années 1410. Dans Débats et Appointements (1418-1420) importance de nécessité de réforme morale comme au temps de Saint Louis. De même dans Complainte des bons Français Robert Blondel appelle nobles à prendre armes pour Dauphin, et contre roi anglais, le « Léopard ». En 1422 parution du Quadrilogue invecif qui expose maux du royaume à travers personnages de France en deuil, Peuple, Chevalier et Clergé. Importance d’écho de ce texte. Dernière phrase de guerre de Cent Ans est marquée par textes plus longs. Exemple de Audite celi de Jean Juvénal des Ursins qui confronte arguments de France, Angleterre, Sainte Eglise, Prudence, Paix, Espérance, Sédition etc… Idée que ce sont péchés des Français qui ont entraîné punition divine et conquêtes d’Henri V. Face à ensemble des textes français, volonté des Anglais de défendre double monarchie créée par traité de Troyes. Organisation de double couronnement et double entrée d’Henri VI à Paris et Londres entre 1429 et 1432. Création de généalogies valorisant descendance depuis Saint Louis. Toutefois, faiblesse de production polémique. Importance de Boke of noblesse de William Worcester entre 1451 et 1452. Dans celui-ci volonté de démontrer que Français n’ont jamais respecté différents traités de paix.

Le rôle de l’Eglise dans la propagande de guerre : Edouard Ier fut premier souverain anglais à mobiliser systématique Eglise pour entreprises guerrières. De fait envoi de lettre circulaire aux évêques, abbés et ordres mendiants du royaume pour demander prières. Exemple en 1294 et 1296 pour soutenir guerre en Gascogne. Autre méthode : s’adresser aux archevêques de Canterbury et York d’organiser prières dans diocèses suffragants. Exemples en 1297 et 1298 pour préparer guerre contre Français puis contre Ecossais. Importance d’association des sujets à la guerre. A partir de début de guerre de Cent Ans, importance que demandes de prières deviennent systématiques avant expéditions en France de roi ou d’un capitaine. Exemple de registres des évêques de Lincoln avec traces de 51 prières générales dont 34 probablement pour guerre entre 1342 et 1447. Toutefois, plus forte désaffection pour guerre en France au cours du XVème siècle puisque si clergé de Lincoln mobilisé continuellement entre 1417 et 1420, par la suite uniquement en 1432, 1435 et 1447.

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Du côté français, lors de guerre contre Flamands entre 1302 et 1304, mobilisation d’ensemble des forces du royaume par Philippe le Bel. Exemple avec demande de prières pour venger royaume après défaite de Courtrai. Mauvaise connaissance de propagande de guerre des premiers Valois. Toutefois, en 1338 envoi de lettre vers évêques du royaume pour justifier guerre auprès des sujets. Dans lettre importance d’organisation de procession dans villes du diocèse. Dans même prédicateur fait sermon et prêtre fait prière pour « bien du pays ». Importance que prières collectives et processions permettaient créer communion entre roi et sujets. Par la suite difficulté de suivre propagande royale, mais localement existence de sermons, notamment ceux de Laurent de la Faye (évêque de Saint-Brieuc et Avranches entre 1375 et 1391), avec exhortations à défense, paiement des subsides etc… Importance que prédicateurs conservent liberté de parole même s’ils sont parfois auxiliaires de royauté.

La célébration des victoires : Erection de croix, chapelles ou collégiales sur champ de bataille est forme de consécration ancienne de victoire. Exemple que suite à bataille d’Auray Jean IV de Bretagne fonde sur place la collégiale Saint-Michel-du-Champ. En outre le plus souvent vainqueur fait traditionnellement offrande d’armes et bannières à une église. A échelle de principauté ou royaume, victoires donnent lieu immédiatement à messes d’action de grâce avec processions dans toutes les villes. Exemples dans Angleterre d’Edouard III après victoires de Halidon Hill, l’Ecluse, Crécy, Calais, Winchelsea, Poitiers et Najera. Importance également des entrées triomphales du vainqueur. Exemple avec celle de Prince de Galles à Londres en mai 1357.

A époque de Charles VII célébration locale annuelle d’expulsion des Anglais. Exemple à Montargis avec « fête aux Anglais » le 5 septembre ou Paris en avril. En outre importance de célébration autour de capitulation de Paris, 12 août 1450, avec instauration de fête annuelle.

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Guerre, xénophobie et sentiments patriotiques A travers guerre importance de transformation de regard sur étranger. Marchands et religieux devenaient espions potentiels. Importance de mise à l’épreuve de loyauté des populations envers prince du fait de présence sur leur sol de gens de guerre étrangers. Faire guerre en défendant son pays tend à prendre nouveau sens. L’étranger craint et haï : l’espion et l’ennemi : En tant de guerre importance de crainte autour d’espion. Exemple en 1354 à Carlisle où ordre d’emprisonner tous les Ecossais et gens suspects. Dans villes portuaires nécessité de subtilité entre volonté d’attirer étrangers pour commerce et être vigilant à leur égard. Dans cas d’Angleterre importance d’insularité comme facteur exacerbant peur de trahison. Peur qu’attaques maritimes soient favorisées par espions. Dès 1295 crainte cible clercs ou religieux étrangers, notamment Français. Suite aux raids d’été 1377 décision d’expulsion des religieux étrangers.

Guerre cristallise sentiments xénophobes. Dès guerres d’Edouard Ier, importance de virulence contre « perfides » Ecossais. De fait prédications anglaises les présentent comme sacrilèges et pilleurs d’Eglise. En ce qui concerne, existence des mêmes lieux communs, mais aussi importance de rumeurs d’invasion générale tout au long du XIVème siècle. Utilisation de cette crainte par monarchie au cours des Parlements pour vote d’octroi d’impôt. En France importance également de haine contre Angleterre, « l’ancien ennemi ». Importance d’exacerbation de ces sentiments par littérature polémique, notamment Jean de Montreuil. Pour autres Français sont connus pour leur orgueil avec vaine gloire et goût du paraître. Pour Anglais et Bretons ils sont efféminés. Existence de sentiment xénophobe également dans Empire du fait des pillards venus de France en 1365, 1375, 1439 et 1444. Ressentiment encore plus fort face aux Bourguignons qui sont vus comme grave menace pour Empire.

La confrontation avec les gens de guerre étrangers : Dans îles Britanniques, Anglais affrontent adversaires qui leur ressemblent, les Ecossais, mais aussi « sauvages » au Pays de Galles, certaines parties d’Ecosse et Irlande. Importance d’étonnement des Anglais devant Irlandais et leur façon de faire la guerre privilégiant embuscades. De fait pour Anglais Irlandais refusent manières courtoises et chevaleresques. Pour Français Ecossais paraissent être des « gens sauvages » ainsi que « rudes gens et sans honneur ». Pour Froissart existence d’un peuple encore chevaleresque : les Allemands. Exemple des routiers bretons d’Enguerrand de Coucy qui refusent de traverser Rhin de peur des Allemands. Idée que ces derniers sont cruels avec prisonnier, qu’ils les mettent au fer pour extorquer plus grande rançon possible. Du point de vue des populations, importance de crainte des gens de guerre étrangers. Importance de crainte des Gascons au XVème siècle. Malgré présence dans armée de Charles VII, troupes étrangères sont perçues avec appréhension.

La mise à l’épreuve de la fidélité : loyauté et trahison : Fin du Moyen sentiment national repose essentiellement sur attachement au prince. Revendication d’Edouard III puis double monarchie née avec traité de Troyes mettent à épreuve lien entre sujets et leur roi. Mise à part cités flamandes, qui reconnaissent Edouard III comme roi de France en 1340, peu de villes renient pouvoir de Philippe VI. Le plus souvent villes qui « se tournaient Anglais » le faisaient sous pression des armes plutôt que par choix politique. Importance de négociation des communautés locales avec routiers alors que, dans droit, c’est assimilable à pacte avec ennemi. Importance numérique des lettres de rémission pour hommes d’armes étant coupable de brigandage ou service pour ennemi.

Armées nationales et sentiment patriotique : A travers bannières armoriées affichage des principaux capitaines, notamment chevaliers bannerets, princes et chef de guerre (dont bannière est démultipliée). Persistance des bannières armoriées mais coexistence avec symbole d’un nouveau genre : des croix. Importance de « sanctification du patriotisme ». Dès XIIIème siècle importance de croix de Saint Georges chez Anglais et déjà présence forte lors de campagne de 1327 contre Ecossais. Ordonnance de 1385 ordonne aux combattants anglais de porter croix à avant et arrière de leur vêtement. A même époque en Ecosse importance que croix de Saint André est devenu emblème

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militaire national. En France à partir seconde moitié du XIVème importance de croix droite blanche associée à Saint Michel. De leur côté Bourguignons se reconnaissent à croix de Saint André rouge. Après traité d’Arras possibilité pour soldats bourguignons de possibilité de porter leur croix, même si fonction dans armée royale. Enfin, existence d’autres croix dans quelques principautés (croix droite noire en Bretagne, croix à double traverse en Lorraine etc…).

Défense du pays était mission fondamentale du prince. Pour accomplir possibilité pour roi de convoquer troupes le plus largement possible et, à partir XIIIème siècle, possibilité de lever impôts. Au début de guerre de Cent Ans importance d’engagement des hommes d’armes français puisque présence d’environ 28.000 hommes d’armes à solde du roi en 1340. A cette occasion armée royale est armée nationale représentative d’ensemble de royaume puisque forte présence de méridionaux, notamment à postes clés. Même si effectifs moindres, importance de diversité de recrutement jusqu’à bataille de Poitiers. Sous Charles armées sont plus resserrées et professionnelles. Sous Charles VI et importance de participation d’hommes de toutes régions du royaume, même marges d’Empire (Dauphiné, Savoie, Lorraine), dans préparatifs d’invasion d’Angleterre en 1385 et 1386.

Au cours de période pas réellement d’idée d’intérêt de mort en bataille comme mort pour royaume. Principalement combat pour défendre honneur, multiplier actions d’éclats etc… Au XIIIème siècle existence de discussions de lettrés autour d’ « amor patriae » mais pas de prise dans société militaire. A partir d’Azincourt importance de valorisation de mort patriotique dans certains textes du parti armagnac. Dans même temps pour Christine de Pisan, par exemple, importance de mort pour défense du pays. Expression et construction de sentiment national est fortement teinté de flambées xénophobes. En France importance de caractère plus complexe de patriotisme français. Si idéal ancien de défense du royaume ainsi que sentiment patriotique fort chez habitants des zones frontières, importance de profondes divisions des Français lors de guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs. Suite à épisode de Jeanne d’Arc importance de nouvel essor du sentiment national. Reconquête de Charles VII renforça unité nationale retrouvée.

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Pouvoirs, diplomatie, ambassades A fin du Moyen Age pas d’opposition entre activités diplomatiques et guerrière. De fait elles sont menées de front et se complètent dans recherche de paix « finale ». Du fait de longueur de guerre de Cent Ans importance chez certains auteurs, notamment Jean Juvénal des Ursins, d’intensité de paix. Dès fin du XIVème siècle diplomatie européenne connaît « grand mouvement de spécialisation et de professionnalisation qui caractérise de ce temps fort de l’Etat ». L’organisation de la diplomatie médiévale : Monarchies médiévales ne possèdent pas administrations directement chargées des affaires étrangères. Activité diplomatique est fait grandes institutions d’Etat, notamment Conseil et chancellerie, qui décident grandes lignes de politique extérieure. Envoi d’ambassades selon nécessités du moment. Diplomate hérite de fonctions de deux personnages : nonce (porteur de messages) et procureur (qui dispose droits pour négocier, représenter et conclure accords au nom du souverain). Ambassadeur peut jurer trêve ou paix, recevoir serments ou assister à mariages pour compte du roi. Ambassades sont toujours collégiales, le plus souvent trois membres. Ambassades sont soumises à stricte obéissance et activité est étroitement encadrée. Avant départ roi remet deux documents, pouvoirs et instructions, aux ambassadeurs. Instructions indiquent conduite à adopter, paroles à prononcer et anticipent réactions possibles de partie adverse. Idée de ne pas interrompre souvent discussions pour demander parole du roi. Pouvoirs fondent autorité d’ambassade en indiquant nature et limites. A issue de mission ambassadeurs doivent rendre rapport écrit et oral au prince et présenter compte des dépenses pour être rembourser.

Messagers assurent lien entre institutions centrales et ambassades comme entre princes et sont indispensables à pratique diplomatique. Sont souvent polyvalents bien que certains tendent à se spécialiser. Homme de terrain autant qu’homme de cour, héraut est habitué à s’entretenir avec ennemi avant ou après bataille, négocier places etc… C’est représentation vivante du souverain dont il porte armes. Importance de caractère cultivé et polyglotte du héraut. Importance d’immunité permanente du héraut, mais cela ne le protège des brigands.

La composition des ambassades : Ambassade doit refléter composition de société du royaume. En 1408 idée pour Henri VI que délégations française et anglaise doivent comporter 1 évêque, 1 baron ou grand seigneur, 1 chevalier, 1 écuyer et 1 clerc. De fait en Angleterre envoyés sont issus de 4 groupes bien différents : haute noblesse et prélats, nobles, clercs et notables urbains de rang moyen ; groupe hétérogène de citoyens, marchands londoniens, shérifs et membres du parlement et spécialistes en droit. Cependant, ambassades royales sont majoritairement composées de nobles et présidées par grands laïcs et prélats. Ambassades envoyées par roi de France sont composées de ses frères et oncles, membres d’Hôtel (notamment chambellans), grands officiers militaires comme connétable de France et quelquefois garde du Sceau. Envoyés nobles ont expérience des cérémonies, mais rôle pas uniquement dans représentation. Du fait qu’ils sont conseillers du prince et militaires, ils sont instruits d’affaires du royaume et participent aux négociations. Importance des prélats diplomates de Charles VI comme Nicolas du Bosc ou Guillaume de Boisratier. En outre importance de duc de Berry comme « diplomate de carrière ».

Outre princes et prélats, sous Charles VI adjonction de légistes formés à l’université. De fait ils étudient points délicats et sont chargés de rédiger documents, de les authentifier et de les archiver. Contrairement à Angleterre, en France absence de service spécialisé dans conservation des archives. Seuls textes utiles comme traités sont gardés en vrac par institutions centrales. A titre privé ambassadeurs conservent dossiers de leur activité, journal de leur ambassade (exemple de Nicolas du Bosc) et plus tard (exemple de Philippe de Commynes). Forte imprégnation de culture humaniste dès fin du XIVème siècle par notaires secrétaires royaux. Possibilité d’adjonction de spécialistes pour négociations, notamment militaires et hérauts pour trêve, amiral pour problèmes maritimes, banquiers et marchands pour accords financiers etc…

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Plupart des envoyés effectuent petit nombre de missions. Toutefois, certains personnages semblent être devenus professionnels de diplomatie et tendent à se spécialiser dans certaines missions ou zones géographiques spécifiques. Origine des diplomates pas indifférente à envoi dans certaines zones. Exemple dans duché de Bourgogne où missions pour Brabant, Hainaut, Zélande et Angleterre sont données à des personnes natives des territoires septentrionaux. Possibilité de retournement des diplomates, notamment Philippe de Commynes serviteur bourguignon puis royal.

Malgré origines sociales diverses des membres, ambassade est soudée par certaine égalité. Même princes agissent au service du roi et reçoivent gages et frais de mission.

Les acteurs de la diplomatie médiévale : Du fait que pape est représentant de Dieu sur terre il est porteur de mission de paix. Jusqu’au Grand Schisme, en 1378, c’est médiateur important et cherche à concilier rois d’Angleterre et France. Pape envoie légats, souvent cardinaux pourvus de lettres pontificales, et décrète trêves. Propose également arbitrage dans conflits comme personne privée et garantit accords et traités.

Traditionnellement princes s’honorent de visites puis s’entretiennent en privé avant de poursuivre dialogue publiquement. Exemple avec visite d’empereur Charles IV au roi de France. Par la suite princes se rencontrent plus rarement et dans cadre très contrôlé. De fait diplomatie est devenue affaire de spécialistes auxquels prince délègue pouvoir de traiter. A partir du Grand Schisme devoir de paix passe de papauté aux souverains. Importance pour princes de travailler image de prince pacificateur et tenir publiquement un discours de paix. Princes mettent en avant nouveau devoir en organisant conférences ou congrès de paix. Médiateurs traditionnels sont remplacés par alliés des belligérants. Exemples avec Espagnols et Ecossais pour Français ou Flamands et Allemands pour Anglais. Chaque ambassadeur est accompagné de suite plus ou moins imposante de serviteurs, chevaliers, ménestrels et hérauts qui annonce sa puissance et celle de souverain. Première assemblée de ce type se tient à Leulinghen en 1383-1384. D’autres suivent notamment Amiens en 1392 et surtout Arras en 1435, ce dernier étant premier congrès d’ampleur européenne. Congrès possède caractère aristocratique et festif.

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Les négociations Lieux de rencontre : Echange de messagers permet de fixer date et lieu pour négociations de paix et échanger sauf-conduits, lettres d’immunité et parfois otages. Rencontres sont organisées dans lieux neutres, notamment sur les marches. Souvent utilisation de couvents, monastères et couvents mendiants pour négociations et serments puisque ce sont espaces sacrés. Possibilité de négociation en rase campagne. Lors chevauchées Edouard III lieux de rencontre sont choisis selon avancée anglaise. Lieu de rencontre doit avoir symbole de neutralité donc il peut s’agir d’un pont, mais aussi dans espace clos et entouré de fossés ou sur eau.

Les discussions de paix : Avant d’entrer en négociation chacun exhibe pouvoirs. Orateurs des ambassades fait discours d’ouverture puis présentent demandes article par article. Selon protagonistes discussions sont menées en latin ou français. Demandes sont ensuite mises par écrit et communiquées à l’autre partie. Possibilité d’ajournement des discussions si nécessité de consulter prince. Importance d’Ambaxiatorum Brevilogus de Bernard de Rosier qui exprime qualités nécessaires pour ambassadeur : sobriété, tempérance, calme. Importance de respect du protocole. Rang fixe place de chacun, hauteur des sièges et règle révérences. Importance de traité de Brétigny qui constitue précédent auquel se réfèrent textes ultérieurs. Roi ratifie traité élaboré au terme des négociations en présence d’envoyés de partie adverse et entouré de grands seigneurs. Idée que traité de paix rétablit amitié entre princes et concorde entre peuples. Effacement de conflit passe par restitution des biens, retour de chacun sur ses terres et dans bénéfices ainsi qu’amnistie générale.

Conclure une trêve : Trêve est accord qui arrête momentanément conflit. Sièges sont levés et places disputées doivent être remises à prélats ou nonces pontificaux. Captures, prises de bien, rançons et pâtis sont interdis pour durée de trêve, mais arriérés et impayés sont toujours dus. Importance de trêve comme espoir de réconciliation durable. Jusque milieu XIVème siècle trêve est fin habituelle de campagne militaire. Par la suite utilisation plus fréquente et fait objet de nombreuses prorogations. A défaut de règlement définitif, au cours des années 1380-1390 développement d’idée de trêve longue comme susceptible de se transformer en paix véritable. Exemple avec trêve de 28 ans conclue à Ardres en 1396.

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Publier, sceller et appliquer la paix La publication de la paix et des trêves : Première proclamation de paix ou de trêve peut avoir lieu dans endroit même de négociation. Entourages princiers sont premiers informés et envoi d’hérauts vers personnages importants dont prince. A Paris proclamation de paix dans lieux institutionnels : Parlement, Chambre des Comptes, Châtelet. Par la suite messagers apportent ordre de publication dans villes et places fortes importantes, vers baillis, sénéchaux, aux autorités municipales, chapitres canoniaux et monastiques. Côté anglais texte est envoyé aux shérifs, amiraux de flotte, connétable de Douvres et gardien des Cinque Ports ainsi qu’aux autorités d’Aquitaine, aux capitaines de Calais et autres forteresses côtières. Lettres de paix ou trêve sont recopiées et criées sur places publiques, carrefours ou au balcon d’hôtel de ville. Quand il s’agit de paix paix solennelle crieur est accompagné de représentants d’autorités locales et mêmes royales, de hérauts et d’un greffier.

Sceller la paix : Serment est acte crucial de processus de paix. Théoriquement sujets du prince doivent collectivement jurer traités et trêves. Aux princes et grands seigneurs succèdent officiers des institutions parisiennes puis commissaires sillonnent royaume pour récolter serment au cours de cérémonies. Importance que serment doit être prêté sur un objet sacré.

Importance des rituels liturgiques qui encadrent paix, notamment messes, prières, processions et Te Deum de remerciement. Existence de rites qui signifient plus directement réconciliation des grands comme assistance à messe commune, partage d’hostie et communion etc… Pour signifier paix importance d’échanges de cadeaux, notamment vaisselle et gobelets mais aussi devises et colliers d’ordres. A l’instar d’alliances, paix sont consolidées par mariages comme ceux de Marguerite et Isabelle, sœur et fille de Philippe IV, avec Edouard Ier et futur Edouard II en 1299 et 1308. Entretien de paix par fondation de nouveaux liens comme, par exemple, Louis d’Evreux qui devient parrain du futur Edouard III en 1312.

L’application des trêves : Trêve est rompue par infractions quotidiennes. Outre importance de circulation lente d’information, nécessité d’ajouter mauvaise volonté des capitaines qui voient intérêts particuliers et anticipent reprise des hostilités. Attestation de commissions d’enquête spécialement appointées pour les faire destituer et emprisonner pour rupture de trêve. Exemple de capitaine anglais de Guînes en 1455. Application des trêves se heurte à état de guerre devenu endémique ainsi qu’aux usages des hommes de guerre, notamment capitaines des grandes compagnies, qui refusent évacuer place sans pâtis. A partir de milieu XIVème siècle importance de fait que capitaines des deux camps doivent jurer trêve mais sont également responsables des infractions par leurs hommes. Existence d’équipes d’inspection ponctuelles sur terrain pour lever sièges et vérifier restitutions des places acquises durant trêve. Appointement de conservateurs de paix ou de trêve, souvent nobles de haut rang, qui ont pour responsabilité de régler infractions sur terre et mer, obtenir restitution des biens et libération des prisonniers pris durant trêve. Exemple de John Chandos nommé comme conservateur de paix en France en 1361. Affaires trop complexes sont renvoyées vers autorités centrales. Toutefois, conservateurs de paix, eux-mêmes capitaines, ne sont pas toujours fiables.

Importance de fait que soutenir guerre et négocier vont de pair à fin du Moyen Age. Grands conflits mobilisaient combattants, mais aussi intellectuels, juristes etc… dont écrits visaient à établir légitimité de cause du prince. En outre importance que « mourir pour la patrie » devient idéal de comportement chevaleresque. Peuple est partie prenante de cette mobilisation en assistant aux sermons des religieux et prélats, en participant aux processions générales et était objet de vaste effort de propagande.