Tomage de champ - Technique du greffage · Dans le champ 1, la variété de tomate Brillante...

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vigueur végétative, sa capacité à tolérer diffé- rents écarts de températures et sa notoriété. Emperador, de son côté, est connu comme ayant une forte vigueur tout en étant plus équilibré au niveau de la mise à fruit. Empera- dor est relativement récent sur le marché. OBJECTIFS DU GREFFAGE Le greffage a été identifié pour augmen- ter les rendements et la qualité des fruits de la tomate de champ de manière à limiter l’impact des maladies et des pathogènes de sol dans les champs où il y a une fatigue des sols et où les cultures de rotation sont limitées. On visait aussi l’optimisation du développement du sys- tème racinaire et de la vigueur des plants. RÉSULTATS – SAISON 2013 Les essais ont été réalisés sur deux champs (champ 1 et champ 24) plantés le 1 er juin. Trois traitements ont été répétés trois fois, de façon aléatoire, et ce, dans chacun des champs, les traitements étant Brillante non greffée, Brillante greffée sur Maxifort et Bril- lante greffée sur Emperador. L’espacement entre les plants était de 18 pouces sur le rang et de 6 pieds (centre à centre) entre les rangs. La plantation se trouvait sur butte avec un pail- lis de plastique noir et un goutte-à-goutte. Le Raygrass était semé comme plante de couver- ture entre les rangs. La tomate indéterminée Brillante a été tuteurée avec le système de palissage floridien et un édrageonnage unique a été réalisé en laissant le gourmand vigoureux sous la première grappe florale. Le type de sol était un loam moyen. Le champ 1 se caractérisait par un sol mieux structuré et qui évacue davantage l’eau de pluie que ne le faisait le champ 24. De façon générale, les plants étaient en meilleure santé dans le champ 1 que dans le champ 24. Les rendements et les dommages sur les fruits ont été évalués en prélevant les fruits de cinq plants consécutifs dans chacune des ré- pétitions, dans chaque traitement, ce qui tota- lisait 15 plants par traitement. Les récoltes ont été hebdomadaires, du 13 août au 24 septem- bre. Les plants échantillonnés étaient toujours les mêmes et étaient bien identifiés afin d’évi- ter une récolte par mégarde par les employés de la ferme. MALADIES FOLIAIRES La saison 2013 a confirmé que le greffage ne protège aucunement les plants et les fruits des maladies foliaires comme la moucheture bactérienne, le chancre bactérien et l’alterna- riose. La moucheture bactérienne a fait des ra- vages sur les fruits en 2013, autant dans les parcelles greffées que celles non greffées. Par contre, les porte-greffes ont favorisé un feuil- lage plus vigoureux, ce qui a relancé la pro- duction de fruits sains en septembre, une fois l’épisode de moucheture passé. Le champ 24 a été plus sévèrement af- fecté par la moucheture bactérienne; les plants y étaient moins vigoureux, plus maladifs avec des conditions de sol plus difficiles (tableau 1). MALADIES DE SOL Sur le plan des maladies de sol, les porte- greffes ont aussi été atteints par des patho- gènes comme Colletotrichum sp., Verticillium dahliae et du Pythium sp. Malheureusement, les porte-greffes disponibles sur le marché n’offrent pas de résistance contre toutes les races et les types de pathogènes de sols re- trouvés au Québec. En ce qui concerne les plants non greffés, ils ont été affectés davan- tage par des complexes de pathogènes de sols telles que plusieurs espèces de Pythium, Fusa- rium et Verticillium, Colletotrichum, Plectospo- rium et deux types de nématodes : Pratylen- chus et Helicotylenchus. L’identification a été réalisée par le Laboratoire de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ. Pour l’instant, la racine liégeuse causée par Pyrenochaeta n’a été identifiée dans aucun des quatre champs échantillonnés 23 FRUIT & LÉGUME 2014 n 2013, un essai de greffage a été réa- lisé en Montérégie-Ouest avec la toma- te de champ Brillante. Fort concluante, cette expérimentation a permis d’optimiser les rendements de façon étonnante avec l’obten- tion de plants plus productifs, plus vigoureux et qui produisent des fruits de meilleure qua- lité jusqu’à la fin septembre. En Floride et dans d’autres états améri- cains, des chercheurs, des semenciers et des agronomes s’intéressent depuis peu aux avan- tages de la tomate de champ greffée. Ils déve- loppent des porte-greffes adaptés à leurs conditions climatiques et à leurs pathogènes de sol. La superficie de la production maraî- chère au Québec n’est pas en mesure de susci- ter un pareil engouement de la part de l’industrie semencière et de la recherche. Qu’à cela ne tienne, il est possible de faire beaucoup avec peu, comme en témoignent les résultats de ce projet réalisé en collaboration avec Simon Cardinal, de la Ferme Régil, Nadia Sur- dek, agronome chez Pleine Terre, et moi- même. Cet essai a été rendu possible grâce au soutien financier du programme Prime-Vert du MAPAQ. LE GREFFAGE La greffe consiste à fusionner un porte- greffe, qui est la base de la tige incluant les ra- cines d’une variété rustique, avec la partie aérienne d’une variété commerciale, le greffon, afin d’obtenir le meilleur des deux mondes. Dans notre essai, nous avons utilisé deux porte-greffes populaires, soit Maxifort et Em- perador avec, comme greffon, la variété de to- mate indéterminée Brillante. La technique du greffage existe depuis des siècles et permet d’améliorer la santé, le rendement et la qualité des arbres fruitiers et de la vigne. La très grande majorité des to- mates de serre ou sous abri sont le résultat de plants greffés. En Asie, où l’agriculture est in- tensive, on produit à grande échelle des me- lons, des concombres, des aubergines, des tomates et autres variétés de légumes de champs greffés. Les porte-greffes commerciaux de to- mate sont issus d’un croisement entre des to- mates sauvages et cultivées. Ils sont appréciés non pas pour leurs fruits qui sont petits, durs et aigres, mais bien pour leur robustesse et leur rusticité. Ils démontrent notamment : Un système racinaire abondant et robuste qui améliore la capacité à capter l’eau et les nutriments; Une augmentation de la vigueur générale des plants qui permet de mieux composer avec les extrêmes climatiques comme les épisodes de chaleur ou de températures fraîches; Une plus grande tolérance à plusieurs ma- ladies de sol : Pythium, Verticillium, racine lié- geuse et à différents nématodes; Une amélioration de la vigueur végétative et de la capacité à produire des fruits. LE CHOIX DES PORTE-GREFFES Lors des essais, les porte-greffes Maxifort et Emperador ont été choisis parmi une liste imposante de 65 porte-greffes commerciaux, liste qui s’allonge d’ailleurs d’année en année. Ces porte-greffes ont été identifiés en fonction de l’expérience des producteurs de serres et d’abris non chauffés au Québec, ainsi que pour leur résistance à différents pathogènes de sol. De plus, Maxifort a été choisi pour sa très forte 22 FRUIT & LÉGUME 2014 E Christine Villeneuve, agronome, MAPAQ, Montérégie-Ouest TECHNIQUE DU GREFFAGE TOMATE DE CHAMP La technique du greffage a été identifiée dans le but d’accroître les rendements ainsi que la qualité des fruits de la tomate de champ de manière à limiter l’impact des maladies et des pathogènes de sol dans les champs où il y a une fatigue des sols et où les cultures de rotation sont limitées. L’optimi- sation du développement du système racinaire et de la vigueur des plants fait aussi partie des objectifs. Tableau 1 Poids moyens des fruits avec Traitements maladies bactériennes (% du rendement brut) Champ 1 Champ 24 Non greffée 4,8 a 23,0 a Porte-greffe Maxifort 4,5 a 23,4 a Porte-greffe Emperador 4.9 a 25,3 a Note : des lettres semblables indiquent qu’il n’y a pas de différence significative entre les traitements Photos : PRODUCTEUR PLUS

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vigueur végétative, sa capacité à tolérer diffé-rents écarts de températures et sa notoriété.Emperador, de son côté, est connu commeayant une forte vigueur tout en étant pluséquilibré au niveau de la mise à fruit. Empera-dor est relativement récent sur le marché.

OBJECTIFS DU GREFFAGELe greffage a été identifié pour augmen-

ter les rendements et la qualité des fruits de latomate de champ de manière à limiter l’impactdes maladies et des pathogènes de sol dans leschamps où il y a une fatigue des sols et où lescultures de rotation sont limitées. On visaitaussi l’optimisation du développement du sys-tème racinaire et de la vigueur des plants.

RÉSULTATS – SAISON 2013Les essais ont été réalisés sur deux

champs (champ 1 et champ 24) plantés le 1er

juin. Trois traitements ont été répétés trois fois,de façon aléatoire, et ce, dans chacun deschamps, les traitements étant Brillante nongreffée, Brillante greffée sur Maxifort et Bril-lante greffée sur Emperador. L’espacemententre les plants était de 18 pouces sur le ranget de 6 pieds (centre à centre) entre les rangs.La plantation se trouvait sur butte avec un pail-lis de plastique noir et un goutte-à-goutte. LeRaygrass était semé comme plante de couver-ture entre les rangs. La tomate indéterminéeBrillante a été tuteurée avec le système de palissage floridien et un édrageonnage uniquea été réalisé en laissant le gourmand vigoureuxsous la première grappe florale.

Le type de sol était un loam moyen. Le champ 1 se caractérisait par un sol mieuxstructuré et qui évacue davantage l’eau depluie que ne le faisait le champ 24. De façongénérale, les plants étaient en meilleure santédans le champ 1 que dans le champ 24.

Les rendements et les dommages sur lesfruits ont été évalués en prélevant les fruits decinq plants consécutifs dans chacune des ré-pétitions, dans chaque traitement, ce qui tota-lisait 15 plants par traitement. Les récoltes ontété hebdomadaires, du 13 août au 24 septem-bre. Les plants échantillonnés étaient toujoursles mêmes et étaient bien identifiés afin d’évi-ter une récolte par mégarde par les employésde la ferme.

MALADIES FOLIAIRES La saison 2013 a confirmé que le greffage

ne protège aucunement les plants et les fruitsdes maladies foliaires comme la moucheturebactérienne, le chancre bactérien et l’alterna-riose. La moucheture bactérienne a fait des ra-vages sur les fruits en 2013, autant dans lesparcelles greffées que celles non greffées. Parcontre, les porte-greffes ont favorisé un feuil-lage plus vigoureux, ce qui a relancé la pro-

duction de fruits sains en septembre, une foisl’épisode de moucheture passé.

Le champ 24 a été plus sévèrement af-fecté par la moucheture bactérienne; les plantsy étaient moins vigoureux, plus maladifs avecdes conditions de sol plus difficiles (tableau 1).

MALADIES DE SOL Sur le plan des maladies de sol, les porte-

greffes ont aussi été atteints par des patho-gènes comme Colletotrichum sp., Verticilliumdahliae et du Pythium sp. Malheureusement,les porte-greffes disponibles sur le marchén’offrent pas de résistance contre toutes lesraces et les types de pathogènes de sols re-trouvés au Québec. En ce qui concerne lesplants non greffés, ils ont été affectés davan-tage par des complexes de pathogènes de solstelles que plusieurs espèces de Pythium, Fusa-rium et Verticillium, Colletotrichum, Plectospo-rium et deux types de nématodes : Pratylen-chus et Helicotylenchus. L’identification a étéréalisée par le Laboratoire de diagnostic enphytoprotection du MAPAQ. Pour l’instant, laracine liégeuse causée par Pyrenochaeta n’aété identifiée dans aucun des quatre champséchantillonnés

23FRUIT & LÉGUME 2014

n 2013, un essai de greffage a été réa-lisé en Montérégie-Ouest avec la toma -te de champ Brillante. Fort concluante,

cette expérimentation a permis d’optimiser lesrendements de façon étonnante avec l’obten-tion de plants plus productifs, plus vigoureuxet qui produisent des fruits de meilleure qua-lité jusqu’à la fin septembre.

En Floride et dans d’autres états améri-cains, des chercheurs, des semenciers et desagronomes s’intéressent depuis peu aux avan-tages de la tomate de champ greffée. Ils déve-loppent des porte-greffes adaptés à leursconditions climatiques et à leurs pathogènesde sol. La superficie de la production maraî-chère au Québec n’est pas en mesure de susci-ter un pareil engouement de la part del’industrie semencière et de la recherche. Qu’àcela ne tienne, il est possible de faire beaucoupavec peu, comme en témoignent les résultatsde ce projet réalisé en collaboration avecSimon Cardinal, de la Ferme Régil, Nadia Sur-dek, agronome chez Pleine Terre, et moi-même. Cet essai a été rendu possible grâce ausoutien financier du programme Prime-Vert duMAPAQ.

LE GREFFAGELa greffe consiste à fusionner un porte-

greffe, qui est la base de la tige incluant les ra-cines d’une variété rustique, avec la partieaérienne d’une variété commerciale, le greffon,afin d’obtenir le meilleur des deux mondes.Dans notre essai, nous avons utilisé deuxporte-greffes populaires, soit Maxifort et Em-perador avec, comme greffon, la variété de to-mate indéterminée Brillante.

La technique du greffage existe depuisdes siècles et permet d’améliorer la santé, lerendement et la qualité des arbres fruitiers etde la vigne. La très grande majorité des to-mates de serre ou sous abri sont le résultat deplants greffés. En Asie, où l’agriculture est in-tensive, on produit à grande échelle des me-lons, des concombres, des aubergines, destomates et autres variétés de légumes dechamps greffés.

Les porte-greffes commerciaux de to-mate sont issus d’un croisement entre des to-mates sauvages et cultivées. Ils sont appréciésnon pas pour leurs fruits qui sont petits, durset aigres, mais bien pour leur robustesse et leurrusticité. Ils démontrent notamment :

• Un système racinaire abondant et robustequi améliore la capacité à capter l’eau et lesnutriments;

• Une augmentation de la vigueur généraledes plants qui permet de mieux composeravec les extrêmes climatiques comme lesépisodes de chaleur ou de températuresfraîches;

• Une plus grande tolérance à plusieurs ma-ladies de sol : Pythium, Verticillium, racine lié-geuse et à différents nématodes;

• Une amélioration de la vigueur végétativeet de la capacité à produire des fruits.

LE CHOIX DES PORTE-GREFFES

Lors des essais, les porte-greffes Maxifortet Emperador ont été choisis parmi une listeimposante de 65 porte-greffes commerciaux,liste qui s’allonge d’ailleurs d’année en année.Ces porte-greffes ont été identifiés en fonctionde l’expérience des producteurs de serres etd’abris non chauffés au Québec, ainsi que pourleur résistance à différents pathogènes de sol.De plus, Maxifort a été choisi pour sa très forte

22 FRUIT & LÉGUME 2014

E

Christine Villeneuve, agronome, MAPAQ, Montérégie-Ouest

TECHNIQUE DU GREFFAGE

TOMATE DE CHAMP

La technique du greffage a étéidentifiée dans le but d’accroîtreles rendements ainsi que laqualité des fruits de la tomatede champ de manière à limiterl’impact des maladies et despathogènes de sol dans leschamps où il y a une fatigue des sols et où les cultures de rotation sont limitées. L’optimi-sation du développement dusystème racinaire et de lavigueur des plants fait aussi partie des objectifs.

Tableau 1

Poids moyens des fruits avec Traitements maladies bactériennes (% du rendement brut)

Champ 1 Champ 24

Non greffée 4,8 a 23,0 a

Porte-greffe Maxifort 4,5 a 23,4 a

Porte-greffe Emperador 4.9 a 25,3 a

Note : des lettres semblables indiquent qu’il n’y a pas de différence significative entre les traitements

Photos : PRODUCTEUR PLUS

Page 2: Tomage de champ - Technique du greffage · Dans le champ 1, la variété de tomate Brillante greffée sur Maxifort et Emperador a produit respectivement 38 % et 19 % plus de tomate

Dans le champ 1, la variété de tomateBrillante greffée sur Maxifort et Emperador aproduit respectivement 38 % et 19 % plus detomate de qualité No 1 que les plants non gref-fés. Cependant, il n’y a pas de tendance au ni-veau statistique. Le porte-greffe Maxifort adavantage performé avec des rendementssoutenus jusqu’à la fin septembre, comme entémoignent les graphiques 1 et 2.

Dans le champ 24, le rendement a été debeaucoup inférieur à celui retrouvé dans lechamp 1, que ce soit pour les plants greffés ounon greffés. Par ailleurs, les porte-greffes Maxi-fort et Emperador ont produit respectivement81 % et 75 % plus de tomate de qualité No 1que les plants non greffés. Il n’y a pas de diffé-rence significative entre les deux porte-greffesau niveau du rendement total vendable.

RÉCOLTE HÂTIVEL’année 2013 n’a pas été favorable à une

récolte hâtive et les deux champs ont été plan-tés tardivement le 1er juin.

Dans le champ 1, pour les trois premièressemaines de récolte, les plants non greffés ontproduit des fruits plus tôt en saison par rapportaux plants greffés. Le porte-greffe Maxifort

DÉPÉRISSEMENT DES PLANTSUne observation visuelle du dépérisse-

ment des plants a été faite le 11 septembre,soit lors de la 5e semaine de récolte. Cette ob-servation a permis d’évaluer tous les plantsdans la parcelle, et non seulement les plantsprélevés pour les rendements et la qualité desfruits. Ainsi, on a pu obtenir un portrait globaldu comportement des plants (tableau 2).

Les plants greffés sont demeurés plus vi-goureux, plus verts et davantage en santé queles non greffés et ce, dans les deux champs.Dans le champ 24, 12 % des plants non grefféssont morts alors que dans le champ 1, on a re-

trouvé une mortalité de 4 %. Notez qu’aucunplant greffé n’a complètement dépéri (cote 5)et qu’un très faible pourcentage de plants gref-fés a présenté des symptômes de dépérisse-ment sur plus de 50 % du feuillage (cote de 3 etplus).

SYSTÈME RACINAIRELe système racinaire des plants greffés

était plus fourni, les racines étaient plus gros -ses et plus blanches. La masse et la vigueur ra-cinaire des porte-greffes procurent des avan-tages dans la mesure où ils sont judicieuse-ment exploitées. Par exemple, les racines enétant plus nombreuses et plus fournies explo-

rent une plus grande masse de sol. Il faudrasurveiller les besoins des plantes sur le plan del’irrigation, des nutriments et plus particulière-ment de l’azote. Des essais réalisés par l’uni-versité de la Floride démontrent que des plantsde tomates de champ greffés utilisent plusd’eau et d’azote que ceux non greffés.

RENDEMENT TOTAL VENDABLE

Le tableau 3 présente les rendementsvendables par champ pour les tomates de qua-lité No 1. Une population moyenne de 10 000plants/ha a été retenue.

24 FRUIT & LÉGUME 2014

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01/1

4-21

572-

3FR

B

01/1

4-21

572-

3FR

BLes plants greffés sont demeurés plus vigoureux, plus verts et davan-tage en santé comparativement aux plants non greffés (à droite).

La greffe consiste à fusionner un porte-greffe (base de la tige incluant

les racines d’une variété rustique) avec la partie aérienne d’une variété

commerciale nommée le greffon.

Tableau 2

% visuel de plants affectés par le dépérissement (cote 1 à 5 ) au 11 septembre 2013

Champ Traitement Cote 1 Cote 2 Cote 3 Cote 4 Cote 5

1 Non greffée 75,0 17,0 3,0 1 4

Maxifort 90,0 10,0 0,0 0 0

Emperador 83,0 14,0 2,0 1 0

24 Non greffée 64,0 10,0 9,0 5 12

Maxifort 92,0 6,0 1,0 1 0

Emperador 91,0 8,0 1,0 0 0

Cote 1 : 0- 25 % du feuillage affectéCote 2: 25- 50 % du feuillage affectéCote 3 : 50- 75 % du feuillage affectéCote 4 : > 75 % du feuillage affectéCote 5 : plant mort

Les pathogènes à l’origine du dépérissement sont multiples, incluant lechancre bactérien, la moucheture bactérienne et les pathogènes de sol.

Tableau 3

Rendement total vendable Qualité No 1

Champ 1 Champ 24

Traitement (Kg/plant) Nombre (Kg/plant) Nombrede boîtes de boîtes20 lb/ha 20 lb/ha

Brillante non greffée 3,7 a 4 078 1,6 b 1 764

Brillante Porte-greffe Maxifort 5,1 a 5 622 2,9 a 3 197

Brillante Porte-greffe Emperador 4,4 a 4 850 2,8 a 3 086

Point de greffe

Porte-greffe

Greffon

Phot

o : C

hris

tine

Vill

eneu

ve

Photo : Christine Villeneuve

1

0,9

0,8

0,7

0,6

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0

Maxifort Emperador

13 août 2013 20 août 2013 27 août 2013 3 sept. 2013 11 sept. 2013 17 sept. 2013 24 sept. 2013

Témoin

a

aa

a

a

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a

a

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a

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Évolution du rendement commercialisable(kg/plant) (champ 24)

Graphique 2

1,6

1,4

1,2

1

0,8

0,6

0,4

0,2

0

Maxifort Emperador

13 août 2013 20 août 2013 27 août 2013 3 sept. 2013 11 sept. 2013 17 sept. 2013 24 sept. 2013

Témoin

aa a

a

a

a

a

a

a

a

a

a a

a

b

b

b

b

bb

ab

Évolution du rendement commercialisable(kg/plant) (champ 1)

Graphique 1

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tances offertes envers les nématodes sontpour les genres Méloidogynes, alors que lestests de l’été 2013 ont dénombré plutôt la pré-sence de Pratylenchus et Helicotylenchus auQuébec.

Par ailleurs, il serait possible de rationali-ser les coûts du greffage tout en optimisant latechnique. On pourrait penser par exemple àutiliser des plants greffés à deux têtes, ce quipermet d’espacer les plants sur le rang et de di-minuer le nombre de plants greffés par surfacecultivée. Dans notre essai, l’édrageonnage aété unique et la vigueur végétative conféréepar les porte-greffes n’a pas permis d’observerdes récoltes aussi hâtives que celles des plantsnon greffés. Il serait intéressant de valider l’ef-fet des porte-greffes avec un édrageonnagemultiple pour une conduite de plants à deuxou à quatre têtes.

CONCLUSIONAu cours de l’essai réalisé en 2013 avec la

tomate indéterminée Brillante, le porte-greffeMaxifort a permis d’optimiser de façon appré-ciable les rendements et la marge de revenunet à l’hectare. Les plants greffés ont été réali-sés par la Ferme Régil, l’entreprise ayant déjàl’expérience avec la tomate de serre.

Attention! Ne s’improvise pas producteurde plants greffés qui veut! Il y a des connais-sances techniques pointues à acquérir pourbien réussir le greffage, d’autant plus que leprix d’un plant greffé est estimé à trois fois ce -lui d’un plant non greffé. Une formation pourra

être offerte l’hiver prochain et vous en serezavisés plus tard cet automne. Pour l’instant, lesproducteurs québécois de transplants ne sem-blent pas offrir de plants de tomate greffée.

Si vous désirez essayer le greffage, faites-vous la main avec une petite quantité deplants. Assurez-vous de combler leur besoin eneau et nutriments au champ, car ceux-ci pour-raient être supérieurs à ceux de plants nongreffés. Dans le cas contraire, vous pourriezpasser à côté des bénéfices potentiels du gref-fage. Prévoyez un dispositif au champ quipuisse comparer de façon rigoureuse les effetsdu greffage. Favorisez des variétés à croissanceindéterminée afin de permettre au porte-gref -fe d’exprimer son potentiel sur une plus lon -gue période de récolte. Planifiez les essais avecvotre conseiller agricole afin d’identifier la meil-leure façon de procéder.

On collaboré à cet article : Nadia Surdek, Pleine Terre;Simon Cardinal, Ferme Régil; Gabriel Deslauriers,PleineTerre.

EN LIGNE

www.vegetablegrafting.org/

http://cals.arizona.edu/grafting/home

http://agsyst.wsu.edu/graftingVegetables.html

Vous pouvez télécharger gratuitement un guide produitpar l’Université de l’OHIO http://hcs.osu.edu/vpslab/graft-ing-guide en cliquant sur l’onglet Request a copy of theGrafting Guide.

Université de la Floride / Essais de greffage versus irriga-tion et fertilisation :http://www.growingproduce.com/vegetables/grafting-vegetables-offers-increased-yields-less-crop-stress-and-more/

Étude de la Floride sur la tomate greffée 2010-2011 :http://www.growingproduce.com/vegetables/grafting-vegetables-offers-increased-yields-less-crop-stress-and-more/

27FRUIT & LÉGUME 2014

s’est démarqué par des rendements plus im-portants à partir de la mi-septembre.

Les plants du champ 24 étaient plus ma-ladifs que ceux du champ 1. Lors des récoltes,on observait des zones où l’eau s’accumulait.Dans le champ 24, il n’y a pas eu de différenceentre les plants greffés et les non greffés quantau moment de la récolte hâtive. Toutefois, lesplants greffés, peu importe le porte-greffe, ontdémontré une augmentation de rendement significative lors de la fin de saison, résultant àun rendement cumulé significativement plusélevé lors des deux dernières semaines de ré-colte.

CAUSES DE REJETS Les porte-greffes n’ont pas eu d’inci-

dence sur les fruits touchés par la pourritureapicale. Par contre, le mauvais égouttement del’eau dans le champ 24 a favorisé les carencesen calcium étant donné les conditions as-phyxiantes pour les racines.

Les fentes de croissance et les microfis-sures ou "russeting" sur fruit ont été moindresdans les parcelles greffées . Ce dernier désor-dre physiologique est favorisé par des écartsde température importants entre le jour et lanuit, comme ce fut le cas en septembre. Tou-tefois aucune différence significative n’a étédémontrée entre les trois traitements.

Par ailleurs, les plants non greffés pré-sentaient toujours plus de fruits atteints dematuration inégale comparativement auxplants greffés. Les porte-greffes ont favoriséune meilleure vigueur foliaire des plants, ce quia protégé les fruits des extrêmes climatiquesavec comme résultat des fruits mieux coloréssur les plants de tomate greffés.

LA RENTABILITÉ DU GREFFAGE

Un budget partiel permet d’évaluer rapi-dement l’intérêt d’une nouvelle technique.Dans le projet de greffage, les paramètres sui-vants ont été retenus pour établir un budgetpartiel avec une population moyenne de 10 000 plants/ha de tomate indéterminée.

Revenus additionnels

• Boîtes de 20 lb en fruits de qualité No 1 x 14 $/boîte

Revenus en moins

• Moins de précocité dans les parcelles greffées

• Boîtes de 20 lb en moins x 2 premières semaines de récolte x 2 $/boîte

Frais additionnels

• Coût supplémentaire des plants greffésévalué à 0.53 $/plant pour Maxifort et 0.67 $/plant pour Emperador

• Récolte, classement, boîte et transport : 3 $/boîte

Après une saison d’essai, le porte-greffeMaxifort semble performer de façon plus ré-gulière, peu importe les conditions de sol deschamps à l’essai. Dans les deux cas, le porte-greffe Emperador a généré moins de bénéfices

nets à cause d’une performance agronomiquemoindre et du coût de la semence plus élevéeque celle de Maxifort.

Une étude réalisée en 2010 et 2011 enFloride a démontré un impact positif del’usage de porte-greffe dans la production dela tomate de champ. La variété-déterminéeFlorida 47 greffée sur les porte-greffes Beau-fort et Multifort avait alors généré des revenusnets additionnels à l’hectare de 3 127 $ et de625 $. Quant aux rendements, ils ont été opti-misés de l’ordre de 32 % et 37 % en moyennepour les deux années à l’essai.

UN POTENTIEL À EXPLORER!L’usage de plants greffés dans la produc-

tion légumière de plein champ au Québec estexploratoire. Les essais de greffage dans la to-mate de champ se poursuivront l’été prochain.Il serait prématuré de tirer des conclusions fi-nales selon les résultats de la saison 2013 qui aété particulièrement fraîche, avec des tempé-ratures moyennes de juin et de septembresous les normales à plusieurs endroits.

En ce qui concerne le choix des porte-greffes, beaucoup reste à découvrir! Bien sûr, il faut considérer les résistances des porte-greffes, tout en étant conscient que pour unpathogène donné les races ou les espèces quisévissent dans les sols au Québec peuvent êtredifférentes de celles listées avec les porte-greffes commerciaux. Par exemple, les résis-

26 FRUIT & LÉGUME 2014

Depuis des siècles, on accroît les rendements, la santé et la qualité des cultures par la technique du greffage. Les Asiatiques utilisent cette technique à grande échelle pour plusieurs cultures telles le melon, le concombre,

l’aubergine ainsi que la tomate. La production de tomate en serres est d’ailleurs majoritairement issue de plants greffés. On ne peut qu’envisager un avenir prometteur pour le greffage, dont le procédé se perfectionne au fil des ans.

Tableau 4

Poids moyen des rejets des fruits sur le rendement totaux bruts (%)

Champ 1 Champ 24

Traitement Pourriture Maturation Pourriture Maturationapicale Fendillement inégale apicale Fendillement inégale

Brillante non greffée 1,8 a 7,2 a 9,6 a 11,1 a 8,7 a 6,6 a

Brillante Porte-greffe Maxifort 1,4 a 3,6 a 3,2 a 11,6 a 4,3 a 0,5 b

Brillante Porte-greffe Emperador 2,2 a 4,5 a 3,3 a 10,1 a 3,1 a 0,5 b

Le système racinaire du PG Maxifort est plus fourni avec des racines plusgrosses et plus blanches ainsi que des radicelles davantage abondantes.

Les plants non greffés produisent plus de fruits avec des problèmes dematuration inégale comparativementaux plants greffés.

Photo : Nadia Surdek

Photo : Nadia Surdek

Bilan du budget partiel

Porte-greffe Champ Revenu net supplémentaire /ha

Maxifort 1 10 472 $

24 10 460 $

Emperador 1 1 198 $

24 8 042 $